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43 RUE DU COLONEL PIERRE AVIA 75503 PARIS CEDEX 15 - 01 46 48 48 48 OCT 09 Mensuel OJD : 29676 Surface approx. (cm²) : 2900 N° de page : 66-72 Page 1/7 NAMUR 0811431200507/FSL/AVO/2 Eléments de recherche : CHOEUR DE CHAMBRE DE NAMUR (Belgique) : chorale, toutes citations

André-Modeste Grétry

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Un dossier d'articles de presse.

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Musiciendes Lumières

De Versailles à Reims et de Rennes à Paris, l'automne appartient à celui qui fut le charme

et le naturel incarnés. Son nom évoque toujours le sentiment « vrai » des Lumières.

Mais le fondateur, le théoricien et le musicien, qui les connaît ? Par Michel Parouty

La ville de Liege peut s'enorgueillir d'avoir donne naissance a deuxenfants célèbres, Georges Simenon (1903 1989) et Andre ModesteGretry (1741-1813) Si le pere du commissaire Maigret, a l'excepaon de sa liaison avec Josephine Baker, ne semble entretenir quedes rapports lointains avec la musique, encore moins celle dite« classique » l'auteur de Zemire et Azor et Richard Cœur de Lionest toujours I un des grands noms de l'opéra-comique, genre considere comme typiquement français qu'il porta vers des sommetsdépassant ses prédécesseurs Monsigny et Philidor, et ouvrant lavoie a Boieldieu et Auber Rares sont pourtant les scènes qui serisquent a monter ces ouvrages le second d'entre eux ne survivantque par procuration e est en effet I air de Laurette « Je crains delui parler la nuit » qui berce les souvenirs de la vieille Comtessedans La Dame dépique de TchaikovskiFelix Clement introduit ainsi l'article qu il lui consacre dansLes Musiciens célèbres (Pans, 1878) « Gretry ne possède ni lascience des harmonistes allemands ni I extrême richesse mélodique des Italiens maîs sa musique, qu il s est efforce de rendreparlante, repond bien au temperament d'un pays ou l'on tientsurtout a ce que les intentions du compositeur s'adaptent parfaitement aux intentions du poète De la la vogue immense que lesouvrages du maitre liégeois ont eue a Pans Par le mélange delégèreté et de sensibilité qui constitue son talent, il était appeléa reussir dans l'opéra de demi caractère »

Travailler a Paris !Gretry naît donc dans la ale des bords de Meuse, le 11 fevrier 1741On peut suivre dans ses Memoires ou essais sur la musique, le coursd'une vie qui dans ses premieres annees, se gaussa de la monoto-nie Un grand pere, Jean-Noe, cabarener, reduit a cet etat par des« disgrâces multiples », maîs musicien pratiquant et enseignantUn pere, François, qui, a douze ans obtient la charge de premierviolon a I eglise Saint-André de Liege puis a la cathedrale Saint-Denis Une education musicale qui debute des la sixième anneecomme enfant de choeur et dont le récit fait froid dans le dostant les sévices et châtiments corporels pleuvent sur les pauvresenfants D autres mentors se montrent heureusement plus comprehensifs L'envie de composer se manifeste rapidement maîs

Q I impatience de I aspirant musicien I amené a brûler les etapes etë a se contenter d une approche technique superficielle, ce qui luig sera plus tard durement reproche" Si l'amour du chant vient lui aussi, tres tôt la presence a Liege§ d'une troupe italienne d opera bouffe, jouant, entre autres,£ La servapadrona de Pergolesi, le conforte dans sa volonté de se

consacrer au theatre, même si les oeuvres de jeunesse qu'il faitexécuter sont six symphonies et une Messe solennelle En 1759il quitte la Belgique pour Rome La il travaille avec GiovanniBattista Casali, charge de la chapelle de Samt-Jean-de-Latrandont les leçons lui procurent « une vraie jouissance », et qui reste« le seul maître que j'avoue et sous lequel mes idees ont com-mence a se developper » Pour faire taire ceux qui contestent lasolidité de son savoir il se presente a I Academie philharmoniquede Bologne, ou il est accepte et reçoit les conseils du fameux etsevere Padre Martini L heure est a I optimisme Pour la saison decarnaval du Teatro Aliberti, en 1766 il doit, en huit jours, écrire unintermède Le Vindemmiatnce (Les Vendangeuses] Un attache deI ambassade de France a Rome lui montre une partition de Roseet Colas de Monsigny, qui lm fait « naître le désir de travailler aPans » II s'y rend via Geneve, en 1767, ou ses qualites de pedagogue lui permettent de trouver quèlques subsides « J entendisdes operas comiques français pour la premiere foib Tom JonesLe Marechal Rose et Colas me firent grand plaisir lorsque j'euspns l'habitude d'entendre chanter le français, ce qui m'avait

La scene du miroirmagique dansZemire et Azor(a gauche)et le tenor Clairvaldans RichardCœur ûte Liondeux sommetsde l'opera-comiqueselon Gretry

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d abord paru désagréable » II rencontre Voltaire, revêt Isabelleet Gertrude de Favart d'une nouvelle partition, prend conge, etgagne Pans ll a vingt-six ansQui dit opera dit livret Unjeune poète, Legier, « homme du beaumonde, passant les nuits ajouer et les jours a faire des vers », luipropose Les Mariages sammtes Une audition chez le prince deConti sombre dans l'ennui maîs suscite l'intérêt d'un Suédois, lecomte de Creuz, qui presente Gretry a l'écrivain Jean-FrançoisMarmontel, collaborateur de V Encyclopédie Le 20 août 1768, ala Comedie italienne, Le Huron, d'après L'Ingénu de Voltaire estaccueilli avec transports Le 5 janvier 1769, c'est le tourdeZ,uc;/e,dont le quatuor « Ou peut-on être mieux qu'au sem de sa famille »est bientôt sur toutes les levres Le 20 septembre Le Tableauparlant achevé de donner au compositeur sa place parmi lesauteurs a succes du moment Suivent Sylvain Les Deux Avares,L'Amitié a l'épreuve (« Aucun de mes ouvrages ne m'a coûte tantde peine »), tous trois en 1770 En 1771, e est le tour de L'Ami dela maison, dont l'échec est compense par le triomphe de Zemireet Azor, poème de Marmontel, cree a la cour de Fontainebleaule 9 novembre et repns pai la Comedie italienne le 10 decembreLe Magnifique (177'3) inaugure une collaboration avec Michel-Jean Sedame, auteur dramatique fort connu « Les situationsqu'amené Sedaine sont si impérieuses qu elles forcent le musiciena s'y attacher pour les rendre »Inutile d'enumerer tous les titres qui vont contribuer a la gloirede Gretry , maîs Za Fausse Magie ( 1775), Le Jugement de Midas(1778), dans lequel il brocarde le vieux vaudeville et les conven-tions de I opera, LAmantjaloux (1778) La Caravane du Caire(1783), Richard Cœur de Lion (1784), pionnier de I opera histo-rique français et des « pieces a sauvetage », fleuron du style « trou-badour », sont des etapes majeures d'une brillante carnere, quene ternissent pas des pages de circonstance comme La Rosière

republicaine (1794), taxée par Henn de Curzon, dans sa biogra-phie cntique parue chez Laurens en 190 7, de « répugnante » - toutaussi patriotiques, Pierre le Grand ( 1790) ou Guillaume Tell (1791)semblent plus estimablesLes idéaux d'égalité de justice, de fraternité chers a l'époquedes Lumieres n'étaient pas indifférents a Gretry sans douteeût-il aime les voir s'expnmer dans un contexte moins barbareFort apprécie de Mane-Antomette - elle était la marraine de satroisieme fille, le comte d'Artois en était le parrain - et direc-teur de sa musique, pensionne par le roi apres Zemire et Azor,censeur royal pour la musique et inspecteur de la Comedie ita-lienne, il traverse tous les regimes II souffre de la Revolution,qui assèche gravement ses finances, maîs franchit ce cap douloureux En 1795, l'Institut lui offre un fauteuil et le tout récentConservatoire le nomme inspecteur aux cotes de Mehul, Gossec,Le Sueur et Cherubini - il démissionnera un an plus tard En 1803,il est fait chevalier de la Legion d'honneur Si ses ouvrages quit-tent l'affiche, ils ne tardent pas a y revenir Une représentationde Richard Cœur de Lion applaudie par Napoleon lui vaut unerecompense de six mille francs

L'abus de science est dangereuxMaîs depuis la fm du xvm6 siecle, le musicien s est fait plus discret,préférant a l'art des notes celui des mots Le premier volumede ses Memoires ou essais sur la musique est publie en 1789, lesdeuxieme et troisieme en 1796 La Vente ou ce que nous fumes,ce que nous sommes et ce que nous devrions être parut en 1801,une Methode pour apprendre a préluder en 1802 Ses Reflexionsd'un solitaire ne furent pas publiées de son vivant Retire aMontmorency, dans l'hermitage de Jean-Jacques Rousseau, ils'y eteint le 24 septembre 1813 II repose au Pere-Lachaise, nonlom de l'une de ses interprètes, Louise Dugazon, maîs son coeur

En disquesGretry n'a jamais été très gâté par le disque et la plupart des enregistrements d'opéras portent leur âge.

En attendant que les éditeurs des nouveaux baroqueux s'intéressent enfin à son oeuvre

CDLAmant jaloux Mesple, Brewer, Bastm,Burles, Perrière, Château Orchestrede chambre de la RTB, Doneux EmiLa Caravane du Caire Bastm, Ragon,Huttenlocher, Mey, Le Texier, Poulenard,Reyghere. Ricercar Academy, Minkowski.(+ extraits du Jugement de Midasdir Leonhardt) RicercarDenys le tyran Simone, Di Segni,Franceschetto, Donze/li OrchestreInternazionale d'Italia, Vizioli Nuova EraLa Jeunesse de Pierre le GrandFroleto, Emhorn, Le Chevalier, Freulon,Schmidt. Chœur de chambre de NamurOrchestre, Opdebeeck CascavelleLe Jugement de Midas- De vos, Schreurs, Dégel in, Clim, De Moor,

Moessen, Vandersteene, BaertFormation de chambre du Nouvel Orchestresymphomque de la RTBF, ZollmanMusique en Wallonie/Koch- E/wes, Van Der S/uis, Vanhecke,Gan, Bastm, Verschaeve La Petite Bande,Leonhardt (+ La Caravane du Caire).RicercarLucile Sternotte, Memma, De MoorSolistes de Liege, Koch DuchesnePanurge dans l'île des lanternesHaas, Sternotte, Gerard, Laurence, Segani,Bastm, Schreurs Orchestre de la RTB,Houtman Musique en WallonieRichard Cœur de Lion- Mesple, Burles, Trempont, Perners,Sternotte, Bost, Bastm Orchestrede chambre de la RTB, Doneux. Emi

- Edelmann, Zingerle, Pennichi, Bernard/,Pichler, Nicolmi Orchestre des Jeunesdu Conservatoire Claudio Monteverdide Bolzano, A/en Nuova EraZemire et Azor.- Mesple, Bufkens, Van Corp, Louis, Ortec,Simonka. Chœur de la RTG, Orchestrede chambre, Doneux (+ Cephale et ProcrisDanses villageoises Orchestre de Liège,Strauss) Emi 1974- Masque/m, Ganno, Leonard, Coquaz, Kelly,I/o//. Chœur et Orchestre de l'Opéra royalde Wallonie, Curtis Rodolphe Productions.Airs et ballets : extraits de Cephaleet Procris, Anacréon chez Polycrate,La Caravane du Caire, Les Deux Avares.Karthauser (soprano)Les Agrémens Van Waas Ricercar

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se trouve dans la statue qui se dresse a Liegedevant l'Opéra de Wallonie Sa maison natale estdésormais un museeL installation dans les murs précédemment occu-pes par Jean-Jacques est-elle seulement due auhasard ? Le philosophe était aussi compositeuret théoricien et ses conceptions esthétiques sontparentes de celles de Gretry Sensibilité et naturel en sont les maîtres mots et la melodie estsouveraine Avec Rousseau pour Pergolesi dont« le chant est un dessin pur qui suit la déclamalion », contre Rameau « On donnait Dardanui,de Rameau J étais a cote d un homme qui semourait de plaisir et je fus oblige de sortir parceque je mourais d ennui J ai découvert depuisdes beautés dans Dardanus maîs j avais alorsla tete trop pleine de la musique italienne et deses formes pour pouvoir me reculer tout a coupa la musique du siecle précèdent » Si scienceil y a elle ne doit pas trop se montrer « L abusde science est plus dangereux relativement a lamusique que tous les autres arts Osons le dire il est encorebeaucoup trop de ces savantasses en musique qui n aiment queles transitions harmoniques sans juger si elles sont amenées parle sens des paroles La science ne peut avoir qu une definitione est I etude de la nature des qu elle s en éloigne disons hardi-ment que cette science est abusive »N en déduisons pas pour autant que Gretry ignorait les stricteslois de I harmonie et du contrepoint Pas davantage qu il était

0 un orchestrateur indiffèrent - il ne se prive pas de souligner ce§ que peuvent dire les instruments qui accompagnent les voix£ La grace, la virtuosité, I invention mélodique, la justesse de la

déclamation toujours au service du sentiment et de I émo-tion chaque mesure tombée de sa mam en porte la marqueComposer oui maîs composer «vrai» «La verite est le sublimede tout ouvrage la mode ne peut rien contre elle Un brillantétourdi peut éclipser un instant le mente des habiles gens maîsbientôt en silence on rougit d avoir ete trompe et I on rend unnouvel hommage a la vente » A propos de Zemire et Azor leMercure de France louait « la musique délicieuse et toujoursvraie sentie et raisonnee elle révèle toutes les affections deI ame » Cette musique du sentiment, romantique avant I heuren a nen perdu de son charme M P

Trait d unionentre Rousseauet Gretrylermitagedu premier ouvécut le secondjusqu'à la fmde sa vie

Ne pas oublier l'air de la Fauvette de Zemireet Azor par Lily Pons (Sony) « Rose cherie »du même, par Maggie Teyte (VAI), « Je rompsla chaîne qui m engage » de L'Amant jalouxpar Sumi Jo (Decca) et « Tandis que toutsommeille » du même par Roberto Alagna (DG),tous ayant été ou étant disponibles en CDLes collectionneurs rechercheront « Je rompsla chaîne qui m engage > figurant dansl'album Emi « Mady Mesple un portrait »et plus encore le récital de ChristianeEda-Pierre consacre a Gretry et Philidor(Philips) dirige par Neville Marnner qu'Universaln a jamais trouve bon de rééditer (La FausseMagie, Anacreon chez Polycrate RichardCœur dè Lion, Cephale et Proces) Plus rareencore l'album de trois LP édité en 1980par l'Opéra royal de Wallonie < Monsieur

Gretry ou les memoires d un solitaire »,évocation musicale de la vie du compositeura travers des extraits de ses œuvresOuvertures et suites • Cephale et Procris,Le Jugement de Midas, L'Epreuvevillageoise, Le Tableau parlant, Le Huron,Lucile, Silvam, L'Amitié a l'épreuve,L'Ami de la maison, Zemire et Azor,Le Magnifique, Guillaume Tell Orchestrede Bretagne, Stefan Sanderlmg ASVDans un programme de < GrandesOuvertures françaises » (Auber, Adam,Cherubini, Méhul ), Kurt Redel et I Orchestrede la Radio de Munich avaient gravéLs Magnifique Pierre VeranyMotet « Confitebor » Durand AuvityOxley, Buet Chœur de chambre de Namur,Les Elemens, Malgoire K 617

6 Quatuors op 3Quatuor Thaïs Musica FidaQuatuor Via Nova Pierre VeranyConcerto pour flûte.Jan De W/nne (flûte)Les Agremens, Van Waas RicercarOnt existé également des gravuresde Jean-Pierre Rampai et Michel Debost

DVDPierre le Grand Mironov, VoznessenkayaGalin, Davidov Chœur et Orchestrecfe l'Helikon Opera Stadler ArthausLa Petite Musique de Marie-AntoinetteŒuvres de Gossec et GretryKarthauser, Pruvot Les Agremens,Van Waas Armide

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Mémoires d'avenirEn 1789, Grétry publie ses Mémoires, ou essais sur la musique, texte élargi et considérablement remanié

huit ans plus tard sous le Directoire. Il ne s'agit pas seulement d'un passage en revue spirituel de la tren-

taine d'opéras et opéras-comiques alors à son catalogue, maîs tout simplement d'un des ouvrages

les plus importants jamais écrits par un musicien. Esthétique, technique, pédagogie, architecture, passé,

présent et avenir : l'aimable Grétry voyait grand. Extraits.

M É M O I R E S

E S S A I S

S U R L A M U S I Q U E

Par Ic C"1 G R É T R Y ,

M F M B R E de I Institut national de France,inspecteur du Conservatoire de Musique, dcI Academie des Philharmoniques«fe la Société d émulation de Lieg

COMMENT JE COMPOSEDans le premier des trois volumes, l'auteur donne les clefsde son art, distinguant avec soin musique d'église et musiquede théâtre Rappelons que dans Richard Cœur de Lion, Grétryinventa en quelque sorte le leitmotiv..Au theâtre il faut l'expression exacte de la situation et des paroles,parce qu'elles ont un sens détermine, et que l'expression vraie dela musique fortifie la situation, et fait entendre les paroles même atravers les accompagnements Voici ce que j'observe, autant qu'ilm'est possible, dans mes compositions théâtrales je commencepresque toujours chaque morceau par un chant déclame, afinqu'ayant un rapport plus intime avec le drame, le début s'imprimedans la tête des auditeurs Je déclame de même tout ce qui consti-

tue le caractère du personnage j'abandonne auchant tout ce qui n'est qu'agrément ou arrondis-sement de la phrase poétique, la melodie nuiraitaux mots techniques, elle embellit tout Ie resteSi un mot a besoin d'être entendu pour l'intelli-gence de la phrase, que ce soit une bonne notequi le porte Si vous établissez un forte d'une ouplusieurs mesures dans votre orchestre, que cesoit sur des paroles déjà entendues, car un motnécessaire, perdu dans l'orchestre, peut déroberentierement le sens d'un morceau

T O M E P R E M I E R .

7̂̂ : LA NOSTALGIE PORTE BONHEURIJTV.r™ Evoquant son a drame en trois actes »

Aucassin et Nicolette (1779), l'auteur conju-i s, gué le passé au présent Ne voit-on pas déjà" ** 'l * " * " *• la Comtesse de Pouchkine et Tchaikovskifre-1 v donner Grétry dans La Dame de pique ?

Bien des gens trouvent dans les mœurs denos aïeux je ne sais quoi de religieux, qui lestransporte dans ces siècles ou régnaient fran-

chement les préjuges, les vices et les vertus Ceux-là aiment singu-lièrement la piece et la musique à" Aucassin et Nicolette, d'autress'y ennuient, parce qu'ils n'ont pas ces sentiments, ils sont tout aeux et a leur siecle, ils ignorent que les tendres regrets du passeconstituent le bonheur present, presque autant que l'espoir d'undoux avenir L'ouverture d!'Aucassin doit reculer d'un siecle sesauditeurs Dans le courant de l'ouvrage, je n'ai pas cherche amettre partout les chants antiques, ou les vieilles modulations quenous ont transmis l'ancien opera français et la musique d'église,maîs j'ai mis en opposition l'antique avec le moderne, ce quidonne plus de saillant a la composition generale

VIVE L'IMPROVISATION !Bien avant la dictature du répertoire, l'auteur condamne la réi-tération ad nauseam des classiques favoris et, dans ce chapitredu troisieme volume intitule « De l'imagination », annoncel'errance romantique.Improviser sur un instrument complet, tel que le piano, la harpe,etc, est une source de bonheur pour les imaginations vives il y a,je le sais, du plaisir a exécuter la musique des bons auteurs, maîsil est impossible de se complaire a repeter souvent la meilleuresonate car, de même que l'on rougit en societe de raconter deuxfois la même chose devant les mêmes personnes, on a une sortede honte a reproduire les mêmes morceaux de musique Combienau contraire il y a de ressources a improviser i La modestie d'unejeune femme, d'une demoiselle, n'est jamais compromise en nousdéveloppant son âme tout entière dans le langage de la melodieQuel heureux expédient de la pudeur, d'oser dire avec des sonsce qu'a peine le coeur ose avouer iUne douce melodie, une simple narration musicale faite sur-le-champ doivent avoir le charme de la conversation elles pré-sentent comme elle des traits vifs, des saillies dont un discoursapprête n'est pas susceptible Le langage musical est sans douteplus métaphysique que le langage ordinaire, maîs c'est un charmede plus pour l'exécutant et pour l'auditoire d'errer dans une doucerêvene qui repose les organes des sens, trop souvent assujettis pardes idees fixes d'ailleurs, échapper a la contrainte, aux sottisesde nos societes, en divaguant sur un clavier au gré de tous sesdésirs, est un bonheur pour une âme libre et sensible

LE THÉÂTRE IDÉALDans ses Mémoires, Grétry ne se contente pas d'évoquerle passe II se tourne aussi vers l'avenir Voyez sa descriptionde l'Opéra idéal (Livre IV. « Des institutions politiques, consi-dérées dans leurs rapports avec l'Art musical ») rédigée unsiecle avant . Bayreuth.Projet d'un nouveau theâtre De la construction de la SalleJe voudrais que la salle fût petite, et contenant tout au plus millepersonnes, qu'il n'y eût qu'une sorte de place partout, point deloges, ni petites, ni grandes, ces réduits ne servent qu'a favoriserla médisance ou pis encore Je voudrais que l'orchestre fût voileet qu'on n'aperçût ni les musiciens, ni les lumieres des pupitresdu côte des spectateurs L'effet en serait magique, et l'on sait quedans tous les cas, jamais l'orchestre n'est cense y être Un muren pierres dures est, je croîs, nécessaire pour séparer l'orchestredu theâtre, afin que le son repercute dans la salle Je voudraisune salle circulaire, toute en gradins, chaque place commode,

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et séparée par de légères lignes de démarcation d'un poucede saillie comme dans les theâtres de Rome Apres I orchestredes musiciens des gradins formeraient un seul amphitheatrecirculaire toujours ascendant et nen au-dessus que quèlquestrophees peints a fresque Je voudrais que tout dans la salle futpeint en brun et d une seule couleur excepte les trophees ainsiles femmes seraient jolies et la scene éclatante

L'ART D'ORCHESTRERDémode par Gossec et Mehul, notamment parce que le pu-blic aime de plus en plus les grands effets d'orchestre, Gretryregrette le temps ou l'instrument, a l'opéra, servait a exprimer,non a sonoriserLes effets prodigieux que faisait la musique sur les anciensprovenaient sans doute de la difference marquée des modesdes tons des modulations et surtout du rythme qu on employaitscrupuleusement pour chaque genre, maîs aujourd'hui, le luxerègne partout J'ai parle ci devant d une sorte de regime auquelle musicien compositeur doit s astreindre pour ne pas se de-goûter de son art qu il doit aimer et qu'il doit pratiquer toujoursavec un nouveau plaisir Ce n'est pai de ce regime dont il est apresent question, e est d user avec sobnete des richesses des

° instruments et des effets d harmonie dont nous abusons c'estg peut être de la qu est nee cette satiété cette difficulté de plaireï aux auditeurs en effet des l'ouverture d'un opera, et dans

presque tous les morceaux de force, on introduit timbales, trom-pettes, cors, hautbois clarinettes flûtes, petites flûtes, bassons,violes [altos, ndr] basses et violons , tout enfin a ete employe,et des qu une occasion favorable demande essentiellement unde ces instruments, I effet qu il devrait produire n'est plus aussisensible a beaucoup près que s'il n avait pas éte entendu, maîstel est le préjuge L'on dirait qu une ouverture est maigre si onn y plaçait la plus forte partie des instruments qui composentl'orchestre Cependant, j'aurai le courage quelque jour, d userdu regime qui me semble nécessaire et qu'on adoptera sansdoute, lorsqu'on en aura reconnu les bons effets Je veux direque I ° les timbales et trompettes ne doivent ètre employeesque dans des sujets héroïques , et quèlques sons suffiraientdans l'ouverture, afin de ne point rassasier tout d'un coup lesoreilles des spectateurs,2 ° Les violons les violes et les basses, doivent être regardescomme l'accompagnement general de tout ouvrage en musiqueet fallût-il laisser en repos tous les instruments a vent pendantun acte entier, je n en ferais entendre aucun Maîs des que l'oc-casion arrivera ou ils seront d'absolue nécessite, on sentira lefruit de ce regime et l'applaudissement de la salle consolera lecompositeur de ses epargnes Alors, étant arrive vers la fm dudrame si quelque mouvement violent dans son action indiqueau compositeur qu'il faut tout employer pour produire un effetternble, c'est alors que déployant toutes les facultés de son or-chestre, il fera trembler ses auditeurs étonnes d'un effet qu ils

Le Siecle desLumieres finissant,fes artistesinventèrent unecite idéale a touségards moderneIci un projet detheâtre dessinepar l'architecteFrançois Verly.

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ne connaissaient pas, et qu'ils ne soupçonnaient pas être dansl'orchestre. Soyons de bonne foi, nos tragédies en musique n'ont-elles pas produit presque tout leur effet musical après le premieracte ? Et, si l'action du drame ne nous attachait aux actes suivants,peut-être le dégoût s'emparerait-il des auditeurs, au point qu'ilsdésireraient de ne plus rien entendre.

HARO SUR LE CHEF D'ORCHESTRE!Le « batteur de mesure » querellé par Rousseau n'est pas plussympathique à Grétry qui l'attaque clès le premier chapitre.ll n'est pas indifférent qu'un maître de musique, c'est-à-dire,celui qui bat la mesure, soit aimé des musiciens qui exécutentsous lui. Le moindre geste, le plus petit coup de son bâton oude son pied, est saisi par tout le monde: c'est un fluide qui secommunique dans tous les coins d'un orchestre, quelque grandqu'il soit; mais je ne connais rien de plus sot qu'un batteur de

D mesure qui n'inspire pas de confiance : il frappe, il s'agite et neg produit rien. Une autre fois, il fait le signe pour commencer, il£ frappe majestueusement : mais les musiciens rebelles se sont

donné le mot, et personne ne commence... Il reste tout étonné,et il voit que son bâton de mesure, sans le secours des exécu-tants, est un instrument de fort peu d'effet. Excepté dans lesgrands chœurs, où je le crois nécessaire au théâtre, il nuit à labonne exécution, et voici pourquoi : chaque musicien est obligéd'avoir l'œil sur l'acteur chantant ; c'est la seule manière de bienaccompagner : il en est dispensé quand on lui frappe chaquemesure ; car il ne peut et ne doit pas suivre deux personnesà la fois. D'ailleurs, l'expression entraîne hors de mesure toutrécitant, soit vocal ou instrumental', malheur à celui que ce dé-faut ne surprend jamais.Il est donc clair que les symphonistes deviennent froids et indif-férents, quand ils ne suivent pas directement l'acteur ; le bâtonqui les dirige les humilie, leur ête l'émulation naturelle à touthomme qui, pouvant obéir à son principal guide, se voit contraintde suivre la loi d'un tiers.

TOUT POUR LE CHANTEncore une victoire de Rousseau attestée par Grétry : l'en-chantement de la musique ne repose pas sur les accordsmais sur la mélodie.J'ai dit quelque part qu'un accord se trouve par un procédéde l'art, mais que nous ne connaissions pas de procédé pourcréer un trait de chant. L'homme qui possède le talent de fairedes chants heureux, pourrait cependant former, dans cet artenchanteur, un élève déjà favorisé de la nature. Examinons uninstant cette partie, la plus délicate de l'art musical, et qu'on n'ajusqu'à présent enseignée que respectivement à l'harmonie ; caron apprend bien à l'élève à faire charter entre elles les partiesqui constituent le contrepoint ou la fugue ; mais ici il n'est pointquestion d'harmonie, il s'agit d'accoutumer l'élève à choisir dansquèlques notes de la gamme, celles qui auront le plus de char-mes dans leurs combinaisons, pour former un chant à voix seule.Ce chant heureux sera sans doute susceptible d'une basse, ou deplus ou moins d'harmonie de remplissage ; mais c'est d'abord àce chant seul qu'il faut tout sacrifier.

Fragments de l'édition de 1797 choisis,mis en forme et présentés par Ivan A. Alexandre

Devant l'Opérade Liège se dressela statue de Grétryoù reposeà présent... le cœurdu musicien.

Rendez-vous• Grandes Journées Grétry. Centrede musique baroque de Versailles,du 4 octobre au 21 novembre.• Andromaque. Van Wanroij,Wesseling, Guèze, Christoyannis,Le Concert Spirituel, Niquet.Paris, Théâtre des Champs-Elysées,le 18 octobre.• L'Amant jaloux. Léger, Debono,Fallot, Antoun, Billier, Le Cercle del'Harmonie, Rhorer. Versailles, OpéraRoyal, du 10 au 15 novembre. Paris,Opéra-Comique, du 15 au 21 mars.• Céphale et Procris.Pruvot, Velletaz, Tauran, Cals,Les Agrémens, Van Waas. Liège,

Salle philharmonique, le 22 novembre.• Zémire et Azor. Poul, Ghilardi,Lemaire, Glaie, Novelli, Marzorati.Ensemble Lunaisiens, Novelliet Marzorati. Herblay, Théâtre RogerBarat, le 17 octobre (Festival baroquede Pontoise). Paris, Opéra-Comique,les 16 et 18 mars. Fosses, EspaceGerminal, tes 6 et 7 mai.• La Fausse magie.Philippe, Panzarella, Vidal, Gautier,Buet, Les Paladins, Corréas.Metz, Opéra-Théâtre, les 5 et 7 mars.Reims, Grand-Théâtre, le 12 mars.Rennes, Opéra, du 20 au 22 mars.

MP.

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23 SEPT 09Hebdomadaire Paris

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BONHEURS ET MALHEURSDU MODESTE GRÉTRYChâteau et Opéra royal dè Versailles(78), ICE (VIIf) Dates : du 25 septau3dec Places.4a85€Loc.-OI 3920 7800

CLASSIQUE II est des artistesqui portent bien leur nom AndreErnest Modeste Grétry fait partiede ces icones de la musiqueque I histoire auréola, sans leurconsentement, d un halo certaind humilité Adule par les unschercheurs passionnes quipréservent sa musique avec jalousiecomme la noblesse jadisses privilèges, ignore - pour ne pasdire oublie- par les autres < Grétryest principalement connu commefavori de Marie-AntoinetteDans I imagination populairecela donne Trianon, moutonset petits rubans roses », expliqueHerve Burckel de Tell, directeurdu Centre de musique baroquede Versailles « En réalité, c'estun personnage clef Son syncrétismemusical fait le lien entre la grandetragédie lyrique a la Française etl'opéra comique naissant qui allaitirriguer tout le romantismefrançais » Si le patron du CMBVs'emballe al évocationde I infortune Grétry e estqu il en connaît l'art sûr le boutdes doigts Et pour causela vénérable institution dont

il a la charge s'apprête a célébrersa musique lors de ses GrandesJournees du 4 octobre au21 novembre Parce que « e est notremission que de réhabiliterun compositeur qui, en son temps,fut le Français le plus jouéau monde > Et sans doute aussiparce que cette tete bien faite a vu,dans I homme de theatre Grétry(trente operas comiquesa son actif), I occasion de propulserle CMBV sur le devant de la sceneoperatique < En vingt ans le Centre

C'est l'Amérique !Si les Grandes Journées consacréesa un unique compositeursont le cœur de la programmationd'automne du CMBV, celles-ci sontencadrées par des Fêtes baroquesqui permettent d en élargirle spectre Le coup d'envoi seradonne le 25 septembre par le BostonEarly Music Festival Orchestra(pour la premiere fois en France)dans un programme Lu Hy Rameau.L'occasion de rappeler combienles Anglo-Saxons sont férusde musique francaise Et de rendrea César ce qui lui appartient lepremier fait d arme de Grétry a Pans,son opera Le Huron, n'etait-il pasun clin d'oeil a la lointaine Amerique ?

a fait un formidable travailsur la musique sacrée Elargir nosactivites aux arts de la scene repondaune analyse qui nous est propre »Et force est de reconnaître que côtescene, le CMBV se donne cetteannee les moyens Pour preuvela récréation inattendue en concertA'Andromaque au Theâtre desChamps Elysees, par Herve Nique!et son Concert spirituel (le 18 oct ),qui illustre le pan le plus méconnudeGretry sa contributiondans le domaine de la tragédielyrique Suivront L Amant jalouxa I Opera royal de Versailles - toutjuste rouvert-, parjeremie Rhoreret le Cercle de I harmonie(du lû au 15 nov repnseà I Opera Comique en mars), pourlequel ont ete restitues des decorshistoriques sous forme de toilespeintes EtleballetOp/MfeetProcris encore a I Opera royal maîscette fois en concert, par le Choeurde chambre de Namur (le 21 nov )

FAUT-IL Y ALLER ? Oui, car si la scènetient le haut de l'affiche à l'Opéra royal(que le Centre aurait bien vu tomberdans son escarcelle), les grandsconcerts sont encore de mise concertd'Astree le 4 octobre, Alain Planés le 10,ou encore Frédéric Desenclos avec lespages de la maîtrise le 2l novembre

THIERRY HILLERITEAU

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ÉVÉNEMENT Grétry mi de Versailles

rA "P Vif ISSU TF1K5IDWJj.» Ji. ML «HsiiSlIl.s

GRETFnrROI DEVERSAILLES

Lancées le 29 septembre, les «Grandes Journées Grétry», organisées par le Centre deMusique Baroque de Versailles, connaîtront km apogée entre le 18 octobre et le 21novembre, avec successivement Anànmaque, L'Amant jaloux etCéphale et Proam.Opéra Magazine a demande à Benoît Dratwicki, directeur artistique du CMBV, et àHervé Niquet, qui dirigera Andromaque, d'évoquer l'un des plus célèbres compositeursde la deuxième moitié du XVIIIe siècle, né le ll février 1741 et mort le 24 septembre1813, liégeois d'origine mais français d'adoption.

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Diplôme en histoire de la musique,esthetique et musicologie.Directeur artistique du Centre deMusique Baroque de Versailles etdu Palazzetto Bru Zane-Centre

de Musique Romantique Françaisede Ven i se,

BENOIT DRATWICKI«LUNDES MUSICIENS LES PLUS IMPORTANTS DURÈGNE DE LOUIS XVI ET L'UN DES DEUX GRANDSFA VO RIS DE MARIE-ANTOINETTE»

On fêtera dans quatre ans le bicentenairede la disparition d'André Modeste Grétry.Pourquoi avoir devancé cette célébration ?En général, le CMBV (Centre de MusiqueBaroque de Versailles) ne choisit pas les thè-mes dè ses « Grandes Journées » en fonctiondes anniversaires. En revanche, nous avonstrois exigences : faire alterner compositeursconnus ct moins connus ; représenter tous lesgenres (opéra, musique instrumentale...) ; etillustrer les deux siècles qui nous intéressent.À cela s'ajoute la possibilité d'effectuer untravail éditorial moderne pour des parutionsqui, bien souvent, n'ont plus été données de-puis leur création ; c'est le cas iïAndromaque.Avec Grétry, nous nous situons à l'extrémitéde notre «zone d'intervention », mais il a étél'un des musiciens les plus importants du rè-gne de Louis XVI, et avec Gluck, l'un dcsdeux grands favoris de Marie-Antoinette, cequi justifie qu'on lui consacre des «GrandesJournées». Notre démarche a trouvé un échochez Jérôme Deschamps qui, depuis qu'il di-rige l'Opéra-Comique, a toujours dit son in-térêt pour les ouvrages français du XVIIIe siè-cle, d'où la coproduction de L'Amant jaloux qui,après Versailles, sera proposé à la Salle Favartentre le 15 et le 21 mars 2010.

Grétry est liégeois d'origine. Comments'est-il retrouvé parmi les maîtresparisiens les plus reconnus ?Cela s'est fait en deux étapes. Il n'est pas venudirectement en France. La principauté dcLiège, comme de nombreux autres Etats, étaitalors marquée par un grand engouement pourla musique italienne. La carrière de Grétrycommence donc à Rome : il y découvre lamusique de Pergolesi, pour laquelle il éprouved'emblée la plus vive attirance. Ce sera pourlui comme une révélation. Ge n'est qu'aprèsplusieurs années passées dans la Péninsule qu'ilarrive à Paris, à l'époque la capitale musicalede l'Europe. Notez que beaucoup de grands

compositeurs du XVIII' siècle oni achevé leurcarrière en France : Johann Christian Bach, quiy a écrit son dernier opéra. Cambini, Sacchini,Cherubini... Après son séjour parisien, Gluckretournera en Autriche mais ne composeraplus. Et Leopold Mozart aurait bien aimé queson fils s'y fixât et supplantât Grétry ! Quandil débarque à Paris, Grétry est muni de la re-commandation dc Voltaire, alors installe àFerney, qui lui donne le livret du Huron (1768).C'est la fin du règne de Louis XV et, dans ledomaine artistique, ime période de transitionoù Mme Du Barry conserve encore son pou-voir, alors que Marie-Antoinette commence àimposer le sien. La jeune princesse s'intéressetout de suite à ce compositeur dont les opéras-comiques correspondent parfaitement à la sen-sibilité, à l'art de vivre qu'elle entend promou-voir à Versailles, dès qu'elle sera reine.

Dans le même temps, elle promouvaitaussi Gluck, autrement sérieux.Comment cela s'explique-t-il ?Le goût dc Marie-^itomcttc — maîs aussidu public - pouvait se porter à la fois sur desouvrages nobles et tragiques, et sur d'autresplus légers. Il y aurait d'ailleurs beaucoup àdire sur le rapport entre Grétry et Gluck...

Précisément, vous allez donnerAndromaque (1780) au Théâtre desChamps-Elysées, le 18 octobre. Quelleplace cette «tragédie lyrique» tient-elledans l'œuvre de Grétry ?Cette redécouverte est de premièreimportance : on a tellement associé Grétryà l'opéra-comique ! Devismes, le directeurde l'Opéra, lui avait d'abord offert le livretA'Iphigéme en Taunde, avant dc finalement Icconfier à Gluck, tandis que Gossec héritait duThésée de Quinaiilt, dé]à traité par Lully. Grétry,en compensation, fut charge d'une Andromaque,adaptée par Louis-Guillaume Pitre d'après latragédie de Racine, ce qui montre bien qu'à

Grêiïy roi dc Versailles ÉVÉNEMENT

la fin des années 1770, l'opéra français, enplein néoclassicisme, ne se conçoit que dansun rapport de filiation admirative pour lesgrandes productions du règne de Louis XIV.Du point de vue de la technique musicale, ona souvent reproché à Grétry de manquer descience, cle ne s'intéresser qu'à la mélodie, audétriment du contrepoint et de l'harmonie. Laconstatation est juste pour ses opéras-comiques.Cela ne provenait pas d'un manque de science,mais d'une volonté clairement assumée : dansAndromaque, on le voit utiliser sans problème lesressources du contrepoint et de l'harmonie,puisque le sujet les réclame. Cette partition,extrêmement novatrice, semble ouvrir unevoie qui ne refera surface qu'avec Les Troyens dcBerlioz, trois quarts dè siècle plus tard.

Avec Céphale et Procris (1773), égalementprogramme dans le cadre de ces«Grandes Jour nées», le 21 novembre àl'Opéra Royal, Grétry s'inscrivait déjàdans une tradition ancienne...Le «ballet héroïque» Céphale et Piocm est an-térieur à Andronwque. Il a été créé à l'OpéraRoyal de Versailles, à l'occasion des noces ducomte d'Artois, dernier petit-fils de Louis XVavec Marie-Thérèse de Savoie. Déjà, trois ansplus tôt. le mariage du futur Louis XVI et deMarie-Antoinette avait été l'occasion d'unerétrospective des grands moments du théâtreet de l'opéra depuis Louis XIV, mais il s'agis-sait de reprises, alors que cette fois, les financespermettaient la production de plusieurs spec-tacles nouveaux, dont Céphale et Prems. Grétryest ainsi devenu un compositeur très en vue, aumême titre que ses grands aînés, Philidor ouGossec. Le «ballet héroïque», héritier de l'an-cien ballet de cour, est alors un genre un peudaté : c'est en 1735 que Rameau a proposé sesIndes galantes... Grétry en reprend le concepttraditionnel, marqué par les références my-thologiques de nombreuses danses. Mais lapartie chantée est très influencée par l'opéraitalien, dont on retrouve ici les formes princi-pales (récitatifs obligés utilisant une prosodie«naturelle», airs ornés, ensembles). Grétrytente aussi de caractériser ses personnages, an-ticipant sur les ouvrages français dc Gluck quel'on découvrira l'année suivante. La cour futvraisemblablement .surprise cle cette ambiguïtéfranco-italienne, et la réaction fut mitigée.

Quant à U Amant jaloux (1778), à l'affichede l'Opéra Royal entre le 10 et le 15novembre, sous la baguette de JérémieRhorer et dans une mise en scène dePierre-Emmanuel Rousseau, il estantérieur de huit ans aux Nozze di Figarode Mozart, et contemporain de sondernier séjour parisien. Peut-on établirdes parallèles entre les deux ouvrages ?L'Amant jaluux, comme de nombreux autresopéras-comiques du temps, pose un problèmede typologie des genres. C'est une «comédiemelee d'ariettes», ce qui signifie que lepublic percevait de tels spectacles comme despièces de théâtre parlé, avec de la musique.D'ailleurs, l'ouvrage a été créé à la Comédie-Italienne - ce que nous appelons aujourd'huirOpéra-Comique, institutionnalisé par

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Louis XVI en 1781 Au XVÏÏI siecle laformation des artistes était vraiment mixte laDugazon chantait Gretry avec autant de talentqu clic jouait Mam aux ' Par certains côtesde l'mtngue / Amant jaloux offre des situationsque Beaumarchais reprendra dans LÉ Mariagede Figaro maîs il manque lu la force de larevendication sociale des personnages La piecede Thomas d'Hele relevé d'un aimable «theatredc boulevard» dc l'époque, aussi éloigne deMam aux que de Beaumarchais Musicalementparlant I écriture des anettes se retere a unetradition différente de celle de I opera buffa Etmême si les finales des actes I et If! laissentprésager certains grands ensembles mozarUensil ne faudrait pas trop pousser la comparaison

Peut-on dire qu'au cours de sa carriere,Gretry a évolue ̂Je pense que I on peut distinguer trois penodesA partir de son arm ee a Fans en 1767 et pen-dant une dizaine d'années on pourrait qualifier son style de «postpergolesien», marquepar l'italianisme maîs aussi par la premieregeneration dcs opcras-comiques français, nesdans les theatres dc foire De 1778 a 1785 onentre dans la période de maturité Ce n'est pasune rupture absolue avec ce qui précède, maîsle style est plus abouti De mameie signifierave, c'est en 1778 qu il compose Les Trois Age;, del'opéra, ou il compare trois générations d operafrançais celle dc Lullv celle de Rameau etla sienne ee qui représente une remarqua-

ble prise de conscience de I evolution et dela filiation II livre aussi ses ouvrages les plusconnus L Amant jaloux ou Richard Cœur de LionA. partir dc 1785 le style évolue vers un tonplus sérieux marque par la sobnete de ll li-gne et le gout pour la grandeur C est d ailleursune marque commune des compositeuis deI epoque Gossec n > a pas échappe, et ce sel abientôt l'heure de Mehul et de Cherubini, quiouvrent la voie vers Ic XIX siecle ct l'cxprcs-sion romantique II est possible que Gretryse soit senti moins a I lise dans ce domaineD ailleurs, sous la Revolution malgre desouvrages « patriotiques » comme Denys k tyranou «pédagogiques» comme Pierre k Grand saproduction se raréfie II souhaitera de plus enplus se consacrer a I \ philosophie

En quoi cette philosophie consistait-elle ?

Gretry éprouvait une admiration sans bornespour Rousseau, au point de racheter I Ermitagede Montmorency ou I ecnvam avait vécu - etou il mourra lui-même Sa philosophie estdonc fondée sur le culte du naturel la critiquede l'artifice les nobles sentiments de devoir, desimplicité et de vertu

Ne pourrait-on pas le taxerd'opportunisme ' Apres avoir servila monarchie, il se montre un ardentrévolutionnaire !Au contraire de Gossec ou Mehul, Gretry arelativement peu cent pour la Révolution

Son attitude n'est pas comparable aveccelles de musiciens qui ont participe a lapolitique culturelle dc Vichy A la fin dcI' \ncicn Regime le statut social du compo-siteur s'est brutalement modifie II est passede la sujétion aux grandes familles anstocratiques a un statut d individu hbie Fouivivre, il lui fallait traiter avec tout comman-ditaire C'était moins un choix idéologiqueque la réponse d'un artisan qualifie a unecommande

Quelles difficultés cette musiquepose-t-elle aux chanteurs aujourd'hui '4 ce jour Gretry ct, plus gcncralcmcntI opéra-comique francais de cette epoqueest peu représente Cest dire que k s interprêtes ne sont guère habitues a pratiquer cestyle Ce qui ne facilite pas leur tache, e estI alternance du texte parle et du chant Celaexige d eux des competences différentes,alors qu ils ne sont plus formes a une telle discipline Pour autan I, si l'on accomplit un tra-vail en piofondeur, on peut parvenir a d'ex-cellents resultats Aujourd hui maîs e est unfait assez récent i une certaine hiérarchisationdcs genres musicaux s'est effacée Un artisten'hésite plus à se produire dans un opera, uneopérette ou en recital de mélodies ctttt souplesse a permis U ^naissance d Oflenbachpar exemple Dans nos productions, nous uti-lisons cette polyvalence

Propos recueillis par Jacques Bonnaure

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Formation de claveciniste

organste panisce chanteur

compositeur chef d orchestre etde choeur Cree I ensemble Le

Concert Spirituel en 1987 Travaille

régulièrement avec Angers Nantes

Opera et I Opera National de

Montpellier Dirigera Andromaquede Gretry au Theatre des Champs-

Elysées le 18 octobre

HERVE IMIQUET« UN EXCELLENT ARTISAN DU SPECTACLE LYRIQUE,QUI IMAGINAIT LES MEILLEURES SOLUTIONS SELONCE QU'IL AVAIT À FAIRE»

Pourquoi avoir choisi dè dirigerAndromaque ?Au depart, j ai hésite Ct u est \ rai que, de toutemaniere cc projet un peu fou n aurait pas ctcpossible sans le soutien du CMBV et de sonpartenaire, le Palazzetto Bru Zane de VernieCe qui a emporte ma decision, c'est la lecturedu texte Ce n'était pas un livret de «tragédieryrique» comme un autre, maîs bel et bienun excellent arrangement de la tragédie deRacine Louis Guillaume Pitra a évidemmentprocede a des coupuies , il a amené les cinqactes a trois et menage un rôle important auchœur, qui remplace les confidents de la piece ,il a introduit des developpements chorégraphi-ques maîs enfin, c'est ÎAndtomaque de Racinequ'il donne a Gretry pour qu'il la mette enmusique

N'est-ce pas la une curieuse demarche ?A l'époque, on se retourne volontiers vers lepasse On reprend le Thésée de Lully, et Gluckremet en musique le livret d'Arrmde conçupar Qiiinault, quatre-vingt dix ans aupara-vant, pour Lully Maîs lei Gretrv va plus lomen choisissant une tragédie conçue non pourl'opéra maîs pour le theâtre, et qui est toujours,plus d'un siècle apres sa creation 11667), dansla memoire de toute personne culm cè et tresbornent jouée par les Comediens-Fiançais

Maîs comment s'y prend-il pour traiterles alexandrins, et adapter les longuestirades raciniennes au chant ?On ne peut pas composer un opera de deuxheures avec un texte qui, dans sa forme origi-nelle, en durerait pres de trois Gretry résoutle problème de façon tres pragmatique et celane semble pas lui avoir cause trop de souci IIimagine un discours musical continu, sans in-

terruption À aucun moment on ne peut diresi ce que l'on entend est un récitatif, un /masoou un an , tout cela se mêle en fonction desexigences dramatiques Notez que Gluck, ala même epoque, passait pour un grand ré-formateur de l'opéra et on le considère tou-jours comme tel, alors que, dans son Iphigenie enTaunde, a peu pres contemporaine, il se montrebien moins audacieux que Gretry en respec-tant par exemple, la dichotomie récitatif/airDans Andromaque, tomme une sorte de i etoura la tragédie grecque, la moitié de l'ouvragecst confiée au chœur En plus, cc dernier n'apas, comme souvent alors dans l'opéra fran-çais, une fonction decorative, accompagnantles scènes de batailles ou de fètes II participeconstamment a l'action C'est vraisemblable-ment cet aspect AAndramuque qui a cause soninsuccès

Et l'orchestre ?Il cst assez important les flûtes, clarinettes,hautbois et bassons par deux, ainsi que lescors et les trompettes, plus trois trombones quisont la, un peu comme dans la scene du cime-tière de Don dot ami, pour creer une couleura certains moments, les timbales ct les cordesSurtout, l'orchestre est constamment employeau complet Jamais Gretry ne l'allège dans lesiccitatifs Lt, comme dans Iphigeme en Taunde,l'opéra commence par une Ouverture drama-tique qui débouche sans solution de continui-té, sur la premiere scene

Pensez-vous que Gretry ait euconscience d'avoir écrit là une œuvreparticulièrement moderne ?Non ce n était pas son problème II est évi-dent Qu'Andromaque ouvre dcs perspectivesqui seront exploitées beaucoup plus tard, no-

tamment chez Berkoz, maîs on ne peut par-ler d'influence directe, ne serait-ce que parceque la partition est restée inconnue jusqu'àaujourd'hui En revanche, c'était incontesta-blement un homme de metier un excellentartisan du spectacle lyrique, qui imaginait lesmeilleures solutions selon ce qu'il avait a taire

Pourtant, a l'époque, Gretry n'avait pasune experience particulière de la tragédie.Il était surtout reconnu comme unspecialiste de l'opera-comique...Précisément Et il cst beaucoup plus difficilede retenir l'attention du public dans le genrecomique que dans le tragique Dans la come-die, il faut que le spectacle avance sans traîner,dans la tragédie, la contemplation des beauxsentiments nobles peut autoriser certaines lon-gueurs Ici, Gretry a fait en sorte dc trouver lesmoyens pour que le flux musical emporte toutC'est assez rare

Parlons maintenant du chant. Cettemusique necessite-t-elle une typologie\ocale particulière ?Elle nécessite surtout une claire compré-hension de ce qu'est le chant d'école fran-çaise, et ce a toute epoque au XVIIe com-me au XX' siècle il faut que le texte passePersonnellement, je mc suis toujours passion-ne pour cet aspect de I opera français, depuismes débuts comme pianiste-chef dc chantau Palais Garnier Si vous écoutez de vieuxfilms ou des eniegistiements d'acteurs dupasse, Arletty ou Sacha Guitry par exemple,ou encore si vous allez sur un marche enten-dre les ens des marchands de legumes, vousremarquerez que pour bien faire passer letexte, dans le discours parle comme chante, ilfaut placer l'émission assez haut dans la têteAvec cette technique, sans vous épuiser, vouspouvez projeter votre voix sans problèmeau-dessus d'un orchestre C'est ce que je tra-vaille avant tout a\ec les chanteurs, qui sontd'abord un peu surpris, car cela change leurshabitudes Puis, quand ils constatent les bienfaits de cette methode, ils peuvent I utiliser Jepense d'ailleurs qu'une evolution Vest faitesut ce point, et qu'a l'opeia, l'on prononcemieux Ic français aujourd'hui qu'il > a quèl-ques annees

Avec toutes ses qualites, comment Gretry

a-t-il pu être oublie si longtemps °ll ne l'était pas tout a fait Ln Belgique, il atoujours ete un monument national Maîs,en dehors de quèlques musiciens au statutquasi divin comme Bach ct Mozart, de quèl-ques autres emblématiques - maîs longtempsmal connus et peu joues tomme Lullv ouRameau, de tres nombreux compositeurs degrand talent ont ctc oublies Ils ont parfoissouffert de circonstances défavorables, parexemple de n avoir pas ete édites (voyez Marc-Antoine Charpentier), ou tout simplement duchangement des modes L'opera-comique duXIXe siecle a fait oublier Gretry, et d'autres deses contempoiains Le temps est injuste avecbeaucoup de créateurs

Propos recueillis par Jacques Bonnaure

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GRETRY ET LE DISQUEPREMIERE APPROCHEPour une introduction a la musique de Gretry, on ne saurait lioprecommander I album Gierry Am& Ballets ou Sophie Karthauser,récente Dia d'Idomemo au Festivald'Aix en Provence, interprète desextraits de Cephale et Procris Ijes DeuxAi ares inaaeon chœz Polyaale et LaCaravane du Caire avec I ensembleLes Agremens, dirige par Guv \an

d ailleurs quelle virtuosité on exi-geait des chanteuses-comédiennes(I CD Ricercar RIC 234) Cetteparution ne doit pas faire oubberune lacune cnante de la discogia-phic dc Crefr) en compact le re-cital de Christiane Eda-Pierre - 4md'opeias comiques Gretry & Pfnhdorav ec I Academy of St Martin rn dieFields dirigée par Neville Mamnern a jamais ete réédite par Philips

Waas L intérêt réside évidemmentdans la diversite des partitions pré-sentées, maîs aussi dans la concep-tion même de I orchestre, que I onsent a la fois proche dc la musiquepopulaire et de la musique françaisede cour Gretry est ainsi débar-rasse de toute suavité de boudoirSophie Karthauser est absolumentdélicieuse le charme incarne Etelle possède k bagage technique ctstylistique nécessaire pour affronterles airs a \ocalises, qui montrent

Un jour peut etrePoui s en tenir a la musique svm-phomque tree des operas, StefanSanderbng et I Orchestre deBretagne en brossent un tableauv âne Çzafrç ile dantes ^emire etAçprCepliale ri Procns & Otuieitum (Le

Jugement de \lidas L'Epjeiwe nllageoise,Le labbau parlant, Le Hwm, Luale,Sikam, l'Amihe a lepreuie L'Ami de lamaison, lt Mag/nfique, Guillaume TellLes instruments iie sont pas « d epo-que» et les orchestrations parfois

«modernisées» maîs [interprétadon piend ni compte les apportsstylistiques récents pour la dynami-que, les phrases et les tanpi (I CDASVDCA1095)

ZEMIRE ETAZOR^emire et 4y>i «comcdic-ballct»créée a Fontainebleau en 1771, ap-partient a la premiere generationdes opéras-comiques de Gretry SVmêlent, malles du célèbre contede La Belle et la Bête des thèmesbourgeois (I amour de la famille lesaléas du commeice et un certainfantastique (le monstre amoureuxfinalement transforme en princecharmant i Enregistrée en 1974,l'intégrale FMI inaugura la sénéréalisée par la REB, sous la directiond Edgar Doncux I e style pourraparaitre aujourd Iim dépasse par lesevolutions dc l'interprétation sansparler de h ngueur philologique (lesdialogues parles ont ete remplacespar des récitatifs d un certain LouisMartin L orchestre, uniioi mementmonotone et galant produit a lalongue un effet penible de confiséné trop sucrée Reste que MadvMesple a l'époque incontournabledans I opera comique français e-,1parfaitement a son aise en parti-culier dans l'air «de h fauvette»iiieme si au contraire de ce que I onpourrait attendre, la prononciationii est pas son fort Le reste de la distnbuuon (Roland Bufkens Jean v anCorp, Jean Claude Orkac est sim-plement correct maîs I ensemblereste homogène En complementles Danses villagemses, suite réaliséepar Gevaert d apres les parties dan-sées de di\ ers operas de Gretrv ain-si que les ballets de Cepliak et Pmusous la baguette de Paul Straussdans une perspective symphoraquttres «XK'» (2 CD EM! Classics5 7o290 2)Cette version demeure préférablea celle de 1988 réalisée a LiegeMartine Masqnelin Gerard Gannoet Albert Voli avec les Chœurs elI Orchestre dc I Opera Royal dcWallonie, sous U direction d'AlanCuras 12 CD Rodolphe RPG32 Ï2V26)

L'AMANT JALOUXL4manl jaloux «comedie meleed anettes»creeeaVersaillesen 1778,se rattache plutôt au di ame bourgeois avec un bmi de romanesqueDans I integrale PMI dc 1975, onreuouve Edgar Dotieux et les forcesdc la RTE ainsi que Mady Mesple

avec son style propre ses qualiteset ses brutes Damele Perners quichante le bci air « O douce niât» ap-partient a la même ecole Si BruceBrev-er manque un peu d éléganceCharles Burles I exact équivalentstvlistique de Mesple et I excellentJules Basan dorment bien du reliefa lensemble 12 CD fcJVII Classics5 75263 2l

RICHARD CŒUR DE LIONTroisieme réalisation d EdgarDoneux 1977 Richard C œut de Lion,cree a Pans en 17 84 est viaisem-blablemcnt Ic plus cclcbrc dcs ope-ras comiques de Gretry d un style«troubadour» qui fleurira jusqu'àl'époque romantique C'est aussi uncles pi emiei s operas historiques bienque I Histonc v soit franchementmalmenée II contient quelques-unsdcs airs les plus célèbres dc Gretry etde tout le XVIII siecle «O Ruhard,o mon im», «Je aams de lm pmler hmat» (que Tchaikovski citeia dansLa Daim dépique), « Lfnejieure brûlante»et « Si l'unneis entia m'oublie » (dontla renommée sera grande parmiles ténors Cesai Vezzani I enregis-trera peu avant la Gl aude Guerre)On y retrouve Mady Mesple enLaurette créée pai la Dugazon etCharles Bulles (peut etre un peuleger pour Richard), avec MichelTrcmpont excellent Blondcl Onpeut cependant s étonner que cerôle normalement dévolu a un te-nor leger et gracieux soit ici chantepai em solide barvton, ce qui est uncontresens stylistique Couplageavec Le Deon du uiloge de Rousseaudans une version nes policée de1956 forcement bien chantée ce-pendant Janine Micheau NieolaiGedda et Michel Roux soui la di-lecnoii de Louis de Froment 2 CDFMI Classics 5 75266 2II existe un autre enregistrementréalise a Bolzano en 1990 sous ladirection de Pablo Nen, avec deschantcm s dc second ordre a la pro-nonciation défectueuse ct au styleincertain Mannella PenniccliiHuben Zingerlc et PcterEdelmannOn ne le recommandeia pas (2 CDNuova Era 7157/58

DENYS LETYRANCet opera «patriotique» cree aFans en 1794, n'est malheureuse-ment connu qu'a travers une edi-tion captée sm le vif en 1989, soush baguette dc Stcfkno Vizioli avecdes interprètes n avant qu'une laible idée du style adéquat Bruno de

Page 14: André-Modeste Grétry

8 RUE SAINT AUGUSTIN75002 PARIS - 01 70 75 37 60

OCT 09Mensuel

Surface approx. (cm²) : 2854

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NAMUR8855741200507/GAW/MJP/2

Eléments de recherche : LES AGREMENS : orchestre de Namur (Belgique), toutes citations

Simone, Claudia Di Segru, RomanoFranceschetto et Stefama Donzclli^1 CD Nuova Era 6850)

LE JUGEMENT DE MIDASC'est avec Le Jugement de Midas, creea Pans en 1778, que I amateur a eua sa disposition, en 1980, le premiertemoignage d'une interprétationde Gretry davantage conformeaux canons «baroques», grâce aun disque d'extraits enregistre dansle cadre de concerts donnes a laRadio de Cologne L'ouvrage estdrôle et tres intéressant, car le com-positeur v confronte les musiquesde vaudeville a celles de la tragédielyrique sans donner la preferencea l'tint d'elles Sur le plan théâtral,il mêle intrigue villageoise rt intrigue mythologique Apollon semétamorphose en berger Alexis 'Accompagnée par La Pente Bandeet Gustav Lconhardt, la distributionest homogène, stvlistiquement parfaite et bien adaptée au caractère del'œuvre John Elwcs, Mickc van dcrSims, Françoise Vanhecke, MichelVerschaeve et Jules Bas tin (I CDRicercarRIC063033)Cette edition surclasse la precedente, également en extraits et datée de1976, dirigée par Ronald Zollman,avec la formation de chambre duNouvel Orchestre Svmphoniquede la RTBF, et une equipe de chan-teurs emmenée par Louis Devos etBernadette Dcgclin fl CD RochSchwann 3-1090 2i

LA CARAVANE DU CAIREPour cet ouvrage orientaliste, creea Fontainebleau en 1783, soit deuxans apres Die Entfithrung ans danSeteo!, et qui se réfère aux mêmesressorts théâtraux, Marc Mmkowskia reuni, en 1991 des solistes stylisnquement tres corrects, maîs un peuhétérogènes II y a les généralistesJules Bastin, Philippe HuttenlocherVincent Le Texieri et les «baro-queux » le ti es leger et subnl GillesRagon dont on n'imaginait pas aI epoque qu ll chanterait un jourHofimann et Tannhauser, IsabellePoulenard et Guy de Mey (ces deuxderniers tout de même un peu me-nus) Le chef, quant a lm, est pluspetillant que jamais L'Ouverturedevient même un veritable concertopour grosse caisse ' (2 CD RicercarRIC 100084/085) Signalons quecette version a ete couplée, dans saréédition la plus récente, avec les ex-traits du Jugement de Muk& susmen-tionné

PIERRE LE GRANDOn sait que le futur tsar Pierre I"le Grand (1672 17251 avait voyageen Europe dans sa jeunesse et que,

passionne de manne, il avait tra-vaille incognito sur dcs chantiersnavals II avait en outre épouse unesimple pavsanne, la future impe-ratnce Catherine I ' II n'en fallaitpas plus, au début de la Revolution,pour imaginer que c'était la le mo-narque modele, proche du peuple,bien entoure (le personnage duSuisse Francois Lefort est un hom-mage appuyé a Necker, et Pierrereprésente ce que Louis XVI de-vrait devenir ) La s'arrête la ventehistonque car Pierre le (stand, creea Pans en 1790, n'est finalementnen d'autre qu un opéra-comiqueavec airs gaillards et bons sennments II serait en outre impossibleaujourd'hui de monter un ouvragede plus de quatre heures au conte-nu assez minceDans sa production du TheâtreImpenal de Compiegne en 2001Pierre Jourdan avait choisi dc trans-poser l'action sous la Revolutionimaginant qu'une troupe de comé-diens ambulants donnait au bonpeuple des représentations «péda-gogiques» Cette version dingeepar Olivier Opdcbccck, a fait l'ob-jet dim enregistrement audio Ladistribution est satisfaisante, mêmesi aucun des chanteurs pnncipauxlChnstophe Einhorn, Anne-SophieSchmidt, Philippe Le Chevalier i nefait preuve d'une personnalité vocale marquante I CD CascaveUeVEL 3062On se tournera donc plus volontiersvers le DVD de l'Opera-TheâlreHcliion de Moscou 20021 avecSergey Stadler a la baguette Lesdialogues parles sont a la fois en rus-se et en français, sans que le procedes'avère gênant Le plateau bénéficiede la presence de Maxim Mironovdans le rôle titre Timbre charmeur,souplesse, aigu facile, c'est un peu unFlorez slave ' be? partenaires (ElenaVoznessenska) a, Nikolai Cairn) ontmoins de poids, maîs ne démententpas La mise en scene de DmitnRcrtman, tres simple, cst un mo-dele dc direction d acteurs 11 DVDArthausMusik 101 097)

RARETÉSLe discophilc cunetix tentera dc dé-nicher un enregistrement de 1991 deLuale «comedie mise en musique»créée en 1769 rendue célèbre parle quatuor «Ou peut on eire mieux qu ausem de sa famille '» a\ ec JacquelineSternotte, Stefano Menima, Chusde Mooi et l'Ensemble des Solistes deLiege, sous la direction d'EmmanuelRoch (I CD Duchesne 80252) IItrouvera également plusieurs titressur les sites internet spécialises dansles captations sur le vif

Jacques Bonnaure