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ANALYSE TECHNICO-ÉCONOMQUE DES OPÉRATIONS DE GESTION BIOLOGIQUE DES DÉCHETS Synthèse de l’étude Mai 2008

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ANALYSE TECHNICO-ÉCONOMQUE DES OPÉRATIONS DE GESTION BIOLOGIQUE DES DÉCHETS

Synthèse de l’étude

Mai 2008

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Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite selon le Code de la propriété intellectuelle (art. L 122-4) et constitue une contrefaçon réprimée par le Code pénal. Seules sont autorisées (art. 122-5) les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé de copiste et non destinées à une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes citations justifiées par la caractère critique, pédagogique ou d’information de l’œuvre à

laquelle elles sont incorporées, sous réserve, toutefois, du respect des dispositions des articles L 122-10 à L 122-12 du même Code, relatives à la reproduction par reprographie.

L’ADEME en bref : L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) est un établissement public sous la tutelle conjointe des ministères de l'Ecologie et du Développement durable, de l'Industrie et de la Recherche. Elle participe à la mise en oeuvre des politiques publiques dans les domaines de l'environnement et de l'énergie. L'agence met ses capacités d'expertise et de conseil à disposition des entreprises, des collectivités locales, des pouvoirs publics et du grand public et les aide à financer des projets dans cinq domaines (la gestion des déchets, la préservation des sols, l'efficacité énergétique et les

énergies renouvelables, la qualité de l'air et la lutte contre le bruit) et à progresser dans leurs démarches de développement durable.

http://www.ademe.fr

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ADEME 2

SOMMAIRE

1. INTRODUCTION........................................................................................................... 3

2. DEFINITIONS................................................................................................................ 42.1. Les opérations prises en compte.................................................................. 42.2. L'expression des résultats ............................................................................ 42.3. Les flux de déchets considérés .................................................................... 4

2.3.1. Les déchets organiques ........................................................................ 42.3.2. Les ordures ménagères ........................................................................ 42.3.3. Les recyclables ..................................................................................... 52.3.4. Les déchets des déchèteries................................................................. 5

3. PANORAMA DE LA GESTION BIOLOGIQUE DES DECHETS ORGANIQUES EN FRANCE............................................................................................................................... 6

3.1. Les opérations recencées ............................................................................ 63.1.1. La collecte des biodéchets au porte-à-porte ......................................... 63.1.2. Le tri-compostage ................................................................................. 7

3.2. Panorama général des collectes des biodéchets au porte-à-porte............... 83.2.1. Les modes d’organisation ..................................................................... 83.2.2. Résultats quantitatifs............................................................................. 83.2.3. Typologie............................................................................................... 8

3.3. Panorama général des opérations de tri-compostage................................ 10

4. CARACTERISTIQUES ET PERFORMANCES TECHNIQUES DES COLLECTIVITES ETUDIEES EN DETAIL...................................................................................................... 11

4.1. Caractéristiques des collectes sélectives des biodéchets .......................... 114.2. Caractéristiques des collectivités utilisant le tri-compostage...................... 134.3. Taux de collecte pour valorisation .............................................................. 14

5. COUTS COMPLETS DE GESTION DE TOUS LES DECHETS DES 19 COLLECTIVITES ETUDIEES EN DETAIL......................................................................... 15

6. COUTS DE GESTION DES FLUX DE BIODECHETS COLLECTES AU PORTE-A-PORTE ET DE DECHETS VERTS DE DECHETERIES .................................................... 18

7. DIFFERENTIEL DU COUT DE TRAITEMENT : OMR ET BIODECHETS.................. 21

8. CONCLUSION ............................................................................................................ 23

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ADEME 3

1. INTRODUCTION

L'ADEME a réalisé au cours des dix dernières années plusieurs études visant à parfaire la connaissance à la fois technique et économique de la gestion des déchets en général (ADEME/AMF 98), en milieu rural (Limousin 2004), des collectes sélectives (2001), de la gestion des biodéchets (programme Qualorg) ou des déchèteries (Aquitaine 2005), etc. Toutefois, les informations relatives plus spécifiquement à la gestion biologique des déchets méritaient d'être affinées.

L'objet de cette étude est donc de réaliser une analyse technico-économique sur une vingtaine de collectivités, cette analyse permettant : d'identifier les facteurs d'influence des coûts de gestion des déchets organiques, et les éventuelles pistes d'optimisation ; d’élaborer un référentiel de la gestion organique des déchets.

L'approche des coûts est globale, c’est-à-dire que toutes les filières (collecte au porte-à-porte, en apport volontaire et en déchèterie), tous les flux et surtout tous les coûts de la gestion des ordures ménagères ont été considérés.

L’étude repose sur une analyse technico-économique fine des coûts de collecte et de traitement des déchets ménagers et assimilés de collectivités françaises pour l’année 2006. Après une analyse des organisations mises en œuvre pour la gestion des déchets des territoires, l’étude a pour objectif de zoomer sur la gestion des déchets organiques et ainsi de faire ressortir les coûts spécifiques consacrés à la collecte et au traitement des différents flux les composant et de présenter les facteurs d’influence les plus importants.

La méthode d’étude employée est la mise oeuvre d’un outil commun que constitue la matrice standard d’expression des coûts développée par l’ADEME1.

L'étude s’est déroulée en trois grandes étapes : Etape 1 : Panorama de la situation nationale et choix des opérations à étudier, Etape 2 : Recueil des informations sur les sites choisis pour l’étude détaillée, Etape 3 : Exploitation des résultats.

1 Pour plus d’informations : ADEME - Guide d'accompagnement de la matrice standard d'expression des coûts de gestion du service public d'élimination des déchets, version 1 (février 2007)

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2. DEFINITIONS

2.1. LES OPERATIONS PRISES EN COMPTE

L’étude prend en compte des opérations de production de compost à partir d’une collecte au porte-à-porte des biodéchets ou d’un tri mécanique des ordures ménagères (traitement mécano-biologique) sous les conditions suivantes : La collecte au porte-à-porte doit intégrer à minima des déchets de cuisine dans les consignes de tri pour les biodéchets ; La collecte au porte-à-porte des biodéchets doit être un service en place toute l’année ; Qu’il soit produit à partir de biodéchets collectés sélectivement à la source ou dans une unité de traitement mécano-biologique, le compost doit respecter la norme NFU 44-051 nouvelle version.

2.2. L'EXPRESSION DES RESULTATS Tous les ratios ont été calculés à partir des données de populations INSEE sans doubles comptes pour 2005 (populations « SINOE® »2). Quant aux coûts, ils sont systématiquement affichés hors T.V.A. afin d’éviter le biais que représente la variabilité des situations d’assujettissement des collectivités.

2.3. LES FLUX DE DECHETS CONSIDERES

2.3.1. LES DECHETS ORGANIQUES

Le terme déchets organiques comporte 3 flux distincts : 1. les biodéchets des ménages collectés au porte-à-porte dans un bac spécifique à

l’aide d’une collecte sélective. Dans le cas de la production de compost par tri-compostage, ce flux est la matière organique extraite mécaniquement des ordures ménagères résiduelles (cf. définition ordures ménagères ci-dessous),

2. les déchets verts collectés en apport volontaire en déchèteries, 3. les déchets ménagers organiques dirigés vers le compostage domestique.

La présente étude traite de façon détaillée de l’organisation de la gestion et des coûts résultant des collectes et du traitement des 2 premiers flux. Concernant le compostage domestique, seules certaines données qualitatives (actions des collectivités en sa faveur) ont pu être recueillies, l’évaluation de l’impact quantitatif n’étant pas réalisée par les collectivités.

2.3.2. LES ORDURES MENAGERES

Dans le présent rapport, le terme « ordures ménagères » s’entend au sens large et correspond à l’ensemble des déchets ménagers et non ménagers pris en charge par le

2 Populations "SINOE 2005" : populations INSEE 2004, 2005 et 2006 pour 3/5èmes des communes et estimations ADEME pour les autres

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service de collecte. Les déchets apportés en déchèterie ou les encombrants collectés au porte-à-porte sont considérés séparément. Le flux des ordures ménagères collectées traditionnellement, en complément des collectes sélectives, est désigné par le terme "ordures ménagères résiduelles" (OMR).

2.3.3. LES RECYCLABLES

Le flux des recyclables intègre les emballages, le verre, les papiers / cartons et les métaux, qu’ils soient collectés en apport volontaire ou au porte-à-porte.

2.3.4. LES DECHETS DES DECHETERIES

Ils comprennent les déchets verts, les gravats, les encombrants, le bois, les déchets dangereux des ménages (DDM), … et tous les déchets acceptés localement.

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3. PANORAMA DE LA GESTION BIOLOGIQUE DES DECHETS ORGANIQUES EN FRANCE

3.1. LES OPERATIONS RECENCEES

3.1.1. LA COLLECTE DES BIODECHETS AU PORTE-A-PORTE

En 2006, 69 collectivités ayant la compétence collecte avaient mis en place une collecte des biodéchets des ménages dépassant le simple "test". Neuf autres opérations ayant un caractère plutôt expérimental ont été recensées, mais le nombre réel est probablement supérieur. Il existe également un petit nombre d'opérations visant uniquement les déchets de cantine (collège, lycée…) : elles ne font pas l'objet de la présente étude.

Figure 1 : localisation des opérations de collecte des biodéchets des ménages (hors opérations "test")

Les biodéchets collectés par ces 69 structures sont traités sur 45 unités de compostage et une unité de méthanisation3. Si la plupart de ces opérations ont été mises en place après 1999, un petit nombre de collectes des biodéchets dispose désormais d'un recul de près de 15 ans.

3 Il s’agit de la seule unité opérationnelle en 2005, Varennes-Jarcy. L’unité de méthanisation d’Amiens accueille également des biodéchets collectés sur un secteur « test ». S’y ajoutent, fin 2006, les usines de Calais, du Robert (Martinique) et en travaux ou phase de mise en service celles de Lille, Calais, Montpellier, Forbach et d’autres.

N.B. : les 3 opérations hors territoire métropolitain (Martinique et Guadeloupe) n'ont pas été représentées géographiquement

Population desservie

> 100 000 (3)

50 000 - 100 000 (8)

30 000 - 50 000 (9)5 000 - 30 000 (23)

0 - 5 000 (23)

Démarrage de la collecteJusqu'en 2001 (36)A partir de 2002 (30)

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3.1.2. LE TRI-COMPOSTAGE

Début 2006, 39 unités de tri-compostage en activité régulière ou occasionnelle ont été répertoriées, parmi elles 2 unités utilisant un module de méthanisation en complément du compostage. Elles traitent au total environ 1,1 million de tonnes de déchets.

On notera que l’ADEME4 en avait enregistré 78 en 2001 avec une capacité de traitement de 1,6 million de tonnes. La plupart des unités qui ont cessé leur activité sont des unités de broyage-criblage arrivées en fin de vie.

Le parc restant est néanmoins très âgé : 49 % des unités ont entre 20 et 30 ans d’activité, 10 % ayant même plus de 30 ans.

Les 39 installations de tri-compostage sont localisées sur la carte suivante. On y note de grandes concentrations en Bretagne (7 unités), en Pays de Loire (7 unités), en Ile de France (5 unités) et en région Centre (5 unités).

Figure 2 : Localisation des sites de traitement biologique des ordures ménagères

4 ADEME 2004, Quel avenir pour les installations de compostage sur ordures résiduelles, 33 p.

Tonnage entrant

100 000

50 00010 000

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3.2. PANORAMA GENERAL DES COLLECTES DES BIODECHETS AU PORTE-A-PORTE

3.2.1. LES MODES D’ORGANISATION

Les consignes de tri pour les biodéchets : Elles comprennent bien entendu pour toutes les opérations les déchets de cuisine. Les déchets de jardin figurent parmi les consignes de tri dans 81 % des opérations, que ce soit tous les déchets verts ou les déchets verts « en petites quantités » ou « de petites dimensions ».

Notons également qu’actuellement, 12 opérations de collecte n’acceptent pas du tout les déchets de jardin dans la collecte des biodéchets. Elles sont pour la plupart relativement récentes (moins de 5 ans) et ont pour particularité de proposer généralement des contenants de petit volume (80 litres et souvent moins).

La fréquence de collecte des biodéchets : La collecte des biodéchets est réalisée dans la grande majorité des cas de façon hebdomadaire (73% des EPCI). Certaines collectivités modulent les fréquences de collecte selon les secteurs ou les saisons (C0,5/C1/C2).

Les contenants proposés pour la collecte : Il s’agit majoritairement de bacs roulants, exceptionnellement de « sur-bacs » de 35 litres encastrés dans le bac à OMR ou de bacs compartimentés. Ils varient entre 35 et 360 litres, avec une majorité d’opérations collectant en bacs de 120 litres et plus. Notons l’existence de collectes en sacs sans autre récipient (sacs en plastique, papier ou autre matériau biodégradable).

3.2.2. RESULTATS QUANTITATIFS

En 2005, année pour laquelle les tonnages collectés sont connus pour 64 opérations (soit une population desservie de 2 140 000 habitants), 167 000 tonnes de biodéchets des ménages ont été collectées sélectivement, ce qui correspond à un ratio moyen de 78 kg par habitant et an. La moitié des opérations collecte moins de 65 kg par habitant, les valeurs extrêmes étant 20 et 197 kg par habitant desservi et par an.

3.2.3. TYPOLOGIE

Une typologie des organisations de collecte sélective des biodéchets a été déterminée, basée sur la (les) catégorie(s) de déchets organiques ciblée(s), à savoir : Collectes de type 1 : opérations ciblant5 principalement ou exclusivement les déchets de cuisine ; Collectes de type 2 : les autres opérations, c'est-à-dire celles ciblant tous les biodéchets (déchets de cuisine, déchets verts, voire papiers et cartons). Cette typologie a pu être établie pour 64 opérations. Environ un tiers des opérations et des populations desservies peuvent être classées dans le type 1.

5 Ces consignes de collecte peuvent ne pas être suivies par l’ensemble des usagers.

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Les quantités collectées par habitant varient entre 20 et 96 kg pour le type 1, avec une moyenne à 46 kg contre une fourchette de 17 à 197 kg pour le type 2, avec une moyenne à 92 kg.

Tableau 1 : classification des opérations selon la typologie établie Type 1 Type 2 Total

Nombre d'opérations de collecte sélective 30 35 65Tonnage biodéchets 2005 30 898 t 136 153 t 167 051 tPopulations desservies 699 929 hab. 1 441 611 hab. 2 141 540 hab.

Quantité moyenne en kg/hab par an 44 kg/ hab. 94 kg/ hab. 78 kg/ hab.Ratio minimum 8 kg/ hab. 30 kg/ hab. 8 kg/ hab.Ratio maximum 96 kg/ hab. 197 kg/ hab. 197 kg/ hab.Médiane des ratios 38 kg/ hab. 97 kg/ hab. 66 kg/ hab. Source : enquête menée en 2007 dans le cadre de l’étude.

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3.3. PANORAMA GENERAL DES OPERATIONS DE TRI-COMPOSTAGE

Dans les types de procédés mis en œuvre, on observe une nette prédominance de l’utilisation du tube bioréacteur (type BRS) dans 16 unités, souvent comme équipement unique ou associé au SILODA6 (Champagne-sur-Oise) ou à la méthanisation (Varennes-Jarcy).

Figure 3 : Techniques mises en œuvre dans les unités de traitement biologique des OM résiduelles (n = 39)

0

2

4

6

8

10

12

1414

7

1

13

1 1

3

n un

ités

Selon divers experts interrogés, il apparaît qu’en 2006 très peu d’unités sont en mesure de tenir la norme NFU 44-051 dans sa nouvelle version. Deux unités ont terminé de nombreux travaux afin d’optimiser leur process et respectaient dès 2006 l’ensemble des paramètres exigés. D’autres unités sont actuellement en phase de modernisation ou d’optimisation plus ou moins avancée. A moyen terme il y aurait donc une bonne dizaine d’unités réhabilitées qui produiront un compost de qualité conforme.

Globalement il est unanimement reconnu que les 13 unités avec broyage en tête (broyage -compostage) ne pourront pas produire un compost conforme mais pourraient évoluer vers une stabilisation des déchets avant stockage. Par contre le tube bioréacteur est toujours considéré comme la pièce maîtresse du traitement mécano-biologique permettant une séparation optimisée des déchets fermentescibles des refus. Généralement, de gros investissements au niveau de la préparation mécanique sont complétés par une nette augmentation de la durée du compostage en andains et surtout un affinage efficace. C’est exactement sur ces hypothèses que les réhabilitations des usines se basent.

6 Compostage en couloir avec retournement automatique

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4. CARACTERISTIQUES ET PERFORMANCES TECHNIQUES DES COLLECTIVITES ETUDIEES EN DETAIL 19 collectivités locales ayant au moins la compétence collecte et 9 syndicats de traitement liés à ces collectivités ont fait l’objet de l’étude détaillée des performances et des coûts. Sur ces 19 collectivités, 17 ont une collecte sélective des biodéchets et elles sont représentatives de la diversité des types d’organisations rencontrées en France. S’y ajoutent les deux seules collectivités pratiquant du tri-compostage identifiées d’après les dires d’experts dont le compost produit en 2006 respectait tous les critères de la norme NF 44-051 dans sa nouvelle version.

4.1. CARACTERISTIQUES DES COLLECTES SELECTIVES DES BIODECHETS Les collectivités étudiées ont toutes mis en œuvre une collecte sélective des biodéchets. 6 collectivités appartiennent au type 1 (déchets de cuisine ciblés) et 11 au type 2 (ciblant aussi bien déchets de cuisine que de jardin). Parmi ces 17 collectivités, 8, essentiellement de type « 2 », ne desservent qu’une partie de leur population par la collecte des biodéchets. Ceci correspond à la logique de fonctionnement de ces collectes de type 2, mises en place principalement dans les secteurs pavillonnaires avec jardin.

Le panel de collectivités étudiées couvre une large fourchette en termes de population totale (4 000 à 210 000 habitants) et de densité de population (15 à 825 hab/km²). Les 2/3 des collectivités de type 1 se trouvent dans des secteurs ruraux alors que celles de type 2 sont implantées au 2/3 dans des secteurs relativement urbains de plus de 180 habitants au km².

En terme de collectes proposées, toutes les collectivités étudiées ont une gestion multifilières intégrant des collectes des recyclables en apport volontaire ou au porte-à-porte et des réseaux assez denses de déchèteries. Une seule collectivité ne propose pas de collecte des déchets dangereux des ménages.

Les fréquences de collecte des OMR et des biodéchets collectés au porte-à-porte sont majoritairement hebdomadaires.

Quant aux modes de traitement, le stockage est la solution la plus répandue pour les OMR, ceci étant particulièrement le cas pour les opérations de type 1. En ce qui concerne les biodéchets collectés au porte-à-porte, ils sont compostés dans des installations plutôt sophistiquées pour la majorité des opérations de type 1, alors que les opérations de type 2 ont recours aussi bien à des procédés sophistiqués qu’à du traitement simple de type Végéterre®.

Le tableau ci-dessous synthétise les ratios moyens observés (rapportés à l’habitant desservi) sur les collectivités étudiées, hors collectivités touristiques. En gardant à l'esprit la faible taille des échantillons et les écarts non négligeables au sein d'un même groupe, on peut en extraire quelques grandes lignes : Les ratios de production d’OMR se situent en moyenne 20 % en-dessous des moyennes départementales respectives. Ceci est dû à l’impact de la collecte des biodéchets mais aussi à des performances de la collecte sélective des recyclables secs plus importantes que la moyenne nationale, les collectivités développant généralement plus de moyens de communication que celles ne valorisant pas les biodéchets.

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ADEME 12

Les quantités d'OMR et de biodéchets collectés au porte-à-porte sont plus faibles en type 1 qu'en type 2 ; A contrario, on collecte plus de recyclables secs et de déchets de déchèteries (déchets verts et autres déchets) en type 1 ; Au final, le ratio global (déchèteries comprises) est légèrement supérieur à la moyenne nationale : l’existence d’une collecte des biodéchets transfère des tonnages d’une collecte à l’autre voire crée des flux supplémentaires :

• Les ratios totaux de déchets organiques issus de la collecte des biodéchets au porte-à-porte sont nettement plus importants dans les collectivités de type 2.

• A l’opposé, les ratios des déchets verts collectés en apport volontaire en déchèteries sont moins élevés dans le type 2.

• Globalement, l’organisation de type 2 provoque une « sur-collecte » de déchets verts de 40 à 50 kg/hab./an alors qu’ils sont apparemment gérés à domicile dans le type 1.

Tableau 2 : synthèse des ratios par typologie (moyennes hors collectivités à influence touristique) en kg/ hab / an et écarts types

Flux

ratio moyen kg/hab./an

écart type ratio moyen kg/hab./an

écart type

OMR 202 20 246 53

Biodéchets porte-à-portesur population totale* 36 18 78 41sur population desservie* 39 16 131 22

Recyclables secs* 97 21 90 23

Déchets verts déchèterie 76 25 50 29

Recyclables déchèterie 42 20 48 29Déchets dangereux 0,95 0,16 0,71 0,27Autres apports en déchèteries 106 60 60 29

RATIOS TOTAUX MOYENS 560 23 577 48

RATIOS NON VALORISES MOYENS 309 39 306 45

Type 1(4 collectivités)

Type 2(10 collectivités)

*hors collectivité intégrant les papiers et cartons dans les biodéchets (particularité)

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4.2. CARACTERISTIQUES DES COLLECTIVITES UTILISANT LE TRI-COMPOSTAGE

Pour les 2 collectivités concernées par l’étude, la valorisation de la matière organique est réalisée par tri-compostage, nouvellement nommé TMB – traitement mécano-biologique. Il s'agit d’extraire mécaniquement la matière organique contenue dans les ordures ménagères « grises » (OMR) collectées puis de la traiter par compostage, dans le cas des 2 collectivités étudiées.

Les 2 unités de traitement sont équipées de tubes de fermentation de type « BRS », d’un affinage poussé et d’une unité de compostage, l’une avec aération forcée sous bâtiment (procédé SILODA pour la collectivité S), l’autre procédant avec de simples andains sous auvent.

Pour chacune des collectivités, l’unité de traitement des OMR existe depuis une trentaine d’années. Elles ont toutes deux été rénovées récemment pour leur permettre de répondre aux exigences renforcées de la norme NFU 44 051.

La collecte sélective des recyclables secs est réalisée en apport volontaire dans la collectivité R et au porte-à-porte dans la collectivité S, y compris le verre.

Par rapport aux collectivités ayant mis en place une collecte sélective des biodéchets, les 2 collectivités étudiées ont un ratio d’ordures ménagères collectées nettement plus important et approchant les 400 kg/hab./an. Ceci s’explique dans un cas par une influence touristique non négligeable et dans l’autre par sa structure urbaine. Néanmoins, après la phase d’extraction mécanique de la matière organique, le ratio de refus de tri-compostage à éliminer est inférieur à celui des OMR de la plupart des collectivités de type 1 et 2.

Tableau 3 : synthèse des ratios des collectivités pratiquant le tri-compostage

Typologie Collectivité Ratio OM collecté kg/hab./an

Matière organique après tri

mécanique kg/hab./an

Ratio OMR vers l'enfouissement

kg/hab./an

Ratio recyclables secs

kg/hab./an

Déchets verts déchèteries kg/hab./an

Autres déchets déchèteries kg/hab./an

R 393 216 177 124 174 132S 400 178 222 82 24 112TC

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ADEME 14

4.3. TAUX DE COLLECTE POUR VALORISATION

Avec les données quantitatives présentées, il a été possible de calculer le taux de valorisation matière des déchets collectés, avec ou sans prise en compte des quantités apportées en déchèteries (et hors gravats).

Comme le montre le graphique suivant, la valorisation matière (recyclage et organique), est très similaire dans les collectivités des 2 types de collecte des biodéchets, ceci avec ou sans les déchets des déchèteries.

En moyenne, les taux totaux sont de : Collectes de type 1

• sans déchèteries : 36% des déchets collectés ; • avec les déchèteries : 45% des déchets collectés ;

Collectes de type 2 • sans déchèteries : 42% des déchets collectés ; • avec les déchèteries : 47% des déchets collectés ;

Tri-compostage • sans déchèteries : 66 et 54% des déchets collectés ; • avec les déchèteries : 65 et 47% des déchets collectés.

Tous les taux de valorisation sont supérieurs aux moyennes nationales7 qui sont de 21 % hors déchèteries et de 33 % avec déchèteries, mais hors gravats. On constate que le tri compostage permet de capter une part plus importante de matière organique constituée de déchets de cuisine mais aussi de papier.

Figure 4 : taux de valorisation matière des déchets ménagers, y compris déchèteries

22% 19% 18% 14%22% 22% 25% 28%

45%

20% 21% 23%30%

20%27%

22%

11%

47%

33%

26%25%

20% 28%

27% 26%27%

30%

19%

17%

25% 25%19%

19%

21%

14%

24%

17%

14%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

A B C D E* F G H I J* K* L* M N*

O* P* Q* R S

Type 1 Type 2 TC

% v

alor

isés

Valorisation organique Recyclage Moyenne nationale valorisation (33%)

*collectivités où la collecte des biodéchets ne dessert pas l’ensemble de la population

7 ADEME, enquête « La collecte des déchets par le service public en France », 2005

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5. COUTS COMPLETS DE GESTION DE TOUS LES DECHETS DES 19 COLLECTIVITES ETUDIEES EN DETAIL

Le coût complet8 de la gestion globale varie de 79 à 138 € hors taxes (H.T.) par habitant et an (hors collectivités à influence touristique) selon les collectivités. Dans chaque type d'organisation, on obtient des fourchettes très similaires : Avec une collecte de biodéchets de type 1 : 79 – 120 €/habitant/an (moyenne = 105,4

€/hab./an) ; Avec une collecte de biodéchets de type 2 : 86 – 138 €/habitant/an (moyenne = 105,3

€/hab./an); Pour les 2 collectivités pratiquant le tri-compostage, les coûts complets sont de 106

€/hab./an (R, avec influence touristique) et 120 (S) €/hab./an.

Pour les coûts rapportés à la totalité des tonnages, la fourchette est un peu plus grande, allant de 107 à 241 €/tonne. On observe un coût moyen légèrement plus important sur les collectivités de type 1 (moyenne type 1 = 192 €/t ; moyenne type 2 = 182 €/t).

Concernant les coûts complets sur les 2 collectivités faisant appel au tri-compostage, la fourchette des coûts par tonne est très large (125 et 194 €/tonne).

Figure 5 : coût complet de la gestion globale des déchets (€ H.T./habitant9)

142

79

106

151

120 116 110100 94 92 86

105

206

106 108 114

138

106120

0

50

100

150

200

250

A B C D E* F G H I J* K* L* M N*

O* P* Q* R S

Type 1 Type 2 TC

Coût

s H.

T. d

e ge

stio

n gl

obal

e (€/

hab)

*collectivités où la collecte des biodéchets ne dessert pas l’ensemble de la population

8 Le coût complet correspond à la somme de l’ensemble des charges techniques et fonctionnelles 9 Collectivités A, D et M : une importante influence touristique explique les « pics » (les coûts étant rapportés à la seule population permanente). La collectivité « R » connaît également une influence touristique sans que cela se traduise par des « pics » en termes de coûts par habitant.

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ADEME 16

Figure 6 : coût complet de la gestion globale des déchets (€ H.T. par tonne, hors apports directs de DIB10)

231

140

182 185

214221

181

155164

174165

175

204187

160

213

240

125

194

0

50

100

150

200

250A B C D E* F G H I J* K* L* M N*

O* P* Q* R SCo

ûts

H.T.

de

la g

estio

n gl

obal

e (€

/ ton

ne)

*collectivités où la collecte des biodéchets ne dessert pas l’ensemble de la population NB : Influence touristique importante sur les collectivités A, D, M et R.

Pour les coûts à l’habitant, on n’observe pas de distinction selon les typologies. Rappelons le biais qui est introduit par l’utilisation des seules populations permanentes. Pour compléter la comparaison, le graphique des coûts par tonne est donc nécessaire, sachant que la production globale des déchets entre les collectivités de type 1 et 2 est équivalente (moyennes respectives 566 et 570 kg) tandis que la quantité de déchets hors déchèteries est moins élevée pour les collectivités de type 1, les ratios des deux collectivités de tri-compostage étant un peu plus élevés (respectivement 618 et 851 kg de production globale par habitant). Quant aux coûts par tonne, il n’y a pas non plus de distinction selon les typologies avec néanmoins une petite tendance à des coûts unitaires plus élevés en type 111 et une situation très contrastée pour le tri-compostage.

10 Quelques collectivités accueillent des déchets apportés directement par des professionnels sur leurs sites de traitement contre facturation à la tonne. Ces déchets ne sont pas pris en compte ni dans les tonnages ni dans les coûts. 11 Le « pic » Q en type 2 est une exception liée à une sous-utilisation en période de montée en puissance de l’usine.

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ADEME 17

Malgré le constat que les collectivités rurales étudiées ont plus recours au stockage que les secteurs urbains, le coût global de gestion des déchets n’est que très peu influencé par la densité de l’habitat. De même on n’observe aucune corrélation claire entre les coûts et les ratios d’ordures ménagères globales.

Sur les collectivités où la collecte des biodéchets au porte-à-porte dessert toute la population, les coûts de collecte et de traitement des biodéchets collectés au porte-à-porte représentent, selon les types d'organisation : 7 à 24% des dépenses totales de gestion de tous les flux (coût complet) pour les

collectivités de type 1. 13 à 36% des dépenses totales de gestion de tous les flux pour les collectivités de type

2.

On peut observer que les facteurs influant le plus sur les coûts complets totaux sont les dépenses consacrées aux OMR.

Figure 7 : répartition du coût complet (H.T.) selon les flux

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

A B C D E* F G H I J* L* M N* O* P* Q* R S

Type 1 Type 2 TC

Répa

rtitio

n de

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ûts

par f

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Autres déchets Recyclables OMR Biodéchets

*collectivités où la collecte des biodéchets ne dessert pas l’ensemble de la population NB : Influence touristique importante sur les collectivités A, D, M et R. La collectivité K n’est pas représentée car il n’a pas été possible de décomposer ses coûts de traitement par flux

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Analyse technico-économique des opérations de gestion biologique des déchets Mai 2008

ADEME 18

6. COUTS DE GESTION DES FLUX DE BIODECHETS COLLECTES AU PORTE-A-PORTE ET DE DECHETS VERTS DE DECHETERIES

Les coûts de la gestion biologique des déchets organiques comprennent : Les coûts de la collecte des biodéchets au porte-à-porte pour 17 opérations ; on

notera que pour 7 collectivités qui utilisent des bennes compartimentées, les coûts de collecte ont été calculés avec les conventions relatives à la méthode12. Ils sont donc à prendre avec précaution car ils reflètent cette règle par défaut ;

Les coûts de compostage (y compris la gestion des refus) de ces flux collectés au porte-à-porte ;

Les coûts de la gestion des déchets verts collectés en déchèteries (haut de quai, transport, compostage)13 ;

Les coûts relatifs à la promotion du compostage domestique quand ils ont été identifiés comme tels.

Le coût complet de la gestion biologique des déchets organiques des collectivités de type 1 varie de 21 à 42 € par habitant desservi (moyenne = 32 €/hab.) et de 15 à 59 €/hab. pour celles de type 2 (moyenne = 33 €/hab. en type 2).

Figure 8 : coûts complets (H.T.) de la gestion biologique des biodéchets (porte-à-porte) et des déchets verts (déchèteries) en €/ an / hab. desservi

0

10

20

30

40

50

60

70

A B C D E* F G H I J* L* M N*

O* P* Q*

Type 1 Type 2

€/ h

abita

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Traitement Transport Collecte Charges fonctionnelles

*collectivités où la collecte des biodéchets ne dessert pas l’ensemble de la population NB : Influence touristique importante sur les collectivités A, D, M. La collectivité K n’est pas représentée car il n’a pas été possible de décomposer ses coûts de traitement par flux

12 Répartition des charges fixes au prorata du volume des compartiments, répartition des frais de fonctionnement au prorata du nombre de compartiments. 13 Il s’agit autant que possible de coûts spécifiques aux déchets verts mais parfois ce sont des coûts moyens pour l’ensemble des flux collectés en déchèteries.

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ADEME 19

Concernant la structure du coût de la gestion biologique, on observe une répartition relativement équivalente sur la plupart des collectivités de l’ordre de 10% de coûts de structure, 65 à 70% de coûts de collecte (porte-à-porte + déchèteries) et 25 à 30 % pour le traitement.

Rapportées à la tonne collectée, les typologies sont plus marquées : Les collectivités de type 1, caractérisées par des quantités de biodéchets moins

importantes, affichent des coûts de gestion à la tonne supérieurs à 181 €, pouvant aller jusqu'à plus de 300 €/t lorsque les collectivités combinent un faible ratio de collecte et des coûts de collecte élevés ;

Les collectivités de type 2 sont marquées par des coûts de gestion plus faible grâce à des ratios nettement plus importants. Ils sont groupés entre 140 et 160 €/t pour 8 des 11 collectivités étudiées.

Figure 9 : coûts complets (H.T.) de la gestion biologique des biodéchets (porte-à-porte) et des déchets verts (apport volontaire) en €/tonne

0

50

100

150

200

250

300

350

400

A B C D E* F G H I J* L* M N*

O* P* Q*

Type 1 Type 2

Coût

com

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(€

/ ton

ne)

Traitement Transport Collecte Charges fonctionnelles

*collectivités où la collecte des biodéchets ne dessert pas l’ensemble de la population NB : Influence touristique importante sur les collectivités A, D et M. La collectivité K n’est pas représentée car il n’a pas été possible de décomposer ses coûts de traitement par flux

Une approche se limitant aux flux de biodéchets (porte-à-porte) et déchets verts (déchèteries) ne permet pas de comparaison avec les collectivités pratiquant le tri-compostage car les coûts de traitement du flux d’ordures ménagères résiduelles comprennent la production de compost et l’élimination des refus.

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ADEME 20

Le graphique suivant permet d’afficher des coûts pour des flux comparables entre toutes les collectivités en cumulant les coûts relatifs à la gestion des OMR, des biodéchets et des déchets verts des déchèteries. On n’y observe pas de différences entre les modes de gestion avec des coûts complets H.T. entre 62 et 66 €/habitant en types 1 et 2. Pour les coûts à la tonne, ils sont généralement plus élevés en type 1, mais les ratios plus faibles font que les coûts par habitant sont proches de ceux de type 2. Les coûts observés dans les 2 collectivités utilisant le tri compostage sont relativement équivalents avec 75 et 71 €/hab. Figure 10 : coûts complets (H.T.) cumulés de collecte et de traitement des biodéchets (porte-à-porte), des OMR et des déchets verts (apport volontaire) en €/habitant de la collectivité

83

40

58

76

63

73

56

49

59 59

41

52

99

6661

72 74 7571

0

20

40

60

80

100

120

A B C D E* F G H I J* K* L* M N*

O* P* Q* R S

Type 1 Type 2 TC

[€/ h

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]

Rappel : influence touristique importante sur les collectivités A, D, M et R.

Figure 11 : coûts complets (H.T.) cumulés de collecte et de traitement des biodéchets (porte-à-porte), des OMR et des déchets verts (apport volontaire) en €/ tonne

202

129

208

146

187

218

154142

137

156

119129

147156

148

177

204

132

167

0

50

100

150

200

250

A B C D E* F G H I J*

K*

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Type 1 Type 2 TC

[€ /

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*collectivités où la collecte des biodéchets ne dessert pas l’ensemble de la population

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ADEME 21

7. DIFFERENTIEL DU COUT DE TRAITEMENT : OMR ET BIODECHETS

L’analyse du différentiel du coût de traitement entre les biodéchets et les OMR permet d’observer le potentiel d’absorption du surcoût souvent généré par la mise en place de la collecte. Dans deux cas (B et L), il s’agit de prix facturés et non pas de coûts, les données ne sont donc pas directement comparables.

Le graphique suivant illustre ce différentiel pour chacune des collectivités : il apparaît que la différence des coûts unitaires est : Pénalisante pour les biodéchets pour 7 collectivités (dont 4 du type 1 et 3 du type 2),

soit en raison d’un fonctionnement de l’unité de compostage en sous-capacité, soit pour cause d’un traitement très peu coûteux des OMR.

Favorable aux biodéchets pour 9 collectivités (2 du type 1 et 7 du type 2) où le traitement d’une tonne d’OMR est plus coûteux que le compostage d’une tonne de biodéchets.

Figure 12 : écart entre le coût de traitement des biodéchets et celui des OMR à la tonne (valeur positive = traitement d’une tonne de biodéchets plus cher que le traitement d’une tonne d’OMR)

-250%

-200%

-150%

-100%

-50%

0%

50%

100%

A

B

(prix

) C D E* F G H I J* L* M N* O* P* Q*

Type 1 Type 2

Ecar

t tra

item

ent

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OM

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Les données de la collectivité « K » ne figurent pas sur ce graphique car les données sur le traitement sont partielles.

Ces écarts peuvent aller du simple au double (F, G). Les raisons en sont principalement : F, Q et E : les centres de compostage sont relativement sophistiqués (entièrement sous

bâtiment, aération forcée, désodorisation) avec des coûts d’investissement importants et trop peu de déchets par rapport au dimensionnement de l’unité. Les coûts de compostage à la tonne de biodéchets sont donc beaucoup plus élevés que le traitement des OMR, ce dernier étant pourtant déjà important (+/- 100 €/t) ;

C, G et H : utilisent des plates-formes de compostage "semi-industrielles", avec une aération forcée et ont des coûts de stockage relativement faibles (+/- 50 €/t) ;

Pour A, la plate-forme accueillait en 2006 seulement 1 400 tonnes de déchets alors que sa capacité est de 3 500 tonnes par an.

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ADEME 22

Généralement, l’unité de compostage a été conçue en référence à un standard exigé également pour le traitement des OMR (compacité, confinement…) qui est souvent lié aux contraintes urbanistiques. Ceci explique le fait que les collectivités qui incinèrent ou qui stabilisent leurs déchets résiduels (« F », « N », « E », « P », « L », « I ») ont les coûts de traitement des OMR les plus hauts (environ 100 €/t) et ont aussi des coûts de traitement des biodéchets approchant ce coût.

Il en ressort donc que le différentiel des coûts de traitement observé n’est pas systématiquement favorable aux biodéchets. Il s’agit toutefois de situations particulières : de très faibles coûts de stockage et/ ou des unités de compostage sous-utilisées.

En prenant en compte les évolutions probables du montant de la TGAP sur le stockage et l’incinération, ce différentiel entre compostage et stockage/ incinération est modifié. Une simulation avec des montants de 10 €/t pour l’incinération et 40 €/t pour le stockage pour les collectivités étudiées est représentée dans le graphique ci-dessous. Dans 5 cas (cf. Figure 13), le traitement des biodéchets est toujours plus coûteux que le stockage ou l’incinération d’une tonne de déchets. En revanche, il s’agit de cas particuliers : Pour deux collectivités (C et G), ce différentiel défavorable est lié à des coûts de

stockage extrêmement bas (respectivement 25 et 36 €/t hors TGAP) ; Pour les trois autres collectivités (E, F et Q), le coût de traitement très élevé des

biodéchets est lié à la fois à la sous-utilisation des unités (en 2006, année de référence) et à leur caractère relativement sophistiqué.

Figure 13 : écart entre le coût de traitement des biodéchets et celui des OMR à la tonne avec une hausse de la TGAP sur le stockage et l’instauration de celle-ci sur l’incinération

-300%

-250%

-200%

-150%

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-50%

0%

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A B C D E* F G H I J*

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ADEME 23

8. CONCLUSION

Globalement, il est clairement observé que les collectivités s’étant lancées dans la filière biodéchets devront passer par une phase d’optimisation pour qu’un avantage économique apparaisse franchement : Au niveau de la collecte en améliorant les circuits et en augmentant le taux de remplissage des bennes ; Pour certaines, en remédiant à la sous-utilisation de leur installation de traitement.

Pour les organisations avec une collecte des biodéchets au porte-à-porte de type 1, une amélioration majeure devra être obtenue en termes de taux de participation à la collecte pour que les ratios de biodéchets augmentent et que les tonnages d’OMR diminuent davantage. Pour inciter les habitants à participer au tri, une introduction d’une part de financement proportionnelle au service utilisé, comme préconisée par les conclusions du Grenelle de l'Environnement, paraît intéressante. Cette part proportionnelle devrait ainsi favoriser la réduction des déchets puis l'utilisation des collectes sélectives (biodéchets et recyclables).

Les enseignements de l’étude sont également les suivants : Avec les organisations actuelles et les performances des collectes obtenues, la gestion

spécifique des biodéchets génère un surcoût de l’ordre de 5 à 10 %, pouvant aller jusqu’à 20% dans 10 des 17 collectivités, essentiellement de type 2. Pour les 7 collectivités restantes, les coûts sont équivalents sans et avec gestion spécifique des biodéchets. Sachant que les potentiels d’optimisation résident surtout au niveau des ratios de collecte en type 1, ce surcoût est susceptible de s’effacer.

Dans certains cas particuliers, les coûts de traitement observés pour les OMR demeurent inférieurs à ceux du compostage des biodéchets. L’évolution possible du montant de la TGAP, couplée à des efforts d’optimisation, rendra la gestion des biodéchets plus attractive d’un point de vue économique.

Le poste des OMR est le principal poste des dépenses, les biodéchets représentant moins de 20 % des charges dans la plupart des cas. Les collectivités locales auraient donc intérêt à diminuer le poste OMR grâce à un transfert des tonnages vers la collecte des biodéchets. L’augmentation des tonnages de biodéchets permettra ainsi d’optimiser les coûts de collecte et de traitement de ces derniers.

Quant au tri-compostage, les deux collectivités étudiées sont très différentes, que ce soit concernant leur contexte, leurs ratios ou leurs coûts et il n’est pas possible de tirer de conclusions générales sur ce type de traitement. Le coût global complet est au final similaire à ceux des collectivités avec collecte sélective des biodéchets.

Avec la production d’un compost de grande qualité et une réduction claire des tonnages d’ordures ménagères résiduelles, l’apport environnemental est important. La gestion biologique des déchets joue également un rôle non négligeable dans l’acceptation et le prolongement de la durée de vie des sites de traitement.

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ADEME 24

Type de collecte à mettre en place : Les résultats de l’étude ne font pas ressortir de différence significative sur les coûts de gestion globale entre les deux types d'organisation. Le plus gros poste de dépense est lié à la gestion des OMR. Le choix du type de collecte des biodéchets à mettre en place devra donc être fait selon le principe de diriger le moins de déchets possible vers les OMR. Le type 1, sensé détourner plus de déchets des OMR, serait alors plus avantageux pour des collectivités ayant des coûts de traitement de ces déchets importants.

Fréquence de collecte : La fréquence de collecte hebdomadaire des biodéchets est considérée comme adaptée, même en été.

Matériel de collecte : La mise œuvre de bennes bi-compartimentées permet de réduire les coûts de collecte principalement dans le cas des collectes ciblant les déchets de cuisine et ayant de ce fait de faibles ratios. En revanche, l’utilisation de bennes compartimentées rend délicate l’optimisation future de la fréquence de collecte d’un des deux flux.

Unité de compostage : L’étude met en évidence qu’il est possible de traiter les biodéchets à forte proportion de déchets de cuisine avec des unités rustiques (type Végéterre) à partir du moment où elles restent de petite taille.

Le traitement des déchets verts de déchèterie peut être envisagé sur le même site dans le cas d’un procédé rustique et il devrait être fait de façon séparée (en gardant une petite part de structurants éventuellement) si un procédé plus sophistiqué était retenu pour les biodéchets collectés au porte-à-porte.