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AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE POUR LES JEUNES CONDUCTEURS

© Copyright 2013/Tous droits réservés

UN RAPPORT DE GOODYEAR EUROPE, MOYEN-ORIENT, AFRIQUE (EMEA)NOVEMBRE 2013

Goodyear Europe, Moyen-Orient et Afriquec/o Goodyear Luxembourg Tires S.A.7750 Colmar-BergLuxembourg

Demande à adresser à : Jens Voelmicke, Directeur Corporate Communications EMEA [email protected]

TABLE DES MATIÈRES Préface 4Avant-propos de John Lepine 6Méthodologie 8Résumé 10Introduction 12Première partie : le problème représenté par les conducteurs 14 débutants pour la sécurité routière : comment résoudre le paradoxe Pourquoi les conducteurs débutants sont-ils plus susceptibles 16 de causer des accidents ?Le système actuel d’apprentissage de la conduite en Europe 17L’examen du permis de conduire 18Les défis pour les moniteurs d’auto-école 19

La qualité de l’apprentissage de la conduite 19La conduite accompagnée 20Le bon entretien d’un véhicule 20

Deuxième partie : les résultats de nos enquêtes sur la sécurité routière 22L’échantillon 22Les conducteurs débutants : définition 23Les problèmes liés aux conducteurs débutants 23Les influences des jeunes conducteurs 24Le rôle des parents 25Comment sensibiliser les jeunes conducteurs 25Campagnes de sécurité routière : le rôle de l’État 25Améliorer la formation des conducteurs 26Leçons supplémentaires 27L’entretien des véhicules et la sécurité routière 28Troisième partie : réduire le risque posé par les conducteurs débutants 30Susciter un changement de comportement chez les conducteurs débutants 31Les influences positives sur les conducteurs débutants 32

Les parents 32Le secteur des assurances 32L’industrie automobile 32

L’impact de l’évolution des technologies 33Le rôle des campagnes de sensibilisation du public 34L’intégration de la sécurité routière dans l’éducation 34Influences plus générales 35Un permis de conduire à délivrance graduelle 35Recommandations 37Remerciements 38Bibliographie 39

PRÉFACE

Je suis ravi de vous présenter l’étude 2013 de Goodyear EMEA sur les conducteurs débutants. L’étude réalisée cette année auprès des moniteurs d’auto-école fait partie des efforts déployés par Goodyear depuis plusieurs années afin de susciter de nouvelles idées sur les questions liées à la sécurité routière.

L’année dernière, nous avons examiné les attitudes des jeunes vis-à-vis de la conduite et de la sécurité routière. Cette année, nous avons inversé notre perspective et l’avons axée sur ceux qui jouent le rôle le plus important dans la formation des conducteurs : les moniteurs d’auto-école. Ce Livre blanc est l’aboutissement de nombreuses années de travail et il représente une contribution majeure au débat relatif aux conducteurs débutants et à la sécurité routière. Il est remarquable dans le sens où il présente un vaste échantillon des opinions des moniteurs d’auto-école dans l’Union européenne, en Russie, en Turquie, et en Afrique du Sud.

La contribution de Goodyear va au-delà de la sensibilisation à certains aspects de la sécurité par la publication d’études, même si cela est important. En tant que manufacturier, Goodyear joue un rôle clé dans le renforcement des normes de sécurité routière. Je me réjouis des relations que nous entretenons avec les pouvoirs publics, les écoles de conduite et l’industrie automobile et de notre collaboration avec eux pour améliorer encore davantage la sécurité de nos jeunes conducteurs.

Goodyear est engagé pour plus de sécurité sur la route : c’est une entreprise leader dans le développement de pneumatiques innovants, qui bénéficient d’avancées technologiques qui peuvent aider les automobilistes à rouler en toute sécurité, quelles que soient les conditions de conduite.

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Michel Rzonzef Vice President, Consumer Tires, Goodyear Europe, Middle East and Africa

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Goodyear Dunlop, guidé par la vision « Ensemble pour la sécurité », s’est engagé à travailler avec les différentes parties prenantes pour améliorer la sécurité sur nos routes. Cela ne signifie pas seulement améliorer la sécurité des pneumatiques, mais aussi jouer un rôle dans le débat sur la sécurité routière

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AVANT-PROPOS

Je suis heureux de présenter cette nouvelle étude réalisée par Goodyear EMEA et d’avoir collaboré avec eux en 2013 pour apporter de nouveaux éléments à l’analyse de l’état d’esprit des moniteurs d’auto-écoles en Europe.

En ma qualité de président de la Fédération européenne des auto-écoles (EFA), je suis conscient des nombreuses questions qui préoccupent nos membres européens. Nous savons que les moniteurs d’auto-école accordent de plus en plus d’importance à la compréhension des comportements et des motivations des jeunes que nous formons. L’étude originale menée par Goodyear soutient les efforts que nous réalisons au sein de l’EFA afin d’améliorer constamment nos méthodes d’apprentissage et d’évaluation des jeunes conducteurs. C’est également une enquête exhaustive auprès des moniteurs d’auto-école en Europe, soulignant leurs différences ainsi que les domaines communs d’expérience.

Ce rapport démontre que le rôle des moniteurs de conduite va bien au-delà de simple explication et démonstration du contrôle d’un véhicule. En tant que moniteurs et enseignants, nous devons transmettre aux apprentis conducteurs une conception de la sécurité routière qui pourra leur servir tout au long de leur vie. Notre responsabilité ne se limite pas à les former à la réussite d’un simple examen.

Nous sommes cependant confrontés au défi qui consiste à trouver le juste équilibre entre cette responsabilité et les besoins de nos clients qui, dans leur grande majorité, souhaitent passer leur permis rapidement et à moindre coût. Par conséquent, les moniteurs et les auto-écoles ne sont pas en mesure de garantir à eux seuls que les jeunes sont des conducteurs respectueux de la sécurité. Les parents, les écoles, les gouvernements et l’industrie automobile ont tous un rôle essentiel à jouer. J’espère que les décideurs politiques qui liront ce rapport prendront à cœur quelques-uns des messages qu’il contient.

La façon dont nous enseignons la sécurité routière aux jeunes ne peut en aucun cas être figée. Grâce aux développements technologiques, les véhicules sont devenus encore plus sûrs. Dans le même temps, à mesure que les voitures deviennent une extension de nos salons, équipées de systèmes audio, de connexions téléphoniques et Internet, les opportunités de comportements à haut risque augmentent. Les décideurs politiques font face à ces défis au sein de l’UE, mais le débat ne sera jamais achevé. À cet égard, ce rapport doit être accueilli favorablement, sachant qu’il représente une étape sur notre parcours, plutôt qu’un objectif final. Et je suis impatient de voir dans quelle mesure cette étude pourra orienter le débat entre les pouvoirs publics et l’industrie automobile dans les années à venir.

DE JOHN LEPINE

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John Lepine President, European Driving Schools Association (EFA)

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L’étude soutient les efforts que nous réalisons au sein de l’EFA afin d’améliorer constamment les méthodes d’apprentissage et d’évaluation des jeunes conducteurs. Cette enquête auprès des moniteurs d’auto-école en Europe souligne la nécessité d’innover dans l’apprentissage de la conduite à chaque nouvelle génération.

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MÉTHODOLOGIE

Dans ce rapport, toutes les références à Goodyear ont trait à Goodyear Europe,

Moyen-Orient, Afrique (EMEA)

À PROPOS DE LA MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDEL’enquête a été réalisée par Reputation Inc. pour le compte de Goodyear EMEA afin de mieux comprendre les comportements des moniteurs d’auto-école envers la sensibilisation des jeunes conducteurs à la sécurité routière, ainsi que les croyances et les pratiques en usage chez les jeunes conducteurs. L’enquête comprenait 37 questions et a été effectuée auprès de moniteurs d’auto-école dans quinze pays différents.

Les pays qui ont pris part à l’enquête étaient : l’Autriche, la Belgique, la République Tchèque, le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, la Russie, la Suisse, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Turquie et l’Afrique du Sud. La population totale des moniteurs de conduite a été identifiée dans chacun des pays. Un échantillon représentatif a été constitué dans chaque pays. Les réponses aux questions provenant de tous les pays ont été analysées au niveau de chaque pays et au niveau européen. Les pays inclus

dans l’étude européenne étaient les suivants : l’Autriche, la Belgique, la République tchèque, le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, la Suisse, l’Espagne et le Royaume-Uni (taille de l’échantillon n=2334). Pour cette étude, les données ont été pondérées de manière identique selon les populations respectives des différents pays, afin d’assurer à chaque pays une représentation identique.

Les entretiens ont été effectués entre août et septembre 2013, via internet dans la langue locale de chaque pays. Les résultats complets de l’enquête sont disponibles sur demande.

Cette étude est fondée sur les travaux de recherche réalisés en 2012 auprès de 6 400 conducteurs débutants dans 16 pays (l’Autriche, la Belgique, la République Tchèque, le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, la Russie, l’Espagne, la Suède, la Suisse, l’Afrique du Sud, la Turquie et le Royaume-Uni).

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À PROPOS DE GOODYEARGoodyear est l’un des principaux fabricants de pneumatiques au monde. La société emploie environ 69 000 personnes et fabrique des pneumatiques dans 52 usines réparties dans 22 pays. Ses deux centres d’innovation, à Akron (Ohio), au siège de la société et à Colmar-Berg (Luxembourg), conçoivent et développent des produits et services à la pointe de l’innovation, qui sont pour la plupart devenus des standards.

Goodyear bénéficie d’une expérience de 111 années dans le développement d’une composante essentielle de tout véhicule : le pneu. Goodyear a décidé de s’impliquer activement dans le débat relatif à la sécurité des pneus et souhaite contribuer à une mobilité plus sûre. En Europe, Goodyear est un des signataires de la Charte européenne de la sécurité routière (ERSC). Goodyear soutient l’étiquetage européen des pneumatiques, qui aide les automobilistes à évaluer la performance des pneus suivant des critères liés à la sécurité et à la protection de l’environnement. Goodyear a soutenu l’équipement obligatoire d’un système de contrôle de la pression des pneus—un système électronique conçu pour contrôler la pression d’air dans le pneu—de tous les véhicules de tourisme neufs à partir de 2012 et dans toutes les voitures à partir de 2014. Goodyear est également favorable à la promulgation de lois par les États membres en ce qui concerne les pneus hiver, pour améliorer la sécurité routière en conditions hivernales. Goodyear s’allie à toutes les parties prenantes afin de démontrer l’importance de la sécurité routière.

Pour toutes informations complémentaires sur Goodyear et ses produits, nous vous invitons à consulter le site www.goodyear.fr

À PROPOS DE LA FÉDÉRATION EUROPÉENNE DES AUTO-ÉCOLES (EFA)L’EFA représente les intérêts de 25 associations d’auto-écoles de 24 pays européens auprès des autorités, des institutions et des organisations européennes, en ce qui concerne l’apprentissage de la conduite, la formation des moniteurs d’auto-école, le perfectionnement des conducteurs, l’apprentissage complémentaire des conducteurs débutants, la conduite écologique et toutes les questions relatives à la sécurité routière. La Fédération souhaite promouvoir toutes les initiatives destinées à améliorer la sécurité routière.

Ses principaux objectifs sont : l’harmonisation de la formation et de l’évaluation des moniteurs d’auto-école et/ou enseignants, la préparation et l’harmonisation des programmes et concepts pédagogiques pour la formation de toutes les catégories de conducteurs ; l’harmonisation de la formation et de évaluation des conducteurs ; l’harmonisation des normes des organismes d’évaluation et des examinateurs de conduite. EFA est une fédération professionnelle neutre en termes politiques et confessionnels.

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Europäische Fahrlehrer-Assoziation e.V.Fédération Européenne Des Auto-ÉcolesEuropean Driving Schools AssociationDriver Training For Life

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CE LIVRE BLANC EST LE DERNIER D’UNE SÉRIE D’ÉTUDE DE GOODYEAR EMEA SUR LE THÈME DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE.

En 2005, nous avions mené des recherches sur l’entretien des véhicules et en 2006 nous avions étudié la sécurité routière pour les vacanciers. En 2012, nous avions étudié les conducteurs débutants d’Europe. Le présent rapport est à nouveau axé sur les conducteurs débutants et s’appuie sur les études existantes et sur une nouvelle enquête effectuée auprès des moniteurs d’auto-école dans l’Union européenne, en Russie, en Turquie et en Afrique du Sud.

LES CONDUCTEURS DÉBUTANTS ET LA SÉCURITÉ ROUTIÈRELes conducteurs débutants sont nettement plus susceptibles d’être impliqués dans des accidents de voiture que les conducteurs plus expérimentés. Selon des données de l’OCDE, les accidents de la circulation représentent la première cause de décès chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans en Europe. Cela représente un défi pour les associations de sécurité routière, pour l’industrie automobile et les pouvoirs publics. Il y a un paradoxe : seule l’expérience peut convertir les conducteurs débutants en conducteurs prudents, mais l’expérience de conduite comporte des risques. Pour résoudre ce paradoxe, nous devons disposer d’un programme de formation et d’évaluation qui puisse donner aux conducteurs débutants des compétences et des attitudes pour réduire les risques pour ceux qui viennent d’avoir leur permis de conduire.

POURQUOI LES CONDUCTEURS DÉBUTANTS SONT PLUS SUSCEPTIBLES DE CAUSER DES ACCIDENTS ?Les conducteurs débutants sont moins expérimentés, ce qui les rend plus vulnérables et plus susceptibles de commettre des erreurs. Ils sont généralement plus jeunes que le conducteur moyen. Les jeunes, surtout les jeunes hommes, sont plus susceptibles de prendre des risques et d’avoir des comportements imprudents. Les jeunes conducteurs peuvent être influencés négativement par leurs amis ou imiter les mauvaises habitudes de conduite de leurs parents. Les jeunes peuvent avoir d’autres comportements à risque qui font d’eux des conducteurs encore plus à risque.

LE SYSTÈME D’ÉVALUATION EN EUROPELes leçons de conduite doivent préparer les conducteurs débutants à adopter un comportement sûr au volant. Cela couvre les aptitudes fondamentales nécessaires pour conduire une voiture. Toutefois, les attitudes qu’adoptent les conducteurs débutants vis-à-vis des risques de la conduite sont beaucoup plus importantes pour la sécurité routière. Les moniteurs d’auto-école doivent être capables d’inculquer à leurs élèves les bons comportements dès le départ. Par ailleurs, les examens de conduite doivent plus ressembler à la conduite de la vie réelle, pour garantir la sécurité sur la route de ceux qui obtiennent leur permis de conduire.

Certains experts réclament une modification du permis de conduire. Une des modifications qui est largement préconisée consiste en un système de délivrance graduelle des permis (GDL—Graduated license system) qui a déjà été adoptée sous différentes formes dans la plupart des États membres de l’UE. Le GDL peut requérir des tests répétés après une période d’essai, des périodes plus longues entre l’âge auquel on peut commencer à apprendre à conduire et l’âge auquel on peut passer son permis, ainsi que diverses sanctions pour les conducteurs débutants. Notre étude montre qu’il existe un large soutien pour le système de délivrance graduelle du permis.

SÉCURITÉ ET ENTRETIEN DU VÉHICULEL’entretien du véhicule est encore plus important pour les conducteurs débutants que pour les autres conducteurs. Les conducteurs débutants sont plus susceptibles de prendre des risques et ils tireront plus d’avantages des véhicules conçus pour être plus sûrs, en particulier des voitures équipées de systèmes électroniques d’aide à la conduite. Les experts conviennent que, bien que les véhicules modernes nécessitent moins de

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RÉSUMÉ

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connaissances sur l’entretien de la voiture, cette question demeure néanmoins d’une importance capitale pour la sécurité routière.

LA RÉDUCTION DES RISQUES POSÉS PAR LES CONDUCTEURS DÉBUTANTS Il y a trois voies pour réduire les risques posés par les conducteurs débutants. La première consiste à s’assurer que les conducteurs débutants sont influencés positivement pour les inciter à se comporter d’une manière plus sûre sur la route. La deuxième voie, plus controversée, consiste à imposer des restrictions aux conducteurs débutants via un système de délivrance graduelle du permis. Enfin, des mesures devraient être prises pour améliorer la sécurité routière de tous les automobilistes, ce qui serait particulièrement bénéfique pour les conducteurs débutants.

Il existe des moyens positifs et négatifs pour influencer le comportement. Les parents et les amis peuvent aider les conducteurs débutants en favorisant une culture de la sécurité routière. Les pouvoirs publics peuvent également encourager une meilleure attitude, par le biais de campagnes d’éducation et de sensibilisation du public. Les gouvernements peuvent aussi menacer de pénaliser la conduite dangereuse des conducteurs débutants en leur imposant des sanctions plus sévères, des restrictions sur les périodes de conduite autorisées ou un taux d’alcoolémie limité à zéro.

La technologie offre des solutions à une conduite dangereuse qui bénéficie à tous les automobilistes dont les voitures sont équipées de systèmes de sécurité sophistiqués. En intégrant ces systèmes (par exemple, les systèmes de contrôle de la pression des pneus) dans un plus grand nombre de véhicules, l’industrie automobile peut réduire les risques posés par les conducteurs débutants.

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RECOMMANDATIONS

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POUR LES POUVOIRS PUBLICS ET LE LÉGISLATEUR : ■ La Commission européenne devrait chercher à réaliser des études sur

les avantages en termes de sécurité d’un permis de conduire progressif. ■ La Commission européenne et les gouvernements nationaux devraient

encourager l’intégration d’une formation sur la sécurité routière, préalablement à l’apprentissage de la conduite, dans les programmes éducatifs des écoles.

■ La Commission européenne devrait imposer un renforcement de la formation sur l’entretien des voitures et motos pour l’examen du permis de conduire—notamment sur le contrôle de la bande de roulement et sur l’entretien des pneumatiques.

■ Les gouvernements nationaux utilisent des campagnes de sensibilisation du public qui ciblent les conducteurs débutants pour soutenir leurs politiques en matière de sécurité routière

POUR L’INDUSTRIE AUTOMOBILE : ■ L’industrie automobile devrait travailler à une intégration universelle

des nouvelles technologies qui améliorent la sécurité routière dans les véhicules conduits par les jeunes conducteurs.

■ L’industrie automobile devrait recourir au marketing et à la promotion pour attirer l’attention sur les technologies intégrées dans les véhicules et destinées à améliorer la sécurité sur la route.

POUR LES PARTIES PRENANTES AU SENS PLUS LARGE : ■ Le secteur de l’assurance devrait continuer à innover pour encourager

une formation accrue à la sécurité routière pour les conducteurs débutants grâce à une réduction des tarifs liés à cette formation complémentaire.

■ Le secteur des assurances devrait récompenser les conducteurs débutants qui prouvent leur engagement en faveur de la sécurité routière en réduisant leurs primes d’assurance.

■ Les auto-écoles devraient continuer à innover et à intégrer de nouvelles techniques de formation qui contribuent à faire des conducteurs débutants des conducteurs prudents.

EN PLUS DE CES RECOMMANDATIONS, DANS LE CADRE DE SON ENGAGEMENT CONTINU ENVERS LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE, GOODYEAR PRÉVOIT DE : ■ Soutenir l’introduction d’un permis de conduire avec système

de délivrance graduelle ■ Concevoir une campagne de sécurité routière qui s’adresse aux parents

des jeunes conducteurs. ■ Compléter notre action actuelle en matière de sécurité routière (par exemple,

l’application smartphone de la sécurité routière) en élaborant des matériels spécifiquement destinés aux jeunes et promouvant la sécurité routière.

■ Collaborer avec les écoles de conduite pour promouvoir l’importance de l’entretien des pneumatiques pour la sécurité routière.

LE LIVRE BLANC SUR LES CONDUCTEURS DÉBUTANTS EST LE RÉSULTAT DE PRÈS D’UNE DÉCENNIE DE TRAVAIL DE GOODYEAR EMEA DANS LE DOMAINE DE LA PROMOTION DE LASÉCURITÉ ROUTIÈRE.

En 2005, Goodyear a mené des recherches sur les attitudes des automobilistes face à un pneu à plat, et en 2006 Goodyear a mené une étude sur la sécurité routière pour les vacanciers. En 2012, Goodyear a commandé une enquête à l’échelle européenne auprès de plus de 6 400 jeunes conducteurs pour connaître leurs attitudes à l’égard de la sécurité routière. En 2013, Goodyear a décidé d’étudier l’avis des moniteurs d’auto-école. Se basant sur les recherches précédentes, le présent rapport s’attache aux questions liées à la sécurité des conducteurs débutants. Le rapport examine les forces et les faiblesses de l’apprentissage de la conduite en Europe, l’impact des récents développements technologiques sur la sécurité routière et le rôle des parents et des écoles pour préparer les jeunes gens à se comporter en automobilistes. Enfin, Goodyear propose un certain nombre de recommandations, un appel à l’action de toutes les parties prenantes et réaffirme ses propres engagements afin d’améliorer la sécurité routière pour les conducteurs débutants.

Les conducteurs débutants sont plus susceptibles d’être impliqués dans des accidents de la circulation que les conducteurs plus expérimentés. Les accidents de voiture constituent la principale cause de mortalité des jeunes en Europe. Ce seul fait justifie notre appel à l’action pour réduire les risques que les conducteurs débutants représentent pour eux-mêmes et pour les autres sur la route. Toutefois, nous reconnaissons qu’il n’y a pas de solution facile : il y a d’ailleurs un paradoxe, puisque seule l’expérience peut convertir les conducteurs débutants en automobilistes expérimentés et seule la conduite peut leur permettre d’acquérir cette expérience. Pour cette raison, Goodyear veut se pencher sur les solutions tout en identifiant les défis. Nous espérons que notre collaboration avec les moniteurs

d’auto-école européens portera ses fruits. Pour John Lepine, président de la Fédération européenne des auto-écoles :

“C’est un problème important que les constructeurs automobiles ont raison d’aborder dans leur discours promotionnel—Goodyear fait preuve d’une attitude responsable en se montrant prête à y contribuer.” 1

Les pouvoirs publics ont aussi leur rôle à jouer, puisqu’ils définissent les normes régissant l’apprentissage et les examens d’évaluation. Les gouvernements peuvent aussi recourir à des sanctions pour renforcer les bons comportements ou réprimander une conduite dangereuse. Cependant, les politiques à elles seules ne peuvent pas susciter un changement des comportements. L’industrie automobile, les associations, les parents, les enseignants et les conducteurs débutants eux-mêmes doivent travailler ensemble pour réduire le taux de mortalité bien trop élevé chez les jeunes conducteurs.

C’est la raison pour laquelle Goodyear a mené cette étude et c’est pourquoi nous présentons ce Livre blanc. Notre rapport présente les défis auxquels nous sommes confrontés pour faire des jeunes conducteurs des conducteurs plus prudents. Nous proposons également des solutions pratiques immédiates et à plus long terme. Ce rapport constitue une étape et non pas un objectif final. Faire des jeunes conducteurs des conducteurs prudents, ce n’est pas une tâche que l’on peut réaliser du jour au lendemain. Toutefois, nous sommes très heureux d’avoir l’opportunité d’apporter notre contribution à cette question d’une importance vitale.

INTRODUCTION

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1 D’après un entretien avec Goodyear, 2013

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13AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE | POUR LES JEUNES CONDUCTEURS

La technologie modifie la façon dont les jeunes apprennent à conduire—cela peut avoir à la fois un impact positif et négatif sur le comportement du conducteur.

Une écrasante majorité d’Européens doivent pouvoir conduire pour mener à bien leurs activités quotidiennes.

Une écrasante majorité d’Européens doivent pouvoir conduire pour mener à bien leurs activités quotidiennes. On compte plus de 250 millions de véhicules sur les routes européennes et l’automobiliste européen parcourt en moyenne 14 000 kilomètres par an2. Pour la plupart des Européens, apprendre à conduire est une nécessité économique.

Le paradoxe de la formation des conducteurs débutants pour une conduite en toute sécurité réside dans le fait que la seule façon d’apprendre consiste à mettre en pratique la conduite sur des routes réelles parmi d’autres automobilistes. Et cela comporte des risques. Un conducteur prudent est dans tous les cas un conducteur qui a d’abord été inexpérimenté et potentiellement dangereux. Notre engagement pour réduire ce risque pour les jeunes conducteurs qui expérimentent cette transition est le thème essentiel de ce rapport.

En Europe, la plupart des pays permettent de conduire sur route à partir de l’âge de 18 ans. Certains pays (le Royaume-Uni, l’Irlande et la Hongrie) autorisent les jeunes âgés de plus de 17 ans à conduire et certains autres (l’Islande, la Slovénie, la France) prévoient une plus grande flexibilité pour les plus jeunes conducteurs (âgés de plus de 16 ans) sous la surveillance d’un adulte. Pour les jeunes européens, l’âge auquel ils commencent à devenir indépendants, à quitter le domicile familial, à obtenir un premier emploi et à voter correspond à l’âge auquel ils apprennent à conduire. Dans la plupart des cas, les élèves conducteurs et les conducteurs débutants sont âgés de 18 à 24 ans3.

Par conséquent, en tant que groupe, les conducteurs débutants se distinguent par leur jeunesse et leur inexpérience. C’est aussi le groupe de conducteurs le plus susceptible d’être impliqué dans des accidents mortels de la circulation. Dans les pays développés (membres de l’OCDE—Organisation de coopération

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PREMIÈRE PARTIE :LE PROBLÈME REPRÉSENTÉ PAR LES CONDUCTEURS DÉBUTANTS POUR LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE :COMMENT RÉSOUDRE LE PARADOXE

2 http://www.acea.be/news/news_detail/vehicles_in_use 3 Notre définition d’un élève conducteur fait référence à une personne qui a atteint l’âge minimal légal pour conduire un véhicule

sous supervision (par exemple, dans le cadre d’une leçon de conduite ou avec un parent). Un conducteur débutant est un conducteur de tout âge qui a passé récemment (depuis moins de deux ans) son permis de conduire pour la première fois.

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et de développement économiques), les accidents de la circulation sont la première cause de décès chez les jeunes de 15 à 24 ans4. Bien que les informations soient moins disponibles, il semblerait que les accidents mortels sur la route soient encore plus nombreux chez les conducteurs débutants dans les pays en développement5. Le taux démesuré d’accidents mortels chez les conducteurs débutants est un des problèmes les plus sérieux de la sécurité routière dans les pays développés.

Les conducteurs débutants sont non seulement plus susceptibles de trouver la mort dans des accidents de la route à cause de leur conduite particulièrement imprudente, ils sont aussi sur-représentés dans tous les accidents et les statistiques de mortalité. Ils sont également plus à même de causer un accident où ils se tuent; et de causer la mort de leurs passagers, de piétons ou d’autres usagers de la route. En moyenne, pour chaque jeune conducteur tué dans un accident, 1,3 personne de plus meurt aussi6. Les jeunes conducteurs sont plus susceptibles de mourir dans les accidents impliquant un seul véhicule, dans des accidents survenant de nuit et/ou causés par une perte de contrôle du véhicule ou par une vitesse excessive. Les jeunes conducteurs sont également plus vulnérables aux effets de la consommation d’alcool. Enfin, comme les jeunes conducteurs transportent plus de passagers, les accidents impliquant de jeunes conducteurs occasionnent des lésions plus graves et un nombre plus élevé de blessés.

Pour les pouvoirs publics, les associations de sécurité routière et l’industrie automobile dans son ensemble, les conducteurs débutants représentent, par conséquent, un défi particulier. Tous les conducteurs doivent apprendre à conduire à un certain moment : pour les jeunes, comme pour tous les automobilistes, la liberté qu’offre la conduite automobile est bénéfique pour la vie sociale, l’éducation, le travail et les loisirs. Bien que les statistiques indiquent que les jeunes

sont moins en sécurité sur la route, lorsqu’ils atteignent la fin de l’adolescence, leur interdire de conduire n’est plus souhaitable. Comme c’est le cas pour toute activité qui comporte des risques, la protection par l’interdiction ne peut être prolongée indéfiniment. Et dans le cas de la sécurité routière, cela est particulièrement vrai : une conduite en toute sécurité et efficace provient, en partie, de l’éducation et des attitudes culturelles vis-à-vis de la conduite et, en partie, de l’expérience. Le seul conducteur respectueux de la sécurité routière est celui qui a été formé et qui s’est lui-même exercé à conduire de façon responsable, en passant d’un état de vulnérabilité en tant que conducteur débutant à un état de sécurité du conducteur expérimenté. Le défi est de faire en sorte que les conducteurs débutants ne représentent pas un danger pour eux-mêmes et pour les autres. Nous devons aussi accepter le fait que tous les conducteurs représentent un plus grand risque que des conducteurs plus expérimentés à mesure qu’ils acquièrent de l’expérience. N’oublions pas que la grande majorité des automobilistes passent du stade de conducteur débutant à conducteur expérimenté sans occasionner un accident mortel.

En établissant le contenu des cours de conduite, les pouvoirs publics sont confrontés à ce même paradoxe. L’examen du permis de conduire doit être suffisamment rigoureux pour que les conducteurs débutants ne représentent pas un danger sur les routes. Il doit cependant rester financièrement abordable et raisonnablement facile à obtenir pour que les jeunes gens s’impliquent dans l’apprentissage de la conduite responsable. Si l’obtention d’un permis de conduire devient trop bureaucratique, fastidieuse ou coûteuse, cela amènera certaines personnes à renoncer à la voie légale. Certains jeunes pourraient choisir de conduire sans permis; une petite minorité de conducteurs inexpérimentés constituerait une menace plus importante qu’une grande majorité de conducteurs débutants. Dans certains pays,

les conducteurs débutants sont soumis à des restrictions supplémentaires, avec plus ou moins de succès. Ce rapport va examiner plus en détail les avantages potentiels d’examens plus rigoureux ou de la délivrance graduelle du permis de conduire, qui autorise les conducteurs débutants à conduire sur route en différentes étapes. Toutefois, tout avantage obtenu en termes de sécurité routière est contrebalancé par son impact sur le conducteur. Par exemple, comme les jeunes conducteurs sont plus susceptibles d’être impliqués dans un accident survenant de nuit, il pourrait sembler logique d’imposer un couvre-feu. Néanmoins, l’impact sur la capacité des automobilistes à se rendre de manière autonome sur leur lieu de travail ou à effectuer les trajets entre les établissements d’enseignement et leur domicile serait lourd en conséquences économiques négatives. Cela viendrait s’ajouter au désagrément des restrictions horaires de conduite imposées aux jeunes conducteurs ou encore à la complexité de l’application de ces restrictions.

Les politiques relatives à la sécurité routière pour les conducteurs débutants doivent donc trouver le juste équilibre entre la réduction du nombre élevé d’accidents causés par ces conducteurs et la création d’un régime qui incite les jeunes à conduire d’une manière plus sûre. Ce rapport va envisager comment améliorer l’apprentissage de la conduite, en se basant sur les nouvelles études menées auprès des moniteurs d’auto-école. Le rapport examine également les attitudes des jeunes vis-à-vis de l’apprentissage de la conduite ainsi que d’autres questions liées à la sécurité routière. Nous proposons des recommandations à l’intention des pouvoirs publics, et nous envisageons aussi la façon dont les politiciens, en collaboration avec les parents, l’industrie automobile et les jeunes eux-mêmes peuvent faire pression pour améliorer la sécurité des conducteurs débutants.

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4 http://ec.europa.eu/transport/road_safety/specialist/knowledge/pdf/novice_drivers.pdf 5 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1123095/ 6 http://ec.europa.eu/transport/road_safety/specialist/knowledge/pdf/novice_drivers.pdf

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POURQUOI LES CONDUCTEURS DÉBUTANTS SONT-ILS PLUS SUSCEPTIBLES DE CAUSER DES ACCIDENTS?La plupart des facteurs expliquant pourquoi les conducteurs débutants sont un groupe plus dangereux que les autres usagers de la route sont évidents. Les conducteurs débutants sont les moins expérimentés. Quel que soit l’exhaustivité de leur formation à la conduite, tant qu’ils n’auront pas expérimenté pendant un certain temps les réalités et les risques de la conduite, ils ne sauront pas comment devenir des conducteurs sûrs. Comme cette expérience ne peut pas être reproduite dans un environnement contrôlé, les débutants doivent être plus prudents. Ils représentent un plus grand risque à mesure qu’ils apprennent les règles de la route. Pour Floor Lieshout, directeur de l’organisation Youth for Road Safety:

“Enseigner à quelqu’un à conduire est une chose, influencer son comportement en est une autre, beaucoup plus difficile.” 7 Les conducteurs débutants sont non seulement les conducteurs les moins expérimentés, mais ils sont aussi et de loin les conducteurs les plus jeunes. Bien sûr, certaines personnes choisissent d’apprendre à conduire quand elles sont plus âgées et plus mûres et le risque que ces personnes représentent est supérieur à celui des conducteurs expérimentés du même âge, mais il s’agit là d’une infime minorité des conducteurs débutants. Les jeunes conducteurs sont plus susceptibles de causer des accidents en raison de leur jeunesse et de leur inexpérience. Cela est dû, en partie, à des causes biologiques : à l’âge de 18 ans, les parties du cerveau humain qui contiennent les impulsions d’information et de contrôle sont sous-développées8. Et les jeunes sont moins matures socialement,

plus enclins à céder à la pression des amis, à vouloir démontrer leur indépendance vis-à-vis de leurs parents et d’autres adultes, et peuvent prendre plus de risques. D’après nos recherches, cette génération est aussi plus susceptible d’être distraite que les générations précédentes. Plus de la moitié des moniteurs interrogés pensent que les jeunes ont besoin d’une formation plus approfondie que les élèves plus âgés, et citent le plus grand nombre de distractions comme le facteur le plus important.

La manière dont les jeunes conduisent les met également en danger. Les jeunes conduisent plus de nuit quand ils circulent entre leurs activités sociales, leur travail et leur domicile. Ils ont moins d’expérience dans le transport de passagers. Ils sont aussi plus susceptibles de transporter des passagers qui prennent eux-mêmes des risques, ont consommé de l’alcool ou qui pourraient être tentés d’avoir un comportement inapproprié et de distraire le conducteur. Ils conduisent également plus souvent des voitures plus vieilles et moins sûres. Parmi les jeunes, 17 % avouent transporter plus de passagers qu’il n’y a de ceintures de sécurité dans leur véhicule et 46 % ont été témoins de ce comportement chez leurs amis9.

La conduite sous l’influence de l’alcool ou de la drogue comporte des risques à tous les âges. Toutefois, les jeunes sont plus

susceptibles de boire avant de prendre le volant et l’effet de l’alcool est plus néfaste chez eux. Ils sont beaucoup plus enclins à consommer des drogues que les automobilistes plus âgés. Le cocktail toxique combinant drogue et alcool entraîne des risques de collision extrêmement élevés. Enfin, le manque de sommeil chez les jeunes conducteurs est aussi un facteur de risque. Ici encore, en raison de leur style de vie, les jeunes peuvent dormir moins longtemps et conduire après une courte période de sommeil.

La conduite sous l’emprise de la fatigue, des drogues ou de l’alcool et la prise de risques font que les jeunes conducteurs représentent un risque pour eux-mêmes. Mais même un jeune conducteur bien reposé est confronté à un plus grand nombre de distractions que les générations précédentes. La distraction, qu’elle provienne de l’intérieur ou de l’extérieur de la voiture, provoque plus d’erreurs de conduite chez les jeunes conducteurs que chez les autres usagers de la route. Les jeunes conducteurs sont plus susceptibles d’être distraits par leurs passagers, par la technologie installée dans la voiture (par exemple, autoradios et lecteurs de CD, système de navigation) ou par leurs téléphones mobiles. L’utilisation des téléphones mobiles ou des smartphones par les conducteurs de tous âges est dangereuse. Pour la génération actuelle de conducteurs

16

7 D’après un entretien avec Goodyear, 20138 Référence nécessaire9 Étude Goodyear EMEA 2012

65% 50% 16%

IL Y A PLUS DE DISTRACTIONS DANS LA

VOITURE QU’AUPARAVANT

ILS ONT MOINS PEUR DE LA VITESSE

QUE LES GÉNÉRATIONS PRÉCÉDENTES

ILS REÇOIVENT MOINS D'INFORMATIONS SUR LES

EFFETS NÉFASTES DES COMPORTEMENTS À RISQUE

POURQUOI PENSEZ-VOUS QUE LES FUTURS CONDUCTEURS DE MOINS DE 25 ANS DOIVENT RECEVOIR PLUS D’INFORMATIONS SUR LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE QUE LES ÉTUDIANTS PLUS ÂGÉS ?

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débutants, qui a grandi avec les smartphones et qui a pris l’habitude de répondre instantanément aux messages, ou même de publier des commentaires à tout moment sur les réseaux sociaux, le risque est plus élevé.

Tout comme l’inexpérience peut rendre certains jeunes conducteurs plus enclins aux risques, tous les conducteurs débutants n’ont qu’une expérience limitée des différentes conditions de conduite. Un conducteur débutant qui passe son examen de conduite en été peut n’avoir expérimenté à aucun moment des conditions météorologiques difficiles. Aucun moniteur d’auto-école ne peut garantir que ses leçons vont couvrir toute la gamme des conditions météorologiques. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles certains experts préconisent des périodes plus longues entre l’âge auquel les jeunes peuvent apprendre à conduire sur route et leur examen final. De même, lors de leur apprentissage, les conducteurs débutants apprendront à conduire sur un échantillon limité de terrains, ce qui minimise leur expérience dans des zones où des animaux sauvages peuvent surgir devant la voiture ou dans des zones à brusques changements des conditions météorologiques. De ce fait, il est d’autant plus important que les moniteurs d’auto-école leur apprennent les habitudes et les comportements corrects pour faire face à toute éventualité. Notre étude de 2012 montre que les conducteurs débutants peuvent manquer de confiance en conditions météorologiques difficiles ou sur des terrains différents : 26 % ne se sentent pas à l’aise s’ils doivent conduire sur la neige et 19 % ne sont pas en confiance en montagne. Il n’est pas étonnant de constater que le niveau d’insécurité des jeunes varie d’un pays à l’autre : tandis que la moitié des jeunes Espagnols redoutent la conduite sur la neige, ce taux tombe à 30 % parmi les jeunes Britanniques et à seulement 6 % parmi les jeunes Suédois.

LE SYSTÈME ACTUEL D’APPRENTISSAGE DE LA CONDUITE EN EUROPES’il est vrai que certains conducteurs débutants n’ont jamais reçu une formation officielle, cela est maintenant de plus en plus rare. Il est aujourd’hui très difficile d’obtenir son permis sans avoir pris des leçons de conduite. Lorsque l’on examine la façon dont les jeunes sont préparés à devenir des conducteurs prudents, le point central de ce rapport montre que l’écrasante majorité des conducteurs débutants a reçu un minimum de formation professionnelle. Les résultats de notre étude font apparaître de nettes différences dans la formation à la conduite suivant les pays. Toutefois, cette formation professionnelle présente des facteurs communs. Les leçons de conduite données dans le véhicule sont des leçons individuelles, dans un environnement sûr et contrôlé, généralement avec un véhicule à double commande. Pendant les leçons, l’élève conducteur se concentre exclusivement sur la conduite : les distractions de la vie réelle telles que les passagers, l’autoradio, les téléphones mobiles ou le fait d’être pressé ne font pas partie de la leçon de conduite. Ainsi,

une leçon de conduite est très éloignée des situations de conduite réelles.

Par conséquent, pour le moniteur d’auto-école, le défi consiste à surmonter cet obstacle structurel et à influencer son élève conducteur afin qu’il réussisse son examen de conduite, et qu’il devienne aussi un conducteur prudent. En première lieu, le moniteur dispense une formation pratique au contrôle d’un véhicule. Apprendre à changer les vitesses, à démarrer en côte, à se garer et à manœuvrer sont des conditions préalables à l’apprentissage de la conduite en toute sécurité. Cependant, une fois maîtrisé l’élément le plus important de la perception du risque, la sensibilisation aux dangers et la capacité à anticiper le comportement des autres usagers de la route passent devant. C’est dans cet aspect de l’apprentissage de conduite que réside la véritable valeur en termes de sécurité routière.

À cet égard, plusieurs des experts que nous avons interrogés ont soulevé la distinction, dans l’approche à l’apprentissage de la conduite, entre la fonction de moniteur et la fonction de mentor. L’approche pédagogique du moniteur transmet des connaissances pratiques et évalue ces connaissances jusqu’à

17

40% 29%

ILS SONT PRÊTS ÀPRENDRE PLUS DE RISQUES

ILS SONT MOINS RÉCEPTIFS AUXCONSEILS REÇUS PENDANT

L’APPRENTISSAGE DE LA CONDUITE

29%

ILS N'APPRÉCIENT PASLA VALEUR DES LEÇONS

DE CONDUITE

AUCUNE DIFFÉRENCE ILS SONT MIEUX PRÉPARÉS ETONT DONC BESOIN DE MOINS

DE LEÇONS DE CONDUITE

17% 3%

QU’EST-CE QUI DISTINGUE LES JEUNES CONDUCTEURS D’AUJOURD’HUI (ÂGÉS DE MOINS DE 25 ANS) DES GÉNÉRATIONS PRÉCÉDENTES ?

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ce qu’elles soient acquises. En revanche, l’approche d’un mentor consiste à encourager et à inspirer un élève de manière à ce qu’il assimile une série de valeurs : ici, l’importance de la sécurité routière. Tout comme un professeur d’école peut former un groupe d’élèves par des tests et la mémorisation des réponses correctes, pour qu’ils réussissent un examen, un moniteur d’auto-école peut former ses élèves de façon à ce qu’ils obtiennent leur permis sans aller au-delà. Les meilleurs moniteurs d’auto-école ne sont pas seulement des formateurs. Ils peuvent être assimilés aux meilleurs professeurs de l’école, c’est-à-dire aux professeurs qui inculquent à leurs élèves le désir d’apprendre tout au long de leur vie et la passion du sujet. Comme l’explique Martin Winkelbauer du Conseil autrichien de la sécurité routière:

“Un moniteur d’auto-école ne peut enseigner que s’il croit lui-même en son enseignement.” 10

L’EXAMEN DU PERMIS DE CONDUIREPour les pouvoirs publics, c’est le permis de conduire qui valide les capacités de conduite. En renforçant les conditions d’obtention du permis de conduire, les autorités peuvent espérer améliorer la sécurité routière.

Ces dernières années, plusieurs gouvernements européens ont apporté un certain nombre d’innovations. Tous les pays de l’UE exigent désormais que les élèves conducteurs passent un examen théorique avant de les autoriser à apprendre à conduire12. En plus des questions sur la signalisation routière et sur d’autres éléments de sécurité, tels que les distances de freinage, certaines épreuves théoriques comprennent maintenant des tests plus avancés sur la perception des dangers. L’enseignement des connaissances théoriques peut varier. Par exemple, en France, la formation théorique n’est pas obligatoire et les élèves conducteurs peuvent acquérir eux-mêmes les connaissances nécessaires pour réussir le code (examen théorique). En Allemagne, en revanche, les élèves doivent suivre obligatoirement 28 heures de cours théoriques. Pour autant que la bureaucratie ou le coût correspondant à ces améliorations de l’examen du permis de conduire ne dissuadent pas les élèves conducteurs de suivre ce parcours pour obtenir leur permis, ces changements doivent être accueillis favorablement.

Toutefois, l’examen pratique ne suffit pas pour faire des jeunes conducteurs des conducteurs sûrs. Un test de conduite correspond à un environnement irréel, tout comme la leçon

de conduite. Pour la plupart des conducteurs, l’examen de conduite est juste un exercice où ils doivent conduire en étant très attentifs et sans faire d’erreur, ou tout au moins, c’est ce qu’on leur demande. Néanmoins, pour une multitude de jeunes, l’étape de l’obtention du permis est suivie rapidement par la conduite en solo pour la première fois, avec des passagers, et même après l’avoir célébré avec de l’alcool.

Certaines associations de sécurité routière préconisent d’ajouter à l’examen du permis de conduire un plus grand nombre d’éléments permettant d’évaluer les élèves conducteurs dans des situations difficiles, par exemple, la conduite sur autoroute, la conduite en virage à la campagne ou la conduite de nuit. De toute évidence, cela exigerait que les moniteurs d’auto-école encadrent les élèves dans ces situations, mais cela serait accueilli favorablement.

Le permis de conduire a ses détracteurs. Il y a le désir compréhensible des élèves conducteurs qui souhaitent passer leur permis aussi rapidement que possible. Des études, notamment l’étude menée par Goodyear EMEA en 2011, montrent que beaucoup de personnes (y compris les élèves conducteurs, les moniteurs et les parents) font la distinction entre l’apprentissage de la conduite et l’apprentissage axé sur la réussite de l’examen de conduite. John Lepine, président de la Fédération européenne des auto-écoles (EFA), a déclaré devant le Parlement britannique :

“Je pense que beaucoup de gens font ce qui est strictement nécessaire pour réussir l’épreuve théorique, le test de perception des dangers et ensuite l’examen de conduite. Si les élèves étaient tenus de suivre un programme et un mode d’apprentissage structurés, cela permettrait certaines améliorations... mais le problème, c’est que les jeunes,

18

10 D’après un entretien avec Goodyear, 2013 11 http://www.trainer.iao.fraunhofer.de/deliverables/TRAINER%20D1.2_Final.pdf 12 http://www.trainer.iao.fraunhofer.de/deliverables/TRAINER per cent20D1.2_Final.pdf

PAYS ÉPREUVEPRATIQUE

ÉPREUVETHÉORIQUE

MINIMUMD'HEURES

CONDUITE DANSDES CONDITIONS

SPÉCIFIQUES

DÉLIVRANCEGRADUELLEDU PERMIS

AUTRICHEBELGIQUERÉPUBLIQUE TCHÈQUEDANEMARKFRANCE ALLEMAGNEIRLANDEITALIEPAYS-BASPOLOGNERUSSIEAFRIQUE DU SUDESPAGNESUÈDESUISSETURQUIEROYAUME-UNI 11

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tout comme leurs parents, souhaitent obtenir leur permis de conduire aussi vite que possible et au moindre coût, quoi qu’ils en disent dans les groupes de discussion. Le problème c’est le moniteur d’auto-école soumis à une pression qui l’incite à autoriser les élève à passer leur permis avant d’être prêts.

13

Notre étude montre que les moniteurs d’auto-école reconnaissent que l’épreuve de conduite n’est pas l’objectif final quand il s’agit de l’apprentissage de la sécurité routière. L’incorporation de situations de la vie réelle dans l’épreuve du permis de conduire serait accueillie favorablement par 43 % d’entre eux. Seulement 17 % des moniteurs estiment que les conducteurs débutants ont toutes les connaissances nécessaires sur l’entretien d’un véhicule sûr quand ils passent leur permis et seulement 12 % estiment que les jeunes conducteurs ont acquis des compétences pour une conduite sûre le jour de l’examen.

Eddy Klynen de la Fondation flamande pour la Connaissance de la circulation résume la situation ainsi :

“Dans le processus d’apprentissage, les élèves ont des leçons individuelles, de jour, sans radio ni passagers et ensuite [les conducteurs débutants] obtiennent leur permis, font la fête avec leurs amis et cela devient très dangereux.” 14

Notre enquête de 2012 auprès des jeunes conducteurs fait apparaître une certaine variabilité des niveaux de confiance des jeunes conducteurs après l’obtention de leur permis de conduire. Alors que 87 % des conducteurs en Suède et au Royaume-Uni se sentent capables de conduire seuls après leur

examen, ce taux tombe à 61 % chez les Italiens. Mais ce qui est plus important encore, c’est que, dans tous les pays, la grande majorité des conducteurs débutants sont confiants dès le permis en poche. Cela montre à la fois que la formation des conducteurs les rend confiants et que les jeunes ont une haute opinion de leurs capacités de conduite. Lorsque nous avons demandé aux jeunes s’ils pensaient pouvoir réussir leur examen s’ils devaient le passer une nouvelle fois, les résultats étaient moins rassurants. Globalement, seulement 27 % des jeunes conducteurs pensaient qu’ils réussiraient leur examen une seconde fois, ce qui met en évidence leur propension à adopter de mauvaises habitudes après l’obtention du permis.

Le Conseil européen pour la sécurité des transports (ETSC) a lancé un appel pour que l’examen du permis de conduire soit plus strict et pour que l’Union européenne impose

l’harmonisation de l’apprentissage de la conduite dans les États membres :

“Selon l’ETSC, le programme de formation des conducteurs pourrait être plus efficace s’il était combiné avec des mesures additionnelles visant à réduire les comportements à risque des jeunes conducteurs. Les systèmes de délivrance graduelle des permis qui consistent en un examen théorique classique, suivi d’une formation pratique et clôturé par un examen de conduite pratique, en combinaison avec un permis pour conducteurs débutants lié à un système de points d’inaptitude, sont préférables.” 15

LES DÉFIS POUR LES MONITEURS D’AUTO-ÉCOLELe défi pour les moniteurs d’auto-école et pour ceux qui supervisent les élèves conducteurs et les conducteurs débutants est donc d’aller au-delà des exigences du permis de conduire et d’inculquer aux débutants les habitudes qui les aideront à devenir des conducteurs prudents pour la vie.

LA QUALITÉ DE L’APPRENTISSAGE DE LA CONDUITE

Un élément clé de la qualité de l’enseignement est le niveau de professionnalisation des moniteurs d’auto-école. Les exigences imposées aux moniteurs varient considérablement. Dans certains pays européens, le niveau de professionnalisation est jugé très élevé, la Norvège en est l’exemple type. La volonté de développement professionnel varie également en fonction du modèle d’enseignement dans chaque pays. Par exemple, dans les pays où les

19

13 http://www.publications.parliament.uk/pa/cm200607/cmselect/cmtran/355/355i.pdf 14 D’après un entretien avec Goodyear, 201315 http://www.etsc.eu/documents/Position per cent20ETSC per cent20on per cent20training+education_Final.pdf

12%

17%

23%

43%

Après avoir obtenu le permis de conduire, les jeunes conducteurs ont acquis des compétences à vie pour conduire en sécurité

Après avoir obtenu leur permisde conduire, les jeunes conducteurs ont une connaissance approfondie de l'entretien des véhicules

Après avoir obtenu leur permis de conduire, les jeunes conducteurs en France ont une connaissance approfondie des comportementsà adopter pour conduire en sécurité

Les examens de conduite devraient inclure ou simuler des “situations réelles”

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VEUILLEZ INDIQUER DANS QUELLE MESURE VOUS ÊTES D’ACCORD AVEC LES AFFIRMATIONS SUIVANTES :

moniteurs d’auto-école sont plutôt des travailleurs indépendants, il pourrait être difficile de les persuader à faire des investissements coûteux dans leur propre formation. En revanche, dans les pays où les moniteurs sont des employés salariés et où les écoles de conduite sont prêtes à investir dans des formations complémentaires, le développement professionnel serait accueilli favorablement.

Toute politique visant à améliorer la sécurité des conducteurs débutants en mettant l’accent sur les améliorations de la formation à la conduite devra tenir compte des mesures nécessaires à prendre pour améliorer le niveau de cet enseignement. L’attention portée actuellement sur une formation de qualité souligne le rôle des moniteurs en tant que mentors et vise à intégrer cet encadrement dans la méthode d’enseignement. Goodyear soutient la méthode d’encadrement préconisée par l’EFA.

LA CONDUITE ACCOMPAGNÉE

Les jeunes conducteurs peuvent acquérir une expérience de conduite sur route, en conduisant avec un moniteur dans le cadre d’une auto-école, mais aussi en conduisant avec un accompagnateur adulte. Pour certains jeunes conducteurs, l’expérience de conduite durant la période préalable à l’examen du permis est divisée entre l’enseignement formel et la pratique avec un autre adulte dans le véhicule, habituellement un parent. La plupart des jeunes bénéficient de cette expérience et c’est une façon beaucoup moins onéreuse d’acquérir une expérience de conduite suffisante comparativement aux seules leçons de conduite. Les exigences sont différentes suivant le type d’examen du permis de conduire. Dans certains pays, il est possible de s’inscrire à l’examen du permis sans avoir reçu une formation officielle (c.-à-d. en ayant été formé par un adulte ne possédant pas la qualification de moniteur d’auto-école). Dans d’autres pays, une “formation parallèle” de ce type n’est pas autorisée.

Certains permis de conduire exigent un minimum d’heures de pratique et les élèves doivent présenter un journal de bord qui doit faire état d’un nombre imposé d’heures de pratique au volant. Dans une autre variante du permis de conduire graduel, il pourrait aussi être prévu, théoriquement, que les conducteurs soient accompagnés pendant une certaine période après l’obtention de leur permis. Cependant, les avantages en termes de sécurité routière de la conduite accompagnée font l’objet d’avis contradictoires. En France, ce système s’est avéré être beaucoup moins efficace que prévu lorsqu’il a été mis en place16.

LE BON ENTRETIEN D’UN VÉHICULE

Les voitures mal entretenues peuvent être la cause d’accidents et de blessures mortelles. Comme nous l’avons vu, les conducteurs débutants conduisent plus de voitures anciennes, qui nécessitent un entretien plus attentif et qui ne possèdent pas les équipements additionnels de sécurité de véhicules plus récents. Par conséquent, le type de véhicule utilisé par les jeunes conducteurs novices aggrave le risque qu’ils encourent : les conducteurs jeunes et inexpérimentés sont exposés à des risques dans tous les véhicules et ces risques sont plus élevés dans les véhicules qu’ils conduisent. De la même manière, tout comme les comportements à risque sont dangereux pour tous les adultes, les véhicules mal entretenus sont dangereux pour tous les usagers de la route. Pour les conducteurs débutants, les risques générés par la conduite d’un véhicule mal entretenu sont particulièrement élevés.

Les experts qui ont contribué à cette étude conviennent que l’entretien d’un véhicule est très important pour la sécurité routière, même si la nature de cet entretien a changé. Avec l’évolution des voitures, les conducteurs qui comprennent aujourd’hui les mécanismes simples de leur voiture sont beaucoup moins nombreux et, à chaque génération, moins capables de réparer une voiture eux-mêmes. L’image du propriétaire d’une voiture penché

au dessus du moteur pour trouver la cause d’une panne est désormais révolue.

Comme Michael Gatscha, de Test & Training, l’explique :

“Dans le passé, on avait tendance à encourager les conducteurs à apprendre beaucoup de choses sur l’aspect technique des véhicules. Nous devons plutôt évoluer maintenant vers une sensibilisation des conducteurs sur les systèmes de sécurité du véhicule.” 17

.Cependant, il n’écarte pas l’importance de l’entretien des pneus :

“Même si des systèmes le font désormais pour eux, les conducteurs doivent connaître la pression de leurs pneus et les conséquences d’un mauvais gonflage.” 18

Vassiliki Danelli-Mylona, de l’Institut hellénique de la sécurité routière, va plus loin et préconise de sensibiliser de manière proactive les conducteurs débutants sur l’importance de l’entretien des pneumatiques :

“Je ne pense pas qu’ils soient suffisamment informés. Ils apprennent juste ce qu’il faut pour réussir l’examen théorique. Je pense qu’il conviendrait de revoir cette question. En Grèce, ils n’ont aucune connaissance de l’entretien d’une voiture. Nous avons organisé un atelier avec Goodyear pour augmenter la

20

16 Page Y. (1999). Les jeunes conducteurs, “Apprentissage anticipé à la conduite” et les accidents de la route. Les cahiers de l’Observatoire, 15-55, 1995. 17 D’après un entretien avec Goodyear, 201318 D’après un entretien avec Goodyear, 2013

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21

19 D’après un entretien avec Goodyear, 2013 20 D’après un entretien avec Goodyear, 2013

sensibilisation à l’entretien des véhicules. Les gens ont vraiment participé et se sont véritablement intéressés à la question.” 19 Mika Hatakka, de l’Université de Turku en Finlande, parle au nom de beaucoup d’autres lorsqu’il affirme que le maintien de l’entretien des véhicules dans les programmes est essentiel malgré les progrès de la technologie automobile :

“La tendance a été d’éliminer les aspects techniques du système. Les voitures modernes nous préservent de réparer nos propres voitures. Mais nous devons conserver l’entretien dans le programme.” 20

Dans notre enquête auprès des moniteurs d’auto-école, les pneumatiques sont considérés comme une question essentielle. L’entretien des pneus a été la réponse la plus souvent citée lorsque nous avons demandé aux moniteurs d’identifier, parmi une série d’affirmations relatives à l’entretien des véhicules, celles qu’ils estimaient essentielles à la sécurité routière au point d’être intégrées dans l’examen du permis de conduire. Parmi les moniteurs interrogés, 79 % ont indiqué que l’importance de l’entretien des pneus devrait être intégrée dans l’examen du permis de conduire et 75 % ont cité l’importance du contrôle de la profondeur de sculpture de la bande de roulement. Cependant, ils partagent les préoccupations des experts en sécurité routière : trop peu de jeunes sont conscients de l’importance de l’entretien des pneus, avec seulement un peu plus de la moitié (51 %) affirmant qu’ils ne pensent pas que les conducteurs débutants considèrent l’entretien des pneus comme une question importante.

QUELLES COMPÉTENCES SPÉCIFIQUES ENSEIGNEZ-VOUS AUX ÉLÈVES EN MATIÈRE D’ENTRETIEN DES VÉHICULES ?

PARMI LES AFFIRMATIONS SUIVANTES RELATIVES À L’ENTRETIEN DES VÉHICULES, LESQUELLES ESTIMEZ-VOUS ESSENTIELLES À LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE, AU POINT D’ÊTRE INTÉGRÉES DANS L’EXAMEN DU PERMIS DE CONDUIRE ?

L'importance de pneus bien entretenusen matière de sécurité routière

L'utilisation d'un système de contrôlede la pression des pneus

Le contrôle de la profondeur de labande de roulement des pneus

Le contrôle et le remplacement desampoules des feux, des essuie-glaces, etc.

Le contrôle du niveau d'huile, du liquideantigel et du liquide du lave-glaces du véhicule

Le contrôle et le réglage correctdes rétroviseurs et des sièges

La préparation pour la conduite dans desconditions météorologiques défavorables

Le chargement adéquat du véhicule

Le remplacement d'un pneu crevé

70%

43%

68%

42%

66%

71%

51%

34%

30%

Le contrôle et le réglage correctdes rétroviseurs et des sièges

L'importance de pneus bien entretenusen matière de sécurité routière

Le contrôle de la profondeur de labande de roulement des pneus

Le contrôle du niveau d'huile, du liquideantigel et du liquide du lave-glaces du véhicule

La préparation pour la conduite dans desconditions météorologiques défavorables

Le contrôle et le remplacement desampoules des feux, des essuie-glaces, etc.

L'utilisation d'un système decontrôle de la pression des pneus

Le chargement adéquat du véhicule

Le remplacement d'un pneu crevé

60%

57%

54%

46%

40%

31%

27%

27%

16%

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LES RÉSULTATS DE NOS ENQUÊTES SUR LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE

DEUXIÈME PARTIE :

22

L’ÉCHANTILLONEn 2013, la société chargée par Goodyear de cette étude a interrogé un total de 2 334 moniteurs d’auto-école dans les États membres de l’UE, et 349 moniteurs en Russie, en Afrique du Sud et en Turquie.

Cet échantillon était équilibré en termes de tranches d’âges, même si la plupart des moniteurs (63 %) étaient âgés de 40 à 59 ans, ce qui montre que les enseignants d’auto-écoles exercent leur métier jusqu’en fin de carrière. Une très grande majorité (84 %) des moniteurs sont des hommes. La moitié des moniteurs que nous avons interrogés dans l’UE ont enseigné pendant plus de quinze ans, ce qui signifie que nos données reflètent des comportements à long terme, tout en offrant un instantané des opinions en 2013.

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LES CONDUCTEURS DÉBUTANTS : DÉFINITIONCe rapport utilise indifféremment les termes

“conducteur débutant” ou “jeune conducteur”. Naturellement, tous les conducteurs débutants ne sont pas jeunes, même si la grande majorité des enseignants qui ont participé à cette enquête forment des élèves âgés, pour la plupart, de moins de 25 ans. La moitié des personnes interrogées (51 %) estiment que les élèves de moins de 25 ans ont besoin d’une formation plus étendue que les élèves plus âgés. Moins d’un tiers (28 %) des moniteurs est en désaccord avec cette affirmation. Dans ce rapport, nous nous concentrons sur la grande majorité des conducteurs débutants qui sont aussi des jeunes conducteurs.

LES PROBLÈMES LIÉS AUX CONDUCTEURS DÉBUTANTS Les moniteurs d’auto-école européens considèrent qu’ils y a plusieurs causes importantes à la conduite imprudente des conducteurs débutants. 65 % d’entre eux estiment, que “les jeunes conducteurs ne sont pas conscients des conséquences potentielles des accidents” et 62 % que le

“manque d’expérience” est à l’origine de la conduite imprudente. Par ailleurs, 51 % des moniteurs interrogés affirment que les “jeunes conducteurs pensent qu’ils sont immortels ou invulnérables”. Ces réponses rejoignent le point de vue des experts que nous avons consultés pour préparer ce rapport : les jeunes conducteurs et les conducteurs débutants représentent un danger en raison de leur attitude et parce qu’ils n’ont pas encore appris à conduire d’une manière sûre. C’est le paradoxe que nous avons décrit au début de notre Livre blanc.

Notre étude indique que les solutions possibles destinées à réduire les conduites dangereuses des jeunes conducteurs devront aborder ces deux questions. Premièrement, nous devons veiller à ce que les cours de conduite, y compris avant le début de ces cours à proprement parler, soulignent les dangers de la conduite afin que les jeunes

aient pleinement conscience de leur propre vulnérabilité. Il s’agit d’un défi fondamental pour les moniteurs, pour qui les jeunes forment un groupe de clients avec un besoin spécifique: obtenir leur permis de conduire.

John Lepine, président de la Fédération européenne des auto-écoles (EFA) explique :

“Les jeunes sont très difficiles à influencer, à atteindre—et cela est particulièrement vrai quand ils viennent de passer leur permis et sont spécialement vulnérables. Vous dites à quelqu’un qui vient de franchir une étape importante dans sa vie: “Oui, vous avez réussi, oui vous êtes très intelligent, mais…” Ce message doit être inculqué dès le début de la formation à la conduite.” 21

Le deuxième élément est l’impact de l’inexpérience. Comme ce document l’a expliqué, par définition, un conducteur débutant a peu d’expérience. Pour résoudre ce problème il faut vérifier que l’examen du permis de conduire soit conçu de façon à garantir qu’un jeune conducteur est parfaitement préparé à devenir un conducteur prudent. Il faut aussi veiller à ce que les jeunes conducteurs puissent acquérir de l’expérience en toute sécurité, une fois leur permis de conduire obtenu.

Les moniteurs d’auto-école considèrent également la distraction comme une des causes principales de conduite dangereuse et 50 % d’entre eux citent les “distractions générées par les téléphones portables” comme une cause spécifique de conduite imprudente. Les experts en sécurité routière partagent ce point de vue.

À VOTRE AVIS, QUELLES SONT LES PRINCIPALES CAUSES DE CONDUITE DANGEREUSE CHEZ LES JEUNES CONDUCTEURS ?

65% 62%

Le manqued'expérience

51%

La pression exercée parles autres jeunes gens

51%

Ils pensent qu'ils sontimmortels ou invulnérables

50%

Les distractions desappareils mobiles

49%

La consommationde drogues et d'alcool

37%

Les mauvaises habitudesdes parents

33%

La glorification d'uneconduite dangereusedans la culture pop

21%

La musique di�uséeà un volume élevé

Ils ne sont pas conscients des conséquences potentielles

des accidents

21 D’après un entretien avec Goodyear, 2013

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Comme le remarque David Davies du Conseil consultatif parlementaire pour la sécurité des transports (PACTS)

“La distraction provenant des nouvelles technologies est un problème et l’interdiction des terminaux mobiles est insuffisante. La distraction est suscitée par les conversations [téléphoniques].” 22

Quand nous avons demandé aux moniteurs d’indiquer, parmi les distractions dans la voiture, celles qui leur semblaient à l’origine d’une conduite dangereuse, les résultats étaient encore plus convaincants : 84 % des moniteurs considèrent les téléphones portables comme une distraction dangereuse, comparativement à 54 % pour les systèmes de divertissement installés dans la voiture et 53 % pour les passagers.

Les résultats de l’étude réalisée en 2012 par Goodyear EMEA auprès de conducteurs débutants le confirment. Lorsque nous avons demandé aux jeunes d’indiquer quelles étaient leurs activités favorites dans la voiture, 98 % d’entre eux ont répondu qu’ils aimaient écouter de la musique. Les jeunes sont aussi ignorants quant à leurs comportements à risque : 44 % d’entre eux reconnaissaient utiliser un téléphone sans le kit mains-libres et 41 % ont affirmé utiliser des smartphones pour surfer en ligne tout en conduisant.

LES INFLUENCES DES JEUNES CONDUCTEURSLes experts que nous avons interrogés ont tous convenu que les jeunes conducteurs sont soumis à toute une série d’influences, principalement celles de leurs contemporains et de leurs parents. La majorité des moniteurs (55 %) pensent que les amis ont plus d’influence sur les jeunes conducteurs que les parents pour changer les mauvaises habitudes de conduite. Cela est dû en partie à leur âge.

Comme le souligne le Dr. Mika Hatakka :

“C’est tout simplement une caractéristique des jeunes. Ils développent leur personnalité, sont sensibles à la pression des amis et sont plus impulsifs.” 23 Les parents sont également importants et peuvent avoir une autre forme d’impact négatif. Selon 65 % des moniteurs, les parents influencent négativement les attitudes des jeunes conducteurs vis-à-vis de la sécurité routière. Lorsqu’on leur a demandé quelles étaient les principales influences sur la conduite des jeunes, les moniteurs ont classé l’influence des parents juste devant celle des amis, puisque les “parents” sont jugés avoir la plus forte influence, avec 27 %, comparativement aux amis, avec 14 %. Plus de 20 % des moniteurs (23 %) affirment que les autres conducteurs sur la route ont une forte influence—nous rappelons que tous les conducteurs ont la responsabilité de donner le bon exemple. Ici encore, notre étude de 2012 fournit des preuves supplémentaires de l’influence des autres usagers de la route sur les jeunes conducteurs. Parmi les jeunes, 67 % admettaient avoir injurié d’autres conducteurs et 28 % avoir fait des gestes obscènes. Les conducteurs qui admettaient

avoir fait eux-mêmes l’objet de la colère d’autres conducteurs s’élevaient à 44 %.

Les moniteurs ne voient pas d’autres influences significatives en dehors de celle des parents et amis des jeunes conducteurs et de l’influence immédiate d’autres usagers de la route. Lorsqu’on leur a posé la question:

“en dehors de vous-même, qui a le plus d’influence sur les comportements des jeunes conducteurs envers la sécurité au volant”, seulement 4 % des moniteurs ont cité “les médias traditionnels”, 4 % “les organismes liés à la sécurité routière” et 3 % les

“réseaux sociaux”.

Cela accentue le défi auquel sont confrontés les pouvoirs publics pour influencer directement les jeunes conducteurs. Les jeunes sont non seulement difficiles à atteindre en raison de leur excès de confiance et de leur sentiment d’invulnérabilité, mais notre étude montre qu’ils sont beaucoup plus influencés par des personnes qui leur sont proches (c.-à-d. des amis et des parents) que par les informations diffusées à leur intention. Pour les associations de sécurité routière et les autres organismes cherchant à influencer les jeunes conducteurs, il peut être plus efficace d’influencer les jeunes conducteurs indirectement, par le biais de leurs groupes d’amis et de leurs parents.

24

EN DEHORS DE LEUR MONITEUR, QUI INFLUENCE LE PLUS LES COMPORTEMENTS DES JEUNES CONDUCTEURS ENVERS LA SÉCURITÉ AU VOLANT ?

27% 23% 14%

LES PARENTS AUTRES

CONDUCTEURSLES AMIS/

L’ENTOURAGE

22 D’après un entretien avec Goodyear, 201323 D’après un entretien avec Goodyear, 2013

AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE | POUR LES JEUNES CONDUCTEURS

LE RÔLE DES PARENTSIl n’est pas étonnant qu’une grande majorité des moniteurs d’auto-école (76 %) souhaitent que les parents donnent un meilleur exemple et qu’un tiers d’entre eux recommandent la participation personnelle d’un des parents à une leçon de conduite (33 %). Près d’un tiers des moniteurs (30 %) estiment que des rapports réguliers entre les moniteurs et les parents sur les progrès des élèves conducteurs pourraient également s’avérer utiles.

COMMENT SENSIBILISER LES JEUNES CONDUCTEURSInterrogés sur les autres moyens qui pourraient influencer les jeunes conducteurs, les moniteurs (61 %) ont indiqué que les démonstrations spectaculaires faisant intervenir des personnes constituent le moyen le plus efficace, suivi par l’utilisation d’images choquantes, citée par 65 % des moniteurs. On note aussi une demande significative de matériel pédagogique (53 % des personnes interrogées) et de cours en groupe durant lesquels les jeunes peuvent discuter des risques et de la sécurité routière (52 %).

Un nombre plus réduit de moniteurs (44 %) est convaincu de l’impact des campagnes de sensibilisation du public sur les médias sociaux et seulement un cinquième d’entre eux (19 %) pense que des données convaincantes sur la sécurité routière auraient un effet positif.

Comme indiqué précédemment, la plupart des moniteurs pensent que les élèves de moins de 25 ans doivent recevoir une formation en sécurité plus approfondie que les élèves plus âgés. Lorsque nous avons demandé à ce sous-groupe (51 % de l’ensemble de l’échantillon) d’indiquer pourquoi ils pensaient que les jeunes conducteurs sont moins prudents, ils ont mentionné les distractions dans la voiture comme la raison la plus probable (65 %). En outre, 63 % estiment que la cause de la conduite imprudente que l’on observe chez les jeunes conducteurs réside dans le fait

qu’ils “ont grandi dans une société moins patiente et constamment en mouvement” et la moitié (50 %) ont cité le goût des jeunes pour la vitesse. Ces résultats sont confirmés par notre enquête auprès des jeunes qui avait révélé que 66 % des jeunes dépassent les limitations de vitesse.

Les jeunes âgés de moins de 25 ans ont grandi dans un monde où ils sont connectés en permanence à leurs amis via des smartphones, des tablettes, des ordinateurs, etc. Toutefois, la distraction au volant causée par un téléphone portable est dangereuse pour tous les conducteurs. Les jeunes sont donc davantage exposés, comme pour l’alcool au volant, qui est dangereux

par nature. Nous ne prétendons pas dire par là que l’expérience peut compenser un comportement dangereux, mais plutôt souligner que les comportements dangereux pour tous les conducteurs le sont encore plus pour les jeunes conducteurs.

Les moniteurs d’auto-école européens ne considèrent pas que la solution à ces distractions en voiture soit d’apprendre aux jeunes à conduire quand ils sont distraits, c’est-à-dire à compenser cette situation. Seulement 29 % citent les leçons en présence d’amis dans la voiture comme une solution efficace et un tiers (35 %) pensent qu’apprendre à utiliser un téléphone avec dispositif mains-libres pendant les leçons de conduite pourrait être utile. Cependant, la plupart des moniteurs d’auto-école (51 %) pensent que les distractions très communes

—par exemple, écouter la radio—pourraient faire partie de la routine des leçons de conduite. Là encore, cela reflète l’importance du comportement sur les connaissances pratiques. L’interprétation de ces données peut suggérer que les moniteurs sont plus soucieux d’appendre aux jeunes conducteurs à conduire prudemment et rejettent donc les éléments qui pourraient les distraire avant de débuter une leçon de conduite, plutôt que de leur apprendre à gérer les influences externes.

CAMPAGNES DE SÉCURITÉ ROUTIÈRE : LE RÔLE DE L’ÉTAT Les moniteurs d’auto-école européens ne sont pas convaincus que l’investissement dans des campagnes de sécurité routière soit véritablement efficace : 31 % affirment :

“Je suis au courant de certaines des campagnes de sensibilisation à la sécurité routière réalisées dans mon pays et je pense qu’elles sont efficaces.” 41 % des personnes interrogées sont au courant de campagnes de sensibilisation, mais n’évaluent pas leur efficacité.

25AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE | POUR LES JEUNES CONDUCTEURS

61%

53%

Des démonstrations spectaculaires (p.ex. placer les élèves dans une « voiture-tonneau » pour montrer les danger de pneus mal entretenus, utiliser une boule de bowling ayant un poids identique à une tête humaine pour montrer la force d’un impact)

Des matériels pédagogiques spécialement conçus pour les jeunes d'aujourd'hui

52%Des images explicites et choquantes d'accidents et de collisions causés par une conduite dangereuse

52%Des cours en groupe qui encouragent les élèves à discuter avec leur entourage des risques liés à la sécurité

44%Des campagnes de sensibilisation et des matériels éducatifs di�usés sur les médias sociaux

37%Des campagnes de sensibilisation visant à modifier les attitudes des jeunes vis-à-vis des comportements de conduite dangereuse

19%Des statistiques actualisées sur la sécurité routière

DIRIEZ-VOUS QUE LES APPROCHES SUIVANTES CONTRIBUENT EFFICACEMENT À CE QUE LES JEUNES CONDUCTEURS PRENNENT LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE AU SÉRIEUX ?

Toutefois, cela ne veut pas dire que les moniteurs d’auto-école pensent qu’il n’est pas nécessaire d’en faire plus. Selon 44 % d’entre eux, la formation à la sécurité routière devrait commencer à un âge beaucoup plus précoce et 40 % souhaiteraient qu’elle soit enseignée dans les écoles. Une même proportion de moniteurs préconise l’investissement des gouvernements dans des organismes de formation à la conduite (41 %). Dans le contexte budgétaire actuel, il est peu probable que les gouvernements soient prêts à investir des fonds publics dans la formation à la conduite, qui relève, historiquement, de la responsabilité des élèves conducteurs. Cependant, l’argumentation derrière ce point de vue n’est pas simplement une demande de financement. Si les gouvernements investissaient dans la formation des conducteurs, les jeunes élèves seraient en mesure de dépenser davantage dans la formation appropriée. Une solution alternative pourrait être pour le Gouvernement d’offrir un financement aux jeunes pour les leçons de conduite. Comme John Lepine de l’EFA le souligne :

“Je recommanderais qu’une partie du coût correspondant à l’apprentissage de la conduite relève de la responsabilité du gouvernement. Certaines mesures pourraient augmenter le pouvoir d’achat des personnes et leur permettre de bénéficier d’une meilleure formation.” 24

Cette proposition permettrait de relever le défi auquel sont confrontés les moniteurs d’auto-école qui cherchent à garantir un taux élevé de réussite à un faible coût. Il n’appartient pas au présent rapport de recommander des programmes de dépenses aux différents gouvernements de l’UE. Cependant, compte tenu du manque d’éléments justifiant l’efficacité de l’investissement dans les campagnes de sécurité routière, il pourrait s’avérer utile d’envisager une réaffectation de ces fonds.

La réforme la plus populaire a trait au maintien de l’ordre : 69 % des moniteurs de conduite pensent qu’il faudrait renforcer l’application de la législation en matière de circulation routière, un aspect invoqué par David Davies du PACTS :

“La diminution des contrôles routiers pose problème et les jeunes conducteurs ont l’impression qu’il y a moins de policiers sur les routes.” 25

AMÉLIORER LA FORMATION DES CONDUCTEURS Les gouvernements peuvent clairement influencer les jeunes conducteurs en imposant des éléments de formation, soit des niveaux minimaux pour les leçons de conduite soit en modifiant le permis de conduire. Selon 63 % des moniteurs d’auto-école européens, les leçons en conditions de conduite difficiles pourraient aider les conducteurs débutants et 61 % des moniteurs préconisent des leçons dans un environnement mixte urbain et rural. L’étude a montré que 60 % des moniteurs estiment qu’il serait utile de donner des leçons en conditions de trafic intense, 51 % sur voies rapides et 52 % estiment qu’il faudrait apprendre à gérer les situations d’urgence. La majorité (47 %) des moniteurs préconisent également des leçons de conduite de nuit.

Les experts que nous avons consultés étaient tous favorables à une forme de délivrance graduelle du permis, tout comme 52 % des moniteurs. Les leçons supplémentaires font partie de ce type de système. Pourtant elles ne font pas partie des priorités.

26

24 D’après un entretien avec Goodyear, 2013 25 D’après un entretien avec Goodyear, 2013

% DES RÉPONDANTS QUI ONT CHOISI CHAQUE DÉCLARATION

Des leçons dans des conditions défavorables(pluie, tempête, verglas, etc.)

Des leçons dans des environnementsdi�érents, villes et campagnes

Des leçons dans les embouteillages

La mise en situation d'urgence (freinage et manœuvres d'urgence)

Des leçons sur autoroutes ou routesà grande vitesse

Des techniques de conduite baséessur l’anticipation des dangers

Des leçons de nuit

Des techniques de conduite éco-e�iciente

63%

61%

60%

52%

51%

48%

47%

36%

SELON VOUS, QUELLES SONT LES TECHNIQUES D’ENSEIGNEMENT QUI PRÉPARENT LE MIEUX LES JEUNES CONDUCTEURS À LA CONDUITE EN CONDITIONS ROUTIÈRES RÉELLES ?

AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE | POUR LES JEUNES CONDUCTEURS

Nos résultats ne peuvent pas donner de réponse définitive. Toutefois, il a été suggéré par de nombreux moniteurs, qu’une délimitation claire entre les leçons et l’examen du permis de conduire est importante. D’autres éléments d’une délivrance graduelle du permis sembleraient plus efficaces que le simple ajout de leçons supplémentaires après l’examen officiel.

Comme cela a été dit, 69 % des enseignants pensent que les conducteurs débutants doivent être dissuadés de conduire dangereusement par des peines plus sévères pour les infractions (par exemple, les excès de vitesse). Les moniteurs sont favorables, pour 59 % d’entre eux, aux restrictions appliquées à certains types de véhicules, ce qui est de fait imposé aux nouveaux conducteurs à cause du coût de l’assurance des véhicules puissants. Cependant, les moniteurs ne sont pas en faveur de restrictions qui pourraient être discriminatoires pour les conducteurs. Seulement 36 % des moniteurs préconisent des limites de vitesse différentes (plus strictes) pour les conducteurs débutants. 16 % seulement défendent la limite du nombre de passagers voyageant à bord du véhicule conduit par un jeune conducteur. 78 % rejettent la proposition de limiter l’autorisation de conduire à certaines périodes de la journée pour éviter le risque de la conduite de nuit. 84 % refusent également d’interdire le transport d’enfants devant utiliser des sièges enfant aux conducteurs débutants. Ces chiffres suggèrent que les moniteurs souhaitent que l’examen de conduite pour lequel ils préparent leurs élèves soit le garant d’un conducteur sûr. Bien qu’ils souhaitent dissuader les conduites imprudentes par des éléments probatoires (essentiellement des peines plus sévères pour les conducteurs débutants), ils ne veulent pas créer différentes catégories de conducteurs sur la route.

Nous tenions à sonder la volonté des moniteurs d’utiliser des matériels éducatifs additionnels qui pourraient les aider à promouvoir la sécurité auprès de leurs élèves conducteurs. Un moniteur sur cinq (18 %) n’a pas connaissance de tutoriels ou d’applications de formation. Seulement 15 % des moniteurs affirment qu’ils ne pensent pas que ces outils soient efficaces et, par conséquent, ne les utilisent pas. Une proportion encore plus réduite (9 %) indique avoir utilisé ces outils, mais reste sceptique à leur égard. Toutefois, 15 % affirment qu’ils utilisent des outils de formation à bon escient et 18 % disent qu’ils ne les utilisent pas, mais qu’ils souhaiteraient mieux les connaître.

LEÇONS SUPPLÉMENTAIRESLorsque nous avons posé des questions aux moniteurs sur les avantages des leçons complémentaires, 36 % répondent qu’aucun de leurs élèves ne prend pas de leçons supplémentaires. Nous supposons donc que la grande majorité des élèves n’en prend pas après l’obtention du permis. Les raisons qui motivent les conducteurs débutants à prendre des leçons supplémentaires, sont soit l’obtention de conditions plus avantageuses pour l’assurance de leur voiture, soit parce que leurs parents l’exigeaient.

Toutefois, cela ne signifie pas que les moniteurs ne reconnaissent pas les avantages de ces leçons supplémentaires : 66 % d’entre eux sont d’accord ou fortement d’accord avec l’affirmation selon laquelle les leçons supplémentaires donnent une expérience supplémentaire. 48 % sont d’accord ou fortement d’accord pour reconnaître que ces leçons aident les conducteurs débutants à devenir des conducteurs plus prudents. Près de la moitié des moniteurs (45 %) affirment que les conducteurs devraient prendre des leçons supplémentaires à certaines étapes de leur parcours. Là encore, cela soutient l’idée selon laquelle les jeunes conducteurs doivent acquérir davantage d’expérience, ce que les leçons de conduite peuvent leur offrir. Néanmoins, il ne faudrait pas interpréter cela comme une approbation globale d’examens additionnels ou de la délivrance graduelle du permis. Les leçons supplémentaires peuvent être considérées comme un renforcement des compétences et des comportements des conducteurs qui sont déjà en mesure de conduire sans restriction.

27AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE | POUR LES JEUNES CONDUCTEURS

L’ENTRETIEN DES VÉHICULES ET LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE Notre enquête a demandé aux moniteurs d’auto-école de citer les points d’entretien des véhicules essentiels à la sécurité routière qui pourraient être intégrés dans l’examen du permis de conduire. Les réponses les plus fréquentes concernaient le réglage des rétroviseurs et des sièges et les pneumatiques. Globalement, 60 % des moniteurs estiment que le réglage des rétroviseurs et des sièges est l’élément le plus important de l’entretien quotidien de la voiture. Comme il s’agit de gestes enseignés au début de chaque leçon, cela n’est pas surprenant. Pour 57 % des moniteurs, l’importance de l’entretien des pneus pour la sécurité routière devrait faire partie de l’examen du permis de conduire. 54 % des moniteurs pensent que les conducteurs débutants devraient être évalués sur leur capacité à contrôler la bande de roulement d’un pneu.

Nous avons également demandé aux moniteurs de citer les aspects de l’entretien qu’ils intègrent dans les leçons de conduite. Encore une fois, le bon réglage des sièges et des rétroviseurs est la réponse la plus fréquemment citée (71 %). L’entretien des pneus est toutefois tout aussi important et une très grande majorité de moniteurs (70 %) l’intègrent dans leurs leçons. En outre, 68 % des moniteurs indiquent apprendre à leurs élèves à contrôler la profondeur des sculptures de la bande de roulement de leurs pneus, devant le contrôle du niveau d’huile (66 %) et l’utilisation d’un système de contrôle de la pression des pneus (TPMS) (43 %).

Après avoir interrogé les moniteurs sur les éléments qui devraient être intégrés dans l’examen du permis et sur ce qu’ils enseignent à leurs élèves, nous souhaitions connaître leur opinion sur les connaissances transmises aux jeunes conducteurs en matière d’entretien. Ici les résultats étaient plus préoccupants. Bien que cela soit une priorité claire, les moniteurs estimaient qu’après l’obtention du permis, plus de 45 % des conducteurs débutants ne sont pas conscients de l’importance du réglage des rétroviseurs et du siège. Seulement 38 % des moniteurs pensent que les conducteurs débutants sont conscients une fois le permis obtenu, de l’importance d’une bonne pression des pneus pour la sécurité routière.

Les résultats de l’étude menée en 2012 par Goodyear EMEA sur les comportements des conducteurs débutants suggèrent aussi que l’entretien de la voiture n’est pas effectué correctement. Seulement 45 % des conducteurs débutants ont affirmé avoir reçu des informations sur la pression des pneus dans le cadre de leurs leçons de conduite.

On constate donc ici un déséquilibre. Lorsque nous demandons, en effet, aux moniteurs de citer les éléments importants pour l’entretien des véhicules, près des trois quarts disent qu’ils souhaitent que des éléments relatifs à l’entretien (réglage des rétroviseurs / entretien des pneus) soient intégrés dans l’examen du permis. Heureusement, une proportion tout aussi importante de moniteurs transmet ces éléments à leurs élèves. Cependant, lorsqu’on leur a demandé si les conducteurs débutants continuent à tenir compte de l’entretien une fois qu’ils ont passé leur permis, les chiffres chutent de manière spectaculaire. C’est une raison plus que suffisante pour justifier des examens plus stricts, y compris dans le cadre d’un système de délivrance graduelle du permis, portant sur les éléments de l’entretien des véhicules.

28 AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE | POUR LES JEUNES CONDUCTEURS

Les pneumatiques sont le seul lien entre le véhicule et la route. Les manufacturiers de pneus ont donc un rôle important à jouer. Ils peuvent augmenter la connaissance de la sécurité du pneumatique, et aider le législateur à promulguer des lois qui permettent aux consommateurs de choisir leurs pneumatiques en étant mieux informés.

29AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE | POUR LES JEUNES CONDUCTEURS

RÉDUIRE LE RISQUE POSÉ PAR LES CONDUCTEURS DÉBUTANTS

TROISIÈME PARTIE :

Pour s’attaquer aux facteurs qui pourraient rendre les conducteurs débutants imprudents, le législateur peut adopter deux approches. La première consiste à influencer les comportements des jeunes conducteurs et la seconde à leur permettre d’acquérir l’expérience nécessaire pour conduire en toute sécurité.

30 AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE | POUR LES JEUNES CONDUCTEURS

31

Alors qu’il est universellement reconnu qu’il est efficace d’influencer les jeunes conducteurs afin qu’ils adoptent une attitude plus consciente des questions de sécurité, l’application d’une période probatoire qui impose certaines limites aux conducteurs débutants est plus controversée. Enfin, les pouvoirs publics et l’industrie automobile devraient continuer à améliorer la sécurité routière pour tous les usagers de la route, ce qui bénéficiera de manière disproportionnée aux jeunes conducteurs. Ce rapport va maintenant examiner ces éléments l’un après l’autre.

Des routes sûres, des voitures sûres et une application efficace des règles de circulation sont les principaux leviers de la sécurité routière. L’introduction des ceintures de sécurité a, par exemple, nettement amélioré la sécurité routière. Pour les conducteurs débutants, il est donc important que l’application des réglementations soit spécifiquement axée sur les jeunes dont l’attitude pourrait être désinvolte vis-à-vis des règles. Bien que la seule solution à long terme pour inciter les jeunes à être plus prudents passe par un changement de leur approche globale, veiller à ce que les jeunes comprennent les règles est une première étape essentielle.

Des restrictions portant sur la façon dont les conducteurs débutants utilisent leurs voitures permettront d’améliorer leur sécurité routière. Certaines réglementations sont déjà appliquées de manière généralisée. Il est illégal de conduire un véhicule sans permis. Les jeunes âgés de moins de 16 ans, les personnes qui sont jugées inaptes à la conduite pour des raisons médicales et les personnes dont le permis de conduire a été révoqué ne peuvent pas conduire. Cependant, dans la plupart des pays européens, la distinction entre les personnes qui sont aptes à la conduite et celles à qui il est interdit de conduire est binaire : on est autorisé à conduire ou on ne l’est pas. Imposer des restrictions spécifiques aux conducteurs

débutants crée une nouvelle catégorie d’automobilistes, autorisés à conduire dans certaines circonstances définies.

Les politiques les plus fréquemment citées dans le cadre des restrictions à appliquer aux jeunes conducteurs sont un taux d’alcoolémie autorisé réduit, des restrictions de la conduite dans certaines conditions, par exemple, de nuit, des règles concernant les autorisations pour transporter des passagers, des peines plus sévères pour les conducteurs débutants pendant une période de temps définie. Cette approche conduit logiquement à une forme de délivrance graduelle du permis de conduire.

SUSCITER UN CHANGEMENT DE COMPORTEMENT CHEZ LES CONDUCTEURS DÉBUTANTSCe rapport a examiné les raisons pour lesquelles les conducteurs débutants sont plus susceptibles de présenter un risque pour la sécurité routière et expose la solution la plus développée : le système de délivrance graduelle du permis de conduire. Toutefois, le GDL ou permis à délivrance graduelle n’est pas la seule approche possible.

En théorie, c’est la jeunesse et l’inexpérience qui font des conducteurs débutants des conducteurs imprudents. Pour surmonter cette difficulté sans imposer de restrictions aux conducteurs débutants qui soient liées à l’expérience et à la maturité (avec un système de délivrance graduelle du permis), le législateur doit influencer les comportements des jeunes conducteurs.

Un des moyens pour modifier les comportements des jeunes conducteurs est une application plus stricte des réglementations existantes. Au Royaume-Uni, par exemple, les conducteurs peuvent se voir retirer le permis s’ils ont six points de pénalité, contre 12 points pour tous les autres conducteurs. De plus, les conducteurs

débutants qui perdent leur permis de conduire doivent le repasser. En soulignant l’importance des règles de la circulation dès le début, le législateur espère encourager les conducteurs débutants à devenir des conducteurs prudents. Cette approche est logique. Les progrès de la sécurité routière pour les conducteurs débutants sont les mêmes que pour tous les usagers de la route : port de la ceinture, respect des limitations de vitesse, ne pas conduire sous l’emprise de drogues ou d’alcool et amélioration de la sécurité des véhicules.

Parallèlement à une application plus stricte, le législateur peut suggérer des améliorations de la formation des conducteurs, pour les pré-conducteurs et pour les élèves conducteurs. La plupart des gouvernements reconnaissent que le système éducatif devrait apprendre aux jeunes les dangers et les responsabilités de la conduite bien avant qu’ils n’aient l’âge de prendre le volant. L’importance de la sécurité des piétons, en particulier dans les zones où les enfants se rendent à l’école à pied, oblige les écoles à enseigner ce sujet. En même temps que les enseignants informent les jeunes des risques et des dangers de l’alcool et des drogues, le développement personnel et social peut leur inculquer les règles d’une conduite prudente et mettre en évidence les risques pour les jeunes conducteurs débutants.

Une forme plus controversée de l’éducation des pré-conducteurs est la formation à la conduite sur des terrains privés pour les jeunes qui n’ont pas encore atteint l’âge légal de conduire sur route ouverte. Les pouvoirs publics sont divisés sur les avantages de cette approche. Alors que certains défendent les avantages de la maîtrise par les jeunes des mécanismes de contrôle d’un véhicule avant d’apprendre à conduire sur la voie publique, d’autres soutiennent fermement que cela est dangereux car cela donne aux jeunes une trop grande confiance. Inévitablement, une jeune personne qui est capable de changer les vitesses, de freiner, de diriger

AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE | POUR LES JEUNES CONDUCTEURS

et de manœuvrer un véhicule sur une piste sera plus à l’aise quand elle commencera à apprendre à conduire dans la circulation. Comme le ministère des Transports du Royaume-Uni l’explique :

“Il est évident que l’apprentissage de la conduite implique davantage que l’acquisition des compétences pratiques de contrôle du véhicule, et qu’il faut accorder une plus grande attention aux aspects plus complexes de la conduite et de l’utilisation en toute sécurité de l’espace routier commun—l’acquisition des moyens d’interagir en toute sécurité en tant que conducteur avec d’autres usagers de la route et de faire face de manière sûre à tous les risques que les conducteurs rencontrent. Si l’on se concentre, avec les pré-conducteurs sur les compétences pratiques de la conduite dans un environnement sans trafic, cela risque d’accentuer une approche déséquilibrée à la conduite en toute sécurité.” 26

LES INFLUENCES POSITIVES SUR LES CONDUCTEURS DÉBUTANTS De nombreux facteurs peuvent influencer les jeunes conducteurs. Nous avons vu quelques-unes des influences négatives— la pression des amis, le désir de prendre des risques et d’attirer l’attention, un mauvais jugement sur l’influence de l’alcool. Quelles sont les influences positives potentielles ? L’influence la plus importante est peut-être celle des parents. Même si les jeunes conducteurs débutants sont souvent de plus en plus indépendants, les parents restent des modèles importants. Ils ont le pouvoir d’inciter des bons comportements et de sanctionner l’irresponsabilité. Souvent, les parents possèdent ou ont le contrôle des voitures que les jeunes conducteurs utilisent. En encourageant une conduite plus sûre, en limitant la conduite de nuit ou en refusant d’autoriser les enfants à utiliser une voiture s’ils sont trop fatigués pour conduire en toute sécurité, les parents peuvent susciter chez leurs enfants une attitude responsable.

LES PARENTS

Compte tenu de l’importance de la supervision de la conduite après le permis, les parents peuvent jouer un rôle important pour aider les jeunes conducteurs à devenir des conducteurs prudents. Les pouvoirs publics devraient inviter les parents (et ceux qui supervisent les élèves conducteurs et les conducteurs débutants) à participer à la formation au permis de conduire. Si les moniteurs d’auto-école et les personnes qui accompagnent les élèves conducteurs en dehors des leçons pouvaient collaborer dans la formation au permis, cela aiderait les jeunes à acquérir une expérience de la conduite sûre.

LE SECTEUR DES ASSURANCES

Un autre levier du changement des comportements chez l’ensemble des conducteurs est le montant des primes d’assurance. Les conducteurs qui enfreignent la loi en dépassant les limitations de vitesse

ou en conduisant sous l’emprise de l’alcool sont considérés comme des conducteurs à plus haut risque pour les assureurs. Ils doivent payer des primes plus élevées. En revanche, les conducteurs ayant un bon historique en termes de sécurité peuvent être récompensés par des primes moins chères. Tous les conducteurs débutants paient des primes plus élevées, car ils présentent un risque plus élevé. Cependant, les assureurs peuvent mettre en place des mesures qui améliorent la sécurité routière d’un conducteur débutant en diminuant les primes des automobilistes qui prouvent leur engagement en faveur de la sécurité routière. Certains conducteurs débutants choisissent de prendre des cours additionnels après avoir obtenu leur permis de conduire, notamment des cours de conduite de nuit, sur autoroute ou en conditions météorologiques difficiles. Dans certains États membres de l’UE, la délivrance graduelle du permis le prévoit. En Estonie, par exemple, un conducteur débutant qui passe son permis de conduire en été doit passer un test supplémentaire de conduite sur routes enneigées en hiver. Enfin, les compagnies d’assurance peuvent proposer des primes moins élevées pour des voitures plus sûres. Il est peu probable que les conducteurs débutants conduisent les véhicules les plus sophistiqués—soit parce que ces véhicules sont trop chers soit parce que la puissance du moteur implique une prime d’assurance très élevée pour un conducteur débutant.

L’INDUSTRIE AUTOMOBILE

Plusieurs experts consultés pour cette étude ont salué le rôle de l’industrie automobile au cours des dernières décennies dans l’amélioration de la sécurité routière. Même si les législations ont incité ou obligé les constructeurs automobiles à respecter certaines normes, par exemple le programme d’évaluation européenne des automobiles (NCAP)27, dans de nombreux cas, ce sont les constructeurs qui ont ouvert la voie. Les deux améliorations les plus fréquemment citées pour la sécurité routière sont l’introduction des ceintures de sécurité, suivie de leur

32

26 Réponse du ministère des transports au 7e rapport du Comité spécial des transports de 2007 27 L’Euro NCAP est un système volontaire d’évaluation de la sécurité des véhicules qui est soutenu

par la Commission européenne, ainsi que par les organisations automobiles et les organisations de consommateurs dans tous les pays de l’UE : http://www.euroncap.com/home.aspx

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utilisation obligatoire, et les campagnes visant à diminuer l’alcool au volant. Les constructeurs automobiles ont introduit et défendu les ceintures de sécurité bien avant d’y être obligés.

Les constructeurs automobiles ont également beaucoup investi dans la recherche et le développement pour rendre les véhicules plus sûrs pour les passagers et les piétons. Certains constructeurs ont choisi d’utiliser la sécurité de leurs véhicules comme un important argument de vente.

Par exemple, du fait de l’influence de la pression des pneus sur la sécurité et l’efficacité énergétique des véhicules, les systèmes de contrôle de la pression des pneus (TPMS) ont d’abord été proposés par des constructeurs européens précurseurs en option sur les voitures haut de gamme dans les années 1980. À partir du 1er novembre 2014, toutes les voitures de tourisme neuves vendues dans l’Union européenne devront être équipées du système TPMS. Les systèmes TPMS améliorent la sécurité en alertant les conducteurs en cas de sous-gonflage des pneus, et ils contribuent également à optimiser l’efficacité énergétique, à augmenter la longévité des pneumatiques et à diminuer la fréquence des visites d’entretien. En février 2013, la Commission européenne a publié des précisions sur la réglementation 661/2009 qui définit les systèmes de sécurité obligatoires et souhaitables. D’autres innovations à mentionner sont l’alerte de franchissement involontaire de ligne blanche et l’utilisation des systèmes de freinage ABS.28

Les constructeurs automobiles doivent être félicités pour leur investissement dans les innovations en matière de sécurité. Sarah Jones, de l’université de Cardiff au Royaume-Uni, a même affirmer que, tout comme les constructeurs automobiles fabriquent un produit qui comporte des risques et ont travaillé pour réduire ce risque, d’autres fabricants de produits potentiellement nocifs (par exemple, l’industrie de l’alcool) devraient suivre leur exemple.

L’IMPACT DE L’ÉVOLUTION DES TECHNOLOGIES La technologie a deux effets inverses sur la sécurité des conducteurs débutants. Certaines technologies dans le véhicule renforcent la sécurité routière. D’autres technologies, celles que les jeunes emmènent dans une voiture, peuvent être une source de distraction et représenter des dangers. Cette génération de jeunes conducteurs a grandi avec la technologie mobile et est habituée à rester en contact avec ses amis et à être connectée 24 heures sur 24. Les jeunes sont aussi habitués à disposer, à portée de main, de la musique, des vidéos et autres fonctionnalités de leurs smartphones et tablettes. C’est un défi pour les moniteurs d’auto-école de faire prendre conscience à ces jeunes des dangers générés par l’utilisation de leurs gadgets au volant.

Cependant, les technologies contribuent également à rendre les voitures plus sûres. Voici quelques-unes des applications prometteuses pour les jeunes conducteurs :

■ les cartes à puce■ les alcolocks (éthylotests anti-démarrage)■ les ceintures de sécurité■ les systèmes d’enregistrement des données de conduite■ le contrôle électronique de stabilité ■ les systèmes avancés de guidage routier

Les cartes à puce contiennent des informations sur le conducteur et, si elles sont utilisées en conjonction avec la clé de contact, elles peuvent empêcher la voiture de démarrer à moins que le conducteur ne soit autorisé. Pour les conducteurs débutants, cela pourrait être utilisé pour limiter la conduite à certaines heures de la journée (par exemple, après la tombée de la nuit) et réduire ainsi le nombre de jeunes conducteurs qui conduisent dans des situations à risque.

Avec les alcolocks ou éthylotests anti-démarrage, le conducteur doit effectuer un alcootest pour pouvoir démarrer la voiture. Théoriquement, cela pourrait sauver des vies, mais ce système n’est pas infaillible, étant donné qu’il suffit de la collaboration d’une personne sobre pour contourner l’alcootest.

Les ceintures de sécurité ont été l’avancée technologique la plus importante au cours des trente dernières années, sauvant un nombre incalculable de vies. Les systèmes de ceinture de sécurité avancés obligent les conducteurs à porter la ceinture de sécurité afin de démarrer le moteur.

Les systèmes d’enregistrement des données de conduite, aussi appelées boîtes noires, fournissent des données rétroactives sur la performance du conducteur. Ces systèmes pourraient être utilisés par les parents pour contrôler la conduite de leurs enfants ou dans le cadre d’un programme de délivrance graduelle du permis.

Les systèmes avancés de guidage routier peuvent détecter la déviation d’un conducteur d’une trajectoire déterminée et permettre la correction en alertant le conducteur ou en activant les freins pour garder le contrôle du véhicule. Cependant, certains indices suggèrent que les conducteurs qui savent que le véhicule est équipé de ce dispositif de sécurité pourraient prendre plus de risques. Les avantages pour les conducteurs débutants des systèmes ESC (contrôle électronique de la stabilité) doivent être étudiés précisément.

Les systèmes avancés de guidage routier sont encore en cours de développement, mais ils peuvent potentiellement améliorer la sécurité routière en limitant la vitesse et en appliquant des distances de sécurité entre les véhicules. D’importantes avancées ont été obtenues dans ce domaine, même si l’extension de ces technologies à l’ensemble des automobilistes reste difficile.

33

28 http://ec.europa.eu/enterprise/sectors/automotive/files/safety/gsr-clarifications_en.pdf

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Comme le remarque David Davies du Conseil consultatif parlementaire pour la sécurité des transports au Royaume-Uni :

“Les voitures modernes sont beaucoup plus sûres—l’Euro NCAP y a contribué... [mais] les jeunes conducteurs achètent des voitures plus anciennes, plus petites et plus économiques si bien qu’ils ne bénéficient pas de toutes les avancées technologiques.” 29 Goodyear considère que les systèmes de sécurité ne doivent pas être le privilège des voitures haut de gamme, si les plus jeunes conducteurs peuvent en bénéficier.

Ellen Townsend, directrice de la politique du Conseil européen pour la sécurité des transports, l’explique clairement :

“Les technologies les plus efficaces pour sauver des vies (p. ex., l’adaptation intelligente de la vitesse, les rappels de ceinture de sécurité et les systèmes ESP) devraient équiper toutes les voitures. Les jeunes ont un budget limité et, par conséquent, nous devons encourager l’industrie automobile à introduire ces technologies, plutôt que de promulguer des lois à cet effet.”30

LE RÔLE DES CAMPAGNES DE SENSIBILISATION DU PUBLIC Les campagnes de sensibilisation du public sont utilisées par les gouvernements pour tenter de susciter des changements de comportement au volant. Certaines des campagnes les plus efficaces ont été étroitement liées à de nouvelles législations ou à un renforcement des lois. Les gouvernements européens ont eu recours, à des degrés divers, à des campagnes télé pour renforcer les nouvelles législations imposant le port des ceintures de sécurité. Il est aussi largement reconnu que les campagnes médiatiques ont contribué à la longue campagne, d’une importance vitale, contre l’alcool au volant. Ces campagnes ont participé à l’évolution de l’opinion des gens sur les risques liés à l’alcool au volant.

La plupart des experts que nous avons consultés reconnaissent que les campagnes de sensibilisation du public ont un rôle à jouer, même si la multiplication des chaînes de télévision et l’Internet ont changé le mode de diffusion de ces campagnes auprès du public. Cependant, il est généralement admis que les campagnes efficaces ne peuvent l’être de manière isolée. Comme l’explique Antonio Avenoso, directeur exécutif du Conseil européen pour la sécurité des transports :

“Les campagnes sont importantes et elles sont utiles. Mais si nous nous limitons à faire des campagnes, l’impact sur la sécurité est discutable. Elles ne peuvent pas être efficaces à elles seules. Elles doivent être combinées à l’élaboration de politiques, à la technologie et à l’application des législations.”

Pour les moniteurs d’auto-école, l’efficacité des campagnes en tant qu’outil de sensibilisation du public est moins évidente. La moitié des moniteurs interrogés dans notre enquête ont affirmé :

“Je suis au courant(e) des campagnes de sensibilisation à la sécurité routière réalisées dans mon pays et je ne pense pas qu’elles sont efficaces.”

L’INTÉGRATION DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE DANS L’ÉDUCATIONLe Conseil européen pour la sécurité des transports a d’ores et déjà demandé à l’Union européenne de rendre l’éducation routière obligatoire. Goodyear soutient cette position. Il est particulièrement important que l’éducation à la sécurité routière soit dispensée à l’école jusqu’à l’adolescence. À l’école primaire, on inculque aux enfants l’importance de la sécurité routière pour les piétons. Les parents soulignent à juste titre l’importance de l’enseignement transmis à leurs enfants pour traverser la route en toute sécurité. Il est vrai que les adolescents sont moins réceptifs aux approches didactiques et peuvent avoir l’impression d’être chaperonnés. Toutefois, nous pensons qu’il est essentiel que les enseignants conçoivent des approches innovantes qui prépareront les adolescents à réfléchir à la sécurité routière avant de prendre le volant d’une voiture. Il semblerait que certaines mauvaises habitudes chez les jeunes soient difficiles à éliminer dans le cadre de la formation habituelle à la conduite, alors qu’elles auraient pu être abordées à l’école.31

34

29 D’après un entretien avec Goodyear, 201330 D’après un entretien avec Goodyear, 201331 Hoeschen A. and Bekiaris E. (Eds) (2002). FORMATEUR (GRD1-1999-10024) Livrable 2.1 “Répertoire des besoins de

formation des conducteurs et des principales lacunes dans les procédures de formation correspondantes.”

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L’ETSC préconise l’intégration de l’éducation à la sécurité routière dans la formation à la citoyenneté :

Ce type de formation pourrait faire partie d’une matière générale sur l’éducation civique et devrait inclure, de préférence, une formation pratique dans la circulation en tant que piétons et cyclistes. Il faut s’assurer que ce thème du programme d’éducation civique soit traité comme les autres disciplines scolaires obligatoires. L’idée d’un permis de conduire cycliste pour les enfants/jeunes adolescents pourrait constituer une incitation supplémentaire pour une formation ultérieure à la conduite.

Il est essentiel que les enfants apprennent la nécessité de travailler pour obtenir un permis, en améliorant leurs connaissances, leurs compétences et, ce qui est tout aussi important, en améliorant leur comportement et leurs attitudes.32

Les moniteurs d’auto-école européens soutiennent cette initiative. Lorsque nous avons interrogé les moniteurs sur les actions que pourraient mener les gouvernements, la deuxième réponse la plus souvent citée était la mise en œuvre d’une formation pratique à la sécurité routière à un âge beaucoup plus précoce, juste derrière une application plus stricte des réglementations actuelles sur la circulation routière.

INFLUENCES PLUS GÉNÉRALESNous sommes tous sensibles à de nombreuses influences et c’est aussi vrai pour les jeunes. Notre étude montre que ce sont les parents et les amis qui ont le plus d’influence sur la façon dont les jeunes envisagent la sécurité routière. Seulement 10 % des moniteurs d’auto-école européens considèrent que les médias ont un impact direct sur les conducteurs débutants. Cependant, nous pensons que l’influence culturelle plus générale des médias ne peut pas être négligée. Les revues automobiles et la télévision accordent une grande importance aux performances des voitures et, dans la plupart des cas, cela concerne la vitesse. Dans certains cas, la glorification de la vitesse est indéniable.

UN PERMIS DE CONDUIRE À DÉLIVRANCE GRADUELLE Dans le cadre des recherches effectuées pour préparer ce rapport, plusieurs experts de la sécurité routière ont préconisé l’introduction obligatoire d’un système de délivrance graduelle du permis de conduire (GDL—Graduated Drivers’ Licences) dans l’Union européenne. Le GDL permet de réduire l’exposition des jeunes conducteurs aux situations à haut risque, en ajoutant une phase intermédiaire entre le permis pour débutant et le permis définitif.

Les partisans du GDL affirment :

“qu’il a été démontré qu’il produit uniquement des effets positifs, tant au niveau du nombre de décès, de blessés et d’accidents qu’en termes de responsabilisation adolescents-parents.” 33

35

32 Consultation de CE sur la formation à la conduite et l’éducation à la sécurité routière http://www.etsc.eu/documents/ Position per cent20ETSC per cent20on per cent20training+education_Final.pdf 33 Sarah Jones, Description brève du GDL et FAQ

% DES RÉPONDANTS QUI ONT CHOISI CHAQUE DÉCLARATION

Faire respecter le code de la routeplus fermement

Commencer la formation en matière de sécuritéroutière à un âge beaucoup plus précoce

Investir financièrement dansles auto-écoles et les moniteurs

Cibler davantage la publicité dans desendroits fréquentés par les jeunes

Amener les écoles à enseignerla sécurité routière

Mettre plus de questions sur la sécuritéroutière dans l'examen du Code

Collaborer avec des organisationsqui connaissent bien les jeunes conducteurs

Utiliser des célébrités ou des « people »pour soutenir les campagnes

47%

44%

41%

40%

38%

28%

27%

20%

SELON VOUS, QUE DEVRAIENT FAIRE LES GOUVERNEMENTS POUR AMÉLIORER LES ATTITUDES DES JEUNES CONDUCTEURS VIS-À-VIS DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE ?

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En 2011, une analyse de Cochrance réalisée au Royaume-Uni a constaté que :

“Le GDL est efficace pour réduire le taux d’accidents chez les jeunes conducteurs, même si l’importance de son effet est variable. Les conclusions sont étayées par des résultats cohérents, la relation temporelle et la crédibilité de l’association. Des programmes plus solides de GDL (c’est-à-dire plus de restrictions à la haute qualité basée sur la classification IIHS) semblent conduire à une réduction plus importante de la mortalité.” 34

Il n’est pas possible de calculer l’effet global du GDL dans les pays où ce système est utilisé (certains états aux États-Unis, le Canada, l’Australie, l’Afrique du Sud), à cause des différentes normes culturelles et sociales, par exemple, la variation des réglementations relatives à la consommation d’alcool. Toutefois, le Dr. Sarah Jones de l’université de Cardiff au Royaume-Uni soutient que :

“le principal effet démontré par cette étude concerne les accidents mortels, avec une réduction atteignant jusqu’à 57 %” 35 Il n’existe pas de modèle standard de GDL. Cependant, la plupart des modèles de GDL intègrent une partie ou la totalité des restrictions suivantes pour les élèves conducteurs :

■ Établissement d’un délai minimal pour le permis provisoire■ Couvre-feu ■ Limites du nombre de passagers■ Niveau inférieur ou niveau zéro d’alcoolémie■ Âge minimum pour obtention du permis définitif

Au vu de ses avantages apparents, pourquoi le GDL n’a-t-il pas été adopté de manière universelle ? Certains opposants du GDL soutiennent que l’application d’un tel système représenterait une charge additionnelle pour la police. D’autres affirment que ces règles sanctionneraient la majorité des jeunes conducteurs pour les fautes d’une petite minorité d’imprudents. Comme l’explique le professeur Allsop, tout système de délivrance du permis de conduire dépend du consentement de tous les conducteurs et certains affirment que le GDL, en rendant plus difficile l’obtention du permis, aura pour effet de dissuader certains d’essayer d’obtenir ledit permis. Enfin, les opposants au GDL affirment que, bien qu’il puisse être utile tant que les restrictions sont applicables, dès le moment où ces restrictions sont levées, les comportements inappropriés peuvent surgir.

Le GDL a été longuement débattu dans plusieurs pays de l’UE et il n’existe pas de réponse unique à la question de savoir pourquoi les pouvoirs publics ont résisté jusqu’à présent à sa mise en œuvre. En fait, pour beaucoup de parents et de jeunes, une transition du statut d’élève conducteur à celui de conducteur qualifié le plus rapidement possible reste très attractive. Les restrictions portant sur les périodes durant lesquelles une personne est autorisée à conduire, sur le nombre de passagers qu’elle peut transporter et le coût des leçons supplémentaires seraient inévitablement impopulaires dans certaines classes sociales. Ceux qui préconisent l’introduction du GDL devront se montrer convaincants pour prouver à l’ensemble de la population que les avantages l’emportent largement sur les inconvénients.

Notre étude fait apparaître un certain enthousiasme pour les éléments du GDL. 52 % des moniteurs se déclarent en effet favorables au GDL. Nous avons voulu connaître les éléments qu’ils souhaiteraient inclure dans le GDL. Une application plus stricte des réglementations est citée par 69 % des personnes interrogées et 59 % mentionnent les restrictions portant sur la conduite de certains types de véhicules par les conducteurs débutants. Cependant, le couvre-feu (22 %) et les restrictions du nombre de passagers (28 %) sont beaucoup moins populaires.

36

34 Russell, K.F., Vandermeer, B., Hartling, L. (2011). Système de délivrance graduelle du permis en vue de réduire les accidents de véhicules automobiles chez les jeunes conducteurs.

35 D’après un entretien avec Goodyear, 2013

SELON VOUS, QUELLES SONT LES CARACTÉRISTIQUES D’UN SYSTÈME DE PERMIS DE CONDUIRE GRADUEL QUI SONT SUSCEPTIBLES D’AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE ?

69% 59% 36%

28% 22% 16%

DES SANCTIONS PLUS SÉVÈRES POUR LES INFRACTIONS AU CODE DE LA ROUTE (PAR EXEMPLE, EXCÈS DE VITESSE)

DES RESTRICTIONS SUR LA CONDUITE DE CERTAINS TYPES DE VÉHICULES

DES LIMITATIONS DE VITESSE PLUS STRICTES POUR LES CONDUCTEURS DÉBUTANTS

DES RESTRICTIONS SUR LE NOMBRE DE PASSAGERS QU’IL EST POSSIBLE DE TRANSPORTER

DES RESTRICTIONS SUR LA CONDUITE À CERTAINES PÉRIODES DE LA JOURNÉE (“COUVRE-FEU DE CONDUITE”)

DES RESTRICTIONS SUR LE TRANSPORT DE PASSAGERS DEVANT UTILISER UN SIÈGE DE SÉCURITÉ

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POUR LES POUVOIRS PUBLICS ET LE LÉGISLATEUR : ■ La Commission européenne devrait

chercher à réaliser des études sur les avantages en termes de sécurité d’un permis de conduire progressif.

■ La Commission européenne et les gouvernements nationaux devraient encourager l’intégration d’une formation sur la sécurité routière, préalablement à l’apprentissage de la conduite, dans les programmes éducatifs des écoles.

■ La Commission européenne devrait imposer un renforcement de la formation sur l’entretien des voitures et motos pour l’examen du permis de conduire—notamment sur le contrôle de la bande de roulement et sur l’entretien des pneumatiques.

■ Les gouvernements nationaux utilisent des campagnes de sensibilisation du public qui ciblent les conducteurs débutants pour soutenir leurs politiques en matière de sécurité routière.

POUR L’INDUSTRIE AUTOMOBILE : ■ L’industrie automobile devrait travailler à

une intégration universelle des nouvelles technologies qui améliorent la sécurité routière dans les véhicules conduits par les jeunes conducteurs.

■ L’industrie automobile devrait recourir au marketing et à la promotion pour attirer l’attention sur les technologies intégrées dans les véhicules et destinées à améliorer la sécurité sur la route.

POUR LES PARTIES PRENANTES AU SENS PLUS LARGE : ■ Le secteur de l’assurance devrait continuer

à innover pour encourager une formation accrue à la sécurité routière pour les conducteurs débutants grâce à une réduction des tarifs liés à cette formation complémentaire.

■ Le secteur des assurances devrait récompenser les conducteurs débutants qui prouvent leur engagement en faveur de la sécurité routière en réduisant leurs primes d’assurance.

■ Les auto-écoles devraient continuer à innover et à intégrer de nouvelles techniques de formation qui contribuent à faire des conducteurs débutants des conducteurs prudents.

EN PLUS DE CES RECOMMANDATIONS, DANS LE CADRE DE SON ENGAGEMENT CONTINU ENVERS LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE, GOODYEAR PRÉVOIT DE : ■ Soutenir l’introduction d’un permis de

conduire avec système de délivrance graduelle

■ Concevoir une campagne de sécurité routière qui s’adresse aux parents des jeunes conducteurs.

■ Compléter notre action actuelle en matière de sécurité routière (par exemple, l’application smartphone de la sécurité routière) en élaborant des matériels spécifiquement destinés aux jeunes et promouvant la sécurité routière.

■ Collaborer avec les écoles de conduite pour promouvoir l’importance de l’entretien des pneumatiques pour la sécurité routière.

RECOMMANDATIONS

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REMERCIEMENTS

Goodyear EMEA tient à remercier tous ceux qui ont soutenu notre travail sur la sécurité routière au cours de ces dernières années. En particulier, nous souhaitons remercier les personnes et les organisations suivantes qui ont accepté de participer à notre étude globale sur la sécurité routière et les conducteurs débutants :

Richard Allsop, professeur émérite en Études des transports à l’University College London ; Antonio Avenoso, directeur exécutif du Conseil européen pour la sécurité des transports (ETSC) ; David Davies, directeur exécutif du Conseil consultatif parlementaire britannique pour la sécurité des transports ; Michael Gatscha, Neurotraffic ; Mika Hatakka Phd, psychologue et spécialiste du trafic, université de Turku ; Dr Sarah Jones, conférencière principale honoraire, université de Cardiff ; Eddie Klynen, directeur général de la Fondation flamande pour la connaissance du trafic ; Floor Lieshout, directeur de Youth for Road Safety ; Natasha Merat, PhD MBPsS, professeur associée, Institut pour les études sur le transport, université de Leeds ; Szabolcs Schmidt, responsable de l’Unité de la sécurité routière—DG MOVE, Commission européenne ; Kay Schulte, Conseil allemand pour la sécurité routière ; Brian Simpson, député européen, président du Comité du tourisme et des transports, Parlement européen ; Ellen Townsend, responsable des

politiques, Conseil européen pour la sécurité des transports (ETSC); Vassiliki Danelli-Mylona, président de l’Institut hellénique de la sécurité routière—RSI Panos Mylonas ; Martin Winkelbauer, chercheur principal, Conseil autrichien de la sécurité routière.

Goodyear remercie le Conseil européen pour la sécurité routière (ETSC), et en particulier son directeur exécutif, Antonio Avenoso, pour sa coopération et son soutien continus.

Enfin, nous remercions M. John Lepine, président de la Fédération européenne des auto-écoles (EFA), dont la participation à ce projet a été déterminante. Nous lui sommes reconnaissants pour les efforts qu’il a déployés afin de nous aider à contacter autant de moniteurs d’auto-école que nécessaire pour faire cette enquête statistique dans le plus grand nombre de pays possibles.

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BIBLIOGRAPHIE

■ Les conducteurs débutants—Rapport du Comité spécial des transports de la Chambre des Communes ; (2007) Londres. http://www.publications.parliament.uk/pa/cm200607/cmselect/cmtran/355/355i.pdf

■ Réponse du Gouvernement au rapport du Comité spécial de la Chambre des Communes sur les conducteurs débutants ; (2007) Londres http://www.publications.parliament.uk/pa/cm200607/cmselect/cmtran/1051/1051.pdf

■ Formation des conducteurs, tests et permis—vers une gestion théorique du risque de lésion des jeunes conducteurs dans la circulation routière. Résultats du projet européen GADGET, Tâche 3 ; Stehan Siegrist (ed.) (1999) Bruxelles.http://www.bpa.ch/English/Forschung/Forschungsergebnisse/pdfResults/r40e.pdf

■ Rapport statistique annuel 2011 de l’Observatoire européen de la sécurité routière (ERSO), Direction générale de la mobilité et des transports, Commission européenne ; (2011) Bruxelles. http://ec.europa.eu/transport/road_safety/pdf/statistics/dacota/dacota-3.5-asr-2011.pdf

■ Rapport annuel 2013 du Conseil européen de la sécurité des transports ; (2013) Bruxelles. http://ec.europa.eu/transport/road_safety/pdf/statistics/dacota/dacota-3.5-asr-2011.pdf

■ Fiche technique du Conseil européen de la sécurité des transports ; (2008) Bruxelles http://www.etsc.eu/documents/Fact_Sheet_DD.pdf

■ La délivrance graduelle des permis de conduire en vue de la réduction des accidents de véhicules motorisés parmi les jeunes conducteurs (Analyse), Hartling L, Wiebe N, Russell KF, Petruk J, Spinola C, Klassen TP; (2009) http://www.thecochranelibrary.com/userfiles/ccoch/file/Safety_on_the_road/CD003300.pdf

■ SafetyNet (2009), ERSO, Bruxelles. http://ec.europa.eu/transport/road_safety/specialist/knowledge/pdf/novice_drivers.pdf

■ Jeunes conducteurs : la voie de la sécurité OCDE, 2006 http://www.internationaltransportforum.org/jtrc/safety/YDpolicyBrief.pdf

■ Fiche technique de base sur les jeunes, ERSO(2007), Bruxelles. http://ec.europa.eu/transport/road_safety/specialist/knowledge/pdf/bfs2007_sn-ntua-1-3-young_people.pdf

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