FICHE HISTOIRE DES ARTSAnnée scolaire 2014-2015 Niveau de classe 3°

THEMATIQUE : ARTS – RUPTURES - CONTINUITÉS

OBJET D'ÉTUDEL'émancipation des femmes à travers les arts à partir des années 1960.

Disciplines concernées Arts Plastiques – Education Musicale

Arts de l'espace Arts du langage Arts du quotidien

Arts du son Arts du spectacle vivant Arts du visuel

La mariée (Eva maria)1963

Niki de Saint-Phalle (1930-2002)Grillage, plâtre, dentelle encollée, jouets divers peints, 226 x 200 x 100 cm

Centre Georges Pompidou - Paris

FRISE CHRONOLOGIQUE

-1914Première guerre mondiale

-1918

-1939Deuxième guerre mondiale

-1945

- 1963 La mariée Niki de Saint-Phalle

-1973

-1989Chute du mur de Berlin

-200111 Septembre-NYC

Aretha Franklin – Respect – 1967Musique d'Otis Redding (1965) – Paroles Aretha Franklin (1967)

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NIKI DE SAINT-PHALLE - La mariée (Eva maria)-1963

QUESTIONS SOULEVÉES PAR L'OEUVRE ?Entre 1963 et 1966, Niki de Saint-Phalle va produire de nombreuses sculptures qui questionnent le statut de la femme dans notre société. Dans les années 1960, les femmes sont éduquées avec des fins déterminées par une société patriarcale qui sont : le mariage et la maternité. À l'opposé de sa mère, elle va se révolter contre ce déterminisme et réaliser une œuvre qui, partant du constat d'enfermement de la femme dans des stéréotypes définis par les hommes, va exprimer la liberté de la femme dans la joie et la gaieté.

CONTEXTE HISTORIQUE, SOCIAL, ARTISTIQUE...Après la seconde guerre mondiale, la société évolue profondément dans une dynamique de reconstruction, c'est la période des Trente Glorieuses qui va de 1945 jusqu’au début des années 1970. Pour la première fois, en 1945, les femmes votent en France. Le schéma familial est encore très traditionnel : les couples sont mariés, les divorces peu fréquents. Dans de tels cas, il est d'usage que le père abandonne ses enfants. Le père détient l'autorité sur la famille, et la femme est destinée à s'occuper de son foyer. En 1965, en France, la femme obtient le droit d'ouvrir seule un compte bancaire et exercer une profession sans demander l'autorisation à son mari. Et ce n'est qu'en 1985 qu'il est reconnu aux époux une égalité de gestion du patrimoine. Simone de Beauvoir, philosophe et romancière écrit dans Le deuxième sexe en 1949 : « Si en tantqu'épouse, elle n'est pas un individu complet, elle le devient en tant que mère : l'enfant est sa joie et sa justification ». À travers cet ouvrage, elle explique qu'il y a dans l'histoire peu de génies artistes féminins car les femmes sont soumises par la société aux hommes. Le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) naîtraen 1970, et s'appuiera notamment sur les écrits de Simone de Beauvoir. Ses actions seront orientées vers la protection de la femme, la lutte pour ses droits et contre la violence, mais aussi pour l'avortement. C'est en 1975, défendue par Simone Veil, que la loi sur le droit à l'avortement sera votée en France.En France, en 1960 le mouvement artistique des Nouveau Réalistes est créé par Pierre Restany. Enthousiasmépar le travail de Niki de Saint-Phalle, il l'invite à rejoindre le groupe où elle sera la seule femme.

BREVE BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR, ARTISTE...Née en 1930 d'une famille de riches banquiers, Niki de Saint-Phalle (Catherine Marie-Agnès Fal de Saint-Phalle) est destinée à une vie d'épouse et de mère. Mais sa famille subit la ruine du crack boursier de 1930, et Niki va naviguer entre la France et les États-Unis. À l'âge de 11 ans elle sera violée par son père, secret qu'elle dévoilera dans un livre an 1994. Éduquée par sa mère pour séduire, à 18 ans elle pose comme mannequin pourles grands magazines. À 19 ans elle se marie, et a deux enfants. Elle vit avec son mari à Paris et en Europe où ils voyagent beaucoup. Lors d'une hospitalisation pour troubles psychiques, elle va découvrir la peinture. Elle fréquente les milieux artistiques, mais n'est « qu'une femme mariée qui peint », comme lui dit l'artiste américaine Joan Mitchell. Vexée et mal dans son statut d'épouse et de mère, elle abandonne mari et enfants en 1960 et se consacre à sa vie d'artiste en commençant par des œuvres Tirs. Ce sont des tirs à la carabine sur des tableaux de plâtre où sont scellés des récipients de peinture. Par ce geste symbolique qui donne lieu à des performances et happenings mémorables, Niki de Saint-Phalle écrit dans le Mur de la rage ce contre quoi elle tire. Puis, à partir de1963, elle réalise ses premières sculptures de femmes. Dans un premier temps angoissantes (La mariée, La princesse, L'accouchement), la grossesse de son amie, Clarice Rivers, va révéler le pouvoir créateur de la femme qu'elle a envie de mettre en avant avec joie et liberté. Elle va créer ses premières Nana femmes aux formes généreuses, aux couleurs vives et gaies, aux postures sans complexes, symboles de libération de la femme et de son pouvoir créatif, le Nana Power. « Les hommes n'ont plus rien à exprimer sinon une profonde jalousie envers la femme, envers son pouvoir créateur. Le femme peut faire des gosses, et eux ils ne peuvent pas. » Niki de Saint-Phalle extrait de l'entretien avec Maurice Rheims paru dans Vogue, 1965.

ANALYSE DE L'OEUVRE1) Genre ou formes de l'oeuvrePremière d'un ensemble de sculptures, La mariée est impressionnante par sa taille (plus de 2m de haut), mais aussi par sa matière. 2) ThèmeLe voile de dentelle de la robe que l'on voudrait souple est figé dans du plâtre et ressemble à un carcan dans lequel la femme mariée se trouve emprisonnée. L'assemblage de divers jouets forme le haut de son corps et évoque le destin de la femme lié à la maternité et l'enfouissement sous les objets du quotidien.3) Description de l'oeuvre et procédés d'expression Sur une structure métallique, Niki de Saint-Phalle érige le personnage de La mariée.Son corps est imposant par ses dimensions et par les déformations qu'il subit : un corps immense avec une

petite tête. L'usage de la dentelle et du voile de la robe reprend l'idée transmise par sa mère et qu'elle aime garder, de l'élégance et du raffinement. Mais le mariage est à la fois un bonheur et un enfermement, ce qu'évoque Niki de Saint-Phalle par l'usage du plâtre sur la dentelle, qui la rigidifie, et la rend plus épaisse, moins délicate. Il n'y a plus la liberté de mouvement de l'étoffe. La robe est devenue carcan.Le haut du corps grouille de jouets (poupées de diverses tailles, animaux en plastiques, petites voitures, fleurs en plastiques, etc...) qui, comme dans un portrait d'Arcimboldo, évoquent la femme soumise à une société de consommation, une femme qui, ensevelie par les objets, devient à son tour objet.À l'emplacement de son cœur, sous son sein, un grand vide, un grand trou. Celui des illusions perdues.4) But de l'oeuvre: qu'a voulu montrer l'artiste, le créateur ? Ses intentions?Niki de Saint-Phalle a voulu dans son œuvre parler du statut social de la femme, éduquée pour devenir une bonne épouse, objet de son mari. À travers des moyens plastiques simples puisés dans le quotidien (plâtre, structure métallique, jouets en plastique), elle crée des personnages à la fois attendrissants et monstrueux.Elle donne de la femme une image dominatrice par les dimensions, mais aussi soumise par les matériaux qui lasubmergent et la pétrifient. Elle donne à La mariée une petite tête, non pas pour signifier que la femme manque d'intelligence, mais pour dire que par delà le cérébral qu'elle attribue à l'homme (« Les hommes avec leurs fusée, leur bombe atomique et toute cette saleté qu'ils nous ont foutue dessus. Ils se sont stérilisés. Tout ce qui leur reste, c'est la tête ou ses apparences et c'est pour ça qu'aujourd'hui ils sont incapables, dans le monde des arts, de continuer de créer. »), la femme est capable de créer avec tout son corps.5) À qui est/était destinée cette oeuvre?En 1965 a lieu à New-York une exposition personnelle « Vive moi ». Elle y présente ses Mariées et Accouchements et écrit: « Voyez mes Mariées, elles sont peut être belles mais aussi douloureuses. Elles témoignent de la condition féminine. Je pense au mariage de ma mère, de mes tantes : c'était un bonheur maisaussi un enfermement. Il n'y avait pas d’émancipation possible en tant qu'être unique, de possibilité de faire autre chose que d'être une épouse soumise. »

CONCLUSION (RÉPONSE AUX QUESTIONS)

Que ce soit dans sa vie (par son divorce et l'abandon de ses enfants qui seront toujours une grande blessure pour elle) ou dans son œuvre, Niki de Saint-Phalle a eu un besoin vital de s'émanciper. Elle commença par tirer sur tout ce qui la contrariait, puis, de cette période destructive, elle rebondit sur la construction d'une œuvre gaie et joyeuse, orientée sur l'espoir et la vie : l'espoir de la liberté lié à l'émancipation de la femme.

Oeuvres liées, références, etc.

La mort du patriarche,1972,Niki de Saint-Phalle (tirs)

Cheval et la mariée, 1964Niki de Saint-Phalle

Gwendolyn, 1966Niki de Saint-Phalle (Nana)

L'Automne, 1563,Arcimboldo.

ARETHA FRANKLIN - RespectBREVE BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR, ARTISTE...

Aretha Franklin est née le 25 mars 1942 à Memphis dans le Tennessee (U.S.A.). C'est une chanteuse et musicienne (pianiste) américaine de black music (gospel, soul-funk, rhythm and blues et jazz). Elle est surnommée The Queen of soul ou encore Lady Soul.

DESCRIPTION DE L'OEUVREAu départ, Respect est une chanson d'Otis Redding (un célèbre chanteur afro-américain) qui a eu un succès honorable. Elle est tirée de l'album Otis Redding sings soul (1965). Cette première version raconte l'histoire d'un homme qui a travaillé dur toute la journée et qui réclame à sa femme, lorsqu'il rentre le soir, le respect quilui semble dû. Aretha Franklin reprend ce titre en 1967 mais en changeant quelque peu le texte : c'est maintenant l'histoire d'une femme forte qui n'a besoin de rien et qui domine dans son couple. Cette chanson a un énorme succès international et deviendra un véritable hymne pour les organisations féministes.

ANALYSE DE L'OEUVREComparons le début des 2 chansons :

Version Otis Redding :What you want

Honey you've got itAnd what you needBaby you've got it

All I'm askingIs for a little respect when I come home

Version Aretha Franklin :What you want

Baby, I gotWhat you need

Do you know I've got itAll I'm askin'

Is for a little respect when you come home (just a little bit)Ces 2 chansons appartiennent toutes les deux au style rhythm and blues : c'est un terme qui regroupe des musiques issues des styles blues et gospel joués et chantés par les anciens esclaves afro-américains. Né à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le rhythm and blues (R'n'B) n'est autre qu'un blues rythmée, plus rapide et aux thèmes souvent joyeux. Ce style va par ailleurs influencer la musique anglaise (le rock), jamaicaine (le ska, le reggae) et va donner naissance au rock’n’roll écouté par les adolescents blancs. Par la suite le Rhythm and blues donnera naissance à d'autres styles de black music : la soul, le funk, le rap ou le R'n'B moderne.Une analyse rapide des 2 versions nous montre qu'ils partagent beaucoup de points communs entre eux mais aussi avec d'autres succès de R'n'B de l'époque : Une durée assez courte (un peu plus de 2mn), une voix puissante (héritage du gospel) accompagnée par une section rythmique fournie (guitare, basse, batterie, piano) et la présence d'un pupitre de cuivres (trompette et saxophones pour la version d'Otis, saxophones seuls pour la version d'Aretha). Mais si la façon de scander le texte est assez similaire de la part des chanteurs, nous avons remarqué aussi que la ligne mélodique du chant était différente.

CONCLUSION (RÉPONSE AUX QUESTIONS)Le courant de pensée féministe apparu à la fin du 19ème siècle a défendu dans un premier temps l'idée d'uneégalité homme-femme devant la loi dans des domaines comme le travail, l'éducation ou encore la politique.Puis dans un second temps, après la seconde guerre mondiale, les féministes se sont intéressés aux femmes età leur vie privée: l'avortement, la contraception, la place de la femme dans la société, le sexisme... C'est ceque ce sont appropriées les chanteuses black de l'époque, portée aussi par les militants des droitsciviques pour les noirs. Aujourd'hui les revendications féministes dans la Black music sont affirmées plus quejamais (avec la chanteuse Beyoncé par exemple) et elles s'entremêlent avec la défense d'autres causes commepar exemples les orientations sexuelles ou le rapport à l'argent et au pouvoir.

Œuvre liée: ♫ Think, interprété par Aretha Franklin, extrait du film Blues Brothers.The Blues Brothers est un film américain réalisé par John Landis, en 1980. Des artistes afro-américain célèbres (James Brown, Cab Calloway, Aretha Franklin, Ray Charles, John Lee Hooker…) jouent un rôle dans ce long métrage. Le scénario est bâti autour d'un groupe qui joue du rhythm and blues. La chanteuse Aretha Franklin joue le rôle de Madame Murphy, la femme du guitariste du groupe. Elle est aussi féministe et propriétaire d'un café.

You better thinkThink about what you're trying to do to me

ThinkLet your mind go. Let yourself go free

Let's go back let's go back let's o way on back whenI didn't even know you.

You couldn't 'o been too much more than 10I ain't no psychiatrist

I ain't no doctor with degreesBut it don't take too much IQ to see what you're doin' to me

Freedom, Freedom

Tu devrais réfléchirRéfléchir à ce que tu essaies de me faire

PenseLaisse aller ton esprit, permets toi d'être libre

Retournons, retournonsRetournons dans le passé quandJe ne te connaissais même pas

Tu ne devais pas avoir plus de dix ans (rien qu'un enfant)Je ne suis ni un psychiatre

Ni un docteur diplôméMais pas besoin d'un Q.I. très élevé

Pour voir ce que tu es en train de me faireOh liberté, liberté