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14 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2013 - N°457 Antibiorésistance: la piste des odilorhabdines L’objectif est de favoriser les vraies nouvelles molécules pour contrer la résistance aux antibiotiques cou- rants. La DGA et la DGCIS justifient leur appui financier par le potentiel de la classe antibiotique développée par Nosopharm, qui entame son parcours vers la phase préclinique et clinique réglementaire en prévision de l’AMM. Il s’agit de soutenir le projet Odilo- rhabdine : Optimisation préclinique et étude contre la résistance aux antibio- tiques (OOPERA), d’une durée de 3 ans. Ce soutien montre l’intérêt des Armées et des autorités de santé publique face à l‘antibiorésistance, et la nécessité du soutien des PME que sont les bio- pharmas. Le NOSO-95 sera le premier repré- sentant des odilorhabdines, identifié à partir d’une bactérie entomopatho- gène du genre Xenorhabdus. Il devrait s’adapter au traitement des infections nosocomiales multirésistantes à patho- gènes Gram-négative : entérobactéries NDM-1, KPC et BLSE, Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter baumannii. Rappel de Nosopharm : les infections nosocomiales touchent chaque année 4 millions de patients dans les pays de l’Union européenne et près de 2 millions aux USA. Selon l’Agence européenne des médicaments et l’European center for disease prevention and control (ECDC), les pathogènes antibiorésistants sont res- ponsables de près de 400 000 infections nosocomiales et de plus de 25 000 décès annuels en Europe. Dans l’Union euro- péenne, elles génèrent un surcoût de 1,5 milliard d’euros, selon l’ECDC. Les partenaires de Nosopharm dans ce développement sont l’Unité de recherche transporteurs membranaires, chimiorésis- tance et drug-design, UMR-MD1 Univer- sité Aix-Marseille, l’Institut de recherche biomédicale des Armées et l’équipe Archi- tectures moléculaires et matériaux nanos- tructurés (AM2N) de l’Institut Charles- Gerhardt de l’Université de Montpellier (UMR 5253 CNRS/ENSCM). Q Q J.-M. M. Source : Nosopharm (Nîmes, PDG Philippe Villain-Guillot). www.nosopharm.com © Tobilander © angellodeco On sait bien depuis quelques années maintenant que chez un patient se présentant aux urgences cardiologiques avec douleur thora- cique – dite aujourd’hui syndrome coronarien aigu (SCA) – l’ECG n’est pas toujours parlant et que, hormis les symptômes, il faut faire appel à la biologie d’urgence. Car elle existe, comme nous le dévoila un certain Congrès des biologistes des hôpitaux dans le sud de la France. Un autre congrès, celui de la Société euro- péenne de cardiologie (ESC) cette année à Amsterdam, a apporté un élément de plus à la nécessité de la preuve biologique d’un infarctus du myocarde en cours… ou de son exclusion. Cet élément est la copeptine, son utilité dans le cadre de l’urgence cardiologique a été illustrée par une communication soutenue par Thermo Fisher Scientific. Il s’agissait de la présen- tation du résultat de l’étude Biomarkers in Cardiology-8 (BIC-8), étude multicentrique prospective chez 902 patients, visant à déterminer l’utilité d’inclure la copeptine dans l’identification d’un SCA en urgence. En résumé, quand elle est associée à la troponine, la copeptine contribue à éliminer la suspicion d’infarctus du myo- carde, mais sur le plan de l’organisa- tion hospitalière, elle améliore la gestion administrative et financière des urgences surpeuplées (sic). L’intérêt d’un test biolo- gique d’urgence efficace (ici la copeptine B.R.A.H.M.S de Thermo Fisher Scientific) est autant de confirmer que d’infirmer en permettant de désengorger les urgences en justifiant la décision de faire sortir un patient lorsque troponine et copeptine sont négatives. BIC-8 était le premier essai clinique de ce type. Mais pas seulement ! L’objectif était aussi d’évaluer un éventuel risque d’événe- ments cardiaques dans les 30 jours du test négatif par rapport à un groupe- contrôle. À 30 jours, le taux d’événe- ments cardiovasculaires était similaire dans les deux groupes (5,46 % dans le groupe copeptine vs 5,5 % dans le groupe-contrôle). Dans cet essai on note donc l’excellente VPN de la copeptine et la proportion éle- vée de retours à domicile dans ce groupe (66 % vs 12 %). Q Q J.-M. M. Syndrome coronarien aigu aux urgences : la copeptine , un plus diagnostique Nosopharm, biopharma française spécialisée en développement d’an- ti-infectieux, reçoit de l’État, via la Direction générale de l’armement (DGA) et la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS), et s’ajoutant à ses fonds propres, 870 000 euros pour développer une nouvelle classe d’antibiotiques, les odilorhabdines.

Antibiorésistance : la piste des odilorhabdines

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14 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2013 - N°457

Antibiorésistance : la piste des odilorhabdines

L’objectif est de favoriser les vraies nouvelles molécules pour contrer la résistance aux antibiotiques cou-rants. La DGA et la DGCIS justifient leur appui financier par le potentiel de la classe antibiotique développée par Nosopharm, qui entame son parcours vers la phase préclinique et clinique réglementaire en prévision de l’AMM. Il s’agit de soutenir le projet Odilo-rhabdine : Optimisation préclinique et étude contre la résistance aux antibio-tiques (OOPERA), d’une durée de 3 ans. Ce soutien montre l’intérêt des Armées et des autorités de santé publique face à l‘antibiorésistance, et la nécessité du soutien des PME que sont les bio-pharmas.Le NOSO-95 sera le premier repré-sentant des odilorhabdines, identifié à partir d’une bactérie entomopatho-gène du genre Xenorhabdus. Il devrait s’adapter au traitement des infections nosocomiales multirésistantes à patho-gènes Gram-négative : entérobactéries NDM-1, KPC et BLSE, Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter baumannii.

Rappel de Nosopharm : les infections nosocomiales touchent chaque année 4 millions de patients dans les pays de l’Union européenne et près de 2 millions aux USA. Selon l’Agence européenne des médicaments et l’European center for disease prevention and control (ECDC), les pathogènes antibiorésistants sont res-ponsables de près de 400 000 infections nosocomiales et de plus de 25 000 décès annuels en Europe. Dans l’Union euro-péenne, elles génèrent un surcoût de 1,5 milliard d’euros, selon l’ECDC.Les partenaires de Nosopharm dans ce développement sont l’Unité de recherche transporteurs membranaires, chimiorésis-tance et drug-design, UMR-MD1 Univer-sité Aix-Marseille, l’Institut de recherche biomédicale des Armées et l’équipe Archi-tectures moléculaires et matériaux nanos-tructurés (AM2N) de l’Institut Charles-Gerhardt de l’Université de Montpellier (UMR 5253 CNRS/ENSCM).

J.-M. M.

Source : Nosopharm (Nîmes, PDG Philippe Villain-Guillot). www.nosopharm.com

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On sait bien depuis quelques années maintenant que chez un patient se présentant aux urgences cardiologiques avec douleur thora-cique – dite aujourd’hui syndrome coronarien aigu (SCA) – l’ECG n’est pas toujours parlant et que, hormis les symptômes, il faut faire appel à la biologie d’urgence. Car elle existe, comme nous le dévoila un certain Congrès des biologistes des hôpitaux dans le sud de la France.

Un autre congrès, celui de la Société euro-péenne de cardiologie (ESC) cette année à Amsterdam, a apporté un élément de plus à la nécessité de la preuve biologique d’un infarctus du myocarde en cours… ou de son exclusion. Cet élément est la

copeptine, son utilité dans le cadre de l’urgence cardiologique a été illustrée par une communication soutenue par Thermo Fisher Scientific. Il s’agissait de la présen-tation du résultat de l’étude Biomarkers in Cardiology-8 (BIC-8), étude multicentrique prospective chez 902 patients, visant à déterminer l’utilité d’inclure la copeptine dans l’identification d’un SCA en urgence.En résumé, quand elle est associée à la troponine, la copeptine contribue à éliminer la suspicion d’infarctus du myo-carde, mais sur le plan de l’organisa-tion hospitalière, elle améliore la gestion administrative et financière des urgences surpeuplées (sic). L’intérêt d’un test biolo-gique d’urgence efficace (ici la copeptine B.R.A.H.M.S de Thermo Fisher Scientific) est autant de confirmer que d’infirmer en permettant de désengorger les urgences en justifiant la décision de faire sortir un

patient lorsque troponine et copeptine sont négatives. BIC-8 était le premier essai clinique de ce type.Mais pas seulement ! L’objectif était aussi d’évaluer un éventuel risque d’événe-ments cardiaques dans les 30 jours du test négatif par rapport à un groupe-contrôle. À 30 jours, le taux d’événe-ments cardiovasculaires était similaire dans les deux groupes (5,46 % dans le groupe copeptine vs 5,5 % dans le groupe-contrôle).Dans cet essai on note donc l’excellente VPN de la copeptine et la proportion éle-vée de retours à domicile dans ce groupe (66 % vs 12 %).

J.-M. M.

Syndrome coronarien aigu aux urgences : la copeptine, un plus diagnostique

Nosopharm, biopharma française spécialisée en développement d’an-ti-infectieux, reçoit de l’État, via la Direction générale de l’armement (DGA) et la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS), et s’ajoutant à ses fonds propres, 870 000 euros pour développer une nouvelle classe d’antibiotiques, les odilorhabdines.