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“Dieu est la première ‘maison’ de l’homme et seul celui qui demeure en Lui brûle d’un feu de divine charité en mesure ‘d’incendier’ le monde. N’est-ce pas là la mission de l’Eglise à toute époque ?” Benoît XVI Messe de la Journée des Missions 2006

“Dieu est la première ‘maison’ de l’homme et seul celui ... · Benoît XVI Messe de la Journée des Missions 2006. 2 3 ... “coups du Saint-Esprit”, certains pays sont

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“Dieu est la première‘maison’ de l’homme

et seul celui qui demeure en Luibrûle d’un feu de divine charité

en mesure ‘d’incendier’ le monde.N’est-ce pas là la mission

de l’Eglise à toute époque ?”

Benoît XVIMesse de la Journée des Missions 2006

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“Allez donc,

de toutes

les nations,

faites des

disciples” (Mt 28)

Père Emmanuel FRANÇOIS

Au début de ce mois de septembre s’est tenu, à Lyon, le dernier congrès de la “Mission Etudiante”. Elle avait choisi comme phrase de rassemblement : “De l’Evangile aux Actes”. C’est ce que nous voudrions développer dans ce numéro de l’Alouette d’autant que la mission principale des Retraites Fondamentales, données dans les Foyers de Charité, est justement de nous aider à reprendre conscience du “Kérygme” de la Foi (les Evangiles) pour qu’au sortir de celles-ci nous puissions répondre aux appels de l’Evangile en pas-sant par les actes.

“Allez donc, de toutes les nations, faites des disciples”L’Evangélisation

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L’Evangélisation “Allez donc, de toutes les nations, faites des disciples”

Déjà, en lisant la Bible, nous pouvons découvrir ce qui tient le plus au cœur de Dieu : “Donner sa Parole aux Hommes”. Il la donna d’abord au cœur d’un homme, Abraham, puis à Moïse pour tout le Peuple qu’Il lui confiait en disant : “Shema, Israël… Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Que ces paroles que je te dicte aujourd’hui restent dans ton cœur ! Tu les répèteras à tes fils, tu les leur diras aussi bien assis dans ta maison que mar-chant sur la route, couché aussi bien que debout…” (Dt 6, 4-7).

Jésus vient parmi les hommes. Non seu-lement Il est cette Parole, mais Il la vit avec toute son humanité. Il nous faut com-prendre, rendre grâce pour ce Mystère de l’Incarnation qui nous permet de découvrir jusqu’où cet “Homme-Jésus” a su écouter toute cette Loi, ces commandements de son Père, les accomplir jusqu’au plus petit “iota” et qu’au moment de sa mort sur la Croix Il puisse dire à son Père “Tout est accompli”.

De plus, n’oublions pas que cette fidé-lité dans l’accomplissement de la Volonté de son Père, Jésus l’a non seulement tenue jusqu’au bout, mais, qu’avant de remonter auprès de Lui, Il a donné à ses Apôtres l’assurance de sa présence réelle et quotidienne pour qu’eux et nous-mêmes aujourd’hui nous puissions, en Lui et avec

l’Esprit Saint, transmettre aux hommes cette Parole de Dieu, ce trésor des com-mandements de l’Amour que Jésus a reçus et vécus le premier.

N’est-ce pas à chaque Eucharistie que nous sommes appelés, à la suite des Apôtres et dans l’Eglise, à recevoir Jésus qui nous transmet la mission d’évangéliser tout autant que de la vivre d’abord nous-mêmes en Lui ?

“Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations, faites des disciples, les baptisant... et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde” (Mt 28, 19-20).

Ce petit envoi “Allez dans la paix du Christ” qui nous est adressé à la fin de chacune de nos Eucharisties est “lourd”, car nous comprenons qu’il nous entraîne à tout donner pour vivre ces commandements et aller les porter à nos frères. L’épisode du jeune homme riche qui cherchait les chemins du Royaume nous en rappelle toutes les exigences, nous donnant même quelque peu le vertige.

Mais n’est-ce pas pour cela que Jésus est venu sur terre dans notre humanité pour vivre ces exigences avec nous, et qu’Il se donne dans le sacrement de son Amour,

l’Eucharistie, pour les vivre avec Lui et, sans hésiter, les transmettre en les vivant ?

Paul VI, dans son exhortation sur l’Evan-gélisation, nous a laissé cette belle parole : “L’homme contemporain écoute plus volon-tiers les témoins que les maîtres, ou, s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins” (41). C’est à réfléchir et à confier à l’Esprit Saint qui ne manque pas de nous assister, comme Il le faisait pour Jésus au milieu de ses frères.

Peu de jours avant de retourner dans son pays natal, le Pape Benoît XVI disait à un groupe de journalistes : “Il est devenu plus difficile de croire, puisque le monde où nous nous trouvons, nous le faisons par nous-mêmes, et Dieu, pour ainsi dire, n’y comparait plus directement... Les hommes ont reconstruit leur propre monde par eux-mêmes et il est devenu plus difficile de retrouver Dieu dans ce monde…”

C’est un défi ! Certes, mais l’Eglise, dès le temps des Apôtres, ne l’a-t-elle pas affron-té ? Et de génération en génération elle continue à revenir sur ces exigences, sur cette annonce, parce qu’elle ne cesse de rester fidèle en correspondant au Dessein de Dieu et aux besoins des hommes.

La vocation chrétienne est une vocation messianique, c’est-à-dire celle de Jésus-Messie, Sauveur de tous les hommes. A son baptême, chaque homme reçoit une grâce de participation à l’œuvre de salut que le Père accomplit dans l’humanité, par la puissance de l’Esprit Saint. Vécu dans la foi, le “tout est possible” de Dieu est une réalité que nous découvrons à chaque acte d’évangélisation.

“Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde” (Mt 28-20)

Les hommes de ce monde ont recons-truit leur propre monde par eux-mêmes, oubliant cette réalité, et c’est pourquoi il leur est difficile d’y retrouver Dieu.

“Nous voyons que les jeunes cherchent un ‘supplément’, nous voyons que, d’une certaine manière, le phénomène religieux - comme on dit - revient, même si cette recherche est encore plutôt floue, et l’Eglise est présente, la foi s’offre comme réponse”, disait encore Benoît XVI à ces journalistes, venus l’interroger sur les chances de trans-mission de l’Evangile.

Notre monde, après 2.000 ans, est encore loin de répondre à cette évangélisation de tous les peuples. Même s’il y a eu des “coups du Saint-Esprit”, certains pays sont encore bien ignorants de la Parole de Dieu. Tout cela nous appelle à réévaluer la Mission qui est non seulement celle des Apôtres, mais de toute l’Eglise. ■

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L’Evangélisation

Inculturation

et évangélisation

Père Jude MBIFoyer de Bonjongo,au Cameroun anglophone

L’inculturation est une matière que nous ne pouvons pas prétendre traiter exhaus-tivement dans un bref article comme celui-ci, les enjeux étant si nombreux et si complexes.

Nous allons donc nous contenter de pré-senter une simple piste de réflexion sur quelques points saillants : Les païens con-vertis au christianisme doivent-ils être ou non circoncis selon la tradition juive ? Les chrétiens doivent-ils suivre les mêmes rites, quels que soient leur pays et leur culture ?

Ce débat des débuts de l’Eglise est finale-ment toujours actuel. C’est celui de l’incul-turation, grand défi pour une Eglise catho-lique qui a tant de mal à ne pas confondre “universalité” et “unité”1.

Le père Jude Mbien costume traditionnel

La communauté

Le Foyer de Bonjongo, au Cameroun anglophone

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L’Evangélisation Inculturation et évangélisation

Sans inculturation, la foi chrétienne ne pourra jamais s’enraciner en Afrique. Qu’est-ce qui justifie cette affirmation ? Le constat est que, pour la plupart des Chrétiens africains, la foi vacille ; tour à tour ils pratiquent le christianisme et leur religion traditionnelle africaine. Comme l’ont dit certains des pères synodaux, ils sont comparables à des grenouilles qui ont deux pattes dans l’eau et deux pattes sur la terre - quand il y a une perturbation dans l’eau, ils sautent sur la terre et quand il y a un trouble sur la terre, ils se précipitent dans l’eau. Ou encore : certains chrétiens prient le chapelet le matin et pratiquent la sorcellerie le soir.

Pour résoudre la “rupture” entre Evangile et Culture, l’Eglise propose “l’inculturation” de l’Evangile dans toutes les églises parti-

culières. A tout juste cent ans d’existence, l’Eglise d’Afrique a encore la possibilité d’échapper aux erreurs qui ont été commi-ses dans d’autres continents.

Qu’est-ce que “l’inculturation” ? Le mot de base “culture” vient d’une racine latine : “colo,- ere” qui signifie “cultiver”. Cela se rapporte aux tendances globales que pren-nent les activités humaines et les structu-res symboliques qui prêtent une significa-tion à ces activités. Jean Paul II explique : “La culture n’est rien d’autre que l’action de cultiver, l’inculturation, tout ce qui confirme la présence du Christ dans vos cultures africaines, et donc, dans vos langues, dans votre littérature, dans vos chants, dans vos danses, dans la façon de célébrer l’Eucha-ristie et aussi dans la manière de vivre votre vie quotidienne” (homélie à Yaoundé

Bur

undi

L’inculturation est au cœur du message révélé. Né dans une culture donnée, le message du Salut a successivement emprunté aux diverses cultures, qui ont jalonné l’histoire sainte, de quoi s’exprimer pleinement et de quoi dire sa richesse qui dépasse tout entendement. Et c’est l’Esprit Saint, agent principal de l’inculturation, qui a guidé les premiers disciples vers l’in-sertion de l’Evangile dans les cultures de peuples autres que le peuple juif.

Et pourtant, au cours de l’histoire, depuis l’édit de Milan en l’an 313, se développa entre l’Eglise et l’Etat, entre le christia-nisme et la culture gréco-romaine, une fusion qui engendra la culture occiden-tale chrétienne. Le christianisme adopta la pensée philosophique grecque comme schéma pour exprimer la foi, reprit dans une large mesure les structures civiles et juridiques du droit romain et s’appro-pria le latin comme langue universelle de l’Eglise2.

Ainsi naquit une culture dite chrétienne, et l’évangélisation des peuples, qui se trou-vait en dehors de I’Eglise, consista en l’ex-pansion de l’Orbis Christianus (le monde chrétien) comme unique ordre légitime et possible voulu par Dieu. L’Eglise ne trouva rien à apprendre au contact des autres peuples. Il n’y eut pas de dialogue intercul-turel pouvant donner lieu à une nouvelle version possible de la foi, en partant de l’univers culturel des peuples avec lesquels le christianisme entrait en contact.

Le résultat de cette réalité historique, si douloureuse, a été la rupture entre Evangile et Culture, et l’Eglise en est devenue vive-ment consciente depuis Vatican II. Dans

son Exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi sur l’évangélisation des hommes de notre temps (1975), le Pape Paul VI affirmait, préoccupé, que “la rupture entre Evangile et culture est sans doute le drame de notre époque, comme ce fut aussi celui d’autres époques” (EN 20). Ce problème est plus ressenti en Afrique, semble-t-il, que parmi d’autres peuples. Le Saint Siège, depuis Vatican II, n’a pas cessé d’exhorter sur la priorité et l’urgence de l’inculturation pour l’évangélisation de l’Afrique.

Le 31 juillet 1969, le pape Paul VI, s’adres-sant aux évêques africains à la fin de la 1re Assemblée Plénière du SECAM à Kampala, Ouganda, a fait cette remar-que bouleversante : “…You must have an African Christianity” (“vous devez avoir une chrétienté africaine”). C’est également sous la bannière de l’inculturation que, en 1995, Jean-Paul II est allé en Afrique promulguer l’Exhortation apostolique post-synodale “Ecclesia in Africa”. Il affirme dans son homélie de Yaoundé : “Parmi les thèmes mis en relief, celui de l’inculturation mérite une attention particulière, car il est lié à l’annonce de la Bonne Nouvelle aux peuples et aux nations de votre continent ainsi qu’à leur entrée dans la vie selon l’Evangile”.

Et dans Ecclesia in Africa, il déclare : Le Synode considère l’inculturation comme une priorité et une urgence dans la vie des Eglises particulières pour un enraci-nement réel de l’Evangile en Afrique, “une exigence de l’évangélisation”, “un chemine-ment vers une pleine évangélisation”, l’un des enjeux majeurs pour l’Eglise dans le continent à l’approche du troisième millé-naire” (EA 59).

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L’Evangélisation

L’évangélisation ne peut se réaliser que par le moyen de l’inculturation. Qu’est-ce que l’évangélisation ? Le pape Paul VI, dans son Exhortation Apostolique Evangelii Nuntiandi explique : “Evangéliser, pour l’Eglise, c’est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même : ‘Voici que je fais l’univers nouveau !’ Mais il n’y a pas d’humanité nouvelle s’il n’y a pas d’abord d’hommes nouveaux, de la nouveauté du baptême et de la vie selon l’Evangile. Le but de l’évangélisation est donc bien ce changement intérieur et, s’il fallait le traduire d’un mot, le plus juste serait de dire que l’Eglise évangélise lorsque, par

la seule puissance divine du Message qu’elle proclame, elle cherche à convertir en même temps la conscience personnelle et collective des hommes, l’activité dans laquelle ils s’engagent, la vie et le milieu concrets qui sont les leurs” (EN 18).

Le plus important donc, c’est d’évangéliser la culture de l’homme ; non d’une manière superficielle, folklorique mais à fond, aux racines mêmes, “partant toujours de la personne et revenant toujours aux rap-ports des personnes entre elles et avec Dieu” (EN 20). Le lien entre l’inculturation et l’évangélisation est clair : de même que, par l’Incarnation, le Verbe de Dieu s’est fait en tout semblable aux hommes, sauf

Gha

na

Inculturation et évangélisation

au Cameroun, 1995). Nous retenons les mots “présence du Christ”. Le Christ est présent dans toutes les cultures humaines, Lui le Verbe Eternel, par qui et pour qui tout a été fait. Et chaque peuple n’a qu’à “culti-ver”, par sa conscience, de la présence du Christ parmi eux depuis toujours.

La théologie de l’inculturation est fondée sur le mystère de l’Incarnation. L’Incarnation est le mystère de Dieu devenu homme. Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous (Jn 1,14). Mais la Parole de Dieu ne s’est pas incarnée dans un vide : Elle a pris la forme d’un individu (Jésus) dans un lieu précis (en Orient). Il s’est enraciné dans le peuple juif, à un moment précis de l’histoire. Il s’est incarné parce qu’il s’est inculturé. De même que l’Incarnation c’est le mystère de

Dieu devenu homme, l’inculturation c’est le mystère de Dieu devenu cet homme. Nous retrouvons là la tension entre le particulier et l’universel. L’inculturation entre toujours dans le particulier et, en même temps, elle est toujours reliée à l’universel de la catho-licité ecclésiale.

Le missionnaire, qui s’incarne dans un peuple particulier, établit un pont entre ce peuple et l’universalité de l’histoire du Salut. Cette tension est le mystère même du Christ qui s’est fait homme, qui s’est fait juif, qui s’est fait juif parmi les juifs et qui, en même temps, est homme pour tous les hommes, sauveur de chaque homme. Si le Christ peut rencontrer chaque homme, c’est qu’il y a, en chaque homme, une préparation à l’accueil de sa Personne, une semence évangélique3. C’est pour-quoi Jean Paul II n’hésite pas à affirmer dans son discours aux évêques kenyans à Nairobi : “Not only is Christianity relevant to Africa, but Christ in the members of his Body, is himself African”, “non seulement le Christianisme est applicable à l’Afrique, mais le Christ, dans les membres de son Corps, est lui-même africain” 4.

L’inculturation, donc, c’est l’incarnation de la vie chrétienne et du message chrétien dans un contexte culturel particulier, de telle manière que cette expérience trouve expression, non seulement par des élé-ments propres à la culture en question, (ce qui ne serait qu’une adaptation super-ficielle), mais qu’elle devienne un principe qui anime, dirige et unifie la culture, et la transforme ainsi en une “nouvelle création”, avec une nouvelle communion au sein de la culture elle-même mais aussi avec un enrichissement de l’Eglise universelle.

Togo

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1 Didier Samson, “Esprit et vie”, article publié le 14/10/2003.2 P. Mario L. Peresson, SDB Inculturation de l’Evangile dans un monde multiculturel.3 MEP, 128, rue du Bac, 75007 Paris, France, Tél. : +33 (0)1 44 39 10 40.Site optimisé pour IE 6 sur PC, Mozilla 5, Opera 7 sur PC ou Linux,Safari sur Mac © Société des Missions Etrangères de Paris 2000-2004.4 John Paul II, African Addresses, Editrice Missionaria Italiana, Bologna, 1981, p. 178.

Inculturation et évangélisation

dans le péché, ainsi l’Evangile assume toutes les valeurs humaines mais refuse de prendre corps dans les structures de péché. L’inculturation, qui n’aurait pas pour but d’amener des individus et des peuples à la conversion et à la sainteté, serait fausse. Toute inculturation, qui n’atteint pas l’homme, reste dans les limites de la cul-ture et ne saurait y opérer un changement qui affecte sérieusement et durablement l’homme.

Jésus est le modèle de l’inculturation : “Il vint à Nazareth où il avait été élevé. Il entra selon la coutume dans la synagogue le jour du sabbat” (Lc 4). Jésus s’est incarné dans la continuité de la tradition juive.

Pour évangéliser une culture, pour toucher les cœurs et convertir, il faut commencer par vivre avec son peuple. Dans la lumière de ce mystère de l’inculturation comme continuité, il convient, dans les peuples, de commencer par regarder leurs cultures propres, par les connaître, par les res-pecter. Mais Jésus ne s’est pas conformé aveuglement à la tradition juive, Il a fait des ruptures irréversibles. Par ses paroles, Il fait comprendre qu’Il n’est pas venu abolir la Loi de Moïse mais l’accomplir. “Il vous a été dit dans la Torah… moi je vous dis…”. Sans rompre le dialogue avec eux, par ses paraboles, Il les conduit vers toute la nou-veauté de son message.

Jésus est le pont jeté entre l’homme et sa culture et le Mystère de Dieu. Le mystère de l’inculturation comme rupture nous fait comprendre qu’il n’est pas question de compromettre la Parole de Dieu ni de la vider de la croix, sagesse et puissance de Dieu, qui dépasse la sagesse et la puissance humaines. C’est un processus lent qui demande la participation de toute une communauté, en communion avec l’Eglise universelle, et sous la direction du Saint-Esprit. ■

Togo

Au Cameroun

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C’est au lendemain des deux guerres civiles du Congo Brazzaville (1993-1997) que Monseigneur Jean-Claude Makaya Loemba, évêque du diocèse de Pointe Noire, créa la Commission Justice et Paix. La préoccupation de l’époque était double, à savoir : comment dénoncer l’injustice et quel message de paix délivrer devant une situation paradoxale : un sous-sol riche et une population pauvre.

Rentrant du Cameroun, après une courte expérience en Droits de l’homme et Sciences sociales, je me suis vu con-fier la responsabilité diocésaine de cette Commission, en juin 1998.

Voilà que, sept ans après, en 2005, le même évêque me demande de relancer le Foyer de Charité de Liambou, à Pointe-Noire, à la suite de la nomination comme évêque de Kinkala de son ancien père Louis Portella Mbouyou.

Que dire de ces deux appels successifs ? Dans les deux situations, il s’agit de servir l’Eglise : chaque fois j’essaie de me ren-dre disponible et de donner le meilleur de moi-même, car c’est l’Eglise qui appelle et c’est encore elle qui envoie en mission : “Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie” (Jn 20).

Pour mieux apprécier là où Dieu m’ap-pelle, je voudrais m’interroger sur la vie de Marthe Robin : comment, immobile dans une chambre, a-t-elle pu rester active et ouverte au monde ? En effet, elle n’a pas cessé d’écrire aux prisonniers et aux nécessiteux, et de leur envoyer des colis. Il y a bien ici un mouvement de va et vient entre la mystique et l’engagement social.

Laisser Justice et Paix, ce me fut un peu difficile. J’ai eu l’impression de déserter les lieux de combats. Mais il faut dire aussi que j’étais devenu de plus en plus un homme

L’Evangélisation

médiatique, habitué aux forums internatio-naux ; cela est tentant et se révèle souvent comme un véritable danger de la pasto-rale sociale des droits humains aujourd’hui dans l’Eglise. Nous devons bien savoir que Justice et Paix n’est pas une affaire de spé-cialistes ; c’est l’affaire de toute l’Eglise et donc de tous les chrétiens épris de justice et de paix car “Christ est notre paix” (Eph 2) et Dieu est le Prince de la Paix (Isaïe).

Dans les Foyers, je crois être à ma place. Comme l’a dit le père Finet, un Foyer de Charité est un séminaire de formation du laïcat. Jeune prêtre, je fus responsable du petit séminaire de mon diocèse. J’ai donc, d’une certaine manière, participé à la for-mation du clergé actuel.

Maintenant, dans les Foyers, je suis encore au séminaire, cette fois-ci pour former des laïcs en vue de nous renouveler, eux et moi-même, en tant que baptisés, con-sacrés à la Trinité pour régénérer toute l’Eglise (paroissiale, diocésaine et natio-nale) et, bien sûr, par le rayonnement éthi-que, le monde entier. Il y a ici un défi de conversion permanente. La conversion des autres commence par la mienne, par l’unité de ma propre vocation.

Chez les pères de l’Eglise, Clément d’Alexandrie dit avec justesse : “De même que la volonté de Dieu est un acte et s’appelle le monde, ainsi son intention est le salut des hommes et elle s’appelle l’Eglise”. Origène, quant à lui, écrit : “Celui qui est dans l’Eglise, laquelle est pleine de la Sainte Trinité, celui-là habite l’Uni-vers”. Plus encore Vatican II a réaffirmé que l’Eglise est tournée vers le monde et a mis en exergue la place et le rôle des

laïcs “hommes de siècles”, sel de la terre et lumière du monde ; cet enseignement est constant dans l’Eglise, comme le rap-pelle “le décret sur l’apostolat des laïcs” (Apostolicam actuositatem, n° 29).

De fait, la mission des Foyers de Charité est la mission de l’Eglise, c’est-à-dire : l’évangélisation, l’annonce de la Bonne Nouvelle, le dessein bienveillant de Dieu à l’humanité, à l’homme d’aujourd’hui : “Allez de par le monde, annoncez l’évangile et baptisez au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit” (Mt 28).

La spécificité des Foyers de Charité, leur charisme, consiste, non seulement dans l’enseignement par les retraites fondamen-tales, dans le silence, pour un retour à Dieu (conversion personnelle) et, de ce fait, le choix de Dieu pour un engagement dans le monde, mais aussi par le témoignage de la communauté qui accueille, qui sert et qui prie à la manière de Marie, avec Marie (comme à l’Annonciation, à Cana, au pied de la Croix et au Cénacle). En effet, pour son ministère public, Jésus n’a pas annoncé l’avènement de son “Royaume” sans avoir au préalable constitué les pré-mices de son groupe apostolique.

Avant de conclure, rappelons trois exhorta-tions du Conseil Pontifical pour les Laïcs, données ces dernières années, dans son accompagnement des Foyers de Charité.

- En 1986, Mgr Cordes, alors secrétaire du Conseil Pontifical pour les Laïcs, édicte le “paradoxe de la sainteté” : C’est Dieu lui-même qui engendre la sainteté. Dieu communique au pécheur ce qui le sépare de Lui et comble ainsi l’abîme

Mystique de l’engagement social : un chemin de sainteté pour tous

Mystique

de l’engagement

social

Un chemin de saintetépour tous

Père Georges LOEMBA NDENDEFoyer de Liambou, au Congo-Brazza

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L’Evangélisation

infranchissable entre Dieu et l’homme. Naturellement cette sainteté, attribuée au Père (Ap 4, 8 ; Jn 17, 11), est celle également du Fils et du Saint-Esprit (…).

L’Eglise, elle aussi, est englobée dans la sainteté de Dieu (Ac 4, 27-30). Jésus est au milieu des siens : le prêtre, l’offrande et le temple partant de ce Saint Serviteur qui a sanctifié les siens, Paul qualifie tout d’abord les membres de la communauté de Jérusalem, mais aussi les chrétiens issus de la gentilité comme des saints, non par eux-mêmes mais par l’appel de Dieu en Jésus-Christ.

Cette sainteté, Jésus la communique aux croyants, tout particulièrement par le culte divin, mais Jésus nous apprend également que la sainteté ne se développe pas dans le vide mais seulement dans l’ouverture de l’homme au monde (Jn 17, 17-19) ; le saint et la sainteté sont indispensables au monde : le saint contribue nécessairement à son humanisation et la sainteté est le meilleur remède à ses maux.

En 2002, Mgr Rylko, à son tour secrétaire du Conseil Pontifical pour les Laïcs, sou-ligne l’urgence de la formation : “Il existe aujourd’hui une nécessité urgente de nou-veaux projets et méthodes de formation, devant correspondre aux conditions des hommes et des femmes de notre épo- que (…). C’est justement dans ce domaine, si important, que les communautés nou-velles offrent à l’Eglise une contribution vraiment providentielle (…).

Je crois que la formation des fidèles laïcs constitue le charisme principal des Foyers de Charité ; je pense en particulier aux

retraites spirituelles et à vos écoles dans plusieurs pays du monde. Votre charisme se situe donc au point le plus névralgique de la mission de l’Eglise. Et c’est là aussi un grand signe d’espérance : un grand nombre de fidèles laïcs ressent une pro-fonde exigence de formation et le besoin de lieux où trouver une solide nourriture spirituelle.

Les Foyers de Charité sont des oasis d’espérance. A vous, il est donné de servir et d’accompagner les plus grands mira-cles qui se réalisent dans les âmes des nombreuses personnes qui viennent chez vous pour une retraite. La conversion d’une personne est un grand événement, même si habituellement elle a lieu dans le silen-ce et reste dans le secret du cœur (…), c’est la meilleure preuve que la route que vous parcourez avec tant de générosité est bien juste”.

- En 2006, Monseigneur Clémens, l’actuel secrétaire du dicastère, met en exergue le rayonnement de la communauté : L’amour grandit par l’amour. Il est divin parce qu’il vient de Dieu et qu’il nous unit à Dieu et, à travers le processus d’unification, il nous transforme en un “nous” qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir un, jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit “tout en tous”.

Ce rayonnement est le fruit de la parole et du témoignage de vie : “verba docent, exempla trahunt” (les paroles enseignent et les témoignages de vie attirent).

Marthe Robin est bien une mystique pour notre temps. “Je ne suis qu’un signe”, disait-elle. En effet, elle est signe des temps pour notre Eglise et notre monde.

Dans la Constitution sur l’Eglise, il existe un chapitre peu connu et trop peu commenté : c’est le chapitre V de Lumen Gentium (n° 39-40 et 42) sur “l’appel universel à la sainteté”. Qu’un chapitre entier soit consacré à cette question, cela peut paraître surprenant et, de fait, plus d’un ont été surpris, mais cela nous éclaire grandement sur la vocation du peuple de Dieu et de ses membres.

Cette sainteté est communion à la sainteté du Christ, elle est dans les croyants l’œuvre de l’Esprit Saint, elle produit des fruits dans la vie des chrétiens et dans la société des hommes. Pour les fidèles, elle est une mar-che courageuse à la suite du Christ sur les chemins de la perfection à laquelle ils sont appelés. Elle consiste radicalement dans la

charité qui nous fait aimer Dieu par-dessus tout et le prochain à cause de Lui. L’on comprend ici, à juste titre, pourquoi le Pape Benoît XVI intitule son encyclique inaugu-rale, c’est-à-dire son programme : “Dieu est Amour” afin que toute l’Eglise, tout baptisé prenne conscience de son devoir, de sa responsabilité aujourd’hui de construire “la civilisation de l’amour”.

En effet, il le dit lui-même dans son intro-duction : “C’est pourquoi dans ma pre-mière encyclique, je désire insister, de manière à susciter dans le monde un dynamisme renouvelé pour l’engagement dans la réponse humaine à l’amour divin. Autrement dit, la façon dont Dieu aime devient la mesure de l’amour humain”. ■

Mystique de l’engagement social : un chemin de sainteté pour tous

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“Ne suffit-il pas

d’une faible étincelle

pour allumer

un immense incendie ?

Ne suffit-il pas

qu’un seul cœur

déborde d’amour pour que

mille autres soient pleins ?

Et puis une seule

bonne volonté

en fait de suite

lever des masses”

Marthe Robin23 janvier 1930

19362006

19362006

“L’apostolat n’est que

le rayonnement de la sainteté.

Un apôtre doit être

deux fois saint :

une fois pour lui,

une fois pour les autres”

“Allez vous aussi

travailler à ma vigne !

Vous devez être des apôtres

là où vous êtes.

Cette grande volonté de Dieu

sur nous, c’est la nouvelle

Pentecôte d’Amour”

Père Finet

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Témoignages Du Thabor à la plaine

En 1981, Marthe venait de mourir, et ce n’est pas par hasard que nous sommes conduits au Foyer de Charité de Saint Denis. Première retraite, fondamentale. Très vite, nous avons su que nous avions trouvé ce que nous cherchions, ce que nous désirions depuis longtemps. Presque chaque année, nous sommes revenus pour continuer dans la joie de suivre le Seigneur malgré les chutes et les épreuves.

En 1982, le texte des évêques de France “Pour de nouveaux modes de vie” nous interroge : dans trois ans, Claude sera atteint par la limite d’âge et devra choisir entre envisager une seconde carrière, pro-fiter du “farniente” de la retraite profession-nelle ou mettre notre nouvelle disponibilité au service de l’Eglise. Après concertation en couple et avec nos deux plus jeunes enfants encore à la maison, nous choisis-sons cette troisième voie. En 1984, inter-vient l’interpellation en vue du diaconat.

Nous commençons le parcours de formation régionale des diacres avec leurs épouses ; en même temps, le soutien priant du Foyer, l’accompagnement résolu du père Emile Ricart et son émerveillement communicatif devant la Parole - au début d’une retraite avec l’Evangile de Jean : “Nous allons entrer dans une cathédrale !” - pétrissent et modèlent notre vie de couple et notre vie ecclésiale. Quelques jours avant l’ordi-nation, nous faisons retraite personnelle à Notre Dame de Lacépède sous la direction bienveillante et pleine d’humour du père Gabriel Imbert : “Votre mari va être sous la douche de l’Esprit Saint - dit-il à Josiane -

et vous, vous en recevrez bien quelques gouttes !” Faire une retraite en Foyer est toujours une aventure personnelle et com-munautaire, aventure incontournable pour continuer la vie ordinaire “dans le monde”. Descendre du Thabor n’est jamais anodin, avec au cœur cette brûlante parole du Père “Ecoutez-le !” et celle de Jésus “Ne crai-gnez pas !” (Mt. 17, 7).

Comment et dans quels lieux allons-nous, à notre tour, être lumière ? Question simple et lancinante à la fois. Simple car la famille et les missions confiées sont les premiers lieux d’évangélisation. Comment ? Puisque nous avons reçu dans le silence de la prière, nous sommes rendus capables de donner dans notre vie active.

En famille, avec tact et affection, savoir montrer ce qui pour nous est important, affirmer les valeurs sur lesquelles nous fondons notre vie, ne rien revendiquer pour nous-mêmes mais savoir être présents en conciliant les engagements ecclésiaux :tout cela relève parfois de l’acrobatie ! C’est maintenant plus à nos petits-enfants que s’adresse notre témoignage.

Les rencontres à l’occasion des missions ecclésiales ou associatives sont autant de lieux d’évangélisation. Mais, évangéliser, ne serait-ce pas aussi se laisser évangéliser ? Nous avons beaucoup reçu de nos amis turcs assyro-chaldéens, réfugiés politiques, longtemps persécutés : sens aigu du sacré, de la prière, de l’engagement dans une église à la fois proche et lointaine dans son expression ; hospitalité, dignité, partage,

confiance intrépide en Dieu ! L’aide au travail scolaire du soir nous fait côtoyer des enfants réfugiés des bouts du monde, russes, afghans, vietnamiens, sri-lankais, peinant sur l’apprentissage en Français de l’ensemble du programme scolaire : pau-vretés, échecs, fierté, courage ! A travers la mission de la Coopération Missionnaire confiée par notre Evêque, c’est le soutien d’une équipe de laïcs très engagés sur leurs lieux de vie, c’est l’accueil d’évêques et de personnes venus d’ailleurs, Afrique, Guatemala, Chili, Timor, Cambodge… Tout un maillage de relations ouvrant le cœur et l’intelligence aux dimensions du monde grâce à nos missionnaires.

La préparation au mariage, dans le cadre du CPM, nous confronte à une quasi-igno-rance du message de la foi, nous conduit à l’action de grâce pour l’ouverture du cœur de tous ces jeunes, nous interroge sur notre propre relation de couple et sur la façon dont nous devrions porter tout cela dans la prière, prière que nous avons pris le parti de leur proposer à la deuxième rencontre : moment intense pour eux et pour nous !

Allons-nous céder à la fatigue des jours ? Les douze premières années du diaconat de Claude, riches en “choses à faire”, ont été en quelque sorte très gratifiantes. Il nous faut passer, petit à petit, d’une acti-vité soutenue à plus de temps de prière, d’écoute, de méditation de la Parole, de repos… Nous avons toujours été accom-pagnés par un prêtre, mais le Jubilé de l’an 2000 nous a façonnés en secret, si bien que nous avons décidé, en couple, de recourir plus souvent au sacrement du pardon ; depuis, grâce à l’Esprit Saint, nous n’avons jamais failli à ce rendez-vous

de la tendresse et de la joie. “L’important, ce n’est pas ce que nous disons, mais ce que Dieu nous dit et dit à travers nous” (Mère Teresa) : témoigner de notre amour de couple, sans bruit, en étant simplement nous-mêmes, écouter, nous laisser toucher par les joies et les peines des uns et des autres, nous pardonner et pardonner à notre tour ; tout cela bien enraciné dans la prière et dans l’Eucharistie, “fournaise d’amour de la Trinité”, selon la belle expres-sion d’un moine bénédictin de Maylis, autre port d’attache spirituel dans notre diocèse des Landes.

La miséricorde du Seigneur est infinie ; elle appelle toujours une réponse : conformer sa vie aux exigences évangéliques n’est pas facultatif mais la foi nous y entraîne dans une réponse d’amour. Puissions-nous être porteurs de cette Bonne Nouvelle tout autour de nous.

Josiane et Claude

Le nouveau rituel du mariage, dans son annexe sur les anniversaires, invite les époux à formuler une prière d’action de grâce. Nous venons de célébrer nos noces d’or ; notre prière est allée à l’essentiel :- Josiane : “Béni sois-tu, Seigneur, tu as été avec nous dans le bonheur comme dans l’épreuve”.- Claude : “Béni sois-tu, Seigneur : tu nous as gardé sur tes chemins, en particulier par deux évènements décisifs”.- Josiane : “Il y a 25 ans nous avons rencontré les Foyers de Charité”.- Claude : “Il y a un peu plus de 17 ans, tu m’as appelé au diaconat”.- Ensemble : “Bénis Seigneur nos 6 enfants, leurs épouses, leurs époux et nos 21 petits-enfants. Nous te prions de nous aider encore : garde-nous dans l’amour mutuel, que nous soyons des témoins fidèles de l’Alliance que tu as conclue avec l’humanité”.

Du Thabor à la plaine

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Témoignages Evangéliser dans l’ordinaire de la vie

Nous avons fait connaissance avec les Foyers de Charité à la suite du témoignage d’une personne de notre famille. Depuis, nous essayons, dans la mesure du pos-sible, de nous rendre une fois par an à la Flatière et d’amener avec nous, chaque année, de nouvelles personnes.

Notre seconde façon de devenir évangé-lisateurs, c’est d’essayer d’être fidèles, dans toutes nos rencontres, qu’elles soient familiales, professionnelles ou autres, à l’esprit que nous découvrons au cœur de la communauté de ce Foyer.

La qualité de l’accueil et de l’engagement au service des retraitants, dans ce qu’il y a de plus quotidien, de plus élémentaire, est vraiment pour nous toujours étonnante. Chacun se sent entendu dans sa demande et même bien au-delà. Simple et gratuit, ce regard que nous percevons est comme un rayon laser qui nous rend digne d’être aimé. C’est de cet esprit-là que nous avons envie de témoigner. Il nous unifie et fait grandir l’autre.

Membres des équipes Notre-Dame, nous étions déjà sensibilisés à la prière quoti-dienne mais là aussi, la prière confiante et simple de la communauté du Foyer nous a interpelés. Nous essayons, à l’instar de la communauté, de nous en remettre quoti-diennement à Marie.

Certains jours, c’est la routine qui prend le dessus mais nous avons constaté que Marie “agit” quand même, que ce qui importe, c’est notre fidélité. Désormais, je

remets à Marie chacune de mes rencon- tres avec les couples que je reçois en entretien de conseil conjugal. Je suis sou-vent surprise, à la fin d’une rencontre, de constater la satisfaction des personnes rencontrées alors que je me suis sentie toute petite. C’est le témoignage de la com-munauté du Foyer qui me conduit à cette confiance.

Mon mari dit qu’une retraite ne le laisse jamais indemne. Elle réveille en lui la vie, le bonheur, le désir d’aimer davantage. Au fil des années, il fait l’expérience de se savoir aimé tout simplement, sans condition - pécheur certes, mais pécheur pardonné, son regard sur les autres a changé - et de cet amour inconditionnel qu’il veut essayer de témoigner dans ses rencontres avec les clients (assistant commercial dans une compagnie d’assurance).

Pour préserver cette relation de proximité avec les clients, il a fait le choix, il y a quel-ques années, de renoncer à ses objectifs financiers au profit d’une relation plus vraie avec les clients. (On ne peut servir Dieu et l’argent).

Actuellement, mon désir d’évangéliser et d’être fidèle à l’esprit chrétien s’enracine également dans le fait que j’ai bénéficié de grâces extraordinaires au cours de ces retraites. Elles ont restauré de façon fulgurante des parties blessées de mon être. Ces cadeaux me rendent de plus en plus audacieuse pour affirmer ma foi, non pas par un prosélytisme déplacé, mais en osant parfois nommer mes convictions.

Evangéliser dans l’ordinaire de la vie

Au niveau familial, nous avons quatre enfants, dont trois sont mariés ou vivent en couple. Ils ne vivent quasiment plus en communauté paroissiale. Tous sont parents. Un de nos gendres et notre belle-fille ont été élevés en dehors de toute spiritualité religieuse. Notre respect pour ce qu’ils vivent, notre disponibilité et nos engagements religieux les questionnent,

surtout notre belle-fille qui souhaite que ses enfants bénéficient d’une éducation religieuse. En résumé, notre façon de devenir évangélisateurs, à la suite de ce que nous recevons et découvrons lors des retraites en Foyer, c’est de témoigner au quotidien de l’extraordinaire dans l’ordi-naire de toute vie.

Denise et Christian

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Témoignages Témoignages

Avance au large

Toujours la même joie, et toujours le même désir plus pressant, à l’approche du rendez-vous. Car c’est bien de cela qu’il s’agit.

Tout a commencé en 2002. Je reçois ma lettre “d’appel” à l’équipe d’Animation paroissiale pour trois ans renouvelables. Une paroissienne, engagée dans notre paroisse, me parle et me montre des pho-tos de la Flatière. J’arrive avec elle, pour “suivre” le père Bourland sur le thème “Avancez au large”. Au même moment, de nouvelles responsabilités dans mon travail confirment l’insistance du thème, et le bien-fondé du choix.

Je retrouve aujourd’hui mes notes à l’issue de cette retraite : la première grâce a été la prière nocturne qui transforme l’insom-nie en moment de communion de prière. Savoir que, partout dans le monde, des religieux, des croyants priaient ensemble et se retrouvaient dans un souffle divin, me combla.

La deuxième grâce fut le moment d’adora-tion dans la nuit du vendredi, à la chapelle. Cette heure de “cœur à cœur” avec Jésus, sous la protection de Marie, me submergea d’amour divin ; le souffle de l’Esprit passait. Tout ceci était nouveau pour moi.

C’est avec audace que j’entamai mes nou-velles responsabilités, mais aussi dans la confiance : “avance au large”. Pour moi, qui

ai peur en mer, j’avançai au pied des som-mets enneigés (que je ne gravirai jamais), mais où il me semble être plus proche de notre Père.

Des différentes retraites, je retiendrai ce jour d’août 2005 où la messe fut célébrée dans la “prairie”. Quelle émotion au moment où la dizaine de prêtres avançait vers nous. Jésus et ses apôtres étaient là.

Ces retraites se vivent en silence, dans une fraternité palpable, dans un amour qui transpire, dans l’émerveillement des yeux, dans le confort, où je m’abandonne, ne décidant rien, me laissant porter, accom-pagner, par Marie jusqu’à Jésus avec les témoins réels des transformations au jour le jour : regards, visages, qui deviennent plus détendus…, ces témoins ce sont les membres du Foyer.

D’évangélisée, suis-je devenue évangélisa-trice ? Si peu, il y a tant de chemin à par-courir ; mais avance au large, ose, témoi-gne, n’aie pas peur, prie, vis le silence, sont des mots communs à toutes les retraites, et dont j’essaie de faire mon quotidien.

Alors, si tu savais le don de Dieu, je vous invite à venir vous abreuver à la source d’eau vive, et demain sera différent d’hier. Bien fraternellement, dans l’amour de Jésus.

Martine

L’Esprit Saint souffle vraiment où Il veut

Très attirée par les spiritualités orientales, j’avais commencé à adhérer au boud-dhisme et plus particulièrement au zen. J’avais assisté à des enseignements et participé à la cérémonie d’engagement des cinq entraînements où j’avais reçu un nouveau nom. Mon souhait était de faire une session d’une semaine ; cela ne pouvait se faire qu’à la période de Pâques puisque à cette période l’enseignement était en français. J’attendais donc que les conditions familiales, financières et profes-sionnelles, soient réunies. En attendant je continuais mon petit chemin de traverse : l’heure de gymnastique avait laissé la place au yoga et je commençais à pra-tiquer le reiki ; j’y trouvais des bénéfices évidents au début, par la suite c’est devenu un cauchemar (angoisses, comme une présence de vide).

Voilà qu’une collègue de travail quitte le Lot-et-Garonne pour s’installer au Pays Basque. Lors du pot de départ, nous discu-tons et j’avance les spiritualités orientales, tandis qu’elle griffonne sur un morceau de papier le titre suivant : Marthe Robin, le voyage immobile. J’ai gardé ce petit bout de papier, plusieurs mois dans le fond de mon sac, jusqu’au jour où je me décide à acheter ce livre… Pendant plusieurs mois, il est devenu mon livre de chevet et je ne sais comment, je fais ma première retraite… au Foyer de Notre-Dame de Lacépède. A la fin de cette retraite, je me sens envahie par un grand sentiment de joie, de liberté et un grand sens de la réalité. En effet, le yoga et le reiki avaient développé en moi une autosuffisance alors que la retraite me fait

entrer dans une relation de créature à mon Créateur. Je comprends et je vis combien Jésus nous amène dans le réel de notre quotidien. Je cherchais quelque chose de sain et j’ai trouvé quelque chose de saint et de vrai. De retour à mon domicile, je mets en place la prière personnelle, l’Eucharistie dominicale, le sacrement de réconciliation et l’heure de yoga fait place à l’heure de prière avec le groupe de prière. En même temps, je ne me sens plus du tout attirée par le reiki et les spiritualités orientales prennent une place tout à fait secon-daire si bien que je délaisse tout cela… Actuellement je suis catéchiste dans ma paroisse. J’accompagne une jeune femme dans la foi.

Depuis je fais souvent référence au Foyer de Charité de Lacépède. A plusieurs occa-sions, j’y ai amené des personnes. Certai-nes continuent à cheminer dans la foi et ont amené époux, compagnon ou ami. J’y ai également effectué une session de guérison intérieure qui m’a ancrée davan-tage dans la foi. Dernièrement la CNDA Aquitaine (Communion Notre Dame de l’Al-liance qui regroupe des séparés ou divorcés qui veulent vivre dans le Christ) a vu le jour au Foyer de Charité. J’en fais partie depuis peu et lors d’un week-end d’amitié près de Bayonne, j’y retrouve cette ancienne collè-gue avec laquelle j’avais perdu tout contact. L’Esprit Saint souffle vraiment où Il veut et comme Il veut et, de tout mal, Il peut en sortir un bien. Osons ne pas faire de résis-tance malgré les événements. Osons vivre en Esprit et en vérité !

Mathilde

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Témoignages

La foi est une confiance

De passage en France, j’ai eu l’occasion de passer devant le Foyer et de saluer quelques membres. C’est toujours avec une émotion intense que je pense à cette période de ma vie qui m’a ouvert les portes d’une autre dimension de mon parcours sur cette terre où, même croyante aupara-vant, j’étais aveugle à la présence réelle et tangible de l’Amour du Christ.

J’ai eu vraiment beaucoup de chance de rencontrer ce bout de papier coloré que j’avais choisi au milieu de tant d’autres pros-pectus sur une table dans le sanctuaire de Valcluse, simplement parce qu’il était coloré et que je m’ennuyais en attendant maman qui n’en finissait pas avec son rosaire.

Je voudrais vous témoigner combien les enseignements de mes retraites sont deve-nus partie de mon existence et vous témoi-gner du miracle que le Seigneur m’a fait.

Il y a trois mois, mon fils aîné a su qu’il était atteint d’une grosse tumeur au cerveau. Quinze jours plus tard, il était opéré. Le chirurgien l’avait prévenu qu’il risquait de mourir sur la table d’opération ou d’en sor-tir hémiplégique ou comme un végétal.

Comment donc vous décrire l’angoisse, le désespoir, la peur de ne plus jamais revoir mon fils vivant alors que le matin il était parti, accompagné de sa femme, à l’hôpi-tal, en me disant au revoir, et sachant lui aussi les risques qu’il courait ?

J’étais restée seule, avec ses deux petits-enfants. Je les avais couchés et me retrou-

vais à la veille de l’opération, ne sachant pas si je devais hurler, crier, me taper la tête contre les murs (en silence, naturelle-ment car les enfants dormaient ignorants de la gravité du moment), dans un déses-poir qui me prenait aux tripes et ne pouvant pas me convaincre que toute l’horreur de la situation était vraie et que c’était bien moi qui vivais cette terrible situation que mon fils serait peut-être mort, le lendemain.

Et tout d’un coup, une vérité comme la foudre traverse mon esprit avec une force incroyable : dans les affres de la douleur la plus pure, une voix s’élève vers Dieu et dit : “Mais alors, Seigneur, si j’ai une telle angoisse, c’est que je ne crois pas en Toi ? Moi qui dis que j’ai la foi, ce n’est pas vrai, je n’ai pas confiance en Toi ?”

Et, à cet instant même, les voiles de la souffrance de mon cœur se sont comme déchirés, j’ai vu clair, je n’ai plus douté de l’Amour de Dieu, j’ai eu la révélation instan-tanée de son aide, et mon angoisse, mon désespoir, ma souffrance se sont évanouis comme par enchantement.

Il était 10 heures du soir, je suis allée me coucher en faisant des mots croisés et j’ai passé une bonne nuit. Le lendemain, j’ai attendu sereinement pendant les 9 heures qu’a duré l’opération, et aujourd’hui mon fils est vivant, et va partir pour Kartum avec toute sa famille pour son travail.

Croyez-moi, j’appelle cela un miracle, le Seigneur s’est manifesté à moi et m’a soutenue dans le moment le plus terrible

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La foi est une confiance

de ma vie, et mon cœur regorge de joie éternelle et de remerciement infinis.

Je vous écris cela car, c’est en partie aussi grâce aux enseignements que j’ai reçus dans votre Foyer comme : “Ecoutez l’Esprit Saint, ouvrez-vous à Lui, laissez-Le vous parler”, ou encore et surtout : “La foi est

une confiance”, que j’ai pu surmonter des épreuves terribles en me confiant cœur et âme à l’Amour de Dieu.

Merci, merci, merci. Marthe Robin a sacri-fié sa vie pour me donner à moi aussi une part de bonheur.

Marylka

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De toutes nations

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Marie et Joseph, modèles pour les Foyers ?

Le 8 septembre 2006, fête de la Nativité de la Vierge Marie, le Foyer de Moresnet (Belgique) fêtait les 30 ans de son exis-tence. A cette occasion, l’Evêque de Liège a célébré l’Eucharistie pour laquelle pres-que 150 amis du Foyer s’étaient rassem-blés à l’église Marie Secours des chrétiens. Nous publions l’homélie que Mgr Aloys Jousten a prononcée en s’inspirant de l’évangile de la fête (Mt 1, 18-23).

Le premier Foyer de Charité a été fondé il y a 70 ans ; celui de Moresnet existe depuis 30 ans. Il y a 25 ans Marthe Robin nous quittait. Une fois qu’une personne est devenue célèbre, même ses parents en ressentent les effets : on se tourne vers eux pour les féliciter et les remercier. Il est vrai que ce que quelqu’un devient à l’âge adulte, en général et heureusement, a pris ses racines dans sa famille, chez ses parents. Ainsi l’Eglise fête aujourd’hui la Nativité de la Vierge Marie, de la mère de Jésus. En ce 70e anniversaire des Foyers, il est assez normal que nous tournions nos regards vers celle qui en a été l’inspiratrice, Marthe Robin, décédée il y a 25 ans. Il est frappant de constater, à Châteauneuf, à quel point la maison de la Plaine attire les retraitants. C’est là que Marthe Robin est née et a vécu. Si on pouvait lui poser la question, je suis sûr qu’elle ne souhaiterait pas cette “vénération”, mais qu’elle nous renverrait, comme Jean-Baptiste, à Jésus. Et nous entendrions Jésus nous dire : Venez et voyez ! (Cf. Jn 1, 19-39).

L’Evangile de la Nativité de la Vierge, je vou-drais le lire sur l’arrière-fond de ces anniver-saires. Il m’inspire de parler de Marie et de

Joseph comme personnes-modèles pour les Foyers de Charité, car il évoque à la fois le rôle de Marie et de Joseph dans l’accueil de l’Emmanuel, du Dieu-avec-nous.

Joseph ne comprend pas ce qui arrive à Marie, sa fiancée. Toutefois, il ne veut pas l’exposer au châtiment public et il décide de la renvoyer en secret. J’irais jusqu’à dire que si même Joseph avait su que Marie était enceinte par l’action de l’Esprit Saint, il aurait préféré s’éclipser. Et cela non par lâcheté, mais, bien au con-traire, par respect pour Dieu. Joseph est un homme juste ; c’est pourquoi il veut éviter de faire du tort à Marie ; de même il ferait tout par amour pour Dieu. En aucune façon, il ne voudrait usurper la place qui revient à Dieu. Mais une fois que Dieu l’interpelle et le charge de mission, il dit oui à cette voca-tion et se met au service de Dieu.

Parlons d’abord de Marthe Robin. Elle a tout simplement voulu être au service du projet de Dieu ; comme Joseph, elle aurait préféré se retirer. Depuis sa petite chambre, durant des décennies, elle a pourtant été l’instru-ment discret et si efficace du Seigneur et elle a éclairé le cœur de tant de visiteurs et de retraitants. Mais toujours, Marthe Robin a voulu aider ses frères et sœurs dans la foi à écouter l’appel du Seigneur et à y répondre - prêtres et laïcs, tous membres de la même Eglise, du même peuple de Dieu. Voilà sa vocation qu’elle assume sim-plement - comme Joseph.

Dans la personne de Joseph, je vois égale-ment comme une “anticipation” du rôle des Foyers et tout d’abord des communautés

Marie et Joseph, modèles pour les Foyers ? des Foyers. Dieu veut se servir d’eux pour créer les conditions nécessaires et suffi-santes à la “naissance”, à la croissance du Seigneur dans le cœur des retraitants. La vie fraternelle et familiale des mem-bres du Foyer, l’accueil, l’atmosphère, les (bons) repas, la préparation des offices et des célébrations, la convivialité et d’autres facteurs encore font en sorte que le séjour dans un Foyer et la participation à une retraite deviennent très souvent des évé-nements marquants pour les participants. Voilà sans doute une des grâces des Foyers. Et cela devient possible parce qu’il y a des “Joseph” qui sont disponibles et sont disposés à faire ce que le projet du Seigneur suppose comme disponibilité et service de leur part.

L’apport des Pères des Foyers va dans le même sens. Est-ce un pur hasard que les deux Pères fondateurs du Foyer de Moresnet s’appelaient Joseph ? Oui, un Père du Foyer est en tout premier lieu un serviteur, quelqu’un qui veille au bien de la communauté du Foyer et, avec ses membres, à la réalisation des objectifs que Marthe Robin a confiés aux Foyers. Joseph joue son rôle, il est là au service de Marie et de l’enfant qui va naître. En cela, il est donc un personnage qui peut inspirer la commu-nauté de vie qui réside dans un Foyer.

Marie, par contre, est celle qui donne Jésus au monde. Les retraites sont des événements qui transforment ou du moins touchent les participants. La parole prê-chée qui est essentiellement la parole de l’Evangile parvient parfois à engendrer la foi, toujours ou presque à l’approfondir ou à la renouveler. La foi - comme Jésus, vient d’ailleurs, elle est don de Dieu. Marie

nous le rappelle : “Qu’il me soit fait selon ta parole”. Dans un certain sens, la commu-nauté des retraitants est un lieu d’engen-drement ou de résurrection de la foi. N’est-il pas vrai qu’elle est une portion d’Eglise, et l’Eglise n’est-elle pas préfigurée en Marie ? Oui, les retraites dans les Foyers sont des lieux d’Eglise où on se porte et s’encou-rage mutuellement pour dire le Fiat comme Marie. “Et le Verbe s’est fait chair”. Celui qui a déjà animé une retraite peut témoigner que la Parole de Dieu devient encore chair aujourd’hui… “Ne rentrez pas chez vous comme avant”. Oui, il ne faut même pas le souhaiter. Très souvent, les retraitants rentrent chez eux - autrement. Souvent, j’ai pu observer que se vérifiait la Parole de l’Evangile selon saint Mathieu, reprise au prophète Isaïe : “Il ne brisera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui fume encore”. et cette autre parole reprise au prophète Osée : “C’est la miséricorde que je veux, non les sacrifices”.

Frères et sœurs, l’Eglise diocésaine est pleine de reconnaissance pour l’apport de “nos” deux Foyers - Moresnet et Spa -, pour leur contribution à faire grandir et à rendre adulte la foi des adultes. Après 70 ans d’existence, nous pouvons attester que les Foyers réalisent pleinement ce projet et nous en rendons grâce à Dieu. Vous êtes nombreux, ce soir, pour célébrer dans l’ac-tion de grâce le 30e anniversaire du Foyer de Moresnet. Cette seule constatation suffit pour illustrer cette satisfaction et cette joie. Il ne me reste plus qu’à prier le Seigneur qu’Il bénisse les Foyers afin qu’ils conti-nuent à être une bénédiction pour ceux qui les fréquentent et pour toute l’Eglise, comme le foyer de Nazareth.

Mgr Aloys Jousten, Evêque de Liège

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Le père Marian Matusik et les membres du Foyer de Kaliszany ont organisé une retraite en polonais à Châteauneuf-de-Galaure, du 3 au 9 juillet 2006. Plusieurs anciens retraitans de ce Foyer avaient le désir de venir se désaltérer à la source, chez Marthe, à la Plaine et au Foyer. Nous sommes donc venus en car, en commen-çant par Cracovie au Sanctuaire de la Miséricorde, et puis, en passant par Ars et Lyon, pour voir les lieux qui ont marqué la vie du père Finet.

A Châteauneuf, nous avons été accueillis d’abord par la Vierge Marie, puis le père Marian et les membres du Grand Foyer. Juste le temps de déposer les bagages et nous sommes partis à la Plaine où Paul nous a introduits dans la vie de Marthe et la retraite. Pour nous tous, c’était très émou-vant de se retrouver chez Marthe, dans sa chambre. Chacun venait la rencontrer inté-rieurement et lui confier ce qu’il apportait dans son cœur. Nous formions une grande famille, aussi avec les membres des com-munautés de Châteauneuf avec qui nous avons prié le chapelet à la Plaine.

La retraite, prêchée par le père Marian Matusik, était un temps fort d’une rencon-tre personnelle avec Dieu. Le père Marian parlait, entre autres, de la petite voie d’en-fance, de la connaissance de soi à travers la Parole de Dieu, de la Miséricorde, de la foi qui transporte des montagnes, de la confiance à l’Amour, du don de soi. Vendredi, préparés par une conférence

du père Michon, qui soulignait comment Marthe intériorisait les mystères de Jésus, nous avons fait le Chemin de Croix jusqu’à la Plaine. Samedi, après avoir renouvelé l’Acte de Consécration, nous avions l’im-pression d’avoir été invités à un festin de noces, tellement chacun se croyait comblé.

Dimanche matin, le père Michon nous a confirmés dans la mission d’évangélisation selon notre état de vie, et a orienté notre attention vers l’Europe de l’Est, en com-mençant par l’Ukraine.

En rentrant en Pologne, nous avons été accueillis par le Foyer de la Flatière et le Foyer de Bex, en Suisse. C’était un beau supplément où nous avons pu admirer la beauté des Alpes. Et nous avons retrouvé le même esprit de famille et le même accueil chaleureux que nous avons vécu à Châteauneuf.

Les mots ne suffiront pas pour exprimer ce que chacun a reçu pendant ce temps de grâce. Un grand Dziekuje (merci) monte vers Dieu du fond du cœur de chacun des retraitants polonais. En chacun de nous il y a une étincelle qui s’est allumée et que nous voudrions maintenir en nous unissant à la prière à “l’Heure de l’Appel” de Jasna Gora, et en confiant à Marie tous ceux grâce à qui et avec qui nous avons pu vivre ces moments inoubliables lors de la pre-mière retraite en polonais à Châteauneuf.

Dorota Sliwa

A Châteauneuf :Première retraite en polonais

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Contacts et informations : Services Coopération Missionnaire diocésainsou Service animation OPM-CM - 5, Rue Monsieur - 75343 Paris cedex 07

Tél. 01 53 69 17 56 - e.mail : [email protected] - site à consulter : http://mission.cef.fr

“En Christ, tous serviteurs de l’Evangile pour le monde

Semaine Missionnaire Mondiale15-22 octobre 2006

“Le lavement des pieds” - Arcabas

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Cette année, nous célébrons le 80e anniversaire de la journée missionnaire mondiale instituée en 1926 par le Pape Pie XI. Depuis 80 ans, à l’invitation des Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM), les Catholiques se rappellent au cours de cette semaine missionnaire l’indispensable nécessité de solidarité. C’est aussi un temps privilégié de prière et d’une meilleure information sur les réalités de la Mission, de la vie des Eglises dans les pays en situation difficile et de précarité. Cet appel est répercuté dans chaque diocèse de France par les OPM - Coopération Missionnaire. Et depuis 80 ans, une quête pour la Mission est faite dans toutes les paroisses et partout dans le monde, y compris dans les paroisses des pays les plus pauvres, chacun donnant selon ses moyens.

Benoît XVI écrit, dans son message pour la Journée Missionnaire Mondiale 2006, que c’est “une occasion utile pour comprendre toujours mieux que le témoignage de l’amour, âme de la mission, concerne tout le monde… Servir l’Evangile est un engagement partagé (…) avec ceux qui sont en première ligne sur les frontières de l’évangélisation (…) missionnai-res, enfants, jeunes et adultes… Je souhaite que cette participation de tous croisse toujours davantage grâce à l’apport de tous”.

A l’occasion du passage du père Jean-François Le Gal et de sa communauté, venus célébrer à l’abbaye de Lérins, ses 25 ans de sacerdoce, nous avons demandé à Teresa quelques échos sur le Foyer de Sanshia, à Taïwan :

Quelle est la place et l’espérance du Foyer de Sanshia dans le diocèse ?La plupart des retraitants qui viennent chez nous sont attirés par la liturgie, l’office, les chants, notre manière de vivre en com-munauté : et aussi à cause des homélies et de l’enseignement doctrinal donné par le père. Nous ressentons que les gens ont une très grande soif mais ils n’ont pas de lieu pour les accueillir. Aussi nous les recevons au Foyer et nous les invitons à vivre avec nous et chez nous. C’est très important parce que les Chrétiens sont un peu dispersés.

Ils trouvent une oasis où ils peuvent venir puiser la Lumière et la Charité pour les fortifier ?Le rôle le plus important que le Foyer peut jouer, c’est de donner une formation très solide, car cela manque beaucoup à Taïwan. Et aussi cela peut aider les Chrétiens à vivre une vie évangélique plus profonde à travers la liturgie, en rendant service à la paroisse, en s’occupant des enfants, et par les retraites. Par exemple, nous organisons des retraites, mais nous ne les faisons pas nous-mêmes seuls, nous invitons des couples pour nous aider, pas seulement à la cuisine mais pour donner aussi une for-mation aux enfants, aux adolescents pour les préparer à la liturgie.

Des étudiants viennent aussi au Foyer du fait que nous avons beaucoup de contacts avec l’Université où nous donnons des cours. C’est grâce à cela que plusieurs ont reçu la Lumière du Christ puis une formation approfondie qui les a conduits au Baptême. C’est tout un travail de lon- gue haleine mais nous avons beaucoup d’espérance.

Teresa

Au Foyer de Sanshia, à Taïwan

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De toutes nationsDe toutes nations

En ce 8 septembre 2006, la fête de la Nativité de la Sainte Vierge devient la fête de ma nativité dans la grande famille des Foyers de Charité. Ce qui m’a touchée en ce grand Jour, c’est la façon dont j’ai été entourée par la communauté, ma famille, les amis et par une forte délégation venant de ma paroisse de Lomé. Magnificat !

Emilienne-Laure

Engagements au Foyer de Courset

“C’est entrer dans la grande famille des 75 Foyers du monde entier par le don de toute sa vie : vie consacrée, communautaire au service de l’Eglise… Vous avez choisi la meilleure part parce que c’est là que le Seigneur vous

En ce 30 septembre 2006, la liturgie, avec les textes de la fête de sainte Thérèse, nous a introduits dans l’esprit d’enfance, cher à Thérèse et à Marthe.

“Devenez ce que vous êtes, Marie-Thérèse et Marie-Charlotte, et vous mettrez le feu sur la terre ! Vous souvenant qu’Il est là et qu’Elle est là, Marie, notre Mère”.

Le père Xavier Géron, Marie-Charlotte Flichyet Marie-Thérèse Decaestecker, le père Hervé Gosselin

a appelées et vous attend pour vous épanouir en vivant votre Baptême jusqu’au bout. Vous êtes de petites brebis au service du Bon Berger pour Lui permettre d’absoudre, d’ins-truire, de nourrir, de conduire les âmes à Lui”.

Merci au père Hervé Gosselin, du Foyer de Tressaint, représentant du père Michon aux engagements de Courset, d’avoir répondu à la question que petits et grands peuvent se poser :

Qu’est-ce qu’un engagement ?

Engagement au Foyer d’Aledjo, au Togo

La communauté du Foyer d’Aledjo avec le père Marcel, le père Dansou et le père Lapeyre

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Au Foyer du Mexique A-Dieu au Père Michel de Dinechin

Le père Michel de Dinechin, fondateur du Foyer de Cuernavaca, au Mexique, est décédé brusquement au matin du Samedi Saint. Il allait avoir 92 ans. Les funérailles ont eu lieu le Lundi de Pâques. Elles étaient présidées par Monseigneur l’Evê-que de Cuernavaca. Le corps a été inhumé au Foyer.

Le père de Dinechin est né le 6 septembre 1914 et a reçu le baptême le 8 septembre. Il a célébré sa Première Messe en 1940, au cœur du Liban, à Beyrouth, assemblant jeunes élèves et séminaristes de rites maronites, arméniens et syriaques. Il devait ensuite quitter le Moyen-Orient pour porter, comme missionnaire mariste, le message chrétien en terre mexicaine où il débar-qua à Vera Cruz, le 3 octobre 1942. Tour à tour, il fut curé de la Paroisse française à Mexico, Directeur du Collège Franco-Anglais, puis Supérieur du Scholasticat des Pères Maristes.

En août 1958, le père Michel de Dinechin suit une retraite à Châteauneuf. Deux ans plus tard, il écrit au père Finet : “Je m’adresse à vous comme au Père de qui, si la volonté du Seigneur continue à se manifester dans le même sens, je rece-vrai la mission de commencer le Foyer de Charité de Mexico… les grâces que j’ai reçues à Châteauneuf où vous avez eu la bonté de m’accueillir à cette retraite d’août 1958 me font penser que le Seigneur veut que je me jette à l’eau sans me regarder,

comme m’avait dit Marthe. Alors c’est d’ac-cord… Mon Provincial envisage les choses sous un jour favorable”.

En avril 1962, le père de Dinechin est maintenu comme curé de la Paroisse fran-çaise de Mexico. Il peut donc être la che-ville ouvrière pour la fondation du Foyer. Il décide de parler du Foyer aux membres adultes de la paroisse.

Le père de Dinechin après avoir envisagé d’acheter une maison à Mexico y renonce, ayant en vue un terrain à Cuernavaca. Il sollicite pour cela par courrier des aides en Amérique du Nord et notamment au Canada.

A-Dieu au Père Michel de DinechinLe 10 février 1964, il prononce son enga-gement à Châteauneuf. Quelques temps après, il commence les démarches pour l’achat du terrain. En juillet, c’est la signa-ture définitive du contrat d’achat du terrain qui sera le “Campo de Maria”. C’est le 10 octobre 1965 qu’est célébrée la première messe sur le terrain du Foyer. Y participent plus de 300 personnes venues de Mexico à 80 km de Cuernavaca et du village tout proche.

Ce n’est qu’en janvier 1970 que commence enfin la construction du Foyer. Quatre ans plus tard ont lieu les premières récol-lections au Foyer puis, début 1975, les premières retraites. Il y a 21 inscrits pour la retraite de la Semaine Sainte. Le Foyer a la joie d’accueillir du 5 au 8 décembre 1976, une réunion des Foyers d’Améri-que latine auquel s’est joint le Foyer du Japon. Le père Finet est venu participer à cette réunion.

Annie Tardan qui a soutenu le père de Dinechin depuis les débuts du Foyer, après la mort de sa sœur Suzanne, vient s’instal-ler au Foyer en 1984. En septembre 1990, on célèbre le 30e anniversaire de la mise en route du Foyer et les 50 ans de sacer-doce du père de Dinechin avec la présence de Mgr Sergio Mendez Arceo, Evêque de Cuernavaca.

En 1997, lors d’une période de tension politique, le père de Dinechin écrit : “Ne croyez pas que nous vivons dans l’an-goisse. Nous menons tranquillement notre vie de Foyer dans la joie de faire l’Œuvre confiée par Jésus à Marthe et de percevoir dans nos retraitants les transformations profondes opérées par la grâce de Dieu”.

En septembre 1997, a lieu l’engagement d’Annie Tardan. En juillet 1998, le Père écrit : “Nous voulons que notre Campo de Maria soit vraiment un Foyer d’espérance où ceux qui viennent rencontrer en pro-fondeur Jésus ressuscité, aient en Lui, le courage de vivre, d’aimer, de travailler pour une société plus humaine”.

TémoignageEn rentrant le soir du dimanche de Pâques d’une Semaine Sainte passée à Tuxpan, un village de Guerreto, j’ai appris que notre cher père Michel, du Foyer de Charité de Cuernavaca, était parti se reposer de sa longue et féconde vie sacerdotale dans la douce Paix de Dieu. Plus qu’une peine, c’est une joie que nous éprouvons en pen-sant à ce fidèle serviteur de l’Evangile qu’il aimait à prêcher avec passion.

Père Didier Leurent

Voici quelques extraits d’une interview du père de Dinechin et d’Annie Tardan, dans l’Alouette d’avril 1992.

Père de Dinechin et Annie Tardan, pou-vez-vous nous parler de votre apostolat au Foyer Campo de Maria.Le Père : nous centrons notre activité sur le don de la Parole de Dieu, dans des retrai-tes de 5 jours. Nous pensons que notre mission essentielle, ce sont ces retraites en silence. C’est là que nous percevons le plus profondément les fruits de l’action du Saint-Esprit dans les cœurs.

Quel est pour vous l’accent particulier d’une retraite de Foyer ?Annie : Pour les personnes qui viennent, il y a d’abord l’étonnement d’entrer dans une

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maison où ils se sentent accueillis. Tous sont sensibles à ce premier contact.Le Père : Les retraitants perçoivent que leur venue a été attendue d’une façon per-sonnelle. Cette préparation, je la vis aussi dans les enseignements qui sont le fruit de bien des échanges que nous avons : pour moi, cette façon d’élaborer les thè-mes de la retraite est très enrichissante. Cette collaboration est bénéfique pour les retraitants.

Auriez-vous certains témoignages de retraitants ?Le Père : Un séminariste nous a écrit qu’il pensait vivre sa retraite comme un temps de repos avant son ordination ; en fait, il a rencontré le Christ et il a compris avec force combien il devait L’aimer et que tout le reste passait après.Annie : Une femme d’une soixantaine d’an-nées nous exprimait que toute sa vie elle avait été fidèle à la pratique religieuse et qu’ici elle avait eu la joie de rencontrer le Christ vivant.Le Père : Il y a aussi cette femme venue ici avant une opération dont elle ne s’est pas remise et qui laissait derrière elle des notes sur la Résurrection. Les témoigna-ges recueillis se centrent beaucoup sur la rencontre vivante de Jésus Christ. En effet, il y a ici une pratique religieuse qui a besoin d’être enracinée dans une connaissance personnelle du Christ. Nous aidons les chrétiens à structurer leur foi.

Quelles sont les personnes que vous tou-chez ?Le Père : Elles sont très diverses. Nous avons eu une fois un jardinier protestant qui voulait voir comment vivaient les catho-liques. Nous avons eu des paysannes,

des miduacans complètement illettrées, le responsable d’une communauté de base établie près de Mexico, et des méde-cins, des enseignants, des étudiants. Dans l’ensemble, ce sont plutôt des personnes cultivées. Nos retraitants viennent surtout de Mexico, nous en sommes à 80 km. Ils viennent aussi du reste du pays. Pour ceux-là, j’aime évoquer un souvenir. Au cours de la semaine, il y a une méditation qui s’intitule : “Donnez-leur à manger !” Il y est question de justice, de charité fraternelle et de partage. A la fin de cette méditation, deux femmes sont venues me demander des éclaircissements. Alors je leur ai expli-qué que chacun, pour devenir pleinement fils de Dieu, doit grandir en humanité et à sa place dans la communauté. Que là où elles sont, elles peuvent le vivre en s’unis-sant les unes aux autres sans violence, en créant des coopératives, par exemple. L’une d’elles m’a dit alors : “Je ne sais ni lire ni écrire, mais on a confiance en moi, je suis caissière dans ma coopérative. Je le faisais comme un service, maintenant je sais ce que cela veut dire et je vais m’y mettre !”. Elle avait trouvé le sens de son action, que cela contribuait à créer des liens dans sa communauté.

Voudriez-vous nous dire quelque chose de vos origines ?Le Père : Notre précédent évêque travaillait à l’époque aux documents préparatoires du Concile et il avait trouvé que les Foyers répondaient au même esprit. C’était dans la ligne de la pastorale du diocèse qui cher-chait à susciter un engagement personnel des adultes, et c’est une œuvre qui donne toute sa place aux laïcs. Le Père et Marthe nous ont encouragés : “Oui, allez de l’avant ! Donnez des retraites”. ■

A-Dieu au Père Michel de Dinechin Au Foyer de Châteauneuf-de-Galaure

A-Dieu au Père Gabriel Imbert

Le père Gabriel Imbert est né le 14 août 1922 à Saint-Etienne-de-Villeréal (Lot-et-Garonne), il est le dernier d’une famille d’agriculteurs de 6 enfants. Désireux d’être missionnaire, il entre au Grand Séminaire et le 28 juin 1947, il est ordonné prêtre pour le diocèse d’Agen.

De 1947 à 1959, il est vicaire à la Paroisse du Sacré-Cœur à Agen. Le 8 décembre 1954, à l’occasion de l’année mariale, il se consacre à Jésus par Marie. En juillet 1955, il vient à une retraite à Châteauneuf avec le père Finet et rencontre Marthe.

De 1959 à 1969, il est curé d’Aiguillon. Puis de 1969 à 1972, il est curé-doyen de Tonneins. En 1972, Mgr Johan et Mgr Saint Gaudens l’envoient à Châteauneuf pour préparer la fondation d’un Foyer de Charité.

Le 19 septembre 1975, en la fête de Notre Dame de la Salette, le Foyer commence dans l’orphelinat des sœurs franciscaines de Lacépède à Colayrac. Il y donne une première retraite du 26 décembre 1975 au 1er janvier 1976.

De 1991 à 1997, de nombreuses hospitali-sations l’obligent à s’éloigner du Foyer et à résider à Lourdes. Contre tous les pronos-tics médicaux, il se remet peu à peu et redit oui à la Sainte Vierge. En octobre 1997, le père Ravanel lui demande de revenir à Châteauneuf où il exerce son ministère auprès des retraitants, des élèves de l’école de filles et de ceux qui viennent au Foyer.

Le 22 février 1998, il passe le flambeau du Foyer de Notre Dame de Lacépède au père Bostyn avec la communauté du Foyer de Charité de Saint Denis.

Le Seigneur le rappelle à Lui, dans son sommeil, le 4 août 2006, en la fête du saint Curé d’Ars.

Homélie du père Michon,lors des funérailles le 7 août 2006

Nous avons choisi l’Evangile des Béatitudes pour nous rappeler que Jésus et les exigen-ces du Royaume étaient la source profonde et quotidienne de la joie du père Imbert, cette joie qu’il savait si bien communiquer, que ce soit à table, dans une réunion, dans une rencontre toute simple, ou dans son

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Au Foyer de Châteauneuf-de-Galaure A-Dieu au Père Gabriel Imbert

ministère de prêtre comme confesseur. Cette joie vient de Jésus, et c’est le bon-heur de servir. A l’heure où beaucoup pensent partir tranquilles à la retraite, le père Imbert a dit “me voici” à tout ce que la Sainte Vierge lui demanderait encore.

Et son “oui” fut total, sans restriction, sans condition, et joyeux. Quel témoignage pour nous tous, quel exemple ! Nous nous rappellerons que c’est dans le service du Seigneur, de l’Eglise et du Royaume que nous trouverons la vraie joie.

Ces Paroles de Bonheur que Jésus adresse à ses disciples, Il les complètera, le Jeudi-Saint, par une autre : “Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis”. Auprès du père Imbert, et aussi spéciale-ment pour nous les prêtres, nous trouvons là une très belle, très pure et très grande amitié fraternelle.

Je voudrais dire deux petites choses plus particulières : l’une qui nous concerne, dans les Foyers :

- Sa conversation avec Marthe, dans les débuts du Foyer de Lacépède, qu’il m’a rapportée ainsi et que nous avons souvent méditée avec les pères.

Avec Marthe nous parlions, dit le père Imbert, de la mission qui m’attendait pour la fondation du Foyer du Sud-Ouest.Père Imbert à Marthe : Quelle sera ma mission ?Marthe : Vous ne serez pas un aumônier… (silence), Vous ne serez pas un Supérieur… (silence), Vous serez un père.Père Imbert : Mais pour vous Marthe, qu’est-ce que c’est un “Père” ?

Marthe : Un Père, c’est celui qui donne la vie aux enfants, et qui la fait grandir, par le don total de lui-même.

Et le père Imbert accompagnait d’un geste de sa main pour montrer qu’il avait réalisé ce jour-là quelque chose de très grand, et d’exigeant.

- Et puis, ceux qui se sont une fois ou l’autre adressé à lui, comme pénitent dans le sacrement du pardon, se rappellent ces trois mots : Petitesse, Abandon, Confiance. Il les a souvent médités, et commentés.

Un jour, il a résumé tout cela dans un petit article pour l’Alouette : “Petitesse, Abandon, Confiance, cela donne comme première lettre P.A.C. si bien que, pour un agriculteur, le rapprochement est facile avec Politique Agricole Commune ! Et la formule est facile à retenir pour être vécue à travers gestes et témoignages.

Conclusion : faisons prier les enfants pour tous les découragés, les éprouvés afin qu’il sachent recourir à la recette P.A.C. et la Vierge Marie leur répondra par un sourire maternel comme aux enfants de l’Ile-Bouchard.

N’hésitons pas à confier des intentions de prière à la puissance d’intercession de nos petits, tel ce garçon qui s’est engagé à dire une dizaine de chapelet, tous les jours, pour telle personne qui lui a été recommandée. Et cette petite trisomique qui a pris en charge l’apostolat d’un vieux prêtre. Quel soutien merveilleux, et que de grâces obtenues ! “P.A.C. te cum” : Que la Petitesse, l’Abandon et la Confiance soient toujours avec toi !…”

Témoignages

Cher Père,C’est avec beaucoup de tristesse que j’ap-prends le décès du père Gabriel Imbert. En votre absence, alors que vous étiez en pèlerinage en Terre Sainte, j’ai eu la joie de passer quatre jours avec lui.

Je ne connaissais pas Châteauneuf-de-Galaure. Gabriel a pris la peine de me conduire à la maison de Marthe, puis à l’église et sur la tombe de celle-ci, ainsi que sur la tombe du père Finet. J’ai passé de très bons moments à Châteauneuf. Pour moi, ce fut comme un pèlerinage, et donc un temps de ressourcement. Gabriel ne donnait pas de signes de fatigue…

Le diocèse d’Agen doit beaucoup à Gabriel. Fondateur du Foyer de Lacépède, il n’a pas ménagé sa peine. Aujourd’hui ce Foyer connaît un vrai rayonnement et les diocé-sains, mais des gens de partout, viennent y approfondir leur vie spirituelle. Un grand merci à Gabriel !

Que l’espérance en la Résurrection qui animait Marthe nous guide en ce moment de peine ! Que le dynamisme de Gabriel et sa foi profonde restent pour nous un témoignage !

Mgr Hubert Herbreteau,Evêque d’Agen

Père, vous étiez aimé ici, comme en Lot-et-Garonne où vous avez vécu l’essentiel de votre ministère sacerdotal. La distance qui sépare Châteauneuf-de-Galaure de la région du Sud-Ouest où est implanté le Foyer Notre Dame de Lacépède que vous

avez fondé, fait que bien peu de ceux et celles qui vous ont connu là-bas ont été à même de vous rejoindre aujourd’hui, en ce lieu béni, pour le dernier Adieu. En ce mois d’août aussi où beaucoup sont dispersés.

Mais ceux qui ont pu venir, et les membres du Foyer à qui vous avez “passé le flam-beau” comme vous le disiez, les représen-tent tous aujourd’hui. Nous aurons souvent l’occasion de penser à vous et de prier avec vous ; chaque jour nous pourrons vous rejoindre, dans le Cœur de Dieu !

Lorsque vous aviez la responsabilité du Foyer Notre Dame de Lacépède, vous aimiez retrouver tous les amis et anciens retraitants chaque année le 2e dimanche de septembre. Nous avons gardé cette habitude. En ce 10 septembre prochain, nous nous retrouverons donc pour cette journée toujours bien conviviale. Tous vos amis seront là, du haut du Ciel vous pour-rez les bénir. Nous prierons pour vous et, avec vous, pour toutes les intentions du Foyer et des amis du Foyer.

Père Dominique Bostyn7 août 2006 aux Funérailles du père Imbert■

Le père Finet et le père Imbert à Lacépède - 1985

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A-Dieu au Père Gabriel ImbertAu Foyer de Châteauneuf-de-Galaure

Loué sois-tu, Seigneur, pour ce que Tu as apporté à l’Ecole de Filles par le père Imbert. Pendant 3 ans, il a été le père de l’Ecole, au service de la communauté et des enfants.Loué sois-tu, Seigneur, pour sa disponi-bilité lorsqu’il a accepté cette responsabi-lité, malgré son âge, mais poussé par sa jeunesse de cœur. Il avait entendu Marthe lui dire : “Monsieur l’abbé, ne comptez pas trop sur vos moyens humains”. C’est de là que lui venait sa confiance en ToiLoué sois-tu, Seigneur, pour son témoi-gnage de paix et de joie, qu’il nous trans-mettait à travers les rencontres personnel-les et le sacrement de Réconciliation.Loué sois-tu, Seigneur, pour la force de sa parole au cours de ses homélies. C’était la force d’un homme habité par Ton Esprit.Loué sois-tu, Seigneur, pour son humour à toute épreuve, qui apportait détente et bonne humeur dans la vie familiale.

La communauté de l’Ecole de Filles

Le père Gabriel Imbert ? J’en garde un très très bon souvenir. Il était toujours souriant, attentif aux autres personnes. Sa joie de vivre se communiquait facilement. Il ensoleillait la vie de tous par un geste, une parole, un sourire ou même un sim-ple regard. Il était sociable et proche des élèves. C’est ce qui fait qu’il était aimé de tous. De lui je retiens trois mots simples, mais qui veulent tout dire : Petitesse, Abandon, Confiance.

Noémie, élève

Grâce à lui, j’ai repris confiance en moi, je n’y serais jamais arrivée toute seule. J’espère que, de Là-Haut, il lit ce que je marque.

Laetitia, élève

Dans ses homélies à l’école, le père Imbert nous manifestait une joie intense qui nous réchauffait le cœur. Malgré ses souffran-ces, il avait toujours le sourire aux lèvres : il nous a donné un avant-goût du Paradis.

Agnès, élève

Merci, Seigneur pour le père Imbert, témoin, transmetteur de ta Paternité, de ta Miséricorde toujours à nouveau mani-festée dans le sacrement du Pardon où l’on se sentait vraiment “replongé” dans la grâce du Baptême lorsqu’il nous disait en conclusion avec son bon sourire et son accent gascon ensoleillé : “Vous voilà toute neuve…” Merci pour sa simplicité, sa joie, sa gaieté communicative, sa proximité dans la vie familiale de l’Ecole sans oublier ses homélies simples et “appelantes”, pour notre vie de membre du Foyer.

Anne-Marie Pichard,membre de la communauté de l’Ecole de Filles

Au moment où vous accompagnez le père Imbert là où il va rejoindre dans la clarté Celui à qui il a donné sa vie, je tiens à vous dire ma très grande union avec vous et le Foyer… Que le Seigneur accueille dans sa joie ce bon et fidèle serviteur.

Mgr Didier-Léon Marchand

La nouvelle du décès du père Imbert nous a totalement surpris. Peut-être sa mort ressemble-t-elle : sans cris, sans bruit, voilà, ce n’est plus ici qu’il faut le chercher. Il nous laisse juste une récente image de lui, au détour d’un couloir, avec sa calotte à la Rabbi Jacob et son sourire qui fai- sait partie de son visage ; il ne sortait jamais sans !…

Père René Wolfram, Foyer d’Ottrott

Le Foyer de Port au Prince est de tout cœur avec vous et vous accompagne dans la prière pour le père Imbert qui a terminé son pèlerinage, le 4 août. C’est vraiment un beau jour pour un prêtre appelé à célébrer au ciel avec son patron, le Curé d’Ars. Nous nous souvenons de son beau sourire qui irradiait sa joie de vivre (sans oublier sa ressemblance avec Louis de Funès). Avec vous, nous célèbrerons l’Eucharistie à son intention.

Père Jacques Beaudryet la famille de Port au Prince

Pour nous, jeunes pères de Foyer, il était l’ancien qui, avec beaucoup d’humour et de profondeur, nous livrait son expérience de Paternité. Comme grand souvenir, je dirai que le père Imbert est un véritable artisan de la joie en famille. Il a été guéri à Lourdes, et il est mort sur le chemin de Lourdes. Qu’il intercède pour l’œuvre des Foyers auprès de Marthe.

Père Antoine Lega Gogui et la communauté,Foyer de Daloa, en Côte d’Ivoire

Je suis heureux d’avoir pu encore ren-contrer le père Imbert. Il a dû attendre tellement longtemps pour fonder son Foyer que maintenant son intercession pour nous auprès du Père sera certainement très compréhensive et efficace. Merci, Seigneur, d’avoir pu le rencontrer, jouer à la pétanque avec lui et recevoir son témoi-gnage vécu.

Père Ernst Strachwitz - Autriche

Son visage joyeux et ses conversations pleines d’humour à table vont toujours rester dans nos cœurs.

Marie-Jeanne et le Foyer du Japon

En cette année où nous fêtons les 70 ans de Châteauneuf, il s’est offert, avec Marthe et le père Finet, sans bruit, dans la discrétion et je dirais même sur la pointe des pieds.

Marie Jeanne,Foyer du Cap des Biches

au Sénégal

Nous ne pouvons pas manquer de relier son entrée dans la vie nouvelle à l’inter-cession de Saint Jean-Marie Vianney, ce 4 août. Quelle plus belle fête pour un prêtre qui a su donner du temps pour réconforter les âmes ?

Père Xavier Géron,Foyer de Courset

Je vous ai connu il y a quelques années. Tout en discutant, j’ai senti, en l’homme que vous étiez, un homme d’Eglise, simple et plein d’humour. L’esprit de plaisante-rie, entre un homme de sagesse, comme vous, et moi-même, m’a fait comprendre que la religion catholique n’est pas un mur, mais une liberté dans l’Esprit Saint. Je vous remercie du fond du cœur de m’avoir ouvert les yeux. Soyez heureux auprès de la Vierge Marie et de Jésus. Quand il me rencontrait pour la première fois dans la journée, pour me saluer il me disait : “Tiens, voilà mon copain !”

Votre “copain” René

Merci pour votre patience, votre inaltérable attention envers tous ceux qui venaient vers vous. Tous avaient droit, chacun à son tour, à l’écoute, à un mot, un sourire ! Je tiens à vous dire toute notre gratitude pour votre sérénité qui force nos repères et nous donne lumière et paix !

Une grande amie

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Au Vietnam A-Dieu au Père Paul Vo van Bô

Né le 6 février 1916, le père Vo van Bô, après avoir suivi ses études au petit sémi-naire puis au grand séminaire de Saïgon, est ordonné prêtre, le 18 septembre 1943, en la Cathédrale de Saïgon.

Après avoir été vicaire puis curé dans dif-férentes paroisses, il est nommé curé de Dilinh en 1951 où il reste jusqu’en 1954.

C’est en 1948 que le père Paul Bô entend parler, pour la première fois, des Foyers de Charité par un prêtre des Missions Etrangères de Paris qui avait suivi une retraite à Châteauneuf.

En 1954, pendant la Semaine Sainte, à la demande du curé de la cathédrale de Saïgon, le père Bô prêche une retraite d’une semaine aux paroisses environnantes, préparation lointaine à sa future mission.

De 1954 à 1963, il est curé à Xom Chieu. De 1963 à 1967, il est directeur du bureau de la Pastorale du diocèse de Saïgon. Pendant cette période, il écrit à Château-neuf pour confier à la prière de Marthe son ministère et son centre de pastorale.

En avril 1966, Mgr Caprio, délégué apos-tolique à Saïgon, demande au père Vo van Bô de chercher un emplacement aéré pour construire une maison pour les prêtres âgés. Le père Paul acquiert bientôt un ter-rain à Binh Trieu où s’implantera plus tard le Foyer.

Fin 1966, Mgr Paul Nguyen Van Binh demande au père Vo van Bô de se rendre en Europe pour étudier la manière d’orga-niser des retraites de 6 jours dans l’esprit des Foyers de Charité.

Après un premier contact avec Château-neuf en 1967, le père Finet envoie le père Vo van Bô se former en Belgique au Foyer de Spa auprès du père Oury. Ils sont alors 4 en formation : le père Guy Claessens qui

s’apprête à fonder au Rwanda - le père Célestino Kateregga en Ouganda - le père Yueh à Formose.

Les quatre futurs pères participent à toutes les activités du Foyer et aux retraites pen-dant plusieurs semaines. Après un nou-veau séjour à Châteauneuf, le père Vo van Bô regagne le Vietnam en février 1968 où il doit commencer la reconstruction des bâtiments qu’il avait fait construire et qui ont été endommagés.

Le 26 décembre 1968, une première retraite est organisée avec 21 retraitants parmi lesquels le père Guy de Reyniès (qui fondera plus tard le second Foyer du Vietnam à Dilinh près de Dalat). Participent également à cette retraite les premières vocations : Matta - Marie-Rose et Anna.

A partir de 1969, le père Vo van Bô envi-sage la construction d’un sanctuaire dédié à Notre Dame de Fatima.

Le 1er juin 1969, le Foyer est inauguré. Au cours de la messe célébrée en plein air par l’Archevêque, il y a 25 Baptêmes d’adultes et des Confirmations. Toutes les fins de semaine de très nombreuses personnes viennent à Fatima.

Le 13 octobre 1970, Mgr Nguyen van Binh, Archevêque de Saïgon, vient bénir le Sanctuaire qui vient d’être achevé, après deux années de construction. Désormais les retraitants et les pèlerins sont à l’aise pour prier. Le Sanctuaire devient l’église paroissiale de Binh Trieu.

En 1970 et en 1973, le père Vo van Bô vient en France pour participer aux réu-

nions de Foyers avec des membres de sa communauté.

En janvier 1975, le Foyer comporte 120 chambres presque terminées. Le 30 avril 1975 une nouvelle page de l’histoire s’ouvre.

A partir de 1978, pour diverses raisons, il ne peut plus continuer la pastorale dans le Foyer, il en devient pour ainsi dire le grand-père. Depuis ce moment, il mène une vie de retraite, tout en aidant les paroisses environnantes.

En janvier 1996, le père Bô arrive en France. Son séjour durera 6 mois et il pourra rendre visite aux Foyers d’Europe. Il reviendra en France en 2000.

Au début de 2006, sa santé décline, il doit être hospitalisé ; tous les soins médicaux lui sont appliqués ; mais c’est en vain, car l’heure est venue. Il s’éteint au matin de la Fête de la Transfiguration.

La Messe des funérailles du père Paul a eu lieu en l’église de Notre Dame de Fatima, le 9 août 2006. La concélébration était pré-sidée par Mgr Pierre Nguyen Van Nhon, évêque de Dalat, entouré de 100 prêtres et d’un assez grand nombre de chrétiens, de religieux et religieuses. (Le Cardinal et son évêque auxiliaire étaient absents à cause de leur ministère pastoral déjà pro-grammé ; cependant ils sont venus rendre visite au Père et prier pour lui).

Après la Messe, le père Bô a été transporté au cimetìère de la paroisse. Il y repose en paix en attendant le jour de la résurrection des morts.

A-Dieu au Père Paul Vo van Bô

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Foyers de Charité francophones en EuropeRetraites novembre-décembre 2006 - janvier 2007

● Retraites fondamentales

Novembre5-11 ● Père Mathias Schmetz - Spa (Belgique) “Dieu présent dans notre vie”

6-11 Père Alain Bandelier et Clara Mill (participation)

77 Combs-la-Ville “Les Psaumes à vivre et à chanter”

6-12 Père Gustave Sodogas - 06 Roquefort-les-Pins “Il est grand le Mystère de la foi”

13-19 Fernand Sanchez, diacre - 47 Lacépède “Aimer, c’est pardonner” Apprendre le vrai chemin de l’amour

13-19 ● Père Joseph Antin - 26 Châteauneuf “Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre” (Ac 1, 8)

13-19 Père Jean-Marie Bonniez - 73 Naves “Laissons-nous rejoindre par Jésus en priant les psaumes avec Lui”

13-19 ● Père Lucien Cotte - 13 Sufferchoix “Voici la demeure de Dieu avec les hommes” (Ap 21, 3)

19-25 Père Jean-René Fracheboud - Bex (Suisse) “Le Christ en enfantement jusqu’à la fin du monde”

26-2 Père Karl Gatzweiler - Spa (Belgique) “Prier avec saint Jean”

26-4 Père Joseph Zirnhelt - 78 Poissy “Le Verbe s’est fait chair et Il a demeuré parmi nous”

27-3 Père Jean-François Hüe - 74 La Flatière “Naître et renaître” (Jn 3, 3)

27-3 ● Père François-Jérôme Leroy - 51 Baye “Les chemins du Seigneur sont amour et vérité”

27-3 ● Père Bernard Michon - 26 Châteauneuf “Nous allons vers le Père par le Fils dans l’Esprit”

27-3 Père Henri Bastin - Spa (Belgique) “Celui qui a soif, je lui donnerai de la source d’eau vive”

27-3 Père Etienne Ducornet - 62 Courset “Suivre Jésus avec Charles de Foucauld”

Décembre3-9 ● Père Hervé Gosselin - 22 Tressaint “Seigneur, si tu descendais…”

3-9 Père Christian Faimonville - 22 Tressaint “Prier avec Marie, notre sœur en humanité”

4-10 Père Jacques Ravanel - 74 La Flatière “Mère Bien-Aimée”

4-10 Père Jean-Claude Cousseau - 73 Naves “Si tu savais le don de Dieu !” (Jn 4, 10)

4-10 Père Jean-Claude Lenain 06 Roquefort-les-Pins “Ma parole ne me revient pas sans avoir accompli sa mission” (Is 55)

11-17 ● Père Michel Lapeyre - 26 Châteauneuf “N’ayez pas peur ! Dieu est Amour”

11-17 Père Alain Rouel - 51 Baye “Dieu à cœur ouvert, Père, Fils et Esprit Saint”

25-1 ● Père Emmanuel Aine - 97 Trinité (Martinique) “Qui m’a vu a vu le Père”

26-31 Père Alain Bandelier - 77 Combs-la-Ville “Dieu est Amour” Au cœur de l’Evangile avec Benoît XVI

26-31 Père Dominique Bostyn - 47 Lacépède “Nous avons trouvé le Sauveur” (Lc 2, 17) Il nous rejoint en nos capharnaüms d’aujoud’hui…

26-31 Père René Wolfram et François Froidevaux 67 Ottrott “L’expérience de la Miséricorde de Dieu”

26-31 ● Père Xavier Géron - 62 Courset “Jésus, lumière née de la lumière”

26-31 Père Marie-Abdon Santaner 06 Roquefort-les-Pins “Suis-je un vrai homme ?… Une vraie femme ?”

26-31 Père Francis Goossens - Spa (Belgique) “Laisse Dieu être Dieu en toi”

26-1 Père François-Xavier Amherdt - Bex (Suisse) “A fleur de vie, la prière pour un monde nouveau”

26-1 Jean Vanier - 22 Tressaint “Jésus : Dans ce monde de violence, une espérance” Retraite pour les 16-40 ans

26-1 ● Père François-Jérôme Leroy - 51 Baye “Marche avec nous, Marie”

26-1 Père Jean-François Hüe - 74 La Flatière “Confiance, c’est Moi, n’ayez pas peur” (Mt 14, 27)

26-1 ● Père Bernard Michon - 26 Châteauneuf “Il est descendu au plus bas pour nous élever au plus haut”

26-1 Père Jean-Claude Cousseau - 73 Naves “En ces jours qui sont les derniers, Dieu nous a parlé par le Fils” (He 1, 2)

26-1 ● Père Lucien Cotte - 13 Sufferchoix “Qui pourra nous séparer de l’Amour du Christ ?” (Rm 8, 35)

Janvier15-20 ● Pierre Cormier, diacre - 47 Lacépède “Vie spirituelle et guérison intérieure” Retraite de guérison intérieure personnalisée

15-21 Père Clément Ridard - 73 Naves “Un anti-stress pour notre vie, la prière”

15-21 Père Jacques Ravanel - 74 La Flatière “L’amour divin dans saint Luc”

22-28 Père Etienne Ducornet - 26 Châteauneuf “Suivre Jésus avec Charles de Foucauld”

28-3 Père Alain Rouel - 78 Poissy “Dieu t’offre son amitié”

29-4 ● Père Jean-Claude Cousseau - 73 Naves “Venez à moi… car je suis doux et humble de cœur” (Mt 11, 28)

FRANCE- 85, Rue Geoffroy-de-Moirans

26330 CHÂTEAUNEUF-DE-GALAURE Tél. 04 75 68 79 00

- “Maria Mater” - B.P. 17 06330 ROQUEFORT-LES-PINS Tél. 04 92 60 30 00

- “Sufferchoix” - B.P. 63 - 13410 LAMBESC Tél. 04 42 57 14 86

- “Tressaint” - B.P. 54145 - 22104 DINAN cedex Tél. 02 96 85 86 00

- “Notre-Dame de Lacépède” 47450 COLAYRAC-ST-CIRQ Tél. 05 53 66 86 05

- 4, Grande Rue - 51270 BAYE Tél. 03 26 52 80 80

- 19, Rue de Sacriquier - B.P. 105 62240 COURSET Tél. 03 21 91 62 52

- 51, Rue Principale - 67530 OTTROTT Tél. 03 88 48 14 00

- Foyer de Tarentaise - 73260 NAVES Tél. 04 79 22 91 02

- “La Flatière” - 943, Route de la Flatière 74310 LES HOUCHES Tél. 04 50 55 50 13

- 10, Rue Sommeville 77380 COMBS-LA-VILLE Tél. 01 60 60 20 62

- “La Part-Dieu” - 108, Rue de Villiers 78300 POISSY Tél. 01 39 65 12 00

D.O.M.- 97220 TRINITÉ - MARTINIQUE

Tél. (0596) 58 20 30- “Notre-Dame de Nazareth”

22, Rue Sarda-Garriga 97430 LE TAMPON - RÉUNION Tél. (0262) 27 03 77

EUROPE- 7, Avenue Peltzer de Clermont

4900 SPA (NIVEZÉ) BELGIQUE Tél. (32) 87/79 30 90

- “Dents du Midi” - Route de Gryon 22 CH-1880 BEX (Vd) SUISSE Tél. (41) 24/463 22 22

L’Alouette est la revuequi maintient le lien d’unité

entre le Foyer de Charitéde Châteauneuf-de-Galaure

et les Foyers, les anciens,les anciennes, les parents,les amis et les retraitants.

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Nouvelles familiales

Mariages- Camille JEANTET et François ROBESSON- Blandine TILLET et Christian HAIDER- Magali GREVE et Patrick ANDRE- Virginie FAIVRE et Régis GOUY- Reine MOIROUX et Christophe REY-HERME- Françoise MIREY et Olivier CLOPPET- Delphine ARNAUD et Rémi MAGAND- Claire BLÉTRY et Emmanuel de MAISTRE- Astrid de LA FOLLYE de JOUX

et Thomas CHEVALLEY- Isabelle COURBON

et Tristan de CLOSMADEUC- Simon du CREST et Soline THOMASSEL- Thomas CHEVROT et Claire BOUVIER- François TERRIER et Virginie TUCOU- Vianney MÉRAND et Anne de LAFORCADE- Benoît de PARSCAU du PLESSIX

et Lucie HOUZET- Pierre BELLET et Stéphanie COMBE- Pierre-Etienne L’HOMME

et Eleonora CORNAGLIA- Benoît CARAVANO et Merryl ECLAIRCY- Jean-Marie GERBEAUX et Marie PAUCHON- Jacques de COURVILLE

et Emmanuelle MATHIEU- François DESJOBERT et Jessica KONDÉ- Christophe MONTAGNIER et Camille CHATELAN- Solange RIVEL et Bruno PIRRA- Estelle FANGIER et Hervé DILLY- Cristelle LOUVET et Hermann BADOU

Naissances- Charles, 1er enfant de Marie

REYNIER-VIGOUROUX- Sarah, 4e enfant de Thérèse FAURE- Yann, 1er enfant d’Emmanuelle RESSEGUIER- Léonie, 2e enfant de Sylvie MODRIN- Matteo, 1er enfant de Marielle ESTAVIL- Ludivine, 3e enfant de Béatrice

LE NORMAND et Olivier CHAIX- Mathias, 1er enfant de Noëlla PONCIN

et Judicaël BAUR- Aurore, 1er enfant d’Hervé ORTOLLAND- Médéric, 1er enfant de Pierre-Emmanuel

de CIBEINS- Clara et Elsa, 2e et 3e enfants de Frédéric BALDIT

- Clément, 3e enfant de Philippe BEAUDET- Quentin, 2e enfant de Philippe GAY- Andéol, 1er enfant de Thibault FABRY- Loan, 2e enfant de Fabien GARCIA- Marie, 2e enfant de Sylvette AUBERT

et Lilian POUSSE- Clarisse, 1er enfant de Béatrice GRANGER- Camille, 2e enfant de Frédérique BONNAURE- Charly, 2e enfant de Anne GOUY-PAILLER

Décès- Père Gabriel IMBERT,

fondateur du Foyer de Notre Dame de Lacépède, père au Foyer de Châteauneuf

- Père Paul VO van BÔ, fondateur du Foyer de Binh Trieu, au Vietnam

- Père Marie-Dominique PHILIPPE, o.p., prédicateur de retraites dans plusieurs Foyers de Charité

- Anasthasie NGUYEN THI KHAN, membre du Foyer de Cao Thai, au Vietnam

- Alphonsine MUTARABAYIRE, sœur de Vestine Kabalise, membre du Foyer de Remera, au Rwanda

- M. CORTYL, père de Philippe, membre du Foyer de Tressaint

- Mme GARROT, mère d’Elisabeth, membre du Foyer de La Flatière

- Mme OPDORP, mère de Sus Coppens, membre du Foyer de Bonheiden

- Henry DEMONTROND, frère d’Elisabeth, membre du Foyer de Châteauneuf

- Mlle Madeleine GUY, sœur de Jeanne, membre du Foyer de Châteauneuf

- M. TRUC, mari de Josette CHEVAL, ancienne élève (†)

- M. Gilles PERRIER, ancien élève, père de Raphaël et Benjamin

- Mme DELAPORTE, mère de Jacqueline BULTEZ, ancienne élève

- M. RACT-MADOUX, père de Louis-Charles, Elisabeth et Clotilde, professeur dans les Ecoles du Foyer

- Mme BAYARD, mère d’Evelyne et Brigitte, anciennes élèves

- Mme DUPRÉ LA TOUR, mère de Gaëtan, Roselyne, Eric, Thérèse, Ghislaine, Véronique, anciens élèves