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LE SORCIER DE L’ÉCHAPPEMENT AKRAPOVIC ituée à une heure de route de la Capitale Slovène Ljubljana, l’usine ultramoderne qui compte aujourd’hui plus de 500 employés est aussi discrète que l’homme qui l’a créée. Pas de panneaux superflus, d’enseignes ou autres fléchages qui permettraient de tomber sur cette usine de 7 000 m 2 dessinée par son épouse. Un simple autocollant sur la guérite de l’agent de sécurité suffit à nous faire comprendre que nous sommes arrivés dans le temple dédié à la performance. Si la marque est aujourd’hui l’une des plus prestigieuses du marché, les quelques chiffres qui sont annoncés nous font comprendre à quel point son succès est important. Implantée dans près de 60 pays, elle détient 40 % de parts de marché (alors qu’on compte une quarantaine de marques), et ce sont entre 600 et 800 échappements qui sortent chaque jour de l’usine. Une véritable fourmilière où ingénieurs, ouvriers, commerciaux, designers et responsables travaillent d’arrache-pied avec pour seul et unique objectif : la perfection. En déambulant dans les allées de l’usine, on aperçoit des centaines de tubes prêts à être soudés, mais pas n’importe lesquels puisqu’ils sont fabriqués spécialement pour Akrapovic. Trois usines dans le monde fournissent directement la fabrique (deux aux États-Unis et une au Japon), et dès réception, un laboratoire interne analyse chaque rouleau afin de vérifier si l’alliage correspond bien à la formule secrète exigée. Si l’inox va être de plus en plus utilisé avec le développement d’une nouvelle gamme pour les Harley-Davidson (marché très important aux États-Unis), le titane reste le produit de référence… à tel point que la compagnie en consomme 180 tonnes par an, lui permettant d’être le 3° consommateur en Europe ! CERTAINES MARQUES FONT RÊVER, ET SUSCITENT TOUJOURS AUTANT D’ÉMERVEILLEMENT À LA SIMPLE PRONONCIATION DE LEUR NOM. DANS LE DOMAINE DE L’ÉCHAPPEMENT RACING, LA MARQUE SLOVÈNE EST INCONTOURNABLE, PUISQU’ELLE EST L’UNE DES RÉFÉRENCES DEPUIS 20 ANS. QUEL SAVOIR-FAIRE SE CACHE DERRIÈRE AKRAPOVIC ? COMMENT SONT DÉVELOPPÉS ET FABRIQUÉS CES FAMEUX ÉCHAPPEMENTS ? BREF, QUELS SONT LES SECRETS DE CE SORCIER ? DIRECTION IVANCNA GORICA (A VOS SOUHAITS !), OÙ IGOR AKRAPOVIC NOUS A OUVERT LES PORTES DE SA CAVERNE D’ALI AKRA… EN NOUS LAISSANT BABA ! 103 DÉCEMBRE - JANVIER 2012 MOTO ET MOTARDS 102 MOTO ET MOTARDS DÉCEMBRE - JANVIER 2012 S « IN THE FACTORY » PAR WILL « T’AURAIS PAS UNE LIGNE ? » PHOTOS : FAB’ « OU UN SILENCIEUX ? ! ? » LHÉRITIER & D.R. I

AKRAPOVICI - Microsoft Azure · 2014. 2. 25. · et fièrement gardée par l’un des plus anciens employés de la société, on retrouve les fameux gabarits. La première étape

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Page 1: AKRAPOVICI - Microsoft Azure · 2014. 2. 25. · et fièrement gardée par l’un des plus anciens employés de la société, on retrouve les fameux gabarits. La première étape

LE SORCIER DE L’ÉCHAPPEMENTAKRAPOVIC

ituée à une heure de route de la Capitale Slovène Ljubljana, l’usine ultramoderne qui compte aujourd’hui plus de 500 employés est aussi

discrète que l’homme qui l’a créée. Pas de panneaux superflus, d’enseignes ou autres fléchages qui permettraient de tomber sur cette usine de 7 000 m2 dessinée par son épouse. Un simple autocollant sur la guérite de l’agent de sécurité suffit à nous faire comprendre que nous sommes arrivés dans le temple dédié à la performance. Si la marque est aujourd’hui l’une des plus prestigieuses du marché, les

quelques chiffres qui sont annoncés nous font comprendre à quel point son succès est important. Implantée dans près de 60 pays, elle détient 40 % de parts de marché (alors qu’on compte une quarantaine de marques), et ce sont entre 600 et 800 échappements qui sortent chaque jour de l’usine. Une véritable fourmilière où ingénieurs, ouvriers, commerciaux, designers et responsables travaillent d’arrache-pied avec pour seul et unique objectif : la perfection. En déambulant dans les allées de l’usine, on aperçoit des centaines de tubes prêts à être soudés, mais pas n’importe lesquels puisqu’ils

sont fabriqués spécialement pour Akrapovic. Trois usines dans le monde fournissent directement la fabrique (deux aux États-Unis et une au Japon), et dès réception, un laboratoire interne analyse chaque rouleau afin de vérifier si l’alliage correspond bien à la formule secrète exigée. Si l’inox va être de plus en plus utilisé avec le développement d’une nouvelle gamme pour les Harley-Davidson (marché très important aux États-Unis), le titane reste le produit de référence… à tel point que la compagnie en consomme 180 tonnes par an, lui permettant d’être le 3° consommateur en Europe !

CERTAINES MARQUES FONT RÊVER, ET SUSCITENT TOUJOURS AUTANT D’ÉMERVEILLEMENT À LA SIMPLE PRONONCIATION

DE LEUR NOM. DANS LE DOMAINE DE L’ÉCHAPPEMENT RACING, LA MARQUE SLOVÈNE EST INCONTOURNABLE,

PUISQU’ELLE EST L’UNE DES RÉFÉRENCES DEPUIS 20 ANS. QUEL SAVOIR-FAIRE SE CACHE DERRIÈRE AKRAPOVIC ?

COMMENT SONT DÉVELOPPÉS ET FABRIQUÉS CES FAMEUX ÉCHAPPEMENTS ? BREF, QUELS SONT LES SECRETS DE CE

SORCIER ? DIRECTION IVANCNA GORICA (A VOS SOUHAITS !), OÙ IGOR AKRAPOVIC NOUS A OUVERT LES PORTES DE SA

CAVERNE D’ALI AKRA… EN NOUS LAISSANT BABA !

103DÉCEMBRE - JANVIER 2012 MOTO ET MOTARDS102 MOTO ET MOTARDS DÉCEMBRE - JANVIER 2012

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« IN THE FACTORY »PAR WILL « T’AURAIS PAS UNE LIGNE ? »PHOTOS : FAB’ « OU UN SILENCIEUX ? ! ? » LHÉRITIER & D.R.

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RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENTAvec 62 titres de Champion du Monde, Akrapovic a clairement fait son image et sa réputation sur la qualité irréprochable de ses produits. Cela a commencé en 1993 lorsque l’usine Kawasaki a testé des échappements sur ses machines de Superbike, avant de les adopter, comme c’est aujourd’hui le cas de nombreux constructeurs, et ce dans toutes les catégories. Motocross, Enduro, Supermotard, Moto 2, Superbike, Supersport… et même en Moto GP avec les Yamaha M1 officielles. Akrapovic est partout, et bénéficie de la confiance des plus grands. Que ce soit pour les machines de course ou les motos du marché (certaines nouveautés sont encore bâchées), tout commence dans le département Compétition où les premiers prototypes sont fabriqués. Dans cet atelier, près de 20 personnes travaillent sur leur développement. Le souci de la performance est tel qu’un des ingénieurs nous confiera que « pour gagner 1 cheval sur une moto de cross, il nous est arrivé de faire plus de 200 tests ». Cette première étape est donc faite à la main, alors que d’un autre côté, la moto est entièrement scannée pour permettre aux ingénieurs et designers de travailler en PAO sur la ligne d’échappement, ainsi que sur l’élaboration du gabarit qui servira plus tard à la production. Qu’il s’agisse d’une moto de course ou d’une simple CBR 125, le souci du détail et la quête de la performance sont les mêmes. C’est dans le département Recherche et Développement que l’histoire continue, où une batterie d’ingénieurs teste les différentes solutions sur un banc de puissance Superflow. Pour vous donner une petite idée du travail réalisé dans cet atelier où l’atmosphère est constamment vérifiée (afin de ne pas fausser les performances du moteur et les données enregistrées), près de 700 passages au banc ont été effectués pour mettre au point la ligne d’échappement de la dernière Kawasaki ZX-10 R ! Ce dernier tourne continuellement, et tout y est passé au crible : puissance, couple, sonorité, émissions polluantes, rapport stoechiométrique (mélange air-essence afin de préciser sur la fiche technique du produit si une programmation du boîtier ECU est nécessaire)… tous les paramètres sont analysés à la loupe. Le temps passé par les ingénieurs sur le développement dépend également du type de moteur. « Un V2 demande beaucoup plus de temps qu’un quatre-cylindres » nous livrera un ingénieur.

LES ORFÈVRES…Une fois les tubes de titane réalisés (voir encadré ci-dessous), on passe à la fabrication. Dans une immense pièce grillagée, et fièrement gardée par l’un des plus anciens employés de la société, on retrouve les fameux gabarits. La première étape consiste, via d’imposantes machines, à cintrer les tubes

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« IN THE FACTORY »

À l’inverse des autres fabricants qui reçoivent directement des tubes en titane, Akrapovic fait produire différents alliages de ce précieux métal (3 usines dans le monde), et fabrique directement ses tubes en Slovénie. C’est

dans un immense entrepôt ultra-surveillé que sont stockés les énormes rouleaux de titane qui pèsent chacun 3,5 tonnes ! Avec un prix brut qui varie entre 40 et 60 euros le kilo, je vous laisse faire le calcul pour avoir une idée de la somme qu’il faut débourser (vous cassez pas, ça fait 175 000 euros pour un prix moyen de 50 euros !). C’est ensuite une immense machine-outil qui va faire le travail. La bande de titane est d’abord ovalisée, puis soudée et enfin poncée. Il en sortira différentes sortes de tubes aux diamètres et aux épaisseurs diverses qui seront découpés, puis passés dans la machine à cintrer dans le département production.

LE TITANE

Afin de vérifier les formes de certains tubes, et accélérer le processus de fabrication, l’usine produit et utilise des éléments en plastique injecté.

Tels de véritables orfèvres, les ouvriers effectuent les soudures à l’argon (TIG). Tant au niveau externe qu’interne, elles doivent être parfaites pour allier performance et robustesse.

Les différents alliages de titane (recettes secrètes) arrivent ainsi, avant d’être transformés en tubes. 3,5 tonnes le rouleau !

C’est dans ce département que tout commence. Ici, un CBR 125 qui s’apprête à recevoir le premier prototype d’une ligne complète.

Si la performance est le cheval de bataille d’Akrapovic, elle se soucie également des normes. La présence des catalyseurs permet à tous les produits (hors compétition) d’être homologués.

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pour ensuite les découper. Même si quelques soudures sont réalisées par des outils spécifiques, la plupart des éléments sont soudés à la main par des ouvriers qualifiés. En les regardant, on comprend à quel point le souci du détail est poussé à son paroxysme. Qualité des soudures (internes et externes), assemblage minutieux des éléments, tout est parfaitement conçu, et quelques-uns de ces éléments partiront ensuite au laboratoire pour être découpés et testés. Analyse du titane au spectromètre et au microscope, qualité des soudures, résistance des rivets face à la corrosion, mais aussi des éléments internes qui composent un silencieux face à la chaleur… tout y passe. Que ce soit pour les tubulures d’échappement ou pour les silencieux, l’application des ouvriers est la même, et la qualité de finition impressionne. Cette qualité est présente aussi dès que l’on entre dans l’autre partie de l’usine dédiée au stockage des pièces et à l’expédition. Une véritable caverne d’Ali Baba qui ferait rêver n’importe quel motard. Une fois que les distributeurs de chaque pays (Artech pour la France) passent commandes, ces dernières sont préparées le jour même. Des ouvriers remontent chaque ligne d’échappement entièrement afin de vérifier que les éléments s’emboîtent correctement, avant de les démonter et de les emballer. Sous nos yeux, des centaines de cartons griffés du logo du célèbre fabricant partiront à travers le monde. Allemagne, Italie, États-Unis… on trouve même certains colis en partance pour Hong Kong. Des produits et des destinations qui font rêver, tout comme le nom des machines auxquels ils se destinent, comme cette Lamborghini Murcielago qui recevra bientôt une ligne complète entièrement réalisée en titane.

LA VOITURE, MAIS AUSSI…Si la moto reste le cœur de l’activité de la marque, l’accroissement depuis quelques années de l’activité automobile prouve à quel point la marque à une volonté de développement. Comme c’est le cas pour la moto, Akrapovic reçoit directement les nouveaux modèles quelques mois avant leur présentation officielle pour mettre au point ses lignes. Si la Lamborghini bâchée dans un coin du garage attire notre curiosité de journaliste (pas touch’ on a dit !), la dernière BMW M1 posée sur le pont en attente de sa ligne full titane sait nous faire rêver. La moto, l’automobile… et quoi après ? Véritable spécialiste du titane, Akrapovic vient d’implanter une fonderie dans ses nouveaux locaux. Collecteurs pour automobile, repose-pieds, colliers de valve à l’échappement… la liste des pièces produites à l’usine est déjà conséquente, et pourrait bien nous surprendre à l’avenir, puisque la diversification de son activité s’oriente désormais vers le domaine médical. D’ici à ce que l’on se retrouve avec une plaque en titane estampillée Akrapovic sur la clavicule… il n’y a qu’un pas.

DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012 MOTO ET MOTARDS106

« IN THE FACTORY »

Akrapovic, ce n’est pas que du titane, puisqu’en plus de proposer certains de ses

silencieux en carbone (ou en partie), elle fabrique également de nombreuses pièces avec la même rigueur et la même qualité de fabrication. C’est dans cette usine créée en 2005 qui emploie près de 60 personnes que toutes les pièces du catalogue sont fabriquées. Carénages, garde-boue, écopes radiateurs, protections de platine de repose-pieds et de carters moteur… la liste est déjà longue, et le fabricant Slovène ne s’arrêtera pas là.

LE CARBONE

Un laboratoire interne analyse en détail le titane, avant et après avoir été travaillé. Densité, composition chimique, déformation (pour les repose-pieds), soudures, oxydation… Rien n’est laissé au hasard.

C’est dans un immense entrepôt que les éléments des échappements sont stockés. Avant d’être emballés et expédiés, ils sont entièrement montés pour vérifier que tout soit parfait.

Akrapovic s’est également lancé sur le créneau de l’automobile, et plus particulièrement des Supercars. Un banc de puissance est également là pour la mise au point des systèmes.

Sonorité, puissance, couple, émissions polluantes… tout est analysé sur le banc de puissance. Il a fallu 3 semaines de développement et 700 tests pour mettre au point la ligne de la ZX-10 R !

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Quand avez-vous créé la compagnie, et pour quelles raisons ?J’ai créé la société en 1990, qui à l’époque portait le nom de Skorpion. J’ai commencé à travailler seul car j’étais pilote privé pendant 10 ans, en catégorie F1 et SBK à la fois au niveau national et international, et je m’étais rendu compte qu’il n’y avait pas vraiment de ligne d’échappements très techniques à disposition pour les pilotes. J’ai d’abord commencé à travailler sur la préparation de moteurs, pour moi et pour d’autres teams en Italie et en Autriche, et quand j’ai fait ce constat, j’ai décidé de me lancer dans la production de lignes d’échappement.

Si vous pouviez retourner dans le passé, que changeriez-vous ?Pas grand-chose, car nous n’avons pas fait beaucoup d’erreurs. Bien sûr, certaines décisions ont été prises et n’étaient peut-être pas parfaites,

mais si vous souhaitez grandir, vous devez parfois prendre des risques. Il est impossible d’être sûr de ce que l’on fait à 100 %

Que préférez-vous dans votre métier ?Le développement. Quelle que soit la machine, cette partie est très intéressante. Il y a des problèmes différents qui se posent en fonction des types de machines ou de moteurs, et nous essayons toujours de travailler sur différents critères comme la puissance, la façon dont elle est délivrée, mais aussi sur les technologies ainsi que sur les matériaux à employer.

Vous produisez des lignes d’échappement pour les motos, et depuis peu pour les voitures. Quelle sera la prochaine étape ?Aujourd’hui, nous travaillons sur le développement de notre fonderie de titane, ainsi que sur nos pièces en carbone. Je pense que notre

activité va s’intensifier car il y a encore beaucoup de choses à faire avec ces deux matériaux dans le futur. Ces départements ont également été créés pour la sécurité de la société, car on ne peut pas avoir la charge et la responsabilité d’autant d’employés en les faisant travailler dans une seule et unique direction. Il faut se diversifier pour aller de l’avant.

Que feriez-vous si vous gagnez 150 millions d’Euros au Loto ?Sans hésiter, j’investirais tout dans la compagnie, comme c’est le cas aujourd’hui. C’est avant tout ce que j’aime faire. Je pense également que la raison pour laquelle la société a pris une telle ampleur s’explique par le fait que nous avons toujours utilisé nos profits pour les réinvestir dans la marque. Je n’ai pas choisi ce métier pour faire de l’argent, mais surtout pour voir la société grandir, et s’épanouir.

Vous avez été pilote par le passé, mais est-ce que vous pratiquez toujours ?Plus vraiment pour l’instant en raison de mes blessures, car je ne peux plus conduire de motos depuis quelques années. Ma jambe va un peu mieux maintenant, et je pense que l’année prochaine je vais pouvoir reprendre un guidon, et ce sera probablement celui d’une Ducati Multistrada.

Vous n’avez jamais eu envie d’aller faire un tour avec une M1 quand vous savez qu’elle est juste en dessous ?Oh nooon (rires) ! C’est vrai que j’ai fait de la compétition, mais il faut beaucoup trop de compétences pour piloter une MotoGP. Une moto de Superbike est déjà suffisamment exigeante, mais une machine de ce calibre est beaucoup trop nerveuse et pointue. Je me suis arrêté vers 1999, et les motos n’ont absolument rien à voir.

Vous êtes présents en compétition dans toutes les catégories. Laquelle est votre favorite ?La catégorie Superbike est actuellement celle que je préfère, car elle est très proche des motos de route. Il faut également avouer que l’influence est beaucoup plus importante sur les ventes que peut l’être notre présence en MotoGP qui est plus pour l’image. En Superbike, nos clients peuvent directement monter nos échappements de course sur leurs propres motos. L’impact est plus important, et j’aime beaucoup cette catégorie.

Y-a-t-il des teams avec qui vous préférez travailler ?Tous les teams (rires) ! Il y a des problèmes sur chaque moto, c’est à nous de trouver les solutions, et c’est ça qui est intéressant. Lorsque nous travaillons avec Yamaha pour le Moto GP, la plupart de nos interlocuteurs sont italiens. Ils sont directement en contact avec les ingénieurs japonais et tout se passe très bien. Nous avons également beaucoup travaillé avec le Honda HRC par le passé. Je me souviens du développement de la RC51 en 2000. Ce fut le projet le plus compliqué de notre histoire car nous avons dû développer 54 lignes d’échappement différentes pour cette moto ! Nous avons travaillé dur pour ce premier titre de Champion du Monde en WSBK.

Même si vous l’avez déjà accompli, quel est votre rêve aujourd’hui ?C’est avant tout de faire grandir la société comme nous l’avons planifié avec notre activité dans la voiture, mais aussi avec la fonderie de titane, ainsi que le carbone. Bien sûr, la moto reste la plus importante aujourd’hui, et aura toujours une place privilégiée dans mon cœur, mais il faut penser à la sécurité de la marque pour le futur, et donc voir loin. Nous parvenons à bien développer les échappements pour voiture, spécialement aux

« IN THE FACTORY »IN

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W C’EST DANS SON BUREAU QUI DOMINE LE SERVICE COURSE DE L’USINE QU’IGOR AKRAPOVIC NOUS A ACCUEILLIS POUR NOUS PARLER DE SON HISTOIRE, DE SA MARQUE, ET DU FUTUR DE SON ENTREPRISE. RENCONTRE AVEC UN VISIONNAIRE QUI CACHE DERRIÈRE SON COSTUME NOIR UNE SIMPLICITÉ ET UNE HUMILITÉ SURPRENANTES, ET UNE PASSION DÉBORDANTE.

AKRAPOVICIGOR

Voilà ce que l’on trouve au premier étage du service Course où se trouve le bureau d’Igor Akrapovic. Quelques-unes des plus belles motos de course qui l’ont mené à la victoire, et des pièces rares comme ce moteur de Honda RC 211 V. Sublime !

États-Unis où la demande est importante. En ce qui concerne les voitures haut de gamme, c’est la Chine. Le pouvoir d’achat est plus important, et ils ont la démarche de vouloir améliorer les performances de leurs Supercars. Nous espérons également développer notre activité moto là-bas car il y a de la demande, et lorsque certaines motos comme les hypersports seront importées, nous aurons plus de travail (rires).

DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012 MOTO ET MOTARDS108

« LA HONDA RC 51 DE COLIN EDWARDS EN 2000 A ÉTÉ LE PROJET LE PLUS COMPLIQUÉ… IL A FALLU FAIRE 54 LIGNES DIFFÉRENTES ! »

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