ALFARIC Jésus examen critique évangile selon Marc

8/12/2019 ALFARIC Jsus examen critique vangile selon Marc

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ciii6gisiriA]yis^Mi: CAHIERS PUBLIS SOUS LA DIRECTION DE P.-L. GOUCHOUD

pour comprendrela vie de JsusEXAMEN CRITIQUEDE UVANGILE SELON MARC

parPROSPER ALFARIC

Professeur V Universit de Strasbourg

LES EDITIONS RIEDER7, Place Saint-SulpicePARIS


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CHRISTIANISME33.

FOUE COIPBENDBB tA VIE UE JSUE


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POUR COMPRENDRELA VIE DE JSUS

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DU MME AUTEUR \Vvolution inellectuele de saint Augustin.

I. Du Manichisme au Noplatonisme.Paris, Nourry, 1918.(Couronn par l'Acadmie des Sciences moraleset politiques.)

Les Ecritures manichennes.I. Vue gnrale.II. Etude analytique.

Paris, Nourry, 1918.(Couronn par l'Acadmie des Inscriptionset Belles-Lettres.)

Zoroastre avant VAvesta.(Extrait de la Revue d'histoire et de littrature

religieuses.)Paris, Nourry, 1921.

La chanson de sainte Foij (en collaboration avecE. Hpffner).II. Traduction franaise et sources latines.Introduction et commentaire historiques.

Paris, Belles-Lettres, 1926.

Laromiguire et son cole. Etude biographique.Paris, Belles-Lettres, 1929.La plus ancienne Vie de Jsus : V Evangile selon Marc

(traduction nouvelle avec introduction et notes).Paris, Rieder, 1929.


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CBRISnANISHBGABIERS PUBLIS SOUS LA DIRECTION DB P.-L. COUCBOUD

COMPRENDRELA VIE DE JSUSEXAMEN CRITIQUE DE /fV:^GIli SBlIoW MARC

PAR - i; . -,- O'O''?' .1,1 ^ ,

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Professeur la Facult des Leilres de Strasbourg

LES DITIONS RIEDER7, PLAGE SAmT-SULPCE, 7PARIS

M.CM.XXIX


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S.IL A T TIB DB CET OUVRAGE :60 EXEMPLAIRES SUR VLIN PUBFit DES PAPETERIES LAFUMA, DEVOIHON, DONT 10 HORS COM-MERCE, NUMROTS DE 1 A 60 ;ET CINQ EXEMPLAIRES SUPPL-MENTAIRES SUR VLIN PUR FILLAFUMA, DE VOIRON, BOBSCOMMERCE, NUMROTS DE A A E-

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DROITS DE TRADUCTION ET DEREPRODUCTION RSERVS POURTOUS PAYS, COPYRIGHT BYva DITIONS RIEDER, 1929.

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INTRODUCTION

LES historiens qui se sont particulirementoccups de Jsus se sont longtemps efforcs,pour le comprendre, de reconstituer, d'aprsses actes et ses paroles, son tat d'me et lesfacteurs sociaux qui peuvent aider en expliquerla gense. A cette tche, attirante entre toutes,ils ont consacr des trsors d'intelligence et desavoir. Toutes les pages des vangiles ont tscrutes par eux.en leurs moindres replis. Pourne laisser chapper aucun dtail, ils ont tour tour mobilis archologues et philologues, palo-graphes et gographes, tous les spcialistes quipouvaient leur apporter de l'aide. Nul autresujet ne fui famais tant tudi, ni de si prs.Mais le soin mme avec lequel ces recherchesont t conduites m'a fait qu'en dmontrer la


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POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSvanit. A mesure qu'on a examin de plus prsles textes vangliques, leur caractre fictif s'estrvl avec une clart croissante. Ceux mme quisemblaient autrefois les plus srs n'inspirent plusconfiance.Aussi les historiens se montrent-ils de plusen plus rservs. La vie de Jsus va chez eux ense rtrcissant, comme une peau de chagrin.Voyez quoi elle a fini par se rduire dansl'esprit de M. Loisy. Parti de la foi catholique.,le savant et prudent cxgie en est arriv, aprsune enqute d'environ cinquante ans, crirececi :

Bien dans les rcits vangliques n'a consis-tance de fait si ce n'est le crucifiement de'Jsus,par sentence de Ponce Pilaie, pour cause d'agi-tation messianique (^). ,aest bien peu. Encore ce peu est-il fort contes-table. Le crucifiement de Jsus est prsent dj

par Paul comme le moyen providentiel par lequelles hommes pcheurs ont pu 'tre rachets : ilentre donc dans la catgorie des morts tragiquesattribues aux dieux sauveurs, iels qu'Attis ouOsiris. Le rle que les vanglistes, du premierau dernier, font jouer Ponce Pilote apparat\. La Passion de Mardouk (Rv. d'hisl. el de lill. rei., 1922,

p. 297-298), cit par P.-L. Couchoud, Le mystre de Jsus, p. 70.


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INTRODUCTION' 9

contraire toute vraisemblance (^). Enfin Vagi- ^ |iaiion meianique du premier sicle de rwire^: :/ -y^-:;.re s'appuyait sur des textes prophtiques, oucenss tels, qui contenaieni en germe tout lercit de la passion {^).

C'est le cas de rappeler le mol de Renan : I Les personnes religieu^s vivent d'une ombre. i|Nous vivons de l'ombre d'une ombre (^). La : personnalit de Jsus, qui a domin jusqu'icil'esprit des historiens, aussi bien que celui des >croyants, s'vanouit peu peu, au regard des 0:^premiers, dans les rgions du mythe. |Pour comprendre sa vie, ce n'est donc pas sa / ':%mpsychologie qu'il importe de reconstituer, mais ^Splutt celle de ses premiers biographes. Comment : ont-ils t amens concevoir l'pope messia- ;: r^f;nique dont ils se sont faits les narrateurs i Telest le problme capital qui se pose aujourd'hui. ^^4Plus prcisment, il s'agit avant tout de savoirquel tait l'tat d'me du pliis ancien d'entre eux,quelles croyances, quelles proccupations ont inspirson uvre. Puisque c'est Marc, ou pour mieuxdire, l'auteur inconnu dsign sous ce nom,

1. P. Alfaric, La plus ancienne Vie de Jsus, p. 86-87, ;i2. P. Alfaric, Le Jsus de Paul (Rev. d'hist. des rel. t. J'CV,p. 279-280) ; La prparation vangliqu (Ibid., t. XGI, p. 164.)3. Feuilles diaches, p. XVIII. -

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qui a fray la voie aux autres, la lche pre-mire de rhistorien doit consister se familiariseravec lui, pour lui arracher son secret. D'o luiest venu le thme de chacun des pisodes qu'ildcrit, de chacun des propos qu'il met dans labouche de ses personnages ?En un premier volume, j'ai eu dj l'occasionde montrer, sur des exemples typiques, qu'il est

hant par le souvenir de textes scripturaires,considrs comme des prophties du Christ etpralablement groups, selon toute apparence,dans un recueil d'oracles messianiques. J'aifait voir aussi qu' ces rminiscences de laBible juive s'ajoutent des influences chrtiennes,celles surtout des Eptres pauliniennes, qui sontpour lui l'expression canonique de-la vraie foi (^).Le prsent travail tend tablir que ces deuxfadeurs suffisent expliquer l'ensem^ble de sonuvre. D'autres, assurment, ont pu intervenir {^).Mais ceux-l les dominent. D'un bout l'autre durcit ils se trouvent au premier plan.Les preuves qui en seront fournies n'ont pastoutes la mme force. Certains rapprochements

1. La plus ancienne Vie de Jsus, p. 88-105. Pour rintelligencedes pages qui suivent, il sera bon d'avoir constamment sousles yeux, la traduction de Marc qui est donne en ce premiervolume.2. Cf. p. 21, 30, 44, etc.


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INTRODUCTION 11seront jugs sans doute peu concluants. Beaucoupconsiiiuent pour moi de simples hypothses plusou moins vraisemblables. Je les abandonnevolontiers qui en suggrera de meilleurs. Lacritique qui pourra tre faite de tel ou tel d'entreeux n'infirmera en rien la thse gnrale.Vessentiel n'est pas tant d'apporter pourchaque dtail une explication ferme et dfinitiveque de. montrer en quel sens et suivant quellemthode chacun est explicable. Marc serait d'accordavec nous pour rappeler, ce sujet, le prceptede Paul ( Thess., V, 21) : Eprouvez tout,gardez ce qui est bon.


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PREMIRE PARTIELA BONNE NOUVELLE


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LES premiers mots du livre annoncent,d'aprs la traduction courante, le com-mencement de l'vangile de Jsus-Christ .On pourrait croire que cela veut dire : Ici-commence la biographie de Jsus-Christ. Ceserait le titre de l'ouvrage, muni d'un incipii.Mais la formule ici commence , qui vientsi souvent en tte des manuscrits du MoyenAge, n'tait pas usite au dbut de notre re.Elle constituerait, applique Marc, un ana-chronisme.Quant au mot vangile , il doit avoir, au

dbut, le mme sens que dans tout le cours durcit. Or, dans la suite (I, 14, 15; VIII, 3 ;X, 29 ; XIII, 10 ; XIV, 9), il ne se rapporterajamais un crit. Il sera pris plutt dans sonsens premier de bonne nouvelle , commeen certains passages de la traduction grecqued'Isae (XL, 9 ; LU, 7 ; LX, 6 ; LXI,_ 1), donth narrateur ai d ^e souvenir. Il dsignera


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16 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSl'heureux message de la venue en Jsus dua Christ ou du roi idal prdit par les pro-phtes.Cette bonne nouvelle va inspirer plus oumoins tout le livre. Mais elle fait l'objet directd'une premire partie, assez longue, o onverra comment elle a t annonce par leQhrist lui-mme et comment elle doit trereue par les chrtiens.

A) EN JUDEMarc distingue plusieurs tapes dans la pro-

pagation du message vanglique. Il parled'abord de son commencement , parce qu'ila en vue une suite et aussi une fin. C'est qu'ilaime les divisions ternaires.Ce qu'il dit du dbut de la bonne nouvelle en fournit dj une premire preuve. Cettesection initiale se compose, en efet, de troisscnes troitement lies : l'annonce du Christ,son baptme, sa tentation.'Aucun dtail n'est localis d'une faon pr-cise. Au cours du premier rcit, Marc parleseulement en termes vagues d'un dsert oconvergent tout le pays de Jude et tous leshabitants de Jrusalem (I, 5). C'est que celasuffit son dessein. En prsentant, ds les


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LA BONNE NOUVELLE 17premiers mots, Jsus comme le Christ , ilmontre assez qu'il veut avant tout faire voircomment se sont raliss en lui les vieuxoracles concernant le Messie. Pour mieux yrussir, il va commencer par mettre en scneun prophte, le dernier de tous, Jean le baptiste,en qui se rsume leur voix. C'est en Jude quela plupart d'entre eux et les plus grands ontrempli leur mission. C'est l que, d'aprs eux^Dimi doit instaurer son rgne et susciter son Oint . C'est donc l qu'il convient que leur,ultime reprsentant fasse la rencontre duChrist.

1) Au DSERT, ANNONCE DU ChRISTI. (1-8) L'influence des anciens oracles s'affirmede la faon la plus nette ds le dbut du premier

rcit. C'est sur une prdiction d'Isae (XL, 3),entremle- une autre de Malachie (III, 1;cf. IV, 5), que le narrateur s'appuie pourprsenter Jean le baptiste. Un tel dbut endit long sur l'esprit de son uvre. Il montrecombien l'on aurait tort d'y chercher un rcitobjectif bas sur des tmoignages bien contrls.Il invite, au contraire, n'y voir qu'une trans-position historique de thmes prophtiques.Effectivement tout ce qui est cont de cePODE COMPBBNDBB LA VIE DE JSUS 2


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18 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSprcurseur du Christ est, comme on l'a vudj (t. I, p. 89-91), un simple dcalque- desdeux oracles rappels au dbut. Son nom mme,qui signifie en hbreu : Dieu fait grce cadrefort bien avec le rle qu'il est appel jouer.S'il se tient dans le dsert , mangeant laseule nourriture qui s'y 'trouve, des sauterelleset du miel sauvage, c'est qu'ainsi le ^yeut letexte d'Isae. S'il est vtu de poils de cha-meau et d'une ceinture de uir autour desreins , c'est que tel tait l'habillement d'Elie(Il Rois, I, 8), avec qui est identifi, chezMalachie (IV, 5), le messager providen-tiel du Seigneur. S'il se prsente comme un baptiseur , c'est qu'en versant l'eau puri-ficatrice il travaille prparer dans un sensmoral, le chemin du Seigneur . Si, en mmetemps, il prche, c'est qu'il doit tre une voixqui crie . Et que peut crier ce nessager,envoy devant la face du Seigneur sinon que derrire lui vient un plus fort que lui, dontil n'est que le trs humble serviteur ?

L'art subtil duTliarrateur se rvle dans la:manire dont il passe de ce rcit au suivant,en faisant dire par ce hraut de la bonne nou-velle : Moi, je vous ai baptiss en eau, maislui vous baptisera en Esprit Saint.


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2) Au Jourdain, baptme du Christ(9-11) Le second pisode est iestin montrer

que le baptme chrtien, par lequel s'ouvre lavie nouvelle des croyants, confre bien le Saint-Esprit. II atteste le souci qu'a eu de bonneheure l'Eglise de justifier sa pratique rituellepar l'exemple du Matre. .Lui aussi ralise d'anciens oracles. C'est delui que les auteurs ecclsiastiques ont toujoursentendu un texte clbre du livre d'Isae(XLII, 1) : Voici mon serviteur (dans latraduction grecque mon enfant ) en qui jeme suis complu. J'ai mis mon Esprit sur lui. Marc dramatise ce thme sa manire. Ilmontre Jsus montant de l'eau et, en sensoppos, descendant sur lui , l'Esprit Saint,qui a la forme d'une colombe et devant quiles cieux sont fendus , comme en un clair,pour lui livrer passage.

Il ajoute un nouveau dtail, celui de la voix venant des cieux , qui fait pendant la voix criant dans le dsert . C'est pourfaire entendre sur Jsus un tmoignage; pareil celui qui se lit chez Isae sur l'enfant en quiDieu s'st complu. Ce texte s'est associ parressemblsfnce un autre d'un Psaume (II, 7),o Dieu dit son Oint : ; Tu es mon fils


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20 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSbien aim. Marc a retenu cette phrase, qui,applique Jsus, atteste son caractre mes-sianique. Il s'est trouv ainsi conduit mettreaussi la seconde personne le mot d'Isaeconcernant l'enfant en qui Dieu s'est complu,Toute la scne est devenue par l une sorted'a-part entre Dieu et le Christ.

Ici encore le mot de la fin prpare le rcitqui va suivre.

3) Au DSERT, TENTATION DU GhRIST(12-13) Nous lisons dans le livre de Tobie

(XII, 13) : Parce que tu tais agrable Dieu,il a fallu que la tentation t'prouvt, L'Eccl-siastique dit dans le mme sens ; Mon fls,entrant au service de Dieu,... prpare tonme la tentation (II, 1); Les vases dupotier sont prouvs par le four et les hommes;justes par la tentation de la souffrance (XXVII, 5); C'est dans la tentationqu'Abraham s'est rvl fidle (XLIV, 21).Ces considrations devaient tre familires auxmoralistes chrtiens (cf. Hebr., II, 17-18;IV, 15). Marc s'en inspire en montrant Jsuspouss par l'Esprit au dsert, pour y tretent, aussitt aprs la scne o Dieu 'a dclarse complaire en lui.


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LA BONNE NOUVELLE 21Il a d aussi voir une figure du Christ dans

le peuple d'Isral, l'enfant chri de lahv[Ose, XI, 1, cf. Matt. II, 15; /s., XLI, 8;XLII, 1, etc.), Aprs avoir t baptiss..',dans la mer (I Cor. X, 2), les fils d'Abrahamfurent tents dans le dsert. Marc exploiteune description de cette preuve collectivequi se lit dans le Deuironome (VIII, 2, 3, 15),et aussi des passages analogues du livre de Job(I-II) et du recueil des Psaumes (XGI, 11-13).Il obtient ainsi une scne trs vivante en sabrivet, qui contraste avec la prcdente eten prcise le sens. Dj il y fait entrevoirque Jsus est un Messie souffrant, confor-mment la doctrine gnrale de Paul, dont ils'inspirera constamment en son uvre.

B) EN GALILELa 2^ section se rattache la P^ par uneindication rapide et trs nigmatique, quine sera prcise que plus tard, parce qu'ainsi

l'exige le plan du narrateur : aprs que Jeaneut t livr . Le Baptiste disparat aprsavoir baptis le Christ. Il est livr commelui-mme le sera, parce que, dans la perspectivede Marc, son rle se borne celui du prcurseurannonc par Isae et Malachie; Jsus entre


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22 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSaussitt en scne parce qu'ainsi l'exige lemme programme prophtique.

S'il se montre d'abord en Galile, c'est,d'aprs Matthieu (IV, 12-16), cause d'untexte d'Isae (VIII, 23-IX, 1), qui fait appa-ratre en ce pays une grande lumire , l'auroredu salut.

I. PREMIRES Manifestations du christUn premier groupe de rcits, nettement

distincts de ceux qui prcdent comme de ceuxqui suivent, raconte comment le Christ acommenc de se faire connatre. Il se diviseen trois nouvelles sries, qui dcrivent les tapesde cette manifestation initiale et qui peuvents'intituler : Vers Gapharnaum. A Caphar-naum. Hors de Gapharnaum.

1) Vers GapharnaumLa premire srie comprend elle-mme trois

scnes qui se situent divers moments duvoyage.a) En rouie, instruction la foule.(14-15) Ds son dpart de Jude, Jsus semet prcher l'vangile. Il ralise ainsi un


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LA. BONNE NOUVELLE 23oracle d'Isae (LXI, 1), d'aprs lequel 1' Oint ,ou le Christ, sur qui est venu l'Esprit duSeigneur , doit annoncer bonne nouvelleaux malheureux (cf. Luc, IV, 18).Les mots qui sont mis en sa bouche se trouventd'ailleurs emprunts la tradition du mmeprophte (XIII, 22-XIV, 1 ; XLVI, 8-9 ; VJI,9, etc.) interprte par Paul (Gai., IV, 4 ; II, 16 ;III, 5-11 ; /?om., III, 21-31 ; IV, 1-25).

b) Le long de la mer, appel de Simon el d'Andr(16-18) Le Christ passant le long de la merde Galile , ralise ui nouveau dtail du texte

prophtique cit par Matthieu propos de savenue en terre galilenne. Isae, en effet, montre la grande lumire apparaissant sur le che-min de la' mer au-del du Jourdain (VIII,23, Sept.).La mention de cette mer aura suggr celledes pcheurs. Ezchiel leur faisait dj jouerun rle dans le royaume de lahv (XLVII, 9-10 ;cf. Ml. XIII, 47-48). D'autre part, Pythagore,dont une lgende trs rpandue avait fait un dieusauveur, passait pour avoir inaugur sa missionsalutaire en appelant lui des pcheurs (^).

L'appel fait par le Christ, qui est obi aussitt,rappelle celui d'Elie invitant Elise le suivre

1. Jamblique, Vit Pgth. 36. Cf. Isidore Lyy, La lgendee Pythagore de Grce en Palestine, Paris, 1927, p. 301.


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24 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUS(I Rois, XIX, 19-20). Elise abandonna sonpre pour se joindre l'homme de Dieu. Lesdisciples du Christ ne pouvaient faire moins.Le nom que porte le premier, Simon, contrac-tion grecque de Simon, veut dire en hbreu obissant , selon la remarque d'anciensauteurs ecclsiastiques. Il est donc bien decirconstance. Celui d'Andr qui lui est associest purement grec et offre d'autant moins degaranties qu'il ne s'accompagnera d'aucun^dtail personnel. Ce n'est point par hasardque les deux hommes sont appels conjointe-ment. Nous verrons ailleurs que les aptresdoivent aller par couples (VI, 7).

c) Plus loin, appel de Jacques ei de Jean(19-20) Un second appel a lieu un peu plus

loin. Ainsi le Christ aura quatre assistants,qui rappelleront ceux que la tradition pro-phtique mettait auprs de Dieu [zch, I,1-28; cf. Apoc, IV, 6-11).Le nom des nouveaux appels se lisait djdans l'Eptre aux Caltes (II, 9), associs celui de Kephas, ou Pierre, avec qui s'iden-tifie le Simon de Marc (III, 16).2) A CapharnaumUne fois muni de ses quatre tmoins, qui


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LA BONNE NOUVELLE .25raccompagneront partout, Jsus va se faireconnatre d'une faon plus nette.Ce n'est point par hasard qu'il se rend direc-tement Capharnaum, o nous le verrons,d'ailleurs, revenir dans la suite. Le nom signifie bourg du consolateur . L devait donc tresa patrie (cf. t. I, p. 64-65).Trois scnes nouvelles y rvlent ds lepremier jour, sa mission consolatrice de Messie.

a) A la synagogue^ homme en esprit impur(21-28) Chez Isae (LXI, 1), 1' Oint ouChrist, sur qui est venu l'Esprit du Seigneurn'est pas envoy seulement pour annoncerbonne nouvelle aux malheureux mais pour

proclamer aux captifs la libert (cf. Luc,IV, 16-21). Marc entend cette captivit de lapossession dmoniaque dont il introduit enconsquence, ds le dbut, un premier cas,dans la synagogue o se prche, normalement,la bonne nouvelle.Le possd, qui se tient dans la synagogue,reprsente par l le peuple juif. Il est dominpar un esprit impur, comme l'ensemble dujudasme (/s., LXIV, 5 ; Ose, IV, 12 ; V, 4,'etc.).Sa libration ralise une prophtie de Zacharie(XIII, 2) : En ce jour l, dit le Seigneur,... j'terai du pays... l'esprit d'impuret. A l'impuret dont il s'agit s'oppose la saintet


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22 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUS' . .. I . II.. ... . . , . ^.j

aussitt en scne parce qu'ainsi l'exige lemme programme prophtique.S'il se montre d'abord en Galile, c'est,

d'aprs Matthieu (IV, 12-16), cause d'untexte d'Isae (VIII, 23-IX, 1), qui fait appa-ratre en ce pays une grande lumire , l'auroredu salut.

I. PREMIRES MANIFESTATIONS DU CHRISTUn premier groupe de rcits, nettement

distincts de ceux qui prcdent comme de ceuxqui suivent, raconte comment le Christ acommenc de se faire connatre. Il se diviseen trois nouvelles sries, qui dcrivent les tapesde cette manifestation initiale et qui peuvents'intituler : Vers Gapharnaum. A Gaphar-naum. Hors de Gapharnaum.1) Vers GapharnaumLa premire srie comprend elle-mme troisscnes qui se situent divers moments du

voyage.a) En route, instruction la foule(14-15) Ds son dpart de Jude, Jsus semet prcher l'vangile. Il ralise ainsi un


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LA BONNE NOUVELLE 23oracle d'Isae (LXI, 1), d'aprs lequel 1' Oint ,ou le Christ, sur qui est venu l'Esprit duSeigneur , doit annoncer bonne nouvelleaux malheureux (cf. Luc, IV, 18).Les mots qui sont mis en sa bouche se trouvent ,d'ailleurs emprunts la tradition du mmeprophte (XIII, 22-XIV, 1 ; XLVI, 8-9 ; VII,9, etc.) interprte par Paul (Gai, IV, 4 ; II, 16 ;III, 5-11 ; Rom., III, 21-31 ; IV, 1-25).

b) Le long de la mer, appel de Simon ei d'Andr(16-18) Le Christ passant le long de la merde Galile , ralise un nouveau dtail du texte

prophtique cit par Matthieu propos de savenue eri terre galilenne. Isae, en effet, montre la grande lumire apparaissant sur le che-min de la mer au-del du Jourdain (VIII,23, Sept.).La mention de cette mer aura suggr celledes pcheurs. Ezchiel leur faisait dj jouerun rle dans le royaume de lahv (XLVII, 9-10 ;cf. Mt. XIII, 47-48). D'autre part, Pythagore,dont une lgende trs rpandue avait fait un dieusauveur, passait pour avoir inaugur sa missionsalutaire en appelant lui des pcheurs (^).

L'appel fait par le Christ, qui est obi aussitt,rappelle celui d'Elie invitant Elise le suivre

1. Jamblique, Vil. Pylh, 36. Cf. Isidore Lvy, La lgendee Pythagore de Grce en Palestine, Paris, 1927, p. 301.


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24 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUS(I Bois, XIX, 19-20). Elise abandonna sonpre pour.se joindre l'homme de Dieu. Lesdisciples du Christ ne pouvaient faire moins.Le nom que porte le premier, Simon, contrac-tion grecque de Simon, veut dire en hbreu obissant , selon la remarque d'anciensauteurs ecclsiastiques. Il est donc bien decirconstance. Celui d'Andr qui lui est associest purement grec et offre d'autant moins degaranties qu'il ne s'accompagnera d'aucundtail personnel. Ce n'est point par hasardque les deux hommes sont appels conjointe-ment. Nous verrons ailleurs que les aptresdoivent aller par couples (VI, 7).

c) Plus loin, appel de Jacques et de Jean(19-20) Un second appel a lieu un peu plus

loin. Ainsi le Christ aura quatre assistants,qui rappelleront ceux que la tradition pro-phtique mettait auprs de Dieu [zch, ,1-28; CI. Apoc, IV, 6-11).Le nom des nouveaux appels se lisait djdans l'Eptre aux Galates (II, 9), associs celui de Keplias, ou Pierre, avec qui s'iden-tifie le Simon de Marc (III, 16).2) A CapharnaumUne fois muni de ses quatre tmoins, qui


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LA BONNE NOUVELLE 25l'accompagneront partout, Jsus va se faireconnatre d'une faon plus nette.Ce n'est point par hasard qu'il se rend direc-tement Capharnaum, o nous le verrons,d'ailleurs, revenir dans la suite. Le nom signifie bourg du consolateur . L devait donc tresa patrie (cf. t. I, p. 64-65).Trois scnes nouvelles y rvlent ds lepremier jour, sa mission consolatrice de Messie.

a) A la synagogue, homme en esprit impur(21-28) Chez Isae (LXI, 1), 1' Oint ouChrist, sur qui est venu l'Esprit du Seigneur

n'est pas envoy seulement pour annoncerbonne nouvelle aux malheureux mais pour proclamer aux captifs la libert (cf. Luc,IV, 16-21). Marc entend cette captivit de lapossession dmoniaque dont il introduit enconsquence, ds le dbut, un premier cas,dans la synagogue o se prche, normalement,la bonne nouvelle.Le possd, qui se tient dans la synagogue,reprsente par l le peuple juif. Il est dominpar un esprit impur, comme l'ensemble dujudasme (/s., LXIV, 5 ; Ose, IV, 12 ; V, 4,*etc.).Sa libration ralise une prophtie de Zacharie(XIII, 2) : En ce jour l, dit le Seigneur,... j'terai du pays... l'esprit d'impuret. A l'impuret dont il s'agit s'oppose la saintet


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26 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSdu Christ. Il est le Saint de Dieu (I, 24),comme Samson {Jiig. XIII, 7 ; XVI, 17).C'est le dmon lui-mme qui l'atteste. Ainsiachve de se raliser la parole de Paul, quiveut que les tres infernaux eux-mmesproclament que : Seigneur est Jsus-Christ .Le rsultat obtenu demande une puissanceexceptionnelle. Aussi Marc dit-il et fait-ilreconnatre par l'assistance que Jsus enseigneavec autorit (I, 22, 27 ; cf. p. 31). Le motse lit dj chez Daniel (VI, 26-27 ; VII, 14),au sujet du c Fils de l'homme qui doit treprpos au royaume de Dieu,

b) Chez Simon, femme alite par la fivre(29-31) Le Christ opre un miracle analogue

en gurissant une femme de la fivre, carcette fivre doit tre conue elle-mme commeune puissance mauvaise, dont l'expulsion sertpareillement faire valoir l'autorit du thau-maturge.

c) Devant la porte, malades et dmoniaques(32-34) Une troisime srie d'exorcismes achve

la journe. Mais elle n'intervient que pourcomplter la triade, car elle n'ajoute que desgnralits fort vagues.La remarque finale, concernant la dfense


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LA BONNE NOUVELLE 27.faite par le Christ aux dmons de le faireconnatre, a pour but de prparer les pisodessuivants.

3) Hors de CapharnaumMarc, ayant dit comment Jsus a manifestson autorit messianique, va montrer comment

il a fait preuve aussi d'humilit. Il est en celad'accord avec Paul, qui, dans le mme passageo il parle des hommages rendus au Christpar les tres clestes , terrestres et infernaux,prsente son exaltation comme la rcompensede son abaissement volontaire [PhiL, II, 5-11).Ce thme de la modestie du Christ donneheu plusieurs scnes gradues, qui se compltent

a) En un lieu dsert (35-36) L'vangliste interprte dans le sensdu texte paulinien un passage d'un Psaume(LV, 7-8 Sept.), dont le contexte sera express-ment appliqu au Messie par l'auteur du 4^ Evan-gile (XIII, 18) : Voil que je me suis loignen fuyant et je suis demeur dans le dsert. La fuite se fait naturellement de nuit, bienavant le jour . La recherche laquelle selivrent les disciples en est la consquence etrpond d'ailleurs un thme prophtique{Is,, LVIII, 2).


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28 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSb) Dans les bourgades voisines (37-39) Aux aptres qui lui font remarquer

que tout le monde le cherche Jsus rpliquequ'il doit prcher ailleurs et il agit en cons-quence. C'est pour montrer, comme il le diraplus loin, que le Fils de l'homme n'est pasvenu afin d'tre servi mais de servir (X, 45).Il ralise ainsi une fois de plus l'annonce djcite d'Isae concernant l'Oint du Seigneur(LXI, 1). .

c) Gurison d'un lpreux(40-45) Le lpreux que ' Jsus rencontre en

prchant dans , les synagogues de Galile faitpendant l'homme en esprit impur qu'il atrouv en celle de Capharnaum. Il reprsentecomme lui le judasme (cf. /s., I, 5-6). Voilpourquoi il s'entend rappeler une prescriptionmosaque {LeviL, XIV, 2-32). Il est guripar Jsus, comme Marie, sur d'Aaron, gale-ment atteinte de la lpre, en fut dbarrassesur l'intervention de Mose {Nombr., XII, 14-15),et comme Naaman l'a t plus tard par Eliseautre figure du Messie (II Rois^ V, 1-14 ; cf. Luc,IV, 27).La gurison n'est raconte que pour fournirune nouvelle occasion de montrer commentJsus se drobe aux honneurs. Il veut qu'onse taise sur lui, parce qu'ainsi l'exige le pro-


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LA BONNE NOUVELLE 29gramme messianique qu'il doit raliser [Is.,XLII, 2-3 ; cf. Malt., XII, 16-21). Si sa recom-mandation n'est pas coute, s'il se voit d'autantplus glorifi et recherch qu'il poursuit laretraite et le silence, il justifie encore sur cepoint une ide chre Paul [Phil., II, 9-11),qui s'inspire lui-mme de l'Ancien Testament[Ps., LXXV, 8; Eccli., XI, 1, 13; /s.,,XL, 4,cf. Luc, III, 5 ; T Sam, II, 8, cf. Luc, 1, 52).

II. PREMIRES OPPOSITIONS AU CHRISTMarc, qui aime les antithses (t. I, p. 14), va

opposer aux premires acclamations du Christles premires contradictions rencontres parlui en Galile. L'ide lui en est fournie parles textes de l'Ancien Testament qui men-tionnent les murmures des Isralites contreMose {Exod., XV, 24 ; XVI, 2 ; XVII, 2, etc.),ceux des mchants contre le juste idal {Ps.V, 9-11 ; XII, 3-5 ; LVII, 5 ; LXIV, 4, etc.),ceux des insenss contre le sage {Sg.y II). .11s'inspire aussi d'un passage de Paul qui montirela Sagesse de Dieu confondant le scribe et le disputeur de ce sicle (/ Cor., I, 20).Et il en profite pour faire rsoudre par Jsus,dans un sens paulinM, certaines objectionsfaites par les Juifs aux Chrtiens de; son temps(cf.- 1. I, p. 97-98).


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30 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUS

1) Sur l'indulgence a l'gard des pcheursLe christianisme, tant une religion de salut,

posait en principe que les pchs taient remispar le Christ, et il faisait, en consquence, lemeilleur accueil aux pcheurs repentants {Rom.,I-VIII). Les Juifs rprouvaient ce principe etcette conclusion. Marc fait approuver l'un etl'autre par le Christ lui-mme, en deux pisodesdistincts mais complmentaires, o il s'inspire,comme toujours, de l'Ancien Testament.

a) A la synagogue, rmission des pchsIL (1-5) Dj Isae disait, propos des temps

messianiques o l'on verrait la gloire duSeigneur : Fortifiez-vous,... genoux para-lyss (XXXV, 3 Sept.; cf. Matt., XI,, 5).Marc retient cette ide et il la dramatise. Ilfait donc paratre un paralytique, dont lagurison est demande Jsus, Comme ilvient de montrer le thaumaturge entour parles foules, qui l'exaltent en proportion de sonhumilit, il explique qu'en raison de l'affluenceles porteurs durent passer par le toit. Cettedmonstration de foi active lui sert introduirela gurison demande, conformment la thoriepaulinienne du salut (JRom., 111,28; IV,3-25,,etc.).De son point de vue symboliste, le paralytique


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LA BONNE NOUVELLE 31est une figure du pcheur, qui a, par ses fautes,perdu la libert de ses mouvements (cf. Rom.,VI, 16-20 ; VII, 23-24, etc.). Voil pourquoi illui fait dire par le Christ : Mon enfant, tespchs sont remis.

(6-11)La discussion dont ces mots sont

l'occasion ne fait que mettre en uvre certainstextes bibliques. Les scribes objectent que Dieuseul peut remettre les pchs, parce que plusieurspassages de l'Ancien Testament le donnentassez nettement entendre. (Ps. XXXII, 2 ;Is., XLIII, 25, etc.). Jsus rpond que le Fils de l'homme a autorit pour cela.C'est parce qu'il est parl sans aucune rservede l'autorit dvolue au Fils de l'homme dans le texte de Daniel (VII, 13-14) auquelMarc a fait dj clairement allusion (I, 22, 27).

(12) Le miracle final se prsente comme unedmonstration sensible de cet oracle. Mais ilconstitue surtout une rfutation des scribes,qui reprsentent ici le judasme rebelle.

b) Chez Lvi, frquentation des pcheurs(13-15) Le livre des Proverbes montrait laSagesse invitant les insenss manger son painet boire son vin (IX, 1-6). Marc ralise cetteimage en contant que Jsus appela sa suiteun agent du fisc , c'est--dire un hommed'une profession mal fame, puis se mit


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32 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUStable avec lui et beaucoup de ses collgues.,

(16-17) La critique souleve ce propos parles scribes est celle qui fut faite Antioche augroupe paulinien par les judasants venus deJrusalem [Gal.^ II, 12-13).Marc fait rpondre par Jsus lui-mme dansl'esprit de Paul (cf. I Cor., V, 9-12). Il y taitinvit par le texte mme des Proverbes, o laSagesse, appelant les insenss sa table, dcla-rait n'agir ainsi que pour leur bien (.IX, 6).En faisant valoir l'exemple du mdecin qui vavers les malades, il utilise sans doute un vieiladage (1). Mais il y est invit par le texte d'Isae(LXI, 1-3 ; cf. LUI, 4-5), dj exploit parlui, d'aprs lequel l'Oint du Seigneur est envoypour gurir les infirmes.

2) Sur l'omission des jenes(18) Le thme du nouveau grief soulev contre

le Christ est fourni par un texte messianiqued'Isae (LXV, 13-14), o le Seigneur ditaux Juifs rebelles :

Voici, mes serviteurs manderont et vous aurez faim.Voici, mes serviteurs boiront et vous aurez soif.1, Antisthne chez Diogne Larce VI, 6 ; Diogne chezDion^ Chrysostome. Or., VIII, 5; Pausanis chez Plutarque,Apopht. Lacon., 230 F., etc.


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LA BONNE NOUVELLE 33Voici, mes serviteurs se rjouiront et vous serezconfondus.Voici, mes serviteurs chanteront dans la joie deleur cur.Mais vous, vous crierez dans la douleur de votreme.Marc identifie ces serviteurs du Seigneur ,

qui mangent et boivent dans la joie, avec lesdisciples de Jsus, et les abstinents qui leur sontopposs avec les tenants des observances juives,soit pharisiens, soit disciples de Jean. Il faitdonc demander Jsus, dans un esprit critique,la raison de cette diffrence.

(19-22) A la question pose le texte d'Isaefournissait dj une rponse : c'est pour lesdisciples de Jsus, le temps de la rjouissance.Marc traduit cette ide sous une forme imagepar la comparaison trs biblique des jours denoce, parce qu'il entend allgoriquement duChrist ce qui est dit de l'poux dans le Cantiquedes Cantiques, comme a fait dj Paul [II Cor.,XI, 2 ; cf. Eph., V, 29-32).

Il tait aussi question chez Isae d'une terre nouvelle ,, o les choses anciennesseraient oublies (LXV, 17) et, chez Jrmie,de jours o serait conclue une alliance nou-velle (XXXI, 31). Paul entendait ces textesdes temps messianiques (// Cor., V, 17, cf.,/ Cor., XI, 25 ; // Cor., III, 6). Ici encoreFOUB COMPBENSBB LA V DB JSDS 3


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34 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSMarc donne au thme traditionnel une formeimage par la comparaison d'un habit neufet d'un vin nouveau.

3) Sur la violation du sabbatLa troisime et dernire critique des adver-

saires du Christ est fournie par la question dusabbat. Les chrtiens n'ont plus pour ce jourle mme respect que les Juifs. Ils ftentplutt le dimanche, le jour du soleil, anniver-saire de la rsurrection du Sauveur. Cetteviolation de la Loi leur est vivement reproche.Marc fait formuler ce reproche contre le Christlui-mme, pour mettre dans sa bouche unerponse qui tranquillise les consciences.En raison de l'importance du sujet, il luiconsacre, comme la controverse initiale, deuxpisodes.

a) Par les moissons, en dpouillant les pis y>(23-24) La loi juive disait : Tu te reposeras

le septime jour... mme au temps de la mois-son {Exod., XXXIV, 21). Mais elle ajoutaitailleurs : Si tu entres dans les bls de tonprochain, tu pourras cueillir des pis avec tamain [Deut., XXIII, 25). Marc combine ces


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LA BONNE NOUVELLE ' 35deux textes en une scne vivante, que lui-mnfe-prsente comme analogue celle de David,l'anctre figuratif du Messie, laissant prendre ses compagnons affams une nourriture inter-dite (I Sam., XXI, 1-7; cf. Levit., XXIV,5-9). Il montre les compagnons du Christallant par les moissons et dpouillant les pis,pour apaiser leur faim, en un jour de sabbat.Ainsi se trouve amene trs naturellementla question des pharisiens, qui demandent Jsus pourquoi ses disciples se permettentd'aller contre la loi du repos sabbatique.

(25-28) La rponse du Christ : N'avez-vousdonc jamais lu ce que ft David... ? montreune fois de plus, et sous une forme particulire-ment accuse, que la cl des rcits vang-liques est chercher dans l'Ancien Testament.La formule concernant les rapports de l'hommeet du sabbat semble calque sur une phrasedu 2^ livre des Macchabes (V, 19 ; cf. / Cor.,XI, 9). La remarque finale s'inspire d'un oracledj exploit du livre de Daniel (VII, 13-14 ;cf. Me, I, 22, 27; II, 10), sans doute aussid'une remarque d'un Psaume, faussement consi-dr comme messianique (VIII, 5-7), o le Fils de l'homme apparat investi d'unematrise universelle.


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36 ' POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSb) Dans la synagogue , gurison d'une mainIII. (1-3) Le texte d'Isae (XXXV, 3 Sept.)

dj utilis pour la gurison du paralytiquedisait, propos des temps heureux o l'onverrait la gloire du Seigneur : Fortifiez-vous,mains languissantes. D'autre part, d'aprsle 1^^ livre des Rois (XIII, 6), un hommede Dieu , se trouvant en prsence de Jroboam,dont une main s'tait dessche , la remit enson premier tat. Marc associe ces donnes, etil montre Jsus gurissant un homme quiavait la main dessche . Seulement il ajouteque la gurison eut lieu un jour de sabbat, enpleine synagogue, pour avoir l'occasion dedcrire un nouveau conflit particulirement aigu.

(4-5) Le langage qu'il met ce propos dansla bouche du Christ tend montrer que la Loine doit pas cder seulement aux ncessitspersonnelles, comme il tait montr dansl'pisode prcdent, mais aussi la charitfraternelle. La thse est bien confbrme lapense de Paul, pour qui la lettre tue etl'esprit vivifie (// Cor., III, 6), la scienceenfle mais l'amour difie {I Cor., VIII, 1).L'Aptre avait dj vivement reproch auxJuifs (( l'endurcissement de leur cur [Rom.,II, 5 ; IX, 18 ; XI, 25, etc.), en s'appuyantlui-mme sur divers textes de l'Ancien Testa-


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LA BONNE NOUVELLE 37ment {Exod., IV, 21 ; VII, 3, 13, 22, etc. ;Jr., V, 3 ; VII, 26 ; XVII, 13 ; XIX, 15, etc.)

(6) Les Pharisiens confondus par le Christdcident en commun de le perdre, parce qu'ilsjouent le rle des insenss qui, dans le livrede la Sagesse, complotent la mort du Sage{Sag., II, 12-20), celui des mchants de quile juste idal dit dans les Psaumes : Ils seconcertent ensemble contre moi, ils complotentde m'ter la vie... Ils placent des rets le longdu chemin, ils me dressent des embches. [Ps., XXXI, 14; CXL, 6.) Les Hrodiens sont mis dans le complot, parce qu'un autretexte messianique fait intervenir contre l'Oint du Seigneur les rois de la terre avec les princes (Ps., II, 2 ; cf. Acl, IV, 26-27).Ainsi l'hostilit l'gard du Christ atteintson maximum. Tout d'abord, les adversairesse parlaient seulement en leurs curs (II, 6).Puis ils questionnaient insidieusement les dis-ciples propos du matre (II, 16). Ensuite,ils l'interpellaient lui-mme leur sujet (II, 18,24). Maintenant ils se concertent pour le perdre.m. PREMIRE SLECTION

Les acclamations et les contradictions qui,d'aprs les deux premires sections, ont accueillile Christ montrent que certains hommes sont


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38 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSprdestins au bien, d'autres au mal. L'van-gliste a lu chez Paul que le Seigneur faitmisricorde qui il veut et endurcit qui ilveut {Rom., IX, 18 ; cf. 15-33).Ce thme est exploit en une section nouvellequi dcrit tout tour la masse des auditeursdu Christ, le groupe choisi des lus, celui pluscompact des rprouvs. Ainsi se constituenttrois scnes nouvelles qui rpondent troisgrandes ides. Pour mieux les distinguer, Marcdonne chacune un cadre diffrent.1) Vers la mer , rue de la foule

(7-12) L'pisode initial est inspir d'un pas-sage de VExode (XVIII, 13-18). Aprs queMose eut rduit au silence les murmuresviolents qui s'taient levs contre lui, il jouitd'un tel prestige que le peuple recourait conti-nuellement ses bons offices et ne lui laissaitaucune libert. Marc montre, en consquence,le Christ assailli par une grande foule , quivient de toutes les directions, qui le presse etse jette ^ur lui. Il situe cette masse de gens prs de la mer , o s'offre un libre espaceet d'oii il pourra faire sortir des pcheursd'hommes (cf. I, 17). Et, pour accentuer encorel'embarras caus Jsus, il y fait intervenirbeaucoup d'infirmes et de possds.


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LA BONNE NOUVELLE 932) SuRuLA MONTAGNE , APPEL DES DOUZE

(13-19) Pour ne pas tre dbord par laniasse des solliciteurs, Mose choisit des.hommes capables parmi tout Isral , quidevaient le seconder en sa tche {Exod.,XVIII, 25). Le Christ de Marc fait de mmeet prend des auxiliaires qui parleront et agi-ront pour lui, qui par consquent iront pr-cher et chasser les dmons. Il les prend aunombre de douze, en souvenir des douze tribusd'Isral. Ce rapport symbolique, sous-entenduici, est expressment affirm par Matthieu(XIX, 28) et par Luc (XXII, 30). L'appel sefait l'cart sur la montagne , en souvenirdu Sina, d'o Mose fit connatre la volontde Dieu. De l vient que Marc, pour qui lepremier des disciples s'appelait d'abord Simon,lui fait donner ici le nom de Pierre, corres-pondant l'aramen Kepha ou Kephas del'Eptre aux Galates. Ce nom est pour lui unsouvenir du nouveau Sina. De l vient aussique d'aprs la suite du rcit, Jsus appelales autres disciples Boanergs, c'est--direfils du tonnerre (^). Il veut que la montagne de la nouvelle loi rponde celle du dsertarabique, o Dieu tonnait violemment {Exod.,XIX, 16).

1. P. Alfaric, La plus ancienne Vie de Jsus, p. 122, not. 3.


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40 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSL'vangliste ne dpend pas seulement del'Exode mais encore des textes pauliniens. Il asoin de noter que Jsus appela prs de luiceux que lui-mme voulait , parce qu'il a luchez Paul que la vocation procde unique-ment du bon plaisir divin {Rom., VIII, 30 ;IX, 11, etc.). Il dpend encore de l'Aptredans rnumration qu'il fait des douze lus,car il nomme d'abord les trois supports de l'Eglise mentionns dans l'Eptre auxGalates (II, 9). C'est seulement aprs eux,

au quatrime rang, qu'est mis Andr, le frredu premier. Les suivants viennent seulementpour le nombre, car aucun dtail n'est donnsur eux, et ils ne figureront plus dans la suitedu rcit. Seul le dernier a un rle personnel.C'est celui qui livra le matre . Par l ilralise un ancien oracle (p. 99). Le nom deJudas lui convient excellemment, du point devue de Marc, trs hostile au judasme (t. I, p. 48).Son surnom trange Iscariote , ou, commeportent d'anciens manuscrits, Scariote , at rcemment expliqu comme une dformationhellnique du latin sicarius (^), De fait,Judas fera plus loin figure de sicaire, la ttede gens arms de glaives et de btons (XIV, 43). Il est associ Simon le Cananen .

1. Zeilschr f. neuleslam Wiss., XXI (1922), p. 250-258.


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LA BONNE NOUVELLE 41Ce dernier mot est traduit par zlote chezLuc (VI, 16), d'aprs l'aramen kaneana . Cen'est sans doute point par hasard que Marc,si sobre de renseignements sur les premiersdisciples du Christ, signale parmi eux un deces sicaires et un de ces zlotes dont les mfaitsont t stigmatiss par Josphe. Ainsi com-mence de s'affirmer l'hostilit trs vive qu'ilnourrit, comme Paul, l'gard des premiersaptres judo-chrtiens.

3) A LA MAISON , DOUBLE RPROBATIONAyant prsent le petit groupe des lus,Marc leur oppose deux types de rprouvs.Les scnes qu'il leur consacre sont habilement

entrecroises, selon un procd qui lui estfamilier (cf. t. I, p. 20). Elles se situent lamaison . Ainsi s'opposent figurativement auxgens qui se tiennent l'intrieur ceux quidoivent rester dehors.

a) Les proches et les scribes(20-22) Les exclusions prononces par leChrist sont introduites et motives par une

critique de sa personne qui doit tre couranteau temps de Marc et qui sera reprise plus tardencore (cf. Justin, ApoL, I, 30 ; DiaL, LXIX,


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42 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUS7, etc.) : Jsus ne se possde pas, il n'est qu'unsuppt des dmons, un magicien. Cette accusation sacrilge est attribue la mre du Christ, ses frres et des scribes,eii souvenir des reprochs soulevs contreMose par Marie, qui en fut svrement punie{Nomb. XII, 1-2), contre le Juste des Psaumespar ses proches, qui sont pris vivement partie pour ce fait {Ps. L., 16, 20, 22), contrele Sage par les insenss, qui, l'ayant trait defou, sont vous un mauvais sort [Sag., V, 4et suiv.).

b) Bprohation des scribes(23-26) Jsus rplique aux scribes en un petit

discours, formul en paraboles pour uneraison thologique sui sera expose plus loinpar le narrateur (IV, 1 suiv.). On s'aperoit,ds le dbut, que les propos qui lui sont attribusviennent de Marc, car ils prennent la formed'une triade : Si un royaume... Et si unemaison... Et si Satan... Ces trois rflexionsparallles tendent montrer que les gurisonsqui viennent de s'accomplir ne peuvent trel'uvre d'un dmon, comme disent les scribes.

(27) Une remarque nouvelle donne entendrequ'elles sont plutt l'uvre d'un ennemi deSatan, qui commence le matriser pour ruinerensuite son empire. La phrase a une forme


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LA BONNE NOUVELLE 43assez contourne. C'est qu'elle s'inspire d'uneprophtie d'Isae (XLIX, 24), d'un sens trsdiffrent, qui annonce que le butin du fort lui sera enlev.

(28-30) Vient enfin une sentence de rproba-tion l'adresse des scribes. Elle aussi estcalque sur des textes bibliques. On lisait djdans le l^^ livre de Samuel (II, 25) : Si unhomme pche contre un autre homme, Dieule jugera. Mais, s'il pche contre le Seigne^r,qui intercdera pour lui ? Et le Lvitiqiie(XXIV, 16) disait aussi : Celui qui blasphmerale nom du Seigneur sera puni de mort.

c) Rprobation de la parent(31-35) La scne suivante a suscit de nom-breux commentaires, qui s'efforcent d'en att-

nuer la tendance. Le sens en est trs clair,pour qui s'en tient au texte et ne veut pointl'isoler du contexte. Les proches de Jsus,ayant adopt la mme attitude que les scribesparce qu'ils figurent comme eux le judasmecharnel, hostile l'Esprit, tombent sous lamme rprobation. Trait par eux d'insens,le Christ ne veut plus les connatre.Sa mre, personnification de la Synagogue,qui n'apparat dans notre vangile que pourprendre une attitude hostile son gard,comme autrefois Marie l'gard de Mose,


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44 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSreste hors de la maison, comme son homonymea d rester jadis hors du camp isralite, enpunition de sa faute [Nombr., XII, 14). Etl'exclusion se prsente ici comme dfinitive,tandis qu'elle tait alors simplement provisoire,car le pch dont il s'agit ici ne peut tre remis.Renie par le Christ, la nouvelle Marie nereparatra plus, mme au Calvaire.

IV. ENSEIGNEMENT A DOUBLE SENSLa section qui suit se rattache troitement

la prcdente, qui en contenait une anticipation(III, 23-27). Elle exprime sous une formesensible la diffrence tablie par Jsus entreles rprouvs et les lus. Aux uns le Matrene parle qu'en figures ; aux autres il fait enten-dre un langage trs clair.

L'expos port ici tout particulirement lamarque du narrateur. Il est, en effet, constitupar trois paraboles qui s'enchssent entre unebrve introduction et une conclusion non moinsrapide..Introduction

(1-2) Jsus donne ses instructions au peupleassembl, comme l'a fait Mose aprs sa des-


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LA BONNE NOUVELLE 45cente du Sina. Il s'exprime en figures, parcequ'il le fallait, selon le tmoignage formel deMatthieu, afin que ft accomplie la paroledu prophte qui dit : J'ouvrirai ma boucheen paraboles, je profrerai des choses cachesdepuis la cration [Mail., XIII, 35). L'oraclecit est attribu plus prcisment Isae pardivers manuscrits. Gela pourrait bien treparce qu'il se trouvait associ et subordonn un texte d' Isae qui sera invoqu plus loin(IV, 11-12). En ralit, il est emprunt audbut, trs librement traduit, du PsaumeLXXVIir, o un sage idal invite son peuple couter ses sentences.Marc ralise cette scne en lui donnant lemme cadre qu' celle qui a prcd l'ascensionde la montagne.

1) La semence qui tombeLa premire parabole, en raison mme de

sa priorit, se trouve plus longuement exposeque les autres. Jsus suit son sujet un ordretrs schmatique. Il expose d'abord la parabole,puis le but pour lequel il emploie ce genrenigmatique ; aprs quoi il explique ce quisemblait obscur, et enfin il fait connatre le butde cette explication.


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46 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSa) Parabole la foule(3-9) La comparaison de la semence tombeen diffrents terrains et de la parole de Dieu

recueillie par diverses sortes d'auditeurs seprsentait d'elle-mme, surtout dans un milieufamiliaris par les stociens avec l'ide du logos sminal . La parabole se rvle commeune construction de Marc par la distinctiondes trois mauvais terrains (v. 4, 5, 7) et destrois sortes de semence tombes sur une bonneterre (v, 8).

b) Bul de la parabole(10-1-2) Dans le recueil d'Isae, Dieu disait

dj au prophte : Epaissis le cur de cepeuple, endurcis ses oreilles et bouche sesyeux, de peur qu'il ne voie de ses yeux, n'entendede ses oreilles, ne comprenne avec son cur,ne se convertisse et ne soit guri (VI, 10).Plus loin, on lisait aussi au sujet des Isralites : Ils n'ont ni intelligence, ni entendement, caron leur a ferm les yeux pour qu'ils ne voientpoint et le cur pour qu'ils ne comprennentpoint (XLIV, 18).Paul rappelait dj ces textes pour tablirsa doctrine de la rprobation d'Isral {Bom.,XI, 8). Il prsentait la doctrine chrtienne


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LA BONNE NOUVELLE 47comme un mystre que Dieu rvle quiil veut (/ Cor., II, 7-9; cf. Col, I, 26, etc.).Marc combine ces diverses donnes, en mon-trant les disciples conduits l'cart par leMatre, qui leur explique le sens cach desparaboles.

c) Explication aux disciples(13-20) L'explication est prsente avec quel-

que gaucherie, car elle assimile les diversescatgories d'auditeurs tantt aux diverses sortesde terrain, tantt la semence jete en chacund'eux. Mais, chez Marc, ces maladresses derdaction n'ont rien de surprenant. Dansl'ensemble et jusqu'en de trs menus dtails,le commentaire cadre si bien avec le textecomment que celui-ci ne se comprendrait passans lui et n'a pu tre rdig que pour lui.Or la situation qui est ici dcrite supposune communaut chrtienne qui a derrire elleun pass assez long pour avoir connu beaucoupde dfections, o dj la perscution svit etprovoque d'autant plus d'apostasies que lessoucis mondains y jouent aussi un grand rle.

d) But de V explication(21-52) Aprs ce commentaire viennent quel-

ques remarques qui ont l'air de rpliquer une


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48 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSobjection. C'est qu'on peut se demander pour-quoi une doctrine secrte est ainsi divulgue.Marc fait rpondre, dans des phrases rythmesdont le caractre artificiel est vident, quela lumire est faite pour se montrer. Les dis-ciples peuvent donc prsenter au grand jourles enseignements de leur Matre (v. 21-22).Ils le doivent mme, car c'est dans la mesureo ils les communiqueront aux autres qu'ilsen seront eux-mmes gratifis. Ils ne reoiventque pour donner (v. 24-25).Pour Marc, Jsus ne rvle donc directementqu'aux aptres le mystre du royaume deDieu. Mais il veut que la rvlation en soit faitepar eux tout le monde. Paul exposait djle mme point de vue en diverses Eptres{ICor., IV, 1 ; Rom., XVI, 25 ; Eph., III, 4-11 ;Col., I, 26, etc.).

2) La semence qui pousse(26-29) La parabole qui suit se rattachetroitement la premire et a d tre suggrepar elle. On y reconnat une cration de l'van-

gliste, la distinction des trois tapes parlesquelles se manifeste la pousse de la semence : d'abord de l'herbe, puis de l'pi, puis pleinde bl dans l'pi .

Il va de soi que tous les dtails, ici encore,


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. LA BONNE NOUVELLE 49sont mystrieux. Ils doivent tre interprtsallgoriquement des progrs de la foi chrtienne.

3) La semence qui devient un grand arbre(30-32) La 3 parabole est le , complmentnaturel des deux autres. La semence appa-

raissait dans l'une en son commencement,dans l'autre au cours de son volution. Elleest ici arrive sa fin. Ces sortes de divisionssont familires Marc.L'expos dbute, par une interrogation, qui

se lisait dj, en termes quivalents, chezIsae (XL, 18) et dans les Lamentations deJrmie (II, 13). Il s'achve sur une descriptionapparente une prophtie messianique d'Ez-chiel (XVII, 22-23), o l'on voit un tendrerameau devenir un cdre magnifique sur les branches duquel des oiseaux de touteespce viennent se reposer (cf. Ezech., XXXI, 6et Dan., IV, 12). L'ide centrale peut venirde la tradition stocienne, comme celle du logos sminal , car elle se prsente dansune lettre de Snque Lucilius (XXXVIII, 2).Conclusion

(33-34) La conclusion accentue la portedoctrinale du rcit, mais en accrot aussiPOUB OOMRBNDBB LA VTE DE JSUS 4


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50 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSl'invraisemblance. Gomment concevoir un matrequi ne s'adresserait au grand public qu'entermes mystrieux, avec le souci constant den'tre point compris, alors surtout qu'il seprsenterait comme envoy par Dieu pourenseigner aux hommes le chemin du salut ?Nous sommes ici devant une pure fiction deMarc, inspire par la thologie de Paul.

V. INCRDULES ET CROYANTSLes scnes suivantes reprennent et confirmentsous une forme pratique et narrative l'exposabstrait et thorique des paraboles. On y voitdiverses catgories d'auditeurs, incrdules ou

croyants, prfigurs par les divers terrains surlesquels tombe le bon grain.Dsormais Jsus ne se tiendra plus seulementsur le bord de la mer. Il fera des traversesfrquentes, qui figureront les diverses phasesde la pche humaine annonce par lui sespremiers disciples (I, 17).1) En mer, peur des disciples

(35-41) Dans un premier rcit, Marc transposesous forme historique une description potiqueemprunte un Psaume (CVI, 23-30) :


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LA BONNE NOUVELLE 51Ceux qui taient descendus sur la mer dans des[navires...]ceux-l virent les uvres du Seigneur...Il dit et il 'ft souffler la tempte ;qui souleva les flots de la mer.Ils montaient vers les cieux, descendaient dans

[l'abme] ;Leur me tait perdue en face du danger.Saisis de vertige, ils chancelaient...et toute leur habilet tait anantie.Dans leur dtresse ils crirent vers le Seigneuret il les dlivra de leurs angoisses.Il arrta la tempte, ramena le calmeet les ondes se turent...Et le Seigneur les conduisit au port dsir.Ayant identifi le Seigneur avec Jsus

et les passagers avec ses disciples, Marc voitdans la peur de ces gens un indice de leurmanque de confiance. C'est pour cela qu'illeur fait dire : N'avez-vous pas encore la foi ? et qu'il insre l'pisode en cet endroit de sonuvre.

L'analogie des situations lui fait exploiterpar la mme occasion l'histoire de Jonas. Leprophte, en qui les chrtiens ont vu de bonneheure une figure du Christ (cf. Luc^ XI, 29-32 ;Mali., XII, 39-41 ; XVI, 4), tait parti en meravec de nombreux passagers. Un vent imp-tueux se dclara soudain, suivi d'une violentetempte, qui menaait de tout perdre. Luidormait au fond, du navire. Ses compagnons devoyage l'veillrent rudement, en lui reprochant

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52 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSson insouciance et en lui demandant d'inter-venir pour eux,Marc n'a eu qu' combiner ce thme aveccelui du Psalmiste. Il l'a fait d'autant plusvolontiers que, dans la suite de son rcit, ildevait montrer Jsus se laissant condamner mort, comme Jonas, pour faire office desauveur, et revenant, comme lui, la vie,aprs trois jours.

2) A l'autre bord, peur des GrasniensUn nouvel pisode utilise un passage typiquesur l'incrdulit d'Isral, qui se lit chez Isae(LXV, 2-5) :J'ai tendu les mains... vers un peuple incroyant,qui marche dans une voie mauvaise...qui fait des tombeaux sa demeureet passe la nuit dans les cavernes,mangeant de la chair de poreet,ayant dans ses vases des mets impurs,qui dit : Retire-toi, ne m'approche pas... Dj Paul entendait ce texte de l'loignement

affich par les Juifs l'gard de Jsus -{Rom.,X, 21). Marc le prend dans le mme sens etil le dramatise.

V. (1-9) Il montre donc, venant des tom-beaux , un homme qui avait sa demeuredans les tombeaux , qui jour et nuit tait


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LA. BONNE NOUVELLE 53dans les tombeaux . L'insistance avec laquelleil fait ressortir ce dtail accuse le souci de bienmettre eii relief la ralisation du texte proph-tique. Il prsente le malheureux comme pos-sd par un esprit impur en souvenir de ce quise lit un peu plus haut chez le mme prophte : Nous sommes tous devenus comme un impur[Is., LXIV, 5, Sept., Vulg.). Il lui en attribuebeaucoup, parce qu'il pense la multiplicitdes vices d'Isral dnoncs par Paul {Rom.,, 28-32 ; II, 17-24 ; III, 9-19). Et il montre le Seigneur qui a tendu les mains vers le peuple incroyant , invitant le mauvaisesprit sortir de cet homme. C'est pour celaqu'il situe l'pisode dans la rgion des Gra-sniens , qui n'a pu tre localise, en dpit denombreuses recherches, sur les bords du lacde Tibriade, mais dont le nom drive deGrasa, qui veut dire expulsion .

(10-13) L'ide du troupeau de porcs paissantdans le voisinage est en prolongement du texted'Isae oii l'on voit cette race perverse man-geant de la chair de porc . Marc figure l'impu-ret de la lgion dmoniaque en lui faisantdemander Jsus l'autorisation de passer ences btes. Il obtient ainsi une scne d'expulsiontrs vivante, o s'affirme son got du pitto-resque. Comme il aime les contrastes, il montreles dmons poussant tous les porcs, du haut


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54 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSd'une falaise, dans l'abme, qui constitue leurdemeure naturelle (cf. Apoc, XX, 3), et d'oJsus vient de retirer ses disciples. C'est pourobtenir ce dnouement qu'il a plac le. dmo-niaque dans les montagnes et qu'il l'amontr se meurtrissant lui-mme .

(14-17) Marc explique comment le peupleincroyant mis en scne par Isae dit au Seigneur : Retire-toi , en contant que les Grasniensprvenus par des tmoins et accourus lanouvelle du prodige prirent peur devant lethaumaturge et se mirent lui demanderde s'loigner de leurs frontires .

(18-20) La scne du dpart n'est qu'unersultante de cette invitation. Si Marc ajouteque Jsus ne permit pas l'ancien dmoniaquede venir sa suite, mais lui demanda de resterparmi les siens et de leur annoncer la bonnenouvelle, il s'accorde en ceci avec Paul, pourqui certains aptres, Juifs de naissance, ontt appels exercer leur apostolat auprs des circoncis , comme d'autres, ns dans laGentilit, auprs des Hellnes {Gai., II, 7-8).3) Au RETOUR, FOI CONFIANTEAux deux scnes d'incrdulit qui viennentd'tre dcrites l'vangliste, toujours soucieuxdes contrastes, en oppose deux autres o l'on


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LA BONNE NOUVELLE 55voit ce qu'est une foi vivante et agissante.Renoncera-t-il donc ici la composition ternairequ'il aime tant? Non, car les deux nouveauxpisodes vont tre entrecroiss, de manire n'en plus faire qu'un, comme le cas s'est pr-sent dj (III, 21-35; cf. p. 39 et 122).

a) -Foi de Jar ei de Vhmorrosse(21-23) Un premier modle de juif croyant

se prsente avec ce pre dont la fille, malade,sera morte avant l'arrive du Sauveur. Ilrappelle la veuve de Sarepta, dont le fils mou-rant, recommand Elle, rendit l'me avantl'arrive du prophte (I Rois, XVII, 17-18).Il fait penser encore la Sunamite, dontl'enfant expira aussi avant que survintElise (II Rois, IV, 20). Marc intervertit lessexes. C'est qu'il s'inspire aussi d'autres textesqui prsentent plutt une agonisante, figurede la race d'Abraham : La vierge fille de monpeuple a t frappe d'un grand coup... [Jer.,XIV, 17; cf. XVIII, 13 ; XXXI, 4-21) : Elleest tombe, elle ne se relvera plus, la vierged'Isral ; elle est couche par terre, nul ne larelve... {Am., V, 2). La jeune mourantede l'vangile figure de mme les 12 tribusisralites. De l vient que son pre est chefde synagogue et qu'elle-mme se trouve avoir douze ans (V, 42).


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56 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUS(24-29) Le mme symbolisme se prsenteavec la femme qui souffrait, depuis douze ans d'coulements sanguins. La communaut juive

dit Dieu dans un Psaume (LI, 16) : Dieude mon salut, dlivre-moi du sang abondant. D'autre part, le Seigneur lui rpond chezEzchiel (XVI, 6, 9) : Je t'aperus baignedans ton sang... et je fis disparatre le sangqui tait sur toi. Marc note que l'hmorrosses'tait adresse en vain de nombreux mde-cins, avant de se tourner vers Jsus, pourmontrer, conformment la doctrine de Paul,que l'on ne peut tre sauv qu'en se confiant lui.

b) Rcompense de Vhmorrose(30-34) lue rcit de la gurison de l'hmor-

rosse est conu comme une dmonstration dudogme paulinien de la foi qui sauve. La rflexionfinale attribue au Christ l'atteste clairement.De l vient que la femme est gurie au seulcontact des vtements du Sauveur, sans qu'unseul mot de lui ait t articul. C'est pourmieux mettre en valeur ce dtail que Marcfait demander par Jsus qui l'a touch et qu'ilmontre la bnficiaire du miracle, avouant toute la vrit .

c) Rcompense de Jar(35-37) C'est aussi pour faire mieux ressortir


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LA BONNE NOUVELLE 57la confiance de Jar que l'vangliste montreses serviteurs l'engageant ne plus importunerJsus et qu'il lui fait dire par le Christ : Necrains pas, crois seulement. Les morts eux-mmes peuvent tre sauvs par la foi des vivants,comme l'enseigne Paul propos de la rsurrec-tion (/ Cor., XV, 29).

(38-40) Dans le langage chrtien la mort estcompare couramment un sommeil (I Cor.,VII, 39 ; XI, 30 ; XV, 6, 18, 20, etc.). Larsurrection apparat ainsi comme un grandrveil. De l vient que le pre de la jeune fdleporte le nom de Jar, qui, crit avec un an la seconde lettre, veut dire il veille ou il ressuscite . C'est pour faire valoir ce jeude mots que Marc montre, dans la maisonmortuaire, des gens agits se livrant deslamentations bruyantes et qu'il leur fait direpar le thaumaturge de cesser leurs claineursparce que l'enfant dort.

(41-43) La scne du rveil, ou de la rsurrection,fait pendant celle qui se lit dans l'histoired'lie (/ Rois, XVII, 21-23) et dans celled'Elise (// Bois, IV, 34-36). Marc se gardebien d'attribuer Jsus le geste des prophtesse couchant sur l'enfant pour lui rendre lavie. Il affirme mieux sa puissance en lui faisantprononcer un ordre imprieux, qu'il donne,pour accrotre la- couleur locale, en aramen :


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58 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSTalitha koum. Il garantit mieux aussi la ralitde la rsurrection, en faisant dire aux parentsde donner manger la jeune fille.Tous ces dtails sont bien de lui, car lastructure mme du rcit porte sa marque per-sonnelle. Oh y trouve trois scnes distinctes,qui se droulent devant trois aptres et aucours desquelles Jsus prononce trois paroles.La recommandation finale du silence est aussiune fiction chre l'vangliste (cf. I, 34, 44 ;VII, 24, 36, etc.).

VI. LES JUIFS REBELLESUn nouveau tryptique tend mettre en

relief l'attitude hostile adopte par les Juifsrebelles l'gard du Christ, de ses aptreset de son prcurseur.

1) Mconnaissance du ChristVI. (1-2) La cl du premier pisode estdonne par le mot de la fin. Nul n'est prophteen son pays. Les anciens nabis ont t mconnuschez eux. Que l'on songe Mose {Num.,

XII, 1-8), Elie (/ Bois, XVIII, 17 ; XIX, 2), Elise (// Rois, II, 23 ; V, 31-32), Isae(LUI, 1 ; cf. Rom,, X, 16), Jrmie (XVII,


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LA BONNE NOUVELLE 5923 ; XVIII, 18 ; XX, 7, etc.). Tous ces envoysde Dieu prfiguraient le Christ. Voil pourquoiJsus lui-mme est pris par ses compatriotespour un homme ordinaire.

(3) Ce doit tre encore sous l'influence de laBible qu'il est prsent comme un artisan (^).Justin associe cette mention de son artisanatau texte prophtique concernant sa situation sans clat [Dial., LXXXVIII, 5). Il visepar l le dbut d'un passage clbre du recueild'Isae (LUI, 2), dont la suite sera souventutilise par Marc. L'vangliste a pu penseraussi un passage du Psaume LXXXVIII,o un juste idal, de qui s'loignent toutes sesconnaissances (v. 9, 19), dit son Dieu : Jesuis pauvre et dans les peines depuis ma jeu-nesse (v. 16 Sept., cf. Ps. LXXXVI, 1).De mme, ce n'est point sans doute parhasard que Jsus est appel le fils de Marie .Dans le seul passage du livre ou sa mre entreen scne {Marc, III, 21, 31-35), elle joue unrle analogue celui de Marie, sur de Mose

(cf. p. 40).Enfin il est noter que les noms des quatrefrres du Christ se lisent dj en un chapitrede la Gense (XLIX, 1, 5, 8, 22), celui l mmeo apparat le passage clbre concernant le1. P. Alfaric, La plus ancienne Vie de Jsus, p. 134, not. 1.


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60 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSpersonnage mystrieux qui sera nazarenentre ses- frres (XLIX, 26). C'est de l quedoit venir le Nazarne de Marc (I, 24 ;X, 47 ; XIV, 67 ; XVI, 6). Sa famille, aussi,n'en viendrait-elle pas ?

(5-6) Si l'incrdulit que le thaumaturgea rencontre parmi ses compatriotes, et quis'affirme en leurs propos, le rend incapabled'oprer chez eux ses uvres habituelles, c'estapparemment parce qu'ainsi le veut la thologiede Paul, selon laquelle nul n'est jamais sauvque par la foi. Mais ce doit tre encore parcequ'ainsi se trouve justifi l'avance l'abandonprovidentiel des Juifs.

2) Opposition ventuelle aux aptres(6^-7) Les douze disciples envoys travers

la Galile, qui viendront rendre compte auMatre de leur mission (VI, 30), rappellentles douze reprsentants des tribus Isralitesqui ont t chargs par Mose d'explorer lepays de Canaan et qui sont revenus lui porterles rsultats de leur enqute {Nomhr., XIII,1-26). Le rapport est d'autant plus remarquableque le rcit de la premire dlgation vientdans la Bible immdiatement aprs celui desdclarations malveillantes de Marie et d'Aaron{Nombr., XII, 1-16).


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LA BONNE NOUVELLE 61(8-9) Les instructions donnes aux mission-

naires reproduisent en partie celles qu'ontreues les Isralites en sortant de l'Egypte : Vous aurez vos reins ceints, vos chaussuresaux pieds et votre bton la main [Exod.,XII, 11). Quant aux prescriptions ngativesjointes ce triple prcepte, elles traduisentl'idal vanglique des premiers chrtiens [Dodr.des 12 Aptr., XI, 2-6), comme le prceptedu renoncement universel qui sera formulplus loin (X, 21) et dont elles sont une cons-quence anticipe.

(10-11) Le propos final rvle, ici encore, le.but de l'pisode. Marc donne entendre queles aptres partageront le sort de leur Matreet seront, comme lui, mal accueilHs par leurscompatriotes. En les faisant partir avec osten-tation du pays qui ne les reoit pas, il faitentrevoir, conformment la doctrine dePaul, que l'vangile passera du judasme lagentilit.

3) DCOLLATION DU PRCURSEURL'vangliste iSsre ici le rcit de la dcolla-tion du prsurseur, qui, chronologiquementet d venir plus tt (VI, 16 ; cf. I, 14). Il en

parle mme plus longuement que du mauvaisaccueil fait au Christ ou prpar aux aptres.


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62 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSC'est qu'il y voit un symbole particulirementcaractristique de l'attitude qu'ont prise lesJuifs rebelles l'gard de l'vangile.

a) Jean et Jsus(12-16) Une brve introduction explique pour-quoi l'pisode vient cette place. A cela servent

les miracles attribus aux aptres durant leurmission. Ils prparent la mention d'Hrodequi attribue les uvres des puissances l'esprit du Baptiste. Cette transition artificielleporte bien la marque de notre vangliste,car elle fait intervenir une triple explicationdes prodiges chrtiens, qui sont imputs soit Jean, soit Elie, soit un prophte commeun autre .

b) Jean en prison(17-20) Les trois car qui suivent et quichevauchent l'un sur l'autre constituent une

nouvelle marque du narrateur. Trois person-nages, d'ailleurs, interviennent : Jean, Hrode,Hrodiade. Leur rle, fort peu historique (t. I,p. 84) est prdtermin par l'Ancien Testament.Comme le premier est identifi avec Elie (IX, 13;I, 6, cf. // jRois, I, 8), le second correspond auroi Achab, qui se laisse dominer par sa femme(/ Rois, XXI, 20, 25), le troisime Jzabel,la reine astucieuse et cruelle, qui veut faire


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LA BONNE NOUVELLE 63mourir Elie (/ Rois, XIX, 2), ainsi que Naboth(J Rois, XXI, 1-16). L'vangliste combine lesfaits de manire expliquer comment cettevolont, reste autrefois sans effet, a t enfinralise.

c) Jean mis morl(21-28) Dans la scne finale, Jean ne joue

plus un rle actif. Mais un autre personnageintervient, la fille d'Hrodiade. C'est unerapparition d'Esther, la belle juive, qui.dans un festiii, Assuerus promet tout ce qu'ellepourra dsirer, jusqu' la moiti de son royaume,et qui se contente de demander, sur le conseilqui lui en a t donn, la mort d'Aman [Esth.IV, 1-14; VII, 1-10). Marc, dcrivant unbanquet analogue, le fait donner par Hrode pour l'anniversaire de sa naissance , parcequ'il se reprsente ce roi d'aprs l'ancienPharaon, qui, dans une circonstance identique,offrit tous ses serviteurs un grand repas,galement termin par une excution capitale[Gen., XL, 20-22). Il ajoute de lui-mme desdtails, qui font ressortir la cruaut de lajeune fille inspire par sa mre. C'est qu'ilveut montrer ici jjisqu'o va la malice dujudasme rebelle l'Evangile.

(29) La mention finale des disciples de Jean,qui viennent prendre le corps de leur matre


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64 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUS .pour l'ensevelir, sert visiblement prparercelle des aptres du Christ, qui reviennent 'prs de lui pour lui rendre compte de leurmission.Le succs de cette tourne vanglique, quis'est faite en l'absence du matre et sans qu'ilen connaisse encore les rsultats (VI, 30),rappelle et vrifie la 2^ parabole, o l'on voyaitla semence poussant d'elle-mme pendant lerepos du semeur, sans que lui-mme le sache(IV, 27-28).

VII. LES JUIFS CROYANTSLa section qui suit confirme son tour la3^ parabole, celle qui portait sur le dveloppe-ment final du grain jet en terre (IV, 31-32).

Marc y montre la bonne nouvelle accueilliepar les Juifs nombreux qui s'attachent auChrist.

L'artifice d'une nouvelle traverse lui permetde constituer trois nouveaux pisodes, dontles scnes sont analogues celles de la traverseinitiale.

1) Sur l'autre riveC'est surtout le premier de ces pisodes qui

expose l'ide matresse de la section. Aussi


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LA BONNE NOUVELLE 65est-il plus dvelopp que les autres. Dans satexture complexe on peut distinguer plusieurscanevas ingnieusement combins.

a) Vers un lieu dsert (30-32) Les aptres, ayant racont au Christtout ce qu'ils ont fait, sont invits par lui

aller se reposer l'cart en un lieu dsert ,parce qu'il faut montrer la foule s'y rendantcomme eux la suite du Matre. Cette fouledoit se masser en ce lieu retir pour qu'enelle se ralise la figure des anciens Isralitesqui se trouvaient sans vivres dans le dsert, la sortie de l'Egypte, et qui y furent mira-culeusement nourris d'un pain cleste [Exod.^XVI, 8-17). Dj Paul avait not que ces faitsataient symboliques et devaient tre entendusde l'aliment spirituel apport par le Christ(I Cor., X, 1-4).

b) Brebis qui n'ont pas de berger (33-34) Pour mettre en relief l'importance dumiracle qui va tre dcrit, l'vangliste insistesur la nombreuse foule qui, de toutes les

villes , se rendit vers Jsus. Il est ainsi conduit l'ide d'un troupeau. Plus prcisment ilparle de brebis qui n'ont pas de berger ..L'image est emprunte l'Ancien Testament.Plusieurs textes bibliques l'employaient djPOUB COMPEENDBB lA VIE DE JSUS 5


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66 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSau sujet du peuple de Dieu contemporain deMose {Nombr., XXVII, 17-18) et d'Elie (/ Rois,XXII, 17). Mais l'vangliste a d s'inspirersurtout d'un passage d'Ezchiel o Dieu dit propos de ces mmes brebis : Elles se sontdisperses parce qu'elles n'avaient pas deberger... J'tablirai sur elles un seul berger,qui les fera patre (XXXIV, 6, 23).

c) Muliiplication des pains(35-44) Jsus, le bon pasteur, nourrit letroupeau, mais sans faire apparatre une mannecleste, comme Mose. Il procde plutt commeElie, qui, chez la veuve de Sarepta, en un tempsde famine, ft durer miraculeusement la farinedans le pot et l'huile dans la cruche (/ Rois,XVII, 13-16), Il imite surtout l'exemple d'Elise,qui, en une occurrence analogue, devant lesfils de prophtes, avec vingt pains d'orge etdes galettes nourrit jusqu' cent personnes(// Rois, IV, 42-44). La ressemblance apparatjusque dans les dtails, car dj Elise dit son serviteur de donner du pain la foule,et, sur la rponse qui lui est faite : Gommentpourrais-je en donner cent personnes ? ,il rpond : Donne ces gens et qu'ils mangent,car ainsi parle le Seigneur : On mangera et onen aura de reste , ce qui arrive effectivement.Les 12 corbeilles que remplissent les restes


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LA BONNE NOUVELLE 67vangliques font penser aux 12 tribus d'Isralparmi lesquelles se propage la bonne nouvelle(cf. p. 6 ). Et c'est en symbole de cette propa-gation que doit tre conue la multiplicationdes pains (cf. Ad., XII, 24), comme plus hautla croissance du grain qui devient un grandarbre (IV, 32).Dans l'ensemble, ce repas, que le bon pasteursert en plein dsert ses ouailles, forme uncontraste trs accus avec celui qu'Hrode adonn dans son palais aux grands de sonroyaume. Les reliefs ramasss dans les douze cor-beilles s'opposent particulirement au platsinistre apport Hrodiade par sa fille cruelle.De tels dtails achvent de montrer combien,ici encore, le rcit est artificiel et fictif.

2) En mer, disciples inintelligents(45-48) Un autre contraste non moins net

s'offre dans la scne suivante, entre l'impuis-sance des disciples et le pouvoir surnatureldu Christ. C'est pour le mettre en relief quel'vangliste montre Jsus renvoyant les douzeavec la barque et les laissant ramer pniblementpendant les quatre veilles de la nuit, c'est--dirependant douze heures. Ainsi ressort bien mieuxla supriorit du thaumaturge, qui revienttranquillement vers eux, en marchant sur les


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68 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JESUSeaux. Il imite et surpasse Mose traversantla Mer Rouge [Exod., XIV, 15-31), Josupassant pied sec le Jourdain {Jos., III, 7-17),Elie et (Elise renouvelant en commun ceprodige {II Rois, l, 8, 14). Il ralise surtoutla parole de Job : ( Le Seigneur ) marciie surles hauteurs de la mer (IX, 8) et celle d'unPsaume : Tu te frayas un chemin par la mer,un sentier par les grandes eaux et tes tracesne furent pas reconnues (LXXVII, 20).

(49-52) Dans sa seconde partie, le rcit ressem-ble singulirement celui de la tempte apaise(IV, 39-41). Le narrateur se copie lui-mme(cf. p. 49). C'est qu'il poursuit le mme but.Ici comme l il veut montrer l'inintelligencedes aptres, qui n'ont pas vu dans la multi-plication des pains et ne voient pas encore dansce phnomne de lvitation une manifestationdu Fils de Dieu. Cette proccupation s'affirmenettement dans les trois courtes phrases dela fin.

(3 Au RETOUR, QUTEURS DE MIRACLES(53-56) A l'attitude des douze, dont la foidemeure si faible, Marc oppose, en une antithse

nouvelle, la conduite de la foule, qui, mainte-nant encore, se presse, confiante, autour duChrist. Il revient ainsi au thme gnral de


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LA BONNE NOUVELLE 69cette section, qui doit montrer comment lasemence vanglique s'est finalement panouieen Isral.

Mais l'vangliste montre, d'autre part, queles dispositions de la masse, comme celles desdouze, sont encore bien imparfaites. Tous cesgens ne vont au devant du Christ que poursolliciter de lui des bienfaits matriels. Marcne donne ce sujet aucun dtail nouveau. Ilse copie lui-mme, empruntant la mention desgrabats sur lesquels on apporte les malades l'anecdote du paralytique (II, 4), celle desplaces sur lesquelles on dpose les infirmes la premire journe de Gapharnaum (I, 33),celle de la frange du vtement de Jsus dont lecontact est recherch l'incident de l'hmor-rosse (V, 27-28). L'ide mme qui inspire cegroupement est emprunte Paul qui disaitdj que les Juifs demandent des miracles ,pour montrer combien leurs sentiments taientcontraires ceux qui doivent animer les chr-tiens (I Cor., l, 22).

G) EN TERRE HELLNIQUECe qui vient d'tre dit contre la foi desdouze et contre celle de la masse des Isralites

sert, dans la pense de Marc, expliquer que


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70 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSJsus lui-mme s'est loign un jour du judasmepour passer chez les Gom. Une portion nouvelledu rcit va tre consacre montrer commentil a prlud l'vanglisation des Gentils,comment il a fray la voie dans laquelle Pauldevait ensuite s'engager.Il va sans dire que l'influence de l'Aptreva se faire sentir ici plus encore qu'ailleurs,

I. PRAVIS AUX JUIFSUne P^ section prpare les scnes qui vontsuivre en faisant donner aux Juifs une sorte

de pravis de l'vanglisation des Gentils.Comme ils voient dans tous les trangers desgens impurs, qu'on ne peut frquenter sansse souiller soi-mme, l'vangliste met dansla bouche du Christ une critique de leur concep-tion des souillures lgales.

L'expos se divise de lui-mme en troisparties, car Jsus converse d'abord avec lespharisiens et les scribes, puis avec la foule,enfin avec les disciples.1) Discussion avec les pharisiensLe premier entretien, d'o naissent les deux

autres, prsente lui-mme une nouvelle triade.Il rapporte en effet une question des scribes


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LA BONNE NOUVELLE 71et des pharisiens, puis une double rponse deJsus.

VII. (1-5) La question initiale concerne les ablu-tions rituelles des Juifs. Ceux-ci pensent s'tresouills en touchant un objet profane; ils croientdevoir ensuite se purifier en se lavant les mains ;ils lavent mme tous les objets leur servicequ'ils estiment, sujets la mme souillure. Leschrtiens forms l'cole de Paul jugent cespratiques superflues. Ont-ils raison d'aller ainsicontre la tradition ? Marc fait adresser Jsuslui-mme cette objection qu'ont souvent enten-due les chrtiens de son temps.

(6-8) La 1^6 rponse condamne les question-neurs en vertu d'un texte d'Isae (XXIX, 13),par qui l'vangliste fait dire que la traditionallgue vient des hommes et non de Dieu.II est curieux de constater que le contexteimmdiat de cet oracle (XXIX, 14) tait citpar Paul, contre le scribe et le disputeurde ce sicle , presque immdiatement avantla phrase que nous venons de voir utilisepar Marc sur les Juifs quteurs de miracles(I Cor., I, 19-22). L'vangliste reste donc icien rapport intime avec l'Aptre.

(9-13) La 2 rponse commente et compltela l' en donnant un exemple de l'hypocrisiereproche par le prophte son peuple. Cesgens, si soucieux de se laver les mains, ne


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72 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUScraignent pas de violer un commandement deDieu aussi grave que celui qui prescrit d'honorerles parents, en dclarant korban, nous dirionsaujourd'hui tabou , ce qu'ils leur doiventlgalement.2) Parabole a la foule

(14-16) L'entretien que Marc fait tenir ensuiteavec la foule apparat aussi fictif que celui quiprcde, par la manire dont il est introduit.Jsus appelle cette masse, comme si elle setenait une distance respectueuse et dansune attitude dfrente, toute prte s'approcherau moindre signe. Il lui donne son avis sur unedifficult qu'elle est cense n'avoir pas entendue.Il le fait en une parabole qui est, comme toutesles autres, destine n'tre point comprise.Encore faut-il noter que cette paraboledplace sensiblement la question. Tout enrestant sur le terrain des observances juives,elle passe des rgles qui concernent les ablutions celles qui se rapportent aux aliments, pourdonner entendre qu'elles sont galementvaines.3) Explication aux disciplesLe dernier entretien avec les disciples est


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LA BONNE NOUVELLE 73bti comme le premier avec les pharisiens.Il comporte comme lui une question et deuxrponses.

(17) La question rappelle celle qu'avaientpose les disciples au sujet de la parabole dusemeur (IV, 10).

(18-19) La 1er rponse commence, ici comme l,par un reprochie de Jsus sur l'inintelligence desdisciples (cf. IV, 13). Puis elle explique unpeu lourdement que ce n'est point ce qui entredans la bouche qui souille l'homme, car cequi s'y trouve d'impur ne reste pas en lui.Elle ne fait par l que reproduire la doctrinede Paul, pour qui aucun aliment n'est impur[Rom., XIV, 14).

(19) La 2^ rponse, passant de ce point devue matriel celui de l'esprit, fait remarquerque ce qui souille l'homme c'est le mauvaisfond qui vient du cur ou de l'me. Lasuite explique en quoi il consiste. Douze nomsde pchs y sont donns, dont 6 sont au plurielet 6 au singulier. Une numration analoguese lisait dj chez Paul {Gal.^ V, i9 ; cf. Co/.,III, 8). Celle de Marc est plus soigne. Lenombre des pchs qui s'y trouvent recensscorrespond celui des corbeilles de la multi-plication des pains (VI, 43), des annes quecomptait, la fille de Jar (V, 42) ou durantlesquelles souffrit l'hmorrosse (V, 25). Il


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74 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUSrappelle, comme eux, celui des douze tribusd'Isral. Marc a donc bien toujours en vuele judasme. Mais il n'en parle ici, que pouren dnoncer les tares, pour expliquer que Jsusdevait quitter les Juifs afin d'aller aux Hellnes,comme a fait plus tard l'Aptre des nations.

II. HORS DES FRONTIRES JUIVESUne nouvelle section raconte cette P^ van-

glisation des Gentils. Elle en prsente troispisodes typiques.

1) Vers Tyr, expulsion d'un dmon(24-26) Un 1' rcit fait aller Jsus sur le

territoire de Tyr et de Sidon . Pareille indi-cation est aussi trange que vague. On lacomprendra mieux si l'on se rappelle que, surl'ordre de Jahv, le prophte Elie, une desgrandes figures du Christ, se rendit dans laville de Sarepta, situe entre Tyr et Sidon(I Rois, XVII, 8-9 ; cf. Josphe, AnL, VIIl,13, 2).La concidence ne s'arrte pas l. Danscette ville Elie se trouva en rapport avec unefemme dont le fils devint malade et fut guripar ses soins (I Bois, XVII, 17-24). Pareille


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LA. BONNE NOUVELLE 75 - . I w- I I I t I - I I I H.m.aventure arrive maintenant Jsus. Le faitest d'autant plus remarquable qu'un autrevangliste rapproche cette histoire du pro-phte de celle du Christ {Luc, IV, 25-26). Sansdoute tait-elle rappele en bonne place dansle recueil de tmoignages messianiques qui est la base de nos vangiles.Marc l'a retenue et mise profit parce quela scne se passe hors de la Palestine et peutdonc lui servir figurer l'vanglisation desGentils. Il a soin de noter, en consquence,que la femme tait hellne-, syrophnicienned'origine . Il change, comme il a fait plus haut(p. 53), le sexe de l'enfant, et en fait unefille. Celle-ci apparat comme possde d'un dmon impur , figure manifeste de l'tatde pch dans lequel vivent tous les paens.

(27-30) Jsus, qui vient de stigmatiser lafausse puret des Juifs et de s'loigner d'eux,s'intresse cette trangre et la dbarrassede son impuret. Mais il a commenc par direque les enfants doivent passer avant les petits chiens , c'est--dire les fils d'Abrahamavant les Gom. De plus, il ne gurit la jeunefille qu'aprs que la mre a manifest sa foien une formule de soumission confiante etabsolue. Par l le narrateur continue d'affirmersa dpendance l'gard de Paul, qui affirmeavec force que les Juifs sont les prmices des


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76 POUR COMPRENDRE LA VIE DE JSUScroyants et que c'est la foi qui sauve lesPaens {Rom., X-XI).2) En dcapole, gurison d'un sourd-muet

(31) Un second miracle est situ l'est dela rgion syrienne, au milieu du territoire dela Dcapole , c'est--dire hors de la Palestine,en plein territoire paen. La voie que suit Jsuspour y aller, des confins de Tyr par Sidonvers la mer de Galile est peu prs aussidconcertante que si quelqu'un passait de Paris Lille, puis Lyon, pour se rendre en Rhnanie.Mais ces dtails gographiques sont sans impor-tance pour Marc.

(32) On amena un sourd-muet . Qui taitcet homme et par qui fut-il amen ? Ceci encoreimporte peu, aux yeux du narrateur. Conten-tons-nous de savoir qu'il tait sourd-muet,car. il reprsente par l les Paens qui n'ontpas entendu parler de Dieu ni de son Christet ne peuvent donc formuler leur louangeni les prier (cf. Rom., XV, 21).

(33-35) Pri de rendre la sant cet homme,Jsus le fit, l'cart, d'une faon mystrieuse.Marc est, ici, plus prcis. Il

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