18
1 Approche et méthode d’évaluation de la participation dans un dispositif de simulation participative : le cas de LittoSIM Actes des sixièmes journées doctorales (2020) du GIS Démocratie & Participation sur les expérimentations démocratiques, la participation du public et la démocratie participative Auteurs : Amélie Monfort 1 , Marion Amalric 2 et Nicolas Becu 3 1 Doctorante en géographie, UMR LIENSs 7266 CNRS, La Rochelle Université 2 Maître de conférences HDR, UMR CITERES 7324 CNRS, Université de Tours 3 Chargé de recherches HDR CNRS, UMR LIENSs 7266 CNRS, La Rochelle Université Résumé : Cet article décrit l’usage de la notion de participation dans un dispositif de simulation participative (LittoSIM) appliquée à la prévention des risques côtiers, et plus spécifiquement à la submersion marine. La dimension participative est décrite sous l’angle du design de la simulation et de la méthodologie de suivi-évaluation du dispositif et de ses effets qui tient compte des conditions et modalités de déploiement de la démarche sur un territoire. Les résultats portent sur les différences de conception de l’aléa de submersion selon les individus, sur la réception des diverses stratégies de gestion des risques (défense dure, recul stratégique) et sur les apprentissages générés en la matière par l’expérience de simulation. Abstract : This paper describes the use of the notion of participation in a participatory simulation device (LittoSIM) applied to the prevention of coastal risks, and more specifically to marine submersion. The role of participation is described from the perspective of the design of the simulation, and the methodology of the monitoring and evaluation of the effects, which takes into account the conditions and modalities of the deployment of the approach in a territory. The results focus on the differences in the definition of marine submersion hazard according to individuals, on the reception of various risk management strategies (hard defence, strategic withdrawal), and on the knowledge acquired in this field thanks to the simulation experiment. Introduction Les prévisions du GIEC sur le changement climatique prévoient une augmentation de la vulnérabilité des territoires littoraux face à l’intensification annoncée des aléas climatiques et de leurs conséquences (GIEC, 2019). La réaction politique au niveau international est de combiner les politiques d’atténuation des effets du réchauffement et les politiques d’adaptation des systèmes naturels et humains. L’adaptation doit permettre aux territoires d’anticiper et de s’ajuster au changement climatique et aux transformations futures. Cet enjeu soulève ainsi le défi pour les territoires d’intégrer dans leurs stratégies d’aménagement les conséquences attendues du changement climatique et l’incertitude des scénarios les plus susceptibles de se produire (Kergomard, 2012). Pour les communes littorales, il s’agit de considérer leur vulnérabilité face aux risques côtiers (comme l’érosion et la submersion marine) qui sont

Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

1

Approche et méthode d’évaluation de la participation dans un

dispositif de simulation participative : le cas de LittoSIM

Actes des sixièmes journées doctorales (2020) du GIS Démocratie & Participation sur les

expérimentations démocratiques, la participation du public et la démocratie participative

Auteurs : Amélie Monfort1, Marion Amalric2 et Nicolas Becu3

1 Doctorante en géographie, UMR LIENSs 7266 – CNRS, La Rochelle Université 2 Maître de conférences HDR, UMR CITERES 7324 – CNRS, Université de Tours 3 Chargé de recherches HDR CNRS, UMR LIENSs 7266 – CNRS, La Rochelle Université

Résumé : Cet article décrit l’usage de la notion de participation dans un dispositif de simulation

participative (LittoSIM) appliquée à la prévention des risques côtiers, et plus spécifiquement à

la submersion marine. La dimension participative est décrite sous l’angle du design de la

simulation et de la méthodologie de suivi-évaluation du dispositif et de ses effets qui tient

compte des conditions et modalités de déploiement de la démarche sur un territoire. Les

résultats portent sur les différences de conception de l’aléa de submersion selon les individus,

sur la réception des diverses stratégies de gestion des risques (défense dure, recul stratégique)

et sur les apprentissages générés en la matière par l’expérience de simulation.

Abstract : This paper describes the use of the notion of participation in a participatory

simulation device (LittoSIM) applied to the prevention of coastal risks, and more specifically

to marine submersion. The role of participation is described from the perspective of the design

of the simulation, and the methodology of the monitoring and evaluation of the effects, which

takes into account the conditions and modalities of the deployment of the approach in a territory.

The results focus on the differences in the definition of marine submersion hazard according to

individuals, on the reception of various risk management strategies (hard defence, strategic

withdrawal), and on the knowledge acquired in this field thanks to the simulation experiment.

Introduction

Les prévisions du GIEC sur le changement climatique prévoient une augmentation de la

vulnérabilité des territoires littoraux face à l’intensification annoncée des aléas climatiques et

de leurs conséquences (GIEC, 2019). La réaction politique au niveau international est de

combiner les politiques d’atténuation des effets du réchauffement et les politiques d’adaptation

des systèmes naturels et humains. L’adaptation doit permettre aux territoires d’anticiper et de

s’ajuster au changement climatique et aux transformations futures. Cet enjeu soulève ainsi le

défi pour les territoires d’intégrer dans leurs stratégies d’aménagement les conséquences

attendues du changement climatique et l’incertitude des scénarios les plus susceptibles de se

produire (Kergomard, 2012). Pour les communes littorales, il s’agit de considérer leur

vulnérabilité face aux risques côtiers (comme l’érosion et la submersion marine) qui sont

Page 2: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

2

susceptibles d’être plus intenses et fréquents avec la hausse du niveau des mers – estimée à au

moins 60 cm d’ici 2100 (GIEC, 2019) – et la récurrence d’événements extrêmes. Les processus

participatifs sont l’une des voies possibles pour soutenir l’aide à la décision auprès des acteurs

locaux, en portant à discussion les différents enjeux qui se posent (écologiques, sociaux,

paysagers, économiques…) et les solutions possibles à partir de scénarios d’adaptation.

Nous présentons ici l’intérêt d’avoir recours à une démarche de simulation participative pour

l’aménagement de communes littorales face au risque de submersion marine et dans la

perspective du changement climatique. La simulation participative est une pratique

relativement émergente qui consiste en une simulation jouée entre plusieurs participants et

suivant un usage participatif (Becu, 2020). LittoSIM1 est un dispositif développé depuis 2015

par une équipe interdisciplinaire de chercheurs dans le cadre des projets LittoSIM (2015-2017)

puis LittoSIM-GEN (2018-2022) (Amalric et al., 2017). La présente recherche doctorale qui

s’inscrit dans ce collectif s’intéresse ici à deux cas d’étude littoraux en France (Normandie et

Camargue) et pose la question : quels sont les effets territoriaux et effets d’apprentissage sur

les acteurs locaux (élus et techniciens de collectivités) générés par LittoSIM ?

Ce papier montrera comment un dispositif participatif a été conçu pour répondre aux enjeux

associés aux risques côtiers, comment il a été évalué et quels résultats la démarche a permis de

produire.

Nous présentons dans un premier temps la notion de participation et l’intérêt de son usage pour

la question des risques côtiers avec la présentation de LittoSIM. Puis c’est la dimension

participative du dispositif à travers son design et son protocole de suivi-évaluation des effets

qui est détaillée. Enfin, les premiers résultats d’ateliers qui portent sur la réception des divers

modes de gestion des risques côtiers et sur les effets d’apprentissage générés par l’expérience

de simulation sont exposés dans une troisième partie. La conclusion ouvrira également des

perspectives sur les modes d’évaluation d’un dispositif participatif comme LittoSIM.

1. Participation et intérêt d’une approche participative pour les risques

côtiers

Le recours à la participation pour gérer des problématiques socio-

environnementales et renforcer la démocratie

Il existe différentes façons d’envisager la participation selon l’approche adoptée. L’implication

de « nouveaux » acteurs dans les processus décisionnels répond, d’une part, à la reconnaissance

de l’intérêt des savoirs empiriques des populations locales dans la gestion des problèmes

environnementaux qui concernent leurs espaces et leurs pratiques (Barthélémy, 2005; Chlous

et al., 2017) et, d’autre part, à la crise de la démocratie représentative et d’un modèle de décision

basé sur les experts (Bresson, 2014; Chlous et al., 2017). L’idée selon laquelle « les experts

n’ont pas le monopole des problèmes » (Callon et al., 2001, p.128) prend appui sur la

complexité qui caractérise de plus en plus les sociétés, confrontées à la montée des controverses

environnementales (Bouchard et al., 2013) et à des situations de fortes incertitudes telle que le

1 https://littosim.hypotheses.org/

Page 3: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

3

changement climatique (Kergomard, 2012). Dans ce contexte, les manières de penser et faire

de la participation sont variées et motivées par des objectifs divers.

La notion de participation s’étudie par exemple par le prisme de la démocratie locale. Il s’agit

alors de renforcer la démocratie en donnant plus de voix aux citoyens dans la production de la

décision politique à travers des procédures participatives. C’est ce que l’on appelle la

participation citoyenne, décrite par Arnstein (1969) comme « the redistribution of power that

enables the have-not citizens, presently excluded from the political and economic processes, to

be deliberately included in the future ». Celle-ci s’est particulièrement affermie dans le domaine

de la gestion de l’environnement dès les années 1970 et à partir des années 1990 avec les grands

textes internationaux (Déclaration de Rio en 1992, Convention d’Aarhus en 1998…) qui

reconnaissent le droit des citoyens à participer au processus de décision. Ainsi, des dispositifs

participatifs variés comme le débat public ou le conseil de quartier dessinent peu à peu les

formes de ce nouveau « passage obligé de la décision politique » (Mermet & Salles, 2015). Les

dispositifs décrivent différents niveaux d’implication du citoyen ordinaire, allant, selon

Arnstein (1969), du pouvoir effectif à la non-participation, en passant par la coopération

symbolique.

Outre cet objectif de renforcer le pouvoir citoyen, ces espaces institutionnalisés de la

participation cherchent à faire se rencontrer des acteurs aux intérêts divers (Blondiaux &

Sintomer, 2009). La participation soutient le croisement des savoirs (profanes, techniques et

scientifiques) dans la production des connaissances et dans la gestion d’un problème. Elle peut

ainsi se définir de façon large comme « a process through which stakeholders influence and

share control over development initiatives and the decisions and resources which affect them »

(Banque Mondiale, 1996). Grâce à l’implication de tous les acteurs et à la confrontation de leurs

points de vue, la participation est un moyen de gestion des biens communs (Beuret, 2006) et

des conflits d’usage que ces biens génèrent. En parallèle des procédures de participation

instituées, c’est-à-dire reconnues, voire pilotées par les pouvoirs en place, la recherche-action

s’empare aussi de la question en développant une pluralité de démarches qui se distinguent

selon les thématiques et les outils mobilisés. Nous présentons ici un type de démarche

participative à travers le dispositif LittoSIM qui a pour objectif de questionner l’application et

la réception des mesures de gestion préventive et adaptative des risques côtiers.

La simulation participative LittoSIM : une démarche participative pour la gestion

des risques côtiers

Le dispositif LittoSIM a pour but d’accompagner les acteurs de communes littorales à risque

dans leurs réflexions en matière d’aménagement territorial. Dans ce cadre précis, le terme

d’« acteurs » désigne les élus et les gestionnaires locaux concernés par la gestion des risques

côtiers, LittoSIM s’adresse ainsi à un public d’acteurs dits professionnels et non à un public

profane. Le contexte des premiers développements de LittoSIM, peu de temps après la tempête

Xynthia de 2010 sur le littoral atlantique, explique ce choix puisque le dispositif visait à combler

des écarts de connaissances et à participer à un accroissement de la culture du risque2 en opérant

un rapprochement entre chercheurs et gestionnaires des risques côtiers (Amalric et al., 2017).

2 Bien que ce terme soit très discuté dans la littérature et n’ait pas de définition déterminée (Blesius, 2013; Chionne,

2019), l’on désigne ici la culture du risque comme « la place occupée par le risque dans les représentations mentales

Page 4: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

4

Les conséquences de la tempête Xynthia ont révélé « l’absence de culture du risque » chez les

populations (Chauveau et al., 2011; Chionne, 2019) et les nombreux dysfonctionnements des

politiques de gestion des risques côtiers, suscitant dans les années suivantes de nombreux

changements (cf. Infra) (MTES, 2020). Dans les territoires fortement touchés par la tempête,

d’importants travaux de reconstruction et de renforcement des digues ont été entrepris

(Laronde-Clérac et al., 2015). L’édification d’ouvrages de défense dure est une pratique

privilégiée par les acteurs face aux situations d’urgence (Meur-Ferec et al., 2013) mais leurs

limites (structurelles, financières, sociales…) sont de plus en plus pointées, à l’image des

diverses ruptures et débordements de digues survenus au moment de Xynthia (Chauveau et al.,

2011). Sur le plan politique, la nécessité de mieux prendre en compte les risques côtiers dans

l’aménagement s’est développée avec notamment la révision des plans de prévention des

risques littoraux (PPRL), le lancement de programmes d’actions de prévention des inondations

(PAPI) ou encore l’introduction d’une nouvelle compétence de gestion de la prévention des

inondations à l’échelon intercommunal (compétence GEMAPI, Gestion des Milieux

Aquatiques et Prévention des Inondations). La dernière décennie marque également l’incitation

progressive à la réorientation des modes de prévention vers des stratégies alternatives à

l’artificialisation du trait de côte (digue, enrochement), tant dans les discours des scientifiques

qu’au niveau politique avec la mise en place par l’État de la Stratégie Nationale de Gestion

Intégrée du Trait de Côte (SNGITC) en 2012 qui promeut ce type d’approche de protection du

littoral. Il s’agit par exemple de mesures douces comme le rechargement en sable des plages ou

le renfort des cordons dunaires par la pose de ganivelles ou la revégétalisation, et du recul

stratégique qui consiste en une relocalisation des personnes, des activités et des biens en-dehors

des zones vulnérables. La « rareté des choix alternatifs » (Meur-Ferec et al., 2013) ou encore

leur difficile concrétisation3 (en raison de frein économique et par souci d’acceptabilité sociale

notamment), nous interroge sur la réception sociale (Amalric et al., 2015) de ces stratégies.

Questionner la réception nous permet ici d’expliciter le décalage apparent entre le

positionnement stratégique national et la réalité des pratiques à l’échelle locale.

La simulation participative LittoSIM n’a pas pour cadre la résolution d’un conflit ouvert, mais

vise plutôt à résorber des tensions plus ou moins visibles entre les collectivités territoriales et

l’État au sujet des stratégies et modalités concrètes de gestion des risques côtiers. L’expérience

de simulation permet de mettre en lumière ces rapports de force potentiels et d’étudier les

préférences des acteurs en matière de stratégies, en portant à discussion les recommandations

ministérielles sur une utilisation privilégiée des modes alternatifs. La réception territoriale de

ces solutions douces et de recul stratégique est particulièrement intéressante à étudier car elles

participent d’une logique de gestion plus intégrée et respectueuse de la mobilité naturelle du

trait de côte, et offrent des perspectives d’adaptation possible des territoires littoraux face aux

conséquences attendues du changement climatique. La mise en œuvre de ces stratégies

alternatives suggère une évolution des systèmes de prévention et une transformation des formes

d’habiter (Vallette, 2019) en interrogeant la recomposition spatiale des territoires. Le dispositif

LittoSIM a été développé pour soutenir ce type de réflexion grâce à l’utilisation simultanée

collectives d'une population. Elle repose à la fois sur la mémoire du risque (la transmission de la connaissance

collective des catastrophes ou des aléas passés) et sur la connaissance du risque (par l'expérience ou par la

transmission, l'information, la prévention) » (Géoconfluences; de Bélizal, 2019; Pagney Bénito-Espinal, 2019). 3 En témoigne les avancées balbutiantes des cinq projets de relocalisation de la SNGITC (CGEDD, IGA et IGF,

2019, p.23).

Page 5: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

5

d’un modèle hydrodynamique, d’un modèle spatial réaliste et d’un jeu de rôles. L’objectif est

d’encourager les acteurs à explorer la diversité des stratégies de prévention et de favoriser

l’émergence d’une stratégie collective, en écho au travail nécessairement collaboratif, car

intercommunal, imposé par la GEMAPI.

La simulation participative s’organise en ateliers d’une demi-journée au cours desquels les

participants sont mis en situation de gérer leurs communes face à un risque de submersion. Les

interactions ont lieu à la fois entre les participants et l’interface de jeu dans laquelle ils peuvent

agir sur l’aménagement (urbaniser, adapter l’habitat…) et sur la défense du trait de côte (bâtir

des digues, renforcer/créer des dunes…) ; mais aussi entre les participants eux-mêmes et avec

l’équipe d’animation de l’atelier, composée de scientifiques. L’atelier simule une quinzaine

d’années d’aménagement, une année représentant un tour de « jeu », et environ quatre

submersions d’intensité plus ou moins forte surviennent de façon aléatoire durant la partie

(Amalric et al., 2017). Sur la base de ce modèle de submersion, la simulation participative fait

se réunir et discuter une diversité d’acteurs (Le Page et al., 2010). Ces éléments de design et

d’interaction de la simulation montrent comment la participation est envisagée et mise en œuvre

dans le dispositif LittoSIM.

2. Le dispositif LittoSIM : intention participative et évaluation des effets

La notion de participation dans le dispositif

LittoSIM traite la question de la participation à partir d’un objet intermédiaire (Vinck, 1999)

qu’est la simulation, c’est-à-dire un modèle de représentation de la réalité à partir duquel l’on

peut discuter. Cet objet est le vecteur de la posture participative de LittoSIM dans la mesure où

il catalyse les interactions sociales et nous permet de comprendre comment les échanges et les

stratégies de coopération se créent. Trois niveaux de participation peuvent être distingués dans

le dispositif : i) le contrôle partagé de la simulation, ii) la co-construction de la simulation, iii)

l’espace de débat créé par la simulation.

Le premier niveau est directement lié à l’usage qui est fait de la simulation par les participants

lors de l’expérience : le déroulé de la simulation est lié aux actions des participants (Becu,

2020). Cela signifie que le contrôle sur la décision est laissé aux participants, le partage du

pouvoir étant un élément essentiel de la définition de la participation. Ce sont les acteurs qui

orientent le cours de la simulation en fonction des actions et des stratégies qu’ils opèrent au fil

des tours, des modifications de règles qu’ils imaginent (e.g. détourner l’usage initial d’une

action pour caractériser autre chose) ou encore des regroupements qu’ils créent (Amalric et al.,

2017). D’un atelier à l’autre, le déroulé et le résultat de la simulation sont différents malgré

l’utilisation d’un même modèle, le cours de la simulation est donc bien déterminé par un

contrôle collectif.

Le deuxième niveau participatif relève de la co-construction de la simulation réalisée avec des

acteurs du territoire en amont des ateliers. La simulation LittoSIM est adaptée à la marge sur

chaque terrain d’étude en fonction des spécificités et préoccupations locales vis-à-vis des

risques côtiers (Becu et al., 2020). Ces adaptations mineures sont discutées lors de sessions de

travail (ou comité de pilotage, COPIL) avec un groupe d’acteurs identifié au préalable par

Page 6: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

6

l’équipe LittoSIM. Ces acteurs sont choisis car ils se positionnent à une échelle

extracommunautaire sur le territoire visé. Ils portent donc un regard et ont une connaissance

des enjeux du territoire à une échelle plus large que les limites administratives des communes.

Ce sont des acteurs dont le périmètre d’action est géographiquement vaste et dont les missions

sont cohérentes avec la thématique de la gestion des risques littoraux. Ces acteurs varient en

fonction des contextes territoriaux, mais il peut s’agir de Parcs Naturels Régionaux (PNR), de

syndicats mixtes, de syndicats de bassins versant, de Groupements d’intérêt public ou encore

de certaines personnalités détachées de ce type de structure mais qui, de par leur expertise (du

territoire, de la thématique), ont une légitimité et un poids dans le territoire non-négligeable

(e.g. un ancien élu). Ces personnes exposent leurs avis et leurs idées aux chercheurs qui animent

la démarche. Les savoirs techniques mais aussi profanes de ces acteurs locaux sont ainsi

directement intégrés au processus. Les échanges de connaissances ne se font pas exclusivement

des scientifiques vers les acteurs, mais aussi de ces seconds vers les premiers. Les processus

d’interconnaissances s’exercent également entre les participants, c’est le mécanisme de

l’apprentissage social (Bandura & Walters, 1963; Le Page, 2017), qui est résolument central

dans les approches de simulation participative.

Enfin le troisième niveau de la participation dans LittoSIM concerne l’espace de débat créé par

la simulation, et qui permet de réunir des acteurs aux logiques d’intérêt diverses afin de partager

l’hétérogénéité des points de vue. La diversité des participants aux ateliers se retrouve à la fois

dans leurs statuts professionnels et dans leurs appartenances territoriales. Ce sont

majoritairement des élus (maires, adjoints) et des gestionnaires des risques côtiers (chargés de

mission littoral, GEMAPI…), ainsi que des agents des services urbanisme ou tourisme par

exemple. En fonction des territoires et des acteurs au plus proche de la gestion du risque de

submersion, des gestionnaires dits environnementaux (PNR, réserves naturelles…) peuvent

aussi être concernés par les ateliers. Tous ces acteurs appartiennent à des collectivités

territoriales différentes mais qui restent géographiquement proches, ou à des structures (type

syndicat mixte) exerçant à une échelle extracommunautaire des compétences sur ces territoires.

Lors des ateliers ces publics sont mélangés de telle sorte que les participants se retrouvent dans

des configurations territoriales différentes des leurs, face à des situations et des enjeux dont ils

n’ont pas nécessairement l’habitude. Les personnes voient ainsi leur champ de prise de décision

modifié et élargi à mesure qu’ils comprennent et intègrent les intérêts des personnes tierces qui

œuvrent dans le même système qu’eux.

En proposant un espace de discussion original pour imaginer différemment la prévention du

risque de submersion, le dispositif cherche à confronter les idées, créer des échanges, faire

émerger des savoirs et interroger la réception sociale des stratégies alternatives. LittoSIM

permet de placer les participants face à la défense douce et au recul stratégique, identifiant ainsi

l’intérêt qu’ils accordent à ces stratégies. L’approche vise aussi la production de nouvelles

compétences chez les élus situés hors du champ de la gestion du risque, chez les techniciens

face aux élus, etc. L’objectif est de les mettre en capacité de mieux comprendre les enjeux de

la submersion, d’apprendre sur les rôles de chacun, d’identifier la pluralité des stratégies, de

s’exprimer, de défendre une opinion… La logique participative est donc mobilisée en appui à

des situations d’apprentissage, de développement et de renforcement de capacités, et de

construction de stratégies collectives.

Page 7: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

7

Ces différents effets peuvent être évalués pour saisir les répercussions de ce type d’exercice sur

les individus et plus largement sur les territoires qui y prennent part. Pour appréhender ce

questionnement, une démarche de suivi-évaluation qui mobilise les travaux en évaluation de la

participation et en géographie sur la notion de territoire a été développée.

Suivi-évaluation des effets de la simulation participative sur les territoires

Les travaux sur les effets des processus participatifs constituent un champ important des

recherches sur la participation (Blondiaux & Fourniau, 2011)et une étape centrale de la mise en

œuvre des procédures participatives (Rowe & Frewer, 2004).Les démarches dites de suivi-

évaluation (SE) permettent de montrer la portée et l’utilité de ces initiatives, de comprendre « ce

qui s’y passe », d’avoir un retour d’expérience sur la démarche ou encore, dans certains cas, de

justifier le coût qu’elles peuvent représenter (Hassenforder et al., 2016; Rey-Valette et al., 2018;

Rowe & Frewer, 2000, p.5).

Les effets de la participation sont étudiés dans des champs disciplinaires variés, et les travaux

portent sur une pluralité d’acteurs et d’aspects (Mazeaud et al., 2012). Dans leur bilan des

recherches sur la participation, Blondiaux & Fourniau (2011) identifient trois grandes

catégories d’effets : i) l’effet sur la décision publique, ii) l’effet transformatif sur les individus

et iii) les effets sur la structure des groupes et sur les représentations du problème. D’autres

typologies d’évaluation existent, notamment dans le domaine de la modélisation participative

appliquée à la gestion des ressources naturelles. Un modèle d’observation intitulé « ENCORE »

a par exemple été développé pour évaluer des processus collectifs de gestion de

l’environnement (Ferrand & Daniell, 2006; Daniell, 2012, p.65). Le modèle ENCORE se

concentre sur six types d’effets : i) les effets Externes (sur l’environnement naturel, économique

et social), ii) Normatifs (sur les valeurs, préférences et objectifs), iii) Cognitifs (sur les

croyances, apprentissages substantifs et représentations), iv) Opérationnels (sur les pratiques

observables), v) Relationnels (sur les interactions, la confiance, les échanges) et vi) d’Equité

(sur la répartition des biens et ressources dans le groupe et l’environnement) (Ferrand &

Daniell, 2006). En s’intéressant de manière plus spécifique à la question des effets sur les

individus, ce sont les notions d’apprentissage (Daré et al., 2010; Seguin, 2016; Simard &

Fourniau, 2007) et d’empowerment ou de capacitation (Bacqué & Biewener, 2013; Bacqué &

Gauthier, 2011; Carrel, 2006; Talpin, 2011) qui sont mobilisés.

Les effets de la participation sont donc multiples et se distinguent en fonction de l’objet d’étude

et des objectifs de la recherche, selon que l’on cherche à évaluer les changements de

représentations, de pratiques, les relations entre les acteurs, l’évolution des connaissances… La

littérature s’intéressant aux effets s’accorde cependant sur des grands principes

d’évaluation tenant compte du contexte d’application du dispositif participatif et du format ou

design du processus participatif lui-même. Des travaux permettent de synthétiser la

construction des protocoles de SE autour de trois domaines d’évaluation intrinsèquement liés :

le contexte, le processus et les résultats (Guérin Schneider et al., 2010; Hassenforder et al.,

2016; von Korff, 2005). D’autres croisements bibliographiques avec la méthodologie

qualitative ou les recherches plus larges sur la participation permettent de renforcer

l’importance de la prise en compte des effets de contexte et des conditions de déploiement du

processus dans la démarche d’évaluation (Blondiaux & Fourniau, 2011). L’effort de

Page 8: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

8

caractérisation du territoire (renseigner les spécificités des cadres géographiques, sociaux,

politiques, etc.) et du processus de recherche permet de contextualiser les données collectées

en enquête. C’est un principe essentiel de la méthodologie qualitative (Glaser & Strauss, 2010;

Morange et al., 2016; Paillé, 2006). Cela vaut aussi pour la prise en compte du contexte de

production et de mise en œuvre du processus participatif en tant que tel.

Par conséquent, le protocole de SE des ateliers LittoSIM reprend ce cadre théorique pour

s’interroger sur les effets spatiaux, territoriaux et sur les apprentissages individuels et collectifs

produits par le dispositif dans des contextes variés (figure 1).

Figure 1. Protocole de suivi-évaluation du dispositif LittoSIM (inspiré d'Hassenforder et al., 2016)

Le contexte territorial correspond, si l’on reprend une définition générale donnée par

Hassenforder et al. (2016), au système social, économique, politique et environnemental au sein

duquel a été déployé le processus participatif. Ainsi dans notre étude appliquée aux risques

côtiers, l’évaluation du contexte se structure autour :

• Des éléments du système représenté (environnement physique, caractérisation du

risque de submersion sur le territoire, concomitance avec d’autres risques naturels et

technologiques),

• De l’historique des évènements de submersion et d’érosion sur le territoire,

• De la caractérisation de la politique de gestion des risques côtiers à l’œuvre,

Page 9: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

9

• Des types d’activités et usages socio-économiques en zone côtière vulnérable,

• De l’existence de démarches (participatives ou non) sur le territoire sur la question

étudiée (passé/présent) et de l’implication des participants à ces dernières,

• De l’évaluation de la compréhension et des représentations initiales des participants sur

les processus étudiés,

• De la mémoire du risque et du vécu des participants par rapport à la submersion,

• De la relation au territoire et de la sensibilité des participants à l’environnement en

question (rapport à la mer et au littoral).

L’évaluation du design du dispositif comprend le processus (entendu comme la manière de

déployer le dispositif au sein d’un territoire) et l’artefact (influence des configurations de l’outil

de modélisation et de simulation). Pour évaluer le processus, les variables prises en compte

intègrent les objectifs, la sélection des participants, les types de relations entre toutes les parties

prenantes, la qualité de l’animation et de la méthode. Concernant l’artefact, ce sont les variables

liées au réalisme, au mode de prise et de saisie de la décision, à l’asymétrie de rôle et à l’usage

de l’informatique qui sont analysées.

Enfin, l’évaluation des résultats ou effets de la participation, mobilise conjointement la notion

de territoire en géographie (Di Méo, 2001; Lévy & Lussault, 2013) pour caractériser les effets

parmi les différentes dimensions du territoire, et la typologie des apprentissages développée par

Becu (2020) pour la pratique de la simulation participative. Cette typologie distingue à la fois

l’acquisition par les participants de connaissances mais aussi de compétences ou capacités

d’ordre cognitif (sur le phénomène étudié), relationnel (au sujet des autres), collaboratif (au

bénéfice du travail en commun) et politique (pour la prise de position stratégique dans le débat).

Ce protocole de SE repose sur des méthodes d’enquête mixtes (entretien semi-directif,

questionnaire, observation, enregistrement des actions de simulation dans le modèle et journal

de bord) (Johnson et al., 2007). Il est déployé à différents temps de la recherche : avant, pendant

et après chaque atelier. Les entretiens sont réalisés auprès de deux à trois participants par atelier,

sélectionnés sur des critères tel que le statut du participant (de préférence les élus et techniciens

a priori moins experts sur la question du risque de submersion marine), ou encore l’implication

d’un participant, identifiée par l’équipe d’animation comme importante et/ou particulière durant

l’atelier.

3. Analyse croisée des effets de la participation et des différences de

représentations : premiers résultats d’ateliers

Mise en œuvre du dispositif LittoSIM et de l’évaluation sur deux territoires :

Normandie et Camargue

Dans cette dernière partie, nous présentons et discutons quelques résultats issus de trois ateliers

LittoSIM réalisés entre novembre 2019 et janvier 2020, sur deux territoires métropolitains : la

Normandie et la Camargue. Les terrains d’étude de LittoSIM couvrent deux échelles

géographiques : celui du territoire représenté dans le modèle (limité à 4 communes) qui décrit

des grands types de côte, et celui des territoires des participants aux ateliers.

Page 10: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

10

Le territoire normand étudié présente une succession de falaises crayeuses et de valleuses

aménagées et protégées par des perrés et des cordons de galets (Caspar et al., 2007). Les zones

urbaines de ce littoral sont particulièrement sensibles au recul du trait de côte et aux intrusions

marines. En effet, le débouché des vallées s’opère à « un niveau généralement inférieur à celui

des pleines mers d’équinoxe » (ibid.) et, en certains endroits, les cordons de galets

s’amaigrissent, accentuant les phénomènes de recul. Les ateliers réalisés en Normandie se sont

adressés à des élus et des gestionnaires des secteurs de Dieppe à Criel-sur-Mer et des alentours

de Deauville.

La Camargue, qui correspond au delta du Rhône sur les départements des Bouches-du-Rhône

et du Gard, est un territoire où l’urbanisation est peu développée. Dans cette zone humide très

fréquentée en période estivale, les populations et activités se concentrent principalement sur les

communes d’Arles et des Saintes-Maries-de-la-Mer. Outre un risque d’érosion particulièrement

présent, c’est un territoire très vulnérable face aux risques d’inondations par le Rhône et par la

mer (Heurtefeux & Lanzellotti, 2008). Des linéaires de digues conséquents jalonnent le fleuve

et le littoral et de nombreux ouvrages de renfort ont été installés le long du trait de côte (épis,

brise-lames). Les ateliers se sont tenus auprès d’acteurs de Camargue et « Petite Camargue »,

située du côté gardois, du Grau-du-Roi à l’ouest à Port-Saint-Louis-du-Rhône à l’est.

Trois ateliers ont été organisés sur ces territoires avec deux versions distinctes de LittoSIM (une

version pour les côtes à falaises et l’autre pour les côtes basses). Ces ateliers comptabilisent un

total de 29 participants : 21 pour les deux ateliers normands et huit pour l’atelier en Camargue.

Il y avait 13 élus, 13 agents de collectivités territoriales (chargé de mission, directeur général

des services et responsable de service) ou assimilés (ici Conservatoire du littoral et Ports de

Normandie) et un salarié d’un établissement public (Agence de l’eau). Parmi ces personnes,

quatre participants de l’atelier en Camargue appartiennent à des structures de gestion d’espaces

naturels : le PNR de Camargue et la Réserve naturelle nationale de Camargue.

Nos résultats reposent sur l’analyse d’entretiens semi-directifs ex-ante et ex-post (10 entretiens

auprès de 6 personnes dont 4 élus et 2 agents, cf. tableau 1), et de questionnaires ex-ante et ex-

post remplis par l’ensemble des participants (29 répondants). Ces résultats sont exploratoires et

partiels dans la mesure où l’ensemble des données collectées n’ont pas encore pu être traité.

L’évaluation est réalisée « à chaud » (le jour même de l’atelier) pour les questionnaires et, pour

les entretiens, quelques semaines après.

Tableau 1. Personnes interrogées en entretien semi-directif

Les ateliers et les méthodes d’enquête associées font s’exprimer les participants sur différentes

thématiques (l’aléa de submersion, leur réception des stratégies alternatives, leur

positionnement vis-à-vis de la défense dure, du changement climatique et de la coopération

Page 11: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

11

territoriale) qui sont mises à discussion lors de la simulation, et sur leurs apprentissages. Les

entretiens sont analysés sans distinction entre ceux réalisés avant et après l’atelier, car les

discours de la moitié seulement de l’échantillon pouvait être comparée (1 des 4 personnes

interrogées avant et après n’a pas adhéré à la simulation, ce qui peut arriver dans des

expérimentations de ce type).

De l’aléa submersion aux stratégies de gestion : entre confusion, limites et

acceptation

L’analyse des entretiens montre que si des aspects du risque de submersion sont identifiés par

les participants (comme la connaissance des facteurs à l’origine de l’aléa), cela n’empêche pas

certaines confusions de se créer autour de ce phénomène. On observe en effet que tous n’ont

pas la même définition de la submersion. Les définitions scientifiques considèrent une

submersion marine comme une inondation épisodique de la côte par la mer, par franchissements

de paquets de mer, par débordements et/ou à la suite d’une rupture dans les ouvrages de

protection. Or, il ressort des ateliers que les définitions diffèrent selon les acteurs, certains font

référence seulement aux débordements quand d’autres considèrent de la même façon

submersion et tempête : « [la submersion] c’est la même chose qu’une tempête » (entretien, 4).

Sur ces deux territoires, le risque d’inondation continentale semble prédominant sur celui de

submersion marine. Les personnes interrogées font plus aisément référence à des épisodes

d’inondation et certains reconnaissent une concentration des efforts de prévention sur ce risque

plus fréquent que les submersions : « le territoire a été tellement impacté par le Rhône, en fait

il a plus peur du Rhône, y compris en Camargue, ce qui fait que toute l'attention est partie là-

dessus » (entretien, 6).

Nos résultats soulèvent une double question : d’une part, comment se prémunir face au risque

de submersion lorsque des raccourcis entre les causes et les effets persistent par exemple ? Et

d’autre part, dans la mesure où les représentations du risque diffèrent au sein d’un même

territoire, comment se protéger collectivement ?

Au sujet des modes de défense dure, les réponses vont toutes dans le même sens : les

gestionnaires ont conscience des limites (notamment financières) de ces modes de protection,

mais reconnaissent aussi leur fonction protectrice : « il faut maintenir les systèmes

d'endiguement existants pour la plupart » (entretien, 3).

La question du recul stratégique est également abordée avec les enquêtés et leurs discours

montrent une acceptation de la mesure : « si c'est vraiment trop dangereux il faudra penser à

exproprier » (entretien, 5). Cette acceptation de la mesure est néanmoins nuancée par les

nombreux freins politiques, sociaux, fonciers et financiers qui sont évoqués : « On ne peut pas

faire des retraits non plus sur des kilomètres. On ne peut pas avoir des no man's land non plus.

Puis y a déjà des zones qui sont déjà urbanisées » (entretien, 2). En complément, les propos

d’un enquêté sont particulièrement intéressants pour l’étude de cette problématique lorsqu’il

fait le parallèle avec le recul mis en œuvre face à l’érosion de falaises. Dans ce cas il explique

que les procédures d’expropriation sont inévitables car « le phénomène physique est

indiscutable, ça recule donc la terre s'effondre sous mes pieds ! » (entretien, 3). Cela peut sous-

Page 12: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

12

entendre, pour cet enquêté qui refuse les scénarios de recul actuellement imaginés sur son

territoire, que la submersion est un phénomène sujet à discussion et que les mesures de recul

sont moins évidentes que pour des situations d’érosion. Nous postulons que cette sous-

estimation du risque de submersion est liée à une certaine forme d’« invisibilité » par rapport

au risque d’érosion plus présent sur les territoires étudiés et dans les mémoires.

Des apprentissages variés mais essentiellement centrés sur les stratégies de

gestion

Ce sont les apprentissages cognitifs qui sont les plus mis en avant par les personnes interrogées

en entretien. Les participants ont développé une meilleure connaissance des stratégies de

gestion sur différents aspects : les limites, les effets à court et long termes ou encore le

phénomène d’interdépendance entre les stratégies lorsqu’elles sont mises en œuvre sur des

territoires voisins de manière non-concertée. Les ateliers en Normandie les font aussi

s’interroger sur les effets de concomitance entre les risques de submersion et d’inondation

fluviale. En Camargue, LittoSIM a permis de mettre en évidence l’importance de l’enjeu

submersion parmi les défis du territoire. L’atelier suscite même l’envie de se renseigner

davantage sur la question de la submersion : « En fait, ça m'a amené plus de questions que de

réponses finalement. Donc maintenant c'est à moi de chercher les réponses […]. Voir comment

la gestion du risque de submersion est gérée ailleurs, s'ouvrir un peu sur cette question-là »

(entretien, 6).

Nous observons aussi des apprentissages dits politiques, c’est-à-dire le développement par les

participants de connaissances et de capacités visant à servir une position stratégique en matière

de gouvernance des risques. A ce titre, à l’issue d’un atelier, un participant déclare : « J'ai

appris sur les stratégies de négociation » (entretien, 4). D’autres font preuve d’une capacité à

imaginer des instruments d’action pour mettre en œuvre une stratégie de gestion de recul ou

d’adaptation de l’habitat. Certains participants remettent aussi en question le système de

gouvernance de la gestion du risque submersion, en imaginant de nouvelles échelles

géographiques de gestion (e.g. dépasser les frontières de l’intercommunalité, fusion de

communes).

Les résultats des questionnaires4 montrent que les apprentissages portent essentiellement sur le

phénomène de submersion marine. Après l’atelier, près de la moitié des répondants a déclaré

avoir « beaucoup » à « énormément » (14 sur 29) appris sur l’aléa submersion et 16 personnes

sur 29 considèrent avoir acquis des connaissances au sujet des différentes dynamiques et effets

d’un tel phénomène.

L’apprentissage sur les stratégies de gestion est également important. Plus de la moitié des

participants (18 sur 29) estiment avoir beaucoup appris sur les avantages et les inconvénients

de chacune des mesures. Les effets d’apprentissage sont particulièrement marquants à propos

de la protection du front de mer par des ouvrages de défense lourde et du recul stratégique. Ces

4 Ces résultats sont liés à l’analyse de questionnaires quantitatifs qui nécessiteraient d’être complétés par une

enquête qualitative approfondie. De plus, des recherches comme celle de Sitzmann et al. (2010) montrent que

l’autoévaluation n’est que modérément liée à l’apprentissage cognitif, et davantage aux sentiments de motivation

et de satisfaction de l’individu.

Page 13: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

13

deux stratégies font l’objet du changement le plus significatif : après l’atelier, les répondants

sont quasiment trois fois moins à considérer la défense dure comme une « bonne » stratégie de

protection de l’habitat et du territoire, et quasiment deux fois plus à se déclarer « convaincus par

le recul stratégique ». Cette tendance est confirmée par la réponse à l’affirmation « Le retrait

est une bonne protection pour les habitations », pour laquelle, après l’atelier, les répondants

sont presque deux fois plus à être « tout à fait d’accord » avec cette déclaration (huit avant, puis

14 après l’atelier).

Les premiers résultats montrent cependant que LittoSIM agit peu sur la connaissance mutuelle

entre acteurs puisque plus de la moitié des participants (18 sur 29) déclarent avoir « un peu »

appris sur les rôles des différents acteurs de la gestion du risque. Les répondants sont en

revanche optimistes sur l’impact de l’atelier sur les relations entre acteurs du territoire : environ

la moitié pense que l’atelier aura un effet, grâce majoritairement au développement d’une vision

partagée de la situation. Ce résultat s’explique en partie par la grande part de participants

normands dans l’échantillon. En effet, il y a sur ce territoire une habitude déjà bien présente –

et soulignée au moment du débriefing – à travailler en intercommunalité et en collaboration

avec les syndicats de bassin versant sur la question des risques.

Conclusion et perspectives de recherche

A travers ce travail, nous avons développé la conception de la participation qui sous-tend la

démarche de simulation participative de LittoSIM. L’intention participative du dispositif

s’exprime par le design à travers trois aspects : i) le contrôle partagé du déroulé de la simulation,

ii) la co-construction du dispositif avec des acteurs du territoire, iii) la création d’un espace de

discussion inédit qui permet à une pluralité de points de vue de se rencontrer. L’ensemble de

ces paramètres pose les conditions d’une situation d’apprentissage où les participants explorent

librement le champ des possibles en matière de stratégies alternatives face au risque de

submersion. Les premiers résultats exposés ici montre que la simulation participative constitue

bien une opportunité pour développer diverses connaissances et capacités. L’analyse indique

que les participants ont principalement appris sur les stratégies de gestion, notamment sur les

stratégies dites alternatives (défense douce et recul stratégique) qui sont particulièrement

préconisées au niveau national pour prévenir les risques côtiers. Outre cette dynamique

d’apprentissage, l’activité de simulation d’un phénomène marin sur un territoire et

d’interactions sociales nous permet aussi de mieux comprendre les représentations des acteurs

en matière de risques côtiers en analysant leur rapport au risque de submersion marine et aux

différents modes de gestion.

Dans cette approche, la notion de participation est centrale dans la pratique de la simulation

participative. Si elle fait surtout référence dans la littérature à la participation citoyenne, elle est

ici considérée dans une acception plus large en ce qu’elle correspond à des mécaniques de

l’activité de simulation. La participation relève d’éléments de design dans la construction de

l’artefact et dans la méthode de déploiement du processus sur les territoires. Dans la mesure où

la simulation participative est une approche très évolutive au fil de ses « courants d’influence »

(Becu, 2020), peut-on en évaluer les effets au même titre que d’autres approches plus

traditionnelles (réunion publique, budget participatif…), ou bien nécessite-t-elle la mise en

œuvre d’outils spécifiques ? En outre, l’exploitation des premières données d’ateliers LittoSIM

Page 14: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

14

et la participation aux Journées doctorales du GIS Démocratie et Participation ont fait émerger

un questionnement de l’objectif initial de mesure des effets sur les participants et territoires. En

effet, le format du dispositif ne permet pas de mesurer concrètement les effets de la participation

en termes de changements sur les représentations et les pratiques des professionnels. De plus,

des contraintes inhérentes au projet LittoSIM-GEN génèrent l’impossibilité d’évaluer les

impacts à long terme du dispositif LittoSIM sur l’action publique. Ainsi, l’analyse des premiers

résultats a permis de construire de nouvelles hypothèses autour de l’analyse des discours et des

comportements durant la simulation, puis des usages et de l’appropriation du dispositif

LittoSIM par les territoires cinq ans après sa naissance et dix ans après la tempête Xynthia. Il

s’agira de s’intéresser à la question des représentations sociales sur la gestion des risques côtiers

mises en lumière par un tel dispositif, et à l’adaptation de ce dernier au contact des différents

territoires sur lesquels il a vocation à s’appliquer dans le cadre du projet LittoSIM-GEN.

Remerciements :

Les auteurs remercient l’ensemble des membres des projets LittoSIM et LittoSIM-GEN pour

leurs contributions, la Fondation de France et la Région Nouvelle-Aquitaine pour les

financements, l’ensemble des participants aux ateliers, ainsi qu’Annabelle Moatty pour son aide

précieuse.

Page 15: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

15

Bibliographie

Amalric, M., Anselme, B., Becu, N., Delay, E., Marilleau, N., Pignon, C., & Rousseaux, F.

(2017). Sensibiliser au risque de submersion marine par le jeu ou faut-il qu’un jeu soit

spatialement réaliste pour être efficace ? Sciences Du Jeu, 8.

https://doi.org/10.4000/sdj.859

Amalric, M., Cirelli, C., & Larrue, C. (2015). Quelle réception sociale pour l’ingénierie

écologique industrielle ? [VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement,

Volume 15 Numéro 3. https://doi.org/10.4000/vertigo.16713

Arnstein, S. R. (1969). A Ladder Of Citizen Participation. Journal of the American Planning

Association, 35(4), 216–224. https://doi.org/10.1080/01944366908977225

Bacqué, M.-H., & Biewener, C. (2013). L’empowerment, un nouveau vocabulaire pour parler

de participation ? Idées Économiques et Sociales, N° 173(3), 25.

https://doi.org/10.3917/idee.173.0025

Bacqué, M.-H., & Gauthier, M. (2011). Participation, urbanisme et études urbaines.

Participations, 1(1), 36. https://doi.org/10.3917/parti.001.0036

Bandura, A., & Walters, R. H. (1963). Social learning and personality development.

https://psycnet.apa.org/record/1963-35030-000

Banque Mondiale, (1996). The World Bank Participation Sourcebook.

Barthélémy, C. (2005). Les savoirs locaux : entre connaissances et reconnaissance. [VertigO]

La Revue Électronique En Sciences de l’environnement, 6(Volume 6 Numéro 1), 0–6.

https://doi.org/10.4000/vertigo.2997

Becu, N. (2020). Les courants d’influence et la pratique de la simulation participative :

Contours, design et contributions aux changements sociétaux et organisationnels dans les

territoires (HDR).

Becu, N., Amalric, M., Anselme, B., Beck, E., Berry, A., Bertin, X., Gaudou, B., Gustave, M.,

Laatabi, A., Marilleau, N., Mazeaud, A., Monfort, A., Pignon-Mussaud, C., Rieu, G., &

Rousseaux, F. (2020). Applying a descriptive participatory simulation to specific case

studies: adaptation of LittoSIM coastal flooding management simulation. IEMSs, 10.

Beuret, J.-E. (2006). La conduite de la concertation (L’Harmatta).

Blesius, J. C. (2013). Discours sur la culture du risque, entre approches négative et positive.

Vers une éducation aux risques? Étude comparée du Québec et de la France. Géographie

et Cultures, 88, 249–265. https://doi.org/10.4000/gc.3141

Blondiaux, L., & Fourniau, J.-M. (2011). Un bilan des recherches sur la participation du public

en démocratie : beaucoup de bruit pour rien ? Participations, 1(1), 8.

https://doi.org/10.3917/parti.001.0008

Blondiaux, L., & Sintomer, Y. (2009). L’impératif délibératif. Rue Descartes, 63(1), 28.

https://doi.org/10.3917/rdes.063.0028

Bouchard, F., Guay, L., Truilhé-Marengo, È., Reber, B., & Chicoine, L. (2013). Controverses

environnementales : expertise et expertise de l’expertise. VertigO, 13(2).

https://doi.org/10.4000/VERTIGO.13961

Bresson, M. (2014). La participation : un concept constamment réinventé. Analyse sociologique

des enjeux de son usage et de ses variations. Socio-Logos, 9. https://doi.org/10.4000/socio-

logos.2817

Callon, M., Lascoumes, P., & Barthe, Y. (2001). Agir dans un monde incertain. Essai sur la

démocratie technique (Seuil).

Carrel, M. (2006). Politisation et publicisation : les effets fragiles de la délibération en milieu

populaire. Politix, n° 75(3), 33. https://doi.org/10.3917/pox.075.0033

Caspar, R., Costa, S., & Jakob, E. (2007). Fronts froids et submersions de tempête dans le nord-

ouest de la France : Le cas des inondations par la mer entre l’estuaire de la Seine et la baie

Page 16: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

16

de Somme. La Météorologie, 57, 37–47.

http://documents.irevues.inist.fr/handle/2042/18188

CGEDD, IGA, & IGF. (2019). Recomposition spatiale des territoires littoraux. Rapport de

Mission Pour Le Gouvernement Sur Le Financement de La Recomposition Spatiale Des

Territoires Littoraux Dans Le Contexte Du Recul Du Trait de Côte, 234.

Chauveau, E., Chadenas, C., Comentale, B., Pottier, P., Blanlœil, A., Feuillet, T., Mercier, D.,

Pourinet, L., Rollo, N., Tillier, I., & Trouillet, B. (2011). Xynthia : leçons d’une

catastrophe. Cybergeo : European Journal of Geography.

https://doi.org/10.4000/cybergeo.23763

Chionne, D. (2019). Contributions géographiques à la définition d’une culture du risque en

milieu littoral : le cas des résidents de l’île d’Oléron (Charente-Maritime,

France)Geographic contributions to the definition of a risk culture in coastal areas: the

case of residents. Norois, 250, 27–48. https://doi.org/10.4000/norois.7343

Chlous, F., Dozières, A., Guillaud, D., & Legrand, M. (2017). Introduction. Foisonnement

participatif : des questionnements communs ? | Cairn.info. Natures Sciences Sociétés,

25(4), 327–335. https://www.cairn.info/revue-natures-sciences-societes-2017-4-page-

327.htm

Daniell, K. A. (2012). Co-Engineering and participatory water management: Organisational

challenges for water governance. In Co-Engineering and Participatory Water

Management: Organisational Challenges for Water Governance (Vol. 9781107012).

Cambridge University Press. https://doi.org/10.1017/CBO9780511998072

Daré, W., Van Paassen, A., Ducrot, R., Mathevet, R., Queste, J., Trébuil, G., Barnaud, C., &

Lagabrielle, E. (2010). Apprentissage des interdépendances et des dynamiques. In La

modélisation d’accompagnement. Une démarche participative en appui au développement

durable (Quae, pp. 223–250).

de Bélizal, E. (2019). Le volcan Merapi (Indonésie) : espaces et temporalités du risque sur un

volcan indonésien singulier. Géoconfluences. http://geoconfluences.ens-

lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/asie-du-sud-est/articles-

scientifiques/volcan-merapi-risques-indonesie

Di Méo, G. (2001). Géographie sociale et territoires. Nathan Université.

Ferrand, N., & Daniell, K. A. (2006). Comment évaluer la contribution de la modélisation

participative au développement durable ? http://www.harmonicop.info

GIEC. (2019). Rapport spécial du GIEC sur les océans et la cryosphère dans le contexte du

changement climatique.

Glaser, B. G., & Strauss, A. L. (2010). La découverte de la théorie ancrée. Stratégies pour la

recherche qualitative. Armand Colin.

https://www.researchgate.net/publication/267923425_La_decouverte_de_la_theorie_anc

ree_strategies_pour_la_recherche_qualitative

Guérin Schneider, L., Dionnet, M., Abrami, G., & von Korff, Y. (2010). Comment évaluer les

effets de la modélisation participative dans l’émergence d’une gouvernance territoriale.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00584048

Hassenforder, E., Pittock, J., Barreteau, O., Daniell, K. A., & Ferrand, N. (2016). The MEPPP

Framework: A Framework for Monitoring and Evaluating Participatory Planning

Processes. Environmental Management, 57(1), 79–96. https://doi.org/10.1007/s00267-

015-0599-5

Heurtefeux, H., & Lanzellotti, P. (2008). La Camargue, terre d’enjeux, première étape d’une

gestion intégrée des zones côtières. VertigO - La Revue Électronique En Sciences de

l’environnement, 8(1). https://doi.org/10.4000/VERTIGO.1916

Johnson, R. B., Onwuegbuzie, A. J., & Turner, L. A. (2007). Toward a Definition of Mixed

Methods Research. Journal of Mixed Methods Research, 1(2), 112–133.

Page 17: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

17

https://doi.org/10.1177/1558689806298224

Kergomard, C. (2012). Changement climatique : certitudes, incertitudes et controverses.

Territoire En Mouvement, 12, 4–17. https://doi.org/10.4000/tem.1424

Laronde-Clérac, C., Mazeaud, A., & Michelot, A. (2015). Les risques naturels en zones

côtières. Xynthia : enjeux politiques, questionnements juridiques. Presses universitaires de

Rennes.

Le Page, C. (2017). Simulation multi-agent interactive: engager des populations locales dans

la modélisation des socio-écosystèmes pour stimuler l’apprentissage social. 126.

Le Page, C., Abrami, G., Barreteau, O., Becu, N., Bommel, P., Botta, A., Dray, A., Monteuil,

C., & Souchère, V. (2010). Des modèles pour partager des représentations. 55–81.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00525160

Lévy, J., & Lussault, M. (2013). Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés

(Belin).

Mathevet, R., Le Page, C., Etienne, M., Poulain, B., Lefebvre, G., Cazin, F., & Ruffray, X.

(2008). Des roselières et des hommes. ButorStar : un jeu de rôles pour l’aide à la gestion

collective. Revue Internationale de Géomatique, 18(3), 375–395.

https://doi.org/10.3166/geo.18.375-395

Mazeaud, A., Sa Vilas Boas, M.-H., & Berthomé, G.-E.-K. (2012). Penser les effets de la

participation sur l’action publique à partir de ses impensés. Participations, 2(1), 5.

https://doi.org/10.3917/parti.002.0005

Mermet, L., & Salles, D. (2015). Environnement : la concertation apprivoisée, contestée,

dépassée ? (1st ed.). De Boeck Supérieur.

Meur-Ferec, C., Lageat, Y., & Hénaff, A. (2013). La gestion des risques côtiers en France

métropolitaine: évolution des doctrines, inertie des pratiques ? Géorisques, 4/ Le litt, 57–

67. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00430767/document

Ministère de la transition écologique et solidaire (MTES). (2020). Depuis la tempête Xynthia :

10 ans d’action pour renforcer la prévention des risques d’inondation et de submersion

marine.

Morange, M., Schmoll, C., & Toureille, É. (2016). Les outils qualitatifs en géographie :

méthodes et applications. In Cursus. Armand Colin.

Pagney Bénito-Espinal, F. (2019). Construire une culture du risque efficiente ? Le cas de la

Guadeloupe et de la Martinique. Géoconfluences. http://geoconfluences.ens-

lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/risques-et-societes/articles-

scientifiques/culture-du-risque-antilles

Paillé, P. (2006). La méthodologie qualitative. Armand Colin.

Rey-Valette, H., Beuret, J.-E., & Richard-Ferroudji, A. (2018). Des indicateurs pour identifier

les effets des démarches participatives : application au cas du département du Gard. Institut

de La Concertation et de La Participation Citoyenne, 27. https://i-cpc.org/document/des-

indicateurs-pour-identifier-les-effets-des-demarches-participatives-application-au-cas-

du-departement-du-gard/

Rowe, G., & Frewer, L. J. (2000). Public Participation Methods: A Framework for Evaluation.

Science, Technology, & Human Values, 25(1), 3–29.

https://doi.org/10.1177/016224390002500101

Rowe, G., & Frewer, L. J. (2004). Evaluating Public-Participation Exercises: A Research

Agenda. Science, Technology, & Human Values, 29(4), 512–556.

https://doi.org/10.1177/0162243903259197

Seguin, L. (2016). Les apprentissages de la participation. Regards croisés sur un dispositif

institué et une mobilisation contestataire. In http://www.theses.fr. Université François

Rabelais de Tours.

Simard, L., & Fourniau, J.-M. (2007). Ce que débattre nous apprend. Éléments pour une

Page 18: Approche et méthode d’évaluation de la participation dans

18

évaluation des apprentissages liés au débat public. In Le débat public : une expérience

française de démocratie participative (pp. 318–331). https://www.cairn.info/le-debat-

public-une-experience-francaise--9782707153418-page-318.htm#re1no1

Sitzmann, T., Ely, K., Brown, K. G., & Bauer, K. N. (2010). Self-Assessment of Knowledge:

A Cognitive Learning or Affective Measure? Academy of Management Learning &

Education, 9(2), 169–191. https://doi.org/10.5465/amle.9.2.zqr169

Talpin, J. (2011). Retour sur la politisation des individus par la participation. Pour une approche

pragmatique des effets de l’engagement participatif sur les acteurs. Communication à La

Journée d’études Sur Les Effets de La Participation.

Vallette, C. (2019). Lecture critique des projets d’adaptation du littoral au changement

climatique. In Le littoral en tensions. Rigidités, stratégies d’adaptation et préservation

écologique (pp. 117–130). Presses Universitaires de Caen.

Vinck, D. (1999). Les objets intermédiaires dans les réseaux de coopération scientifique :

Contribution à la prise en compte des objets dans les dynamiques sociales. Revue

Francaise de Sociologie, 40(2), 385–414. https://doi.org/10.2307/3322770

von Korff, Y. (2005). Towards an Evaluation Method for Public Participation Processes in

AquaStress and NeWater A proposal for both projects.