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Le discours de recherche en milieu international et virtuel : analyse d’un forum de discussion plurilingue en didactique des langues 1 Sílvia MELO-PFEIFER CIDTFF – Universidade de Aveiro (Portugal) LIDILEM – Université Stendhal Grenoble 3 (France) RÉSUMÉ Dans le cadre de l’analyse de l’évolution des discours universitaires dans le nouveau contexte international, nous présentons une recherche menée auprès d’un groupe de chercheurs en Didactique des Langues et du Plurilinguisme (DLP) travaillant à distance et en plusieurs langues, à travers un forum de discussion. Après une caractérisation de ce discours d’après trois dimensions (polylogique, plurilingue et virtuelle), nous analyserons les pratiques d’intercompréhension, rendant saillants : i) la distribution des langues de communication ; ii) les modalités de cohésion interlocutive qui rendent compte de la collaboration entre les chercheurs ; et iii) l’impact de ces deux aspects dans la construction de l’identité disciplinaire d’une DLP. MOTS-CLÉS Forum de discussion plurilingue • recherche • co-construction des savoirs • didactique des langues et du plurilinguisme. 1. Introduction Le cadre de cette étude se situe dans un double niveau : i) la place des Tice dans les activités professionnelles et dans la structuration des institutions et des réseaux de recherche (Mondada 1999) ; et « la multiplication des échanges, des collaborations, des planifications internationales sur le plan […] de la recherche » (Defays 2006 : 194), où les chercheurs, tout comme d’autres universitaires, « sont amenés à s’interroger sur leurs pratiques discursives, soit pour en relever les singularités, soit pour essayer de les neutraliser afin de s’inscrire dans cette globalisation intellectuelle en plein essor » (ibidem). C’est surtout par rapport à l’analyse des spécificités et des singularités que nous essaierons de développer ce travail, parce que nous croyons que toute tentative de neutralisation discursive se heurte aux travaux concernant la nature immanente du langage et son rôle constitutif de la pensée, ne pouvant être imaginée qu’au niveau des représentations des sujets. Plus particulièrement, plusieurs ouvrages issus de la tradition de l’analyse conversationnelle ont mis l’accent sur l’organisation de l’interaction et du discours dans la construction de la pensée et du savoir (par exemple, Mercer 2000 et Mondada 2005). Encore plus, ces travaux soulignent le rôle de l’engagement collectif des acteurs, à travers leur participation discursive, dans la co-construction des connaissances, notamment en situation de travail, et cela de façon singulière dans des réunions de travail plurilingues, contexte qui cadre beaucoup du travail des chercheurs (Mondada 2005), sujets qui constituent notre objet d’analyse. À ce propos, nous savons actuellement que l’interaction structure les groupes de travail, ainsi que la planification et la distribution de leur travail, et influence/conditionne la transmission des savoirs, des règles, des consignes et des rôles des participants (Lacoste 2001). Ainsi, la participation discursive est en rapport intrinsèque avec la gestion du travail et des savoirs. 1 Travail post-doctoral sous la supervision scientifique de Christian Degache (LIDILEM, Université Stendhal Grenoble 3) et subventionné par la Fundação para a Ciência e a Tecnologia (Portugal), dans le cadre du Programa Operacional Ciência e Inovação 2010, du III Quadro Comunitário de Apoio (QCA III).

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Le discours de recherche en milieu international et virtuel : analyse d’un forum de discussion plurilingue en didactique des langues1

Sílvia MELO-PFEIFER CIDTFF – Universidade de Aveiro (Portugal) LIDILEM – Université Stendhal Grenoble 3 (France)

RÉSUMÉ Dans le cadre de l’analyse de l’évolution des discours universitaires dans le nouveau contexte

international, nous présentons une recherche menée auprès d’un groupe de chercheurs en Didactique des Langues et du Plurilinguisme (DLP) travaillant à distance et en plusieurs langues, à travers un forum de discussion. Après une caractérisation de ce discours d’après trois dimensions (polylogique, plurilingue et virtuelle), nous analyserons les pratiques d’intercompréhension, rendant saillants : i) la distribution des langues de communication ; ii) les modalités de cohésion interlocutive qui rendent compte de la collaboration entre les chercheurs ; et iii) l’impact de ces deux aspects dans la construction de l’identité disciplinaire d’une DLP.

MOTS-CLÉS Forum de discussion plurilingue • recherche • co-construction des savoirs • didactique des langues et du

plurilinguisme.

1. Introduction

Le cadre de cette étude se situe dans un double niveau : i) la place des Tice dans les activités professionnelles et dans la structuration des institutions et des réseaux de recherche (Mondada 1999) ; et « la multiplication des échanges, des collaborations, des planifications internationales sur le plan […] de la recherche » (Defays 2006 : 194), où les chercheurs, tout comme d’autres universitaires, « sont amenés à s’interroger sur leurs pratiques discursives, soit pour en relever les singularités, soit pour essayer de les neutraliser afin de s’inscrire dans cette globalisation intellectuelle en plein essor » (ibidem). C’est surtout par rapport à l’analyse des spécificités et des singularités que nous essaierons de développer ce travail, parce que nous croyons que toute tentative de neutralisation discursive se heurte aux travaux concernant la nature immanente du langage et son rôle constitutif de la pensée, ne pouvant être imaginée qu’au niveau des représentations des sujets.

Plus particulièrement, plusieurs ouvrages issus de la tradition de l’analyse conversationnelle ont mis l’accent sur l’organisation de l’interaction et du discours dans la construction de la pensée et du savoir (par exemple, Mercer 2000 et Mondada 2005). Encore plus, ces travaux soulignent le rôle de l’engagement collectif des acteurs, à travers leur participation discursive, dans la co-construction des connaissances, notamment en situation de travail, et cela de façon singulière dans des réunions de travail plurilingues, contexte qui cadre beaucoup du travail des chercheurs (Mondada 2005), sujets qui constituent notre objet d’analyse. À ce propos, nous savons actuellement que l’interaction structure les groupes de travail, ainsi que la planification et la distribution de leur travail, et influence/conditionne la transmission des savoirs, des règles, des consignes et des rôles des participants (Lacoste 2001). Ainsi, la participation discursive est en rapport intrinsèque avec la gestion du travail et des savoirs.

1 Travail post-doctoral sous la supervision scientifique de Christian Degache (LIDILEM, Université Stendhal Grenoble

3) et subventionné par la Fundação para a Ciência e a Tecnologia (Portugal), dans le cadre du Programa Operacional Ciência e Inovação 2010, du III Quadro Comunitário de Apoio (QCA III).

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En plus, nous nous penchons sur les activités discursives d’un groupe de chercheurs travaillant à distance à travers l’usage d’un dispositif technique — le forum de discussion, à travers lequel ils aménagent et coordonnent la suite des actions à mener dans le cadre d’un projet international (le projet Galapro2). Ainsi, de ce point de vue, cette étude se situe au carrefour de l’analyse des discours en situation de travail (par exemple, à la suite des travaux inclus dans Filliettaz & Bronckart 2005) et des discours universitaires (d’après des travaux inclus dans Fløttum 2007 et Suomela-Salmi & Dervin 2006) et implique une vision praxeologique de ces deux discours (communiquer pour gérer un projet et pour créer des savoirs).

Dans le cadre de ce travail, nous soulignerons les spécificités du discours universitaire/académique en milieu international et virtuel (en format de forum de discussion plurilingue) et leurs implications dans le cadre de la co-gestion/co-organisation de la recherche par les chercheurs. Plus spécifiquement, en termes d’étude empirique, notre but sera d’analyser la participation de chercheurs en DLP de plusieurs provenances géographiques (et linguistiques) engagés dans un projet international centré sur le concept d’intercompréhension, que nous envisageons ici, de façon assez superficielle, comme la possibilité de communication où chacun parle sa/ses langue(s) et comprend celle(s) des autres (pour l’approfondissement et la complexification de ce concept, voir Capucho et al. 2007, Degache 2006, Degache & Melo 2008). Nous croyons que cette analyse s’avérera très utile pour comprendre la configuration linguistique de la collaboration en milieu académique inter-institutionnelle et, ainsi, les tensions entre les besoins de collaboration internationale et la manutention des spécificités locales/nationales (Defays 2006 ; nous reprenons ces questions dans la conclusion de ce travail).

2. Cartographie d’un discours universitaire particulier : le forum de discussion plurilingue

Bien qu’encore à désignation floue, J.-M. Defays (2006) esquisse les conditions qui permettent d’établir une typologie des discours universitaires. Nous prendrons appui sur ces conditions pour présenter, dans un premier moment, le discours sur lequel nous nous pencherons dans ce texte.

Nous analyserons, donc, tout d’abord, un discours qui est tenu par et pour les universitaires (chercheurs à l’occasion, mais qui sont aussi enseignants et étudiants de post-graduation). Dans ce sens, il s’agit d’un discours non seulement universitaire (qui a l’apparence d’une macro-catégorie ou hyperonyme), mais, plus précisément, d’un discours de recherche. De ce point de vue, nous considérons que notre objet d’étude est un exemple d’un « genre professionnel » (Boutet 2005), inscrit dans la catégorie universitaire.

S’agissant d’un forum de discussion, notre objet d’étude se situe au carrefour des genres universitaires oraux et des genres universitaires écrits (étant ceux-ci beaucoup plus étudiés que les autres, à l’heure actuelle) : oral, dans la mesure où il s’approche des réunions de travail et des conversations (étant collectif, polylogal…) ; écrit, puisque les interactions se réalisent à travers l’écriture et à l’aide du clavier, avec un délai entre la production et la réception des messages (étant asynchrone…). De ce point de vue, on a affaire à un discours universitaire qui se situe aux carrefours formel-informel et réflexif-spontané ou, pour employer la terminologie de Bakhtine (1984), dans un continuum entre les discours premiers et les discours seconds.

Plus en détail, nous pourrions ajouter que « les forums de discussion sont des "polylogues discontinus médiatisés par ordinateur" » (Marcoccia 2003) puisqu’il y a « un état de parole ouvert, une conversation chroniquement en cours » (idem). Il s’agit d’un discours électronique qui, selon F. Mangenot, possède deux caractéristiques particulièrement intéressantes : son caractère asynchrone et la permanence des interactions, du fait même qu’il se réalise à travers le support écrit (2005). Le premier de ces traits rend possible les réponses en différé et le second donne à l’interaction un caractère dynamique, dialogique, polyphonique et en

2 GalaPro (Formation de formateurs à l’intercompréhension en Langues Romanes) est un projet (LLP) qui se déroulera

entre 2008 et 2009, coordonné par Maria Helena de Araújo e Sá, de l’Universidade de Aveiro (Portugal), à la suite des travaux des équipes Galatea et Galanet (www.galanet. eu). Au delà de l’institution coordinatrice, participent à Galapro 7 d’ autres institutions universitaires : Université Stendhal Grenoble 3 (France), Universitat Autònoma de Barcelona (Espagne), Universidad Complutense de Madrid (Espagne), Università de Cassino (Italie), Université Lumière Lyon 2 (France), Université de Mons-Hainault (Belgique) et l’Université “Al. I. Cuza” (Roumanie).

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permanent état d’enrichissement, dû à la possibilité de discussion continue autour des sujets de discussion. Ces deux traits sont très pertinents dans le cadre du développement du discours académique actuel, déterminé par des besoins de communication accrus entre des équipes de chercheurs travaillant à distance, puisqu’ils mettent l’accent sur l’ » extériorisation et [le] partage de la cognition » (idem, 2005).

Nous essayerons, par la suite, de rendre ces propos plus explicites, en dégageant 3 particularités de ce genre de discours académique, notamment quand il est soutenu dans plusieurs langues, et son impact dans la co-construction située des savoirs et des actions.

2.1. Particularités discursives et implications au niveau de la construction des savoirs

S’agissant, comme nous venons de remarquer, d’un discours académique encore peu étudié par l’Analyse du Discours (ainsi comme d’autres, peut-être même plus communs et typiques de la vie universitaire), nous croyons qu’il est tout à fait utile de faire une description approfondie de trois caractéristiques des forums de recherche (de surcroît, plurilingues) : son cadre polylogal, sa nature plurilingue et l’environnement virtuel dans lequel ils se développent. Cette caractérisation a un double intérêt dans le cadre de ce texte : d’un côté, elle est importante pour définir et délimiter un discours universitaire particulier et ainsi montrer ses spécificités ; d’un autre côté, elle sert à mettre en évidence les implications qu’un tel discours aura au niveau de la co-construction des savoirs par les chercheurs et, donc, de son rapport à l’action.

2.2. Le cadre polylogal Pour commencer, il faut rappeler que le forum de discussion plurilingue sur lequel nous nous penchons

est en rapport direct avec l’internationalisation et la globalisation de la recherche scientifique, la création de réseaux de chercheurs et de partenariats internationaux et inter institutionnels, où la collaboration accentue les besoins de communication (Melo 2008).

Pour échapper aux discussions autour de la notion de « polylogue », nous la définirons en tant qu’« une interaction qui compte quatre participants ou plus. Les expressions ‘plurilogue’ ou interaction ‘pluri-locuteurs’ [étant] considérées comme équivalentes » (Witko-Commeau 1995 : 303 ; voir aussi Lü 2006 et Grosjean 2001).

Ce caractère polylogal entame plusieurs conséquences, notamment en ce qui concerne les conditions de production et de réception des messages, à cause de la nature intertextuelle des forums :

dans un forum de discussion, il est impossible de sélectionner un destinataire. Toute intervention est « publique », lisible par tous les participants au forum, même si elle se présente comme la réaction à une intervention initiative particulière. L’aparté est impossible : le polylogue est la forme habituelle du forum et le multi-adressage en est la norme.

(Marcoccia 1998 : 17)

Or, étant admis que la connaissance scientifique émerge des pratiques communicatives des chercheurs, dans le cadre du travail collaboratif qu’ils développent (Berthoud 2003 ; Mondada 2005, 2004, 2003 et 2002a), le caractère polylogal des forums de discussion à buts de recherche permet de rendre visible l’émergence d’une intelligence collective et d’une co-responsabilité dans la production des savoirs (Mondada 2002b : 18 ; aussi Brassac 2007). Cette intelligence collective émerge, donc, de la participation dans des réseaux de recherche et d’interaction, où les instances de production et de réception du discours sont multiples et hétérogènes, notamment en termes d’expertise (Fixmer & Brassac 2004). À ce propos, Arl. Séré met en avant les caractéristiques qui nous permettent de parler de co-construction des savoirs et de partage de la cognition et de l’expertise dans les forums de discussion :

Dans tous les forums comme dans les débats ordinaires, les interactions sont essentiellement de nature expositive et argumentative, l’exposition ayant toujours un objectif argumentatif sur la base d’anticipations des réfutations possibles entre les co-énonciateurs.

(2004)

En ce qui concerne la participation dans des réseaux de recherche internationaux, nous pouvons encore remarquer que les activités discursives polylogiques rendent saillants les enjeux, les potentialités et les

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limites du travail à plusieurs voix. Dans ce sens, plusieurs études soulignent le poids soit des différentes cultures de dialogue et de travail, soit des différents comportements interactionnels et des univers de référence sur les modalités de négociation, de prise de parole et de décisions et de traitement des désaccords et des inter (in)compréhensions (Filliettaz & Bronckart 2005, Fixmer & Brassac, 2004, Grosjean & Mondada 2004).

L’analyse discursive de cette dimension pose plusieurs problèmes, notamment en ce qui concerne l’analyse du cadre participatif et du format de participation, et l’étude de la focalisation thématique et de l’attention des interlocuteurs-chercheurs (Grosjean 2001 ; Lü 2006). Comme exemple, nous pourrons signaler que dans la co-construction pluri-locuteurs observée dans les forums de discussion, les participants choisissent fréquemment des modalités d’intervention multi-adressées (la même intervention pouvant être à l’origine de multiples interventions réactives), ce qui rend très difficile la distinction entre les destinataires « dominants » et les destinataires « secondaires » (selon typologie de Kerbrat-Orecchioni 1995 : 5). Or, cette distinction peut, néanmoins, être élucidée dans le cadre des forums de discussion plurilingues, comme nous essayerons de le démontrer par la suite.

2.2. La nature plurilingue Si, comme le remarquent Filliattaz & Bronckart (2005), « la part langagière du travail a fait l’objet depuis

quelques années d’une attention croissante » (2005 : 5), l’ancrage plurilingue du travail et de la connaissance reste, à notre avis, encore très peu exploité (comme exception, nous citons Mondada 2005, 2004, 2003 et 2002a). Or, une analyse de cet ancrage ne pourrait qu’attester et illustrer les profondes mutations qui atteignent tous les champs disciplinaires et tous les contextes de travail, notamment ceux des chercheurs.

Ainsi, penser les forums plurilingues, c’est penser la collaboration et la mobilité internationales au niveau de la recherche en tant que mutation en cours et, par conséquent, penser le poids de la médiation de plusieurs langues de travail dans la co-construction des savoirs et dans la coordination des actions des chercheurs. C’est, tout court, penser une « science polyglotte » (Mondada 2005 : chapitre 5), qui envisage les langues en tant que sources et ressources de la pensée et de l’action.

Le travail discursif au sein des forums de discussion plurilingues est en rapport, comme nous l’avons avancé dans la section précédente, avec la nature collaborative du support et, de ce point de vue, les différentes langues participent à la planification, à l’évaluation, à la reconfiguration et à l’accomplissement des tâches, en configurant même ces quatre processus. De ce point de vue encore, la diversité de langues dans un forum de discussion tel que celui qui constitue notre objet d’analyse, assume des fonctions qui sont à la fois organisationnelles-instrumentales, cognitives, sociales et professionnelles et affectives. En conséquence, par exemple, l’emploi d’une langue peut marquer l’appartenance d’un chercheur à une communauté locale (si c’est sa langue de référence) ou bien son appartenance à un réseau international (s’il choisi d’employer une lingua franca) ; un changement de langue au cours de l’interaction dans un forum peut aussi signaler l’interlocuteur dominant de son message (c’est commun qu’on s’adresse à un interlocuteur précis dans sa langue, étant l’emploi d’une langue et non d’une autre un marqueur d’organisation discursive dans des contextes plurilingues) ou bien indiquer son soucis de se faire comprendre par une communauté élargie (Mondada 2007). En plus, la prédominance d’une langue peut marquer sa domination symbolique dans l’espace de la recherche (en termes de cultures de travail, d’idéologies, de financements, de membres engagés dans un projet) et donc, des contraintes en termes de participation des chercheurs qui ne partagent pas les univers de référence de cette langue-culture de recherche (opportunités de prise de parole ou de manifestation d’idées jugées contraires…).

Subséquemment, la gestion des langues dans un forum de discussion plurilingue, en tant que pratique linguistique, met en relief les actions et les intentions des chercheurs et illustre la dimension intersubjective du discours, ceci compris « en tant que processus de médiation et comme instrument de planification, d’évaluation ou de reconfiguration des actions » (Filliattaz & Bronckart 2005 : 7), dans le cadre de la recherche.

2.3. Le contexte virtuel Le travail des chercheurs, à l’heure actuelle, est souvent médié par la communication électronique

(Brassac 2006, Mondada 2005, Vega 2000), comme c’est le cas des forums de discussion. La virtualité et

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l’asynchronisme des échanges qui ont lieu sur ce dispositif de communication entraînent des changements au niveau de trois des catégories qui caractérisent le discours-sujet, l’espace et le temps (Melo 2006) — et qui sont en rapport avec la « nature écologique » du support (Boutet 2005 : 21).

En effet, la notion de sujet dans le forum (auteur, acteur et interlocuteur) est construite, dans cette interaction multi-participants où personne ne se voit ni s’écoute), à travers les actions de nommer et d’interpeller, ce qui se fait à travers de diverses structures discursives et, dans notre contexte plurilingue, de diverses langues de communication. Ainsi, ces deux usages des deux indices ne sont pas simplement des stratégies de structuration du discours, mais aussi des éléments qui permettent de rendre compte de l’implication sociale et de la construction des rapports sociaux dans ce type d’environnement. En plus, le sujet n’est plus une instance qui se voit, mais une réalité qui se lit et qui acquiert un statut « scriptoral », un sujet à nature linguistique.

Par rapport aux autres deux notions, nous pouvons dire que la notion d’espace acquiert une configuration paratextuelle (mais ne s’agit-il pas d’un espace virtuellement réel ?), construite sur base de l’écran et la notion de temps se voit construite par rapport à des concepts comme synchrone ou asynchrone. Ces deux ingrédients du discours acquièrent donc, eux aussi, une nature linguistique, thématisée fréquemment par les (inter)locuteurs. De ce point de vue, la virtualité des échanges par forum implique souvent la discussion, par les chercheurs, de ces deux catégories, puisqu’elles permettent de cadrer la situation en tant que contenant un potentiel de recherche, de gestion et de coordination des actions collectives (Mondada 1999).

Or, la médiation électronique et la virtualité des échanges ne possèdent pas seulement des implications au niveau de la façon dont on comprend les sujets, le temps et l’espace, mais aussi le dispositif technologique lui-même. Étant un dispositif de médiation, il doit être compris dans la double nature de « source » et « ressource » (Brassac 2006) : d’un côté, il contribue à la construction et à la manutention des communautés de chercheurs et d’une pensée collective (Mercer 2000) ; de l’autre, il entraîne des implications au niveau de l’organisation du temps et de l’espace des interactions et, donc, de leur développement.

Ainsi, la communication dans un forum de discussion libère, dans les limites du possible, la communication entre chercheurs des conditions de temps et d’espace, ce qui permet la construction et la manutention de communautés de recherche assez disperses et le développement de la recherche scientifique dans un autre hic et nunc.

D’un autre côté, ce type de communication offre les avantages du registre écrit et oral (Crystal 2001) : les messages perdurent dans le temps et il est toujours possible de les reconsidérer et analyser ; le dispositif technique permet la circulation et l’échange de fichiers attachés, ce qui rend plus rapide la circulation des savoirs et leur accessibilité (le dispositif possédant donc la fonction de « knowledge management », selon C. Brassac, 2006). Dans ce sens, l’instrument de communication joue un triple rôle dans la communication entre les chercheurs et, subséquemment, dans la co-construction des savoirs : fonction communicative, support des pratiques de recherche et médiation sémiotique.

3. Le forum de discussion plurilingue et l’évolution des discours universitaires dans un contexte international

La description que nous venons de mener à propos de l’utilisation des forums de discussion à nature plurilingue dans la recherche et de son impact dans la co-construction des savoirs implique penser les discours universitaires/académiques, leurs conditions de développement et d’existence, comme étant soumis à deux exigences par rapport au « nouveau contexte international » : la sauvegarde du plurilinguisme dans la recherche et, en rapport, la participation à des réseaux interuniversitaires, où la collaboration et l’interaction est au centre des travaux. Nous parlons, à ce propos, de deux conditions-contraintes (Melo-Pfeifer ss pr.), stimulées par l’usage des Tice :

• la condition-contrainte exolingue-plurilingue — la condition plurilingue est ancrée dans une vision praxéologique de la connaissance scientifique, elle-même située et ancrée sur les contextes socio-spaciaux et idéologiques de sa production (Mondada 2002a). Ainsi, la médiation de plusieurs langues de travail confère un caractère international aux interactions scientifiques, participant à la configuration et à la co-construction des savoirs et influençant leur diffusion (Berthoud 2003, Hamel 2002, Mondada 2005a). Cette « science polyglotte » (Mondada 2005 : chapitre 5 ; Lévy-Leblond 2008), nous place devant les

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défis et les présupposés de la mondialisation appliqués à la science et à la connaissance scientifique, en termes linguistiques : nous nous rencontrons face à face avec des dynamiques de recherche qui pourraient être appelées exolingues (entre un exolinguisme monolingue et un exolinguisme plurilingue), où l’anglais s’assume fréquemment en tant que langue de communication, de travail et de publication (Mauranen 2007), mais où d’autres configurations et constellations linguistiques se développent, « sans lesquelles la communauté scientifique internationale resterait muette ou inefficace » (Mondada 2005 : 87 ; voir aussi Hamel, 2002).

• la condition-contrainte collaborative — cette condition met en relief l’importance de l’implication collective des acteurs — à travers leur participation discursive — dans la co-construction de la connaissance, notamment dans des réunions de travail (Fixmer & Brassac, 2004), qu’elles se déroulent en présentiel ou à distance, qu’elles soient endolingues ou exolingues. Ceci met en évidence, du point de vue de l’évolution des mécanismes de communication et de production des savoirs, que les interactions entre les chercheurs se sont modifiées (ainsi que la toile de leurs rapports, particulièrement celle de nature sociale), ce qui est à l’origine de la reconfiguration du savoir didactique et des discours universitaires/académiques. On dirait, comme exemple, que les anciennes métaphores de transmission et d’échange des savoirs ont été substituées par d’autres capables de désigner le caractère co-construit et partagée de la connaissance (par exemple, celle d’archipels interinstitutionnels, interdépartementaux et interpersonnels, par rapport à l’ancienne métaphore insulaire).

Le rapport entre ces conditions-contraintes peut être rendu visible à travers l’analyse de forums de discussion d’équipes internationales de chercheurs travaillant à distance. En effet, ces forums peuvent être compris en tant que salles de réunions virtuelles, c’est-à-dire, en tant que contextes, scénarios et coulisses où la connaissance se co-construit et circule. Or, cette co-construction et circulation se font par le biais de l’écrit (ou la parole écrite en inter-action), qui participe activement à l’activité de recherche (notamment à son organisation), surtout en ce qui concerne l’objectivation de la production des savoirs et des objets de savoir (Mondada 2005).

Dans un forum de discussion plurilingue, envisagé comme décrit dans la section précédente, les chercheurs s’engagent, de façon active, dans la co-construction d’un discours polyphonique et pluriel (plusieurs voix, plusieurs appartenances géographiques et institutionnelles, plusieurs langues et cultures de travail…), discours qui, en même temps, actualise et structure la recherche. La nature polyphonique et plurielle de ce discours écrit scientifique peut, comme nous le croyons, être analysée à travers l’étude de ces deux conditions-contraintes, ce que nous ferons dans la section suivante de ce travail.

4. L’étude empirique

Notre étude empirique se penche sur les marqueurs discursifs des deux conditions-contraintes présentées dans la section précédente : la condition plurilingue et la condition collaborative de production et de circulation des savoirs et d’organisation de la recherche (étant la condition virtuelle sous-jacente à notre démarche analytique). Il s’agit donc ici, de rendre compte de la « part plurilingue du travail » des chercheurs (terminologie adaptée de Boutet 2005) et de son rapport à la co-organisation de la recherche, vu le caractère imbriqué des deux conditions-contraintes.

4.1. Corpus et méthodologie Notre corpus a été recueilli à travers la plate-forme du projet Galanet3 (www.galanet.eu), qui sert à

présent comme outil de travail (organisation, gestion, discussion…) des chercheurs de Galapro (déjà engagés

3 GALANET (Plate-forme de formation à l’intercompréhension en langues romanes) était un projet Socrates/Lingua,

coordonné par Christian Degache de l’Université Stendhal Grenoble 3 (France), avec la participation de six institutions partenaires : Universidade de Aveiro (Portugal), Universitat Autònoma de Barcelona (Espagne), Universidad Complutense de Madrid (Espagne), Università de Cassino (Italie), Université Lumière Lyon 2 (France) et Université de Mons-Hainault (Belgique).

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dans Galanet, voire aussi dans Galatea4, comme nous pourrons d’ailleurs comprendre en lisant la constitution des équipes de ces trois projets). Nous avons recueilli 89 messages5, échangés entre le 26.10.2007 et le 19.02.2008, entre 16 chercheurs (sur un total de 50 chercheurs de 8 institutions et 6 pays inscrits officiellement au projet) dans le forum de discussion « GALAPRO 2007-2009 novo projecto », organisé en sous-thèmes.

Le travail de ces chercheurs se développe autour du concept d’intercompréhension (en Langues Romanes, LR), un concept fort caméléonesque (Capucho et al. 2007, Degache 2006, Melo & Santos 2008) et qui a aussi souffert une évolution considérable au sein de cette équipe : d’un concept d’intercompréhension ancré sur la capacité de compréhension (orale et écrite) entre des pairs de langues de la même famille (par exemple, le Français et l’Espagnol), le concept se situe actuellement dans un domaine plutôt interactionnel, désignant la capacité à interagir dans des contextes caractérisés par leur plurilinguisme, entre locuteurs romanophones qui se voient partager les territoires de la parole, les rôles, les responsabilités et les compétences d’interaction (chaque interlocuteur étant expert de sa/ses langue/s de référence et potentiel apprenti de la/des langue/s des autres). Les binômes ont ainsi été remplacés par les polynômes linguistiques et la sphère de la compréhension a été enrichie par une sphère interactionnelle, intersubjective et basée sur la notion de co-action, surtout à cause de l’introduction d’outils de communication électronique dans les activités du projet Galanet (Melo & Araújo e Sá 2007).

Le profil des chercheurs participant aux discussions sur le forum est brièvement caractérisé dans le tableau 16 : chercheurs Équipe

d’appartenance Langue(s) de référence

Autres langues dominées Total de messages déposés

SA Aveiro Portugais Français 4 HS Aveiro Portugais Français, Inglês, Espanhol 20 SM Aveiro Portugais Français, Anglais,

Espagnol 13

CD Grenoble Français Espagnol, Italien 10 JPC Lyon Français Portugais 5 MJL Aveiro Portugais Français, Anglais 2 MC Cassino Italien Français, Anglais 5 ML Barcelone Français Espagnol, Catalan 6 JJ Grenoble Français Anglais 1 AS Madrid Français Espagnol 6 ASP Aveiro Portugais Anglais, Allemand,

Français 1

EC Grenoble Espagnol Français, Espagnol, Catalan 5 MB Aveiro Portugais Français, Anglais,

Espagnol 6

AD Grenoble Français anglais, espagnol et italien 1 EM Barcelone Français Espagnol, Catalan 2 CDP Mons Français Anglais 2

Tableau 1. Profil des chercheurs

4 GALATEA (Développement de la compréhension en Langues Romanes) était un projet Socrates/Lingua-Action D,

coordonné par Louise Dabène de l’Université Stendhal Grenoble 3, qui comptait encore quatre institutions participantes : Universidade de Aveiro, Universitat Autònoma de Barcelona, Universidad Complutense de Madrid et Centro Do. Ri. F-Università-Roma (Italie). Le but de ce projet était la construction de CD-Roms destinés à l’apprentissage de couples de langues proches. Pour en savoir plus, consulter www.u-grenoble3. fr/galatea/.

5 Après avoir procédé au recueil et à la compilation de ces messages, nous avons décidé de ne pas analyser les annexes qu’y étaient souvent attachés, nous intéressant seulement le fil des interactions.

6 Ces informations ont été validées auprès des chercheurs concernés. Seulement 1 de ces chercheurs a mis en cause la désignation » langue dominée » (AD : « pour ma part les informations sont correctes compte tenu du fait que je ne "domine" pas les autres langues que je connais », échange e-mail). Pour une analyse du cadre linguistique de participation individuel, voir Melo-Pfeifer ss pr.

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Ce tableau nous laisse déjà comprendre que le Français est la langue partagée par ces chercheurs, celle qui est transversale aux répertoires plurilingues avoués et qui se constitue, donc, comme capital linguistique commun. Si nous ne retrouvons aucune trace de l’équipe roumaine, c’est surtout, nous le croyons, à cause de son entrée tardive dans les dynamiques de travail d’un groupe qui possédait déjà une histoire de travail et d’interactions préalables.

Le but de ce forum de discussion est, à présent, l’organisation du projet Galapro (suite à donner aux activités du projet, construction de sa plate-forme de formation, engagement dans des tâches de recherche, partage des activités…). Les activités sur ce forum s’articulent avec le travail des équipes à travers d’autres supports de communication à distance (pour la réalisation de viséoconférences) et en présence (deux fois par an), ce qui pourrait s’assumer comme un cas de « blended-working » (par rapport à l’expression, assez connue, de « blended-learning »).

Nous nous intéresserons, dans un premier moment, aux manifestations de la contrainte exolingue-plurilingue dans l’activité conjointe des chercheurs, notamment à la distribution et à la gestion des LR dans l’interaction, dont le « contrat de recherche » établit, de façon plus au moins implicite, que toutes les langues de référence peuvent (et doivent même) être employées, en conformité même avec le concept d’intercompréhension explicité auparavant. Dans un deuxième moment, en rapport avec le précédent, nous analyserons les marques de l’implication collective des sujets dans l’organisation de la recherche ou la contrainte collaborative. Pour ce faire, nous reprendrons et discuterons quelques exemples de (re)prise de la parole de l’autre afin de rendre compte de la polyphonie qui est à l’origine des prises de décisions.

4.2. Analyse conversationnelle

4.2.1. La contrainte exolingue-plurilingue7

Une première analyse, de type quantitatif permet de distribuer les 89 messages entre deux catégories : monolingues (écrites dans une seule langue) et plurilingues (écrites dans 2 ou plusieurs langues) : par rapport à ces désignations, 64 messages sont à nature monolingue (surtout en Français) et 25 sont à nature plurilingue. Le Français occupe, sans place à équivoques, le rôle de langue de communication entre les chercheurs (étant la seule utilisée dans 40 messages monolingues), étant la « langue dénominateur commun » ou la langue partagée par les chercheurs, comme nous l’avions mentionné dans la section précédente.

En termes absolus, le Français est la langue utilisée dans 40 messages monolingues (ce qui fait environ 60% du total), le Portugais la langue unique de 19 messages et l’Espagnol de 4 (notons que l’Italien n’apparaît jamais et seule une message en Catalan est déposée). Ces résultats, s’ils pourraient être en rapport avec les langues de référence des chercheurs (8 pour le Français, 6 pour le Portugais), ne le sont pas entièrement, à cause du volume de messages déposés par les chercheurs de l’équipe portugaise. Comme nous l’avons affirmé dans un autre travail,

le français domine […] les espaces plurilingues de la parole collective […]. En tout cas, nous sommes devant des interactions « didactiques exolingues » entre chercheurs, où ceux-ci s’engagent dans des discussions soit avec leurs langues de références, soit avec les langues qui composent leurs répertoires plurilingues, étant le français la langue partagée de ces répertoires. Ainsi, nous pourrions conclure que nous sommes en face d’une science exolingue bi- et plurilingue basée sur la compréhension mutuelle, mais où la généralité des participants interagissent en français, à laquelle ils accordent, de façon plus ou moins implicitement, le statut de lingua franca du projet.

(Melo-Pfeifer, s. pr.)

Or, ce statut de lingua franca collectivement accordé au Français et rarement questionné ne peut se comprendre que par rapport aux deux caractéristiques de ce groupe déjà mentionnées : d’un côté, le fait qu’ils travaillent ensemble depuis longtemps et connaissent assez bien le mode de fonctionnement du groupe, se faisant, ainsi, une claire représentation des compétences des autres (représentations ancrées évidemment dans une histoire d’interactions effectives) ; d’un autre côté, le fait que le Français soit la langue commune d’un répertoire plurilingue collectif, influençant les comportements linguistiques du groupe.

7 Cette analyse reprend quelques éléments de Melo-Pfeifer (ss pr.).

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Ce scénario acquiert un peu plus de couleur quand on analyse les messages plurilingues. En effet, les modalités plurilingues plus observées sont les messages bilingues (surtout en Français et en Portugais), où les chercheurs ont souvent recours au code-switching (parfois à travers la traduction ou l’emprunt direct), surtout pour montrer le partage des opinions et des solutions : « [MB] Sim, concordo com a ML, il faut définir très bien le type de base de données qu’on veut. »8 ou « [SM] estou completamente de acordo com o JJ ! tout à fait d’accord avec JJ… ».

La reproduction de quelques interventions nous laisse observer une répartition des codes de communication soumise à des fonctions (ou bien, à des contraintes) qui sont souvent d’ordre : pragmatiques (faire avancer la recherche ou l’état de l’organisation du projet) — « [HS] […] mas trata-se de facto de um lot de travail FUNDAMENTAL. […] Pour faire avancer la discussion […] » ; affectives (étant ces changements des signes d’affect envers les langues et les locuteurs et marquant l’appartenance à une communauté linguistique, culturelle, professionnelle, à idéologies et buts partagés…) — « [CD] […] Une fois le point commun trouvé, il faut trouver d’autres listes… en attendant le CR d’Aveiro qui ne saurait tarder ;-) Beijinhos » ; expressives (servant à signaler le jeu, l’ironie, l’humour, la détermination et l’authenticité des propos) — « [MB] Sim, concordo com a ML, il faut définir très bien le type de base de données qu’on veut » ; communicatives (on a tendance à répondre dans la langue de l’interlocuteur, lorsque celui-ci s’exprime dans une langue connue et partagée, ou à sélectionner un interlocuteur ou un groupe d’interlocuteurs en utilisant sa/leur langue, réelle/s ou estimée/s) — « [HS] Merci, ML. Un tableau comme celui-ci va nous aider á préparer notre réunion9 » ; et référentielles (partage d’un capital conceptuel, méthodologique et de gestion du projet) — « [HS] […] mas trata-se de facto de um lot de travail10 FUNDAMENTAL. […] », « [AS] os conceitos-chave que orientarão a pesquisa : Intercompréhension, Formation en ligne ; Recherche en éducation — on a choisi, à la réunion d’Aveiro, la recherche-action ; (voir fichier anexo 1- Power point Reunião de Aveiro) ».

Sur ces contraintes fonctionnelles, on se rend compte que les chercheurs ont souvent recours à la candidature pour reproduire, expliciter ou questionner les concepts attachés au projet ou bien pour débattre la suite à lui donner, du point de vue de la gestion ou des démarches à suivre. Cela dit, le fait d’avoir soumis une candidature en Français contraint les chercheurs à adopter la terminologie qui y a été employée et qui, en grande partie, est imposée par ce document (document et langue devenant, ainsi, des ressources jugées communes aux chercheurs).

De ce fait, le changement de langue a une forte dépendance contextuelle et participe, de façon intrinsèque, à l’organisation de la recherche, car, comme nous le rappelle Mondada, le code-switching est

une ressource mobilisée par les participants de manière contingente, localement située, sensible à l’organisation séquentielle de l’interaction en cours. Le code-switching comme ressource endogène pour l’interaction est susceptible en effet d’éclairer aussi bien l’organisation de l’interaction que le fonctionnement de la langue comme pratique sociale

(Mondada 2007 : 168).

Ceci dit, la contrainte exolingue-plurilingue ne peut être observée et comprise qu’en rendant saillantes les caractéristiques du groupe de travail (notamment leur capital plurilingue individuel et collectif), son histoire de vie (culture et principes de travail) et le contexte de recherche auquel il participe et qui façonne ses dynamiques interactionnelles.

8 Tous les exemples sont reproduits dans les langues et la formulation originelles. Par des soucis d’espace, nous avons

reformaté l’apparence des messages, cet aspect ne faisant pas partie de notre objet de recherche (contrairement, par exemple, à Mondada 1999).

9 En réponse à un message déposé en français par ML. 10 « Lot de travail » étant une expression employée dans la candidature pour désigner la distribution du travail et sa

répartition entre les équipes.

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4.2.2. La contrainte collaborative

Il s’agit, dans cette section, d’analyser l’implication collective des acteurs dans la coordination et la co-construction de la recherche, à travers l’interaction plurilingue virtuelle. Cette analyse est possible à travers l’observation des pratiques discursives (notamment de cohésion interlocutive), qui construisent un espace d’intersubjectivité modifiable et plastique et qui consistent

à reprendre le message de l’autre pour y répondre, le commenter, l’évaluer, le compléter. Par cette façon de traiter le discours de l’autre, l’énonciateur introduit une interactivité dans son message et il la met en scène : il rend ainsi manifestes ses activités de production et d’interprétation

(Mondada 1999)

Ces pratiques sont encore complémentées par la gestion des langues de communication et, plus particulièrement, par la polyfonctionnalité du changement de langue (notamment en ce qui concerne son rôle dans la coordination des actions), que nous avons observé dans la section antérieure.

Ceci dit, nous avons observé que le procédé plus commun des chercheurs pour coordonner leurs discours en ligne, c’est la reprise des messages précédents (d’un ou de plusieurs interlocuteurs, dans une ou plusieurs langues de communication) pour bâtir et organiser une réponse ou un commentaire. Ceci permet que les locuteurs organisent leurs messages autour des messages antérieurs, contribuant à la polyphonie et à l’intertextualité autorisées par le scénario communicatif :

[MJL] Une très Bonne Année pour tout le monde. Seulement pour renforcer deux idées de HS : 1) il y a des messages dans ce forum que, a mon avis, devraient être écrites dans d’autres

foruns (celle concernant les sujets de recherche mais aussi le message avec les tableaux de ML) ;

2) nous n’avons pas encore votre feedback par rapport au programme social et le temps passe vite. Aller il faut faire vos choix. À bientôt.

De ce fait, nous pourrions affirmer que nous sommes face à des pratiques de construction de l’intertextualité discursive (la présence imbriquée et croisée des voix des chercheurs dans les différentes interventions), telle qu’elle est comprise par Bakhtine (1977), ces pratiques aidant à bâtir le caractère dialogique du forum. Toutefois, nous sommes aussi devant des pratiques de « polytextualité » (puisque différents types de texte sont appelés à la co-construction de ce forum, comme la candidature du projet, les actes des réunions11…), voire aussi d’» intratextualité », si nous comprenons le forum de discussion comme un seul discours, un discours en mosaïque, co-construit, à nature plurielle (des voix, des langues, des textes, des temps, des espaces), plutôt que comme une séquence de discours autonomes et insulaires.

Le caractère co-construit et collaboratif de ce discours est donc l’accomplissement de la séquentialité temporelle et spatiale des messages, ainsi que de l’enchaînement des messages les unes dans les autres, dans ce que L. Mondada appelle la « mise en abîme de l’échange » (1999 : 8). Ainsi, la majorité des messages instaurent un rapport temporel publique avec les messages antérieurs et postérieurs, étant, en même temps, des répliques et des provocations de nouvelles interventions, comme le démontre l’intervention suivante, où la réponse à JP (s’appuyant sur un message précédant de MJL) instaure le besoin d’une nouvelle intervention de la part de MJL :

[HS] Pobre JP, ninguém te responde!!!! O programa social foi enviado pela MJL num mail já há algum tempo e depois proposto concretAMENTE numa sondagem doodle para escolher (penso que tu votaste!).

Trata-se portanto, segundo a votação, de ir passar o domingo a Arouca, ver o museu e a serra e ir almoçar a Alvarena, onde se come a deliciosa carne de vac dessa região. Contudo, como está a chover em Portugal ininterruptamente há 10 dias, não sei se vai possível. Vou pedir á MJL que faça um mail explicativo a todos!!!! abraço

11 Ceci dit, ces textes-autres constituent les « interdiscours » du discours en question, c’est-à-dire, « l’ensemble des

discours « autres » qui l’environnent et le déterminent » (Sitri 2001 : 170). Or, ces textes-autres étant le fruit de contributions multiples (de multiples voix et en multiples langues), on peut voir comment les discours antérieurs sont imbriqués dans le discours en train de se produire et comment ils participent à l’histoire des événements discursifs.

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En conséquence, chaque nouveau message accomplit des attentes créées par les chercheurs précédents et provoque de nouvelles attentes et de nouveaux besoins de réponse, contribuant à un « état de parole ouverte » (pour revenir sur les mots de Marcoccia, déjà cités), qui contribue à ce que la collaboration au niveau de la co-construction des savoirs et de l’organisation des actions du projet en cours puisse se poursuivre. Il faut cependant remarquer que, différemment d’un dialogue à deux voix, dans ce polylogue les messages peuvent accomplir les attentes de plusieurs messages antérieurs et être à l’origine de multiples répliques, étant pluridéterminés et pluridéterminants :

[HS] Respondendo a SM: Como diz a ML, a base de dados poderá ter diferentes finalidades/funcionalidades/públicos. Também aqui, importa ter em conta uma certa souplesse e flexibilidade de utilização. A proposta de CD é boa e delimita o campo de pesquisa. Importa agora também definir quais os descritores dos materiais.

Ce type de séquencialité nous montre quels éléments les divers chercheurs retiennent comme importants dans le discours d’autrui, à quels éléments ils croient qu’il vaut ou qu’il faut apporter une réponse, quels éléments sont jugés pertinents ou, par contre, accessoires ou désadaptés dans le débat. Ceci est même parfois mis en avant dans des réponses où les chercheurs signalent, de forme objective et directe, leurs opinions et interprétations par rapport à la discussion, catégorisant les arguments précédents comme relevants ou pas, les validant ou les déclinant12 :

[HS] Olá, cette idée du questionnaire me semble bien. mais nous l’avons discutée hier avec Mons, lors de la videoconférence, pour ce qui concerne PREP1 (analyse des besoins). je sais que ce n’est pas exacatemente la même chose, mais on pourra croiser les finalités et faire un outil plus ouvert. Pour le moment, CDP s’est proposé à déposer sur ce forum un canevas pour l’élaboraiton de ces questionnaires, qui pourra servir pour des développements locaux/ou par public (ce qui me semblent plus intéressant). À suivre.

Pour conclure cette analyse (encore exploratoire et qui n’a pas pris en compte, par exemple, l’étude des éléments de cohésion thématique), nous pourrons, donc, affirmer que la contrainte collaborative du travail des chercheurs est intrinsèquement reliée à l’organisation du discours dans le forum et aux formes de séquencialité permises par le support, ce qui a des effets sur les processus de négociation et de co-construction interactive. Ceci dit, la contrainte collaborative s’appuie sur et est définie par les conditions discursives du travail, à la fois virtuel, plurilingue et polylogique et, de ce fait, elle est déployée intersubjectivement et publiquement par et pour les chercheurs engagés (Mondada 1999).

5. Conclusions : quelles formes, quelles pratiques et quelles mutations pour quels enjeux ?

Tout d’abord, nous croyons, comme Defays (2006 ; voir aussi Gazzola 2008), que l’analyse des discours universitaires et, plus particulièrement, celui que nous venons d’étudier, peut mener les universités et leurs chercheurs à questionner et à bâtir l’articulation, les symbioses et les fossés entre les besoins de la communication et de la collaboration internationales (dans un projet international où, comme nous l’avons observé, l’adoption d’une lingua franca paraît une pratique aussi bien pragmatique que stratégique), et la sauvegarde des spécificités linguistiques et culturelles (où l’adoption de modalités plurilingues de communication et de publication pourrait devenir un enjeu idéologique et, dans le cadre de la DLP, épistémologique et identitaire).

En tout cas, comme nous l’avons pu regarder, les modalités plus plurilingues de l’interaction génèrent un surplus de sens : elles ne sont pas simplement des indices de contextualisation (Gumperz 1982), donnant des

12 Le refus pouvant se faire par refus explicite, avec ou sans justification, ou par sa non reprise par les autres

interlocuteurs, selon Sitri (2001).

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informations sur les conditions de réalisation de la recherche et guidant l’interprétation13 des interlocuteurs, mais aussi et surtout des situations discursives à fort rendement pragmatique (elles font évoluer la recherche, prendre des décisions, gérer les opinions…). Ainsi, le plurilinguisme et sa déclinaison discursive par les chercheurs n’est pas simplement un atout linguistique et communicatif : celui-ci se fait doubler d’un atout pragmatique, stratégique, identitaire et symbolique, voire aussi idéologique, ontologique et déontologique.

Du point de vue épistémologique et en ce qui concerne la DLP (puisque tout discours a un ancrage disciplinaire, comme nous le rappelle Shaw 2007), ce travail interroge les enjeux linguistiques et idéologiques d’un discours scientifique penché sur l’intercompréhension, terme qui façonne des approches didactiques au sein desquelles la compétence plurilingue et la diversité des répertoires linguistiques sont légitimées et encouragées, contre la supposée standardisation monolingue (cette standardisation étant au cœur des débats notamment dans la Sociologie des Sciences et la Politique Linguistique). Or, cette interrogation nous amène à questionner aussi les contradictions, les potentialités et les conditions d’existence d’un discours à « idéologie multi/pluri/trans » que ces chercheurs ont eux-mêmes aidé à façonner, à travers le terme « intercompréhension » : bien que ce discours prône le plurilinguisme comme pratique et comme principe, ces chercheurs choisissent davantage le français comme langue de communication, au sein d’un groupe de travail caractérisé par la proximité de leurs langues de référence (ce qui pourrait faciliter l’interaction exolingue plurilingue et la rendre la norme plutôt que l’exception, comme nous l’avons vu).

Dans cette perspective, comment envisager cette « idéologie multi/pluri/trans » ? Comment comprendre l’intercompréhension entre chercheurs ? La question est complexe, voire controverse (Melo & Santos 2008), mais, de notre point de vue, penser l’intercompréhension entre chercheurs, notamment en DLP, implique envisager ce concept et son accomplissement pratique d’une double perspective : il est i) le procès et le produit d’une création collective et multidimensionnelle (sociale, affective, cognitive, professionnelle, idéologique, linguistique…) ; et ii) un travail co-construit qui repose sur une cognition partagée, par le biais de la médiation (pluri)linguistique et technique.

Dans ce sens, l’intercompréhension entre les chercheurs doit être comprise comme une co-construction contingente au contexte, par le biais des deux contraintes que nous avons analysées, qui ont mis en évidence l’importance de l’interaction dans l’accomplissement du travail des chercheurs (dans le cas, la suite à donner à un projet) : comme nous l’avons montré, la gestion des langues et le cadre de participation dans ce forum plurilingue rendent manifestes les intérêts des chercheurs, leurs représentations et interprétations par rapport à l’action qui est en train de se faire. Les deux contraintes participent donc, de forme coordonnée et complexe, à la construction d’un espace intersubjectif de recherche, ancré sur les représentations des chercheurs en ce qui concerne les expertises partagées (par exemple linguistiques) et le but des actions.

Dans ce cadre et avant de conclure, la participation de ces chercheurs à un réseau plurilingue possède un profond impact épistémologique pour ce qui est de l’état et de l’évolution d’une DLP (Melo-Pfeifer ss pr.), impact qui peut, à notre avis, être exploité dans le cadre d’autres discours et d’autres identités disciplinaires:

• elle illustre la dimension humaine et (inter)subjective de la recherche, notamment par la présence d’une dimension collaborative et plurilingue ;

• elle met en valeur les démarches collectives et collaboratives de construction des planifications et des actions en DLP ;

• elle affirme le caractère distribué de la cognition et de l’expertise et son ancrage (pluri)linguistique ; • elle souligne le caractère situé de la recherche en DLP et de ses aboutissements (par exemple, en termes

de démarches discutées hic et nunc — même si ces temps et espaces sont virtuels — et collaborativement adoptées dans des projets de recherche).

Pour conclure, ce travail ouvre plusieurs perspectives de recherche (une méta-recherche, si nous osons employer ce mot) : ainsi, nous nous interrogeons, à présent, sur les différences et les convergences en ce qui concerne la gestion polylogale et plurilingue des échanges, en présentiel et à distance, et leur impact dans la co-construction des savoirs (pour ce faire, des enregistrements sonores des réunions de travail en présence

13 L. Mondada explique, à ce propos, que le C. S. souligne « une transformation dans les détails à prendre en compte

pour l’interaction » (2007 : 174). Cette fonction est d’autant plus importante dans le type d’interaction analysée que d’autres indices de contextualisation sont absents comme la prosodie ou les gestes, par exemple.

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ont déjà été faits)14. En plus, nous songeons à suivre ce forum de discussion afin de relever d’éventuelles modifications dans le comportement linguistique, communicatif et discursif des chercheurs et de tenter de comprendre à l’aide de quelles pratiques et représentations de la communication plurilingue ces modifications ont pu se produire. En plus, il serait intéressant d’analyser la contrainte collaborative à travers l’articulation de l’étude de la cohésion interlocutive (la seule que nous avons déployée dans ce texte) et de la cohésion thématique. De notre point de vue, il faut encore continuer à analyser d’autres types de discours15 et d’autres contextes d’interaction afin de rendre compte de la complexe identité de cette discipline, de ses enjeux et de ses possibilités de développement.

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14 Il s’agit, en effet, « de comprendre la contribution des échanges plurilingues à l’effectuation de l’action » (Boutet

2005 : 22). 15 Notons qu’un projet à cet égard est déjà en cours, au Portugal, sous le nom « Didactique des langues : une étude

méta-analytique de la recherche au Portugal » (subventionné par la FCT et par le « Programa Operacional Ciência e Inovação 2010 (POCI 2010) », avec la coparticipation du FEDER), coordonnée par Maria Helena de Araújo e Sá (Universidade de Aveiro). Voir Alarcão et al (2008) pour plus de détails, notamment en ce qui concerne la constitution et l’analyse d’un corpus constitué par des mémoires de master.

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