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78 © Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5 e – Livre Ressources THÈME 3 IMAGINER DES UNIVERS NOUVEAUX Approcher des univers imaginaires n’est pas une terre inconnue pour les élèves. Dans les anciens programmes, ils ont pu étudier les contes en 6 e . Avec ceux du cycle 3 en vigueur désormais, ils vont avoir l’occasion, en CM1/CM2, de « se confronter au merveil- leux, à l’étrange ». En 6 e , ils se seront familiarisés avec les monstres. Qu’apporte alors ce thème en 5 e ? Sous quel angle l’aborder ? Ce qu’il convient de faire, c’est tout d’abord d’en comprendre la cohérence : contes merveilleux, récits merveilleux, utopies, romans d’anticipation ont plusieurs points communs. En premier lieu, ces textes emportent dans une fiction qui, non seulement ne cherche pas à donner une impression de réel, mais qui propose, au contraire, une réalité qui n’existe pas et dans laquelle on s’évade en toute connaissance de cause, dans la pleine acceptation de ses « codes d’accès ». Identifier les caractéristiques de ces codes est déjà une manière d’entrer dans la spécificité des genres et aussi de comprendre la diversité des formes que peuvent prendre ces récits imaginaires. De manière simple, il est ainsi possible de faire accéder les élèves à des notions très littéraires seulement par l’observation de certains indices remarquables. Ensuite, ils font appel au propre imaginaire des lecteurs, en sollicitant leur faculté d’imagination, de projection créatrice à travers la lecture. Se représenter ce que l’on n’a jamais vu puise nécessairement dans ses propres capacités à se laisser porter par les mots, pour se projeter dans ce qui n’existe pas. Continuer à développer la sensibilité des collégiens est essentiel, et pas seulement lors d’une séquence consacrée à la poésie. Mais la mise en lien de ces différents types de récits doit aussi permettre une forme de réflexion au plein sens du terme : outre le plaisir de l’évasion dans des univers imaginaires, que nous apprennent ces textes sur le monde qui est le nôtre, comment nous aident-ils à nous poser des questions sur nous-mêmes, sur l’avenir, la société ? Comment nous font-ils inventer non seulement ce qui n’existe pas mais, surtout, ce qui n’existe pas encore, soit pour l’éviter, soit pour le rendre possible ? Lire un conte merveilleux dans son intégralité, a fortiori un conte riche d’intertextualité comme l’est celui de Madame d’Aulnoy La Belle aux cheveux d’or, c’est reconnaitre à des signes précis ce qui relève du merveilleux, et en comprendre la présence à des moments-clés du récit. C’est également se rendre compte que ce merveilleux n’est pas seulement l’occasion d’une évasion plai- sante dans un univers où l’impossible devient possible, c’est comprendre que le merveilleux est révélateur de situations dont on interprète le sens et dont on tire une leçon à la fin du conte. La beauté est liée à la bonté, et la richesse ne peut pas tout, le roi le découvrira à ses dépens. Discours de vie, parcours initiatique sur les chemins de l’imaginaire, c’est la voie que choisit Lewis Carroll pour faire grandir Alice, c’est le voyage de Nils Holgersson qui s’arrache à sa propre enfance et à ses caprices parfois cruels. Dans l’univers de l’utopie, Gulliver tente de rester lui-même dans un monde où, au sens propre, il n’est pas à sa place. L’anticipation, que traite magistralement Jules Verne, est aussi l’occasion de mettre la science au cœur de la littérature. C’est à partir de cette réflexion sur le pouvoir de l’homme sur le monde et la nature qu’il est possible, même sans être rompu aux règles de l’argumentation, de regarder le monde d’aujourd’hui et de commencer à en comprendre les enjeux qui seront approfondis en classe de 3 e . Se laisser emporter dans l’imaginaire, rencontrer ce que la réalité ne peut jamais nous donner, c’est comprendre le pouvoir de la lecture, découvrir le plaisir de faire vivre l’impossible ; c’est aussi prendre du recul pour revenir vers la réalité quotidienne avec l’envie d’autant plus forte de la regarder en face. Anticiper, s’évader pour mieux s’y confronter.

IMAGINER DES UNIVERS NOUVEAUX - Editions …c4-5e.jdl.site.magnard.fr/.../9782210106246_ldp_th03.pdfLewis Carroll pour faire grandir Alice, c’est le voyage de Nils Holgersson qui

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78 © Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

THÈME 3

IMAGINER DES UNIVERS NOUVEAUX

Approcher des univers imaginaires n’est pas une terre inconnue pour les élèves. Dans les anciens programmes, ils ont pu étudier les contes en 6e. Avec ceux du cycle 3 en vigueur désormais, ils vont avoir l’occasion, en CM1/CM2, de « se confronter au merveil-leux, à l’étrange ». En 6e, ils se seront familiarisés avec les monstres. Qu’apporte alors ce thème en 5e ? Sous quel angle l’aborder ?

Ce qu’il convient de faire, c’est tout d’abord d’en comprendre la cohérence : contes merveilleux, récits merveilleux, utopies, romans d’anticipation ont plusieurs points communs.

▶ En premier lieu, ces textes emportent dans une fi ction qui, non seulement ne cherche pas à donner une impression de réel, mais qui propose, au contraire, une réalité qui n’existe pas et dans laquelle on s’évade en toute connaissance de cause, dans la pleine acceptation de ses « codes d’accès ». Identifi er les caractéristiques de ces codes est déjà une manière d’entrer dans la spécifi cité des genres et aussi de comprendre la diversité des formes que peuvent prendre ces récits imaginaires. De manière simple, il est ainsi possible de faire accéder les élèves à des notions très littéraires seulement par l’observation de certains indices remarquables.

▶ Ensuite, ils font appel au propre imaginaire des lecteurs, en sollicitant leur faculté d’imagination, de projection créatrice à travers la lecture. Se représenter ce que l’on n’a jamais vu puise nécessairement dans ses propres capacités à se laisser porter par les mots, pour se projeter dans ce qui n’existe pas. Continuer à développer la sensibilité des collégiens est essentiel, et pas seulement lors d’une séquence consacrée à la poésie.

▶ Mais la mise en lien de ces diff érents types de récits doit aussi permettre une forme de réfl exion au plein sens du terme : outre le plaisir de l’évasion dans des univers imaginaires, que nous apprennent ces textes sur le monde qui est le nôtre, comment nous aident-ils à nous poser des questions sur nous-mêmes, sur l’avenir, la société ? Comment nous font-ils inventer non seulement ce qui n’existe pas mais, surtout, ce qui n’existe pas encore, soit pour l’éviter, soit pour le rendre possible ?

▶ Lire un conte merveilleux dans son intégralité, a fortiori un conte riche d’intertextualité comme l’est celui de Madame d’Aulnoy La Belle aux cheveux d’or, c’est reconnaitre à des signes précis ce qui relève du merveilleux, et en comprendre la présence à des moments-clés du récit. C’est également se rendre compte que ce merveilleux n’est pas seulement l’occasion d’une évasion plai-sante dans un univers où l’impossible devient possible, c’est comprendre que le merveilleux est révélateur de situations dont on interprète le sens et dont on tire une leçon à la fi n du conte. La beauté est liée à la bonté, et la richesse ne peut pas tout, le roi le découvrira à ses dépens. Discours de vie, parcours initiatique sur les chemins de l’imaginaire, c’est la voie que choisit Lewis Carroll pour faire grandir Alice, c’est le voyage de Nils Holgersson qui s’arrache à sa propre enfance et à ses caprices parfois cruels. Dans l’univers de l’utopie, Gulliver tente de rester lui-même dans un monde où, au sens propre, il n’est pas à sa place. L’anticipation, que traite magistralement Jules Verne, est aussi l’occasion de mettre la science au cœur de la littérature. C’est à partir de cette réfl exion sur le pouvoir de l’homme sur le monde et la nature qu’il est possible, même sans être rompu aux règles de l’argumentation, de regarder le monde d’aujourd’hui et de commencer à en comprendre les enjeux qui seront approfondis en classe de 3e.

▶ Se laisser emporter dans l’imaginaire, rencontrer ce que la réalité ne peut jamais nous donner, c’est comprendre le pouvoir de la lecture, découvrir le plaisir de faire vivre l’impossible ; c’est aussi prendre du recul pour revenir vers la réalité quotidienne avec l’envie d’autant plus forte de la regarder en face. Anticiper, s’évader pour mieux s’y confronter.

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THEME 3 IMAGINER DES UNIVERS NOUVEAUX

PARCOURS UN GENRE Le merveilleux dans le conte p. 122 à 133

OBJECTIFS ET DÉMARCHES DU PARCOURS

Présentation ▶ L’objectif de ce parcours est de réfl échir à la notion de genre littéraire et de faire ressortir la spécifi cité du conte de fées, le merveilleux, et les procédés littéraires qui lui sont propres.

Problématique générale ▶ Comment défi nir le merveilleux d’un monde, d’un personnage, d’un évènement ? Que permet le détour par le monde merveilleux ?

Présentation de la progression et du choix des œuvres/extraits ▶ La fi n du XVII e siècle se passionne pour le conte de fées. Avec Charles Perrault et M me d’Aulnoy, les contes de la tradition orale acquièrent le statut de genre littéraire : ce sont dorénavant dans les salons mondains des précieuses qu’ils font fureur. Les auteurs, principalement des femmes – citons M lle l’Héritier (la nièce de C. Perrault), M me Leprince de Beaumont, célèbre auteure de La Belle et la Bête – voient leur œuvre compilée au siècle suivant dans les quarante et un volumes de la Bibliothèque des fées . ▶ Le choix du texte intégral s’est porté sur La Belle aux cheveux d’or, un conte écrit par M me d’Aulnoy, femme de lettres du XVII e siècle qui mena une vie tumultueuse : accusée d’avoir fait assassiner son mari, elle vécut en Espagne où elle joua peut être le rôle d’agent secret, avant de revenir en France. Ce conte, riche en rebondissements et moins linéaire que d’autres, nous a paru convenir davantage au niveau de la classe de 5e. En eff et, sa structure en miroir a une fonction d’appel et de rappel et il fourmille de clins d’œil littéraires et d’emprunts à des genres diff érents : contes, texte sacré, épopée ou roman. N’oublions pas que M me d’Aulnoy était lue par les personnes cultivées et faisait appel à leur intelligence (du latin intellego, « mettre en rapport, relier »). ▶ Le parcours propose aussi à deux reprises de partir des connaissances des élèves pour mieux les approfondir : 1) en ouverture : l’activité ludique d’association de contes et de conteurs ; 2) en clôture : les extraits de trois contes d’Andersen, Le Vilain Petit Canard , La Petite Fille aux allumettes et La Petite Sirène, font réfl échir à la façon dont l’auteur emploie le merveilleux pour critiquer les mœurs et la société de son époque.

Défi nition des objectifs pédagogiques ▶ Ce parcours invite à : – Comprendre la spécifi cité du merveilleux ; – Savoir distinguer les diff érentes parties d’un conte ; – S’exercer à repérer une structure narrative pour l’imiter ; – Travailler le raisonnement par induction et par déduction ; – Acquérir une culture littéraire variée.

ORGANISATION DU PARCOURS ET CHOIX DES AXES DE LECTURE

1. Une princesse admirable – L’échec d’une demande en mariage

● Pistes didactiques Il s’agit de repérer les caractéristiques du merveilleux concer-nant le cadre ou les personnages, pour conduire les élèves à élaborer une défi nition de ce terme.

● Proposition d’hypothèse de lecture Pourquoi le conte est-il merveilleux ?

2. Infortune et hasard heureux – Les trois rencontres merveilleuses

● Pistes didactiques Le texte (p. 124) met l’accent sur le caractère d’Avenant et permet d’expliquer son attitude lors des rencontres. Dans le second texte, les répétitions (trois rencontres de trois étapes) facilitent le repérage de la structure et ainsi sa reproduction par les élèves.

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● Proposition d’hypothèse de lecture De la bonté en paroles et en actes : voir la concordance entre le caractère et le comportement d’Avenant.

3. Première rencontre avec la Belle

● Pistes didactiques On peut rapprocher ce texte du bilan de la p. 123 ; il permet de conforter l’idée que la Belle et Avenant sont faits l’un pour l’autre. Les allusions littéraires contenues dans la description des lieux et du comportement de la Belle renvoient au monde du conte oriental ou européen.

● Proposition d’hypothèse de lecture Comment les références littéraires enrichissent-elles le texte ?

4. Les trois épreuves imposées par la Belle

● Pistes didactiques La construction en miroir est mise en évidence dans les trois épreuves qui renvoient aux trois rencontres. On note une gra-dation dans ces épreuves. Avenant a de moins en moins de chances de réussir : il aff ronte le danger (la noyade) puis la peur face au monstre et enfi n la mort dans la grotte infernale. Les clins d’œil littéraires (Le Chat Botté, l’ Odyssée , le mythe d’Amour et Psyché dans l’ Âne d’or , l’ Ancien Testament ) que

tous les lecteurs de M me d’Aulnoy avaient à l’esprit invitent à considérer la littérature comme un jeu en société. On peut aussi amener l’idée de palimpseste.

● Proposition d’hypothèses de lecture – Le parallélisme (trois rencontres – trois épreuves) comme structure et rythme du récit ; – La part du merveilleux dans la résolution des épreuves ; – Les sources d’inspiration et leur réécriture.

5. Un retournement inespéré

● Pistes didactiques Cette première fi n est à rapprocher du texte p. 124, « Infor-tune et hasard heureux ».

● Proposition d’hypothèse de lecture Comment le revirement de situation fait-il progresser le récit ?

6. Une fi n digne d’un conte merveilleux

● Pistes didactiques Ce dernier texte fait travailler les intentions d’un texte : le conte permet de divertir et d’instruire (cf. placere et docere ).

● Proposition d’hypothèse de lectureComment le conte prépare-t-il la morale ?

CORRIGÉS DES QUESTIONNAIRES ET DES EXERCICES

Associez chaque conte à son auteur p. 122

Pistes didactiques

Cette activité d’entrée dans le parcours réactualise les connais-sances des élèves. Partir d’éléments connus permet d’aborder plus facilement un texte long. • La Belle au bois dormant : Charles Perrault, Jacob et Wilhelm Grimm • La Princesse au petit pois : Hans Christian Andersen • Les Contes du chat perché : Marcel Aymé • Le Petit Poucet : Charles Perrault, • Le Vieux Grand-Père et son Petit-Fils : Jacob et Wilhelm Grimm • Le Chat botté : Charles Perrault • Blanche-Neige : Jacob et Wilhelm Grimm • Contes d’ailleurs et d’autre part : Pierre Gripari • Cendrillon : Charles Perrault, Jacob et Wilhelm Grimm • La Clé d’or : Jacob et Wilhelm Grimm • La Petite Fille aux allumettes : Hans Christian Andersen • Le Petit Chaperon rouge : Charles Perrault, Jacob et Wilhelm Grimm • La Petite Sirène : Hans Christian Andersen • Contes de la rue Broca : Pierre Gripari

1. Une princesse admirable – L’échec d’une demande en mariage

Une princesse admirable p. 122

Le merveilleux dans la situation initiale 1. Non, ni le lieu ni l’époque ne sont précis. Cela permet de laisser libre cours à l’imagination du lecteur ; de plus, cette imprécision généralise la portée du conte : cette histoire pourrait arriver n’importe où et n’importe quand. 2. Les cheveux de la Belle la rendent hors du commun : « plus fi ns que de l’or, et blonds par merveille, tout frisés, qui lui tom-baient jusque sur les pieds » (l. 4-6). 3. On éprouve de l’amour dès qu’on la voit : « qu’on ne pouvait la voir sans l’aimer » (l. 9-10).

L’échec d’une demande en mariage p. 123

Un élément déclencheur entre réalité et merveilleux Entrer dans la lecture . Les trois personnages principaux sont la Belle, le roi et Avenant. 1. La formule de début de conte « Il y avait » est utilisée à deux endroits, aux lignes 1 et 26. Elle reprend la formule d’entrée : « Il y avait une fois ». 2. Le roi n’est pas aussi admirable que la princesse. Il a des qualités : il est « bien fait et bien riche » (l. 2) mais cela ne fait pas de lui un être hors du commun, comme la Belle. Qui plus est, il a des défauts : déçu par la réponse de la Belle, il pleure « comme un enfant : on le consolait sans en pouvoir venir à bout. » (l. 24-25).

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3. Pour obtenir la main de la princesse, il veut impressionner celle-ci en attelant à un « carrosse magnifi que », « plus de cent chevaux et cent laquais » (l. 5-6), et lui off re de riches présents, dont des pierres précieuses « les beaux diamants » (l. 20) qui, l’espère-t-il, seront à la hauteur de sa beauté. 4. C’est Avenant qui a des qualités comparables à celles de la Belle : qualités physiques (« était beau comme le soleil, et le mieux fait de tout le royaume », l. 26-27) et morales (« à cause de sa bonne grâce et de son esprit, on le nommait Avenant », l. 27-28). Tout comme la Belle, les gens l’aiment : « Tout le monde l’aimait, hors les envieux » (l. 28). 5. Une princesse nommée la Belle aux cheveux d’or refuse la demande en mariage d’un roi. Bilan 6. La princesse et Avenant sont des personnages mer-veilleux car ils ont des qualités physiques hors du commun, et provoquent, comme par magie, un sentiment d’amour chez ceux qu’ils rencontrent, contrairement au roi qui, malgré ses eff orts, reste un homme comme les autres.

▶ Graine de savoir 1. On peut amener les élèves à jouer des quiproquos. 2. On attend deux mots dans une phrase pour les élèves en diffi culté ou deux phrases avec un seul mot. 3. C’est une histoire incroyable, invraisemblable.

2. Infortune et hasard heureux – Les trois rencontres merveilleuses

Infortune et hasard heureux p. 124

▶ À l’oral : Imaginer par l’image Partir de la description des images (p. 124) permet d’aborder rapidement le texte (p. 125). 1. Avenant sauve une carpe, 2. Avenant sauve un corbeau, 3. Avenant sauve un hibou.Proposition d’oral : imaginer à partir d’une image la rencontre entre Avenant et un animal.

Les trois rencontres merveilleuses p. 125

Avenant et les rencontres merveilleuses 1. Dans son malheur, Avenant a la chance de son côté : jeté en prison à cause des médisances des envieux et maltraité (l. 10-14), le hasard (l. 17) fait que le roi entend ses soupirs (l. 16-17) et, pris de pitié, le libère. 2. Bien qu’emprisonné par ordre du roi, Avenant ne change pas d’attitude envers lui : il continue à l’apprécier et à le res-pecter : « Il n’a point de sujet qui lui soit plus fi dèle que moi, je ne l’ai jamais off ensé. » (l. 16-17). Oui, il en est récompensé car il est libéré de prison, mais il doit accomplir une tâche diffi cile pour le roi : convaincre la Belle de se marier avec ce dernier. 3. Avenant fait penser à un poète, un écrivain : il a un « écri-toire » (l. 4) et s’arrête pour mettre par écrit ses pensées. Les expressions « quelque belle pensée » (l. 4-5) et « pensée fort jolie » (l. 8) indiquent qu’il est doué. 4. Les rencontres d’Avenant : 1) Il rencontre une carpe qui s’étouff e sur terre. Il pourrait pas-ser son chemin : il ne voyage pas pour son plaisir mais dans un but précis. Il choisit d’aider la carpe en la remettant dans l’eau car il en a « pitié » (l. 14). Le poisson le remercie et lui promet de l’aider en retour : « sans vous je serais morte, et vous m’avez sauvée ; je vous le revaudrai » (l. 20).

2) Il rencontre un corbeau pourchassé par un aigle. Il pourrait passer son chemin mais choisit d’aider le corbeau en tuant l’aigle car il éprouve « de la compassion » (l. 26). L’oiseau le remercie et lui promet de l’aider en retour : « je ne demeurerai point ingrat, je vous le revaudrai. » (l. 33). 3) Il rencontre un hibou pris dans un fi let. Il pourrait passer son chemin mais choisit d’aider le hibou en coupant le fi let car il éprouve de la « pitié » (l. 39). L’oiseau le remercie et lui promet de l’aider en retour : « J’ai le cœur reconnaissant, je vous le revaudrai. » (l. 46-47). 5. a. Le fait que les animaux puissent s’exprimer avec un lan-gage humain est surprenant. Ils sont aussi doués de raison et font preuve de politesse, de savoir-vivre et de reconnaissance puisqu’ils promettent de remercier ultérieurement leur sau-veur. b. Avenant n’est pas étonné par le fait que les animaux parlent. Par contre, il est « surpris de l’esprit et de la grande civilité de la carpe. » (l. 22), il admire « le bon esprit du corbeau » (l. 34). Bilan 6. Ces rencontres auront des conséquences positives car les animaux vont, à leur tour, venir en aide au héros. Elles sont merveilleuses car les animaux peuvent parler. Sans le bon cœur d’Avenant (compassion, pitié) les animaux seraient morts.

▶ À l’écrit : Se mettre à la place d’un personnage Ce travail d’imagination peut être réalisé en petits groupes, chaque groupe travaillant sur une des trois parties.

3. Première rencontre avec la Belle

Première rencontre avec la Belle p. 126

L’arrivée au palais féérique 1. « Tout y était admirable » : le palais est rempli de richesse (« l’on y voyait les diamants entassés comme des pierres ; les beaux habits, le bonbon, l’argent ; c’étaient des choses merveilleuses », l. 3-6), le mobilier est somptueux et fait de matériaux précieux : « monta sur son trône d’Or, d’ivoire, et d’ébène » (l. 43-44). 2. La princesse porte des habits resplendissants (« ma grande robe de satin bleu brodée », l. 30-31), prend un soin tout par-ticulier à sa coiff ure (« que l’on éparpille bien mes blonds che-veux ; que l’on me fasse des guirlandes de fl eurs nouvelles », l. 31-34), et tient à apparaitre dans un endroit soigné (« que l’on balaie ma chambre et mon trône » l. 34-35). 3. Elle fait penser à Shéhérazade, la princesse des contes orientaux des Mille et Une Nuits , à cause des matériaux du trône (l’ébène et l’ivoire) qui sont exotiques. L’expression « quinze jours et quinze nuits » pourrait renvoyer au fait que Shéhérazade remette la fi n de ses histoires à la nuit suivante : le récit dure ainsi très longtemps. 4. Avenant est digne d’un tel lieu : il se prépare, fait attention à sa toilette (« Il prit un habit de brocart, des plumes incarnates et blanches ; il se peigna, se poudra, se lava le visage, mit une riche écharpe toute brodée à son cou », l. 8-11). Sa beauté a statufi é les fi lles d’honneur de la princesse : « et tant qu’il est demeuré sous les fenêtres nous n’avons pu rien faire. » (l. 25-27). Bilan 5. C’est la bague qui crée un premier lien entre les personnages, comme dans d’autres récits : Peau d’Âne (C. Perrault), L’Oiseau bleu (M me d’Aulnoy) ou Le Seigneur des Anneaux (que Tolkien considérait comme un conte de fées pour adultes).

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4. Les trois épreuves imposées par la Belle

Première épreuve p. 127

Une première épreuve surmontée 1. Le chien Cabriolle rappelle le Chat Botté car il est doué de parole et vient en aide à son maitre en le réconfortant et en lui donnant de bons conseils : « ne désespérez point de votre bonne fortune : vous êtes trop aimable pour n’être pas heu-reux. Allons, dès qu’il fera jour, au bord de la rivière. » (l. 8-10). 2. Avenant parvient à surmonter la première épreuve grâce à l’aide de la carpe qui plonge dans le lac pour repêcher la bague. 3. La princesse est stupéfaite de voir sa bague : « elle resta si étonnée, qu’elle croyait rêver. » (l. 42-43). En eff et, elle esti-mait cette épreuve insurmontable et s’attendait à voir Ave-nant abandonner et partir : « il vient prendre congé de moi » (l. 36-37). Elle explique d’ailleurs par la magie sa réussite : « il faut que vous soyez favorisé de quelque fée » (l. 44-45). Bilan à l’oral 4. Arguments : Il aurait pu essayer de plonger dans le lac. / Mais une bague est petite et le lac immense. / Mais une bague brille. / Mais elle est recouverte de vase, etc. Ce sont les qualités morales d’Avenant, sa gentillesse, sa bonté qui ont entrainé l’aide de l’animal.

Deuxième et troisième épreuves p. 128-129

▶ Illustrations Pour mettre en évidence la structure du conte, ces trois images peuvent être comparées à celles de la p. 124. On demande par exemple dans la deuxième, qui est la plus expli-cite, de retrouver les personnages et de préciser qui bénéfi cie de l’aide de qui.

Avenant à la rencontre des monstres 1. Deuxième épreuve : Avenant doit tuer un géant qui sème la terreur dans le domaine de la princesse. Avenant le provoque et évite le coup fatal du géant grâce au corbeau qui crève les yeux de son ennemi. Le héros parvient alors à le décapiter. Troisième épreuve : Avenant est chargé de rapporter dans une fi ole de l’eau de beauté de la grotte ténébreuse proté-gée par deux dragons. Il s’apprête à descendre dans la grotte quand le hibou saisit la fi ole et la remplit d’eau. 2. • Diff érences : On peut constater que les épreuves sont de plus en plus dif-fi ciles à surmonter : dans la deuxième épreuve, Avenant doit aff ronter un géant qui risque fort de le tuer, puis il doit aff ron-ter la mort elle-même. Ces épreuves relèvent du merveilleux à cause des monstres (géant, dragons), tandis que trouver une bague au fond d’un lac est faisable (même si c’est plus que diffi cile) dans un monde normal. • Ressemblances : Avenant éprouve de la tristesse et pense échouer. C’est un animal qu’il a sauvé qui vient à son secours et qui l’aide à accomplir son épreuve. 3. Galifron rappelle par sa taille Polyphème et Goliath. • Polyphème est le cyclope que combat Ulysse dans l’épopée d’Homère, l’ Odyssée au chant IX. Polyphème et Galifron sont anthropophages (ils mangent des hommes) : le cyclope tue les compagnons d’Ulysse et les mange, et Galifron « mange un homme comme un singe mange un marron » (l. 10-11). Polyphème et Galifron ont tous deux les yeux crevés, le pre-

mier par Ulysse qui plante un pieu dans son œil unique, le second par le hibou. • Goliath est le géant biblique qu’aff ronte le jeune David lors de la guerre entre les Philistins et les Israélites, menés par le roi Saül : Goliath a refusé de s’incliner devant la puissance de Yahvé et a mis en cause l’autorité du roi Saül. (Samuel, I, 17). Il met au défi et provoque les combattants ennemis tout comme Galifron chante : « Où sont les petits enfants / Que je les croque à belles dents ? » (l. 48-49) et ni David ni Avenant ne se démontent. Galifron et Goliath seront décapités. Par ailleurs, la chanson du géant le rapproche du personnage de l’ogre. 4. L’expression « grotte ténébreuse » rapproche la grotte de la troisième épreuve des Enfers de la mythologie grecque. De plus, dans le mythe Amour et Psyché , la grotte des Enfers est aussi gardée par deux dragons.

La fi n des épreuves p. 130

▶ Graine de savoir Oui : M me d’Aulnoy a repris le type d’épreuve (remplir une fi ole avec une eau magique), l’idée du baume de beauté, le lieu (une caverne inaccessible gardée par deux dragons) et le type d’aide apportée au héros, (un aigle – puis une tour pour Psyché, un hibou pour Avenant). Elle a réuni dans la troisième épreuve de La Belle aux cheveux d’or deux épreuves distinctes d’ Amour et Psyché . Le mythe d’Amour et Psyché se trouve dans le roman Les Métamor-phoses ou L’Âne d’or, écrit au IIe siècle par Apulée, auteur d’ex-pression latine né dans l’actuelle Algérie.

La fi n des épreuves : un retour à la réalité 1. La Belle lui demande de remplir une fi ole d’eau de beauté. 2. Cet élément est caractéristique du merveilleux car dans notre réalité il n’existe pas d’eau qui, comme par magie, confère la santé et la beauté à la personne qui s’en sert. 3. Les quatre étapes sont : 1) La demande ; 2) Le départ d’Ave-nant et son désespoir ; 3) L’aide apportée par le hibou ; 4) Le retour triomphant du héros. 4. Avenant rencontre : • des aides, celles d’animaux (son chien Cabriolle, la carpe, le corbeau et le hibou qu’il a tous trois sauvés de la mort) ; • des obstacles, celles de créatures monstrueuses (Galifron et les dragons). Tous relèvent du merveilleux soit parce qu’ils parlent (ani-maux) soit parce qu’ils n’existent pas dans notre réalité (géant, dragons). 5.

Épreuve imposée par la Belle

Créatures monstrueuses

à vaincre

Aides obtenues par Avenant

1re Trouver une bague

au fond d’un lac

– La carpe

2e Tuer un géant

anthropophage

Galifron Le corbeau

3e Remplir une fi ole

d’une eau de beauté

Les dragons Le hibou

6. L’élève devra étayer sa réponse avec au moins deux argu-ments, quel que soit son choix.

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Bilan à l’oral 7. C’est la princesse qui propose de rompre l’en-gagement fait au roi en proposant le mariage à Avenant : « Si vous aviez voulu, je vous aurais fait roi, nous ne serions point partis de mon royaume » (l. 72-73). Mais le héros reste fi dèle à la promesse faite au roi : « Je ne voudrais pas faire un si grand déplaisir à mon maître » (l. 74-75).

5. Un retournement inespéré p. 131

La fi n du merveilleux ? 1. Ces lignes pourraient clore le conte. C’est la conjonction de coordination « Mais » (l. 5) qui montre le contraire car elle indique une opposition. 2. Ces phrases devraient fi gurer à la fi n du conte. 3. La Belle n’a plus de pouvoir sur le roi : il refuse de faire libé-rer Avenant dont il est jaloux : « tout en pleurs, elle le pria de faire sortir Avenant de prison. Mais plus elle le priait, plus il se fâchait, songeant : “C’est qu’elle l’aime” ; et il n’en voulut rien faire. » (l. 30-32). 4. Une servante casse la fi ole contenant l’eau de beauté et la remplace par une fi ole d’eau mortelle. 5. C’est un malheur pour le roi, car il meurt, mais pas pour la Belle et Avenant, car ils vont pouvoir se marier. Bilan à l’oral 6. Ce revirement de situation amène les retrou-vailles et le mariage entre les deux personnages hors du com-mun et véritablement dignes l’un de l’autre, la Belle et Ave-nant.

6. Une fi n digne d’un conte merveilleux p. 132

Le merveilleux au service de la morale 1. Avenant ne pouvait pas espérer épouser la Belle car il n’est ni roi, ni prince. 2. Cela prouve qu’il est obéissant, fi dèle et qu’il respecte sa parole. 3. La mort du roi le libère de la prison et de la soumission qu’il devait à son suzerain. 4. • Ressemblances : Les deux évènements sont fastueux : « et lui fi t les plus beaux présents du monde. Il l’épousa avec tant de réjouissances que l’on ne parlait d’autre chose. » (l. 3-5, p. 131) et « Il se fi t la plus belle noce du monde » (l. 19-20). • Diff érences : Le couple royal ne vit pas dans le bonheur : la Belle « n’était heureuse que quand elle le voyait » (l. 7, p. 131) tandis que le roi nourrit de la jalousie envers Avenant. À l’inverse, les deux héros vivront « heureux et satisfaits » (l. 21-22). C’est le second mariage qui rend les habitants les plus heureux. 5. Le roi a pu répondre à la beauté véritable de la Belle par une fausse beauté : il a eu besoin d’eau de beauté pour tenter de devenir l’égal de sa femme et pour conquérir son cœur. 6. Les diff érentes qualités d’Avenant sont physiques (la beauté) mais surtout morales (la persévérance, le courage, la fi délité). 7. Lorsque l’on fait preuve de gentillesse, de vertu, de bonté, (le « secours généreux », le « bienfait ») on en est récompensé. Bilan 8. Le conte permet de voyager dans l’imaginaire car il entraine le lecteur dans un monde merveilleux, peuplé de créatures étonnantes ou monstrueuses, où la magie règne. Le caractère fabuleux, extraordinaire des lieux (palais enchan-teur, grotte terrifi ante) et des personnages est aussi attractif.

Cette invitation attrayante au rêve se double d’une invitation à la réfl exion. En eff et, la morale amène le lecteur à réfl échir sur la manière de se conduire dans la vie, aux qualités et aux défauts des hommes et à leurs répercussions. Et le conte mer-veilleux illustre cette leçon.

▶ Graine de savoir • fables ; Jean de La Fontaine. • Oui, cette morale pourrait s’appliquer à La Belle aux cheveux d’or car Avenant a eu besoin de l’aide d’animaux pour réussir ses épreuves.

Activités d’expression

▶ Rédiger un cadavre exquis de contes merveilleux • Mettre les élèves en petits groupes de quatre pour leur faire travailler un schéma narratif qui s’inspire de celui du conte étudié (30 mn) : – situation initiale – élément déclencheur – rencontre (facultatif ) – épreuve – dénouement • Chaque élève écrit sa partie (une dizaine de lignes) au brouil-lon (30 mn) et la corrige à la maison ; • Lecture à la classe des histoires (30 mn) ; • Écriture des contes corrigés, si possible sur ordinateur (30 mn).

▶ Raconter à partir d’un canevas Critères Respect du schéma narratif ; respect du caractère de Petit Nigaud (bonté, altruisme) ; imagination (résolution des épreuves) ; orthographe et syntaxe.

Ressource numérique Découvrir des contes d’Andersen L’objectif de ce travail est d’étudier comment Andersen

utilise le merveilleux pour dénoncer les travers de la

société. Il s’agit, dans un premier temps, de comprendre

pourquoi les récits relèvent du genre littéraire du

merveilleux puis, dans un second, de se demander

quelle est la visée du conte.

La Petite Fille aux allumettes

1. Lorsque la petite fi lle frotte la deuxième allumette, le mur devient transparent et l’oie rôtie prend vie ; lorsqu’elle frotte la troisième, elle se voit dans une pièce richement décorée dont les chandelles montent vers le ciel pour se transformer en étoiles. 2. Elle est étonnée et heureuse (« Ô surprise ! ô bonheur ! ») de se retrouver comme par magie devant un plat délicieux car elle a faim. Elle a pu ressentir de la peur en voyant l’oie reprendre vie et courir vers elle ainsi qu’être déçue et triste de constater que cela n’a pas duré ou que ce n’était qu’une illusion. 3. Andersen veut dénoncer la misère qui frappe les enfants pauvres : la petite fi lle a faim, froid, elle est seule et doit travail-ler quand les autres se réjouissent et se reposent.

ACTIVITÉ

84 © Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

La Petite Sirène

1. C’est la sirène qui appartient au monde merveilleux : la sirène au corps de femme et à la queue de poisson est une créature de la mythologie nordique qui n’existe pas dans la réalité. Dans la mythologie grecque, la sirène a un corps d’oi-seau. 2. Non. La sirène est amoureuse du prince tandis que ce der-nier n’éprouve que de l’attachement pour elle. 3. Elle ressent de la peine, de la tristesse : « Hélas ! ». Rejetée par le prince, elle risque de devenir « un peu d’écume », donc de mourir. 4. Andersen éprouve de la compassion pour la petite sirène.

Le Vilain Petit Canard

1. Il transpose ses souff rances dans le monde merveilleux du conte.

2. Ce conte est merveilleux car les animaux parlent : c’est une situation impossible dans la réalité. 3. Les animaux sont agressifs et cruels : ils frappent le petit canard et l’insultent. 4. Le conteur désapprouve leur comportement intolérant.

Pistes pédagogiques Initier un débat sur la tolérance et le rejet de l’autre en

faisant réfl échir aux motivations des animaux. Faut-il

rejeter ou accepter la différence  ? Est-elle source de

désagrément ou d’enrichissement ?

ATELIER D’EXPRESSION Imaginer un conte p. 134 à 137

OBJECTIFS ET DÉMARCHES DE L’ATELIER ▶ Cet atelier prend appui sur le parcours du conte ; les élèves doivent ainsi réinvestir leurs connaissances sur le conte merveilleux et montrer qu’ils se sont appropriés les caractéristiques de ce genre littéraire (structure, qualités du héros, épreuves, aides et obstacles). ▶ L’Oiseau de feu est un conte du folklore russe qui a été publié au XIX e siècle par Alexandre Afanassiev (1826-1871). Il joua en Russie un rôle comparable à celui des frères Grimm en Allemagne. ▶ Le texte est lu pour développer les capacités de concentration des élèves : le silence et l’attention sont primordiaux pendant cette activité. Pour les aider à se focaliser sur l’écoute, on invite les élèves à visualiser le récit. Chaque écoute amène un travail en trois temps : la compréhension, la déduction et l’invention. Décrire les illustrations (reconnaitre les personnages, interpréter leur expression, leur attitude, leurs gestes) amène à formuler des hypothèses que l’écoute de la partie suivante permet d’infi rmer ou de confi rmer. À trois moments-clé du conte (la situation initiale, les épreuves puis le dénouement), un point est fait pour s’assurer de la compréhension du texte. Ces moments peuvent être l’occasion pour les élèves d’échanger leur point de vue : à cet eff et, il serait intéressant qu’ils répondent en petits groupes. Le débat fi nal permet de s’interroger sur la notion de héros. Ivan reste un héros passif qui accumule les erreurs et qui ne parvient à surmonter les épreuves et la mort que grâce à l’aide de Loup-gris.

▶ Compétences travaillées – Mémoriser les éléments importants d’un discours oral ; – Connaitre les techniques du récit oral ; – Lire et comprendre les images ; – Faire des hypothèses de lecture.

85© Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

CORRIGÉS DES QUESTIONNAIRES ET DES EXERCICES

Pour situer l’auteur et l’illustrateur p. 134

Découvrir

Pistes pédagogiques L’illustrateur Ivan Bilibine (1876-1942) s’inspire des

arts populaires et des traditions folkloriques russes

(costumes, architecture, paysage).

Ses caractéristiques :

– technique de l’aquarelle ;

– tracé net des contours (qui lui valut le surnom d’Ivan

Main de fer) qui rappelle la technique du vitrail ;

– frises et motifs ornementaux qui encadrent les des-

sins.

1. Il y a diff érentes créatures sur la couverture : certaines existent dans la réalité (la chèvre, le hibou), mais ce n’est pas le cas des autres : • le dragon à trois têtes (tricéphale comme Cerbère le chien des Enfers) est un animal fabuleux. • les autres créatures sont constituées d’éléments apparte-nant à diff érentes espèces, on dit qu’elles sont hybrides : (de haut en bas et de gauche à droite) – le poisson avec des cornes ; – l’animal à corps de lion, ailes d’oiseau, tête et pattes de dra-gon qui renvoie à la chimère de la mythologie grecque ; – l’oiseau à tête de femme, qui fait penser aux Sirènes de la mythologie grecque. 2. La petite cabane de la forêt (« isba » en russe) est montée non sur pilotis mais sur des pattes de poule. C’est la maison de la sorcière Baba Yaga. 3. On peut faire décrire les cavaliers et insister sur le fait qu’ils tournent le dos au lecteur, comme s’ils s’enfonçaient dans le livre et nous entrainaient avec eux. Proposition d’hypothèse de lecture d’image : Le héros de l’histoire sera peut-être le cavalier du milieu car lui seul monte un cheval blanc et il indique aux autres la direc-tion à suivre en tendant le bras. Ces personnages portent des armes (lances) : ils risquent donc d’aff ronter des créatures dangereuses.

Suggestion de travail avec le cours d’arts plastiques

Réalisation d’une image dans le style Bilibine qui

illustre la réponse à une question.

Extraits de L’Oiseau de feu p. 135

▶ ÉcouterOn pourra demander d’écouter le conte comme devoir à la maison pour préparer une séance travaillée en cours.

▶ Imaginer

Suggestions :– La lecture d’image précède et amène la lecture ou l’écoute pour formuler des hypothèses de lecture ;– Comparer l’image et le texte.

▶ À l’oral : Résumer un récit • Les personnages qui fi gurent dans ce conte sont : Ivan-tsaré-vitch, fi ls du tsar ; ses frères ainés, Dimitri et Vassili ; son père Vyslav Andronovitch, le tsar de Russie. • Le tsar est en colère car l’Oiseau-de-feu dérobe les pommes d’or de son jardin. Il met alors ses trois fi ls en concurrence en leur demandant de l’attraper vivant ; celui qui y parviendra recevra la moitié de son royaume en récompense et lui suc-cèdera. • Un jour, Ivan parvient à attraper une plume de l’Oiseau-de-feu. Ses frères qui ont échoué à capturer l’oiseau partent à sa recherche pour ne pas laisser le trône à Ivan.

Pistes pédagogiques Éléments de culture générale pour travailler les liens

entre les cultures :

• Le phénix est un oiseau légendaire qui renait de ses

cendres. Dans le ballet éponyme du compositeur russe

Igor Stravinsky, l’Oiseau-de-feu est interprété par une

ballerine car le mot « oiseau » est du genre féminin en

russe.

Suggestion : comment l’illustration de Bilibine, le cos-

tume du ballet et la musique de Stravinsky (entrée de

l’oiseau) rendent la vivacité de l’oiseau.

• Rapporter les pommes d’or du jardin des Hespérides

fut le onzième travail du héros grec Héraklès.

Suggestion  : recherche sur les Hespérides.

Extraits de L’Oiseau de feu p. 136

▶ À l’oral : Expliquer des épreuves • Le cheval d’Ivan est tué par Loup-gris. • Les trois missions d’Ivan sont : capturer l’Oiseau-de-feu, s’emparer du cheval à la crinière d’or, enlever la princesse Hélène la Belle. Cependant, l’ordre dans lequel il s’en empare est inverse. • Il ne parvient pas à mener à bien ses missions car, poussé par le désir, il désobéit aux conseils de Loup-gris : il vole la cage dorée de l’Oiseau au lieu de la laisser, et est pris sur le fait. Le tsar Dolmat lui demande alors de réaliser une autre épreuve, sous peine d’être universellement connu comme voleur. Le même schéma se répète pour la mission suivante : Ivan touche aux rênes du cheval et se voit imposer l’épreuve sui-vante c’est-à-dire ramener au tsar Afron la princesse Hélène-la-très-belle. La désobéissance d’Ivan est un principe narratif. • Loup-gris apporte une aide décisive à Ivan : c’est un auxiliaire précieux qui lui indique comment procéder et le sauve quand Ivan n’a pas respecté la marche à suivre.

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Extraits de L’Oiseau de feu p. 137

▶ À l’oral : Expliquer le dénouement • Il s’agit de sa mort. • Ses propres frères, jaloux et envieux de sa réussite, le tuent et le découpent en morceaux. C’est Loup-gris qui le sauve en lui faisant boire l’eau de vie. • À la fi n de l’histoire, Ivan et Hélène se marient et vivent heu-reux : « […] il se maria avec la très-belle princesse Hélène et mena avec elle une telle vie d’harmonie et d’amour qu’ils ne pouvaient rester une seule minute l’un sans l’autre ».

▶ À l’oral : Débattre

  Qualités Défauts

Ivan Ivan est volontaire puisqu’il

fait attention à ne pas

s’endormir pour attraper

le voleur.

Il est résolu et courageux car

il supplie son père

de le laisser partir malgré

son jeune âge

Il n’est pas adroit et l’oiseau

lui échappe.

Ses frères Ils obéissent à leur père. Ils ne sont ni énergiques ni

tenaces : ils s’endorment

au lieu de veiller.

• Le comportement des frères d’Ivan s’aggrave au fi l de l’his-toire : de paresseux, menteurs (pour ne pas avouer qu’ils se sont endormis, ils disent que l’Oiseau-de-feu n’est pas venu) et envieux (ils détestent leur frère qui a réussi), ils deviennent meurtriers et voleurs. Ivan n’a pas changé : sa première désobéissance à Loup-gris ne lui a pas servi de leçon et il reste cupide (il veut la cage, les rênes, Hélène). Il reste passif : c’est Loup-gris qui résout toutes les diffi cultés. • On peut penser : – au côté sauvage, aventurier, décidé d’Ivan ; – à l’adjuvant traditionnel des contes de fées (le Chat Botté, le chien Cabriolle de la Belle aux cheveux d’or ) ; – à l’ange gardien ; – à l’ami fi dèle.

• Pistes : – idée de distraction / divertissement ; – connaissance d’un folklore étranger ; – réfl exion sur les relations fraternelles, sur la cupidité.

Activité fi nale Cette activité qui met l’élève dans une position d’enseignant est particulièrement stimulante. Le partenariat avec l’école maternelle ou primaire permet à l’élève de s’impliquer diff é-remment dans son travail. 1) Travail autonome en petits groupes : – recherche à la maison ou au CDI d’un conte et d’illustrations s’y rapportant. Il faut veiller à ce que les images illustrent diff érentes parties du conte. Les élèves peuvent réaliser eux-mêmes une illustration. À cet eff et, un travail en interdiscipli-narité avec le cours d’arts plastiques peut être envisagé. – lecture du conte pour se l’approprier, choix de deux à trois temps de pause, découpage du texte et attribution des pas-sages aux diff érents lecteurs. 2) En classe : – présentation à la classe du choix du conte, des images (à numéroter !), des temps de pause (1h). Chaque groupe répond aux éventuelles questions de la classe et apprend à intéresser des élèves. – travail de mise en voix et théâtralisation : préparation d’un texte qui alterne voix du narrateur et dialogue des person-nages. Lire un texte, c’est l’interpréter (1h). 3) Séances en école primaire/maternelle : L’idéal serait de ne lire qu’un seul conte par classe. Les élèves pourraient aller dans plusieurs classes/niveaux et la sortie se déroulerait ainsi sur une seule demi-journée. 4) Suggestion d’évaluation en deux temps : – préparation en amont : choix d’un conte, recherche ou création d’images, délimitation des pauses, connaissance du texte. – restitution : percevoir et exploiter les ressources expressives et créatives de la parole (gestion de la voix, de la vitesse de lecture ; capacité d’interpréter les textes).

PARCOURS UN THÈME L’initiation par l’imaginaire p. 138 à 149

OBJECTIFS ET DÉMARCHES DU PARCOURS

Présentation ▶ Le philosophe et scientifi que grec Anaximandre de Milet avait émis au VI e siècle avant J.-C. l’hypothèse de la pluralité des mondes. Cette possibilité fut largement utilisée en littérature comme ressort narratif. Le Syrien d’expression grecque Lucien de Samosate la reprend au II e siècle après J.-C. dans ses Histoires vraies qui relatent sur un ton humoristique les voyages du héros dans des contrées merveilleuses (la Lune, l’ile en fromage..). ▶ Après avoir étudié le monde unique du conte merveilleux, les élèves sont amenés à le diff érencier du monde réel. Les épreuves initiatiques que doit surmonter le personnage principal durant son voyage dans un monde imaginaire et inconnu permettent un retour réfl exif sur soi et sur son propre monde. Ces romans relatent en majorité le moment du passage de l’univers de l’enfance au monde adulte.

87© Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

Problématique générale ▶ Nous avons choisi de mettre en avant les parcours de personnages, et de souligner leur évolution au long du roman. La récurrence de la même activité d’écriture (Se mettre à la place d’un personnage) ainsi que les énigmes littéraires ont pour objectif de faire rencontrer l’élève et le personnage et ainsi favoriser le passage à la lecture de l’œuvre intégrale.

Présentation de la progression et du choix des œuvres/extraits ▶ Les romans qui varient les époques et les genres invitent à réfl échir : – à l’affi rmation de soi et à la compréhension de son propre monde ( Les Aventures d’Alice au pays des merveilles, De l’autre côté du miroir ) ; – aux motivations d’un personnage, révélatrices de sa mentalité et de son caractère ( Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède ) ; – au dilemme entre adaptation aux lois et affi rmation de soi ( Les voyages de Gulliver ) ; – à la rédemption d’un personnage qui parvient ainsi au statut de héros ( Le Monde de Narnia ).

Défi nition des objectifs pédagogiques ▶ Les objectifs visés sont : – Pratiquer l’écriture d’invention en respectant le texte ou l’illustration source : à chaque double page, il est proposé à l’élève de se mettre à la place du personnage étudié. Adopter le point de vue du personnage implique d’avoir bien analysé son caractère ; – Élaborer une fi che de lecture ; – Participer de façon constructive à des échanges oraux ; – Reconnaitre les implicites d’un texte et faire les hypothèses de lecture ; – Reconnaitre les particularités du récit initiatique ; – Acquérir une culture littéraire.

ORGANISATION DU PARCOURS ET CHOIX DES AXES DE LECTURE

1. Alice ou l’affi rmation de soi

L. Carroll , Alice au pays des merveilles , texte 1 p. 138

● Pistes didactiques L’aff rontement entre Alice et le Pigeon est un aff rontement entre la logique et l’absurde. Les deux personnages se com-battent en paroles, en arguments plus qu’en actes. L’humour de cette scène réside dans le sérieux des personnages qui contraste avec le caractère loufoque de la situation : il s’agit presque d’un débat philosophique sur ce qu’est l’être humain ! C’est le Pigeon qui l’emporte face à une Alice encore peu sure d’elle-même.

● Proposition d’hypothèse de lecture Comment l’absurde devient logique.

L. Carroll , Alice au pays des merveilles , texte 2 p. 139

● Pistes didactiques Ce texte est le pendant du précédent : à un raisonnement absurde, Alice répond avec logique et fermeté, imposant ainsi son point de vue. Elle peut alors être pleinement elle-même et reprend sa taille normale.

● Proposition d’hypothèse de lecture Comment la force de caractère d’un personnage transparait dans ses répliques.

2. Pourquoi passer De l’autre côté du miroir

J. Tenniel , gravure p. 140

● Pistes didactiques La description des gravures de John Tenniel conduit à émettre des hypothèses sur le monde dans lequel Alice s’apprête à pénétrer : un monde inversé où les objets prennent vie.

L. Carroll , De l’autre côté du miroir , texte 3 p. 141

● Pistes didactiques La perte de repères de ce monde conduit Alice à une apo-rie. Dans ce texte, Lewis Carroll revisite et met en pratique les célèbres paradoxes du mathématicien grec du V e siècle avant J.-C. Zénon d’Élée (le paradoxe de la fl èche, d’Achille et de la tortue, de la dichotomie) qui visent à démontrer que le mou-vement est impossible. Lewis Carroll les a étudiés en tant que mathématicien et a aussi rédigé le dialogue entre Achille et la tortue ( What the Tortoise said to Achille, 1895), où le héros ne parvient pas à démontrer logiquement à la tortue qu’il pour-rait la dépasser.

● Proposition d’hypothèse de lecture Comment l’altérité permet-elle de concevoir sa propre réa-lité ?

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3. Nils de la cruauté à la bonté

S. Lagerlöf , Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, texte 4 p. 142

● Pistes didactiques Nils doit faire ses preuves dans le groupe des oies pour s’y intégrer. En eff et, durant les premiers jours de son voyage, elles le méprisent. Sauver la meneuse du renard est un acte de bravoure tout indiqué qui lui conférerait un statut privilé-gié dans le groupe. Les motivations de Nils ne sont donc pas dépourvues d’intérêt : il a encore un long chemin à parcourir pour devenir véritablement altruiste.

● Proposition d’hypothèse de lectureComment l e courage de Nils révèle-t-il son orgueil ?

S. Lagerlöf , Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, texte 5 p. 143

● Pistes didactiques Ce texte répond au précédent puisque Nils est mis dans une situation similaire : il doit sauver une oie, non plus des griff es d’un renard, mais d’une mort certaine. Incapable de voler, l’oie est sans défense face aux prédateurs. La diff érence réside dans l’émotion que ressent Nils à la vue de l’oie puis à l’idée qu’elle soit morte.

● Proposition d’hypothèse de lecture Comprendre l’enjeu moral du voyage initiatique pour Nils.

4. Gulliver ou comment s’adapter au monde tout en restant soi-même

J. Swift , Les Voyages de Gulliver , texte 6 p. 144-145

● Pistes didactiques Les pays imaginaires permettent à Jonathan Swift de présen-ter les travers de la société sans tomber sous le coup de la cen-sure. Pour le roi de Lilliput, les convictions idéologiques et les intérêts économiques priment sur le respect de l’humanité. Le ridicule de la brouille (ou comment manger un œuf à la coque) serait comique s’il n’entrainait pas des conséquences aussi funestes que l’anéantissement d’un peuple.

● Proposition d’hypothèse de lectureComprendre le d ilemme entre loyauté et conviction person-nelle.

5. Edmund, de la trahison au pardon

C.S. Lewis , Le Monde de Narnia , texte 7 p. 146

● Pistes didactiques Le Monde de Narnia appartient au genre de la fantasy , genre littéraire récent et qui mêle le merveilleux à l’épopée.

● Proposition d’hypothèse de lecture Comment un personnage s’arrange-t-il de prétextes pour voi-ler la réalité de sa conduite ?

C.S. Lewis , Le Monde de Narnia , texte 7 p. 147

● Pistes didactiques Ces trois extraits résument le parcours quasiment expiatoire d’Edmund. Le jeune garçon comprend ses torts et va racheter ses fautes en mettant sa vie en jeu pour obtenir le pardon des siens.

● Proposition d’hypothèse de lecture Du traitre au sauveur : découvrir la naissance d’un nouvel être.

CORRIGÉS DES QUESTIONNAIRES ET DES EXERCICES

1. Alice ou l’affi rmation de soi

L. Carroll , Alice au pays des merveilles , texte 1 p. 138

Percevoir l’absurdité d’un raisonnement 1. Le cou d’Alice s’allonge démesurément et un pigeon la prend pour un serpent. 2. Alice parle avec hésitation car elle a subi tant de chan-gements d’apparence qu’elle n’est plus très sure d’être une « petite fi lle ». 3. Le Pigeon s’en prend à Alice car il estime qu’elle est un serpent qui veut manger ses œufs. 4. • Alice a un long cou. Or les serpents ont un long cou. Donc Alice est un serpent.

• Les petites fi lles mangent des œufs. Or les serpents mangent des œufs. Donc les petites fi lles sont des serpents. 5. Oui, le Pigeon a raison car il suit son raisonnement. / Non, il a tort car il ne s’appuie que sur deux éléments (le cou ou la nutrition) pour déterminer l’espèce à laquelle appartient Alice. Bilan 6. Oui, il ne faut pas s’arrêter aux apparences / Non, parfois les apparences sont révélatrices...

Pistes pédagogiques Ce questionnement peut être l’objet d’un débat oral

dans la classe. Les partisans de chaque opinion réunis

en un groupe proposent leurs arguments aux jurés qui

délibèrent et votent en prenant en compte le nombre

des arguments, leur pertinence et la qualité de la prise

de parole.

89© Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

▶ Graine de savoir On attend des élèves qu’ils reprennent exactement la struc-ture proposée. Travailler en petits groupes inciterait les élèves à réfl échir et à se concerter sur l’illogisme du paralogisme.On pourra aider les groupes en diffi culté en leur en suggérant la première proposition (ou prémisse).

L. Carroll , Alice au pays des merveilles , texte 2 p. 139

Étudier la force de caractère d’un personnage 1. Le Roi a écrit la règle Quarante-Deux, car il la lit « sur son carnet » (l. 2-3). 2. Alice refuse de sortir car la loi qui l’y force vient d’être inven-tée par le Roi. 3. La « délibération » est la discussion, le débat qui porte sur le jugement que l’on va donner, sur la décision que l’on va prendre. On serait d’accord avec Alice car la délibération intervient avant le jugement et non après comme le veut la Reine : « la condamnation d’abord, la délibération après. » (l. 16-17) 4. Le raisonnement du Roi est empreint de mauvaise foi : il émet un jugement à partir d’une règle qu’il vient d’inventer. On peut aussi s’étonner du bien-fondé de cette Règle Qua-rante-Deux, qui semble assez absurde. Le raisonnement de la Reine manque de « bon sens » (l. 18). 5. Les verbes de parole « répliqua » (l. 9), « rétorqua » (l. 13), « objecta » (l. 18) montrent qu’Alice se rebelle : elle ose répondre au Roi et à la Reine sans hésiter puis marque son net désaccord avec eux. Bilan 6. Oui, la personnalité d’Alice a évolué par rapport au texte 1 : Alice hésitait et ne parvenait pas à s’opposer au Pigeon, tandis qu’ici elle est décidée, résolue et impose son point de vue.

▶ Lecture d’image Les personnages se transforment en jeu de carte et s’envolent en tourbillonnant autour d’Alice qui lève les bras pour s’en protéger. On lit sur son visage une expression de crainte. Cette image correspond au texte dans la mesure où Alice retrouve sa taille normale : elle est bien plus grande que les cartes. Cependant, son expression contredit le passage puisqu’elle aff ronte sans peur et avec un certain mépris le Roi et la Reine.

2. Pourquoi passer De l’autre côté du miroir

J. Tenniel , gravure p. 140

▶ Graine de savoir 1. Trépas ; 2. Travestit ; 3. Diagonale ; 4. Diapositives ; 5. Trans-former.

Découvrir les propriétés d’un monde opposé 1. Non, dans Alice au pays des merveilles , l’héroïne tombe dans un trou tandis qu’ici elle traverse un miroir. 2. On retrouve les mêmes meubles (la cheminée décorée d’un napperon de dentelle et le miroir), la même décoration : l’hor-loge sous verre et le vase sous verre, un tableau sur le mur, et un qui se refl ète dans le miroir.

3. Si, dans la première image, l’horloge a un cadran normal, dans la seconde, le cadran est devenu un visage souriant. Il en est de même pour le vase. 4. Le miroir réfl échit les images dans la première (on voit le refl et d’Alice), mais dans la seconde, il est devenu un passage : par exemple, le personnage d’Alice est vu de dos puis de face mais la main droite d’Alice est encore dans le « monde réel » et n’apparait pas. Bilan 5. Alice va entrer dans un monde opposé au sien, un monde où les objets prennent vie.

▶ À l’écrit : Se mettre à la place d’Alice Critères 1) Veiller à débuter le paragraphe par un alinéa ; 2) Réutiliser la réponse au bilan : soit en imaginant des objets qui s’animent, soit en inversant droite/ gauche, haut/bas...

L. Carroll , De l’autre côté du miroir , texte 3 p. 141

▶ Graine de savoir Indécis, hésitant, embarrassé, incertain. On attend une phrase courte qui reprenne ou non le person-nage d’Alice. On peut leur demander d’expliquer dans leur phrase la cause de la perplexité pour s’assurer de la bonne compréhension du sens des adjectifs.Des exemples choisis et écrits au tableau permettraient aussi de faire réviser la diff érence entre fonction épithète et fonc-tion attribut du sujet.

Découvrir de nouveaux repères 1. Les termes « épuisée » (l. 10) et « à bout de souffl e et tout étourdie » (l. 11) indiquent qu’Alice a couru à perdre haleine. 2. Alice est remplie de perplexité car elle court à toute vitesse (« aussi vite qu’elles aillent », l. 3), sans pourtant changer de place (l. 2-3). 3. Oui, son impression se confi rme : elle ne perd rien de sa vitesse (« elles allèrent si vite », l. 7, « fendre l’air en touchant à peine le sol de leurs pieds » l. 7-8), mais se rend compte qu’elle n’a « pas bougé de sous cet arbre. Tout est exactement comme c’était. » (l. 15-16). 4. L’adjectif « vite » s’oppose à « lent ». C’est son antonyme. 5. La Reine explique qu’ « il faut courir autant qu’on le peut pour rester au même endroit. » (l. 22-23) Bilan 6. Alice prend conscience de la loi physique de son monde selon laquelle il faut se déplacer, se mettre en mouve-ment pour changer d’endroit en se rendant dans un monde imaginaire où c’est l’inverse qui se produit : elle doit se mettre en mouvement pour rester à la même place.

3. Nils de la cruauté à la bonté

S. Lagerlöf , Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, texte 4 p. 142

▶ Lecture d’image Les trois personnages sont un renard, une oie et un très petit garçon. Les deux derniers sont en danger : le renard chasse l’oie qui fuit en s’envolant tandis que le petit garçon est juché sur un arbre pour se mettre à l’abri.

90 © Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

Comprendre les motivations du personnage 1. Nils vient au secours de l’oie pour la sauver des crocs du renard mais aussi pour lui prouver « qu’un homme est quand même légèrement supérieur au reste de la création. » (l. 6-7). Il ne se montre pas désintéressé. 2. Il tire sur la queue du renard pour empêcher ce dernier de mordre l’oie. 3. Nils est orgueilleux. Il estime qu’il est supérieur et ne sup-porte pas que le renard rie de lui : « il fut si outré d’entendre le renard se moquer de lui » (l. 10-11). 4. Oui, il fait preuve de courage car il se met lui-même en dan-ger (il ne mesure qu’une dizaine de centimètres et le renard est un prédateur) pour sauver l’oie, même si son orgueil l’em-pêche de ressentir de la peur (« il ne lui vint pas à l’idée d’avoir peur », l. 11-12). Bilan 5. Nils n’a pas agi pour la bonne raison : au lieu de ne penser qu’à autrui (l’oie), il s’est surtout préoccupé de ce que les autres pensaient de lui (le dédain des oies, la moquerie du renard). Son acte de bravoure se double d’une volonté de prouver qu’il surpasse les autres.

▶ À l’oral : Se mettre à la place de Nils Critères 1) Utiliser la première personne du singulier ; 2) Le danger doit venir de la petite taille et non d’un élément merveilleux. Cet exercice peut être fait à l’oral après rédaction d’un brouil-lon.

S. Lagerlöf , Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, texte 5 p. 143

Étudier l’évolution du personnage 1. Nils est surpris, émerveillé : il a « du mal à croire que c’était une oie qui parlait » (l. 6) et est « intimidé » (l. 10). 2. Il la compare à un personnage de conte de fée : « C’est cer-tainement une princesse qui a été ensorcelée. » (l. 11-12). 3. Il remet en place l’os de son aile « très bien et très preste-ment » (CC manière et temps) (l. 17). 4. « Compassion » vient du latin patior « souff rir » et cum « avec » : ce nom commun désigne le sentiment de celui qui partage les souff rances d’autrui. Nils fait preuve de compassion car il est sensible à sa souf-france : « Pris d’une irrésistible envie de la secourir » (l. 13). 5. Nils est pris de panique quand il croit qu’il a tué l’oie : « le garçon fut saisi d’une épouvantable terreur. » (l. 21) et « s’en-fuit en courant » (l. 22-23). 6. Non, Nils ne fait pas de diff érence entre les animaux et les humains : « Il ressentait cela comme d’avoir tué un être humain » (l. 23). Bilan 7. Cette aventure fut un voyage initiatique pour Nils : il a changé d’attitude à l’égard des animaux. Lui qui provoquait leur souff rance, les maltraitait, a corrigé son attitude (il s’est amendé) au cours de son voyage. Au début, il se considérait encore comme supérieur (texte 4) et se montrait orgueilleux. Mais il a fi ni par comprendre qu’il est leur égal et est devenu sensible à la compassion. Les épreuves (sauver une oie des griff es d’un renard, en soi-gner une autre) ont transformé le petit garçon dur et cruel en une personne altruiste, sensible et désintéressée.

▶ Graine de savoir « Aider » vient du latin adjuvare qui est le fréquentatif de adju-tare « aider ». Un adjudant : un offi cier qui aide un offi cier plus gradé. Un adjuvant : une aide, un auxiliaire

▶ À l’écrit : Écrire une suite On peut élaborer ce travail à l’oral et écrire au tableau les indi-cations, ce qui va aider les élèves en diffi culté : 1) le schéma : faire au moins deux paragraphes (le retour et l’explication de l’absence) ; 2) les sentiments de Nils (réutiliser les questions 1, 4 et 5) ; 3) les diff érentes explications de l’absence de l’oie.

4. Gulliver ou comment s’adapter au monde tout en restant soi-même

J. Swift , Les Voyages de Gulliver , texte 6 p. 144-145

▶ Graine de savoir 1. Microscope, microbes ; 2. Mégalithes ; 3. Micro-ondes ; 4. Oméga ; 5. Microphone ; 6. Mégaphone ; 7. Mégalomane.

Étudier comment rester soi-même dans un univers nouveau Entrer dans la lecture. Les Lilliputiens ont une taille minus-cule, tandis que les habitants de Brobdingnag sont des géants. Les Lilliputiens semblent admiratifs et contents : ils lancent leurs chapeaux en l’air et tendent les bras vers Gulliver qui vient de leur porter secours. Les habitants de Brobdingnag s’amusent : ils sourient de voir un Gulliver minuscule canoter dans une baignoire qui fait offi ce de lac. Tous les regards convergent vers lui. Deux d’entre eux souffl ent pour gonfl er ses voiles. 1. L’exclamation : « Vive le très-puissant empereur de Lilli-put ! » (l. 3-4) montre que Gulliver est loyal à l’empereur. 2. L’empereur exige de lui qu’il l’aide à conquérir par la vio-lence l’empire de Blefuscu : « de le réduire en province de son empire, et de le faire gouverner par un vice-roi ; de faire périr tous les exilés gros-boutiens, et de contraindre tous ses peuples à casser les œufs par le petit bout » (l. 13-17). 3. Gulliver refuse car la volonté de détruire manifestée par l’empereur n’est pas en adéquation avec son caractère et ses idéaux : « mais je tâchai de le détourner de ce dessein par plusieurs raisonnements fondés sur la politique et sur la jus-tice » (l. 19-21). Qui plus est, il a de l’estime pour le peuple de Blefuscu dont il parle en termes élogieux : « libre, noble et courageux » (l. 25). Bilan 4. Gulliver reste fi dèle à lui-même. En eff et, malgré sa loyauté et sa fi délité à l’empereur, il n’accepte pas d’être uti-lisé contre son gré pour accomplir des actes qu’il ne trouve pas conformes à ce qui est juste : il exprime franchement son désaccord avec l’empereur.

▶ À l’oral : Se mettre à la place de Gulliver Critères 1) Utiliser la première personne. 2) Cohérence avec l’image (taille des personnages, objet : bateau et baignoire). Cette activité orale peut être amenée par la description de l’illustration (question 1).

91© Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

▶ À l’écrit : Justifi er une décision Critères 1) Présenter la lettre. 2) Utiliser un niveau de langue courant et soutenu, appro-prié au destinataire. 2) Reprendre les arguments du texte.

La chambre d’Ames fait paraitre petit

ou grand  ! Ce phénomène repose sur

deux illusions d’optique combinées par l’ophtalmologiste

américain Adelbert Ames.

1) La chambre a été conçue de telle sorte qu’un objet

grandit ou rétrécit selon le côté de la pièce où il se

trouve.

2) La pièce apparait rectangulaire alors qu’elle est en

forme de trapèze.

5. Edmund, de la trahison au pardon

C.S. Lewis , Le Monde de Narnia , texte 7 p. 146

Analyser le discours d’un traitre 1. Edmund s’apprête à trahir les siens pour « manger des lou-koums, être prince (puis roi) et prendre sa revanche sur Peter, qui l’avait qualifi é de “dégoûtant”. » (l. 3-5). 2. Ils risquent d’être statufi és, « changés en pierre. » (l. 3), et d’être traités méchamment par la Sorcière Blanche (l. 9). 3. Il justifi e sa conduite en faisant « semblant de croire » (l. 8-9) que la Sorcière n’est pas si méchante que cela : « tous les gens qui colportent des horreurs à son sujet sont ses ennemis » (l. 10-11). Il fait donc preuve de mauvaise foi. 4. Adjectifs possibles : égoïste, sans-cœur, ingrat, individua-liste, faux, orgueilleux, vaniteux, méchant, mauvais, malveil-lant, malintentionné, gourmand, avide, glouton. Bilan 5. Il s’agit des reproches que sa jeune sœur lui adres-serait. Reprendre les réponses aux questions, notamment les adjectifs de la question 4.

▶ Graine de savoir Un revenant : un fantôme ; loufoque : fantaisiste ; bizarre : fan-tasque ; irréel : fantastique.

C.S. Lewis , Le Monde de Narnia , texte 7 p. 147

▶ Graine de savoir « Changer en pierre » : statufi er, pétrifi er.

Percevoir un changement de caractère Entrer dans la lecture. Pitié : compassion, empathie, miséri-corde, cœur, bonté, humanité... 1. Il ressent de la pitié (l. 6) envers elles. 2. Dans le texte précédent, Edmund était égoïste en ne se souciait pas du sort des autres. À l’inverse, il s’affl ige et se désole (« Cela lui semblait tellement navrant », l. 7-8) à la vue de la disparition brutale de la « joyeuse assemblée » (l. 3).

3. Edmund s’est révélé résolu, décidé, déterminé (« rien ne l’au-rait arrêté », l. 14-15), courageux, hardi, brave, héroïque (« Mal-gré trois ogres », l. 15) et astucieux, perspicace, habile (« il eut l’intelligence », l. 17). 4. Sa récompense fi nale est d’être fait chevalier par le Lion Aslan. Elle prouve qu’il est devenu une personne de valeur. Bilan 5. Le Monde de Narnia retrace le parcours moral d’Ed-mund. Celui-ci voulait trahir son frère et ses sœurs, les livrer à la Sorcière Blanche et en retirer un profi t. Il était donc égoïste, insensible et orgueilleux. Le malheur qui s’est abattu sur les opposants de la Sorcière l’a fait changer d’avis et l’a amené à partager les souff rances d’autrui, à faire preuve de compas-sion, de miséricorde. Il a enfi n prouvé sa valeur (sa résolution, son courage, son intelligence) sur le champ de bataille où il a aff ronté la Sorcière Blanche.

▶ À l’écrit : Se mettre à la place d’Edmund

  Niveau de langue

courant soutenu

aimable désagréable acariâtre

hardi lâche couard

altruiste égocentrique narcissique

affectueux dur insensible

L’exercice est accompagné d’une consigne détaillée. On veil-lera à ce que les élèves utilisent la première personne et les guillemets.

Activités d’expression p. 148-149

▶ Comment élaborer une fi che de lecture ? Il s’agit d’une activité de pédagogie diff érenciée : tous les élèves doivent élaborer une fi che de lecture. On distingue deux parties : 1) obligatoire : indiquer les informations principales ; 2) facultative : affi ner sa présentation en reprenant les ques-tions qui permettent de résoudre les énigmes.

▶ Énigmes littéraires 1. Dorothy Gale dans Le Magicien d’Oz ; 2. Wendy dans Peter Pan ; 3. Bastien dans L’Histoire sans fi n.

▶ Questions Énigme 1 1. Dorothy est orpheline. – 2. Le monde réel et le pays de Munchkins. – 3. Un cyclone emporte la maison dans les airs. – 4. Elle aff ronte la sorcière de l’Ouest. Énigme 2 1. Wendy ne veut pas grandir. – 2. Le monde réel et le Pays imaginaire. – 3. Peter Pan l’y emmène. – 4. Elle aff ronte le Capi-taine Crochet. Énigme 3 1. Bastien est racketté. – 2. Le monde réel et le Pays fantas-tique. – 3. La lecture l’y emmène. – 4. Il sauve le monde de sa destruction.

▶ Exposer oralement ses choixOn attend deux avantages et deux inconvénients au mini-mum, sans pénaliser les élèves qui s’inspirent directement d’un texte. Ce travail individuel pourra être repris collective-ment et amener à la réalisation d’un panneau mural.

92 © Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

▶ Décrire à l’oral un monde imaginaire

Cette activité peut être menée en

interdisciplinarité avec le cours d’arts

plastiques : les élèves dessineraient le monde qu’ils ont

imaginé.

▶ Imaginer une aventure dans un monde parallèle Ce sujet d’écriture inspiré par le troisième livre du Monde de Narnia permet à l’élève de réinvestir les connaissances acquises durant ce parcours en s’inspirant et en imitant les textes lus. On attend un texte d’une vingtaine de lignes struc-turé en quatre parties (description du tableau, aspiration, péripétie, retour).

DOSSIER D’une culture à l’autre : Les Mille et Une Nuits d’Antoine Galland p. 138 à 149

OBJECTIFS ET DÉMARCHES DU DOSSIER ▶ Ce dossier met l’accent sur les liens entre culture orientale et culture occidentale et sur le rôle fondamental d’Antoine Galland, véritable passeur de culture. L’objectif est de montrer comment une culture s’enrichit au contact d’une autre. L’Europe classique du XVIII e siècle connait un véritable engouement pour l’Orient. Cette mode fut amorcée au siècle précédent. Citons les nombreux récits de voyage en Orient et en Asie (Jean-Baptiste Tavernier, Jean Chardin), Bajazet de Racine dont l’intrigue se déroule dans l’Empire ottoman ou la création par Colbert d’une école de traducteurs afi n de développer les relations commerciales et diplomatiques avec l’Orient. On pourra, à titre de conclusion, établir un parallèle avec les campagnes de Napoléon qui ont amené le courant de l’orientalisme. ▶ Nous avons choisi de mettre en avant la fantaisie fi ctionnelle des récits et d’en faire ressortir le merveilleux en axant chaque partie sur un personnage : – Shéhérazade, la conteuse qui tisse un texte infi ni : l’encadrement est en eff et une marque du conte oriental ; – Sindbad, le commerçant aventurier ; – Aladdin, ou le destin fabuleux d’un orphelin. Mais, en variant le type de support et d’activité, l’élève est tour à tour, lecteur, détective puis éditeur pour fi nir lui-même conteur dans l’activité fi nale.

Objectifs pédagogiques ▶ Les objectifs sont : – Retrouver les caractéristiques génériques du merveilleux ; – Situer les Mille et Une Nuits dans leur contexte historique et littéraire ; – Prendre en compte les caractéristiques du texte (personnages, situation d’énonciation) pour en imaginer la suite ; – Créer un album de lecture ; – Imaginer et illustrer un texte.

Le personnage de Shéhérazade

Français • le personnage de Shéhérazade

• un conte des Mille et Une nuits

Histoire – Géographie la civilisation islamique

Arts plastiques les représentations de Shéhérazade (peinture, ballet)

Éducation musicale le ballet Shéhérazade de Rimski-Korsakov :

• décorations, costumes

• thème de Schéhérazade

Éducation physique et sportive chorégraphie et danse à partir du thème de Shéhérazade

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CORRIGÉS DES QUESTIONNAIRES ET DES EXERCICES

1 . Antoine Galland, passeur de culture p. 150

Traducteur et créateur Ce dossier débute par la biographie d’un passionné de culture orientale : • il a choisi d’être représenté dans le costume du pays qu’il a visité, l’Empire ottoman ; • il a appris l’arabe, le turc et le persan ; • il admire l’art et la culture orientale et collectionne les manuscrits et les objets ; • il est lecteur d’arabe au Collège royal.

À la découverte d’un manuscrit • Ce manuscrit est rédigé en langue arabe. • Les trois personnages sont habillés d’une djellaba et coiff és d’un turban : on peut en déduire qu’ils se trouvent dans le monde arabe, en Égypte sans doute, puisque le manuscrit est égyptien.

Shéhérazade et le sultan Shahryar : quand la vie ne tient qu’à un conte... Le stratagème de Shéhérazade : « Elle remet la fi n de l’histoire à la nuit suivante. » Cette énigme amène l’élève à s’intéresser au texte suivant.

Ressource numérique Poursuivez l’œuvre de Galland Antoine Galland a initié la mode du conte oriental à la

française (citons les Mille et Un Jours de l’orientaliste

François Pétis de la Croix).

Ces deux sites de la BnF remarquablement faits sont

tout indiqués pour permettre à l’élève :

– d’imaginer la structure d’un conte qu’il pourra

raconter à l’oral ;

– de fabriquer une illustration qui s’y rapporte (il

est possible de changer la taille ou l’orientation des

différents éléments). Cette activité TICE peut être

menée en interdisciplinarité avec le cours d’arts

plastiques.

2. Une histoire sans fi n p. 151

Pistes pédagogiques Les passages surlignés aident les élèves à repérer les

personnages et leurs réactions et à dissocier les récits

enchâssés du récit-cadre.

L’encadrement est une marque propre aux contes orien-

taux que l’on ne retrouve pas dans les contes merveil-

leux européens. Cette technique permet de relancer

la narration (le critique T. Todorov parle d’ « homme-

récit »). Ainsi, la vie d’un personnage peut être rachetée

par une histoire qui plait : le vieillard à la biche offre au

génie une histoire contre la vie du marchand.

• Shéhérazade fait le récit de ses contes pendant la nuit : « La nuit suivante ». • Dinarzade déclenche le récit : « […] je vous supplie de me raconter un de ces contes agréables que vous savez ». Les trois personnages sont le sultan Shahryar, Shéhérazade, épouse du sultan et sa sœur, Dinarzade. • Le premier et les deux derniers paragraphes de la III e nuit ainsi que le premier paragraphe de la IV e nuit relatent l’his-toire de Dinarzade, tandis que l’histoire du marchand et du génie se trouve dans les deuxième et troisième paragraphes de la III e nuit et le second de la IV e nuit. • Le second passage sur fond bleu résume l’action du pre-mier : Shéhérazade reprend son récit là où elle l’avait laissé, au moment où le génie s’apprête à tuer le marchand. • « ... » : les pointillés indiquent que l’histoire s’arrête soudaine-ment mais qu’elle continue. • Le sultan est avide et désireux de connaitre la fi n du récit : « […] si bien piqué la curiosité du sultan […] ». C’est impor-tant pour Shéhérazade : si le sultan veut connaitre la fi n de l’histoire, il doit laisser la vie sauve à son épouse jusqu’à la nuit suivante, contrairement à sa décision de tuer chaque nouvelle épouse au lendemain de la nuit de noces. • L’histoire du vieillard et de la biche sera racontée après la fi n du texte, après la réplique du génie : « Hé bien, voyons, j’y consens. » • Le livre des Mille et Une Nuits peut être qualifi é d’histoire sans fi n pour deux raisons : la fi n d’une histoire est toujours remise à la nuit suivante et les histoires sont insérées à l’intérieur d’autres histoires (les récits-cadres contiennent des récits enchâssés). On a donc l’impression que Shéhérazade raconte une histoire qui ne s’arrête jamais.

3. Deux contes pour rêver : Sindbad et Aladdin

Sindbad le marin p. 152

Le saviez-vous ? On peut aussi penser à Pinocchio de l’Italien Carlo Goldoni (1881-1882) qui retrouve son père dans le ventre d’une baleine.

Énigmes • Il s’agit de Nils Holgersson, héros du roman Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède de l’écrivaine sué-doise Selma Lagerlöf. • Sindbad et le géant font penser à Ulysse et au cyclope Poly-phème. Ulysse est le héros de l’ Odyssée, l’épopée d’Homère. Polyphème a mangé plusieurs de ses compagnons. Pour se venger et s’enfuir de la caverne dans laquelle ils sont retenus prisonniers, Ulysse et ses compagnons enivrent le cyclope et lui crèvent son unique œil.

Sur la piste du merveilleux Extrait 1 : l’ile est en fait une baleine. – Extrait 2 : le héros est emporté par un oiseau gigantesque, l’oiseau-Roc. – Extrait 3 : un géant mange un homme.

ACTIVITÉ

94 © Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

Vocabulaire L’adjectif cru signifi e au sens propre « non cuit, saignant », et au sens fi guré « tel quel, brut, grossier, choquant ». C’est le sens de l’adjectif dans la phrase.

Aladdin en images p. 153

Piste pédagogique Antoine Galland a davantage réinventé ce conte à partir

d’un canevas qu’il ne l’a traduit : c’est au même exer-

cice que se livrent les élèves dans cette activité.

Devenez éditeur et créer votre album de lecture • Imaginez un titre : Un magicien cruel ; Une lampe magique ; Un coup de foudre ; Une demande en mariage éconduite ; Alad-din se marie ; La vengeance du magicien ; Une fi n heureuse . • On voit que le génie est une créature merveilleuse à la façon dont il apparait (il sort d’une lampe dans un nuage), à sa taille

(il est immense, comparé au personnage d’Aladdin) et à son apparence monstrueuse : il a trois cornes (image 2), de trop grandes oreilles (image 4), des yeux rouges et des dents poin-tues (image 6), il est entouré de fl ammes (image 5).

Vocabulaire Sens 1 : Les djinns sont des génies orientaux, et les lutins, occidentaux. – Ma tante est mon bon génie : elle m’aide et me soutient. Sens 2 : Cette fi lle est un génie ! – Il a le génie du commerce ! Suggestion d’activité : Imaginer à deux des quiproquos.

À vous d’imaginer le retour à la réalité ! Cette activité fi nale amène l’élève à prendre part active-ment au texte des Mille et Une Nuits : cet épisode vient clore le récit. Un brouillon personnel reprenant les indications de la consigne (personnages, structure – remerciement, trois annonces, grâce) aidera l’élève à la réalisation de ce travail qu’il soit écrit ou conté.

PARCOURS UN GENRE Le roman d’anticipation p. 154 à 163

OBJECTIFS ET DÉMARCHES DU PARCOURS

Présentation ▶ En 1771, le Français Louis-Sébastien Mercier publie un véritable succès de librairie : L’ An deux mille quatre cent quarante : Rêve s’il en fût jamais. Dans cette utopie, l’auteur dénonce les injustices du régime monarchique et imagine un Paris conforme aux idéaux des Lumières. Ce roman marque le point de départ d’un nouveau genre littéraire, l’anticipation, voyage non plus dans un monde imaginaire qui coexiste avec le monde réel, mais dans un monde qui met en scène les évolutions technologiques, sociales et morales souhaitées par l’auteur.

Problématique générale ▶ Comment l’inscription de la science dans la littérature amène-t-elle à une réfl exion sur l’avenir de l’homme et de la société ?

Présentation de la progression et du choix des œuvres/extraits ▶ La progression chronologique invite à réfl échir sur une problématique par siècle : - XIX e siècle : l’inscription de la science dans la littérature ( Vingt mille lieues sous les mers , Les Cinq Cents Millions de la Bégum de Jules Verne) ; - XX e siècle : le problème de l’évolution de l’homme ( La Planète des singes , roman de Pierre Boulle et son adaptation fi lmique par Franklin J. Schaff ner) ; - XXI e siècle : l’injustice des sociétés inégalitaires ( Le Worldshaker de Richard Harland). Ce dernier roman, à classer entre anticipation, uchronie (du grec ου -, préfi xe négatif et - chronie , temps) et steampunk (« voyou à vapeur », genre récent dont l’intrigue se déroule à une époque post-victorienne qui a privilégié la vapeur comme source première d’énergie), amène la réfl exion qui sera menée en classe de troisième dans le questionnement « Progrès et rêves scientifi ques ».

Défi nition des objectifs pédagogiques ▶ Les objectifs visés sont : – Découvrir les spécifi cités et les visées du genre littéraire de l’anticipation ; – Utiliser le contexte historique pour comprendre une œuvre ; – Réaliser un exposé à partir d’un objet réel ou à partir d’un objet imaginé ; – Pratiquer l’écriture d’invention ; – Apprendre à reformuler un texte ; – Participer à un débat.

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ORGANISATION DU PARCOURS ET CHOIX DES AXES DE LECTURE

1. XIX e siècle : Se servir des découvertes scientifi ques pour écrire un récit

Recherches documentaires : Entre fi ction et réalité p. 154

La recherche documentaire sur les sources d’inspiration de Jules Verne amène à une rencontre entre l’élève et l’auteur. L’objectif premier de Jules Verne, dont les romans s’adres-saient à un jeune public, était de vulgariser les découvertes scientifi ques de son temps. La réfl exion en trois temps, de l’hypothèse prouvée à la théo-rie la moins crédible, amène l’élève à trouver les arguments pour répondre au questionnement proposé.

J. Verne , Vingt mille lieues sous les mers, texte 1 p. 155

● Pistes didactiques C’est au XIX e siècle que les applications de l’électricité se déve-loppent et révolutionnent le monde de l’industrie. Conscient de ce tournant, Jules Verne démultiplie la puissance de cette nouvelle énergie qui permet au Nautilus une indépendance et une autonomie totales. Le génial capitaine Nemo (« per-sonne » en latin), ingénieur de formation, explique pourquoi il a porté son choix sur l’électricité.

● Proposition d’hypothèse de lecture Interpréter un dialogue didactique.

J. Verne , Les Cinq Cents Millions de la Bégum, texte 2 p. 156-157

● Pistes didactiques Ce texte est extrait d’un roman moins connu, Les Cinq Cents Millions de la Bégum. L’ingénieur Marcel va devoir sauver la cité utopique du docteur Sarrasin que son ennemi, l’alle-mand Schultze, bâtisseur de la cité de l’acier Stahlstadt, veut détruire. Ce roman assez manichéen qui mêle anticipation et utopie est l’occasion pour Jules Verne de présenter sa concep-tion hygiéniste de la Ville. Contrairement au texte précédent, ce n’est plus un dialogue passionné mais un article totale-ment neutre qui explique les innovations scientifi ques.

● Proposition d’hypothèse de lecture Comprendre un article didactique.

2 . XX e siècle : S’interroger sur l’évolution de l’humanité

F. J. Schaff ner , La Planète des singes , photogrammes p. 158-159

● Pistes didactiques L’évolution scientifi que étudiée dans la première partie du parcours amène à s’interroger sur l’évolution de l’homme lui-même. Le XX e siècle a accepté les théories de Darwin et Pierre Boulle pousse son raisonnement à l’extrême. L’entrée dans le roman par le fi lm permet de comprendre immédiatement la confrontation entre les deux espèces.

● Proposition d’hypothèse de lecture Comment les aprioris amènent-ils à un jugement erroné ?

P. Boulle , La Planète des singes , texte 3 p. 160

● Pistes didactiques Ces trois monologues présentent de façon pessimiste la régression de l’homme face à l’avancée intellectuelle des singes. Le plus frappant dans cette description est l’accepta-tion passive par les hommes de leur sort.

● Proposition d’hypothèse de lectureComment l a paresse intellectuelle fait-elle régresser ?

P. Boulle , La Planète des singes , texte 4 p. 161

● Pistes didactiques Après un voyage éprouvant, le narrateur se réjouit de rentrer sur Terre en héros. La brièveté de la majorité des phrases, telles des battements de cœur rythmant la narration, rend perceptible la tension et l’angoisse du narrateur. La phrase lapidaire qui clôt le journal d’Ulysse Mérou invite à relire le texte pour saisir les éléments qui amènent la révélation fi nale.

● Proposition d’hypothèse de lecture Comment la montée du suspense est-elle résolue par la chute du récit ?

3 . XXI e siècle : Penser la société de demain

R. Harland , Le Worldshaker , texte 5 p. 162

● Pistes didactiques Ces deux dialogues entre les mêmes personnages soulignent le confl it entre les deux castes sociales qui forment la société du bateau. Cependant, le second montre l’évolution de Col, du dédain à la compréhension. Le Worldshaker est aussi un roman d’apprentissage où le héros va dépasser les préjugés de la société et s’opposer aux siens pour venir en aide aux Immondes.

● Proposition d’hypothèse de lecture Comment la violence morale et physique infl igée aux Immondes traduit-elle l’inégalité de la société ?

96 © Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

CORRIGÉS DES QUESTIONNAIRES ET DES EXERCICES

1. XIX e siècle : Se servir des découvertes scientifi ques pour écrire un récit

Recherches documentaires : Entre fi ction et réalité p. 154

Inspirations scientifi ques et innovation littéraire 1. • Hélicoptère (du grec hélix , la spirale et -ptère , l’aile) ; • Scaphandre (du grec skaph- , le bateau et -andre , l’homme). 2. Les diff érences entre l’objet de fi ction et l’objet réel : – Hélicoptère : taille immense ; une grande hélice à l’arrière et plusieurs hélices en guise de voiles ; une forme avoisinant celle d’un bateau. – Scaphandre : le masque hublot ; au moment de la rédaction de Vingt mille lieues sous les mers , le scaphandre autonome venait d’être inventé mais Jules Verne lui confère des capa-cités supérieures : une autonomie de plusieurs heures et une résistance aux très grandes profondeurs.

Une hypothèse encore à confi rmer 3 et 4. Dans le roman Voyage au centre de la Terre , le narra-teur découvre avec stupéfaction la présence d’une mer sous la terre. Dans l’article, le journaliste explique qu’une roche « indiquerait la présence de grandes quantités d’eau » sous le manteau terrestre. Les deux textes traitent donc du même sujet. Si l’hypothèse scientifi que était confi rmée, Jules Verne ferait fi gure de visionnaire.

J. Verne , Vingt mille lieues sous les mers, texte 1 p. 155

Comprendre par quels procédés le texte littéraire s’approprie le discours scientifi que Entrer dans la lecture. Les deux personnages sont le profes-seur Aronnax et le capitaine Nemo. 1. Ils discutent de l’électricité. 2. Le professeur Aronnax éprouve de la surprise quand il apprend que l’électricité est la source d’énergie du Nautilus . En eff et, il peine à l’imaginer capable de produire une éner-gie suffi sante à la propulsion du sous-marin : « sa puissance dynamique est restée très restreinte et n’a pu produire que de petites forces » (l. 8-10). 3. L’Océan représente la source première de vie pour le capi-taine Nemo : « Je dois tout à l’Océan ; il produit l’électricité, et l’électricité donne au Nautilus la chaleur, la lumière, le mouve-ment, la vie en un mot. » (l. 25-26). En fi n de phrase, l’énumé-ration doublée d’une gradation refl ète l’importance capitale de l’Océan. 4. La répétition du verbe « trouver », conjugué à la deuxième personne du pluriel du passé composé (avez trouvé) puis à la troisième personne du pluriel du futur simple (trouveront) souligne le caractère anticipatoire de la découverte du capi-taine Nemo. Le professeur l’oppose au reste de l’humanité et en fait un précurseur, un pionnier de l’utilisation de l’énergie électrique.

5. La présentation de l’électricité est rendue vivante par son insertion dans un dialogue qui laisse transparaitre les senti-ments des personnages : – la surprise du professeur crée un certain suspense et appelle un approfondissement de l’explication ; – la question du professeur sur la source de l’énergie amène la réponse passionnée et emphatique du capitaine ; – la conclusion refl ète l’admiration du professeur.

▶ À l’oral : Rendre compte d’une invention

Pistes pédagogiques • Lettre :

L’élève doit exploiter le texte pour rédiger sa lettre : on

peut faire trouver les éléments à réutiliser et travailler

sur leur reformulation puisque le locuteur n’est plus

Nemo mais le capitaine Aronnax.

• Exposé :

Un travail sur la structure de l’exposé peut être réalisé

en amont. Suggestion :

1. Date des premiers appareils.

2. Différents types de sous-marins : les évolutions.

3. Le sous-marin de Jules Verne.

4. Les utilisations modernes.

Utilisez plus particulièrement les rubriques suivantes :

L’exposition : Ving mille lieues sous les mers

Les dossiers : les sous-marins / l’animation interactive

Pour aller plus loin, découvrez le nautile de l’IFREMER

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J. Verne , Les Cinq Cents Millions de la Bégum, texte 2 p. 156-157

Étudier le mélange entre réalisme et imaginaire scientifi que Entrer dans la lecture. Ce texte, extrait du roman Les Cinq Cents Millions de la Bégum , est un passage de la revue « Article de l’ Unsere Centurie [notre siècle], revue allemande ». 1. Les matériaux à utiliser sont le « parquet » et la « brique » (l. 5). Les matériaux à proscrire sont « les tapis et les papiers peints » (l. 4). 2. Ces innovations recyclent les déchets produits par les habi-tants de la ville. Le deuxième paragraphe traite de l’acheminement de la fumée des cheminées par des « conduits souterrains » (l. 11-12), sa purifi cation (« dépouillée des particules de carbone qu’elle emporte, et déchargée à l’état incolore », l. 14-15), et son rejet dans l’atmosphère. Le troisième paragraphe aborde le problème du traitement des déchets des égouts : ils sont résorbés « traités par des pro-cédés qui en permettent la condensation » (l. 24-25), et sortis de la ville par « le transport quotidien dans les campagnes. » (l. 25-26).

97© Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

3. Ces dispositions ont pour but d’améliorer la vie urbaine, d’assainir la ville et de combattre les maladies. Elles prennent appui sur la théorie de l’hygiénisme qui met en avant l’hy-giène dans le quotidien et dans l’urbanisme (la façon d’amé-nager les villes). 4. De nos jours, ces règles nous sont familières : le recyclage et le traitement des déchets nous semblent des pratiques évi-dentes. Pourtant, France-Ville n’est pas une ville réelle, mais une ville utopique et idéale imaginée par Jules Verne (cf. Le savez-vous ? ). Bilan 5. Le lecteur peut croire à l’existence de France-Ville car Jules Verne insère sa description dans un « Article de l’ Unsere Centurie , revue allemande ». Le présent d’énonciation donne l’impression qu’un journaliste a vraiment visité cette ville et constaté ces innovations. Par ailleurs, l’auteur explique qu’il a « toujours fait en sorte d’appuyer [s]es prétendues inventions sur une base de faits réels » (Texte écho) : la théorie de l’hygiénisme est née au XIX e siècle et Jules Verne s’en est inspiré pour créer sa ville idéale.

▶ Graine de savoir 1. Antécédent : nom qui précède la proposition relative ; anté-diluvien : qui date d’avant le déluge, très ancien, démodé ; antérieur : qui précède dans le temps. 2. Antonymes de « antérieur » : précédent, passé, préalable, ancien.

▶ À l’écrit : À la manière de Jules Verne 1. Il s’agit d’un exercice de reformulation : les élèves, doivent à partir de notes, rédiger des phrases. 2. Imaginer une innovation.

L’étude des romans de Jules Verne et

des innovations scientifi ques qu’il

présente conduit naturellement à un travail avec les

disciplines scientifi ques. L’élève est amené à travailler

sur l’histoire des sciences, à s’intéresser à une technique

et à l’inscrire dans un texte littéraire. Il joue alors le

même rôle que Jules Verne. La réunion des inventions

des élèves peut donner lieu à l’édition d’un fascicule.

▶ À l’oral : Exprimer sa vision de la ville du futur L’élève est appelé à exprimer ses gouts et ses attentes de façon précise et argumentée. Le passage par le dessin peut l’aider à visualiser sa ville du futur.

2. XX e siècle : S’interroger sur l’évolution de l’humanité

F. J. Schaff ner , La Planète des singes , photogrammes p. 158-159

Étudier une divergence de points de vue Entrer dans la lecture. a. Photogramme 1 (de gauche à droite) : les sujets des expériences, le docteur Zira (une chim-

panzé), le garde (un gorille). Photogrammes 2, 3 (à droite) et 4 : le capitaine Taylor. b. Les personnages se trouvent dans une salle creusée à même la roche. Des hommes sont enfer-més dans de grandes cages aux barreaux de fer et au sol jon-ché de paille. Cet endroit ressemble à une prison, ou à une réserve de zoo. 1. La scientifi que lève le bras vers les hommes pour leur don-ner le morceau de sucre qu’elle tient dans la main droite. On peut juger ce geste gentil ; méprisant est discutable : Zira traite certes les hommes comme des animaux ; toutefois elle les considère comme tels : « ils sont parfaitement appri-voisés. » Son geste ne peut alors être considéré comme une marque de mépris. 2. Les hommes tentent d’attraper le morceau de sucre : l’homme au premier plan tente de forcer les barreaux de leur cage en tendant brutalement le bras (photogramme 1), un autre reste immobile et apathique au fond de la cage (arrière-plan du photogramme 2) tandis que le capitaine Taylor, calme et posé, tente de communiquer par le regard avec la scienti-fi que. Les hommes se comportent comme des animaux : seul Taylor montre qu’il est doué de raison. 3. Zira donne au capitaine le surnom aff ectif « Beaux Yeux ». Son caractère en trois adjectifs : gentille (bonne, attentionnée, bienveillante), attentive (observatrice, minutieuse), intelli-gente (perspicace, subtile...). 4. Les répliques des photogrammes 3 et 4 indiquent que le garde estime que « Beaux Yeux » ne sait pas parler (« il conti-nue à faire semblant de savoir parler », « Vous savez bien que les hommes aiment faire des grimaces. »). Bilan 5. Le garde pense que les hommes sont des animaux dangereux (« ils pourraient vous faire mal » – photogramme 1), incapables de parler (photogramme 3) et qui ne peuvent qu’imiter, singer les singes en faisant des « grimaces ». Son attitude toujours en retrait montre qu’il ne leur est pas atta-ché et qu’il reste méfi ant. Zira, elle, estime que les hommes peuvent être apprivoisés et qu’ils sont donc inoff ensifs : elle n’hésite pas à les approcher de près. Sans rejeter frontalement le point de vue du garde, elle émet des doutes sur l’incapacité des hommes à pouvoir parler (« il essaie de former des mots », photogramme 4) et accepte de remettre en cause l’opinion commune.

▶ À l’oral : Imaginer la réaction d’un personnage L’intérêt de l’exercice est de faire produire à l’oral des phrases dont la syntaxe correspond à la correction de l’écrit. On peut imaginer que des élèves transcrivent sur une feuille ce que d’autres expriment à l’oral.

▶ À l’écrit : Rédiger la suite du texte Au brouillon, rédiger quatre phrases qui seront ensuite insé-rées dans la production écrite, par exemple : « Elle pense que... », « Elle éprouve de .... », « Elle fait/lève/verbe qui indique un mouvement) », « Elle dit que ... ».

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P. Boulle , La Planète des singes , texte 3 p. 160

Étudier une double évolution Entrer dans la lecture. Ces synonymes se rapportent aux hommes. 1.

Comportement Intelligence

Homme « Je marche à quatre pattes ;

je fais des cabrioles. » (l. 24)

« Nous dormons »(l. 36)

« paresse cérébrale » (l. 1-2)

« fatigue intellectuelle trop

grande » (l. 3-4)

Singe « parlent » (l. 7)

« nous traitent bien et

nous donnent à manger en

abondance. Ils changent

la  paille de notre litière [...]

ils corrigent [...] » (l. 17-20)

« méditent » (l. 6)

« Leur cerveau se développe

dans la réfl exion solitaire »

(l. 6-7)

« ils échangent des

impressions et s’instruisent

mutuellement. » (l. 11-12)

2. Les hommes ne s’intéressent plus à rien, n’ont plus ni acti-vité, ni distraction, ni loisir (livre, cinéma). Ils perdent toute autorité face aux singes : l’homme n’est plus supérieur à l’ani-mal. La femme rend compte d’une véritable régression des hommes qui retournent à un stade animal. 3. Une femme-dompteur devient l’animal dompté. Ce renver-sement de situation est souligné par l’utilisation des temps : l’imparfait : (« étais, présentais ») qui décrit la situation passée, s’oppose au présent (« je suis »). Elle était active (« présen-tais »), et devient passive (« suis dans leur cage »). Elle avait des orangs-outans, et maintenant leur appartient (« leur [adjec-tif possessif ] cage »). On peut continuer cet exercice dans le troisième paragraphe où l’on relèvera notamment l’expres-sion « je marche à quatre pattes » qui traduit le passage de l’homme à l’animal. 4. Les derniers hommes libres vivent dans un réduit, mais leur situation est précaire (l. 30) : ils manquent de nourriture, et par paresse, ne cherchent pas à s’opposer au pouvoir grandissant des singes : « Nous dormons ; nous sommes incapables de nous organiser pour la résistance » (l. 36-37). 5. Les singes parviendront à prendre le dessus sur tous les hommes et ces derniers seront réduits à la condition animale. Bilan 6. L’auteur met en garde les hommes contre leur propre avilissement entrainé par la paresse intellectuelle : le laisser-aller ne conduit pas à une évolution mais à une régression.

▶ Graine de savoir 1. L’australopithèque : singe du sud désigne des singes anthropoïdes (ressemblant un peu à des hommes) décou-verts en Afrique australe (c’est-à-dire du Sud). 2. « Malin comme un signe » : très malin ; « Singe savant » : enfant qui s’exprime comme un adulte, qui a des connais-sances encyclopédiques apprises par cœur ; « Faire le singe » : faire le clown, faire des farces, des bêtises ; « Monnaie de singe » : fausse récompense ; « Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la grimace » : un homme sage, savant n’a de leçon à recevoir de personne.

▶ À l’écrit : Comprendre les sources du livre La théorie de l’évolution de Charles Darwin : Au XIX e siècle, deux courants d’opposent : les évolutionnistes qui pensent que les espèces de la faune et de la fl ore ont évo-lué au cours des millénaires, et les créationnistes qui croient que l’homme n’a pas évolué depuis sa création par Dieu. En 1859, Charles Darwin publie L’Origine des espèces . Il y explique

que la sélection naturelle (la nature sélectionne les animaux, les plantes les mieux adaptés à leur environnement) amène les espèces à se transformer, à évoluer pour mieux survivre. Pierre Boulle s’en inspire puisqu’il imagine que les singes vont évoluer pour devenir l’espèce dominante au détriment des hommes dont la race va s’aff aiblir intellectuellement et dégé-nérer.

Piste pédagogique : Texte écho En 1895, dans La Machine à explorer le temps , du

romancier britannique H. G. Wells, l’explorateur com-

prend qui sont les Éloïs et les Morlocks.

Graduellement, la vérité se fi t jour  : l’Homme n’était

pas resté une espèce unique, mais il s’était différencié

en deux animaux distincts ; je devinai que les gracieux

enfants du monde supérieur n’étaient pas les seuls des-

cendants de notre génération, mais que cet être blême,

immonde, ténébreux que j’avais aperçu, était aussi l’hé-

ritier des âges antérieurs.

Herbert George Wells , La Machine à explorer le temps ,

trad. d’Henry D. Davray, © Mercure de France, 1959.

P. Boulle , La Planète des singes , texte 4 p. 161

Étudier la chute d’un récit 1. La Terre est peuplée non d’êtres humains mais de singes. 2. Les indices : – la camionnette est « modèle assez ancien » (l. 5) et ne cor-respond pas ni à l’époque du narrateur (« J’aurais pensé que ces voitures étaient reléguées dans les musées. », l. 6-7) ni à l’évolution technique qu’auraient dû connaitre les véhicules en sept cents ans. – Nova, sa femme, est méfi ante : « avec quelque hésitation. Elle a l’air craintive. » (l. 13-14). 3. Ulysse ne s’est pas rendu compte de son erreur : il n’a pas pu distinguer nettement les visages des « hommes » qui rou-laient vers lui à cause du refl et du soleil sur les vitres et de leur saleté (l. 8-9). Par ailleurs, quand le chauff eur sort du véhicule, il « tourne le dos » au narrateur (l. 15), et les deux offi ciers sont cachés par les « hautes herbes » (l. 16). 4. Au début du texte, le narrateur est ému (« mon émo-tion », l. 2) et pleure de joie et d’enthousiasme (« Des larmes me montent aux yeux », l. 1) à l’idée de retrouver la Terre et les hommes. Mais à la fi n du texte, il est plus que stupéfait, médusé, sidéré, eff aré, pétrifi é par l’apparition non d’hommes mais de singes : « je reste cloué sur place, incapable de faire un geste ou de proférer une parole » (l. 22-23). On peut imaginer que le narrateur éprouve du désespoir à l’idée que sa tenta-tive de retrouver les hommes a échoué. Bilan 5. La planète des singes est la même planète que celle des hommes, la Terre, mais à des époques diff érentes. Sept cents ans après le départ d’Ulysse Mérou, les singes ont pris possession de la planète.

▶ Lecture d’image 1. Il s’agit de la statue de la Liberté ( La Liberté éclairant le monde ), dessinée par le sculpteur français Auguste Bartholdi (Gustave Eiff el a réalisé la structure interne) et off erte par la France aux États-Unis à la fi n du XIX e siècle. Elle se trouve aux

99© Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

États-Unis, à New-York, sur l’ile de Liberty Island. Sur cette image, elle est ensablée aux deux-tiers, comme si c’était un monument antique. 2. Le capitaine est à genoux, tête baissée : il est découragé, désespéré. 3. Pierre Boulle a rédigé La Planète des singes pendant la guerre froide, lorsque les puissances mondiales menaçaient d’utiliser la bombe atomique. (cf. Biographie p. 160). Ce sont donc les hommes eux-mêmes qui, à cause de leur violence guerrière et de leur folie destructrice, ont conduit l’humanité à sa perte et qui ont amené le règne des singes.

▶ À l’oral : Exprimer sa préférence Les arguments en faveur du livre (brutalité de la dernière phrase) ou du fi lm (désolation du capitaine qui comprend le rôle coupable des hommes) sont à rechercher dans les réponses aux questions précédentes.

3. XXI e siècle : Penser la société de demain

R. Harland , Le Worldshaker , texte 5 p. 162

▶ Graine de savoir • La concorde : amour, fraternité, estime, harmonie, union, entente, paix, solidarité. • Le confl it : rivalité, désaccord, discorde, mésentente, dissen-sion, mépris, division.

Étudier l’aff rontement de deux mondes Entrer dans la lecture. Les personnages sont : – Col, le jeune héritier de la famille qui gouverne le vaisseau Worldshaker . Il réside dans les ponts supérieurs. – Riff , une jeune fi lle qui fait partie des Immondes, qui four-nissent la vapeur au vaisseau ; elle vit dans les bas-fonds. 1. Col s’exprime dans un niveau de langue soutenu : il vouvoie l’inconnue (« Où avez-vous », l. 4) puis, dans une phrase inter-rogative, il inverse le sujet (« pourquoi n’évitez-vous pas », l. 22), et le reprend par un pronom personnel : « Pourquoi une Immonde voudrait-elle… » (l. 6). Riff , à l’inverse, utilise un niveau de langue familier dans ses tournures : elle n’utilise pas les deux termes de la négation (« T’énerve pas ! », l. 5), elle reprend le sujet par un pronom personnel (« La vapeur, elle fait », l. 19) et elle avale des mots : « j’te » (l. 9), « Y a pas » (l. 23). Elle utilise aussi ce registre fami-lier dans son vocabulaire : « trucs » (l. 11), « pigé » (l. 23). 2. Col a des préjugés envers Riff : il la considère comme une voleuse (l. 4) et comme un être incapable de se cultiver « Pourquoi une Immonde voudrait-elle regarder un livre ? » (l. 6). Les explications de Sir Mormus quant à l’utilisation de la vapeur indiquent que les Immondes sont supposés être paresseux : « Pour vous secouer un peu. « (l. 17). 3. Les soupapes envoient de la vapeur qui font « du mal » (l. 20) aux Immondes. En eff et, la vapeur est de l’eau à l’état gazeux, donc à plus de 100 degrés, qui peut causer de très graves brulures. 4. Les Immondes sont contrôlés par la nourriture (l. 18-19) que leur envoient les personnes des ponts supérieurs. 5. Ils leur infl igent des blessures et de la souff rance en leur envoyant de la vapeur : cette volonté délibérée de faire du mal montre leur cruauté et leur mépris des Immondes.

Bilan 6. Les deux parties de la société ont des relations confl ictuelles : les gens des ponts supérieurs ont des préju-gés envers les Immondes qu’ils estiment voleurs, stupides et paresseux. Ils les font travailler comme des esclaves sous peine de les priver de nourriture. Enfi n, ils les font vivre dans un endroit construit pour être dangereux : grâce au système de soupapes, ils peuvent leur infl iger des blessures, de façon gratuite et cruelle. Les Immondes sont donc complètement opprimés, ce que souligne aussi la place qu’ils occupent dans le navire, les bas-fonds. L’auteur veut mettre l’accent sur l’injustice d’une société inégalitaire où tous les hommes ne seraient pas traités de la même façon, et où une partie de la population exploiterait l’autre.

▶ À l’oral : Être lecteur et acteur

Critères• Réutiliser les idées de violence morale (les Immondes sont des êtres stupides, illettrés et sales) et physique (la vapeur leur infl ige des brulures). • Travail sur les sentiments (tristesse, peine) et sur l’intonation (descendante) et le phrasé (coupures, hésitations) qui lui cor-respondent.

Activités d’expression p. 163

▶ Se projeter dans le futur Diff érencier les diff érents domaines qui connaitront une évo-lution : on peut reprendre la structure du parcours (science, homme, société) puis affi ner chaque partie. Cet exercice peut amener à la réalisation d’un panneau mural.

▶ Écrire la suite d’un texte Il faudra faire attention à respecter la structure en trois par-ties. Les élèves les plus faibles, peuvent travailler en groupe les réactions des amis (surprise, étonnement, incrédulité, moquerie). La description de la machine doit être faite à l’im-parfait.

▶ Inventer une machine Cette activité menée dans un premier temps au brouillon per-met de travailler la méthodologie de l’écrit d’imagination. Les élèves ne doivent pas chercher l’exhaustivité : on attend un texte d’une dizaine de lignes qui suit la structure indiquée. La seule diffi culté réside dans l’insertion de la description dans les paroles du savant.On insistera sur la nécessité de trouver un ordre, une cohé-rence dans la description de la machine ou de l’objet.

▶ Lecture d’image Cette image est tirée d’un roman d’anticipation car l’illustra-teur imagine des modes de transports urbains futuristes pour l’époque (en 1881, l’aviation n’en était qu’à ses débuts) : – des taxis volants, propulsés par des hélices latérales et dont les stations se trouvent en étage élevé ; – des aéronefs (arrière-plan). La mode vestimentaire des personnages allie conservatisme, pour les hommes, et nouveauté, pour la femme – qui porte, certes, une ombrelle et un chapeau, mais dont la robe à cri-noline s’arrête au genou, ce qui était indécent au XIX e siècle.

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ATELIER D’EXPRESSION Mettre en voix une anthologie : Fées et elfes en poésie p. 164 à 167

OBJECTIF ET DÉMARCHES DE L’ATELIER ▶ Ce dossier met en scène des fées appartenant à diff érents mondes, permettant ainsi aux élèves d’affi ner leur défi nition de la fée et de découvrir des êtres qui leur sont apparentés : le monde du conte merveilleux (la marraine de Cendrillon), l’univers médiéval (Mélusine), les fées d’autres cultures, par exemple anglaise (Titania) et nordique (les Elfes). Notons que le terme anglais fairy ne désigne pas à proprement parler la fée mais s’applique à l’ensemble des créatures mythologiques (fée, elfes, lutins...). ▶ À l’exception du dernier poème, les textes proposés sont des extraits de poèmes : en eff et, il est plus facile et plus effi cace de travailler à l’oral un support court. Chaque partie permet aux élèves de préciser une caractéristique du texte poétique (rimes, sonorités, champ lexical). ▶ Les exercices de lecture chorale sont d’une diffi culté croissante : lecture à deux voix (lecteur et récitant), lecture où le groupe ne lit que les mots soulignés, récitation qui alterne un groupe et l’ensemble des élèves. Ce type d’exercice est plus diffi cile qu’il n’y parait car il suppose une cohésion et une concentration générale. ▶ La voix est le vecteur de l’émotion – dans l’Antiquité, toute lecture se faisait à voix haute. Pour mettre en voix un texte, il faut : 1) maitriser sa voix, son souffl e ; comme pour le chant, la station debout facilite la sortie de la voix ; 2) repérer les allitérations et les assonances, les liaisons entre les mots pour faire ressortir la musicalité du texte. Il est très diffi cile pour un élève de faire passer une émotion, de trouver l’intonation juste lorsqu’il découvre le poème : l’extrait doit être lu plusieurs fois à voix haute pour être mémorisé. La mémorisation des rimes, le repérage des allitérations et des assonances, l’étude du champ lexical ainsi que la représentation mentale du texte facilitent l’apprentissage de l’ensemble des vers.

▶ Compétences travaillées – Repérer les caractéristiques d’un texte poétique ; – Réciter à voix haute ; – S’initier à la lecture chorale.

CORRIGÉS DES QUESTIONNAIRES ET DES EXERCICES

1. Une fée de conte, l’étude des rimes

J. Anouilh , « Le carrosse inutile » p. 164

Découvrir 1. Ce poème parodie le conte Cendrillon . 2. On distingue les rimes pauvres (trouva / Opéra), les rimes suffi santes (américaine / peine), les rimes riches (Fleurs / mal-heurs). Le lien-mini permet d’écouter la totalité du poème. Suggestion de travail : la réécriture humoristique, la parodie d’un conte. 3. « Seizième » rime avec « hygiène » : ce ne sont pas de véritables rimes mais des assonances (des sons qui se res-semblent).

▶ Grammaire pour dire et pour écrire 1. Ce vers est tiré du carmen (« chant ») LXIV du poète latin Catulle qui narre les noces de Thétis et de Pélée. Ses occur-rences rythment le discours des Parques qui prophétisent le destin de leur fi ls, Achille. • On peut faire retrouver les mots transparents et la racine de ducentes, le participe présent du verbe duco , « conduire » que l’on retrouve dans aque/duc, oléo/duc...

• Dans la poésie latine, il n’y a pas de rimes et les mots sont scandés – on diff érencie syllabe longue (cūr) et syllabe brève (tĕ) : cūrrĭtĕ dūcēntēs sūbtēgmĭnă, cūrrĭtĕ, fūsī. 2. Les synonymes sont : merveilleux – fabuleux ; merveille – splendeur ; enchanteresse – magicienne .

2. Mélusine, fée médiévale : les impressions sonores

Cette deuxième partie vise à faire entendre la musicalité d’un texte et à comprendre le rapport entre sens et sonorité.

G. Apollinaire , « Poème à Yvonne » p. 165

Comprendre 1. Le son « s », « z » revient à plusieurs reprises. 2. Ce son évoque un serpent. 3. On a l’impression d’un vers qui s’allonge et se déploie comme un serpent. 4. Pour rappeler l’histoire de Mélusine, la fée qui se transfor-mait en serpent, le poète utilise des sonorités siffl antes et fait serpenter un vers grâce aux liaisons.

101© Magnard, 2016 – Jardin des Lettres 5e – Livre Ressources

▶ À l’oral : Lire en respectant une contrainte Pour arriver à un résultat satisfaisant, il faut que les élèves puissent travailler le texte en petit groupe.

J. Lorrain , « Mélusine » p. 165

Comprendre 1. La voyelle « é » est répétée dans les deux premiers vers. 2. On entend « ai » alterner avec « eu » au vers 6. 3. Pour évoquer Mélusine, le poète allie la douceur donnée par les répétitions en « é » et par les alternances du vers 6 qui suggèrent une berceuse, et la violence évoquée par : • les animaux : les « renards », les « loups » et les « hiboux » sont des prédateurs ; • les plantes : le glaïeul est une fl eur que son étymologie asso-cie à une arme tranchante et le houx à des feuilles piquantes. Mélusine apparait donc comme une enchanteresse qui charme et envoute les animaux féroces ; cependant, le poète révèle aussi son côté violent et sauvage.

3 . Les domaines des fées, l’étude du champ lexical

W. Shakespeare , Le Songe d’une nuit d’été p. 166

Comprendre 1. Les termes surlignés appartiennent au champ lexical de la nature. 2. La fée Titania règne sur un monde naturel et végétal.

V. Hugo , « La fée et la Péri » p. 166

Comprendre 1. Il faudrait utiliser une palette de couleurs chaudes et fortes, éclatantes : le jaune du « soleil », du doré (« se dorent »), du rouge foncé (« vermeil »), et le rose orangé du « couchant », avec une nuance de gris (« ombres »). 2. La fée parle de la fi n de journée : le « couchant ».

▶ À l’oral : Dessiner pour apprendre par cœurCette activité pourra être réalisée en cours d’arts plastiques. Les élèves devront reprendre la palette de couleurs défi nie plus haut.Il peut être intéressant, lors de la récitation, de demander aux élèves de traduire en gestes leur dessin.

Leconte de Lisle , Les Elfes p. 167

Comprendre 1. Un groupe de quatre vers est un quatrain, un groupe de trois vers, un tercet. 2. Le distique est repris sept fois. 3. Il fait penser au refrain d’une chanson.

Activité fi nale La progression de l’atelier mène à une activité qui permet de réutiliser les exercices sur les rimes, les sonorités et le champ lexical. Elle s’inscrit dans la continuité du dossier d’ouverture du manuel puisque le poème pourra être incorporé à l’antho-logie sonore des élèves.