ARDOINO Postures Et Impostures 1990

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    - J. Ardoino - Les postures (ou impostures) respectives du chercheur, de lexpert et du consultant -_____________________________________________________________________________________________________

    Les postures1 (ou impostures) respectives

    du chercheur, de l'expert et du consultant

    J. Ardoino

    Universit de Paris VIII

    En dpit de leurs parti-pris rationalistes, les positions

    scientifques les plus classiques restent longtemps infltresd'noncs implicites, relevant fnalement davantage de

    l'idologie, de la morale, de la religion, voire de la thologie. La

    dmarche d'puration caractrisant le procs scientifque

    canonique, notamment exprimental, tendant produire de la

    connaissance partir d'une manipulation convenablement

    instrumente de variables, pourrait conduire, ainsi, s'interroger sur la place et les rles qu'! tient, de "ait, la notion

    depuret. En apparence, tout "ait indpendamment de leurs

    connotations morales, le # pur $ et # l'impur $, ou des notions

    et concepts par"aitement quivalents, exercent encore une

    in%uence notable sur les reprsentations du procs de

    connaissance et demeurent particulirement acti"s dans lesvocabulaires scientifques les plus courants. La puret, au moins

    idale, d'une trace, d'un phnomne, d'un corps, d'un # t!pe $ ,

    vers laquelle on ne peut d'ailleurs tendre pratiquement que de

    "a&on as!mptotique, reste eectivement valorise. ()me si,

    pour s'en approcher, il "aut un nombre considrable

    d'oprations sophistiques, constituant, en "ait, autant

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    d'altrations*puret reconstruite, en quelque sorte+, ce qui est

    estim plus pur est rput, dans l'ordre de la connaissance

    galement, suprieur l'h!bride, aux "ormes mtisses. l en ira

    videmment tout autrement dans le domaine des techniques.

    Lopposition classique entre sciences "ondamentales et sciences

    appliques, tout comme le dbat sur les rapports de la science

    et de la technique *voire des technologies+, l'illustraient d, en

    leurs temps, /'une certaine manire l'ide de puret est

    touours, plus au moins, associe aux origines d'un processus

    d'volution ou de transformation, ou, l'oppos, son terme,de toutes "a&ons hors du temps. 0a principale "onction reste de

    clore ou d'interrompre une d!namique, une succession d'tats

    transitoires, pour en dgager la structure, quand ce n'est

    l'essence m)me. Elle nous commande donc le retour, selon une

    antriorit au moins logique, mais pas touours chronologique,

    des lments premiers, "ruits d'uneanal!se-dcomposition-rduction-extraction. La philosophie des

    Lumires, dont s'inspire largement l'esprit scientifque

    positiviste, postule la possibilit d'une plus grande

    transparence des # "aits scientifques $, par opposition

    l'opacit des mlanges*donnes, phnomnes+. /ans une telle

    perspective, la complexit des obets de connaissance *il serait,sans doute, plus appropri de parler, plutt, dans ce cas, de

    leur caractre # compliqu $+, ne serait amais que provisoire,

    rsiduelle, tant que la dmarche scientifque n'est pas encore

    parvenue rduire plus avant leur enchev)trement antrieur,

    en obtenant par dcomposition des lments de plus en plus

    simples, voire de plus en plus purs. 0i, sur le plan de la morale,

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    o1 vient encore s'aouter le recours un temps imaginaire,

    m!thique, ren"or&ant le poids de l'antriorit et le plerinage

    aux sources2, cet idal de puret trouve son expression la plus

    extr)me dans les diverses "ormes d'intgrisme, retrouvant, &

    et l, une virulence certaine, au fl des poques, n'! a-t-il pas,

    analogiquement, des crispations de m)me nature, tenant

    videmment aux diverses reprsentations de l'identit,

    reprer dans le domaine de la science elle m)me3 4'est, sans

    doute, pourquoi, en dpit de leurs rapports inluctables, le

    scientique et le politiqueont touours "ait mauvais mnage.Les # mains sales $ de celui-ci troublant le regard voulu plus

    lucide, quand ce n'est # obecti" $, de celui-l. 5n comprendrait

    mieux, du m)me coup, nombre de comportements d'exclusive,

    de ractions souvent "arouches, au sein de la cit savante, dans

    l'# establishment $ du savoir, au cours de l'mergence di6cile

    des sciences de l'homme, plus naturellement ouvertes, par leurancrage biologique, l'altration, c'est dire au mtissage.

    /ans la mesure, ustement, o1 la ps!chologie sociale vient

    s'inscrire, au dbut de ce sicle, dans l'ventail disciplinaire,

    pour constituer explicitement un carre"our entre la ps!chologie

    et la sociologie, permettant ainsi, d'articuler leurs regardsrespecti"s, elle s'a6rme rsolument ambigu, l o1 la plupart

    des "ormes de connaissances et de recherches scientifques de

    l'poque travaillent encore inlassablement purer leurs

    champs des tares de la subectivit, de l'quivocit et de la

    pol!smie7 -- rappelons nous 8urvitch, "rappant d'excommunion

    *excommunication+ maeure la notion d'institution, dans les

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    annes quarante --. l "aut donc comprendre qu'avec la

    perspective ouverte par cette discipline nouvelle, c'est,

    beaucoup plus encore qu'une distinction de champ, d'obet, ou

    de mthodes, une # rvolution copernicienne $ *9.:.;. 0prott+,

    une autre problmatique pistmologique, qui s'esquissent, en

    "ait, dans le domaine des sciences de l'homme et de la socit.

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    parler plusieurs langages disciplinaires, sans les con"ondre pour

    autant?. @lus encore que de multi-disciplinarit ou de

    multi-dimensionnalit c'est de multi-rfrentialit qu'il est,

    dsormais, question. Aaute de telles reconnaissances et

    distinctions, l'eet de ces recouvrements est d'autant plus

    prgnant, quand ce n'est imprialiste, qu'il reste clandestin. 0.

    (oscovicisB montre bien, dans ce sens, que des conceptions

    ps!chologiques implicites *des # assumptions $, au sens de /.

    (c 8regor+, rsident au sein m)me des thories sociologiques

    les plus notables. Cn travail de m)me nature pourraitgalement )tre proftablement eectu dans l'autre sens

    *# reprsentations $ implicites de la socit par les

    ps!chologues+.

    >vec l'anal!se des rapports entre l'action et la connaissance, on

    entrevoit, en eet, les problmatiques de l'articulation dupsychique et du socialDet, par consquent, du changement, qui

    se retrouvent, maintenant, un peu partout, au coeur des

    direntes approches scientifques, dans le champ

    anthropo-social.

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    d'exemples de la prgnance de telles questions. > # l're de

    l'organisation $ on entend aussi grer le changement. 4ertes,

    les changements sociaux de grande magnitudeG, ceux qui

    viennent de se produire en @ologne, en ;ongrie, en >llemagne

    de l'Est, ne doivent pas grand chose l'intervention des

    chercheurs, des experts ou des consultants sur lesquels nous

    allons revenir, plus loin. :. 8uigou le dit trs bien H ce qui est

    radicalement instituantse passe ailleurs que sur la scne des

    organisateurs, souvent m)me leur dtriment. L'intelligibilit

    propre d'un dterminisme macro-social ne peut donc amais selaisser rduire aux seuls produits des anal!ses micro-sociales,

    aussi nombreuses et varies soient elles. (ais celles-ci n'en

    conserveront pas moins leur lgitimit *et leur spcifcit+ en

    tant que contributions la connaissance anthropologique. @ar

    exemple, la remise en question par les ethnomthodologues *;.

    8arfnIel+ des conceptions que s'taient donnes lessociologues */urIheim, 9eber, @arsons+ de # l'usage des

    rgles $, enrichit eectivement la perspective ouverte par la

    ps!chologie sociale. 4'est l'intelligence des processus qui s'!

    impose, en "ait, en tant qu'obet de connaissance, usque dans

    l'anal!se des procdures. Les individus ne subissent pas

    seulement comme des contraintes les rgles qu'ils utilisentncessairement et pratiquement. ls les dcouvrent en

    situation, les exprimentent et les trans"orment au besoin. @lus

    encore que la rgle, elle m)me, c'est son usage qui dtermine

    les comportements */. ;. Jimmermann+. >pparaKt, alors, aux

    regards de l'ethnographie constitutive, la capacit des acteurs

    ordinaires dcrire et expliquer, aussi bien que des

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    sociologues pro"essionnels, la cohrence. et la rgularit de la

    vie sociale. L'utilisation *naturelle et pro"ane, triviale+ d'une

    mthode documentaired'interprtation*. (annheim repris par

    ;. 8arfnIel, et, entre autres, les applications qu'en tentera

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    construisant des # "aits $, vouant ses # obets $ la

    transparence7 sur l'autre, o1 les obets-suets se caractrisent

    essentiellement par leurs proprits de production de sens

    travers les eux de la signifcation, de ngatricitet d'invention

    stratgique, la dmarche scientifque est complexianteet doit

    passer par une reconnaissance incontournable de l'opacit.

    L'explicitation, l'lucidation *qu'on ne peut plus con"ondre

    dsormais avec l'explication+, l'interprtation des donnes,

    sont, alors, appeles prendre une part beaucoup plus

    importante que dans d'autres t!pes de dmarches scientifques.

    /ans un tel contexte, le travail spcifque des

    ps!chosociologues nous semble )tre celui de praticiens, de

    cliniciens le plus souvent, oeuvrant dans un tel champ, en

    l'largissant aux dimensions d'un # laboratoire $ en grandeur

    nature, pour ! "aire de l' # exprimentation sociale $OO. enrsulte, bien videmment, de nouvelles ambiguQts. devient,

    en eet, de plus en plus malais de distinguer entre

    l'intentionnalit praxologique *optimisation de l'action, aide

    la dcision+ et celle d'une production de connaissance au sein

    de telles dmarches ncessairement fnalises et

    surdtermines.

    Lorsque, de leur ct, les dirigeants politiques, les dcideurs

    publics ou privs, se dcouvrent soucieux, autant pour des

    raisons d'e6cacit *conomique et lectorale+ qu'en "onction

    des imprati"s d'un # code de bonne conduite dmocratique $,

    d'ta!er un # pilotage social $ de plus en plus la mode, ils

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    cherchent des apports de comptences pouvant clairer les

    choix qu'ils devront eectuer et assumer. ls s'entoureront,

    donc, de # conseillers $. ls solliciteront des # consultants $. ls

    "eront galement appel, pour traiter certaines questions, des

    experts. 4ette pro"essionnalisation de personnes-ressources de

    toutes natures, et leur proli"ration acclre, constituent un

    phnomne en tous points remarquable. est eectivement

    asseF impressionnant de voir quel r!thme soutenu les

    instances politiques, les agences gouvernementales, les

    administrations, les entreprises, s'accordent, auourd'hui, pourrgler les problmes grands ren"orts d'experts, de

    mdiateurs, de conciliateurs, d'arbitres, de # comits $ et de

    # rapporteurs $ divers. Elles choisissent volontiers, pour cela,

    des personnalits rputes # "aire autorit $, en raison de leur

    comptence, notamment scientifque, et de leur exprience,

    incontestables, savantes et *ou+ sages. (ais se retrouvent, ici,encore amplifes, au niveau de l'action, les ambiguQts dont

    nous parlions plus haut, et leurs invitables reetons. 5n sait

    encore trs mal discerner entre les postures respectives de ces

    personnes-ressources, fnalement asseF direntes les unes des

    autres. > la limite, l'expert deviendrait un consultant qui se

    prendrait pour un chercheur" avec la complicit ducommanditaire, selon l'excellente expression de 8u! Merger.

    "audra, tout de m)me, convenir qu'un chercheur rput pour

    ses travaux, lorsqu'il accepte ventuellement une telle mission,

    n'investit plus du tout, dans le cadre de cette dernire, en

    "onction des m)mes qualits scientifques. La valeur de ses

    travaux antrieurs, la rigueur, les capacits d'anal!se qu'ils

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    supposaient, se sont eectivement constitues, pour un obet

    de connaissance prcis, dans un champ donn, partir d'un

    dispositi" et de mthodes appropris, qui ne se retrouveraient

    pratiquement amais dans la situation o1 viendrait s'inscrire sa

    nouvelle "onction. 0a principale comptence resterait donc,

    maintenant, par rapport l'obet pratique d'une telle mission,

    celle de l'appartenance une lite, ce qui le distinguerait

    videmment, mais ne su6rait pas, pour autant, con"rer un

    label de scientifcit ses avis, tudes ou #conseils $, en dpit

    des attentes mani"estes des commanditaires qui voudraientqu'il devienne # r"rent $, # garant $ ou # caution $ des

    dcisions venir. Rous "ranchirions, alors, ici, avec l'entre en

    ligne de compte de dimensions tactiques. stratgiques ou

    politiques, lies l'action, le seuildlimitant une ambigu#t plus

    foncire, quasi-naturelle, qu'il s'agit ustement de comprendre

    dans un procs scientifque adquat, et une confusion institueencore suraoute et dsormais entretenue par une complicit

    mutuelle, parce que relativement proftable.

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    # demandes$ qui Leur sont adresses, les t!pes de contratsqui

    en rsultent, les partenaires qu'ils tendent privilgier, leurs

    implicationspersonnelles, pro"essionnelles et institutionnelles,

    le statut scientique qu'ils accordent, ou non" la temporalit,

    leur formation* la recherche+, ainsi que les outils" dispositifs,

    instrumentations de recherche ou *et+ d'action qu'ils entendent

    mettre en Suvre.

    Le chercheur, l'expert et le consultant ont en commun le "ait

    d')tre des intervenants, contribuant, partir de perspectivesrelativement direntes, l'laboration des repres ncessaires

    l'intelligibilit des pratiques. ls viennent, donc, pour leurs fns

    propres, entre les protagonistes des situations auxquelles ils

    s'appliquent, pour proposer des "ormes de mdiation mettant

    en eu des savoirs. La pratique sociale de l'intervention a t

    principalement dveloppe, et relativement bien anal!se, parles ps!chosociologues. ncontestablement proche parente de la

    recherche-action, dont elle hrite une ambiguQt notable, elle !

    sur-aoute encore ses propres quivoquesO2. 0on t!mologie le

    suggre, d, en nous laissant hsiter entre l'image du tiers

    # intrus $, et celle de # (onsieur bons o6ces $, au besoin

    "aiseur de miracles, dont on attendra qu'il rsolve, la "a&on duthaumaturge, les problmes sur lesquels on achoppait usque

    l. 4ela restera vrai qu'il s'agisse de recherche-action externe

    ou interneO= et d'intervention interneO? ou externe, ces

    dcoupages n'tant, au demeurant, ni superposables entre eux,

    ni trs clairantsOB. L'assistante sociale, le policier, le chirurgien

    ou le # pompier des puits de ptrole en "eu $ sont tous des

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    intervenants, mais ne sont pas, pour autant, des chercheurs. ls

    peuvent, alors, )tre per&us trs diremment selon les

    circonstances. Les proections "antasmatiques dont ils sont, les

    uns et les autres, investis, ! compris celles de # spcialiste $,

    d' # expert $ ou de # savant $, ne sont videmment pas

    ngligeables, ce qui conduit, probablement, ren"orcer encore

    le halo de con"usion dont ils s'entourent. 4'est pourquoi :ean

    /ubost, insiste dans un important travail consacr

    l'intervention ps!chosociologique, sur la ncessit de

    conserver, en dpit de certains usages contraires, la distinctionentre recherche-action et interventionsOD. 5n risquerait

    autrement de considrer toute interrogation sur les pratiques *

    la limite H tout questionnement+, comme une recherche orant

    des garanties de scientifcit. 4ertes, tous les praticiens,

    pro"essionnels spcialiss venant de l'extrieur, ou simplement

    acteurs inscrits au sein des situations d'origine, peuvent vouloiraccder un statut de chercheur s'ils s'en donnent, ou si on

    leur en "ournit, les mo!ens. Tuand ils "ont, ventuellement, un

    tel choix, ils sont appels changer ncessairement deposture,

    intellectuelle et pratique, pour pouvoir le raliser. 5n n'agit pas

    du tout de la m)me "a&on, en eet, en se laissant porter, au gr

    des allants-de-soiet des habitus, ou en r%chissant ses "a&onsde "aire, "ortiori en les tudiant de "a&on quelque peu

    s!stmatique. Lorsqu'il s'agit d'acteurs sociaux, leurs

    comportements habituels sortiront eectivement trans"orms,

    partir du regard nouveau port sur les particularits de leur

    pratique, bnfce d non ngligeable du point de vue d'une

    formation la pratique auquel on se cantonne trop souvent

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    encore, mais leur aptitude collaborer e6cacement une

    recherche dpendra, plus essentiellement, des eets d'une

    formation la recherche, acquise dans ce but, sur le terrain ou

    ailleurs.

    Rous pensons, en eet, qu'il "aut dfnir le chercheuravant tout

    partir de son intentionnalit explicite, de son proet de

    production de connaissance, assortis, toute"ois, des mo!ens

    stratgiques et mthodologiques qu'il se donne pour ce "aire.

    ()me lorsque des retombes au des eets d'aprs-coup dusavoir ainsi constitu entraKneront certaines consquences au

    plan de l'action, permettront l'optimisation ventuelle de

    celle-ci, et in%ueront, incidemment, sur des choix politiques, ce

    n'aura amais t, pour autant, l'ambition principale d'une telle

    dmarche, mais, tout au plus, un bnfce *apprciable+ de

    surcroKt. Le reprage des tats et des mouvements, des liens,des intentions, des eets de sens, au sein des donnes brutes,

    qu'il s'agit, pour l'investigateur, d'eectuer, dborde touours

    trs largement les dimensions concrtes de l'exprimentation,

    du # cas $ ou de la situation qui lui servent de # point de

    dpart $ ou de # pierre de touche $ pour sa recherche. En eet,

    cette production de connaissance consiste, touours, relierexplicitement, et d'une "a&on qui puisse )tre, ensuite, partage"

    du usque l inconnu*insu, impens, apparaissant donc comme

    nouveau+, du d connu. Tuels que soient sa discipline, son

    champ, ses mthodes, le paradigme auquel il se r"re, le

    chercheur ne peut donc "aire l'conomie des connaissances

    antrieurement acquises, m)me quand celles-ci auront t, par

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    la suite, remises en question. 0ur ce point, lappartenance du

    chercheur au terrain de la recherche est apprciable. a

    l'avantage d'une "amiliarit de sens commun que le chercheur

    import devra progressivement acqurir. (ais celle-ci devra,

    son tour, )tre remise en question pour pouvoir se librer des

    pesanteurs des allants-de-soi. 4'est pourquoi le rapport du

    chercheur la dure reste "ondamental. inscrit bien, par la

    "orce des choses, sa propre dmarche dans une temporalit

    longue, encore que cette dernire ne puisse amais coQncider

    exactement avec celle des situations, des pratiques, de l'action,sur lesquelles porte l'investigation. /e plus, le rapport

    spcifque qu'entretiennent de tels obets avec # leur temps $

    propre *vcu, prouv H la dure, l'histoire+ se trouve, le plus

    gnralement, maltrait par les direntes approches, dans la

    mesure, ustement, o1 elles tendent privilgier l'universalit

    des noncs. /e nos ours, l'initiative de la recherche estvolontiers situe au niveau de la demande sociale, et des

    politiques qui veulent la traduire, mais elle tient touours, aussi,

    la structure personnelle du chercheur comme ses autres

    implications. En "ait, le travail scientifque va dpendre, dans

    tous les cas, recherche exprimentale ou recherche clinique,

    d'une conomie optimale du rapport implication-distanciation,obtenue notamment par le eu des # dispositi"s $. En eet, le

    chercheur *individuel ou collecti"+ cre, lui m)me, ses outils

    conceptuels et mthodologiques, mais ces derniers

    n'atteindront le niveau de qualit scientifque requis qu' partir

    du moment o1 ils seront devenus transposables,

    rappropriables par d'autres chercheurs, autrement dit

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    r"utables. En ce sens, toute recherche suppose qu'il soit

    galement rendu du compte, le plus explicitement possible, de

    la conception et de l'laboration *avec les optiques ainsi

    privilgies+ de sa dmarche, de sa progression, des di6cults

    rencontres sur le terrain et de la "a&on dont celles-ci auront t

    surmontes, de ses coUts conomiques, pour pouvoir "aire tat,

    seulement ensuite, des produits proprement dits d'une telle

    entreprise *dont les # rsultats $ ne seraient plus, la limite,

    que des indicateurs+. 4ette obligation de # rendre compte $

    s'entendra, d'ailleurs, de "a&on dirente selon qu'il s'agira derecherche classique ou de recherche-action. /ans le premier

    cas, c'est, avant tout, la communaut scientique, actuelle et

    potentielle, qu'il est eectivement rendu-compte,

    ventuellement par l'intermdiaire des organismes

    commanditaires ou des instances de tutelle attribuant les

    budgets ou les subventions. 5n pourra, accessoirement, pourdes raisons dontologiques, prvoir une in"ormation des

    personnes, suets d'exprience et collaborateurs, associs,

    d'une "a&on ou d'une autre, ces investigations. La

    vulgarisation ventuelle, une plus large chelle, de tels acquis

    s'eectuant encore ultrieurement, le plus gnralement par

    d'autres canaux. /ans le second cas, au m)me titre que leschercheurs pro"essionnels, les partenaires de la

    recherche-action, les acteurs sur le terrain, les protagonistes

    des situations sont, videmment, les premiers in"orms mais

    l'obligation de rendre compte galement l'ensemble de la

    communaut scientifque subsiste pleine et entire. ! a tout

    lieu de suspecter les revendications de # confdentialit $ en la

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    matire. Enfn, et dans tous les cas, le # produit $ de la

    recherche ne saurait se limiter, comme trop souvent encore, au

    rcit, la description ou l'anal!se d'un vcu individuel ou

    collecti", celui des chercheurs, ou celui des acteurs. Cn tel

    matriel, dont la richesse et l'intr)t ne sont nullement

    contests pour autant, est mis contribution pour permettre

    d'en dgager un # obet $, des h!pothses, des structures, un

    argument, une thse, porte plus gnrale. ne peut se

    su6re lui m)me, si on ne veut pas courir le risque d'une

    regressio ad innitum avec le questionnement sur lequestionnement, etc. 4e dernier problme est d'autant plus

    important que des approches cliniques peuvent tendre, trs

    lgitimement d'ailleurs, privilgier des dispositi"s comme le

    ps!chodrame, la d!namique de groupes, l'histoire de vie, le

    ournal de recherche, l'anal!se conversationnelle, etc.

    !'expert, de son ct, peut )tre caractris comme un

    spcialiste, choisi pour sa comptence, parce que susceptible

    d'apporter au traitement d'une question un certain capital de

    connaissances, constitues par ses soins, mais souvent

    labores par d'autres. /e telles ressources seront

    gnralement aectes la recherche de solutions provoquepar l'mergence ou la prise en considration d'un problme

    relativement dlimit H l'apprciation d'un dommage ou d'un

    prudice, l'estimation d'un bien matriel, le contrle de

    l'excution d'un programme ou de la rgularit d'application de

    procdures prescrites, l'anal!se, le diagnostic ou l'audit d'une

    situation, etc. L'expert obit donc, d'une certaine manire,

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    une demande mais il ne sait traiter celle-ci que dans les limites

    de sa technicit propre, pour la rendre plus con"orme des

    # modles $, en "onction de cadres prexistants. Le

    # traitement de la demande $, au sens o1 nous le prciserons

    plus loin, n'est nullement son aaire. re&oit, en "ait, une

    # commande $ *exprimant plus "ormellement la demande+

    manant d'un commanditaire. @ar rapport la situation, en

    "onction de laquelle il est dsign, il reprsente, en quelque

    sorte, une base de donnes disponibles, assortie des

    procdures ncessaires son utilisation. 4'est pourquoi, dansles temps modernes, l'in"ormatique tend dvelopper des #

    s!stmes experts $. 4eux-ci pourraient, dans certains domaines

    et pour certains obets, se substituer aux personnes-ressource,

    elles m)mes, et permettre, ainsi, des # conomies d'chelles $

    en semblant orir des garanties de plus grande obectivit.

    est donc clair que l'expert ne produit pas de connaissancesnouvelles, sau" accidentellement, notamment quand il

    contribue enrichir une casuistique ou une urisprudence,

    partir du traitement de cas particuliers. dit, en vue de son

    application ventuelle un obet donn, la connaissance

    acquise dans le champ qui est celui de sa comptence. 4ette

    dernire notion doit d'ailleurs )tre, elle m)me, comprise selondeux acceptions H l'une technique*connaissances thoriques et

    pratiques, exprience, au besoin, de l'obet, du # champ $, des

    procdures et des # outils $ utilisables+7 l'autre uridique

    *pouvoir de connaKtre d'une aaire7 de traiter un # dossier $ et

    de dire localement le /roit rput universel+. 0a "onction de

    lgitimationest eectivement prminente. 4'est, d'ailleurs, ce

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    que prioritairement son commanditaire attend de lui. 0a vise

    est praxologique. Les # dire $, rapports, qu'il produit,

    correspondent, en "ait, beaucoup plus des # tudes$ qu' des

    recherches *au sens que nous avons emplo! pour dsigner

    une intention de production de connaissances+. La relation au

    temps est galement trs caractristique, parce que

    pratiquement inexistante au plan de la situation. @ar rapport

    aux # dossiers $ qui lui sont confs, l'expert reste # hors le

    temps $. 0on intervention est ncessairement brve et

    ponctuelle. nonce la connaissance actuellement disponibleaux fns de telle ou telle application. Mien sUr, priodiquement,

    la # base de donnes $ sera mise our mais, dans les

    intervalles, c'est le # programme $ en vigueur qui est seul

    lgitime. 4ette indirence par rapport au vcu et sa dure

    est, ustement, une des conditions supposes de son #

    obectivit $, de sa # neutralit $, de son impartialit. 0onregard est, plutt, celui de l'inspection, avec son ambition #

    panoptique $, dans les limites du champ concern. ()me

    quand on lui demande d'valuer, il contrle encoreO. 0on

    intelligence des situations est # organisationnelle $ et se r"re

    des modles "onctionnels, prenant en compte des # agents$,

    beaucoup plus encore que des # acteurs $, au sein d'unsystme. ! a donc "ort peu de probabilits pour qu'il accde,

    dans l'exercice de sa "onction, une # comprhension $ des

    # suets $. emprunte leurs outils, tantt au chercheur, dont il

    trans"ormera les modles, soit en les simplifant pour des

    raisons de coUts *temporel ou fnancier+, soit en les

    compliquant des fns de simulation *sophistication+, avec

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    l'obecti" a6ch de mieux approcher la complexit des

    situations7 tantt au consultant, en les simplifant, toute"ois

    considrablement, pour grer la relation avec ses propres

    interlocuteurs. ne doit de comptes qu' son commanditaire,

    auquel il remettra, gnralement en priorit, les rapports

    produits de son intervention, et dont dpendra fnalement leur

    divulgation ultrieure.

    Le consultant, enfn, est un praticien7 dans la plupart des cas H

    un clinicien*au sens large de ce dernier terme+. ()me si, danscertains cas, la "orme des relations contractuelles, et son mode

    de rmunration, le "ont eectivement dpendre, son tour,

    d'un commanditaire, ce qui suppose d la ngociation d'une

    telle # commande $, l'essentiel de sa pratique rside dans le

    travail sur la *les+ demande*s+ que lui "ormuleront ses

    partenaires concrets, immdiats, # suets $ et # acteurs $,individuels et collecti"s, le plus gnralement distincts du

    commanditaire, et dans l'obligation "aite en retour ceux-ci de

    travailler, eux-m)mes, cette demande pour la dcanter, la "aire

    mUrir et, par consquent, la trans"ormer. Le # client $ *au sens

    driv, ici, de l'emploi rogrien du terme+ n'est pas seulement

    #celui qui paie $. La notion englobe, plutt, l'ensemble de ceuxqui sont eectivement impliqus *parties prenantes+ dans la

    situation laquelle s'applique l'intervention. $n se % rfrait &

    l'expert *la recherche impliquait galement cette notion de

    r"rence, touours proche voisine de la rvrence+ tandis qu'on

    institue dans la dure une relation de travail avec un

    consultant. 4e dernier est donc touours en relation

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    contractuelle multiple, avec toutes les exigences, par"ois

    contradictoires, con%ictuelles, et toutes les implications

    "antasmatiques, trans"rentielles et contre-trans"rentielles,

    dcoulant d'une telle situation. 4eci ne veut nullement dire que

    ni le chercheur, ni l'expert ne se trouvent amais con"ronts au

    eu de telles implications. ls peuvent plus "acilement les ignorer

    ou croire s'en dprendre, tandis que le consultant ne peut

    amais, lui, en "aire totalement abstraction. 4ette relation

    complexe du consultant avec ses partenaires s'inscrit

    ncessairement dans le temps. La connaissance des situationsauxquelles le consultant se trouve pro"essionnellement associ,

    des fns de modifcation, de trans"ormation, de changement

    des attitudes, des reprsentations, des opinions, des cro!ances,

    suppose, en eet, une intelligence asseF appro"ondie de

    l'histoire de l'organisation, de l'institution, des dirents

    groupes, des suets qui ! inter"rent. Les repres temporels, lis la dure, au vcu, l'histoire, vont, ainsi, progressivement

    apparaKtre comme plus importants encore que les repres dans

    l'espace auxquels on s'attachait usque l. L'intervention qui

    vise cette rappropriation par les intresss des repres

    temporels ne peut donc )tre, elle m)me, que durable. La notion

    d' # intervention brve $ *:. (aisonneuve, 8. Lapassade, V.;ess, @. Wille+ ne s'applique donc pas proprement au travail du

    consultant mais convient plutt celui de l'expert. 4'est cette

    relation, asseF pleine, au temps qui va, d'ailleurs, permettre au

    clinicien d'anticiper des eets de maturation, de

    #perlaboration$, au cours de son intervention. 4ette

    comprhension dpend ustement d'une "amiliarit constitue

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    partir d'une coute, au moins autant qu'en "onction des

    ressources habituelles de l'observation, du travail documentaire

    d'interprtation, ou de l'exprience clinique antrieurement

    acquise. 0ans prudice des ressources constitues par cette

    dernire, le ou les r"rentiel*s+ contribuant l'intelligibilit de

    la situation, du # cas $, pour ses partenaires, comme pour lui,

    seront labors au cours de la dmarche. Rous avons vu que,

    pour l'expert, ces r"rentiels devaient prexister. En ce sens,

    l'valuation est au consultant ce que le contrle est l'expertOG.

    L'intentionnalit d'une telle pratique est rsolumentpraxologique, tout comme celle de l'expert, mais, s'labore

    cependant, partir d'une reprsentation trs dirente du

    partenaire individuel ou collecti" *plus "acilement

    # reprsent $, et accept, comme # ngateur $, crateur,

    # instituant $, avec son propre contre-pouvoir+. 4ette vise ne

    s'intressera qu'exceptionnellement, accessoirement, et, dansces derniers cas, le plus souvent, ultrieurement, la

    production de connaissance proprement dite, dpendant

    touours, alors, d'un changement de posture et d'un

    retraitement des donnes premires de la pratique, sans

    prudice d'un nouveau recueil ventuel d'in"ormations en

    "onction d'une telle modifcation d'optique. Lorsque l'orientationdu consultant vers la recherche se confrmera ainsi, elle tendra

    naturellement privilgier les approches cliniques

    *ethnographie, observation participante ou recherche-action+.

    Les outils mis en oeuvre par le praticien de ce t!pe

    d'intervention *capacits et r"rentiels d'anal!se, dispositi"s,

    techniques+ sont, aussi, labors par ses soins, "ruits de son

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    exprience clinique notamment. 4'est bien pourquoi ils ne sont

    pas immdiatement susceptibles de transparence, ni aisment

    transposables. La # boite outils $ du consultant se trans"orme,

    en eet, volontiers en # boite noire $. 4ela dcoule de son

    caractre pro"essionnel et marchand, puisqu'il se trouve en

    situation de concurrence, dans un march de services. entend

    prserver, ainsi, trs lgitimement, ses mo!ens d'existence.

    rend compte ses partenaires immdiats de la progression de

    la dmarche, au "ur et mesure de l'intervention. Le

    # "eed-bacI $ *Alo!d (ann+ est, m)me, un des outils de sapanoplie, permettant d'obtenir des eets d!namiques

    *changements+ dans la situation. /es # rapports $, quand ils

    apparaissent eectivement ncessaires, peuvent )tre rdigs,

    et publis ensuite. ls constitueront, principalement, des

    # tudes $.

    Mien que nous nous so!ons limit, pour cet article, au

    schmatisme d'une esquisse, nous pensons qu'elle peut, en

    l'tat, contribuer aux obecti"s de reprage et de clarifcation

    que nous nous tions fxs. 0i, certaines conditions, pour des

    "ormes relativement prcises tenant aux problmatiques

    comme aux dispositi"s, dont la principale garantie restera cellede chercheurs "orms, sinon pro"essionnels, la recherche-action,

    et l'observation participante, peuvent eectivement,

    auourd'hui, prtendre un statut scientifque, l'intervention

    d'un consultant, individuel ou collecti", ne saurait en rien leur

    )tre assimile, en dpit des parents qui peuvent subsister

    entre elles. Tuelle que soit, par ailleurs, la valeur de ses apports

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    pour l'enrichissement des pratiques, pour une contribution au

    changement social, ou m)me l'intr)t heuristique potentiel du

    matriel ainsi rcolt, ensuite oert aux chercheurs, elle

    restera donc limite" en principe" un stade proto-scientique.

    5n pourrait, par contre, concevoir une recherche-action prenant

    dlibrment la "orme d'une intervention pour raliser son

    proet d'investigation. 4e ne serait plus du tout la m)me chose.

    Le problme serait, alors, celui de la "ormation des dirents

    partenaires associs la recherche, en "onction des dispositi"s

    institus pour recueillir et traiter l'in"ormation ncessaire.L'intervention de l'expert, quant elle, est plus explicitement

    technique. Le risque de con"usion subsiste, surtout, dans le "ait

    de considrer son intervention actuelle comme prolongeant des

    recherches antrieures, au comme, tant, ipso "acto,

    cautionne par celles-ci.

    Le paradoxe auquel nous aboutissons, alors, est que si nous

    nous en tions tenu strictement l'optique de # puret $

    *conceptuelle+, laquelle nous "aisions allusion, plus haut, nous

    aurions t tents de conclure prmaturment H # Woil ce qui

    arrive ds qu'on laisse un peu trop de champ l'exigence de

    rigueur $. > partir d'une fssure initiale, les ambiguQts sesuraoutent les unes aux autres et rendent les noncs produits

    impropres un travail scientifque. 0itt qu'admis,

    institutionnellement reconnus, les bXtards se reproduisent

    usqu' pulluler. 4'est un air touours en vogue Y > l'inverse, on

    devra cependant concder qu' partir d'une telle dmarche de

    reprage, de distinction, de clarifcation et d'lucidation d'une

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    ambiguQt, cependant reconnue comme inliminable, parce que

    naturellement scrts par toute pratique sociale, on sort,

    quant au problme des silhouettes respectives du chercheur, de

    l'expert et du consultant, plus riches qu'on n'! tait entr. 4'est,

    l, le "ruit d'une "orme d'anal!seONpour laquelle l'ambition d'une

    ventuelle dcomposition, d'une rduction des lments *plus

    # simples $, plus # "ondamentaux $, # premiers $, plus

    # purs $+, n'a dornavant plus gure de sens.

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    Notes

    *O+ @osture est pris, ici, au sens de position. "aut ! entendre le

    s!stme d'attitudes et de regards vis vis des partenaires, des

    situations, des obets, dans le cadre des recherches ou des

    pratiques sociales. La nuance malencontreuse qui s'! attache,

    le plus souvent, et, surtout, la "orme passive qui l'accompagne

    *# on est en bonne ou en mauvaise posture $, plus qu'on ne le

    choisit.+, nous rappelle utilement qu'une telle posture dpendau moins autant des caractristiques de la situation o1 elle

    vient s'inscrire, et des reprsentations que s'en donnent nos

    partenaires, que de notre intentionnalit, de nos stratgies et

    de nos procdures. La relation entre posture et implication est

    donc trs "orte.

    *2+ 4ette dfnition encore asseF rpandue de la V"orme

    l'illustre remarquablement H rtablissement dans sa puret

    primitive d'une rgle corrompue par l'usage.

    *=+ >pparaissant, dans les annes quarante, aux C.0.>., la

    Vecherche-action *action-research+ s'inscrit originellement dansle courant de la d!namique des groupes. . LeZin, avant

    d'migrer aux Etats-Cnis pour "uir les perscutions naFies,

    appliquait d la notion de champ * travers l'ide de

    # 8E0L< $ -- ps!chologie de la "orme+ aux phnomnes

    ps!chologiques, partir de laquelle il laborera, ensuite, sa

    thorie micro-sociale. La recherche-action *V->+ implique une

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    reconsidration "ondamentale des rapports entre action et

    recherche. Les sciences de lhomme tant supposes

    galement contribuer la rsolution des con%its sociaux *lutte

    contre la domination et loppression, re"us des prugs et des

    discriminations, notamment+, on tudiera proftablement les

    changements sociaux, naissants, auprs des dcideurs et des

    responsables politiques, administrati"s, industriels, etc, qui

    veulent les produire. En retour la ps!chosociologie pourra

    apporter ces leaders, et plus gnralement aux communauts

    qu'ils dirigent, des mo!ens intellectuels nouveaux, "ruits detelles recherches et pouvant aider la dtermination des

    solutions. /'emble la V-> dsignera, en "ait, aussi bien des

    tudes que des recherches appliques, des exprimentations

    sur le terrain. 5n ! trouvera associes, sinon m)les H une

    perspective axiologique *allger le poids de la sourance

    humaine par la rduction des d!s"onctionnements sociaux,privilgier les "ormes de gestion dmocratiques, rconcilier le

    # savant $ et le # cito!en $+7 une perspective praxologique

    *optimisation de l'action et aide la dcision+7 une perspective

    mthodologique, touours cartele entre des options

    rsolument exprimentalistes et les premiers "ondements d'une

    clinique des situations sociales *emprunts aux modleslectro-magntiques et au langage descripti" de l'algbre

    topologique+7 une perspective pistmologique *thorie du

    # champ $, opposition entre les t!pes de penses aristotlicien

    et galilen+. > partir des deux premires perspectives,

    l'ducation retrouvera paradoxalement une place privilgie en

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    tant que mo!en *"ormation [# training $+, mais touours

    obstinment # domestique $.

    5n peut, alors, tablir une relation analogique avec les sciences

    mdicales, partant de l'tude des sourances ph!siques et

    morales, de la pathologie, et des direntes "ormes

    dinterventions thrapeutiques pour laborer une connaissance

    plus gnrale de l')tre vivant et des conditions de la sant.

    (ais, plus largement encore, les ides de LeZin sur la V. >. ontsubi l'in%uence des retombes sociales de la ps!chanal!se

    *ps!chologie du # moi $ et importance des phnomnes

    trans"rentiels et contre-trans"rentiels dans les relations

    interhumaines+, des thories sociomtriques de :-L.(orno,

    pratiquement contemporaines *

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    *0heri", Males, Aestinger, 0chlachter. Leavitt, V et 8. Lippitt,

    9hite, 4attell, Alo!d (ann, Menne, Mrad"ord, (c 8regor, etc+

    seront plus partags. 4ertains vont tendre dplacer cet

    accent en accordant au ple # action $ une importance de plus

    en plus grande et en donnant, du m)me coup, la V-> une

    orientation plus participative. 5n glissera progressivement du

    chercheur l'intervenant et # l'agent de changement $. >insi,

    le courant praxologique du # planned change $ *Mennis, 4hen

    et Menne+ s'attache plus particulirement la relation de

    consultation. 5n oscille, de la sorte, entre quatre cas de fgure,comme la montre trs bien :. /ubost H O+ la V-> est une

    modalit particulire de la recherche "ondamentale, se

    distinguant toute"ois de l'enqu)te, et s'eectuant dans un

    laboratoire # ciel ouvert $, aux dimensions de la vie. 2+ la V->

    est une recherche sur laction, servant contrler l'e6cacit

    des procdures et techniques emplo!es pour l'action. =+ la V->est une recherche pour laction, pour clairer les agents de

    l'action *aide a la dcision+. ?+ la V-> inclut les suets de la

    recherche, les dirents protagonistes, les acteurs, dans le

    processus de recherche et suppose leur participation.

    /ans laprs guerre, la V-> va essaimer, partir de ses "o!ers

    amricains, et gagner, ainsi, le :apon *:. (isumi+, l'>ngleterre*

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    Moumard, etc+ va reprendre son compte, avec la "orme

    socianal!tique, l'intervention, plus que la V->. 4ette dernire se

    retrouvera, par contre, dans les milieux pdagogiques *4"

    notamment H V. Marbier !a recherche action dans l'institution

    ducative, 8authier Willar, @aris, ON et .R.V.@. (echerches

    impliques (echerche action ) le cas de l'ducation. @dagogies

    en dveloppement. Vecueils. /e MoecI Cniversit- \ditions

    universitaires. Mruxelles-@aris, ONGG.+. l "aut encore mentionner

    quelques interventions socio-ps!chanal!tiques *8. (endel, 4.

    Wogt. :. Meillerot, 4. Vue", 8. Lv!, etc+. 8. Lapassade montrera*in @ratiques de "ormation -- anal!ses Ro OG # Vecherche-action

    externe et recherche-action interne $+ que suivant volution

    de lintervention externe l'intervention interne, d suggre

    par la socianal!se *socianal!se interne et socianal!se externe,

    # anal!se interne+ $ les courants les plus actuels de la V->

    s'orientent vers une recherche-action interne *V->-+,dveloppe, en >ngleterre, par L. 0tenhouse dans les milieux

    enseignants. @our lui, la nouvelle recherche-action sa dfnit

    dsormais comme travail sur le terrain, lecture d'une praxis,

    comprenant direntes "ormes d'intervention, et pouvant

    mettre en oeuvre les ressources de rapproche ethnographique,

    en une # observation participante $, ventuellement certainsapports ethnomthodologiques, en un vaste ventail de

    procdures.

    *?+ L'action de distinguer, opration mentale consistant

    sparer, reconnaKtre, reprer des ides, des qualits, des

    tats, qui autrement demeureraient indistincts, con"ondus, au

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    sein d'une perception globale *s!ncrtique+ reste "ondamentale

    tout procs de connaissance. rdoino. # L'anal!se

    multir"rentielle des situations sociales $. > paraKtre in (evue

    de psychologie clinique. @aris W, Ro =, ONNP.

    *+ ;. (endras et (. Aors H !e changement social. >rmand

    4olin. @aris, ONG=.

    *G+

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    le eu instituant, donc bouleversant, d'un # imaginaire social

    crateur $, aprs :-@. 0artres, et sa # temprature de haute

    "usion $, la notion d'une # sismologie sociale $ *>. de @eretti+

    nous semble mieux convenir ce t!pe de changement. En

    lespace de quelques mois, il ! a simple coQncidence entre

    plusieurs sismes svres, la sur"ace du globe, des secousses

    notables aectant les places fnancires, et des # implosions $,

    &a et l, au sein du # bloc $ des pa!s de l'Est, n de

    larrangement de ]alta. 4es parents mtaphoriques nous

    semblent pouvoir aider davantage laborer une ide du# changement social $ qu'un slogan publicitaire du t!pe H # La

    @oste bouge $.

    *N+ 4" >. 4oulon H !e mtier d'tudiant. rdoino # 4onditions et limites de la

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    Vecherche-action $ in +our. Ro NP. @aris, ONG= et # La

    recherche-action, alternative mthodologique $ in 4ollecti"

    .R .V.@. (echerches impliques" recherches-actions ) le cas de

    l'ducation. op cit, supra note =.

    *O2+ 4" :. >rdoino H # /u ps!chosociologue, essai sur les

    signifcation et les ambiguQts d'une pratique $ in ,onnexion,

    Ro O=. @aris, avril ONB, et # L'intervention imaginaire du

    changement ou changement de limaginaire - in ouvrage

    collecti" dirig par 8. (endel H !'intervention institutionnelle.@a!ot. @aris, ONGP. 4" galement >.R./.0.;.>. H !'intervention

    dans les organisations et les institutions. Epi, @rotocoles. @aris,

    ONB.

    *O=+ 4" 8. Lapassade H # Vecherche-action externe et

    recherche-action interne $ in +ratiques de formation-analyses.op cit, supra note O2, et @. Moumard !es savants de l'intrieur.

    !'analyse de la socit scolaire par ses acteurs. Mibliothque

    europenne des sciences de l'ducation. >rmand 4olin. @aris,

    ONGN. V. ;ess. !a sociologie d'intervention, @.C.A. @aris, ONGO.

    *O?+ V. Aouchard H # Le pige de lintervention interne $.@rotocoles D. Epi->ndsha. @aris, ONB.

    *OB+ 4ette sparation voulant classer les "ormes d'anal!se

    *externe ou interne+, d'interventions *externe ou interne+ et,

    maintenant, de recherche-action *externe ou interne+, sans

    exclure ethnographie constitutive *externe ou interne+,

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    produit, outre un invitable comique de rptition, une

    clarifcation asseF vaine, vite cule par l'usage, plus

    scolastique fnalement que "conde. $ dont l'obet ne relve pas de la

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    ps!chologie ou de la sociologie mais seulement de l'conomie,

    de la technique, etc, sans se con"ondre pour autant avec les

    mthodes des pro"essionnels de la recherche scientifque. $ *p

    ?N+.

    *O+ >insi les # experts $ du 4omit Rational d'\valuation des

    Cniversits *4.R.E.+. 4" :. >rdoino et 8. Merger. /'une valuation

    en miettes une valuation en actes !e cas des 0niversits . op.

    cit. 4'est dans cet ouvrage que nous avons esquiss, une

    premire "ois, la distinction entre chercheur et expert que nousreprenons, de "a&on plus appro"ondie dans cette communication

    en ! aoutant la "onction de consultant. >vant d')tre publis

    dans la revue +ratique de formation-analyses, n^ OG et dans les

    4ahiers du 4.C.E.@, ces lments de reprage avaient t

    proposs par nous au cours d'une sance de travail du

    V..V.E.L.A et avaient bnfci des remarques de :. 4ardinet, 8.Merger et :-: Monniol. /e son cot, ce dernier publiera avec 0.

    (arro un article participant de la m)me dmarche H # La

    "onction consultant interneH quelle place 3 quels modles de

    "onctionnement 3 quels risques 3 $ paraKtre dans un ouvrage

    collecti" inter-(.>[email protected]. !a dmarche de proet1 /e nouvelles

    pratiques pour l'tablissement. 4.V./.@. @oitiers.

    *OG+ 4" :. >rdoino. # >u fligrane d'un discours H la question du

    contrle et de l'valuation $ @r"ace in (ichel (orin.

    !'imaginaire dans l'ducation permanente. 8authier Willars.

    @aris, ONB. 4" galement :. >rdoino et 8. Merger. # L'valuation

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    comme interprtation $ in +our. R^ OP. ONGD et2ournal de la

    formation continue 3 de l'*1141R^ 2PD. @aris, ONGD.

    *ON+ Veposant essentiellement sur une # culture $, et, par

    consquent, sur la recherche d'une certaine maKtrise supposant,

    son tour, la "amiliarisation avec le contexte et la

    rappropriation du terrain *a6liation, ad hocing+ 7 d'une tout

    autre nature, donc, que la reprsentation de la maKtrise

    circulant usuellement, impliquant surtout le contrle d'un obet.

    *2P+ est intressant, cet gard, de souligner, auourd'hui, le

    trs oli # remue-mninges $,encore amplif par une

    eervescence mdiatique notable, qui a t dclench par le

    port ostensible, sinon ostentatoire, de s!mboles islamiques

    dans l'enceinte de l'cole. La laQcit, prcisment proche

    cousine du scientisme, dans larbre gnalogique des valeursrpublicaines, se sent menace et dcrte, en consquence, la

    mobilisation gnrale. >lain, qui entendait, ustement, rserver

    lcole du tumulte extrieur, pour mieux "ormer l'essentiel,

    est rappel sous les drapeaux. Les courants "ministes se

    portent, aussitt, en ren"ort. 5n campe donc sur le # qui vive $

    et les ractions se "ont en termes d'exgse, plutt que deconsidrer, de "a&on plus subtile, l'vnement comme

    # anal!seur $, rvlateur de changements en cours dans nos

    socits *les %ux dmographiques, les taux d'intgration, les

    racismes renaissants, les contradictions intressant les

    processus constituti"s de l'identit, le respect de la dirence, la

    tolrance, les politiques d'assimilation, le eu # normal $ de

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    l'altration, etc+. llemagne de lEst, en ;ongrie, en

    >"rique du 0ud, en @ologne, en >mrique du 0ud, comme

    porte-paroles des courants progressistes. L'eet proprementducati" d'une telle question reste le large dbat d'ide qu'elle

    aurait dU inspirer, condition, toute"ois, que celui-ci ne se

    trouve pas rduit, une "ois de plus, un # comit de sages $

    *aussi udicieusement choisis soient-ils+, t!pe usuel de

    concertation dont les technocrates attendent naQvement la

    "abrication d'un consensus.5n retomberait, alors, dans le t!pe de con"usions que nous

    tentons d'anal!ser, ici. Le "ait de demander au 4onseil d'\tat de

    trancher est de m)me nature. 4'est un recours lexpertise.

    @our contribuer lvolution des ides, au dveloppement

    social, un tel dbat devrait )tre ouvert l'ensemble des

    cito!ens, concerns quant lavenir plus encore que dans le

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    prsent. Tuand ils se "ont "arouches et crisps, sous la pression

    de l'urgence *les # "eux $ de lactualit et l'emphase

    mdiatique+, les rappels l'ordre, la rgle, l'invocation des

    principes, sont fnalement d'inspiration plus ps!chologique et

    *ou+ # technique $ que vritablement thique et axiologique. En

    tout cas, il ! aurait, l aussi, matire recherche

    *praxologique et scientifque+.

    >.A..V.0.E.

    _>0054>R45@;5RE RLE /E VE4;EV4;E

    04ERctes du colloque

    Les nouvelles formes

    de la Recherche en ducation

    au reard d'une europe en devenir

    >LER45R

    2? - 2D (> ONNP

    @ublis sous la direction de :. >V/5R5 et 8. MEV8EV

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    (>R/0;>