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ALIMENTATION AU LABORATOIRE
DE PERILLUS BIOCULATUS F'AI3R. AVEC DES LARVES
DE LEPTINOTARSA DECEMLINEATA SAY INTOXIQUt~ES
PAR LA TOXINE THERMOSTABLE
DE BACILLUS THURINGIENSIS BERUNER
PAR
A. BUI~GERJON & G. BIACtIE
Les larves du Doryphore figurent parmi les inseetes sur lesqueis il a 6td ddmontrd que l'aetivit6 de la toxine thermostable (Me COXNEI,L & RICHAXDS, 1.959) ne se manifestait pas seulement par injection dans l 'h6molymphe, mais dgalement par libre ingestion (ButtGERJON & DE BAI~JAC, 1960).
Depuis, la toxine thermostable a fair l 'objet d'autres ~tudes d'aetivitd par application orale vis-a-vis d 'un certain nombre d'in- seetes peu ou non sensibles au eomplexe eristaux-spores (BuRGERJON, @BISON & KACHKOULI, 1964 ; B URGERJON & BIAC~IE, 1964 ; BURGERJON & GALICHET, 1965; GALICtlET, 1966). Ces dtudes ont actuellement un intdrfit potentiel pour la pratique agricole, dans la mesure oh I'ensemble des rdsultats incite /~ dtudier les possibilit~s de rdcupdration, de puri- fication (CANTWELL, HEI~IPEI. & T~O~eSO.',', 1964; DE BAaJAC & DEDONDER, 1965) OU m~me de synth~se de eette toxine. Dans cette perspective, il est utile &augmenter le hombre de donndes sur l 'aetivitd de cette toxine, m6me si eelle-ei se trouve encore dans nos expdrienees sous la forme (( brute )) d 'un surnageant autoclav~ d'une culture de B. thuring, iensis BEaLIXEa.
En tutte intdgrde l 'utilisation des insecticides poiyvalents est un des facteurs auquel peut se heurter la tentat ive de colonisation d 'un prddateur eomme Perillus bioculatus FAn., introduit pour tenter de limiter naturellement les populations de Doryphore. En effet, le groupe de travail (( Doryphore ~ de I'O.I.L.B. rduni ~ Keszthely les 23-26 juin 1964 a dcrit dans ses %solutions .que :Los prineipauw obstacles pour la colonisatioq, dgfinitive de Perillus bioeulatus FA~. proviennent de certaines propridtds biologiques et de l'emploi r@andu d'inseeticides polyvaIents. I1 dtait done intdressant d'obtenir quelques indications au laboratoire
ENTO~OP~.aGA, II (3), I966, 279-284
2 8 0 A. B U I ~ G E R J O N ~% G. B I A C H E
sur te risque &intoxication de Perillus bioculatus par la consommation de larves de Doryphore ayane subi l'effe~ d 'un t rai tcment i~ la toxirte thermostable de B. thu'ringiensis.
M6thodes et mat6riel
Le surnageartt autoclav~ d'une culture de B. thuringiensis vari~td thuringiensis (S~rotype I, DE BARJAC & BONNE~'OI, 1962, BONNEFOI & DE BAt~JAC, 1963) productrice de toxine thermostable (BuI~Gm~ao~- & DE BA~JAC, 1962) fur pr~par@ ~ l ' Ins t i tu t Pasteur suivant la mfithode habituelle (DE BA~JAC, BUaG~RJON & BONYE~OI, SOUS presse) et fur utilis6 sans ~tre coneentr6. Les irtseetes soumis s l'exp@riertee (larves de Doryphore et larves de Perillus) provenaient de l'dlevage maintertu
l ' Inseetarium de la ~[irti~re, da~s le cadre des t ravaux du groupe de travail de I'O.I.L.B.
Dans un premier essai (I) (fig. 1), nous avons v6rifi@ l'aetivit@ d'une eertaine dose de surnageant sur larves de Doryphore. La pulv6- risation est faite dabs notre tour de traitemertt (BuRGERJON, 1956), avec 10 mt de surnageant dilud & moiti@, additionn@ de 20/00 d 'un mouillant ~ base d'alcools terpdrtiques sulfon~s, sur feuilles de pomme de terre (var. Saskia) ddpos~es ~ plat sur le fond de la tour de trai tement. Vu les caraet@ristiques de la tour, le d@St de surrtageartt fut ainsi de 0,00164 ml par eentim~tre earr~ de feuillage. Les feuilles ainsi trait@es furent reparties darts 6 bootes en polystyrene (9 • 6 • 2 em) pour fournir la nourriture ~ 5 larves du 3 e stade darts ehaque bolte, pendant trois jours s une temperature de 25 oC et une H. R. de 100 ~ Les larves tdmoirt furertt en nombre de 25," r@parties en 5 boltes, et nourries avee du feuillage non trait& Apr~s le 3 e jour, routes les larves furent @lev@es en cages d'~levages plus grandes, permet tant le trempage dans de l 'eau d 'un rameau de pomme de terre.
Darts un 2 e essai (II), 12 larves L a de Perillus furertt rtourries durant sept jours consdcutifs (~ 25~ avec des cadavres frais de Dory-
:phore, provenant de traitements identiques /~ celui de l'essai I. Dix larves L 3 de Perittus eonstitu~reut le lot t~moin.
Duns le 3 e essai (III), 20 larves L~ de Perillus furent nourries 25 oC, d 'abord pendant deux jours avec des larves de Doryphore moribondes, intoxiqu@es pendant les trois jours pr@c@dents confor- m@mertt ~ l'essai I; ensuite le 3 e jour ces m@mes larves de Perillus ortt @t6 mises err contact avec du feuillage traitd (toujours la mfme dose) et um nouveau lot de larves de Doryphore non trait@es pr@alablemertt. Le 8 e jour, l'@levage a continu6 sur larves de Doryphore non trait@es. Le lot t6moirt rut constitu6 par 9-Perillus L~.
Dans le ~e essai (IV), 20 larves de Perillus La et des larves de Doryphore non trait6es pr@alablement ont 6t6 mises sur des rameaux trait6s, mairttertus dans une cage permet tant le trempage des tiges
&LIMENTA.TION DE Perillus AVEC Leptinotarsa INTOXIQUES 281
dans de l'eau. Apr6s 4 jours, eette op6ratioa fur renouvet6e. Le 8 e jour, les larves de Perillus se sont nourries sur ]arves de Doryphore saines et feuillage non trait4. Un lot t6moin de 15 larves de Perillus La a subi l'61evage ea conditions identiques sur larves saiaes aliment6es avec du feuillage non trait6.
% I
I00
80.
60.
40.
20:
Surnageant
MortalitY: Doryphores (L3) % rf MortalitY: Perillus (L~)
tO0
6O
4O
Temein 20
- - - , - - . - , - , . . . . . . - 7 7 7 , , Z . " - . - . - - 7 . . . . . . . . . 5 6 9 12 15 18 7 9 12 15 . 18
,ours jour5
L.arves mortes de Doryphore
% I00
8 0
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Sur__._~n.
t LQrves Doryph.
TTr IE % MortalitY: Perillus (L3) Mortol i t4 : Perillus ( L4 ) I00
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2O T~moin
oirl
a 7 ,a ,G , 7 9 ,2 , s
Surn. Surn. Surn.
t T t Larves Lorves Larves Doryphores Doryph. Doryphores
FIG. 1, courbes de mor t a l i t 6 : des la rves de D o r y p h o r e in toxiqu6es p a r la t ox ine t h e r m o s t a b l e (I), des la rves de PeriI lus biocuIatus nourr ies avec des Ia rves de D o r y p h o r e in tox iqu6es pa r la t o x i n e t h e r m o s t a b l e ( I I , I I I e t IV). Dose en t o x i n e t h e r m o s t a b l e = 0,00164 ml de s u r n a g e a n t p a r cen t im6 t r e carr6 de feuil lage.
R6sultats
Les r6sultats des 4 essais sont pr6sent6s dans 4 graphiques oh sont figur4s les poureentag'es eumul6s de mortalit4 en fonetion du temps. L'essai I d6montre que la dose de surnageant utilis6e dans nos condi- tions exp6rimentales a provoqu6 100 % de mort~ des larves de Doryphore au bout de 6 jours, tandis qu 'au 18 e jour les survivants du t6moin (92 %) sont parvenus au stade adulte.
~8~ &. BU!gGERJON ~ G. BIACHE
Dans l'essai If, nous voyons que les larves de Perill~s ont subi un effet dfl ~, la nutrition avec des cadavres de larves de Doryphore. Nous ne pouvons savoir dans cet essai dans quelle mesure la toxine thermostable, ayant provoqu~ la mort des larves de Doryphore, est responsable de l'effet constat~ sur les larves de Perilh~s.
Dans les essais III et IV, nous ne constatons qu'une tr~s faible diff6rence entre la mortalit~ des larves de Perillu,, nourries avec des larves de Doryphore intoxiqu6es et les larves t~moin de Perillu8.
Discuss ion et conclus ion
Comme en 1960 (BugGER.ION ~ & DE BAaJ•C), il nous a dt5 facile de provoquer au laboratoire une mortalit6 61ev6e sur larves de Doryphore avec la toxine thermostable. Le rdsultat de D~ozDowlcz (1964), moins probant, pourrait s'expliquer par l'utilisation de doses subl6thales.
Quant • l'aetivitd 6ventuelle de la toxine thermostable sur larves de Perillus, il nous semble que les conditions er6des par l'essai II, c'est-~-dire la nutrition sans choix pendant une longue p6riode e• eadavres de larves de Doryphore sont tr~s artifieielles et exag6r6es si l'on s'imagine une pratique agricole 6ventuelle off l'on effectuerait un traitement contre une population de Doryphore en pr6senee de Perillus bioculatus. Dans ce cas, il y aurait sur le feuillage pendant assez longtemps plut6t des larves intoxiqu6es moribondes. L'essai II nous surprenait plut6t par le fair de ne pas provoquer une mortalit6
�9 plus 61ev6e.
Nous pensons avoir cr66 dans les essais III et IV des conditions exp6rimentales 6galement rigoureuses, en soumettant k deux reprises des larves de Doryphore intoxiqudes aux larves de Perilh~s. La tr~s faible diffdrence par rapport aux t6moins nous permet de penser que ces rdsultats suffisent pour eonclure que la toxine thermostable semble int6ressante k ~tre exp6riment6e dans la nature contre les larves de I)oryphore, tout en 6vitant une activit6 directe de cette toxine vis- k-vis de Perilh~s.
I1 aurait ~t6 facile d'imaginer d'autres conditions exp~rimen- tales de laboratoire (doses, temperature, dur~e, presence d'ceufs de I)oryphore, etc.). Cependant, nous estimons que de toute fagon l'ultime int~rSt pratique de la toxine thermostable dans le complexe Doryphore- Perillus se jugera da~s les diff~rentes conditions naturelles ou agrieoles, off beaucoup d'autres facteurs interviennent. On dolt consid6rer notamment que le maintien des pr~dateurs ou des entomophages d~pend, en r~gle g~r~rale, du niveau de la population h6te survivante. Un aspect favorable semble 8tre le fait que Perilhts s'attaque dgalement et de preference aux ceufs. En effet, dans un biotope ~ pr6sence simul- tan~e d'ceufs et larves de Doryphore, urge intervention avee la toxine
ALIM:ENTATION DE Perillus AVEC Leptinotarsa INTOXIQU~S 283
thermostable diminuant le nombre de larves, laissera encore des ceufs s la disposition de Perillus. Par contre, l 'adulte du Doryphore ne semble pas ~tre sensible s la toxine thermostable aux doses exp~- riment~es en quelques tests de laboratoire. Ceci confirme les rdsultats de D~OZDOWICZ (1964).
En conclusion, la prdsente note n 'a pas d 'autre pr~tention que d 'augmenter les donndes qui plaident en faveur des recherehes visant
la r~cup~.ration, purification ou synthbse de cette toxine en contri- buant ainsi s augmenter la gamme de produits sdlectifs disponibles, comme cela est souhait~ par ceux qui s 'occupent des recherches et des mises au point de la lutte int~grfie.
SUN~cIARY
U n d e r l a b o r a t o r y cond i t ions Per i l lus bioculatus can feed for a long per iod of t i m e (7 days a t 25 oC.) a n d a p p a r e n t l y w i t h o u t harmful - effects u p o n dy ing Colorado p o t a t o bee t l e l a rvae , w h i c h h a v e b e e n i n t o x i c a t e d b y a p o t e n t i a l l y l e t h a l dose of t h e r m o s t a b l e ?toxin of B. thur ingiens is ( tes ts I I I a n d IV). I t seems, there fore , t h a t a l t h o u g h t h e t h e r m o s t a b l e t o x i n has a b r o a d e r r a n g e of a c t i v i t y c o m p a r e d w i t h t h a t of t he c rys ta l - spore complex , t h e r e is no ju s t i f i ca t ion for b e i n g a p p r e h e n s i v e t h a t t he app l i c a t i on of t h e t h e r m o s t a b l e t o x i n cou ld h a v e t h e same d i s a d v a n t a g e on t h e b iocoenoses as p o l y v a l e n t insect ic ides .
B I B L I O G R A P H I E
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