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Alice au pays des merveilles Lewis Carroll Livret pédagogique correspondant au livre élève n° 74 établi par Isabelle de Lisle, agrégée de Lettres modernes

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Alice au pays des merveilles

Lewis Carroll

L i v r e t p é d a g o g i q u e correspondant au livre élève n° 74

établi par Isabelle de Lisle,

agrégée de Lettres modernes

Sommaire – 2

S O M M A I R E

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Chapitre 1 (pp. 11 à 20) ................................................................................................................................................................................3 Chapitre 4 (pp. 31 à 42) ................................................................................................................................................................................6 Chapitre 7 (pp. 59 à 70) ................................................................................................................................................................................9 Chapitre 8 (pp. 75 à 81) ..............................................................................................................................................................................12 Chapitres 11 et 12 (pp. 85 à 99) ................................................................................................................................................................15 Retour sur l’œuvre (pp. 105 à 108).............................................................................................................................................................19

PRO P O S I T I O N D E S É Q U E N C E D I D A C T I Q U E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

E X P L O I T A T I O N D U G RO U P E M E N T D E T E X T E S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

PI S T E S D E R E C H E R C H E S DO C U M E N T A I R E S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

B I B L I O GR A P H I E C O M P L É M E N T A I R E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Tous droits de traduction, de représentation et d’adaptation réservés pour tous pays. © Hachette Livre, 2009. 43, quai de Grenelle, 75905 Paris Cedex 15. www.hachette-education.com

Alice au pays des merveilles – 3

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

C h a p i t r e 1 ( p p . 1 1 à 2 0 )

Avez-vous bien lu ? u Les événements s’enchaînent dans l’ordre suivant : d, e, h, g, b, i, j, f, c, a. v Alice est assise à côté de sa sœur qui est occupée à lire. w Le chat d’Alice s’appelle Dinah ; c’est une chatte.

Étudier le personnage d’Alice x Alice est une petite fille. On devine son jeune âge au début de l’histoire, lorsqu’elle dit ne s’intéresser qu’aux livres qui ont des images et des « conversations ». Plus loin, l’insouciance d’Alice (voir question suivante) peut être mise également sur le compte de sa jeunesse. On peut aussi évoquer sa tendance à s’endormir, dans le jardin avant l’arrivée du Lapin et lors de la descente qui se prolonge. Elle reconnaît avoir peur (de tomber dans les escaliers) et attend l’admiration de sa famille. De plus, à plusieurs reprises, Alice se parle à elle-même et se comporte comme si elle était deux personnes à la fois. Elle évolue dans l’univers du jeu qui est comme l’antichambre de l’univers imaginaire du « Pays des Merveilles ». y Alice n’hésite pas à suivre le Lapin Blanc, ce qui révèle son insouciance. Elle ne s’interroge pas sur ce qui va se passer et ne mesure pas les dangers qu’elle court. On voit son insouciance à diverses reprises au cours du chapitre. Ainsi, lorsqu’elle tombe, elle ne se demande pas si sa vie est en danger et elle envisage même de goûter, au passage, à de la « confiture d’oranges ». Comme la chute dure longtemps, elle commence même à s’endormir, ce qui nous montre bien qu’elle ne se sent aucunement menacée. Elle pense à sa famille sans vraiment se poser de questions quant à l’inquiétude que sa disparition a pu engendrer : « Qu’est-ce qu’on va me trouver courageuse à la maison ! » Le fait de boire le contenu du flacon et de croquer dans le biscuit, même si Alice réfléchit et se pose la question du poison, révèle de la même manière une insouciance qui est une marque de sa jeunesse et qui facilite l’entrée du lecteur dans l’univers imaginaire de l’auteur. U Alice s’efforce de se montrer prudente lorsqu’elle découvre le flacon. Elle ne se précipite pas sur son contenu mais prend le temps de lire l’étiquette afin de vérifier que la boisson n’est pas dangereuse. Cependant, on voit ici la naïveté de la fillette qui ne se demande pas si le fait que le mot « poison » ne figure pas sur l’étiquette suffit à écarter tous les risques. Lorsqu’elle aura goûté à la boisson, elle ne pourra, de plus, résister à la tentation de finir le flacon. V La première partie de la question permettra en classe la confrontation des différentes réponses obtenues. On dégagera ainsi les notions de « danger » et d’« anticipation ». Alice se montre imprudente car : 1) Elle suit le Lapin dans son terrier et ne prévient pas sa sœur de son départ. 2) Elle veut poursuivre son chemin et ne se demande pas comment elle va faire pour retrouver le monde extérieur. 3) Elle cherche à ouvrir les portes. 4) Elle goûte à la boisson et au biscuit. Alice se rend compte de sa précipitation au moment où elle voit qu’elle ne peut pas attraper la clé d’or qui est restée sur la table désormais inaccessible : « elle se rendit compte qu’elle avait oublié la petite clé d’or ».

Étudier le merveilleux W Au début de l’histoire, Alice est assise, inoccupée, à côté de sa sœur et glisse dans le sommeil sans pour autant y plonger totalement : « commençait à se sentir très lasse », « une somnolence hébétée ». Le deuxième passage se situe lors de la descente ; après s’être posé différentes questions, Alice s’endort : « elle se sentit gagnée par l’assoupissement, et commençait à rêver ». X Lorsque Alice se met à penser à son chat, on peut lire : elle « commençait à rêver qu’elle se promenait main dans la main avec Dinah ». Le sommeil permet l’introduction d’un monde onirique. C’est parce

Réponses aux questions – 4

que Alice s’endort qu’elle pénètre dans le monde des merveilles, un monde où il est possible de donner la main à son chat et de lui parler « sérieusement », c’est-à-dire comme à un être humain. Cependant, on remarquera qu’Alice ne s’endort jamais profondément ; elle évolue dans la frange qui sépare le monde réveillé – le réel – du monde des songes, ce qui fait que l’on ne saurait absolument attribuer au rêve d’Alice ce qui se produit dans le récit. D’ailleurs, l’auteur ne nous dit pas qu’Alice dort et se met à rêver mais qu’elle glisse dans le sommeil, et l’on ne peut savoir si le Lapin est intervenu dans le réel ou s’il évolue dans un univers onirique. at Relevé des éléments invraisemblables : 1) Le Lapin qui parle et qui tire sa montre de son gousset. 2) La chute qui dure longtemps. 3) La boisson qui rapetisse. ak Alice n’est pas déconcertée par l’intrusion du surnaturel dans le réel. Lorsque le Lapin parle au début du chapitre, elle ne s’étonne pas (« sur le moment tout cela semblait fort naturel ») et elle ne réagit qu’une fois que le Lapin a tiré sa montre de son gousset – ce qui suppose que l’animal soit habillé, fait surprenant en soi et qui n’avait pas été mentionné auparavant. La réaction d’Alice relève de la curiosité plutôt que de l’étonnement. Elle qui hésitait à se lever pour aller cueillir des pâquerettes va courir à la suite de ce Lapin. De même, lorsque la chute dure longtemps, Alice ne s’en inquiète pas. Et elle ne se montre pas plus surprise de rapetisser après avoir bu le contenu du flacon. Tout se passe donc comme si le surnaturel ne dérangeait et ne surprenait pas Alice ; sa seule réaction est la curiosité qui la pousse à aller de l’avant. Cette réponse permet d’aborder la différence entre le merveilleux (le surnaturel accepté) et le fantastique. al On peut proposer deux explications à l’attitude d’Alice : premièrement, Alice s’est endormie et ce qu’elle découvre appartient au monde des rêves ; la seconde explication est l’âge de la fillette – très jeune, elle vit dans un monde confus où réalité et imaginaire sont mal dissociés. Ainsi, elle fait autant appel aux connaissances qu’elle a acquises à l’école (« quatre mille kilomètres ») qu’à des fictions (« elle avait lu plusieurs charmantes historiettes sur des enfants qui s’étaient fait brûler »).

Étudier le rôle de la ponctuation am On rencontre dans le texte : le point, le point d’exclamation, le point d’interrogation, la virgule, le point-virgule (« mais il faisait trop sombre pour distinguer quoi que ce fût ; ensuite elle tourna ses regards vers les parois du puits »), les deux-points, les points de suspension, les guillemets, les parenthèses. Le tiret (du dialogue) est le seul signe de ponctuation qui n’apparaisse pas. Son absence est due au fait qu’Alice est seule et qu’il n’y a donc pas de dialogue. an Les parenthèses détachent un élément qui n’est pas essentiel à la narration proprement dite. Il peut s’agir d’un renseignement supplémentaire que l’auteur n’a pas pris la peine d’insérer dans la trame du récit (« Dinah était la chatte »). Les parenthèses permettent aussi à Lewis Carroll de donner son avis sur ce qui se passe. On peut relever plusieurs intrusions d’auteur au cours du premier chapitre : « Ce qui se pouvait fort bien, en effet » ; « car, voyez-vous, Alice avait appris plusieurs choses de ce genre au cours de ses leçons dans la salle d’étude ». ao Les paroles rapportées directement sont placées entre guillemets. On distingue deux modes d’insertion de la réplique : 1) La parole est précédée d’une proposition introductrice qui comprend un verbe de parole et s’achève par les deux-points. Par exemple : « Elle grignota un petit morceau et se demanda : […]. » 2) La parole est insérée grâce à une incise narrative qui est détachée par deux virgules. Par exemple : « Mais ça ne sert à rien maintenant, se dit la pauvre Alice, […]. »

Étudier la grammaire : un style simple (l. 103 à 114, pp. 15-16) ap On relève trois propositions subordonnées. C’est fort peu et cela témoigne d’un style simplifié à l’extrême : 1) « qui s’y engouffrait à toute vitesse » (subordonnée relative) ; 2) « tandis qu’il disparaissait dans un tournant » (subordonnée conjonctive circonstancielle de temps) ; 3) « [au moment] où elle prit le tournant » (subordonnée conjonctive circonstancielle de temps).

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aq La première phrase compte sept propositions : cinq propositions indépendantes, une principale et une subordonnée. Les propositions indépendantes sont donc très largement majoritaires ; coordonnées ou juxtaposées, elles marquent un style simplifié à l’extrême. ar Relevé des verbes et de leur sujet : – « ne s’était pas fait » : « Alice » ; – « fut » : « elle » ; – « leva » : « elle » ; – « faisait » : « il » ; – « s’ouvrait » : « un autre long passage » ; – « put » : « elle » ; – « s’y engouffrait » : « qui » (pour « le Lapin Blanc »). On attirera l’attention des élèves sur la tournure impersonnelle « il faisait tout sombre » et sur le sujet inversé de « s’ouvrait ». as Alice – on l’a vu – est très jeune, et sans doute la simplicité du style s’accorde-t-elle avec le personnage dont l’auteur cherche à exprimer le point de vue. Il s’agit d’un récit à la 3e personne, mais on a l’impression qu’Alice nous transmet sa propre perception du monde, que les mots de l’auteur traduisent ce qu’elle voit et ressent. On peut aussi penser que la simplicité du style est destinée à faciliter la lecture du récit à de jeunes lecteurs.

Un récit pour les enfants ? La question du destinataire bt On peut penser que le récit est destiné à un jeune lecteur pour plusieurs raisons : 1) D’abord, le style est simple, comme on l’a vu plus haut. 2) Ensuite, le personnage principal est un enfant et c’est avec son regard que l’on découvre le « Pays des Merveilles ». 3) Au début de l’histoire, on apprend qu’Alice ne s’intéresse qu’aux livres qui ont des images et des « conversations ». Ce que propose l’auteur à ses jeunes lecteurs correspond bien à cette attente formulée par le personnage ; les éditions du récit de Lewis Carroll sont en effet illustrées (par John Tenniel, dès la première édition) et, bien qu’Alice soit seule, la place accordée aux paroles (ou pensées) rapportées est conséquente. En effet, si Alice, comme tous les jeunes lecteurs, est attachée à la présence de « conversations » dans les livres, c’est parce que de trop longs passages descriptifs ou narratifs l’ennuient. La parole rapportée donne vie au récit et permet à un lecteur qui lit lentement de s’y intéresser plus aisément. bk Si Lewis Carroll semble adopter le point de vue d’Alice et nous inviter à en faire autant, il installe cependant une distance entre son personnage et lui-même. Ainsi, l’application d’Alice à lire l’étiquette du flacon fait sourire, la fillette adoptant un comportement rationnel et réfléchi, tel qu’il lui a été enseigné, mais de manière inadaptée. L’absence du mot « poison » ne garantit pas l’innocuité du produit, surtout dans un monde où l’on peut faire une si longue chute ! L’auteur nous invite à poser sur Alice un regard distant et à nous interroger sur son comportement dans un monde où les règles semblent différentes. bl Après avoir rapetissé, Alice s’attend à ce que le biscuit produise l’effet contraire, qui lui permettrait de prendre la clé sur la table. Mais, dans le chapitre, il ne se produit rien de tel : « Il en va généralement ainsi quand on mange du gâteau. » Le point de vue de l’auteur est distinct ici de celui d’Alice et c’est la question de la relativité des réactions et des phénomènes qui est ici soulevée. Dans le réel, il est normal que rien ne se produise lorsqu’on mange un biscuit, alors que, au pays des merveilles, le fait que rien ne se produise est au contraire étonnant. Cette réflexion sur la relativité et la nécessité de situer les phénomènes par rapport à des repères n’est pas accessible à un jeune destinataire, car il s’agit d’une considération mathématique (les notions de « relativité » et de « repères ») et philosophique. (On retrouve cette réflexion – mathématique et philosophique –, lorsqu’il est question du tunnel : « Très profond en effet, ou alors elle tomba très lentement ».) Ainsi, le récit de Lewis Carroll touche-t-il différemment le lecteur enfant et le lecteur adulte. Le professeur s’attachera à guider ses élèves vers une lecture plus fine du texte sans pour autant gommer le merveilleux qui les a séduits à la première lecture.

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Lire L’image bm John Tenniel situe son Lapin à la confluence de deux mondes. En effet, comme le précise le texte, l’animal est vêtu d’une veste, il se tient debout comme un être humain et regarde la montre qu’il a tirée de son gousset. Mais le lecteur ne peut oublier qu’il s’agit d’un animal, car il est à moitié habillé seulement ; la tête et la partie inférieure du personnage font de lui un animal.

À vos plumes ! bn Le sujet propose un exercice de transposition. L’élève doit garder le principe du glissement dans le monde des rêves, ainsi que la curiosité d’Alice. Le Lapin Blanc entraîne Alice dans un terrier – d’où la chute vertigineuse. On attend que l’élève adapte son récit tout en expliquant le passage d’un monde à l’autre. Alice est entraînée sur le nénuphar comme sur un navire et le monde fantaisiste se situera sur ou dans l’eau. L’écureuil ouvre, quant à lui, vers un monde aérien.

C h a p i t r e 4 ( p p . 3 1 à 4 2 )

Que s’est-il passé entre-temps ? u Alice envisage d’envoyer un cadeau à ses pieds par porteur, car elle a tellement grandi que ces derniers sont trop loin pour qu’elle puisse s’en occuper. v Alice pleure parce qu’elle est trop grande pour entrer dans le jardin merveilleux qu’elle entrevoit en se couchant par terre. w Alice ne veut pas ressembler à Mabel, car cette petite fille ne sait pas grand-chose. x C’est en tenant l’éventail du Lapin qu’Alice rétrécit (« elle s’en défit précipitamment, juste à temps pour éviter la disparition complète »).

Avez-vous bien lu ? y a) Le Lapin Blanc cherche ses lunettes de soleil. F b) Le Lapin prend Alice pour une servante. V c) Alice doit boire tout le flacon pour devenir immense. F (moins de la moitié) d) Alice se sent prisonnière de la maison. V e) Alice entend que les animaux se rassemblent autour de la maison. V f) Il est question de mettre le feu à la maison pour se débarrasser d’Alice. V g) Les meubles de la maison sont en biscuits. F h) Alice croque un petit four et devient plus grande encore. F (elle rapetisse) i) Bill est un lézard. V j) Alice, une fois sortie de la maison, craint d’être dévorée par un chien. V

Étudier la grammaire (l. 1 à 21, pp. 31-32) U Les phrases nominales sont : « La Duchesse ! » ; « La Duchesse ! » ; « Oh ! mes chères pattes ! » ; « Oh ! Mon pelage et mes moustaches ! ». Les phrases injonctives sont : « Filez à la maison et rapportez-moi une paire de gants et un éventail » ; « Allez, dépêchons ! ». V Les phrases nominales sont exclamatives et expriment le désarroi et l’impatience du Lapin qui a peur d’être en retard et qui ne retrouve ni son éventail ni ses gants. L’absence de verbe et le point d’exclamation sont les signes d’une pensée désorganisée par l’émotion. Les phrases injonctives, quant à elles, expriment une tentative pour dominer la situation et remettre un semblant d’ordre dans ce qui n’en a plus. Le Lapin choisit la première personne venue – Alice – et la somme de régler le problème qui le trouble. W Classe grammaticale de chacun des mots de la troisième phrase nominale du Lapin : – « Oh! » : interjection ; – « mes » : déterminant possessif ; – « chères » : adjectif qualificatif ; – « pattes » : nom commun. L’interjection et l’adjectif qualificatif (« chères »), qui appartient au vocabulaire affectif, expriment les sentiments et l’émotion du Lapin.

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X Relevé des verbes conjugués dans les répliques du Lapin : – « va […] faire » : aller est à l’indicatif présent ; il permet de mettre le verbe faire au futur proche ; – « est » : être, indicatif présent ; – « ai […] pu » : pouvoir, indicatif passé composé ; – « fabriquez » : fabriquer, indicatif présent ; – « Filez » : filer, impératif présent ; – « rapportez » : rapporter, impératif présent ; – « Allez » : aller, impératif présent ; – « dépêchons » : se dépêcher, impératif présent. at Valeur des différents modes et temps employés par le Lapin : – « va […] faire » : on commentera la formation du futur proche, substitut du futur simple. L’indicatif exprime la certitude (renforcée par « aussi sûr »), le futur montre que l’angoisse du Lapin porte sur des événements à venir ; – « est » : la certitude qui vise à souligner que le Lapin ne manquera pas d’être exécuté s’exprime par le mode indicatif et par le présent de vérité générale dans la comparaison ; – « ai […] pu » : on a toujours la valeur de certitude de l’indicatif, mais elle s’applique ici à un temps du passé ; le passé composé est un temps de l’énonciation qui exprime une antériorité par rapport à une action présente ; – « fabriquez » : l’indicatif a sa valeur de certitude et il s’agit là d’un présent de l’énonciation. Il est intéressant de remarquer que, dans son désarroi, le Lapin balaie un temps élargi : passé, présent, futur ; – « filez », « rapportez », « allez », « dépêchons » : le mode impératif exprime l’ordre. Le Lapin donne des ordres à Alice, qu’il prend pour sa servante. Dans la réplique du Lapin, l’impératif révèle le caractère autoritaire du personnage et surtout son impatience et son inquiétude. Il est tellement perturbé par son retard et le fait qu’il n’a ni ses gants ni son éventail pour se présenter devant la Duchesse, qu’il ne voit pas qu’Alice n’est pas Marie-Anne et qu’il accumule les impératifs. Il s’agit d’un présent de l’impératif et ce présent est celui de l’énonciation, moment où les ordres sont donnés.

Étudier une péripétie ak Les animaux sont de plus en plus nombreux autour de la maison. Alertés par le Lapin, ils se rassemblent progressivement : 1) Au début, le Lapin est seul (« entendant une voix au-dehors », « Le Lapin arriva devant la porte »). 2) Puis il fait appel à Pat, un animal qui n’est pas identifié et qui est occupé à creuser (« Pat ! Pat ! Où es-tu ? »). 3) D’autres animaux se sont approchés et l’on entend « un brouhaha de voix ». 4) Il est question de Bill, mais on ne sait pas encore qu’il s’agit d’un lézard (« Bill ! Apporte ici, mon gars ! »). 5) Lorsque Alice sort, elle découvre que de nombreux animaux se sont rassemblés (« elle courut hors de la maison, et se trouva face à une foule de petits animaux, dont des oiseaux, qui attendaient »). al C’est le Lapin qui commande les animaux. On a déjà vu sa façon de parler à Alice qu’il prend pour sa servante. Lorsqu’il appelle Pat, celui-ci lui répond en recourant à l’apostrophe « Vot’ Honneur », ce qui est une marque de respect et peut-être même ici de soumission. Le Lapin recourt au mode impératif quand il s’adresse aux animaux : « Viens plutôt m’aider à me dégager de là ! » ; « va donc l’enlever ! », dit-il à Pat ; « Bill ! Apporte ici, mon gars ». Dans cette dernière expression, l’apostrophe « mon gars » indique également la supériorité affichée du Lapin. am Les animaux, suivant les ordres du Lapin, veulent se débarrasser d’Alice. Ils envisagent de recourir à des moyens violents et radicaux comme le feu, qui non seulement tuerait la fillette mais détruirait la maison. À la fin du passage, ils lui lancent des cailloux (« une averse de petits cailloux vint cingler la fenêtre et quelques-uns la frappèrent au visage »). Mais Alice sait répondre à cette agressivité. Elle crie et sa voix provoque à deux reprises « un silence de mort » dans le camp des animaux. Lorsque Alice, devenue toute petite, sort de la maison, elle s’enfuit pour échapper aux animaux : « elle courut hors de la maison » ; « Toutes les bêtes se ruèrent vers Alice dès son apparition, mais elle prit ses jambes à son cou et se trouva bientôt en sûreté dans une forêt touffue ». an Le conflit entre Alice et les animaux repose sur différents malentendus quant aux intentions de la fillette.

Réponses aux questions – 8

D’abord, Alice n’a pas rapporté l’éventail et les gants que le Lapin avait demandés, ce qui peut expliquer la colère de ce dernier. De plus, Alice occupe la maison du Lapin et ne semble pas vouloir en sortir. Mais il ne s’agit là que de malentendus : Alice n’est pas la servante du Lapin et il n’avait pas à lui donner d’ordres ; et si Alice ne sort pas de la maison, ce n’est pas par choix mais parce qu’elle ne le peut pas. En réalité, les intérêts d’Alice ne sont pas en contradiction avec ceux des animaux, et, au tout début du chapitre, elle se montre même serviable en aidant le Lapin à chercher son éventail et ses gants.

Étudier le personnage principal : Alice ao La taille d’Alice se mesure à celle de la maison. Tout est affaire de repères une fois encore et tout est relatif. Lorsque Alice pénètre dans la maison, le rapport de taille est ordinaire, et elle trouve sans difficulté ce que le Lapin lui a demandé. Cette première confrontation avec la maison permet au lecteur de bien mesurer ensuite la transformation d’Alice. Et lorsque nous comprenons qu’Alice est coincée dans la maison, nous pouvons nous faire une idée précise de sa nouvelle taille : « en dernier ressort, elle passa un bras par la fenêtre et mit un pied dans la cheminée ». Les réactions et les commentaires des animaux sont un autre moyen pour l’auteur de donner à voir le gigantisme d’Alice : « Qui a jamais vu un bras de cette taille ? Il bouche toute la fenêtre ! » De même, le « silence de mort » provoqué par les paroles d’Alice montre bien aussi que la petite fille est perçue, en raison de sa grande taille, comme une créature menaçante. ap Comme pour le gigantisme d’Alice, sa petite taille se mesure par rapport à des repères. Ici, il s’agit du chien : « Un énorme chiot la regardait de haut. » L’oxymore exprime la relativité de la notion de « taille ». Le chien est petit et pourtant il apparaît « énorme » à Alice, qui est donc beaucoup plus petite que lui. À la fin du chapitre, Alice se mesure par rapport à un champignon : « Elle se haussa sur la pointe des pieds, jeta un regard furtif par-dessus le bord du champignon. » aq Ce qui frappe, c’est qu’Alice accepte sans s’étonner tout ce qui peut lui arriver d’extraordinaire. Ainsi, quand, au début du chapitre, le Lapin cherche son éventail et ses gants, elle se montre serviable et entreprend de les chercher avec lui, ne trouvant pas anormal qu’un lapin se serve de tels ustensiles. Lorsque le Lapin élève le ton et s’adresse à elle comme à une servante, elle se comporte en petite fille habituée à obéir. L’obéissance prime même sur la compréhension des événements : « Et Alice fut tellement effrayée qu’elle se précipita dans la direction qu’il indiquait, sans tenter de lui expliquer sa méprise. » Comme dans le chapitre 1, Alice, une fois dans la maison, agit sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Elle boit la moitié du flacon sans se demander ce qui risque de lui arriver ; la gourmandise est le moteur de ses actes et le pays des merveilles devient, pour la petite fille, celui de tous les possibles : « Je sais qu’il arrive quelque chose d’intéressant chaque fois que je mange ou que je bois quoi que ce soit […]. » La curiosité l’anime : « aussi vais-je voir l’effet que produit cette bouteille ». Son gigantisme amène Alice à une réflexion sur la vie. Le point de départ en est une confusion entre la taille et l’âge (« ne jamais être une vieille femme »). Si Alice ne peut pas grandir, elle ne pourra pas vieillir et sera condamnée à rester une enfant et à apprendre des leçons. Alice raisonne, mais les points de départ de son raisonnement sont faux et la conduisent à une conclusion absurde (« aucune [place] pour aucun livre de classe »). On retrouve ici, dans ce schéma du raisonnement par l’absurde, le Lewis Carroll mathématicien. Lorsque les cailloux se transforment en petits fours, Alice, tirant leçon de ce qui lui est arrivé, projette de rétrécir pour pouvoir sortir de la maison. On retrouve cette même anticipation dans son face-à-face avec le chien ; Alice entreprend de le distraire pour pouvoir s’enfuir et ne veut pas prendre le risque de rester en sa compagnie, bien qu’il lui semble être un « amour de petit chiot ». Si Alice forme des projets (« La première chose que je dois faire […] c’est de regagner ma taille normale ; et la seconde, c’est de trouver ma route vers ce ravissant jardin. Comme plan, je ne vois pas mieux ») et si l’on voit bien qu’elle anticipe sur ce qui va se passer, son plan est néanmoins davantage l’expression d’un désir que l’élaboration d’une véritable stratégie qui lui permettrait d’atteindre ses objectifs. D’autre part, on voit également que ce « plan » se limite à l’exploration du pays des merveilles et n’envisage pas un retour au réel. Alice semble finalement ne pas avoir tiré leçon des dangers qui l’ont menacée et son projet se limite, comme lorsqu’elle a atterri sur le tas de feuilles après sa longue chute, à visiter le « ravissant jardin ».

Alice au pays des merveilles – 9

Lire l’image ar John Tenniel respecte scrupuleusement le récit de Lewis Carroll et son image donne à voir au lecteur ce que l’auteur raconte, comme en témoignent la représentation du chiot affectueux (« quel amour de petit chiot c’était ! ») et la présence des chardons (« Alice s’esquiva alors derrière un grand chardon »). as John Tenniel a recours à la comparaison pour montrer au lecteur la petite taille du personnage. Il installe dans l’image des repères cohérents connus du lecteur : un chiot, un grand chardon, des herbes. La taille d’Alice est définie par rapport à ces points de repère ; elle apparaît alors très petite.

À vos plumes ! bt On valorisera les devoirs qui donneront une unité (le lieu, la taille d’Alice) à la péripétie et qui réutiliseront les éléments du texte, comme, par exemple, les gants et l’éventail du Lapin. bk Le texte de Lewis Carroll propose au jeune lecteur une réflexion sur l’imprudence et sur les dangers encourus lorsqu’on se montre trop curieux. Le sujet offre deux possibilités : le monde réel ou un monde fantaisiste à la manière du récit de Lewis Carroll. On veillera à ce que les élèves choisissent clairement l’une ou l’autre des possibilités. Les copies qui développeront la réflexion du personnage seront valorisées.

C h a p i t r e 7 ( p p . 5 9 à 7 0 )

Que s’est-il passé entre-temps ? u Alice doit se mettre sur la pointe des pieds pour voir ce qui se passe à la surface du champignon ; elle est donc un peu plus grande que la chenille, mais d’une taille qui rend la conversation possible. v La formule de la chenille est compliquée, parce que la périphérie du champignon est circulaire. Alice devra utiliser la notion de « diamètre » pour régler le problème. Il est possible de travailler avec le professeur de mathématiques. w Le pigeon, perché dans l’arbre, ne voit d’Alice que sa tête et son long cou ; aussi range-t-il la fillette dans la catégorie des serpents et pose-t-il, de ce fait, le problème de toute classification. x Alice mesure vingt centimètres lorsqu’elle entre chez la Duchesse et soixante quand elle pénètre dans la maison du Lièvre de Mars.

Avez-vous bien lu ? y Dans le chapitre 7, Alice rencontre trois personnages attablés pour prendre le thé : le Loir, le Chapelier et le Lièvre de Mars. U Alice n’est pas invitée à prendre le thé : « Ce n’était pas très poli de vous asseoir sans y avoir été invitée, dit le Lièvre de Mars. » V Le Chapelier pose à Alice une question qu’elle identifie comme étant une devinette : « Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau ? » Aucun des personnages ne connaît la réponse à cette mystérieuse question. On trouve une réponse à cette devinette dans une note que l’auteur ajoute à Noël 1896 (voir note 2, page 60). Le fait que personne ne connaisse la réponse à la devinette et surtout que celui qui l’a posée ne soit pas capable d’y répondre relève de l’absurde. Le lecteur est dérouté et amusé à la fois ; il comprend mieux le titre du chapitre. W Alice quitte les trois convives à la fin du chapitre, parce qu’elle n’apprécie pas leur façon de lui parler : « Ce propos désobligeant fut plus qu’Alice n’en pouvait supporter : dégoûtée, elle se leva et s’éloigna […]. »

Étudier la grammaire : le temps dans le récit X On relève : – « devant la maison », « sous un arbre », « entre eux », « sur lui » : compléments circonstanciels de lieu ; – « comme d’un coussin » : complément circonstanciel de comparaison ; – « par-dessus sa tête » : complément circonstanciel de lieu ; – « comme il dort » : complément circonstanciel de cause ;

Réponses aux questions – 10

– « à un coin » : complément circonstanciel de lieu ; – « en voyant venir Alice » : complément circonstanciel de temps ou de cause ; – « avec indignation » : complément circonstanciel de manière ; – « dans un vaste fauteuil », « à un bout de la table » : compléments circonstanciels de lieu. On veillera à ce que les élèves distinguent bien les compléments circonstanciels des adjectifs qualificatifs épithètes, attributs ou apposés. Les compléments circonstanciels servent à indiquer les circonstances de l’action. Au début de l’épisode, l’auteur présente le cadre de la scène qu’il va raconter et c’est pour cette raison que les compléments circonstanciels sont si nombreux. On remarquera la forte présence des indicateurs de lieu que l’on pourra rapprocher du titre de l’œuvre : il s’agit pour Lewis Carroll de décrire un « pays ». at Plusieurs temps sont présents dans le passage délimité : – L’imparfait : « avait », « prenaient », « était » (deux fois), « en usaient », « se tenaient ». L’imparfait exprime une action non définie dans le temps. C’est le temps de la description et du second plan. Ici, l’imparfait, comme les compléments circonstanciels, permet l’installation du décor. – Le passé simple : « pensa », « s’écrièrent », « s’exclama », « s’installa ». C’est le temps des actions définies dans le temps. L’arrivée du passé simple dans le récit introduit l’écoulement du temps. Il n’est pas anodin que ce soit Alice qui introduise le passé simple, car sa venue constitue justement une rupture dans une scène condamnée à se jouer à l’imparfait de répétition, puisque les personnages sont, comme ils l’expliquent plus loin, enfermés dans l’heure du thé. – Le plus-que-parfait : « était assis ». Il exprime une action antérieure au moment passé du récit ; on voit là qu’Alice intervient dans une scène qui a commencé avant sa venue. – Le présent : « est », « dort », « suppose », « a » (deux fois). On trouve le présent dans les paroles rapportées et non dans le récit. Il s’agit à chaque fois d’un présent de l’énonciation. ak Les grandes étapes de l’épisode sont : 1) L’arrivée d’Alice. 2) La devinette posée par le Chapelier. 3) Les réflexions sur le temps et l’explication du temps arrêté à l’heure du thé. 4) L’histoire du Loir. 5) Le départ d’Alice. al L’épisode du « thé des fous » est paradoxal, car, d’une part, l’arrivée et le départ d’Alice marquent l’écoulement du temps, mais, d’autre part, les personnages expliquent que, pour eux, le temps s’est arrêté à l’heure du thé, suite à une scène en présence de la Reine. Tout se passe comme si se trouvaient réunis pendant un chapitre un monde dans lequel l’écoulement du temps serait suspendu (le monde du « thé des fous ») et un monde où la chronologie existerait (le monde d’Alice, enfant destinée à devenir adulte, personnage dont les multiples transformations expriment le passage du temps). Les personnages expliquent eux-mêmes que le temps s’est arrêté : le « Temps refuse de faire tout ce que je lui demande ! Il est toujours six heures désormais. » La scène elle-même indique cette condamnation à la répétition : le Loir ne cesse de s’endormir et de se réveiller, et le Lièvre de Mars bâille comme s’il était lassé de jouer depuis mars cette scène du thé. Lorsque Alice s’en va, personne ne remarque son départ et la scène continue à se jouer indéfiniment sans elle. Comme au début du chapitre, le Loir dort et les deux autres personnages le persécutent sans que personne s’en rende compte. Au début, le Chapelier et le Lièvre de Mars sont appuyés sur le Loir endormi. À la fin, ils entreprennent de le mettre dans la théière. Les variations de la scène ne sont que des broderies secondaires qui en soulignent, de façon amusante, l’absurde répétition.

Étudier l’insertion du dialogue dans le récit am Dans le passage délimité, les paroles rapportées sont signalées par des guillemets ou des tirets. an Les propositions incises, dans le passage délimité, sont : « proposa le Lièvre de Mars d’un ton encourageant » ; « fit-elle remarquer » ; « dit le Lièvre de Mars » ; « dit Alice avec humeur » ; « dit le Lièvre de Mars » ; « dit Alice » ; « dit le Chapelier » ; « dit Alice avec sévérité ». Les propositions incises sont toutes constituées d’un verbe de parole et de son sujet inversé. Parfois une indication (complément circonstanciel de manière) vient préciser le ton de la réplique.

Alice au pays des merveilles – 11

On remarque que, à l’exception des deux premières incises narratives, le verbe dire est l’unique verbe introducteur utilisé. On peut voir dans cette répétition une volonté de souligner l’aspect itératif (la condamnation à l’éternité du thé) du dialogue mais aussi une imitation du style enfantin pauvre en vocabulaire. De cette façon, Lewis Carroll semble rapporter le point de vue d’Alice. ao En plus des verbes proposer, faire et dire utilisés dans le passage délimité, on peut relever les verbes demander, répondre, poursuivre, intervenir, soupirer, grommeler, marmonner, murmurer, s’exclamer, se hasarder à demander (verbe + auxiliaire de modalité), supplier, ajouter, proposer, éclater, admettre, déclarer. La diversité des verbes rend le récit vivant et donne plus de souplesse au dialogue. Le choix d’un verbe de parole précis permet également de caractériser le ton de la réplique (grommeler, murmurer, par exemple) sans avoir à ajouter un complément circonstanciel de manière. ap Certaines répliques sont insérées grâce à une proposition introductrice qui les précède. On peut citer pour exemple : le « Chapelier ouvrit de grands yeux ; mais tout ce qu’il dit fut : “Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau ?” »

Étudier la logique et l’absurde aq Le titre du chapitre est d’abord justifié par la présence des personnages eux-mêmes. On ne voit pas bien ce qui peut réunir, de surcroît autour d’un thé, des personnages aussi différents qu’un chapelier, un lièvre de mars et un loir. Et l’explication se trouve dans les expressions anglaises (voir la note dans le livre de l’élève) « fou comme un chapelier » et « fou comme un lièvre de mars » qui désignent la folie. Comme souvent, Lewis Carroll part du langage et le prend au pied de la lettre. Ainsi, pour représenter la folie (mais les personnages ont cependant une logique), il retient un lièvre de mars et un chapelier, ce qui est bien entendu moins parlant en français. La folie des personnages est mise en scène ; en effet, les propos qu’ils tiennent sont incohérents. Certaines répliques n’ont pas de lien avec ce qui précède. C’est le cas, par exemple, lorsque le Chapelier suggère à Alice d’aller se faire couper les cheveux. Juste après, il posera ce qu’Alice prend pour une devinette (le corbeau et le bureau) mais qui n’en est pas vraiment une, puisque le Chapelier ne propose pas de réponse quand Alice donne sa langue au chat. Les actions des personnages sont aussi surprenantes que leurs paroles : s’entasser dans un coin alors que la table est déserte, se décaler d’une place, essayer de mettre le Loir dans la théière… La suspension du temps, qui enferme les personnages dans une boucle, relève aussi de la folie annoncée par le titre. ar Alice introduit le temps dans la scène répétitive du thé ; elle tente également d’y introduire un certain ordre importé de son monde réel. Pour cela, elle met en avant les absurdités de la scène : « Je ne vois pas de vin, fit-elle remarquer » ; « Je pense que vous pourriez faire un meilleur usage du temps que de le gaspiller en posant des devinettes auxquelles il n’existe pas de réponse ». Cette dernière observation montre bien qu’Alice s’applique à reproduire les propos qu’elle a entendus chez les adultes dans le monde réel, alors qu’elle-même ne se demande pas si elle ne gaspille pas son propre temps à parcourir un pays aussi absurde. Rappelons que c’est elle qui a choisi d’entrer dans la maison du Lièvre de Mars après avoir écouté les indications du Chat. Plus loin, elle ne cesse de souligner les invraisemblances (par rapport à la réalité qu’elle connaît) : « Cela leur aurait été impossible […]. Elles auraient été malades » ; « Ça n’existe pas ! » ; elle pointe aussi du doigt les incohérences (par rapport à l’histoire elle-même, c’est un manquement à la logique) de l’histoire racontée par le Loir : « Mais elles se trouvaient dans le puits » et ne pouvaient donc pas en tirer la mélasse. as La logique est introduite par Alice, mais les autres personnages se montrent aussi capables de raisonner et de montrer les failles ouvertes dans les propos d’Alice. La logique convoquée nous fait penser aux propriétés étudiées par les mathématiciens. Ainsi Alice répond-elle : « je pense ce que je dis… c’est la même chose » au Lièvre de Mars qui venait de lui demander de dire ce qu’elle pensait. Et le Chapelier, en bon mathématicien soucieux de vérifier la réciprocité (transitivité) des opérations, s’exclame : « Point du tout ! » Suit une série d’exemples qui visent à illustrer que les propos ne peuvent être retournés sans en modifier le sens : « Je vois ce que je mange » ne veut pas dire, en effet, la même chose que « Je mange ce que je vois ». Un peu plus loin, notre Chapelier mathématicien reprend Alice en avançant une vérité mathématique selon laquelle on ne peut pas prendre moins que rien, mais qu’on peut toujours prendre plus que rien. Pourtant, ce qu’avait dit Alice n’était pas faux : comme elle n’avait pas pris de thé, le Lièvre de Mars

Réponses aux questions – 12

ne pouvait pas lui proposer d’en reprendre (« de sorte que je ne saurais en prendre plus »). Les deux personnages avancent des propositions contraires et ils ont cependant tous les deux raison à leur manière. C’est qu’ils ne se situent pas dans la même perspective. Le Chapelier défend une vérité universelle, alors qu’Alice conteste le Lièvre sur son utilisation du langage. Ainsi, des propos identiques peuvent-ils donner lieu à des interprétations différentes. Comme pour « Je vois ce que je mange » et « Je mange ce que je vois », Lewis Carroll nous invite à donner plus de poids aux mots et à bien veiller à leur signification. À l’occasion de l’histoire contée par le Loir, on retrouve chez le Chapelier le même absolu mathématique, les mêmes propos coupés d’un contexte concret : « On peut bien tirer de l’eau d’un puits d’eau, dit le Chapelier ; je pense donc qu’on peut tirer de la mélasse d’un puits de mélasse… » Qu’il n’existe pas réellement de puits de mélasse, comme le rappelle Alice, n’a pas d’importance pour le mathématicien qui raisonne à partir des données qu’il s’est fixées et non à partir de la réalité comme le ferait un physicien. Si, par définition, un puits est un lieu où l’on puise, alors il est vrai que l’on puise de la mélasse dans un puits de mélasse. La folie des interlocuteurs d’Alice est liée sans doute à l’absolu du temps arrêté ; c’est une folie qui consiste à penser indépendamment du contexte et à réfléchir de manière fondamentale à l’occasion de la moindre phrase quotidienne. Par exemple, lorsque Alice demande : « Pourquoi par un S ? », le Lièvre de Mars répond : « Pourquoi pas ? » Le S, comme le fait le mathématicien lorsqu’il nomme un point, est une donnée, un arbitraire qui sert de point de départ à un raisonnement. Il n’a pas de signification en lui-même.

Lire L’image bt Les tasses sont plus nombreuses que les convives, au nombre de quatre seulement, car on apprend que les personnages doivent se déplacer pour recommencer avec des tasses propres la cérémonie du thé à laquelle ils semblent condamnés pour l’éternité. « Est-ce pour ça qu’il y a tant de tasses à thé sorties ? » demande Alice. bk Les trois personnages sont placés côte à côte, alors qu’Alice se retrouve seule à un bout de la table. De plus, les cheveux et la tenue d’Alice sont de couleur claire à la différence des trois autres personnages.

À vos plumes ! bl Le sujet demande une imitation de l’épisode du thé des fous. On pourra rappeler aux élèves ce qui est attendu quant à l’insertion du dialogue : présentation, emploi des tirets, choix des verbes introducteurs. Afin d’aider les élèves à définir clairement leur projet, on pourra leur demander d’indiquer au début de leur histoire le lieu retenu et l’instant arrêté. Comme dans l’épisode du thé des fous, on valorisera les récits qui tirent les conséquences de l’arrêt du temps et esquissent, de ce fait, une réflexion sur le temps. On attend des élèves qu’ils mettent en pratique ce qui a été étudié quant aux temps du passé et à l’insertion du dialogue.

C h a p i t r e 8 ( p p . 7 5 à 8 1 )

Avez-vous bien lu ? u a) « Sa mine ne me revient pas du tout » : le Roi. b) « Qu’on décapite celui-ci ! Qu’on décapite celle-là » : la Reine. c) « Ma chère ! J’aimerais que vous fassiez éliminer ce chat ! » : le Roi. d) « Que m’arriverait-il ? » : Alice. e) « Et la Reine ? L’aimez-vous bien ? » : le Chat. f) « J’aimerais autant pas » : le Chat. v Les répliques apparaissent dans l’ordre suivant : b, d, e, a, f, c. w Le Chat du Cheshire apparaît et disparaît. Au début, seul son sourire est suspendu en l’air ; puis sa tête fait son apparition. Le chapitre se clôt sur sa disparition.

Étudier le vocabulaire et la grammaire x Dans la parole d’Alice : la fillette n’est pas satisfaite de la partie de croquet et elle exprime sa désapprobation par différents procédés :

Alice au pays des merveilles – 13

– les adverbes d’intensité : « absolument », « si affreusement » ; – les modalisateurs : « en tout cas », « vous n’imaginez pas » ; – la modalité exclamative de la dernière phrase. Dans l’incise narrative : le complément circonstanciel de manière « d’un ton quelque peu chagrin ». y On relève dans l’extrait : – « chagrin » : épithète du nom « ton » ; – « établie » : épithète du nom « règle » ; – « déroutant » : attribut du sujet « c’ » ; – « vivantes » : épithète du nom « choses ». U Le mot « chagrin » est un adjectif qualificatif dans le texte ; il peut aussi être employé comme substantif et le verbe correspondant est chagriner. V On pourra relever « déroutante » ou « vivantes » : – « déroutante » : la partie de croquet se déroule en effet sans ordre. Tous les personnages jouent à la fois et les accessoires mêmes du jeu de croquet se dérobent : les maillets, les balles et les arceaux s’échappent sans cesse ; – « vivantes » : l’originalité de la partie de croquet est bien que les accessoires du jeu sont vivants ; on les voit se sauver, ce qui crée évidemment un grand désordre. Les balles sont des hérissons et les maillets des flamants roses. Les arceaux sont des soldats qui doivent faire le pont en se tenant sur les mains et les pieds.

Étudier le merveilleux

W La partie de croquet est le principal ressort du merveilleux, notamment parce que les accessoires du jeu sont vivants. Mais les joueurs sont tout aussi déroutants, puisqu’il s’agit de cartes à jouer. En ce qui concerne le Chat, ajoutons son sourire, sa capacité à apparaître et à disparaître, et, comme pour les cartes à jouer, sa faculté de parler. X La réalité connue d’Alice sous-tend en permanence les événements irréels que sont la partie de croquet et le personnage du Chat. Ainsi la folle partie de croquet se définit-elle par rapport à ce que devrait être une vraie partie obéissant à des « règles précises ». La hiérarchie sociale et politique est maintenue, même si elle est l’occasion d’un dérèglement fantaisiste. Et, comme dans de nombreux passages du récit, les personnages revendiquent logique et raison : Alice, par exemple, attend que les oreilles du Chat apparaissent pour s’adresser au personnage – ce qui peut dérouter le lecteur, car les personnages s’accrochent aux lois qui régissent le réel (il faut des oreilles pour entendre), alors que la fantaisie règne (une carte à jouer gouverne) ; un peu plus loin, c’est le bourreau qui fait appel à la logique dans une situation déroutante, créant ainsi un effet d’absurde : « L’argument du bourreau, c’était qu’on ne pouvait trancher une tête qu’à la condition qu’il y eût un corps dont elle fût détachable […]. » Le réel est aussi celui du comportement stéréotypé d’un personnage comme le bourreau, qui, bien qu’évoluant dans un monde fantaisiste, parle comme un être réel : « […] et qu’il n’allait pas commencer à ce point-là de sa vie ».

Étudier la représentation du pouvoir at Les deux personnages qui exercent une autorité dans le passage sont le Roi et la Reine. Le pouvoir royal est absolu. En effet, la Reine a droit de vie et de mort sur ses sujets. Elle ordonne que la tête de celui-ci ou de celui-là soit coupée. De même, le Roi demande que le Chat disparaisse, puis il fait appel au bourreau pour qu’il soit guillotiné. ak La Reine est sans conteste plus autoritaire que le Roi, même si celui-ci va chercher le bourreau à la fin du texte. Le Roi, en effet, se tourne d’abord vers son épouse lorsqu’il veut que le Chat disparaisse : « Ma chère ! J’aimerais que vous fassiez éliminer ce chat ! » De plus, c’est la Reine qui semble la plus menaçante car elle ne s’attarde pas, à la différence du Roi, sur les personnages dont elle demande la mort (« celui-ci » ou « celle-là »). Et, lorsqu’il s’agit du Chat du Cheshire, elle ne prend même pas la peine de voir de quoi il retourne : « Qu’on lui tranche la tête ! s’écria-t-elle sans même se retourner. » al Alice a peur de la Reine et, avant de voir apparaître le Chat, elle envisage d’abandonner la partie de croquet : « Elle regardait alentour pour trouver un moyen de s’enfuir […]. » Puis, pour ne pas risquer d’avoir la tête tranchée, elle se montre profondément hypocrite lorsque le Chat lui demande si elle aime la Reine. Sur le point de révéler sa propre opinion, elle corrige rapidement ses propos quand elle voit

Réponses aux questions – 14

que la Reine tend l’oreille : « … en position de gagner qu’il est presque inutile de terminer la partie ». À la fin du passage, lorsque le Roi lui demande son avis quant au fait de guillotiner le Chat, elle ne prend pas explicitement sa défense – ce qui ne manquerait pas de la faire condamner –, mais fait appel à une tierce personne – la Duchesse –, façon habile de se débarrasser du problème posé. En somme, Alice se comporte en habile courtisan face à un pouvoir absolu. Le Chat du Cheshire se comporte différemment. Il n’hésite pas à repousser le Roi qui lui demande de témoigner son respect en lui baisant la main : « J’aimerais autant pas. » Le Chat ne se plie pas à l’autorité abusive du Roi, mais sa position est plus confortable que celle d’Alice, puisqu’il a la faculté de disparaître et ne craint donc aucune condamnation. am L’arbitraire caractérise les décisions du Roi et de la Reine. Il s’agit simplement, pour l’un comme pour l’autre, mais de façon plus marquée chez la Reine, de satisfaire son bon plaisir. Au début du passage, elle se comporte comme un enfant capricieux, en frappant du pied. Ses décisions sont motivées par la colère (« la Reine entra dans une rage folle »). De même, le Roi condamne à mort le Chat sur sa simple apparence : « Sa mine ne me revient pas du tout. » On ne peut que critiquer chez le Roi et la Reine une telle attitude. Sans doute Lewis Carroll remet-il en cause la tyrannie que peuvent exercer certains adultes et invite-t-il les enfants à ne pas faire de leurs caprices un pouvoir absolu. L’étude de ce passage pourra éventuellement être prolongée par un groupement de textes autour de la question du pouvoir absolu. La Fontaine sera bien évidemment convoqué, mais il sera important de préciser que le contexte historique n’est pas le même : la reine Victoria n’a pas les pleins pouvoirs comme la Reine de Cœur ou Louis XIV. an Sans parler du fait qu’il ne s’agit là que d’un paquet de cartes, on mettra en avant le fait que les décisions du Roi et de la Reine ne sont suivies d’aucun effet. Alice constate elle-même que « l’étonnant, c’est qu’il reste des survivants ! ». Le bourreau discute la décision du Roi et, lorsqu’il file « comme une flèche », on est en droit de se demander si c’est bien pour accomplir la mission que lui a confiée la Reine. Et, à la fin du chapitre, le Chat disparaît, échappant ainsi à la condamnation à mort qui a été prononcée.

Étudier le discours argumentatif (l. 112 à 134, pp. 79-81) ao La question est de savoir si l’on peut on non décapiter le Chat. Cette question est logique car elle porte sur le sens même du mot décapiter : peut-on enlever sa tête (du latin caput, « la tête ») à quelqu’un qui se réduit à une tête ? Mais la question est doublement absurde : d’une part, parce qu’elle consiste à appliquer une réflexion logique à un monde fantaisiste et, d’autre part, parce qu’elle laisse de côté la question beaucoup plus fondamentale de savoir si le Chat mérite d’être décapité. Le professeur pourra élargir la réflexion en évoquant la question de la peine de mort. ap Les propos du bourreau, du Roi et de la Reine sont rapportés au style indirect. On peut les transcrire au style direct : – Le bourreau : « On ne peut trancher une tête qu’à la condition qu’il y ait un corps dont elle soit détachable ; je n’ai jamais eu une pareille chose à accomplir et je ne vais pas commencer à ce point-là de ma vie. » – Le Roi : « Tout ce qui a une tête peut être décapité et il faut cesser de débiter des absurdités. » – La Reine : « Si rien n’est tranché à l’instant même, je vais faire exécuter toutes les personnes à la ronde. » Les modifications concernent le temps des verbes et la personne : – Temps : d’une part, de l’imparfait au présent, qu’il s’agisse du mode indicatif ou du mode subjonctif ; d’autre part, du plus-que-parfait au passé composé. – Personne : le « il » lorsqu’il désigne le bourreau et le « elle » qui représente la Reine deviennent « je ». aq Au style indirect : « L’argument d’Alice, c’était qu’il appartenait à la Duchesse, que c’était à elle qu’il vaudrait mieux demander. » ar Les propos de la Reine et d’Alice ne sont pas des arguments autour de la question de savoir si l’on peut ou non décapiter un personnage réduit à une tête. La Reine se contente de recourir à la force (« la raison du plus fort » de La Fontaine), en menaçant de décapiter tout le monde ; elle ne fait pas usage de la raison comme le Roi et le bourreau. Quant à Alice, elle préfère ne pas se positionner et déplace le problème en proposant que l’on consulte la Duchesse.

Alice au pays des merveilles – 15

Lire L’image as Plusieurs éléments rendent compte du merveilleux du récit : – les proportions : la tête du Chat est immense, comparée à celle des autres personnages, et la tête elle-même des cartes à jouer est très grosse par rapport au reste de leur corps ; – le sourire et la position suspendue du Chat ; – la présence du Lapin sur la droite ; – les lignes horizontales qui alignent les personnages en arrière-plan et rappellent les cartes à jouer. bt Les trois personnages au premier plan sont aisément reconnaissables : – le Roi, qui porte un costume masculin, une barbe et une sorte de couronne ; – la Reine, dont le mauvais caractère est souligné : sourcils froncés, lèvres pincées, lèvre inférieure avancée ; – le bourreau, qui appartient à la société des cartes à jouer : il porte une hache et son visage est dissimulé par un masque. bk La position des personnages dans la gravure exprime les enjeux du récit : – Le Chat est placé au-dessus car c’est de lui qu’il s’agit ; c’est sa tête qui est en jeu et la question porte justement sur le fait qu’il se réduise à une tête ; on remarque cependant que les trois personnages centraux ne le regardent pas, car le débat dépasse son cas particulier : peut-on, de manière générale, décapiter quelqu’un qui se réduit à une tête ? – Les trois personnages au premier plan sont ceux qui débattent de la question et l’on voit, aux mains du Roi, qu’il présente un argument ou s’interroge sur ce qu’on lui expose. – Les personnages en arrière-plan représentent la société des cartes à jouer et l’on peut remarquer que, au pays des merveilles comme dans la réalité, la justice a, d’une manière ou d’une autre, une dimension collective. C’est ce qu’on voit aussi dans le chapitre consacré au procès. – Alice est absente car elle se tient à l’écart du débat : elle ne souhaite pas la mort du Chat avec qui elle vient de converser mais elle cherche avant tout à ne pas s’attirer d’ennuis. Il faudra attendre la fin du procès (et du récit) pour la voir enfin s’opposer à la Reine.

À vos plumes ! bl L’élève, pour plus de facilité, devra choisir un jeu qui nécessite des accessoires : un ballon, une balle et une raquette, des patins à glace, une épée, les pions d’un jeu d’échecs… Le merveilleux devra se tisser, comme chez Lewis Carroll (le croquet), sur une trame bien réelle. bm On invitera les élèves qui jouent d’un instrument de musique à s’appuyer sur leurs connaissances. C’est pourquoi les sujets 22 et 23 peuvent être proposés au choix, de façon que les élèves puissent s’appuyer sur une expérience et des connaissances personnelles (dans le domaine du sport ou de la musique) pour élaborer leur univers merveilleux.

C h a p i t r e s 1 1 e t 1 2 ( p p . 8 5 à 9 9 )

Avez-vous bien lu ?

u a) Le Valet de Cœur est accusé d’avoir volé des tartes aux pommes. V b) Le Roi et la Reine de Trèfle siègent sur leur trône. F (Roi et Reine de Cœur) c) C’est le Lapin Blanc qui lit l’acte d’accusation. V d) Le jury est composé d’animaux d’espèces variées. V e) Les tartes ont été confectionnées par la cuisinière de la Duchesse. F (par la Reine) f) Alice fait partie du jury. F (elle est témoin) g) C’est le Roi qui est le juge. V h) Alice retire son crayon à Bill le Lézard parce qu’il grince. V i) Le Griffon explique à Alice ce qui se passe. V j) Le premier témoin appelé à la barre est le Lièvre de Mars. F (c’est le Chapelier) k) Au cours du procès, Alice devient de plus en plus petite et finit par disparaître. F (elle grandit) l) À la fin du procès, Alice s’oppose fortement aux propos de la Reine. V m) Alice se réveille quand le bourreau s’approche d’elle. F (c’est au moment où elle traite les personnages de « cartes à jouer »)

Réponses aux questions – 16

n) Alice est réveillée par sa sœur. V o) Alice est plus âgée que sa sœur. F

Étudier un simulacre de procès

v On relève : le procès, la salle d’audience, un tribunal, le juge, le jury, les jurés, le greffier, l’acte d’accusation, le verdict, le témoin, le jugement, les délibérations. w Le Lapin Blanc est le greffier. Bill le Lézard est un des jurés. Le Valet de Cœur est l’accusé. Le Roi est le juge ou le président du tribunal. Le Chapelier est un témoin. x Dans la réalité, un procès se déroule selon les étapes suivantes : la lecture de l’acte d’accusation (d), les dépositions des témoins (e), les délibérations du jury (c), le jugement (b), la lecture du verdict (a), l’exécution de la décision de justice (f). y Le Valet de Cœur est accusé d’avoir volé les tartes confectionnées par la Reine de Cœur. Alors que son crime est minime, il est présenté comme un dangereux malfaiteur puisqu’il est enchaîné : le « Valet se tenait enchaîné, avec un soldat de chaque côté pour le garder ». U Le procès du Valet de Cœur n’est qu’un simulacre de procès. D’abord, parce que nous sommes au pays des rêves et de la fantaisie pure ; ensuite, parce que Lewis Carroll cherche avant tout à critiquer le monde de la justice qu’il semble trouver arbitraire. Le procès du Valet de Cœur semble suivre le déroulement réel d’une séance de justice ; mais plusieurs anomalies peuvent être relevées : – les jurés sont incompétents. Ce qu’ils notent sur leur ardoise est absurde et ne peut pas conduire à une décision équitable. Ils dissimulent, de plus, leur incompétence. Par exemple, Bill le Lézard fait semblant d’écrire avec son doigt, parce que Alice lui a enlevé son crayon qui grinçait ; – le Roi, pressé que tout se termine, insiste pour que les jurés délibèrent, alors que rien n’a été clarifié (« Que les jurés délibèrent, ordonna le Roi pour ce qui était peut-être la vingtième fois de la journée ») ; – la Reine souhaite que le jugement précède les délibérations, ce qui rend bien entendu ces dernières inutiles tout comme l’instruction du procès (« La condamnation d’abord… le verdict ensuite ») ; – la Reine, comme à son ordinaire (cf. la partie de croquet), exige une justice expéditive et s’en prend au témoin qu’est Alice (« Qu’on la décapite ! »). V Dans ces deux chapitres d’Alice au pays des merveilles, Lewis Carroll critique de façon implicite la justice de son temps. Si les anomalies du procès peuvent être mises sur le compte du monde fantaisiste et onirique dans lequel évoluent les personnages, on devine cependant que l’auteur cherche aussi à nous donner à voir ici la caricature d’un procès afin d’en souligner les failles : – le jury est incompétent et pourtant c’est lui qui décidera du sort de l’accusé ; – les informations données ne permettent pas de juger de l’acte (par exemple, il ne sert à rien de savoir quand a commencé le thé chez le Lièvre de Mars). Les renseignements apportés sont inutiles et incohérents (les trois personnages proposent trois dates différentes), et l’usage qui en est fait est absurde (« les jurés notèrent les trois dates sur leurs ardoises, firent l’addition et convertirent le total en shillings et en pence ») ; – le Roi et la Reine continuent à exercer leur pouvoir. Le Roi, en disant aux jurés : « Prenez note de tout cela », influe sur leur réflexion déjà fragile. La Reine exige que l’on coupe la tête d’Alice, « sans autre forme de procès » (La Fontaine, « Le Loup et l’Agneau »). Il s’agit là de la confusion des pouvoirs judiciaires et exécutifs ; – le traitement infligé au Valet (il est enchaîné) et le déploiement de la procédure sont disproportionnés au regard du crime commis.

Étudier le retour au réel W Alice s’adresse d’abord au Griffon : « Quels imbéciles ! » Dans le chapitre 12, Alice s’oppose à la Reine : « Balivernes ! […] Quelle idée de commencer par la condamnation ! » et, un peu plus loin, « Qui se soucie donc de vous ? ». Puis, lorsque Alice dit : « Vous n’êtes qu’un paquet de cartes ! », elle s’adresse à l’ensemble des personnages. Enfin, Alice s’adresse à sa sœur. Le discours est d’abord direct : « – Oh, j’ai fait un rêve tellement curieux ! » Il est ensuite narrativisé : « et elle raconta à sa sœur, du mieux qu’elle put se les rappeler, toutes ces étranges Aventures que vous venez de lire ».

Alice au pays des merveilles – 17

La sœur d’Alice appartient au réel, alors que les précédents interlocuteurs évoluent dans le pays des merveilles. X Le retour d’Alice au réel est préparé par certains événements qui ont lieu dans le monde des rêves. Jusqu’à présent (cf. la partie de croquet), Alice craignait la Reine et n’osait pas s’opposer à elle de peur d’avoir la tête coupée. Dans le chapitre 12, elle ose dire à la Reine que son ordre (« La condamnation d’abord… le verdict ensuite ») n’est que « balivernes ». Lorsque la Reine lui ordonne de se taire, elle répond : « Certainement pas. » Cette opposition au personnage royal marque un tournant dans l’attitude d’Alice. Le second événement qui annonce le retour d’Alice dans la réalité est la modification de sa taille. Au fur et à mesure que le procès avance, Alice grandit – et il ne s’agit pas ici d’une nouvelle oscillation entre le minuscule et le gigantisme, mais d’un retour à la normalité (« qui avait à présent retrouvé toute sa taille »). Le réel devient la mesure de ce qui se passe dans le monde des rêves. Jusque-là, la taille d’Alice se définissait par rapport à ce qui l’entourait ; maintenant, elle est évaluée par rapport à une normalité extérieure au pays des merveilles (« toute sa taille » : ce qui était relatif jusque-là devient absolu). De cette manière, la réalité fait son entrée dans l’univers onirique et provoque sa dissolution. Et c’est justement au moment où elle a retrouvé sa taille normale qu’Alice ose remettre les personnages – aussi menaçants soient-ils – à leur place : « Vous n’êtes qu’un paquet de cartes ! » Cette parole provoque la dispersion du pays des merveilles. Si les personnages ne sont que des cartes (on accordera tout son poids à la tournure restrictive employée dans le texte), ils ne sont alors plus rien : « À ces mots, toutes les cartes s’envolèrent […]. » at Le passage de l’univers onirique au réel est un glissement souple plus qu’une rupture. Si l’arrivée d’Alice au pays des merveilles consiste en une longue chute, son retour se fait de manière presque imperceptible. Les cartes qui retombent sur elle s’avèrent être des feuilles mortes tombées de l’arbre. Ajoutons que le retour au réel s’accompagne du récit du rêve, ce qui permet à Alice de revivre une dernière fois ses aventures avant de reprendre ses activités ordinaires (elle va prendre son thé). Puis c’est sa sœur qui se met à rêver à son tour ; mais, sans doute parce qu’elle est plus âgée, elle n’entre pas dans le pays des rêves ; elle se contente de s’en approcher et de l’expliquer ; son songe porte non pas sur le Lapin ou sur le Lièvre de Mars, mais sur la petite Alice qui deviendra un jour grande : « pensant à la petite Alice » ; « elle se représenta comment cette même petite sœur deviendrait, dans le temps à venir, une femme adulte ».

Étudier la grammaire (l. 58 à 80, pp. 98-99)

ak La rêverie de la sœur d’Alice est introduite par l’expression « les yeux clos » et par le verbe « se croyant ». Mais la jeune fille reste consciente. La locution adverbiale « à moitié » accompagne le verbe « se croyant », et le verbe « savait » suppose une action volontaire, consciente, alors qu’Alice (cf. la chute vertigineuse dans le terrier), sans doute en raison de son jeune âge, se laissait emporter par son rêve et son imagination débordante. al On relève dans la 1re phrase de l’extrait choisi : – « des Merveilles » : complément du nom « Pays » ; – « des roseaux » : complément du nom « mouvement » ; – « des tasses » : complément du nom « cliquetis » ; – « à thé » : complément du nom « tasses » ; – « des sonnailles » : complément du nom « tintement » ; – « des moutons » : complément du nom « sonnailles » ; – « de la Reine » : complément du nom « cris » ; – « du jeune berger » : complément du nom « voix » ; – « du bébé » : complément du nom « éternuement » ; – « du Griffon » : complément du nom « cri » ; – « de la basse-cour affairée » : complément du nom « clameur » ; – « du bétail » : complément du nom « meuglement » ; – « de la Simili-Tortue » : complément du nom « sanglots ». Les compléments du nom sont nombreux car ils permettent de préciser les noms qui sont énumérés et de mettre en parallèle les manifestations oniriques et les phénomènes réels.

Réponses aux questions – 18

am – « Mouvement » : se mouvoir, il se meut ; – « cliquetis » : cliqueter, il cliquette ; – « tintement » : tinter, il tinte ; – « sonnailles » : sonner, il sonne ; – « cri » : crier, je crie ; – « voix » : vociférer, il vocifère ; – « éternuement » : éternuer, j’éternue ; – « clameur » : clamer, il clame ; – « meuglements » : meugler, il meugle ; – « sanglots » : sangloter, il sanglote. an Le verbe devenir exprime la transformation exprimée par le rêve ; on relève également deux locutions verbales équivalentes : « ferait place » et « viendrait remplacer ». Le présent du conditionnel est employé dans sa valeur modale et non temporelle : il s’agit d’une hypothèse, d’une projection imaginaire sur le futur. C’est toute la différence entre le rêve d’Alice, au mode indicatif (certitude), et celui de sa grande sœur toujours consciente du caractère onirique de la transformation. Ce verbe et ces expressions lient le monde réel et le monde merveilleux en proposant une explication du rêve. Le rêve est une image déformée de la réalité : par exemple, « le tintement des sonnailles des moutons » devient, dans le rêve d’Alice, « le cliquetis des tasses » chez le Lièvre de Mars. Ces explications démystifient le récit mais n’enlèvent rien à son aspect merveilleux, car tous les phénomènes racontés par Lewis Carroll ne trouvent pas leur explication dans les bruits de la nature et de la ferme. On pourra étudier, en s’appuyant sur la question 12, le parallélisme syntaxique de part et d’autre du verbe attributif. Un jeu de correspondances est installé entre les deux mondes et l’on pourrait y voir une représentation imagée d’une fonction, au sens mathématique du terme. Mais la mise en relation d’un point à son image n’est pas une notion abordée par le programme de mathématiques en 6e. ao L’expression « tintement des sonnailles des moutons » est attribut du sujet « le cliquetis des tasses à thé ». L’expression « la clameur confuse de la basse-cour » est attribut du sujet « tous les autres bruits bizarres ». ap

MONDE RÉEL MONDE IMAGINAIRE le « tintement des sonnailles des moutons » « le cliquetis des tasses à thé » « la clameur confuse de la basse-cour affairée » « les cris aigus de la Reine à la voix du jeune

berger… et l’éternuement du bébé, le cri strident du Griffon et tous les autres bruits bizarres »

« le meuglement du bétail » « les gros sanglots de la Simili-Tortue » aq Certains éléments (soulignés) ne sont évoqués que dans leur aspect réel : « l’herbe ne frémirait plus qu’au vent, et la mare ne se riderait plus qu’au mouvement des roseaux ». Cette double expression exprime l’infériorité du réel par rapport au rêve grâce à la tournure adverbiale restrictive « ne […] que ». L’adjectif qualificatif péjoratif « morne » va dans ce sens, ainsi que la mise en parallèle d’éléments prosaïques (moutons, basse-cour, bétail) et de personnages hors du commun (la Reine, le Griffon, la Simili-Tortue).

Étudier la conclusion du récit

ar On relève : « que vous venez de lire ». La proposition est une subordonnée relative complément de l’antécédent « étranges Aventures » et le pronom « vous » est un pronom personnel. L’intrusion d’auteur et l’adresse au lecteur constituent des indices d’une conclusion imminente. as La sœur d’Alice est absente du rêve de la petite fille mais elle était là au tout début du récit, avant qu’Alice ne glisse dans l’engourdissement du sommeil. Le fait de la retrouver dans le dernier chapitre montre qu’il s’agit de la fin de l’histoire, comme si le récit revenait à son point de départ. Le dernier paragraphe d’Alice au pays des merveilles se déporte par rapport au corps du récit centré sur le rêve du personnage éponyme. Les yeux de la jeune fille sont « clos », et on pourrait croire qu’elle va à son tour voyager au pays des merveilles. Mais il ne s’agit plus d’un rêve, seulement d’une rêverie consciente et contrôlée (le conditionnel, la mise en parallèle du réel et de l’onirique) ; il ne s’agit plus d’Alice, mais de sa sœur aînée.

Alice au pays des merveilles – 19

bt Après nous avoir donné, dans le miroir déformant du pays des merveilles, une image négative des adultes, l’auteur nous présente une image positive de l’enfance. On peut relever des termes mélioratifs qui s’y rapportent : « le cœur simple et aimant de son enfance », « heureux jours d’été ». Le tableau final marque une sorte d’atemporalité. Alice a grandi (pour de vrai cette fois-ci) ; elle est devenue « femme adulte », mais le temps ne l’a pas marquée, comme l’indique le verbe garder (« et comment elle garderait, à travers toutes ses années de maturité, le cœur simple et aimant de son enfance »). D’ailleurs, la scène finale où l’on voit Alice rassemblant « autour d’elle d’autres petits enfants » nous rappelle le moment où celle-ci a raconté à sa sœur son rêve et nous fait penser également au conteur Lewis Carroll s’adressant à la petite Alice Liddell.

Lire L’image

bk Les éléments rassemblés sur le dessin expriment le passage du rêve à la réalité. On voit les animaux présents au procès : le Lapin Blanc à droite, par exemple, ou Bill le Lézard entre les pieds d’Alice. Mais le Lapin est devenu un lapin ordinaire, puisqu’il n’a plus son gilet et sa montre. On note sa position intermédiaire entre la verticalité humaine (cf. l’image, p. 96) et la position animale : nous sommes bien à un moment charnière. De façon plus nette, les cartes à jouer marquent le passage au réel, car on ne retrouve plus trace de leur vie au pays des rêves ; seules deux figures apparaissent, peut-être le Roi et la Reine de Cœur, mais rien ne permet vraiment de les distinguer des autres cartes. Le mouvement exprime lui aussi ce moment de transition : on remarque une forme circulaire, un tourbillon autour d’Alice. De plus, ce mouvement peut difficilement s’expliquer de manière réaliste, car les cartes semblent douées d’une autonomie et l’on pense même à un mouvement ascendant, du fait qu’Alice est légèrement inclinée en arrière. L’attitude d’Alice qui prend un air fâché ou inquiet et qui se protège, ainsi que ses cheveux en désordre laissent imaginer une scène violente ; on retrouve ce même affolement chez les animaux qui fuient comme si un danger les menaçait (les ailes de l’Oie, la queue du Lézard, le bond du Lapin).

À vos plumes !

bl Ce sujet s’appuie sur la fin d’Alice au pays des merveilles, lorsque la sœur d’Alice propose des explications au rêve de cette dernière : le tintement des clochettes au cou des moutons est devenu le bruit des tasses chez le Lièvre de Mars. On demandera aux élèves de veiller à établir une correspondance précise entre les deux univers. Si l’on souhaite travailler sur le récit au passé, on pourra demander à ce que le premier texte soit au présent et le second au passé. Il est possible également de demander aux élèves de relever quelques groupes nominaux dans l’un de leurs textes et d’en étudier la composition grammaticale en s’appuyant sur le travail qui a été fait plus haut. bm Il s’agit ici de mener une réflexion sur l’autorité et la justice de la façon qui concerne le plus les élèves. La double distance qu’introduit Lewis Carroll en transposant le problème dans le monde des rêves et dans celui des adultes (la Reine fait partie du monde des cartes et des adultes) est abolie dans le sujet, et les élèves sont invités à réfléchir à leur propre attitude face à cette question.

R e t o u r s u r l ’ œ u v r e ( p p . 1 0 5 à 1 0 8 )

u On associe : 1b, 2e, 3c, 4a, 5d. v On associe : 1e, 2d, 3b, 4c, 5b, 6c, 7b, 8c, 9a, 10c w 1) « Qu’on décapite celui-ci ! Qu’on décapite celle-là ! » : la Reine. 2) « Réveille-toi, Alice chérie ! » : la sœur d’Alice. 3) « Ma Chère ! j’aimerais que vous fassiez éliminer ce chat ! » : le Roi. 4) « Mais que fabriquez-vous donc ici, Marie-Anne ? » : le Lapin Blanc. 5) « Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau ? » : le Chapelier. 6) « Un côté vous fera grandir et l’autre côté vous fera rapetisser » : la Chenille. 7) « Vous n’êtes qu’un paquet de cartes ! » : Alice. 8) « […] nous sommes tous fous par ici. Je suis fou. Vous êtes folle » : le Chat du Cheshire. 9) « Oh ! là ! là ! Oh ! là ! là ! Je vais être en retard ! » : le Lapin Blanc.

Réponses aux questions – 20

10) « Ah, ma Dinah chérie, si seulement tu pouvais être ici avec moi ! » : Alice. 11) « Vous êtes un serpent, pas la peine de le nier » : le pigeon. 12) « Prenez donc un peu de vin » : le Lièvre de Mars. x Les événements apparaissent dans l’ordre suivant : h, c, j, f, a, e, i, d, b, g. y Les mots ou expressions à ajouter sont en gras et soulignés : a) « – Point du tout ! intervint le Chapelier. Vous pourriez tout aussi bien affirmer que “Je vois ce que je mange” est la même chose que “Je mange ce que je vois” ! – Vous pourriez aussi bien dire, renchérit le Lièvre de Mars, que “J’aime ce que j’obtiens” est la même chose que “J’obtiens ce que j’aime” ! » – Vous pourriez tout aussi bien dire, surenchérit le Loir, qui semblait parler dans son sommeil, que “Je respire quand je dors” est la même chose que “Je dors quand je respire” ! » b) « Un peu plus de thé ? proposa le Lièvre de Mars à Alice avec le plus grand sérieux. – Je n’en ai pas encore eu, répliqua Alice sur un ton offensé, de sorte que je ne saurais en prendre plus. – Vous voulez dire que vous ne sauriez en prendre moins, dit le Chapelier. Il est très facile de prendre plus que rien. » c) « Soucieuse de ne pas offenser le Loir une fois encore, Alice prit la parole avec grande précaution : “Mais je ne comprends pas. D’où tiraient-elles la mélasse ? – On peut bien tirer de l’eau d’un puits d’eau, dit le Chapelier ; je pense donc qu’on peut tirer de la mélasse d’un puits de mélasse… pas vrai, nunuche ? – Mais elles se trouvaient dans le puits, dit Alice à l’adresse du Loir, jugeant préférable d’ignorer ce dernier qualificatif. »

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P R O P O S I T I O N D E S É Q U E N C E D I D A C T I Q U E

QUESTIONNAIRE ÉTUDE DE LA LANGUE TECHNIQUE LITTÉRAIRE EXPRESSION ÉCRITE

1 (Chapitre 1) • La ponctuation. • Les paroles rapportées. • Les propositions. •� Le verbe et son sujet.

• Étude d’un personnage. • Merveilleux et surnaturel. •� Un style simple. • Le destinataire d’un texte.

• Transposition du récit en introduisant une variation.

2 (Chapitre 4) •� Les types de phrases. • Les classes grammaticales. • Modes et temps (identification). • Valeur de l’impératif.

•� Étude d’un personnage. •� Étude des relations entre les personnages : la notion de « conflit ».

•� Imitation du récit et du style. • Du récit à la réflexion : la fonction didactique du récit.

3 (Chapitre 7) • Les compléments circonstanciels et leur rôle. • Les valeurs des temps du passé. • Le présent de l’énonciation.

•� L’organisation du récit. • L’insertion du dialogue dans le récit. • La présence de l’auteur dans son récit.

• Le récit au passé. • L’insertion du dialogue. • Réflexion sur le temps à la manière de Lewis Carroll.

4 (Chapitre 8) • L’adjectif qualificatif et ses fonctions. • Style direct et style indirect.

• Le merveilleux. • Le discours argumentatif.

• Composition d’un récit mêlant merveilleux et réalisme.

5 (Chapitres 11 et 12) •� Le champ lexical de la justice. •� Verbes introducteurs ; approche de la notion de « modalisation ». • Le groupe nominal et ses constituants : le complément du nom. • Les mots de la même famille (noms et verbes correspondants) ; difficultés orthographiques relatives. • L’attribut du sujet et son rôle.

• La transition entre deux étapes d’un récit. • La conclusion du récit. • Les intrusions d’auteur et l’adresse au lecteur.

•� Transposition d’un texte rédigé par l’élève lui-même. •� Réflexion sur la justice et le pouvoir.

Exploitation du groupement de textes – 22

E X P L O I T A T I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S

Les textes réunis dans le groupement font écho au récit de Lewis Carroll en présentant des mondes dont le dénominateur commun est la fantaisie. Des phénomènes invraisemblables se produisent, des personnages improbables sont mis en scène. Les auteurs nous emmènent loin des contraintes du réel, tout en nous incitant à réfléchir sur ce dernier. Différentes perspectives peuvent être abordées…

◆ En complément de certains passages d’Alice au pays des merveilles • La modification de la taille des personnages : Rabelais (Gargantua), Perrault (« Le Maître Chat ou le Chat botté »). Comme dans le récit de Lewis Carroll, le changement de taille a une fonction divertissante, dans la mesure où se produit un phénomène impossible dans le réel. Certes, grandir est une fonction que nous connaissons, mais la rapidité avec laquelle la croissance – ou le rétrécissement – se produit est de l’ordre du surnaturel. • La métamorphose des objets ou des personnes : c’est un phénomène récurrent dans les contes. On le retrouve ici dans les textes de Perrault et de Grimm (le toit est en biscuits). Comme la modification de taille, la métamorphose existe dans la nature (la chenille en papillon, par exemple) ; c’est la rapidité ou le caractère invraisemblable (une maison couverte de gâteaux ne serait pas à l’abri des intempéries) de la métamorphose qui sont mis en avant. • La gourmandise est présente dans le conte de Grimm et chez Rabelais ; elle est, comme dans Alice, un élément qui fait progresser l’histoire. Elle est associée à l’enfance chez Lewis Carroll et chez Grimm mais pas chez Rabelais. Dans tous les cas, elle est liée au plaisir, et c’est bien la fonction première de la fantaisie également. • Une réflexion sur l’autorité et sur l’arbitraire : le texte d’Alfred Jarry. • Les mathématiques et la logique ont leur place dans le récit de Lewis Carroll comme dans le poème de Jules Supervielle.

◆ Les ressorts de la fantaisie • Les hyperboles sont récurrentes dans les textes. Tout semble exagéré pour mieux s’écarter d’un réel mesuré et contraint. On pourra évoquer le gigantisme de Gargantua, l’appétit d’Hänsel et Gretel, l’autorité du Père Ubu… Dans le détail, on pourra s’intéresser aux nombres, par exemple, dans l’extrait de Candide ou à la figure de la répétition dans la scène d’Ubu Roi. • L’inversion : le Père Ubu est devenu roi chez Jarry et les nobles lui sont soumis ; chez Voltaire, on salue le roi en l’embrassant « des deux côtés » ; les pèlerins ne sont plus que des limaces chez Rabelais ; l’inanimé mathématique s’anime dans le poème de Supervielle… On pourrait aussi ajouter des scènes du théâtre de Molière, où les valets affirment leur pouvoir (la scène où Scapin enferme son maître dans un sac et lui donne des coups de bâton, par exemple), ou évoquer Quasimodo devenu « pape des fous » en raison de sa laideur au début de Notre-Dame de Paris. L’inversion inhérente au carnaval et à la fête est un des ressorts de la fantaisie. • Les rapprochements inattendus : Perrault rapproche un chat et des bottes, un ogre, un lion et une souris ; les frères Grimm associent la confiserie et l’architecture ; et l’exemple le plus étonnant est sans doute l’« Inventaire » de Jacques Prévert, dans lequel la présence des « ratons-laveurs » (cf. le poème intégral) n’est pas sans rappeler celles du Lièvre de Mars et du Loir. La liberté règne au pays de la fantaisie. • Le plaisir est sans doute le maître mot de la fantaisie. Il est associé à la liberté de se comporter comme on le souhaite, sans se soucier de ce qui se fait ou ne se fait pas. La gourmandise (cf. plus haut) en est un élément ; l’excitation du Père Ubu en est une autre forme, perverse cette fois-ci ; le déploiement de l’inventaire chez Prévert procure aussi le plaisir grisant de la liberté.

Alice au pays des merveilles – 23

◆ Les fonctions de la fantaisie • Si le plaisir est un des principes de la fantaisie, il peut aussi en être une des finalités. • Une réflexion sur la relativité des repères. Dans Alice comme avec les géants de Rabelais, le lecteur apprend à relativiser ses vérités. Tout est affaire de repères. • Une réflexion sur le pouvoir et la liberté. Le pays de la fantaisie est justement le pays de la liberté, et c’est l’occasion pour des auteurs comme Lewis Carroll ou Alfred Jarry de présenter une réflexion sur la liberté et sur le pouvoir. Dans les deux cas, la liberté absolue de la fantaisie débouche sur l’arbitraire d’un pouvoir : celui de la Reine de Cœur ou celui du Père Ubu. • Une réflexion sur la liberté et le langage. Lewis Carroll, Jules Supervielle et Jacques Prévert jouent avec le langage, affranchissent les mots des dures lois de la réalité et montrent que, grâce à cette liberté de l’artiste, les poètes exercent un pouvoir sur leurs lecteurs.

Pistes de recherches documentaires – 24

P I S T E S D E R E C H E R C H E S D O C U M E N T A I R E S

Articulées autour de la lecture du récit de Lewis Carroll, plusieurs recherches documentaires peuvent être entreprises selon des perspectives très variées : • Les animaux dans la littérature et au cinéma. • Les formes et les fonctions de la personnification dans la littérature et au cinéma. Comme pour la piste précédente, on pensera notamment aux fables et aux films d’animation. • Les métamorphoses dans la nature (en lien avec le cours de SVT) et dans la littérature. • Caractéristiques et fonctions de la littérature de jeunesse. On pourra, par exemple, partir de la devise de la revue de Jules Hetzel, l’éditeur de Jules Verne : « Éducation et récréation ». • La représentation du pouvoir : La Fontaine, bien sûr, et l’image ambivalente qu’il donne de Louis XIV ; Montesquieu dans ses Lettres persanes ; Jarry ; Anouilh (Antigone) ; Ionesco… • L’expression de la liberté dans l’art.

Alice au pays des merveilles – 25

B I B L I O G R A P H I E C O M P L É M E N T A I R E

– Jean Gattégno, L’Univers de Lewis Carroll, José Corti, 1970 (thèse de doctorat d’État), 1990 (réédition augmentée). – Jean Gattégno, Lewis Carroll : une vie, coll. « Points », Seuil, 1974. – Morton N. Cohen, Lewis Carroll : une vie, une légende, trad. de Laurent Bury, coll. « Littératures », Autrement, 1998. – Cahier de l’Herne consacré à « Lewis Carroll » (n° 17), dirigé par Henri Parisot, Herne, 1987.