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Appréciation et traitement du risque Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du Bas-de-la-Rivière à Rigaud Rapport principal CHAIRE DE RECHERCHE SUR LES RISQUES HYDROMÉTÉOROLOGIQUES LIÉS AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES Juin 2018

Appréciation et traitement du risque Aléas géologiques et ... · d’Éric Martel et de Thierry Dietrich afin d’améliorer le présent document sont également grandement appréciés

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Appréciation et traitement du risque – Aléas

géologiques et hydrométéorologiques dans le

secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin

du Bas-de-la-Rivière à Rigaud

Rapport principal

CHAIRE DE RECHERCHE SUR LES RISQUES

HYDROMÉTÉOROLOGIQUES LIÉS AUX CHANGEMENTS

CLIMATIQUES

Juin 2018

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Rapport sur l’Appréciation et le traitement du risque – Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du Bas-de-la-Rivière à Rigaud Rapport principal AUTEURS Philippe Gachon, ESCER/UQAM

Guillaume Dueymes, ESCER/UQAM

Clémence Benoit, ESCER/UQAM

Marie Raphoz, ESCER/UQAM

Ursule Boyer-Villemaire, UQAM

REMERCIEMENTS Nous remercions le Professeur Etienne Boucher, du département de géographie de l’UQAM, pour son aide et ses commentaires lors de la préparation et de la rédaction du présent rapport, ainsi que le centre ESCER, en particulier Katja Winger, pour l’accès aux simulations des modèles climatiques régionaux du projet CORDEX. Les commentaires d’Éric Martel et de Thierry Dietrich afin d’améliorer le présent document sont également grandement appréciés. Un remerciement tout particulier est également adressé à l’équipe du SEPSI (Service des Partenariats et du Soutien à l’Innovation) de l’UQAM pour leur support. Ce travail et ce rapport ont été réalisés grâce à un support financier du conseil municipal de la ville de Rigaud, et de la chaire de recherche stratégique de l’UQAM sur les risques hydrométéorologiques liés aux changements climatiques.

COMMENT CITER CE RAPPORT Gachon, P., Dueymes, G., Benoit, C., Raphoz, M. et Boyer-Villemaire, U. (2018). Appréciation et traitement du risque – Aléas géologiques et hydrométéorologiques dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac pour le chemin du Bas-de-la-Rivière à Rigaud. Rapport rédigé pour le compte de la ville de Rigaud. Chaire sur les risques hydrométéorologiques dans le contexte des changements climatiques, Université du Québec à Montréal, Montréal, Québec, Canada, 85 p.

INFORMATIONS IMPORTANTES POUR LE LECTEUR Conformément à la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, (RLRQ c A-2.1), articles 14, 29, 39, 41.1, et

41.2), certaines informations ont été retranchées de ce rapport et intégrées dans un document complémentaire. Cette situation n’affecte nullement la valeur, la méthodologie et la rigueur de ce rapport. Pour obtenir ces informations il faut produire une demande d’accès à l’information, et ce, conformément à la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, (RLRQ c A-2.1), cela en communiquant avec le Service du greffe de la ville de Rigaud; 450-451-0869, poste 241 ou [email protected].

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TABLE DES MATIÈRES

Résumé court - Multirisque............................................................................................................. 1

Résumé exécutif – Cas de l’inondation du printemps 2017 ............................................................. 3

1. Mise en contexte et approche méthodologique ........................................................................... 5

1.1 Introduction et Nature du mandat ......................................................................................... 6

1.2 Approche méthodologique.................................................................................................... 8

1.3 Milieu physique .................................................................................................................... 8

1.4 Milieu humain ..................................................................................................................... 13

1.5 Gestion de risques de sinistres ........................................................................................... 13

2. État des lieux sur les risques .................................................................................................... 21

2.1 Le contexte climatologique de l’hiver 2016-2017 et du printemps 2017 ............................... 21

2.2 Analyse des conditions et bilan hydrométéorologiques ....................................................... 22

a) Les données utilisées ...................................................................................................... 22

b) La région d’étude ............................................................................................................. 23

c) Méthode d’analyse des données hydrométéorologiques................................................... 24

d) Bilan hydrométéorologique de l’inondation de 2017 ......................................................... 25

e) Évolution des zones inondées : Cartographie de la progression des niveaux d’eau .......... 34

f) Identification des changements historiques et futurs : Aléas météorologiques et risques de forts débits ........................................................................................................................... 37

3. Planification d’une démarche multirisque intégrée et durable .................................................... 41

3.1 Recommandations pour le chemin du Bas-de-la-Rivière (Rigaud)....................................... 41

a) Les solutions et leur priorisation ....................................................................................... 41

b) Récapitulatif des différents types de risque (autre que l’inondation) .................................. 43

3.2 Synthèse des analyses multirisques semi-quantitatives : .................................................... 45

Conclusion et recommandations .................................................................................................. 47

Références .................................................................................................................................. 51

ANNEXES .................................................................................................................................... VI

Annexe A. ................................................................................................................................ VII

Annexe B. .................................................................................................................................. X

Annexe C. ................................................................................................................................. XI

Annexe D. ................................................................................................................................ XII

Annexe E. ................................................................................................................................ XV

Annexe F. .............................................................................................................................. XVII

Annexe G. ............................................................................................................................ XVIII

Annexe H. ............................................................................................................................... XXI

Annexe I. ............................................................................................................................. XXIV

Annexe J. ........................................................................................................................... XXVII

Références des annexes ................................................................................................... XXXIII

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II

SIGLES ET ACRONYMES

ANUSPLIN : Australian National University Multi-dimentional thin-plate SPLINes

ASCQ : Association de sécurité civile du Québec AS/NZS 4360 : Norme australienne et néo-zélandaise BAC : Bureau d’Assurances du Canada

BRI : Bureau du rétablissement - inondations CAPA : Projet canadien d'analyse de précipitations CC : Changement climatique CCMU : Centre de Coordination des mesures d’urgence CISSSMO : Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest CISSS : Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest COUS : Centre des Opérations d’Urgence sur le Site CPRRO : Commission de planification et de régulation de la rivière des Outaouais

ECCC : Environnement et Changement climatique Canada HQ : Hydro-Québec IPCC : Intergovernmental Panel on Climate Change MDDELCC : Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques MRC : Municipalité régionale de comté MSP : Ministère de la sécurité publique NLDAS: North American Land Data Assimilation System PRCP: Précipitation totale PrecTOT : Précipitation totale cumulée Prcp1 : Nombres ou pourcentages de jours humides (P ≥ 1 mm/jour) PPI-AH : Plan particulier d’intervention – aléas hydrométéorologiques

PPRLPI: Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables SDII : Simple Daily Intensity Index (intensité moyenne par jours humides) SQ : Sécurité publique SRPD : Système régional de prévision déterministe STARDEX : Statistical and Regional dynamical Downscaling of Extremes for European regions

Tmax : Température maximale quotidienne Tmin : Température minimale quotidienne Tmoy : Température moyenne quotidienne UQÀM : Université du Québec à Montréal ZIS : Zone d’intervention spéciale

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III

TABLEAUX

Tableau 1. Ligne du temps des actions/décisions de la Ville, depuis l’inondation historique, et ce, considérant sa démarche de sécurité civile, désormais multimunicipalité. ..................................... 19

Tableau 2. Stations météorologiques d’Environnement et Changement climatique Canada utilisées pour l’analyse météorologique. ..................................................................................................... 22

Tableau 3. Ensemble d’indices d’extrême basés sur des valeurs quotidiennes de températures et de précipitation............................................................................................................................. 24

Tableau 4. Risque de débit potentiellement élevé ou bas (forte ou faible probabilité) établi à partir des tendances dans les indices de Tmin, Tmax, PrecTOT, Prcp1, et SDII, en utilisant les variables simulées (moyenne d’ensemble des modèles pour les trois périodes futures de 30 ans, 2011-2040, 2041-2070 et 2071-2100 pour le scénario RCP8.5). ..................................................................... 40

Tableau 5. Les différents critères retenus afin de considérer les impacts directs et indirects......... 42

Tableau 6. Grille de scores et leur description selon les impacts directs et indirects, le niveau de protection multialéa et le degré de contraintes institutionnelles. .................................................... 42

Tableau 7. Mesures prioritaires recommandées (voir note de bas de page 7) .............................. 43

Tableau 8. Tableau des recommandations et leurs scores (définis au Tableau 5) pour le secteur de Rigaud-sur-le-Lac de la ville de Rigaud (voir note de bas de page 6). ........................................... 43

Tableau 9. Synthèse multirisque pour le secteur de Rigaud-sur-le-Lac à Rigaud pour différents aléas naturels en tenant compte de leurs conséquences potentielles vs leur probabilité d’occurrence. ... 46

Tableau 10. Liste des recommandations en trois phases avec suggestion des priorités (de 1 à 14 du plus au moins prioritaire, respectivement) selon les besoins en termes de connaissances (milieu, risques et enjeux), d’augmentation de la capacité d’intervention, de la réduction de l’aléa « rupture », de solutions structurelles à planifier, de partenariats, et de planification durable du territoire (voir note de bas de page 12). ..................................................................................................................... 45

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IV

FIGURES

Figure 1. Emplacement de la ville de Rigaud le long de la rivière des Outaouais et localisation des épicentres de séismes répertoriés par Séisme Canada depuis 1985 dans un rayon de 15 kilomètres autour de Rigaud. .......................................................................................................................... 9

Figure 2. Carte des dépôts meubles et argileux sensibles à l’érosion et aux glissements de terrain sur le territoire de la ville de Rigaud. ............................................................................................. 10

Figure 3. Températures et précipitations totales moyennes mensuelles observées à la station de Rigaud. Ces valeurs ont été calculées à partir des normales climatologiques de 1981 à 2010 ...... 11

Figure 4. Limites du bassin versant de la rivière des Outaouais ainsi que de ses sous-bassins et emplacement de la ville de Rigaud et des villes importantes. ........................................................ 12

Figure 5. Chemin du Bas-de-la-Rivière, ville de Rigaud. .............................................................. 12

Figure 6. Modèle de gestion des risques utilisé par le Ministère de la Sécurité Publique du Québec. .................................................................................................................................................... 14

Figure 7. Évaluation des bâtiments suite aux inondations du printemps 2017 dans le sud du Québec. .................................................................................................................................................... 15

Figure 8. Organigramme de la sécurité civile lors de la phase d'intervention - Inondation historique à Rigaud 2017-04-20 au 2017-05-10. .............................................................................................. 17

Figure 9. Localisation des stations météorologiques d'Environnement et Changement climatique Canada, à proximité de Rigaud, utilisées dans cette étude. .......................................................... 24

Figure 10. Météogramme et hydrogramme quotidien couvrant la période de novembre 2016 à mai 2017 établis avec a) les variables météorologiques observées à la station de Rigaud, et b) avec les données hydrologiques prises au barrage de Carillon. .................................................................. 26

Figure 11. Box plots et distribution des valeurs de températures maximale et minimale quotidiennes et des indices de gel/dégel et de précipitation pour l’année 2016-2017, pour l’ensemble des 5 stations présentées au Tableau 2, et pour tous les mois de novembre 2016 à mai 2017, par rapport à la période normale de 1981-2010. .................................................................................................... 28

Figure 12. Précipitation cumulée totale (pluie et neige) de novembre à mai issue de a) l’année 2016-2017 et b) la climatologie de 1981-2010. Le panneau c) montre l’anomalie de la précipitation cumulée 2016-2017 totale par rapport à la climatologie 1981-2010 de novembre à mai. ............................. 29

Figure 13. Box plots des niveaux d’eau en amont et en aval du barrage de Carillon et débit mesuré au barrage de Carillon pour a) le mois d’avril et b) le mois de mai................................................. 32

Figure 14. Anomalies standardisées (par l’écart type, par rapport à la période normale 1981-2010) pour les 5 années avec les débits maximums les plus élevés au cours de la période de 1963 à 2017 sur l’ensemble du bassin versant de la rivière des Outaouais, pour a) le mois d’avril et b) le mois de mai. ............................................................................................................................................. 33 Figure 15. Portrait de la zone d’étude avec la répartition et la délimitation des milieux humides ainsi que des zones inondables 0-2 ans (zone inondée à chaque année), 2-20 ans (zone de grand courant) et 20-100 ans (zone de faible courant) dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac. .. ............................ 35

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V

Figure 16. Zones touchées par l’inondation du 23 avril au 21 mai 2017. ....................................... 36

Figure 17. Anomalies futures (3 périodes : 2011-2040, 2041-2070 et 2071-2100), par rapport à la période de référence (1971-2000) au mois d’avril (a et b) et de mai (c et d), de la précipitation totale (en %) versus les températures (en °C), et l’intensité de précipitation par jours humides (en %) versus le nombre de jours humides (en %). ............................................................................................. 39

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1

Résumé court - Multirisque

Plusieurs risques naturels affectent le secteur de Rigaud-sur-le-Lac à Rigaud, qui a été

affecté lors de l’inondation de 2017. Celui-ci est en effet exposé à d’autres aléas, notamment

les séismes, les glissements de terrain, les embâcles de glace, la rupture de barrage et les

micro-rafales. Cette étude a pour objectif d’identifier et d’analyser les risques naturels

touchant ce secteur, afin d’identifier les mesures à adopter pour réduire les conséquences

lors d’événements futurs. La démarche s’appuie sur une approche de réduction multirisque.

Celle-ci consiste à identifier les risques, les analyser individuellement et à combiner

plusieurs critères ponctuels (liés aux événements météorologiques ou aux degrés

d’exposition) ou saisonniers (cumuls de facteurs dans le temps et dans l’espace), afin d’en

dégager le niveau de risque, en terme de probabilité et de conséquences anticipées. Les

données probantes utilisées proviennent des données de partenaires, tels que Hydro-

Québec, les gouvernements fédéral et provincial, et le centre ESCER de l’UQÀM.

Pour chacun des risques analysés, les évaluations ont révélé que :

Risque sismique : Modéré à élevé, selon la Commission géologique du Canada;

Risque de glissement de terrain : Tout le secteur se situe dans une zone d’argile

sensible aux glissements de terrain, les connaissances limitées n’ont cependant pas

permis de quantifier le risque en détails;

Risque d’inondation : Historiquement élevé, ce risque augmentera potentiellement

dans le futur, selon les simulations disponibles au centre ESCER (UQÀM).

L’inondation printanière de 2017 fut exceptionnelle, en raison de trois facteurs:

L’étendue (au-delà de la zone inondable de 20-100 ans) et la durée (environ 56

jours de débit au-dessus de 5 000 m3/s au barrage Carillon), et d’intensité de la

crue des eaux (un débit record atteignant 8 900 m³/s). La cause provient d’une

succession de journées avec de fortes intensités de précipitations (au-dessus des

normales de saison, surtout au printemps), se combinant avec un dégel rapide et

durable en avril sur tout le bassin versant des Outaouais. Dans le futur, la

probabilité de débit élevé pourrait augmenter pour la plupart des mois dans le

secteur: Les jours d’hiver ou de printemps avec des précipitations ainsi que les

quantités associées seront plus importantes que dans le régime actuel, dans un

contexte de réchauffement qui pourrait accélérer la fonte de la neige;

Risque d’embâcle de glace : Il existe un historique sur la rivière Rigaud, mais

l’analyse comporte une grande incertitude; on estime le risque élevé;

Risque de rupture de barrage : La connaissance sur l’état de l’infrastructure est

limitée, ce risque qui est de faible probabilité et de fortes conséquences mériterait

une mesure de gestion spécifique;

Autres risques : D’autres aléas naturels ont été identifiés mais pas analysés,

comme les micro-rafales.

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2

Synthèse et mesures de réduction des risques : L’analyse multirisque suggère de

réduire prioritairement les conséquences du risque d’inondation majeure et de rupture du

barrage du Vieux-Moulin (cf. Tableau ci-dessous)1, et d’améliorer les connaissances sur

d’autres aléas (ex. embâcle de glace et micro-rafales).

Les enjeux reliés aux différents facteurs de risques (aléas, vulnérabilité et exposition) sont

suffisamment préoccupants pour entreprendre des actions basées sur les connaissances

scientifiques et les outils les plus à jour. La recommandation consiste en une

planification en trois phases qui mènera à un plan de gestion par unités de voisinage et

un aménagement durable du secteur2.

1 Pour obtenir ces informations il faut produire une demande d’accès à l’information, et ce, conformément à la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, (RLRQ c A-2.1), cela en communiquant avec le Service du greffe de la ville de Rigaud; 450-451-0869, poste 241 ou [email protected] 2 IDEM

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3

Résumé exécutif – Cas de l’inondation du printemps 2017 Cette étude a pour objectif d’identifier et d’analyser les risques géologiques, tels que les

glissements de terrain et les séismes, et hydrométéorologiques, tels que les inondations, en

particulier afin de tirer les leçons de l’inondation survenue au printemps 2017 dans le bassin

de la rivière des Outaouais. Elle vise dans le même temps à réaliser une estimation des

besoins pour compléter l’évaluation des risques, et aider à une planification stratégique de

la prise de décision pour un aménagement durable du secteur de Rigaud-sur-le-Lac à

Rigaud. Une approche de réduction multirisque qui combine plusieurs critères ou indicateurs

ponctuels (liés aux événements météorologiques) ou saisonniers (cumuls de facteurs dans

le temps et dans l’espace), est utilisée ou proposée dans cette étude, et elle pourrait servir

de base à la prise en compte de plusieurs types d’aléas.

Les données probantes, sur le milieu physique et les enjeux ou infrastructures

exposés, qui ont servi aux analyses proviennent des données de partenaires ou

d’organismes publics (recueillies auprès d’Hydro-Québec, d’Environnement et Changement

climatique Canada, du MDDELCC, du MAMOT et des simulations de modèles climatiques

régionaux disponibles au centre ESCER de l’UQAM).

À Rigaud, le risque sismique est modéré voire élevé, selon la Commission

géologique du Canada, alors que le risque d’inondation est historiquement (naturellement)

élevé dans ce secteur, et augmentera potentiellement dans le futur, d’après les analyses

hydrométéorologiques réalisées au centre ESCER (UQAM). L’inondation printanière de

2017 fut exceptionnelle, en termes d’étendue, dépassant les limites de la zone inondable

20-100 ans sur presque tout le secteur à l’étude, mais aussi en termes de durée, avec

environ 56 jours de débit au-dessus de 5 000 m3/s (médiane des débits maximums en avril-

mai mesurés au barrage Carillon), et d’intensité avec un débit record de 8861.79 m3/s. Elle

se distingue des autres années ayant enregistré les plus forts débits (analysés sur toute la

période 1963-2017), en raison du cumul des facteurs suivants :

Des intensités exceptionnelles de précipitation par jours humides et des

occurrences de jours de pluie plus élevées que la normale au printemps,

engendrant donc des cumuls mensuels et saisonniers (de novembre 2016 à mai

2017) de précipitations totales au-dessus des valeurs normales;

Un dégel rapide et le maintien des températures au-dessus du point de

congélation en avril (plus chaud que la normale) favorisant la fonte rapide de la

neige et un apport important d’eau en lien avec les fortes et intenses pluies (en avril-

mai), sur tout le bassin versant de la rivière des Outaouais.

Dans le futur, les risques de débit élevé de ce type pourraient être en

augmentation par rapport à la période actuelle, et ce pour la plupart des mois, alors que le

réchauffement climatique s’accentuera. Les projections issues d’un ensemble de modèles

climatiques régionaux sur le bassin de la rivière des Outaouais suggèrent en effet une

augmentation quasi généralisée de l’occurrence de débits élevés en raison de

l’augmentation de l’occurrence de jours de précipitation et surtout de l’intensité moyenne

lors des événements de pluie et/ou neige (sans distinction), et donc des quantités de

précipitations accumulées par mois et sur toute la saison hiver-printemps. Avec

l’accroissement des températures, ceci devrait avoir potentiellement pour effet d’accélérer

la fonte du manteau neigeux, et/ou l’apport d’eau via le ruissellement (surtout dans des

conditions de sols gelés et/ou saturés d’eau). Ceci est donc un motif de préoccupation

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majeure qui nécessiterait d’autres investigations afin d’évaluer plus précisément les

changements dans les niveaux de risques d’inondation.

Des recommandations qui s’inscrivent dans une démarche de rétablissement, afin

de reconstruire mieux et d’y arriver dans un temps raisonnable, ont été suggérées. Une

vingtaine de solutions ont été préconisées, pour un “portefeuille” total de 48 solutions dont

13 mesures de faible effort, forte réduction des conséquences, ainsi qu’une mesure

d’effort important qui réduirait sur le long terme les risques. Parmi les mesures structurelles

qui semblent prioritaires, il est recommandé de réaliser les actions suivantes :

Procéder à l’immunisation temporaire de tout le tronçon exposé aux fortes récurrences d’inondation du chemin du Bas-de-la-Rivière (zone 0-20 et 20-100 ans);

Procéder au surdimensionnement du ponceau/pont du chemin du Bas-de-la-Rivière; Identifier un chemin d’accès alternatif en cas d’urgence.

Il est également recommandé, à la lumière de cette première évaluation « semi-

quantitative » des risques potentiels d’inondation dans le futur, que d’autres études

plus précises et plus élaborées soient réalisées afin d’effectuer les analyses suivantes :

Évaluer explicitement la distribution spatio-temporelle des anomalies conjointes de

températures et du régime de précipitation incluant : Les quantités de neige tombées

et celles restantes au sol durant l’hiver, l’occurrence et l’intensité de pluie (vs neige),

les cycles de gel/dégel, la durée de la saison de gel et les dates de dégel;

Évaluer les incertitudes associées au régime de précipitation simulé par les modèles

climatiques régionaux, et leurs effets sur la probabilité de débits élevés (avec

évaluation des intervalles de confiance);

Quantifier la probabilité de risques de débits élevés, voire extrêmes dans le futur, à

l’aide des modèles hydrologiques et/ou de modèles couplés atmosphérique-cycle

hydrologique terrestre à la fine pointe (à l’échelle du bassin versant de la rivière des

Outaouais incluant le lac des Deux-Montagnes).

Compte tenu des risques potentiellement accrus de forts débits dans le futur,

l’élaboration d’un système multialéa (et multirisque) basé sur une prévision détaillée

des impacts devrait être envisagée, en collaboration avec plusieurs partenaires (ex. MRC,

MDDELCC, ECCC et universités). Ce système inclurait en plus de la prévision

hydrométéorologique, la quantification dynamique ou évolutive 1) des facteurs de

vulnérabilité et d’exposition sur le territoire (informations régulièrement mises à jour), 2) des

impacts socio-économiques et environnementaux, et 3) des risques, ainsi que des mesures

de réduction des risques de catastrophes. Il servirait à mettre à jour sur une base régulière

la probabilité des risques (ex. mettre à jour les cartes de risques d’inondation), selon les

changements des différents facteurs mentionnés, et à informer les décideurs et les

résidents.

En outre, il devient primordial de mettre en place un système de surveillance et

de vigilance adéquat et adapté aux conditions locales. Cette plateforme intégrée de

surveillance, orientée vers les autorités et la population, devrait permettre l’accès et la

diffusion des informations sur les aléas à l’aide des données hydrométéorologiques

disponibles en tout temps. Les enjeux reliés aux différents facteurs de risques (aléas,

vulnérabilité et exposition) sont suffisamment préoccupants pour que des actions soient

prises, celles-ci devant reposer sur les connaissances scientifiques et les outils les plus à

jour.

Page 13: Appréciation et traitement du risque Aléas géologiques et ... · d’Éric Martel et de Thierry Dietrich afin d’améliorer le présent document sont également grandement appréciés

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1. Mise en contexte et approche méthodologique

Les risques de catastrophes d’origine météorologique ou climatique, comme les inondations

majeures, proviennent de la combinaison de 3 types de facteurs (IPCC, 2012): 1) Les aléas

et extrêmes hydrométéorologiques, 2) Les conditions de vulnérabilité des systèmes naturels

et humains (ex. conditions sanitaires, socio-économiques, environnementales, etc.), et 3)

L’exposition (ex. personnes physiques ou biens affectés par un aléa, etc.). Parmi les risques

naturels, les aléas hydrométéorologiques et les événements météorologiques extrêmes

constituent les risques les plus fréquents, et engendrent les coûts économiques et humains

les plus importants, que ce soit au Québec ou ailleurs dans le monde (WMO, 2014). À elles

seules, les tempêtes et les inondations représentaient 79 % du nombre total de catastrophes

naturelles, et ont causé 54 % des décès et 84 % des pertes économiques totales à travers

le monde (de 1970 à 2012; WMO, 2014). Au Canada, les inondations représentent quant à

elles 40% de toutes les catastrophes naturelles enregistrées, et l’incidence économique la

plus élevée, en moyenne annuelle (BAC, 2017). Au Québec, on recense plus d’une

inondation majeure en moyenne par année depuis 25 ans (INSPQ, 2018 ; Sécurité publique

Canada, 2018).

Les inondations printanières majeures font intervenir plusieurs facteurs de causalité,

reliés entre autres aux aménagements anthropiques volontaires ou involontaires qui

peuvent modifier par exemple le ruissellement, l’infiltration de l’eau dans le sol et

l’écoulement des cours d’eau, en plus d’affecter les conditions de vulnérabilité et

d’exposition précédemment citées. Elles sont également le résultat bien entendu des aléas

climatiques ou des conditions hydrométéorologiques avant et durant l’événement, faisant

intervenir une occurrence conjointe ou cumulative de mécanismes rapides ou ponctuels

(intensité et type de précipitation durant un événement ou une série d’événements

météorologiques, i.e. échelle de quelques heures à quelques jours) et de phénomènes plus

lents (saisonnalité des températures et des précipitations solides/liquides, i.e. échelle

mensuelle à inter-saisonnière). Le contexte dans lequel se produit une inondation

printanière est donc essentiel à considérer, à la fois pour évaluer les combinaisons de

facteurs hydrométéorologiques apparaissant à des échelles temporelles variées (heures,

jours, mois et saison), mais également selon l’échelle spatiale et les principales

caractéristiques du bassin versant considéré. Tous ces facteurs, en plus des conditions

initiales ou qui prévalaient au début de la saison hivernale (ex. niveau de saturation des sols

et hauteur de la nappe phréatique), sont de nature à modifier les niveaux et les débits des

cours d’eau, une fois la période de fonte ou la période de crue printanière amorcée.

C’est pourquoi, l’identification des facteurs de risques d’inondation est complexe et

nécessite des analyses multicritères ou faisant intervenir à la fois la prise en compte des

conditions météorologiques au sein du bassin versant concerné, mais également les

caractéristiques physiographiques naturels et les types d’aménagement humain sur le

territoire et leur évolution dans le temps.

Dans la suite, un bref portrait avec les faits saillants de l’inondation de 2017 est

présenté, suivi du contexte climatique de l’hiver 2016-2017 et du printemps 2017, d’une

synthèse de la phase de rétablissement entreprise par la ville de Rigaud, avant de terminer

sur la nature du mandat et des objectifs de cette étude. Les sections suivantes permettront

de déterminer les principales caractéristiques des milieux physiques et humains dans

lesquels l’inondation s’est produite, et de résumer les principes de gestion des risques qui

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guident les interventions de la ville de Rigaud en cas de sinistres majeurs.

1.1 Introduction et Nature du mandat

Les faits et les inondations de 2017 en chiffres

De la fin février au 2 juin 2017, les inondations du printemps 2017 ont affecté 15 régions

administratives du Québec, touchant un total de 291 municipalités, du jamais vu auparavant

par leur ampleur (durée, débit et niveau d’eau parfois record) et leur extension géographique

(Québec. Ministère de la Sécurité publique (MSP), 2017). Celles-ci ont eu des

conséquences économiques et humaines majeures (Québec. MSP, 2017): Plus de 5 300

résidences principales ont été inondées, plus de 4 000 personnes ont été évacuées, 22

municipalités et 1 agglomération ont déclaré l’état d’urgence, et près de 400 routes ont été

endommagées. À la fin mai 2017, plus de 180 glissements de terrain - les sols saturés d’eau

favorisant l’instabilité des dépôts meubles ou argileux - avaient été signalés au ministère de

la Sécurité publique du Québec, menaçant des résidences, des entreprises et des

infrastructures municipales. Ce sinistre majeur constitue un des plus importants événements

ayant affecté le Québec au cours des dernières décennies.

À Rigaud, 542 habitations ont été affectées, et 243 résidents ont décidé de rester

malgré l’état d’urgence (Radio Canada, 2017) et plus de 250 personnes sinistrées ont

demandé une aide pour un hébergement d’urgence. Au mois d’août 2017, 292 résidences

étaient encore inaccessibles à leurs occupants. À Rigaud, 380 terrains ou bâtiments ont été

endommagés, donnant lieu à 300 demandes d’aide financière. Depuis la dernière inondation

majeure survenue en 2008, la ville de Rigaud a instauré une démarche de sécurité civile

avec un plan de mesure d’urgence, d’aménagement et d’adaptation. Ceci a entre autres

permis de déployer dès le 9 avril 2017 le début de la phase « Intervention » et les mesures

d’urgence ont été activées le 20 avril (i.e. première déclaration de l’état d’urgence local)

avec un ordre volontaire d’évacuation donné par le maire de la ville.

Le contexte climatique global et l’évolution des désastres naturels

Dans le contexte du changement climatique (CC) d’origine anthropique, la fréquence des

catastrophes naturelles d’origine hydrométéorologique ne cesse d’augmenter, engendrant

des pertes de vie et l’accroissement du nombre de populations et d’infrastructures affectées,

de même qu’une hausse incontestable et considérable des impacts économiques associés,

au niveau global (IPCC, 2012; WMO, 2014; CRED, 2015; Munich RE, 2016). Les risques

de désastres comme les inondations majeures pourraient s’accroitre dans le futur, compte

tenu, d’une part, de l’augmentation anticipée des aléas hydrométéorologiques et des

événements extrêmes en lien avec le CC, et d’autre part, de la modification des facteurs

d’exposition reliés à la croissance démographique et économique (ex. construction en zones

à risque d’inondation) et des facteurs de vulnérabilité environnementale ou sociale (ex.

vieillissement de la population et inégalités socio-économiques et sanitaires).

Le cycle hydrologique est – et sera – significativement modifié par les CC, en

particulier dans l’est du Canada, incluant le Québec, où la variabilité naturelle est

intrinsèquement élevée (par exemple les écarts de températures), avec des quantités

annuelles de neige parmi les plus élevées au pays, mais qui varient fortement à l’échelle

intra-saisonnière et interannuelle. Toutes modifications, conjointes ou cumulatives, des

régimes de précipitation (solide et liquide) et de températures (maximum et minimum

quotidien, fluctuations autour du point de congélation) affectent l’occurrence, la durée et

l’ampleur du gel/dégel des sols et des masses d’eau, ainsi que les quantités de neige au sol

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à la fin de l’hiver. Si ces dernières sont très importantes au moment de l’arrivée des

températures excédant le point de congélation et que la fonte se combine avec des pluies

abondantes, des risques d’inondation printanière majeure surviennent (ex. inondation du

Richelieu au printemps 2011, cf. Saad et al., 2016, via ces effets « en cascade ou domino

»).

Par ailleurs, le développement humain (facteur d’exposition au risque d’inondation)

dans les plaines alluviales a déjà fait grimper très largement les coûts économiques – et les

indemnités devant être versées par les gouvernements fédéral et provincial liés aux

inondations au cours du 20e siècle – période pendant laquelle ces phénomènes d’inondation

ont connu une nette augmentation au Canada (Etkin et al., 2010). Dans le futur, avec

l’intensification du cycle hydrologique dans le contexte du réchauffement climatique (IPCC,

2012 et 2013), on anticipe également une augmentation potentielle des extrêmes ou de

certains aléas hydrométéorologiques, en lien par exemple avec des précipitations plus

intenses en hiver et au printemps dans le sud du Québec (Eum et al., 2014). Ceci est de

nature à modifier voire à amplifier la sévérité de certaines inondations printanières au

Québec.

La phase de rétablissement dans la ville de Rigaud

Après la fin de l’inondation, la ville de Rigaud est entrée dans la phase de rétablissement.

Le Bureau du rétablissement - inondations (BRI) de Rigaud a été mis en place afin

d’accélérer les traitements des dossiers pour les résidents sinistrés et les accompagner

dans leurs démarches d’évaluation des dommages. Le BRI est sous la responsabilité du

coordonnateur municipal de la sécurité civile, et travaille en collaboration avec plusieurs

partenaires (ex. Croix Rouge canadienne, le Ministère de la Sécurité publique (MSP),

l’Armée du Salut, et le CISSS3 de la Montérégie-Ouest).

Le récent décret (Québec. Ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du

territoire (MAMOT), 2010 et 2017) relatif à la mise en place d’une zone d’intervention

spéciale (ZIS) pour les 291 municipalités affectées par les inondations de 2017, vise à

permettre l’application de la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines

inondables (PPRLPI) sur le territoire des municipalités touchées. Ceci inclut des dispositions

concernant l’évaluation des bâtiments inondés et un mécanisme de suivi et de reddition de

comptes auprès des municipalités :

« Il prévoit que les municipalités pourront demander une dérogation au ministre des

Affaires municipales et de l’Occupation du territoire dans le but de permettre, dans

certaines circonstances exceptionnelles et à certaines conditions, la reconstruction

de certains bâtiments détruits ou sévèrement endommagés lors de ces

inondations. » (Québec. MAMOT, 2017).

Cette exposition aux inondations qui perdure dans certains secteurs de la ville de

Rigaud constitue un risque à la sécurité des personnes. En particulier, les quelques 200

résidents qui dépendent d’un réseau routier unique via le Chemin du Bas-de-la-Rivière à

Rigaud, ont été régulièrement affectés par la montée des eaux au cours des dernières

années, ce qui a entrainé des évacuations préventives de sécurité publique, même lorsque

les propriétés privées n’étaient pas à risque d’inondation.

3 CISSS : Centre intégré de santé et de services sociaux.

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Dans ce contexte, le présent rapport vise à tirer les leçons des évènements du

printemps 2017 afin d’identifier et d’évaluer les risques hydrométéorologiques, et autres

risques naturels présents, sur le territoire de la ville de Rigaud. Dans un premier temps,

l’approche méthodologique sera précisée, ainsi qu’une description du milieu physique,

humain et de la gestion de risques de sinistres. Dans un deuxième temps, il sera question

d’établir un état des lieux sur les risques. Enfin, une planification d’une démarche multirisque

intégrée et durable permettra d’orienter les décideurs quant au devenir du secteur de

Rigaud-sur-le-Lac. Ceci sera réalisé dans l’objectif d’établir une démarche de réduction

multirisque de catastrophes et d’adaptation au changement climatique.

1.2 Approche méthodologique

L’approche générale vise à identifier les risques et les principaux facteurs de vulnérabilité

et d’exposition des populations et des infrastructures selon les données probantes

disponibles, afin de planifier ou de recommander des actions subséquentes selon les

priorités et les ressources disponibles. La collecte de données sur le milieu physique et les

populations et infrastructures exposées repose sur l’inventaire des données existantes à

l’échelle régionale ou locale, et sur les données fournies par les institutions publiques et

parapubliques (Hydro Québec, Environnement et Changement climatique Canada, etc.).

Des analyses géomatiques complèteront certains éléments cartographiques sur le territoire.

Les données les plus à jour disponibles, y compris celles couvrant l’inondation du

printemps 2017 (avant et durant l’événement), seront utilisées ainsi que les études

hydrologiques ou autres réalisées au préalable dans le même secteur.

1.3 Milieu physique

Contexte géologique

La ville de Rigaud, d’une superficie d’environ 114 km2 dont 99,13 km2 de terre (Québec.

MAMOT, 2018), est située le long de la rive sud de la rivière des Outaouais et au bord sud-

ouest du lac des Deux-Montagnes, en Montérégie dans le sud du Québec (Figure 1). Elle

se trouve dans la province géologique de la plate-forme du Saint-Laurent et est composée

de l’ensemble géologique de la plate-forme des basses-terres du Saint-Laurent (Québec.

Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), 2013).

La région est principalement composée de roches sédimentaires cambriennes et

ordoviciennes (Larocque et Meyzonnat, 2015 ; MERN, 1982). Le socle rocheux longeant la

rivière des Outaouais et l’est de la ville est composé des roches du Cambrien Supérieur. On

y retrouve du grès quartzitique, du grès feldspathique et du conglomérat. À l’ouest, les

roches proviennent de l’Ordovicien inférieur. Le mont Rigaud, culminant à une altitude

d’environ 230 m, est quant à lui composé de roches appartenant à la province de Grenville

(Québec. MERN, 2013).

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Figure 1. Emplacement de la ville de Rigaud (délimitée par le cadre rouge) le long de la rivière des Outaouais et localisation des épicentres de séismes répertoriés par Séisme Canada depuis 1985 dans un rayon de 15 kilomètres autour de Rigaud (points orange) (source des données : Gouvernement du Canada. Ressources naturelles (RN), 2016).

La ville est également traversée par deux failles, dont la faille de Rigaud, qui suit un

axe sud-ouest nord-est, dont le mouvement est indéterminé (Québec. MERN 1982 et 2013).

D’ailleurs, Séismes Canada (2018) a rapporté 32 séismes de faible magnitude dans un

rayon de 15 kilomètres autour de Rigaud depuis 1985 (la localisation des épicentres de ces

séismes est présentée à la Figure 1). Un séisme d’une magnitude de 3,8 sur l’échelle de

Richter s’est également produit le 15 juillet 2015, à 6 kilomètres de Rigaud, soit le plus

important du secteur depuis 1985 (Gouvernement du Canada, 2016). Historiquement, dans

le secteur de Rigaud, il y a eu quelques événements dépassant la magnitude 4. Dans

l'ensemble, la Commission géologique du Canada estime que le risque d’aléa sismique

dans ce secteur est modéré à élevé (RNCan, 2017).

En ce qui a trait aux formations superficielles de la région, elles auraient été mises

en place lors de la dernière glaciation, au cours du Wisconsinien supérieur (Larocque et

Meyzonnat, 2015). Plusieurs sablières et gravières, toujours en exploitation, composent le

paysage (Québec. MERN, 1982), et occupent environ 59,04 km2 du territoire (cf. Figure 2),

soit plus de la moitié de la superficie totale de la ville.

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Figure 2. Carte des dépôts meubles et argileux sensibles à l’érosion et aux glissements de terrain sur le territoire de la ville de Rigaud (source des données : Gouvernement du Canada, RN, 2016 ; Québec. Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), 2015).

Contexte climatique

Le climat de la région est de type continental à été doux et humide (de type DfB d’après la

classification climatique de Köppen-Geiger, cf. Peel et al., 2007; Québec. Ministère du

Développement durable, de l’Environnement et du Changement climatique (MDDELCC),

2018a). À Rigaud, le mois le plus froid (janvier) possède une température moyenne

mensuelle de l’ordre de -10,9°C, et le mois le plus chaud (juillet), de l’ordre de 20,4°C (cf.

Figure 3). La température moyenne annuelle est de l’ordre de 6°C. Le mois d’avril est

généralement le mois où les températures moyennes quotidiennes redeviennent positives

(Figure 3), et correspond à la période de dégel prolongé et au début de la crue des eaux

des rivières dans le sud du Québec (Gouvernement du Canada, 2017). La ville reçoit en

moyenne, par année, environ 1 000 mm de précipitation totale, dont environ 850 mm de

pluie et 150 cm de neige durant l’année (Environnement et Changement climatique Canada

(ECCC), 2018).

Comme suggéré en introduction, la combinaison de la fonte de neige et de grandes

quantités de précipitation liquide ou de précipitation intense de pluie au printemps entraine

la crue des eaux, et occasionne parfois des inondations. Rappelons que Rigaud a été touché

par d’importantes inondations en 1974, 1976, 1994, 1998, 2008 et tout récemment, au

printemps 2017.

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Figure 3. Températures et précipitations totales moyennes mensuelles observées à la station de Rigaud. Ces valeurs ont été calculées à partir des normales climatologiques de 1981 à 2010 (source : Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), 2018).

Environnement hydro-géomorphologique de l’embouchure de la rivière Rigaud

La rivière Rigaud (cf. sous-bassin versant québécois situé sur la rive sud du lac des

Deux-Montagnes) draine ses eaux dans le bassin versant de la rivière des Outaouais, un

bassin transfrontalier d’une superficie de 146 334 km2 (Québec. MDDELCC, 2018d) ; cf.

Figure 4) partagé entre le Québec (65%) et l’Ontario (35%). La rivière des Outaouais est le

principal tributaire du fleuve St-Laurent. Elle prend sa source dans le lac Capimitchigama

au nord de la région de l’Outaouais et s’écoule sur environ 1 130 km jusqu’à son

embouchure à la centrale hydroélectrique Carillon (exploitée par HQ), en amont de Rigaud,

pour finalement se jeter dans le lac des Deux-Montagnes (Québec, 2015). La rivière des

Outaouais – dont le débit annuel moyen est d’environ 1 956 m3/s au barrage Carillon

(Commission de planification de la régularisation de la rivière des Outaouais, 2017) - longe

la ville de Rigaud au nord avant d’aboutir dans le lac des Deux-Montagnes qui constitue

l’essentiel de la bordure et frontière nord et nord-est de la ville de Rigaud. Les principaux

cours d’eau qui parcourent le territoire sont les rivières Rigaud et à la Raquette qui se jettent

dans le lac des Deux-Montagnes. Elles ont toutes deux un lit profond qui permet un excellent

drainage de la région (Lajoie et Stobbe, 1951). La rivière Rigaud a édifié son cours

principalement dans des sédiments glaciomarins fins d’eau profonde et est bordée, par

endroits, de dépôts de glissements de terrain et par du till en couverture continue. Toutefois,

en amont de Rigaud son lit est très peu profond et l’eau sort très rarement de son lit. Le lac

des Deux-Montagnes creuse également son lit dans des sédiments glaciomarins fins d’eau

profonde (Québec. MERN, 2013).

Deux grandes unités morphologiques composent le territoire de Rigaud. Il s’agit du

mont Rigaud et de la plaine du Saint-Laurent. Le mont Rigaud atteint une altitude d’environ

230 mètres. La seconde unité, celle d’intérêt, est composée à majorité de dépôts argileux

(Larocque et Meyzonnat, 2015 ; cf. Figure 2), comme suggéré précédemment. Plus

spécifiquement, elle est formée de trois sous-unités morphologiques, soit les basses terres

en plus des zones humides situées le long de la rivière des Outaouais, les échancrures de

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la rivière Rigaud et de la rivière à la Raquette, et finalement la plaine correspondant à une

vaste terrasse plane (Ville de Rigaud, 2013) située le plus souvent à moins de 5 mètres au-

dessus du niveau de la rivière des Outaouais ou du lac des Deux-Montagnes.

Figure 4. Limites du bassin versant de la rivière des Outaouais ainsi que de ses sous-bassins et emplacement de la ville de Rigaud (étoile rouge) et des villes importantes (points jaunes). Les triangles rose et turquoise montrent respectivement la source et l’exutoire de la rivière des Outaouais. Les noms des sous-bassins apparaissent en blanc.

Figure 5. Chemin du Bas-de-la-Rivière, en rouge, longeant l’aval de la rivière Rigaud, ville de Rigaud.

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Le chemin du Bas-de-la-Rivière qui longe la rivière Rigaud (Figure 5), dans sa partie

aval, est un chemin de paysage qui offre une vue panoramique et des qualités paysagères

remarquables. Sa conservation permet de mettre en valeur le paysage culturel de Rigaud

(Ville de Rigaud, 2017). Toutefois, il lui arrive d’être submergé en partie lors des crues de

récurrence 2-20 ans et 20-100 ans. D’ailleurs, la route ainsi que certaines infrastructures

présentes à proximité, dont un vieux ponceau, ont été endommagées lors de l’inondation

du printemps 2017.

1.4 Milieu humain

Rigaud est une ville faisant partie de la municipalité régionale de comté (MRC) de Vaudreuil-

Soulanges et de la région administrative de la Montérégie au Québec, située près de la

frontière avec l’Ontario, et localisée à environ 70 km à l’ouest de Montréal. La population de

Rigaud est d’environ 8 400 habitants soit environ 74 habitants/km2. La tranche d’âge de 15

à 64 ans est majoritaire et le revenu total médian des ménages en 2015 est d’environ

58 000$ (Statistique Canada, 2018).

Rigaud comporte un ensemble d’occupations résidentielle, commerciale,

institutionnelle, éducationnelle et industrielle en bordure de la rivière Rigaud en retrait de

l'Outaouais, mais elle demeure avant tout une communauté régionale rurale. L’activité

agricole d’élevage bovin et laitière domine la partie ouest de la ville alors que les

exploitations équines ponctuent l'est et le nord, puis plusieurs érablières sont exploitées sur

la montagne. De plus Rigaud possède des sablières, des aires de villégiature et de loisir,

notamment les sports d'hiver et la randonnée ainsi que deux campings, dont le camping

Transcanadien ayant été lourdement affecté par l’inondation de 2017 (Statistique Canada,

2018).

1.5 Gestion de risques de sinistres

Contexte administratif

La Loi sur la sécurité civile au Québec (Québec. Publications, 2018) assure la protection

des personnes et des biens contre les sinistres. Cette protection doit être assurée par des

mesures de prévention et de préparation avant le sinistre, par des interventions lors d’un

sinistre réel ou imminent, ainsi que par des mesures de rétablissement de la situation suite

à un événement (Québec, 2001).

Plus spécifiquement, les municipalités locales et régionales ainsi que les

agglomérations doivent coordonner et planifier l’ensemble des efforts déployés en matière

de catastrophes sur le territoire ciblé. Elles doivent mobiliser les acteurs et mettre en œuvre

des actions concrètes visant à prévenir les sinistres, s’assurer de la cohérence entre les

actions prises à différents niveaux, déployer des ressources et s’assurer d’un rétablissement

le plus rapide et efficace possible suite à un sinistre, et fournir une assistance aux autres

collectivités lorsque des catastrophes s’y produisent. Parallèlement à cela, elles doivent

tenir compte des risques dans les décisions prises au niveau de l’aménagement et de

l’urbanisme. Elles jouent donc un rôle essentiel dans le renforcement de la résilience de la

société québécoise face aux catastrophes (Québec. MSP, 2014).

Contexte de prévention et de préparation

Le modèle de la gestion des risques en sécurité civile du MSP est une approche globale et

intégrée et tire ses origines d’une norme australienne et néo-zélandaise. Il est composé de

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trois étapes principales, soit l’établissement du contexte, l’appréciation des risques et le

traitement des risques (Figure 6).

La première étape consiste à identifier le contexte interne et externe dans lequel le

risque peut se produire et est évalué (processus de prise en charge et de suivi), à établir le

contexte associé à la gestion des risques au sein de la collectivité ou de l’organisation, puis

à déterminer des critères d’évaluation des risques de sinistres. La seconde étape consiste

à identifier les risques par la caractérisation du milieu, l’identification et la caractérisation

des aléas, en établissant un profil de vulnérabilité et en déterminant les risques à considérer

et les personnes et infrastructures exposées. Finalement, le traitement des risques consiste

à identifier des mesures potentielles, évaluer et sélectionner celles-ci, puis les planifier et

les mettre en œuvre. La section 2 permettra d’établir le contexte (hydrométéorologique)

dans lequel l’inondation majeure de 2017 s’est produite, et de caractériser ou d’apprécier le

risque d’inondation dans les conditions actuelles et futures (dû au changement climatique).

Le traitement des risques ou les recommandations pour en réduire les impacts ou réduire

les facteurs de risques seront présentés dans la section 3.

Figure 6. Modèle de gestion des risques utilisé par le Ministère de la Sécurité Publique du Québec (source : MSP, 2014).

Décret sur la zone d’intervention

En réaction aux inondations du printemps 2017 et au nombre important de sinistrés

dénombrés dans tout le sud du Québec, le gouvernement a voulu réduire le nombre de

personnes et de biens exposés aux inondations futures, mais a également souhaité

permettre la reconstruction de bâtiments détruits ou sévèrement endommagés dans

certaines circonstances exceptionnelles et à certaines conditions (Québec, 2017). C’est

dans cette optique qu’il a déclaré une ZIS sur le territoire de certaines municipalités locales

affectées par les inondations du printemps 2017, dont Rigaud fait partie. Les objectifs

poursuivis par le décret (Québec, 2017) sont les suivants :

1. Assurer l’application de la PPRLPI;

2. Gérer adéquatement les risques d’inondation dans un contexte de changements

climatiques, notamment par la réduction du nombre de personnes et de biens

exposés aux inondations futures;

3. Permettre, dans certaines circonstances exceptionnelles et à certaines

conditions, la reconstruction de bâtiments détruits ou sévèrement endommagés;

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4. Faire en sorte que l’ensemble des municipalités et des personnes sinistrées

touchées par les inondations soient assujetties à des normes uniformes édictées

par le présent décret (Québec, 2017).

En ce qui concerne l’évaluation des bâtiments (cf. Figure 7):

- La reconstruction signifie des travaux de réfection dont le coût représente plus

de la moitié (50%) de la valeur du bâtiment (i.e., coût neuf d’une construction).

- La réparation signifie quant à elle les autres travaux de réfection lorsque les

travaux de réfection sont inférieurs à 50% de la valeur du bâtiment.

- Aucun ouvrage privé, ou construction privée, ne peut être réparé ou reconstruit

sans que son état ait préalablement fait l’objet d’une évaluation par une personne

désignée par le ministre de la Sécurité publique ou par une personne, désignée

par le propriétaire de l’immeuble ou par la municipalité, qui possède, à titre

professionnel, une expertise dans le domaine de l’évaluation des dommages. De

plus, la municipalité qui est responsable d’autoriser des travaux relatifs à la

réparation ou à la reconstruction d’un tel ouvrage ou d’une telle construction est

liée par l’avis de l’expert en évaluation de dommages ou de la personne désignée

par le ministre de la Sécurité publique quant aux travaux de réfection

nécessaires.

Figure 7. Évaluation des bâtiments suite aux inondations du printemps 2017 dans le sud du Québec (source : Ville de Rigaud, 2018).

Inondation du printemps 2017 à Rigaud : Proactivité dans ses actions et leçons apprises

Une entrevue a été réalisée auprès du directeur adjoint de la division prévention SSIR

(Service de sécurité incendie de la ville de Rigaud) et coordonnateur de la sécurité civile

ainsi que du coordonnateur adjoint de la ville de Rigaud et gestionnaire de risques. Celle-ci

fut faite dans le but d’obtenir des informations quant à l’organisation de la ville en matière

de gestion des risques dans les quatre dimensions de la sécurité civile lors de l’inondation

qui a eu lieu au printemps 2017 à Rigaud. Les grandes lignes sont résumées ci-dessous.

La ville de Rigaud est plutôt bien structurée en ce qui a trait à la gestion de la sécurité

civile. Dû à la récurrence de différents aléas naturels et à la présence de risques quant à

certains aléas anthropiques, la ville n’a d’autre choix que d’être prête à faire face aux

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catastrophes. Au printemps dernier, elle s’est distinguée des autres municipalités touchées

par les inondations par la mise en œuvre structurée de son plan municipal de sécurité civile

et par la création du BRI (Bureau rétablissement – Inondations). Le BRI est né du besoin de

réduire les barrières entre l’administration municipale et gouvernementale afin d’accélérer

le traitement des dossiers des sinistrés. C’est une initiative grandement innovatrice,

exclusive à la ville de Rigaud au Québec. La Croix-Rouge canadienne, l’Armée du salut et

le CISSS de la Montérégie Ouest et la Direction du rétablissement du ministère de la

Sécurité publique ont également collaboré étroitement avec la ville pour venir en aide aux

personnes sinistrées.

Quelques mois avant l’inondation du printemps, de septembre à mars, dans le cadre

d’un mandat de prévention et de préparation en gestion des risques, toute une équipe

capable de réagir en cas de sinistre a été mise en place. Ainsi, même si l’organisation de la

ville n’était pas encore parfaite au moment où l’état d’urgence a été déclaré, les gens

connaissaient leurs responsabilités.

La déclaration de l’état d’urgence implique deux niveaux de gestion (cf. Figure 8),

soit un niveau stratégique coordonné par le Centre de Coordination des mesures d’urgence

(CCMU) et un niveau opérationnel coordonné par le Centre des opérations d’urgence sur le

site de sinistre (COUS). Le CCMU est dirigé par le Coordonnateur municipal de la sécurité

civile et entouré du Coordonnateur-adjoint, des responsables de missions municipales et

des responsables de missions extérieures, telles que la Sûreté du Québec (Évacuation,

sécurité et réintégration), et la mission santé représentée par le CISSSMO4.

Puis, le COUS sur le territoire de Rigaud est commandé par le Directeur adjoint

Opérations/Formation du Service de sécurité incendie de la ville, ou en son absence, par le

chef aux opérations. Il a été établi dans la caserne du Service de sécurité incendie de la

ville de Rigaud, lieu offrant tout le confort et les outils de communications nécessaires aux

intervenants. Un second COUS a été établi à Pointe-Fortune dans les locaux de la mairie

de la ville afin d’agir plus efficacement au cœur de l’action.

Lors de la phase d’intervention, la Ville a agi conformément à la politique de sécurité

civile adoptée par le conseil de ville avant la réforme de 2014. Toutefois, le plan particulier

d’intervention – aléas hydrométéorologiques (PPI-AH) a été rédigé en septembre 2017,

s’appuyant sur les leçons apprises du printemps, et constituera, à ce jour, la démarche à

suivre en cas de sinistre hydrométéorologique.

À noter que ce plan particulier d’intervention repose sur le plan municipal de sécurité

civile (PMSC). Fait intéressant, la Ville avait entrepris une démarche multimunicipale de

sécurité civile avec les municipalités de Pointe-Fortune et de Très-Saint-Rédempteur au

mois d’avril 2017, tout juste avant de lancer les mesures d’urgence liées à l’inondation

historique.

Le PPI-AH est donc un plan multimunicipalité et les travaux en marge de ce dernier

ont pour objectif que le PMSC de Rigaud puisse être bonifié d’ici l’an prochain (2019) pour

devenir le plan multimunicipalité de sécurité civile de Rigaud, Pointe-Fortune et de Très-

Saint-Rédempteur (cf. Tableau 1).

4 CISSSMO: Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest.

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Figure 8. Organigramme de la sécurité civile lors de la phase d'intervention - Inondation historique à Rigaud 2017-04-20 au 2017-05-10.

En ce qui concerne la phase de rétablissement, la ville de Rigaud a misé, et mise encore sur l’importance des « Leçons apprises », inclues dans le volet « Suivi et révision du processus de gestion des risques » reconnu par le MSP, qu’elle considère comme une étape fondamentale du processus. Les missions municipales impliquées se sont chargées de procéder à une analyse rétrospective de l’inondation printanière de 2017 en misant sur les bons coups et les éléments nécessitant amélioration.

Un stagiaire a également été mandaté de la réalisation du post mortem de

l’événement dans le but d’en tirer les leçons apprises. Dans le futur, ces dernières devraient

permettre à la Ville d’étoffer le contenu de ses documents internes tels que la Politique

municipale de sécurité civile, le PPI-AH, les missions municipales, ainsi que d’améliorer les

activités de communication de risques auprès des employés et citoyens.

Également, grâce à une subvention du MSP, Rigaud souhaiterait faire installer trois

balises hydrologiques ainsi que des stations météorologiques sur tout son territoire en plus

d’avoir accès à l’expertise d’Hydro-Météo afin de mieux prévenir les possibles événements

futurs.

Conseil de ville

OMSC

CCMU

COUS - Rigaud

COUS Pointe-Fortune

Sécurité incendie et sauvetage spécialisé

Évacuation massive, réintégration et sécurité (SQ)

Transports, infrastructures et réseaux

Armée du Salut

Ambulance Saint-Jean

Administration

Soutien aux personnes sinistrées et aux bénévoles

Affaires juridiques et contentieux

Communications publiques et médiatiques

Continuité des services aux citoyens et logistique

Croix-Rouge Canadienne

Santé volet « psychosocial »

Surveillance/Sauvetage nautique et soutien aux évacuations- GCAC-Q et AQBRS

ORSC

Forces armées canadiennes

Sécurité, paix et ordre

Organigramme sécurité civile

Inondation historique

Rigaud 2017-04-20 au 2017-05-10

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18

Le rétablissement, dans une perspective de sécurité civile, doit combiner ou intégrer

résilience et développement durable. Cette étape peut s’échelonner sur plusieurs années.

À présent, la ville a réalisé les actions suivantes : Nettoyage des rues, des propriétés et des

berges ; support aux sinistrés ; analyse de l’ampleur de la catastrophe ; formation sur le

développement durable et la réhabilitation des terrains ; et création du BRI. Au total, 50

maisons qui étaient en zone inondable ont été détruites en plus de 10 autres à venir sur 400

maisons touchées.

Rigaud n’a pas encore de plan pour le développement futur, car pour l’instant, toute

l’énergie est encore déployée pour gérer la situation post-sinistre. La ville aimerait adopter

une stratégie de développement durable en développant un parc industriel qui offrirait une

multitude de services pour éventuellement créer plus de logements. Les futurs défis à

Rigaud concernent d’abord la gestion des sinistrés, mais également le développement

durable et le développement économique.

Malgré les nombreuses initiatives de la ville (cf. récapitulatif des actions/décisions

de la Ville présenté au Tableau 1), celle-ci a constaté que le travail du MSP, en silo, nuit à

la gestion des risques. Il ne tient souvent pas compte des règles de zonage du territoire en

question lorsqu’il communique avec les sinistrés. De plus, malgré les efforts du BRI, il

semble difficile d’entrer en contact avec tous les sinistrés. Finalement, les deux

coordonnateurs s’étonnent de l’absence totale d’Hydro-Québec durant la phase

d’intervention.

Pour les années à venir, en cas de nouvelles inondations, la ville est prête à faire

face à celles-ci en termes d’organisation, mais est particulièrement inquiète des

répercussions au niveau psychologique pour les sinistrés qui vivent, pour certains, des

stress nombreux et variés engendrés par l’événement de 2017, voire reliés à l’appréhension

de futurs événements potentiels.

En effet, comme le montre les études sur les impacts des désastres sur la santé et

le bien-être des sinistrés (ex. Maltais, 2014), une catastrophe engendre un continuum

d’événements traumatisants ou stressants qui s’étendent sur plusieurs mois voire plusieurs

années, notamment pour les sinistrés qui ne peuvent retourner dans leur logement d’origine.

Le retour à la routine semble présenter des défis de taille pour les sinistrés, et le soutien de

la collectivité et des intervenants sociaux est essentiel, de même qu’un suivi à moyen et à

long terme auprès des personnes affectées par un désastre (Maltais, 2014).

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Tableau 1. Ligne du temps des actions/décisions de la Ville, depuis l’inondation historique, et ce, considérant sa démarche de sécurité civile, désormais multimunicipalité.

Plusieurs initiatives

en sécurité

civile

Préparation

¤ Requête du MSP (Début mars)

¤ Début des patrouilles "inondation" -

État de veille (Début mars) ¤ 1er pic de crue (4 avril)

¤ État d'alerte (9 avril)

Intervention (9 avril)

¤ Début de la phase d'intervention (9 avril)

¤ 1ère déclaration de l'état d'urgence (20 avril)

¤ Ordre d'évacuation volontaire (20 avril)

¤ Léger abaissement des niveaux d'eau (fin avril)

¤ Fin du premier état d'urgence (26 avril)

¤ Mesures d'urgence et mobilisation ¤ Recrue (début mai)

(26 avril au 6 mai) ¤ Seconde déclaration de l'état d'urgence (7 mai)

¤ Ordre d'évacuation obligatoire (7 mai)

¤ Second pic de crue - Débit historique

(8 mai)

¤ Fin du deuxième état d'urgence (13 mai)

2008 - 2017

Mars 2017 Avril 2017 Mai 2017

Rétablissement (15 mai)

¤ Visite du premier ministre (6 mai) ¤ Mise en place d'équipes

pluridisciplinaires (16 mai) ¤ Démarche interne des leçons

apprises dimension

« INTERVENTION » (juin)

¤ Assemblées citoyennes (5 et 6 juin)

¤ Début officiel du mandat

du BRI (19 juin) ¤ Approche concertée -

collaboration avec le MSP

(17 juillet) ¤ Déménagement de

la caserne (3 août)

Mai 2017 Juin 2017 Juillet 2017 Août 2017

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Préparation pour les années futures, prévention et atténuation

¤ Étude hydraulique du chemin du

Bas-de-la-Rivière (début septembre)

¤ Rédaction du PPIAH (11 septembre) ¤ Démarche municipale

de gestion intégrée

des risques ¤ Dossier d'autorisation

d'intervention temporaire

au chemin du

Bas-de-la-Rivière (octobre)

¤ Étude multirisque du secteur de Rigaud-sur-le-Lac et plan stratégique

(novembre 2017 à mai 2018)

¤ Journée de rencontre

à Québec : inondations

du printemps 2017 -

Bilan et perspectives

(19 décembre) ¤ Plan d'action en matière de sécurité

civile relatif aux inondations (début février)

¤Amélioration du site Internet

de la municipalité

¤ Installation et location

d'instrumentation (20 avril)

Septembre 2017 Octobre 2017

Novembre 2017

Décembre 2017 2018

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2. État des lieux sur les risques

2.1 Le contexte climatologique de l’hiver 2016-2017 et du printemps 2017

D’après le bulletin des tendances et des variations climatiques produit par Environnement

et Changement climatique Canada (ECCC, 2017a), l’hiver (décembre à février) 2016-2017

a été le 4e hiver le plus chaud depuis 1948 (3,8 °C au-dessus des normales 1961-1990)

pour la région des Grands Lacs/Saint-Laurent, dans un contexte de réchauffement marqué

à l’échelle du Canada avec des températures hivernales de 3°C au-dessus de la moyenne

de référence (cf. Annexe A ; ECCC, 2017a). Les températures moyennes hivernales au

Canada ont d’ailleurs augmenté de 3,4 °C au cours des 70 dernières années (1948-2017),

alors que l’année 2017 a été la 7e année la plus chaude depuis 1948. L’hiver 2016-2017 a

été également le 8e hiver le plus humide à 24,1 % de précipitation totale cumulée au-dessus

de la moyenne 1961-1990 dans la région Grands Lacs/Saint-Laurent (cf. Annexe A ; ECCC,

2017b).

Au printemps (mars à mai) 2017, les températures moyennes saisonnières ont été

près des valeurs normales ou légèrement inférieures à la normale dans le sud-est du

Québec (ECCC, 2017b). Dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent, les

précipitations printanières ont été les plus abondantes depuis 1948, avec des accumulations

de 59,4 % supérieures à la moyenne (ECCC, 2017b). De manière générale, il s’agit d’ailleurs

du 3e printemps le plus humide enregistré à l’échelle du Canada depuis 1948.

En outre, les quantités de neige au sol avant le début de la crue printanière (en date

du 12 avril 2017) dans le bassin de la rivière des Outaouais étaient inférieures à la normale

dans la partie sud du bassin, et au-dessus des moyennes partout dans la partie nord du

bassin située au Québec et en Ontario. Toutefois, le couvert neigeux en avril 2017 était

moins important qu’en 2016 (Commission de planification de la régularisation de la rivière

des Outaouais, 2018 ; cf. également bilan fait par le MDDELCC, 2018b et 2018c).

Remarque sur le régime de la rivière des Outaouais : Les cours d’eau du Québec, y

compris la rivière des Outaouais, se caractérisent le plus souvent par un régime mixte ou

nivo-pluvial5. Le régime nivo-pluvial résulte de la combinaison de la fonte de la neige et

d’apport en eau liquide au printemps, ce qui engendre la crue des eaux d’avril à juin, qui

correspond le plus souvent au maximum de débits et de niveaux d’eau enregistrés durant

l’année. Toutefois, plusieurs facteurs peuvent affecter les niveaux d’eau et les débits

maximums via la combinaison complexe et variable dans le temps et dans l’espace des

conditions de températures et de précipitation. Cependant, dans le régime nivo-pluvial, le

facteur déterminant est la température qui conditionne :

Le gel du sol,

La formation de la glace à la surface des masses d’eau et la rétention d’eau sous

forme de glace (dans le sol) ou de neige (en surface),

Le type de précipitation soit l’alternance et les occurrences de précipitations liquide

et solide, voire leur intensité, et l’arrivée et la durée des précipitations liquides

printanières,

Le début et la rapidité de la phase de dégel et de la fonte du couvert de neige, et

5 Régime de cours d’eau alimenté par la fonte de la neige et les chutes de pluie.

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Plus généralement, la quantité de neige restant au sol à la fin de l’hiver et donc

disponible pour la fonte au printemps.

Dans ce régime, le stockage d’eau se fait principalement sous forme de neige et cette

eau est rendue disponible pour l’écoulement en rivière à partir de l’arrivée des températures

positives qui peuvent (ou pas) se combiner avec des apports importants de précipitation

liquide au printemps. Ceci implique donc un écoulement ou débit maximal des rivières au

printemps, au moment où l’intensité de précipitation par jours humides augmente à nouveau

après la phase hivernale. C’est pourquoi, l’occurrence conjointe des régimes de

températures et de précipitation quotidiennes est analysée dans la suite, notamment afin

d’évaluer l’effet des séquences de gel et de dégel sur la fonte de la neige, et l’apport

combiné (ou pas) des précipitations liquides avant ou durant la phase de dégel, incluant les

cumuls totaux de précipitation depuis les premiers jours de gel (novembre) jusqu’au

printemps (mai).

2.2 Analyse des conditions et bilan hydrométéorologiques

a) Les données utilisées

Les données de stations météorologiques situées à proximité de la ville de Rigaud ont été

utilisées. Un ensemble de cinq stations d’ECCC situées à moins de 25 km de Rigaud a été

sélectionné (Figure 9). Le Tableau 2 présente les caractéristiques de chaque station

(période couverte, coordonnées des latitude-longitude, variables utilisées pour l’analyse et

numéro d’identification de la station utilisée).

En plus des données observées de stations météorologiques, les données

hydrologiques du barrage de Carillon (fournies par Hydro-Québec), situé au nord-ouest en

amont de Rigaud (Figure 9) ont été utilisées. Celles-ci correspondent au niveau d’eau (en

mètre) en amont et en aval du barrage ainsi que le débit de la rivière des Outaouais au

niveau du barrage, et couvrant la période 1963 à 2017 (données quotidiennes pour les 2

variables de niveaux d’eau et de débit, voire aux 5 minutes de mars à juin 2017 pour les

données de débit seulement). Tableau 2. Stations météorologiques d’Environnement et Changement climatique Canada utilisées pour l’analyse météorologique.

Stations ID Période couverte

Fréquence Latitude

(°N) Longitude

(°O) Altitude

(m) Variables utilisées

Oka

7015730

1973-2017

Journalière

45,5 74,07 91,4 Température

maximale (Tmax)

Coteau du Lac

7011947

1966-2017 45,32 74,17 49,4

Température minimale

(Tmin)

La Chute

7033650

1963-2017 45,65 74,33 91,4 Température

moyenne (Tmoy)

Les Cèdres

7014290

1913-2017 45,3 74,05 47,2

Pluie totale (PrecTOT)

Rigaud

7016470

1963-2017 45,5 74,05 46 Neige totale Neige au sol

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D’autres données météorologiques ou climatiques ont été utilisées à savoir :

Les données de stations d’observation interpolées sur une grille de 10-km de

résolution, proviennent d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, et couvrent le

Canada (au sud de 60°N ; ANUSPLIN, Hutchinson et al., 2009; McKenney et al.,

2011) et au-dessus des USA du « North American Land Data Assimilation System »

(NLDAS; Xia et al., 2012). Celles-ci incluent les séries temporelles de températures

minimale et maximale (Tmin et Tmax, respectivement) et les précipitations totales

quotidiennes sur la période 1960 à 2013. Ces données seront utilisées pour établir

la référence climatologique des variables moyennes mensuelles de températures

et de précipitation totale, et calculer les anomalies régionales pour chacun des mois

sur la période complète de novembre 2016 à mai 2017 en utilisant les données

CAPA (décrites ci-dessous);

Les données CAPA (projet canadien d'analyse de précipitations; Mahfouf et al.,

2010 ; Lespinas et al., 2015) proviennent de la combinaison de différentes sources

d’information sur les cumuls de précipitation chaque six heures, en utilisant la

prévision à court terme fournie par le système régional de prévision déterministe

(SRPD) d’ECCC ainsi que les données d’observations de surface disponibles

(stations) avec l’ajout récent de données de radars et de satellites météorologiques

(Fortin et al., 2015). Ce produit est disponible sur une grille de 10-km de résolution

sur la période 2009 à 2017, sur l’ensemble de l’Amérique du Nord. Ces données

seront utilisées pour l’analyse des anomalies mensuelles et saisonnières du régime

de précipitation sur le sud-est du Québec (analyse régionale qui complètera les

analyses des stations présentées au Tableau 1). Une étude récente a d’ailleurs

montré que CAPA permet de fournir une information relativement fiable pour la

modélisation hydrologique durant les saisons d’hiver, lorsque la qualité de

l’observation est la plus faible (Boluwade et al, 2018).

Des séries de simulations de modèles climatiques régionaux ont été utilisées pour

évaluer les changements potentiels dans les régimes de températures et de

précipitation dans la région d’étude au cours du 21e siècle. L’ensemble des

informations relatives à chacun des modèles utilisés est fourni à l’Annexe B.

b) La région d’étude

Une analyse locale, à partir des données de stations à proximité de la ville de Rigaud (cf.

Tableau 2 et Figure 9), et régionale à partir des données de grille (ANUSPLIN-NLDAS et

CAPA) décrites ci-dessus sera réalisée. L’Annexe C présente les climatologies moyennes

mensuelles, calculées sur la période de 1981-2010, des précipitations totales cumulées à

partir des données ANUSPLIN-NLDAS pour le sud du Québec, le sud-est de l’Ontario et le

nord-est des USA.

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Figure 9. Localisation des stations météorologiques d'Environnement et Changement climatique Canada (étoiles rouges), à proximité de Rigaud, utilisées dans cette étude (source des données : Gouvernement du Canada. ECCC, 2016).

c) Méthode d’analyse des données hydrométéorologiques

À partir des séries quotidiennes de températures et de précipitation totale (neige ou pluie)

plusieurs indices (décrits au Tableau 3) ont été calculés à partir des cinq stations présentées

au Tableau 2. En plus des températures et des précipitations moyennes mensuelles, des

indices relatifs à 1) nombre de jours avec alternance gel/dégel, 2) fréquence des jours

humides (ou avec de la précipitation liquide ou solide), 3) intensité moyenne par jours

humides, et 4) longueur maximum des séquences humides. Ces indices ont été calculés

pour chacun des mois de novembre 2016 à mai 2017, et pour toute la période de novembre

à mai (cumul de précipitation totale et anomalies moyennes saisonnières des indices).

Tableau 3. Ensemble d’indices d’extrême basés sur des valeurs quotidiennes de températures et de précipitation (source : STARDEX 2004: http://www.cru.uea.ac.uk/projects/stardex/; Gachon et al., 2005; Frich et al., 2002).

Indices Description [unité] Fréquence

CWD Nombre maximum de jours humides consécutifs [nb]

Mois ou Saison

Fr_Th Nombre de jours avec cycles gel/dégel (Tmax>0°C & Tmin<0°C) [nb]

SDII Intensité moyenne de précipitation par jours humides [mm/jr]

Prcp1 Nombre de jours humides (Précipitation ≥ 1 mm/jr; en jours) [nb]

PrecTOT Précipitation totale cumulée [mm]

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25

Pour une analyse des tendances historiques et futures, ces indices seront utilisés et

analysés pour évaluer les changements potentiels dans le régime de précipitation sur le

bassin de la rivière des Outaouais, à partir des simulations de modèles climatiques

présentées à l’Annexe B et des stations présentées au Tableau 2, ainsi que pour les débits

mesurés au barrage Carillon.

d) Bilan hydrométéorologique de l’inondation de 2017

Analyse des conditions hydrométéorologiques de novembre 2016 à mai 2017

L’évolution temporelle des variables de températures minimale, maximale et moyenne

quotidiennes ainsi que la quantité de neige et de pluie tombée au cours de la période est

présentée pour la ville de Rigaud à la Figure 10. Ceci inclut également la quantité de neige

au sol (en cm) mesurée à la station. Comme le montre la Figure 10, les nombreuses chutes

de neige de décembre à la fin du mois de mars alternent avec des séquences de

précipitation liquide, lors des phases de redoux ou de températures maximales quotidiennes

au-dessus du point de congélation. Après avoir atteint plus de 60 cm de neige au sol entre

le 15 et le 20 février 2017, les séquences de pluie observées fin février réduisent l’épaisseur

du manteau neigeux, ce dernier ne ré-augmente substantiellement qu’à la suite des deux

tempêtes de neige du 14 et du 24 mars 2017. Les redoux et les séquences de pluie (au

cours des mois de décembre à février) dans ce secteur ont donc permis de diminuer la

quantité de neige au sol vers la fin du mois de mars, et donc réduire le stockage de l’eau

durant l’hiver.

L’arrivée des températures positives en avril (maximales quotidiennes) s’est réalisée

très rapidement dès le début du mois ou la fin mars, avec des températures moyennes

quotidiennes qui se sont maintenues au-dessus de 0°C dès le 28 mars sans jamais

redescendre sous le point de congélation. Cette phase de dégel rapide et prolongée a

coïncidé avec l’occurrence régulière de pluies intenses qui s’est échelonnée jusqu’à la fin

du mois de mai. Plusieurs événements (quatre au total) ont d’ailleurs dépassé les 25

mm/jour, avec deux événements d’environ 40 mm/jour (cf. Figure 10). Tout ceci a d’ailleurs

engendré une augmentation très rapide des niveaux d’eau en aval du barrage de Carillon

et du débit de la rivière des Outaouais lors de la forte pluie du 4 avril (près de 40 mm/jour

mesurés à Rigaud et plus de 35 mm à Montréal et dans d’autres secteurs de la vallée des

Outaouais, cf. ECCC, 2018). À la suite d’autres événements de forte précipitation en avril

(16 et 19), les débits ont continué à augmenter, dépassant les 6 000 m3/s le 20 avril. À la

suite des fortes précipitations du 1er et 2 mai, dépassant les 35 mm/jour, puis du 5 et 6 mai,

au-dessus de 20 mm/jour, le débit dépassa les 8 000 m3/s. Il atteint les 8 861.79 m³/s le 8

mai 2017 (données moyennes journalières à la centrale de Carillon) et même 9 232.76 m³/s,

pour une courte période de temps, le 9 mai 2017 selon les données de débit aux 5 minutes,

établissant un nouveau record en dépassant les pointes maximales de 1974 (8 105.1 m³/s)

et de 1976 (8 190.39 m³/s), (données moyennes journalières à la centrale de Carillon). Le

niveau en aval du barrage de Carillon a d’ailleurs atteint 25,16 m durant cette période, soit

2 m de plus que sa valeur fin mars 2017 (Figure 10, panneaux du bas).

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26

a)

b)

Figure 10. Météogramme et hydrogramme quotidien couvrant la période de novembre 2016 à mai 2017 établis avec a) les variables météorologiques observées à la station de Rigaud, et b) avec les données hydrologiques prises au barrage de Carillon. Le panneau du haut correspond aux températures minimale (en bleu), maximale (en rouge) et moyenne (en vert) quotidiennes. Dans les panneaux du milieu, la quantité de neige (en vert) et de pluie (en bleu) tombée est incluse, et la quantité de neige au sol (en vert) telle que mesurée à la station est présentée. Dans le panneau du bas, les niveaux d’eau en amont (en rouge) et en aval (en bleu) du barrage de Carillon sont inclus, ainsi que le débit (en vert) au niveau du barrage.

Anomalies des variables hydrométéorologiques en 2017 (5 stations et données

régionales)

Les régimes de températures : Comme le montre la Figure 11, tous les mois, de novembre

2016 à février 2017, ont connu des températures quotidiennes (minimales et maximales)

nettement plus élevées que la normale 1981-2010, à l’exception de décembre 2016 où les

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27

valeurs étaient près ou légèrement supérieures à la normale. Le mois de mars a par contre

été plus froid que la normale, à la fois pour les températures maximales et pour les

températures minimales quotidiennes. Le mois d’avril a connu quant à lui des températures

plus élevées que la normale, surtout pour les températures minimales quotidiennes. Les

températures du mois de mai furent près des normales, voire légèrement inférieures à

celles-ci pour ce qui est des températures maximales quotidiennes. Dans ce contexte, les

séquences de gel/dégel ont toutes été supérieures à la normale durant les mois de

décembre 2016 à février 2017, et inférieures à la normale en mars (pas de dégel majeur en

raison des températures < 0°C la majeure partie du temps) et en avril (peu de valeurs de

Tmin < 0°C, donc un dégel rapide et prolongé comme suggéré précédemment).

Les régimes de précipitation : La plupart des mois de 2017 à l’étude (janvier, février, mars

et avril) ont connu des valeurs de nombre de jours consécutifs avec de la pluie plus élevées

que la normale, avec des accumulations de pluie le plus souvent au-dessus des normales,

surtout pour le mois d’avril et le mois de mai (Figure 11). Les quantités de neige accumulées

ont été supérieures à la normale pour les 3 mois de décembre 2016, février et mars 2017,

et inférieures aux normales dans les autres mois. Même si les occurrences de jours avec

neige ont été supérieures aux valeurs normales pour ces mois, ce sont surtout les intensités

par jours humides (de neige ou de pluie) qui ont largement dépassé les valeurs normales

pour les mois de décembre, février, mars, avril et mai (cf. Figure 11). Ainsi, il a plu ou neigé

en général plus souvent que d’habitude, avec des intensités par événements de pluie/neige

qui ont été nettement plus élevées que la normale. L’Annexe E présente d’ailleurs les

valeurs exactes mesurées aux stations quant aux accumulations mensuelles, aux

occurrences et aux intensités de neige et de pluie pour chacun des mois de novembre à

mai (par rapport aux valeurs climatologiques). Celles-ci révèlent que les intensités par jours

de pluie en décembre, par jours de neige en mars, puis par jours de pluie en avril et en mai,

ont été parmi les plus élevées, établissant même des records pour les stations d’Oka,

Lachute et Rigaud.

Tout ceci a eu pour conséquences d’engendrer des accumulations totales (de pluie

et de neige) de novembre 2016 à mai 2017 les plus élevées au cours des 55 dernières

années à Rigaud et à Lachute. La Figure 12 montre d’ailleurs la répartition régionale des

anomalies positives de précipitation totale, entre 30 et 60% plus élevée que la climatologie

en général (voire plus dans l’ouest de la vallée des Outaouais). L’Annexe D présente un

récapitulatif des valeurs de 2016-2017 des indices de précipitation (occurrences et

intensités de pluie/neige, et cumul total pour chaque mois et sur toute la période novembre-

mai) par rapport aux valeurs climatologiques, incluant les anomalies de 2016-2017 et les

rangs des valeurs cumulées de neige et/ou de pluie pour les 5 stations fournies au Tableau

2.

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28

Figure 11. Box plots et distribution des valeurs de températures maximale et minimale quotidiennes et des indices de gel/dégel et de précipitation (cf. Tableau 3) pour l’année 2016-2017 (symbole en noir), pour l’ensemble des 5 stations présentées au Tableau 2, et pour tous les mois de novembre 2016 à mai 2017, par rapport à la période normale de 1981-2010 (box plots rouge ou bleu).

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Cumul total de précipitation (2016-2017)

a) Novembre 2016 à Mai 2017

Cumul total de précipitation (climatologie)

b) Novembre à Mai (1981-2010)

c) Anomalie relative (%) du cumul de précipitation total de Novembre à Mai 2017 par

rapport à la climatologie 1981-2010

Figure 12. Précipitation cumulée totale (pluie et neige) de novembre à mai issue de a) l’année 2016-2017 (panneau en haut à gauche) et b) la climatologie de 1981-2010. Le panneau c) montre l’anomalie de la précipitation cumulée 2016-2017 totale par rapport à la climatologie 1981-2010

((𝑷𝒓𝒆𝒄𝑻𝑶𝑻 (𝟐𝟎𝟏𝟔−𝟐𝟎𝟏𝟕)

𝑴𝒐𝒚𝒆𝒏𝒏𝒆 𝑷𝒓𝒆𝒄𝑻𝑶𝑻 (𝟏𝟗𝟖𝟏−𝟐𝟎𝟏𝟎)− 𝟏) ∗ 𝟏𝟎𝟎) de novembre à mai.

Niveaux d’eau et débits : Mise en contexte des inondations majeures

Comme le montre la Figure 13, les niveaux d’eau en aval du barrage de Carillon ont atteint

des valeurs maximales très élevées en avril 2017, équivalentes à celles observées en 1998

et 1974. Pour le même mois, le niveau moyen en aval du barrage pour 2017 a été parmi les

plus élevés depuis 1963, mais sous les seuils observés en 1976. L’année 1974 constitue le

record absolu en termes de niveaux d’eau minimal, moyen et maximal observés en mai en

aval du barrage, suivie de très près par l’année 2017 (cf. Figure 13). Le mois d’avril 1976

constitue le record absolu en termes de débits minimal, moyen et maximal. Par contre, pour

le mois de mai, les débits maximums ont atteint des valeurs exceptionnelles en 2017,

dépassant les valeurs observées en 1974 et 1976. De même, les débits minimums et moyen

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durant les mois d’avril et de mai, ont également été parmi les plus élevés jamais observés

pour ce secteur de la rivière des Outaouais, tant pour les mois d’avril et de mai. Toutefois,

les niveaux d’eau en amont du barrage de Carillon ont été inférieurs aux valeurs médianes

observées au cours de la période 1963-2017 pour les valeurs moyennes et maximales

(surtout au mois de mai incluant les niveaux d’eau maximum). Ceci suggère que les portes

ou les vannes d’évacuation des crues ou des hauts niveaux d’eau, du barrage de Carillon,

ont été ouvertes pour réduire à la fois les niveaux d’eau en amont du barrage dans la rivière

des Outaouais, et anticiper l’arrivée des apports d’eau importants provenant des tributaires

de la rivière des Outaouais durant la période de la crue des eaux, suite aux précipitations

intenses et fréquentes durant les mois d’avril et de mai 2017 (Figures 10 et 11). En 2017,

les niveaux d’eau en amont du barrage sont restés inférieurs à ceux de 1974 pour les deux

mois d’avril et mai, et inférieurs à ceux de 1998 durant tout le mois de mai. À noter que

l’Annexe E présente tous les boxplots (idem à la Figure 13) pour tous les autres mois de

novembre 2016 à mars 2017.

Analyses historiques des facteurs météorologiques responsables des inondations majeures

Afin de mettre en contexte les caractéristiques des régimes de températures (minimales et

maximales quotidiennes) et de précipitation (accumulations de neige et de pluie) sur la

période de novembre 2016 à mai 2017, pour la station de Rigaud et les autres stations, et

dans une perspective plus régionale, les statistiques des variables météorologiques de 2017

sont comparées à celles des autres années disponibles.

L’Annexe F présente les 5 années où les niveaux d’eau, en amont et en aval, et les

débits maximums ont été les plus élevés au cours de la période 1963 à 2017 (classements

parmi les 55 années disponibles), pour chaque mois de novembre à mai. L’année 2017

ressort comme étant l’année où le débit maximal a été le plus élevé en mai et au 3e rang en

avril, et au 2e rang en février (cf. Annexe F). Il apparait également que l’on observe depuis

les années 1990s les débits maximums les plus élevés, pour l’ensemble des mois de

novembre à mai, la grande majorité (62%) du temps. Toutefois, mis à part les mois de janvier

et de février où les débits sont à la hausse entre 1963 et 2017, il ne semble pas y avoir de

tendances significatives pour les débits (minimum, moyen et maximum) durant les mois

d’automne ou au printemps (cf. Annexe G).

Afin de comparer les conditions météorologiques qui ont mené aux 5 plus

importantes inondations (en termes de débits maximums) durant la période de 1963 à 2017,

une analyse des anomalies des indices de précipitation (reliés à l’occurrence, l’intensité et

aux cumuls mensuel et saisonnier) et de températures (minimum et maximum quotidiens)

favorables à l’occurrence de forts débits est réalisée. La Figure 14 présente une synthèse

des anomalies de ces indices pour chacune des cinq années caractérisées par des débits

maximums les plus élevés pour la période 1963 à 2017 (tels que présentés à l’Annexe F)

pour l’ensemble du bassin versant de la rivière des Outaouais (cf. Figure I.3 pour la

localisation des stations). Au mois d’avril, toutes les années de fortes crues correspondent

à des anomalies positives de températures (plus chaudes que la normale), et donc

favorables à une fonte rapide de la neige. Le débit le plus élevé observé en avril 1976

coïncide avec la plus forte anomalie de précipitation accumulée de novembre 1975 à avril

1976, alors que l’occurrence, l’intensité moyenne et le cumul de précipitation pour la même

année étaient inférieurs aux valeurs normales. L’année 2017 se distingue clairement de

toutes les autres années par les anomalies les plus élevées des Tmin, de l’occurrence de

jours de pluie, de la précipitation totale durant le mois et de l’intensité moyenne par jours de

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pluie. C’est d’ailleurs la seule année, avec 1991, où tous les indices de températures et de

précipitation sont plus élevés que la normale au même moment, soit une combinaison de

facteurs favorables à la fonte accélérée du couvert de neige et des apports importants d’eau

de pluie sous forme liquide (tel que suggéré précédemment). Ceci accentue le ruissellement

vers les cours d’eau alors que le sol est le plus souvent encore gelé en profondeur, et donc

que l’infiltration de l’eau est réduite voire très faible. Au mois de mai, l’année 2017 se

distingue par l’intensité moyenne par jours de pluie qui est anormalement élevée par rapport

aux autres années. Pour les 5 stations situées à proximité de Rigaud (cf. Annexe I), au mois

d’avril, l’année 2017 est la seule année où tous les indices de températures et de

précipitation sont plus élevés que la normale au même moment. Au mois de mai 2017, les

indices de précipitation reliés à l’intensité et aux cumuls mensuel et saisonnier sont encore

plus nettement anormalement élevés que pour le mois d’avril 2017, se distinguant des

autres années par des valeurs considérées extrêmes (plus de 2 écarts types).

En résumé, l’année 2017 fut exceptionnelle et se distingue des autres années avec les

plus forts débits, par une combinaison de facteurs reliés à :

1) Des températures plus chaudes au printemps (avril et mai), dont les valeurs ont

dépassé rapidement et se sont maintenues au-dessus du point de congélation

dès le début avril, alors que le mois de mars fut en général plus froid retardant le

dégel du sol et la fonte de la neige (cf. Figure 10), et

2) Des anomalies quasi-extrêmes dans les intensités de précipitation et des

cumuls mensuels et saisonniers, avec des occurrences de jours humides

également au-dessus des valeurs normales (comme en témoigne aussi les

valeurs pour les stations situées à proximité de Rigaud, cf. Annexe I).

Il est également important de noter que, peu importe l’année, tous les plus forts débits en

avril ont été observés dans un contexte de températures plus chaudes que la normale,

même si les indices de précipitation n’étaient pas tous systématiquement très élevés,

comme ce fut le cas en 2017. Ceci suggère que dans un contexte de réchauffement

marqué lors de la phase de dégel, des débits élevés voire extrêmes (ex. avril 1976 et

1998) surviennent, surtout si le cumul de précipitation a été important durant la saison

hivernale ce qui favorise la saturation des sols et/ou un important couvert de neige au sol

à la fin de l’hiver, et ce même si les occurrences et les intensités de précipitation par

événements de pluie sont faibles ou en dessous des valeurs normales durant le mois.

Dès lors que la précipitation devient abondante (intense) et régulière (fréquente), ceci

amplifie les risques de très forts débits qui se prolongent au printemps, comme ce fut le

cas en avril et en mai 2017. Cette dernière année fut remarquable par le maintien de

débits très élevés durant deux mois, ce qui fut également le cas en 1976 (où les débits

élevés observés avaient débuté dès le mois de mars, avec des débits records en mars et

avril 1976), mais contraste avec l’inondation exceptionnelle de 1974 qui fut d’une durée

plus courte que 2017. La durée et l’intensité de l’inondation de 2017 furent donc à

plusieurs égards exceptionnelles, avec 56 jours et plus avec des débits de plus de 5 000

m3/s, dont plusieurs jours à plus de 8 000 m3/s en mai et un record absolu de 8 862 m³/s

enregistré le 8 mai 2017.

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Figure 13. Boxplots des niveaux d’eau en amont et en aval du barrage de Carillon (panneaux de gauche et du milieu, respectivement) et débit mesuré au barrage de Carillon (panneau de droite) pour a) le mois d’avril (panneaux du haut) et b) le mois de mai (panneaux du bas). Ces boxplots sont réalisés avec les données quotidiennes disponibles sur la période 1963-2017, et montrent les statistiques des valeurs de niveaux d’eau et de débits minimums, moyens et maximums (de gauche à droite pour chaque panneau, respectivement) observées au cours de tous les mois d’avril et mai de 1963 à 2017. Les valeurs de 2017 sont en rouge, et celles des années 1998, 1976 et 1974 (années marquées par des crues majeures de la rivière des Outaouais) sont en orange, vert et bleu, respectivement.

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a)

b) Figure 14. Comparaison des anomalies standardisées (par l’écart type, par rapport à la période normale 1981-2010) pour les mois d’avril et mai (panneaux a) et b), respectivement) entre les 5 années avec les débits maximums les plus élevés (dans l’ordre de gauche à droite; cf. Annexe F) sur l’ensemble du bassin versant de la rivière des Outaouais au cours de la période 1963 à 2017. Les données pour les années après 1980 proviennent des 77 stations d’ECCC (cf. Figure I.3) couvrant la période la plus récente de 1981-2017 et les données pour les années antérieures à 1981 proviennent de 21 stations d’ECCC (cf. Figure I.3) couvrant la période 1963-1980 (l’Annexe I présente la comparaison entre les stations dans tout le bassin versant et les stations à proximité de Rigaud pour l’année 2017). Tmax et Tmin correspondent aux températures minimales et maximales quotidiennes, et Prcp1, PrecTOT et SDII (définis au Tableau 3) correspondent à l’occurrence de jours de précipitation, aux précipitations totales cumulées pour chaque mois, et à l’intensité moyenne par jours humides, respectivement. Accu. est la précipitation totale cumulée de novembre à avril ou mai.

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e) Évolution des zones inondées : Cartographie de la progression des niveaux d’eau

La Figure 15 présente le secteur de Rigaud-sur-le-Lac, les différents éléments qui le

composent ainsi que la délimitation des zones inondables 0-2 ans, 2-20 ans et 20-100 ans.

Plusieurs bâtiments, cartographiés à partir d’orthophotographies de 2017, se trouvent à

l’intérieur des zones de grand et de faible courant (zones en orange et rouge), et certains

sont même situés dans la zone qui peut être inondée à chaque année (zone en jaune).

La Figure 16 présente les zones qui ont été touchées par l’inondation du 23 avril au

21 mai 2017. Elle illustre l’ampleur de l’inondation printanière de 2017, alors que jamais

auparavant les eaux n’avaient couvert une telle étendue. En effet, les eaux ont submergé le

chemin du Bas-de-la-Rivière sur presque toute sa longueur. De plus, elles ont atteint les

limites de la zone inondable 20-100 ans sur presque tout le secteur à l’étude, en plus de les

dépasser à plusieurs endroits. Toutefois, le modèle ombragé de terrain, en gris, permet de

remarquer que plusieurs bâtiments ont été construits dans les zones davantage surélevées

(zones en contraste de gris) et que ces dernières ont été, pour la plupart, épargnées par la

montée des eaux.

Les Figures de l’Annexe H montrent la progression de l’inondation des mois d’avril à

mai 2017. En date du 23 avril 2017 (Figure H.1), les niveaux d’eau sont anormalement

hauts, mais peu de zones sont encore touchées par l’inondation, et aucun bâtiment n’a à

cette date été atteint par la montée des eaux. Toutefois, une petite portion du chemin du

Bas-de-la-Rivière semble submergée, ce qui a pu empêcher l’accès à la résidence de

plusieurs citoyens. Puis, en date du 6 mai, les eaux recouvrent une étendue beaucoup plus

vaste qu’en avril ; plusieurs bâtiments se trouvent dans la zone inondée et les eaux

dépassent à quelques endroits les limites de la zone 20-100 ans, bien que le chemin

d’intérêt, pour sa part, ne semble pas être submergé (sauf à quelques endroits en direction

du lac des Deux-Montagnes).

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Figure 15. Portrait de la zone d’étude avec la répartition et la délimitation des milieux humides ainsi que des zones inondables 0-2 ans (zone inondée à chaque année), 2-20 ans (zone de grand courant) et 20-100 ans (zone de faible courant) dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac. Le chemin du Bas-de-la-Rivière est représenté par la ligne jaune et les bâtiments cartographiés à partir d’orthophotraphies de 2017 sont représentés par les points noirs (source des données : GéoMont, 2011, 2014 ; Gouvernement du Canada. RN, 2016 ; Québec. MERN, 2015).

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Figure 16. Zones touchées par l’inondation du 23 avril au 21 mai 2017 (zones hachurées par des traits bleus et délimitées par un trait noir) (produites à partir des polygones de l’étendue des eaux libres liées aux inondations issues du traitement RNCan utilisant des images satellites Radarsat-2). Les zones en rouge, en orange et en jaune sont respectivement les zones inondables 20-100 ans (zone de faible courant), 2-20 ans (zone de grand courant et 0-2 ans (ligne des hautes eaux). Le fond de carte représente le relief selon un modèle ombragé de terrain LiDAR à une résolution de 1 mètre (source des données : Géomont, 2011, 2014 ; Gouvernement du Canada. RN, 2016, 2017 ; Gouvernement du Québec. MERN, 2015, 2017).

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f) Identification des changements historiques et futurs : Aléas météorologiques et

risques de forts débits

Dans cette section, une analyse des tendances sur la période historique (1963-2017), en ce

qui a trait aux températures (minimum et maximum quotidiennes) et certains indices de

précipitation (cf. Tableau 3), a été réalisée afin d’évaluer si des changements significatifs

ont (eu) lieu dans la vallée des Outaouais à partir des données d’observations. Ceci permet

d’établir si les taux ou niveaux de changements futurs, présentés par la suite à partir des

séries de simulations disponibles (cf. Annexe B), seront ou pas amplifiés par rapport aux

tendances historiques.

Période historique

L’Annexe G présente les tendances des températures (Tmin et Tmax) et des indices de

précipitation (cumul total, occurrence de jours humides et intensité moyenne par jours

humides) pour les stations et pour chaque mois de novembre à mai (de 1963 à 2017). Une

augmentation des températures maximales quotidiennes est majoritairement observée

pendant les mois d’hiver (décembre et février surtout), celle-ci variant entre 0,5 et 0,8°C par

décennie (de 1963 à 2017). Elle est moins systématique pour les températures minimales

quotidiennes, sauf pour les stations de Lachute et de Coteau du Lac où la tendance à

l’augmentation est la plus prononcée (variant entre 0,3 et 1°C/décennie), peu importe le

mois. Une tendance à la diminution systématique et significative de la précipitation totale

s’observe en décembre, avec au contraire une augmentation pour la quasi-totalité des

stations en avril et en mai. En avril, l’occurrence de jours humides (avec précipitation)

augmente pour toutes les stations, ainsi que pour l’intensité moyenne par jours humides

pour la station de Rigaud. En mai, seules les 2 stations de Rigaud et Oka connaissent une

augmentation de l’intensité moyenne de précipitation.

L’analyse des tendances sur toutes les (77) stations du bassin de la rivière des

Outaouais (cf. localisation des stations à l’Annexe I) révèle également, pour la grande

majorité de celles-ci, une tendance statistiquement significative (au seuil de 90%) positive

pour les Tmin en décembre (0,78°C/décennie), février (0,73°C/décennie) et mai

(0,42°C/décennie). Pour les Tmax, ce sont surtout les mois de novembre et décembre qui

révèlent des tendances positives les plus marquées et systématiques (0,38 et

0,58°C/décennie, respectivement). Pour les autres mois et les autres variables (indices de

précipitation), les tendances ne sont pas systématiques ou importantes, sauf pour le mois

de novembre avec une diminution de l’occurrence des jours humides (-0,58%/décennie).

Période future

La Figure 17 présente les changements futurs de la précipitation (précipitation totale,

occurrence des jours humides et intensité moyenne de précipitation par jours humides) et

de températures (Tmin et Tmax) pour les mois d’avril et de mai, respectivement. Au fur et à

mesure que s’amplifiera le réchauffement au cours du 21e siècle (de 1 à plus de 5°C en

moyenne mensuelle), les précipitations totales augmenteront, surtout en avril (de 10 à 35%)

et dans une moindre mesure en mai (de 2 à 10%) par rapport à la période historique. Cette

augmentation est surtout le résultat d’un accroissement des intensités de précipitation (de

7 à 25% en avril et de 2 à 15% en mai), et d’une contribution plus modeste de jours humides

plus fréquents en avril (idem pour les autres mois, cf. Annexe J).

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Probabilité (semi-quantitative) de risques de forts débits dans le futur

Une brève et simple évaluation des risques de forts débits au cours du 21e siècle est réalisée

(cf. Tableau 4) à partir des changements dans les régimes de températures et de

précipitation présentés ci-dessus. Pour chaque valeur de tendances positives/négatives de

Tmin, Tmax, PrecTOT, Prcp1 et SDII (significatives au seuil de 90%) sur les trois périodes

futures (2011-2040, 2041-2070 et 2071-2100), on attribue la valeur 1/-1. Le risque de fort

débit est ensuite estimé en sommant les valeurs attribuées à chaque (5) indice pour chaque

mois de novembre à mai. On fait l’hypothèse ici que l’effet cumulatif (additif) des

changements des indices est d’amplifier ou non les apports en eau, via le ruissellement

accru ou pas provenant des fluctuations de l’occurrence et de l’intensité des précipitations,

et du régime de températures affectant la fonte de la neige. Le risque est ainsi maximum et

atteint une valeur de 5 lorsque tous les indicateurs augmentent (tendances positives dans

les valeurs des indices observés ou simulés). À l’inverse, il est minimal (-5) lorsque tous les

indicateurs sont à la baisse.

Comme le suggère les hausses quasi-systématiques pour tous les indices au cours

des trois horizons futurs de 30 ans (cf. Figure 17), les risques de débit élevé pourraient

augmenter par rapport à la période actuelle pour la plupart des mois (surtout dans l’horizon

2041-2070), alors que le réchauffement climatique ainsi que l’occurrence et l’intensité de la

précipitation (pluie et/ou neige sans distinction ici) s’amplifieront (cf. Tableau 4), tout comme

les cumuls mensuels ou saisonniers de précipitation (augmentation quasi systématique).

Tout ceci concoure à augmenter le risque de fortes crues, voire d’inondations majeures, peu

importe le mois, soit durant la période de dégel printanier ou même durant la saison

hivernale.

Pour confirmer ou non ces tendances, une analyse plus détaillée et précise de

l'augmentation potentielle de la fréquence et de l’intensité des débits devra être envisagée

dans de futurs travaux, en analysant les anomalies conjointes de températures et de

précipitation selon les contextes intra-saisonniers et intra-annuels (pas juste en termes de

moyennes saisonnières sur 30 ans). Les incertitudes associées au régime de précipitation

tel que simulé par les modèles climatiques devraient également être considérées, afin

d’évaluer leurs effets sur la probabilité de ruissellement ou de débit élevé (intervalles de

confiance à quantifier). Ces travaux à poursuivre nécessiteraient également de tenir compte

des changements dans les types de précipitation, et pas uniquement des fluctuations

plausibles dans l’occurrence ou l’intensité des précipitations totales.

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39

a)

b)

c)

d)

Figure 17. Anomalies futures (3 périodes : 2011-2040 - cercle, 2041-2070 - losange, et 2071-2100 - étoile), par rapport à la période de référence (1971-2000) au mois d’avril (a et b) et de mai (c et d), de la précipitation totale (en %) versus les températures (en °C; Tmin - symbole vide, et Tmax - symbole plein; panneaux a et c), et l’intensité de précipitation par jours humides (en %) versus le nombre de jours humides (en %; panneaux b et d). Les deux scénarios RCP4.5 (en bleu) et RCP8.5 (en rouge) sont inclus. Toutes les valeurs correspondent aux moyennes d’ensemble des 15 simulations de modèles climatiques régionaux présentées à l’Annexe B pour chaque scénario (moyennes de 6 simulations pour le scénario RCP4.5 et de 9 simulations pour le scénario RCP8.5, cf. Tableau B.2 à l’Annexe B).

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Tableau 4. Risque de débit potentiellement élevé ou bas (forte ou faible probabilité) établi à partir des tendances dans les indices de Tmin, Tmax, PrecTOT, Prcp1, et SDII, en utilisant les variables simulées (moyenne d’ensemble des modèles pour les trois périodes futures de 30 ans, 2011-2040, 2041-2070 et 2071-2100 pour le scénario RCP8.5). Seules les tendances significatives (au seuil de 90%) sont conservées ici. Les valeurs de 1/-1 signifie une tendance significative positive/négative. Le risque par période de 30 ans varie de -5 (plus faible probabilité de débit élevé ou forte probabilité de débit faible) à +5 (plus forte probabilité de débit élevé ou plus faible probabilité de débit faible).

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3. Planification d’une démarche multirisque intégrée et durable

3.1 Recommandations pour le chemin du Bas-de-la-Rivière (Rigaud)

En raison de l’actuelle démarche de la Ville en matière de sécurité civile, outre les normes

précitées, certaines adaptations nécessaires seront suggérées afin d’assurer que la

méthodologie respecte le contexte règlementaire québécois de sécurité civile, incluant la

Politique 2014-2024 en la matière, ainsi que les manuels du cadre de référence publiés par

le MSP, lesquels reposent sur un modèle de gestion intégrée des risques basé sur la norme

australienne et néo-zélandaise « AS/NZS 4360 ». Les recommandations présentées ci-

dessous s’inscrivent dans une démarche de rétablissement, afin de reconstruire mieux et

d’y arriver dans un temps raisonnable.

a) Les solutions et leur priorisation

Méthode

La situation du chemin du Bas-de-la-Rivière est similaire à celle d’une infrastructure

exposée aux aléas riverains ou côtiers. Celle-ci implique de mettre en place trois grandes

catégories de mesures d’adaptation ou de résilience, visant à réduire la vulnérabilité de

l’infrastructure et à optimiser les services que cette infrastructure fournit, incluant la

dépendance et l’exposition des usagers (Boyer-Villemaire et al., 2014) :

Les mesures structurelles pour réduire l’exposition ;

Les mesures structurelles pour réduire les conséquences ;

Les mesures non structurelles pour réduire les conséquences.

Ces catégories permettent d’inventorier un ensemble de mesures et ainsi de

constituer un « portefeuille » de solutions. Certaines sont de types alternatives (l’une OU

l’autre), alors que d’autres sont complémentaires (l’une ET l’autre).

Afin de choisir les solutions à prioriser, une approche multicritère est préconisée.

Puisque l’objectif vise à réduire les impacts, les critères retenus touchent aux impacts directs

et indirects. Par ailleurs, deux critères supplémentaires ont été retenus pour considérer la

transférabilité à d’autres risques, soit la protection multialéa, et la faisabilité, soit le niveau

de contrainte institutionnelle. Le Tableau 5 présente la liste des critères retenus.

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42

Tableau 5. Les différents critères retenus afin de considérer les impacts directs et indirects.

Impacts directs Impacts indirects Autres critères

1. Coûts de la mesure sur 50 ans 5. Environnement 8. Protection multirisque

2. Impacts sur les résidents 6. Social et psychosocial

9. Niveau de contrainte institutionnelle

3. Sécurité intervenants 7. Économie ROI = Retour sur l’investissement

4. Impacts sur la route Qui perd/qui gagne?

Par la suite, trois niveaux d’impacts (directs et indirects), de protection, et de degré

de contraintes institutionnelles (cf. Tableau 6) sont établis pour chacun des critères

présentés au Tableau 5. La somme des scores (1 à 3) pour tous les critères a permis de

sélectionner les mesures méritant des efforts ou actions prioritaires. Le score maximum

possible est de 27 (hautement prioritaire). Un seuil empirique de 20 a été retenu pour

distinguer le groupe prioritaire.

Tableau 6. Grille de scores et leur description selon les impacts directs et indirects, le niveau de protection multialéa et le degré de contraintes institutionnelles.

Groupes de critères Score Qualitatif Description

Impacts directs

1 Fort ou

indifférent Fort impact négatif ou Aucune amélioration

significative de la résilience

2 Intermédiaire Faible impact négatif ou amélioration temporaire

de la résilience

3 Gain Aucun impact négatif ou amélioration durable de

la résilience

Impacts indirects

1 Perte Perte nette ou impact indirect négatif

2 Neutre Aucun impact indirect ou impact neutre

3 Gain Gain net ou impact indirect positif

Protection multialéa

1 Faible Mesure protégeant contre un seul aléa

2 Moyen Mesure protégeant contre un seul type d’aléa

3 Fort Mesure protégeant contre plusieurs types d’aléas

Degré de contraintes institutionnelles

1 Fort Mesure exigeant des changements

réglementaires

2 Moyen Mesure impliquant plusieurs niveaux

réglementaires

3 Faible Mesure impliquant un seul niveau réglementaire

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Résultats

À partir de ces trois catégories de mesures d’adaptation, nous avons identifié 20 différentes

solutions, pour un « portefeuille » total de 48 solutions (cf. Tableau 8)6. Parmi celles-ci, nous

avons identifié 13 mesures de faible effort, forte réduction des conséquences, ainsi qu’une

mesure d’effort important qui réduirait sur le long terme les risques (Tableau 7)7.

Les trois mesures structurelles retenues sont les suivantes :

L’immunisation temporaire de tout le tronçon exposé aux fortes récurrences

d’inondation du chemin du Bas-de-la-Rivière ;

Le surdimensionnement du ponceau/pont du chemin du Bas-de-la-Rivière ;

Chemin d’accès alternatif en cas d’urgence.

Planification

Des discussions devraient être entamées au plus tôt avec les différents partenaires, tant au

niveau provincial que municipal ou local (ministères, municipalités, universités, et

organismes sociaux-sanitaires) afin de planifier les actions et études à prioriser et la mise

en œuvre des mesures suggérées, ainsi que les ressources à déployer.

Discussion

En ce qui concerne l’approche multicritère, il est important de souligner la limite de

l'agrégation sans pondération des critères, qui peut ne pas refléter les valeurs des usagers

et responsables de décisions. De plus, selon l’expérience et les réactions face aux

évaluations économiques réalisées par Circé et al. (2016), il serait souhaitable d’inclure le

retour sur l’investissement et un critère d’équité dans le financement (i.e. qui perd qui gagne

?) lors de la priorisation des mesures.

b) Récapitulatif des différents types de risque (autre que l’inondation)

Risque de glissement de terrain

Tout le secteur de Rigaud-sur-le-Lac se situe dans une zone d’argile sensible aux

glissements de terrain, comme illustré à la Figure 2. Aucun glissement majeur n’a été

répertorié durant l’événement de 2017, et jusqu’à présent aucun événement majeur n’a été

répertorié dans le secteur d’étude et aucune cicatrice évidente n’a été observée. Bien

qu’aucun événement majeur ne soit inscrit dans la banque d’événements historiques du

ministère de la Sécurité publique (Québec. MSP, 2018), plusieurs événements importants

se sont produits aux abords de la rivière Rigaud, en amont du secteur d’étude, dont un

glissement majeur survenu le 3 mai 1978 sur une longueur de 300 mètres, bien documenté

par Carson (1979), mais également d’autres glissements survenus en 1808, 1812, le 10 mai

1829, le 17 octobre 1846, en 1926, 1947 et le 27 mars 1979 selon le Cercle d’histoire de

Rigaud (2009).

6 Pour obtenir ces informations il faut produire une demande d’accès à l’information, et ce, conformément à la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, (RLRQ c A-2.1), cela en communiquant avec le Service du greffe de la ville de Rigaud; 450-451-0869, poste 241 ou [email protected] 7 IDEM

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44

Entre 2003 et 2014 au moins 8 mouvements de sol d’importance sont survenus dans le

secteur du chemin du Petit-Brûlé, et les investissements nécessaires pour stabiliser les talus

représentent environ 2 millions $.

Les connaissances limitées ne permettent pas de quantifier la probabilité de ce risque. Le

faible gradient altitudinal du secteur constitue un facteur de protection contre cet aléa. Il

faudrait un événement sismique d’envergure pour déclencher des instabilités de pente. La

probabilité serait relativement faible, selon les experts consultés, mais il faudrait une

recherche plus poussée pour le confirmer. En termes de conséquences, la manifestation de

cet aléa constituerait une catastrophe tant humaine que matérielle pour le secteur. Dans

l’ensemble, le risque est donc jugé (à priori) moyen.

Risque d’embâcle de glace

La MRC de Vaudreuil-Soulanges identifie l’embâcle de glace sur son territoire comme

contrainte à l’aménagement (MRC Vaudreuil-Soulanges, 2018). Toutefois, elle ne rapporte

aucune occurrence pour la rivière Rigaud depuis la fin des années 1990. Toutefois, une

occurrence historique en 1962 apparaît dans les éphémérides du centre d’archives de

Vaudreuil-Soulanges8, spécifiquement pour un embâcle sur la rivière à la Graisse, autre

dénomination de la rivière Rigaud. Cet embâcle a provoqué une inondation en pleine nuit

sur la rive ouest près de la frontière ontarienne, amenant l’évacuation de trois familles, et le

décès de plusieurs dizaines d’animaux. Les connaissances sur cet aléa sont insuffisantes

pour quantifier la probabilité qui est toutefois jugée faible compte tenu du faible dénivelé de

la rivière dans ce secteur.

Rupture de barrage

Le barrage du Vieux-Moulin9 se retrouve dans l’inventaire du MDDELCC. Il se situe en

amont du centre-ville de Rigaud et a été construit en 1909. Il se classifie dans le groupe de

forte contenance, avec 652 000 m3 répartis sur une superficie de 20 ha. Cela implique des

débits d’eau significativement dommageables en cas de rupture, d’autant que le cœur de

Rigaud serait alors directement exposé. Le propriétaire est un privé (Au “Vieux Moulin”

SENC). L’état de l’infrastructure n’est pas connu puisqu’aucun rapport de sécurité n’apparaît

au registre. Toujours selon le MDDELCC, la plus récente inspection était prévue en 2016,

mais aucun indice ne permet de savoir si celle-ci a été réalisée.

Le secteur de Rigaud-sur-le-Lac est aussi exposé à une rupture du barrage de la

centrale hydroélectrique de Carillon10. Construite en 1962, elle a une capacité de retenue

de 171 000 000 m3 s’étendant sur un réservoir d’une superficie de 479 ha. L’exposition est

indirecte et les conséquences seraient une montée subite du niveau d’eau, avec un fort

courant. Le barrage appartient à Hydro-Québec et le dernier rapport d’inspection date de

2018. La perception du risque relatif à la gestion du barrage constitue cependant une source

de préoccupation pour les populations avoisinantes.

8 Cf. http://www.chlapresquile.qc.ca/histo/ephemerides/avril.html 9 Cf. https://www.cehq.gouv.qc.ca/barrages/detail.asp?no_mef_lieu=X0005925 10 Cf. https://www.cehq.gouv.qc.ca/barrages/detail.asp?no_mef_lieu=X0004816

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Autres risques naturels et effets domino

Les micro-rafales parfois associées à des orages violents11 n’ont pas été analysées mais

mériteraient davantage d’attention en raison de l’augmentation anticipée d’événements

météorologiques extrêmes dans le contexte des changements climatiques (IPCC, 2012 et

2013). Un événement similaire à celui de Maskinongé (1991) pourrait entraîner des décès

et des dégâts d’ampleur locale. De même, des effets domino induits pas une rupture de

barrage, ou un séisme ou une inondation majeure pourraient, en affectant le pipeline et les

câbles de communication sous-marins traversant la rivière des Outaouais, affecter

indirectement le secteur de Rigaud-sur-le-Lac.

3.2 Synthèse des analyses multirisques semi-quantitatives :

Pour synthétiser l’analyse dans une perspective multirisque, chacun des risques a été

classifié selon son niveau de probabilité et de conséquence, selon les classes suivantes:

1. Probabilité d’occurrence :

● Élevée : Plus qu’une fois par 5 ans (1:5 = 20% de chances par année);

● Moyenne : Entre une fois par 5 ans et une fois par 100 ans (entre 1:5 = 20% de

chances par année et 1:100 = 1% de chances par années);

● Faible : Moins d’une fois par 100 ans (< 1:100 = <1% de chances par année).

2. Conséquence :

● Élevée : Nombre important de personnes affectées (>100) et/ou de bâtiments

stratégiques, services publics, avec un effet persistant dans le temps (plusieurs

semaines), et affectant toute la région;

● Moyenne : Nombre moyen de personnes affectées (10-100) et/ou de bâtiments

d’importance collective, avec un effet limité dans le temps (<semaine) et touchant

une unité de voisinage;

● Faible : Quelques personnes affectées (<10) et/ou de bâtiments remplaçables, avec

un effet temporaire (1 jour) et très ponctuel dans l’espace.

Il est à noter qu’il s’agit d’estimations et que pour la probabilité sismique, elle provient de la

définition de la Commission géologique du Canada pour l’aléa sismique. Les résultats sont

présentés au Tableau 9. De ce Tableau de synthèse sur divers aléas naturels et leur

probabilité d’occurrence et de conséquences (1ère estimation « grossière semi-

quantitative », i.e. à évaluer de manière détaillée dans le futur, cf. recommandations), il

ressort qu’une priorisation à propos du risque d’inondation majeure et de rupture du

barrage du Vieux-Moulin doit être de mise (risque élevé). Une amélioration des

connaissances à propos des aléas de glissement de terrain, d’embâcle de glace et de micro-

rafales est nécessaire pour évaluer les niveaux de risques associés de façon précise. Une

planification en trois phases est recommandée qui mènera à un plan de gestion par

unités de voisinage et un aménagement durable du secteur (cf. Tableau 10).12

11 Cf. https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/meteo-saisonniere-dangereuse/aleas-meteorologiques-printemps-ete.html 12 Pour obtenir ces informations il faut produire une demande d’accès à l’information, et ce, conformément à la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, (RLRQ c A-2.1), cela en communiquant avec le Service du greffe de la ville de Rigaud; 450-451-0869, poste 241 ou [email protected]

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Tableau 9. Synthèse multirisque pour le secteur de Rigaud-sur-le-Lac à Rigaud pour différents aléas naturels en tenant compte de leurs conséquences potentielles vs leur probabilité d’occurrence.

Co

nséq

uen

ce

Élevée *Glissement de terrain majeur *Inondations majeures

*Rupture du barrage du Vieux-Moulin *Embâcle de glace

Moyenne *Séisme

*Micro-rafales

Faible

Faible Moyenne Forte

Probabilité d’occurrence

Note : Risque faible; Risque moyen; Risque élevé. En italique : Les aléas avec une forte incertitude (non analysés) * Aléas à considérer et risques à quantifier (préoccupants).

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Conclusion et recommandations

Cette étude avait pour objectif d’identifier et d’analyser les risques géologiques et

hydrométéorologiques (et d’autres risques naturels si connus), en particulier afin de tirer les

leçons de l’inondation survenue au printemps 2017 dans le bassin de la rivière des

Outaouais. Elle visait dans le même temps à réaliser une appréciation des besoins pour

compléter l’évaluation des risques, et aider à une planification stratégique de la prise de

décision pour un aménagement durable du secteur de Rigaud-sur-le-Lac à Rigaud. Une

approche de réduction multirisque, qui combine plusieurs critères ou indicateurs ponctuels

(liés aux événements météorologiques) ou saisonniers (cumuls de facteurs dans le temps

et dans l’espace), est utilisée ou proposée dans cette étude, et pourrait servir de base à la

prise en compte de plusieurs types d’aléas.

L’approche générale vise à identifier les risques et les principales conditions de

vulnérabilité et d’exposition selon les données disponibles, afin d’aider à planifier des

analyses subséquentes selon les priorités et les ressources à déployer. La collecte de

données sur le milieu physique et les enjeux exposés est basée sur l’inventaire des données

existantes à l’échelle régionale ou avec la meilleure résolution disponible, et sur les données

fournies par les partenaires (recueillies auprès d’Hydro-Québec, d’ECCC, du MDDELCC, et

des simulations de modèles climatiques régionaux disponibles au centre ESCER de

l’UQAM). Des analyses géomatiques ont permis de compléter l’analyse via la cartographie

des principaux enjeux de nature spatiale, notamment l’évaluation des bâtiments et des

zones inondées en avril-mai 2017, toujours dans le secteur de Rigaud-sur-le-Lac.

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Principales conclusions et constats: Le risque d’aléa sismique, dans le secteur de la ville

de Rigaud, est modéré voire élevé, avec une probabilité qui varie entre 5 et 15% que des

dommages importants se produisent à tous les 50 ans (cf. RNCan, 2017). Le risque

d’inondation est quant à lui historiquement (naturellement) élevé dans ce secteur, et

augmentera potentiellement dans le futur. L’identification des facteurs de risques

d’inondation, à la lumière de l’événement de 2017 et des événements printaniers

précédents, a révélé les effets dominos ou combinés suivants entre les différentes variables

considérées sur l’ensemble du bassin de la rivière des Outaouais:

Le contexte de dégel rapide et le maintien des températures au-dessus du point de

congélation (en avril) augmente l’occurrence de crues rapides, dont certaines

peuvent mener à des inondations majeures, et ce même en l’absence de pluie ou

de cumuls saisonniers de précipitation (ex. de neige) plus élevés que la normale (ex.

avril 1998);

Dans un contexte de printemps plus chaud que la normale, l’occurrence régulière

d’événements de pluie plus intenses que la normale en avril et en mai contribue à

générer des niveaux d’eau et des débits records (ex. 2017, 1976, 1991, 2008 et

1983);

Un cumul de neige plus élevé que la normale durant la saison d’hiver est le plus

souvent un facteur favorable à des débits exceptionnels (excepté en avril 1998). Plus

il est élevé, plus il augmente non seulement l’intensité de la crue, mais également

sa durée, qui peut alors s’allonger sur plusieurs semaines (ex. 2017 et 1976).

L’inondation de 2017 fut exceptionnelle et se distingue des autres années avec les

plus forts débits, incluant les facteurs mentionnés ci-dessus, surtout en raison des

anomalies quasi-extrêmes dans les intensités de précipitation et les cumuls mensuels et

saisonniers, alors que les occurrences de jours humides étaient également au-dessus des

valeurs normales. La durée et l’ampleur de l’inondation de 2017 furent à plusieurs égards

exceptionnelles, avec 56 jours et plus avec des débits de plus de 5 000 m3/s, dont plusieurs

jours à plus de 8 000 m3/s en mai, et un record absolu avec 8 862 m³/s enregistré le 8 mai

2017 au barrage de Carillon.

Dans le futur, les risques de débit élevé de ce type seront en augmentation par

rapport à la période actuelle, et ce pour la plupart des mois, alors que le réchauffement

climatique s’accentuera. En effet, selon les simulations de modèles climatiques régionaux

disponibles, l’augmentation quasi généralisée de l’occurrence et surtout de l’intensité de la

précipitation totale (pluie et/ou neige sans distinction), et donc des quantités de

précipitations accumulées par mois et sur toute la saison hiver-printemps, se combinera à

l’accroissement des températures accélérant potentiellement la fonte du manteau neigeux,

et l’apport d’eau via le ruissellement (surtout si les sols sont encore gelés et/ou saturés

d’eau). Tout ceci concoure donc à augmenter le risque d’inondation majeure, peu importe

le mois (en hiver ou au printemps).

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49

Recommandations : Cette première évaluation « semi-quantitative » des risques

d’inondation dans le futur devrait être complétée par des études plus précises et plus

élaborées en ce qui a trait à:

La distribution temporelle des anomalies conjointes de températures et du régime

de précipitation se produisant chaque année, soit durant toute la saison hivernale et

printanière, sur l’ensemble du bassin versant de la rivière des Outaouais;

L’identification précise des quantités de neige, tombées et celles restantes au sol

durant l’hiver, et de l’occurrence et des intensités de pluie, en tenant compte des

cycles de gel/dégel et du démarrage de la saison de dégel;

Une évaluation des incertitudes associées au régime de précipitation simulé par les

modèles climatiques régionaux, et de leurs effets sur la probabilité de débits élevés

(intervalles de confiance à quantifier);

La quantification de la probabilité de risques de débits élevés, voire extrêmes dans

le futur, à l’aide des modèles hydrologiques et des modèles couplés atmosphère-

cycle hydrologique continental à la fine pointe.

Comme les catastrophes, incluant les inondations majeures, peuvent résulter de

transitions discontinues (non facilement identifiables dans les séries historiques ou

projetées) en réponse à des changements graduels dans les paramètres critiques (Helbing,

2013; ex. seuil de températures, i.e. point de congélation qui affecte le cycle gel/dégel et les

types de précipitation), il devient essentiel de mettre en place un système de surveillance et

de vigilance adéquat et adapté aux conditions locales. Ceci constitue un des éléments

essentiels à considérer afin de mieux se préparer et prévenir ce genre d’événements à forts

impacts, via par exemple le développement d’un réseau (ou plateforme) intégré permettant

l’accès et la diffusion des informations et des données hydrométéorologiques en temps réel,

et ce sur toute l’année, disponible pour les autorités et la population. Il serait en particulier

indispensable de faire un suivi des caractéristiques détaillées de la précipitation

(occurrence, type, durée et intensité) en lien avec les fluctuations du régime de

températures et des niveaux d’eau et débit au cours de l’hiver et du printemps.

Comme suggéré dans cette étude, les travaux dédiés à l’identification des facteurs

de risques nécessitent une approche multidisciplinaire/holistique et une combinaison

optimale des outils de modélisation et des critères objectifs intégrant les dimensions

environnementales (ex. informations hydrométéorologiques disponibles en tout temps) et

humaines (facteurs d’exposition et de vulnérabilité), tant à l’échelle régionale que locale,

c’est-à-dire via des informations disponibles à très haute résolution (cf. Poljanšek et al.,

2017). L’intégration des informations sur la météo et le climat (ex. mise en perspective des

valeurs observées ou prévues lors des événements par rapport aux conditions normales),

le développement socio-économique des communautés et l’occupation du territoire

permettra de toute façon une meilleure connaissance sur les multiples facteurs de risques

(IPCC, 2012), et sur la manière optimale de mieux les gérer (O’Neill et al., 2017). Dans ce

contexte, l’information facilement accessible et en « open-source » provenant des différents

ministères, d’Hydro-Québec ou d’autres institutions publiques (ex. données d’occupation du

sol, d’aménagement du territoire, LiDAR, etc.) doit être également facilitée afin de faire

avancer les connaissances au même rythme que le besoin croissant d’identifier les facteurs

de risques qui évoluent constamment.

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50

L’élaboration d’un système multialéa basé sur une prévision détaillée des impacts

devient de plus en plus une nécessité (WMO, 2015), surtout compte tenu des risques

potentiellement accrus de forts débits dans le futur. Ce système devrait impérativement

inclure (cf. WMO, 2015):

1. La prévision précise des aléas et des extrêmes météorologiques, incluant les aléas

géophysiques;

2. La quantification dynamique ou évolutive des facteurs de vulnérabilité et

3. Des facteurs d’exposition sur le territoire (informations régulièrement mises à jour);

4. Les probabilités des impacts socio-économiques et environnementaux, et

5. La quantification des risques et les mesures de réduction des risques de désastres.

Les recommandations présentées à la section 3 s’inscrivent évidemment dans une

démarche de rétablissement, afin de reconstruire mieux, mais ne doivent pas faire oublier

que ce processus d’évaluation et de réduction de risque doit se réaliser sur le long terme,

et de manière régulière ou itérative. Afin de mieux se préparer aux risques d’inondation qui

seront récurrents, au moins avec le niveau d’informations analysées dans cette étude (à

confirmer), une démarche de quantification continue du risque doit être entreprise.

L’étendue de la montée des eaux du printemps de 2017, qui a largement dépassé, dans

certaines zones du secteur de Rigaud-sur-le-Lac, la cote de crue 20-100 ans, témoigne à

quel point cette mise à jour est cruciale pour mieux informer les populations et planifier les

nouveaux développements par les autorités.

Pour terminer, la mondialisation du risque de toute nature et les changements

climatiques constituent des défis majeurs qui exigent un changement dans la façon dont

nous évaluons les risques naturels, depuis un simple risque évalué de façon isolée vers une

approche multirisque (cf. Poljanšek et al., 2017), en incluant explicitement les changements

dans les facteurs de vulnérabilité et d’exposition sur le territoire. Une meilleure résilience de

nos communautés, des écosystèmes et des infrastructures existantes ou nouvelles

dépendra de notre capacité collective à mieux intégrer les changements en cours de toute

nature, et à y faire face de façon renouvelée en réduisant notamment les coûts humains et

économiques des désastres majeurs.

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VI

ANNEXES

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VII

Annexe A. Le contexte de l’hiver 2016-2017 et du printemps 2017.

Anomalies des températures et des précipitations totales. Source: Bulletin des variations et tendances climatiques au Canada (Environnement et Changement

climatique Canada, 2017).

a)

b) Figure A.1. Anomalies pour l’hiver 2016-2017, par rapport à la moyenne 1961-1990, des a) températures moyennes, et b) précipitations totales (source : Bulletin des tendances et des variations climatiques produit par Environnement et Changement climatique Canada, 2018a).

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VIII

a)

b)

Figure A.2. Anomalies pour le printemps 2017, par rapport à la moyenne 1961-1990, des a) températures moyennes, et b) précipitations totales (source : Bulletin des tendances et des variations climatiques produit par Environnement et Changement climatique Canada, 2018b).

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IX

Remarque : Ces anomalies de températures et de précipitation saisonnières observées au Canada et en

particulier dans le sud du Québec et la région des Grands-Lacs/Saint-Laurent, n’ont pas à elles seules (en théorie) pour résultat de générer des crues menant à des inondations majeures. D’autres facteurs peuvent parfois être en cause. En effet, il est important de rappeler que les débits et les niveaux d’eau des rivières sont influencés par la combinaison de trois types de facteurs :

Les aléas météorologiques ou climatiques : Occurrence, durée, type et intensité des précipitations, rapidité et intensité de la fonte des neiges, période de dégel, etc. ;

Les caractéristiques des cours d’eau et des bassins versants : Type de sols et de sous-sols,

contenu en eau dans le sol, niveau de la nappe phréatique, présence d’eau gelée ou profondeur de gel dans le sol, topographie, conditions de surface (par exemple la végétation), etc. ;

Les activités humaines au sein du bassin versant : Déboisement, imperméabilisation des sols, prélèvements en eau, chenal de navigation, gestion des barrages en amont, activités de dragage, modification ou suppression des milieux humides, occupation des sols par l’agriculture, etc.

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X

Annexe B.

Description des données de modèles climatiques régionaux utilisées Tableau B-1. Noms des modèles climatiques régionaux pilotés par des modèles globaux sur la période historique. Ces simulations sont issues du projet CORDEX (Coordinated Regional Climate Downscaling Experiment; Giorgi et al., 2009; Jones et al., 2011), du centre ESCER (UQAM) et d’Environnement et Changement climatique Canada (Canadian Centre for Climate Modelling and Analysis, CCCma). Tmin, Tmax et PRCP correspondent aux températures minimale et maximale et aux précipitations totales quotidiennes, respectivement.

Modèle No Pilote Variables Période

CanRCM4 1 CCCma-CanESM2 Tmin, Tmax, PRCP 1971-2000

CRCM5-v1 2 CCCma-CanESM2 Tmin, Tmax, PRCP 1971-2000

3 MPI-MPI-MPI-ESM_LR Tmin, Tmax, PRCP 1971-2000

HIRHAM5-v2 4 ICHEC-EC-EARTH Tmin, Tmax, PRCP 1971-2000

RCA4-v1 5 CCCma-CanESM2 Tmin, Tmax, PRCP 1971-2000

6 ICHEC-EC-EARTH Tmin, Tmax, PRCP 1971-2000

RegCM4

7 GFDL-ESM2M Tmin, Tmax, PRCP 1971-2000

8 HadGEM2-ES Tmin, Tmax, PRCP 1971-2000

9 MPI-ESM-LR Tmin, Tmax, PRCP 1971-2000

Tableau B-2. Noms des modèles climatiques régionaux pilotés par des modèles globaux sur la période future (2006-2100). Ces simulations sont issues du CORDEX (Coordinated Regional Climate Downscaling Experiment; Giorgi et al., 2009; Jones et al., 2011), du centre ESCER (UQAM) et d’Environnement et Changement climatique Canada (CCCma). Tmin, Tmax et PRCP correspondent aux températures minimale et maximale et aux précipitations totales quotidiennes, respectivement.

Modèle No Pilote Variables Période

CanRCM4 1 CCCma_CanESM2_rcp45 Tmin, Tmax, PRCP 2010-2100

2 CCCma _CanESM2_rcp85 Tmin, Tmax, PRCP 2010-2100

CRCM5-v1

3 CCCma _CanESM2_rcp45 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2100

4 CCCma _CanESM2_rcp85 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2100

5 MPI-M-MPI-ESM-LR_rcp45 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2100

6 MPI-M-MPI-ESM-LR_rcp85 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2100

HIRHAM5-v1 7 ICHEC-EC-EARTH_rcp45 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2100

8 ICHEC-EC-EARTH_rcp85 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2100

RegCM4

9 GFDL-ESM2M_rcp85 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2099

10 HadGEM2-ES_rcp85 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2099

11 MPI-M-MPI-ESM-LR_rcp85 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2099

RCA4.v1

12 ICHEC-EC-EARTH_rcp45 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2100

13 ICHEC-EC-EARTH_rcp85 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2100

14 CCCma _CanESM2_rcp45 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2100

15 CCCma _CanESM2_rcp85 Tmin, Tmax, PRCP 2006-2100

Tableau B-3: Origine des différents modèles climatiques régionaux utilisés dans cette étude. Pour plus d’informations sur les modèles, se référer à https://na-cordex.org/rcm-characteristics.

Modèle Nom complet du modèle Institution

CRCM5 Canadian Regional Climate Model – Version 5

Université du Québec à Montréal, Canada

RCA4-v1 Rossby Centre regional Atmospheric model

Swedish Meteorological and Hydrological Institute (SMHI), Sweden

HIRHAM5-v2

HIRHAM5 Danish Meteorological Institute, Denmark

CanRCM4 Modèle régional canadien du climat – Version 4

Canadian Centre for Climate Modelling and Analysis, Victoria, Canada

RegCM4 NCAR-RegCM4 Iowa State University, USA

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XI

Annexe C. Moyenne mensuelle des climatologies ANUSPLIN-NLDAS (normale 1981-2010)

Figure C.1. Climatologie mensuelle de la précipitation totale cumulée (en mm) pour chacun des mois de novembre à mai (de haut en bas, respectivement). La région couvre le sud du Québec, le sud-est de l’Ontario et le nord-est des USA (Source de données ANUSPLIN-NLDAS, cf. section 2.2a). Les valeurs climatologiques ont été calculées sur la période 1981-2010.

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XII

Annexe D. Analyse des valeurs de 2016-2017 versus la climatologie des indices de précipitation

Figure D.1 Accumulations/occurrences/intensités mensuelles de pluie (panneaux du haut/milieu/bas à gauche) et de neige (panneaux du haut/milieu/bas à droite) pour 2016-2017 par rapport aux valeurs climatologiques (1981-2010) pour chaque mois, de novembre 2016 à mai 2017, pour les 5 stations présentées au Tableau 1.

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XIII

Figure D.2 Niveaux (rangs selon le nombre d’années disponibles) des accumulations/occurrences/intensités mensuelles de pluie et neige (panneaux du haut/milieu/bas à gauche) et de neige (panneaux du haut/milieu/bas à droite) pour chaque mois, de novembre 2016 à mai 2017, pour les 5 stations présentées au Tableau 1. Les rangs sont établis sur la période de disponibilité des données pour chaque station.

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XIV

a)

b)

c) Figure D.3 a) Accumulation totale (pluie ou neige) de précipitations de novembre à mai (climatologie, 2016-2017, et maximum absolu), b) Anomalies relatives de l’accumulation de pluie, neige et précipitation totale de novembre 2016 à mai 2017 (par rapport à la climatologie 1981-2010) et c) Niveaux (rangs selon le nombre d’années disponibles) des accumulations de pluie, neige, et précipitation totale pour les 5 stations (cf. Tableau 1).

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XV

Annexe E. Box plots des niveaux d’eau en amont et aval, et débits observés au barrage Carillon

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XVI

Figure E.1. Boxplots des niveaux d’eau en amont et en aval du barrage (panneaux de gauche et du milieu, respectivement) et débit mesuré au barrage de Carillon (panneau de droite) pour a) le mois de novembre (panneaux du haut à gauche), b) le mois de décembre (panneaux du haut à droite), c) le mois de janvier (panneaux du milieu à gauche), d) le mois de février (panneaux du milieu à droite), et e) le mois de mars (panneaux du bas). Ces boxplots sont réalisés avec les données quotidiennes disponibles sur la période 1963-2017, et montrent les statistiques des valeurs de niveaux d’eau et de débits minimum, moyen et maximum (boxplots de gauche, du milieu et de droite, respectivement, pour chaque panneau) observées au cours de tous les mois de novembre à mars de 1963 à 2017. Les valeurs de 2017 sont en rouge, et celles des années 1974, 1976 et 1998 (années marquées par des crues majeures de la rivière des Outaouais) sont en bleu, vert et orange, respectivement. Les valeurs pour les mois de novembre et décembre correspondent aux valeurs de l’année précédant les années mentionnées.

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XVII

Annexe F. Les années avec les records de niveaux d’eau (amont et aval du barrage de Carillon)

et de débits maximums

Tableau F.1 Classement des 5 années où les niveaux d’eau en amont et en aval, et les débits maximums (au niveau du barrage Carillon) ont été les plus élevés au cours de la période 1963 à 2017, pour chaque mois de novembre à mai. De gauche à droite, on a respectivement dans l’ordre : Les niveaux d’eau maximums en amont, les niveaux d’eau maximums en aval, et les débits maximums. Pour chaque niveau d’eau (amont et aval) et débit, les années sont classées dans l’ordre de gauche à droite, de 1 à 5, soit du 1er au 5e rang des années de niveaux/débits records, respectivement.

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XVIII

Annexe G. Tendances significatives dans le régime de températures et d’indices de précipitation, et

de débits de 1963 à 2017

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XIX

Figure G.1. Tendances statistiquement significatives (seuil de 90%) sur la période de 1963 à 2017 de Tmax, Tmin, PrecTOT, Prcp1, et SDII (indices définis au Tableau 3), de haut en bas, respectivement, pour les 5 stations présentées au Tableau 1, et pour chacun des mois de novembre à mai.

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XX

Figure G.2. Idem à la Figure G.2. mais pour les débits maximums (rangée du haut), les débits minimums (rangée du milieu), et les débits moyens (rangée du bas) au barrage Carillon.

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XXI

Annexe H. Progression de l’inondation dans le temps d’avril à mai 2017 : Dates du 23 avril 2017

(Figure H.1) et du 6 mai 2017 (Figure H.2)

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Figure H.1 Zones touchées par l’inondation en date du 23 avril 2017 (zones hachurées par des traits bleus et délimitées par un trait noir) (produites à partir des polygones de l’étendue des eaux libres liées aux inondations issues du traitement RNCan utilisant des images satellites Radarsat-2). Les zones en rouge, en orange et en jaune sont respectivement les zones inondables 20-100 ans, 2-20 ans et 0-2 ans (ligne des hautes eaux) (source des données : GéoMont, 2011, 2014 ; Gouvernement du Canada. RN, 2016, 2017 ; Québec. MERN, 2015, 2017).

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XXIII

Figure H.2 Zones touchées par l’inondation en date du 6 mai 2017 (zones hachurées par des traits bleus et délimitées par un trait noir) (produites à partir des polygones de l’étendue des eaux libres liées aux inondations issues du traitement RNCan utilisant des images satellites Radarsat-2). Les zones en rouge, en orange et en jaune sont respectivement les zones inondables 20-100 ans, 2-20 ans et 0-2 ans (ligne des hautes eaux) (source des données ; GéoMont, 2011, 2014 ; Gouvernement du Canada. RN, 2016, 2017 ; Québec. MERN, 2015, 2017).

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XXIV

Annexe I. Comparaisons des anomalies standardisées pour les mois d’avril et de mai 2017

ainsi que pour les 5 années à plus fort débit enregistré pour l’ensemble des stations du bassin versant de la rivière des Outaouais

Figure I.1. Comparaison des anomalies standardisées (par l’écart type, calculé par rapport à la période normale 1981-2010) pour les mois d’avril et mai 2017 (panneaux du haut et du bas, respectivement) entre les stations à moins de 25 km de Rigaud versus toutes les (77) stations localisées dans le bassin versant de la rivière des Outaouais ou à proximité (leur localisation est présentée à la Figure I.3). Tmax et Tmin correspondent aux températures minimales et maximales quotidiennes, et Prcp1, PrecTOT et SDII (définis au Tableau 3) correspondent à l’occurrence de jours de précipitation, aux précipitations totales cumulées pour chaque mois, et à l’intensité moyenne par jours humides, respectivement. Accu. est la précipitation totale cumulée de novembre à avril ou mai.

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Figure I.2. Anomalies standardisées (par l’écart type, calculé par rapport à la période normale 1981-2010) pour les 5 années avec les débits maximums les plus élevés (dans l’ordre de gauche à droite; cf. Annexe F) au cours de la période de 1963 à 2017, pour les mois d’avril et mai (panneaux du haut et du bas, respectivement). Les valeurs pour toutes les années correspondent aux moyennes des anomalies standardisées pour les cinq stations d’ECCC localisées à moins de 25 km de Rigaud (Oka, Coteau du Lac, La Chute, Les Cèdres et Rigaud; cf. Figure 14 pour toutes les stations localisées dans le bassin de la rivière des Outaouais). Tmax et Tmin correspondent aux températures minimales et maximales quotidiennes, et Prcp1, PrecTOT et SDII (définis au Tableau 3) correspondent à l’occurrence de jours de précipitation, aux précipitations totales cumulées pour chaque mois, et à l’intensité moyenne par jours humides, respectivement. Accu. est la précipitation totale cumulée de novembre à avril ou mai.

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XXVI

Figure I.3. Localisation des 77 stations (points blancs et bleus) d’ECCC situées dans le bassin versant de la rivière des Outaouais ou à moins de 75 km et couvrant la période récente 1981-2017 et des 21 stations (triangles jaunes) d’ECCC situées dans le bassin versant de la rivière des Outaouais ou à moins de 75 km et couvrant la période 1963-1980. Les points rouges correspondent aux points de grille des modèles régionaux du climat et couvrant le bassin versant de la rivière des Outaouais utilisés dans la section 2.2.f (scénarios des changements de régimes de températures et des indices de précipitation). La ligne noire correspond aux limites du bassin versant de la rivière des Outaouais.

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XXVII

Annexe J. Changements futurs du régime de précipitations et de températures tels que

simulés par un ensemble de modèles régionaux du climat (moyenne d’ensemble)

Figure J.1. Région d’étude et d’analyse des simulations de modèles régionaux du climat couvrant le bassin versant de la rivière des Outaouais. Les points rouges correspondent aux points de grille des modèles régionaux du climat utilisés dans la section 2.2.f (scénarios des changements de régimes de températures et des indices de précipitation présentés au Figure J.2 à J.6).

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Figure J.2. Anomalies futures (3 périodes : 2011-2040 - symbole rond, 2041-2070 - symbole losange, et 2071-2100 - symbole étoile) par rapport à la période de référence (1971-2000) au mois de novembre de la précipitation totale (en %) versus les températures (en °C; Tmin - symbole vide, et Tmax - symbole plein; panneau du haut), et l’intensité de précipitation par jours humides (en %) versus le nombre de jours humides (en %; panneau du bas). Les deux scénarios RCP4.5 (en bleu) et RCP8.5 (en rouge) sont inclus. Toutes les valeurs correspondent aux moyennes d’ensemble des 15 simulations de modèles climatiques régionaux présentées à l’Annexe B pour chaque scénario (moyennes de 6 simulations pour le scénario RCP4.5 et de 9 simulations pour le scénario RCP8.5, cf. Tableau B.2 à l’Annexe B).

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Figure J.3. Idem à la Figure J.2., mais pour le mois de décembre.

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Figure J.4. Idem à la Figure J.2., mais pour le mois de janvier.

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Figure J.5. Idem à la Figure J.2., mais pour le mois de février.

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Figure J.6. Idem à la Figure J.2., mais pour le mois de mars.

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XXXIII

Références des annexes

ECCC (2017a). Bulletins des tendances et variations climatiques, Environnement et

Changement climatique Canada : Hiver 2016-2017; https://www.canada.ca/content/dam/eccc/documents/pdf/climate-change/trends-variations/hiver-2017-fr.pdf.

ECCC (2017b). Bulletins des tendances et variations climatiques, Environnement et Changement climatique Canada : Printemps 2017;

https://www.canada.ca/content/dam/eccc/documents/pdf/climate-change/trends-variations/printemps-2014-fr.pdf.

Giorgi F., Jones C. G. & Asrar G.R. (2009). Addressing climate information needs at the regional level: the CORDEX framework. World Meteorol Org Bull 58:175.

Jones, C. G., Giorgi, F., & Asrar, G.R. (2011). The Coordinated Regional Downscaling Experiment: CORDEX; An international downscaling link to CMIP5. In CLIVAR Exchanges, No. 56, International CLIVAR Project Office, Southampton, United Kingdom, pp. 34–40.