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Alphabets Informations n° 79 - 4 e trimestre octobre-novembre-décembre 2015 ALPHABETS - Informations - n° 79 4 e trimestre 2015 page 1 Sommaire page Editorial .......................................................................................................................1 Le soleil, la Lune et les étoiles, signes d’écriture.........................................................2 Le musée de l’Homme vient de réouvrir ses portes................................................ 3 Langues anciennes en péril dans l’enseignement en France....................................4-5 L’hébreu, langue morte ???...........................................................................................6 Le yiddish n’a pas disparu...........................................................................................7 L’anniversaire de 85 ans d’Aharon Dolgopolsky........................................................8 L’anniversaire des 25 ans de l’association Alphabets.................................................9 Pascal Vernus “Les origines de l’alphabet” compte rendu de son article...............10 Hatra, autre site archéologique important ravagé ...................................................11 La librairie Quartier Latin à Nice accueille les écrivains..........................................12 Expositions et conférences.........................................................................................13 Les nouveautés en librairie.........................................................................................14-15 L’agenda de l’association............................................................................................16 Editorial Les derniers évènements tragiques qui ont secoué la France nous ont laissé sans voix. Ils nous font réfléchir à l’avenir de la culture et à l’avenir tout court. Les hauts lieux antiques, Palmyre (1) en Syrie et Ninive, Nimrud et Hatra en Irak ainsi que d’autres sites, les cités monumentales grecques et romaines sur la côte libyenne (2) ont été livrés à la destruction. Et maintenant nous craignons pour nos vies et celles de nos enfants. Déjà en 2003, Georges Steiner écrivait : “Si l’on est mâle, adolescent, dans un contexte économique sans avenir, une kalachnikov et la guerre sont les gran- des portes sur l’identité et le respect de soi. Pour des centaines de millions, la vie vaut à peine d’être vécue. C’est là le crime profond” (3). Paul Veyne vient de publier un nouveau livre sur Palmyre. L’irremplaçable tré- sor chez Albin Michel. Il vante ses mérites, son “identité hybride”, sa capacité à l’intégration et à la multiplicité. “On a beau parcourir des yeux la carte de l’empire, on ne voit pas où auraient pu se rencontrer un plus grand nombre d’influences : la vieille Mésopotamie, l’antique Syrie araméenne, la Phénicie, un peu de Perse, davantage d’Arabie.” Ce carrefour international qui voyait passer des caravanes chargées de richesses, de trésors d’art, de denrées luxueuses a servi “de dernier rempart romain avant l’empire perse des Sassanides”. La biographie magnifique d’Atiq Rahimi, écrivain et cinéaste né à Kaboul, nous console un tout petit peu. Il a écrit La ballade du Calame (4). Il a fui la guer- re et gagné la France en 1984. Son premier roman Syngué sabour. Pierre de patience a remporté le prix Goncourt en 2008. L’exil a fait de lui ce qu’il est. Il révèle : “J’écris en persan -, mais de gauche à droite... C’est une manière de ne pas oublier ma langue. Je ne veux pas m’éloigner de ma langue d’origine. Si l’on perd sa langue, on perd son identité mais aussi certains souvenirs. On perd la mémoire en oubliant les mots (...) Ce qui m’a donné ma liberté d’écrire, c’est l’exil. Je lui dois tout” (5). Espérons que les “Almohades” d’aujourd’hui n’auront pas le dernier mot. Rina VIERS ___________ (1) “Palmyre, le joyau brisé de l’antiquité” dans Histoire & civilisation n°11 nov. 2015 (2) Florence Evin ”La Libye antique monumentale en danger” Le Monde du Vendredi 16 oct. 2015, p. 19. (3) Georges Steiner, Cécile Ladjali Eloge de la transmission. Le maître et l’élève. Librairie Arthème Fayard/Pluriel, p. 100. (4) Atik Rahimi La Ballade du Calame. L’iconoclaste, 2015. (5) Nils C. Ahl “ L’exil l’a fait” dans Le Monde du 6 nov. 2015, p. 12. Le livre est sorti des presses de l’imprimerie Baud, à Saint Laurent du Var, vendredi 11 décembre 2015. La conférence de présentation, a été don- née à la Médiathèque de Contes, le 4 décembre. La librairie du Quartier Latin à Nice m’a invi- tée à signer avec les auteurs niçois en décembre. (voir page 12) Je remercie les nombreux souscripteurs qui ont manifesté leur intérêt pour ce nouveau venu qui sera suivi d’autres titres, ceux des conférences que j’ai données au nom de l’association Alphabets. Les voici : - Les oiseaux et les plantes, signes d’écriture en Egypte. - Le corps humain et les lettres de l’alphabet. - La mythologie des deux premières lettres de l’alphabet. Et bien d’autres encore... Mais l’évènement le plus important à venir est notre 25e anniversaire ! En effet, l’as- sociation, je le rappelle, a été fondée en jan- vier 1991 mais rien ne nous empêche de fêter cet anniversaire un peu plus tard, au Printemps, avant les vacances de Pâques. A cette occasion, nous avons choisi pour une journée d’étude, le thème de la Tour de Babel et la multiplicité des langues. Le 19 mars 2016 nous célébrerons cet anni- versaire dans une salle à Nice et nous espé- ronsavoir la participation d’au moins deux écrivains. Nous attendons de connaître la disponibilité de ces derniers et celle des scientifiques. Le programme prévisionnel se trouve à la page 9.

Alphabets · L’iconoclaste, 2015. (5) Nils C. Ahl “ L’exil l’a fait” dans Le Monde du 6 nov. 2015, p. 12. Le livre est sorti des presses de l’imprimerie Baud, à Saint

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Page 1: Alphabets · L’iconoclaste, 2015. (5) Nils C. Ahl “ L’exil l’a fait” dans Le Monde du 6 nov. 2015, p. 12. Le livre est sorti des presses de l’imprimerie Baud, à Saint

AlphabetsInformations

n° 79 - 4e trimestre octobre-novembre-décembre 2015

ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015 page 1

Sommaire pageEditorial .......................................................................................................................1Le soleil, la Lune et les étoiles, signes d’écriture.........................................................2Le musée de l’Homme vient de réouvrir ses portes................................................ 3Langues anciennes en péril dans l’enseignement en France....................................4-5L’hébreu, langue morte ???...........................................................................................6Le yiddish n’a pas disparu...........................................................................................7L’anniversaire de 85 ans d’Aharon Dolgopolsky........................................................8L’anniversaire des 25 ans de l’association Alphabets.................................................9Pascal Vernus “Les origines de l’alphabet” compte rendu de son article...............10Hatra, autre site archéologique important ravagé ...................................................11La librairie Quartier Latin à Nice accueille les écrivains..........................................12Expositions et conférences.........................................................................................13Les nouveautés en librairie.........................................................................................14-15L’agenda de l’association............................................................................................16

Editorial Les derniers évènements tragiques qui ont secoué la France nous ont laissésans voix. Ils nous font réfléchir à l’avenir de la culture et à l’avenir tout court.Les hauts lieux antiques, Palmyre (1) en Syrie et Ninive, Nimrud et Hatra enIrak ainsi que d’autres sites, les cités monumentales grecques et romaines surla côte libyenne (2) ont été livrés à la destruction. Et maintenant nous craignonspour nos vies et celles de nos enfants. Déjà en 2003, Georges Steiner écrivait : “Si l’on est mâle, adolescent, dans uncontexte économique sans avenir, une kalachnikov et la guerre sont les gran-des portes sur l’identité et le respect de soi. Pour des centaines de millions, lavie vaut à peine d’être vécue. C’est là le crime profond” (3).Paul Veyne vient de publier un nouveau livre sur Palmyre. L’irremplaçable tré-sor chez Albin Michel. Il vante ses mérites, son “identité hybride”, sa capacitéà l’intégration et à la multiplicité. “On a beau parcourir des yeux la carte del’empire, on ne voit pas où auraient pu se rencontrer un plus grand nombred’influences : la vieille Mésopotamie, l’antique Syrie araméenne, la Phénicie, unpeu de Perse, davantage d’Arabie.” Ce carrefour international qui voyait passerdes caravanes chargées de richesses, de trésors d’art, de denrées luxueuses aservi “de dernier rempart romain avant l’empire perse des Sassanides”. La biographie magnifique d’Atiq Rahimi, écrivain et cinéaste né à Kaboul, nousconsole un tout petit peu. Il a écrit La ballade du Calame (4). Il a fui la guer-re et gagné la France en 1984. Son premier roman Syngué sabour. Pierre depatience a remporté le prix Goncourt en 2008. L’exil a fait de lui ce qu’il est. Ilrévèle : “J’écris en persan -, mais de gauche à droite... C’est une manière de nepas oublier ma langue. Je ne veux pas m’éloigner de ma langue d’origine. Sil’on perd sa langue, on perd son identité mais aussi certains souvenirs. On perdla mémoire en oubliant les mots (...) Ce qui m’a donné ma liberté d’écrire, c’estl’exil. Je lui dois tout” (5).Espérons que les “Almohades” d’aujourd’hui n’auront pas le dernier mot.

Rina VIERS___________(1) “Palmyre, le joyau brisé de l’antiquité” dans Histoire & civilisation n°11 nov. 2015(2) Florence Evin ”La Libye antique monumentale en danger” Le Monde du Vendredi 16oct. 2015, p. 19.(3) Georges Steiner, Cécile Ladjali Eloge de la transmission. Le maître et l’élève. LibrairieArthème Fayard/Pluriel, p. 100.(4) Atik Rahimi La Ballade du Calame. L’iconoclaste, 2015.(5) Nils C. Ahl “ L’exil l’a fait” dans Le Monde du 6 nov. 2015, p. 12.

Le livre est sorti des presses de l’imprimerieBaud, à Saint Laurent du Var, vendredi 11décembre 2015. La conférence de présentation, a été don-née à la Médiathèque de Contes, le 4décembre.La librairie du Quartier Latin à Nice m’a invi-tée à signer avec les auteurs niçois endécembre. (voir page 12)Je remercie les nombreux souscripteurs quiont manifesté leur intérêt pour ce nouveauvenu qui sera suivi d’autres titres, ceux desconférences que j’ai données au nom del’association Alphabets. Les voici : - Les oiseaux et les plantes, signes d’écritureen Egypte.- Le corps humain et les lettres de l’alphabet.- La mythologie des deux premières lettres del’alphabet.Et bien d’autres encore...Mais l’évènement le plus important à venirest notre 25e anniversaire ! En effet, l’as-sociation, je le rappelle, a été fondée en jan-vier 1991 mais rien ne nous empêche defêter cet anniversaire un peu plus tard, auPrintemps, avant les vacances de Pâques.A cette occasion, nous avons choisi pourune journée d’étude, le thème de la Tourde Babel et la multiplicité des langues. Le 19 mars 2016 nous célébrerons cet anni-versaire dans une salle à Nice et nous espé-ronsavoir la participation d’au moins deuxécrivains. Nous attendons de connaître ladisponibilité de ces derniers et celle desscientifiques. Le programme prévisionnel setrouve à la page 9.

Page 2: Alphabets · L’iconoclaste, 2015. (5) Nils C. Ahl “ L’exil l’a fait” dans Le Monde du 6 nov. 2015, p. 12. Le livre est sorti des presses de l’imprimerie Baud, à Saint

2 ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015

Le Soleil, la Lune et les étoiles, signes d’écriture en Mésopotamie et en Egypte

A peine le livre sorti qu’il faut déjà rédiger un erratum !En effet, à la page 20 les dimensions indiquées pour la tabletted’astronomie la plus petite au monde...sont erronées. LaCollection qui nous a vendu l’image donnait des dimensions quinous paraissaient trop élevées. Ayant parcouru le livre deWayne Horowitz, j’en ai déduit que les dimensions indiquéesétaient en inches. Alors j’ai immédiatement signalé l’erreur à laCollection (l’officine de photos qui m’a vendu le cliché) maiscatastrophe ! Je n’ai pas vu que je n’avais pas corrigé moi-mêmeles dimensions dans mon propre livre !!!Au lieu de me lamenter sur cette erreur, j’ai commencé à rédi-ger la table des matières du prochain livre :Les oiseaux et les plantes, signes d’écriture en Mésopotamie et enEgypte, qui fait, en quelque sorte, suite au titre qui vient de sor-tir. Il s’agit encore d’une conférence donnée au Musée archéo-logique de Nice-Cemenelum lors de l’exposition que les muséesitaliens, le musée égyptien et le musée de sciences naturelles deTurin avaient créée : De la nature à l’art.

ERRATUM Rina Viers Le Soleil, la Lune et les étoiles, signes d’é-criture en Mésopotamie et en Egypte, ed. Alphabets, 2015, page20, dans la légende de la Tablette Mul Apin et dans le texteStella aratio 2e ligne. Les dimensions de la Tablette MUL.APIN (traité d’astronomie)BM 86378 sont en réalité plus grandes que celles indiquéesdans le livre : 32 x 23 mm (ces dimensions correspondaient enréalité à des inches).Il faut donc corriger : 8,4 x 6 cm. J’en profite pour traduire la page passionnante parue dans levolume XXII de State Archives of Assyria Studies, p. 15. « Deuxdécouvertes d’une importance cruciale – du point de vue de larecherche sur l’astronomie en Mésopotamie – ont animé ledébat en 1912 et 1913. La première était la publication de lapremière tablette d’un traité astronomique MUL APIN (BM86378) en décembre 1912 (1). Et la seconde, la découverte del’Astrolabe B. MUL.APIN, est un texte extrêmement importantqui fournit des informations de valeur sur les constellations etle calendrier mésopotamiens, avec des sections datant de l’é-poque kassite.La tablette BM 86378 elle-même est semblable à l’œuvre d’unmagicien. Elle mesure 3,3 x 2.3 inches (8,4 x 6 cm) – un objetplus petit que la paume de votre main) – et qui comporte plusde 45 lignes écrites de chaque côté. Les chercheurs du BritishMuseum ont été obligés d’utiliser un espace 20 fois plus grand(huit pages A4) afin d’imprimer le texte de manière lisible !Quand j’ai visité Londres, au printemps 2003, et que j’ai exami-né moi-même cette tablette, j’ai été transporté d’admiration –l’écriture était si petite ! A l’aide d’une loupe spéciale grossis-sant 5 fois et, placé convenablement dans la salle de lecture, j’aipu déchiffrer quelques signes mais pas tous. A la fin, pour voircorrectement, j’ai été obligé d’utiliser une loupe grossissant 10fois, que j’avais emportée avec moi, en sage prévision. Ce n’é-tait pas une tablette courante !”

Sans aucun doute, elle avait été confectionnée par quel-qu’un qui avait des dons extraordinaires et dans un butspécifique. Et en effet, L.W. King – le chercheur qui avaitpréparé le texte de la publication - écrivait : « Cette copied’un texte n’a jamais bien évidemment été destinée à uneutilisation pratique en raison de ses minuscules caractè-res…Il est fort probable qu’elle ait été dédiée … commeoffrande votive à l’un des grands temples.» (2)Parmi les sept sections de MUL.APIN, il y en avait une quicontenait 16 paires de levers simultanés et agencementsd’étoiles ainsi qu’une autre avec 13 paires de levers simul-tanés et culminants d’étoiles. Ces nouvelles données ren-daient possible l’identification de plusieurs constellationsqui, faute d’informations suffisantes, avaient résisté jus-qu’à ce jour à leur identification.Quand le texte cunéiforme de MUL.APIN arriva enAllemagne en février 1913, Kugler était malade, à l’hôpi-tal (3).Lorsqu’il recouvra sa santé, au début du mois de mars, ilcommença immédiatement à travailler sur le texte, faisantdes centaines de suppositions complexes, y compris de latrigonométrie sphérique. Il a également utilisé un globecéleste (4).

J’espère que les lecteurs de ce bulletin pardon-neront cette erreur fatale. Vous imaginez le tra-vail pour glisser une page dans chaque livreavant l’expédition et surtout à ceux qui ontsouscrit et déjà reçu le volume avant la décou-verte de l’erreur...

(1) CT 33 (1912), pp. 4-5 (description); planches 1-8(copie) La seconde tablette a été identifiée et publiée parWeidner en 1924.(2) CT33, p. 4(3) Begleitwort dans Kugler 1913 : V.(4) Kygler 1913 : 21. Le globe devait montrer le cielcomme il l’était 500 ans avant J.-C. étant donné que c’étaitcette époque que Kugler considérait a priori être celle dela composition du texte. Le 31 mars 1913 au bout de troissemaines de travail acharné, il publia un livret de 20 pagestitré Zur älteren babylonischen Topographie desSternhimmels (A propos des l’ancienne Topographiebabylonienne du ciel étoilé).

Relevé de la tablette

MUL APINBM 86378

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ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015 page 3

Le nouveau musée de l’Homme

Tous les journaux en parlent. Je retiens particu-lièrement l’article “L’Homme a son nouveaumusée” dans Histoire & civilisation n° 12 décem-bre 2015. Je m’aperçois qu’il est né un an avantmoi. Lorsque je l’ai visité dans l’intention d’yrecueillir des renseignements sur l’écriture, je mesouviens n’avoir aperçu que des bribes enfouiesdans des vitrines poussiéreuses, certes, maiscontenant des objets qui reconstituaient le modede vie des civilisations présentées. Le parcours de la préhistoire avait été refait parle Professeur Henry de Lumley et j’ai appréciéson caractère hautement pédagogique. Mais hélas des temps cruels se sont abattus surce musée alors que j’y allais pour rencontrernotre graphiste Frédéric Serre qui consacrait dutemps pour mettre en page les panneaux del’exposition La naissance des alphabets sur lesrives de la Méditerranée au centre de nos activi-tés, et qui atteint aujourd’hui le nombre de 43panneaux. En effet, la décision de fermer le Musée, il y asix ans, était une catastrophe à mes yeux. Lesvitrines ont été fracassées à coups de hache et labibliothèque devait disparaître. J’étais scandali-sée ! On allait supprimer une entreprise grandio-se, humaniste, qui voulait mettre au même rangles hommes et leurs cultures de toutes lescontrées sans distinction de race, de couleur.“Paul Rivet, le directeur voulait avant tout mon-trer qu’il n’y avait pas de hiérarchie entre elles”bien avant que les études génétiques ne permet-tent de faire disparaître ce mot “race”. Et pour-tant il ressort de temps en temps...et il n’a pasencore disparu complètement puisqu’il figureencore dans la constitution, hélas.Le Quai Branly a hérité de 300 000 objets et dela bibliothèque. Or celle-ci n’est pas ouverte aupublic ! Je voulais voir un dispositif interactif surles langues mais il est réservé aux chercheurs...Quant aux objets, ils sont montrés dans le cadred’expositions grandioses où on fait venir de l’é-tranger des collections prestigieuses mais ladimension humaine manque, à mon avis.L’homme est détaché de ses créations.

Je me souviens avoir visité au Quai Branly uneexposition de poteries berbères présentéesdans des vitrines très bien éclairées avec desexplications satisfaisantes, un beau catalogue,et même un spectacle de chants et de dansesque j’ai pu voir et où retentissaient la musiqueet la langue berbère, mais la dimension humai-ne, la vraie, a jailli soudain sous mes yeux : ungroupe de Berbères, presqu’une famille entiè-re est venue visiter l’exposition et j’entendaisparler les femmes : “c’est ainsi que ma mèrem’a appris à façonner les cruches, avec cescouleurs et ces formes géométriques”. J’ai prisle temps de dialoguer avec eux pour savoir cequ’ils ressentaient en apercevant dans des vitri-nes les œuvres de leurs ancêtres admirées parles visiteurs parisiens. Mais pour eux ce n’é-taient que des objets usuels, fabriqués selonune tradition ancestrale... Je comprends enfin aujourd’hui ce qu’il man-quait vraiment : une femme qui réaliserait sousnos yeux une jarre et répondrait à nos ques-tions les plus saugrenues sur sa manière defaire, sur l’argile, où va-t-elle la chercher ? Àquel âge a-t-elle commencé à créer ces mer-veilles ? Que représentent les dessins, les cou-leurs ? Peut-on reconnaître les tribus berbèresà partir de ces motifs ?J’apprends que les Musées royaux d’art etd’histoire de Bruxelles ont fait venir des“ouvriers spécialisés” du musée de Viennepour restaurer les sarcophages égyptiens avantde les installer en exposition permanente dansles galeries. Les visiteurs pourront donc obser-ver pendant leur visite de l’exposition intituléeSarcophagi. Sous les étoiles de Nout latechnique, les produits utilisés. Ils les verront àl’œuvre avant que ces sarcophages ne retom-bent dans leur mutisme millénaire.

Et voici ce qu’annonce le musée lui-même :”Inauguré en 1938, le Musée de l’Homme pré-sentait l’évolution de l’Homme et des sociétés,en croisant les approches biologiques, socialeset culturelles selon la pensée de Paul Rivet : « L’humanité est un tout indivisible, non seule-ment dans l’espace, mais aussi dans le temps ».Le nouveau Musée de l’Homme ouvre avec lemême objectif.

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4 ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015

Les langues anciennes sont en péril

Jean-Victor Vernhes Initiation au Grec ancien. nouvelle édition augmentée.Ophrys, 1989. Accessible à chacun, quelle que soit sa formation, commode à celuiqui étudie seul, ce manuel - qui a été largement expérimenté à des niveaux diversd’enseignement - offre une initiation claire et pratique à la langue attique, en pro-posant des exercices simples et efficaces, et en faisant lire dans le texte original,dès les premières pages, des extraits variés d’auteurs grecs. Il se compose de vingthuit étapes d’inégales longueur comportant chacune des notions de grammaire,de courtes listes de vocabulaire, des exercices, des textes de base. Tout a été faitpour faciliter l’apprentissage du vocabulaire, base de l’étude du grec.

Wilfried StrohLe latin est mortvive le latin !Petite histoired’une grande lan-gue. Traduit de l’al-lemand et du latinpar Sylvain Bluntz.Les Belles Lettres,2008. Le miroir desHumansites.

N’oubliez pas de lire avec délices Henriette Walter Minus, lapsus et mordicus. Nous parlons tous latin sans le savoir.Robert Laffont, 2014.

La réforme du collège proposée par l’actuel gouverne-ment et les menaces qu’elle fait peser sur les Humanitéssont incompréhensibles ! Pourquoi s’acharner à défairece qui permet encore à beaucoup d’exclus de la cultu-re de se distinguer ? Comment comprendre que lebesoin d’école et d’égalité soient aujourd’hui devenuscontradictoires ? Lorsque nous rabotons ainsi l’enseigne-ment des langues anciennes, sommes-nous conscientsde ce à quoi nous renonçons ? Et pourquoi se couperde cet héritage toujours vif ? Comment le faire vivredans l’esprit des jeunes générations ? Peut-il aider àcombattre les attendus d’une société toujours plus pri-sonnière des tyrannies de l’actualité et de la rentabilité ?Cet essai est un plaidoyer pour les Humanités au servi-ce de l’humanité qui est en chacun de nous, on y apprend comment l’Enéide de Virgile parle de nosmigrants modernes, comment le coup de boule deZidane se comprend au-delà du match, commentNietzsche défend une haute idée de l’enseignement deslangues anciennes, et comment le mathématicienPoincaré vient à la rescousse des enseignants de lettresclassiques. A travers le récit d’un parcours personnel quin’est ni celui d’un enseignant ni celui d’un partisan, l’au-teur entend défendre et faire partager son goût pour lesHumanités.

Le Latin est victime, avec la réforme descollèges de 2015, de l’une des plus gra-ves attaques qu’il ait jamais subies. Letableau de la situation faite aux languesanciennes est noir. Va-t-on vers la dispa-rition pure et simple des humanités clas-siques ? Face à l’urgence, les réactionsmédiatiques et politiques se multiplient.Quelles sont les raisons secrètes de laréforme ? L’enjeu, évidemment politique,paraît bien être le modèle de citoyenne-té qui nous est imposé.La spécificité de l’histoire du latin et lelegs antique doivent être analysés enrelation avec les grandes questions quise posent à nous. Que devons-nous à lalittérature latine ? Comment la littératurechrétienne a-t-elle infléchi l’histoire nais-sante de l’Europe ? Quelle place l’histoi-re du christianisme doit-elle avoir à l’éco-le ? En quoi le latin, jusque dansl’Antiquité tardive, a-t-il façonné notrevision de la civilisation ?

Le Point n°223, 11 juin 2015, p. 53-71.

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dans l’enseignement en France !Dans la page précédente, je vous ai présenté trois auteurs qui s’insurgent contre la réforme de l’enseignement visant à fairedisparaître le grec et le latin.

1. Wilfried Stroh, professeur émérite de philologie classique à l’université de Munich parle latin presque tous lesjours, à la télévision ou lors des visites guidées qu’il organise dans sa ville. Voici la 4ème de couverture de son livre : “Exhaustive et désopilante, cette histoire de la langue latine est aussi l’histoire del’Europe. C’est notre histoire. L’auteur nous y présente avec un enthousiasme communicatif une foule d’écrivains latins, sou-vent inattendus, depuis les plus drôles (comiques ou satiriques) jusqu’aux plus sérieux (Cicéron, Newton, Karl Marx), enpassant par le cocasse théâtre scolaire des humanistes et des jésuites. Wilfried Stroh soutient que c’est la “mort” du latin autemps de Virgile qui lui a permis de devenir “immortel”. Il aime à citer à l’appui de sa thèse “élitiste et snob” Marc-AntoineMuret, le professeur de Montaigne :

“On dit que la langue latine est morte depuis longtemps. Moi, je pense au contraire que c’est justement maintenantqu’elle a sa pleine vitalité et qu’elle jouit d’une santé éclatante, depuis qu’elle n’est plus au pouvoir du peuple ordinaire.”

2. Thierry Grillet. Dans le chapitre 1 : La seconde mort des langues mortes, écrit : “Faut-il que les langues mor-tes meurent une seconde fois ? La France a la religion de l’école et la passion de l’égalité. Comment s’en plaindre ? Ecole,égalité. Ensemble ce moteur à deux temps a permis, depuis le XIXe siècle, de faire avancer la démocratie, grâce à cette for-midable machine à produire du citoyen. (...) La République, généreuse, prend tout le monde dans ses bras. Et c’est bien.Mais la transmission des savoirs devenant de plus en plus difficile, il a fallu alors porter l’effort sur les savoirs de la trans-mission qui, pour certains observateurs, ont fini par concurrencer, voire dévaluer la compétence académique au bénéfice dela compétence pédagogique. (...) Comment maintenir aujourd’hui l’égalité avec l’hétérogénéité des populations qui n’ont pasune langue commune, et qui maîtrisent mal le français ? Une des réponses, c’est la réforme actuelle, 2015. Faute de pouvoir“égaliser” les élèves, on décide donc aujourd’hui d’égaliser les savoirs. C’est l’égalité au prix de l’école. Puisque le systèmen’est plus en mesure d’offrir le même enseignement à tous - latin et grec - faute de moyens, faute d’une homogénéité mini-male des classes, alors on taille dans les enseignements eux-mêmes. On rabote, on usine, on menuise, on amenuise. lessavoirs, les horaires; pour que le corpus des savoirs puisse se coucher sur ce lit de Procuste qu’est devenu l’impératif de l’é-galité. Comme le faisait Procuste, ce brigand célèbre dans l’Antiquité, qui jetait les prisonniers sur un lit en leur coupant lesmembres trop grands, ou en les étirant pour les mettre à la taille du lit. C’est ainsi que le latin et le grec, mais aussi les clas-ses bi-langues, ont été soumis au même reformatage”.”

3. Stéphane Ratti.a été professeur de langue et littérature latines à l’Université de Bourgogne. Il est aujorud’hui pro-fesseur d’Histoire de l’Antiquité tardive à l’Université de Bourgogne Franche-Comté.

“A la question de savoir si l’Education nationale supprime le latin et le grec au collège pour des raisons d’économieou pour des motifs politiques, on peut répondre que ces raisons sont éminemment idéologiques.” (p. 28)

“Ce qui déplaît aux parents et aux professeurs de langue vivante, c’est la disparition du choix laissé à certains élè-ves de suivre un cursus un peu plus exigeant pour imposer à tous la même vitesse de progression; on enlève une possibi-lité dans les choix libres de quelques-uns pour imposer à tous un carcan.

“Les anciens ministres de l’Education s’engouffrent dans la brèche et l’on voit Jean-Pierre Chevènement, FrançoisBayrou et Luc Ferry signer un appel commun contre le principe même de cette réforme au nom des humanités classiquesmenacées.” (p. 25)

Le 11 juin 2015, enfin, l’Académie française, dans une déclaration adoptée à l’unanimité de ses membres, faisait partau Président de la République de ses grandes réserves sur la réforme du collège et considérait que ce projet n’était pas “satis-faisant” : Réduire la place des humanités, matrice de notre civilisation, mettre le latin et le grec sur un pied d’égalité avecles langues régionales, dont l’enseignement relève d’une tout autre problématique et renvoie à d’autres finalités, est aussi unmauvais coup porté à la langue française. Apprendre le latin et le grec n’est pas consacrer à des langues “mortes” un tempsqui serait mieux employé en étudiant une ou plusieurs langues vivantes, c’est avant tout découvrir notre propre langue, dontla maîtrise ouvre l’accès à toutes les disciplines et à la culture en général.”

4. L’Académie française, au terme de la réflexion qu’elle a menée sur les enjeux et les modalités de cette réforme,et après avoir examiné les dispositions contenues dans les textes adoptés par le Conseil supérieur des programmes, appel-le d’abord à préserver les disciplines traditionnelles sans lesquelles les lacunes dans les apprentissage des savoirs fondamen-taux, trop souvent constatées au sortir de l’école primaire, ne pourront être comblées au collège.

Elle appelle ensuite à rendre à la maîtrise de la langue française la première place, et à favoriser cet apprentissagepar un véritable enseignement des langues anciennes aussi largement que possible.” (p. 26)

“Négliger l’héritage antique latin et faire table rase du patrimoine méditerranéen serait faire commettre à l’Europed’aujourd’hui une faute : cela s’appelle l’oubli.” (p. 64)

Dans le bulletin Le Nénuphar, n°81 de décembre 2015, Georges Bodereau, notre secrétaire, donne de larges extraitsde la lettre ouverte de Jean d’Ormesson adressée au Président de la République : Il y a encore quelques années, l’excep-tion culturelle française était sur toutes les lèvres. Cette exception culturelle plongeait ses racines dans le latin et le grec. Nonseulement notre littérature entière sort d’Homère et de Sophocle, de Virgile et d’Horace, mais la langue dont nous nous ser-vons pour parler de la science, de la technique, de la médecine, perdrait tout son sens et deviendrait opaque sans une réfé-rence constante aux racines grecques et latines. Le français occupe déjà aujourd’hui dans le monde, une place plus restrein-te qu’hier. Couper notre langue de ses racines grecques et latines serait la condamner, de propos délibéré, à une mort pro-grammée (4ème de couverture).

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6 ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015

L’hébreu, langue morte ???C’est pourtant ce que j’ai entendu au bureau de vote, au Rectorat de l’Académie de Nice, au 2ème tour

Une bénévole, de je ne sais quel parti, a osé m’accueillir en me disant qu’elle meconnaissait de nom et qu’elle savait que j’enseignais une langue morte.J’ai répondu : Je suis bien vivante et ce n’est pas un détail de l’histoire… Bien entendu j’ai réagi au quart de tour et très violemment car c’est précisémentlà, où se trouvait le bureau de vote, c’est à dire au Rectorat de l’académie de Nicequ’on avait fait disparaître l’hébreu de la liste des langues vivantes enseignéesdans l’Académie, il y a plusieurs années, afin d’induire en erreur les nouveaux élè-ves qui voudraient s’inscrire en hébreu, surtout à l’époque où j’enseignais auLycée Masséna et que j’attirais beaucoup d’élèves de toute la ville de Nice. Certainsvenaient le mercredi après-midi quand on ne les autorisait pas à s’inscrire au LycéeMasséna. J’avais donc pour 15 heures de professeur agrégé : 74 élèves !!! Il a fallu donc réagir pour que l’hébreu soit restitué sur le Bulletin officiel …Comme cette dame n’avait rien compris, elle m’a couru après, après que j’eus voté,pour me parler dans la cour du Rectorat. Mais j’ai répondu : « Je ne suis pas sour-de et j’ai bien entendu que vous disiez que j’enseignais une langue morte !!! Alorsrestons-en là « et je suis partie. 1. Elle n’avait pas le droit de faire intervenir des considérations personnelles dansun bureau de vote2. Elle parlait comme si l’hébreu n’était pas enseigné depuis cinquante ans dansles lycées et les collèges en France en tant que langue vivante, bien vivante, dansles lycées laïques et pas seulement dans les lycées privés. Nous avons assez tra-vaillé, l’inspection et les professeurs d’hébreu, pour faire connaître l’hébreucomme langue vivante d’un état qui l’a proclamé langue officielle en 1948.

Rina VIERS

L’enseignement de l’hébreuen France

Pour ceux qui l’ignoreraient encore,l’hébreu, langue vivante, l’hébreumoderne, est enseigné dans de nomb-reux lycées et universités. Dès le XVIe siècle, François Ier a intro-duit l’enseignement de l’hébreu et dugrec au Collège royal, aujourd’huiCollège de France, sur les conseils deGuillaume Budé.Aujourd’hui, l'hébreu biblique estenseigné dans les départements d'étu-des hébraïques des universités, à laSorbonne Paris IV, ainsi que dans pra-tiquement toutes les facultés de théolo-gie : Instituts catholiques de Paris, deToulouse, de Lille et d'Ouest-Angers,Faculté de théologie catholique deStrasbourg, Institut protestant de Paris,Facultés de théologie protestante deStrasbourg et de Montpellier, Facultélibre de théologie réformée d'Aix-en-Provence, etc.

APPRENDRE L'HÉBREU EN FRANCE, C'EST FACILEExtrait de L'arche, mensuel du judaïsme français , N°518 - avril 2001 - page 45 Par Sonia BARZILAY-NAUD *Il n'y a pas d'âge pour étudier ! Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne l'étude de l'hébreu en France. Diversesstructures permettent d'apprendre l'hébreu, du plus jeune âge à l'âge adulte.Au sein des établissements juifs, les enfants commencent à apprendre l'hébreu dès leurs premières années de scolarisa-tion. A partir de la classe de 4ème, ils peuvent choisir l'hébreu comme seconde langue vivante. Cet enseignement estassuré jusqu'au bac, où les lycéens peuvent se présenter à une épreuve d'hébreu comme première, deuxième ou troisiè-me langue vivante, ou dans le cadre des épreuves optionnelles. Notons cependant que, dans la majorité des écoles pri-maires et des collèges juifs, l'hébreu fait partie de l'enseignement du judaïsme et n'est pas enseigné en tant que langue decommunication. Certains lycées publics offrent, eux aussi, la possibilité d'apprendre l'hébreu à partir de la classe deseconde, en vue de préparer les épreuves du bac. Si tel n'est pas le cas dans leur établissement, les lycéens désireux d'ap-prendre cette langue peuvent le faire par correspondance avec le CNED (Centre national d'enseignement à distance).Dans l'enseignement supérieur, on trouve l'hébreu à différents niveaux : des départements d'études hébraïques permettentd'étudier du DEUG au doctorat à Paris 8, à l'INALCO, à Strasbourg I, à Lyon III. Ces formations peuvent déboucher sur lesconcours du CAPES et de l'agrégation d'hébreu. Par ailleurs, nombreuses sont les universités qui proposent des cours d'hé-breu validés comme « seconde langue », « langue étrangère » ou « cours optionnel » : Paris IX Dauphine, Paris III Créteil,Université Stendhal Grenoble III, Université Paul Valéry Montpellier III, Université de Toulouse le Mirail, Université Michelde Montaigne Bordeaux III. L'hébreu est présent également dans les Grandes écoles et dans les écoles de commerce (Écolenormale supérieure, ESSEC, ESCP.). Ces cours sont validés comme « seconde langue », « cours optionnels » ou, en réponse àune demande des étudiants, comme cours d'enrichissement personnel. Dans le cadre de l'éducation non formelle, signalons pour les jeunes, les mouvements de jeunesse et les Talmudé-Torah, et,pour les adultes, les oulpanim-cours d'hébreu. Ces cours sont proposés dans des centres communautaires, des synagogueset des écoles juives. Paris offre le plus grand centre d'oulpanim européen : le centre communautaire de Paris (119, rue LaFayette). Les adultes qui ne peuvent pas s'intégrer dans une de ces structures peuvent étudier l'hébreu par correspondanceau CNED. Les nouvelles technologies sont elles aussi représentées. Un cd-rom d'hébreu moderne et un cd-rom d'hébreubiblique existent déjà ; un troisième cd-rom, destiné à l'apprentissage de l'écriture et de la lecture pour enfants, est en pré-paration (Yodéa@éditions). Deux sites Internet (hebreu.org et hebreunet.org) proposent de nombreuses informations trèsprécises et des liens très pratiques.Nombreux sont les étudiants qui participent à des cours d'été en Israël organisés par desuniversités (Jérusalem, Haïfa, Tel-Aviv) ou par des centres d'oulpanim (Oulpan Akiva à Natanya, Bet Ha'am à Jérusalem).C'est une expérience très enrichissante que d'apprendre l'hébreu en Israël, en baignant dans la langue toute la journée. La demande grandissante pour l'étude de l'hébreu a incité le Fonds social juif unifié, l'Agence juive pour Israël et le FondsPincus à créer, en novembre 1998, le Centre national de l'hébreu (1), qui offre aux enseignants des formations profes-sionnelles à Paris en et Province ainsi que des matériels pédagogiques destinés au public francophone.* Sonia Barzilay-Naud est directrice du Centre national de l'hébreu1) CNH : 39, rue Broca, 75005 Paris. Téléphone : 01 42 17 10 50 E-mail : [email protected]

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ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015 page 7

Mameloushen, la “langue de maman” et de mes grands parents - le yiddish

Le yiddish est une langue d’une très grande richesse, avec desdialectes spécifiques. Les linguistiques se sont rendus comptecombien ces langues étaient importantes pour comprendre com-ment naissent et se développent les langues, quelles sont leursfonctions sociales et symboliques, et là on a vraiment de par larichesse de la littérature, de par la richesse des textes et aussigrâce à beaucoup d’ethnologues, d’ethnographes, on a beau-coup d’enregistrements qui donnent vraiment la mesure de lacomplexité, de la diversité et de la créativité de cette langue. LaShoah a été le cimetière de cette langue mais on sait que l’ave-nir et la vie des langues sont extrêmement complexes, même sion sait que beaucoup de langues disparaissent tous les jours, ily a aussi des miracles, il y a des foyers qui continuent à parlerle yiddish. (Jean BAUMGARTEN, directeur de recherches au CNRS auteurde Le yiddish, histoire d’une langue errante)

Le yiddish ressemble à mon napolitain, deux langues degrande foule dans des espaces étroits. Elles sont doncrapides, composées de mots apocopés, capables de sefaire de la place au milieu des cris. Elles ont la mêmequantité de mendiants et de superstitions. Elles sontexpertes en misères, émigrations et théâtres. Elles utili-sent des proverbes identiques et railleurs : ”Mieux vautapprendre le métier de barbier sur le visage des autres.”Elles disent du progrès : “Un coup de pied dans le derriè-re est aussi un pas en avant.” (Erri De Luca Le tort dusoldat. p. 12)Après avoir visité les camps de la mort et le ghetto deVarsovie, Erri De Luca décide d’apprendre le yiddishpour lutter contre l’oubli. Il a traduit des poèmes duyiddish en italien.Le yiddish a été mon entêtement de colère et de réponse.Une langue n’est pas morte si un seul homme au mondepeut encore l’agiter entre son palais et ses dents, la lire,la marmonner, l’accompagner sur un instrument à cor-des. (Erri De Luca Le tort du soldat, p. 23

Erri de Luca Le tort du soldat.Gallimard, 2012.Folio

“Parlée à l’origine dans la partie occidentale de lahaute-Allemagne (moyenne vallée du Rhin : Spire,Worms, Mayence, Coblence, Cologne), cette languegermanique était depuis le IXe siècle, celle de milliersde juifs qui avaient été appelés à partir du XIIIe siècledans l’est de l’Europe par les monarques et les noblespour s’occuper de leurs affaires en Pologne, enLituanie, en Petite Russie, en Bessarabie ou enRoumanie. Cette langue a évolué un peu différemmentdans chacun de ces pays où elle a été transplantée. Ellese différencie en particulier des autres idiomes germa-niques du fait qu’elle s’écrit en caractères hébraïques etqu’elle a beaucoup emprunté à l’hébreu. Au coursd’une histoire souvent dramatique, cette langue a béné-ficié d’apports aussi divers que ceux de l’hébreu et del’araméen, des langues romanes et des langues slaves,ce qui lui confère un caractère de langue “mixte” et quila rattache typologiquement au domaine des languescréoles.A la veille de la Seconde Guerre mondiale, près deonze millions d’individus parlaient le yiddish que l’onconnaît sous le nom de judéo-allemand en France.” (Henriette Walter. L’aventure des langues enOccident. Paris, R. Laffont,1994)

“J’ai entendu parler mes parents, en Israël, pendant sept ans,de 1950 à 1957, cette langue riche en émotions, en souvenirs,qui exprime l’attachement, l’appartenance à un peuple qui asurvécu aux massacres, aux pogroms, à l’extermination. Parler le yiddish n’est pas seulement continuer à faire vivre saculture mais aussi affirmer son identité juive que mes ancêtresont eu le courage de maintenir à travers des écrits, des mou-vements politiques et littéraires. De grands auteurs comme Isaac Bashevis Singer, MendeleMoher Sefarim, Peretz et tant d’autres ont laissé des œuvresqui restituent la vie des communautés juives d’Europe centra-le dont la langue, le yiddish, était la langue de communication,la langue parlée dans la vie quotidienne et même la langue quia servi à faire de la propagande pour un avenir meilleur...”

Rina VIERS

La Maison de la cultureyiddish entretient cetteculture, la diffuse pardes activités multiples,édifiantes dans tous lesdomaines : des specta-cles, des conférences,des stages de musiqueklezmer, des visites gui-dées des artistes juifs.Tout cela à Paris.

Maison de la culture yiddish. Bibliothèque Medem29, rue du Château d’Eau 75010 PARISTél. 01 47 001400www.yiddishweb.com

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8 ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015

L’anniversaire des 85 ans d’Aharon DolgopolskyCompte-rendu des festivités sur le site : http://www.a-dolgopolsky-center.com/

A Jérusalem, les 18 et 19 novembre 2015, au centre commercial oùse trouve aussi la bibliothèque russe, a été célébré l’anniversaire des85 ans d’Aharon Dolgopolsky à titre posthume. Son épouse a crééun Centre de recherche du Nostratique contenant la biblio-thèque très riche de l’auteur du dictionnaire du nostratique. La pre-mière journée s’est terminée par un concert: Anat Pik a créé unecomposition vocale pour un texte écrit en langue nostratique ... etsa veuve Tsippi Fleischer une œuvre chantée en copte “Daniel dansla fosse aux lions”. Une Table Ronde le 19 novembre sur les reconstruc-

tions profondes en linguistique historique comparéeréunissait des spécialistes russes venus de Moscou

Aharon Dolgopolsky(photo parue dans Pour la science en 1991)

Une exposition a été présentée à cette occasion

L’association Alphabets a eula chance de faire venir enFrance par deux fois AharonDolgopolsky : la premièrefois à Paris au salon Expo-langues en 1992 et ladeuxième fois à Nice pourparticiper au Colloque“Langues et écritures de laMéditerranée” qui s’estdéroulé à la Maison duSéminaire, en 2001.

Ci-dessus le programme trilingue : anglais russe et hébreu.

Aharon DolgopolsyThe nostratic macrofamilyand linguistics PaleontologyThe McDonald Institute forArchaeological research, 1998.

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ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015 page 9

L’association ALPHABETS va fêter ses 25 ans en 2016 !!!

Une géographie des adhérents et des activités qui s’étend de plus en plus, audelà des frontières de la France, qui enjambe la Méditerranée, des rencontresqui ont fait naître des échanges. Mais il y a encore tant à faire...

Un quart de siècled’activités culturellesenrichissantes pournous et pour lesadhérentsles visiteursles lecteurs

Une histoire rocambolesque

et fructueuse

Programme prévisionnel de la Journée d’étude réunissant historiens, épigraphistes, philosophes et traducteurs

La tour de Babel et la multiplicité des langues

Samedi 19 mars 2016au Couvent des Dominicains - Salle Saint Dominique

9, rue Saint François de Paule

avec la participation de :Umberto ECO La recherche de la langue parfaite dans la culture européenne, 1994 et 1997.

Erri DE LUCA “Le don des langues” dans Un nuage comme tapis, 2015. Jean Jacques GLASSNER La tour de Babylone. Que reste-t-il de la Mésopotamie ? 2003. Pascal VERNUS “Les écritures peuvent-elles empêcher les langues de disparaître ?”

Michel ALESSIO “Chaque langue est une autre vision du monde”Maurice OLENDER Les langues du Paradis, Aryens et Sémites :un couple providentiel. 1989 et 2002.

Rina VIERS “Hommage aux déchiffreurs de l’écriture cunéiforme qui a noté une quinzaine de langues”.

En soirée Concert avec Abed AZRIÉ : L’épopée de Gilgamesh (1)

_________________________________________________(1) texte établi d’après les fragments sumériens, babyloniens, assyriens, hittites et hourites. traduit de l’arabe et adapté par Abed Azrié. Berg International éditeurs, 1979 et 2015.

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10 ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015

Pascal Vernus Les origines de l’alphabetEcriture hiéroglyphique égyptienne et écritureprotosinaïtique : une typologie comparée acropho-nie “forte” et acrophonie “faible”.Extraits de l’article paru dans Proceedings of the First PolisInstitute Interdisciplinary Conference. Ed. by ChristopheRico and Claudia Attucci. Cambridge Scholar Pub. 2015.

--------Parmi ses titres de gloire, la civilisation pharao-

nique peut s’enorgueillir d’avoir joué un rôle éminent dansla grande aventure humaine qu’est l’écriture. Rôle éminentd’abord parce qu’elle a créé et maintenu pendant troismillénaires et demi le système hiéroglyphique, une desplus anciennes écritures, la deuxième sinon la première àavoir été inventée, et aussi la plus sophistiquée et la plusraffinée du point de vue sémiotique.

Rôle éminent ensuite, parce qu’elle a inspiré d’au-tres écritures, l’écriture méroïtique, mais aussi, des tentati-ves à Byblos, et surtout une écriture cananéenne, l’écritu-re dite “protosinaïtique”. C’est une écriture alphabétiquequi, au prix de tribulations et d’adaptations, fut appelée àrayonner à partir de la Méditerranée et de la côte phéni-cienne. Ainsi est-elle tout simplement à l’origine de nosécritures occidentales modernes.

Les adhérents qui souhaitent recevoir cet articlede 34 pages en pdf peuvent le demander parcourriel : [email protected]

Discussion: 1. C. Rico pose la question à propos du fait que les Egyptienspossédaient déjà l’idée d’un alphabet même lorsque ce n’étaitpas leur seul système mais qu’il était toujours utilisé avec d’au-tres caractères hiéroglyphiques.Pascal Vernus avance que l’on peut trouver des exemples dephrases écrites uniquement en caractères “alphabétiques” dansles Textes anciens des Pyramides. Ces textes datent plus oumoins de 2320 avant J.-C., de l’époque d’Ounas. Durant laPériode tardive, des listes lexicographiques sont parfois arran-gées selon un schéma alphabétique.La question réelle à laquelle il faut répondre est dans quelcontexte culturel les inscriptions protosinaïtiques sont-ellesnées ? Si c’était dans une société de culture élevée, selon lathéorie d’Emile Puech, ou si c’était dans une société d’unniveau culturel inférieur comme le pense Orly Goldwasser.Dans le dernier cas, il est possible d’imaginer une influencedirecte de l’écriture égyptienne “alphabétique” sur la nouvelleécriture alphabétique. La question qui se pose encore est pour-quoi les Egyptiens, qui avaient déjà l’idée d’une écriture alpha-bétique, ne l’ont jamais utilisée exclusivement.C’est parce que les hiéroglyphes égyptiens n’étaient pas un sys-tème d’écriture “support de lecture” mais une “forme fermée”.La complexité du système hiéroglyphique est la contrepartie desa capacité de conduire à la connaissance du monde en met-tant en œuvre les ressources sémiotiques spécifiques de l’écri-ture. 2. Après quelques remarques d’E. Puech, P. Vernus citeSauneron qui surnommait la philologie égyptienne la “philo-logie sacrée” - cette attribution convient certainement à la natu-re de l’écriture égyptienne.3. M.V. Tonietti demande si les phrases purement alphabé-tiques étaient toujours associées à une catégorie spécifique detextes, comme des textes magiques.P. Vernus répond que les phrases alphabétiques peuvent êtretrouvées partout, dans différents contextes, mais il est intéres-sant de noter qu’elles sont plus fréquentes dans des cas spé-ciaux - par exemple, quand un texte sémitique est copié,comme il semble que ce soit le cas dans les Textes desPyramides, ou lorsque le texte atteint un niveau élevé desophistication et de style, comme dans la production littérairede la XVIe dynastie. Dans un troisième cas spécial, les écrivainségyptiens utilisaient une écriture alphabétique pour jouer avecl’écriture elle-même, à la manière d’un jeu, et pour montrerleurs capacités. 4. M.V. Tonietti demande si cette sorte d’écriture alphabétiqueétait utilisée seulement pour des mots étrangers et, si c’est lecas, pouvons-nous émettre l’hypothèse que les Egyptiens ontemprunté cette conscience alphabétique à des civilisationsextérieures.P. Vernus rejette cette hypothèse parce que l’écriture alphabé-tique était utilisée même pour des mots égyptiens qui n’étaientpas “non-motivés” (dans le sens linguistique) et parce que,comme il le montre, les premières attestations sont trop ancien-nes pour qu’elles aient été empruntées à d’autres peuples.5. M. Sigrist propose de faire un parallèle avec la Mésopotamieoù l’écriture araméenne a coexisté parralèlement à l’écrituretraditionnelle, un système plus complexe qui a survécu parcequ’il représentait la culture nationale.La connaisance et l’identité, selon P. Vernus, sont les élémentsqui forment ces écritures.

(traduit de l’anglais par R.V.)

Les hiéroglyphes convoqués pour leurs seules vertusd’images modèles (p.164)En définitive, l’écriture protosinaïtique n’est débitrice del’écriture hiéroglyphique que pour l’iconographie dessignes qui la constituent. Contrairement à ce qu’on estporté à croire au débotté, la mise en image de l’univers réelet imaginaire ne va pas de soi. Elle exige une culture de lareprésentation, fût-elle embryonnaire. Certes, chacun estplus ou moins capable de se donner une représentationgraphique d’une réalité donnée. (...) Or, s’agissant dessignes d’une écriture visant par définition une collectivité,il faut que cette représentation soit immédiatement identi-fiable par cette collectivité. Cela implique sinon une nor-malisation minimale, à tout le moins une culture iconiqueminimale limitant l’individualisation forcenée, pour que lareprésentation soit susceptible d’être reconnue de la mêmemanière pour chaque membre de ladite collectivité, mêmesi, bien entendu, nul ne saurait nier la place que tiennentles variations paléographiques à l’intérieur d’un répertoirestandardisé. Cette exigence d’une culture iconographiquecommune dans la construction des représentations rendcompte, à mon sens, du recours aux hiéroglyphes par lessémites qui créèrent l’alphabet protosinaïtique. Ils les utili-sèrent hors leur valeur structurale à l’intérieur du systèmehiéroglyphique, uniquement en tant que modèles inspirantdes images passibles d’une reconnaissance consensuelle,et auxquelles ils assignaient des valeurs consonantiquesspécifiques, totalement indépendantes de leur valeur origi-nelle. Ils n’ont pris dans l’écriture hiéroglyphique qu’un jeude référents iconographiques, et aussi, d’une manière plusgénérale, l’idée de fixer les produits du langage à l’aide d’i-mages dessinées au statut de signes.

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HATRA, la langue et l’écriture arabesAutre site détruit, et pourtant ilfait partie du patrimoine dumonde arabe.

H. Stierlin Le monde Arabe. Éditons Princesse 1982.

Façade du sanctuaire de Hatra

Stèle de Hatra représen-tant une divinité solaireHélios-Shamash, datantdu IIe s. de notre ère.

Triade de divinités hatréennes en albâ-tre : les déesses couronnées portent despalmes et un miroir. (Musée deMossoul)

Carte des sites détruits ou gravement endommagés par les guerres Les origines de l’alphabet arabe

L’alphabet arabe dérive d’uneécriture syriaque (non attestée).Elle a été utilisée à Al-Hira, capita-le des Lakmides, en Mésopotamie,qui était le séjour des poètes et deslettrés aux Ve et VIe s. ap. J.-C.Cette écriture est dérivée elle-même de l’écriture phénicienne parl’intermédiaire de l’écriture ara-méenne. Certains Arabes ont d’abord utilisépour l’écrit (du Ier au IIIe s.) la lan-gue et l’alphabet araméens sousleur forme palmyrénienne ou naba-téenne suivant les régions car il nefaut pas oublier le rôle des voiescommerciales du Hedjaz par où ontpénétré les diverses influences.Puis, à partir du IIe siècle, ils ontcommencé à noter la langue arabeavec ces mêmes écritures : palmy-rénienne et nabatéenne. D’autresArabes avaient employé différentsalphabets arabiques pour noter leurpropre langue à partir du Ve siècle.

ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015 page 11

Bas relief de Hatra représentant le dieuAigle, Hadad des Arabes, surmontantuen inscription araméenne, dont la

date remonte au IIe siècle de notre ère(Musée de Mossoul)

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12 ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015

La librairie Quartier Latin m’a accueillie aux côtés des écrivains de la région PACApour dédicacer leurs livres

J’ai eu la chance d’être placée à côté d’un homme distingué, Didier Romagny,auteur du roman Je n’irai pas plus loin, puis à côté de Martine GasquetDaugreilh qui a écrit des livres sur des femmes célèbres comme Edith Cavelldont Edith Piaf a hérité du prénom...parmi ces femmes Mata Hari qui n’était pasdu tout espionne selon l’auteur... Mais moi, sans crainte de me faire fusiller, jebrandis souvent le titre de “la Mata Hari des écritures”...Les oubliées de la Victoire. Impératrices, artistes et Cocottes; Les femmes de la Riviera à la Belle Epoque.Véronique Schouten signait Impromptues fantaisiesClaude Karkel présentait des livres qui évoquent en moi des années de lecturesdélicieuses et dont je garde des souvenirs enchanteurs : Sur les pas de MarcelPagnol, Sur les pas d’Alphonse Daudet et Sur les pas de Frédéric Mistral ?Gilvert Autheman signait La Tour Rouge. Claude Raybaud : Parc national duMercantour, Côte d’Azur et Sommets des Alpes d’Azur.Marie Delabos signait La Falaise.Quelques adhérents sont venus faire dédicacer des exemplaires achetés en sous-cription de mon livre Le Soleil, la Lune et les étoiles, signes d’écriture enMésopotamie et en Egypte Odette Guinsbourg, Anne-Marie Da Costa Lima, artis-te peintre tout comme la graphiste de la couverture de mon livre, MartineBelmon. Sont également venus : Georges Bodereau, notre secrétaire et un reve-nant parmi les adhérents que je croyais disparu dans sa campagne, M. Regnault.Il savait que le pilier des anciens du Lycée du Parc Impérial serait là : LucienNazarre et il était venu faire un tour culturel le samedi. Il a bien fait car ainsi jerenoue des liens d’amitié avec un de mes anciens proviseurs, adhérent dévouéqui ne ratait jamais les rendez-vous des associations...mais ne m’y voyant pas etpour cause, la Mairie de Nice a voulu que nous fassions place à une autre asso-ciation... nous n’avons donc pas participé au dernier rendez-vous...Un concert de guitares exceptionel nous a été offert samedi. Une atmosphèrejoyeuse et délicate se dégageait de cette rencontre qui, hélas, n’a pas attiré beau-coup de clients malgré les portions nombreuses de tourte aux blettes, et les ver-res de vin chaud qui arrosaient le tout.L’arbre de Noël a été délicatement bousculé par les lecteurs intéressés par deslivres en rayons...et moi, dès que je le pouvais, je déambulais dans les allées,entre les étagères, pour repérer des livres à acheter, à consulter et que, faute demoyens, j’ai osé photographier. Leur intérêt est divers : l’histoire de l’écriture ?Non. Il y a tant d’autres thèmes intéressants au Quartier Latin qui fournit lesétudiants des classes préparatoires du Lycée Masséna, de l’autre côté de la rue.Daniel Schwall ne savait pas quoi faire pour être efficace, attentionné, dévouéaux écrivains qui, si l’on y pense, font travailler les imprimeurs et les libraires...

La librairie nous a même consacréune vitrine avec les publications del’association avec en toile de fond lerelevé de la Pierre de Rosette parl’allemand, Lepsius.

Nicole-Nikol Abécassis corrigeait descopies de philosophie en attendant sesamis...ses livres : Lettre aux enfants gâtés.Nulle part ? Qui suis-je ?Conscient/Inconscient, tous publiés auxéditions Ovadia

Edouard Rivier, adhérent de l’associationAlphabets, signe ses trois livres sur la Bible.

Notre stand

Deux auteurs signataires : àdroite Lucien Nazarre

Daniel Schwall, le libraire et Claude Karkel.

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Expositions en France et à l’étranger

LATTESLes Etrusques en toutes lettres- Ecriture et société en ItalieantiqueSite archéologique de Lattara-Musée Henri PradesJusqu’au 29 février 2016http://museearcheo.montpellier3m.fr/fr/event-5/17-octobre-2015-29-fevrier-2016-exposition-les-etrusques-en-toutes-lettres-ecriture-et un dossier est à télécharger sur lesite.

COMPIEGNEVoyage en terre étrusque antiqueCentre Antoine VivenelJusqu’au 6 mars 2016

BESANÇONLa mythologie gréco-romaine :histoires sacrées, sacrées histoires.Centre Nelson MandelaJusqu’au 27 août 2016

BAVAYVeni, Vidi, ludique. Jeux et jouets dans l’Antiquité Forum antique de BavayJusqu’au 19 janvier 2016

BRUXELLESSarcophagi. Sous les étoiles de Nout Musée royaux d’art et d’histoire

Jusqu’au 20 avril 2016

PARIS Institut du Monde ArabeOsiris. Mystères engloutis d’ÉgypteJusqu’au 6 mars 2016

PARIS. Musée du LouvreLa Petite Galerie offre un espace d’exposi-tion spécifique à l’éducation artistique etculturelle au cœur du palais du Louvreavec une riche offre culturelle associée :site Internet, applications pour smartpho-ne, programmation à l'auditorium, publica-tions…Mythes fondateurs. D’Hercule à Dark Vador.Jusqu’au 4 juillet 2016

PARIS. Musée d’art et d’histoire du JudaïsmeDes activités interculturellesParcours-atelier (durée deux heures)Calendriers : la fabrique du tempsComprendre le rapport au temps dans les trois monothéis-mes. L’atelier part de l’histoire d’Abraham et de ses résonancesdans les traditions juive, chrétienne et musulmane; les élèvesdiscernent les points communs et les différences entre lestrois traditions monothéistes, en s’appuyant sur l’observationdes calendriers, des fêtes et des rites; Ils illustrent trois formesde représentations du temps.Cultures et partage : juifs et musulmans. durée 2 heures Enrichir sa vision de la diversité des cultures. Découvrir les liens entre les cultures juive et musulmane.Calligraphie AtelierAlphabet. Atelier

ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015 page 13

PARIS Institut du Monde ArabeLes fables de Kalila et Dimnajusqu’au 3 janvier 2016Ouvrage de sagesse initialementdestiné à l’éducation des princes,le livre de Kalila wa Dimna trou-ve son origine dans un recueil defables composé en Inde aux alen-tours du IVe siècle ap. J.-C

http://expositions.bnf.fr/index.phpsur ce site vous pouvez visiter desexposition virtuelles sur :L’aventure du livreL’aventure des écritures et bien d’autres encore

PARIS. Grande Halle de la VilletteExpolangues les 22 et 23 janvier 2016100 exposants - 30 pays - 80 langues

Page 14: Alphabets · L’iconoclaste, 2015. (5) Nils C. Ahl “ L’exil l’a fait” dans Le Monde du 6 nov. 2015, p. 12. Le livre est sorti des presses de l’imprimerie Baud, à Saint

Nouveautés

A l’occasion de la réouverture du Musée de l’Homme :Blanckaert, C. dir., Le musée de l’Homme; Histoire d’un musée laboratoire. Paris, Artlys/Museum national d’Histoire naturel-le, 2015.Collectif. Le nouveau musée de l’Homme - Itinéraire. Paris, Artlys/Museum national d’Histoire naturelle.Coppens, Yves dir. Devenir humain, Manifeste. Paris, Autrement/Museum national d’Histoire naturelle,2015.Grimaud-Hervé, D. et al. Histoire d’ancêtres. Arles, Errance, 2015.Heyer E. dir. Une belle histoire de l’Homme. Paris, Flammarion, 2015.

Vu dans la presse:“Les Grecs et l’Astrologie. L’héritage desMésopotamiens”. article de Aurélie Damet. dansL’Histoire & CivilisationsLe monde-National Geographic n° 9 p. 56-67.Une nouvelle version du CCFr en ligne. Le catalogue collectif de France permet de localiser30 millions de documents à travers tout le pays.Grâce à son site internet, il offre un moteur derecherche puissant qui depuis juin dernier accueillede nouveaux outils pour améliorer les recherches :une saisie prédicative ; une navigation à facettespour filtrer les résultats par localisation, sujet, lieud’édition, langues. L’ajout du RCR (identifiant de labibliothèque) comme critère s’avère également utilepour restreindre les recherches à un seul établisse-ment. Les données du CCFr - notices et descriptionsde manuscrits, sont récupérables via différents for-mats professionnels.http://ccfr.bnf.fr

David FoenkinosCharlotteavec des gouaches deCharlotte Salomon.Gallimard, 2015.

Jérôme BonninLa mesure du temps dans l’Antiquité.Les Belles Lettres, 2015.

Paul Veyne Palmyre, l’irremplaçable trésor. Albin Michel, novembre 2015

Béatrice Sauvageot Adieu, la dyslexie. Robert Laffont, 2015.

Michel Melot Une brève histoire de l’écriture. J C Béhar, 2015

Aperçu dans Le Monde des Livresde vendredi 18 décembre 2015.

Horst BredekampThéorie de l’acte d’image traduit de l’allemand parFrédéric Joly et Yves SintomerLa Découverte “Politique et sociétés”

Alphonse DuprontL’image de religion dans l’Occident chrétien.D’une iconologie historique. Gallimard, “Bibliothèque illustrée des histoires”

Toujours le vendredi 18 décembre, à la Librairie La Sorbonne, j’aiaperçu encore une nouveauté tentante : Roderick Cave et Sara AyadUne histoire mondiale du livre, de la tablette d’argile au livrenumérique, Armand Colin, 2015. Mais ce titre me rappelle étrange-ment : La grande aventure du Livre. De la tablette d’argile à latablette numérique. Editions Bibliothèque nationale de France, 2013.J’avais tellement envie de l’acheter pour pouvoir les comparer. Je leferai peut-être tout prochainement, en espérant que la BibliothèqueLouis Nucéra l’aura acheté...J’ai noté aussi les titres suivants : Archéo.La Bible avec notes d’études archéologiques et historiques. Traductionde Louis Segond. Manifeste pour la beauté du Monde de Jean-MariePelt et sœur Marie Keyrouz, Jésus selon Mahomet de Gérard Mordillatet Jéröme Prieur. De Thomas Römer Moïse en version originale,enquête sur le récit de la sortie d’Egypte. Alain Rey et Mettoui Pourvuqu’on ait l’ivresse, livre de calligraphie chez R. Laffont. enfin deux liv-res achetés en raison de la brûlante actualité : Thierry Grillet Homère,Virgile, indignez-vous ! (pour sauver le grec et le latin) chez FirstDocument ainsi que Stéphane Ratti A en perdre son latin, chez EUDEssais, 2015. J’ai été tentée d’acheter de Jürger Leonhardt La grandehistoire du latin des origines à nos jours, CNRS, 2010.

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Le cantique des Oiseaux est unenouvelle présentation de la conférenceaux oiseaux de Farid od-dîn ‘ATTARTraduit du persan par Leili Anvar.Diane de Selliers éd.Si ce livre n’est pas illustré, il est trèsriche en informations sur la composi-tion du texte et ses pérégrinations.

Mathias Enard, Boussole, Actes-Sud,prix Goncourt, 2015

Page 15: Alphabets · L’iconoclaste, 2015. (5) Nils C. Ahl “ L’exil l’a fait” dans Le Monde du 6 nov. 2015, p. 12. Le livre est sorti des presses de l’imprimerie Baud, à Saint

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Et voici ce qu’a rajouté le Père Jean Philippe à ma carte de vœux, lui qui participe activement, depuisdes années, aux réunions de l’amitié judéo-chrétienne. C’est dans ce cadre que je donne des cours d’hébreu biblique tous les mardis de 17h30 à 19h00.

“Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël : sa miséricorde nous amènera d'en haut la visite du soleil levantpour illuminer ceux qui se tiennent dans les ténèbres et guider nos pas sur le chemin de la paix ! “

(Luc 1, 78-79) Puissent tous les cœurs s'ouvrir à cette aurore en 2016 à travers le vaste monde !

Icônes de l’artiste peintre ukrainien Roman Selivachov qui a exposé dans la galerie d’art du Couvent des [email protected]

Saint Honorat

Le prophète DavidLe prophète Elie

Page 16: Alphabets · L’iconoclaste, 2015. (5) Nils C. Ahl “ L’exil l’a fait” dans Le Monde du 6 nov. 2015, p. 12. Le livre est sorti des presses de l’imprimerie Baud, à Saint

“Alphabets Informations” est le bulletin publié parl’association Alphabets (loi 1901, J.O. du 30.01.1991)pour ses adhérents. Directrice de la publication : Rina Viers

OBJECTIFSRégie par la loi de 1901 sur les associations à but non lucratif, Alphabets a été fondée le 5 janvier 1991 pour- Diffuser l’histoire de l’écriture et du livre à travers le monde au moyen d’expositions itinérantes.- Organiser toutes manifestations culturelles, notamment des conférences illustrées sur le sujet.- Créer des supports visuels tels que des programmes informatiques ou des films pour illustrer cette histoire à la lumière desdernières recherches en épigraphie, en archéologie, et dans les sciences du langage.- Apporter notre soutien aux campagnes d’alphabétisation dans le monde.- Susciter une réflexion sur les expressions graphiques – moyens de communication – et leur lien avec l’esprit deslangues, leur spécificité, le patrimoine culturel et artistique qu’ils constituent, pour une meilleure compréhension entre les peuples.Tarifs des cotisations* Membre d’honneur : participe activement à la promotion de l’association Alphabets et autorise à citer son nom publiquement dans la presse ou en d’autres occasions.* Membre actif : 25 € * Étudiant, sans emploi : 3 € * Membre bienfaiteur : 45 € et plus La cotisation, qui n’a pas augmenté depuis plusieurs années, est valable un an, à compter de la date d’adhésion. Pour adhérer, envoyezvos coordonnées et votre cotisation à : Association Alphabets, Parc Saint Maur Les Dahlias, 16 avenue Scuderi 06100 NICE.

16 ALPHABETS - Informations - n° 79 4e trimestre 2015

Siège social : Parc Saint-Maur Les Dahlias

16 avenue Scuderi06100 NICE

Les adhérents peuvent venirconsulter les livres de notre

fonds documentaireuniquement sur rendez-vous.

Téléphone : 04 93 53 63 1306 86 07 51 63

Courriel : [email protected]

La correspondance doitêtre adressée au siègesocial de l’Association.

Président d’honneur Jean-Pierre van DETH

Présidente-fondatrice Rina VIERS

TrésorièreClaude LIDVAC

SecrétaireGeorges BODEREAU

L’AGENDA DE L’ASSOCIATION

L’association Alphabets fait partie duréseau Anna Lindh mais ne reçoit pas desubvention de cette Fondation.Avec l’aide financière des institutions suivantes :

Interventions et exposition dans des collèges de larégion et au-delà

Collège Emile Roux au CannetCollège Nazareth à Nice

Collège Albert Camus à MandelieuEn janvier

au Collège du Sacré coeur à ReimsL’exposition

La naissance des alphabets sur les rives de laMéditerranée

età l’antenne du Conseil régional Provence Alpes Côte d’Azur33 avenue Notre-Dame

06000 NICEl’exposition

D’où vient notre alphabet ?où seront accueillies gratuitement des classes de

toute la ville de Nice et de sa région à la demande

à l’adresse courriel suivante :[email protected]