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tenance à la nation rutée, et il arrive , dans une situation end. sur le PaPier, ais. certains regards, I sur leurs origines' e Persan ? L'étudiant étranger T e suis arrivé en France à [a fin des t-, années quatre-vingt gràce à une bourse que m'avait octroyée le gouvernement congo- lais pour poursuivre des études de droir. A cette époque, la crainte des étudianrs était d'ètre envoyés en Union soviétique. D'abord parce que nous estimions que dans ce pays les études étaient trop " faciles >>. Ceux qui revenaient de là-bas n'étaient pas regardés a\-ec la mème admiration que ceux qui revenaient de France. Ensuite, I'idéologie communiste à la mode dans notre contrée er ait fini par nous révulse r, et nous ne sou- haitions pas nous rendre dans le pays 9ui, à nos yeux, avait remplacé les anciennes ;rrissances coloniales. Nos dirigeants s'ins- iraient de la gouvernance soviétique jusqu'à 95

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tenance à la nation

rutée, et il arrive

, dans une situation

end. sur le PaPier,ais. certains regards,

I sur leurs origines'

e Persan ?

L'étudiant étranger

T e suis arrivé en France à [a fin dest-, années quatre-vingt gràce à une bourseque m'avait octroyée le gouvernement congo-lais pour poursuivre des études de droir. Acette époque, la crainte des étudianrs étaitd'ètre envoyés en Union soviétique. D'abordparce que nous estimions que dans ce paysles études étaient trop " faciles >>. Ceux quirevenaient de là-bas n'étaient pas regardésa\-ec la mème admiration que ceux quirevenaient de France. Ensuite, I'idéologiecommuniste à la mode dans notre contréeer ait fini par nous révulse r, et nous ne sou-haitions pas nous rendre dans le pays 9ui,à nos yeux, avait remplacé les anciennes

;rrissances coloniales. Nos dirigeants s'ins-

iraient de la gouvernance soviétique jusqu'à

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entretenir le culte de la personnalité rypiquede I'[JRSS. Sur les murs le long des grandesartères, on voyait le s portraits de notreprésident, dont nous devions apprendreles discours par ccur. Tous les élèves etles étudiants se devaient d'ètre membresdu Parti congolais du travail, [e PCT.Depuis le' lycée on nous enseignait lalangue russe en nous persuadant quec'était la langue de (< demain )r que lemonde entier s'exprimerait en russe dansles décennies à venir. On exécrait alorsI'anglais, et si nous gardions de I'estimepour la langue franEaise c'est parce qu'iln'était pas évident pour le gouvernementde nous convaincre que la France étaitdécadente, que Hugo, Lamartine, Proust,Zola et Verne ne valaient plus rien. Bienmalin qui aurait pu nous détourner de ces

écrivains, caÍ mème les grands auteursrusses vouaient un profond respect à la lit-térature franEaise. La France avait alorsobtenu un statut à part, seul pays épargnépar notre envie d'en découdre avec les

valeurs du capitalisme.

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Mais à mesure qu

nir d'URSS ces grouaffichaient une telletés de la réalité, peunous parut aussi dér

La difftrence avec lede France se remaépouses. La femme rCongolaise : elle allpréparait de la nouune marmite posée s

du charbon acheté attait son enfant surpagne . La FranEaistprestige et vivait avcentre-ville. Pour rer

il fallait prendreaurions dù reconnÍmérite de se fondre d

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Mais à mesure que nous voyions reve-

nir d'URSS ces groupes de Congolais quiaffichaient une telle désolation, déconnec-

tés de la réalité, peu à peu la langue russe

nous parut aussi détestable que l'anglais.

La difftrence avec les Congolais de retourde France se remarquait au statut de s

épouses. La femme russe se comportait en

Congolaise : elle allait puiser de I'eau ;

préparait de la nourriture dehors, dans

une marmite posée sur trois pierres, avec

du charbon acheté au bout de Ia rue ; por-tait son enfant sur le dos à I'aide d'unpagne . La FranEaise gardait un certain

prestige et vivait avec son mari dans le

centre-ville. Pour rendre visite au couple,

il fallait prendre rende z-vous. Nous

aurions dù reconnaître à la Russe lemérite de se fondre dans la culture congo-

laise, mais ce n'était pas le cas. Dans

I'e sprit des Congolais, un Blanc devait

rester à sa place, et non céder à labariehonte pour la Russe et s'empressaient de

le faire savoir à son mari :

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- C'est quand méme une Blanche ! Pour-quoi tu la laisses s'abaisser à ce point I Tun'as pas honte t

Mais, parallèlemetrt, la femme fran-Eaise était parfois attaquée. On lui repro-chait ses attitudes coloniales, et de séparerson mari congolais de ses amis. Néan-moins, on gardait I'irnpression que le

compatriote qui avait épousé une Fran-Eaise avait atteint la vraie civilisatior, ran-dis que celui qui était revenu de I'Unionsoviétique était resté dans un ghetto.D'aiilelrrs, I'université soviétique qui luiavait délivré son diplòme portait le nomde Patrice Lumumba ! Comment rivaliseravec la Sorbonne i

Il fallait donc tout faire pour éviterd'étre envoyé en Union soviétique, er jem'estimai des plus chanceux lorsquej'appris que je me rendrais en France,échappant ainsi au bourrage de crànecommuniste. . .

fe n'ai pas

la faculté de

étudié à la Sorbonne, mais à

droit de Nantes. La Sor-

bonne t Tout le mdu temple de l'édtcótoyer les futurs\ous étions au ctions estudiantinesve ntions muscléesmurs de cet établime nts nous rap[situation, lorsgue ,

colère à l'égard (

n'avait pas payé rmois, nous nous ermentaires face à

armée jusqu'aux de

pas seulement le pqui nous attirait,rébellion de s sorbnous semblait auss

La réputation C

tellement grande e

gue, dans certaines

lao, plusieurs lieu>étaient baptisés

braient des étudiades docteurs sans er

de France ou de

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