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www.secafi.com BORDEAUX LILLE LYON MARSEILLE METZ MONTPELLIER NANTES PARIS TOULOUSE SECAFI Société d’expertise comptable inscrite au Tableau de l’Ordre de la région Paris Ile de France Cabinet agréé par le Ministère du Travail, habilité IPRP et membre de la FIRPS Direction régionale Ile de France 20 rue Martin Bernard 75647 Paris Cedex 13 Tél 01 53 62 70 00 SAS au capital de 3 931 382,50 € 312 938 483 RCS Paris Numéro d’identification intracommunautaire FR 88 312 938 483 Analyse structurelle des marchés du travail en Europe Alice Rustique Juin 2019

Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

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www.secafi.com BORDEAUX ► LILLE ► LYON ► MARSEILLE ► METZ ► MONTPELLIER ► NANTES ► PARIS ► TOULOUSE

SECAFI

Société d’expertise comptable inscrite

au Tableau de l’Ordre de la région

Paris Ile de France

Cabinet agréé par le Ministère du Travail,

habilité IPRP et membre de la FIRPS

Direction régionale Ile de France

20 rue Martin Bernard

75647 Paris Cedex 13 Tél 01 53 62 70 00

SAS au capital de 3 931 382,50 €

312 938 483 RCS Paris

Numéro d’identification intracommunautaire

FR 88 312 938 483

Analyse structurelle des marchés

du travail en Europe

Alice Rustique

Juin 2019

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Sommaire

Marché du travail et production…….....5

Marché du travail et démographie…...13

Conditions d’emploi……………….……….18

Analyses pays…………………………..…....26

2

Page 3: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

Depuis la crise de la dette de 2010, la croissance s’est redressée…

En zone euro, la croissance moyenne du PIB entre 2015 et 2018 s’est élevée à +2,12%, contre +0,27%

entre 2012 et 2015 (en g.a).

La crise financière de 2007 et la crise de la dette en 2010 ont pesé sur la croissance des pays de la zone euro sur la

première période (2012-2015).

A partir de 2015, les économies de la zone euro ont bénéficié de la politique monétaire assouplissante de la BCE et d’un

environnement international porteur.

Néanmoins, depuis début 2018, des tensions se font sentir.

Les économies européennes font face à une multitude de risques qui pèsent sur la confiance, les investissements et la

croissance (futures modalités du Brexit, protectionnisme américain, tensions sociales en France, montée des populismes en

Europe, ralentissement des pays émergents, etc.) 3

-4%

-3%

-2%

-1%

0%

1%

2%

3%

4%

5%

Q3 2018Q3 2017Q3 2016Q3 2015Q3 2014Q3 2013Q3 2012

Croissance du PIB (g.a)

Zone euro Allemagne France

Royaume-Uni Italie Espagne

Sources: Eurostat -4%

-3%

-2%

-1%

0%

1%

2%

3%

4%

5%

6%

Q3 2018Q3 2017Q3 2016Q3 2015Q3 2014Q3 2013Q3 2012

Croissance du PIB (g.a)

France Pays-Bas Suède

Belgique Autriche Finlande

Sources: Eurostat

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…ce qui a permis la diminution des taux de chômage

Depuis 2012, le taux de chômage a diminué dans la plupart des économies européennes, dans des

proportions variables. En moyenne, dans la zone euro, la diminution du taux de chômage a été progressive (de 11,4% en 2012 à 8,2% en 2018).

L’Allemagne (3,4% en 2018) et le Royaume-Uni (4,1%) ont un taux de chômage bien inférieur à celui de la France (9,1%).

L’Espagne est le pays dans lequel le chômage a le plus chuté (de 24,8% en 2012 à 15,3% en 2018). Néanmoins, son taux de chômage

demeure le deuxième le plus élevé de la zone euro.

L’Autriche et les Pays Bas ont vu leur taux de chômage se stabiliser à des taux relativement bas (4,9% et 3,8%).

En France, la diminution du taux de chômage est très lente. En Italie, le taux de chômage actuel (10,5%) est à

un niveau quasi équivalent à celui de 2012 (10,7%).

4

8,2%

3,4%

15,3%

9,1%

4,1%

10,5%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

Zone euro Allemagne Espagne France R-U Italie

Taux de chômage

2012 2015 2018

Source : Eurostat

3,8%4,9%

7,0% 7,4%6,3%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

Pays-Bas Autriche Portugal Finlande Suède

Taux de chômage

2012 2015 2018

Source : Eurostat

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Marché du travail et production

5

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Zone euro : emploi, productivité, temps de travail moyen

Sur la période 2012-2018, le rythme de croissance du PIB des pays membres a été moins dynamique que sur la période

2000-2006. La croissance du volume de l’emploi et de la productivité a considérablement freiné. Le temps de travail

moyen a poursuivi sa baisse, mais dans une moindre proportion.

Par rapport à la période 2000-2006, la croissance allemande s’est enrichie en emplois. Le pays a subi une forte

diminution de la croissance de la productivité au profit de celle de l’emploi. En France, la croissance de la productivité a

fléchi, mais continue à peser plus qu’ailleurs sur l’emploi..

En Espagne, la chute de l’activité s’est accompagnée d’une forte contraction de l’emploi et d’un léger redressement de la

productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité.

6

-5%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

Zone euro Allemagne France Italie Espagne Pays-Bas

Nombre personnes en emploi

Nombre d'heures travaillées par emploi

Production par heure travaillée

PIB

Croissance du PIB et ses composantes sur la période 2000-2006

Sources : OCDE, calculs CEP Groupe ALPHASources : OCDE, calculs CEP Groupe ALPHA

-5%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

Zone euro Allemagne France Italie Espagne Pays-Bas

Production par heure travaillée

Nombre d'heures travaillées par emploi

Nombre personnes en emploi

PIB

Croissance du PIB et ses composantes sur la période 2012-2018

Sources : OCDE, calculs CEP Groupe ALPHA

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PIB et emploi : un lien rompu en France ?

Le lien entre croissance et emploi semble encore être étroit dans la plupart des pays d’Europe, mis à part en

France où sur la période récente, on constate une déconnection entre les deux variables. La croissance du PIB

français a été à la fois modeste, et relativement pauvre en emplois. Les performances françaises en termes

d’emploi et de croissance depuis 2012 se situent en dessous de la moyenne de la zone euro.

Le taux d’emploi français (nombre de personne en emploi par rapport à la population en âge de travailler (15-64

ans)), est nettement inférieur à celui de l’Allemagne. Néanmoins, il progresse chaque trimestre depuis 2014.

Les taux d’emploi sont particulièrement faibles dans les pays du sud de l’Europe (Italie, Espagne), même si on note

une croissance importante pour l’Espagne.

7

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

14%

16%

Zone euro Allemagne Espagne France Italie Royaume-Uni

Variation de l'emploi et du PIB entre 2012 et 2018

Nombre de personnes en emploi PIB

Source: Eurostat

40%

50%

60%

70%

80%

Allemagne Espagne France Italie Royaume-Uni Zone euro

Taux d'emploi

2012 2017

Source: Eurostat (15-64 ans)

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Taux d’emploi : une comparaison européenne

Si l’on compare le taux d’emploi des 15-64 ans dans les pays

de l’Union européenne, on constate que les pays affichant les

taux d’emploi les plus élevés sont les pays du Nord de

l’Europe, dont les taux de chômage sont également bas.

Avec un taux d’emploi de 64,7% en 2017, la France est mal

classée (23ème sur 28). On verra plus loin (diapo 11)

l’influence du temps partiel sur cette position fâcheuse.

Plusieurs explications sont possibles : Alors qu’une partie des

chercheurs justifie la faiblesse du taux d’emploi (et le niveau

élevé du chômage) par le coût du travail, la rigidité du code

du travail ou encore par un manque de compétitivité de

l’économie dans son ensemble, d’autres mettent en avant

des problèmes de formation des actifs, de dégradation du

système éducatif et d’inadéquation entre l’offre et la

demande de travail. Le faible taux de participation,

l’insuffisance de la mobilité, ou les évolutions

démographiques sont également cités pour expliquer la

faiblesse du taux d’emploi.

Dans le domaine de la formation, le manque de

compétences de base des adultes peut être un facteur

explicatif important (voir diapo 8).

8

40 50 60 70 80

GrèceItalie

CroatieEspagneBelgique

RoumanieFranceChypre

PologneSlovaquie

LuxembourgZone euro

BulgarieIrlandeUE-28

PortugalHongrie

MalteSlovénieFinlandeLettonieLituanieAutriche

TchéquieEstonie

Royaume-UniDanemarkAllemagnePays-Bas

Suède

Taux d'emploi en 2017 dans l'Union européenne (en %)

Champ : personnes de 15 à 64 ansSource : Labour force surveys , Eurostat; Insee, enquêtes Emploi pour la France

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Taux d’emploi par âge : de fortes disparités

Les différences dans le taux d’emploi global (15-64 ans) s’expliquent principalement par des disparités marquées chez les

jeunes et les séniors. En France, le taux d’emploi des 25-54 ans est supérieur à la moyenne de la zone euro, et relativement

proche des pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni.

En revanche, les performances françaises en termes d’emploi des jeunes et des séniors sont nettement inférieures à la

moyenne européenne, et très éloignées des autres pays du Nord. Elles peuvent s’expliquer par un âge de la retraite plus

bas en France que dans les autres pays et par la faible part d’étudiants qui travaillent de façon régulière pendant la durée

de leur études (21% en France contre 44% au Pays Bas et 54% en Allemagne*).

On note également que dans la majorité des pays de la zone euro, le taux d’emploi des séniors a considérablement

augmenté entre 2012 et 2017, alors que celui des jeunes a stagné. Ce constat peut s’expliquer par un recul progressif de

l’âge de la retraite et par le développement des politiques d’emploi pour les séniors.

9 * http://database.eurostudent.eu/

32%

47%

21%

29%

17%

62%

26%

51%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

Taux d'emploi des jeunes (de 15 à 24 ans)

2012 2017

Source : Eurostat

57%

70%

51% 51% 52%

66%

56%

64%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

Taux d'emploi des séniors (de 55 à 64 ans)

2012 2017

Source : Eurostat

78%

84%

73%

81%

69%

84% 83%84%

60%

70%

80%

90%

Taux d'emploi (de 25 à 54 ans)

2012 2017

Source : Eurostat

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Taux d’emploi et compétences des adultes

Le taux d’emploi et le niveau de compétences des adultes apparaissent fortement corrélés.

Dans le classement PIAAC de l’OCDE (compétences en numéracie et littéracie), la France est mal classée. Le mauvais score de

la France s’explique en grande partie par celui des seniors (45-65 ans). Plus l’âge augmente, plus les résultats s’éloignent de la

moyenne de l’OCDE. Il n’empêche que les résultats des 15-44 ans se situent également en dessous de la moyenne. Selon

l’INSEE, le manque de compétences de la main d’œuvre est le principal frein à l’embauche des recruteurs français.

10

230 240 250 260 270 280 290

Espagne

Italie

Grèce

Slovenie

France

Irlande

Pologne

Moyenne OCDE

Royaume-Uni

Allemagne

Autriche

Estonie

Danemark

Slovaquie

République tchèque

Belgique

Norvège

Suède

Finlande

Enquête PIAAC : score moyen en littératie et numératie des adultes en 2015

Sources: Survey of Adult Skills (PIAAC) (2012, 2015) OCDE Moyenne entre le score moyen en littéracie en numéracie des adultes de16 à 65 ans

245

250

255

260

265

270

275

280

285

290

50 55 60 65 70 75 80

Taux d'emploi et score PIAAC Score PIAAC

Tauxd'emploi (%)

Source : INSEE, OCDE, calculs groupe Alpha

GR

IT ES

FR

SK

BE

PL

IE

SI

FI

AT

CZ EE

RU

DK

DE

SE

NL

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Temps de travail moyen : l’influence déterminante du temps partiel

Concernant l’emploi total (temps complet et temps partiel), il ressort que :

La tendance générale est à une diminution du temps de travail moyen

Le volume moyen d’heures travaillées en France est désormais nettement plus important qu’en Allemagne

Le volume moyen d’heures travaillées est relativement important en Italie et en Espagne.

Néanmoins, l’analyse du temps de travail moyen des salariés à temps plein permet de souligner l’influence

notable du temps partiel sur ces observations :

La différence entre le volume moyen d’heures travaillées entre l’Allemagne et la France s’explique par le fait que l’Allemagne

dispose de davantage d’emplois à temps partiel que la France (27% contre 18% en France en 2017). Si l’on s’intéresse uniquement

au temps du travail des travailleurs à temps complet, depuis les années 2000, les salariés à temps plein allemands travaillent plus

que les français. En 2017, les temps de travail des travailleurs à temps complet sont comparables (autour des 40 heures).

Les temps de travail moyens élevés observés en Italie et en Espagne en 2000 (graphique 1) s’expliquent par leur faible part

d’emplois à temps partiel (8,3% et 7,7% contre 16,3% en France et 19,5% en Allemagne en 2000).

11

38

39

40

41

42

43

44

45Emploi à plein temps : temps de travail

moyen hebdomadaire en heures

2000 2012 2017

Sources : OCDE

32

33

34

35

36

37

38

39

40

41

Emploi total: temps de travail moyen hebdomadaire en heures

2000 2012 2017

Sources : OCDE

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Productivité : une croissance faible avec des divergences de niveau marquées

La croissance de la productivité a rebondi après la crise mais elle progresse dorénavant sur un rythme plus modéré

(autour de 1%). La croissance de la productivité est plus faible pour l’Italie et le Royaume-Uni. L’évolution et le niveau des

productivités allemande et française sont comparables et montrent que les divergences de croissance entre les deux pays

sont le fruit d’autres facteurs (structure productive, effets de gamme, compétitivité, structure des emplois, ouverture

commerciale, etc.)

Si l’on s’intéresse au niveau de la productivité, on note de nettes différences de performances entre les pays. En plus

d’avoir une croissance de la productivité plus faible, le Royaume-Uni et l’Italie affichent un niveau inférieur à celui de leurs

voisins. La Belgique, les Pays Bas, l’Allemagne et la France se situent au-dessus de la moyenne de la zone euro. Le

Royaume-Uni a su compenser son manque de productivité par une hausse de l’emploi pour maintenir sa croissance. Les

faibles productivités des économies périphériques expliquent en partie leur retard de croissance. 12

30

35

40

45

50

55

60

65

70

PIB par heures travaillées, en dollars US

2012 2017

Sources: OCDE-1,5

-1,0

-0,5

0,0

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0

Croissance annuelle de la productivité (PIB par heures travaillées), en %

France Allemagne Italie

Espagne Zone euro Royaume-Uni

Sources: OCDE, moyennes mobiles sur 3 ans

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Marché du travail et démographie

13

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De fortes divergences démographiques en Europe

Les divergences des taux de chômage en Europe ont également des facteurs démographiques. En Espagne, on constate une forte

diminution de la population en âge de travailler, qui amplifie la baisse du taux de chômage. Les chômeurs sont nombreux à avoir fait le

choix de l’émigration. Entre 2010 et 2016, 2,8 millions d’espagnols ont émigré. Ce chiffre représente 12% de la population active en 2017,

contre 6,9% en France (1,9 million), 3,3% en Italie (0,8 million).

En Allemagne, la hausse de la population en âge de travailler s’explique principalement celle du nombre d’actifs (+4% en 5 ans),

notamment due à la présence d’immigrés sur le marché du travail florissant. Cette arrivée massive permet de contrer les effets du

vieillissement de la population, observables chez les plus de 75 ans (+21% depuis 2012 contre +11,5% en Zone euro et +4% en France).

En France, la hausse de la population en âge de travailler reflète principalement la hausse du nombre de personnes en emploi,

particulièrement marquée sur l’année 2017. L’augmentation du nombre de chômeurs a participé à la progression de la population en âge

de travailler sur la période.

14

-8%

-6%

-4%

-2%

0%

2%

4%

6%

Espagne Royaume-Uni Italie France Allemagne Zone euro Belgique

Contribution à la croissance de la population en âge de travailler (15-64 ans) entre 2012 et 2017

Emploi Chômage Population inactive Population en âge de travailler

Source : OCDE

Lecture: en France, le nombre de personnes en âge de travailler ( 15-64 ans) a augmenté de +2,5% entre 2012 et 2017. Les contributions à cette progression sont réparties comme suit : +2,4 points pour les personnes en emploi; +0,3 point pour les chômeurs; -0,1 points pour la population inactive.

-3%

-2%

-1%

0%

1%

2%

3%

Croissance de la population en âge de travailler entre 2012 et 2017 (15-64 ans)

Source: OCDE

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Population active : hausse de la participation

Depuis 2012, le taux de participation (nombre d’actifs rapporté à la population en âge de travailler) augmente dans la plupart des pays. La

baisse concomitante du taux de chômage observée dans la majorité des pays prouve que les créations d’emplois ont été assez

dynamiques pour absorber le surplus de population active.

Les niveaux de participation au marché du travail sont variables selon les pays. En France, le taux d’activité est relativement faible. Il peut

s’expliquer, comme pour le taux d’emploi, par des différences localisées sur le taux d’activité des jeunes et des séniors. Mais également

par un plus faible développement du temps partiel.

La population inactive a baissé dans plusieurs économies européennes. Le fait que les individus participent davantage au marché du

travail peut notamment s’expliquer par le dynamisme des créations d’emplois, la reprise économique ou encore le développement des

politiques d’activation du marché du travail.

L’Espagne est marquée par une diminution de sa population inactive et active. Ce constat peut en partie s’expliquer par une tendance

particulière à l’émigration, marquée depuis la crise de 2008.

15

60%

65%

70%

75%

80%

Taux de participation (15-64 ans)

2012 2017

Source : Eurostat

-8%

-6%

-4%

-2%

0%

2%

4%

6% Croissance de la population inactive et active entre 2012 et 2018 (15-64 ans)

Population active Population inactive

Source : Eurostat et OCDE pour la France

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Inactivité à tout âge : comparaison France - Allemagne

En France, la hausse du nombre d’inactifs de plus de 15 ans* (+7% depuis 2012 contre +1% en Zone euro et -0,2% en

Allemagne) s’explique en grande partie par la hausse du nombre de retraités (65-74 ans), population issue du baby

boom. On remarque également que le nombre d’inactifs entre 55 et 64 ans a reculé. Cette baisse peut être expliquée

par le recul progressif de l’âge à la retraite et la nette amélioration du taux d’emploi des séniors. Celui-ci est passé de

38% en 2008 à 51% en 2017. Néanmoins, il reste en dessous de la moyenne de l’UE (57%).

En Allemagne, on observe un phénomène différent. Le baby boom semble s’être produit plus tôt puisque la part des

plus de 74 ans augmente considérablement. Au contraire, la part des retraités moins âgés (65-74 ans) diminue

progressivement. Celle des séniors susceptibles d’occuper un emploi (55-64 ans), diminue moins fortement qu’en

France. Néanmoins, en Allemagne, le taux d’emploi des 55-64 ans est de 70% en 2017, soit 20 points de plus qu’en

France.

16

*A ne pas confondre avec les inactifs de 15 à 64 ans

20500

21000

21500

22000

22500

23000

23500

24000

2000

2500

3000

3500

4000

4500

5000

5500

6000

6500

7000

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

France : nombre d'inactifs par âge

15-24 25-5455-64 65-7474+ Total (e.g)

Source : OCDE. Unité : en milliers

26500

27000

27500

28000

28500

29000

2000

3000

4000

5000

6000

7000

8000

9000

10000

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Allemagne : nombre d'inactifs par âge

15-24 25-5455-64 65-7474+ Total (e.g)

Source : OCDE. Unité : en milliers

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Population au chômage : des disparités marquées

Dans la plupart des économies européennes, le nombre de personnes au chômage a diminué depuis

2012.

Cette baisse est particulièrement importante dans les pays proches du plein emploi (Royaume Uni -43%, Allemagne

-27%), ainsi qu’en Espagne (-33%).

La France est l’un des seuls pays (avec l’Italie, l’Autriche et la Finlande) à avoir connu une hausse du nombre de chômeurs

(+3,8%). Bien que la croissance du PIB ait été plus faible que la moyenne sur la période, ce résultat vient questionner

l’efficacité des politiques pour l’emploi mises en œuvre depuis la crise (baisse des charges pour les entreprises,

accompagnement des chômeurs, formation, etc.).

En Italie, le nombre de chômeurs a augmenté de +8%. Cette hausse peut être le fruit de l’austérité, qui a détérioré la

capacité économique du pays (recul des investissements et de la productivité). Néanmoins, depuis 2018, on note une

amélioration sur le marché du travail (rythme des créations d’emplois, amélioration du taux d’emploi).

17

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

Taux de chômage (15-64 ans)

2012 2017

Source : Eurostat

-50%

-40%

-30%

-20%

-10%

0%

10%

20%

Croissance de la population au chômage entre 2012 et 2017

Sources : Eurostat et OCDE pour la France

Page 18: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

Conditions d’emploi

18

Page 19: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

La part des bas salaires est en hausse en Europe

En Europe, la part des travailleurs à bas salaires (c’est-à-dire moins de deux tiers du salaires médian) a progressé

entre 2006 et 2014.

Au Royaume-Uni et en Allemagne, qui sont les économies où les taux d’emploi sont les plus élevés, la part de

travailleurs à bas salaires est largement supérieure à la moyenne européenne (plus d’un sur cinq). C’est devenu

le cas en Grèce, particulièrement touchée par la crise. En revanche, au Portugal, également touché par la crise, le

taux de travailleurs à bas salaires a continué de reculer. Ceci s’explique par le développement de contrats

précaires (temps partiel, contrats temporaires, intérim, etc.).

En France, le taux de travailleurs à bas salaires est relativement faible par rapport à la moyenne. Néanmoins, il a

nettement augmenté en 2014. En Belgique et surtout en Suède, ce taux est particulièrement faible.

19

0%

5%

10%

15%

20%

25%

Allemagne Royaume-Uni Zone euro Espagne Italie France

2006 2010 2014

Sources : Eurostat, calculs CEP Groupe ALPHA

Part des travailleurs à bas salaires

0%

5%

10%

15%

20%

25%

Grèce Irlande Pays-Bas Portugal Belgique Suède

2006 2010 2014

Sources : Eurostat, calculs CEP Groupe ALPHA

Part des travailleurs à bas salaires

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Bas salaires : forte inégalité entre les hommes et les femmes

En Europe, le travail à bas salaires touche nettement plus les femmes que les hommes. Les raisons qui expliquent les

écarts de salaires sont nombreuses : les femmes peuvent être victimes d’éventuelles discriminations, elles ont un

moindre pouvoir de négociation, elles sont davantage cantonnées dans des postes moins bien rémunérés, en CDD et

en temps partiels, avec moins de responsabilité et plus d’interruptions de carrières, etc.

Cette inégalité a tendance à se réduire légèrement : la part des femmes à bas salaires a été relativement stable en

Europe sur la dernière décennie, alors que celle des hommes a progressé. Logiquement, la part des femmes salariés à

bas salaires est très élevée au Royaume-Uni et en Allemagne (plus d’une sur quatre). En France, cette part a augmenté

entre 2010 et 2014*.

En décidant d’une forte hausse du SMIC de +22% en 2019 (de 735€ à 950€), l’Espagne espère faire nettement diminuer

le nombre de ses travailleurs pauvres.

20

*Les données récoltées après 2014 ne sont pas encore disponibles sur Eurostat.

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

Allemagne Royaume-Uni Zone euro Espagne Italie France

2006 2010 2014

Sources : Eurostat, calculs CEP Groupe ALPHA

Part des travailleurs à bas salaires chez les femmes

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

Allemagne Royaume-Uni Zone euro Espagne Italie France

Femmes Hommes

Sources : Eurostat, calculs CEP Groupe ALPHA

Part des travailleurs à bas salaires en 2014

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Hausse du recours aux contrats à temps partiel en Europe

Comme nous avons pu précédemment, les hauts niveaux de taux d’emploi dans les pays comme la Suède, les

Pays-Bas, le Royaume Uni ou l’Allemagne s’expliquent en partie par leur part importante d’emplois à temps

partiel. Or, selon l’OCDE, 60% des contrats à temps partiel sont subis et leur rémunération est inférieure de 18% à celle

des contrats à temps plein.

La baisse du temps de travail dans ces pays a constitué une variable d’ajustement à la suite de la crise, pour

compenser les baisses d’activité et flexibiliser la main d’œuvre. Selon l’OFCE, sans ajustement par la durée du travail

depuis la crise de 2007, le taux de chômage allemand aurait été plus élevé de 3,8 pts en 2018.

Cette pratique du temps partiel est bien moins marquée dans les pays de la périphérie (Portugal, Italie, Espagne)

même si la part de ces emplois atypiques augmente depuis la crise en Italie et en Espagne.

21

0%

10%

20%

30%

40%

50%

Belgique Pays-Bas Portugal Suède Royaume-Uni

Part des emplois à temps partiel (% emploi total)

2008 2017

Source : Eurostat

0%

10%

20%

30%

40%

50%

Zone euro Allemagne Espagne France Italie

Part des emplois à temps partiel (% emploi total)

2008 2017

Source : Eurostat

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Forte inégalité entre les hommes et les femmes face au temps partiel

En Europe, les femmes sont nettement plus concernées par le travail à temps partiel que les hommes. Dans la

zone euro, plus d’une femme sur trois en emploi est à temps partiel, contre seulement un homme sur dix. En

France, 30% des femmes travaillent à temps partiel et 78% des postes à temps partiel sont occupés par des

femmes.

On n’observe pas de réduction de ce phénomène sur la dernière décennie. Il peut notamment être expliqué par

le partage inégal de tâches domestiques et de l’éducation des enfants entre les hommes et les femmes.

La part des femmes à temps partiel est particulièrement élevée aux Pays-Bas (76%), en Allemagne (46%) et au

Royaume-Uni (40%). En Suède, le niveau est élevé (34%), mais il est en baisse depuis 2012.

22

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

Part des emplois à temps partiel en 2017 selon le sexe

Hommes Femmes

Source : Eurostat

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%Part des emplois à temps partiel chez les femmes

2012 2017

Source : Eurostat

Page 23: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

Contrats temporaires : stabilisation en Europe depuis 2008

En Europe, la part des contrats temporaires (CDD + intérim) dans l’emploi total a légèrement progressé depuis 2012,

traduisant des évolutions différenciées entre les différentes économies européennes. Dans certaines économies de recourir

La flexibilisation des contrats permanents peut limiter l’intérêt aux formes d’emplois les plus flexibles.

Les pays de la périphérie (Espagne, Portugal, France et Italie) ont davantage recouru aux contrats temporaires pour ajuster

le volume de l’emploi lors de la crise puis lors de la reprise. Les pays comme le Royaume-Uni, la Belgique et l’Allemagne

ont privilégié les contrats à temps partiel, ce qui leur a permis de maintenir un taux d’emploi élevé. Ces préférences

différenciées expliquent beaucoup des résultats divergents observés en matière de taux d’emploi. Une précarité à temps

plein (mais intermittent) s’oppose ainsi à un emploi stable à temps partiel.

Les femmes sont davantage concernées par l’emploi temporaire que les hommes. Cette inégalité est toutefois moins

marquée que les inégalités de salaires et de temps partiel.

23

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

Belgique Pays-Bas Portugal Suède Royaume-Uni

Part des travailleurs en contrats temporaires

2012 2017

Source : Eurostat

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

Zone euro Allemagne Espagne France Italie

Part des travailleurs en contrats temporaires

2012 2017

Source : Eurostat

Page 24: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

Polarisation de l’emploi

Cette polarisation a des impacts sur la main d’œuvre, qui doit être rapidement remobilisée et réaffectée. Des

accompagnements et des formations actives sont alors nécessaires. Mais la polarisation creuse également les inégalités

salariales.

Cette polarisation de l’emploi touche la majorité des pays européens et peut être expliquée par le développement de la

robotique et de l’intelligence artificielle. Mais également, elle s’explique par la concurrence des importations

(notamment chinoise), les délocalisations, ou encore la désindustrialisation généralisée.

Elle se retrouve dans la plupart des secteurs, mais particulièrement dans l’industrie et les services financiers.

En 20 ans, dans les pays de l’UE, la part

des emplois moyennement qualifiés a

diminué au profit des emplois peu et

hautement qualifiés. Les métiers à

haute valeur ajoutée intellectuelle et

non automatisable (chercheurs,

managers), et les métiers faiblement

qualifiés impliquant des interactions

sociales complexes (service à la

personne) se sont développés au

détriment des métiers facilement

automatisables (ouvriers, secrétaires,

employés).

24

Source : OCDE, Rexecode (E.Jessua)

Page 25: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

L’emploi non salarié et l’intérim en Europe

La part des emplois non salariés (indépendants, travailleurs familiaux, membres d’une coopérative…) dans l’emploi total a

globalement diminué depuis 2000 en Europe, à l’exception des Pays Bas et du Royaume Uni. La France déroge également à

cette tendance puisque sa part d’emplois non salariés a légèrement augmenté.

Ces parts sont variables selon les secteurs. Dans la construction, le commerce et l’agriculture, elle est élevée, tandis qu’elle est

faible dans les transports et les activités financières.

Parallèlement, la part des emplois en intérim a considérablement augmenté depuis la crise. La hausse est particulièrement

forte en France, notamment sur l’année 2017 (+8,5% soit +50 000 emploi en équivalent temps plein selon le baromètre

Prism'emploi). Le BTP, les transports, et la logistique sont particulièrement concernés par cette hausse des emplois en intérim.

25

2,5%2,3%

2,6%

3,4%3,3%

0,9%

3,9%

2,3%

0,8%

2,0%

1,7%

1,4%

0,5%

0,0%

0,5%

1,0%

1,5%

2,0%

2,5%

3,0%

3,5%

4,0%

4,5%

Part des employés des agences de travail temporaire dans l'emploi total

2009 2017

Source: Eurostat

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

Part des emplois non salariés dans l'emploi total

2000 2017

Source :OCDE

Page 26: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

Analyses pays

26

Page 27: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

Royaume Uni : un marché du travail dynamique …

Depuis les années 90, les indicateurs généralement utilisés pour évaluer la santé du marché du travail se sont

nettement améliorés au Royaume Uni. Le taux de chômage, à 4,1%, est au plus bas depuis 40 ans.

Le taux d’activité atteint 77,6% en 2017. Pour les femmes, ce taux s’élève à 72,9%, soit une hausse de 5 points

depuis 2000. Le taux d’emploi a connu une hausse progressive depuis le creux de 2009. Il atteint 74% en 2017,

contre 66% en Zone euro. Les femmes sont également massivement entrées sur le marché du travail (70% de

taux d’emploi en 2017).

Ces bons chiffres peuvent s’expliquer par la souplesse du marché du travail, mais aussi par la politique

monétaire accommodante menée depuis le début des années 2000.

27

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

Nombre de chômeurs (en milliers)

25-74 ans moins de 25 ans

Source : Eurostat

60

62

64

66

68

70

72

74

76

65

67

69

71

73

75

77

79

1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017

Taux d'emploi et taux d'activité (en %)

Population active Population active - femmes

Emploi (e.g) Emploi – femmes (e.g)

Source: Eurostat

Page 28: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

… mais qui cache une certaine précarité

Alors que le taux de chômage diminue continuellement, le taux de

pauvreté ne diminue plus.

Même s’ils sont moins nombreux que dans d’autres pays, les

conditions de vie des chômeurs sont souvent jugées difficiles. Les 1,4

millions de chômeurs britanniques touchent en moyenne 350€/mois

contre 1200€ en France. Ils doivent justifier toutes les semaines d’une

recherche active d’emploi, sous peine de voir leurs allocations

supprimées.

Des contrats précaires, les « contrats zéro heure » se sont

particulièrement développés depuis la crise. Ils permettent à

l’employeur de bénéficier d’une réserve de main d’œuvre disponible

en fonction de l’activité en n’offrant aucune garantie au salarié en

termes de nombre minimal d’heures travaillées.

Selon l’ONS*, les travailleurs cumulent souvent au moins deux

contrats. Ainsi, le nombre de contrats « zéro heure » a été multiplié

par trois depuis 2013. De 583000 en 2013, on en décompte 1,8

million en 2017, soit 6% de l’emploi.

Les détenteurs de ce type de contrat sont plus souvent des jeunes,

des étudiants et des femmes. Un quart d’entre eux souhaiteraient

travailler davantage.

Même si la part des emplois à temps partiel diminue très légèrement,

le niveau reste très élevé, avec l’Allemagne et les Pays Bas. Les

femmes, qui sont les plus touchées par le temps partiel, sont ainsi

davantage précarisées.

28

*Bureau des statistiques nationales du Royaume-Uni

5%

10%

15%

20%

25%

30%

Part des emplois en temps partiels (en % de l'emploi total)

Unioneuropéenne

Allemagne

Espagne

France

Italie

Royaume-Uni

Source : Eurostat

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

1 000

2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017

Nombre de personnes en contrat "zéro heure"en milliers

Source : ONS Labour Force Survey

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Allemagne : la particularité de la modération salariale depuis 2000

Depuis les années 2000, l’Allemagne a

fortement modéré ses coûts salariaux

unitaires (coûts salariaux rapportés à la

productivité horaire du travail),

notamment si on les compare avec ceux

des autres pays d’Europe.

Cette pratique a permis à l’Allemagne de

considérablement améliorer sa

compétitivité coût. En 2007, la France

avait une compétitivité coût inférieure de

20% par rapport à l’Allemagne. Cette

modération salariale explique en partie

des différences de taux de chômage

entre la France et l’Allemagne.

29

Le ralentissement des coûts salariaux unitaires a participé à la diminution de la part du travail dans la valeur ajoutée

depuis les années 2000. L’intensité capitalistique s’est également renforcée, et la rémunération du capital a pris une place

plus importante dans le partage de la valeur ajoutée. Ce sont particulièrement les réformes Hartz (2003-2005) qui ont

freiné la progression des salaires réels.

Néanmoins, depuis 2015, la tendance est à la hausse des salaires, avec de nombreux accords signés favorables aux

salariés, notamment dans la métallurgie.

80

85

90

95

100

105

110

115

120

125

130

1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017

Coûts salariaux unitaires relatifs à l'UE

Allemagne Grèce Espagne France

Italie Portugal Royaume-Uni

Sources : Eurostat, calculs auteur, 1999 = 100 = UE

Page 30: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

Allemagne : l’apport nécessaire de la migration

En 2017, l’Allemagne est le pays qui a accueilli le plus de

demandeurs d’asile, en nombre, et en pourcentage de sa

population. Le pays a mis en place une politique active

d’accueil, avec la suspension en 2016 d’une règle qui

donne la priorité aux européens et allemands sur le

marché du travail et avec la facilitation de

l’apprentissage de l’allemand pour les migrants.

Cet accueil massif est bien plus important qu’en France,

et que la moyenne européenne.

Cette politique a un impact favorable sur le marché du

travail, la dynamique démographique et le système de

retraite. Le nombre d’actifs a augmenté de +4% depuis 5

ans, alors que la population allemande est de plus en

plus vieillissante. Cela répond aux problèmes de pénurie

de main d’œuvre, sachant que le taux de chômage est

3,3% en novembre 2018.

Sur un million de migrants entrés en Allemagne en 2015,

plus de 400 000 sont en formation ou ont rejoint un

emploi salarié, soumis aux cotisations sociales (Ingo

Kramer, président de la fédération patronale allemande).

Le système de retraite peut ainsi être en partie financé

par l’arrivée des migrants.

30

0 1000 2000 3000 4000 5000

Portugal

Espagne

Royaume-Uni

Pays-Bas

Italie

France

Finlande

Norvège

UE28

Belgique

Luxembourg

Suède

Autriche

Allemagne

Nombre de décisions positives aux demandeurs d'asile, en 2017, pour 1 million

d'habitants

Sources : F. Héran, Collège de France, Eurostat (1ère et 2nde instance, convention de Genève + protection subsidiaire)

Page 31: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

Italie : chômage de longue durée et faible productivité

Outre la persistance d’un taux de chômage élevé (10,5% en 2018), le nombre de chômeurs de longue durée est préoccupant : 57%

des chômeurs italiens sont au chômage depuis plus d’un an, contre 48% en Zone euro. Dans la mesure où le risque de dépréciation

de leurs compétences est élevé, la probabilité qu’ils retrouvent un emploi diminue avec la durée de leur chômage.

Quant au marché de l’emploi, la faible progression de la productivité peut s’expliquer par le vieillissement de la population active.

L'âge moyen de la population active a augmenté de près de 6 mois chaque année depuis 2008. Il est aujourd'hui de 44 ans, contre

à peine plus de 38 ans en 1993 . D'après le FMI, 1 travailleur italien sur 5 aura plus de 55 ans en 2020.

Depuis 2010, l’Italie détient la 3e progression de la productivité la plus lente des pays de l’OCDE. Outre le faible renouvellement de

la force de travail, le manque de formation, la faible adaptabilité du marché et la mauvaise diffusion de la technologie, expliquent

en partie cette faible progression. 31

0

20

40

60

80

100

120

140 Productivité (indice base 100 en 2010)

Source : OCDE

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45%

50%

55%

60%

65%

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Part des chômeurs de longue durée (% du nombre total de chômeurs)

Zone euro AllemagneEspagne FranceItalie Royaume-Uni

NB : Chômeurs de longue durée: au chômage depuis plus d'un an.Source : Eurostat

Page 32: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

Italie : la précarité en marge du marché du travail

En Italie, entre 2007 et 2017, le nombre de personnes souhaitant travailler mais considérées comme inactives a augmenté de 8

pts de % alors qu’il a baissé dans les autres pays. La frontière entre l’inactivité, le sous-emploi et le travail occasionnel est

poreuse. De même, de nombreuses personnes sont classées comme inactives parce qu’elles ne cherchent pas activement un

emploi.

L’Italie se caractérise par un faible taux d’activité, de nombreux inactifs gravitent autour du marché du travail, que ce soient des

jeunes (NEET), des anciens chômeurs découragés, ou des séniors.

Alors que le taux d’emploi des jeunes (15-24 ans) est très faible en Italie (17% contre 28% en France et 34% dans l’UE), le

nombre de NEET est particulièrement élevé. Parallèlement, les rares jeunes qui participent au marché du travail sont davantage

touchés par le sous emploi (temps partiel subi/chômage technique/emplois auparavant rémunérés aux vouchers).

32

5%

7%

9%

11%

13%

15%

17%

19%

21%

23%

2006 2008 2010 2012 2014 2016

Part des jeunes sans emploi, ne participant ni à l'éducation, ni à la formation (NEET)

Zone euro Allemagne Espagne

France Italie Royaume-Uni

Source : Eurostat

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

14%

Halo autour du chômage (% de la population active)

Source : Eurostat. NB: personnes recherchant un emploi mais temporairement indisponibles et personnes disponibles mais ne recherchant pas activement un emploi Unité : % de la population active augmentée de la sous population considérée

Page 33: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

Espagne : reconnexion de la productivité et des coûts salariaux

Avant les réformes et la crise, le coût salarial progressait à un rythme bien plus rapide que celui de la croissance

de la productivité. Les réformes structurelles du marché du travail (2010 et 2012), en supprimant notamment

l’indexation des salaires sur l’inflation, ont permis aux entreprises d’aligner leurs salaires sur les gains, modestes,

de productivité.

Après cette longue période de forte modération salariale (entre 2009 et 2014), les salaires espagnols ont

renoué avec le dynamisme, et évoluent à +4% en g.a en moyenne depuis 2015. La demande intérieure repart,

au même rythme que la croissance économique (+2,3% en novembre 2018). Le chômage continue sa baisse

rapide (14,5% en novembre 2018).

33

-8%

-6%

-4%

-2%

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

Q12001

Q42002

Q32004

Q22006

Q12008

Q42009

Q32011

Q22013

Q12015

Q42016

Q32018

Salaires et revenu disponible brut

Revenu disponible brut desménages

Revenus salariaux

Sources: Eurostat, INE (Institut National de la statistique Espagnol)

-4%

-3%

-2%

-1%

0%

1%

2%

3%

4%

5%

6%

7%

Q22000

Q32001

Q42002

Q12004

Q22005

Q32006

Q42007

Q12009

Q22010

Q32011

Q42012

Q12014

Q22015

Q32016

Q42017

Reconnexion entre le coût salarial et la productivité

Coût salarial (g.a) Productivité rélle par employé (g.a)

Sources: Eurostat, INE (Institut National de la statistique Espagnol)

Page 34: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

Espagne : forte dualité du marché du travail

Le développement de ces contrats normalise une certaine insécurité structurelle de l’emploi.

Ces emplois, moins durables, ne permettent pas l’acquisition durable de nouvelles compétences et de savoir-faire pour les

salariés.

Ils sont moins bien rémunérés (selon Berson, 2017, leur rémunération est 5% inférieure à celles des contrats permanents, à

caractéristiques démographiques et sociologiques égales). Ils bénéficient également d’un moindre accès à la formation

(probabilité inférieure de 7% à celle des autres salariés selon l’enquête PIAAC de l’OCDE).

La trajectoire des salariés en contrats courts repose sur une alternance entre de courtes périodes d’emploi et de chômage avec

une faible probabilité de tremplin vers un emploi stable. L’Espagne détient ainsi l’un des taux de transition les plus faibles de

l’OCDE. Cette trajectoire, instable, peut également troubler les perspectives d’accès au crédit ou au logement.

34

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

Dualité du marché du travail : part des contrats temporaires dans l'emploi salarié

Union européenne Allemagne

Espagne France

Italie

La part des contrats temporaires dans l’emploi total

est nettement supérieure en Espagne à celle des

autres pays d’Europe. Elle a ensuite diminué lors de

la crise. Ce type de contrat a en réalité servi de

variable d’ajustement importante. Néanmoins,

depuis 2014, la tendance progresse, alors même

que l’Etat a mis en place des mesures de

flexibilisation des contrats permanents (baisse des

cotisations, du coût de licenciement, clarification de

la notion de « licenciement économique »,

subventions diverses, etc.).

Page 35: Analyse structurelle des marchés du travail en Europe...productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité. 6 -5% 0% 5%

France : des améliorations insuffisantes de l’emploi et de l’activité

Sur la période, le nombre de personnes en emploi a augmenté dans les mêmes proportions que la population active.

Afin que le chômage puisse véritablement diminuer, les créations d’emplois doivent être plus dynamiques que la hausse

de la population active, qui est particulièrement forte en France.

Les écarts entre le taux d’emploi français et celui de l’UE, l’Allemagne, les Pays Bas et le Royaume Uni sont négatifs en

2012 et 2017. Mais ces écarts sont plus importants en 2017 qu’en 2012, ce qui signifie qu’ils se sont creusés sur la

période. L’écart avec l’UE était nul en 2012, il est négatif en 2017. Alors que l’écart avec le taux Espagnol était positif, de

l’ordre de 15% en 2012, il s’est réduit en 2017 pour atteindre 6,7%. En d’autres termes, le taux d’emploi espagnol a

progressé plus vite que le taux d’emploi français.

35

-1%

0%

1%

2%

3%

4%

Population enâge de travailler

Populationinactive

Populative active Population enemploi

Evolution du nombre de personnes en âge de travailler entre 2012 et 2017

Source: OCDE. NB : personnes entre 15 et 64 ans -20%

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

2012 2017

Ecart entre le taux d'emploi français et celui des autres pays

UE Allemagne Pays Bas Royaume Uni Espagne

Source : Eurostat, calcul auteur

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France : inégalités d’espérance de vie, diplôme et richesse

En France, l’espérance de vie augmente avec le niveau de vie et le niveau de diplôme. Ainsi, un homme parmi les 25% les plus

pauvres, qui ne possède pas de diplôme aura une espérance de vie de 11,4 ans inférieure à celle d’un homme parmi les 25% les plus

aisés, ayant un diplôme du supérieur. A noter que l’espérance de vie augmente de moins en moins rapidement avec le niveau de vie.

Les personnes les plus aisées ont plus souvent un diplôme du supérieur, mais cela n’explique qu’en partie les écarts d’espérance de

vie selon le niveau de vie. Avec ou sans diplôme, plus les individus sont aisés, plus l’espérance de vie augmente.

Les femmes ont une espérance de vie plus élevée que les hommes (6 ans en moyenne). Elles vivent même en général plus longtemps

que les hommes les plus aisés : celles dont le niveau de vie se situe parmi les 70 % les plus aisées ont une espérance de vie plus

longue que les hommes parmi les 5 % les plus aisés. 36

38,9

43,044,0

45,9

41,8

45,9

47,8

50,3

38

40

42

44

46

48

50

52

1000 1500 2000 2500 3000 3500

Espérance de vie à 35 ans par quartile de niveau de vie mensuel et diplôme - Hommes

Sans diplôme Brevet, CEP

CAP, BEP, Baccalauréat Supérieur au baccalauréat

Ensemble

en années

en euros

Source : INSEE

46,7

48,6

50,0

51,1

48,5

51,0

51,9

53,6

45

46

47

48

49

50

51

52

53

54

55

1000 1500 2000 2500 3000 3500

Espérance de vie à 35 ans par quartile de niveau de vie mensuel et diplôme - Femmes

Sans diplôme Brevet, CEP

CAP, BEP, Baccalauréat Supérieur au baccalauréat

Ensemble

en années

en euros

Source : INSEE

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