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Conférence séminaire THÉODILE
11 janvier 2008
Marlène Lebrun
MCF Langue et littérature française
IUFM Aix- Marseille
Analyse des performances des élèves dans le cadre des recherches de
terrain en lien avec la littérature
Plan de l’intervention
Introduction
Situation par rapport aux termes utilisés et définis dans la conférence d’ouverture de
Bertrand
Objectif intervention, modification du titre initial
Trois axes de l’historique au rôle des recherches concernées et à l’analyse de trois exemples
de recherches récentes ou en cours
I. Historique de la recherche-action (RA) ou recherche intervention en sciences
humaines
1.1 Caractéristiques de la RA et problème du transfert
1.2. Action vs prescription
1.3. Vers une typologie des recherches en prise avec le terrain
II La place et le rôle des recherches de terrain en littérature
De la RA à la recherche en prise avec le terrain ou écologique (vs de terrain)
2.1 Typologie des recherches portant sur la littérature
2.2 Les exemples de deux colloques récents, octobre 2005 et avril 2007 portant sur les
pratiques d’EA en littérature : (pp.3-4)
2.3. Mes propres recherches ?
Une aide méta méthodologique
Des enjeux et objectifs multiples
Orientation praxéologique : la peur ou la limite de la visée prescriptive ou transformative
Recherche action ou recherche participative, recherche intervention, recherche de terrain,
recherche en prise avec le terrain, recherche écologique
Vers une définition de ma conception de la didactique du français
III. Trois exemples : ce qui est évalué et/ou analysé
Pourquoi, comment, pour quoi et limites
* Recherche sur les 4èmes de couverture (Québec, 2006) : pp 4-7
* Recherche sur l’écriture coopérative (Arles, Istres et Québec en 2006) : pp 7-9
* Recherche en cours sur un projet culturel dans un CP sensible marseillais : deux chercheurs
issus de deux disciplines contributoires différentes (2007-2008) : pp 9-12 et 2 annexe 1 : 13-
15 et annexe 2 :16-22
IV Discussion : problèmes, limites et enjeux
2
Bibliographie : Hugues Bazin (2006) : Espaces populaires de création culturelle : Enjeux d'une recherche-
action situationnelle, Cahiers de l’action 5, Institut national de la jeunesse et de l’éducation
populaire.
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Jacques Fijalkow (2000) : Sur la lecture Perspectives sociocognitives dans le champ de la
lecture, ESF éditeur, Collection Didactique du français. 4ème partie, chapitre 2, La
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Gérard Genette (1982) Palimpsestes. La Littérature au second degré, Paris, Seuil, coll.
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Jean-François Halté (1989) La didactique du français, Presses universitaires de France,
Paris, Que sais-je ?
Marlène Lebrun. (éd.) (2006) : Actes du colloque Littérature et pratiques d’enseignement
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http://www.fse.ulaval.ca/litactcolaix/
http://recherche.aix-mrs.iufm.fr/coll/20.10.05/index.htm
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Programme de l’école primaire et secondaire québécoise :
http://www.mels.gouv.qc.ca/dgfj/dp/programme
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analyses secondaires, questions et débats théoriques et méthodologiques, Lyon, INRP, 27-41.
3
2.1 Essai de typologie des communications présentées dans 2 colloques
récents liés à la didactique de la littérature
1. Littérature et pratiques d’enseignement-apprentissage : difficultés et résistances (Aix-
en-Provence, octobre 2005)
Synthèse sur 39 interventions dont 30 communications, 7 symposia (32 communications),
et 2 conférences (39)
Type de recherche
1 théorique critique
2 conférences (descriptive et critique)
2 descriptive diachronique (histoire)
2 6 descriptive synchronique dont 1 4 à visée interventionniste affichée
2 expérimental (comparaison)
4 recherche-action
18 vers action soit presque la moitié sont à visée transformatrice
Presque toutes les recherches sont concernées par la visée descriptive. Très peu
d’analyse comparées et diachroniques.
On a préféré considérer le symposium comme une totalité émanant d’une équipe, si on avait
pris en compte les 32 communications dont les 7 symposia étaient constitués, la prégnance
des recherches à visée transformatrice serait encore plus importante.
Répartition selon public
27 : primaire, 19 : secondaire dont les deux tiers en lycée, 7 en formation Le primaire domine largement avec 27 communications sur 53 communications qui ciblent un
public spécifique, soit 50%.
2. Huitièmes rencontres des chercheurs en didactique de la littérature
Enseigner et apprendre la littérature aujourd’hui, pour quoi faire ? Sens, utilité, évaluation
Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, 29-31 mars 2007
Centre de recherche en didactique des langues et des littératures romanes (CEDILL)
Actes à paraître début 2008
48 communications au total
Répartition selon visée de la recherche
8 : générales, épistémologiques, théoriques, critiques
8 : exemple, enquête
32 : descriptif à partir d’observations de pratiques mises en œuvre ou expérimentées
La visée transformatrice domine avec 13 communications qui l’annoncent explicitement.
Répartition selon public concerné par l’EA
23 : primaire, soit un peu moins de 50%
7 : secondaire collège, surtout le début
5 : lycée
3 : formation
10 : FLE supérieur
La répartition du colloque précédent est confirmée avec une domination du primaire et
l’entrée du FLE
4
Rares sont les recherches présentées comme des recherches-actions qui peuvent le prétendre,
eu égard aux caractéristiques évoquées plus haut avec Hugues Bazin.
Le didacticien du français doit prendre acte de l’importance du primaire dans les recherches
sur la littérature en prise avec le terrain et de la prédominance des recherches descriptives qui
comportent chacune leur spécificité eu égard aux objectifs visés et à la méthodologie
construite en fonction des possibles du terrain et de ses acteurs.
La prédominance des recherches concernant le primaire montrent que l’institutionnalisation
disciplinaire de la littérature au cycle 3 et son utilisation dans les cycles 1 et 2 ont un impact
sur l’orientation des recherches en didactique de la littérature. Il est vrai que la recherche
écologique y est aussi plus facile qu’au secondaire qui est un lieu scolaire éclaté faisant
intervenir une grande multiplicité d’acteurs.
3.1. Recherche sur les 4èmes de couverture (Québec, 2006)
L’expérimentation didactique a été menée dans le primaire québécois (seconde année) avec
de jeunes élèves défavorisés âgés de 8 ans en 2006. La séquence mise en œuvre a duré 2 mois
et est constituée de 12 séances dont l’objectif fédérateur est l’écriture d’un type d’écrit
spécifique, lié à la lecture d’album.
L’hypothèse est qu’il y a un lien causal et explicatif entre les compétences et le rapport à la
lecture écriture et à son enseignement apprentissage.
*Écart des performances observées par praticien et chercheur
Élèves considérés en difficulté par l’enseignante qui a l’expérience des élèves en difficulté.
Effectif réduit, école difficile cotée 9 sur une échelle de 10 prenant en compte les évaluations
institutionnelles et les milieux socio-économiques des élèves
Capitale provinciale Québec, la plupart des élèves sont d’origine québécoise (pure laine)
Dispositif didactique
Les élèves ont été engagés dans une expérience de journal de lecture dialogué (désormais
JL) pendant trois mois avec l’objectif d’écrire des quatrièmes de couverture (désormais C).
Les données produites sont constituées de différentes productions écrites figurant dans le
journal, de verbatim collectés dans des débats collectifs et d’entretiens individuels semi-
directifs.
Compétences sollicitées
Dans le JL, l’élève est amené à écrire des textes variés : explicatifs, argumentatifs et narratifs
qui ont un destinataire réel, autre que le professeur correcteur, à savoir le lecteur pair qu’il
faut convaincre de l’intérêt ou non de la lecture présentée.
Les différents dispositifs didactiques du projet ont permis aux élèves de mettre en œuvre une
lecture cursive d’albums, de développer des compétences de compréhension globale, de faire
des inférences et de mettre en œuvre des conduites interprétatives afin de choisir et de justifier
leurs préférences, tant des personnages que des albums.
Écrire des impressions et des commentaires de lecture dans un JL dialogué1suppose de mettre
en œuvre une écriture métatextuelle (c’est-à-dire critique, supposant le commentaire ou la
1 Le professeur lit et commente le journal de lecture de chaque élève, il passe d’une posture de correcteur
linguistique à celle de lecteur expert qui, par ses questions ouvertes, favorise une posture critique et de lecteur
pair qui partage des impressions et goûts de lecture dans la communauté de la classe.
5
glose à propos des textes littéraires) et une écriture hypertextuelle (à savoir créative ou
d’invention, c’est-à-dire de dérivation à partir des textes) selon la terminologie de
Genette(1982). En tant que paratexte, C s’inscrit dans une visée critique puisqu’il suppose de
prendre le rôle d’un éditeur, relais entre l’auteur et le lecteur, qui fait du prosélytisme pour
convaincre un lecteur pair de s’engager dans la lecture tout en l’aidant dans son aventure en
lui donnant quelques repères ( résumé amorce) et en partageant quelques critères de valeur.
Mise en œuvre des compétences ?
En suivant la genèse des productions écrites depuis la première utilisation du JL avec la
justification d’un choix de préférence jusque la production finale, une réécriture de C, on met
en évidence les compétences mises en œuvre qui sont en adéquation avec les compétences
sollicitées par les dispositifs.
L’analyse des textes finaux confirme la mise en œuvre et le développement des
compétences sollicitées. Les textes produits montrent la prégnance de l’écriture
hypertextuelle, essentiellement à travers le résumé. Les auteurs témoignent donc de
compétences liées à la production narrative tout en s’investissant dans un projet de lecture
critique.
Si je définis les performances comme un ensemble de compétences et d’appétences, leur
analyse est liée à la construction du dispositif didactique dont les effets sont analysés en
compétences (savoirs et savoir-faire spécifiques) et en appétences (représentations,
rapport à, posture)
Un exemple d’étude de cas éclaire l’interaction entre les compétences métatextuelles et
les compétences hypertextuelles ainsi que la prégnance de la prise de conscience du
rapport à la lecture et de ses goûts de lecteur sur ses performances de lecture/écriture.
Si on prend l’exemple du JL d’Étienne, il révèle clairement le développement de
compétences critiques. Étienne prend conscience de son profil de lecteur et développe ses
compétences de justification de choix, comme en témoignent les 5 strates sélectionnées :
1. J’ai aimé un peu, il manque de l’action.
Dès la première séance se révèle une capacité à formuler un jugement de goût négatif. Ce qui
est rare dans la classe.
2. J’ai aimé car il y a beaucoup d’action.
Se dessine un profil de lecteur spécifique attiré par les livres d’action ou d’aventures.
3. Mon personnage favori est Antoine car il est drôle avec ses cheveux en macaroni.
La capacité à justifier une préférence de personnage est avérée.
Enfin, lors d’une des dernières séances du projet, Étienne réalise deux lectures et deux textes
de quatrième de couverture.
Samuel mange beaucoup de tartes. Il a toujours faim. Un jour, il se passe quelque chose.
Se manifeste une compétence à écrire un résumé qui met en appétit de lecture car la fin n’est
pas déflorée.
Dans le dialogue écrit avec l’élève, Le professeur demande Que t’as appris le livre ?
Étienne ajoute dans sa réécriture : J’ai appris à partager.
Il témoigne de la capacité à tirer un message éthique de l’album sous forme de leçon de vie.
Dans la réécriture finale dont le critère de réussite est de garder le suspense sur la fin, Étienne
ajoute une question : Aura-t-il mal au ventre? Ce qui dénote la prise de conscience de la
fonction du texte produit.
6
Au-delà des compétences en lecture et en écriture, le JL donne à lire aussi le rapport à
la lecture écriture de son auteur.
Validation de l’hypothèse sur le lien entre les représentations, le rapport à la lecture et
le développement des compétences
Pour cette analyse, j’ai constitué un panel de 5 élèves représentatifs de la diversité socio
culturelle de la classe. Dans le cadre d’entretiens semi-directifs, six questions 2sont posées.
Il est à noter que tous les élèves de la classe y ont déjà réfléchi par écrit la veille : plus de
la moitié des élèves verbalisent la fonction de prosélytisme lectoral du JL. Un élève
récapitule l’ensemble de ses enjeux: Ca sert à voir s’il donne le goût de lire, pour que les
autres comprennent, ça nous aide à intéresser des personnes à lire des livres ; des bouts
d’histoire pour que les autres veulent lire.
Le questionnaire écrit proposé à tous les élèves suivi d’un débat oral avait pour fonction
l’évaluation de la prise de conscience de l’enjeu de l’apprentissage et du texte à écrire, une C
Voici 2 exemples d’analyse de profil de lecteur qui partent des caractéristiques
socioculturelles de l’élève
Étienne (E) dont les parents travaillent et s’intéressent au parcours scolaire de leur fils suit
bien le parcours d’apprentissage. Plus fort en maths, ce jeune élève a quelques difficultés en
français malgré une grande motivation pour la lecture d’albums, il rencontre quelques
problèmes de langage et d’habileté grapho motrice. Élève dispersé au début de l’année, E a
construit progressivement une passion pour la lecture qui l’a aidé à stabiliser son attention. E
est un lecteur très conscient des objectifs liés aux activités liées au JL. A la question sur les
types d’écrits produits, E précise : Des C, des petits bouts d’histoire, pour les autres, la côte
d’amour. Faut pas dire la fin. C’est la fonction de prosélytisme lectoral qui domine pour lui.
Il n’est pas enfermé dans un profil d’élève mais révèle un profil de lecteur qui construit des
compétences critiques. Il reconnaît que le JL a été très utile : J’ai appris à lire plus de livres.
A dire ce que je pensais. De plus, les commentaires écrits du professeur sont perçus
comme une invitation au dialogue lectoral : Ça transforme en parler
Kévin (K) dont la maman a eu 4 enfants avec 4 pères différents et qui est traitée pour
dépression est un élève très fort en mathématiques mais en grande difficulté en français,
surtout en écriture, il est suivi dans le cadre d’un plan d’intervention et a une
médicamentation pour l’agressivité. K refuse de justifier ses réponses sur le JL qui est associé
à l’écriture qu’il n’aime pas. Il ressent vraisemblablement un défaut de sens des questions
sur des activités scolaires dans lesquelles son investissement est superficiel. Il précise
cependant que le JL sert à faire des lectures et des C et il indique leur localisation à
l’arrière des livres. Les réactions écrites de l’enseignante ne sont pas ressenties comme des
encouragements ou des commentaires sur la lecture mais comme des pointages d’erreurs. Il
est dans une dynamique scolaire d’élève stigmatisé et non d’apprenant ou de lecteur critique.
Par contre K est capable de parler de lectures précises à travers des albums dont la lecture a
montré en classe une compréhension-interprétation fine. Le problème est de trouver des biais
pour lui faire parler de ses lectures. Le JL a joué un rôle certain même si l’enfant n’aime pas
écrire. Il sert de relais à des échanges oraux dans lesquels il est capable de s’impliquer quand
les questions sont ouvertes et génèrent un débat interprétatif.
4. Que peux-tu dire sur mes visites ? Sont-elles l’occasion d’activités particulières ? Qu’as-tu écrit dans ton JL ?
Selon toi, à quoi sert le JL ? Ce que tu penses avoir appris en le faisant ? Que tu penses des réactions écrites de
Madame Hélène ? As-tu aimé ou non le JL ? Pourquoi ? Voudrais-tu continuer cette activité l’année prochaine ?
7
La réussite d’un apprentissage gommerait-il aussi la dissymétrie entre le but
effectivement visé par le sujet, le but immanent à l’action didactique et le but
conscientisé qui ne correspond pas toujours au but effectif ?
Conclusion 3.1
La recherche écologique (de type descriptive des effets d’un dispositif didactique) privilégie
la mise en évidence de l’évolution du rapport aux objets d’enseignement apprentissage, en
l’occurrence la lecture d’album de littérature de jeunesse et l’écriture de C
Les résultats corroborent la validité de l’hypothèse de l’importance de la prise en compte de la
fonction de prosélytisme lectoral, le journal de lecture dialogué donne du sens au partage et
aux échanges sur les écrits littéraires qui circulent dans la classe. L’évolution du rapport à la
lecture écriture est un indicateur efficace du développement des compétences liées; c’est aussi
un indicateur précieux pour évaluer les progrès de l’élève peu ou prou en difficulté (passage
du rapport oral/pragmatique à un rapport écrit/distancié requis par l’école) à travers un panel
large de compétences liées à l’écrit et à l’acculturation littéraire. Si les performances sont
définies comme un ensemble de compétences et d’appétences, leur analyse est liée à la
construction du dispositif didactique dont les effets sont analysés en compétences (
savoirs et savoir-faire spécifiques) et en appétences ( représentations, rapport à, posture)
Le dispositif didactique (JLD puis C) montre son intérêt dans le cadre de l’entrée dans l’écrit
et l’acculturation littéraire ; il n’a pas été imposé par le chercheur mais suggéré au fur et à
mesure des séances et de l’analyse des performances des élèves. Le professeur a participé à la
construction du dispositif et a pris conscience progressivement qu’il ne soupçonnait pas les
compétences dont étaient capables ses élèves confrontés à des dispositifs qui socialisent
l’apprentissage et lui donnent du sens. Le chercheur ne présume pas d’emblée que les élèves
sont en difficulté, il présume que des dispositifs adaptés et finalisés seront susceptibles de
développer les compétences et appétences visées.
Une recherche de ce type peut être aussi une formation pour le praticien à devenir réflexif
(effets de ses pratiques sur les performances de ses élèves) et à construire des dispositifs
adaptés et efficaces et une formation à l’engagement pour le chercheur didacticien visant
aussi l, amélioration des performances des élèves.
3.2 Recherche sur l’écriture coopérative
Il s’agit d’une recherche-action sur l’écriture à effet littéraire dans un cadre coopératif du
primaire au supérieur, réalisée en 2006. Le public des expérimentations concerne trois
niveaux d’enseignement, des élèves de 4ème de collège de ZEP (14 ans), des élèves de
seconde professionnelle BEP (17 ans) et des étudiants en troisième année de BEPEP (23 ans).
Ses enjeux relèvent d’une acculturation littéraire avec des élèves qui n’entretiennent pas avec
la littérature et la lecture/ écriture dans la discipline français des rapports de sens.
Notre hypothèse de recherche se décline en deux volets : la construction d’une posture
(attitude, position, conduite) critique prend du sens quand elle accompagne et rend possible
la construction d’une posture d’auteur3.
3 Voir Lebrun, M., 2005, Posture critique et geste anthologique, Cortil-Wodon ( Belgique), EME.
8
Le fait de devoir prendre en compte un véritable lecteur transforme le rapport à l’écriture
scolaire de l’apprenant et le rend apte à se construire une représentation cognitive (et pas
seulement sociale) de l’acte d’écrire et des compétences qui lui sont liées.
Objectif
La recherche se propose d’analyser les effets d’un dispositif didactique, l’écriture
coopérative, sur les performances en écriture des élèves tout en éclairant la nature de
leur rapport à l’écriture, conçu comme un ensemble de relations à des processus, à des
situations d’apprentissage, à des actions et à des produits qui engagent le sujet écrivant. Il
s’agit à la fois d’une relation de sens et d’une relation de valeur, qui engagent une relation
identitaire et une relation épistémique liées. La nature du rapport à peut gêner ou faciliter la
construction d’une représentation cognitive claire, d’une représentation sociale positive de
l’écriture tout en favorisant ou non le développement des compétences scripturales liées
(Lahire, 1999).
Dispositif didactique
Les productions en jeu sont respectivement le récit fantastique en 4ème, une saynète de
théâtre (à mettre en scène) en LP et le conte dans le supérieur. Au-delà des différences liées
aux spécificités inhérentes au genre et au niveau d’enseignement, la démarche dont les
modalités d’écritures sont très variées comporte des invariants. Un départ collectif permet
de contractualiser le projet d’écriture et sa planification : l’ensemble des élèves de la classe
écrit collectivement une introduction (par la dictée à l’adulte, désormais DA) qui constitue le
référent textuel commun et sert aussi d’inducteur à l’écriture individuelle. Même si l’on parle
d’écriture coopérative, les productions individuelles sont nombreuses tant en écriture qu’en
réécriture. Après la rédaction collective de l’introduction par la DA, le premier auteur du
texte prend en charge la réécriture complète du texte.
L’écriture relayée (désormais ER) induit un travail d’écriture individuelle enchaînée ou en
relais. A chaque étape d’écriture (de 3 à 5 par projet d’écriture) qui correspond à une
consigne précise déchargeant en partie l’élève des problèmes de planification globale mais
pas locale, un auteur assume l’écriture de l’étape. Cela suppose un va-et-vient entre la lecture
du texte précédent et le texte à écrire tout en faisant le deuil du texte écrit précédemment dont
un autre auteur pair assume le relais.
Les deux médiations en jeu dans l’écriture coopérative, à savoir la DA et l’ER, ne sont pas
seulement des facilitations procédurales mais aussi des situations complexes d’écriture
mettant en jeu la mutualisation des ressources et compétences des pairs.
Grâce aux effets conjugués de la DA et de l’ER, l’écriture coopérative préserve la
nécessaire dimension d’expression d’un sujet écrivant qui assume une posture auctoriale.
Analyse des performances :
Notre analyse s’appuie sur un large corpus constitué de vidéos et/ou d’affiches
accompagnant les descriptifs de séquence mis en œuvre dans les différentes classes, de
transcriptions d’entretiens des différents acteurs enseignants et enseignés, d’ extraits de
journaux de bord des élèves et de nombreuses productions obtenues aux différentes étapes du
projet d’écriture longue
* Construction et appropriation du dispositif didactique par chacun des enseignants selon
public concerné (vidéos de classe et préparation de séances et du projet)
* Comparaison investissement et réussite des élèves avec activités d’écriture scolaire
précédentes (déclarations du professeur et notes)
9
* Comparaison entre les performances aux différents strates d’écriture, écriture premier jet,
écriture relayée et réécriture : essentiellement critères de la cohérence, de la cohésion et du
genre (productions écrites)
* Rapport au dispositif didactique, à l’écriture, au genre demandé, à la critique des pairs, à la
réécriture (suivi des journaux de bord complétés par des entretiens)
L’objectif essentiel est d’ appréhender comment des élèves du primaire au supérieur vivent
ces modalités d’écriture qui font faire le deuil temporaire de l’écriture individuelle et du texte-
à-tête solitaire pour mieux renouer avec son identité de sujet écrivant dans un contexte
scolaire. On sait que la représentation de l’écriture comme un acte désincarné,
décontextualisé et solitaire est un obstacle majeur à l’écriture et à la lecture scolaires et qu’il
importe de travailler sur le rapport à.
De l’ensemble des données produites, émergent quatre axes d’analyse :
- La représentation des fonctions de l’écriture coopérative à travers la DA et l’ER selon les
publics4 ;
- l’impact des modalités d’écriture sur la représentation du texte attendu et des difficultés
d’écriture liées au genre ;
- l’effet de l’écriture coopérative sur le développement d’une posture assumée
d’élève ou d’apprenant (implication dans le projet)
d’auteur et de critique
- et enfin l’impact de l’écriture relayée sur les performances des élèves liées à la réécriture.
Ces 4 axes émergent des lectures des journaux de bord et des transcriptions des entretiens
dont les questionnements ont induit peu ou prou ces axes interprétatifs qui découlent des
hypothèses au fondement de la construction du dispositif didactique.
3.3. Troisième exemple avec une recherche en cours sur un projet
culturel dans un CP sensible marseillais
Comment sont menées l’analyse ou l’évaluation ? Outils méthodologiques ?
Critères de réussite de l’analyse ?
Deux chercheurs issus de deux disciplines contributoires différentes (linguistique et
littérature et didactique)
L’exemple du journal de bord dialogué dans un projet interculturel
Contexte : recherche collaborative ayant pour cadre un échange culturel entre deux villes :
Marseille (France) et Québec (Canada).
Le public concerné est constitué d’une vingtaine d’élèves âgés de 6 ans, socio culturellement
peu favorisés et scolarisés dans une école marseillaise en classe de cours préparatoire (voir
annexe1)
Enjeux
4 Les publics enseignés sont respectivement des élèves 4 ème de collège zépien, des élèves de BEP comptabilité
en lycée professionnel (17-18 ans) et étudiants québécois du Baccalauréat de l’enseignement primaire (23 ans).
10
Analyse de l’impact du journal de bord dialogué (JBD) sur le rapport à la culture mais aussi
sur les compétences de lecture écriture des élèves concernés, donc sur les performances
culturelles des élèves.
A travers un projet reposant sur un échange culturel, faire en sorte que les élèves se
positionnent dans leur propre culture et pénètrent la culture des autres.
Dispositif didactique avec outil analysé
Le journal de bord est un outil individuel et collectif permettant d’accompagner le projet et
servant de support aux notes, comptes rendus, dessins, schémas, lectures et écritures
personnelles. Dans la mesure où la classe se construit comme une communauté de lecteurs et
d’auteurs grâce à un projet culturel fédérateur ancré dans la culture locale, nationale et
internationale, le journal de bord est aussi dialogué (JBD), c’est-à-dire ouvert aux
commentaires écrits et oraux des pairs, dont le professeur. Le journal de bord est un outil de
traces pour la mémoire de la correspondance franco-québécoise et la découverte de la ville de
Marseille et de celle de Québec. Le JBD est donc un vecteur d’échanges et de débats ancrés
sur la diversité et le métissage culturels.
Objectif
Rendre les élèves capables de construire leur culture de leur ville Marseille (patrimoine
historique, géographique, biologique, politique, littéraire, etc) et de s’ouvrir à la culture
québécoise grâce à une correspondance suivie. La mémoire du projet, le JBD, a une fonction
métacognitive de prise de conscience de son parcours culturel et de son échange franco-
québécois.
Données produites
Verbatim de séquences d’apprentissage, enregistrements audio et vidéo, productions orales et
écrites à différents moments du projet, transcriptions d’entretiens de quelques élèves
représentatifs de la diversité socioculturelle de la classe et d’une seconde classe de CP témoin.
Résultats visés
Panel : ensemble de la classe et sélection d’un tiers des élèves pour analyse diachronique et
synchronique plus approfondie
Sélection d’élèves représentatifs de la diversité socio culturelle de la classe et des différents
niveaux d’avancement dans la littéracie : constitution des groupes de travail par l’enseignante
en fonction des évaluations nationales et des évaluations de la circonscription (grande
difficulté, difficulté moyenne, sans difficultés) et des évaluations des interactions verbales
(grands parleurs, moyens parleurs et petits parleurs)
A partir des cas d’élèves représentatifs sera analysée finement l’évolution des productions et
du rapport à la lecture/écriture pour mesurer l’impact du JBD et des activités culturelles dont
le projet est porteur.
Questionnaires oraux à faire passer aux élèves à six mois d’intervalle
Les données seront transcrites et donneront lieu à une analyse permettant de comparer
l’impact du projet sur l’évolution éventuelle, voire la reconstruction des représentations de
chacun, les prégnances de l’expérience, mais aussi de mettre en avant d’éventuelles
résistances et éventuellement des indicateurs d’identité.
Une analyse des outils linguistiques utilisés par les élèves sera également conduite [à partir
des réponses aux questionnaires mais aussi à partir du corpus recueillis pour la production
orale de récit à partir d’une lecture d’album] : déterminants, pronoms, verbes, prépositions,
11
conjonctions, adverbes, noms, adjectifs, interjections, emprunts et formes familières,
constructions simples et constructions complexes, expansions.
Dresser un portrait de la gestion de la relation interpersonnelle maîtresse/élève(s) de
l’enseignante à partir d’enregistrements vidéo : « carte descriptive » du fonctionnement
des interactions langagières dans la classe pointant la position des élèves et de l’enseignante.
Procéder à une analyse longitudinale de productions écrites : le corpus écrit portera sur
des textes produits par les élèves de la classe à partir du journal de bord (outil écrit regroupant
les principales informations et productions portant sur le projet culturel de la classe : échange
avec les correspondants et culture de la ville).
Profil des élèves : appréhender l’évolution du rapport au lire/écrire, au projet culturel, à
la ville, à la correspondance, au JBD….
Est-ce que l’analyse des outils linguistiques, outre l’analyse des performances
linguistiques des élèves, peut conduire à établir des liens avec le contenu des
représentations et des places identitaires de chacun ?
Premiers résultats ( fin 2007)
Rapport au lire/écrire en début d’année et comparaison entre classe expérimentale (CE) et
classe témoin (CT)
Représentations liminaires du JBD
Représentations culturelles liminaires et comparaison CE et CT
Analyse des performances linguistiques selon indicateurs retenus en récit oral à partir d’une
lecture offerte d’album
Comparaison période 1 (octobre) et période 2 (décembre) plus comparaison CT et CE : bilan
périodes 1 et 2 (annexe 5)
Documents constitués
* Lettre à l’inspecteur de la circonscription : document de liaison institutionnelle (annexe
2). Présenter un projet pour le rendre acceptable et légitimer une observation écologique,
parfois l’inspecteur peut se méfier de l’intrusion de chercheurs et de didacticiens de l’IUFM,
formation continue comme lieu conflictuel où la coopération des différents acteurs ne va pas
de soi
* Données administratives : fiches de renseignements remplies par les parents au début de
l’année. A recouper avec renseignements donnés par les élèves eux-mêmes et collectés dans
entretiens avec les parents.
NB : Le questionnaire oral concerne tous les élèves alors que les entretiens un panel
représentatif.
*Questionnaire sur le lire/écrire présenté fin septembre, début octobre 2007(annexe1)
Pour la classe expérimentale et la classe témoin
A présenter à nouveau à la fin de l’année
12
C’est quoi lire pour toi ?
A quoi cela sert-il de lire ?
Comment fais-tu pour apprendre à lire ?
Est-ce difficile d’apprendre à lire ?
C’est quoi écrire pour toi ?
A quoi cela sert-il d écrire?
Comment fais-tu pour apprendre à écrire ?
Est-ce difficile d’apprendre à écrire ?
Que penses-tu de ta rentrée scolaire dans ta classe de CP ?
Méthodologie pour analyser les représentations du lire/écrire au début de l’année et
appréhender une évolution en fin d’année : par question et profil d’élève (sélection d’élèves
représentatifs)
Discussion : En quoi le JBD peut-il avoir un impact isolable ?
*Questionnaire liminaire culturel : classe expérimentale
*Questionnaire liminaire culturel : classe témoin
*Questionnaire final sur les représentations culturelles : à différencier selon les 2 classes
* Entretien sur les représentations du JBD au début et à la fin du projet (annexe 1 :
pp.13-15)
*Questionnaire destiné aux enseignants au début du projet
*Questionnaire destiné aux enseignants à la fin du projet
* Évolution et comparaison des performances des élèves en rappel oral de récit (annexe
2) (pp 16-22)
13
Annexe1 : Comment des élèves de CP se représentent un outil récent, le
journal de bord (JB)
Descriptif en novembre: Format A4, spiralé
On y trouve une première et quatrième de couverture constituées d’un collage disparate
d’articles de journaux
Le premier envoi des correspondants avec le choix d’un correspondant.
La fiche d’identité de l’auteur du journal envoyé à son correspondant
Une plaquette documentaire réalisée l’année dernière par les élèves sur l’environnement de
l’école
Un texte individuel (DA et/ou écriture autonome) sur la sortie culturelle au musée de
l’histoire de la ville de Marseille fin octobre.
Le questionnaire du jeudi 21 novembre 2007 a pour objectif de mettre au jour les
représentations liminaires du journal de bord qui vient d’être initié.
Pour la moitié des élèves, le journal a pris forme, pour les autres, les feuilles éparses
demandent à être colligées.
Comment s’appelle ce cahier ?
Qu’y écris-tu ?
De quoi parlent les écrits ?
A quoi sert-il ?
Pour qui l’écris-tu ?
Que penses-tu du journal de bord ? Aimes-tu écrire dedans ?
Représentativité du panel interrogé
6 élèves représentatifs de la diversité des compétences sont interrogés, soit sur 22 ou 30% de
la classe
Questionnaire présenté à 6 élèves dont 3, Tom (G1) Aya et Rébecca (G2) qui sont avancés et
trois moins avancés, Brian, Falon ( groupe 3) et Nurgul ( CLIN et groupe 4)
Voir constitution des 4 groupes de la seconde période
Analyse : traitement par question puis par élève
1. Comment s’appelle ce cahier ?
4 donnent le nom institutionnalisé par le professeur. Un élève précise qu’il ne s’agit pas d’un
cahier, terme utilisé par l’interviewer.
2 répondent qu’ils ne savent pas, cela s’explique d’autant plus qu’ils n’ont pas encore
formalisé le journal.
Nurgul parle de journal après avoir repris le mot cahier à la réponse à la question sur l’utilité.
Par contre Falon précise qu’elle n’en a pas encore mais le nomme.
Métalangage terminologique approprié
2. Qu’y écris-tu ? De quoi parlent les écrits ?
1. Aya
Plein de choses pour qu’on les montre à nos copains de l’école. Du musée, du Canada et
aussi sur Marseille (Aya)
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C’est une réponse complète et la fonction communicationnelle est conscientisée
2. Rébecca
La ville de Marseille et sur les correspondants
Ce sont des amis qui habitent loin, il faut traverser tout l’océan
Ca parle sur l’école, tu peux effacer, du musée d’histoire de Marseille, des calanques, de mes
correspondants(Rébecca)
Réponse complète aussi avec une insistance sur l’échange franco-québécois
3. Tom entre dans le détail de ce qu’il a produit ou mis dans son journal dont il précise que ce
n’est pas un cahier.
On raconte les sorties, comment elles se sont passées
Au musée
Quand on a fait des bols préhistoriques
Après j’ai écrit le bus
J’ai fait un dessin aussi sur les bols
L’envoi du correspondant et on en choisit un
Il ya aussi le prospectus de l’école
Autre chose
On va envoyer qqch au correspondant, on se dessine, on dit si on a les yeux, les cheveux
On l’a photocopié et celui qui a des couleurs on l’envoie
4. Brian n’a pas désigné le nom du « cahier »
Parle de la correspondance mais il ne se rappelle plus du nom de celui qu’il a choisi
5. Nurgul
Elle est marquée aussi par la correspondance mais généralise les productions à partir des
activités scolaires.
On écrit des trucs on les met
Alphabet, sur le travail, sur les correspondants
Sais pas
Qui est ton correspondant ? sais pas
6. Falon
N’a pas encore de journal mais a su le nommer et reprend une consigne orale de présentation
donnée par le professeur le jeudi 8 novembre (espace de liberté). Les productions sont
diversifiées également Voir en annexe 2 la présentation de la séance de lancement du JB.
Par contre, Falon ne parle pas de la correspondance a contrario des cinq autres élèves.
Une phrase ou un dessin
Ca parle de ce qu’on veut
Troisième question sur l’utilité ou la fonction du JB : A quoi sert-il ?
*Il sert à écrire, comme un vrai livre, on arrive à lire, on connaît notre correspondant
C’est Élodie qui habite au canada (Aya)
*pour connaître la ville (Rébecca)
* A raconter les sorties. Ca parle de Marseille (Tom)
* A faire , sais plus ( Brian)
* Cahier de journal (Nurgul répond rétrospectivement à la première question)
* A faire des dessins (Falon)
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Cette question est redondante pour certains élèves qui insistent néanmoins sur la fonction de
connaissance, de narration et de lecture/écriture. Aya appréhende déjà une posture auctoriale
« comme un vrai livre ». Ou bien, c’est une référence à une pratique sociale de référence ?
Quatrième question sur le destinataire : Pour qui l’écris-tu ?
* Pour mon école, moi et ma classe et pour les correspondants (Aya)
La réponse est très complète
* Pour les correspondants (Rébecca)
* Pour raconter les sorties, Pour toutes la classe. Je sais pas trop (Tom)
Redondance de la question et difficulté à cerner les destinataires mais appréhension de la
classe comme une communauté de pairs
*pour mon correspondant (Brian)
* Pour les correspondants, pour les maîtresses, pour tout le monde(Nurgul)
* Pour le travail pour nous, ma maîtresse ( Falon)
4 fois les correspondants sont les destinataires du JB, l’auteur du JB 1 ou 2 fois (pour moi et
pour nous), pour la classe 3 fois pour la classe (appréhendée comme une communauté) et la
maîtresse deux fois
Dernière question : appréciation sur le JB
*Très beau. Comme ca je montre à mes parents pour qu’ils le lisent, mon frère a écrit des
chansons dans son journal chez les moyens (Aya)
Aya envisage un nouveau destinataire avec ses parents
* Très très joli, plein de choses. J’aime y écrire, je l’aime beaucoup (Rébecca)
* C’est bien. Un petit peu parce que des fois on écrit des phrases et c’est long et c’est
fatiguant
Dans tous les entretiens, Tom rattache toutes les activités au travail d’élève et à l’effort
occasionné
* J’aimerais bien en avoir un mercredi ( Brian)
* Nurgul et Falon ont une appréciation positive mais rattachent l’outil à l’acte d’apprendre et
d’écrire.
Nurgul à la question Comment le trouves-tu ? qui appelle une appréciation, répond
prosaïquement « Dans les magasins »
Synthèse de l’analyse par item
Les niveaux d’appropriation des JB sont variés et correspondent à l’investissement de chaque
élève et aussi au niveau d’avancement dans l’acculturation écrite de l’élève. On peut penser
que Falon devrait progresser rapidement.
A mettre en relation avec les questionnaires culturels liminaires
Document complémentaire : profil de chaque élève interrogé
16
Annexe 2 : performances en rappel de récit
BILAN PERIODE 1 ET PERIODE 2 PORTANT SUR L’ANALYSE DES
INDICATEURS LINGUISTIQUES RETENUS POUR L’ANALYSE DU RECIT ORAL
Par Christina Romain
Le corpus oral a été constitué par les enregistrements des élèves portant sur des récits narratifs
oraux (à partir de l’histoire lue par l’enseignante –Période 1 Le petit chaperon rouge et
Période 2 Loulou-).
- Trois enregistrements des élèves sont prévus pour : septembre (période 1), décembre
(période 2) et mars (période 3).
Les récits ont été transcrits et ont donné lieu à une analyse à partir des outils linguistiques
suivants :
- Etapes de la structure/organisation narrative,
- organisateurs textuels et connecteurs,
- procédés anaphoriques,
- progression thématique,
- emploi des temps.
Période 1 : récit du PCR
Présent Intemporel = P.I.
Présent = P.
Imparfait = I.
Passé Composé = P.C.
Plus que Parfait = P.q.P.
Organisateur Textuel (initie une étape de la structure narrative, de l’organisation
macro-textuelle) = O.T.
Connecteur (assure une corrélation au sein d’une étape de la structure narrative) =
C.
Situation Initiale (présentation des personnages et origine du nom « petit chaperon
rouge » = S.I.
Complication (mission confiée par la maman à sa fille –amener des galettes et un
pot de crème à sa grand-mère malade-) = C.
Action1 (voyage et rencontre avec le loup) = A1.
Action2 (arrivée du loup et confrontation avec la grand-mère) = A2.
Action3 (arrivée du Petit Chaperon Rouge et confrontation avec le loup) = A3.
Résolution = R.
Situation Finale = S.F.
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Absence d’occurrence de … = Ø
Remarque :
- les anaphores associatives et les cataphores n’ont pas été relevées dans l’analyse
des procédés anaphoriques puisque les premières correspondent à un certain type
d’anaphore et non pas à une forme et les secondes ne sont pas considérées comme
des anaphores ;
- par le terme échange nous avons regroupé deux interventions de la forme question
(du loup, du chaperon rouge ou de la grand-mère) / réponse (du loup, du chaperon
rouge ou de la grand-mère).
- concernant le découpage de la structure narrative : il aurait été possible de
considérer la mission dont est investie le petit chaperon rouge comme faisant partie
de la situation initiale et, de fait, la première rencontre avec le loup aurait constitué
une première action (…). Nous avons préféré distinguer le plus possible les
différentes étapes racontées par les élèves afin de mieux pouvoir les analyser et les
mettre en valeur (la majorité des élèves n’ayant pas raconté tous les événements et
éléments descriptifs de l’histoire de départ lue par l’enseignante).
- enfin, nous remarquerons que l’enseignante a interrompu son récit au moment où le
loup répond au petit chaperon rouge « c’est pour te manger ! », les élèves devant
imaginer (ou se rappeler) la résolution et la situation finale. On observera que les
élèves n’ont que très exceptionnellement proposé une suite et une fin à l’histoire.
TOM
S.I. = P.I. (1) + I. (1) + P.C. (3) / Ø O.T. / Ø C. / plusieurs anaphores pronominales
(une petite fille > lui, elle, l’), relation anaphorique marqué par un déterminant (une
petite fille > sa) et une anaphore lexicale (une petite fille > le petit chaperon rouge).
C. = P.C. (1) / O.T. (un jour) / Ø C. / anaphores pronominales (grand-mère > lui ;
mère > elle ; une petite fille > lui) et une relation anaphorique marqué par le
déterminant (une petite fille > sa).
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A1. = P. (14) + I. (1) + P.C. (1) / O.T. (et après) / C. (6 et après, 1 mais, 1 parce que,
1 mais après, 1 et après alors, 1 alors, 1 et après pendant) / plusieurs anaphores
pronominales (loup > il, lui ; une petit fille > lui, la, il, s’), une anaphore lexicale (une
petit fille > le petit chaperon rouge) et une relation anaphorique marquée par le
déterminant (grand-mère > la).
On relèvera plusieurs échanges inscrits dans le discours rapporté au style direct
(loup/Chaperon Rouge).
A2. = P.S. (9) + P.q.P. (1) + P.C. (1) / O.T. (et après) / C. (2 et après, 1 et) /
plusieurs anaphores pronominales (loup > il, se ; grand-mère > elle) et une relation
anaphorique marquée par le déterminant (grand-mère > la).
On relèvera un échange inscrit dans le discours rapporté au style direct (loup/grand-
mère).
A3. = P.S. (5) + P. (3) + I. (3) / O.T. (peu de temps après) / C. (2 et après alors, 2 et
après, 1 donc) / plusieurs anaphores pronominales (loup > il ; une petite fille > il,
elle ; grand-mère > elle) et une relation anaphorique marquée par le déterminant
(grand-mère > la ; une petite fille > sa).
On relèvera une intervention du loup inscrit dans le discours rapporté au style direct.
R = Ø
S.F. = P. (1) / O.T. (et après) / C. (1 et voilà) / plusieurs anaphores pronominales
(loup > il ; une petite fille > la).
La progression thématique du texte correspond à une juxtaposition
principalement de deux progressions thématiques à thème constant alternant
très régulièrement –ex : petit chaperon rouge > loup > petit chaperon rouge > loup
> grand-mère > loup > etc…- (une progression thématique linéaire).
Intérêt(s) de l’étude : s’interroger sur l’évolution des performances des élèves selon
certains indicateurs et établir des liens éventuels entre performances et méthodologie
pédagogigo-didactique de l’enseignante.
Comparaison avec une classe de CP du même établissement ne travaillant pas sur le projet
culturel et globalement ne présentant pas la même méthodologie de travail de classe.
CP1 = classe de Radhia
CP2 = classe de Bérengère
Quelles sont les performances linguistiques des élèves à l’issue de la période 1 ?
19
TOM ANAÏS AYA REBECA RONI THOMAS YOHAN FALON JORIS PAMELA LOUIS BRYAN
ORGANISATEURS TEXTUELS X X X X X X X X X X
ORGANISATEURS TEXTUELS
INSUFFISANTS
X X
STRUCTURE NARRATIVE
minimale attendue
(S.I./C/A1/A2/A3 ou
C/A1/A2/A3/R ou C/A1/A2/A3)
X X X X X X X X X
STRUCTURE NARRATIVE
incomplète (A1/A2/A3 ou
A2/A3/SF)
X X X
TEMPS DU RECIT ORAL
Bryan = Imparfait/Passé
composé
Louis = Imparfait/Passé
composé/Présent
X X
Anaïs, Roni, Yohan, Joris =
Passé composé
Paméla, Thomas = Présent
X X X X X X
TEMPS NORMES DU RECIT
ECRIT + RECIT ORAL
Aya = Imparfait/Passé
simple/Passé composé
Falon = Passé simple/Présent
Tom, Rébéca =
Imparfait/Passé simple/Passé
composé/Présent
X X X
X
20
ANAPHORES VARIEES :
Tom, Louis = Anaphores
pronominales/ anaphores
lexicales/relation anaphorique
marquée par le déterminant
X X
ANAPHORES Pronominales X X X X X X X X X X
Alternance de deux
progressions thématiques à
thème constant
X X X X X X X X X X X X
JOHANA SERHAT NURGUL ERCAN BASTIEN
ORGANISATEURS TEXTUELS X
ORGANISATEURS TEXTUELS INSUFFISANTS X X X X
STRUCTURE NARRATIVE minimale attendue
(S.I./C/A1/A2/A3 ou C/A1/A2/A3/R ou C/A1/A2/A3)
STRUCTURE NARRATIVE incomplète (A1/A2/A3 ou
A2/A3/SF)
X
ABSENCE DE TRUCTURE NARRATIVE significative
(A1 ou A3 ou A3/S.F.)
X X X X
TEMPS DU RECIT ORAL
Serhat, Bastien = Imparfait/Passé composé
Johana, Nurgul, Ercan = Passé composé
= Imparfait/Passé composé/Présent
= Présent
X X X X X
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TEMPS NORMES DU RECIT ECRIT + RECIT ORAL
Aya = Imparfait/Passé simple/Passé composé
Falon = Passé simple/Présent
Tom, Rébéca = Imparfait/Passé simple/Passé
composé/Présent
ANAPHORES VARIEES :
Tom, Louis = Anaphores pronominales/ anaphores
lexicales/relation anaphorique marquée par le
déterminant
Bastien = Anaphores pronominales/ anaphores
lexicales
X
ANAPHORES Pronominales X X X X
Alternance de deux progressions thématiques à
thème constant
X X
Une progression thématique à thème constant (Le
loup)
X X
PREMIERS RESULTATS A L’ISSUE DES PERIODES 1 ET 2 :
- La structure narrative se renforce dans les deux CP mais davantage en CP1 (étapes de
la structure narrative au nombre de 5-6-7/7 pour 70% des élèves de cp1 contre 50% des élèves
de cp2 à l’issue de la période 2).
- Les organisateurs textuels augmentent dans les deux CP mais de façon plus
significative en CP1 (à relier avec évolution structure narrative).
Par ailleurs les organisateurs textuels et connecteurs sont plus variés en CP1 -présence de
temporels mais aussi d’argumentatifs et de présentatifs- (45% des élèves de CP1 sont
concernés contre 16% des élèves de CP2 à l’issue de la période 2).
- Dans les deux CP les anaphores pronominales sont les plus utilisées. Cependant, là encore
les anaphores sont plus variées en CP1 qu’en CP2. De plus, en CP1 les anaphores
pronominales occupent des fonctions syntaxiques plus variées qu’en CP2 (sujet et
complément en CP1). Par ailleurs, en CP1, on observe une augmentation importante des
relations anaphoriques marquées par le déterminant.
22
- Dans les deux CP, l’uniformisation des temps du récit oral progresse.
On observe qu’en CP1 plus aucun élève n’utilise un seul temps.
Le couple Imparfait/Passé Composé est présent dans 40 % des récits oraux en CP1 et dans
33% des récits oraux en CP2.
Les temps les plus fréquents en CP1 sont exclusivement ceux de l’oral : Imparfait / Passé
Composé / Présent. Alors qu’en CP2 ce sont ceux de l’oral et de l’écrit : Imparfait / Passé
Composé / Présent / Passé Simple.
- La progression thématique constante est abandonnée par tous les élèves des deux CP.
- L’absence de récit dans les 2 CP est quasiment la même (un peu plus cependant pour le
CP1).
CONCLUSION : La classe de CP1 progresse donc sur tous les indicateurs retenus pour
les besoins de l’analyse. Il en est de même pour la classe de CP2 mais dans des
proportions moins importantes et, par ailleurs, les organisateurs textuels et les
connecteurs sont plus variés en CP1 tout comme les procédés anaphoriques.
REMARQUE : L’analyse de l’utilisation des temps est à approfondir.
Evaluer les mêmes indicateurs en période 3 (mars)