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ARAMINI Maréva 2 nde 11 CHANUSSOT Fanny Lycée Charles Baudelaire / 1 er avril 2008 Huile sur toile (363 X 437 cm) De REMBRANDT « La Compagnie de Frans Banning Cocq » ou « La Ronde de nuit » créée au XVII è siècle, en 1642. Oubliée, puis redécouverte, elle fut restaurée au XVIII è siècle. Elle est exposée au Musée d’Amsterdam aux Pays-Bas, le Rijksmuseum, ouvert tous les jours de 9 heures à 18 heures, excepté le 1 er janvier. Tarifs : 9 euros (adultes) – gratuit (moins de 19 ans) – 7,20 euros (groupes à partir de 15 personnes) – 70 euros à 80 euros de l’heure (visites spécialisées).

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ARAMINI Maréva 2nde 11 CHANUSSOT Fanny Lycée Charles Baudelaire / 1er avril 2008

Huile sur toile (363 X 437 cm) De REMBRANDT

« La Compagnie de Frans Banning Cocq » ou « La Ronde de nuit »

créée au XVII è siècle, en 1642. Oubliée, puis redécouverte, elle fut restaurée au XVIII è siècle. Elle est exposée au Musée d’Amsterdam aux Pays-Bas, le Rijksmuseum, ouvert tous les jours de 9 heures à 18 heures, excepté le 1er janvier. Tarifs : 9 euros (adultes) – gratuit (moins de 19 ans) – 7,20 euros (groupes à partir de 15 personnes) – 70 euros à 80 euros de l’heure (visites spécialisées).

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Auteur : REMBRANDT Harmenszoon Van Rijn (né le 15 juillet 1606 à Leyde aux Pays-Bas et mort le 4 octobre 1669) est considéré comme l’un des plus grands peintres de l’histoire de l’art baroque européen au XVII è siècle, durant le « siècle d’or » néerlandais. Outre ses paysages, il s’est représenté tout au long de sa vie, dans ses autoportraits, avec ses défauts et ses rides (un visage empreint de souffrance et marqué par les épreuves). Son apprentissage débuta chez un artiste local Jacob Van Swanenburgh, puis se poursuivit chez le Maître Pieter LASTMAN, peintre de scènes bibliques, mythologiques et historiques. Rembrandt fut initié à l’utilisation de la cire d’abeilles dans la peinture à l’huile, ajoutant du relief et de la luminosité, aux techniques de « l’eau-forte » (procédé de gravure avec emploi d’acide nitrique) et du « clair obscur ». A partir de 1640 (période qui concerne notre sujet), son travail gagne en sobriété et reflète les tragédies familiales dont il souffre. L’exubérance est remplacée par une intériorisation des sentiments qui le tourmentent. DESCRIPTION GENERALE : L’œuvre représente une compagnie de la milice bourgeoise des mousquetaires d’Amsterdam, sortant en armes d’un bâtiment, et chargée de défendre la ville en effectuant une ronde de nuit.

- Au centre, se trouvent : o Frans Banning Cocq vêtu de noir, le Capitaine de la compagnie et bourgmestre

d’Amsterdam ; o Willem Van Ruytenburch, son Lieutenant (à sa gauche) ; o Le porte-enseigne Jan Visscher Cornelisen qui brandit le drapeau de la

Compagnie. - En avant-plan, de façon plus décalée, on aperçoit une masse de militaires, « les

arquebusiers », flanqués de leurs armes. - Parmi cette foule, une jeune fille tient un poulet mort. - Le tambour (à droite) et à ses pieds, un chien… - Sur le bouclier, au-dessus de la porte, sont inscrits les noms des dix-huit gardes peints

et qui avaient monnayé leur représentation. - En arrière-plan, on peut voir un édifice non identifié, sans doute un bâtiment servant

de fort aux militaires. FONCTION DE L’OBJET : Cette commande fut financée par les dix-huit membres de la Compagnie voulant se glorifier au travers de l’art baroque. L’écusson portant les noms de ceux-ci fut rajouté après la livraison de la toile. Ce travail dura quatre ans. La toile était destinée à décorer la grande salle du premier étage de la Maison des arquebusiers, siège de la milice d’Amsterdam. Les dimensions originales du tableau étaient de 5 mètres sur 3,87 mètres, réduites cependant par un découpage des quatre côtés, surtout à gauche, en 1715 ; car le tableau fut transféré à l’Hôtel de Ville dont les murs étaient trop petits. CONTEXTE HISTORIQUE DE L’ŒUVRE : Les anciens Pays-Bas, ou Provinces-Unies, subirent avec une violence extrême les conflits religieux qui déchirèrent l’Europe du XVII è siècle, en choisissant la réforme protestante, sous l’impulsion de LUTHER et CALVIN (à partir du XVI è siècle). Amsterdam entretenait alors des milices d’arquebusiers, qui disposaient de salles de réunions, « les Kloveniersdoelen », où les soldats (les Kloverniers) pouvaient se reposer (Klover : arme à feu du XVI è siècle).

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INTERPRETATION ET CARACTERES BAROQUES :

° L’instantané : l’œuvre ressemble à une « peinture vivante » intense, et à l’instantané d’un groupe en mouvements constants, dont les gardes se déplacent ensemble, parlant et saisissant leurs armes, avec une impression de fête. Les personnages semblent sortir de toutes parts (le cadre n’est pas limité). On peut supposer que le peintre a fait une mise en scène théâtrale du pouvoir (une œuvre dynamique qui contraste avec des toiles plus statiques telle « La compagnie de Reinier Real » de Frans Hals, en 1637).

° La composition : les deux officiers au centre et la jeune fille (seul personnage féminin) sont mis en vedette. D’autres personnages (le tambour) sont hors-cadre, mais illuminés. L’architecture de l’arrière-plan est symétrique (deux grosses colonnes de pierre encadrent l’édifice sombre, où est placé dans son milieu un écusson ovale ressemblant à un miroir de Venise). Un jeu de lignes parallèles apparaît subtilement, grâce aux lances, aux fusils, aux bannières, aux bâtons et aux bordures de pierre de la façade obscure (Voir aussi « le procédé de pliages et lignes de fuite »). Notre œil ne suit-il pas les deux personnages principaux, qui semblent se diriger vers la gauche grâce au jeu de jambes (direction donnée également par le porte-drapeau) ? L’impression de mouvement est donc renforcée. D’autres effets visuels sont rendus, à la manière d’une image animée, et grâce au jeu de mains : le sergent vêtu de noir (à droite), par son bras tendu, relie au centre les personnages qui l’entourent ; de même, la main du capitaine qui se tend vers le spectateur et la pertuisane du lieutenant, semblent ressortir étonnamment de la toile. Et la jeune fille au milieu de cette foule, n’est-elle pas la mascotte du groupe ? Elle porte en effet les symboles militaires des arquebusiers : elle tient un poulet mort, signe de défaite de l’adversaire ainsi que la corne de cérémonie des Kloverniers ; les griffes de l’animal représentent leur blason; le pistolet derrière le volatile, symbolise le klover ; le petit garde situé devant elle, est coiffé d’un casque avec des feuilles de chêne, motif traditionnel des Kloverniers. La veste du Lieutenant porte les trois croix des Armes d’Amsterdam. Les grades dans la milice sont indiqués par les armes : bâton de commandement pour le Capitaine, pertuisane pour le Lieutenant ; hallebardes pour les sergents, piques et arquebuses pour les simples miliciens. De plus, le maniement de l’arquebuse est illustré sur la toile, comme dans les manuels, avec les étapes du tir : chargement, tirs, refroidissement et nettoyage. Pourtant, dans cette scène, aucun regard chez les miliciens ne se croisent. Mais le spectateur a l’impression d’entendre les voix de ceux-ci ainsi que les sons, avec les cinq sens en alerte.

° La lumière et les couleurs : en utilisant « le clair-obscur », l’alternance entre le clair et le foncé, le sentiment d’action et de mouvement est renforcé. L’éclairage limité du fond met l’avant-plan en évidence, et surtout le centre du tableau où les personnages les plus importants sont situés. Un effet lumineux est rendu par l’éblouissement de la jeune fille pour accentuer son apparition. Les ombres se révèlent sur le sol éclairé : la lumière semble jaillir de l’intérieur des personnages. Les couleurs sobres oscillent du noir au beige, tout en incorporant des couleurs vives (rouge…), qui accentuent les parties les plus emblématiques. Quant à l’étendard, il associe l’orange, le blanc et le bleu : l’alliance des couleurs des Provinces-Unies.

° La présence de la nature : par la poule, le chien, les feuilles de chêne. Dans la Mythologie, la première fonction du chien mais aussi de la poule, était celle de guide de l’homme dans la nuit de la mort, après avoir été son compagnon dans le jour de la vie. De même, le sacrifice de la poule permettait de communiquer avec les défunts. Ces deux symboles rappelleraient la fonction d’une milice face aux dangers de la mort pour sauvegarder des vies, contrastant avec cette mise en scène théâtrale. Le chêne est, en tout lieu, synonyme de sagesse, de longévité, d’hospitalité et de force. Il est l’instrument de la communication entre le Ciel et la Terre (dans « L’odyssée », Ulysse vient consulter, à son

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retour, le feuillage divin du grand chêne de Zeus). On peut donc se demander qui est le petit personnage « aux feuilles de chênes » : serait-il un enfant ?

° Les étoffes : les vêtements luxueux représentent-ils vraiment la fonction de chacun des miliciens ? Le Jeu des écharpes pourtant, rendues de manière très réaliste, apporte encore de la symétrie à l’ensemble (de couleur rouge sur un costume noir pour le capitaine ; de couleur blanche sur un costume jaune brodé pour le lieutenant…). Les fraises blanches au cou de trois personnages illuminent leur visage (comme posé sur un plateau). Les chapeaux évoqueraient la mitre des évêques, en référence à la religion. IMPRESSIONS PERSONNELLES ET RAISONS DE CE CHOIX : Cette œuvre est magnifique par la richesse des significations cachées et des symboles. Plus nous l’examinons, plus nous pouvons nous laisser aller à des interprétations en relation avec la vie personnelle de Rembrandt. Celui-ci a bousculé tous les usages, en peignant une représentation vivante. Il y a mis de « la Vie ». Aucun ordre ne se découvre dans ce cortège qui semble peu discipliné : l’artiste se moquerait-il donc de ces « héros » ? Ainsi, l’œil coquin que l’on devine derrière l’épaule gauche du porte-drapeau, ne serait-il pas celui de Rembrandt, qui s’amuse ironiquement de cette mascarade ? « Plus il y a de gens, plus l’œuvre est belle », affirmait RUBENS. Mais ce désordre apparent déguise en réalité une architecture ordonnée, où la lumière est le sujet même du tableau. Le choix de cette œuvre est en rapport avec les émotions qu’elle dégage, car l’artiste y plaçait sa famille ou se peignait lui-même : la jeune fille illuminée telle une fée, n’est-elle pas Saskia, l’épouse disparue et tant aimée ; le petit personnage, ou peut-être l’enfant coiffé de son casque aux feuilles de chênes, n’est-il pas le fils de l’artiste ? ; le milicien de petite taille, dans l’ombre en bas à gauche, ne serait-il pas aussi un autre enfant disparu de Rembrandt ? ; et ce beau jeune homme que l’on finit par découvrir en suivant la lance en diagonale, n’est-il pas la représentation du fils de l’artiste devenu grand (à l’image d’un héros de la mythologie grecque, le Dieu de la guerre, Arès) ? « J’avais créé de beaux enfants de chair. Ils sont sous la terre… Mes enfants de joie et de clarté. Mes enfants d’angoisse et de ténèbres… Ils existaient à peine. Je les ai peints, gravés : ils existent totalement, définitivement… » par REMBRANDT. SOURCES : Livres : « Rembrandt : le clair, l’obscur » de Pascal BONAFOUX – Découvertes Gallimard, Paris - 2006. « Rembrandt : signification et interprétation du contenu des images » de Christian TÜMPEL – Saint Pierre de Salerne – 2004. « Rembrandt » de Gary SCHWARTZ – Editions Flammarion – 2006. « Dictionnaire des Symboles – mythes, rêves, coutumes… » de Jean CHEVALIER – Editions Jupiter – Paris – 2004. Web : www.insecula.com/musee/mo162.html. Site du musée Rijksmuseum : www.rijksmuseum.nl

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Procédé de pliages et lignes de fuite Oeil de Rembrandt (hypothèse) : il regarde le spectateur qui regarde le tableau (jeu de miroir). Après le pliage, on peut observer que : ° les lignes structurent l’œuvre, en cadrant le Capitaine au centre ;

° les regards et les têtes des personnages sont dans les lignes. Ces dernières sont sous-entendues par la direction que prennent les visages, les regards et les gestes.

Lignes de fuite convergeant devant le visage de la jeune fille ; La main tendue du milicien vêtu de noir et situé à droite, montre la jeune fille et les deux personnages principaux. Son visage se retourne sur son voisin à sa gauche (comme s’il lui parlait).