Architecture islamique Paradigmes et leitmotive

Cours 1 - Séances introductives Omar Hassouni

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Confucius a dit à peu près ceci : quand on rencontre une grande difficulté, il faut d'abord commencer par définir les mots ; lorsque le problème devient encore plus ardu, il faut définir davantage les mots

Architecture

Architecture I

– Trois types de définitions semblent se partager l'explication de ce concept : les définitions plus ou moins formelles et reflétant le discours dominant, les définitions factuelles et les définitions proposant de nouvelles intentionnalités (par exemple : vers une architecture)

–Définitions discursives :

• « Elle doit établir le compromis nécessaire entre le fonctionnel, le social, l'esthétique, etc. » (Mounassir)

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Architecture II • « L'architecture est la connexion de la science et de l'art. Elle joint l'utile à l'agréable. L'homme y vit, donc elle répond à ses besoins en utilisant les techniques de la construction. » (Slimani)

– Définitions « factuelles » • « Traduction spatiale d'un besoin humain, elle permet à l'homme d'exercer ses activités (contenu) dans un cadre (contenant) protégé et intimisé » (Mounassir)

• C’est une formulation spatiale du cadre de vie physique d’une société dans une période donnée

• L’architecte, sur le plan méthodologique, utilise une pléthore de sciences et de techniques (définition de l’architecture par l’architecte) 4 Catégorie

Catégorie I

–Ensemble composé d’éléments ayant des propriétés considérées comme communes relativement à une perception, à une vision ou à approche donnée

–La catégorie est le résultat d’une classification et d’une répartition d'éléments en ensembles homogènes selon des critères donnés 5

Catégorie II

–« Elle est le résultat de morcellement et de différenciation » (Addarkaoui)

–C’est « une sélection fondée sur des critères de choix », cette sélection est ouverte, en ce sens qu’elle permet d'adjoindre tout nouvel élément obéissant aux mêmes critères qui ont permis sa nomination (Slimani)

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Catégorie III

• Sur un plan « procédurier » : – l’établissement de catégories « aide au classement suivant un ou plusieurs critères d'éléments ayant des points communs. » (El Arari)

– il s'agit de classer les éléments de même nature ou de même caractère ; « cette nature et ce caractère serviront (généralement) de nomination pour la catégorie »

7 Architecture ‘islamique’

Architecture ‘islamique’

• Islamique, introduit une catégorie dans l’architecture ;

• Cette catégorie renvoie à des critères de classification de type :

– Religieux

–Géographique

–Culturel

– Historique Réalité

Réalité I

• C’est un donné, parfois palpable, que nous approchons ..

– pour le connaître

– pour l’investir et le transformer

• « Il s'agit d'un plateau sur lequel sont exposés expressément les faits » (Benzakour)

• Il est impératif de disposer d’une grille linguistique pour formuler notre connaissance de la réalité et pour la transmettre

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Réalité II

• ...

– En effet, je ne peux pas la connaître -une connaissance rationnelle- directement : la connaissance directe et intuitive est possible mais elle n'est pas strictement rationnelle

–Cette grille linguistique se base sur le réel tel que construit

– Il est nécessaire de disposer d’un langage 10 Le réel

Le réel

• Se construit selon notre vision et sur la base d’une « culture »

• Il est influencé par aussi un modèle de « civilisation » : vision du monde, langue, géographie, système social

• Il n'y a d’approche de la réalité que dans le cadre d’une certaine conception-construction du réel

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Architecture « islamique » ? Art « Islamique » ?

Architecture « islamique » ? Art « Islamique » ?

• Étude d’extraits de textes –Texte 1 –Texte 2

Métaphore I

Métaphore I

– “ La métaphore, selon Aristote, est le transport à une chose d’un nom qui en désigne une autre, transport ou du genre à l’espèce, ou de l’espèce au genre, ou de l’espèce à l’espèce, ou d’après le rapport d’analogie. ”

– Cependant, l’essentiel tient non à la définition formelle de la métaphore comme figure linguistique mais à son usage dans le discours

– La force discursive de la métaphore tient à son pouvoir d’évocation et de suggestion

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Métaphore II

– La métaphore est un procédé discursif qui permet de rapprocher certains ordres ou niveaux de réalité au niveau du langage de manière à produire une image

– L'image mentale obtenue permet de suggérer une continuité entre les deux niveaux ou ordres ce qui constitue le préalable à la transposition analogique des procédures d'argumentation et/ou d'analyse, des catégories et des concepts d'un niveau à l'autre

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Métaphore III

• Quelques exemples : – la ville est vivante (transmission des concepts de naissance, croissance, etc.)

– un livre est une architecture (construction, soubassement, structure, composition, géométrie, symétrie etc.)

– une construction est un livre (lecture, alphabet, mots, etc.)

– l'architecture est un langage (formulation, traduction, syntaxe, syntagme, etc.)

15 Paradigme

Paradigme ??

• Recherche google : architecture islamique

• Présentation en « survol » de types d’architectures islamiques

Paradigme

• « Diverses dans leurs expressions géographiques et historiques, les esthétiques musulmanes présentent néanmoins des traits réguliers et homogènes : une prédominance de la calligraphie, un décor mariant l'épigraphie, la géométrie et la stylisation végétale , une architecture de cours intérieures et de jardins (…) considéré comme un art mineur au XIXe siècle, l'art islamique a acquis droit de cité au cours du XXe siècle.» P. Ringgenberg

Paradigme ?

• Le paradigme de l’architecture islamique est souvent défini par les observateurs, notamment de culture occidentale comme étant le « décor » (Cf. Castéra dans Arabesques)

Une affaire du présent

Une affaire du présent • L’architecte Michael Badu témoigne des dimensions complexes touchant à l’édification

d’une mosquée dans le contexte occidental : « en ce moment je suis en grande partie dans le secteur de la construction de mosquées. Pour les clients, avec des fonds limités, elles sont tout simplement de grands espaces où les obligations importantes (prière notamment – note OH) peuvent être réalisées, pour d'autres elles sont l'expression de leur culture, leur droit à exister ouvertement dans le cadre de la société dominante, non comme un aspect invisible de celle-ci ; pour d'autres encore , les mosquées représentent une érosion de la sacro-sainte identité nationale, et pour d'autres, c'est une façon de montrer aux non-musulmans et aux musulmans et de rappeler que l'Islam a toujours importé sa culture dans les terres nouvellement adoptés, mais a toujours cherché à mettre l'accent sur son universalité en exprimant ses valeurs à travers les nouvelles cultures qu‘il rencontre; là où c’est le plus évident dans la culture de l'Islam, c’est dans son architecture. »

• Les questions de décor sont évidemment très loin de ces préoccupations, et pourtant, il s’agit bien d’architecture « islamique »

• "La connaissance des origines ne pourrait-elle éclairer les tâches du présent?« MUMFORD L.. La cité à travers l'histoire.

Leitmotiv

Leitmotiv

• Le Larousse le définit comme étant une « formule, idée qui revient sans cesse dans un discours, une œuvre littéraire, une conversation, etc. » (et une recherche google ?!)

• C’est aussi un « motif ou thème assez caractéristique, destiné à rappeler, dans un ouvrage musical, une idée, un sentiment, un état ou un personnage. (Wagner en a systématisé l'emploi.) »

• « Wagner, qui conduisit de fait le principe à son apogée, préférait en revanche utiliser les termes de « grundthema » ou « grundmotiv » (thème, motif fondamental). » (Wikipedia)

• Grundmotiv = thème omniprésent

Leitmotive

Partant de cette définition, quels sont les leitmotive (pluriel de leitmotiv) qu’on peut distinguer à travers la lecture de la collection -non aléatoire- d’images qui suit ?

• Architecture islamique ou architectures islamiques ?

• 1

• 2

Nom I

– Le nom propre est « une désignation linguistique, une distinction, une référence, un repère, un accrochage social et culturel qui nous situe dans notre environnement et influence notre évolution au sein de celui-ci » (Bouabid)

– « Appellation qui désigne et identifie quelqu'un ou quelque chose au travers de son caractère dominant ou d'une convention sociale et culturelle pouvant faire office de qualificatif d'interpellation. » (Lemrani)

– Peut être un élément d’une « grille linguistique » 29 Nom

Nom II – « Nous donnons un nom pour identifier, séparer et rendre indépendant (Mounassir), et pour définir (...). Ceci permet d'établir une grille linguistique pour l'expression du réel. » (Slimani)

– « Marque d'existence d'une entité, être, idée, matière, notion, c'est le signe que cette entité a été reconnue, comprise et définie, et qui permet de dire qu'elle est vivante -dans l'ordre du langage et du logos- et qu'elle peut prétendre vivre encore. » (Moutê)

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Nom III

– Rien n'existe et n'est signifiant pour nous s'il n'est nommé, cependant :

– L’aspect positif dans l’institution d’un « nom » : lorsque le nom reflète la réalité et contribue ainsi à son expression et à sa connaissance (ex. d'Abou Jahl-Abou l-hakam)

– L’aspect « négatif » : lorsqu’on approche la réalité à travers des noms au sens « nomiste » ; c'est à dire des « noms » qui ne reflètent pas la réalité ou le réel, et par conséquent nous éloignent d'une véritable connaissance 31 Réductionnisme

Une célèbre parabole indienne évoque les quatre aveugles qui ont rencontré un éléphant ; chacun en a touché une partie ; l’un prétend que l’éléphant est une très grande feuille, parce qu’il a attrapé l’oreille de la bête ; celui qui a rencontré une patte prétend que l’animal a la forme d’une colonne ; le ventre fait penser à une immense jarre, la

trompe à un gros serpent

Réductionnisme et totémisme

Réductionnisme et totémisme

– Le totem • selon Hassan Ad-diqa :« le fait que les philosophes et scientifiques positivistes (idéalistes et matérialistes) reconnaissent l'existence d'un lien interactif ou dialectique entre les différents niveaux de réalité, n'empêche pas leurs approches de se heurter à un problème essentiel : en effet, ceux-ci fondent ces approches sur des bases fragmentaires antinomiques et à caractère segmentaire, (…) pour ensuite chercher (ces philosophes et scientifiques) à relier les différents niveaux disparates de réalité et essayer de montrer leurs interpénétrations à partir de se qu'ils conçoivent comme étant une articulation dominante. »

• Cette articulation ou ce concept dominant, prisme à travers lequel passe l’explication, et qui fonde l’analyse et le réel scientifique ou épistémologique est le totem.

• Un des objets de l’Islam est de fournir avec une méthode d’approche permettant de dépasser le totémisme. Ev

iter

le r

éductio

nnism

e ?

Eviter le réductionnisme ? • Eviter le réductionnisme, c’est adopter le sens de la mesure et ne revendiquer ni hégémonie ni universalisme toghyaniques.

• La compréhension du phénomène -philosophie- réductionniste nous permet, non point de le maîtriser, mais de le dépasser

• De cette nébuleuse réductionniste, peut-on déboucher sur une démarche où la linéarité simplifiante et l’analysme seraient absents, l’ordre humain étroit et matériel non exclusif, la discontinuité dans le cadre du tawhid, le merveilleux et le supra-rationnel sous-jacents ?

Un deg

ré tolé

rable

Un degré tolérable de réductionnisme « logique » ?

• De part leurs natures, les sphères humaine et « logique » en elles-même sont réductionnistes

• Pour atteindre un degré tolérable, il faut fonder toute approche de la réalité sur le tawhid et sur une conception globale de la réalité

• Equilibre, juste milieu, justice, modération, responsabilité, complémentarité, unité du discours, du comportement, et du regard, etc. sont des prescriptions pour toute démarche tawhidie

Analyse

Analyse I

– Analyser, c’est décortiquer, décomposer, désolidariser, découper, décrire, etc., dans le but de comprendre et de faciliter la compréhension

– L'objectif de l'analyse est de comprendre un objet en le décomposant en petites parties simples pour les appréhender chacune en elle-même (Addarkaoui)

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Analyse II – Ceci peut se faire de plusieurs manières différentes j’ai besoin d’un principe d’analyse à la base celui-ci ne peut être de même nature (analytique) ou niveau

• On ne peut donc analyser sans principe synthétique

• On ne peut analyser sans point de vue synthétique qui nous donne :

• la manière de mener l'analyse • jusqu’où continuer cette analyse et quand l’arrêter 37

Analyse III

• (sur le plan formel, une analyse ne peut jamais s’arrêter, à moins de convenir de l’arrêter et de nommer la collection obtenue du nom de synthèse)

– L’analyse analyste

• L'anecdote suivante permet d'illustrer l'approche analyste :

– Dans « Les villes invisibles », Italo Calvino rapporte l’anecdote suivante :

– « Marco Polo décrit un pont, pierre par pierre : • mais laquelle est la pierre qui soutient le pont ? demande Kubilaï Khan

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Analyse IV

• Le pont n'est pas soutenu par telle ou telle pierre,répond Marco, mais par l'arc qu'à elles toutes elles forment

–Kubilaï khan reste silencieux, il réfléchit puis il ajoute :

• Pourquoi me parles-tu des pierres ? C'est l'arc seul qui m'intéresse.

– Polo répond :

• Sans les pierres, il n'y a pas d'arc. »

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Analyse V – Entre Marco et Kubilaï :

• Marco perçoit l'arc, mais comme résultat, comme sommation, l'arc comme sommation des pierres

• Ce qui intéresse Marco, déjà si moderne, c'est décrire comment, le pont tient

• Ce qui intéresse Kubilaï, c'est comment, et pourquoi, le pont tient

• Il est à remarquer qu'on peut enlever les phrases de Kubilaï sans que le sens de celles de Marco change ou soit diminué (ce qui est révélateur du toghyane analyste et de l'existence de barrières de signification)

• Parallèle entre le pont de Marco et la recherche google

• Parallèle entre deux mosquées : A et B 40

Analyse VI

• Autres aspects de définition :

– « C'est une étape importante dans une approche méthodologique d'étude d'un objet.» (Slimani)

–On peut parler de la « qualité » d'une analyse, du « type » d'analyse, du « contexte » de l'analyse, etc. Elle demeure relative (Slimani)

41 Synthèse

Synthèse I

• Il y a deux types de synthèses ou deux temps dans un processus de synthèse :

– Une synthèse préalable qui permet les opérations d’analyse

– Une synthèse-conclusion (au sens commun du terme : celle que l'on connaît généralement)

– La synthèse-conclusion finale est nécessairement une formulation ; la synthèse préalable peut recevoir une formulation textuelle et peut aussi être strictement intuitive et intellectuelle 42

Synthèse II

– La synthèse est généralement réduite au second type

– Le père Teilhard de Chardin fait remarquer que..

• « la science moderne débouche sur « l'irrésolu », sur l'indéfiniment décomposable. Tout le contraire d'une consistance de fond », ce qui d’ailleurs, selon Teilhard toujours, fait perdre au matérialisme son argument de base

• « ce qui rend possible d'analyser (…), nous dit Teilhard, c'est un « principe ordonnateur », « synthétique » (…). A mesure qu'avance l'analyse, ce « principe ordonnateur » s'évanouit, se fait oublier. » 43

Synthèse III

• Dès lors, affirme Teilhard, « le retournement vers le haut est une redécouverte, une prise de conscience : en somme c'est la synthèse qui permet les opérations d'analyse. »

– Chez le mouahhid, la synthèse des synthèses, la synthèse première, c'est la tawhid

– Selon la conception analyste, un tout provient de la somme de ses parties, or il leur est antérieur, et une sommation de parties ne constitue pas un tout mais une collection ou juxtaposition

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Synthèse IV

• De la science ..

– Selon Guénon, « la science profane » est « essentiellement et exclusivement analytique »

– Le type d'approche synthétique est le seul à même de permettre la connaissance réelle et définitive

• dans la science du tawhid, il n'y a pas que des résultats relatifs, incomplets et susceptibles de changements ultérieurs, il existe aussi des résultats définitifs, non susceptibles de changements ultérieurs

45 Tawhid

Tawhid I

– Selon un homme politique iranien, Bani-Sadr, le tawhid est “unicité, monothéisme, communion, union en tant qu’action et qu’état… Le champ sémantique de tawhid, concept central, ne correspond exactement à aucun de ces termes, il les déborde et les unifie ; ses deux principales dimensions sont : communion au sens mystique, avec soi, avec la société, avec la nature, avec Dieu, et reconnaissance de l’unicité de Dieu qui fonde la communion.”

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Tawhid II

– De fait, le tawhid, “l’unité divine”, selon Garaudy qui poursuit : ”est un acte de Dieu constamment créateur, acte du Prophète qui par sa parole, sous la dictée de Dieu, est non pas unité ou totalité, mais acte d’unifier, acte de totaliser…”

– Le tawhid, c’est avoir la vision active et totalisante du Prophète et de ses compagnons : il est fondement du réel et de toute démarche d’approche, de conception ou de construction du réel

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Tawhid III

– Le tawhid, c’est avoir comme loi d’action découlant de cette vision, la conception que la Loi est l’extérieur et la Foi l’intérieur, une Foi s’extériorisant en loi prophétique, et avoir la conscience poétique et militante qu’il ne peut ni ne doit y avoir de dualité entre les deux

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Tawhid IV

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Dimensions du tawhid CHEZ BANI-SADR CHEZ GARAUDY (1) Unicité Unité divine Monothéisme Acte de Dieu constamment créateur Communion au sens mystique, avec soi, avec la société, avec la nature, avec Dieu

Acte du Prophète

Union en tant qu’action et qu’état Acte d’unifier Reconnaissance de l’unicité de Dieu qui fonde la communion

Acte de totaliser

(1) A noter que la mise en parallèle (en miroir) des idées des deux hommes donne des résultats pour le moins intéressants : en effet, la pensée de Garaudy semble expliquer et continuer celle de Bani-Sadr et vice-versa

Tawhid V

– La dimension intérieure, sans être exclusive, est prédominante chez Bani-Sadr, l’homme politique

– La dimension extérieure, sans être exclusive, est prédominante chez Garaudy, le penseur et le philosophe

– Le tawhid est « action et conviction qui permet de contenir la multiplicité des choses dans l'unité des fins et des principes. Il permet d'établir la force et la cohésion. » (El Moussaoui)

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Tawhid VI

– Le principe du juste milieu permet de poser les bases d’une conception féconde et créatrice du tawhid : l’efficacité créative du principe apparaît dès lors que l’on conçoit que la foi dont il est l’acte fondateur (acte prend ici toutes ses acceptions) s'extériorise dans le monde et le temps en lois, en règles, en modes et en méthodes d’action prophétique

– Le tawhid c’est aussi faire de la réalité divine la référence principielle et finale de toute explication ou interprétation (El Moussaoui)

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Tawhid VII

– Ainsi, plus que fondement du réel, il est vision du réel, et apparaît de la sorte comme possédant la dimension de fondement de toute méthode d’approche du Réel total

• Le tawhid pose comme condition d’approche primordiale du monde manifesté que n’est pleinement réel que ce qui ne peut être vu ni perçu en dehors de sa relation unitive à Dieu

• Une chose n’est réelle que de par et dans le cadre de la relation qui la lie à Dieu, car le monde n'est pas « nature », il est aussi, avant tout et surtout, « création »

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Tawhid VIII

• Reconnaître cette réalité du monde implique de facto que la synthèse première identifiée à cette reconnaissance est indispensable à toute opération d’intervention et de compréhension du réel et partant de toute opération de synthèse secondaire ou d’analyse (cf. ANALYSE et SYNTHESE)

• Le monde est porteur de signification tawhidie • Le tawhid est ainsi le fondement de tout exercice de la rationalité chez le mouahhid

• La prophétie, porteuse du tawhid au monde, investit et réinvente le monde

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Tawhid IX • Dans l’ordre du tawhid, se résolvent les catégories et niveaux de la méthode, de la théorie, des objectifs, des fins, de la stratégie, de l’acteur et du projet. Ceux-ci apparaissent alors comme étant les niveaux d’une même réalité

• Non analytiques mais complémentaires, ils conditionnement et fondent l’irruption créatrice de l’acte humain dans le monde

• L’humaine création est alors principalement un des niveaux de réalisation de “l’acte de Dieu constamment créateur” dans le monde 54

Tawhid X

•Le tawhid est à la base des facteurs essentiels et substantiels des civilisations authentiquement prophétiques : langages, définition du lieu (pour les musulmans omrane et bounyane), mode d’organisation sociale des communautés, temporalité, vision du monde, etc.

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Tawhid XI Cependant :

• Comme toute créature relative et soumise à l’action « dissolvante » du monde, le mouahhid est sujet à des possibilités de dégénérescence de ses forces fondamentales qui forment le support intellectuel et physique de son tawhid • Ceci donne des formes altérées de manifestations du tawhid : pseudo-tawhids non incitatifs, avatars (formes métamorphiques) du chirk

• Le mouchrik, lui, ne peut dégénérer, car son chirk est la dégénérescence absolue

56

Tawhid XII • L’expression linguistique du tawhid, est la Shahadah

• « Il n'est de Dieu que Dieu, c'est, dit Martin Lings, pour le mental une injonction se rapportant à la vérité ; mais pour le cœur et ses prolongements intuitifs de certitude, c'est une synthèse, un Nom de vérité (…). »

• « Cet aspect synthétique se fait sentir même lorsque la Shahadah est prise dans son sens analytique, car la synthèse est toujours présente en arrière-plan, toujours prête, pourrait-on dire à réabsorber la formulation en soi-même. » 58

Tawhid XIII • ...

• « Ainsi, tout en invitant à l'analyse comme c'est son rôle (prophétique, dans le sens où elle invite à investir l'histoire et le monde et évite al bathr), la Shahadah semble, d'une certaine manière défier l'analyse. »

– Il reste à noter que la Shahadah commence avec un mouvement de-la-création-vers-le-sujet, et se termine par un mouvement complémentaire du-sujet-positionné-dans-le-monde-et-en-lien-avec-son-iswah-hasanah vers la-création

59

Tawhid XIV • Noter la différence avec le cogito qui part d'une analyse et d’une juxtaposition analytique (« « je » - « pense » ») et d'un sujet totémisé, un nom, vers le sujet lui-même : un enfoncement dans l'ego préparé par le mouvement négatif vers le monde qu'est le dubito

– Nous préciserons enfin, que le tawhid n’est pas l'opposé de chirk ou son symétrique, parce qu’ils ne sont pas “ comparables ” en ce sens qu’ils ne se situent pas au sein du même ordre de réalité

– Le tawhid fonde le Réel et la signification chez le mouahhid, le chirk fonde l’irréel et la « satanité » (éloignement de la vérité et « destruction » de la réalité) 60 Si

gnifica

tion

Signification I

– La signification est plus générale que le sens

– Une chose est signifiante si j’en saisis l’essence et si elle passe à travers un filtre de critères et de référents (selon une conception du réel)

• En effet, la perception, physique ou non, qui est le préalable à la signification, ne peut pas exister en-soi : je perçois à travers des critères, une « grille signifiante de critères » ; un filtre de conception du monde et du réel, etc. (exemple de la statue/idole, du terrorisme/résistance, etc.)

– La signification se transmet à travers un support concret ou abstrait

61 Sign

ifica

tion et taw

hid

Signification et tawhid

– La signification dans le cadre du tawhid implique qu’un être ou une chose acquiert sa pleine mesure de l’existence d’un cadre global où il se situe et que dessine un rapport unificateur et unitif le liant au Créateur. Ce cadre c’est la réalité divine

– L’absence de ce rapport dans le cadre du chirk, car s’en est la négation, entraîne la mise en place de coupures et de barrières pour la diffusion du sens des domaines du tawhid à ceux du chirk et de ses avatars et inversement

62

Signification III – De part et d'autre de ces barrières peuvent exister des entités linguistiques identiques en apparence mais fondamentalement différentes dans le fond

– La formulation de ces entités linguistiques dans un contexte non tawhidi, leur mise en place dans le cadre de discours, implique que le sens ne prend plus son accrochage dans la réalité unitive et divine, mais dans un monde fictif de pseudo-réalités où le discours s’auto-référence continuellement (nous assistons alors à une « crise de signification ») 63 Réalité

Réalité III • On peut considérer, à titre heuristique, qu’il existe des ordres de réalité recouvrant des entités distinguables selon notre conception du réel ; entre ces entités le tawhid établit une hiérarchie et une forme de continuité

– L'ordre divin (et non pas « Dieu », car Il ne peut être intégré, et donc, limité, dans aucun ordre)

– L'ordre du réel

– L'ordre du langage

– L'ordre de la nature

– L'ordre de la culture

– L'ordre de l'irréel qui regroupe les catégories « sataniques » – etc. 64 Modèle

Modèle I

Chez Platon, le modèle était le “ paradigme ”, la forme idéale sur laquelle les existences sont réglées

65

Modèle II

• à ce sujet il y a un paradoxe qui fait que le modèle technique inverse la situation du modèle platonicien, puisqu’il est réalisation concrète et reproductible au lieu d’être idée réalisable

• Le modèle, comme « module » ne nous intéresse pas

66

Modèle III – Est généralement confondu avec théorie

– On peut considérer que dans le cadre de la science, le modèle est une représentation schématique de la réalité qui permet de l'approcher sur le plan logique

– Le modèle est en fait une projection, dans l’image, des concepts et des lois élaborés par la science

– Le modèle possède ainsi une valeur instrumentale, mais limitative

• le réductionnisme est alors de privilégier l'étude du modèle à celle du réel (car le modèle s'inscrit dans un ordre de réalité défini) 67

Modèle IV – Dans le cadre de l'art et de l'architecture, le modèle est un parangon et un référent pour l'œuvre

– Objet d’imitation, « type », il sert généralement comme base pour la reproduction « paradigmale » voire à l'identique de l'œuvre (mimesis)

– En architecture, tout bâtiment, est susceptible de valoir à son tour comme « modèle » à la fois formel et expérimental pour des productions ultérieures (modèle est ici confondu avec « module »)

– Dans le cadre du tawhid, le modèle est iswah hassanah (modèle sympathique) et/ou référence paradigmale et histoire prophétique, ainsi que des « structures » casuistiques

68 Valeur

Valeur I – Il existe deux sens pour ce terme : la valeur strictement quantitative permettant d'estimer le prix marchand d'un objet (El Arari), et la valeur comme « représentation principielle partagée par un groupe humain » qui permet d'orienter le comportement et l'action dans le monde

– C'est cette deuxième acception du terme valeur qui nous intéresse

– Nombreuses sont les valeurs qu’il ne faut pas appréhender comme de simples concepts (exempe de Bouniane et Omrane) 69

Valeur II

– Une valeur n’a de sens que dans le cadre d’un « système de valeurs »

– Un « système de valeurs » est l’ensemble des attitudes aprioritaires, normées et idéalisées face à l’existence qu’une société propose à ses membres

– C'est le critère d’appartenance à un groupe – Dans les sociétés traditionnelles, le système de valeurs est généralement transcendant et relie « le monde » à un cadre de conception du réel relié au divin

70 Prophétie

Prophétie I

– Actes et discours d’inspiration divine, enseignés par un prophète, ayant pour vocation d'annoncer une vision et/ou un comportement « poétiques » (acte et discours en harmonie avec une conception transcendante de la vie – la vie sur terre est considérée comme étant un acte de réalisation intérieur et extérieur), appelant à un faire ; au sens de reflétant une connaissance fruit d'une conception « unificatrice » et d’une sagesse

71

Prophétie II

• « Ensemble de faits, de dires et d'actions garantissant la bonne interprétation d'un message divin et sa continuation. » (Moutê)

• Elle peut être intégrée dans un couple dialectique problèmes/solution (wahm, jahl, khourafa, chirk/tawhid)

– Avec elle la doctrine et le Verbe divin investissent le monde et l’histoire

– Avec elle, le mythe fonde le logos et l’Ijtihad (effort de projection prophétique dans le temps et l’espace)

– Permet de « paradigmer » les principes doctrinaux et fournit des modèles casuistiques

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Prophétie III

• « C’est la mission des envoyés de Dieu (modèles sympathiques) en vue de rétablir la guidance autour du tawhid. » (Lemrani - mutatis mutandis)

• « Approche divine de la réalité humaine pour en orienter, à titre « didactique », le cours et la conduite vis-à-vis d'elle-même et vis-à-vis du créateur. » (Bouabid)

Prophétie IV

• On peut ainsi parler de la « chose prophétique » : – Avec la doctrine, elle apporte des réponses aux grandes questions et permet ainsi d’éviter la spéculation

– Elle comporte un discours, un modèle sympathique, une méthode et une stratégie, et une accumulation historique

– Elle est continuée par les « hommes de science », les « rénovateurs » et l’expérience historique de la communauté

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Prophétie V • En règle générale (dans le cadre d’une vision de type transcendant) :

– La prophétie recouvre, référence, régule et transcende tout acte, tout discours, toute œuvre, tout projet (en fait, il ne saurait y avoir de prophétie sans projet sociétal) qui n’introduit pas d’inqitae ou de batr avec une conception unifiée et unificatrice du réel (le tawhid) et l’innéité

– La prophétie permet la conception et la construction du Réel ; et permet aussi l’expression linguistique (et autre) de la réalité, ce qui donne la Vérité prophétique 75 Signes et symboles

Signes et symboles • Le mot symbole provient du grec sumbolon « objet coupé en deux (tesson)

constituant un signe de reconnaissance quand les porteurs pouvaient assembler (…) les deux morceaux » (Grand Robert de la langue française, 2001).

• Le symbole est donc à l’origine un signe de reconnaissance scindé en deux, et dont les moitiés doivent être rassemblées de façon non équivoque — il est impératif que les deux morceaux se complètent mutuellement — pour prouver la bonne foi des propriétaires. Le symbole est un signe concret de valeur abstraite (l’idée d’appartenir à un groupe, par exemple). Puis, par analogie avec l’association des deux tessons, il désigne un signe (image ou autre) qui provoque une association d’idées avec quelque chose d’abstrait (exemple : la blancheur, symbole de l’innocence, car immaculée, vierge, non déflorée) ; ou avec un objet ou un être concret (exemple : le coq symbole des gaulois). Le symbole est alors synonyme d’attribut, d’emblème, d’insigne, de représentation. Dans les deux cas, la corrélation doit être naturelle, elle doit être une évidence. C’est en effet, ce qui fait l’universalité du symbole.

• Le rôle du symbole est d’évoquer afin que nous puissions retrouver un savoir (un trésor) perdu. Mais pour cela, il faut en connaître la clé…

Signes et symboles • Certes, il faut se garder de surinterpréter les formes : Robert Ousterhout a

raison de dire que << parfois les briques et le mortier ne sont que des briques et du mortier , non des signifiants idéologiques. >>. Toutefois , à un autre point de vue, une telle réflexion dénote également un état d'esprit et une perspective modernes, pour lesquels ni le monde ni l'homme n'ont de raison d'être métaphysique. Or, avec ses formes inspirées de la nature (géométrie, motifs végétaux, animaux) et ses calligraphies coraniques, l'art islamique s'inscrit aussi, bien qu'à divers titres, dans un ordre de signes voulus par Dieu et destinés à la connaissance de l'homme. Pour l'islam, en effet, le monde a été créé par Dieu et l'homme est le vicaire de Dieu sur terre. Le cosmos est un éventail de symboles qui enracinent l'homme, consciemment ou non, dans un ordre transcendant et qui éclairent la place cosmique aussi bien que la finalité eschatologique des êtres. Poser la question du sens de l'art islamique, c'est aussi poser celle du sens de l'homme musulman au sein du monde et dans l'existence.

• A plusieurs reprises, le Coran parle des signes (âyât) de Dieu. Selon le Coran, la nature, les miracles, les événements, le récit des miracles, les versets mêmes du Coran constituent autant de signes de Dieu. (P. Ringgenberg)

Signes et symboles

• le symbole est de la part de l’objet est une fermeture/ouverture, une espèce de “serrure”; et de la part du sujet, il est une clé permettant une lecture et un décodage, de même qu’une ouverture vers des signes qui sont présents << pour ceux qui sont doués d’intelligence, pour ceux qui pensent à Dieu, debout , assis ou couchés et qui méditent sur la création des cieux et de la terre. >> (Coran)

Signes et symboles

• Selon Al Ghazali : Le monde visible est le point d 'appui pour s'élever au monde du Royaume céleste, et le « parcours de la Voie Droite» consiste en cette ascension, que l 'on peut égale1nent exprimer par les mots« Religion » et « les étapes de la Bonne Voie »

Signes et symboles

• « avec ses formes inspirées de la nature (géométrie, motifs végétaux, animaux) et ses calligraphies coraniques, l'art islamique s'inscrit aussi, bien qu'à divers titres, dans un ordre de signes voulus par Dieu et destinés à la connaissance de l'homme. » (P. Ringgenberg)

Signes et symboles • « Au contraire d'un relativisme pour lequel le sens de l'art n'appartient qu'à des subjectivités - individuelles ou collectives - variables au cours de l'histoire (…) nombre de formes artistiques employées dans les cultures islamiques possèdent, relativement à telle sphère ou tel rayon d'interprétations, des significations plus ou moins intrinsèques mais complexes. Certaines formes d'art, certains courants esthétiques ou certaines œuvres sont porteurs de significations évidentes (…), alors que d'autres sont moins clairement symbolistes ou même dépourvus de connotations symboliques. (suite page suivante)

Signes et symboles • D'une part, l'art islamique n'est pas uniformément religieux, spirituel et

mystique, ou ne saurait recevoir systématiquement des interprétations de ce type, et ses manifestations doivent faire l'objet d'une approche différenciée, quant à leur sens, leur contexte et leur historicité. D'autre part, cet art peut posséder des degrés et des potentialités herméneutiques plus ou moins implicites et codés, et plus ou moins susceptibles de transcender leur milieu humain et leur contexte temporel de création et d'expression: le décor géométrique et végétal, par exemple, est une ambiance de beauté créée pour le plaisir, mais il peut posséder, de par sa composition, son emplacement, sa fonction et / ou son matériau, un rayonnement symbolique capable de refléter des idées d'ordre spirituel, philosophique ou cosmologique. On peut également constater que l'art iranien est, en général, plus explicitement ou plus volontiers symboliste que l'art du Proche-Orient et du Maghreb, notamment grâce aux inscriptions gravées sur les objets et les monuments et aux notations symboliques dues à des poètes et à des chroniqueurs persans. » (P. Ringgenberg)

Signes et symboles

• il s'agira autant que possible de d’insérer les symboles et les images a priori représentatifs de certaines manifestations de l’architecture islamique dans un cadre de conceptions juridiques, spirituelles et culturelles qui leur donnent du sens, le plus proche, on l’espère, de ce qu’il devait être pour leurs contemporains

• Mais ceci se fera nécessairement dans le cadre d’une démarche interprétative, dans la mesure où souvent cette architecture n’est pas toujours associée à un discours qui l’appuie et l’explicite (comme cela est souvent le cas pour les architectures occidentales)

Signes et symboles • Certains sens à donner à l’architecture musulmane ne

peuvent être véhiculés strictement par l’image, et notamment l’image photographique ou en trois dimensions. L’inscription du sens peut notamment être lue, pour le cas de la mosquée par exemple, dans l’étude de son emplacement symbolique dans les cités, et dans son orientation. Ainsi, l’orientation vers la Qibla, des mosquée ou des sépultures, celle de la non-orientation, ou de l’évitement de l’orientation des espaces de toilette vers la Kaaba, sont autant de liens symboliques qui donnent un sens reliant la vie spirituelle, ici-bas et au-delà, à la pratique quotidienne, aux perceptions culturelles qui meublent la vision des hommes en terre d’Islam, et qui façonnent la cité dans sa globalité, et l’habitation dans sa plus profonde intimité.

Signes et symboles

• On n’oubliera pas non plus de préciser que la recherche d’un sens obligatoire, ou d’un symbolisme obligatoire, dans telle ou telle manifestation de l’architecture islamique, peut être une démarche de non-sens, puisque l’intention des « architectes » musulmans n’était probablement pas toujours celle de dresser physiquement et d’adresser symboliquement des messages plus ou moins cachés ou plus ou moins codés. La quête d’une explication de ce type peut conduire à des lectures erronées et intentionnelles.

Signes et symboles

• On n’oubliera pas non plus, comme le souligne justement Ringgenberg que l’ « idéal d'un islam dénué d'influences autres que musulmanes est une fiction de l'intégrisme moderne. Au contraire, partout où l'islam s'est épanoui, de l'Espagne médiévale à l'Indonésie moderne, les pratiques spécifiquement islamiques (Coran et sunna) se sont associées à des coutumes et traditions locales, qui ont parfois influencé profondément la pratique, la sensibilité et la vision des populations. »

Beauté et nécessité

Beauté et nécessité • Comme le constate justement Michael Badu :

Architecturalement, le problème pratique de la façon de localiser le «masjid» parmi une pléthore d'autres types de bâtiments, est né. Pour résoudre ce problème, dans le véritable esprit de transfert de connaissances, les musulmans se sont tournés vers la culture byzantine chrétienne mûre, d'abord dans la construction du Dôme du Rocher à Jérusalem sous calife Abd al Malik, où le dôme a été coopté en tant que dispositif ingénieux pour apporter la lumière naturelle dans le centre des mosquées nécessairement profondément régime, ainsi que d'un moyen pour signifier le statut de la mosquée au sommet de la hiérarchie urbaine.

• Si la beauté flatte l'oeil, réjouit l'âme, apaise l'intelligence, elle est aussi un moyen de se souvenir du paradis et de Dieu. En ce sens, la beauté est solidaire d'une valeur symbolique. La beauté est sens et fait sens: non seulement elle est une trace de la Beauté divine, mais elle est porteuse d'une vision du monde, d'une influence de signification, de ce que l'on pourrait appeler une « valence» symbolique positive, autrement dit d'une capacité à éveiller, dans la subjectivité de chaque être, une perception intuitive et contemplative, de profondeur et de qualité variables, et qui unit la connaissance et l'amour, l'intelligence et le désir. P. Ringgenberg

Beauté et nécessité

• Le masjid est ses formes, ainsi que presque toutes formes d’architectures islamiques ont ainsi une historicité, et s’inscrivent dans des dialectiques à des niveaux différents :

• Au niveau « technique » de l’architecture : entre nécessité et fonction

• Au niveau symbolique et sémantique : beauté et signifiance

• Au niveau culturel et civilisationnel : reflet des lieux et des hommes, ainsi que de leurs conceptions et vécu.

Beauté et nécessité

Les époques historiques

Les époques historiques • La naissance de l’architecture islamique :

– L’époque prophétique et des rachidouns :

• La mosquée du prophète

• La médine du prophète

• La fondation de la ville de Koufa

• La ville de Foustat en Egypte

– Principes et base de l'architecture musulmane

– L’époque des Omeyyades :

• Évolution des formes (de la nécessité à la beauté, de la beauté au sublime)

• Période Abbasside : – la fondation d’une ville impériale, sens et changements dans l’architecture

• Des fatimides d’Egypte aux Mamelouks : • La fondation du Caire

• Evolution et bouleversements dans la cité

• L’architecture du Caire

• L’architecture de l’Ouest Musulman : – Maghreb et Espagne musulmane

– La médina de Fès

Les modes et outils de production et de gestion

• Influence du Fiqh sur la formation et les formes de l’architecture et des villes en terre d’Islam

• Le Waqf et son rôle

• L’architecte, entre artisanat et « auteurisme » – Les architectes du Caire

– Mimar Sinan

• Urbain et urbanité

• Gestion de la ville : eau, ouvrages techniques, etc.

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