Alexandre Le Grand

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Alexandre le grand : d"Issos a Arbles

DIssos Arbles : Bataille d'Issos.

Alexandre le Grand sur son cheval Bucphale, dtail de la mosaque romaine de Pompi reprsentant la bataille d'Issos, muse national archologique de Naples En quittant Gordion, Alexandre se rend dans un premier temps Ancyre et reoit la soumission de la Paphlagonie puis celle de la Cappadoce jusqu lHalys Il pousse ensuite vers le sud, pntre en Cilicie par le passage gard par le satrape Arsams des Portes ciliciennes. Il fait tape Tarse et y tombe malade plusieurs semaines (sans doute des suites dune hydrocution aprs une baignade dans le fleuve Kydnos). Cependant Parmnion, vritable second du roi lors du dbut de

lexpdition, occupe les passes qui permettent le passage de la Cilicie la plaine dIssos (col de Karanluk-Kapu) puis celles qui au-del contrlent le passage vers la Syrie (passes de Merks et de Balan). Alexandre, une fois sur pied, soumet, en sept jours selon Arrien, les populations montagnardes de Cilicie et sempare de Soles o il rtablit, en thorie du moins, la dmocratie. Il apprend ce moment la pacification de ses arrires avec les victoires de Ptolme en Carie sur le satrape Orontobats et la chute dHalicarnasse, de Myndos et la soumission de Cos. Mais, peu de temps aprs (-333), le satrape Pharnabaze, la tte de la flotte perse soumet Tndos et Sigeion et sentend avec le roi de Sparte, Agis III, qui tente de soulever la Grce en lui donnant de largent et quelques navires. La situation reste donc dlicate dautant que larrive imminente de Darius III se prcise. Le souverain achmnide sest install dans la plaine dIssos, abandonnant curieusement la position plus favorable sa cavalerie de Soches, peut-tre dans la volont de couper Alexandre de ses arrires et de le contraindre la bataille. Alexandre est en Syrie mais il fait demi-tour, ayant besoin pour les raisons invoques plus haut dune victoire. Il reprend le chemin des passes syriennes dj emprunt, saventure lentement dans la plaine dIssos et y organise sa ligne de bataille devant larme perse.

La conqute de la Phnicie (hiver -333)

La droute des Perses aprs la dfaite dIssos (1er novembre -333) est totale. Darius avec quelques milliers dhommes peine senfuit vers Thapsaque (ville de Syrie sur lEuphrate) tandis que dautres fuyards sont disperss par les divers officiers dAlexandre. De nombreux fugitifs se rfugient en Phnicie puis de l gagnent lgypte ou Chypre. Le rsultat le plus net de la victoire cest, paradoxalement, la soumission totale du monde grec qui ne songe plus apporter son soutien aux Perses, comme venait de le tenter le roi de Sparte, Agis III en rencontrant des satrapes perses et en tentant de soulever la Crte. Dmosthne, Athnes, avait prdit (et espr ?) la dfaite du roi de Macdoine. La victoire dIssos fait cesser, provisoirement en tout cas, les vellits dindpendance des cits grecques. Pourtant paradoxalement la situation d'Alexandre reste prilleuse. Un des meilleurs officiers perses, Nabarzans s'est retir avec d'importantes forces de cavalerie en Cappadoce et Paphlagonie et recrute d'importantes forces (fin -333/dbut -332). Il y a donc un risque rel sur les arrires d'Alexandre et ses lignes d'approvisionnement en Asie mineure. De plus il apparait clairement que Darius lve une nouvelle arme. Enfin la flotte perse reprsente un grand danger en mer ge. La matrise de la cte phnicienne, pouvant lui servir de base arrire, est donc indispensable. Cest pourquoi, dlaissant la poursuite de Darius III, Alexandre prend la route du sud vers Arados (au nord de la Phnicie) tandis que Parmnion est envoy sur Damas o il sempare des bagages de Darius. Dans le mme temps Alexandre nomme un de ses officiers les plus nergiques, Antigone, au commandement de toutes les forces macdoniennes prsentes en Asie mineure. Celui-ci russit, avec l'aide de Narque, briser la contre-offensive perse en Asie mineure au printemps de -332. La priode de lempire achmnide pour les Phniciens avait t une priode prospre car, en leur laissant une vritable autonomie, les rois perses avaient permis aux cits phniciennes de reprendre en partie la matrise de nombreuses routes commerciales face leurs adversaires traditionnels : les Grecs. Les Phniciens constituaient une grande part des marins de la flotte perse la bataille de Salamine par exemple Mais divises entre elles, ces cits nadoptent pas une attitude commune face larrive des Macdoniens. Le roi dArastos, Grostrate, estime quil na pas les moyens de rsister et surtout que sa cit, plus riche de son commerce terrestre (avec la Perse et la Mdie surtout) que de son commerce maritime, na aucun intrt un sige destructeur. La ville se rend ainsi que les cits de Marathos, Sign et Byblos. Quant Sidon, elle se soumet dautant plus facilement que ses habitants nont pas oubli les reprsailles dArtaxerxs II lorsque la ville avait particip la rvolte des satrapes sous le rgne de ce prince.

Le sige de Tyr (janvier / aot -332) la fin de lanne -333, alors quAlexandre est Sidon, des ngociations sengagent avec le roi de Tyr, Azemilcos, lequel souhaite rester neutre dans le conflit. Refus dAlexandre qui par contre dsire offrir un sacrifice dans le temple de Melqart Tyr. Refus des Tyriens qui dclent le pige. Faire entrer Alexandre en vainqueur dans le temple cest lui donner pouvoir sur la cit. Quant Alexandre, il ne lui sert rien de tenir la cte phnicienne si la ville de Tyr, avec ses deux ports, reste en dehors de son contrle. Cest pourquoi commence en janvier -332 le long sige de Tyr (jusquen aot -332). La ville neuve est sur une le (voir Ancharadus) quAlexandre compte atteindre en construisant une digue, avec les dbris de la vieille ville (la ville continentale), denviron 60 m de long. Mais les difficults saccroissent quand la digue atteint des eaux plus profondes, dautant que les Tyriens effectuent des raids meurtriers avec leurs navires. Alexandre cependant a un atout. En tenant les autres cits phniciennes, il disperse la flotte perse (dbut -332) dont les quipages phniciens rentrent progressivement dans leurs ports dattache. Les rois de Sidon, dAratos, de Chypre offrent ces navires Alexandre qui ainsi peut constituer une flotte suffisante pour le sige de la ville (sans doute une centaine de navires). Aprs un raid dune dizaine de jours pour soumettre les populations des montagnes du Liban actuel, il constate que sa nouvelle flotte est prte et apprend larrive de Clandre avec un corps de 4 000 mercenaires, pour la plupart issus du Ploponnse. Attaque par terre, isole par mer, la vieille cit rsiste jusquen aot -332.

La flotte de Tyr est dtruite par les navires dAlexandre lors dune contre-attaque dsespre. Les habitants se dfendent au moyen dengins balistiques, de plongeurs et de navires brlots. Une fois les tours de sige et les bliers approches des murs, Alexandre mne lui-mme lassaut (selon lhistorien Diodore de Sicile). La prise de la ville donne lieu des actes dune grande violence tant les habitants se dfendent avec acharnement. Les Tyriens utilisent des tridents, ressemblant des sortes dhameons, pour arracher les boucliers des Macdoniens, et dversent du sable brlant sur les attaquants. Ces derniers nont pas oubli les scnes de prisonniers de larme dAlexandre prcipits du haut des murailles. Sans doute 7 000 8 000 habitants de la ville sont tus (selon Diodore de Sicile), et 20 000 au moins sont vendus comme esclaves (une partie de la population dont beaucoup de femmes et denfants sest enfuie vers Carthage). Seul le temple est pargn dans la ville. La digue rige par Alexandre existe encore en partie de nos jours ; elle servit notamment aux croiss lorsquils assigrent Tyr. Ce succs permet Alexandre de terminer sa mainmise sur lensemble de la Phnicie. Quels objectifs ?

Parcours de larme dAlexandre le Grand au cours des annes -332 et -331, de la bataille dIssos celle de Gaugamles et jusqu la prise de Babylone. Alexandre aprs la prise de Tyr prend le chemin de lgypte non sans avoir repouss deux reprises, malgr lavis favorable de Parmnion, des propositions de paix plus quavantageuses de Darius III. Darius propose qu'Alexandre pouse sa fille Stateira et lui donne en dot toute la rgion entre l'Europe et le fleuve Halys en Asie mineure. Ce que semble dsirer Alexandre ce nest pas un empire grcomacdonien dbordant largement sur lAsie, ide dj dfendue par Isocrate le rhteur athnien, mais lAsie tout entire, du moins la connaissance quen possdent les Grecs. Le refus d'Alexandre s'explique aussi par le caractre fictif des concessions territoriales de Darius. Celles-ci ne constituent que la dot de Stateira ce qui signifie qu'en aucun cas Darius ne renonce sa souverainet sur les rgions considres. C'est ce pige que veut viter Alexandre qui exige d'tre regard comme le souverain (kurios) plein et entier des territoires dj conquis. Il ne fait d'ailleurs qu'appliquer le droit grec de la guerre, ainsi dfini par Xnophon :

C'est une loi universelle et ternelle que, dans une ville prise sur des ennemis en tat de guerre, tout, et les personnes et les biens, appartient au vainqueur. Il semble donc que l'objectif premier d'Alexandre soit de remplacer la souverainet achmnide par la souverainet macdonienne et qu'il considre que toutes ses conqutes le sont titre dfinitif. La nomination de satrapes, ds la victoire du Granique, va dans ce sens. Aprs la prise de Tyr il affirme avec force qu'il ne va pas se contenter de la conqute de la Lydie et la Cilicie, ce qui tait grosso-modo l'objectif d'Isocrate. Les historiens de l'Antiquit sont tous convaincus que son objectif est bien la conqute de l'ensemble du territoire achmnide Certes il faut se montrer prudent avec les diverses sources. S'agit-il chez Arrien et Quinte-Curce du rapport fidle des ambitions territoriales d'Alexandre ou d'un discours historiographique construit aprs coup afin de donner l'impression chez le conqurant d'une vision long terme et non d'une conqute improvise au gr des victoires et des vnements. La rponse cette question est problmatique mais il semble difficile de croire qu' la suite d'un ventuel accord entre Darius et Alexandre ce dernier ait accept de faire de l'Euphrate sa frontire orientale. Le fait que tout au long de la priode Alexandre revendique, systmatiquement, les territoires qui un moment ou un autre taient achmnides illustre bien qu'il y a chez lui une volont et un projet politique fort et cohrent. Le pharaon (automne -332 / printemps -331)

Alexandre en pharaon priant le dieu Amon - Temple de Louxor Sur la route de lgypte il rencontre une forte rsistance Gaza, sous la conduite de leunuque Batis, et prend la ville (fin -332) dont la garnison est massacre et la population vendue en esclavage. Alexandre est bless deux reprises lors de ce sige. En sept jours depuis Gaza il atteint alors Pluse en gypte. Quand Alexandre entre en gypte en dcembre -332, il semble tre accueilli en librateur. Il est fort possible que ce soit les gyptiens eux-mmes qui aient demand son aide, pour les affranchir de la domination perse qui sexerce difficilement car les gyptiens se sont rvolts de nombreuses fois sur le pays depuis deux sicles. Toujours est-il

quil ne rencontre que peu de rsistance et quil tend rapidement son royaume jusqu la premire cataracte du Nil. Alexandre se fait proclamer pharaon Memphis en -331. Il sacrifie au taureau Apis gage de respect des traditions gyptiennes et honore les autres dieux. Il se dirige ensuite vers la cte mditerranenne o il choisit lemplacement de la future Alexandrie qui nest acheve que sous Ptolme Ier ou Ptolme II. La lgende veut quAlexandre ait choisi lui-mme les plans de la nouvelle cit. Il se rend ensuite dans loasis de Siwa o il rencontre loracle dAmmon-Zeus qui le confirme comme descendant direct du dieu Amon. Cette salutation, conforme ltiquette gyptienne, est trs largement exploite par la propagande du Conqurant. Cette anecdote est rapporte ainsi par Plutarque :

Quelques-uns affirment que le prophte, voulant le saluer en grec dun terme daffection, lavait appel "mon fils" ( / padion), mais que, dans sa

prononciation barbare, il achoppa sur la dernire lettre et dit, en substituant au nu () un sigma () : "fils de Zeus" ( / pas dios) ; ils ajoutent quAlexandre gota fort ce lapsus et que le bruit se rpandit quil avait t appel "fils de Zeus" par le dieu (Plutarque, Vies parallles, 46-120) De retour Memphis, il se fait officiellement couronner dans le temple de Ptah et rorganise le pays avant de repartir la conqute du Moyen-Orient. Cest durant son sjour gyptien quil apprend la droute dfinitive de ce qui reste de la flotte perse et la capture de ses derniers adversaires en mer ge dont le satrape Pharnabaze. Fait prisonnier, celui-ci parvient schapper mais lun des amiraux dAlexandre, Hglochos, apporte son matre de nombreux prisonniers qui sont exils dans la ville gyptienne dlphantine. Cela laisse toute latitude Antipater, le rgent de Macdoine pour soccuper du toujours remuant roi de Sparte, Agis III. La situation en Europe inquite Alexandre tout au long de l'anne 331 mme aprs l'crasement de la Perse Gaugamles. Il multiplie d'ailleurs les faveurs aux cits grecques pour les inciter rester loyales. Il n'est pas impossible que l'incendie de Perspolis, capitale religieuse des Achmnides, ait pour objectif de prouver la Grce que l'objectif de la Ligue de Corinthe est atteint et, ainsi, d'viter des troubles en Europe. Alexandre quitte ensuite lgypte au printemps -331 pour ny jamais revenir vivant. Vers la bataille dcisive avec Darius III (printemps / t -331 octobre -331) Bataille de Gaugamles

La bataille de Gaugamles, par Jan Brueghel l'Ancien Lors dun nouveau passage Tyr, il reoit une dlgation dAthnes qui obtient du roi la libration des mercenaires athniens qui avaient combattu la bataille du Granique dans les rangs de larme perse. Puis la fin du printemps/dbut de lt 331 larme macdonienne se met en marche vers lEuphrate qui est travers fin juillet Thapsaque sur un pont de bateaux. Le satrape Mazaios sest repli larrive de son adversaire. Les prodromoi dAlexandre reprent larme de Darius plus au nord, aussi le roi de Macdoine au lieu de marcher sur Babylone selon son plan initial remonte vers le nord, vers Nisibe, et franchit le Tigre vers le 20 septembre -331 (aux environs de Djsireh, dans lIrak actuel) contournant son adversaire par le nord. Alexandre reprend alors la direction du sud avec le Tigre sur sa droite. Au bout de quatre jours de marche il apprend que larme perse, bien suprieure en nombre, lattend Gaugamles, non loin dArbles (actuelle ville dErbil dans le Kurdistan irakien). la poursuite de Darius III Lentre dans Babylone et Suse (novembre / dcembre -331) Le succs du combat lui ouvre la route de Babylone, qui se rend suite des ngociations. Nous connaissons mieux de nos jours les trois semaines entre la bataille et son entre dans la ville (fin octobre -331) grce une tablette babylonienne qui, bien que dtriore, fait une nette allusion la bataille de Gaugamles et sa chronologie prcise. Lauteur anonyme y parle de la fuite de Darius vers le pays de Guti ce qui dsigne la Mdie. La suite de ce texte indique que les autorits de Babylone ngocient avec le vainqueur et que celui-ci habilement garantit le maintien des traditions religieuses et la prservation des sanctuaires. Il donne lordre de rebtir le sanctuaire de Bel Mardouk qui tombait en ruine. Le vainqueur de Darius maintient dailleurs la plupart des dignitaires leur poste (souvent sous le contrle dun officier macdonien). Cest le cas de Maziaos, un noble perse, qui sur ordre de Darius sest repli sur Babylone dont il devient alors le satrape, poste auquel il est confirm par Alexandre. Celui-ci svite ainsi un sige long qui pouvait permettre son ennemi de se ressaisir et inaugure sa politique de ralliement sa personne de laristocratie achmnide. Il entre en vainqueur dans la capitale de lEmpire perse et y demeure prs dun mois. Tandis que Darius, en fuite, tente de runir une nouvelle arme royale dans les hautes satrapies, Alexandre prend la direction de Suse, laquelle se rend son tour. Il avait cependant dpch Polyxnos Suse afin de sassurer du trsor important (sans doute prs de 50 000 talents dargent) qui sy trouvait. Une partie importante de cet argent (sans doute 30 000 talents) est envoy Antipater afin quil lutilise dans sa lutte contre Sparte. Les difficults dAntipater (-331)

Lanne -331 est une anne difficile pour Antipater, outre ses relations excrables avec Olympias, qui Alexandre a confi le gouvernement de la Macdoine et de la Grce en son absence. Apparemment la dispersion de la flotte perse, suite la prise de Tyr, nattise plus les vellits de rvolte des Grecs sauf Sparte o le roi Agis III sassure le concours des pirates crtois puis de lensemble des peuples du Ploponnse (lens, Arcadiens et la quasi-totalit de lAchae lexception de Pelln Mgalopolis et Messne sont les seules cits importantes refuser dentrer dans la coalition anti-macdonienne. Dans un premier temps Agis est vainqueur dun corps expditionnaire macdonien dirig par Korragos et assige Mgalopolis. Le reste de la Grce cependant ne bouge pas et mme Dmosthne Athnes conseille de nen rien faire. Il est vrai que les gestes habiles dAlexandre, comme de renvoyer de Suse vers Athnes la statue dAristogiton et dHarmodios ou la libration des prisonniers athniens de la bataille du Granique, lui concilient provisoirement une partie des habitants de la cit attique En Thrace, Memnon, un stratge macdonien envoy pour contenir une rvolte, prend le parti des populations insurges. Enfin, la reine Olympias provoque des difficults quand, la mort de son frre Alexandre, le roi dpire, tu dans une expdition en Italie, elle avance des prtentions au trne de ce pays. Elle en assure finalement la rgence pour lun de ses petits-enfants, fils du roi prcdent et de sa fille Cloptre la sur d'Alexandre. Antipater ragit, suivant les ordres d'Alexandre, en traitant avec Memnon pour le neutraliser et en en dirigeant la quasi-totalit de ses forces, sans doute 35 000 40 000 hommes vers le Ploponnse. Agis ne dispose quant lui que de 20 000 hommes environ et 2 000 cavaliers. Il est battu et tu sous les murs de Mgalopolis lautomne -331. Sparte est contrainte dissoudre la Ligue du Ploponnse et entrer dans la Ligue de Corinthe. La nouvelle de la victoire de Gaugamles en Asie aprs la victoire d'Antipater sur Sparte assurent avec plus de force la souverainet macdonienne en Grce La campagne en Perse et lincendie de Perspolis (janvier / mai -330)

Alexandre Rondanini, copie romaine dun groupe dEuphrano reprsentant Alexandre et son pre, Glyptothque de Munich

La campagne se poursuit en direction de la Perse proprement dite. Alexandre emprunte la route, que suivait la cour du Grand Roi lors de ses prgrinations entre les diverses capitales de lempire, qui passe travers le pays des Ouxiens (sudouest de lIran actuel). Il soumet, par une campagne foudroyante dont il a lhabitude, les montagnards de ces rgions qui sengagent payer un tribut en chevaux et btes de somme dont a besoin larme. Aprs avoir t un temps arrt par la rsistance du satrape Ariobarzane aux Portes persiques, il franchit lAraxe sur un pont quil fait construire et parvient dans la ville la plus symbolique du pouvoir perse, Perspolis. La ville est livre au pillage, puis quelque temps aprs, les palais de la terrasse sont livrs aux flammes (mai -330). Cet incendie est parfois interprt comme volontaire, bien quil aille lencontre de la politique dintgration aux coutumes locales du conqurant. Alexandre aurait ainsi effectu un geste symbolique mrement rflchi, la fois en direction des Perses et des Grecs de la Ligue. Une autre interprtation affirme quAlexandre aurait provoqu lincendie dans un tat divresse, pouss en cela par une jeune courtisane athnienne, Thas. Il est possible quAlexandre ait voulu par l venger les destructions perses Athnes, en -480, ou plus simplement quil ait souhait affirmer son pouvoir face une population peu encline se rallier lui. Quoi quil en soit, Alexandre regrettera par la suite cet acte trs mal peru par les Perses mais accompli avec joie par les troupes macdoniennes qui pensent, bien tort, qu'Alexandre trahit son regret du pays natal et manifeste par cet incendie sa volont de ne pas se fixer en Asie.

Les ruines des palais des Achmnides, Perspolis. La mort de Darius III (t -330) Darius III pendant ce temps s'est rfugi en Mdie puis, devant l'avance d'Alexandre, dcide de prendre le chemin de l'Hyrcanie (sud-est de la mer Caspienne). Il est rejoint Ecbatane par Ariobarzane, Bessos avec des cavaliers originaires de Bactriane et un corps d'environ 2 000 mercenaires Grecs. Darius envoie son harem, ce qui reste de son trsor aux portes caspiennes ( lest de

Thran) qui permettent l'entre en Hyrcanie et qui se rvlent faciles dfendre. Alexandre pntre en Paratcne (l'actuelle rgion d'Ispahan), soumet la population et fonce sur Ecbatane pour y apprendre que Darius vient de senfuir trois jours plus tt avec environ 9 000 hommes dont 3 000 cavaliers. Ecbatane le roi de Macdoine licencie ses cavaliers thessaliens, lance Parmnion vers l'Hyrcanie et Cleithos vers la Parthie ( lest de l'Hyrcanie). Lui-mme se lance avec des troupes rapides la poursuite du monarque en fuite. En onze jours il parcourt la route qui va dEcbatane Rhag (lgrement au sud de Thran) o il est oblig de laisser souffler ses hommes et chevaux cinq jours. Il apprend par des transfuges que Darius est prisonnier des satrapes Bessos et Barsaents et qu'il se dirige vers Hcatompyles (prs de l'actuelle ville de Shahroud). En apprenant cette nouvelle, Alexandre confie ses troupes Cratre et avec ses lments les plus rapides marche pendant une journe et demie sans pratiquer de vritable pause. Un jour plus tard, aprs une marche nocturne, il atteint le camp de Darius que celui-ci vient d'abandonner. Le soir mme Alexandre impose ses hommes une nouvelle marche de nuit pour aboutir un campement de nouveau abandonn. Finalement Alexandre avec quelques cavaliers et fantassins monts rejoint le convoi de Darius. Celui-ci est mort, assassin par Bessos, Barsaents et Satibarzane qui viennent de senfuir avec quelques centaines de cavaliers (t -330). L'un des satrapes comploteurs, Bessos, tente de prendre les rnes du pouvoir perse, sous le nom d'Artaxerxs IV, mais il est trop tard, Alexandre tient fermement lempire perse.

Toujours plus lest Darius III mort, Alexandre lui rend les honneurs royaux et se prsente en justicier contre ses assassins. Il est probable que la mort de Darius, laquelle il est tranger, est pour Alexandre une bonne nouvelle car quel sort et-il pu rserver au Grand Roi sil avait t pris vivant ? Au contraire il lui est possible maintenant de se montrer gnreux avec sa famille et de faire ensevelir Darius dans les tombes royales de Perspolis. Les satrapes rests fidles Darius sont rcompenss tel Artabaze qui reoit la satrapie de Bactriane. La mort de Darius amne la noblesse perse se rallier massivement Alexandre. Cette collaboration des lites vaincues lui est ncessaire car les premires manifestations de lassitude de certains contingents obligent le roi licencier une partie de ses troupes. En Mdie les cavaliers thessaliens et les allis (7 000 hommes au dpart de lexpdition) sont renvoys dans leurs foyers. Or les besoins en hommes augmentent au fur et mesure que larme pntre en Asie. Ainsi, rien que pour garder les trsors royaux, Alexandre laisse 6 000 hommes Ecbatane. La rvolte de lArie (automne -330) Avant de poursuivre Bessos et ses complices, Alexandre soumet lHyrcanie et les populations montagnardes de la rgion (actuelles montagnes du Khursn la frontire entre lIran et le Turkmnistan), les Tapouriens et les Mardes. Il incorpore son arme la majorit des mercenaires Grecs qui taient au service de la Perse (recruts avant -334 ce qui lui permet de compenser le licenciement dune partie de ses troupes abord prcdemment) et rassemble ses soldats Zadracarta. Une partie des soldats est renvoye, sous le commandement de Parmnion en qui il est plausible quAlexandre nait plus quune confiance limite, Ecbatane tandis quil se prpare poursuivre les satrapes en fuite. Il apprend Zadracarta que ceux-ci se sont spars et que Bessos, qui se proclame roi sous le nom dArtaxerxs IV, sest rfugi en Bactriane tandis que Satibarzane est retourn en Arie (actuelle rgion dHrat louest de lAfghanistan) et Barsaents en Drangiane (sud de lAfghanistan). Alexandre sempare assez rapidement de lArie, en remontant la valle de lAtrek, et maintient Satibarzane son poste en lui adjoignant un stratge macdonien Anaxippos. Mais, alors quil se prpare remonter vers la Bactriane, Satibarzane se rvolte (automne -330), assassine Anaxippos et massacre les troupes macdoniennes laisses en Arie avant de senfuir. Alexandre afin de maintenir lordre dans cette province y fonde une ville, Alexandrie dArie (actuelle Hrat), puis se dirige vers la Drangiane o le rebelle Barsaents lui est livr et mis mort. En octobre ou novembre -330 Satibarzane se rvolte de nouveau en Arie. Il est tu dans un affrontement avec le corps expditionnaire lanc contre lui par Alexandre et dirig par Artabaze, rygyos et Caranos.

Les meurtres de Philotas et Parmnion (automne -330) Cest lautomne de lanne -330 que se droule un pisode dramatique entranant la mort de proches dAlexandre sur ordre du roi. Alors que larme sjourne dans la capitale de la Drangiane, Phrada-Prophtasia (au sud de Hrat), Philotas le fils de Parmnion et commandant de la cavalerie est emprisonn et jug pour complot, ou plus exactement pour avoir eu vent dun complot contre le roi et de navoir rien fait pour le dnoncer. Il est probable que les critiques de Philotas sur le crmonial perse de plus en plus adopt par le roi aient indispos ce dernier. Philotas est jug par lassemble des Macdoniens, fortement accus par Cratre (qui y voit sans doute un moyen dliminer un rival qui pourrait faire de lombre son toile montante) et lapid selon la coutume. Quant Parmnion, qui se trouve la tte de nombreuses troupes en Mdie, Alexandre ignore sil se trouve impliqu dans la conjuration. Dans le doute il envoie des officiers le mettre mort, ce qui est fait. Il sen faut de peu que les troupes de Mdie se soulvent cause de ce meurtre.

Cet pisode est rvlateur des rticences de plus en plus fortes dune partie des Macdoniens et de lentourage du roi ( lexception notable dHphaestion) sur cette pope qui les voit senfoncer de plus en plus en Asie, loin de leurs bases, de leur pays la poursuite dun but et dun rve qui leur chappe. Les maladresses de Philotas, expliquant volontiers quAlexandre naurait pas remport ses victoires sans laide de son pre et la sienne, et qui se moquait des prtentions du roi tre considr comme le fils dAmmon-Zeus, expliquent aussi sans doute quAlexandre ne tente rien pour sauver sa vie. Cet pisode dmontre enfin quAlexandre est prt tout pour laccomplissement de ses desseins, mme le meurtre de ses plus proches conseillers ou amis. La mort de Cleithos au printemps -328 le prouve tragiquement. Enfin il ne faut pas perdre de vue que la royaut macdonienne connat des rapports conflictuels frquents entre aristocratie et monarchie et que le meurtre de Philotas, hipparque et commandant des Compagnons, est un moyen pour le roi de se dbarrasser dun officier trop puissant.

La difficile pacification de lAsie centrale (fin -330 / printemps -327) De Drangiane, larme passe vers la fin de -330 en Arachosie (sud-ouest de lAfghanistan), mais est retarde dans sa poursuite de Bessos par la rvolte de Satibarzane en Arie. Le roi fonde une nouvelle ville, Alexandrie qui correspond lactuelle Kandahar, laisse un stratge nomm Memnon comme satrape en Arachosie et remonte vers la Bactriane la poursuite de Bessos. La traverse des monts Paraponisades (Hind-Ksh), que les Macdoniens et les Grecs confondent

apparemment avec le Caucase, seffectue au printemps -329. En Bactriane, Bessos est en fuite, ravageant les valles entre les Paraponisades et lOxus (actuel AmouDaria) afin de limiter les possibilits de ravitaillement de ses poursuivants. Il sempare dAornos qui devient son tour une Alexandrie puis de la cit de Zariapsa ou Bactres (actuellement Balkh). Larme passe ensuite lOxus sur un pont flottant fait de tentes de peaux remplies de diverses matires sches et passe en Sogdiane. Les nobles Spitamns et Oxyarts dcident alors de livrer Bessos et le font savoir Alexandre. Ptolme est charg de cette capture dlicate qui intervient au dbut de -329. Bessos est emmen Bactres o, la faon des Perses, on lui coupe le nez et les oreilles puis il est envoy Ecbatane et excut (-329). Pendant prs de deux ans Alexandre lutte en Sogdiane et en Bactriane contre des satrapes rvolts, contre les peuples des Sakas et des Massagtes contre lesquels Cratre va sillustrer. Spitamns, le satrape ayant livr Bessos, se rvolte et massacre plusieurs garnisons macdoniennes. Il inflige mme un cuisant chec militaire des officiers dAlexandre sur le fleuve Polytimetos (Zeravchan dans lactuel Ouzbkistan). La raction d'Alexandre aprs cette dfaite est extrmement significative du profond dsarroi de l'arme puisqu'il interdit, sous peine de mort, aux rescaps de ce dsastre de divulguer la ralit. Aprs avoir hivern (-329/-328) Bactres, Alexandre repart pour la Sogdiane qui sagite quand Spitamns reparait en Bactriane et surprend dans une embuscade la garnison de Zariapsa. Cest en ce dbut danne -328 que se droule un pisode quAlexandre va profondment regretter, le meurtre de Cleithos. Ce dernier, parfois prsent comme le frre de lait du roi, est un de ses plus fidles compagnons et lui sauve mme la vie lors de la bataille du Granique. Lors dun banquet se terminant souvent en ivrognerie gnralise, scne dont Alexandre semble familier, les auteurs antiques sont unanimes sur ce point, Cleithos porte les exploits de Philippe II au-dessus de ceux de son fils. Celui-ci ne le supporte pas et dans un accs de rage tue son ami de sa main. Dgris, Alexandre pleure longuement Cleithos et lui fait faire de grandioses funrailles. Cependant ce sjour dans les provinces orientales de lancien Empire achmnide pse fortement sur lentourage du roi. Quand Alexandre tente dimposer ltiquette perse aux Macdoniens, en particulier le fait de se prosterner devant lui (proskynse), une protestation porte par Callisthne, le neveu dAristote et historiographe du roi, semble approuve par de nombreux compagnons du roi. Alexandre dailleurs cde et ne maintient cette tiquette que pour ses sujets asiatiques mais la part quil donne ces derniers dans larme et ladministration suscite des mcontentements dans son entourage proche. Le complot des pages, n du dsir de vengeance personnelle dun de ces jeunes gens entourant et servant le roi qui sestimait injustement puni, rvle cependant que parmi ses compagnons de jeunesse, nourris comme lui aux sources de la philosophie grecque, certains jugent insupportables ses nouvelles exigences et commencent le considrer comme un tyran. Callisthne qui avait raill les prtentions dAlexandre la divinit est excut lors de la rpression qui fait suite ce complot.

Linsaisissable Spitamns succombe finalement la trahison des Massagtes qui au cours de lhiver -328/-327, alors quAlexandre est Nautaca (sud-est de lactuelle Boukhara), envoient sa tte au roi de Macdoine. Le printemps -327 est occup dtruire les derniers lots de rsistance, rle dont sacquitte Cratre, et rorganiser lempire dans cette rgion. la place dArtabaze, satrape de Bactriane ralli depuis longtemps Alexandre mais qui est trs g demande tre relev de son commandement, Alexandre nomme un macdonien. Enfin, il pouse en -327 la fille dOxyarts, Roxane. Le roi fonde aussi Alexandria Eskhate (actuelle Khodjent), sur le fleuve Iaxarts (Syr-Daria), qui marque le point le plus au nord de son priple. LInde et la fin du priple

Peinture de Charles Le Brun montrant Alexandre et Pru lors de la bataille de l'Hydaspe. LInde pour les Macdoniens et les Grecs est une contre mystrieuse connue par les textes dHcate de Milet et dHrodote ainsi que ceux de Ctsias, mdecin la cour dArtaxerxs II. Ces auteurs ont sans doute utilis la relation du voyage quy fit Scylax de Caryanda sur ordre de Darius Ier. La valle de lIndus est thoriquement sous le contrle de lempire achmnide depuis cette poque mais en ralit la frontire du pouvoir perse se limite aux Paraponisades. Quant la valle du Gange et au plateau du Deccan ils sont inconnus. Cependant des relations existent puisque lon trouve dans les armes perses quelques lphants et des contingents indiens. Alexandre avait-il lintention dintervenir en Inde ? Il ne fait gure de doute que le but premier du roi est de restaurer son profit les limites de l'empire de Darius Ier et

d'en tirer les profits commerciaux inhrents. Ce qui semble probable est quil ait t aisment convaincu, alors quil guerroie encore en Sogdiane, par Taxile, lun des roitelets de la valle septentrionale de lIndus, dintervenir contre son ennemi Pros qui rgne sur le royaume de Paurava lest de lHydaspe et qui menace le Panjb. Alexandre est conseill aussi par un prince indien, Sisicottos, qui aprs avoir suivi la fortune de Bessos sest ralli au conqurant. Le projet d'Alexandre est probablement plus ancien cependant puisqu'au printemps -329 il fonde une Alexandrie-du-Caucase (au nord de l'actuelle Kaboul) ce qui illustre clairement sa volont de disposer d'une base arrire pour son expdition. Enfin le rappel d'un marin comme Narque en -329/-328 semble prouver qu' ce moment Alexandre envisage dj une expdition maritime entre l'Inde et le golfe Persique. Souhaite-t-il continuer au-del de l'Indus ? A-t-il une ambition mondiale ? De nombreux historiens estiment que son expdition vers le Gange, interrompue par la sdition de ses soldats sur l'Hyphase, avait pour but de s'emparer des bases commerciales indiennes (de la mme faon qu'en -323, peu avant sa mort, il prparait probablement une expdition vers les ports arabes du golfe Persique) mais que l'objectif premier tait bien le retour par la valle de l'Indus, puis l'Ocan et le golfe Persique. Tout conduit par consquent admettre que, dans la droite ligne de son refus des propositions de paix faites par Darius III en -332 et -331, Alexandre avait dj une ide relativement prcise de ses objectifs globaux (devenir le matre de l'ensemble des territoires qui avaient t un jour achmnides et contrler l'ensemble des grandes routes commerciales), mme si leur application dans le dtail restait beaucoup plus imprcise La conqute du nord-ouest de lInde (t -327 / t -326)

Parcours de larme dAlexandre le Grand en Bactriane, en Sogdiane, puis le long de la valle de lIndus jusqu locan Indien. Au printemps -327, Alexandre part de Bactres la tte dune arme considrable, sans doute 120 000 personnes dont au moins 60 000 soldats, le reste tant constitu

desclaves, de serviteurs mais aussi de femmes et denfants. Les Grecs et Macdoniens ne reprsentent gure que la moiti des effectifs combattants. Le roi de Macdoine en effet a recrut des Asiatiques qui sont organiss dans des units sur le modle macdonien. Alexandre repasse donc les monts Paraponisades et se rend Alexandrie-duCaucase (actuelle Bagram prs de Kaboul). L il reoit le renfort du roi de Taxila qui lui offre quelques lphants de guerre. Puis il charge Hphaestion et Perdiccas de soumettre les peuples vivant sur la rive sud du Cophen (la rivire qui descend de la valle de lactuelle Kaboul vers lIndus) tandis que lui soccupe de la rive septentrionale (t -327). Si la conqute de la rive sud se droule sans trop dencombre, ses deux gnraux atteignant lIndus avant lui, Alexandre est confront aux Assacnes (Avakas) qui offrent une forte rsistance. La prise de leur ville forte Aornos lui donne du fil retordre. Finalement il atteint lIndus o Hphaestion et Perdiccas ont construit un pont et celui-ci est franchi au printemps 326. Larme se repose alors Taxila la capitale de Taxile. Peu aprs, larme sbranle pour combattre Pros qui surveille lHydaspe (actuel Jhelum lun des affluents de lIndus) avec une arme nombreuse, forte de 200 lphants de guerre. Alexandre manuvre une fois de plus avec habilet car laissant Cratre avec le gros des troupes, il traverse avec sa cavalerie et ses hypaspistes le fleuve dans une rgion boise environ 150 stades en amont (environ 30 km) afin de prendre Pros revers. La victoire est totale, mais cest une bataille dune grande violence. Bucphale meurt lors de cette bataille et en son honneur, Alexandre fonde sur son tombeau la ville de Bucphalie (ou Boukphalia). Peu aprs, Alexandre perd son chien Pritas pour qui il construit galement une ville ponyme.

Poursuivant sa politique dintgration des chefs locaux, Alexandre laisse Pros en place, conquis par la noblesse de celui-ci, avec un territoire plus vaste que celui quil avait lorigine. Une rvolte sur ses arrires de la part des Assacnes loblige envoyer des troupes diriges par Philippe et Tyriasps tandis que lui-mme parcourt le Panjb actuel y soumettant les divers peuples qui y vivent. Alexandre pense alors franchir lHyphase (actuelle rivire Bias au Penjab) pour atteindre la valle du Gange et lOcan extrieur. Mais lautomne -326, sur les rives de ce fleuve, Alexandre doit affronter une leve de boucliers des Grecs et des Macdoniens et le roi ne parvient pas les convaincre daller plus loin. Aprs stre enferm trois jours sous sa tente, le Conqurant est oblig de se plier aux volonts de ses soldats et donne lordre du retour. Il fait riger douze autels monumentaux pour chacun des douze principaux dieux de lOlympe, ainsi quun camp artificiellement agrandi jusquau triple de ses dimensions normales, marquant le point extrme de sa progression lest. Il fait apposer une inscription : Ici sest arrt Alexandre . Cet pisode est rvlateur de la coupure qui sest cre entre le roi et ses troupes. Certains de ses officiers, les pisodes de la mort de Philotas et de Cleithos le rappellent, sont hostiles un mode de gouvernement de plus en plus personnel et autocratique, sur le modle asiatique.

Mais les soldats quant eux sont, au moins pour les survivants du dbut de lexpdition, physiquement extnus. Il y a de plus pour les soldats un dsir lgitime de revoir leur famille et de jouir du butin accumul.

La conqute de la valle de lIndus (automne -326 / printemps -325) Alexandre dcide ensuite de soumettre toute la valle de lIndus. Il fait construire une flotte, prte lautomne -326 o il embarque avec une partie de son arme, pour descendre lHydaspe puis lAcsine afin de rejoindre lIndus. Cette flotte est construite avec la contribution financire de nobles de la cour et de ltat-major du roi. Elle est dirige par Narque avec des quipages essentiellement phniciens et grecs suite aux renforts quAlexandre vient de recevoir. Avant le dpart, et malgr la mort de Cnos un des chefs militaires les plus populaires et un des plus fidles compagnons dAlexandre, une assemble des princes locaux reconnat Prs comme souverain, sous la suzerainet du roi de Macdoine et de lempire perse. Alexandre embarque avec lui les archers, les hypaspistes et les cavaliers de sa garde cependant que Cratre longe la rive droite et Hphaestion, avec lessentiel de larme, descend le long de la rive gauche. lembouchure de lHydaspe et de lAcesine des rapides endommagent la flotte qui doit rparer. Certains peuples se soumettent rapidement mais dautres comme les Malliens et les Oxydraques refusent. Vers la mi-novembre -326, le Conqurant soumet les Malliens, mais commet la faute dattaquer une ville de brahmanes, ce qui provoque une rbellion qui se propage rapidement avant dtre rduite par Peithon. Au cours de cet engagement, il est assez srieusement bless, au point que

larme croit en sa mort. Il doit faire ouvrir les rideaux de la cabine de son navire pour rassurer ses troupes. Alexandre, trop empreint de culture grecque, ne comprendra jamais le systme de castes indien, et finit par rejoindre lembouchure de lIndus aprs une violente campagne de rpression. Les Macdoniens sont effrays par le phnomne des mares, quasi inconnu en Mer Mditerrane, ce qui nempche pas Alexandre dtablir un port, des arsenaux, des citernes dans un port construit au sud de la ville de Pattala, preuve quil sagit pour lui dun territoire destin tre incorpor son empire. Le difficile retour (juillet -325 / dcembre -325) Alexandre, pour son retour vers Babylone, divise son arme en trois corps (juillet 325). Narque avec une flotte dune centaine de navires, 2 000 marins et 12 000 soldats, est charg de rouvrir la route maritime entre lIndus et lembouchure du Tigre et de lEuphrate. Cratre quant lui a dj quitt (en juillet) la valle de lIndus avec la moiti de la phalange (quatre taxes), les lphants et les vtrans dsirant retourner en Macdoine. Il remonte par lArachosie et la Drangiane (sud de lAfghanistan actuel) et doit retrouver Alexandre en Carmanie (rgion qui correspond au sud de lIran vers le dtroit d'Ormuz). Sans doute sagitil pour Alexandre de montrer ses troupes dans des rgions soumises depuis peu, proximit galement de la Bactriane o les colons militaires viennent de se rvolter.

Alexandre sur son cheval Bucphale, bronze, muse national trusque de la villa Giulia (Rome Alexandre choisit pour le retour litinraire le plus difficile en longeant la cte de la Gdrosie (actuel Balouchistan pakistanais). Il sagit de soutenir la flotte de Narque en tablissant des dpts de vivre. Depuis Patala sur lIndus, il gagne avec

25 000 hommes lactuelle rgion de Karchi o le peuple des Arabites capitule sans combattre. Puis Alexandre atteint la valle du Purali dont il soumet les habitants, les Orites. La cte tant trop misrable pour approvisionner la troupe, Alexandre doit demander de laide aux Gdrosiens de lintrieur du pays. Alexandre divise alors son arme en deux corps ; celui command par Lonnatos doit suivre litinraire traditionnel des caravanes, plus au nord, et faire sa jonction avec Alexandre Pura, capitale de la Gdrosie. Alexandre avec 12 000 hommes, dont ses troupes dlite et un convoi de femmes et denfants, traverse la Gdrosie par le dsert du Makran qui longe le littoral. Or au moment o Alexandre entre dans le dsert, les Gdrosiens et les Orites se rvoltent ; il nobtient donc pas les vivres promis. Le dsert de Makran est une rgion particulirement isole, couverte de marcages sals, comptant peu doasis, en tout cas avec des ressources insuffisantes pour un tel effectif. Une grande partie du convoi avec les femmes, les enfants et les attelages est emport par la brusque monte dun torrent. La troupe met deux mois pour accomplir 700 km entre la valle du Purali et Pura. Alexandre rallie la ville de Pura en dcembre -325. Il y est rejoint par le contingent de Lonnatos qui a entretemps fond Alexandrie des Orites. Malgr la saison des pluies, plus de 6 000 personnes seraient mortes de soif et dpuisement durant cette marche dans le dsert du Makran, dautant quune partie des rserves de grain est dpose dans des fortins au bord de la mer pour approvisionner la flotte. Ce voyage est le plus prouvant de toute lexpdition dAlexandre et entrane un grand nombre de dcs par puisement, soif et sous-alimentation ; tous les chevaux et les btes de sommes meurent au cours de ce priple. Dautant que cette souffrance a t inutile : jamais Alexandre ne parvient tablir le contact avec la flotte de Narque.

En Carmanie, Alexandre est rejoint par Cratre. Immdiatement Alexandre est confront des rcriminations de toutes sortes sur les officiers qui ont gouvern lempire en son absence. Les abus de ses satrapes sont les signes dun malaise assez

comprhensible en cette priode trouble et que lloignement du roi ont favoris. Deux stratges de Mdie, Clandre et Sitalcs, sont excuts ainsi plus tard quHracon. Il sagit des officiers qui avaient t chargs de tuer Parmnion. Quant la flotte, elle part avec un mois de retard sur les plans initiaux, cause des vents de mousson, le 23 octobre -325. Elle longe la cte de la mer drythre (actuelle mer dOman), pour rallier lEuphrate. Pilote par Narque, avec pour second Onsicrite (le futur rdacteur de lAlexandropdie), elle explore la cte avec minutie, et rencontre notamment des baleines pour la premire fois. Confronte plusieurs temptes, qui coulent trois navires au moins, Narque est aussi oblig de maintenir la flotte la mer jour et nuit car il craint les dsertions. Il est impossible de se ravitailler terre sur la cte de la Gdrosie, le pays des misrables Ichtyophages ( mangeurs de poisson ). En outre les dpts laisss par Alexandre sont attaqus par les Orites. Les seuls aliments proviennent donc de la mer ; ce qui prend au dpourvu la flotte, laquelle souffre de la faim. Finalement aprs 1 300 km et 80 jours de navigation, Narque parvient Harmozia (Ormuz) en face du promontoire de Macta (actuel mirats arabes unis). Narque quitte alors la flotte et se rend au-devant dAlexandre qui le reoit avec des transports dallgresse, persuad de la disparition de sa flotte. Narque repart ensuite jusquaux bouches de lEuphrate (dcembre -325) et rallie Suse. La dernire anne du rgneLes noces de Suse et la mutinerie dOpis (hiver / printemps -324)

Lempire dAlexandre De Carmanie, Alexandre se rend au dbut de lanne -324 Pasargades avec des troupes lgres tandis quHphaestion poursuit le voyage avec le gros de larme le long des ctes de la Perse. Cest ce moment quil entreprend de restaurer le tombeau de Cyrus le Grand, lequel avait t pill en son absence, et de punir les

coupables. Il se dbarrasse aussi de plusieurs satrapes tel Baryaxs qui stait proclam Grand Roi ou Orxins en Perse dont la fidlit tait sujette caution. Puis il arrive Suse. Cest ce moment quinterviennent les fameuses noces de Suse. Cet pisode est un acte symbolique trs solennel rvlateur de la volont du roi de fondre en un seul peuple les Macdoniens et Grecs ainsi que les Asiatiques. Cest ainsi que dix mille de ses compagnons pousent le mme jour des femmes asiatiques. Alexandre y pouse Stateira, fille ane de Darius III, tandis quHphaestion pouse une de ses surs cadettes. Les mariages se font la mode perse, ce qui ne manque pas de provoquer la dsapprobation des Macdoniens (qui ont dj vu leur roi sunir Roxane) qui en concluent quAlexandre sloigne des coutumes grecques pour adopter une mentalit barbare . Le conqurant marque galement la volont dintgrer de jeunes Perses son arme. Pour calmer la grogne Alexandre paye les dettes de ses soldats et offre en un geste symbolique des couronnes dor ses gnraux.

Ces gestes sont insuffisants pour viter quune rvolte des vtrans nclate Opis (au nord de Babylone). Llment dclencheur est bien cette place nouvelle qui est

accorde par Alexandre ses troupes asiatiques. Ainsi la cration dune cinquime hipparchie compose dAsiatiques dans le corps des htres est-elle mal ressentie. Aussi le jour mme o Alexandre libre 10 000 vtrans clate la mutinerie. Il lui est demand de donner cong tous, dentreprendre de nouvelles conqutes tout seul, ou avec son pre Amon. Cette remise en cause de son origine divine le rend fou de rage et Alexandre se prcipite sur les mutins avec ses hypaspistes. Il fait excuter treize des meneurs et reprend, par un discours habile o il flatte lorgueil de ses hommes, le contrle de la situation. Il se retire ensuite sous sa tente et ne sadresse plus quaux Perses refusant de parler aux Macdoniens. Ceux-ci supplient alors le roi de leur rendre leur place auprs de lui et promettent de le suivre o il voudra les conduire. Cette rconciliation thtrale prouve lhabilet du roi qui conserve son ascendant sur ses troupes tout en atteignant ses objectifs puisque les Asiatiques restent dans larme. Mais cette mutinerie claire bien la distance qu'il y a entre les projets du roi et les dsirs de ses troupes fatigues. Opis les troupes s'aperoivent qu'Alexandre a bien l'intention d'tablir pour toujours en Asie le centre de son royaume. . Les nouvelles entreprises du roi apparaissent aux yeux de ses soldats comme de plus en plus personnelles et ils s'en estiment de moins en moins solidaires. Cette rsistance de l'arme la politique de fusion avec les troupes asiatiques constitue assurment le plus grave chec d'Alexandre.

Plusieurs milliers de vtrans sont librs et rentrent en Macdoine, commands par Cratre et Polyperchon. Cratre est charg de remplacer Antipater en Macdoine, en conflit permanent avec Olympias, et dont Alexandre semble ce moment se mfier, tandis quAntipater doit emmener en Asie de nouvelles recrues pour les projets futurs du roi (t -324).

Ultimes desseins (t -324 / printemps -323)

DOpis par la valle du Zagros, Alexandre se rend Ecbatane. Cest l, au cours de lhiver -324, que meurt le favori dAlexandre, Hphaestion, probablement de maladie. La douleur du roi est assimile par les historiens antiques celle dAchille sur le corps de Patrocle. Alexandre rend son compagnon des honneurs quasi royaux. Mais les tches royales reprennent vite le dessus et une dernire campagne est organise contre les habitants du Lorestan actuel (sud-ouest de lIran) et contre les Ouxiens montagnards que les Perses navaient jamais totalement soumis.

Pice de Ptolme avec Alexandre portant un scalp dlphant, symbole de sa conqute de lIndus. Alexandre se rend ensuite Babylone au printemps -323. En chemin il reoit des ambassades venues de Grce. Les Athniens en particulier protestent contre un dcret dAlexandre ordonnant le rappel des bannis et contre celui rclamant pour le roi les honneurs divins. Le dcret sur les bannis sera lun des prtextes au dclenchement de la guerre lamiaque la mort du roi. Alexandre multiplie les rencontres avec des ambassades venues des pays limitrophes de son empire (Libye, Cyrnaque, Celtes des Balkans, sans doute Carthaginois) sans quil soit possible de dterminer avec prcision quels sont ses objectifs. Le voyage de Narque ayant montr combien les communications maritimes avec la partie orientale de lempire taient plus aises que les communications terrestres, Alexandre ordonne lexploration des mers limitrophes. Ainsi Hraclide est-il envoy explorer la mer Caspienne et trois expditions successives sont envoyes reconnatre les ctes de lArabie. Les deux premires, celle dArchi, et celle dAndrosthne ne dpassent pas lle de Tylos (actuelle le de Bahren). Celle dHiron de Soles atteint sans doute le golfe de Suez. Cette reconnaissance totale des ctes de la mer Rouge lembouchure de lIndus va donner Alexandrie un rle pivot dans le dveloppement des relations commerciales entre la mer ge, et donc la Grce, et lAsie.

Les historiens ne saccordent pas sur ses derniers desseins. Plusieurs auteurs anciens affirment qu'Alexandre caresse le projet de conqurir le bassin occidental de la mer Mditerrane. Il est plausible en effet quil ait envisag de se tourner vers la mer Mditerrane occidentale, en particulier vers Carthage. Perdiccas l'affirme devant les troupes peu aprs le dcs du roi. Ce qui est certain, cest quune expdition est envisage pour le 20 du mois de Dsios (5 juin -323) que les sources antiques orientent vers le sud de la Libye afin datteindre lOccident. Sagit-il, sinon de saventurer en Arabie, plus vraisemblablement dassurer la prosprit et la dure de son empire par la matrise des mers environnantes ? La question que se posent les historiens contemporains est donc de comprendre s'il y a deux projets distincts, la conqute de la Mditerrane orientale d'une part et le contrle des ctes de l'Arabie et de la mer Rouge d'autre part, ou s'il ne s'agissait que d'un seul et mme projet savoir relier Alexandrie du Tigre Alexandrie en gypte puis de l poursuivre vers Carthage et la Sicile. Auparavant, Alexandre consacre les dernires semaines de sa vie parcourir les canaux de lEuphrate et faire excuter des travaux destins rguler les inondations. Puis il revient Babylone et reoit, tel un dieu, les thores (missaires) envoys par les cits grecques.Les derniers jours (juin -323)

Alexandre a-t-il t empoisonn ? Cette rumeur qui accuse Cassandre et Iolas, les fils dAntipater (Iolas, chanson du roi, est le suspect idal), est voque par les auteurs de la Vulgate dAlexandre, sans toutefois quils la cautionnent vritablement ; elle est conteste par Arrien et Plutarque. Suite des dsaccords dans la politique mener en Grce et aux conflits avec Olympias, Alexandre compte en effet relever Antipater de la rgence de Macdoine pour le remplacer par le fidle Cratre. Cependant cette rumeur, fomente par Olympias, se rpand plusieurs annes aprs la mort dAlexandre, une poque o les diadoques se dchirent dj et o la volont de discrditer les concurrents potentiels est forte. Cette hypothse est bien entendu invrifiable de nos jours mais il est plus vraisemblable pour les historiens modernes quAlexandre soit mort de la malaria, dans sa forme la plus aigu (Plasmodium falciparum), qui plus est, sur un organisme fatigu par les blessures et les excs de boisson. Cette saison de fin de printemps dans la rgion marcageuse que constitue le sud de lIrak actuel est galement propice une telle maladie. Des hypothses plus rcentes datant de la fin

du XXe sicle estiment quAlexandre a pu mourir du virus du Nil occidental ou dune fivre typhode. Plutarque et Arrien ont crit, daprs les phmrides royales, le dtail des derniers jours du roi entre le 15 et le 28 du mois de Dsios (27 mai au 10 juin.) Selon Plutarque, Alexandre est troubl par la multiplication de signes funestes. Ainsi, lors de la navigation sur lEuphrate, un coup de vent emporte le diadme royal tandis qu Babylone, un inconnu ose sasseoir sur le trne dAlexandre, geste quil paye de sa vie. Puis les ftes et les soires de beuveries, dont est coutumier le roi, reprennent. Ainsi, les 16 et 17 Dsios, Alexandre passe de banquets en banquets chez Narque puis chez un htre thessalien du nom de Mdeios de Larissa.

Le 18 au matin (30 mai -323), il est pris dune fivre qui va durer jusqu son dcs. Les premiers jours, jusquau 22 Dsios (4 juin), il continue donner des ordres et surveiller les prparatifs de son expdition mais, partir du 23, laggravation de son tat len rend incapable. Le 25 Dsios, il perd lusage de la parole et ne peut parler ses officiers, quil reconnat cependant. Une terrible fivre sempare de lui partir de la nuit du 25 au 26 Dsios. Le 27, les soldats le croyant

mort exigent de le voir et dfilent devant le roi, sans armes, lequel salue chaque homme dun mouvement de tte ou dun clignement des yeux. Alexandre le Grand meurt le 28 Dsios au soir, cest--dire le 10 juin -323, lge de 32 ans Babylone.

Le tombeau d'AlexandreTombeau d'Alexandre le Grand. Le cadavre embaum dAlexandre devient l'enjeu d'un conflit entre ses diadoques. L'un d'eux, Perdiccas, fidle Roxane et Alexandre IV, dcide dans un premier temps de le rapatrier Aigai, l'ancienne capitale de Macdoine, l o reposent les anctres du conqurant. Le corps est ainsi plac dans un premier sarcophage anthropode en or, enferm son tour dans un deuxime cercueil dor, un drap pourpre recouvrant le tout. L'ensemble est dispos sur un char d'apparat surmont d'un toit que soutient un pristyle ionique. Ptolme Ier Soter n'hsite pas attaquer la procession funraire pour s'approprier le sarcophage et l'exposer la dvotion Memphis. Selon le pseudo-Callisthne, le cadavre est ensuite transport Alexandrie vers -280, l'aide d'un coffre de plomb par Ptolme II. Ce dernier le place l'intrieur d'un temple dans un nouveau sarcophage recouvert d'or. Ptolme IV Philopator enfin fait construire un mausole somptueux (le Sma) dans lequel il expose la dpouille d'Alexandre. Dans La Pharsale de Lucain, on apprend que le monument se dresse sur un tumulus et a la forme d'une tour de marbre surmonte d'un dme pyramidal. Tout autour sont amnages de petites chapelles destines recevoir les corps des rois lagides, l'ensemble tant protg par une enceinte mure qui dlimite le tmnos. Il est presque certain que le Sma se trouvait quelque part l'intersection de la voie Canopique, qui traverse la ville selon un axe nord-est sudouest depuis la porte du Soleil jusqu' la porte de la Lune, et de l'autre voie principale oriente nord-sud qui relie la presqu'le de Lochias au lac Marotis.

Pour Strabon, le monument fait mme partie de la basilique. Ptolme IX, court d'argent selon Antiochos Grypus, fit remplacer en -89 le cercueil d'or par un cercueil de verre ou d'albtre translucide. Le cadavre embaum y reste plusieurs centaines d'annes et devient un objet de visite pour un grand nombre d'hommes politiques, de gnraux tant grecs que romains. Ainsi, si l'on suit Sutone, l'empereur Auguste visite le tombeau et retire un instant le corps du sarcophage pour lui mettre avec respect une couronne d'or sur la tte et le couvrir de fleurs. La manipulation aurait malheureusement abm le nez du cadavre. La dernire visite importante est celle de l'empereur Caracalla en 215. Ce dernier n'hsite pas s'approprier la tunique, la bague et la ceinture du Macdonien, la cuirasse, quant elle, ayant probablement dj t vole par Caligula. Ds le IVe sicle, un tremblement de terre et divers vandalismes romains ayant probablement dgrad le monument, l'emplacement du Sma n'est plus connu. Les historiens et archologues, malgr de nombreuses recherches et hypothses, ignorent encore de nos jours son emplacement exact.

BilanBilan du rgne d'Alexandre le Grand et Construction du mythe d'Alexandre le Grand. Le bilan de luvre dAlexandre le Grand est complexe raliser parce quelle est inacheve.

Avec les peuples asiatiques, Alexandre accde le plus souvent un statut de roidieu. Ainsi en gypte il est pharaon, Horus vivant. Babylone il est roi de par la volont du dieu principal de la cit, Mardouk. Cest pourquoi Alexandre, qui sappuie sur les traditions asiatiques, cherche tre honor comme un dieu par tous ses sujets. Il parait peu probable quil ait cru vritablement tre un dieu. Hphaestion et lui en font mme un sujet de plaisanteries Mais il est convaincu de lessence divine de sa mission et pense sincrement quil est fils de dieu. En principe, Alexandre parvient unifier son empire car tous les territoires conquis en Asie dpendent de lautorit du roi mais derrire cette souverainet totale se cache une grande diversit de statuts et de situations comme ladministration satrapique. Cela est la consquence directe de lextraordinaire rapidit de la conqute. conomiquement, Alexandre donne limpression dun souverain soucieux dexploiter lespace conquis et den rpertorier les richesses. Cela est peut-tre d linfluence dAristote avec lequel il reste longtemps en contact. Lexpdition du roi de Macdoine est accompagne de bmatistes, claireurs chargs de recueillir les renseignements (topographiques) avant chaque bataille, et de les consigner par crit. Mais lexpdition dAlexandre est aussi et avant tout une opration prdatrice de pillage caractris au bnfice de la seule Macdoine, et, dans une moindre mesure de la Grce. Les trsors pris reprsentent des sommes astronomiques mais les dpenses de lexpditions sont elles-mmes gigantesques si bien qu la mort du roi, malgr lexpansion commerciale, il ne reste daprs Justin que 50 000 talents dans les caisses de ltat