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ARCHIPEL DES COMORES - Institut de recherche pour le ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers14-11/010029858.pdfde géographie sur l'archipel serait bien utile

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  • ARCHIPEL DES COMORES

    ETUDE GEOGRAPHIGUE

    44'

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    GRANDE COMORE

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    René DE MAXrMY

  • ARCHIPEL DES COMORES

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    ETUDE GEOGRAPHIBUE

    11111111111111

    En vérité,44- 45'

    Dieu ne change pas

    les conditions de vie

    d'un peuple

    avant que ce peuple

    n'ait lui m'me1

    changé GRANDE COMORE!

    ses propres

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    ---René DE MAXIMY 44- 45-

  • DÉ?,o,RTDIIENT UFH3ANISATION

    ET S'JetO-SYSTEMES URBAINSOR8TOM

    1

    11111111111111111111

    TABLE ,DES MATIERES

    AVANT-PROPOS

    I. LES DONNEES PHYSIQUES

    A. Relief et Sols

    1. La Morphogenèse

    2. Le Relief

    La Grande Comore• Le Badjini• La Grille et le Karthala

    Mohéli• La chaîne centrale• Le plateau de Djandro

    Anjouan• Le massif central• Les presqu'îles de Jimilimé,

    Sima, Nioumakélé

    Mayotte• Les massifs et les hauteurs• L'orogenèse et la géomorphologie• L'hydrographie et les plaines

    côtières• Les récifs coralliens et le lagon

    3. Les Sols

    Grande ComoreMohéliAnjouanMayotte

    B. Biogéographie

    1. Le Climat

    • Les vents• Les températures• L'humidité et la nébulosité• Les précipitations• Les très fortes pluies et

    les cyclones

    Page

    5

    7

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    63

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    86878890

    93

    93

    9499

    103103

    112

  • 2. Le Problème de l'eau 115

    3. La Végétation 119

    .,'Grande Comore 119

    · Anjouan, Mohéli, Mayotte 1214. La Faune 123

    II. LES HOMMES

    A. Démographie

    IL

    ETUDE DEMOGRAPHIQUE ET HABITAT

    127

    111,111

    1. L'origine des habitants

    2. L'évolution démographique depuis lemilieu du XIXème siècle jusqu'à 1958

    3. Analyse de la population actuelle

    • En 1958• Structure par âge et par sexe• En 1965

    4. Les mouvements naturels de lapopulation

    • Natalité générale• Fécondité générale• Mortalité• Autres caractéristiques

    démographiques

    5. L'organisation sociale

    6. La population non-comorienne

    B. Habitat rural

    · Les villages en dur· Les villages de paillotes· Les villages en banco• Les villages de colonisation• Description succincte des cases

    C. Habitat urbain

    • Moroni, capitale des Comores

    127

    133

    142

    142144155

    164

    171

    175

    183

    200

    208

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    11111

  • 1

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    lII. LrECONOMIE COMORIENNE

    A. Agriculture et mode d'occupation du sol

    1. Modes d'occupation du sol

    • La propri't' de type f'odal• La petite propri't' comorienne• Les r'serves villageoises• La propri't' europ'enne

    - les colons- les soci't's

    • Lr'volution actuelle de la prcpri't'

    2. Agriculture et Production du sol

    Les cultures vivrières• Les cultures industrielles

    ). L"levage

    • Les bovinsLes ovinsLes caprins

    • Les volailles• Les lapins

    4. La pêche

    B. Production industrielle

    1. Situation locale

    • La main d!oeuvre• Le march'

    2. Les techniques de transformationdes produits

    • L'artisanat• L'industrie du bois et du bâtiment• Les industries de transformation

    des cultures d'exportation

    III.

    24)

    244

    248250251252

    254

    260

    263279

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    292

    297

    297

    298299

    305

    305308

    310

  • C. Le Commerce

    1. Commerce intérie~r

    2. Commerce extérieur

    • l'aspect exclusivement territorial• l'aspect international

    3. Etude analytique des importationset exportations depuis 1947

    • Evolution probable des exportations• Situation et évolution probable des

    importations

    IV. LES INFRASTRUCTURES ET LES ASPECTSSOCIO-CULTURELS

    A. Les niveaux de vie

    1. Analyse de la consommationalimentaire

    2. Calcul du revenu territorial etsa distribution

    B. Les infrastructures en place

    1. Les ports et aérodromes

    2. Les routes

    3. Postes et télécommunications, électri-fication, alimentation en eau

    C. La situation sociale et culturelle

    1. La situation sociale

    2. La situation culturelle

    3. La situation sanitaire

    IV.

    315

    316

    324

    324327

    331

    334

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    111

    1

    1111111,

    11'1,1

    111111

  • 1

    11111111111111111111

    CONCLUSION

    Les Comores face ~ leur développement

    1. Schéma relatif ~ la production

    2. Schéma relatif ~ la commercialisation

    A N N E X E S

    BIBLIOGRAPHIE

    v.

    379

    381

    383

    390

    395

    403

  • 1

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    AVANT-PROPOS

    En Octobre 1964 j'ai atterri à Moroni, capitale des Comores,venant de France en passant par Tananarive.

    Je venais là, envoyé par le Bureau pour le Développementde la Production Agricole, afin de faire des enquitessocio-économiques dans les secteurs de modernisation ru-rale que le B.D.P.A. venait de créer.

    Pour un tel travail, pourquoi un géographe? Pourquoi pas?A vrai dire la direction générale du B.D.P.A. ne s'est pro-bablement pas posé la question, quant à moi je l'ai depuislongtemps résolue.

    En fait d'enquites socio-économiques et par une mutationfréquente dans les pays dépourvus de cadres, je me suistrouvé à la tite d'un Bureau d'Enquites et d'Etudes Sta-tistiques que je venais de créer et qui constituait lesServices techniques du Commissariat au Plan et au Dévelop-pement du Territoire des Comores. De par cette situation-clef j'ai pu connaître assez bien l'Archipel, ses possi-bilités, ses besoins et sa situation vraie.

    Il a fallu pour cela rassembler de la documentation éparse,rapports, lettres et ouvrages, ce qui m'a permis de rédi-ger un "bilan ~conomique et social du Territoire", travailhâtif mais, somme toute, utile. Puis une étude du commerceextérieur à travers les lls tatistiques du commerce extérieur~t de la navigation" établies par le service des Douanesdu territoire, m'a permis de définir les options qu'ilserait souhaitable de prendre pour développer le terri-toire. A la suite de cette étude j'ai participé active-ment à l'élaboration et à la rédaction du plan quinquennaldu territoire prévu pour itre appliqué pendant la périodeallant de 1966 à 1970.

  • Parall~lement à cela j'ai mis sur pied et ex~cut~ une en-quête par sondage sur "la consommation alimentaire desm~nages comoriens", moyen détourné de connaître la pro-duction non export~e de l'archipel, puisqu'elle n'estque vivri~re et autoconso'mmée, compte tenu des pertes.

    Il m'a semblé alors que d'une telle documentation jedevrais tirer plus que quelques rapports, qu'un ouvragede géographie sur l'archipel serait bien utile aux fonc-tionnaires ignorant trop le pays où ils travaillent, auxhabitants des Comores trop ignorants de leurs îles, auxél~ves, puisque ni au lycée, ni dans les écoles, on neleur parle de leur archipel car qui pourrait leur enparler ?

    Pour ce faire, j'ai adopté un plan logique et classique

    les données physiques,• les Hommes,• l'Economie.

    Mais il m'a fallu quelque peu bousculer ce plan. En effetparler des hommes avant d'aborder l'économie se conçoit,cependant on ne peut en parler qu'imparfaitement car lesinformations fournies par l'~tude de la situation écono-mique éclairent certains aspects qui, expos~s pr~matur~ment, risqueraient d'être mal saisis.

    C'est pourquoi j'ai préféré couper en deux le chapîtreconcernant les Hommes, les traiter en un premier tempscomme une population et selon la répartition géographiquede cette population, puis en un deuxi~me temps, la situa-tion ~conomique étant connue, aborder, apr~s avoir parlésuccinctement des infrastructures économiques, les aspectssocio-culturels caract~risant les habitants non plus entant que masse d'individus statistiquement saisie, mais entant que personnes.

    En conclusion, il m'a paru tr~s nécessaire de faire unrapide tour d'horizon de la situation des Comores face àleur développement.

    1

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  • 11111111111111111111

    J'ai parfaitement conscience des nombreuses lacunes quepr~sente mon travail, les informations font souvent d~faut et la seule intuition ne peut suffire. Je me doisaussi de dire que j'ai toujours voulu ~viter les consi-d~rations sociologiques trop rabâch~es et que j'ai pr~f~r~ paraître ignorant plutôt que p~dant. D'ailleurstout ce qui a ~t~ ~crit sur le Tiers-Monde peut être~crit à propos des Comores, mais à quoi bon; tout lemonde sait maintenant ce que tant de personnes comp~tentes ont dit; ni les Comoriens, ni moi-même, pensonsque cela puisse accroître en quoi que ce soit la connais-sance que lion peut avoir de l'Archipel que d'en parler.

    Parfois le texte paraîtra un peu touffu à la lecture,le plan difficile à discerner sous les phrases, chaquefois ce sera non pas volontaire, mais impos~ par ce quesont les Comores, notamment lorsqu'il sera question desmodes d'occupation du sol. Il ne faut pas oublier queles Comores sont des îles tr~s diff~rentes dans le d~tail,si elles paraissent identiques vues de France, VOllE mêmede Madagascar. Il est tr~s difficile d1ailleurs de ne pasêtre lassant en passant sans cesse de la Grande Comore àAnjouan, et de Mayotte à Moh~li, ou de Moh~li à Anjouan,et toutes autres combinaisons qui se peuvent faire, j1aitent~ de ne pas lasser, je n'y suis pas arriv~ comme jelfaurais voulu.

    Grand comme un petit d~partement français, l'Archipel ades probl~mes d'Etat, il est coutume de pr~tendre qu'unincident peut y prendre un aspect plan~taire et c'estvrai, j'en ai plusieurs exemples que je tais pour ne pasprovoquer encore un incident de ce genre.

    En conclusion je voudrais remercier tous ceux qui m'ontpermis de faire ce travail. Tout d'abord qu'il me soitpermis de saluer la m~moire de Charles Robequain qui m'ainiti~ à la g~ographie tropicale et m'a donn~ le goGt del'Afrique Noire et, plus largement, des Tropiques.

  • 4.

    1Je dois une grande reconnaissance au Gouvernement des 1Comores et à son Président, Said Mohamed Cheikh, quim'a toujours manifesté son intérêt pour mon travail.Bien des amis des Comores et mon équipe d'enquêteurs 1savent aussi ce que je leur dois. Une mention toutespéciale doit être faite de l'aide apportée par PierreBesnault, docteur vétérinaire, qui m'a permis de rédi- 1ger le chapitre concernant l'élevage et par ClaudeBourreau, ingénieur des Eaux et Forêts à qui je doisune meilleure connaissance de la flore des tles et des 1problèmes que pose la D.R.S. en ces mêmes tles.

    Merci aussi à René Battistini qui m'a amicalement aidé 1à préciser mes connaissances concernant le Karthala etla morphologie des Comores.

    Je remercie également Monsieur H. Isnard d'avoir acceptéd'être le Directeur de la thèse dont cet ouvrage estissu, légèrement remanié à la suite de l'analyse critiquequ'il a faite lors de la soutenance de cette thèse.

    Que Monsieur Livet qui m'a fait toucher du doigt cer-taines faiblesses dans l'exposé de ce qui est particu-lier aux Comores et Monsieur J. Defos du Rau dont lasympathie très critique m'a encouragé à reprendre quel-que peu cette étude pour la parfaire et aboutir ainsiau présent livre, sachent combien je leur suis recon-naissant de leurs propos très précieux.

    Que Monsieur A. Guilcher et Monsieur J. Despois trouventici l'expression de ma gratitude pour les conseils qu'ilsm'ont donnés lors de mes passages à Paris, en quête dedocuments introuvables en d'autres lieux.

    Enfin, je tiens de toute mon âme à remercier Celle quim'a assuré la vie matérielle et le confort domestiquenécessaire à la rédaction d'un tel travail et qui aaccepté la charge d'un mari envahissant par ses pape-rasses et ses documents et pas toujours d'humeur égale.

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  • 111111111111111111111

    1LES DONNEES PHVSlcaUES

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    0/Acot.~

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    I.- LES DONNEES PHYSIQUES

    A. RELIEF ET SOLS

    Par les longs courriers qui font la liaison Paris-Tananarive avec escales au Caire, à Naïrobi, à Dar-es-Salam et à Majunga, entre 11°22' et 13°5' de la-titude Sud et entre 43°12'e't 45°19 1 de longitudeEst, à l'entrée du Canal de Mozambique, on survoleles îles Comores à l'aube. Lorsqu'elles ne sont pascachées par une mer de nuages, on découvre alors leurallure générale, leur proximité réciproque et leurdiversité d'aspects, reflets de leur évolution géo-morphologique, causes de leur existence politique etde leurs difficultés économiques.

    L1archipel comprend du Nord au Sud et de l'Ouest àl'Est quatre tles principales: la Grande Comore,Mohéli, Anjouan, Mayotte et une soixantaine d'îlotsessentiellement au Sud de Mohéli et pour la moitiéd'entre eux, dans le lagon de Mayotte. La GrandeComore, tle la plus occidentale et la plus au Nord,se dresse à 430 kilom~tres de la cBte Africaine ;Mayotte, tle la plus orientale et la plus au Sud,se trouve à 350 kilom~tres de Madagascar.

    1. La Morphogén~se

    Ces tles sont exclusivement volcaniques et coralliennessans liaison géomorphologique avec Madagascar ni avecla cBte d'Afrique. L'ancienneté des syst~mes volcani-ques qui sont à leur origine est, dans l'ensemble,croissante d'Ouest à l'Est, et il y a un affaissementdans la même direction, comme le découpage des côteset la morphologie de détail des tles le fait apparattre.

  • 18. 1

    J. de Saint-Ours qui en a fait l'étude géologique (1) notequatre types différents de relief et d'érosion, issus detrois phases volcaniques principales séparées par des pé-riodes de repos ; ces trois phases concernent surtout lostrois iles occidentales, Mayotte se rattache ~ la plusancienne probablement

    "la phase volcanique supérieure" qui est à l'origine descoulées actuelles et récentes ainsi que des pouzzolanes ;

    111

    11"la phase volcanique inférieure" à laquelle il faut

    attribuer des laves à faciès basaltiques, des lavesporphyriques mélanocrates et la majorité des matériauxvolcaniques qui ont constitué l'ile de Mayotte.

    "la phase volcanique intermédiaire" qui est caractérisée 1essentiellement par des scories et des tufs pouzzola-niques ;

    Le premier type de relief "dû à l'action volcanique ac-tuelle ou subrécente" donne un relief structural ou sub-structural. Ce type n'est réalisé qu'à la Grande Comore,c'est celui qui caractérise les dômes surbaissés du"Karthala", volcan encore en acti vi té et de la!'Grille",massif sans activité volcanique actuelle mais dont lescoulées de lave les plus récentes sont très imparfaite-ment colonisées par la végétation malgré un climat tropi-cal humide très favorable.

    La construction de ces dômes surballisés correspond à laphase volcanique supérieure.

    11111

    Le deuxième type de relief est caractérisé par "des formesvolcaniques parfaitement reconnaissables" mais "l'érosion 1y a déjà mis sa marque" surtout "au voisinage du niveaude base". Il présente des analogies morphologiques avecla zone orientale du massif de la montagne d'Ambre (extrême 1Nord de Madagascar).

    -----------------------------------------------------~------It(1) - "Etude géologique de l'Archipel des Comores" parR. Pavlosky et J. de Saint-Ours, Haut-Commissariat de 1Madagascar et de ses dépendances. 1952.

    1111

  • 111111111111111111111

    On le trouve représenté dans le "Badjini" massif Sud dela Grande Comore, dans la partie orientale de Mohéli(plateau de Djandro) dans les trois pointes (Nord, Ouestet Sud) d'Anjouan et dans deux petits relieffs de Mayotte(îlots de Pamandzi et relief sur lequel s'appuie le vil-lage de Mamoutzou) (2).

    Ces reliefs sont déjà marqués par l'érosion, leurs formesrestent cependant massives. Ils correspondent à la phasevolcanique intermédiaire (quaternaire ancien).

    Au troisième type de relief se rattachent la chaîne cen-trale de Mohéli et son prolongement occidental, ainsi quele massif central d'Anjouan. On ne rencontre aucun reliefde ce type à la Grande Comore, ni à Mayotte. Les formesrestent jeunes mais ont déjà "une allure alpine : arêtesaïgues, bassins de réception des torrents en pentes sub-verticales ( ••• ) vallées profondes", généralement encais-sées. La zone occidentale de la Montagne d'Ambre est mor-phologiquement proche de ces ensembles.

    crest pendant la phase volcanique inférieure (aquitanien)qu'ontsurgi ces massifs comme, peut-être, l'île de Mayottequi représente le quatrième type de relief et qu'il estdifficile de rattacher aux autres îles sur le plan géo-morphologique.

    Ce quatrième type est celui de "la maturité" des formesoù "les différences de reliefs sont dûes à la différencede résistance des roches à l'érosion, surtout des culotsphonol.i tiqu es" •

    Hors ces trois phases volcaniques principales, d'autreséruptions de roches acides ou neutres ont également par-ticipé à la construction de l'archipel, "elles jouent unrôle important à Mayotte, un rôle subordonné à Mohéli età Anjouan," aucun rôle à la Grande Comore. Ces éruptionssont "postérieures à la plus ancienne phaS3 basal tiqueconnue" •

    (2) - Pour tous les noms de lieux se référer aux cartesde localisation où se retrouvent désignés tous les nomsde lieux cités dans cet ouvrage, et notamment

    pour la Grande Comore - page 179• pour Anjouan - page 180

    pour Mayotte page 181pour Mohéli page 182

  • 10.

    A travers les types de relief caractéristiques des diffé-rentes phases, on peut déjà reconstituer grossièrement lagénèse de l'Archipel des Comores qui s'appuie sur un sub-stratum probablement cristallin, constitué par un plateausous-marin relié à Madagascar. L'absence d'étude morpho-logique du Canal de Mozambique à ce jour interdit cependanttoute affirmation.

    Mayotte, la plus ancienne des îles comme en témoigne samorphologie

    relief très disséqué, rénové par des produits éruptifsplus récents (phonolithes et ordanchytes)

    . affaissement de l'ensemble de l'île qui explique lelagon et son récif-barrière, ainsi que le découpageextraordinaire des côtes et les estuaires alluviauxqui sont la trace d'une variation du niveau de base

    est apparue à l'ère tertiaire.

    Plus récentes que Mayotte, mais de l'ère tertiaire égale-ment, sont toutes les parties des autres îles qui datentde la phase volcanique inférieure et correspondent autroisième type de relief défini par J. de Saint-Ours. Ilfaut noter que des roches volcaniques que l'on peut ratta-cher à cette phase inférieure ont été trouvées dans leBadjini, en Grande Comore, ce qui permet de penser quedéjà à la fin du tertiaire quatre volcans insulaires aumoins s'élevaient là où se trouvent les îles actuelles.

    Dans la construction des Comores, entre chaque périodeéruptive intense, s'intercale une période de repos plusou moins longue, accompagnée généralement d'une activitévolcanique plus ou moins latente. Ce sont ces périodesde repos qui ont permis la dissection de Mayotte et l'ap-parition d'une argile rouge très épaisse. Les cirques ducentre d'Anjouan, (cirques de Patsy et de Bambao M'Touni),sont probablement dds à des mouvemenœ tectoniques : effon-drement ou explosion.

    111111111111111111111

  • 1

    11111111111111111111

    1 1 •

    Pendant la p~riode de repos qui a pr~c~d~ la phase inter-m~diaire de volcanisme, d~jà le centre d'Anjouan et les·parties centrale et occidentale de Moh~li ont commenc~à être model~s par l'~rosion, mais la phase volcaniqueinterm~diaire en perturbant la situation morphologiquea boulevers~ à nouveau l'aspect de ces îles.

    D'ailleurs la phase de repos fut beaucoup moins longueà Anjouan et à Moh~li qu'à Mayotte, ce qui explique lestypes diff~rents de relief que l'on trouve dans celles-6iet dans celle-là.

    Vraisemblablement au d~but du quaternaire,Anjouan etMoh~li se modifient et s'augmentent:

    • Anjouan des trois pointes de Jimilim~, Nioumak~l~ etSima ;

    • Moh~li du plateau de Djandro.

    A la même ~poque l'~ventuel Badjini tertiaire disparaîtsous le massif actuel qui devait se prolonger alors plusau Nord. A Mayotte apparaissent Pamanzi et le reTief demêmes caract~ristiques contre lequel s'appuie Mamoutzou,le relief-barrière en est interrompu en cet endroit.

    Une autre phase de repos permet alors l'apparition desr~seaux hydrographiques actuels d'Anjouan et de Moh~li,..qui, pour une part, ont da transformer des r~seaux pr~existants~ et le d~but d'une ~rosion par destructiondes basaltes et par ruissellement.

    Dans le Badjini, un petit r~seau hydrographique s'installe.

    Mayotte continue à s'affaisser, le cours inf~rieur desrivières à s'immerger, les vall~es sont envahies d'allu-vions, les estuaires à pal~tuviers s'~largissent, lesprofils d'~quilibre sont rompus, la barrière coralliennedu lagon s'~lève au fur et à mesure de l'enfoncement.

  • 1 ')~ .

    Les roches acides et neutres sont peut-@tre ~mises pendantcette p~riode.

    Enfin, tout r~cemment, la phase volcanique supérieurecommence. Il se produit alors probablement des mouve-ments tectoniques dans tout l'Archipel. Des dames ju-meaux apparaissent à la Grande Comore. Ce sont des damesen boucliers, très aplatis, de type hawaïen qui sont àl'origine du massif de la Grille et du soubassement ac-tuel du Karthala. Le Badjini est partiellement engloutisous des coul~es, des bombes et des scories.

    Après cette recrudescence responsable de la Grande Comoredans son ~tendue actuelle, une courte p~riode de repostrès relatif est vite interrompue par un regain d'acti-vit~. Des cratères adventifs, stromboliens pour la plu-part, rehaussent de reliefs en canes les massifs de laGrille et du Karthala, affectant ~galement l'ensellementles joignant.

    Enfin, le volcan du Karthala entame une nouvelle p~riode,non encore termin~e, d'~ruptions construisant un deuxièmedame morphologiquement semblable au premier sur le Karthalaancien, et engloutissant encore une partie du Badjini. Levolcan de la Grille s'assoupit lentement. Des cassures lon-gitudinales affectent probablement la Grande Comore.

    Voilà grossièrement comment a dû se produire l'orog~nèsede l'Archipel.

    La description des 11es, r~gion par r~gion, va permettre

    de mieux saisir la r~alit~ du processus g~n~siaque

    • d'~claircir le particularisme de chacune d'elles.

    1

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  • GRANDE CDMDREGEOLOGIESOURCES: MM. de SAINT-OURS

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    GRANDE CDMDREHYPSOMETRIE

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  • GRANDE CDMDREMORPHOLOGIE

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  • 111111111111111111111

    17.

    2. Le Relief.

    La Grande Comore

    Ile la plus septentrionale, elle mesure 68 kilom~tres danssa plus grande longueur et 24 kilom~tres dans sa plusgrande largeur, sa superficie est de 1 148 km2, crest laplus importante des îles par sa taille et le nombre de seshabitants.

    Vue d'avion, à haute altitude, elle se présente comme uneîle massive, compacte, allongée Nord-Sud, verte et noireen saison des pluies, verte, ocre et noire en saisons~che, semée de crat~res quasi circulaires de toutes di-mensions et creusée en sa partie la plus large d'un im-mense chaudron grossi~rement elliptique.

    Vue, soit au soleil couchant d'Anjouan (Mutsamudu), soitau soleil levant, de 40 milles au large (entre elle etla côte d'Afrique) elle a l'allure d'un dôme énorme, pro-longée du Nord par un deuxi~me dôme plus aplati et demoindre altitude que relie entre eux un ensellement danssa partie médiane.

    Vue de Mohéli (Fomboni) elle a alors l'aspect d'un dômetr~s élevé et arrondi.

    De quelque côté qu'on llobserv~ les flancs des dômes pa-raissent tomber sur la mer en une pente toujours accen-tuée qui, seulement au Nord et surtout au Sud, sladoucitapparemment en une étroite plaine littorale.

    Une observation de détail confirme cette premi~re impres-sion et l'éclaire

    Les trois massifs bien distincts, précédemment définis,diff~rent par l'allure générale et l'altitude comme parl'ancienneté.

  • 18.

    Avant d'aborder la description et de souligner leursdisparités, il faut noter comme dominantes dans cestrois ensembles la présence de hauteurs généralementarrondies, de cratères bien conservés, de coulées delaves basaltiques et l'absence quasi générale de solsélaborés.

    Cette affirmation est presque aussitôt nuancée lorsqu'onparcourt, même rapidement, ces trois massifs.

    Plus ancien que le reste de la Grande Comore, il formeun petit massif orienté Nord-Ouest/Sud-Est, d'une soixan-taine de kilomètres carrés environ, s'étendant de la côteSud à l'Est et à l'Ouest, jusqu'à près de 700 mètresd'altitude au Nord. Il est en partie masqué par desémissions récentes et très récentes du Karthala à l'Ouestet au Nord où il disparaît sous des coulées, des pro-jections et des scories.

    Le survoler permet de bien voir son allure actuelle etde retrouver l'extension minima qu'il devait avoir à lafin de la phase volcanique intermédiaire.

    En effet, ses sommets visibles les plus élevés se situentà quelques kilomètres de la côte Est (Ahibambo : 682 mM' Limakori : 647 m) ; ils ont une forme arrondie etdominent une zone relativement plane, inclinée vers leSud, sise entre 350 mètres et 550 mètres, qu'ils compar-timentent en petites dépressions à peiremarquées et enplaines de quelques dizaines ou quelques centaines d'hec-tares.

    (3) - Il faut dès à présent noter que sous le nom deBadjini s'inscrivent deux entités distinctes: d'unepart, les cantons administratifs de Badjini Est et deBadjini Ouest englobant le massif de Badjini et lesconfins Sud du Karthala (par ailleurs divisés en plu-sieurs autres cantons administratifs), d'autre part,le Massif proprement dit du Badjini.

    Dans la suite du texte sous la nomination Badjini,toujours au singulier, sera désigné le massif, et sousla nomination des (ou les) Badjini, les cantons adminis-tratifs singuiarisés par leur situation Badjini-Est ouBadjini-Ouest.

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  • 111111111111111111111

    Plus au Nord ces d~pressions, ces petites plaines etles passages entre les sommets à l'allure de collines,couverts d'une mince couche d'argile rouge due à lad~composition superficielle des laves, disparaissentsous les apports volcaniques r~cents essentiellementdes coul~es descendues du Karthala~ De';lDi~ en'loin, ~mergent des sommets, qui par leur forme moinsaigüe et moins angùleuse, ainsi que par la v~g~tationqui les couvre et la couleur du sol, t~moignent d'unecertaine anciennet~ et sont peut-être à rattacher auBadjini. Cependant la difficult~ de leur approche etle temps toujours compt~ que j'avais lors de mes rarestourn~es en ce secteur, m'ont empêch~ de v~rifiercette hypothèse.

    L'enfouissement de la partie Nord du Badjini sous l'ac-tuel Karthala ne fait aucun doute; l'orientation qu'yprennent les coul~es karthaliennes en est une preuveapparente. Un raccordement avec celui-ci est possiblesous les laves de l'immense coul~e sur les bords delaquelle s'est install~ le village de Kanzil~. A cetendroit il semble que les coul~es aient emprunt~ uned~pression pr~existante et qu'elles se soient heurt~esà un relief d'une puissance de 200 mètres environqu'elles auraient submerg~ comme l'eau d'une vasquequi d~borde, en submerge les bords, pour tomber pres-que à pic dans la mer. Mais aucun sondage n'ayant ~t~fait il est impossible d'affirmer que le relief enfouisoit contemporain du Badjini ancien ou d'origine plusr~cente.

    Plus au Sud, les hauteurs du Badjini se raccordent àune plaine littorale ~troite, compartiment~e, descen-dant jusqu'au niveau de la mer par une pente douce.Le raccordement se fait presque partout par des ver-sants très raides, parfois par une falaise abrupteentaill~e de profonds ravins (au-dessous du villagede Niamb~ni principalement), mais il est moins brutalentre les villages d'Infoundih~,-Chamboiniet deSima Amboini.

    19.

  • 20.11

    C'est entre ces deux villages que la plaine littoraleest la plus large (2 500 m~tres dans sa plus grandelargeur), elle est constitu~e essentiellement d'unecoul~e chaotique tr~s r~cente, imparfaitement coloni-s~e par la v~g~tation, et qui donne une côte rectili-gne entaill~e de petites indentations. On peut penserque cette coul~e, et celles qui l'ont vraisemblablementpr~c~d~e, ont recouvert des hauts-fonds comme ceux quiprolongent la côte Sud-Est du Badjini de plusieurs cen-taines de m~tres et qui sont limit~s par un r~cif co-rallien frangeant d'une puissance de plusieurs m~tres.Dans cette côte Sud-Est se sont form~es des criques(Chindini, Ouroveni, Mal~) abritant des plages de sa-bles coralliens tr~s blancs et sem~s de nombreux d~brisde coquillages actuels.

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    Au niveau de la morphologie de d~tail, on trouve dansle Badjini, essentiellement dans les secteurs affect~spar les coul~es tr~s r~centes (~ruptions de 1857,1862, 1880~..et g~n~ralement p~riph~riques, des micro-reliefs carac-t~ristiques, notamment des grottes accessibles par leurtoit effondr~ qui fait une sorte d'aven et dues vraisem-blablement à des poches de gaz momentan~es ou à un ~coulement sous-jacent du pyro-magma. Ces formes plus"Karthaliennes" que "Badjinniennes" se retrouvent danstoute la Grande Comore (4).

    Enfin, il faut noter le d~but d'une ~rosion par ruissel-lement et l'apparition dans les pentes m~ridionales, au- 1dessus des villages de ChindiTIi,Ourov~ni et Mal~, d'unr~seau hydrographiques embryonnaire dont l'activit~ estsaisonni~re. On peut m~me voir au Nord de Chindini et à 1proximit~ de ce village, à la fin de la saison des pluies,du riz de montagne immerg~ sous une eau stagnante tempo-raire qui est douce, situation unique à ma connaissance 1en Grande Comore.

    Les formes arrondies, l'effacement partiel de certains 1crat~res, la disparition des formes structurales, l'~paisseur des sols de la plaine centrale (labours possibles),un certain ravfuemen~, la pr~sence d'argile, l'existence 1d'un embryon de r~seau hydrographique et quelques sourcesintermittentes, confirment que le Badjini constitue unensemble plus vieux que le reste de la Grande Comore ettraduisent une p~riode de calme dans l'activit~ vOlcanique.1

    (4) - La grotte du Capitaine Dubois, sur les pentes Nord 1du Karthala en est l'exemple le plus connu en GrandeComore.

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  • 1111 BRANDE CDMDRE

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    23.

    Si le Badjini forme un petit massif au relief particu-lier, il est difficile de s~parer les descriptions dela Grille et du Karthala. Certes, celui-ci n'est qu'unamoncellement ~norme de laves basaltiques et de scories,celui-là,beaucoup plus modeste dans ses dimensions,parait plus divers leur morphologie est cependantproche.

    Il faut donc pr~senter et simultan~ment et s~par~ment,la Grille et le Karthala : simultan~ment en notantleurs caractères communs, s~par~ment en montrant cequi les diff~rencie.

    Leurs caractères communs participent d'une même morpho-logie et sont relatifs à l'allure g~n~rale de la GrandeComore, le Badjini except~. Il faut d'abord se contenterd'affirmations qui par la suite seront compl~t~es

    • le d8me inf~rieur du Karthala, sur lequel repose leKarthala actuel, et le d8me de la Grille sont contem-porains

    • le plateau de Diboini est issu de leur coalescence;

    le Karthala actuel a remani~ l'ensemble du systèmeet d'abord, quasi entièrement, le d8me sous-jacent(ou ancien Karthala), difficile à retrouver, recou-vert qu'il est par les coul~es et les cendres ac-tuelles, et aussi le plateau de Diboini qui s'estconsid~rablement augment~ des apports Karthaliens,et enfin le massif de la Grille qui a ~t~ partielle-ment affect~ par l'activit~ du Karthala actuel.

    La Grille et le Karthala s'~tendent sur 1090 kilomètrescarr~s environ, le massif de la Grille proprement dita une superficie de 300 km2 environ et celui du Karthalade 700 km2 environ, les 90 km2 restanm, comprenant leplateau de Diboini et les versants qu'il domine, parti-cipant des deux massifs.

    (5) - "La Grille" ~tait primitivement le nom d'undomaine de colonisation qui correspondait grossière-ment à un massif forestier depuis lors consid~rablement d~grad~. Par extension cette appellation a finipar d~signer le massif du Nord de la Grande Comore.

  • 24.

    Ils forment, comme on l'a dit, deux dômes de type hawaïenet en ayant tous les caract~res : dimensions consid~rables,pentes tr~s faibles (4 à 8 degr~s), plateau sommital avec,à la Grille, fissures radiales soulign~es par des crat~resadventifs de type strombolien g~n~ralement, et au Karthala,crat~re composite : crat~res emboit~s, caldeira et pit-craters ; nombreux cônes adventifs, coul~es fluides,stri~es de fr~quents couloirs dus à des ~coulements infra-crustaux du pyromagma et à l'effondrement cons~cutif desvofites ainsi form~es et demeur~es sans soutien.

    Leur proximit~ et leur jonction par un ensellement de 500 md'altitude et de 15 km de large à sa base (aussi large quela partie Sud de la Grille) donne à la Grande Comore uneforme allong~e et massive, orient~e pr~cis~ment Nord-Sud,large de 15 km et longue de 54 km, renfl~e aux trois quartsde sa distance par le Karthala dont la base est quasi cir-culaire, jusqu'à atteindre 24 km de large à la latitude dugrand crat~re composite sommital (11 0 45' lat. Sud) et pro-long~e Nord-OuestjSud-Est par le Badjini.

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    Les pentes occidentales et orientales des dômes sont dissy-m~triques par rapport à l'axe Nord-Sud des points les plus~lev~s de l'île. Le long de la côte Ouest une plaine ~troite,discontine s'~tend sur une distance de 50 km, elle atteintpar endroits une profondeur de deux et demi, voire trois,kilom~tres. Le long de la côte Est, au contraire, on netrouve aucun glacis peu inclin~ ni aucune plaine, sauf, parendroit, une ~troite lisi~re. A l'Ouest et au Nord, la côtequi les borde a un trac~ correspondant à la structure desformes originelles, le rivage en est presque toujours ro-cheux et escarp~, accore par endroit, avec parfois, au creuxd'une crique (hôtel Itsandra) ou au fond d'une petite baie(village d'Itsandra), une plage de sable blanc, preuve del'existence de hauts fonds corallif~res que la colorationdiff~rente de l'eau permet de localiser avec pr~cision.Au Nord de l'île s'est vraisemblablement produit un l~geraffaissement tectonique qui expliquerait le prolongementsous-marin d~couvrant aux grandes mar~es de la plaine lit-torale jusqu'à un demi mille en mer et l'abondance du sablecorallien, notamment à Mitsamiouli.

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  • 111111111111.11111

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    Mais à l'Est, cette même côte devient massive, recti-ligne et aust~rG, ~ partir (Ju villnge de Hantsindzijusqu'au village (le Q:homon:L, curvili{~ne et tout aussiau stère, ù e Chomoni ;\ FouTI1Jouni en Bad j :Lni ; au cuneplage de sable blanc, except6 ~ Hantsindzi et Chomonioà lion trouve quelques coraux, ne t6moigne d'6ven-tuelles constructions coralliennes; c'est le règnemin6ral des laves, ce qui la rend inhospitalière plusque partout ailleurs. La pr6sence d'un escarpementd'une puissance de 10 à 20 mètres, surtout d6velopp6entre Hantsindzi et Handjambou sur 3500 mètres, puisau droit rl'H6roumbili sur 1500 mètres et entre Kouhaniet M'Tsamdou sur 4000 mètres, permet de supposerl'existence d'une faille dont la trace serait en par-tie masqu6e sous une cou16e de basaltes vieille dequelques siècles seulement. Cette faille aurait affect6le massif de la Grille et peut-être le Karthala ancience qui, dans ce cas, en ferait remonter l'origine àquelques mil16naires ; elle pourrait être la cicatriced'une faille sous-marine, ce qui expliquerait la dis-sym6trie entre les côtes occidentales et orientales dela Grille et du Karthala.

    Hors cette morphologie g6n6rale assez voisine, les deuxvolcans diffèrent consid6rablement par la masse, l'am-pleur, l'altitude, le stade d'6volution et les paysages.

    Un premier survol permet une vue d'ensemble sur ces dis-semblances. Ce qui frappe d'abord est le contraste demasse, la Grille n'atteignant pas les 1100 mètres dfal-titude (Saoudzou 1087 m) et le Karthala culminant à2361 mètres ; puis la raret6 des cônes adventifs surcelui-ci, leur prolif6ration sur celui-là; et aussiles immenses cou16es de laves qui partent en toutesdirections sur les pentes du Kartha~ principalementvers le Nord et le Sud-Est, l'absence relative de cou-16es actuelles sur les pentes de la Grille ; enfin lapr6sence de la caldeira sommi tale du Karthalf:l, au plan-cher de sables volcaniques, d'amas de scories et delaves, perc6 de deux gouffres dont l'un, magnifiquepuits, a une activit6 larv6e (fumerolles permanentes,projection de scories, accompagn6e d'une 6mission delaves par une fissure lat6rale le 13 Juillet 1965,6ruption de type strombolien (5~is).

    (5llis)- Lire à ce sujet l'article de R.Battistini"Le volcan actif de la Grande Comore Vl - in Madagascar.Revue de G60graphie - N° 10 - 11 ~ Janvier-D6cembre1967 - p. 41 à 77 - croquis et photos.

  • GRANDE COMORE . Au premier plan, fougères et arbustes colonisant les coulées du plateau

    de Dibolnl j en second plan quelques canes et cratères , et en arrière plan les sommets

    de la Grille.

    GRANDE COMORE. La forêt de la Grille; au premier plan savane d'imperata j au second

    plan, en bordure de forêt, des grattes: on voit le rentrant de la clairière dû à ces grattes;

    au dernier plan la forêt

    CLICHJ;S DE L'AUTEUR

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    27.

    Les cônes adventifs formés de bombes et de scories sontl'aspect le plus marquant des paysages de la Grille;on en a dénombré une centaine de toutes tailles. Ils seprésentent comme des cônes, ou des troncs de cônes, édi-fiés autour des points d'éruption. Généralement, lecratère ou la fissure qu'ils enserrent a une forme par-faitement conservée. Il arrive cependant qu'un débutd'érosion ait arrondi leurs arates et provoqué l'appari-tion d'argiles qui ont migré dans le fond du cratèrequ'elles tapissent et dont elle colmatent parfois lesfissures. Ces fonds de cratères souvent humides ont unsol assez épais, ils sont très recherchés par les agri-culteurs et chaque fois que possible mis en culture.

    Les cônes se dispersent presque toujours selon des orien-tations rectilignes bien définies. En les reportant surun croquis on constate que ces orientations slirradienten éventail à partir des points les plus hauts de laGrille. Ils jalonnent ainsi les fissures radiales quelion trouve sur le plateau sommital des volcans de typehawaïen. Ces fissures viennent de ce que "ayant épuisésa capacité morphologique ••• llédifice volcanique nepeut plus résister à la forte pression hydrostatique dela colonne magmatique dans la cheminée, et se fèle defissures radiales" (6), donc ces cônes seraient contem-porains de la fin des éruptions qui ont donné le dômeactuel de la Grille ; peut-atre faut-il lier leur appa-rition à l'existence de la faille qui affecte, pense-t-on, la bordure orientale de ce dôme.

    Entre les cônes situés au-dessus de 700 mètres s'éten-dent des zones planes qui correspondent au plateau som-mital. Il arrive que ce plateau, par le fait de cescônes, prenne l'aspect d'un cirque dont les limitessont des hauteurs coniques ou tronconiques. Un autrepaysage possible est celui que donne la destructionquasi totale d'un de ces micro-reliefs qui ne laissealors qu'une dépression de peu d'importance.

    (6) - A. Rittmann "les volcans en activité", page 189de l'édition française par H. Tazieff, Masson et Cie,éditeur, 462 p., 183 figures, 6 planches hors texte,nombreux tableaux, in 8°

  • 28.

    Cependant, si du haut de la Grille on peut constaterces alignements de canes plus ou moins conserv~s des-cendant jusqu'à la mer, ils ne constituent pas lesseules formes du paysage, des cratères en puits serencontrent parfois, le plus c~lèbre ~tant celui du"Lac Sal~" - nom comorien : Niamaouy - aux eaux sul-fureuses, de mauvaise r~putation, dont une l~gendetragique explique la genèse. Ces cratères en puits sontd'ailleurs les seules formes en creux que l'on trouveen Grande Comore avec les grottes et les couloirs d'ef-fondrement dans les coul~es.

    Enfin, les versants du volcan descendent en pentes r~gulières vers la mer avec parfois un accident de relief depeu d'importance et se d~veloppent sur des grandes ~tendues.

    Aucune activit~ n'est d~celable sur l'ensemble du massif.Par contre un d~but d'~rosion peut s'y bbserver dont sontdes exemples l'entaille de la source de Maou~ni ou l'~troit vallon qui va des "hauts" de la Grille au villagede Dimadjou sur le versant Est, dO surtout à la pente dece versant accentu~e par la pr~sence du cane ~gueul~ deMazouanga et qui canalise l'~bauche du trac~ lin~aire dequelque torrent très ~pisodique tel q~e ceux que l'ontrouve surtout sur le vèrsant occidental.

    Le sol de la Grille est de trois sortes

    - Laves basaltiques et scories qui recouvrent l'ensembledu massif. Ces laves sont le fait de coul~es r~centes,avec scories superficielles presque toujours colonis~espar un tapis herbac~ qui prend par endroit une allurede savane. Elles forment le plancher de la plaine lit-torale. Le type pahotihoti y pr~domine. Lors de leurrefroidissement leur surface s'est bris~e favorisantainsi leur destruction en permettant une colonisationrapide par la v~g~tation qui s'est d~velopp~e d'aborddans ces fissures.

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    29.

    Ces laves lisses s'entassent sur de fortes épaisseurs,elles ont construit notamment la plaine qui s'étendentre les villages de Hahaïa et de Domoni (côte Ouest).Elles dominent la mer par de puissantes falaises don-nant par endroit des abrupts d'une vingtaine de mètresque la mer creuse d'indentations et de tunnels pouvants'enfoncer horizontalement jusqu'à cent mètres, et plus,à l!intérieur, en arrière de la côte, et débouchant surdes orifices, des "trous-souffleurs", qui à marée hauteet par forte houle d'Ouest soufflent des colonnes d'eaupulvérisées avec une violence spectaculaire.

    Outre ces laves lisses, on peut par endroit rencontrerquelques beaux spécimens de laves cordées, mais rare-ment, sur de petits espaces. Plus fréquemment, singuliè~rement sur le versant oriental ainsi que dans la partieseptentrionale du massif, des dalles de laves et lde--sscories, donnent des terrains chaotiques. Ces dalles delaves et de scories,sont aussi l'apanage des quelquescoulées actuelles qui forment des "chaos", marquant deleur noirceur et de leur nudité minérale les pentesoccidentales et septentrionales de la Grille. Ellessont issues de cônes adventifs ou de fissures orientéesgrossièrement Nord-Sud à mi-pente du dôme. Elles s'éta-lent sur de faibles étendues et vont jusqu'à la mer.Elles dominent le paysage de l'épaisseur de leur substance,soit de quelques mètres seulement.

    - Pouzzolanes que l'on rencontre entre 650 et 800 mètres,principalement sur une étendue de 8000 mètres de déve-loppement et de 1500 à 2000 mètres de profondeur. Leurpuissance est difficile à chiffrer, elle est d'au moins10 mètres. Elles ne sont pas du tout altérées. Ellesrecouvrent essentiellement la partie occidentale du pla-teau sommital, le haut des pentes de m&me exposition dela Grille et certains cratères. Elles semblent être té-moin d'un paroxysme récente.

    Argiles rouges que l'on trouve sur la pouzzolane et quitapissent le fond de quelques cratères, mais en si fai-ble quantité que leur capacité de rétention est trèsréduite et les surfaces qu'elles imperméabilisent limi-tées. Cette absence presque totale d'argile ne signifiepas que les formes sont si jeunes qu'aucune altération

    rllW' est perceptible, mais que le sous-sol n'est qu'unentassement de matériaux volcaniques peu consolidés,

  • JO.

    qui non seulement absorbe presqu'instantanément lestrès grosses pluies, ne permettant qu'une érosiontrès faible, mais encore absorbe l'argile d'altéra-tion qui, transportée par l'eau d'infiltration, peutmigrer à grande profondeur. C'est ainsi que s'expli-que l'existence de la seule source importante deGrande Comore qui se situe en lisière de la forêtde la Grille près du village de Maouéni. L'eau s'ac-cumulerait dans une poche argileuse située sous laforêt à une certaine profondeur. Cette poche se seraitconstituée avec des argiles qui auraient migré jusqu'àun banc de basalte assez considérable, peu fissuré etdont les fissures seraient colmatées par des bouchonsd'argiles créant ainsi un niveau imperméable.

    Il est intéressant de noter que l'érosion est surtoutsensible sur les espaces cultivés où le sol a été tra-vaillé et est, de ce fait, plus altéré, cette érosionse fait alors par "creeping" essentiellement, et surles pistes construites où la pouzzolane de revêtementest assez compactée pour favoriser "le rill wash" etmême un début de "gully erosion".

    Le dôme de la Grille, comme celui du Karthala ancienqui lui est contemporain, s'est constitué au coursd'une longue période marquée de paroxysmes et de tempsde sommeil prolongé.

    En effet, les traces de ces alternances sont décelables

    coulées de laves abondantes, prolifération de cratèresdont des pit-craters et surtout des cratères et descônes adventifs, fissures émettrices de laves, pourles paroxysmes

    pour les temps de sommeil prolongé, torrents ayant eule temps de creuser leur lit, tout au moins linéaire,comme en témoigne la présence de blocs de basaltearrondis qui ont manifestement été roulés, emballésdans les coulées ultérieures assez fluides qui les onttransportés au sein de leurs flots, engloutissant dansle même mouvement le lit de ces torrents. Ces blocsainsi charriés sont facilement visibles, incorporésdans la pâte basaltique de certaines coulées qui sonttranchées vif au bord de mer par l'érosion marine lelong de la côte Ouest, et aussi dans des matériaux vol-caniques divers au travers desquels les constructeursde la route Moroni-Mitsiamiouli ont creusé une tranchée.

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    31.

    Il semble ~galement que l'extr~mit~ Nord de la GrandeComore, ~ l'exception de deux petites coul~es actuelles,soit demeur~e calme depuis beaucoup plus longtemps quele reste de la Grille.

    De même que s'est construit le massif de la Grille,s'est vraisemblablement construit le Karthala ancienet le plateau de Diboini,

    Pour ce qui est du Karthala ancien, il est difficiled'en parler plus pr~cis~ment, toute affirmation ne pou-vant être que conditionnelle ou hypoth~tique. Le pla-teau de Diboini (7) requiert plus d'attention.

    Il a des limites Nord et Sud impr~cises. oà s'arrêtele Karthala, oà commence la Grille ? La coalescencedes ~missions des deux volcans est insuffisante ~ ex-pliquer ce relief. Par contre, l'orientation g~n~ralede la Grande Comore, les fractures dont l'existence pa-raît probable et l'alignement privil~gi~ des cratèrespermettent de penser qu1entre le Karthala et la Grille,dès leur g~nèse, des ~missions de laves se sont produi-tes par le truchement de fissures et de cratères.

    Ces ~missions seraient ~ l'origine de l'ensellement deDiboini, que l'on appelle ainsi faute d'un nom plus pr~cis pour d~signer cette r~gion haute, quasi inhabit~eet d~sol~e, qui s!~tend ~ 500 mètres d'altitude moyenneentre Karthala et Grille. D'ailleurs on peut penser qu'au commencement existait une s~rie de petits canes vol-caniques log~s sur les fissures ~chelonn~es d'une ~ruption lin~aire. Deux ensembles auraient alors eU uneactivit~ pr~pond~rante qui leur aurait permis peu ~ peu,par leur accroissement, d'annexer les autres. Je donnecette interpr~tation sous toutes r~serves, elle est plus lefruit d'un d~sir d'explication satisfaisante que d'uneobservation de d~tail que je n'ai pu et que je n'auraissu faire en v~rit~.

    (7-) - comme pour la Grille le nom du plateau de Diboinid~signait naguère encore le terroir du village deDiboini, ou ~ peu près, son extension ~ l'ensemble del'ensellement entre la Grille et le Karthala est r~cente.

  • 32.

    Actuellement, le plateau de Diboini est l~g~rementinclin~ du Nord vers le Sud, les crat~res et les caness'y rencontrent encore nombreux, mais tendent à serar~fier vers le Sud. Du cat~ Karthalien les coul~esactuelles, de la m&me façon que dans le Badjini, onttout recouvert de leur flot. Quelques coul~es actuellesissues essentiellement de fissures, sises à mi-pente duversant occidental, sont descendues vers la mer qu'ellesn'ont pas toujours atteinte.

    Au Nord, le relief du plateau de Diboini est structuralcomme celui de la Grille, structural comme celui duKarthala au Sud. Le sol y est inexistant sauf au fonddes crat~res ou des petites d~pressions entre les som-mets arrondis que l'on rencontre dans sa partie Sud,dans ces creux un peu d'argile permet quelques cultures.Partout ailleurs ce ne sont que dalles basaltiques etterrain in~gal da aux laves scoriac~es.

    Le Karthala dans son actuelle extension a recouvert par-tiellement le plateau de Diboini et provoqu~ quelques~missions de laves d'arri~re-garde sur les pentes dela Grille ; il a surtout enfoui enti~rement le Karthalaancien que l'on devine plus que l'on ne le voit, d~bord~sur le Badjini et hauss~ l'entassement de ses d~jectionsde toutes sortes jusqu'à 2.367 m~tres.

    Son allure g~n~rale et son ~normit~ ont d~jà ~t~ dite§il est n~cessaire, pour clore cette description de laGrande Comore, d'en connaître les paysages. Ils sonttous identiques à cause de leur commune mesure : ba-saltes, scories et, en de rares endroits, d~pats depouzzolanes ; et tous diff~rents : selon leur altitude,leur orientation, et la pente sur laquelle ils s'or-donnent. On peut les classer selon cinq cat~gories :

    • la plaine cati~re,• les versants occidental, oriental etm~ridional,

    • les paysages de haute altitude,• le versant Nord,• la caldeira sommitale.

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  • 111111111111111111111

    JJ.

    La plaine côtière qui atteint son plus grand développe-ment en profondeur entre Moroni et Salimani, puis va serétrécissant jusqu'à Sangani, est subhorizontale. Sonplancher est fait de scories en surface, mélangés à dela terre sur une épaisseur de J à 5 mètres, puis de ba-saltes et de scories alternés (8).

    Le rivage est souvent rocheux, creusé de quelques baies(Iconi, MIBachilé), de quelques cirques (Salimani) et decalanques ; on trouve également à plusieurs centaines demètres à llintérièur des terres de l'eau de mer qui s l in-filtre à marée haut8 par des fissures, et qui est acces-sible par des puits naturels. Ces puits se retrouventd'ailleurs dans toute l'île et son appelés "Foumbou".

    Cette plaine côtière est très cultivée, cultures vivrleressous la cocoteraie et plantations d'Ylang Ylang essentiel-lement malgré une absence très caractérisée de sol sur degrandes surfaces. Quelques cratères dominent, principale-ment le cratère strombolien, magnifiquement conservé deMoindzaza, près du village de M'Bachilé et celui deN'Goumi qui forme un promontoire surp10IDoant la mer d'unefalaise d'une centaine de mètres de puissance à l'abri delaquelle s'étend le village d'Icoui. Ces deux cratèressemblent être parfaitement indépendants du Karthala.

    Cette plaine côtière a probablement une origine récente.Elle aurait émergé par suite de l'accumulation de projec-tions et d'émissions actuelles du Karthala qui auraientainsi fossilisé des hauts-fonds corallifères éventuelsconstruit en bordure du Karthala ancien. En effet, contrai-rement à la plaine côtière qui se développe au pi~de laGrille, celle-ci ne se présenœpas comme un glacis à l'in-clinaison très faible, mais comme une étendue rigoureuse-ment plane et située à quelques mètres seulement au-dessusdes hautes mers. Cependant les sondages profonds de 20 à40 mètres, effectués quelque peu en retrait de la côte ilest vrai, ce qui empêche les conclusions définitives, nemontrent aucune trace de coraux pris dans les laves ou en-sil é s sous elles (9).

    -----------------------------------------------~--------------

    (8) - D 1 après les sondages effectués pour rechercher lanappe d'eau douce lenticulaire.

    (9) - D'après des sondages effectués par le B.R.G.M.

  • Au large de la cate, entre Itsandra et Salimani, existoun récif corallien frangeant à moins d'un quart de milledu rivage et séparé de lui par un chenal d'embarcation.Au-delà de ces récifs frangeants, les fonds augmententbrusquement.

    Au-dessus de cette plaine que quelques coulées inter-rompent de loin en loin, le versant occidental du Kar-thala commence par une brève concavité basale.

    1 C'est toujours le même matériau, laves et scories, quitient lieu de sol, cependant après une pente assez doucemais très chaotique, une première banquette s'élargit dequelques centaines de mètres à la hauteur de la stationagricole de M'Vouni (450 m). Là un sol de terre noire etde cailloux, relativement fertile, a pu se constituer surune faible épaisseur. Cette banquette est non seulementtrès étroite, eu égard à l'importance du Karthala, maisencore très localisée, sans prolongement Nord ou Sud,comme un accident plus que comme une marque morphologique.M'Vouni signifie, à juste titre, "le lieu où il pleut",peut-être faut-il attribuer à une humidité particulière-ment forte et permanente une destruction beaucoup plusrapide des basaltes et l'apparition de terre. Puis jus-qu'à 700 mètres le paysage est fait de chaos, de bosseset de creux, avec dans les fonds plus humides des culturesvivrières. Mais plus au Sud des coulées actuelles considé-rables mettent leur note triste dans ce paysage.

    A l'altitude de Boboni (652 m), une rupture de pente trèsnette indique peut-être que le Karthala ancien avait,comme à la Grille, un plateau sommital à ces altitudes.Cette rupture de pente se situe en fait vers 700/800 mètreset on la retrouve par endroit, jusque sur le versant orien-tal, vers Tsinimoipanga.

    Au-dessus de ces altitudes et jusqu'à 1800 mètres, la fo-rêt couvre les pentes qui, si elles sont plus raides entre800 et 1300 mètres et à nouveau modérées entre 1300 et1900 mètres, demeurent de même composition: basaltes etcheires.

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  • 111111111111111111111

    35.

    Les versants méridional et oriental sont plus abrupts,on y observe malgré cela les mêmes différences depentes aux altitudes analogues. La pente méridionaleest particulièrement encombrée de coulées actuellesqui semblent suivre une direction préférentielle dansl'axe du Badjini, et recouvrent ce dernier massif enpartie, comme on l'a dit. Au pied du versant orientalne s'étend aucune plaine. Par endroit, tout de mêmes'al16nge une mince bande c8tière à la pente doucede ce c8té la forêt monte à 2000 mètres et plus.

    Les versants oriental et occidental sont entaillés degouttières de quelques mètres de large et de profondeur,creusées dans le basalte, qui descendent en suivant laligne de plus grande pente et sont des drains pour lesfortes pluies.

    Le versant Nord n'est qu'un enchevêtrement de couléesqui se recoupent et forment des talus de quelques 3 à4 mètres au-dessus des coulées plus anciennes. Ce sontdans tous les cas des coulées de laves scoriacées colo-nisées de lichens et qui rapp~llent un peu les cheiresauvergnates. Une forêt arbustive et buissonneuse occupeles coulées plus anciennes ce qui donne un paysage trèsparticulier où des lambeaux allongés de forêt alternentavec des flots de laves. Quelques c8nes de scories oude cendres interrompent par endroit le chaos de ce pay-sage désolé.

    Le chevauchement des coulées actuelles y est tel quel'origine de chacune d'elles n'est pas localisable.Elles partent de très haut, plus de 2000 mètres, etdescendent en un éventail qui va s'élargissant pour sediviser en arrivant au niveau de base local du Karthalaactuel constitué par le plateau de Diboini ; une partiedes coulées s'écoulent alors vers l'Ouest, les autresvers l'Est, quelques-unes seulement atteignent la mer.Le contact avec le plateau de Diboini s'établit dans cesecteur au relief très tourmenté, fait de dépressionsinformes et de buttes anguleuses. La forêt et les brous-sailles achèvent de créer ici, entre 800 et 1100 mètres,un monde sens dessus dessous. C'est dans cette zone quese situe le lac dfHantsangoma, seul réservoir natureld'eau douce de Grande Comore. C'est un lac de cratèredont l'intérêt essentiel est de montrer que par llalté-ration superficielle des pouzzolanes les fonds de cer-tains cratères peuvent devenir imperméables assez rapi-dement, surtout si l'homme y aide.

  • 36.

    Aucune activit~ volcanique ne se manifeste sur lesflancs du Karthala à l'exception de celle, sporadiqueet de peu d'importance, d'un petit solfatare situ~ auNord-Est et à 1000 mètres environ du bord ext~rieurde la caldeira, à une altitude de 2200 mètres.

    Vers 1700/1800 mètres, un replat se d~veloppe tout au-tour du Karthala, bien qu'en partie effac~ par endroit,surtout au Sud. Ce replat a, tout au moins vers la"Convalescence", une profondeur de 200 à 400 mètres;

    -le sol en est peu chaotique, on y trouve m3me de laiterre. La for3t atteint là sa limite sup~rieure. Onpourrait penser qu'il s'agit de l'amorce du plateausommital typique des dômes hawaïens, mais la pentereprend presqu'aussitôt plus abrupte que pr~c~demment.Le sol, à partir du bas de cette pente jusqu'au bordde la caldeira, est couvert de scories, de pouzzolaneset de lappili ; les cendres apparaissent de plus en,plus ~paisses à mesure que l'on approche des 2200 mé-

    'tres, c'est à cette altitude que le plateau sommitalcommence. Plus qu'un plateau, c'est bien le sommet

    'd'un dôme, dont le toit est d'ailleurs effondr~ etfait place à une caldeira elliptique dont le grandaxe, orient~ Sud-Nord, a 3200 mètres.

    Cette caldeira (10) est le fai t d'une coalescence demultiples cratères d'explosion diff~rents. De son ori-gine complexe, elle a h~rit~ des formes emboit~es.Elle est couverte superficiellement de cendres et depouzzolanes. On l'aborde g~n~ralement par l'extr~mit~Ouest qui est l'aboutissement d'un sentier venant deBoboni par la Convalescence. L'abord de ce côt~, commeaussi au Nord, en est facile, partout ailleurs on arri-ve au bord d'une falaise ayant des parois de 50 à 100mètres. Le fond de la caldeira s'étage sur plusieursniveaux. Le premier niveau est le reste d'un cratèred'explosion suspendu au-dessus d'un cratère plus jeune,lui-m3me perc~ de deux chemin~es.

    (10)_ On lira avec int~r3t la description du Karthaladans l'article de A. Lacroix: "Le volcan actif de laR~union et celui de la Grande Comore". Paris. GauthierVillars - 1938 - 57 pages. Lire aussi l'article deR. Battistini - op. cit~.

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  • 111111111111111111111

    GRANDE COMORE. Plage collienne en premier plan; en second plan pente occidentale du

    plateau de Diboini et en arrière plan le Karthala .

    GRANDE COMORE. Le Choungou -Chahalé : au premier plan à droite le plancher de la

    caldeira et le pit-crater; on remarque les alternances de cendres et de laves (ou scories ou

    ~asaltes)Inscrits dans les paroies , les cônes de déjections, les différents étages qu'a eu le

    fond du pit-crater (rell~f résiduel) le culot qui colmate un ancien puits; à l'arrière plan

    bord de la caldeira.C LICHES DE L'AUTEUil

  • 3S.

    Au premier niveau on peut voir des traces de ruissel-lement et même l'embryon de lit du torrent que lIontrouve dans la forêt le long du sentier usuellementemprunté entre la Convalescence et Boboni, et qui enatteignant la plaine côtière se perd dans les "Foumbou"au Sud du cratère strombolien de Moindzaza. Au Sud-Ouest, une petite cuvette au fond herbeux en saisonsèche, sous l'eau en saison des pluies, draine unebonne part des eaux de ruissellement. Cette cuvettenia pas d'écoulement extérieur, l'eau siinfiltre len-tement.

    Le fond du grand cratère est tapissé de sables volca-niques, de blocs anguleux provenant de projections, descories plus ou moins remaniés qui forment des amoncel-lements déjà conséquents en bordure du "pit-crater"Nord,le Choungou-Chagnouméni, le seul qui manifeste encoreune certaine activité (éruption brève de type strombo-lien le 13 Juillet 1965) et, au Nord-Est, de couléestrès récentes et de faible importance, brisées en chaos.

    Deux cheminées s'enfoncent dans le plancher du cratère,La cheminée Sud, le "Choungou-Chahalé" est une coales-cence de plusieurs "pit-craters" dont certains sont enpartie détruits, d'autres complètement, leur trace ce-pendant demeure sur les parois actuelles de la cheminée.C'est un gouffre composite dont le fond se situe à troisniveaux différents au moins. La profondeur de cette che-minée est de 300 mètres, son diamètre supérieur de SOOmètres. On voit très bien sur ces parois l'alternancedes dépôts des éruptions successives; les bords, sur-tout à l'Ouest, sien éboulent constamment.

    Au Nord du "Chougou-Chahalé", le "Choungou-Chagnouméni"est bien différent. Crest un "pit-crater" parfaitementci~culaire profond d'une cinquantaine de mètres et de200 mètres de diamètre. Le long de ses parois des fume-rolles de vapeur d'eau, plus ou moins abondantes, slé-lèvent en permanence, Le fond est de laves figées. Par-fois quelques vapeurs sulfureuses s'en échappent commeje l'ai constaté dans la semaine qui a suivi sa dernièreéruption. Entre le fond et les parois existe comme unesorte de rimaye et les variations de niveau son possi-bles. Si lion consulte des photos aériennes d'il y aune quinzaine d'années il semble que ce niveau ait remon-té depuis,

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  • 111,1

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    GRANDE COMORE.

    Solfatare situé vers 2100 à 2200 m. d'altitude, à

    un kllom.tre environ (lU nord de la bordure de la

    caldeira.(photo prise la veille de l'éruption de juillet 1965 )

    CLICHE PH. BALLAN

  • 40.

    Ll~ruption de Juillet 1965 fut sans grande import~nce ;elle s'est traduite par une colonne de gaz et de cendresde plusieurs milliers de mètres qui s'est ~panouie trèsvite en champignon, puis fut masqu~e par l'abondantecondensation de vapeur d'eau qu'elle avait provoqu~eet par le projection de scories sur une aire de cinqkilomètres de diamètre, Une coul~e de laves fluidessl~coulait en même temps d'une fissure situ~e entreles deux cheminées, dans la plus grande des deux, Unesecopsse à peine sensible à Moroni a accompagn~ cette~ruption.

    Les parois de la caldeira perdent de leur puissance etmême s'effacent au Nord et au Sud du grand axe de l'el-lipse qu1elle forme. Cet affaissement est relativementbrusque et paraît bien être le fait d'une faille. Faut-il la rattacher à lleffondrement qui a donn~ naissanceà la caldeira, la forme elliptique ~tant souvent li~e àde pareils mouvements tectoniques lin~aires ? Y a-t-ilune corr~lation entre cette faille vraisemblable, cellequi affecte la partie Nord de la côte Est, la directiong~n~rale de la Grande Comore, llorientation g~nérale desfissures que soulignent les cratères de la Grille et duplateau de Diboini, on ne saurait l'affirmer, mais lesprobabilit~s sont grandes.

    En outre au contact des parois et du plancher de lavessolidifi~es du puits encore actif, au contact du plan-cher de la caldeira et de sa paroi, tout au moins danssa partie Nord, existe une rimaye. Dans les deux CasOn a llimpression d'un bouchon enfonc~ dans le goulotd'une bouteille au diamètre très l~gèrement sup~rieurà celui du bouchon

    Llactivit~ volcanique du Karthala, on vient de le dire,n'est pas close actuellement; cependant il semblequ'une p~riode de semi-repos commence la dernièrecoul~e certaine avant la minuscule de 1965 date de 1918.Le souvenir des ~ruptions du siècle dernier reste cepen-dant vivace dans la tradition orale des Comoriens vivantsur les pentes karthaliennes et bien des habitantsd'Anjouan se souviennent de ce qu'il y a encore quelquesann~es on pouvait voir au soleil couchant "l'arbre d.uKarthala" comme on d~signait alors le panache qui lecouronnait (11). .

    (1~)- Je nIai cependant pas pu savoir si ce panache ~taitda à des manifestations karthaliennes ou à d.es vapeursde condensation atmosph~rique particulièrement fournies,

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    41 •

    Il n'est pas ais' de connattre la fr'quence des secoussessismiques, aucun appareil enregistreur n"tant en placepour les comptabiliser. D'ailleurs, à cause de la texturemême du dame, les ondes des secousses se perdent tr~svite; en effet aucune coh'sion n'existe entre les rochesentass'es et, le contact entre elles 'tant tr~s lâche, lesondes de choc se dispersent sur quelques kilom~tres. Faut-il rattacher cependant à celles-ci la croyance qui a coursdans le Badjini de Djinns parcourant le pays la nuit etcontre lesquels on se prot~ge par des cordes tendues toutautour de nombreux villages ?

    Cette texture tr~s lâche est aussi responsable de l'infil-tration imm'diate des eaux de pluie, de leur absencedr'coulement et donc de l'absence totale de cours d'eaup'rennes en Grande Comore, ainsi que de la disette d1eaudouce en saison s~che. Le peu de pouvoir 'rosif des pr'-cipitations, par ailleurs consid'rable, est 'gaIement daà cette structure de l'tle.

  • MDHELIGEOLOGIE

    SOURCES: MM. de SAINT-OURS et PAVLOSKY

    11/"1/1

    ~:~/~::J;;,scories et tufs pouzzolaniques dominants

    ~ laves à faciès basaltique de la phase intermédiaire

    [[[]JJ laves à faciès basaltique de la phase inférieureIl laves pa,phy,;ques mélana"a'es Ô~~ ré ci fs cora lliens 01!!!!!!!!!!!!!!2!1ij'iiiiSiiiiiiiiiiiiiilS!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!l!!!!O;km

    111111111111111111111

  • 1

    1111111111111111111•

    MDHELIHYPSOMETRIE

    D < 700m.D 700m.D SOOm.D 300m.D 200m. 11'(\"

  • MDHELIMORPHOLOGIE

    rivière pérenne

    lac de cratère et cratère conservé

    vallée encaissée

    ligne de crète

    côte rocheuse

    côte basse

    rebord de plateau

    I"t'~~ 1,. récifs coralliens

    111111111111111111111

  • 111111111111111111111

    4~.

    Mohéli

    C'est la moins étendue, la moins peupl~e, la plus ignor~pdes lIes Comores. Elle a 30 kilomètres dans sa plus grandelongueur et 12 kilomètres dans sa plus glande largeur. Sasuperficie est de 290 kilomètres carrés, elle se situe auSud-Sud-Est de la Grande Comore. Elle s'allonge Nord-Ouest -Sud-Est et a une forme de massue, ou de raquette, courte etépaisse. C'est ainsi qu'on la découvre des longs courrierspassant à son zénith.

    Elle s'organise à partir d'une arête axiale qui culmine à790 mètres et dont les versants, très abrupts sont entail-lés de nombreux torrents. La disposition de ceux-ci etl'étroitesse de la crète, non seulement justifient, maisdavantage imposent, l'expression d'arête axiale. Cettearète est la charpente d'un massif volcanique, couvertde forêts denses, difficilement pénétrable, limité auNord-Nord-Est par une côte basse et rectiligne aux plagesde sables noirs, à l'Ouest et au Sud par une côte relati-vement découpée, accore en de nombreux points, basse en denombreux autres, notamment aux embouchures des rivières.Ce massif s'étend sur 200 kilomètres carrés environ etcomprend les deux tiers, l'occidental et le central, del'lIe. Il se prolonge par une dizaine d'llots presquetous orientés Nord-Sud, dont certains culminent au-dessusde 150 mètres, l'un d'eux atteignant même près de 200mètres (195 m Ouénéfou) et s'étendent sur des longueursde plusieurs kilomètres.

    Un plateau d'une altitude moyenne de 250 à 300 mètres, leplateau de Djandro, constitUe le dernier tiers de Mohéli,le tiers oriental. Sa partie haute, relativement plane,occupe environ trente kilomètres carrés, ses versants trèsdisséqués par des ravins innombrables, lits de torrentstaris pour la plupart en saison sèche, cinquante kilomètrescarrés environ. Le raccord avec la côte se fait par unepente presque toujours forte. La côte elle-même assezmassive, accore par endroit, est ailleurs bordée de petitesplages de sables coralliens, mélangés très souvent à dessables volcaniques qui en atténuent l'éclat, et de galetsen bordure des embouchures.

  • 1

    1MDHELI 1

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    Ces deux régions de Mohéli correspondent à deux phasesvolcaniques distinctes : la phase volcanique inférieureresponsable de la chaîne centrale et de son prolongementoccidental ainsi que des îlots de Nioumachoua ; la phasevolcanique intermédiaire qui a donné le plateau de Djandro.

    Cette double origine est soulignée éloquemment par lamorphologie.

    - la chaîne centrale. Orientée très précisément Nord-Ouest -Sud-Est, elle est formée comme on vient de le dire, d'unearête très aigüe et de versants descendant vers le Nord-Estet le Sud-Ouest. L 1 arête axiale se situe presque tout dulong au-dessus de 500 mètres et culmine à 790 mètres. Lesversants sont dissymétriques par rapport à cet axe, ceux duNord-Est se développant sur une plus grande largeur. Lesraideurs des pentes sont cependant sensiblement identiquesde part et d'autre de la ligne de crêtes, mais tandis quecelles dirigées vers le Sud-Ouest sont fortes (10 degrés ~nviJenviron) et régulières, prolongées parfois par une petiteplaine de faible profondeur, cellœdirigées vers le Nord-Est,qui ont aussi une inclinaison de 10 degrés, sont coupées depaliers et toujours prolongées par une plaine côtière de 2à 3 kilomètres de profondeur.

    En outre, ltarête axiale sommitale se trouve en bordureSud-Ouest des parties hautes du massif.

    Les îlots de Nioumachoua, la moindre extension des versants,Sud-Ouest, la dissymétrie de ces versants, dénoncent unaffaissement vers le Sud que confirme la morphologie dedétail. Ainsi cet affaissement se traduit également par unecôte Sud relativement découpée, alors que celles qui re-gardent plein Ouest et vers le Nord-Est ne le sont guère.

    L'allure très jeune du terrain s'explique par le travaildu ravinement "guIly-érosion", et de l'érosion torren-tielle, qui, malgré la forêt, est très active comme entémoignent les petites plaines côtières peut être enpartie d'origine tectonique mais aussi fruits de l'éro-sion et du remblaiement alluvial, au point que versFoumboni, par exemple, les rivières creusent leur lit enpartie dans leurs propres alluvions.

  • 48.

    Au Sud, ce phénomène est encore plus accentué, la rivièredu village de Drondroni-Foungué en est une illustration.

    Ces rivières, ou plutôt ces torrents, partent tous de quelquesdizaines de mètres en-dessous de la ligne de crêtes. Ellescreusent de profondes vallées (300 à 400 mètres de hauteurde versants) s'ordonnant dans une direction orthogonale àl'arête axiale que forme cette ligne de crêtes. Leur réseauhydrographique est des plus simples : un bassin de récep-tion de quelques kilomètres carrés pour les plus importants~n chenal d'écoulement au profil transversal habituellementen "V" très fermé, presque rectiligne, parfois même engorges, long de un à cinq kilomètres, un cône de déjectionen conséquence. Aucun n'a atteint un profil dit d'équilibre.

    "GuIly-érosion" et ruissellement torrentiel ont donc disséquéla chaîne centrale, dégageant des contreforts étroits quis'articulent sur l'arête axiale donnant un paysage de longséperons séparés par des ravins considérables. Quelques som-mets ont une allure plus massive tels le "Ouongobabounou" etsurtout le "Kibouana", ce sont des plexus d'où rayonnentde puissants contreforts.

    Au piedmont s'étalent quelques plaines dont on vient de direqu'elles étaient en partie alluviales. Il est intéressant denoter qu'on les trouve tout au long de la côte Nord qui estbasse et rectiligne, tandis qu'à l'Ouest elles sont inexis-tantes, au Sud-Ouest et au Sud, très compartimentées. Leurabsence à l'Ouest s'explique par l'allure de l'île; eneffet la chaîne centrale doit s'y prolonger sous le niveaude la mer. Au Sud-Ouest et au Sud, l'affaissement a pu pro-voquer l'immersion d'une plaine côtière éventuelle ou bienpar suite de la variation du niveau de base l'érosion n'aurapu construire que de petits estuaires ennoyant le coursinférieur, si bref, des torrents, mais ceci n'est que purehypothèse. On y trouve cependant quelques petites plainesau débouché des courtes vallées les plus importantes parleur développement et le torrent qui les creuse. Les allu-vions y forment un sol rouge, épais de plusieurs mètres parendroit, ainsi que dans les plaines de Drondoni~Foungué etde Nioumachoua, ce qui milite également en faveur d'unaffaissement provoquant une rupture du profil supérieur descours d'eau accompagné d'un dépôt de leur charge.

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    D'ailleurs cet affaissement lent a permis parallèlement laconstruction de récifs frangeants que l'on retrouve peu ouprou autour de Mohéli. mais qui sont plus conséquents lelong de la côte Sud.

    Le sol de la chaîne centrale est originellement fait de lavesà faciès basaltiques en coulées superposées avec assez peu descories et de projection mais, par endroit, des laves por-phyriques mélanocrates et sur les plaines côtières du Norddes dépôts épais de pouzzolanes consolid:ées en tufs assezrésitants qu'il faut attribuer à la phase volcanique inter-médiaire comme la formation du plateau de Djandro. Cesroches sont altérées en surface ; elles ont donné principa-lement des argiles rouges concentrées dans les plaines etaussi des argiles blanchâtres ou grisâtres. Les formes vol-caniques originelles ont disparu.

    - Le plateau de Djandro

    Il n'en est pas de même du plateau de Djandro, beaucoup plusrécent. Quatre aspects du paysage lui sont caractéristiques :

    la forme générale du relief ;l'existence de certaines formes volcaniques originelles;

    • le sol dans la localisation, la fréquence de ses colora-tions ;le réseau hydrographique ;

    ce qui se traduit par une occupation humaine différente.

    - la forme générale du relief contraste avec celle de lachaîne côtière, ici on est en présence d'un plateau massifde faible altitude, entre 200 et 300 mètres en moyenneo,atteignant exceptionnellement 391 mètres et 384 mètres surl'arête de deux remparts de cratères encore bien conservés.Les accidents de terrain y sont dûs :

    • à des formes structurales bien conservées, tel le cratèrede Ouhoni ou celui de Kirimani, ou moins bien conservéesqui sont à rapprocher de celles du Badjini, cônes en partdétruits mais encore "reconnaissables"

  • 50.

    • à l'érosion, notamment au travail des torrents quicreusent les versants de raccordement avec la mer et quipar l'agrandissement progressif des bassins de réceptionde deux d'entre-eux, partagent le plateau proprement diten deux zones d'inégale extension: à l'Ouest, une zonemassive s'appuyant plus ou moins à la chaîne centrale,c'est le secteur le plus important du plateau, à l'Estune zone en grande partie détruite par le même phénomèned'agrandissement du bassin de réception et du recul destêtes de vallons.

    Il semble, en outre, que la rivière la plus longue deMohéli, la rivière "Maodjani", qui devient dans son coursinférieur le "M'Ra" "Gnombeni", c'est-à-dire "la rivièrede l'endroit où il y a des boeufs", qui a un bassin deréception modelé par un chevelu de petites vallées et quitire sa substance, pour le principal de ses eaux, de lachaîne centrale, ait profité d'une zone de contact entrecette chaîne et le,plateau pour y creuser son lit.

    Les versants du plateau de Djandro sont donc très feston-nés par le réseau hydrographique bien que le matériau de sesversants soit insuffisamment altéré pour permettre un ruis-sellement pérenne, car les infiltrations y demeurentconsidérables et les précipitations y sont moindres quesur la chaîne centrale. Ces versants ont une grande exten-sion surtout à l'Est et au Sud-Est, à la pointe la plusétroite de Mohéli. Ils sont très abrupts dans leur partiesupérieure mais s'adoucissent dans le bas; on trouvequelques cascades qui accusent la raideur des versantssupérieurs. Là encore, les formes volcaniques demeurent,plusieurs cratères dont l'un occupé par le lac Boundouni,sont très reconnaissables.

    La toponymie vient d'ailleurs confirmer la présence decette forme volcanique si fréquente aux Comores, ainsi ontrouve le relief de Chongodjoua que l'on pourrait tra-duire par le "trou" ou le "cratère perché".

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    51.

    Aucune plaine côtière ou de piedmont ici, pas d'allu-vionnement considérable, les versants arrivent jusquràla mer. Quelques plages se nichent au fond de criques,De sables noirs et de galets, la côte est rocheuse parendroit, surtout au Nord et au Nord-Est. Un lido tendà se former à l'Est du petit village de Sambia.

    Le plateau de Djandro est fait de laves à facies ba-saltiques qui n'apparaissent pas en surface, cachéesqu'elles sont par un dépôt de tufs pouzzolaniques etpar des argiles rouges. L'imperméabilité du plateaun'est pas partout identique, cependant, l'eau n'est pasloin et des puits ont été creusés pour l'alimentationdes villages. Il y a même entre Wanani et Kangani unpetit étang au niveau variable. Les sols des versantssont généralement grisâtres ou jaunâtres et moins fer-tiles que ceux du plateau, probablement parce que pluslessivés et moins altérés.

    En bref, Mohéli a trois sortes de relief:

    la chaine centrale couverte de forêts et peu peuplée• le plateau de Djandro, fertile, assez peuplé, et ses

    versants ;• les plaines côtières, chacune colonisées par un, deux,

    ou plusieurs villages.

  • AN.JCUANGEOLOGIE

    SOURCES: MM. deSAINT-OURS et PAVLOSKY

    /~:III;?/~"'?","" scories et tufs pouzzolaniques dominants

    ~Iaves à faciès basaltique de la phase intermédiaireITIIJJ laves à faciès basaltique de la phase inférieure

    laves porphyriques mélanocrates

    tufs trachytiques récents

    I,,"~-l,. récifs coralliens

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  • 111111111111111111111

    AN.JOUANHYPSOMETRIE

    0 ~< 1500m.D 1500 m.D 1000 m.D 700 m.D 500 m.D 300 m.D 200 m. I~~"~I récifs coralliens

    ,.,km6D 100 m. ~ lac, tours d'eau 0 2,5 5i

  • I,,""t'1récifs coralliens

    AN.JOUANMORPHOLOGIE

    11111

    t""'~ ") 1 1\j

    1J/01,1111111

    ........

    11111

    10kmÔ 10 2,5 51

    1

    vallée encaissée

    rivière pérenne

    ligne de crète

    cratère conservé

    abrupt rocheux

    côte rocheuse

    côte basse

    pente subvertlcaleDE3 ligne de fracture possibleB alignement de cratères

  • 111111111111111111111

    Anjouan

    Vue de très haut et normalement à son centre, sa formegénérale est celle d'un triangle. Lorsqu'on la survole,puis la contourne à faible altitude, on découvre un massifévidé en son centre et qui pousse des tentacules au Nord,au Sud et à l'Ouest. Sa superficie est de 424 kilomètrescarrés. De son centre géométrique que l'on peut situer àpeu près au sommet du pic N'Tingui, plus haut point del'île culminant à 1595 mètres, à l'extrémité de ses troispointes les distances respectives sont :

    · jusqu'à l'extrémité de la pointe de Nioumakélé, de22 kilomètres ;· jusqu'à l'extrémité de la pointe de Sima, de 25 kilomètre~· jusqu'à l'extrémité de la pointe de Jimilimé, de 17kilomètres.

    Enfin, de Mutsamudu, chef-lieu de l'île situé au fond d'unebaie entre les presqu'îles de Sima et de Djimilimé, àDomoni, deuxième ville d'Anjouan, qui s'élève sur la côteEst, la distance est de 18 kilomètres environ, et entreMutsamudu et Bambao, également sur la côte Est, de 14kilomètres.

    C'est une île de peu d'étendue, pourtant, parmi les îlesde l'archipel, elle a le deuxième rang dans l'ordre d'im-portance, et ceci par son extension, son économie, sapopulation.

    Malgré l'étroitesse et le développement de ses presqu'îles,surtout de cell~ de Sima, l'aigüde ses pics, la bruta-lité de ses pentes, les énormes -dénivel~ qui caractérisentsa morphologie, la côte apparaît peu découpée, rectilignesur de longs segments et massive en de nombreux points.

  • AN.JCUAN

    .. -S",""'-OU.CL)~_-c,' ... ql'Q. d. ~Q..,b..c>M'TolAWù

  • 111111111111111111111

    57.

    Le relief s'ordonne à partir d'un massif central diss~qu~,aux arêtes vives, à l'architecture puissante, qui secomplète de trois reliefs orient~s plein Nord, plein Sud,et plein Ouest, formant contraste avec lui par leurmassivit~.

    Ainsi, deux sortes de relief coexistent: un relief auxformes très aigües, en partie d~truit pour des causesmultiples; un relief lourd, plus jeune,que l'érosionsurtout torrentielle a déjà quelque peu remodel~.Le premier, celui du massif central, se rattache à laphase volcanique inférieure, le second est imputable àla phase volcanique intermédiaire. Anjouan a connu lesmêmes phases de formation et d'érosion que Mohéli.

    - Le massif central

    Il occupe la partie centrale d'Anjouan et en possède lesplus hauts sommets, son extension est d'environ 220 kilo-mètres carrés, ses pentes les plus abruptes sont couvertesde forêts ou sont de roche nue.

    Deux aspects le caractérisent

    des arêtes aigües orientées selon trois directions privi-légiées : Nord-E~t pour la crête la plus puissante quiporte le pic N'Tingui duquel le massif tient son nom;Sud-Ouest - Nord-Est, orthogonale à la première, pourdes éperons extrêmement puissants, également, qui serventen quelques sorte de piliers de soutènement aux picsN'Tingui et Trindini, comme pour l'étroite crête quirelie le N'Tingui au N'Gouniya~ N'Gnomb~ (1042 m) ets'abaisse jusqu'à 700 mètres en sa partie médiane; Est-Ouest pour quelques autres arêtes. Ces arêtes sont leslimites des bassins de réception et de chénaux d'écoule-ment presque rectilign~ creusés en très profonds ravins,des rivières torrentielles qui dévalent des hauteurs,elles s'~largissent généralement en patte d'oie à leurextrêmité.

    Les chenaux rectilignes peuvent être le fait d'un écou-lement par gravité de l'eau tombée, ma~peut-être faut-il y voir aussi la trace de fissures ou de cassuresqU'auraient utilisées les cours d'eau initialement.

  • r

    ANJOUAN. La baie entre les paintes de Jimilimé et de Sima j au fand Mutsamudu et le

    massif N'Tingui. Remarquer les rivières encaissées ,celle de Mutsamudu notamment

    (M'Ro Oi Mutsamudu) , les pentes abruptes très entaillées, la côte sans plaines littorales

    et l'absence de végétation sur les pentes.

    ANJOUAN. Le cirque de Bambao-M'Touni et le village de Tsimbéou. On remarque les gorges

    de la Tatinga . Au centre du cirque des bâtiments blancs de la «Bambao», à gauche le village de

    Chandra • Les pentes du N'Goniyagnombé, qui porte la route, cachent le village de Dindi j au

    fond les pentes du N'Tingui ,le pic est caché dans les nuages. Remarquer aussi quelques

    petites terrasses anti-érosives au-dessus de Tsimbéou.

    CLICHES DE L'AUTEUR

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    59.

    • ~Le.s cirques, dont les uns de dimensions considérablespour une île de si faible étendue, se trouvent à des al-titudes n'excédant pas 500 mètres, les parois qui leslimitent étant les versants du massif central, et dontles autres moins vastes, sont parfois perchés à 700 ou800 mètres.

    Comme à Mohéli, le ravinement, "gully erosion", et l'érosiontorrentielle sont très marqués ; il suffit de longer Anjouanà quelques milles de sa côte Sud-Ouest, à une heure où lesoleil, déjà bas sur l'horizon, accuse les formes par lescontrastes des zones d'ombre et des zones lumineuses, pouren être immédiatement persuadé. Cette érosion est surtoutspectaculaire dans ses manifestations quand on se trouveprès dfune rivière lors d'une forte pluie de Janvier oude Février; la rivière est alors brun-r