Annales de la F a c u l t é d e s L e t t r e s de B o r d e a u x et des Universités du Midi

Q U A T R I È M E S É R I E

C o m m u n e a u x U n i v e r s i t é s d ' A i x , B o r d e a u x , M o n t p e l l i e r , T o u l o u s e

X L V I ® A N N E E

R E V U E D E S

ÉTUDES ANCIENNES P a r a i s s a n t t o u s l e s t r o i s m o i s

T O M E X X Y I

N° 3

J u i l l e t - S e p t e m b r e 1 9 2 4

C. G E R M A I N de M O N T A U Z A N

Le confluent du Rhône et de la Saône

à l'époque romaine

B o r d e a u x :

F E R E T & F I L S , É D I T E U R S , 9 , R U E D E G R A S S I

Grenoble : A . G R A T I E R & G " , a3, G R A N D E - R U E

L y o n : D E S V I G N E , 3 6 - 4 J , P A S S A G E DE L ' H Ô T K L - D I E U

Marseille: P A U L R U A T , 5 4 . RUE P A R A D I S | Montpellier: G . C O U L E T , 5 , G R A N D ' R U E

Toulouse: E D O U A R D P R I V A T , I 4 , RUE D E S A R T S

Lausanne : F . R O U G E & G " , 4, RUE H A T . D I M A U D

P a r i s :

E . D E B O C C Y R D , 1 , R U E D E M É D I C I S , V I ·

C . K L I N C K S I E C K . t i , R U E D E L H . T . E , V I I ·

R E V U E DES E T U D E S A N C I E N N E S

T o m e XXVI, 1 9 2 4 , N° 3

S O M M A I K B

M- B u l a r d , Άκροχειρισμός J . - R . P a l a n q u e , Le témoignage de Socrates le Scholastique sur saint Ambroise. 21Û

A N T I Q U I T É S N A T I O N A L E S

C - J u l l i a n , i\otes gallo-romaines: GUI. Dans la banlieue parisienne : Nanterre lieu saint, le martray de Nanterre 227

C· D a v i l l é , La terminaison celtique « avos» 280 J. N a z a r e de S' J.. L'habitation gauloise 233 G e r m a i n de M o n t a u z a n , Le confluent du Rhône et de la Saône à l'époque

romaine 30:5

A G r e n i e r , Notes d'archéologie rhénane 242 O. J a n s e , Notes sur les premiers rois pa'iens de la Suède 243 C . Jul l ian, Chronique gallo-romaine A54

B I B L I O G R A P H I E

Anatolian Studies presented to Sir William Mitchell Rarnsay, éd. BUCKLER et CALDER (G. R a d e t et A . C u n y ) , p. 2 6 7 - 2 5 9 . — H O P F N E R , Fontes liistoriae religionis aegyp-Hacae (G. R a d e t ) , p. 2 5 9 - 2 6 0 . — Sophocle, éd. M A S Q U E U A T (O. Navarre), p. 2 6 0 . — Euripide, éd. P A R M E N T I E R et G R É G O I R E (P. Masqueray), p. 2 6 1 - 2 6 2 . — Platon, éd. C R O I S E T , B O D I N , D I È S ( P . R o u s s e l ) , p. 2 6 2 - 2 6 4 . — W E L L S , Studies in Herodotus (A. Cuny), p. 2 6 4 - 2 6 5 . — B I L A B E L , Historikerfragmente auf Papyrus ( P . Roussel) , p. 2 6 5 - 2 6 6 ) . — R O B I N , La pensée grecque (G- R i c h a r d ) , p. 2 6 7 - 2 6 8 .

— D E L A T T E , Vie de Pythagore (G. R i c h a r d ) , p. 2 6 8 - 2 6 9 . — D U G A S , La céramique grecque ( G . R a d e t ) , p. 2 6 9 . — D U C A T I , Ceramica greca, t. II (A. Grenier), p . 2 7 0 -2 - 2 . — P O T T I E R , Vases antiques du Louvre (R. Vallois), p. 272-273. — G I A N E L L I , Culti délia Magna Grecia (A. B o u l a n g e r ) , p. 2 7 3 - 2 7 6 . — M A R O U Z E A U , L'ordre des mots dans la phrase latine (A. Juret) , p. 2 7 6 - 2 7 7 . — M A R O U Z E A U , Le latin (A. Gre-nier), p. 2 7 7 - 2 7 8 . — G O C C H I A , Saggi glottologici (A. Cuny), p. 2 7 8 - 2 7 9 . — B R U T S C H , F A V E Z , O L T R A M A R E , Grammaire latine (A- B o u l a n g e r ) , p. 2 7 9 - 2 8 0 . — P E A S E , Ciceronis de divinatione (E- G a l l e t i e r ) , p. 2 8 0 - 2 8 1 . - Cicéron, De l'Orateur, éd. C O U R R A U D , L'Orateur, Du meilleur genre d'orateurs, éd. B O R N E C Q U E (E. Galletier), ρ 28I. — Tibul le , éd, P O N C H O N T (E. G a l l e t i e r ) , p. 282-283. — Sénèque, Conso-lations, éd. R . W A L T Z (E. G a l l e t i e r ) , p. 284. — Tacite, Annales I - I I I , éd. G O E L / E R (E. G a l l e t i e r ) , p. 285. — M O N C E A U X , Littérature donatiste (A. Fl iche), p. 2 8 6 - 2 8 8 .

— L O W E et R A N D , Fragment of Pliny the Younger (A. Juret), p. 2 8 8 - 2 8 9 . — D E O N N A , Sculptures antiques de Genève (R. L a n t i e r ) , p. 2 8 9 . — R I C A R D , Marbres antiques du Prado (R. L a n t i e r ) , p. 2 8 9 - 2 9 0 . — F É G I I A L I et C U N Y , DU genre grammatical en sémi-tique (A. C u n y ) , p. 290.

C H R O N I Q U E D E S É T U D E S A N C I E N N E S

Métrologie préhellénique (A. C u n y ) , p. 291. — Le droit grec (F. Dùrrbach), ρ 391. — Religions païennes et religion ju ive ; les Grecs en pays gète ; Phocion ; Byzantion (G. R a d e t ) , p. 2 9 2 - 2 9 3 . — Rome avant les rois; Cinna (A. P i g a n i o l ) , p. 2 9 3 - 2 9 4 . — Chute des voyelles'brèves (A. Juret), p. 2 9 4 - 2 9 5 . — Gallio et S' Paul (J. Colin), p. 2 9 5 - 2 9 6 .

Publications nouvelles adressées à la Revue : >9^

G R A V U R E S

Peinture murale de Délos, p. IG3; mosaïque de Rome, p. 207; relief d'un sarco-phage du Musée des Olïices, p. 211. — Village de Montlaurès, p. 234. — Presqu'île lyonnaise, p. 287; conlluents de la Saône et du Rhône, p. 23g. - Tumul i de Vieil Upsal et tumulus d'Ottar, avec leur contenu, p. 244-25o; collier de Sudermanie, p. S 5 1 .

DIRECTION ET RÉDACTION

A N T I Q U I T É C L A S S I Q U E

M . G e o r g e s R A D E T

9 bis, r u e de C h e v e r u s BORDEAUX

ANTIQUITÉS NATIONALES

M . C a m i l l e J U L L I A N 3 0 , r u e G u y n e m e r

PARIS (VI')

LE CONFLUENT DU RHONE ET DE LA SAONE

Chacun sait que le continent du Rhône et de la Saône, à Lyon, s'est déplacé au cours des siècles. Sa dernière modification s'est opérée vers la fin du dix-huitième, par les travaux de l 'architecte Perrache, qui l'ont reporté à plus de deux kilomètres en aval du point où il se trouvait auparavant, el ont incorporé à la ville un vaste espace formé d'îlots et de marécages, dès lors nivelé et unif ié; ce fut le quar-tier dit de Perrache,qui comprend la gare principale de Lyon, et se pro-longe jusqu'au bourg de la Mulatière, au pied duquel se fait la jonction des deux cours d'eau. C'est à l 'emplacement de la place Carnot (v. le plan sommaire ci-joint de la presqu'île lyonnaise) qu'elle s'effectuait antérieurement à ces travaux. Mais jusqu'au xne siècle, elle était encore beaucoup en amont, suivie d'une île d'étendue et d' importance consi-dérables, l'île d'Ainay, où s'étaient fondées la basilique et l 'abbaye de ce nom. L'abbaye a disparu depuis plus de cent ans, remplacée ainsi que ses jardins et dépendances par des rues et des immeubles bien bâtis: quartier limité à présent au sud par la place Carnot, au nord par la place Bellecour.

A l'époque romaine, l'île d'Ainay (Athanacum) était déjà très peu-plée, principalement occupée par les marchands de vin et négociants de toute espèce, qui y avaient leurs magasins et entrepôts. On appelait cet ensemble Kanabae ou in Iianabis, mot qui indique bien des bâti-ments sommaires, des baraquements. Cependant, à côté de ces docks, où s'entassaient les marchandises, les négociants possédaient des demeures particulières luxueuses, si l'on en j u g e par de fort belles mosaïques, découvertes en différents points du quartier >.

Le nom d'Athanacum, donné à l'île, ainsi qu'à la pointe de la colline en face, paraît être d'assez basse époque, car on ne le rencontre sur aucune des inscriptions, datant des premiers siècles de l 'Empire, qui y furent découvertes

i. Pour ce qui concerne ces mosaïques, se reporter au récent ouvrage de M. P. Fabia, Musées de Lyon, mosaïques romaines. Lyon, Audin, iga3.

a. Il est mentionné pour la première fois par Grégoire de Tours (De gloria mar-tyrum, 4g), à propos des martyrs de Lyon de l'an 177.

A L'ÉPOQUE ROMAINE

MONTAUZAN

On avait cru, j u s q u e vers le milieu du siècle dernier, que le fameux autel de R o m e et d ' A u g u s t e , ainsi que l 'amphithéâtre qui l 'avoisinait, se dressaient j a d i s dans cette ile. Depuis la découverte d' importants f ragments de l 'autel sur le penchant de la colline de la Croix-Rousse, et la déterminat ion exacte de l 'emplacement de l 'amphithéâtre en ce m ê m e quartier, l 'opinion ancienne est entièrement abandonnée. Mais c o m m e les textes antiques disent formellement qu'autel et amphithéâ-tre étaient au confluent du Rhône et de la Saône, un renouveau de crédit s'est attaché à l ' idée déjà soutenue qu'une première jonction des deux cours d 'eau s'effectuait alors immédiatement au pied de la coll ine où s'élevaient ces monuments . Les anciens fossés des Terreaux, existant au Moyen-Age à l 'endroit où s'étend à présent la place de ce n o m , engageaient à se représenter un canal de communicat ion, sinon créé, du moins aménagé, régularisé par le travail des ingénieurs romains , et garni de b e a u x édifices le long de ses rives Il y aurait donc eu ainsi une autre île précédant celle d'Ainay. Quant à la limite de cette dernière au sud, A l lmer , l 'archéologue et épigraphiste lyon-nais bien connu, la définissait c o m m e il suit, en m ê m e temps qu'i l fournissait sur cette question du confluent quelques données cer-taines

« L'espace compris entre les jardins de l 'autel, l imités par un canal de 20 mètres de large allant dans la direction du fleuve à la rivière, et l 'extrémité de la langue de terre qui se terminait au confluent, était une saulaie, dont le sol est aujourd 'hui recouvert d 'une couche d'hu-m u s et d 'apports divers d 'environ 16 pieds (5m5o) d'épaisseur. On rencontre le sable fluvial à 12 pieds (4 mètres) près de Saint-Bona-venture, à i 5 pieds (5 mètres) près du passage de l 'Argue et à la rue de la Préfecture, à i5 et 20 pieds à la place Saint-Pierre 3. A la place du Plâtre ont été retrouvées des marches d 'un port, à 10 pieds (2in5o) de profondeur

Le long de la rue Mercière, depuis la maison Thomé vers son extré-mité nord j u s q u ' à la rue Ferrandière, a été reconnu, à 3 pieds (1 mè-tre) sous la surface du sol actuel, un quai servant de voie ; il était formé par de gros blocs irréguliers de granit, et bordé de trois rangs de pierres de choin de Fay de 4 pieds de long et 2 de large. Cette ren-contre fixe le cours de la Saône depuis la place Saint-Pierre jusqu 'aux Jacobins.

« Y e r s le passage de l 'Argue, un canal traversait du Rhône à la S a ô n e . . . Il devait être le confluent proprement dit, et former la limite

1. A i n s i le r e p r é s e n t e n t A r t a u d et C h e n a v a r d dans leur At las de Lyon antique restauré.

3. D é j à , il est v r a i , i n d i q u é e s par A r t a u d , Lyon souterrain, p. 180. 3. 11 s ' a g i r a i t ic i , c o m m e n o u s le verrons p l u e lo in, d u p r e m i e r c o n f l u e n t 4. V. note précédente .

2 REVUE DES ÉTUDES ANCIENNES [236]

enlre le domaine national, ad confluentes, et l'île lyonnaise d'Ainay. Il n'avait pas moins de 200 mètres de largeur, presque celle du Rhône au pont de la G u i l l o t i è r e . . . Le Rhône passait sans doute où il passe actuellement, mais la Saône se portait beaucoup plus qu'aujourd'hui sur la g a u c h e : elle venait jusqu'à la rue Mercière, et c'est elle qui déviait pour aller se joindre au Rhône. Le biais de la rue Confort marque peut-être encore la direction du confluent ' . »

La question a été reprise dernièrement par M. Marius Audin, impri-meur-éditeur à Lyon, qui a fait paraître une étude très soigneuse-ment documentée sur les variations du confluent depuis les plus anciennes époques jusqu'à nos jours 2. Je me bornerai à relater son opinion en ce qui concerne l'époque romaine. Sans s'arrêter à l'idée d'un premier confluent aux Terreaux, M. Audin, pour le reste, rap-pelle, en les précisant, les renseignements donnés par Al lmer. 11 montre (v. schéma II, qui reproduit approximativement son dessin), comment la Saône s'infléchissait vers l'est pour suivre la direction de la rue Mercière, et admet que le fait soit bien prouvé par la décou-verte du mur de quai dans cette rue. Il fortifie cette preuve par l'in-terprétation judic ieuse d'un autre fait connu, à savoir l'existence d'un m u r antique dans le lit actuel de la Saône, de la deuxième arche Est de la passerelle du Palais à la première arche Ouest du pont Tilsitt. Il considère avec raison ce mur comme une digue bordant ancienne-ment à l 'ouest le cours des deux fleuves réunis, dont le confluent s'était produit vers la jonction des rues Mercière et Ferrandière, à l 'extrémité aval du quai dont parle Allmer. Mais là nous le trou-vons en désaccord avec celui-ci; car selon lui, et malgré la déviation constatée de la Saône, ce n'était pas elle qui se dirigeait vers le lit actuel du Rhône, mais le Rhône qui l'atteignait par un bras important AB, qu'atteste l 'existence, mentionnée par Allmer lui-même, du sable flu-vial vers Saint-Bonaventure et vers le passage de l 'Argue. M. Audin voit aussi un argument, probant dans le fait que le niveau actuel de la Saône le long de la presqu'île est de 5o centimètres plus bas que celui du fleuve, sur une perpendiculaire commune menée à la hauteur de la place des Jacobins

Donc le Rhône devait se diriger, par la dérivation AB (schéma II), des environs de la tête du pont Lafayette vers le confluent indiqué, tandis que l'autre branche, un peu moins large que le lit unique d'à présent, suivait à peu près la direction de celui-ci, puis vers la hauteur

1. Al lmer et Dissard, Inscriptions antiques du Musée de Lyon, t. II, p. 33a. Nous représentons ici par une figure schématique (schéma I), qui n'existe pas dans Allmer, la topographie du confluent telle qu'elle ressort de sa description,

a . Le Confluent du Rhône et de la Saône, Lyon, 1919. 3. Cet argument, à lui seul, ne serait peut-être pas suffisant, car si les alluvions

du Rhône ont comblé la dérivation AD, dhéoat bien pu aussi surélever le lit actuel,

4 REVUE DES ÉTUDES ANCIENNES [2 38]

Schémas de» confluents.

I

III

du pont de la Guillotière, obliquait fortement à l'ouest le long de l'île d 'Ainay, comme l ' indique le schéma II, où figure en pointillé son tracé actuel. Le bras A B et le confluent qui le terminait se sont obs-trués peu à peu, et enfin comblés par les alluvions, sables et apports divers du fleuve.

En tout cela, l 'opinion de M. Audin est bien établie. Sur certains autres points toutefois, elle peut être complétée et même modifiée. L'île d 'Ainay, par exemple, n'est-elle pas, d'après son dessin, beau-coup trop allongée vers le nord-est? Elle va presque jusque vers l 'église Sainl-Bonaventure. Allmer, comme ôn l'a vu plus haut, la limitait à la rue Confort. J'opinerais pour une limite reportée encore sensiblement plus au sud, c'est-à-dire à la place Bellecour (v. schéma III). Il est avéré en effet que celle-ci, au Moyen-Age, était occupée en grande partie par un espace marécageux. C'aurait été précisément le restant d'un autre bras du Rhône, le joignant à la Saône de nouveau ou inversement, en aval du confluent qui vient d'être défini, d'un côté isolant ainsi Ainay et de l'autre déterminant une seconde île à laquelle nous laisserions (schéma III) exactement la configuration que M. Audin donne à l'île d'Ainay prolongée.

En outre, il me semble peu juste d'abandonner l'idée d'un premier confluent aux Terreaux. Si le canal, tel qu'on se le représente d'après Artaud et Chenavard, est peu vraisemblable, soit à cause de sa direc-tion, trop perpendiculaire au Rhône, soit surtout parce que l'on n'a jamais pu reconnaître le sable du Rhône, aux abords du Grand-Théâtre et sous la place des Terreaux, il ne faut pas oublier que ce sable fluvial s'est rencontré sous la place Saint-Pierre (actuellement place Meissonnier), et que vers cette même place furent également reconnues des traces d 'un ancien port. Il est ainsi parfaitement légitime de supposer un premier bras du Rhône dans la direction oblique CD (schéma III), suivant, une ligne qui coïnciderait en partie avec la rue de l'Arbre-Sec. Sans aller jusqu'à prendre ce dernier nom pour une preuve, on peut néanmoins le trouver quelque peu significatif J'admets donc volontiers l 'hypothèse d'une première île comprenant le quartier Saint-Nizier, et dont le schéma III donne la configuration approximative, ainsi que celle des deux autres ; car cela fait en tout trois îles et quatre confluents. Les expressions communément usitées dans les textes et inscriptions, ad confluentes,

ι . On d i t b i e n ( B r é g h e t du L u t , Archives du Rhône, t. VII , p. a58) q u ' u n e ensei-g n e r e p r é s e n t a i t j a d i s dans cette rue u n arbre desséché, rappel d ' u n véri table arbre m o r t s i tué a l ' u n e de ses issues , d 'où la d é n o m i n a t i o n . Mais l ' e n s e i g n e , à supposer q u ' e l l e ait v r a i m e n t ex is té , n e consacrait-el le pas u n e confus ion parei l le à ce l le que l 'on c o m m e t g é n é r a l e m e n t a u s u j e t de la r u e paris ieune de VArbre-Sec, q u i occupe l ' e m p l a c e m e n t d ' u n e ramification desséchée de la Seine, et se serait m ê m e appelée p r i m i t i v e m e n t r u e Bras-Sec'.' En tout cas cette identité de n o m est c u r i e u s e p o u r deux rues issues p a r e i l l e m e n t du b o r d d ' u n l leuve dans d eu x v i l les di f férentes.

6 REVUE DES ÉTUDES ANCIENNES

inter confluantes Araris et Rhodani, p l u r i e l s p l u s f r é q u e n t s q u e l e

singulier ad confluentem n'en sont par là que plus justifiées. On pourrait objecter qu'avec cette hypothèse on fait de la c o m m u -

nication entre la rive gauche du Rhône et la colonie de Plancus une opération compliquée et psu praticable, donc historiquement invrai-semblable. Mais quelle que soit l 'hypothèse, du moment qu'il y avait au moins une île à traverser, il fallait toujours passer l 'eau deux fois, trois fois même si l'on suivait l'itinéraire qui va être indiqué.

M. G. Guigue, dans sa savante étude sur l 'ancien hôpital fondé par le. roi Chi ldebert 1 , place cet établissement sur la rive droite de la Saône, à la Saunerie, c'est-à-dire vers la place du Change, en face du pont de ce nom, auquel on aboutissait naturellement en suivant le quai qu'a remplacé la rue Mercière. Or, d'après le même auteur, l 'an-cien port du Rhône, auquel venaient, à l'époque romaine et plus tard, aborder tous les voyageurs qui traversaient ce fleuve pour entrer à Lyon en venant d'Italie, ou de Vienne parla route abrégée, était à la hauteur du pavillon central de l'Hôtel-Dieu m o d e r n e 2 . De là, pour atteindre l 'hôpital (xenodochiurn), on suivait la direction de la rue Confort, puis de la rue Mercière. Or, dans l 'hypothèse d'Allmer (schéma I), la rue Confort est représentée par un quai , la rue Mercière par un autre ; et il était nécessaire de franchir l 'eau pour passer d'un quai à l'autre. Dans l'hypothèse de M. Audin comme dans la nôtre, la direction de la rue Confort serait marquée par une l igne MN traver-sant l'île, la nécessité étant la même de passer l'eau pour atteindre le quai OP.

Il est vrai que pour se rendre à l'autel de Rome et d 'Auguste, il fallait, dans notre hypothèse, après avoir suivi le quai OP, traverser en outre le bras CD du Rhône. Mais de l 'une ou de l'autre des deux rives extrêmes on pouvait, pour aller à l'autel, franchir le Rhône en amont de C, la Saône en amont de D.

11 est bon de noter au surplus qu'à l'époque romaine les empla-cements marqués au schéma III par les îles ι et 2 n'étaient guère habités, si l 'on en juge par leur dénûment total en fait de vestiges antiques signalés, à part quelques inscriptions, .découvertes presque uniquement au voisinage de l'église Saint-Pierre, c 'est-à-dire près du premier confluent qu'admet notre hypothèse, e relatives presque toutes à des prêtres de l'autel fédéral·'·. Rien de plus rationnel que de supposer que vers le haut Moyen-Age, au moment où le christianisme triomphait, ces restes du paganisme aient été précipités des alentours de l'autel dans l 'eau fluviale la

ι. Noire-Dame de Lyon, dans la Revue du Lyonnais, 1876. 2. Point M du schéma III. 3. Elle ne figure qu'au schéma III. 4. CIL, XIII, 1674-1675-1691-1700-1713-1714-1722-1727-1807,

LE CONFLUENT DU RHONE ET DE LA SAONE A L'ÉPOQUE ROMAINE 7

plus voisine, vers l'emplacement susdit, où ils furent plus tard

retrouvés.

Dans ces deux premières îles, qui sans doute faisaient partie du territoire fédéral de Condate, les constructions devaient se borner à des magasins et entrepôts installés le long des berges, elles-mêmes bordées de quais comme celui qui a été découvert rue Mercière, quel-ques voies faisant communiquer entre eux les points importants du pourtour, et beaucoup d'espace demeurant à l'état de terrains vagues. D'après la légende, saint Pothin et ses compagnons auraient édifié ou plutôt creusé dans ces solitudes leur premier sanctuaire. Ce qui est à peu près certain, c'est que tout ce quartier, insulaire ou non, se peupla et se garnit à l 'époque de la domination burgonde, et que l 'église des Saints Apôtres, consacrée plus tard à saint Nizier, n'est autre que la basilique édifiée par saint Patient, évêque de Lyon, au v- siècle, et décrite en termes enthousiastes par Sidoine Apollinaire, qui omet d'ailleurs de lui donner un nom et de bien définir sa place. Telle est du moins l 'opinion aujourd'hui la plus accréditée à Lyon.

1 0 . 0 9 5 . — Bordeaux. — Impr. D I Î L M A S , C H A P O N , GOUNOUIT.IUHI.

8 R E V U E D E S É T U D E S A N C I E N N E S [ 2 4 2 ]

C. GERMAIN DE MONTAUZAN.

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Annales de la Faculté des Lettres de Bordeaux FONDÉES en 1879 par MM. Lodis LIARD εγ A U G U S T E COUAT

Directeur : M. Georges R A D E T

Q U A T R I È M E S É R I E

PUBLIÉE PAR

Les Professeurs t e s Facultés des l e t t r e s ô'Aix-Marseille, Bordeaux, Montpellier, Toulouse ET SUBVENTIONNÉE PAR

L E M I N I S T È R E D E L ' I N S T I I U C T I O N P U B L I Q U E

L E C O N S E I L M U N I C I P A L D E B O R D E A U X

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L A F A C U L T É DES L E T T R E S D ' A I X - M A R S E I L L E

L E C O L L È G E DE F R A N C E (FONDS P E Y R A T , ANTIQUITÉS NATIONALES)

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I . REVUE DES ÉTUDES ANCIENNES France F. 30 » | Union poslalp . . . . F. 35 »

II . BULLETIN HISPANIQUE France F. 30 » | Union postale F. 35 »

Depuis 1919, le Bulletin italien, qui formait la IIIe section du recueil, a cessé de lui être incorporé. v

Les années I à XVIII (1900 à 1918) sont en vente à des prix variant de 1 2 à 2 0 francs le volume.

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Il n'est vendu de numéros isolés que dans la mesure des excédents. Qiian i 11.1 fascicule est demandé, non pour compléter une collection, mais pour se procure) un nrticle, l'éditeur peut fournir un tirage à part.

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MM. FERET e t FILS, édi teurs , rue de Grassi, 9, Bordeaux.

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