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La revue des anciens élèves de l’Ensae N o 19 V Le risque vieillesse Le risque vieillesse Novembre 2001 ariances

ariances - ENSAE · tion centrale qui animera la campagne présidentielle. Et pour suivre le rythme déjà haletant de ce nouveau millénai-re, bien sûr, nous comptons sur vous

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La revue des anciensélèves de l’Ensae

No 19V

Le risque vieillesseLe risque vieillesse Novembre 2001

ariances

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1Numéro 19 - Novembre 2001

Autant le Maya n’eut pas de monnaie reconnue, autant l’ASTEC est bien décidédésormais à compter en euro. C’est doncla dernière fois que vous verrez apparaîtreun bilan financier exprimé en francs dansnos pages. Semestre après semestre, noustentons, improbables Nina Ricci du journa-lisme associatif, de saisir l’air du temps. Lesréformes structurelles des systèmes de re-traite, sujet abordé dans le dossier de cenuméro, émergent ainsi comme une ques-tion centrale qui animera la campagne présidentielle. Etpour suivre le rythme déjà haletant de ce nouveau millénai-re, bien sûr, nous comptons sur vous.

La mise en place du site Internet donne des résultats pourl’instant prometteurs. En point de mire pour l’année 2002, il ya l’aboutissement de nouveaux projets, facilité par deséchanges entre les anciens rendus plus simples. Ces voileuxqui se cherchaient depuis quelques années préparent au-jourd’hui la participation d’une équipe d’élèves et d’anciensélèves –votre équipe- au Tour de France à la voile.Rassemblées, les associations d’élèves entrent en résonanceavec l’ASTEC pour mieux dialoguer avec les anciens. Pourmieux faire connaître l’ENSAE, et ses anciens élèves.

Enfin, les derniers articles de ce numéro s’écartent un peudes sentiers battus des sujets ordinairement traités dansVariances. En marge de ce qui concerne le cadre stricte-ment professionnel ou associatif de nos vies d’anciensélèves, il y a tout le reste et notamment l’horreur des atten-tats et la misère quotidienne, et la façon dont les perçoiventceux qui les côtoient. Quiconque est passé par l’ENSAE saiten principe ce que compter veut dire. Reste à savoir ce quicompte vraiment.

Fabien TOUTLEMONDE

VariancesISSN 1266-4499 - Variances (Malakoff)

La revue des anciens élèvesde l'Ensae

Numéro 19 - Novembre 2001

Directeur de la publication Mohammed Najib Sassenou

(ENSAE 80)

Rédacteur en Chef Fabien Toutlemonde (ENSAE 99)

Comité de Rédaction Benoit Bellone (ENSAE 01)Charles Clavel (ENSAE 00)Frédéric Gilli (ENSAE 00)Hugo Hanne (ENSAE 92)

Pierre Moricheau (ENSAE 67)Sébastien Petithuguenin (ENSAE 01)

Conception et réalisation Fabien Toutlemonde (Variances)

Imprimerie Néo-Typo

PublicitéJean-Michel Amram,

Mise en page - FabricationRoland Frénard

Société OFERSOP55, bd de Strasbourg

75010 PARISTél. : 01 48 24 93 39

[email protected]

Commentaires ? Suggestions ?Envoi de vos articles à :

VariancesFabien Toutlemonde

24, rue Rousselet75007 Paris

[email protected]

Couverture :Dessin de Frederic Toutlemonde

Imprimerie Néo-Typo1 c, rue Lavoisier - 25000 Besançon

Dépôt légal : 32876

Prochain numéro :Mai 2002

Prochain dossier :Risques environnementaux

Éditorial

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15, rue Marsollier - 75002 Paris Tél. : 01 55 35 27 00 Fax : 01 55 35 27 01www.spss.com/france

Réduction de l’attrition clientA

SSU

RAN

CES

ASSURANCESWINTERTHURSituation

Winterthur compte plus d’unmillion de clients en Espagne.Chaque année, 130 000 d’entre euxrésilient leur contrat. Cette pertede revenus associée au coûtd’acquisition élevé de nouveauxclients est une préoccupationmajeure pour l’assureur.

Objectif

Afin de prédire ses résiliations,Winterthur a sollicité plusieurséditeurs de solutions de datamining pour construire un modèleprédictif sur un jeu de donnéesvolumineux. Ces modèles ontensuite été testés par Winterthursur un jeu de données réel et nonétudié jusqu’alors. TAD Sistemas,le distributeur espagnol deClementine a produit de loin lemeilleur modèle.

Solutions et résultats

Winterthur connaît désormais lapropension des clients à de résilier leurpolice d’assurance. Grâce à cesinformations, la direction marketingpeut désormais mieux orienter sesactions de fidélisation client.

Le jeu de données initial décrivaitdes porteurs de polices d’assurancesautomobile, chaque enregistrementcomportant 250 champs décrivantchaque individu.

La connaissance du métier et lavisualisation des données par destechniques appropriées ont permisde réduire ces champs à un sous-ensemble pertinent.

La fonction de prévision deClementine permet de trier les individus selon leur risque derésiliation ; on constate que lemodèle identifie la quasi-totalitédes résiliations.

Jodi Trull, qui a dirigé le projet,décrit ainsi l’approche :« Nous avons utilisé quatre approches :l’analyse en sensibilité, l’induction derègles (en éliminant les champsapparaissant dans les dernièresbranches de l’arbre), le senscommun (en interagissant avecl’expert) et une approchestatistique ».Chacune de ces techniques apermis de réduire à une trentainele nombre de champs pertinents.

Le modèle complet se présente sousla forme d’une combinaison deréseaux de neurones. Il préditcorrectement l’ensemble des clientssusceptibles de résilier leur policed’assurance dans 90 % des cas nonvus.

Chaque client se voit affecter unscore, indiquant sa propension àrésilier. Les clients ont été triés surce critère. 75 % d’entre eux annulantleur police sont apparus dans lespremiers 15 % de l’ensemble desindividus, comme le montre legraphique ci-dessous. ■

“Connaître la propension

des clients à passer à la

concurrence est une aide

inestimable pour cibler les

efforts de fidélisation clients.

Jodi Trull,Chef de Projet,

Assurances Winterthur.

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3Numéro 19 - Novembre 2001

Sommaire

DOSSIER

Assemblée Générale ................................................................................................. 6Rapport financier ASTEC 2000 ................................................................................... 8Le visage du nouveau conseil .................................................................................. 12Un projet d’envergure : faire le Tour Voile 2002 ....................................................... 14

Entre SAS et Lepers, franchement, j’hésite ............................................................... 18Le WOOD de la promo 2001 ...................................................................................... 20La rentrée des associations ....................................................................................... 22La taxe d’apprentissage à l’ENSAE ........................................................................... 24

Catherine ALLONAS-HUBERT (1981) .......................................................................... 28

Risque vieillesse et assurance socialePerspectives démographiques : le retour du risque vieillesse ? (Didier BLANCHET, 1980)............................................................................................. 32L’assurance privée (Christel BONNET, 1999) ............................................................ 36Financement du système de retraites par répartition (Franck VON LENNEP, 1995)....................................................................................... 40Retraites : le doux mirage du statu quo (Alexandre COLLARD et Arnaud MEZIERES, 1998) ................................................... 44Compléments individuels de retraite : analyse et évolutions (François BEUGIN, 2000)............................................................................................. 48La gestion du risque dépendance en assurance (Claire DUTEY, 2000) ................ 52Welfare ou laisser-faire ? (Fabien TOUTLEMONDE, 1999) ........................................ 56

Born in the USA ! .......................................................................................................... 60Mobilité ........................................................................................................................ 64

Au début, on vient pour distribuer des repas…....................................................... 66

ASSOCIATION

VIE DE L’ÉCOLE

LES ANCIENS

TRIBUNE LIBRE

TÊTE D’AFFICHE

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191 avenue du Général Leclerc BP 59 78222 VIROFLAY CedexTél. : 01 30 84 88 40 Fax : 01 30 84 88 73

Site internet : www.bva.fr

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JeunesDiplômés,

votre avenir s’appelle AXA !

Le Groupe AXA connaît depuis deux décennies un développe-ment et une croissance hors du commun tant en France qu'àl'international. Cette réussite nous la devons notamment auxtalents des hommes et des femmes qui conduisent noséquipes et nos projets.

L'innovation et la gestion du changement sont au cœur desgrands projets engagés par AXA.

Choisir de rejoindre AXA c'est vous donner la possibilité d'évoluerdans votre métier selon vos motivations personnelles.

Choisir de rejoindre AXA c'est aussi vous donner la chance depouvoir exercer plusieurs métiers (marketing, finances, statis-tiques…) à Paris ou dans l'une de nos directions régionales.

Pour plus de renseignements consultez notre site :www.axa.fr

Notre ambition :

être la référence

de la protection

financière en

France

grâce à notre

professionnalisme,

notre qualité de

service au client

et l’esprit

d’innovation de

nos équipes.

Merci d'adresser

votre candidature à:

Sandra Ifrah - DRHRS

AXA France Assurance,

Tour AXA,

1 place des Saisons

92083 Paris La Défense Cedex

Vous avez tant de choses à vivre

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Ont représenté l’ASTECet présen té les d i -verses actions de l’as-sociation au cours del’année :

• Najib SASSENOU, son président• Did ier FOLUS, t résor ie r del’ASTEC• Pierre MATHOULIN, responsablede l’annuaire• Fabrice WILTHIEN, webmaster• Fabien TOUTLEMONDE, rédac-teur en chef de Variances

Le prés iden t de l ’assoc ia t ion,Naj ib Sassenou, a ouver tl’Assemblée Générale par une brè-ve introduction présentant les faitsmarquants de l’activité de l’asso-ciation au cours de l’année écou-lée en instant sur quatre domainesdans lesquels se sont concentrésles récents efforts des membres duConseil:• Les pub l ica t ions que son tVariances et l’annuaire• La créat ion d’un si te Internetwww.ensae.org• La préparation du colloque• La participation de l’ASTEC à lavie de l’école

LES PUBLICATIONS

Les années 2000 et 2001 ont vu laconsolidation de la revue Variances,qui paraît désormais deux fois par anet génère un chiffre d’affaires avoisi-

nant les 300 kF. Variances devientdonc une véritable source de revenuspour l’association grâce à la commis-sion sur chiffre d’affaires que reversela régie publicitaire. L’année 2002 de-vrait voir le renouvellement presque in-tégral du comité de rédaction, maiségalement la rénovation de la maquet-te et de la " signature graphique " dela revue, pour répondre aux attentesexprimées par de nombreux anciensélèves dans un courrier de soutien etde critique constructive qui devient aufil des ans de plus en plus abondant.La parution de l’annuaire a elle étéprogressivement décalée pour avoirlieu maintenant un peu avant les fêtesde fin d’année. Cette publication de-meure la principale source de revenusde l’association. Avec la mise en placedu site Internet, sa maintenance devraitse trouvée sensiblement allégée et faci-litée, notamment grâce aux procé-dures de mise à jour en ligne des coor-données de chaque ancien.

CRÉATION DE WWW.ENSAE.ORG

Cette initiative a été largement pré-sentée dans le numéro de mai 2001de Variances. Les premiers mois defonctionnement sont très prometteursavec un trafic déjà relativement in-tense et plus de 700 anciens sur en-viron 3500 qui se sont connecté etont mis à jour leurs paramètres enligne. Le paiement sécurisé en lignea été mis en place pour faciliter le

paiement des cotisations, tandisqu’un certains nombre de forums etde " clubs on-line " sont en coursd’élaboration pour faire du siteInternet un lieu de rencontres et d’ac-t ivi tés pour les anciens élèves.L’association espère ainsi trouver unsecond souffle en proposant de nou-velles prestations et actions qui larendront plus attractive.Ce projet, ini t ié par VincentChampain fin 1999 a été concrétisépar Fabrice Wilthien qui devient lewebmaster de l’ASTEC en mêmetemps que son trésorier.

LE COLLOQUE DE L’ASTEC

Benoit Bellone a coordonné pendantplus de six mois les travaux d’un pe-tit groupe d’anciens pour l’organisa-tion du colloque portant sur " coûtset prix des risques environnemen-taux ". Les thèmes qui y sont abor-dés ont là encore été présentés dansle numéro de mai 2001 deVariances.[NDLR : depuis, le colloque a mal-heureusement dû être annulé, fauted’un nombre suffisant d’inscrits àmoins de deux semaines de la dateretenue. Le Conseil a d’ores et déjàcommencé de plancher sur les rai-sons de cet échec pour proposer denouvelles formes de manifestationsmieux à mêmes de susciter l’intérêtet la par t icipation des anciensélèves.]

ssemblée générale du 14 juin 2001A

6 Variances

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PARTICIPATION DE L’ASTEC À LA VIE DE L’ÉCOLE

L’ASTEC a mis en application en2001 le protocole d’encadrementdes relations entre l’ASTEC et le BdEmûrit au cours de l’année 2000. Enmatière de subventions, les élèves sevoient désormais contraint de présen-ter un budget prévisionnel annuel endébut d’année civile. Les subventionssont ensuite accordées sur examensde dossier et demandes ponctuellesdans le cadre d’une ligne de créditmaximale de 60 kF par an. En outre,des liens efficaces ont été tissés avecdeux représentants des élèves, dési-gnés pour l’année comme interlocu-

teurs et facilitant la transmission d’in-formations et la connaissance mutuel-le des élèves et des anciens élèves.Par ailleurs, l’ASTEC continue d’ac-corder au cas par cas des prêts d’hon-neur, dans des cadres stricts permet-tant le recouvrement réel des sommesprêtées. Didier Folus signale a ce su-jet que les litiges dans ce domaineportent sur des sommes négligeableset sont souvent facilement dénoués.Enfin, l’ASTEC est présente dans lesinstances de l’ENSAE que sont leconseil d’enseignement (2 représen-tants) et le conseil de perfectionne-ment (1 représentant), ce dernierétant appelé dans les prochains moisà statuer sur les modifications appor-

tées au processus de recrutement :raccourcissement du cursus desPolytechniciens à 1 an dans lecadre de la réforme X2000 et rat-tachement par t ie l du concoursmaths au concours communsMines-Ponts.

Didier Folus a par ailleurs présentéles comptes de l’association pourl’année 2000 et annoncé son dé-part du Conseil. Fabrice Wilthienlui succède au poste de trésorier.Le président a levé la séance aprèsavoir fait voté les quitus moral et fi-nancier, en invitant les anciensélèves présents à rejoindre le cock-tail préparé à leur attention. ■

L ’ A S S O C I AT I O N

7Numéro 19 - Novembre 2001

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L’ASTEC recense, en 2000, un peuplus de 500 membres cotisants, sanscompter les membres ayant déjà cotiséà vie. Par rapport à l’année précéden-te, on constate un accroissement descotisations normales et de celle des

plus jeunes (demi-cotisations) et une di-minuation des cotisations à vie, de sor-te que le montant global a diminué de8 %. Seuls 7 versements en euros ontété enregistrés, alors que les cotisa-tions seront exclusivement payables en

euros dès 2002. Les ventes et les re-cettes publicitaires provenant de l’an-nuaire des anciens élèves de l’Ensaeet de la revue Variances ont forte-ment augmenté : + 58 %. Ce bonchiffre est sans doute expliqué par la

apport financier ASTEC 2000R

Approuvé par l’assemblée générale du 14 juin 2001

200000

180000

160000

140000

120000

100000

80000

60000

40000

20000

0

700

600

500

400

300

200

100

0

Mon

tant

en

EUR

Nom

bre

(cou

rbe)

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

qualité de ces deux supports et parla croissance de l’activité écono-mique. Les sommes ainsi obtenues

sont désormais du même ordre degrandeur que les recettes provenantdes cotisations. Les recettes stables

de l’Association se décomposentcomme suit, pour cent francs (horscolloque et éléments exceptionnels) :

Recettes de l'exercice 2000 1999 1998 1997 1996

Cotisations et dons 52,3 francs 62,9 francs 59,6 francs 81,8 francs 68,2 francs

Annuaire et Variances 42,4 francs 29,8 francs 28,7 francs 7,5 francs 22,7 francs

Fonds de solidarité ns ns ns ns 3,4 francs

Produits financiers nets 5,3 francs 7,3 francs 11,7 francs 10,7 francs 5,7 francs

8 Variances

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En ce qui concerne les dépenses,l’Association n’a pas sensiblementmodifié leur répartition, sauf en at-ténuant les subventions accordées

à cer taines activités des élèves(voyages notamment). Le fonds desolidarité, c’est-à-dire l’ensembledes aides pécuniaires que nous ac-cordons à certains élèves, n’accu-se aucune défaillance irréversiblede remboursement : les retards depaiement sont en cours de résorp-tion. Au total, l’allocation de cent

francs de dépenses est la suivante(hors éléments exceptionnels) :Cet ensemble s’est traduit en 2000par un bénéfice comptable de 157

611 francs, résultat élevé qui per-met de renforcer nettement notrefonds de t résorer ie associa t i f .Ainsi, des projets nouveaux peu-vent être entrepris sereinement,comme par exemple le lancementdu s i te in terne t de l ’As tec :http://www.ensae.org. En lui sou-haitant bon vent, je transmets le "

bâton de trésorier " à mon succes-seur et remercie toutes celles etceux d’entre vous qui m’ont accor-dé leur confiance pendant ces six

années. D’ici là, le lecteur trouveraci-dessous le compte de résultat del'exercice 2000, le bilan de clôtureau 31 décembre 2000 et la répar-tition de notre portefeuille de pla-cements. Bonne lecture !

Didier Folus, trésorierCESS 1992

L ’ A S S O C I AT I O N

9Numéro 19 - Novembre 2001

Dépenses de l'exercice 2000 1999 1998 1997 1996

Liaison avec les anciens 27,9 francs 27,1 francs 56,5 francs 39,7 francs 18,5 francs

Soutien activités des élèves 35,0 francs 48,1 francs 24,4 francs 20,7 francs 44,0 francs

Fonds de solidarité 5,7 francs 0 franc 3,2 francs 5,7 francs 0,6 franc

Frais de fonctionnement 31,0 francs 24,8 francs 15,9 francs 33,9 francs 36,9 francs

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Charges 2000 1999 Produits 2000 1999

Liaison avec les anciens Cotisations et donsannuaire, Variances, site internet 18 617 10 244 à 3 000 francs 30 000 51 000assemblée générale 6 656 10 352 à 300 francs 119 700 114 300enquête emploi 0 0 à 150 francs 15 450 14 250frais liaison avec anciens 7 176 27 480 dons 3 400 3 550Fonds de solidarité (dons, paiements) 6 990 0Colloque Colloquecharges sur colloque 2000 1 696 466 produits sur colloque 2000 0 0charges sur colloque 1999 0 0 produits sur colloque 1999 0 0Soutien activités élèves Annuaire et Variancesgala ENSAE 0 10 000 ventes 43 690 20 940debating, GT, spécial Alpha 5 000 10 000 redevances publicitaires 93 065 65 716clubs de l'Ecole, Kfet 14 579 16 000parrainage, WEI, WED, voyages élèves 23 600 49 500Fonctionnementfournitures et divers 34 957 40 950assurance, banque, télécom… 3 024 3 192dotations amort. & prov. 0 0

➤ Résultat de l'activité 183 010 91 572

Eléments financiers Eléments financiersagios bancaires 67 51 revenus des placements 17 215 15 629moins-values, dotations plus-values, reprises de aux provisions 3 1 834 provisions 0 5 668Fonds de solidarité (dot. aux provisions) 0 0

➤ Résultat financier 17 145 19 413

Eléments exceptionnels Eléments exceptionnelscharges exceptionnelles 21 182 24 196 produits exceptionnels 0 0dotations aux provisions 21 362 0 reprises sur provisions 0 0

➤ Résultat exceptionnel – 42 544 – 24 196

Impôt 0 208

➤ Résultat de l'exercice 157 611 86 581

Total des charges 322 520 291 054 Total des produits 322 520 291 054

Compte de résultat de l’ASTEC, en FRF

10 Variances

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Actif2000 1999

Passif 2000 1999brut am.&pro. net net

Immobilisations 120 978 12 961 108 017 122 020 Fonds associatif 816 371 658 760

prêts fonds de solidarité 64 000 8 500 55 500 69 500 fonds de trésorerie 658 760 572 179

prêt Kfet Ensae 9 600 0 9 600 9 600 résultat de l'exercice 157 611 86 581

Provisions risques,

Sicav obligataires 47 378 4 461 42 917 42 920 charges 18 952 18 952

Créances 182 911 95 947 86 964 87 078 risques 12 500 12 500

cotisants et usagers 0 0 0 0 charges 6 452 6 452

Dettes de

fournisseurs 182 911 95 947 86 964 87 078 fonctionnement 8 000 0

Liquidités 648 342 0 648 342 468 614 fournisseurs 0 0

sicav trésorerie 84 363 0 84 363 78 695 honoraires 8 000 0

comptes à terme 307 859 0 307 859 297 717

comptes sur livret 228 671 0 228 671 92 179

banque (var. d’ajustement) 1 298 1 298 23

Total 952 231 108 908 843 323 677 712 Total 843 323 677 712

Titres date entrée prix revient valeur de plus-value revenu

unitaire réalisation latente 2000

4 Lion-Associations (sicav obligataire – C. Lyonnais) 11 844,56 42 917,17 – 4 461,07 1 624,67

18 Lion 20 000 (sicav monétaire – C. Lyonnais) fin 1991 4 068,21 112 372,91 39 145,13 0

80 Latitude (sicav monétaire - La Poste) 07/1995 139,18 13 045,67 1 910,91 0

Compte à terme (3 à 4 % en 2000 – C. Lyonnais) 06/1997 285 943,59 307 858,89 0 10 840,12

Compte Livret A (3 % en 2000 - C. d'Epargne) 25 808,31 0 614,37

Compte Livret (2 % en 2000 – C. Lyonnais) 228 670,80 0 4 135,96

Valeur du portefeuille au 31 décembre 2000 730 673,75 36 594,97 17 215,12

Bilan ASTEC au 31 décembre, en FRF

Portefeuille de placements ASTEC : valeurs de réalisation en FRF au 31 décembre 2000

L ’ A S S O C I AT I O N

11Numéro 19 - Novembre 2001

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Najib Sassenou (80)Najib SASSENOU est ancien élève del'E.N.S.A.E. et Docteur en sciences écono-miques. Il a occupé plusieurs postes au seindu groupe Caisse des Dépôts dans les do-maines de l'économie et de la finance. Il estactuellement responsable adjoint du dépar-

tement Allocation d'Actifs à SOGEPOSTE , filiale commu-ne de la Poste et de la CDC. Il est président de l’ASTECdepuis juin 1999.

Stéfan Lollivier (80)Diplômé de l’école Polytechnique en 1956 puisde l’ENSAE en 1980, il y enseigne l’économiejusqu’en 1983. Après un premier passage àl’INSEE, il devient rédacteur en chef desAnnales d’économie et de Statistiques et direc-teur adjoint de l’ADRES de 1992 à 1994 avant

de revenir à l’INSEE comme chef du département des prix à laconsommation. En 2000, il devient directeur de l’ENSAE. A cetitre, Stéfan Lollivier est Vice-président de l’ASTEC.

e visage du nouveau conseilL

12

Fabrice Wilthien (98)Trésorier et webmaster du site de l'Astec. Il estentré en juin 2000 et a participé l'année derniè-re au développement du site. Fabrice Wilthienest directeur associé d'Optimind, une société deconseil et de développement logiciel dans le do-maine de l'assurance et de la banque.

Auparavant, il a été Directeur d'Etudes chez Profile for you, unestart up leader du profiling sur internet et Risk Manager à laDirection des Risques de Bnp Paribas.

Benoît Bellone (00)Administrateur de l'INSEE, économiste à laDirection de la Prévision, Bureau de laSynthèse de la Prévision Internationale.Ancien élève de l'Ecole Normale Supérieurede Cachan. Secrétaire général de l'ASTECet membre de l'équipe organisatrice du

Colloque de l'ASTEC.

Fabien Toutlemonde (99)Egalement diplômé de Sciences-Po (sectionRecherche en Sciences Politiques) en juin2000, il travaille à temps partiel pourl'OCDE avant de rejoindre en août 2000 ledépartement de la conjoncture de l'INSEE.Entré au Conseil de l'ASTEC en juin 1999,

il est depuis janvier 2001 rédacteur en chef de Variances.

Dominique Beudin (69) Egalement diplômée de l’INSEAD (1981) DEADroit des Affaires (1982)- Diplôme d’expertisecomptable (1992). Une dizaine d’années dans dessociétés de conseil en stratégie, marketing et com-munication. Vingt ans dans le domaine financierà l’Agence Française de Développement (depuis

1981). Actuellement responsable de l’audit des filiales du groupe.

Philippe Mouttou (85)consultant senior AAC (Advanced AnalyticConsulting) AC Nielsen Emea. Enseignant àl'ENSMP, l'ESCP et l'EPF (Responsable del'option SRI). Philippe est Vice-président del’ASTEC depuis juin 2001.

Hugo Hanne (92)Ancien Elève de l'ESSEC, MSTF 1993, AncienElève de l'ENSPTT, Chef de Bureau"Administration" au Service Hydrographique etOcéanographique de la Marine (SHOM),Marine Nationale, au Ministère de la Défense, ila été auparavant Chargé de Mission "Etudes

Economiques - Prospective" au Ministère de l'Economie, desFinances et de l'Industrie. Secrétaire général adjoint de l’ASTECet membre du comité de rédaction de Variances.

Variances

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Vincent Champain (96)A commencé sa carrière au ministère desFinances avant de rejoindre le cabinet d'E.Guigou, il s'est notamment occupé de sujetsd'économie industrielle et de financement del'innovation a la direction de la prévision,après un passage a l'inspection générale des

finances, du budget de l'Emploi à la Direction du Budget. Il aégalement été chargé de TD en informatique à l'EcolePolytechnique.

Charles Clavel (00)Ecole Polytechnique (1995-1998), Ensae(1998-2000), majeure finance et actuariat.Activité Professionnelle : Responsable desétudes statistiques, Capital One France, enposte depuis septembre 2000. Membre ducomité de rédaction de Variances.

L ’ A S S O C I AT I O N

13Numéro 19 - Novembre 2001

Jacques Fornero (73)Responsable de la sous-section Emploi del’ASTEC.

Fréderic Gilli (00)DEA Analyse et politiques économiques(EHESS), DEA Analyse Théorique etEpistémologique en Géographie (Paris 1).Doctorant en économie (Université Lille1,CERAS-ENPC). Responsable du pôle de com-pétence Bassin parisien de l'Insee, Insee

Picardie. Membre du comité de rédaction de Variances

Pierre Jaillard (88)Egalement diplômé de Sciences-Po (1989).Journaliste à Radio Droits de l'homme (1989-1990) et à Communes modernes (1990-1995).Assistant d'un membre du Conseil constitu-tionnel (1980-1992). Administrateur del'INSEE au ministère de l'Economie et des

Finances (depuis 1990) ; à la direction générale des Impôtsdepuis 1999. Actuellement chef du bureau de la Politique gé-nérale de l'informatique à la direction générale des Impôts. Deretour au conseil d'administration de l'ASTEC en 2001 aprèsen avoir été membre de 1988 à 1991

Thomas Kauffmann (99)Après un passage chez Carat Expert, ilentre chez Novatris en septembre 1999comme responsable technique des études enligne et de NetObserver, puis devient res-ponsable Recherche & Développement. Ilest élu au Conseil de l’ASTEC en juin 2000.

Pierre Mathoulin (85)Membre de l'Institut des Actuaires Français(IAF). Membre du SACEI. A travaillé pen-dant 15 ans dans des compagnies d’assu-rance et s’est spécialisé dans les logicielsactuariels et les logiciels de gestion finan-cière pour institutions. Responsable de

l’annuaire.

Michel Piermay (76)Membre agrégé de l'Institut des ActuairesFrançais (IAF). Membre de la SociétéFrançaise des Analystes Financiers (SFAF). Aété pendant 7 ans directeur des investisse-ments de Cardif et, pendant 5 ans, directeurf inancier, puis directeur général de La

Mondiale. Président du Syndicat des Actuaires-Conseils etActuaires-Experts Indépendants (SACEI). Membre del’International Association of Consulting Actuaries (IACA).

Sébastien Petithuguenin (01)Diplômé de l’ENSAE en 2000, scolarité encours à l’ENS Fontenay, il est assistanrd’économie (" lecteur ") à la LSE jusqu’endécembre 2001. En 2002, il se consacrera es-sentiellement au projet E-racing de participa-tion des élèves et des anciens élèves de

l’ENSAE au Tour de France à la voile en juillet 2002. Il estégalement membre du comité de rédaction de Variances.

Marc Plazen (92)Ponts et chaussées 1992, CESS ENSAEFinance et Actuariat 1993 et Actuairemembre de L'IAF depuis 1993. Après 5 ansà la SCOR en audit technique puis en sous-cription de réassurance-vie, il a expéri-menté la création de société pendant deux

ans. Il est actuellement contrôleur de gestion holding àAXA Corporate Solution.

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14 Variances

Imaginez d ’abord un par -cours exceptionnel, le longde p lus de 12000 km decôtes, et qui explore aussibien le bassin méditerranéen,

que les côtes de la manche et lafaçade atlantique. Imaginez unecompéti t ion acharnée qui voits’affronter chaque année le go-tha mondial des régatiers, venus

se frotter à l’élite française de lacourse au large. Imaginez enfinun bateau de 9 mètres, le mêmepour tous, dont les limites sontd’abord celles de son équipageet qui s’est imposé comme uneréférence internationale. Ce rêveexiste, il porte un nom, c’est leTour de France à la Voile.Notre défi : y participer.

Anciens élèves de l’ENSAE, nousnous sommes retrouvés autour dece projet ambitieux. Au sein del’association E-racing (ENSAERegatta Team), nous nous entraî-nons et préparons chaque jour laréussite de cette aventure. C’estune double ambit ion qui nousguide à ce propos : concrétisernos années d’apprentissage pourtu toyer l e hau t n i veau e t ap -prendre encore au contact desmeilleurs ; profiter de l’attentionsoutenue des media à cet évène-ment incontournable pour don-ner un coup de fouet à la noto-riété de l’ENSAE (suivi quotidiende l’épreuve sur M6 tout au longdu mois de juillet).

Nous avons besoin de votre sup-por t pour mener à bien not reprojet, soyez notre premier par-tenaire.

Pour l’équipe e-racingSébastien PETITHUGUENIN

(ENSAE 2001)

n projet d’envergure :faire le Tour !U

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Numéro 19 - Novembre 2001 15

L ’ A S S O C I AT I O N

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16 Variances

BRÈVES

Bibliothèque et ASTEC

L’ASTEC est actuellement en pour-parlers avec la bibliothèque del’ENSAE pour proposer une nou-velle prestation à ses adhérents :l’accès au fond bibliothécaire duGENES. Les modalités de fonc-tionnement seront bientôt fixées,vous en serez tenus au courantsur le site Internet et dans le pro-chain numéro de Variances (mai2002). Dans un premier temps,les jeunes anciens adhérents etoccupant des postes de cher -cheurs ou de chargé d’étude ob-tiendraient un accès à la biblio-thèque contre dépôt d’unecaution.

ParisTech accueillel’ENSAE

Créé en 1991, ParisTech (ParisInstitute of Technology) est une as-sociation réunissant neuf écolesd'ingénieurs parmi les plus presti-gieuses de France : ENSAM,ENSCP, ENGREF, Mines, ESPCI,ENPC, ENSTA, Télécom, INA-PG.A l’issue d’un vote à l’unanimités’étant déroulé le 4 septembre2001, l’ENSAE a été admise àPARITECH en tant que membre as-socié, le statut de membre actifétant, conformément aux statuts,réservé aux écoles d’ingénieur.Elle rejoint l’Ecole Polytechnique,dont la candidature avait été ac-ceptée l’an passé.

Rénovation deVariances

Un graphiste s’est attelé depuisjuillet 2001 à la rénovation de lacharte graphique de Variances.La " signature graphique " de-vrait s’en trouver légèrement mo-difiée pour rendre la revue plusattrayante et plus agréable à li-re, conformément aux souhaitsexprimés dans de nombreux cour-riers d’anciens. La " toilette " deVariances devrait avoir lieu du-rant l’hiver, vous en verrez doncles effets dans le prochain numé-ro, en mai 2002.

http://www.ensae.orgLe site de l’ASTEC pour

mettre à jour vos coordonnéesretrouver les coordonnées d'un ancien élèvedéposer une annonce d’emploivoir les annonces d’emploi ou de stageêtre tenu au courant des mobilités d’anciens ensaevoir les publications d’anciens ensaeêtre tenu au courant des actions de l’ASTECtélécharger les anciens numéros de variancesgérer votre adresse mail @ensae.orget ... payer votre cotisation

Si vous n’avez pas reçu votre login et mot de passe pour vous connecter àvotre espace personnel ou pour toute question, envoyez un mail à [email protected]

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ntre SAS et LEPERS, franchement, j’hésiteE

Il est de ces expériences qui,contre toute attente, vous rendentsolidaires à la fois de vos amis,de vos élèves et de vos grands-parents. De vos amis parce que

l’ENSAE, après avoir maintes foiscuisamment vaincu d’autresGrandes Écoles en joute oratoire,ne pouvait compromettre son excel-

lence rhétorique par une défaillanceculture-généralesque. De vos élèvesparce que retrouver aux côtés de J.Lepers celui qui à son deuxième TDde SAS connaissait par cœur la syn-taxe de la proc gchart, goptionscomprises, ça promet. De vosgrands-parents enfin, parce que nulne peut s’approprier l’apanage télé-visuel du troisième âge sans télé-phoner à sa grand-mère pendant laréclame.

Pour tant, bien que notre vénérésea33118 – appelons-le ainsi, par-ce qu’Olivier Lavagne d’Ortigue,c’est difficile à écrire sans fautes –ai t le suppor t incontesté de magrand-mère, de cinquante ENSAE,par définition bruyants, dans le pu-blic ainsi que de votre serviteur quilui mit un vingt en TD de SAS, JulienLepers semblait porter beaucoupplus d’intérêt à ceux des candidatsqui avaient sur le torse des attributsmilitaires ou féminins, et qui en fai-saient de surcroît montre avec un or-gueil non dissimulé. Fi des épau-lettes, décolletés et autres sourirescharmeurs ; il excella. Avec une ra-pidité à faire pâlir SAS de jalousieet une précision à ridiculiser unestimateur sans biais, il terrassa laGendarmerie, la Pharmacie, leCommerce et les Télécommuni-ca-tions, tous condamnés à une humili-té qu’il n’ont même pas la moindre

chance de venger en debating ouen volley, et encore moins en baby-foot. Parce non content de savoir que lespoils du nez, que la plupart d’entrenous se contente de trouver disgra-cieux et d’arracher à grands cris dedouleur, s’appellent des vibrisses,Olivier s’autorisa le prestige deconclure la finale en répondantavec une conviction désarmante "Patrice Chéreau " à un Julien Lepersimpressionné qui n’avait eu le tempsd’ânonner qu’un bref " Né le 2 no-vembre 1944 à Lézigné virgule, jesuis venu au cinéma par la critiq…", que s’empressa de couvrir l’aussipi t toresque qu’at tendu " Etvouuuuuuuus êêêêêêêtes cham-pioooooooooooooon !! ", symptô-me verbal d’autant de surprise quesans doute d’admiration, tachésd’une incrédulité que nous devionsêtre les seuls à ne pas partager.Parce que sans avoir le prestige desautres écoles, l ’ENSAE avait lemeilleur des publics et le plus décon-certant des candidats : il est bienconnu, quelque part dans la ban-l ieue sud de Paris, qu’à défautd’avoir l’excellence, on a au moinsson équation.

C’est en dépit d’un tel brio, qui eûtdû donner à l’ENSAE un charismequ’elle n’a jamais su entretenir, mal-gré une victoire des plus vexatoires

18 Variances

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V I E D E L ’ É C O L E

pour les neuf autres écoles et sousles cr is de f ier té des cinquantenôtres qui hurlaient sur le plateau aumilieu des autres, encore abasour-dis de leur défaite, qu’Olivier rem-porta avec lui une gloire éphémèreet une voiture, que Julien Lepers ou-blia " l’ENSEA " aussi rapidementqu’i l l ’avait ignorée et que magrand-mère renonça définitivementà comprendre ce que j’avais pu fai-re de mes trois dernières annéesd’étude dans une école dont, fina-lement, personne n’avait compris nile nom ni l’utilité.

Etienne MAROT (ENSAE 2000)

Numéro 19 - Novembre 2001 19

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20 Variances

Le Wood ? Mais qu’est quipeut se cacher derrière unnom aussi barbare ? Pour lecomprendre il faut remonterlongtemps en arr ière. Au

commencement des temps oupresque, il y a trois ans quoi, Pabloet Fabien dirent " que le Week-endOf Odd Disintegration soit ", et leWood fut. Le principe était de faireun voyage qui regroupait principa-lement les 3A sur le point d’être di-plômés, les envoyait à la fraîchesur une plage de sable fin s’abreu-ver une dernière fois de soleil et deSangria tous ensemble, histoire derenforcer l’esprit de promotion.Mais comme chaque Wood est unpeu différent, la promo 2001 avaitpréféré l ’Ardèche à laMéditerranée et le canoë au trans-at. En effet, le diplômé 2001 estun aventurier. I l a trop regardéKoh Lanta. Entre Crocodile Dundeeet Indiana Jones, il est habitué àsurvivre dans un milieu hostile, àpêcher des poissons à mains nuespour se nourrir et à allumer son feuen frottant des cailloux. C’est pour-quoi la promo 2001 a choisi, pourson dernier voyage, de défier lesgorges inexplorées de l’Ardècheavec pour seules armes une pa-gaie et un bidon.

Ainsi, par un beau vendredi soirde juin, les rues malakoffiotes vi-

rent se presser, accourant de tousles coins de la capitale, des 3A enshort portant tentes et duvets sur ledos. Il fallut vite se rendre à l’évi-dence : Marco ne serait jamais àl’heure. Mais à part cela, le weekend s’annonçait bien : il faisaitbeau, le bus était là et les bonbonscoulaient à flots. Nous partîmesdonc 45 et par un prompt renfortnous nous vîmes 50 en arrivant auport, à savoir Vallon Pont d’Arc.Chacun eut droit à un croissant, uncafé et un Tee-shirt Pokémon per-sonnalisé. Ainsi parés, heureux etconfiants, sous un soleil de plomb,la fleur au bout des pagaies, lacrème solaire au fond du bidonétanche qu’il ne faut surtout pasouvrir pendant la traversée, lestentes dûment empaquetées dansles sacs poubelles prévues à cet ef-fet, nous empoignâmes nos canoëset nous nous é lançâmes surl’Ardèche. Au bout d’une heure deconfiance et de bonheur, on pou-vait entendre : " non mais tu rameslà ou quoi ? ", " tourne, mais tour-ne, bon sang ! " et " non vas-y,touche pas à mon canoë, nooon!(plouf) ". Il était temps de s’arrêterpour reposer les bras et rassasierles estomacs. Toujours confiants etheureux (faut-il le préciser), nosjoyeux aventuriers préférèrent lepique-nique offert par l’Astec aupoisson frais péché dans la rivière.

I l est des mystères inexpliqués.L’après-midi fut celle des premièresexpériences : premiers rapidesclassés, premiers dessalages, pre-miers coups de soleil. Après plu-sieurs immersions plus ou moinsvolontaires, nous nous sommes ar-rêtés, épuisés mais fiers, pour cam-per au bivouac. De cette soirée,qui fu t i l faut l ’avouer le pointd’orgue de ce week-end, il faut re-tenir quelques enseignements. Toutd’abord, il faut beaucoup d’ensaeet encore plus d’allume-feu pour al-lumer un barbecue. Deuxièmement,le rosé se conserve très bien dansles bidons. Troisièmement il fautbeaucoup de saucisses et encoreplus de pommes de terres pour ras-sasier des ensae. Apéritif festif,puis barbecue convivial. Il étaitbeaucoup plus rapide d’avoir àboire qu’à manger mais tout venaità point à qui savait attendre. Onn’avait pas pris la sono, mais heu-reusement on avait Gaétan. Nousavons chanté de bon cœur, donc,ce qui nous a permis de nous fairede nouveaux amis au sein du bi-vouac, et nous nous sommes cou-chés quelque peu éméchés.

Le lendemain, au petit matin, lesmuscles endoloris mais heureux,nous reprîmes nos pagaies pour fi-nir la descente. Les Gorges sontencore plus belles à huit heures du

e Wood de la promo 2001L

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V I E D E L ’ É C O L E

matin. Les binômes ont pris leurrythme. On s’arrête de temps entemps pour se tremper un peu. Aneuf heures chaque embarcationavait atteint son rythme de croisiè-re, surtout depuis qu’il avait été dé-crété qu’il y aurait au moins unhomme par canoë. Mais en fin dematinée, le drame se produisit : onarrivait au gros rocher de la mortqu’un être malveillant a placé enplein milieu de la rivière, justeavant le tournant fatal qui projettecontre la falaise, bref, le dernierrapide de catégorie III. Le canoëde Laure et Bertrand s’était coincécontre le rocher et le courant lesempêchait de repartir. Immobiliséen travers du passage, il semblaitinévitable que tous les canoës sui-

vants ne viennent s’encastrer dansla frêle embarcation, provoquantains i un dessalage général .N’écoutant que son courage, Lauresauta sur le gros rocher, repoussadu bout de sa pagaie l’esquif pri-sonnier, dégageant ainsi la voiepour ses condiscip les mais secondamnant à rester à tout jamaisseule perchée sur son cai l lou.Heureusement, car avec l’ensaetout finit toujours bien, Arnaud etAude ne purent se résoudre àl’abandonner ainsi. Sur leur fiercanoë jaune, ils vinrent sauver labelle et la ramenèrent à son binô-me. La confiance en fut ébranlée etchacun finit cette descente commeil le pouvait, certains nageant oumarchant en traînant leurs embar-

cations, d’autres attendant qu’unvent arrière se lève et les mènent àbon port. Au terme de cette épo-pée, un palace (il en avait la pisci-ne au moins ! ) nous at tendai t .Sieste, bronzette, piscine, foot, lesactivités ne manquaient pas. Apéropuis couscous (au moins il n’y apas de barbecue à allumer) et en-fin soirée, avec la sono cette fois etGaétan qui frustré de ne pouvoirchanter, a jeté tout ce qui passait,de préférence de sexe féminindans la piscine. Bref, de l’aventureet du bonheur pour de vrai, alorsmerci l’Astec de nous avoir permisde vivre ça !

Angélique BOURQUARD(ENSAE 2001)

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22 Variances

LP

oursuivant les efforts enga-gés en 2000 pour coor-donner la kyrielle d’asso-ciations gravitant autourde l’ENSAE, une réunion

de présentation commune a permisà un amphi plein à craquer de ren-contrer les responsables des diffé-rentes activités. Chacun d’eux est

passé successivement à la tribune(l ’ASTEC étai t représentée parFabien Toutlemonde), puis tous lesélèves ont été conviés à venir discu-ter de manière plus directe et infor-melle autour d’un verre à la K-fêt.A l’heure où nous bouclons, lesélèves s’apprêtent à partir au tra-d i t ionne l WEI (Week -End

d’Intégration) à Soulac du 4 au 7octobre. Le BdE leur a notammentconcocté une journée de char àvoile qui devrait susciter enthousi-same et frisson. Nous donnonsdans ce numéro un avant-goût pro-visoire et non-exhaustif des évène-ments qui rythmeront l’année sco-laire à venir.

Calendrier prévisionnel des principaux évènements ENSAE

Novembre 2001 : ................Voyage à AmsterdamMi-novembre 2001 :.............Soirée à l’Entrepôt (date à préciser)Mi-décembre 2001 :.............Lancement de la campagne BdEMi-janvier 2002 : .................Election du BdE 20023 au 10 mars 2002 :............Voyage au ski aux Deux-Alpes11 et 12 mars 2002 :...........Forum ENSAE (environ 30 entreprises présentes)Avril 2002 :.........................Gala en partenariat avec les Mines de Paris13 au 20 avril 2002 : ..........Course-Croisière EDHEC25 juin 2002 :.....................Publication du Spécial Alpha 2002Juillet 2002 : .......................Tour de France Voile pour E-racing

(équipage ENSAE-ASTEC)

Le 17 septembre dernier, l’ensemble des associations se présentait aux nouveaux élèvesde l’ENSAE lors d’une réunion commune. L’ASTEC était présente.

a rentrée des associations

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23Numéro 19 - Novembre 2001

V I E D E L ’ É C O L E

Le BdE

Présidente : Clara Delavallade

Tél : 01 41 17 64 96Mél : [email protected]

Trésorier : Mathieu Labbouz

Les associations d’élèves en 2001-2002Contacts

Chaque responsable d’association peut être contacté personnellement sur son adresse mél élève,qui se décline comme dans l’exemple suivant :

Pour joindre Johann PIRLOUITtaper " [email protected] "

ENSAE Junior Etudes

[email protected]

Président : Grégory Emiel

Forum ENSAE

[email protected]

Président : Aurélien Lecaille

ASSEC

Président : Yvan Giovanetti

La K-fêt01 41 17 61 13

Responsable : Anne Ducreux

Bureau des Sports

Responsable : Baptiste Beaume

Club Voile ENSAE

Président : Maxime Chodorge

Club Spectacle

Responsable : Olivier Meunier

Club Jazz

Responsable : Thomas Bossuroy

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UNE TAXE UNIQUE EN SON GENRE

Les chefs d’entreprises, dèslors que leurs établissementssont soumis à l’impôt sur lerevenu au t i t re des béné-fices industriels et commer-

ciaux ou à l’impôt sur les socié-tés , do iven t par t i c iper aufinancement des formations ini-tiales de l’enseignement technolo-gique et professionnel par le biaisde la Taxe d’Apprentissage. Lesformalités et obligations des em-ployeurs sont définies par la loiN° 96-376 du 6 mai 1996. Cettetaxe a pour but de permettre auxentreprises de soutenir les écolesqui forment leurs cadres de de-main. Chaque entreprise concer-née peut choisir l’établissementqui recevra cette taxe ou ventilerle montant entre plusieurs écoles.Ces versements peuvent être effec-tués directement aux bénéficiaires,ou passer par le biais d’orga-

nismes collecteurs qui se charge-ront de cette ventilation. Dans cesecond cas, l’entreprise a intérêtà préciser les écoles (techniques,publiques ou privées), écoles d’in-génieurs ou les centres de forma-tions d’apprentis choisis. C’estdonc un impôt qui a l’avantagede permettre à "l’entreprise-contri-buable" de choisir le bénéficiairede son dû. A défaut, les entre-prises peuvent aussi verser direc-tement la Taxe d’Apprentissageau Trésor. I l n ’ex i s te aucunecontrainte géographique pourl’affectation de cette taxe. Certaines entreprises sont exoné-rées de cette taxe. Cela concerneles établissements qui ont concluun ou plusieurs contrats d’appren-tissage et qui ont une masse sala-riale inférieure à 511 299 F (77947 A ) , des soc ié tés ou per -sonnes mora les ayan t charged’enseignement, des exploitantsagricoles n’exerçant aucune acti-vité commerciale.

DES VERSEMENTS QUIPROFITENT À LA FORMATION

En permettant la mise en placed’une formation plus diversifiée,et notamment l ’ introduction denouveaux cours opt ionnels entroisième année de l’ENSAE, lataxe contribue à mieux répondreaux nouveaux besoins des entre-prises en ingénierie financière,statistique, régulation et pilotagemacroéconomique. Ce faisant,les entreprises versant la taxe,fréquemment des employeurs po-tentiels, contribuent à un investis-sement dont elles seront in finebénéficiaires.En autorisant une modernisationaccrue des équipements, en parti-culier informatiques et audiovi-suels, la taxe permet aux élèvesde disposer d’outils récents ana-logues à ceux utilisés dans les en-treprises. La taxe participe égale-ment à l’achat d’ouvrages ou à lasouscription à des abonnements

24 Variances

a taxe d’apprentissage, uncomplément indispensable au bon fonctionnementdes écoles

Le versement de la Taxe d’Apprentissage par les entreprises est une obligation fiscale,mais le choix de l’affectation des sommes dues est un acte qui permet à ces entreprises decontribuer au développement des enseignements et à l’investissement en équipements desécoles qui forment leurs futurs cadres. Le GENES profite des presque 300.000 euros re-çus chaque année pour améliorer la qualités des prestations pédagogiques données à sesquelques 600 élèves répartis sur les deux sites de Malakoff et de Ker Lann.

L

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25Numéro 19 - Novembre 2001

V I E D E L ’ É C O L E

de revues spécialisées françaiseset étrangères.En contribuant à la renommée del’école, la taxe contribue à la visi-bilité de l’école, grâce à la parti-c ipat ion à des s t ructures com-munes avec d ’au t resétablissements de haut niveau,l’enrichissement des documenta-tions et la mise en place d’actionsde communication.

UNE DÉCENNIE DE CROISSANCE IRRÉGULIÈRE POUR LE GENES

La taxe, lors de la campagne2000 a atteint un montant globalde 1 850 678 F soit 282 134 _pour nos deux écoles. Il est en lé-gère hausse par rapport à celuide la campagne précédente. Leschèques reçus vont de 310.000F pour le plus élevé à 151 F pourle plus petit. Plus d’une centained’entreprises (y compris les f i -l iales ou les entités d’un mêmegroupe) ont versé en 2001 lataxe au GENES. Ces entreprises,en majeure partie dans le milieude la Finance, des Assurances etdu Conseil embauchent ou recru-tent des stagiaires de nos écoles.A cet échantillon se joignent deplus peti tes entreprises crééespar des anciens élèves qui main-tiennent par leur geste leur atta-chement à l’ENSAE.

Ces d ix dern iè res années , lataxe a augmenté de plus de 70% en francs courants. Les verse-ments pour une entreprise don-née son t généra lemen t assezstables, en dépit d’une concur-rence qui est de plus en plus ai-guë. Les entreprises reçoiventbeaucoup de demandes et doi-vent se partager entre les nom-breuses écoles de gest ion, decommerce et sur tout désormaisles Universités dont les caracté-ristiques professionnelles se dé-veloppent de plus en plus, no-tamment à travers les Diplômesde l’Enseignement Supérieur.

LES ORGANISMES COLLECTEURS : UN RÔLE ESSENTIEL

La somme peut être versée soit àune école, soit répartie entre plu-sieurs établissements d’enseigne-ment, voire transiter par un orga-nisme collecteur-répartiteur avecou sans consigne de ventilation.Les organismes sont de trois types :

- organismes collecteurs deplein droit : chambres de com-merce et d’industries, chambres demétiers et chambres d’agriculture.

- organismes col lecteursagréés par le préfet : syndi-cats, groupements professionnelsou associations, qui consacrentune partie de leurs ressources aufinancement des formations ini-tiales et ont sollicité un agrémentpréfectoral.

- organismes col lecteursconventionnés : généralement,ce sont de grandes organisationsprofessionnelles qui ont conclu uneconvention de coopération pourles formations initiales avec le mi-nistère de l’Education nationale.

Le GENES reçoit des versementsd’une vingtaine d’organismes col-lecteurs. La CCIP (Chambre deCommerce et d’Industrie de Paris)représente de loin notre principal"fournisseur de TA", avec plus de55% de l ’ensemble des verse-ments effectués. L’affectation dessommes par ces organismes auxétablissements scolaires se fait gé-néralement sur demande des entre-prises, mais certaines leur laissentlibre arbitre pour ces répartitions.Ces organismes offrent en plus auxentreprises un service gratuit quiporte sur des conseils pour l’affec-tation des sommes, les possibilitésd’exonérations, tous renseigne-ments pratiques, une vérificationdes calculs ; bref toutes chosespropres à mettre les entreprises àl’abri d’un redressement fiscal.

UNE PRIORITÉ : MOBILISER DAVANTAGE LES ENTREPRISES

A l’avenir, il est nécessaire quenos éco les se fassen t m ieuxconnaître des entreprises en bâ-tissant une relation de qualité surl’échange et le partage d’expé-rience. L’action est donc à menerauprès :Des "anciens" : chaque annéeune lettre signée conjointementpar le Directeur de l’ENSAE et lePrésident de l’ASTEC est envoyéà chaque ancien élève pour l’inci-ter à signaler au responsable desversements de taxe de son entre-prise, que ce dernier devrait pri-vilégier notre école,Des étudiants : les stages, lesgroupes de travail, le Forum, lesopérations pédagogiques. Parleur présence et leurs travaux dequalité, ils démontrent ainsi le ni-veau de l’école et contribuent àson renom,Des entreprises : les stagiaires,le Forum, la "Junior entreprise",les amphis de présentation, lesembauches, les cadres. Beaucoupde prés idents de jur y, re tenuspour les soutenances de stagesd’application de fin de deuxièmeannée et de Mastère sont les re-présentants des entreprises quisont nos partenaires pour la taxe.Ils peuvent donc influer en notrefaveur auprès des responsablesde la taxe.

Enfin, il est important d’élargirnotre échantillon de donateurs.Le renom de l’ENSAE, tout com-me l’implantation de l’ENSAI enBre tagne do iven t inc i t e r l e s professionnels à développer despar tenar ia t s qu i se ron t une étape importante pour l’attribu-t ion au GENES de la taxe d’apprentissage.

Jean-Pierre CHOSSAT (ENSAE 2ème div. 1965)Responsable du service

des stages de l’ENSAE

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26 Variances

La taxe : un calcul pas si simple

Le montant de la taxe que doit verser une entreprise représente 0,5% de sa masse salariale brute versé l’an-née qui précède celle de la campagne en cours, en tenant compte de quelques déductions. Ce taux est iden-tique pour toute entreprise quelle que soit sa taille. Dans la région Alsace et dans le département de la Moselle,le montant de la taxe est fixé à 0,2% des rémunérations brutes.

Une fraction de la taxe, le quota (40% en Métropole, 50% dans les DOM) doit obligatoirement être consa-crée à des dépenses d’apprentissage. Le solde, (60% en Métropole, 50% dans les Dom) est réparti entre la partde contribution pour frais de chambre de commerce et d’industrie, les éventuelles frais d’accueil de stagiairespar l’entreprise et les dépenses en faveur des formations initiales de l’enseignement technologique et profes-sionnel.

Concernant ces dernières, l’entreprise doit respecter des barèmes selon son activité. Pour chaque type d’acti-vité(A, B ou C), répertorié selon la nomenclature INSEE, un barème fixe en pourcentage la répartition de la taxerestante entre trois catégories:

Barème 1ère catégorie 2ème catégorie 3ème catégorie

(Arrêté du 12/4/1972) Ouvriers qualifiés Cadres Moyens Cadres Supérieurs

A 50% 40% 10%

B 35% 35% 30%

C 10% 40% 50%

L’employeur peut être dispensé d’appliquer le barème lorsque, après imputation au titre de quota, le montant dela TA n’excède pas 2.000 F ou lorsqu’il justifie avoir effectué des dépenses directes d’apprentissage pour un to-tal au moins égal à une fois et demi celui de la taxe brute. Enfin, les entreprises peuvent éventuellement se libé-rer de la fraction barème par des subventions en nature, mais le matériel livré doit être d’un intérêt pédago-gique incontestable. Les produits audiovisuels et reprographiques sont acceptés. La TVA peut être incluse dansle montant déductible pour le matériel neuf ou d’occasion de moins de trois ans.

L’ENSAE et l’ENSAI sont habilitées en cadres supérieurs et cadres moyens par cumul ; en effet, les entreprisespeuvent cumuler, en partie ou en totalité, les pourcentages prévus pour deux catégories voisines. Mais ce cumulne peut s’effectuer qu’une fois, pour une même entreprise.

Un exemple concret d’attribution de la taxe

Pour une entreprise qui aurait une masse salariale moyenne par individu de 120 000 F et qui emploierait 63salariés, le montant de la taxe brute serait de:

Montant du quota 37 800 . 40% (quota) = 15 120

Si la part de la taxe pour frais de chambre de commerce affectée aux premières formations et les éventuels fraisliés à l’accueil des stagiaires par l’entreprise est de 5.000 F, nous avons donc un versement de la taxe (avantprise en compte des barèmes) de :

37 800 – (15 120 + 5 000) = 17 680 F

Si, cette entreprise est classée selon la nomenclature d’activités française (NAF) en B, le montant final pour le cu-mul CM +CS serait de :

17 680 . (35% + 30%) soit 11 492 F

120000 x 0,5 x 63 = 37800 ➜100

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27Numéro 19 - Novembre 2001

V I E D E L ’ É C O L E

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Après mes études secondaires dans un lycéeen Moselle, j’ai hésité entre des études demédecine et de math-ématiques. Si j’aimaisles mathémati-ques et les matières littéraires,je détestais en revanche la physique.Aussi

l’ENSAE me semblait-elle être particulièrement bienadaptée à mes goûts : une solide formation de statis-tiques et probabilités, couplée à une réelle formationéconomique. J’allais pouvoir lire les pages économiquesdu Monde en comprenant mieux les mécanismes et lesens des mots !

TOUT SAUF LA SÈCHE THÉORIE

Mes années à l’ENSAE ont été agréables. J’aimaisla d ivers i té des ta len t s de mes camarades de promotion.

Les cours de conjoncture de J. MERAUD (ENSAE 51)et de théorie des probabilités de JL. PHILOCHE (EN-SAE 64) m’ont particulièrement int-éressée : cela mesemblait coller à une réalité plus tangible. J’ai étéégalement passionnée par le cours d’économie géné-rale de M. LARNAC en première année, et notammentson cours sur la monnaie. Il partait de la notion detroc, pour arriver, avec un grand enthousiasme et unelogique parfaite, à la notion moderne de monnaie,pour poursuivre sur les contreparties de la masse mo-nétaire. Je penchais peut-être déjà vers la finance, cet-te matière apparemment immatérielle, mais bien réel-le derrière les chiffres.

28 Variances

atherine ALLONAS-HUBERT, ENSAE 1981Directeur financier, SOCAPI(groupe Crédit Mutuel - CIC)

Avec l’expérience, la raison gère de mieux en mieux l’instinct et les émotions ; mais elle neles remplace jamais.

C

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29Numéro 19 - Novembre 2001

T Ê T E D ’ A F F I C H E

PASSIONNANTE GESTION D’ACTIFS

En sortant de l’école, je suis entrée au Ministère des PTT,en tant que chargée d’études auprès du directeur del’Action Commerciale, puis l’année suivante, je suis alléeau Crédit Agricole, où je suis restée 8 ans et demi. Dansle département de gestion des valeurs mobilières de laCaisse Nationale de Crédit Agricole, j’ai d’abord été res-ponsable d’un domaine intitulé " Economie et Statistiques", libellé peu révolutionnaire pour une ENSAE, mais quime convenait bien.

Avec mes deux collaborateurs, je suivais la conjoncture desprincipaux pays industrialisés sur lesquels les gestionnairesde portefeuilles (en OPCVM principalement) avaient voca-tion à investir. L’économiste de marché a pour rôle d’alimen-ter la réflexion du gérant d’actifs, en proposant des scéna-rios et en les argumentant afin de le convaincre. Il lui fournitdes outils d’aide à la décision : séries statistiques, prévisionsma-croéconomiques et financières à un horizon de 6 mois -–1 an. Les gérants d’obligations et d’actions sont abreuvésd’informations. Lorsqu’un indicateur est publié, il est utilepour le gérant de l’inscrire dans une chronique plus longue,afin qu’il puisse l’analyser rapidement et moduler éventuelle-ment ses scénarios sur les marchés financiers.

Toutes ces prévisions se fondent sur des modèles économé-triques développés par l’INSEE ou par d’autres instituts deconjoncture. Il ne s’agissait pas, pour la conjoncturiste quej’étais, de développer moi-même des modèles, mais plutôtd’effectuer un travail de synthèse, qui nécessite de connaîtreles mécanismes et les interactions des grandes variables éco-nomiques entre elles. Des tentatives de quantifications surdes sujets plus spécifiques (l’évolution du cours de l’or parexemple !) peuvent compléter l’éventail des outils mis à ladisposition de l’investisseur. Mais le comportement du spécu-lateur est rarement robuste.

Après quatre années dans ce poste, la tentation d’une opé-rationnalité plus grande dans ma fonction m’a fait basculervers le métier de gérant de portefeuilles. J’ai débuté par lagestion d’une nouvelle Sicav destinée aux jeunes, investie à60 % en obligations (pour l’aspect sécuritaire) et à 40 % enactions internationales (pour prendre en compte le dynamis-me des jeunes !). Puis je me suis vue confier la gestiond’autres OPCVM actions à vocation française ou internatio-nale. Ce métier m’a toujours passionnée : je l’ai démarré en1986, juste une année avant le Krach de 1987. Cette expé-rience un peu difficile à vivre m’a beaucoup appris : notam-ment qu’après les phases de panique, les marchés saventtoujours redevenir rationnels, qu’il faut donc avoir le couraged’en profiter. Devenue ensuite responsable de l’équipe desgestionnaires d’OPCVM actions, avec sept collaborateurs,j’ai tenu à continuer à gérer quelques portefeuilles en direct.

On comprend mieux les préoccupations de ses pairs lors-qu’on les partage. Et puis c’est en restant proche des mar-chés qu’on les appréhende le mieux.

C’est ainsi que je gérais notamment moi-même quatre mil-liards de francs sous forme de FCP d’actions, de deuxCompagnies d’assurances avec lesquelles le CréditAgricole avait des relations privilégiées : Prédica sa filialed’Assurance-vie et Groupama. C’est ici que j’ai commencéà aborder, mais de loin encore, les problématiques de lagestion financière dans une Compagnie d’Assurance.L’intérêt pour cette matière, le souhait aussi de pouvoir gérerdans une optique plus longue sans être soumis à la pressionde la performance à court terme (comme c’est trop souventle cas pour les OPCVM), m’ont naturellement conduite à pri-vilégier, lorsque j’ai quitté mon poste au Crédit Agricole,une Compagnie d’Assurance. D’autant que celle-ci était fi-liale d’une banque et me per-mettais de rester en contactavec le monde bancaire.

DE LA FINANCE À LABANCASSURANCE

C’est ainsi qu’en septembre 1992, je suis entrée à SOCAPI, laCompagnie d’Assurance-vie et de capitalisation des banquesdu Groupe CIC.

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30 Variances

Ici, j’ai commencé comme Directeur Financier adjoint, encharge de la mise en place d’une diversification actions (lesactifs détenus n’étaient alors qu’obligataires) et de l’équi-libre actif-passif.

A cette époque, les contrats commercialisés étaient principa-lement des contrats offrant un taux minimum garanti at-trayant sur une période de 8 ans au moins, qui nécessitaientd’être adossés presque exclusivement à des actifs obliga-taires. La diversification actions, en l’absence de réserves carla Compagnie était jeune, ne pouvait qu’être progressive.L’éclairage nécessaire sur les cons-équences bilantielles pourla Compa-gnie, de la constitution d’un porte-feuille actions,nous a conduits à développer un modèle de gestion de bi-lan. Ce modèle permet notamment de mesurer les consé-quences, sur les grands indicateurs de la société, d’une di-versification actions. Celle-ci a été fructueuse pour laCompagnie puisqu’elle nous a permis de déve-lopper un ma-telas de réserves pru-dentielles garantissant dans le futur unbon niveau de rendement servi à nos assurés.

Une année plus tard, je devenais directeur financier (alorsbaptisé directeur des Investissements) de la Compagnie.Avec quinze collabora-teurs, la direction financière est orga-nisée de manière très classique : un pôle qui traite des pro-blématiques d’adéquation actif – passif, du pilo-tage desrisques financiers et des calculs de provisions techniques àcaractère financier, et un pôle de gestion des actifs.

L’adéquation actif – passif est d’une importance primordialepour la Com-pagnie. Bien menée, elle doit être opérationnel-le et déboucher sur la mise en place de stratégies de cou-ver-ture visant à immuniser la société à la fois contre les risquesde marché, les risques de liquidité, les risques techniques.Elle doit également éclairer les gérants d’actifs dans laconduite de leurs investissements.

Le pôle " gestion des actifs " recou-vre les placements de taux,les ac-tions et l’immobilier. SOCAPI gère presque 100 mil-liards de francs d’actifs, principalement en produits de taux.

L’immobilier n’était pas dans mes responsabilités initiales. LeGAN, dont nous étions filiale, assurait la gestion de notrepatrimoine immobi-lier. En 1997, SOCAPI en a repris la res-ponsabilité et me l’a confiée. Le patrimoine immobilier s’élè-ve à 1,5 milliards de francs ; il est réparti de manière équili-bré entre le bureau et l’habitation. J’ai tenté d’y mettre unpeu de rationalité, en essayant de promouvoir des critèresobjectifs dans la prise de décision : la compo-sante person-nelle (goût pour un quartier ou une localisation) y est souventencore trop forte et fait en-core trop passer au second planles notions de retour sur investissement.

Mon rôle, en tant que directeur, est de fixer des buts et desobjectifs, d’orienter mes collaborateurs dans leurs travaux,de motiver l’équipe et de contrôler les résultats.

Couvrant un domaine varié, je ne dois pas me disperser.

C’est pourquoi j’essaie de retenir l’essentiel et de déléguer leplus possible.

Je ne conçois pas de travailler sans m’impliquer totalementdans ce que je fais. J’aime développer des cho-ses, enrichirl’analyse, être maître d’œuvre sur des sujets techniques, enfaisant faire à de plus jeunes plus techniciens que moi.J’aime le travail bien fait mais me suis toujours crue plus bos-seuse que réellement brillante ou talentueuse.

Mon mode de management ? Je peux vous répéter ce quedisent de moi mes supérieurs hiérarchiques : " une main defer dans un gant de velours ", " avec vous, la vie n’est pastoujours un long fleuve tran-quille ". L’affectif est là, très pré-sent, trop sans doute, couplé à l’exigence et au perfection-nisme. J’ai sans doute manqué de rondeur dans le passé etne me suis pas entendue avec tous les collaborateurs.Aujourd’hui, avec l’âge et l’expérience, je suis devenue plussouple. Je pratique la gestion participative. Tout le monde ale droit de savoir pourquoi on fait ceci et cela, tout le mondea le droit de s’exprimer sur le programme de travail del’équipe. Il faut savoir donner à ses collaborateurs des pro-jets motivants, savoir les reconnaître et les valoriser.

LA VERTU DE L’ÉCLECTISME

Nulle en tout ou nulle en rien, comme vous voudrez.L’éclectisme est ma seule vertu. Je n’ai pas de violon d’Ingresparticulier mais je pratique plusieurs sports : le ski, le squashet la natation.

Je suis abonnée à l’opéra et j’aime les grands classiques : LaBohême, Rigoletto, La Tosca, La Traviata, Cosi FanTutte, etc.J’aime le décor simple et pur de l’Opéra-Bastille plus que lePalais Garnier. Le week-end, j’essaie de me trouver deuxheures pour moi toute seule et écouter un opéra en lisant le li-vret. Je trouve que l’opéra " élève ". Il est l’une des formesd’art la plus complète.

J’aime beaucoup aussi la littérature. S’il me reste quelquesminutes après le déjeuner, je cours à la FNAC ou au rayon li-brairie du Printemps ou des Galeries Lafayette. Les critiqueslittéraires, du Monde, du Figaro, des Echos que je lis commela récréation après la nécessaire lecture profes-sionnelle, gui-dent mes choix. Je cède à la séduction de la nouveauté, mê-me si rares sans doute sont les livres qui passeront leurtemps. Je reviens aussi à des classiques tels que Balzac,Aragon, Faulkner,… En dehors des vacances, les livrescourts, forts et poétiques ont ma préférence, ils me permet-tent de vivre une autre vie pendant quelques heures de monweek-end. J’aime offrir des livres aux gens qui comptentpour moi car c’est un engagement très personnel.

Rien ne me laisse indifférente. Puis-je finir là-dessus ?

Propos recueillis parPIERRE MORICHAU (ENSAE 1967)

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Soucieuse d’assurer l’avenir profes-sionnel des élèves de l’école, la nou-velle équipe du forum de l’ENSAE or-ganisera comme chaque année unerencontre entre les étudiants venu de

l’ ENSAE mais aussi d’autres grandes écoleset une trentaine d’entreprises et d’organisa-tions. Elle se tiendra les lundi 11 et mardi 12mars 2002 dans les locaux de l’école.

Dans la lignée des années précédentes, ils’agit d’offrir aux élèves la possibilité d’éta-blir des contacts déterminants dans la pers-pective d’un premier emploi ou d’un stage enfaisant valoir les compétences acquises àl’ENSAE dans les domaines de l’économie,de la statistique et de la finance. Ainsi serontprésents des banques, des compagnies d’as-surance, des cabinets de conseil, de grandesfirmes multinationales, des centres de re-cherche et des organisations internationales.Nous comptons aussi sur la présence de struc-tures de plus petite taille à fort potentiel dedéveloppement notamment dans les secteursde l’informatique financière, de la net-écono-mie et de l’intégration des systèmes d’infor-mation. Pour les entreprises ces deux journées permet-tront de mieux se faire connaître des élèves etde présenter les nombreux domaines dans les-quels elles excellent. Elles profiteront égale-ment de rencontres plus personnalisées pour

atteindre leurs objectifs de recrutement s’inscri-vant dans leur politique de développement.Le cadre dans lequel se déroulera ce forumest propice aux échanges individualisés :chaque entreprise et organisation disposerad’un stand propre tenu par les responsablesde recrutement auxquels s’ajoutent parfoisdes anciens de l’ ENSAE. En évoluant d’em-placement en emplacement, chaque étudiantaura ainsi la possibilité de présenter son pro-jet professionnel, de se renseigner sur lesévolutions de carrières possibles dans l’entre-prise et de rencontrer des personnes souventjeunes et pouvant bien le conseiller.Pour une meilleure convivialité, un élève depremière année fera le relais entre l’entrepri-se et l’équipe du forum afin que ces premierscontacts se passent dans les meilleures condi-tions possibles et soient la base d’une coopé-ration durable.

Paral lè lement aux présentat ions d’entre -prises, sont aussi prévues des conférences,des simulations d’entretien et des études gra-phologiques afin de préparer au mieux l’inté-gration des élèves dans la vie active.

En espérant que ce Forum 2002 soit à nou-veau une réussite,

Cordialement

L’équipe du Forum.

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P erspectives démographiques :le retour du risque vieillesse ?

Didier BLANCHET (ENSAE 1980),Chef du département emploi et revenus d’activité, INSEE.

Introduit à la libération dans le vocabulaire de l'assu-rance sociale, le terme de risque vieillesse a large-ment perdu de sa pertinence initiale. La vieillesse n'estplus ce risque, passé un certain âge, de ne plus pou-voir subvenir à ses besoins par son propre travail et

de tomber par là dans la pauvreté, risque que visaient àcouvrir les premiers systèmes de retraite. Entrée dans lavieillesse et sortie du marché du travail sont désormaisdéconnectées. La couverture du risque vieillesse s'esttransformée en socialisation d'un droit au repos, ouvert àun âge de plus en plus précoce, tandis que l'allongementde la durée de vie et l'amélioration de l'état de santé ontfait progressivement reculer l'âge d'entrée dans la véri-table vieillesse. Et il est également courant de soulignerà quel point la situation relative des plus âgés s'est amé-liorée sur la période1. Même si ce dernier constat doitêtre nuancé, car les revenus des retraités restent eux mê-me très dispersés, force est de reconnaître que le centrede gravité des risques sociaux s'est plutôt déplacé, de-puis les années 1970, vers les tranches d'âge actives,avec la montée du risque de chômage. C’est donc d’une autre façon qu'on est maintenant tentéd'associer ces termes de risque et de vieillesse, sur un re-gistre qui est devenu d'ordre macro-économique ou ma-cro-social. L’enjeu est désormais le vieillissement collectif,et son interaction avec ces systèmes de protection de lavieillesse mise en place depuis cinquante ans. Ce vieillis-sement annoncé pour les cinquante années à venirrisque-t-il de conduire ces systèmes à l'insolvabilité ? Cecirisque t-il, par diffusion, d'affecter l'ensemble de l'équi-libre et de la croissance économiques ? Avant d'aborderces questions, on va d'abord revenir sur l'ampleur et lanature de ce vieillissement.

LE VIEILLISSEMENT DÉMOGRAPHIQUE :

DE QUOI PARLE-T-ON ?

La nature et les origines du vieillissement démogra-phique soulèvent diverses controverses. Un premier dé-bat porte sur le choix même du terme de vieillissement,auquel on reproche sa connotation négative, et laconfusion qu’il véhicule entre l'âge de l'état civil etl'appartenance à la vieillesse. Cette objection est légi-time, on vient précisément de mettre en exergue la re-lativité des âges de la vie sitôt que l'on raisonne surune perspective historique longue.

Mais elle ne doit pas conduire à dénier toute réalité auphénomène. Même si l'âge de l'état civil n'est pas unrepère fixe du passage à la vieillesse, on ne peut pas-ser à l'extrême inverse et contester qu'il est un facteurexplicatif important pour un certain nombre de com-portements ou caractéristiques individuelles, tels que ladépense de santé ou les situations de dépendance.C’est donc un point de départ naturel de tout exercicede prospective que de voir ce qui arrive-rait "si" cescomportements par âge étaient appelés à se maintenirà l'identique au cours des prochaines décennies. Cettedémarche est tout particulièrement légitime en matièrede retraite, où le rôle de l'âge est fixé institutionnelle-ment. Il se peut que, demain, le lien entre âge et statutde retraité ne soit plus du tout le même qu'aujourd'hui.Mais s'il en sera ainsi, ce sera précisément parce quedes projections de ratio de dépendance à âge de re-traite donné auront conduit à préconiser ce change-ment: les raisonnements sur le taux de soixante ans et

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D O S S I E R

plus ou sur leur rapport aux 20-60 ans ont donc leurindiscutable utilité.

Quelle est alors l'évolution de ce ratio ? A hypothèsedémographique réaliste, c'est à dire une stabilisationde la fécondité à son niveau actuel, flux migratoiresmodérés (50000 par an) et avec une poursuite de lahausse de l'espérance de vie2, on tombe sur un quasidoublement de ce ratio a l'horizon de 50 ans. Cetteprévision est-elle entachée d'une grosse incertitude ?La réponse est plutôt non, et pour l'expliquer, il faut re-venir aux racines du phénomène, et départager ce quirésulte d’une fécondité inférieure au seuil de remplace-ment des générations, de l’effet baby-boom, ou dumouvement tendanciel de l’espérance de vie.

VIEILLISSEMENT ET TENDANCESDE LA FÉCONDITÉ :

UN LIEN MAL COMPRIS

On sait qu'il y a une tradition française d'attention auxmouvements de la natalité, particulièrement lorsqu'ellebaisse. Cette tradition a longtemps conduit à voir dansla sous-fécondité actuelle le facteur principal du vieillis-sement, ce qui a eu un effet pervers puisque cela aconduit à penser que les incertitudes sur la féconditéfuture interdisent toute prospective démographiquefiable. Cette vision du processus de vieillissement estinexacte. Il est certes indéniable que le vieillissementserait plus faible, à très long terme, si la fécondité re-montait au seuil de remplacement des générations ousi, solution alternative, on demandait à l'immigrationde venir compenser ce déficit de renouvellement desgénérations. Mais pour que le vieillissement soit totale-ment évité, ce sont des évolutions bien plus radicalesqu'il faudrait envisager, et clairement au-delà de l'in-tervalle d'incertitude sur le niveau de la fécondité. Ilfaudrait pour cela que se réécrive à l'envers l'histoirede la fécondité des cinquante dernières années et quel'on revienne aux niveaux maximaux atteints durant lebaby-boom.

Ceci ne se borne pas à être invraisemblable. Il est éga-lement certain que ce n'est pas souhaitable. Cette re-montée devrait en effet être définitive, car éviter levieillissement par gonflement du nombre d'actifs sup-pose que celui-ci soit cumulatif, des générations d'ac-tifs de plus en plus nombreuses étant, à chaque pério-de, appelées à financer les retraites de retraitéseux-mêmes de plus en plus nombreux : doublement dela population d'ici cinquante ans, quadruplement surun siècle. Le même argument conduit à récuser l'idéed'éviter le vieillissement par les flux migratoires, solu-tion qui aurait d'ailleurs vite fait d'épuiser le réservoirmondial en migrants potentiels.

LE RÔLE DE L’ALLONGEMENT DE LA DURÉE DE VIE

Pour mieux écarter ces fausses pistes, l'analyse des facteursdu vieillissement doit donc être formulée autrement, et remi-se sur ses pieds. Le point de départ est de considérer qu'ilexiste une trajectoire de vieillissement normal ou incompres-sible, celle qui est due à l'allongement de la durée de viede générations se reproduisant à l'identique. Cette tendan-ce a été contrecarrée pendant plusieurs décennies par l’ef-fet du baby-boom mais, sauf à admettre que la croissancedémographique puisse être indéfinie, on doit ensuite reve-nir à ce cours normal, et de manière accélérée.

De fait, c’est bien ce " rattrapage " d’un vieillissement tirépar l'espérance de vie qui explique l'essentiel du vieillisse-ment attendu sur les décennies à venir. Ce processus a com-mencé dans les années 1970 si on raisonne en termesd'âge moyen, puisque c'est à cette période que les pre-mières générations du baby-boom ont commencé à fran-chir le seuil de la quarantaine (figure 1). Il s’amorcera au-tour de 2006, et jusque vers 2035, si on raisonne entermes de ratio des 60 et plus aux moins de soixante ans (fi-gure 2), ou environ vingt ans plus tard si on raisonne sur unseuil d'âge de 80 ans, correspondant davantage, dans lesconditions de santé actuelle, au seuil moyen de la " vraie "vieillesse (figure 3).

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34 Variances

Pour ce qui est du rôle de la fécondité actuelle et future,le fait qu'elle se situe en dessous du seuil de remplace-ment nous fera passer à long terme au-delà de cevieillissement normal, comme le montre la comparaisondes scénarios présentés sur les trois graphiques. L'effetest loin d'être négligeable, surtout à très long terme, etjustifie de ne pas négliger ces évolutions de la fécondité.Mais la remontée de la fécondité au seuil de remplace-ment ne résout qu'une partie du problème. Encore unefois, elle ne peut faire plus que nous ramener à ce pro-cessus de vieillissement normal. Au total, la question durisque démographique n'est pas de savoir quelle est laprobabilité pour que vieillissement il y ait. Son intensitéexacte reste certes incertaine, mais le fait qu'il doive yavoir vieillissement est peu discutable. La question est desavoir à quoi ce vieillissement risque effectivement denous conduire.

QUELS RISQUES POUR LA PERFORMANCE

ÉCONOMIQUE GLOBALE ?

Un amalgame est souvent fait entre deux discours sur levieillissement : le discours relatif aux conséquences dece vieillissement pour la retraite ou la protection sociale,et un discours plus large relatif aux effets défavorablesdu vieillissement pour l'ensemble de la performanceéconomique. Cet amalgame est dommageable, car ilconduit souvent à penser que la réfutation du seconddiscours vaut aussi réfutation du premier. Or les deuxproblèmes sont d'ordre différent. On peut se démarquerdu démo-pessimisme et considérer que les effets des évo-lutions démographiques sur la protection sociale sontnéanmoins une question légitime qui appelle une ré-flexion spécifique.

Sur les effets négatifs globaux du vieillissement, le débatrenvoie à l’opposition traditionnelle entre visions malthu-siennes et populationnistes des interactions démo-écono-miques. La croissance démographique est-elle une char-ge et un frein à la croissance économique, parce qu'ellerend les ressources non humaines relativement plus

rares, ou est-ce au contraire le facteur humain qui est lemoteur principal de la croissance, ce qui plaide pourune population jeune à renouvellement rapide ?

L'observation empirique n'a jamais permis de trancherentre ces deux visions extrêmes, et conduit plutôt à voirla croissance ou les structures démographiques commerelativement neutres vis-à-vis de la performance écono-mique, au moins dans un large domaine de variation deces structures démographiques. Rien ne permet en toutcas d'affirmer que c'est la croissance démographiquerapide du baby-boom qui a été le moteur de la croissan-ce des trente glorieuses. La causalité a plus probable-ment été inverse : c'est l'expansion économique conti-nue qui a fai t se prolonger sur plus de vingt ansl'augmentation de la fécondité de l'après-guerre. Et rienne permet non plus de prévoir une baisse de revenumoyen de la population ou un freinage significatif duproduit par tête face à l’évolution du ratio de dépendan-ce : un très faible niveau de progrès de productivité peuta priori suffire à compenser l’alourdissement du poidsdes inactifs, qu’ils soient jeunes ou vieux.

VIEILLISSEMENT, RETRAITE ET AUTRES DÉPENSES SOCIALES

La vraie nature des risques portés par le vieillissementcollectif est donc ailleurs : elle ne concerne pas le ni-veau de richesse moyen, mais les modalités de son par-tage entre actifs et retraités, et les certitudes sont ici bienplus fortes. En matière de retraite, et à âge de la retraitedonné, l'équation est bien connue et découle quasi-di-rectement de la projection du ratio des 20-60 ans aux60 ans, la prise en compte d'autres facteurs d'évolutionde la population cotisante ne modifiant le constat qu'àla marge. Le doublement du ratio signifie soit la divisionpar deux du niveau de vie relatif des retraités par rap-port à celui des actifs, à effort contributif donné de cesderniers, soit une élévation importante du taux de coti-sation des actifs, si l'objectif est celui d'un maintien dela parité de niveau de vie entre actifs et retraités. Ces ré-sultats sont cette fois totalement indépendants des hypo-thèses de croissance économique.

La solution de la hausse des prélèvements ne va pas desoi, même en régime de croissance, sachant que les sys-tèmes de retraite ne seront sûrement pas les seuls à ap-peler, demain, à des hausses d'effort contributif. Pourconserver le vocabulaire du risque, on peut dire que ceserait prendre un risque élevé de préaffecter à la retraitel’ensemble des éventuelles marges de manœuvre en ma-tière de prélèvements sociaux. Les dépenses de santé,quoique nettement moins sensibles au vieillissement queles dépenses de retraite, risquent de connaître elles aus-

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1 Voir par exemple J.M. Hourriez, N. Legendre et R. Le Verre , " Plus de ménages pauvres parmi les salariés, moins chez les retraités ", Insee Premièren° 761, mars 2001.2 Ch. Brutel, " projections de population à l’horizon 2050 : un vieillissement inéluctable ", Insee Première n° 762, mars 2001

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si une dynamique de croissance soutenue, même dansl'hypothèse où l'on arriverait à en assurer une meilleurerégulation. Et peu d'économies compensatrices sont àattendre du côté des flux financiers descendants. La partrelative des dépendants jeunes n'est plus guère appeléeà évoluer. Il y a maintenant vingt-cinq ans que noussommes stabilisés sur un niveau de fécondité bas et lesgains qu'on en attend parfois en termes de dépensesd'éducation ont ou plutôt auraient dû déjà être engran-gés. Seule la compensation par la baisse des dépensesd'assurance chômage est à envisager, au cas où se réa-liserait le retour au plein emploi, mais les ressourcesqu'il dégagerait restent clairement en deçà des besoinsde financement de la retraite.

L’autre solution, la dérive à la baisse du niveau de vierelatif des retraités, suivrait les directions prises par laréforme de 1993. La croissance peut y aider, en renfor-çant l’effet des mécanismes de désindexation des re-traites par rapport aux salaires, mais cette pseudo-solu-t ion n’a rien de satisfaisant. Ce serait défaire cequ'avaient réussi à faire les dernières décennies en ter-me de convergence des niveaux de vie des actifs et des

retraités. Et ce serait, précisément, assister à ce retourdu risque vieillesse au niveau micro-économique. Uneretraite moyenne plus faible par rapport au revenu desactifs, cela veut bien dire une plus forte proportion deretraités sous le seuil de pauvreté, seuil dont la définitionest elle aussi relative.

Quels remèdes alors ? Puisque ce risque concerneraitles faibles retraites, une option est de développer la re-distribution verticale au sein du système de retraite. Cechoix serait un virage important par rapport à la tradi-tion contributive de notre système. Elle aurait une autreconséquence : à ressources données, des taux de rem-placement plus élevés pour les faibles salaires ou lescarrières courtes signifient des taux de remplacementplus faibles pour les salaires plus élevés. Pour ceux-ci, laquestion de compléments de retraite financés pard’autres voies ne pourrait alors être éludée. A moinsd’imaginer un relèvement marqué de l’âge de cessationd’activité, soit contraint, soit guidé par le renforcementdes incitations à prolonger la vie active. Mais on saitl’absence de consensus qui existe encore, c’est un eu-phémisme, autour de cette solution. ■

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QU’EST-CE QUEL’ASSURANCE VIE ?

En ne considérant que le sec-teur privé, l’Assurance Viepeut être définie en premierlieu comme l’ensemble desentreprises qui prennent en

charge les conséquences financièresd’un risque lié à la durée de la viehumaine ou aux aléas des conditionsde vie. Nous verrons que cette défini-tion est restrictive mais donne unepremière vision de la fonction de cesecteur d’activité.

Nous allons donner ici une vision gé-nérale de l’Assurance Vie, en insis-tant particulièrement sur les problé-matiques au cœur de l’actualité,notamment celle du risque vieillesse,et la fonction du secteur privé parrapport au secteur public.

Dans ce but, rappelons les méca-nismes micro-économiques en jeu surle marché privé de l’Assurance Vie.Sa fonction et son rôle seront ensuiteprécisés à travers la description dedivers domaines d’intervention dusecteur privé de l’Assurance Vie.

LE MARCHÉ DE L’ASSURANCE VIE ET LE MODÈLE DE CONCURRENCE

PURE ET PARFAITE

Le marché de l’Assurance Vie fonc-tionne par la confrontation calculatri-ce des différents participants qui,compte-tenu de leurs buts et de leurscontraintes, prennent les décisionsles plus avantageuses pour eux. Lesclients des compagnies d’assurancesouhaitent se prémunir contre lesconséquences financières des risquesliées à la vie sous contrainte de leurbudget et les assureurs souhaitentmaximiser leurs gains en garantis-sant certains risques de la vie.

Sur le marché de l’Assurance Vie, laparticularité est que les échangesportent sur des contrats et non surdes biens matériels. Ceci est intrinsè-quement lié à l’objet de l’AssuranceVie : garantir une compensation fi-nancière en cas de survenance d’unévénement lié à la durée de la vie. Lasurvenance de cet événement est sta-tistiquement probable, mais peut nepas se produire. La valeur du contratd’Assurance Vie ne se justifie quepar l’existence d’attitudes différentesdes agents par rapport aux risques :

L’assurance privéeChristel BONNET (ENSAE 1999),Actuaire consultant chez AVILOG Conseil.

Rappels théoriques :la concurrence pure et parfaite

• Atomicité : sur le marché, présence d’un nombre suffisant deconsommateurs et de producteurs suffisamment nombreux pourqu’aucun d’eux ne puisse inf luer sur le déroulement deséchanges.

• Homogénéité du bien : les producteurs proposent le même bien,

• Information parfaite : les acheteurs et vendeurs sont parfaite-ment informés des prix auxquels s’effectuent les transactions,

• Libre entrée et sortie : il n’existe aucune réglementation quiinterdise aux entreprises d’entrer ou de sortir du marché quandelles le jugent utile.

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les assurés, agents risquophobes,sont prêts à payer un prix (les cotisa-tions) pour éviter les fluctuations pro-bables de leur niveau de vie. Quantaux assureurs, agents économiquesmoins risquophobes, ils sont prêtscontre rémunération à prendre par-tiellement en charge ces risques. Surun marché de concurrence pure etparfaite, il existe un équilibre (coupleprix-quantité) qui permet d’avoir éga-lité entre l’offre et la demande. Cetéquilibre résulte des échanges derisques matérialisés par les contrats.

En fait, les mécanismes du marchéde l’Assurance Vie s’éloignent nota-blement de ce modèle. Selon lesrisques contre lesquels les clientssouhaitent se prémunir, l’AssuranceVie est capable de fournir toute unepalette de réponses pour en assurerla couverture. Et pour un risque don-né, les produits sont très différentsd’une compagnie à une autre.

L’assureur vie est capable de cou-vrir les risques vie en s’appuyantsur un phénomène statistique : sché-matiquement, plus sa clientèle estimportante, plus la probabilité desurvenance est faible (argumentcontre l’hypothèse d’atomicité de laconcurrence pure e t par fai te ) .L’Assurance Vie est en quelque sor-te fondée sur une "loi des grandsNombres ". Par ailleurs, le risquede mortalité est mesuré à l’aide destables de mortalité construites àpartir d’observations statistiques.Mais certaines de ces données sontdifficilement observables.

Certaines règles prudentielles ont étéinstaurées pour que les assureurspuissent respecter leurs engage-ments vis-à-vis des assurés : les assu-reurs constituent différentes réserves,nommées Provisions Mathématiqueset Provisions Techniques, dans les-quelles ils peuvent puiser pour réglerles prestations. Ces réserves, prove-nant des cotisations perçues, sont in-vesties sur le marché financier et cer-

taines politiques d’investissementdes compagnies peuvent s’avérer ris-quées au regard des engagementscontractés auprès des assurés. L’Etatintervient pour limiter cette exposi-tion aux risques financiers. Pourcompléter ces règles prudentielles,l’Etat limite la libre entrée et sortiedes entreprises d’Assurance Vie.Cette " libre entrée et sortie " seraitdéfavorable aux assurés, qui au-raient payés uniquement une pro-messe et seulement une promesse.

Le secteur privé de l’Assurance Vieest donc fortement régulé par l’Etat.Le prix du marché de l’AssuranceVie ne peut être assimilé au prixd’un bien matériel. En effet, ce prix,qui est déterminé selon une estima-tion du coût de la survenance durisque et selon les mécanismes d’offreet de demande, permet la constitu-tion des réserves décrites précédem-ment. Si une compagnie proposedes contrats à des tarifs trop faibles,elle peut mettre en danger sa péren-nité. La faillite de Life Insuranceillustre ce danger.

Pour mettre en perspective le fonc-tionnement de concurrence pure etparfaite et la réalité du marché fran-çais de l’Assurance Vie, nous allonsdécrire différents domaines de l’assu-rance vie en fonction des buts desconsommateurs, en insistant particu-lièrement sur les types de contrats quise trouvent actuellement au cœur dumarché (produits Retraite ouIncapacité). La fonction du secteurprivé sera également définie par rap-port à la sphère d’intervention dusecteur publique.

CONTEXTE D’INTERVENTION DE L’ASSURANCE VIE

Sous le terme de risque vieillesse, ilest nécessaire de distinguer deux ca-tégories de risques :

• risque lié au vieillissement biolo-gique,

• risque lié à la diminution du niveaude vie suite à la cessation de l’activi-té professionnelle.

En France, avant la mise en place dela protection sociale (sous l’impulsionde l’Etat), ces deux risques étaient in-trinsèquement liés : la personne âgéene pouvait plus subvenir à ses be-soins, car du fait de son vieillisse-ment physique, elle devait cesser sonactivité rémunérée. Elle ne pouvaitcompter que sur la solidarité familia-le pour subvenir à ses besoins.

Depuis la seconde guerre mondiale, lasphère de solidarité s’est étendue parla mise en place des régimes obliga-toires et complémentaires de retraite.

Or, du fait de la diminution dunombre des actifs et de l’augmenta-tion de la population des personnesâgées, définies par la cessation d’ac-tivité professionnelle, le régime pu-blique (système par répartition) estdéséquilibré. Il ne peut plus répondreaux exigences de maintien du niveaude vie exprimées par les personnesâgées. Cette population étant de plusen plus active dans la sphère sociale,elle souhaite conserver un niveau derevenu suffisant pour consommer desservices de loisirs.

Le problème du financement de la sé-curité sociale, qui est lié à cette évo-lution démographique et à une fortecroissance de la demande de soinsde santé, conduit également les per-sonnes âgées à s’inquiéter sur leuravenir en cas de perte d’autonomie.

Le développement du marché privéde l’Assurance Vie traduit, en partie,le fait que les personnes " inquiètes "souhaitent compléter les revenus oules aides des systèmes publiquespour atteindre un niveau de revenumaximisant leur utilité. L’objectif deces personnes est principalement demaintenir leur niveau de vie et de seprotéger contre le risque de dépen-dance. Selon ces différentes de-

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mandes, l’Assurance Vie apporteplusieurs solutions, en prenant encharge le risque vieillesse en contre-partie d’une rémunération (primes).

Dans cette partie, nous ferons abs-traction des problématiques detransmission de patrimoine car ellesne sont pas directement liées auxrisques portant sur la durée de vie.La personne souhaitant souscrire uncontrat pour transmettre une partiede sa richesse prépare son décès :sa vision est intergénérationnelle. Ilest fait appel à l’Assurance Vie carcelle-ci permet à ses consommateursde bénéficier de certains avantagesfiscaux.

RÉPONSES DE L’ASSURANCE VIEFACE AU RISQUE DE DIMINUTION

DU NIVEAU DE VIE

Dans son champ d’intervention tradi-tionnel, l’Assurance Vie propose àses assurés un supplément de revenuversé sur une période définie dans lecontrat en contrepartie du paiementdes primes. Le calcul de la prime (ta-rification) et de ce revenu s’appuientsur les tables de mortalité.

L’un des produits traditionnels del’Assurance Vie est la rente viagère: un assuré paie des primes pendantune durée définie à la souscriptiondu contrat et l’assureur verse unerente après une période égalementdéfinie dans le contrat jusqu’au dé-cès de l’assuré. L’assuré peut par cebiais se prémunir contre une baissede son revenu ; mais en contrepar-tie, il prend le risque de ne pas bé-néficier de cette rente s’il décèdeavant la date du premier versementde la rente. Quant à l’assureur, ilconnaît statistiquement l’espérancede vie de l’assuré : afin de maximi-ser son gain, il fait une sorte de parique l’assuré décédera plus tôt.

En complément de ce type de pro-duit, l’Assurance Vie française pro-pose des produi ts d’épargne.L’assureur sur ce marché ne remplit

plus la fonction décrite précédem-ment. Nous pouvons même affirmerque le fait de classer les produitsd’épargne (Fonds francs ou multi-supports Unités de Compte) parmiles produits d’Assurance Vie repré-sente une spécificité française.

Cette catégorie d’Assurance Vie dé-porte tout ou partie du risque surl’assuré. Sur les produits investis surles fonds devises assortis d’une ga-rantie de taux minimum garanti,l’assuré récupère au minimum lemontant investi (montant de primesdiminuées des frais sur versement).Les produits investis sur les fonds enunités de compte sont soumis auxaléas des cours boursiers : l’assurépeut donc ne pas récupérer la som-me versée, voire tout perdre. Pource dernier type de contrat, l’assu-reur joue le rôle d’intermédiaire fi-nancier et doit absolument informerles clients sur les risques financiers(devoir de conseil). D’ailleurs, l’am-biguïté de l’intervention des assu-reurs dans ce domaine se traduitpar l’émergence de l’activité de labancassurance, qui propose desproduits identiques alors que l’acti-vité principale de ces entreprises estcelle de la banque.

Face aux risques de perte financiè-re, les assureurs peuvent proposerune garantie " plancher ", qui per-met aux clients de récupérer le mon-tant investi sur les fonds UC (Unitésde Compte) en cas de chute brutaledes cours.

Mais actuellement, la tarification decette garantie pose problème auxassureurs. Il n’en reste pas moinsque le risque couvert n’est plus lié àla durée de la vie humaine, maisaux risques financiers. Un argumentpourrai t jus t i f ier le fai t que lescontrats multi-supports UC fassentpar t ie de l ’Assurance Vie : lesconsommateurs peuvent arbitrerentre un produit traditionnel et ce ty-pe de produit. Il existe une certainesubstituabilité.

RÉPONSES DE L’ASSURANCE VIEFACE AUX RISQUES DE SANTÉ

Le vieillissement de la populationfrançaise a évidemment des consé-quences sur les dépenses de santé ;mais l’augmentation des dépensesen matière de santé est une tendancegénérale, traduisant une améliora-tion des conditions de vie de la po-pulation générale. Un segment desdépenses de santé concerne plus pré-cisément les personnes âgées : la dé-pendance. On désigne par dépen-dance le fait qu’une personne ne soitplus capable de prendre en chargecertaines activités de la vie courante(ceci peut donc aller jusqu’à l’invali-dité). Le degré de dépendance estmesuré selon certaines classifications, notamment les gri l les AGGIR(Groupe Iso-Ressources) et AVQ(Actes de la Vie Quotidienne).Chaque classification s’appuyant surdes critères particuliers pour définirle degré de dépendance, la défini-tion de celle-ci peut être plus oumoins restrictive. Certaines compa-gnies tentent d’élaborer une classifi-cation pour maîtriser davantage lanature du risque qu’elles couvrent.

L’Etat français a mis en place desaides financières pour les personnesdépendantes : l’APA (AllocationPersonnalisée d’Autonomie) qui suc-cède à la PSD (Prestation Spécifiquedépendance). Cette allocation(Sécurité Sociale) permet aux per-sonnes dépendantes de percevoirune allocation mensuelle pouvant al-ler de 5125 F à 7000 F. Si l’on consi-dère le coût moyen de la perte d’au-tonomie (estimé à 19 000 F parmois), les assureurs du secteur privépeuvent donc intervenir dans ce do-maine afin de proposer un supplé-ment de revenu suite à la perte d’au-tonomie, qui permet aux assurés decouvrir la totalité des frais liés à ladépendance.

La garantie de base de ce type decontrat consiste en un versement derente mensuelle. Certaines compa-

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gnies proposent des garanties com-plémentaires, telles que la mise à dis-position d’une aide à domicile ou laprise en charge des séjours en milieuhospitalier.

L’Assurance Vie peut donc jouer unrôle complémentaire vis-à-vis de laprotection sociale. Mais les compa-gnies d’assurance sont confrontées àun problème majeur pour la couver-ture de ce risque : elles n’ont pas suf-fisamment d’expérience dans le do-maine de la dépendance. Laprobabilité de maintien en dépen-dance n’est pas estimée très précisé-ment à l’heure actuelle, d’autant plusque l’espérance de vie de la popula-tion tend à augmenter et que les as-sureurs sont exposés à l’asymétried’information (fausses déclarationssur l’état de santé des assurés).

VERS DE NOUVEAUX ENJEUX

L’Assurance Vie évolue continuel-lement pour répondre aux be-soins des personnes souhaitantse protéger contre les aléas de lavie (financement de la retraite, fi-nancement des frais liés à la per-te d’autonomie,..). La réflexionsu r l e s évo lu t ions démogra -phiques se trouve donc au coeurde cette activité : elle permet dedonner des solutions relativementindividualisées face à des phéno-mènes généraux, en particulier làoù le système public de protec-tion sociale fait défaut. Dans ledomaine de l ’ i ncapac i té parexemple, une indemnisation debase est versée par la protectionsociale, selon le niveau de reve-nu des personnes en incapacité ;

ce t te indemnisa t ion peu t ê t recomplétée par un contrat d’assu-rance, sur l’initiative individuelleet dont les prestations correspon-dent aux exigences individuellesdes assurés. Cette complémenta-rité créée une dynamique dansl’évolution de l’Assurance Vie.

Mais pour répondre à ces nou-veaux besoins de la population,l’Assurance Vie doit faire face el-le -même à des risques, notam-ment dus à une faible expériencedans ce r ta ins domaines .Concilier une gestion prudentede l ’act iv i té de couver ture denouveaux risques et une tarifica-tion accessible aux clients poten-tiels, tel est désormais l’enjeu durisque vieillesse pour l’assuranceprivée. ■

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Les projections financières réali-sées en 2001 par les princi-paux régimes de retraite pourle Conseil d’orientation des re-traites montrent que, sous l’hy-

pothèse d’un retour au plein-emploid’ici 2010, le poids des pensionsdans le PIB devrait s’accroître d’envi-ron 2 points d’ici 2020, et d’environ4 points d’ici 2040, pour atteindrealors 16 % du PIB. Ces projectionssont fondées sur un maintien pen-dant 40 ans des règles de liquida-tion et d’indexation actuelles, quicomprennent notamment une baissesensible du taux de remplacementdes salariés du privé et une indexa-tion des pensions liquidées prochedes prix dans l’ensemble des ré-gimes. Une indexation des pensionssur les prix plus 0,8 % (à comparerà l’hypothèse retenue de 1,6 % pourl’augmentation annuelle des salairesbruts) représenterait 2,5 points dePIB supplémentaires en 2040.

Ces projections montrent que desmesures devront être prises pour as-surer l’avenir du financement du sys-tème de retraite par répartition. Cesmesures peuvent comprendre à lafois la mise en œuvre de politiquesdu travail, de l’emploi et de la for-mation et de politiques de finance-ment de la protection sociale. Elles

peuvent également porter sur les pa-ramètres du système de retraite : tauxde cotisation, durée de cotisation etâge de liquidation notamment.

Le taux de remplacement et le ni-veau de l’indexation des pensions

sont des paramètres qui peuvent, oune doivent pas, selon les avis, servirde variables d’ajustement.

Pour certains, le taux de remplace-ment serait un paramètre devant êtreajusté en priorité pour faire face auxbesoins de financement des retraites.Schématiquement, cette argumenta-tion consiste à dire que les retraitespar répartition devront être réduites(au moins en niveau relatif par rap-port aux salaires) et qu’elles devrontêtre complétées par des retraitessupplémentaires par capitalisation.

Ce n’est pas l’objet de cet articleque de s’interroger de façon dé-taillée sur les mérites comparés de larépartition et de la capitalisation.On rappellera néanmoins que :

- le système par répartition permet depromouvoir le travail comme moteuressentiel de la société, du progrès etdu développement individuel ;

- le système par répartition est unsystème qui assure à chaque généra-tion un niveau de retraite garanti ; ilserait de surcroît possible que sonrendement soit à l’avenir supérieurau rendement de la capitalisation enraison du vieillissement de la popula-tion des pays développés ;

40 Variances

es perpectives macro-économiques du financement du système de retraite par répartitionL

Définitions

Age de liquidation : âge au-quel l'assuré demande le verse-ment de sa première pension. Cetâge est supérieur ou égal à l'âgelégal (60 ans en général).

Taux de remplacement : rap-port entre le montant de la pre-mière pension et le dernier revenud'activité.

Indexation des pensions :mode de revalorisation des pen-sions liquidées, déterminant l'évo-lution annuelle du montant perçupar chaque retraité.

Taux de cotisation : taux decotisation total (employeur + sala-rié) au régime de retraite. Dans lafonction publique d'Etat, il n'y apas de cotisation employeur, leBudget de l'Etat verse une subven-tion d'équilibre.

Franck VON LENNEP (ENSAE 1995)1

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- instituer un système par capitalisa-tion qui viendrait s’ajouter au systè-me actuel par répartition reviendraità faire payer deux fois les généra-tions actives d’aujourd’hui, qui de-vraient cotiser pour la retraite deleurs aînés et épargner pour leurpropre retraite ;

- le système par répartition permetd’assurer la solidarité en accordantdes avantages aux femmes ayant éle-vé des enfants, aux parents de famil-le nombreuse, aux salariés ayant tra-versé des périodes de chômage, auxsalariés ayant perçu de faibles sa-laires, etc. Afin que la tradition soli-daire du système de protection socia-le soit confortée, des améliorationstechniques doivent néanmoins êtreapportées au système pour l’adapteraux évolutions de la société.

Chercher à diminuer les besoins definancement du système par réparti-tion en diminuant le niveau des pen-sions servies et en développant pa-rallèlement des offres de retraiteindividuelles par capitalisation neconstitue assurément pas, aux yeuxde ceux qui croient en la nécessitéde préserver des mécanismes collec-tifs de solidarité, la meilleure solu-tion au problème des retraites. Apartir du moment où l’on se metd’accord pour garantir le niveau desretraites par répartition et où l’on sedonne les moyens de les financer, ilest envisageable d’offrir des pro-duits de retraite par capitalisationaccessibles à tous. Il faut veiller ce-pendant à ce que ces produits ne ré-duisent pas l’assiette de cotisationsde la protection sociale. Pour cela, ilfaut éviter de faire bénéficier cesproduits d’exonérations de chargessociales. Une proposition émise parcer tains pourrai t consister parexemple à étendre à l’ensemble dela population la possibilité de cotiserà la PREFON (régime de retraitesupplémentaire par capitalisationdes fonctionnaires), pour laquelle lesversements des adhérents sont dé-ductibles du revenu imposable, sans

qu'il y ait de déductibilité des ver-sements de l'assiette de cotisationssociales.

Notons qu’en dehors de la PREFON,ouverte aux fonctionnaires, il existedéjà des mécanismes de capitalisa-t ion, notamment les contrats "Madelin " pour les indépendants, ouencore, pour les salariés du privé,les contrats de l’article 83 du codegénéral des impôts, à cotisations dé-finies, inclus dans un cadre collectifau niveau de l’entreprise, qui bénéfi-cient dans certaines limites d’exoné-rations sociales et fiscales.

L’AVENIR DU FINANCEMENT DU SYSTÈME DE RETRAITE

L’avenir du système par répartitionpasse donc par un renforcement dela confiance collective et par l’éta-blissement d’un contrat entre les gé-nérations qui garantisse que les pen-sionnés profitent d’une partie desgains de productivité réalisés dansl’économie. Cette confiance et cecontrat ne seront rendus possiblesque par des assurances sur l’avenirfinancier du système de retraite. Ence domaine, les axes de réflexionpossibles sont les suivants.

Le premier axe consiste à relever

les taux d’activité des salariésles plus âgés (la France possèdeaujourd’hui un des taux d’activitédes 55-60 ans les plus bas parmi lespays développés). Pour cela, il estnécessaire de mettre en œuvre unenouvelle politique du travail, de l’em-ploi et de la formation, permettantaux salariés âgés de rester dans lesentreprises et les administrations plu-tôt que de quitter leur activité de fa-çon anticipée, par le biais des prére-traites ou du chômage dispensé derecherche d’emploi. Ce n’est quedans un tel contexte qu’une évolu-tion des comportements de départ àla retraite à 60 ans est envisageable.

Le second axe de réflexion consisteà augmenter les ressourcesdont disposent les régimes de retrai-te. Pour cela, on peut envisagerd’augmenter les taux de cotisation,qui sont actuellement de 25 % (partpatronale + part salariale) sur le sa-laire brut dans le secteur privé. Uneaugmentation annuelle de la produc-tivité de 1,6 %, supérieure aux évo-lutions constatées dans les années90 mais inférieure aux évolutions surplus longue période, conduit à unquasi doublement du salaire réel en40 ans. Une augmentation dequelques points du taux de cotisa-tion d’ici 2040 ne serait alors pro-bablement pas insupportable. Desredéploiements de cotisations, parexemple en provenance de l’assu-rance chômage ou des allocationsfamiliales, peuvent également êtrerecherchés.

Une autre ressource supplémentairepourra être trouvée si la part des sa-laires dans la valeur ajoutée re-gagne un peu du terrain perdu aucours des années 80. Rappelonsque la part des salaires dans la va-leur ajoutée était stable, autour de62-63 %, dans les années 60. Elle aconnu un pic dans les années 70 etjusqu’au début des années 80, puisa baissé fortement jusque vers 1995; elle s’établit maintenant autour de58 %. Les 5 points de baisse par

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Le Fonds de réserve pour les retraites

Le Fonds de réserve a été créépar la loi de financement de la sé-curité sociale pour 1999. Son ob-jectif est d’accumuler 1000 mil-liards de francs d’ici 2020 afinde servir de fonds de lissage descotisations entre 2020 et 2040. Ilsera doté de 47 mil l iards defrancs à la fin 2001. Il se situedans la logique de la " répartitionprovisionnée " : il permet de " ca-pitaliser " des provisions tout enpréservant le fonctionnement col-lectif et solidaire de la répartition.

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rapport au niveau des années 60 re-présentent des dizaines de milliardsde francs de manque à gagner pourles régimes sociaux. Les économistessont très prudents lorsqu’ils abordentla question du partage de la valeurajoutée et soulignent qu’il peut êtredangereux à long-terme pour l’em-ploi et la croissance de prendre desmesures visant à augmenter la partdes salaires. Néanmoins, on peutpenser que cette déformation seraconstatée ex post et relèvera d’unprocessus endogène, c'est-à-dire ré-sultant de processus socio-écono-miques et non de décisions de poli-tique économique. Cela pourraitrésulter par exemple d’une baissedes taux d’intérêt réels (au niveaumondial ou au moins européen) quepourrait provoquer le vieillissementde la population et d’une hausse dessalaires qui pourrait résulter de labaisse du chômage dans la décen-nie à venir et de la baisse de la po-pulation active après 2010.

Enfin, s’agissant de la recherche deressources nouvelles contribuant aufinancement des retraites, il n’est pasinterdit de penser que des finance-ments reposant sur une assiette pluslarge que la seule masse salarialepeuvent être recherchés. D’autrespays européens ont déjà commencéà réfléchir aux nouveaux modes definancement de leurs systèmes de re-traite. C’est ainsi qu’à l’occasion dela réforme des retraites qu’il vient

d’élaborer, le gouvernement alle-mand a prévu que le nouveau pilierde retraites par capitalisation profite-rait d’aides publiques, financées parl’impôt, que l’on peut chiffrer àquelque 100 milliards de francs paran à partir de 2008.

Ce processus est également déjà en-tamé en France par le biais du Fondsde réserve pour les retraites, abondépar des excédents du Fonds de soli-darité vieillesse, donc par de laCSG, par une partie du prélèvementde 2 % sur les revenus du patrimoi-ne, par une fraction de la contribu-tion sociale de solidarité des socié-tés, etc. Il faudrait néanmoins, pourque le Fonds de réser ve puisseconstituer, parmi d’autres mesures,le socle de la confiance dans le sys-tème par répartition, que les res-sources qui lui sont affectées ne lesoient pas annuellement par arrêtéministériel, comme c’est le cas au-jourd’hui, mais le soient de manièrelisible et pérenne, par exemple parl’attribution d’un demi-point de CSG.

En matière de ressources nouvellespouvant financer les régimes de re-traite, les propositions des organisa-tions représentant les salariés et decertains économistes sont diverses.Certains prônent la création d’uneTVA sociale, d’autres des prélève-ments sur les revenus financiers desentreprises, d’autres encore l’affecta-t ion d’une taxe écologique.

L’augmentation de la CSG représen-te également une voie d’action pos-sible. Bien évidemment, le cadre eu-ropéen dans lequel est intégréel’économie française oblige à se po-ser la question de sa compétitivité,tant pour les entreprises que pour lessalariés, notamment les cadres. Il neserait pas honnête cependant de necomparer que les taux de cotisationaux systèmes par répartition pour endéduire que les prélèvements nepeuvent pas augmenter en France. Ilfaut prendre en compte l’ensembledes cotisations, impôts et taxesayant pour objectif de financer lesretraites. Il est alors évident que ce fi-nancement global est appelé à aug-menter dans tous les pays dévelop-pés d’ici 2030 à 2050.

Décrire l’avenir du système de retrai-te de façon apocalyptique est donctrompeur ou mensonger. Oui, il fau-dra travailler plus, mais c’est accep-table dans un contexte d’augmenta-tion régulière de l’espérance de vieen bonne santé. Oui, il faudra coti-ser plus, mais c’est également conce-vable si l’augmentation de la pro-ductivité permet de faire progresserles salaires à un rythme suffisant.Oui, il faudra faire confiance à uncontrat collectif renouvelé entre lesgénérations, la faiblesse du contratactuel étant probablement aujour-d’hui le principal élément d’inquiétu-de des citoyens face à leur systèmede retraite. ■

1 Au moment de la rédaction de ces lignes, l'auteur appartenait au Secrétariat général du Conseil d’orientation des retraites. Les opinions expri-mées dans cet article n’engagent que son auteur.

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L’association des anciens élèvesa confié l’édition

et la régie exclusivede la publicité

de la revue Varianceset de l’annuaire

à la société OFERSOP

N’hésitez pas à contacterJean-Michel AMRAM

qui est seul habilité à répondre à votre demande :Tél : 01 48 24 93 39

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Plus inquiétant encore, une nou-velle tendance s'est fait jourrécemment, qui prône le statuquo. Ce n'est donc plus seule-ment la recherche d'une solu-

tion, qui fait problème, mais le constatlui-même ! Le danger n'est pas dansl'émergence de cette position – qui atoujours vaguement existé – mais dansle fait que le conservatisme en matièrede retraite trouve aujourd'hui dans lathéorie – ou fait semblant de trouver –des éléments pour se renforcer. De cepoint de vue, deux arguments ont ré-cemment fait flores, et il nous sembleintéressant de les examiner, en lesconfrontant à la réalité de la réformedes retraites dans des pays exotiques.

"LA CROISSANCE PAIERA".

Le premier de ces arguments récem-ment développés – avec une métho-dologie et un objectif qui ne rele-vaient pas de l'Académisme - estque la difficulté des régimes de re-

traite pourrait trouver dans la crois-sance de l'économie une solution to-tale ou partielle. Le raisonnement serésume ainsi : "si la croissance éco-nomique est plus forte que l'augmen-tation du poids des retraites dans lePIB, il est possible de ne pas contra-rier cette dernière tout en faisantaugmenter en valeur réelle le PIB partête des actifs." En d'autres termes,la croissance du gâteau masque l'in-égalité dans son partage.

Ce raisonnement est sans doute vraien économie statique : sur 20 ans,une croissance nette de 1,3% per-met par exemple de financer un tri-plement du poids des retraites dansle PIB (de 10 à 30%), sans rognersur le revenu par tête des actifs.Mais malheureusement, le monden'est pas statique! Plus que jamais, ilfaut intégrer le fait que le poids desprélèvements obligatoires est un élé-ment déterminant de la croissance.

D’une part, à cause du poids des

prélèvements obligatoires en tantque tel. Sans même avoir recours auspectre de la fuite des plus productifsvers les économies à faible niveaude prélèvements, on ne peut nierque, pour qu’ils soient viables ou ac-ceptables, des prélèvements obliga-toires élevés doivent répondre à troisimpératifs :

1. correspondre à une part de soli-darité acceptée par tous,

2. offrir un "bon" rapport qualité-prix des prestations offertes,

3. et reposer sur un profond sentimentd’appartenance communautaire.

S’il est difficile de se prononcer surce dernier point, trop subjectif, il estclair que la situation des deux pre-miers est devenue critique en France.Le problème est d'abord quantitatif –nous y reviendrons – mais il est aussiqualitatif : peut-on invoquer la soli-darité lorsque des transferts de plus

44 Variances

Retraites : le doux miragedu statu quo

Alexandre COLLARD (ENSAE 1998) et Arnaud MEZIERES (ENSAE 1998),Actuaire IAF, IEM-ACTUARIA SA.

L'approche des élections présidentielles va peut être remettre la douloureuse probléma-tique des retraites au cœur du débat. La kyrielle de rapports publiés sur cette question aucours des dernières années fait qu'il est devenu difficile d'en ignorer les termes. Mais sil'on s’accorde sur l’importance des évolutions négatives à venir, nous sommes loin d'avoiratteint un consensus sur la réforme elle-même.

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en plus massifs se font des actifs dusecteur privé, soumis à un risqued'emploi et une exigence croissan-te, vers les retraités de la fonctionpublique, dont les conditions de viesont désormais meilleures que leurshomologues du privé ? Peut-on par-ler de "bon rapport qualité-prix",alors que les cotisations versées parles actifs d’aujourd’hui servent ac-tuellement des niveaux de retraitequ’i ls n'ont aucune chance deconnaître à leur tour lorsqu'ils serontretraités ?

Un second problème se pose entermes d’allocation des ressources.La différence entre un pays à fortsprélèvements obligatoires et unpays où ils sont plus faibles est que,dans le premier, plus de consomma-tion passe par l'Etat, donc par unmécanisme dans lequel ceux qui dé-cident ne sont pas nécessairementles destinataires finaux. C'est lechoix entre deux archétypes d'orga-nisation sociale qui est en jeu ici :un modèle où tout passe par l'Etat(la planification) et un modèle outout passe par le marché. Il est deplus en plus clair que le bon modè-le, celui qui assure la cohérence so-ciale tout en laissant ses chances àla dynamique économique, est unmodèle qui assure des minima (sor-te de filet de sécurité … sociale) etlaisse aux individus le choix de lescompléter à leur guise. L'impôt né-gatif est un symbole de cette lo-gique vertueuse. Il a son corollairedans le domaine de la retraite, etl'on peut rappeler ici ce que men-tionnait Jacques Delors dans L’unitéd’un homme : "L'une des erreursfaites en France a été de ne pas ex-pliquer qu'au-delà d'un minimumdécent, il fallait faire appel à la re-t rai te par capi tal isat ion. LaRépartition assure la solidarité pourtous ; la Capitalisation fait appel àla responsabilité et au sens de laprévoyance de chacun".

Le danger des systèmes de retraitepar répartition est donc que leur

ponction sur la richesse économiquene relève pas d'une négociation oud'un rapport de force, mais de l'ap-plication brutale de règles, les-quelles présentent de plus la particu-larité de relier la pension future àdes éléments du passé que personnene contrôle (ancienneté, salairespassés, etc.). Ainsi, lorsque l'écono-mie va mal, certains paramètres peu-vent en subir le contre coup (les sa-laires et le pouvoir d'achat desactifs), tandis que les systèmes de re-traite continuent de fonctionner selonleurs propres règles, indépendantesde la marche de l'économie. Ce hia-tus entre une économie qui a besoinde souplesse pour réagir, et un systè-me de retraite totalement rigide,sans autorégulateur, reposant surune fonction de variables passées,crée un danger que nous n'avonspas encore bien mesuré. Pourquoine l'avons nous pas mesuré ? Parceque, dans des pays comme laFrance, le phénomène incriminé estimpossible à percevoir à l'échelled'une année. Et lorsque le tempss'est suffisamment écoulé pour quele phénomène soit visible, il est biensûr trop tard !

Les hasards de nos missions d'ac-tuaires nous ont amenés à travaillersur les régimes de retrai te deDjibouti, ancienne colonie française,à laquelle la France a légué, lors del'indépendance, une base militaireet … des régimes de retraite par ré-partition. La situation que nous yavons trouvée s'apparente à un "caslimite", vision futuriste de ce quepourraient devenir la France et sesrégimes de retraite si nous prenionsl'option du statu quo.

A Djibouti, le système de retraiteoffer t par les trois caisses exis -tantes s’apparente au régime debase français : un système en ré-partition par annuité. Lors de sonlancement, les taux de dépendan-ce extrêmement faibles et la jeu-nesse des régimes ont permis uncalibrage nettement plus généreux

: base de calcul assise sur le der-nier salaire, taux d’annuité de 3%par année de cotisation, âge de laretraite de 55 ans, taux de cotisa-tion de 8%, … Le système a fonc-tionné pour le plus grand bonheurde ses bénéficiaires, jusqu'au mi-lieu des années 1980. A partir decette date, la transition démogra-phique brutale, combinée à unconflit militaire régional et des dif-ficultés économiques récurrentes,ont rapidement mené le régime dji-boutien dans le mur. A une vitesseaccélérée : rappelons que s’il afallu plus de 140 ans en Francepour doubler la part des plus de60 ans dans la population (de 9 à18%), il faudra moins de 30 ansdans la plupart des pays en voiede développement.

Ce que cette situation djiboutiennemet en évidence de façon drama-tique se résume simplement : aujour-d'hui, les régimes de retraite de cepetit pays sont à peu près la seulechose qui fonctionne encore dans unpays ravagé par la crise. Que sepasse-t-il en effet ?

La part du PIB consacrée aux dé-penses de retraite augmentant inexo-rablement et avec rigidité, elle em-piète sur les autres dépenses del'Etat (santé, éducation, infrastructu-re), qui diminuent, d'abord relative-ment (en pourcentage du budget del'Etat) puis en valeur absolue. Car ilest plus facile de ne pas ouvrir d'éco-le ou de ne pas renouveler un scan-ner dans un hôpital que de diminuerla retraite des pensionnés. La solida-rité et les missions régaliennes del'Etat sont donc progressivementconsommées par la Retraite. Dansun second temps, c'est l'économieelle-même qui se trouve asphyxiée :soit par une hausse des cotisations,qui pèse sur la productivité du travailet génère du chômage, soit par unralentissement (dans le cas deDjibouti, un arrêt) des dépenses d'in-frastructure (route, communication,…) ou autres (police, justice, sécurité

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économique, …) indispensables à labonne marche de l 'économie.L'histoire commence donc bien avec"la croissance paiera", mais elle finittragiquement avec "la croissance estmise en faillite par la retraite".

L'étape suivante de ce processus dedéliquescence est que, malgré l’aug-mentation des dépenses de retraite,toutes les pensions ne peuvent plusun jour être assurées. C'est bien sûrle cas à Djibouti, qui présente desretards de plus de 6 mois dans leversement des pensions… Lorsque laréforme intervient – en temps de cri-se – elle doit être d'autant plus bruta-le qu'elle intervient tardivement. Ellelaisse alors des populations de re-traités abasourdis, réalisant que lapension qu'on leur a promise étaitune farce. Mais il est hélas trop tardpour s'adapter, car ces mesuresn’ont pas été prévues par les actifsqui s’apprêtent à liquider et qui, in-formés plus tôt, auraient largementmodif ié leur compor tementd’épargne.

Il faut avoir travaillé sur ce cas limitedjiboutien pour mesurer toute l'ab-surdité de cette pseudo solution dustatu quo. On entend déjà le contreargument : "la France n’est pasDjibouti". Souhaitons que cela soittoujours vrai !!

EQUIVALENCE REPARTITION ET CAPITALISATION

Une autre idée a fait son chemin,dans le débat sur la retraite : cellede l’équivalence économique entreRépartition et Capitalisation. Cesdeux modèles ne sont que des tech-niques de financement qui se résu-ment toujours à la ponction instan-tanée des inactifs sur la production.Mais si cela est vrai – et ça l'est ! –comment choisir entre ces deuxtechniques ?

Certains nous diront que "La réparti-tion, c’est la solidarité entre les gé-nérations ; la capitalisation, c'est

l ' individualisme", faci l i tant lechoix…Mais un peu d'objectivité –et de bonne foi – suffit pour consta-ter qu'il n’y a en réalité aucun rap-port, ni dans un sens ni dans l'autre,entre l'axe de la solidarité (ou del'individualisme) et celui du finance-ment (répartition ou capitalisation)..Les deux axes sont clairement ortho-gonaux : la sol idari té de laRépartition n'est parfois que celledes retraités entre eux, aux dépensdes actifs, tandis que la capitalisa-tion peut permettre au contraire tou-te sorte de mutualisation. Ce n'estdonc pas selon cet axe qu'il fautchoisir. En revanche, répartition etcapitalisation offrent une différencestructurante du point de vue des mo-dalités de régulation. En Répartition,la régulation se fait en effet par laloi ou la réglementation des ré-gimes, qui fixent les paramètres defonctionnement et les modifient. Encapitalisation, la régulation passepar le marché.

Peut-on, sur cette seule base, établirune préférence ? Oui bien sûr !!Notamment si l'on tient compte dufait que les modalités de régulationne sont pas indépendantes de cequ'il faut réguler !! Car le besoin derégulation est notamment fort lorsqueles retraités, par leur nombre, fontexploser les dépenses de retraite.Mais si leur nombre est important,leur poids démocratique, notammentdans la décision de régulation desrégimes par répartition, est aussi im-portant. Et leur opposition à la réfor-me – qui leur est par nature défavo-rable – est aussi impor tante. Leparadoxe s'énonce ainsi : le phéno-mène qui est à l'origine du problèmeest aussi à l'origine de son impossi-bilité à se résoudre par des moyens"démocratiques".

Et les "vieux" ne sont pas seuls às’élever contre la réforme… Lesconséquences perverses du cycle devie des systèmes par répartitionjouent ici à plein. Ce cycle se com-pose de 3 phases :

1. d’abord, à leur mise en place, descotisants en nombre sans bénéfi-ciaires en contrepartie : les cotisa-tions servent alors pour les prestationsde personnes âgées n’ayant pas, outrès peu, cotisé. Le système offre alorsdes taux de rendement très élevés,que la croissance économique ou lesmarchés financiers ne peuvent pas as-surer ;

2. ensuite arrivent à la retraite les co-hortes de la ‘génération fondatrice’,qui avait entre 30 et 50 ans à la miseen place du système. Elles aussi béné-ficient d’un taux de rendement consé-quent : des prestations intégrales leursont le plus souvent octroyées, alorsqu’elles n’ont cotisé qu’une partie deleur vie active. Les taux de cotisationaugmentent alors, mais restent à desniveaux faibles ;

3. enfin, au bout de 50 ans, le systè-me de retraite par répartition parvientà maturité. Le rendement de la répar-tition devient égal à son taux de longterme, celui de la croissance écono-mique. Taux bien inférieur au taux derendement interne imposé par les pa-ramètres initiaux du régime. Or la ré-gulation, alors nécessaire, est rendueimpossible : les taux servis à l’origineassurent l’attachement au système,considéré comme un "acquis social".

La régulation en répartition constituedonc un exercice de haute voltige.Elle se heurte non seulement à l’oppo-sition des retraités, qui veulent mainte-nir leur pension, mais aussi desjeunes, qui considèrent les taux derendement initiaux de la répartitioncomme un droit, et qui – les enquêtesd’opinion le montrent de manière ca-ricaturale – surestiment largement leniveau des retraites qui leur serontversées. Il ne s’agit pas de critiquer,ici, la mise en place des systèmes derépartition, qui ont évidemmentconstitué l’une des plus grandes avan-cées sociales de ces dernières décen-nies. Mais de poser le constat froidd’une régulation rendue de fait im-possible…

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Les pseudo réformes entreprises enFrance depuis 20 ans en constituentun exemple révélateur :

• des réformes à œillères, aveccomme objectif des rééquilibragesde court terme. Légère progressiondes taux de cotisation et ajustementmarginal des taux d’annuité ou dela base de calcul ;

• des réformes brutales, mais ‘indo-lores’. Typiquement, une indexationdes pensions sur l’inflation ne touchepas les trois piliers sacrés : âge dela retraite, taux de remplacementinstantané et taux de cotisation.C’est en ce sens qu’elle est indolore.Mais elle est surtout inefficace entermes d’équité : elle dégrade trèssignificativement le niveau de viedes ‘vieux retraités’ – de moitié,sous des hypothèses réalistes, parrapport aux nouveaux liquidants…L’objectif du système de retraite (lut-ter contre le risque vieillesse en lis-sant le revenu tout au long de lavie), n’est donc plus rempli ;

• au-delà, toute réforme structurelledu système semble vouée à l’échec.Michel Rocard a malheureusementvu juste en présageant que le dos-sier avait de quoi faire sauter les 5ou 6 prochains gouvernements quis’y attaqueraient. Les manifestationsde 95 sont à l’origine directe de lachute du gouvernement Juppé…Ainsi, "quand on veut réformer, onne peut pas".

Mais l’inverse est tout aussi vrai :"quand on peut réformer, on ne le veutpas forcément". Voilà le triste paradoxedes systèmes en répartition…

Le Maroc – pays que notre cabinet al'honneur de conseiller dans ses ré-formes – offre une autre illustration :des régimes jeunes dans une popu-lation jeune. D’où des législationstrès généreuses : globalement, lestaux de rendement internes actuelle-ment servis sont de l’ordre de 10%.Il suffit par exemple de 15 annéesde cotisation dans le régime généraldu privé pour toucher une retraiteégale à 50 % de la moyenne de sestrois derniers salaires. Pour que detels régimes soient soutenables dansle long terme, il faudrait des taux decotisation de l’ordre de 70 – 80%.

Le paradoxe est que la situation ac-tuelle permettrait de réformer : les ré-gimes sont jeunes, les retraités ac-tuels bénéficient de taux deremplacement encore relativementpeu élevés puisqu’ils ont peu cotisé,le nombre de ces mêmes retraités estfaible comparé à la population tota-le, bref, des ajustements des para-mètres du système seraient mainte-nant indolores, puisqu’i lspermettraient toujours l’augmenta-tion du taux de remplacement servi.Mais ces mêmes raisons, qui permet-tent les réformes, sont aussi cellesqui les font apparaître inuti les :"pourquoi réformer quand les ré-gimes sont à l’heure actuelle globa-

lement excédentaires ou quand lesréserves constituées permettent defaire face à plusieurs années deprestations ? Pourquoi réformer unrégime qui dégage des "excédents"?

Certes, dans 50 ans, les réserves se-ront épuisées, les taux de remplace-ment beaucoup plus élevés – plusde deux fois supérieurs dans le régi-me général du public ; le poids desplus de 60 ans aura quadruplé."Quand on veut réformer, on nepeut pas ; quand on peut réformer,on ne veut pas", où l’impossible ré-gulation des systèmes en réparti-tion… Notre constat, suscité et nour-ri par notre expérience étrangère,dresse un avenir sombre: le statuquo est probable, et le statu quo estsuicidaire…

Avenir exagérément sombre ? Ledossier des retraites est anesthésiédepuis trop longtemps, et la triste vi-sion de l’avenir que nous avons es-quissée semble aujourd’hui malheu-reusement la plus réaliste. Espéronsque les élections présidentielles se-ront l'occasion d'avancer, non paspour conforter le statu quo, maispour convaincre que la solidarité,l'équité et l'efficacité économique etsociale passent par des réformes au-dacieuses. Faute de cela, nous se-rons condamnés, après avoir expor-té notre "modèle social" à Djibouti,à importer de ce pays le scénariocatastrophique du doux mirage du statu quo. ■

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On ne peut évoquer lesperspectives d’aveniren terme de Retraitesans immédiatementparler de fonds de

pension. Tout d’abord, qu’entend-onexactement par fonds de pension ?Ce terme, très en vogue et souventutilisé dans la presse, peut recouvrirun concept générique regroupantplusieurs types de produits :

•les mutual funds sont dans les paysanglo-saxons, l’équivalent de nos SICAV,•les Hedge funds sont des fondshautement spéculatifs visant à procu-

rer un gain maximal à leurs sous-cripteurs sur un horizon relative-ment court,•les pension funds sont les fondsde retraite des fonctionnaires amé-ricains et des grandes entreprises.

On constate donc que les objectifsde ces différents intervenants sonttrès différents. Les fonds de pen-sion auxquels nous pensons sontl’équivalent des pension funds, lesHedge funds étant trop spéculatifssur un horizon de placement tropcourt pour constituer une réelle ré-ponse économique au financementdes retraites.

Un fonds de pension est donc uneinstitution chargée de collecter desfonds auprès de personnes activespuis de les gérer au mieux de leurintérêt, en leur distribuant les fruitsde cette épargne pour leurs vieuxjours. Pour utiliser des termes usuelsen Assurance, il s’agit en quelquesor te d’ individual iser l ’ef for td’épargne tout en mutualisant lerisque financier.

Les difficultés annoncées du systèmepar répartition sont dues en grandepartie au déséquilibre entre cotisantset retraités (classes d’âges jeunesmoins nombreuses, entrée plus tardi-

48 Variances

Compléments individuelsde retraite : analyse et évolutions

François BEUGIN (ENSAE 2000),Chargé d’études produits chez AXA Conseil.

CotisantsIls cotisent sur leurs sa-

laires ou par versementsvolontaires

Bureau Régional du FondsRenseigne les actifs et retraités sur lefonctionnement de leur plan de retrai-te

GérantsBanques ou sociétés d’in-vestissement gérant unepartie du portefeuille dufonds

EntreprisesReçoivent les capitaux dufonds.Communiquent leurs résul-tats et leurs politiques auxinvestisseurs du fonds.

Comité d’Investissement du FondsDéfinit les orientations de la gestion descapitauxPeut décider de sanctionner une entreprise(rentabilité, éthique, transparence) en ven-dant ses titres

➠➠

➠ ➠

Informe

Cotisent

Investissent

Délègue

Observe

Fonctionnement d’unfonds de pension

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ve dans la vie active) et à l’allonge-ment de la vie humaine. Le systèmepar capitalisation où chacun cotisepour lui-même et pour plus tard, pa-raît dès lors une bonne alternative.En effet, l’impact sur les arrérages(montants des pensions de retraiteversées) dû à l’allongement de la du-rée de la vie humaine est directe-ment supporté par le retraité.

Cependant, en l’état actuel des dis-positifs de compléments de retraiteexistant et à venir en France, le pro-blème ne se pose pas en pratiqued’un choix pour ou contre les fondsde pension. En effet, comme l’a pro-nostiqué Michel Rocard dans sonlivre blanc sur les retraites, puisconfirmé le rappor t Charpin de1998, le système par répartitioncomme solution unique a vécu et unealternative doit être trouvée pour évi-ter l’explosion à moyen terme. Mais,cette alternative n’existe-t-elle pas dé-jà, au moins en partie ? La Francene s’est-elle pas déjà dotée, mêmeindirectement, de compléments ausystème par répartition ?

Distinguons pour cette analyse troistypes de travailleurs actifs : les sala-

riés, les non-salariés et les fonction-naires. Distinguons également deuxtypes de produits : ceux souscrits àtitre individuel, et ceux souscrits col-lectivement. Dans ce monde à sixcases, chacun trouve en fait déjà lemoyen de se constituer un complé-ment de retraite personnel. Commeon le constatera aisément, la majeu-re partie de ces moyens sont desproduits bancaires ou d’assurance,basés sur une incitation fiscale évi-dente. Ainsi, le cotisant bénéficiesoit d’une réduction d’impôts oud’une déduction sur son revenu im-posable, ce qu’il apprécie puisqueceux qui peuvent se permettre cescotisations complémentaires sont gé-néralement les plus fortement impo-sés. Ou alors, l’employeur vientabonder les versements du salarié,bénéficiant lui aussi d’incitations fis-cales intéressantes.

Prenons un exemple concret, pourles travailleurs non-salariés (TNS).Alain Madelin, alors ministre char-gé des PME, du Commerce etl’Artisanat, crée en 1994 les pre-miers fonds de pension pour lesTNS. Il leur réserve alors des condi-tions fiscales très favorables. Ces

produits permettent de se constituerun complément de revenu à vie aumoment de la retraite, tout en dé-duisant largement les cotisationsversées du revenu imposable. Cettemesure a connu depuis un engoue-ment important puisque 10% desTNS ont adhéré à un tel contrat ensix années. Ce volume est en coursd’expansion puisque ces produitsdeviennent désormais multi -sup-ports, c’est-à-dire investis pour par-tie au moins en actions ou FCP ac-tions. On retrouve bien ici l’attraitet l’intérêt pour les investissementsboursiers sur le long terme, commepour les pension funds anglo -saxons. Un TNS pourra donc épar-gner jusqu’à environ 200 000 Fpar an pour sa retraite et il les dé-duira de ses bénéfices. Le gain peutdonc être substantiel pour les per-sonnes au taux marginal d’imposi-tion élevé. De plus, les années decot isat ion antér ieures à la lo iMadelin ne sont pas perdues : il y apossibilité de les racheter en dou-blant la cotisation de l’année. Lasortie obligatoire en rente viagèrede retrai te, souvent considéréecomme un inconvénient à ce dispo-sitif, n’est pas si absurde que l’on

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Typologie des systèmes de préparation de la retraite déjà existants en France

Salariés Non-salariés Fonctionnaires

Produits individuelsAssurance-Vie ✓ ✓ ✓PEA Bancaire ou Assurance ✓ ✓ ✓PEP Bancaire ou Assurance ✓ ✓ ✓Article 41 Loi Madelin ✓Article 55 (agricoles) ✓

Produits collectifsPEE - PPESV ✓Participation - Intéressement ✓PER ✓IFC ✓Articles 39, 82 et article 83 ✓Retraite PREFON ✓

PEP : Plan d’Epargne PopulairePEA : Plan d’Épargne en ActionsPEE : Plan d’Épargne Entreprise

PPESV : Plan Partenarial d’Épargne Salarial VolontairePER : Plan d’Épargne RetraiteIFC : Indemnités de fin de carrière

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peut le penser : les régimes obliga-toires par répartition aboutissentégalement à des rentes viagères,seul moyen efficace d’assurer un ni-veau décent de retraite en évitant ladilapidation du capital avant l’heu-re. De plus, depuis août 2000, lasortie en rente viagère n’est plus né-cessairement liée à la cessationd’activité professionnelle mais àune tranche d'âge habituelle deconversion. Ce système, fiscalementavantageux et économiquement ef-ficient, est un bon exemple de suc-cès d’un régime par capitalisation.

Prenons un autre exemple bien fran-çais, à un endroit où on l’attend lemoins peut-être. Le Régime RetraitePrefon. Les pensions de la fonctionpublique ne sont pas financées parles cotisations des actifs, mais parles impôts de tous les Français. Ceparticularisme, qui remonte à la loide budgétisation de 1853, expliquepourquoi les retraites des fonction-naires sont sensiblement plus attrac-tives que celles du privé. Ils sont, enoutre, 200 000 à recourir au dispo-sitif Préfon retraite, qui leur permetd’économiser jusqu’au tiers de leurfacture d’impôt sur le revenu. Sansentrer dans les détails, ce systèmepermet comme pour les TNS, de seconstituer un supplément de retraiteen ne supportant qu’une fois le pré-lèvement fiscal, la rente viagère deretraite étant intégrée dans la caté-gorie des " Pensions ". En outre, lasortie en rente viagère est égale-ment obligatoire, garante d’un bonusage de l’épargne constituée.

On ne peut pour le moment pas endire autant pour les salariés. Certes,ces derniers bénéficient déjà depossibilités d’épargne avantageusescomme les Plans d’Epargne

Entreprise leur permettant d’investirleur participation, intéressement etversements libres en actions de l’en-treprise pour la plupart, avec abon-dement de l’entreprise. Le gain fis-cal n’est assuré que si le placementse fait à moyen terme. Ce systèmen’est pas à proprement parler uncomplément de retraite et n’est pos-s ible en prat ique que dans lesgrandes entreprises. Un premier pasvient d’être franchi récemment avecl’adoption définitive du projet de loisur l’épargne salariale, assouplis-sant les contraintes juridiques pourpermettre aux petites entreprises(PME-PMI) de créer ensemble desPlans d’Epargne Inter-entreprises.Les enveloppes fiscales Articles 39,82 ou 83 sont de véritables sys-tèmes complémentaires mais habi-tuellement réservés à certaines po-pulations de cadres.

Il manquait donc jusqu’à présent uneréelle possibilité d’épargne long ter-me pour tous les salariés, quel quesoit leur niveau. La nouvelle loi duministre de l’Economie, des Financeset de l’Industrie, M. Laurent Fabius,sur l’épargne salariale facilite cettepréparation de la retraite. Le toutnouveau Plan partenarial d’épargnesalariale volontaire (PPESV) permet-tra aux salariés de capitaliser jus-qu’à 25% de leur rémunérationmoyennant une fiscalité attrayante.Concrètement, une partie des verse-ments – les primes de participationet d'intéressement – seront défiscali-sées et ne supporteront ni chargessociales, ni impôt sur le revenu.Cette capitalisation, renforcée parles versements volontaires des sala-riés et les abondements des em-ployeurs, subira une fiscalité modé-rée en l'échange d'une période deblocage de dix ans. Comme dans

tous les dispositifs d'épargne salaria-le, l'épargnant ne supportera qu'unefois le prélèvement fiscal, à l'imagede ce qui se fait dans les régimes decapitalisation retraite français telsque Préfon (fonctionnaires) ou loiMadelin (indépendants). Cependant,pour l’instant, aucun cadre obligatoi-re n’est donné à la sortie en renteviagère, même si celle-ci est toujourspossible en pratique.

La France est donc pour ainsi diredéjà dotée de compléments indivi-duels au système par répartition.En effet, ses fonctionnaires et tra-vailleurs non-salariés (agricoles ounon) peuvent y cotiser. Pour les sa-lariés, des systèmes existent mais ilconvient de les généraliser, à l’ima-ge en quelque sorte de ce qui sefait pour les autres sous-popula-tions d’actifs. Dans tous les cas, lemeilleur catalyseur de ce type dedispositif reste l’incitation fiscale,surtout quand elle à un impact di-rect sur l’impôt sur le revenu queles Français estiment injuste et tropélevé. Un pas a été fait récemmenten ce sens. La réflexion devrait ac-tuellement se porter sur les condi-tions dans lesquelles doivent êtregérés et administrés ces fonds.Ainsi, la sortie en rente viagère est-elle un bon moyen de permettreune continui té de revenu. Maisd’autres aspects sont importants,comme la maîtrise des suppor tsd’investissement et de leur constitu-tion, afin de garantir un complé-ment de revenu décent aux futursretraités. Pour ce qui est des excèset écueils à éviter, les exemples vé-cus dans les pays anglo-saxons se-ront encore présents dans tous lesesprits pendant quelques décen-nies pour nous inciter à la vigilan-ce en la matière. ■

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Dans les contrats d’assu-rance, la définition de ladépendance repose sur ledegré d’autonomie d’unepersonne, la durée cumu-

lée d’intervention d’une tierce per-sonne, ou sur la capacité d’effectuersans l’aide d’une tierce personnecertains actes de la vie. Ce dernierprincipe est retenu dans la grilleAutonomie Gérontologique GroupesIso-Ressources (AGGIR) adoptéepour la Prestat ion Spécif iqueDépendance (PSD) et pour la futureAide Personnalisée à l’Autonomie(APA), ainsi que pour l’évaluation dela dépendance par les assureurs.

GRILLES D’ÉVALUATION

La grille de dépendance AGGIR mi-se au point pour la PSD est aussi uti-lisée par quelques contrats d'assu-rance dépendance. Elle évalue ladépendance d'une personne en sixgroupes. Généralement, on considè-re comme étant en dépendance lour-de les personnes classées dans lestrois premiers groupes. Les groupes4 et 5 correspondent à des per-sonnes en dépendance partielle.

Il existe également d’autres grilles :• Activités de la Vie Quotidienne(AVQ) : activités de base (toilette,

habillage, alimentation, déplace-ments),• Activités Instrumentales (AIVQ) :plus complexes (activités domes-tiques, utilisation du téléphone et desmoyens de transport, gestion dubudget…),• Activités Supérieures (ASVQ) : in-teractions avec le milieu social (loi-sirs, clubs, voyages…).L’incapacité à effectuer sans aide aumoins 3 des 4 AVQ correspond àune dépendance lourde, au moins 2des AVQ correspond à une dépen-dance partielle. L’incapacité à effec-tuer certaines des AIVQ correspondà une dépendance légère.

52 Variances

a gestion du risqueDépendance enassuranceL

Les critères de dépendance de la grille AGGIR :

- groupe 1 : personnes confinées au lit ou au fauteuil qui nécessitent une présence continue d'intervenants ;

- groupe 2 : personnes confinées au lit ou au fauteuil qui nécessitent une prise en charge pour la plupart desactivités de la vie;

- groupe 3 : personnes âgées ayant conservé leurs fonctions intellectuelles, mais qui nécessitent, plusieursfois par jour des aides pour leur autonomie corporelle;

- groupe 4 : personnes âgées qui n'assument pas seules leur transfert, mais qui, une fois levées, peuvent sedéplacer seules ou personnes âgées qu'il faut aider pour les activités corporelles ainsi que pour les repas;

- groupe 5 : personnes âgées qui ont seulement besoin d'une aide ponctuelle pour la toilette, pour la prépa-ration des repas et pour le ménage.

- groupe 6 : toutes les personnes qui n'ont pas perdu leur autonomie pour les actes de la vie courante.

Claire DUTEY (ENSAE 2000),Chargée d’études actuarielles, GIE AXA.

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LES CARACTÉRISTIQUES DU RISQUE

En 2000, 20% de la population estâgée de plus de 60 ans, cette pro-portion sera d’environ 1/3 de la po-pulation en 2050. A l’heure actuelle,environ la moitié des personnes de65 ans et plus appartient à la caté-gorie des 65 à 74 ans. Cette catégo-rie devrait diminuer d’ici 2050 auprofit de la population des personnesde plus de 85 ans, qui va pratique-ment doubler. Celle-ci sera doncconstituée de personnes susceptiblede tomber en dépendance, du fait deleur grand âge, la vieillesse voire lagrande vieillesse pouvant engendrerune diminution des facultés phy-siques et mentales. La perte d’auto-nomie concerne d’abord les femmesde plus de 80 ans, isolées, ayantsouvent des revenus modestes. Elleaffecte en second lieu les hommesplus jeunes, vivant le plus souvent encouple. Selon les définitions, on peutestimer à 625.000 le nombre de per-sonnes fortement dépendantes, aux-quelles il faut ajouter 775.000 per-sonnes ayant besoin d’aide poursortir de leur domicile.

La question est de savoir si l’on vapasser ces années de vie supplémen-taires en bonne santé ou en dépen-dance. Le vieillissement de la popula-tion n’est pas à lui seul responsablede la dépendance. L’apparition depathologies incapacitantes, alliéeaux effets du vieillissement, va créerl’état de dépendance.

Ces dernières années, l’espérancede vie sans incapacité - c’est à direla période où la personne a toutesses facultés pour effectuer les actesde la vie courante - a augmenté plusque l’espérance de vie totale. Si l’onconsidère la qualité des années vé-cues à partir de 65 ans, les annéesde vie supplémentaires gagnées sonten majorité des années sans dépen-dance. La proportion des personnesdépendantes au sein de la popula-tion âgée semblerait diminuer.

BESOIN D’AIDE

Le risque de dépendance souffre enco-re d'inhibitions profondes : s'assurer,c'est déjà accepter l'idée que la situa-tion puisse se produire. Le refus d'envi-sager la souscription d'un contrat dé-pendance, c'est aussi rejeter l'idée quela situation soit vécue. Pourtant, lerisque existe et peut être lourd deconséquences pour la famille s'il n'estpas anticipé...

La dépendance implique la nécessitéd'organiser sa vie totalement différem-ment avec un désir très souvent affirméde ne pas quitter son domicile, préser-vant ainsi une part de son autonomie.En outre, même si les enfants et les pe-tits-enfants ont, en vertu des règles duCode civil, une obligation de secoursenvers leurs ascendants, il demeure diffi-cile de subvenir aux besoins financiersde ses parents, voire de partager le mê-me toit. Dans ces conditions, il existealors seulement trois façons d'organiserla vie du retraité dépendant : le domici-le, l'assistance à domicile ou l'établisse-ment spécialisé. Chacune de ces possi-bilités demeure soumise, bien sûr, à lasituation financière de chaque retraité.

En fonction de son niveau, la dépen-dance rend nécessaires des ressourcesfinancières et/ou des services d’assis-tance. Quelle que soit la solutionadoptée - aide à domicile ou structuremédicale spécialisée - la facture estlourde à payer : de 7.000 à 18.000 Fpar mois, par exemple, pour une dé-pendance lourde, selon le type d'éta-blissement et la région. Cette charge fi-nancière importante à laquelles'ajoutent d'autres dépenses fixes n'estpas prise en charge par la Sécurité so-ciale et déséquilibre complètement lebudget de nombreux retraités et deleur entourage.

LA PRESTATION SPÉCIFIQUEDÉPENDANCE ET L’AIDE

PERSONNALISÉE À L’AUTONOMIE

La Prestation Spécifique Dépendance

(PSD), mise en place par l’Etat fran-çais en 1997, souffre de nombreusesinsuffisances : sur 1 million de per-sonnes concernées, elle n’est attri-buée qu’à 135.000 bénéficiaires.Par ailleurs, le montant de cette allo-cation versée par les Consei lsGénéraux varie fortement d'un dé-partement à l'autre. La PSD n'est ver-sée qu'aux personnes modestes etson montant (en moyenne : 3.500 F/ mois à domicile et 1.900F / moisen établissement) est loin de couvrirtoutes les dépenses entraînées parune dépendance totale. En outre, lerecours sur succession1 ou donationa découragé beaucoup de potentielsbénéficiaires. Pour remédier à cesinconvénients, elle sera remplacéepar l ’Aide Personnalisée àl’Autonomie (APA) en 2002, avecles caractéristiques suivantes : l'APAbénéficiera à toute personne âgéede plus de 60 ans ayant perdu touteou partie de son autonomie, quelsque soient ses revenus. À degré dedépendance et à niveau de revenuidentique, son montant sera le mêmequel que soit le lieu de résidence. Ilsera calculé sur mesure, en fonctionde la perte d'autonomie de l'alloca-taire et de ses ressources, pour va-rier entre 600 et 7.000 francs parmois. Le recours sur succession seralimité. Cette nouvelle allocation de-vrait couvrir 800.000 bénéficiairespris en charge dans les établisse-ments spécialisés ou maintenus àdomicile, soit près de 6 fois plusque la PSD.

ADÉQUATION DU MARCHÉ DE L’ASSURANCE AU RISQUE

DÉPENDANCE

Déjà humainement douloureuse, ladépendance devient insupportablequand elle se double de soucis fi-nanciers. La dépense engendrée parle coût d’une dépendance peut ré-duire une succession ou mettre à malun patrimoine. Cependant, il existedifférents types d'assurance pourprévenir ce risque, par des capitaux,des rentes viagères, des rentes via-

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gères majorées ou encore des ser-vices d’assistance.

La dépendance constitue la plusgrande menace pour la richessed’une personne âgée. L’insuffisancede la prise en charge publique desbesoins des personnes âgées dépen-dantes à conduit un fort développe-ment de l’assurance dépendance pri-vée. Pour être un complémentefficace aux aides de l’Etat, il est né-cessaire pour les assureurs de seg-menter la population concernée se-lon ses revenus et d’adapter lesoffres. Ainsi, pour un ménage dontles revenus mensuels sont inférieursà 6 000 F, l'APA va constituer uneforte aide sociale. Pour ceux dont lesrevenus sont compris entre 6 000 et20 000 F, elle va représenter une ai-de, sans pour autant régler tous lesproblèmes. Enfin, pour ceux dont lesrevenus sont supérieurs à 20 000 F,l'APA ne va pas changer grand cho-se. Il s'agit là d'une population habi-tuée à un certain niveau de vie, à uncertain confort. Si elle veut s'assurerune fin de vie sereine à domicile (75% des personnes âgées sont actuelle-ment maintenues à domicile et lephénomène va s'amplifier), elle doitplutôt investir dans des produitsd'épargne-dépendance.

Les assureurs ont conçu des contrats" dépendance " qui répondent à unedemande individuelle ou collective(associations, mutuelles, entreprises,etc.), en complément du dispositifpublic et même avant que celui-ci ne

soit décidé en 1997. Globalementl’assureur propose le versementd’une rente, d’importance variableselon le choix effectué à la souscrip-tion du contrat, à la personne recon-nue dépendante en fonction des cri-tères fixés par le contrat. Pour définirla dépendance, la plupart des assu-reurs utilisent des grilles qui leur sontpropres mais qui ont en commund’apprécier la situation de la person-ne par rapport aux actes essentielsde la vie courante. Certains assu-reurs prennent comme référence lagrille AGGIR définie lors de la miseen place de la PSD. Les différentscontrats existants proposent des ga-ranties qui permettent de résoudre,en partie ou en totalité, les pro-blèmes financiers générés par la dé-pendance. La question reste parcontre entière en ce qui concerne lesbesoins non financiers. L’évolutiondes contrats dépendance devra inté-grer un certain nombre de ces pré-occupations non financières en pro-posant des services aux personnesdépendantes (assistance, prestationsen nature), et en incluant peut-êtreaussi une démarche préventive à un" mauvais " vieillissement.

Comme tout contrat d'assurance, lecontrat dépendance fonctionne sui-vant le principe du paiement régulierd'une prime (mensuelle). Ce n'estque lorsque le fait générateur sur-vient, c'est-à-dire la dépendance del'assuré, que l'assureur verse alorsune rente préalablement définie. Lesprimes liées aux contrats dépendan-

ce sont fonction de l'âge du sous-cripteur (plus il est âgé, plus le mon-tant de la prime est élevé), mais aus-si de son état de santé (unedéclaration de santé, un questionnai-re médical ou un examen médicalest obligatoire). Pour des raisonséthiques, le questionnaire ne doitpas comporter de questions sur l’hé-rédité. A noter que l'âge limite desouscription est généralement de 70ans, plus rarement 75 ans.

Les contrats d’assurance permettentd'obtenir une rente qui, mensuelle-ment, viendra compléter les res-sources et permettra à la personnedépendante de se maintenir à domi-cile avec des services appropriés ouà payer son séjour dans un établisse-ment spécialisé.

Les assureurs ont mis au point deuxtypes de contrats dépendance. D'unepart, des contrats de prévoyance quicouvrent uniquement le risque de dé-pendance : l’assureur s’engage àverser une rente viagère prédétermi-née en cas de dépendance, encontrepartie de cotisations niveléessur l’ensemble de la durée du contrat.Si l'assuré reste en bonne santé,elles sont à fonds perdus, comme lesassurances décès classiques. D’autrepart, les contrats d’épargne : l’assu-ré verse une cotisation unique oudes cotisations régulières capitali-sées. Elles se transforment soit enrente viagère en cas de dépendan-ce, soit en épargne versée en l’ab-sence de dépendance.

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Principaux contrats existants en assurance individuelle

Assureur AG2R GROUPAMA FNMF SAF BTP LA FRANCE AXA/AGIPI NORWICH SAPREMIARD VIE/APRIL UNION

Nom du SAFIR Assurance Plan Complément Existencial EGARD Assurance Futurcontrat Dépendance Indépendance Dépendance Autonomie

Nombre decontrats en192.000 171.000 23.000 10.197 7.000 6.000 5.843 5.000portefeuille

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LA SÉLECTION MÉDICALE

Les causes d’entrée en dépendancetotale sont liées principalement àcinq pathologies : neuro-psychia-triques, cardio-vasculaires (essentiel-lement les accidents vasculaires cé-rébraux), neurologiques,rhumatismales, ophtalmologiques.Parmi les facteurs prédictifs, le plusrévélateur est la constitution ou nond’une pathologie entre 45 et 60ans. Une personne qui ne constituepas de pathologie entre 45 et 60ans est un excellent risque pour l’as-sureur. Les affections neurologiquesgraves sont un facteur de risque im-portant, et dans une moindre mesureles affections rhumatismales et lesmaladies ophtalmologiques. Parailleurs, 50% des causes d’entrée endépendance reposent sur des dé-mences, ce qui justifie d’y porter uneattention particulière au moment dela souscript ion. La maladied’Alzheimer est la première causede démence dégénérative. Cette dé-mence se traduit par des troubles ducomportement ou une modificationde la personnalité, mais la distinc-tion avec d’autres troubles psychia-triques n’est pas aisée.

L’identification des sources de dé-viation (le passage de la phased’autonomie à une phase de dé-pendance, en passant par une per-te partielle puis totale d’autonomie)

va permettre de tarifer le risque dedépendance, en fonction des loisde passage d’un état à un autre. Lamor tal i té déf ini t le passage del’état d’autonomie à l’état de dé-cès, suivant un modèle à trois état :l’incidence de la dépendance défi-nit le passage de l’état d’autono-mie à l ’état de dépendance, lamortalité des dépendants définit lepassage de l’état de dépendance àl’état de décès.

Pour estimer la mortalité, on peut en-visager d’utiliser une table en cas devie. En ce qui concerne l’incidencede la dépendance, il y a peu d’infor-mation directe : les études sont foca-lisées sur la notion de prévalence(enquête décennale INSEE CREDES,enquête EHPA, enquête sur la santéet la protection sociale -CREDES, en-quête CERC), c’est-à-dire sur les pro-portions de personnes dépendantesdans dif férentes populations àrisque, qu’il s’agisse de cas nou-veaux ou anciens. Les observationsconcernant la prévalence sont diffici-lement quantifiables. On peut direque la prévalence augmente avecl’âge, est plus élevée chez la femme,et est affectée par l’entourage et lesconditions matérielles. L’incidencepeut être " déduite " de la prévalen-ce et de la durée moyenne de la dé-pendance. En ce qui concerne lamortalité des dépendants, il existeplusieurs études qui ont mené à di-

verses conclusions : la mortalité desdépendants est égale à 3 fois cellede la population générale, le tauxde mortalité général est majoré de5%,…Malgré l’ensemble de cesétudes, les données disponibles sontencore limitées et liées à une certai-ne définition de dépendance. Parailleurs, les taux de mortalité peu-vent varier suivant l’origine de la dé-pendance.

CONCLUSION

La possibilité de prévenir l’appari-tion ou l’aggravation de la dépen-dance fait de celle-ci un risque plutôtqu’une fatalité. De ce fait, l’assuran-ce va permettre la protection finan-cière des personnes souhaitant secouvrir contre ce risque, en complé-ment des aides de l’Etat qui ne ré-pondent que partiellement au pro-blème. Actuellement, la dépendanceconstitue un risque encore mal connucar c’est un risque complexe et delong terme. Pour cela des études deR&D sont en cours dans le milieu as-surantiel avec pour but de mieuxconnaître ce risque et de le modéli-ser. Par ailleurs, la notion de ser-vices tendant à se développer dansl’assurance, les contrats dépen-dances devraient évoluer vers desservices d’assistance et/ou des pres-tations en nature et vers une couver-ture plus répandue de la dépendan-ce partielle. ■

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1 récupération par l’Etat sur l’actif successoral (lors du décès) des sommes versées aux personnes âgées au titre de la PSD, au-delà d’un seuil deprestations versées, et au-delà d’un montant fixé d’actif successoral.

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LA CONFRONTATION DE TROIS IDÉAUX-TYPES

Le régime de protection socialefrançais est construit pour per-mettre la prise en charge parl’Etat de la couverture de quatrerisques sociaux bien identifiés :

santé, chômage, vieillesse et famille.Le financement de ces quatre risquesest assuré par le versement des cotisa-tions patronales et des assurés et com-plété par des subventions de l’Etatdans des proportions différentes sui-vants le type de risque. A partir du mo-dèle de mis en place par l’ordonnancedu 4 octobre instituant la SécuritéSociale, les gouvernements successifsont eu pour tâche d’adapter ce modè-le, la décennie 1970 se caractérisantnotamment par les progrès qu’elle afait faire aux régimes de retraites (LoiBoullin de 1971). Cependant, depuisle milieu des années quatre vingt, leslois qui interviennent portent de plus enplus sur des mesures de financement etde redressement du système de protec-tion sociale. Au tournant du vingt-et-unième siècle, beaucoup considèrentque l’Etat-providence est surchargé, in-

efficace, menacé ou tout simplementqu’il fonctionne mal. Certains préconi-sent de le réduire radicalement,d’autres de le renforcer et d’autres en-fin de le remanier en profondeur. Tousont une vision implicite du rôle que de-vraient y jouer les marchés et les fa-milles. Les partisans de la privatisationqui prophétisent aujourd’hui la mise àmort par le risque vieillesse de l’Etat-providence renverraient volontiers laprotection sociale aux lois du marché,mais cette solution renforcerait en pra-tique le fardeau pesant sur de nom-breuses familles, déplaçant ainsi leproblème du risque vieillesse au risquefamille. Des politiques publiques res-ponsables en la matière doivent doncdévelopper d’abord une analyse entermes de régimes de protection socia-le pour mieux comprendre les interac-tions entre Etat, familles et marchés.

Trois références doivent structurer la ré-flexion sur la définition et le rôle desEtats-providence. La notion d’assistan-ce, privilégiée par les systèmes anglo-saxons, insiste sur l’aide aux plus dému-nis, en se restreignant aux seuls pauvres.La notion d’assurance sociale, héri-

tée du système Bismarckien apparu en1880 est elle associée au travail. Enfinl’universalisme, hérité de Beveridge,vise à ce que tous les citoyens aientdroit à la protection sociale.

Partant de ces trois notions, les tra-vaux d’Esping Andersen sur les diffé-rentes formes de l’Etat-providence per-mettent de distinguer trois grandsidéaux-types2, construits en isolantpour chacun le principe fondateur, lebut du système de protection socialeet les caractéristiques de ce dernier se-lon quatre grands axes : qui est béné-ficiaire, quel type de prestation estfourni, qui paie et qui gère. Cetteconstruction permet ainsi d’obtenirune grille de lecture globale des diffé-rents systèmes mis en place dans lemonde (voir tableau).

Dans la réalité des sociétés contem-poraines, aucunes d’elles ne corres-pond précisément et exclusivement àun des modèles (ce sont des idéaux-types). En revanche, tous les sys-tèmes ont aujourd’hui à faire face àdes challenges communs qui s’orien-tent selon deux axes. Le premier est

56 Variances

WFabien TOUTLEMONDE (ENSAE 1999),Département de la conjoncture, INSEE1

Ebranlé par le chômage de masse, l’Etat-providence est-il promis à la disparition par leproblème du financement des retraites ? Pour faire face à ce nouveau défi, les politiques publiques devront être fondées sur une bonne compréhension des interactions entre Etat,familles et marché pour satisfaire à la double exigence d’équité et d’efficacité.

elfare ou laisser-faire ?

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l’intégration de la contrainte externedes variables exogènes que sont l’in-ternationalisation des échanges et,pour les pays d’Europe, l’UnionEconomique et Monétaire, qui induitdes pressions sur les politiques éco-nomiques et donc des réformes dessystèmes de protection sociale. Le se-cond axe est constitué des variablesdomestiques nouvelles que sont leschangements socio-démographiques(vieillissement et implosion de lastructure familiale traditionnelle) et latransformation du travail et du cyclede la vie active.

LE CRÉPUSCULE DE L’ETAT-PROVIDENCE ?

Au-delà de ces challenges communs,chacun des trois régimes de protectionsociale rencontre des problèmes spéci-fiques dont l’ampleur fait redouter ledéclin pur et simple de l’Etat-providen-ce en tant que tel. Le régime libéral ren-contre des problèmes plus particulière-ment liés à son efficacité et à la qualitédes prestations fournies : comment ga-rantir l’accès aux services de santé et laqualité des soins au Royaume-Uni, com-ment conjuguer aides aux chômeurs etincitation à la recherche d’un emploisont autant de questions au cœur dudébat dans les pays anglo-saxons. Lerégime universaliste, financé essentielle-ment par les finances publiques, estpour sa part fortement exposé auxchocs exogènes qui fragilisent le systè-

me de protection sociale. Dans lespays scandinaves, le chômage de mas-se par exemple est ainsi directement fi-nancé par des déficits publics, consécu-tifs à la création d’emplois publicsdestinée à accommoder le choc.

Le régime de protection sociale despays d’Europe continentale tels que laFrance, l’Allemagne ou l’Italie fait faceaujourd’hui à deux défis bien distincts.Le premier est celui de son finance-ment qui pèse indirectement sur les fi-nances publiques tout en renchérissantle coût du travail. Le second est celui

de l’exposition à l’exclusion socialed’un nombre croissants de citoyens,puisque par définition le systèmeadopté n’ouvre en principe pas dedroits sociaux à ceux qui ne travaillentpas. Depuis la fin des années 1980, lesystème de protection social s’est vuadjoindre un certain nombre de nou-veaux instruments destinés à corrigercet état de fait. L’instauration duRevenu Minimum d’Insertion (RMI en1988 vise à une meilleure prise encharge des plus démunis (proche durégime libéral), tandis que la mise enœuvre de la Cotisation SocialeGénéralisée (CSG) en 1991 ou laCouverture Maladie Universelle (CMU)en 1996 sont de première tentatived’étendre la couverture et l’assiette definancement de la protection sociale àtoutes les catégories de citoyens(proche du régime universaliste).

Le régime corporatiste est parfois qua-lifié de " familialiste ". Cette assertionest certes provocante, mais elle permetde préciser une caractéristique impor-tante de notre régime lorsque l’on envi-sage l’engagement public dans la pro-tection sociale et son impact sur lacontribution apportée par les familleset le marché. Les systèmes continen-taux, notamment dans les pays médi-terranéens, sont construits sur l’idéeque la responsabilité première en ma-tière de protection sociale relève desfamilles, l’accès à un travail rémunéréétant la meilleure garantie d’autono-

mie dans la protection sociale. Le pro-blème inhérent à la nouvelle configura-tion des risques en ce début de siècleest qu’elle est le fait de structures fami-liales affaiblies et d’un mauvais fonc-tionnement du marché du travail. Lacharge supportée par l’Etat-providences’alourdit alors d’une charge pour la-quelle il n’a pas été conçu.Décentraliser davantage la protectionsociale vers les familles n’est pas envi-sageable aujourd’hui compte tenu dela progression du nombre de ménagesnon-standards (monoparentaux ou sansrevenus), inaptes à assumer cette char-ge supplémentaire. Quant au recoursaccentué au marché, plus performanten termes de financement, il aurait trèsvraisemblablement pour inconvénientd’exclure du marché de la protectionsociale une grande partie de la popula-tion, ou du moins de réduire le bien-

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D O S S I E R

Régime Libéral (RL) Conservateur Social Démocrate (SC)Corporatiste (CC)

Principe Primauté du marché Intégration par le travail Unifier la société

But Lutte contre la pauvreté absolue Garantir revenus et statuts Assurer redistribution et égalité entre les citoyens

Bénéficiaire Les pauvres Les travailleurs Les citoyens

Prestations Indemnités sous conditions Prestations contributives Prestations forfaitaires de ressources et proportionnelles et universelles

Payeurs Impôts Cotisations sociales Impôts

Décideurs Etat central Partenaires sociaux Etat décentralisé

Pays types Etats-Unis France, Allemagne Pays scandinaves

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être d’un frange non-négligeable debénéficiaires, ce qui est sous-optimalau sens de Pareto et injuste au sens deRawls. Le passage à un système de re-traites par capitalisation reposant uni-quement sur le marché répondraitdonc très imparfaitement au problèmeque pose aujourd’hui le risque vieilles-se, les gains en efficacité (ré-équilibra-ge du financement du système) impli-quant des pertes potentielles deprotection et d’équité.

RISQUE VIEILLESSE ET POLITIQUES PUBLIQUES

Autrefois, l’essentiel des risques seconcentrait en début et en fin de cyclede vie, lorsque l’accès à un travailn’était pas ou plus possible. Désormais,la nouvelle répartition des risques appa-raît de façon flagrante si l’on procède àune comparaison intergénérationnelle,notamment en termes de revenu. Celuides familles avec enfants se dégradetandis que celui des personnes âgéess’améliore. S’accompagnant d’un allon-gement de l’espérance de vie, cetteamélioration des revenus des personnesâgées se traduit par une mutation de lademande de protection sociale émanantde cette catégorie de citoyens. Parconséquent les politiques publiques sevoient contraintes d’envisager la couver-ture du risque vieillesse au niveau ma-cro-éonomique sous un nouveau jour.

Les principaux besoins des personnesâgées se sont déplacé vers les presta-tions de soins. Il s’agit d’une évolutionhistorique notable : la demande de pro-tection sociale des retraités (commed’ailleurs des ménages jeunes à l’autreextrémité du cycle de vie) concernemaintenant surtout l’accès aux servicesplus que les transferts monétaires. EnFrance, ce changement commenced’être pris en compte à travers la miseen place d’une politique de soutien etde prévention de la dépendance pluscohérente : instauration de la PrestationSpécifique Dépendance (PSD) en 1997,qui sera remplacée en 2002 par l’Aide

Personnalisée à l’Autonomie. Ces me-sures restent cependant centrées sur lanotion de transferts monétaires, la ré-flexion sur l’amélioration de l’accès auxservices demeurant balbutiante.

Les pays de l’Union européenne ontpour la plupart atteint les limites maxi-males en termes de dépenses publiqueset de fiscalité. Ceci interdit de répondreintégralement aux enjeux d’une nouvel-le politique sociale par une fiscalité ac-crue ou par un alourdissement de laproportion de dépenses publiques al-louée à ces politiques. De ce point devue, pays scandinaves et pays d’Europecontinentale et méditerranéenne rencon-trent les mêmes contraintes. Continuerde privilégier le seul maintien des reve-nus pourrait donc avoir des consé-quences redoutables si la protection ve-nait à être perçue comme étant àl’origine d’une redistribution contestableet coûteuse en direction de ceux quisont dans l’incapacité de travailler. Enl’occurrence, la cotisation au régime deretraite peut être vu comme un effort desolidarité disproportionné en directiond’un groupe, les personnes âgées, dontles revenus de remplacement sont jugésconfortables. Le système, devenu illégiti-me, s’en trouve fragilisé et le débat surles solutions à apporter au problème deson financement radicalisé.

C’est cette dérive dans la perceptionde la justice du système actuel de pro-tection qui conduit les politiques pu-bliques à survaloriser les merveillesdes politiques dites " d’activation " desdépenses de protection sociale, recen-trant l’attention sur l’accès à des ser-vices de protection de protection socia-le. L’efficacité de telles politiques nefait pas de doutes dans certains do-maines, notamment en ce qui concer-ne la couverture du risque famille : lesservices aux familles sont ainsi conçusdans le régime universaliste commeune politique efficace pour lutter contrela pauvreté et la dépendance enversles systèmes d’assistance en facilitantpar exemple l’accès à l’emploi des

femmes ou des parents seuls grâce àdes services de garde d’enfants. Detels investissements actifs offrent unerentabilité de long terme en augmen-tant la capacité de la famille à com-battre de façon autonome la pauvreté.

Dans le cas du risque vieillesse – com-me dans celui du risque chômage – ledébat est plus difficile à trancher. Lesdépenses passives sont et demeurentle socle indispensable de la couvertu-re de risques. Aussi " passives " soientelles, les dépenses d’allocation-chô-mage ou les pensions de retraite ai-dent effectivement leurs bénéficiaires,à chercher un emploi ou à subveniraux dépenses que nécessite l’appari-tion de la dépendance.

C’est aujourd’hui le défi que rencon-trent les politiques publiques en matiè-re de protection sociale : améliorer, ouau moins soutenir le niveau de la cou-verture du risque vieillesse à dépensesstables. Remodeler le lien travail-retrai-te peut être une manière de parvenir àn’exclure personne de la protection so-ciale tout en retrouvant des marges demanœuvre pour proposer davantagede services d’assistance. C’est dans cesens que vont les récentes propositionsconcernant le recul de l’âge de la re-traite : accompagnant la réduction dutemps de travail annuel, cette mesurepourrait permettre d’allonger la pério-de de cotisation, ce qui augmente lesrecettes du régime de retraites, tout enstabilisant la durée effective de la vieactive considérée sur l’ensemble ducycle de vie. Ces propositions neconstituent probablement que de pre-mières ébauches de ce que sont les so-lutions véritablement efficaces et équi-tables qui devront être retenues. Lecrépuscule de l’Etat-providence est au-jourd’hui une idée galvaudée. Il ap-partient aux politiques publiques de ledémontrer et d’affirmer leur pouvoirde proposition au sein du mixe Etat-fa-mille-marché pour éviter les pis-aller dela décentralisation ou du recours aumarché. ■

58

1 Les points de vue exprimés dans cet article n’engagent que leur auteur.2Voir par exemple Esping Andersen, " Quel Etat-providence pour le XXIème siècle ? ", Esprit, 2001.

Variances

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1997 1998 1999 2000

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35,131,7

38,2 38,6

11,6 %

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1,6 %2 %

10 10711 338

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La vie aux Etats-Unis n’offrepas un dépaysement cultu-rel total. Les ruptures se sen-tent surtout au quotidien,dans les relations avec les

gens, l’organisation de sa jour-née, les habitations, etc. FrançoisGourio (2000, PhD d’économie,Chicago) : " La vie aux E.-U. nem’a paru n i par t icu l iè rementcompliquée ni très différente decelle que je vivais en France. Lepoint qui choque toujours le pari-s ien es t le mi l ieu urbain ; lesvilles sont très étalées ce qui obli-ge à des transports plus longs etcréé parfois un sentiment d’uncertain ‘vide’ ". La ville s’appa-rente en effet souvent à une lita-nie sans fin de lotissements et decentres commerciaux. Le précé-dent article était intitulé " mar-cher dans une ville d’Europe " ;c’est justement ce qui surprend leplus dans les villes américaines,l’impossibilité de marcher dansla rue, de déambuler dans lecentre et ce pour deux raisons :la première est qu’il n’y a pas decentre de vie avéré. A Richmond,

Virginie, une agglomération dela taille de Toulouse, les rues ani-mées se l imi ten t à deux dansdeux quartiers différents. La ma-jorité de la vie se passe autourdes centres commerciaux (le fa-meux ‘mall’), qui s’apparententaux galeries marchandes des hy-permarchés. La deuxième raisondécoule directement de la pre-mière : comme les gens vivent etsortent essentiellement dans desrestaurants ou bars soit isolés soitsitués dans des centres commer-ciaux, les déambulations ne peu-vent se faire qu’en voiture ce quirend totalement inutile la présen-ce de trottoirs.

IMMIGRATION, MALL ET HAMBURGERS

Puisque l’on parle de restaurants etde bars. Il y a tout d’abord un élé-ment à clari f ier : le hamburgeraméricain est bien meilleur que sonersatz européen, qui n’es t quel’équivalent (en beaucoup moinsgras toutefois) de celui servi dansles chaînes de fast-food destinées à

ceux qui n’ont pas la possibilité dese payer des repas plus gouleyants.Le problème est que les horairesaméricains font qu’il est difficile detrouver à dîner dans beaucoupd’endroits après 21h30. De plus,s’il est possible d’avoir accès auquotidien à des produits gastrono-miques de qualité, les prix en sontélevés. En contrepartie, il est pos-sible de bénéficier des prix basqu’offrent les Etats-Unis sur certainsproduits de masse (comme la Hi-Fiou l’informatique).

Un point sur lequel l’opinion estquasiment unanime est la possibilitéde rencontrer beaucoup d’étrangersaux Etats-Unis. Si l’accès aux améri-cains n’est pas de la toute premièrefacilité, la grande diversité géogra-phique des personnes travaillant ouétudiant aux Etats-Unis permet, mê-me hors des très grandes agglomé-rations, de rencontrer des personnesaux histoires très variées. L’avantageque conserve la grande aggloméra-tion est son cosmopolitisme car lamajorité du temps les différences nes’extériorisent pas.

60 Variances

Born in the USA !

Ce texte devait à l’origine être consacré, à l’image de ce qui avait été fait sur les pays euro-péens dans le numéro précédent, à la vie aux Etats-Unis. Suite aux attentats du 11 septembresur New York et Washington, j’ai essayé de donner la plume dans une deuxième partie de l’ar-ticle à des anciens élèves expatriés1.

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New York est " la " grande agglo-mération par excellence. La ville atoutefois un statut de quasi extra-territorialité aux Etats-Unis. ClairePagès (2000, Capital One,Richmond VA.) raconte l’étonne-ment interloqué de ses collègues detravail lorsqu’elle leur annoncequ’elle retourne pour un secondweek-end en trois mois à New-York… Les américains ont un re-gard intrigué et distant pour cetteville : " la vie a NY avant ce fa-meux 11 septembre était faite defêtes et d'insouciance. Jamais lamoindre inquiétude, tu pouvaisprendre le métro a 4h du matinsans te soucier de la banded'énormes blacks qui traînaient rapa fond a cinq mètres de toi. On sesentait vraiment libre de tout et laville vivait a 1000 km/h, 24h/24,7j/7, entre les bars, restos, loungeet clubs de tous genres, et lesmatchs des yankees qui faisaienttoujours la une des journaux... "(Benjamin Simatos, 2002, SociétéGénérale, New York).

11 SEPTEMBRE 2001

" Je travaille chez Schlumberger,au siège new-yorkais. Nos bu-reaux se trouvent au 57 et 58ie-me étages du Citicorp building,dans le Midtown de Manhattan.Quand je suis arrivée au bureau,les attentats s'etaient déjà pro-duits. Des ma fenêtre j'ai vu lesdeux tours déjà touchées et enfeu. J'etais effrayée. Je ne me suispas sentie très en sécurité dans

nos bureaux (le Citicorp buildingétant un autre building embléma-tique de Manhattan), on ne savaitpas si l'on pouvait être égalementune cible pour les terroristes. Jesuis donc toute de suite rentréechez moi (j'habite dans le UpperWest Side, dans le nord de l'île etles bus fonctionnaient donc asseznormalement). En fait, notre buil-ding a été évacué quelques heuresaprès. Les deux tours se sont ef-fondrées pendant mon re tourchez moi. Mon mari travaille en-core p lus au nord de l ' î le , àColumbia University. Lui aussi, estvenu me rejoindre chez nous, oùnous avons suivi les informationsa la télévision. On a appris aprèsque le Pentagone avait été égale-ment l'objet d'un autre attentat.Pendant ces heures-là où les évè-nements tragiques s'enchaînaientles uns avec les au t res e t leschoses ne faisaient qu'empirer,mes impressions etaient faîtes dechaos et de confusion totale. Onne voyait pas la fin des évène-ments " (Laura Crespo, 1997,Sch lumberger, New-York) .L’émotion s’étend à l’ensemble dupays qui se révei l le avec lesimages de l’horreur (il y a quatreheures de décalage entre l’Est etl’Ouest); c’est l’état d’urgence enVirginie, tout le monde rentrechez soi, et une grande partie dela planète à peur : pour LaurenceBarry (1992, consultante en ac-tuariat) qui vit en Israël, l’angois-se grandit, la peur de l’avenir, "la répétition des scènes de vio-lences en train de prendre desformes monstrueuses à l'échelleplanétaire ".

Alors que le vent tourne le mercre-di , noyant Manhat tan sous lebroui l lard pâteux de béton cesont les images des décombresqui s’imposent et les entreprisesqui s’adaptent pour que la viecontinue quand même, comme àla Société Générale, où BenjaminSimatos effectue son stage long. "

Toute la semaine qui suit est iden-tique à elle-même : télévision encontinu sur les debris et les pistesdu FBI, rues vidées, bars et restau-rants déserts, concerts et évène-ments annulés... on sent vraimentque la ville a pris un sérieux coup.Tout le quartier financier a étéévacué. Les alertes à la bombe semultiplient, les gens dans la ruedeviennent inquiets, les drapeauxaméricains fleurissent un peu par-tout. La Sogé avait un immeuble àcôté des Twins Towers, tout lemonde se retrouve chez nous auRockfeler Center : c'est un jeu dechaises musicales toute la jour-née, il n'y a pas assez de placeet on travaille dans l'urgence, lesmarches promettant de rouvrirjeudi, puis vendredi, pour finale-ment n'ouvrir que lundi... "

Les réactions de patriotisme amé-ricain ont été très impression-nantes. Au cinéma, en Virginie,les spectateurs se lèvent et chan-tent l’hymne national, les défilésà la Nouvelle Orléans sont ou-ver ts par de grands drapeauxnationaux, dans les quartiers ré-sidentiels, toutes les maisons sor-tent leur patriotisme à la fenêtresous la forme de drapeaux, oude placards ‘United we stand’,‘God bless America’... Les amé-ricains qui vivent sans informa-tion internationale, la presse lo-cale découvrent les car tes dumoyen orient et la solidarité in-ternationale : " en ce qui concer-ne la presse, il faut dire qu'ici lesinformations à la télévision sonttou jour s t rès b ia i sées . ( Ju s teaprès les attentats), personne nenous informait des réactions àl 'étranger. Tout a été énormé-ment local, à l'exception peut-être de la CNN. Je n'ai pas vuTony Blair, Poutine ou Chirac surdes chaînes locales " écrit LauraCrespo. E t dans un premie rtemps, les discours de G.W.Bushétaient en totale osmose aveccette teinte locale.

61Numéro 19 - Novembre 2001

L E S A N C I E N S

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LA VIE REPREND ?

Absent lors des attentats, la pre-mière impress ion de Ju l ienSamaha (2000, Credit Lyonnais,New-York) est que " la sécuritédans la ville a été extrêmement

renforcée, mais (que) la routinequotidienne semble être revenue" en dépit de la situation d’atten-te très perceptible. La vie quoti-dienne reprend donc, il n’est paspossible de s’arrêter de vivre.Mais Laura Crespo s’empressede nuancer ce t te apparen te

routine : " C'est vrai que les new-yorkais sont des gens très forts etdynamiques et que la vie ici vacontinuer comme d'habitude (enfait, nous sommes tous retournésau travail jeudi). Mais, en mêmetemps, je crois qu'un évènementcomme celu i -c i va laisser destraces chez les new-yorkais, onne verra plus cette ville commeune ville de rêve car on a vu aus-si son côte fragile ".

La ville cosmopolite a repris soncours extravagant, les manifesta-tions pacifiques, les jeunes pein-turlurés, etc., mais les new-yor-kais ont tous la menace en tête.Benjamin Simatos conclue ainsi "Les yankees on repris la premièrepage des journaux, les shows surBroadway sont a moit ié videsmais ont repris, la vie continue.On apprend chaque jour quel'on a échappé a une mort hor-rible, comme être survolé par unavion déversant des gaz ou bac-téries sur les vil les... On ne sesent pas vraiment en sécurité. Lesmesures prises sont illusoires. Lespoubelles du métro ne sont mêmepas fermées, la présence policiè-re n'est pas sensible. Nombreuxsont ceux qui ne boivent p lusd'eau du robinet. Mais si vousvoulez venir a NY, c'est le bonmoment : les hôtels sont vides etles avions font des réducs! "

Frédéric GILLI (ENSAE 2000)2

62 Variances

" le patriotisme s’affiche dans les rues "

1 Nous n’avons pas connaissance d’une victime parmi les anciens élèves, mais ces informations sont très partielles.2 Je remercie pour leurs réponses courtes ou longues : Laura Crespo-Dachs (1997 - Note : chgt d’adresse, 606 West 116th Street, apt. 44 NewYork, NY 10027), Benjamin Simatos (2002), Laurence Barry (1992), Julien Samaha (2000), Yves Le Cochec (1996), Claire Pagès (2000) etFrançois Gourio (2000)

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Claire LASVERGNAS, 33 ans, ENSAE 1991

Claire Lasvergnas a rejoint, en tant queconsultante senior, Tillinghast-TowersPerrin France, filiale du cabinet internatio-nal d'actuariat et de conseil auprès descompagnies d'assurances, de réassuran-ce et des institutions financières. X-Ensae,membre de l'IAF, elle était auparavantresponsable de la division Catastrophesnaturelles et Fonds publics à la CaisseCentrale de Réassurance. De 1992 à1998, Claire Lasvergnas avait en chargele contrôle de sociétés d'assurance vie etnon-vie du marché français à laCommission de contrôle des assurances.

Philippe LEPEUPLE, 39 ans, ENSAE 1985

Philippe Lepeuple devient directeur desforces de vente Retail France chez JPMorgan Fleming Asset Management. Ilprend en charge la distribution de solu-tions financières auprès des particuliers.Ensae, il a fait l'essentiel de sa carrièredans les groupes Compagnie Bancaire(Cardif, systèmes d'information), GuardianRoyal Exchange (Guardian Vie, respon-sable du département Grands comptes &établissements financiers), Suez (Cie deSuez comme fondé de pouvoirs) puis LaHénin Vie où il était DGA, et GeneralElectric (GE Capital Finance, directeur dedéveloppement).

Jérôme ACCARDO, 42 ans, ENSAE 1991

Jérôme Accardo, administrateur del'Insee, a été nommé directeur desétudes de l'Ecole nationale de la sta-tistique et de l'administration écono-mique (Ensae). Il remplace FabienneRosenwald, administrateur de l'Insee,qui devient adjointe du responsablede la sous-direction des études statis-tiques du ministère de l'Education na-tionale. Doctorat en probabilités etstatistiques, diplômé Ensae, JérômeAccardo était depuis 1998 assistantdu représentant pour la France char-gé de la reconstruction et du dévelop-pement à la Banque européenne àLondres. Il a été assistant de macroé-conomie à l'Ensae de 1991 à 1994.

Hughes SEVERAC, 36 ans, ENSAE 1990

Hugues Sévérac est nommé directeurgénéral de Chapitre.com. HuguesSévérac, dip lômé de l ' Ins t i tu td'études politiques de Paris et del'Ensae, ancien élève de l'Ecole poly-technique, a débuté en 1991 com-me consultant, puis comme managerau sein du cabinet AT Kearney, et estentré en 1998 au sein de la direc-tion générale de Club des Créateursde Beauté, société de vente par cor-respondance.

Thierry CHASSAING, 42 ans, ENSAE 1983

Thierry Chassaing a été nommé senior vi-ce président du Boston Consulting Group.Il en était vice-président depuis 1993.Thierry Chassaing, X-Ensae, est membredu Centre d'expertise biens de grandeconsommation et distribution et respon-sable du Centre d'expertise voyage, tou-risme et restauration pour l'Europe.

Michel FREDEAU, 42 ans, ENSAE 1982

Michel Frédeau a été nommé senior vi-ce-président du Boston ConsultingGroup. Il en était vice-président depuis1993. Michel Frédeau, Ensae, MBAde Wharton Business School, a éténommé administrateur du bureau deParis en 2000.

François ROBINET, 34 ans, ENSAE 1992

Francois Robinet a été nommé Président-Directeur Général d'AXA Rosenberg, so-ciété de gestion quantitative du GroupeAXA Investment Managers, dont le siègesocial est situé a Orinda, près de SanFrancisco, et dont les centres de gestionsont situés a Londres, Singapour, Tokyo,et San Francisco. AXA Rosenberg gèreenviron 10 milliard de $ d'actifs pour le

64 Variances

Mobilité

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65Numéro 19 - Novembre 2001

L E S A N C I E N S

compte d'institutionnels et de particuliers.Francois Robinet, était depuis octobre1999 directeur du développement danscette même société et auparavant direc-teur des Financements et de la Trésoreriedu Groupe AXA.

François STEINER, 38 ans, ENSAE 1986

François Steiner, jusqu'à présent prési-dent de LVMH Fashion Group pourl'Europe, est nommé président de ThomasPink. X-Ensae, DEA de finance internatio-nale (Dauphine), il a été consultant enstratégie et organisation chez ArthurAndersen puis au Boston ConsultingGroup de 1987 à 1996. Devenu ensuiteDGA du groupe Saresco, il a rejoint LouisVuitton en 1997.

Anne PLAZANET, 35 ans, ENSAE 1989

Anne Plazanet devient associée du ca-binet de conseil Synagir. Anne Plazanet,35 ans, diplômée de l'Ensae, a débutésa carrière au Crédit Lyonnais en tantqu'organisatrice. Elle intègre Synagiren 1994 et devient responsable du pô-le asset-management/capital market.Elle prend en charge la direction du pô-le institutionnel couvrant les marchésinstitutionnels.

Bernard ZAKIA, ENSAE 1985

Bernard ZAKIA, administrateur de l'Insee,jusqu'alors directeur de mission au servi-ce de l'audit central de la rue de Lille, arejoint le Contrôle général de la Caissedes dépôts, dirigé par Thierry WALRFEN,au poste nouvellement créé de respon-sable de la filière risques de marché pourl'ensemble du groupe.

Jean BENSAID, ENSAE 1987

Par arrêté du Premier ministre du 28 mars2001, Jean BENSAID a été nommé'Conseiller pour la macroéconomie et lafiscalité' au cabinet du Premier ministre. Il

était auparavant Conseiller technique àce même cabinet, depuis juin 1997.

Jean-Luc TAVERNIER, 39 ans, ENSAE 1985

Jean-Luc Tavernier, X-Ensae, administra-teur de l'Insee, est nommé directeur desétudes et synthèses économiques à la di-rection générale de l'Insee. Il remplaceGuy Laroque, inspecteur général del'Insee, qui prend la direction du labora-toire de macroéconomie du Centre de re-cherche en économie statistique (CREST)de l'Insee. Jean-Luc Tavernier était depuis1997 sous-directeur chargé des financespubliques à la direction de la Prévisiondu ministère de l'Economie, des Financeset de l'Industrie.

Bruno DELECOUR, ENSAE 1978

Bruno Delecour rejoint Vivendi Universalen tant que directeur du marketing stra-tégique et de la relation clients de l'en-semble du groupe. Bruno Delecour, di-plômé de l'Ensae et titulaire d'un DEAde mathématiques appliquées, a débutécomme chargé d'études dans la sociétéde marketing, Proscop. Il fut ensuitechargé d'études au CEO (Centred'études d'opinions) de 1981 à 1983,puis entra chez Media Lintas en qualitéde responsable de la recherche. En1985, il prit la direction du marketing etde la promotion de Canal+. Il était pré-sident de CanalSatellite depuis 1992 etdirecteur général des activités commer-ciales France et international de Canal+depuis 1995.

Elisabeth CUNIN, 41 ans, ENSAE 1985

X-Ensae, IEP Paris, succède à PhilippeCardon au poste de PDG d'AndréSA, filiale du groupe André. Elle aété auparavant chef de projet chezMc Kinsey, directeur général DIAFrance chez Promodès, directeur lo-gis t ique et achats chez Par fumsChristian Dior et directeur ventureschez Etam.

Adrien FRIEZ, ENSAE 1996

est nommé chef de la division " indica-teurs conjoncturels d’activité " del’INSEE. Il était jusqu’alors respon-sable du pôle des comptes nationauxfinanciers annuels de la Banque deFrance. Il remplace Sylvain Moreau,ENSAE.

Véronique MOYNE, ENSAE 1985

administrateur INSEE jusqu’alors char-gée de la sous-direction de l’ingénierieet de la coordination statistique à laDirection générale de l’industrie, destechnologies, de l’information et despostes du secrétariat d’Etat àl’Industrie, a été nommée directrice ré-gionale de l’INSEE en Bourgogne. Elleremplace Alain RAVET qui occupaitcette fonction depuis mars 1996.

Dominique DUMAZET, ENSAE 1989

a rejoint la caisse d’épargne d’Alsaceen qualité de Directeur financier et desrisques.

François LEQUILLER, ENSAE 1978

devient chef de la division des comptesnationaux à l’OCDE. Il avait occupéauparavant entre autres les fonctionsd’économiste au FMI et de chef du dé-partement des comptes nationaux à ladirection générale de l’INSEE.

Maryvonne LEMAIRE, ENSAE 1976

est nommée chef du département descomptes nationaux de la directiongénérale de l’INSEE. Elle occupaitjusqu’alors le poste de chef de la di-v i s ion " syn thèse généra le descomptes " au sein de ce même dé-partement.

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66 Variances

A u début, on vient pourdistribuer des repas...

On vient pour essayer de faire quelque chose de bien, de beau, d’utile. On vient parce quedepuis trop longtemps, on se dit qu’on devrait mettre un peu d’humanité dans nos viesparisiennes maussades et effrénées.

Au début, on vient pourse donner bonneconscience. En pen-sant que ce sera peut-être une bonne action

ou un sacrifice. Donner du tempscomme engagement ultime, parceque c’est pas grande chose maisque c’est déjà beaucoup, dansnotre époque où le temps sembleremplacer l’argent sur le trônedes valeurs suprêmes, Alleluïa.

Au début, on a peur de ne pastrouver les mots justes face à ladétresse des bénéficiaires1, de dé-barquer en direct de nos bour -geoisies pas si bohèmes, en cul-pab i l i san t p resque de nospréoccupations décalées, commela sor t ie du samedi soi r ou lesnouveaux couloirs de bus des bou-levards parisiens. Quelque chosecomme la culpabilité charitablede nos v ies roses e t égo ï s te s .Qu’avons-nous à raconter aux ex-clus de la société dont nous profi-tons ? Qu’est -ce que nos mots,trop lisses et trop sages, peuventsoulager chez eux ? A quoi peu-vent-ils répondre ?

Au début, on vient aux Restos, iciet pas ailleurs, parce que dans lanébuleuse associative, on s’y re-trouve mal, et que les Restos repré-sentent l’association la plus connue,la plus solide et la plus légitime.Parce que l ’h is to i re de ce mecqu’était Coluche trotte encore dansles mentalités de notre génération.Et parce que cette réputation – in-dépendance, transparence et effi-cacité - n’est pas usurpée. Parcequ’il y a aux Restos un esprit et uneambiance qui jonglent entre la laï-cité et la convivialité, la bonne hu-meur et l’engagement.

Je suis bénévole aux Restos ducœur depuis un an maintenant et jeviens une fois par semaine par en-vie et par plaisir. Je viens pour re-t rouver Jean-Claude, Johnny,Bernard et les autres ; je viens poureux et je viens pour moi.

Peu importe finalement les " bon-soir " et les " bons appétits ", lessourires et les cuillères de soupe,quand nous restons des heures àdiscuter de tout et de rien, des élec-t ions municipales et du dernier

match de foot, du temps qu’il fait etd’autres banalités de la vie quoti-dienne, celle qui est la même pourtous. Sans pudeur ni compassion,sans jugement ni ironie. Chaquesoir, nous faisons un peu plus recu-ler la misère avec des repas et desmots, surtout des mots.

Je suis bénévole aux Camions ducœur et nous distribuons des repaschauds en extérieur tous les soirs detoutes les semaines de l’année. Qu’ilpleuve, qu’il neige ou qu’il vente,nous apportons sourires et café.

C’est peu et beaucoup à la fois. Etqu’importent les motivations de cha-cun des bénévoles, la culpabilité oula curiosité. L’essentiel est d’êtres implement là, chaque soir dechaque semaine, être là pour aideret pour parler. Etre là, ici et mainte-nant, dans la rue où se jouent lesvies précaires de nos exclus, dansla nuit où chaque année, la faim, lefroid et la détresse gagnent du ter-rain. Ce n’est pas seulement unequestion de droit et de dignité, c’estune question de conscience et delucidité.

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Les milles repas servis tous les jourspar les Restos du Cœur constituentun véritable espoir, mais aussi unconstat d’échec sans cesse renouve-lé. Celui d’une société incapable dedonner à chacun, chômeur, RMIsteou immigré, une place au sein de sastructure inégalitaire et opaque, unemploi, un logement, une représen-tativité, des envies et des rêves. Tant

que les Restos existeront et aurontune raison d’être, notre sociétécontinuera à échouer dans sa mis-sion d’intégration et d’insertion.

Et peu importe que les bénéficiairesne soient pas les plus pauvres desplus pauvres ; s’ils viennent dîner etdiscuter avec nous quand la nuit estsombre et froide, c’est qu’ils en res-

sentent forcément le besoin, un be-soin de faim et de solitude, de pré-sence et de café. Et pourquoi neviendraient-ils pas eux aussi parplaisir, puisque c’est bien le plaisirqui nous pousse, nous bénévoles, àvenir chaque soir ?

Véronique DELARUE (ENSAE 1999)

67Numéro 19 - Novembre 2001

T R I B U N E L I B R E

1 C’est le terme officiel pour désigner les personnes qui viennent prendre leurs repas aux Restos du cœur. Le terme politiquement correct pour dire qu’ilne s’agit pas forcément de personnes sans domicile fixe, pauvres, marginalisées, exclues, et encore moins des clients, pour dire qu’il n’y a pas de réa-lité homogène pour décrire la diversité des gens qui viennent dîner avec nous, et que ce sont seulement des gens qui viennent dîner avec nous.

BULLETIN DE SOLIDARITEDécoupez ce bulletin et envoyez-le, avec votre don, à :

LES RESTAURANTS DU CŒUR - 75515 PARIS CEDEX 15

Oui, j’approuve l’action des Restaurants du Cœur pour aider lesplus démunis à s’en sortir et je leur adresse :

❏ 70 F pour assurer un repas quotidien pendant 15 jours

❏ 140 F pour assurer un repas quotidien pendant un mois

❏ 280 F pour aider une maman isolée et son bébé pendant un mois

❏ 450 F pour assurer un repas au quotidien pendant tout l’hiver

❏ 900 F pour aider une maman isolée et son bébé pendant tout

l’hiver

❏ Autre montant

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15, rue Marsollier - 75002 Paris Tél. : 01 55 35 27 00 Fax : 01 55 35 27 01www.spss.com/france

Réduction de l’attrition clientA

SSU

RAN

CES

ASSURANCESWINTERTHURSituation

Winterthur compte plus d’unmillion de clients en Espagne.Chaque année, 130 000 d’entre euxrésilient leur contrat. Cette pertede revenus associée au coûtd’acquisition élevé de nouveauxclients est une préoccupationmajeure pour l’assureur.

Objectif

Afin de prédire ses résiliations,Winterthur a sollicité plusieurséditeurs de solutions de datamining pour construire un modèleprédictif sur un jeu de donnéesvolumineux. Ces modèles ontensuite été testés par Winterthursur un jeu de données réel et nonétudié jusqu’alors. TAD Sistemas,le distributeur espagnol deClementine a produit de loin lemeilleur modèle.

Solutions et résultats

Winterthur connaît désormais lapropension des clients à de résilier leurpolice d’assurance. Grâce à cesinformations, la direction marketingpeut désormais mieux orienter sesactions de fidélisation client.

Le jeu de données initial décrivaitdes porteurs de polices d’assurancesautomobile, chaque enregistrementcomportant 250 champs décrivantchaque individu.

La connaissance du métier et lavisualisation des données par destechniques appropriées ont permisde réduire ces champs à un sous-ensemble pertinent.

La fonction de prévision deClementine permet de trier les individus selon leur risque derésiliation ; on constate que lemodèle identifie la quasi-totalitédes résiliations.

Jodi Trull, qui a dirigé le projet,décrit ainsi l’approche :« Nous avons utilisé quatre approches :l’analyse en sensibilité, l’induction derègles (en éliminant les champsapparaissant dans les dernièresbranches de l’arbre), le senscommun (en interagissant avecl’expert) et une approchestatistique ».Chacune de ces techniques apermis de réduire à une trentainele nombre de champs pertinents.

Le modèle complet se présente sousla forme d’une combinaison deréseaux de neurones. Il préditcorrectement l’ensemble des clientssusceptibles de résilier leur policed’assurance dans 90 % des cas nonvus.

Chaque client se voit affecter unscore, indiquant sa propension àrésilier. Les clients ont été triés surce critère. 75 % d’entre eux annulantleur police sont apparus dans lespremiers 15 % de l’ensemble desindividus, comme le montre legraphique ci-dessous. ■

“Connaître la propension

des clients à passer à la

concurrence est une aide

inestimable pour cibler les

efforts de fidélisation clients.

Jodi Trull,Chef de Projet,

Assurances Winterthur.

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