Armand Mattelart regard-monde A pour un regard-monde Armand … · 2018. 4. 13. · Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque

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Armand Mattelart a consacré une grande partie de sa vie à penser la mondialisation de la communication et de la culture. Son œuvre se révèle incontournable, tant

elle est originale et multiple. Ce livre retrace la trajectoire de cette œuvre, en la replaçant

dans les différents contextes sociaux et géopolitiques qui l’ont façonnée. En même temps que les idées en mouvement, on y découvre l’état des rapports de force internationaux et la com-plexité du jeu des acteurs sociopolitiques dans les sociétés au sein desquelles Armand Mattelart a été appelé à vivre et à travailler. Explicitant des aspects moins connus de ses recher-ches, il montre comment et pourquoi son parcours personnel est partie intégrante d’itinéraires collectifs.

Michel Sénécal est professeur titulaire à la Télé-université et membre du Groupe de recherche interdisciplinaire sur la communication, l’information et la société de l’Université du Québec à Montréal.

29,95 $

www.pum.umontreal.ca

isbn 978-2-7606-2247-0

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Extrait de la publication

Mattelart.Pour un regard.MEP.indd 2 11-01-05 12:25 PM

POUR UN REGARD-MONDE

Entretiens avec Michel Sénécal

Les Presses de l’Université de Montréal

Armand Mattelart



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Mattelart, Armand

Pour un regard-monde

(Champ libre) Comprend des réf. bibliogr.

isbn 978-2-7606-2247-0

1. Mattelart, Armand – Entretiens. 2. Communication internationale. 3. Communicateurs – Belgique – Entretiens. 4. Professeurs (Enseignement supérieur) – Belgique – Entretiens. I. Senécal, Michel, 1953- . II. Titre. III. Collection : Champ libre (Presses de l ’Université de Montréal).

p92.5.m37a5 2011 302.2092 c2010-942651-7

isbn (version imprimée) : 978-2-7606-2247-0 isbn (version numérique) : 978-2-7606-2676-8

Dépôt légal : 1er trimestre 2011Bibliothèque et Archives nationales du Québec

© Les Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 2011, pour le Canada.© Éditions La Découverte, Paris, 2010, pour le reste du monde.

Les Presses de l ’Université de Montréal reconnaissent l ’aide financière du gouvernement du Canada par l ’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition.

Les Presses de l ’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).

imprimé au canada en janvier 2011

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Prologue

« Camarade, ceci n’est pas un livre / Qui touchececi, touche un homme », disait le poète américain Walt Whitmandans son poème So long. Cette citation traduit en peu de motsl’intention ambitieuse de cet entretien au long cours. Un entretienconstruit à partir d’un échange verbal de base, transcrit, puis retra-vaillé et complété à travers de multiples allers-retours de courriersentre Montréal et Paris. Son propos est de retracer la trajectoireintellectuelle et personnelle du chercheur singulier qu’est ArmandMattelart et de revisiter dans le même souffle les différentscontextes sociaux et géopolitiques qui ont fait ce qu’il est devenu.C’est un parcours de plus d’un demi-siècle qu’il est question d’évo-quer, chaque fragment apportant un éclairage particulier à ladémarche de l’homme en situation. Considéré comme l’un despenseurs majeurs dans le domaine des études de la communicationet de la culture, il est devenu incontournable, tant son œuvre – ori-ginale, abondante et riche – a essaimé de par le monde. Son enraci-nement international est attesté par les nombreuses traductions deses ouvrages. De l’anglais au basque, du chinois à l’arabe.

Au fil de cet entretien, Armand Mattelart revient sur les pré-misses épistémologiques de ses approches successives du champ dela communication. Il s’explique sur ses choix entre des possiblesthéoriques. Il explicite des aspects relativement peu connus de sonpropre travail. Chacun des chapitres constitue en quelque sorte unespace-temps révélant autant les racines de sa conscience poli-tique, l’état des rapports de forces internationaux et des mouve-ments d’idées en action que la matérialité de sa pensée et



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l’évolution du champ d’études interdisciplinaires sur la culture et lacommunication.

Né en 1936, son enfance est sans nul doute marquée par laSeconde Guerre mondiale, alors que son pays d’origine, la Bel-gique, vit sous l’Occupation. Et sa période de formation scolaire etuniversitaire l’est tout autant par les mouvements de la jeunessecatholique, alors que celle-ci est de plus en plus préoccupée par lamisère du monde. D’ailleurs, n’est-ce pas à la même époque que,dans plusieurs pays occidentaux, l’action catholique tend à se laï-ciser et à sortir des frontières nationales ? Il obtient un doctorat endroit à l’Université catholique de Louvain en 1960, l’année mêmeoù le Congo, colonie belge, devient indépendant. Son choix d’unespécialité postdoctorale est aussi un choix géopolitique. La ques-tion du développement et du tiers monde est alors à l’ordre du jour.Il se dirige vers Paris, halte décisive pour l’orientation tant de sa tra-jectoire intellectuelle que de sa vie personnelle. Il s’inscrit à l’Ins-titut de démographie à la faculté de droit, fondé cette même annéeacadémique avec l’appui d’Alfred Sauvy, un des théoriciens duconcept de tiers monde. À la Cité universitaire internationale, ilfera la connaissance de Michèle Henry, qui deviendra sa compagnede vie et sa complice intellectuelle, avec qui il signera bon nombred’ouvrages.

En septembre 1962, il est engagé en tant que démographe àl’Université catholique du Chili, à Santiago. Il fera du Chili son paysd’adoption et y restera onze ans. Il arrive à un moment où le débatsur le déséquilibre entre la croissance de l’économie et celle de lapopulation bat son plein dans les grandes organisations internatio-nales. Les politiques d’assistance du gouvernement des États-Unisérigent le contrôle des naissances en enjeu géostratégique. Sur leterrain, ce qui interpelle le jeune démographe, ce sont les stratégiesmédiatiques mises en place par les experts états-uniens en vue depersuader les femmes des classes populaires d’utiliser les méthodescontraceptives. Ce qu’il découvre, ce sont les effets de réalité d’unesociologie diffusionniste des innovations qui fraie avec lesméthodes du marketing. Cette conception marchande des médiaset de la culture de masse est aux antipodes de sa vision encoreancrée dans l’idée de service public. C’est précisément depuis une

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réflexion sur le fonctionnement des médias que s’opérera sonvirage des études démographiques vers les études de la communi-cation. On est alors en 1967, en pleine période de branle-bas sur lescampus de la planète et de protestations contre la guerre duVietnam. Les étudiants de la « Catholique » occupent le siège cen-tral. La première de ses recherches sur les médias portera justementsur le traitement fait par le journal conservateur le plus influent duChili de cet événement. Cette réorientation de l’objet et du champd’études va de pair avec le glissement vers une perspective nourriepar les approches ancrées dans le matérialisme culturel. L’électiondu président Allende change la donne. Il ne s’agit plus seulementde décortiquer les discours de la presse conservatrice. Durant lestrois années de l’Unité populaire, entre novembre 1970 et le 11 sep-tembre 1973 (date du coup d’État qui renverse le gouvernementAllende et instaure une dictature militaire), Armand Mattelart par-ticipe de près aux projets de réforme des médias et au développe-ment de politiques de communication. Mais aussi aux nombreusespolémiques et controverses que la question médiatique suscite.

Expulsé par la dictature du général Pinochet, il revient en Franceen octobre 1973, et c’est peu dire que l’expérience chilienne auramarqué de manière déterminante sa vie et sa pensée. Il a trente-septans au moment du coup d’État chilien et il n’a jamais ou presquepublié en français. Car son véritable milieu d’intervention politiqueet scientifique était devenu naturellement l’Amérique latine. Lui etsa famille devront faire en quelque sorte le deuil de cette aventuresociale si abruptement interrompue. Pendant les quelques pre-mières années qui suivent cet exil forcé, il est à la fois largement sol-licité pour faire état de ce passage à la dictature d’un pays et d’uneculture tant aimés et perdus, et aussi obligé de faire face aux diversesembûches qu’entraîne la réinsertion, de lui et de sa famille, danscette nouvelle société d’accueil. Parmi les bilans qu’il fera du dramechilien s’en trouve un de taille, et de nature exceptionnelle, quiprendra la forme d’un film documentaire La Spirale (1976), auquel ilconsacrera près de deux années de recherche.

Durant la période comprise entre 1973 et 1983, son travail intel-lectuel est à l’image de cette intégration au tissu social et scienti-fique français et européen. Dans sa production de l’époque, on peut

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d’ailleurs déceler trois types d’ouvrages : certains sont axés surl’expérience chilienne et, comme le film La Spirale, font le point ouprolongent la réflexion critique entreprise alors dans le contextelatino-américain, avec lequel il garde un étroit contact ; d’autressont reliés directement aux différents groupes de travail, commis-sions ou recherches commanditées dont il assumera la responsabi-lité ; d’autres enfin poursuivent la réflexion qu’il a entamée avecMichèle Mattelart et constituent une sorte de trame de fond del’ensemble de ces travaux. Ajoutons à ces trois types de publica-tions le travail de mise en valeur d’un patrimoine critique qui tracela voie à la réalisation, quelques années plus tard, d’ouvrages danslesquels les perspectives historique et géopolitique seront essen-tielles.

Fin 1983, après dix ans de contrats d’enseignement et derecherche qui, bien qu’ayant débouché sur des résultats concrets etreconnus, ressemblaient plutôt à un travail à la pige, Armand Mat-telart devient professeur titulaire en sciences de l’information et dela communication à l’université de Rennes-2. Il y sera directeur dudépartement Infocom et mettra en place la formation doctorale etle Centre d’études et de recherches sur la communication et l’inter-nationalisation. Comptant désormais sur une base institutionnellepérenne pour développer ses problématiques, il s’investit autantdans la création et la consolidation de programmes d’enseigne-ment que dans l’élaboration d’un plan de recherche personnel axésur l’approche généalogique et géopolitique de l’histoire de lacommunication-monde, une notion qu’il forge en s’inspirant dutemps-monde de Fernand Braudel afin de traduire la complexité etl’imbrication de ces dimensions. Il restera quatorze ans à Rennes.En 1997, il rejoint l’université de Paris-8 (Vincennes/Saint-Denis)où il met en place le Centre d’études sur les médias, les technologieset l’internationalisation (CEMTI).

Dans ses publications et interventions scientifiques, il poursuitdurant ces années les pistes qu’il a lui-même tracées dès le début desa carrière. Il intervient sur des sujets particuliers, mais qui ont cer-tainement en commun d’avoir des dimensions politiques, écono-miques et idéologiques semblables, sinon très rapprochées entermes de médias de masse, comme par exemple la publicité ou la




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production audiovisuelle. Il continue aussi ses travaux avecMichèle Mattelart sur les bouleversements de paradigmes en trainde s’opérer dans le champ d’étude de la communication. Il en sou-ligne la richesse, mais en pointe aussi les ambiguïtés. Il s’engageaussi plus intensivement dans l’approfondissement généalogiqueet géopolitique des idées, courants, écoles et concepts dont lerésultat est la communication comme elle est pensée et pratiquéeaujourd’hui, avec tous ses potentiels, limites et contradictions.Autre caractéristique de sa production également à retenir, celle dusouci pédagogique qu’il a développé dans des publications dédiéesplus spécifiquement au monde académique, ce qui constitue en soiune manière de poursuivre sa démarche critique vis-à-vis de lacommunication certes, mais aussi vis-à-vis des modalités de sonenseignement. Cette préoccupation est en filigrane dansl’ensemble de ses publications, mais elle apparaît plus clairementdans ses ouvrages écrits, semble-t-il, pour intervenir plus spécifi-quement sur la formation des jeunes générations de chercheurs etde professionnels de la communication. Bien qu’ayant pris saretraite à titre de professeur titulaire à l’université Paris-8, il n’endemeure pas moins actif. S’il poursuit ainsi son travail de péda-gogue, c’est que cela correspond à une qualité intrinsèque del’enseignant-chercheur qu’il est resté et explique l’importance qu’ilaccorde à ce rôle, en particulier si on s’attache à sa façon de conce-voir la dialectique entre démarche scientifique et engagementcitoyen.

Dans le contexte actuel de la mondialisation, alors que se multi-plient les rencontres internationales sur les enjeux de la communi-cation planétaire et de ses rapports avec l’état de la démocratie, lesouvrages historiques et géopolitiques d’Armand Mattelart,consacrés plus spécialement aux acteurs et stratégies de ce mouve-ment de fond des sociétés contemporaines, font référence. Lors detoutes sortes d’assemblées, allant des conférences scientifiques auxforums sociaux, il démontre de manière tangible qu’il est possibleet même souhaitable de conjuguer dans un même élan histoire etprésent, pratique et théorie, local et supranational. C’est, selon lui,le défi que doit relever tout projet de construction d’une histoireculturelle plurielle des modes de production, de circulation et de

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réception des dispositifs internationaux de communication etd’information.

Le long entretien qui suit, et auquel il s’est si librement prêté,participe de cette consolidation du patrimoine intellectuel produitet partagé au cours de plus de quatre décennies, dont les prolonge-ments sont sans aucun doute d’ores et déjà assurés, tant l’homme etson œuvre ont marqué, toutes latitudes confondues, des généra-tions de chercheurs et de praticiens de la communication.

Michel Sénécal





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Imaginaire de l’Occupation

Vous m’avez déjà dit que vous étiez un enfant de laguerre. Qu’est-ce que vous entendez par là ?

Mon imaginaire d’enfant a en effet été marqué par lapériode de la Seconde Guerre mondiale. Quand, en mai 1940, lestroupes du Troisième Reich ont fait leur entrée dans la ville où mafamille habitait, à Boussu-lez-Mons, en Belgique, non loin de lafrontière française, je n’avais que quatre ans et quelque mois. Pour-tant, ce souvenir m’est resté gravé. J’étais sur la grande place avecmon grand-père maternel, assis sur un banc. À la vue des soldats etdes chars allemands, j’ai soudain vu resurgir en lui, d’ordinaire peuloquace, la mémoire d’une génération qui, entre août 1914 et le11 novembre 1918, avait subi la même agression et qui avait souf-fert de nombreuses vexations de la part de l’armée d’occupation.Une armée particulièrement brutale. Et cette mémoire étaitd’autant plus prégnante que, artilleur de forteresse et un des seulssurvivants de sa casemate, mais intoxiqué à vie par un gaz decombat, il avait été interné plus de quatre ans dans le camp de pri-sonniers de Soltau, en Basse-Saxe. Il m’avait interdit de ramasser lesbonbons que les soldats jetaient sous prétexte qu’ils étaient empoi-sonnés.

L’invasion de la Belgique – pourtant restée neutre, à la diffé-rence de la Grande-Bretagne et de la France qui avaient déclaré laguerre à l’Allemagne, dès fin 1939 – est une « guerre éclair », uneBlitzkrieg, avec l’appui massif de l’aviation, relayée à terre par les





divisions de chars d’assaut, les Panzers. À l’inverse de son pèreAlbert Ier, le roi-soldat, qui entre 1914 et 1918 a résisté à l’offensiveallemande aux côtés de ses troupes sur le front de l’Yser, dans lenord du pays, le roi Léopold III (1901-1983) capitule sans condi-tion. L’occupant l’assigne à résidence dans son château de Laeken,tandis qu’un gouvernement en exil se reconstitue à Londres. Denombreux militaires expatriés s’intègrent à l’armée canadienne oubritannique. Les premiers souvenirs de la guerre, ce sont les famillesprenant la route de l’exode. Pour ceux qui, comme ma mère, restéeseule avec ses enfants suite à la mobilisation de mon père, avaientchoisi de rester, c’est le refuge dans la cave à chaque alerte. Ce sontles soldats français, entrés en territoire belge pour prendre à reversl’offensive allemande, exhortant par le soupirail à faire taire lesjeunes enfants. C’est le bruit assourdissant des chasseurs Stukas enpiqué 1. C’est la retraite des troupes françaises et la débandade del’armée belge. C’est mon père mobilisé réussissant à échapper à lacaptivité et à rentrer à la maison, noir de poussière, accoutrécomme un va-nu-pieds. Et puis, en juin et juillet, c’est le spectacledes colonnes de prisonniers français que l’occupant achemine versles stalags en Allemagne. On était en été. Il faisait très chaud et leshabitants leur apportaient de l’eau. C’est la première fois de ma vieque, parmi ces prisonniers, je voyais des hommes à la peau noire.Des tirailleurs des colonies de l’Empire français.

Quels autres souvenirs gardez-vous des premiersmoments de l’invasion ?

L’envahisseur, c’est l’image que mon grand-pèrematernel m’avait transmise des troupes allemandes entrant dans laville. Mais, quelques semaines plus tard, une colonne allemande s’estinstallée dans notre rue pour faire la popote. Ils traînaient des car-rioles accrochées à des camions et équipées de grandes marmites oùils faisaient la soupe et où, en file, les soldats venaient remplir leurgamelle. Cette cantine ambulante était justement stationnée devant

1 Les premières images de cette guerre aérienne sont bien rendues dans un film comme Jeuxinterdits de René Clément (1952).




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notre domicile. J’avais la scarlatine. Je devais garder la chambre, aupremier étage sur rue. J’avais donc une vue plongeante sur celui quipréparait et distribuait cette nourriture. Lui aussi pouvait me voir. Lenez collé à la vitre, je fredonnais un slogan publicitaire très connu àcette époque où l’on s’apprêtait à la pénurie de café : « ChicoréePacha, qui a bu boira. » Le cuistot m’a vu, a souri et fait un signe dela main. Il ne m’entendait évidemment pas. Mais mes mimiquesl’avaient amusé. Un court instant, il a montré qu’il était autre chosequ’un agresseur, qu’il avait quelque chose d’humain. Il m’a fallu uncertain temps pour intérioriser ce couple antagonique amis/ennemis. Quand tu es enfant, tu ne saisis pas tout de suite ce qu’estune guerre. Tu ne comprends pas, mais en même temps tu perçoisqu’il y a quelque chose d’essentiel qui est en train de basculer.

Et qu’en était-il de la vie au quotidiendurant cette période d’occupation ?

L’univers de l’occupation, pour l’enfant que j’étais, cesont d’abord les raids des bombardiers des Alliés, l’occultation dessources de lumière, le hurlement des sirènes, le bruit des tirs de ladéfense contre-aérienne, le réveil en sursaut en pleine nuit et lerefuge dans les caves ou les abris. Et parfois, le lendemain, desshrapnels ou petits fragments de mitraille projetés dans le jardin oudans la cour de la maison, ou la carcasse d’une forteresse volanteanglo-américaine abattue la nuit qu’on allait voir le matin enbadauds, dans les champs où elle avait laissé un grand cratère, endemandant ingénument où était passé l’équipage. En revanche, pasde possibilité de franchir la zone de sécurité lorsqu’un chasseur alle-mand s’écrasait au sol. Des alertes, il y en a eu beaucoup. Car j’ai vécuentre 1940 et 1944 dans deux lieux situés non loin de cibles straté-giques comme les nœuds ferroviaires ou les champs d’aviation. Cesont aussi les nouvelles et les rumeurs sur les déportés et les prisesd’otages par l’occupant en représailles contre les actions de la Résis-tance. Et les rexistes, ces collabos wallons dirigés par Léon Degrelle 2,

2 Le rexisme (de sa devise Rex Christus, « le Christ est Roi ») est un mouvement politiqued’extrême droite catholique d’inspiration fasciste fondé en 1930. Ses militants ont combattu

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se pavanant dans leurs uniformes. Le rationnement et les privations.Les profiteurs du marché noir. L’image de ma mère revenant à vélode chez un fermier avec un kilo de beurre et s’indignant du prix exor-bitant qu’il lui avait fait payer.

Y a-t-il des images de la guerre plus prégnantesque d’autres qui vous seraient restées depuis ?

Les uniques images de la guerre qui se déroulaienthors des frontières auxquelles j’avais accès étaient celles queconstruisaient la censure et la propagande de l’occupant. Les actua-lités cinématographiques. Encore que, dans mon cas, ces dernièresse faisaient sporadiques. Car les lieux où je vivais étaient relative-ment peu exposés à ce média. Il fallait se déplacer vers la grandeville, la plus proche étant Mons, pour trouver des salles de cinéma.Et mes parents y allaient peu. Les images, c’étaient surtout cellesque véhiculait Signal, le magazine bimensuel d’actualités et de pro-pagande allemande, lancé en avril 1940, un mois avant l’invasion.Élaboré par les correspondants de guerre (journalistes et photo-graphes) des « Propaganda Kompanien » (PK) attachées à chaquebranche des armées, il était édité dans quelque vingt-cinq langueset circulait dans toutes les zones occupées, où il était d’ailleursimprimé sur les presses locales. En français, par exemple, sur cellesdes éditions Hachette. C’est dans cette revue que j’ai vu les repor-tages photographiques en couleurs sur l’Africa Korps et la cam-pagne du maréchal Rommel 3 en Cyrénaïque (Afrique du Nord), et

dans la « Légion Wallonie », puis dans la « Division SS Wallonie », sur le front de l’Est auxcôtés des troupes allemandes. À la fin de la guerre, Léon Degrelle (1906-1994) se réfugie enEspagne, sous le régime franquiste. Il est mort dans son lit, à Malaga, la Belgique n’ayant pasréussi à le faire extrader.

3 Erwin Johannes Eugen Rommel (1891-1944) mena une brillante carrière d’officier militairedurant plus de trente ans. Suite à sa campagne en Afrique du Nord, il fut surnommé, aussibien par ses compatriotes que par ses adversaires, le « Renard du désert ». N’ayant pas servidans les combats en Union soviétique, il est l’un des seuls grands généraux allemands àn’avoir commis aucun crime contre l’humanité, et aucun crime de guerre. Impliqué dansle complot du 20 juillet 1944 visant à assassiner Adolf Hitler, Erwin Rommel fut contraint ausuicide le 14 octobre 1944.





sur celle menée en Russie par le général Guderian 4. Si j’ai surtoutretenu le nom de ces deux chefs de guerre, c’est qu’ils y apparais-saient souvent, et sur un mode héroïque. Hors les personnages dece type, ce qui m’impressionnait, c’était le déploiement de l’arsenaltechnologique. Et, plus particulièrement, celui concernant l’avia-tion, les chars d’assaut et les sous-marins. Parfois aussi, certainesimages de Signal, comme celles qui concernaient la ligne Siegfried,cette ligne de défense allemande de quelque 630 kilomètres quicourait de la frontière des Pays-Bas à celle de la Suisse, trouvaientleur antidote dans des chansons. Comme ce refrain que tout gosseje chantais sous cape et qui m’a accompagné durant toute la guerreen espérant la Libération : « Nous irons pendre notre linge sur laligne Siegfried… », ou comme cet autre issu du music-hall : « It’s along way to Tipperary. It’s a long way to go… » Les générations anté-rieures nous les avaient transmis, qui les avaient déjà entonnés lorsde la Première Guerre mondiale.

C’est la découverte aussi de moyens clandestins de s’informer.Mes parents écoutaient les émissions en français de la BBC chaquesoir, en dépit du fait que les autorités allemandes brouillaient lesondes et cherchaient à repérer les interférences de cette radio, etd’autres d’ailleurs. Mais, au début, il n’y avait que la BBC. Par lasuite, en 1942, vont s’ajouter les émissions de Voice of America 5.Ce qui m’intriguait à la BBC, c’était la litanie des messages sibyllinsdestinés aux mouvements de résistance. Un m’est resté gravé :« Rosemire a de la barbe. » Je n’ai évidemment jamais su ce querecouvrait ce message codé. Pour moi qui ne connaissait qu’uneRosemire, la jeune fille qui vivait dans la ferme d’en face et quin’avait visiblement pas de barbe, ces messages laissaient libre coursà mon imagination. Tout comme d’ailleurs le nom des stations deradio étrangères inscrits sur le tableau du poste, mais qui restaientmuettes lorsqu’on essayait de les syntoniser. Tout au long de la

4 Heinz Guderian (1888-1954) est connu comme un des créateurs des Panzers, appliquant ladoctrine de la guerre éclair (Blitzkrieg) pour les chars d’assaut lors des campagnes de France etde Russie. Il était l’une des rares personnes qui osaient discuter les décisions et défendre sonpoint de vue sur des sujets stratégiques avec Adolf Hitler.

5 Voice of America (VOA), ou en français La Voix de l’Amérique, est le service de radiodiffusioninternationale contrôlé directement par le gouvernement américain. Elle fut inaugurée enfévrier 1942, deux mois après l’entrée en guerre des États-Unis.





guerre, ces noms m’ont fait rêver parce qu’ils évoquaient un ailleurslointain, sans que je sache où cet ailleurs se situait réellement. Hil-versum (l’actuelle Radio Nederland) ou Athlone (la radio irlandaise)étaient pour moi aussi lointains et mystérieux que Radio Alger ouRadio Rabat.

Quelques mois avant le débarquement sur les plages de Nor-mandie, en juin 1944, les avions anglais et américains ont lancé depetits journaux en papier bible colorés intitulés L’Arc-en-ciel, L’Amé-rique en guerre, Le Courrier de l’Air illustré, etc., contenant photos,bilans, cartes sur les fronts, instructions aux habitants des zones decombat, horaires des émissions en français de la BBC et de Voice ofAmerica. Ce qui m’attirait, c’étaient les cartes en couleurs avec lesflèches indiquant la progression des troupes. On recueillait cescourriers venus du ciel dans les jardins et les prairies, en essayantde ne pas se faire attraper par l’occupant. En pied de page, desphrases comme : « Apporté au peuple belge par l’aviation desNations unies », « Apporté par les forces aériennes libres »,« Apporté au Peuple belge par l’armée de l’air américaine ». À lamort de ma mère, en septembre 2002, j’ai retrouvé dans les archivesde mon père trois de ces minigazettes qui étaient tombées dansnotre jardin. Mon père les avait conservées dans une enveloppeavec l’inscription « Souvenirs précieux 1940-1945 ». Il y avait jointun exemplaire de la presse clandestine imprimée par la Résistance.Mais de cette presse, mes parents ne m’en avaient jamais parlé, pasplus qu’à mon frère ou à ma sœur.

Mon penchant persistant pour les films de guerre, l’histoire dela Résistance et les ouvrages de géostratégie n’est pas étranger à cevécu d’enfant du conflit. Dans l’immédiat après-guerre, les his-toires édifiantes sur cette période ont d’ailleurs continué à circuleren boucle dans les publications pour la jeunesse. Au niveau desfilms, je me rappelle bien de deux en particulier que j’ai vus avecmes condisciples du collège : J’avais cinq fils (The Fighting Sullivans)de Lloyd Bacon (1944), avec Anne Baxter, sorti dans les salles enBelgique au dernier trimestre 1945, qui raconte l’histoire d’unefamille de l’Iowa dont les cinq enfants s’engagent dans la Navy etqui périssent dans le Pacifique, au large de Guadalcanal et Le Renarddu désert (The Desert Fox), sur le maréchal Rommel lors de la bataille






d’El-Alamein, de Henry Hathaway (1951), avec James Mason dansle rôle principal.

Comment avez-vous vécu les momentsde la Libération ?

Il y a d’abord eu les jours précédant le Jour J 6. Le fluxincessant des colonnes allemandes battant en retraite, à pied, encamion ou en chariot tiré par des chevaux, avec armes et bagages.Avec leurs blessés parfois, car il y avait eu des accrochages avec lesrésistants dans la région et les ambulances se faisaient rares dans ladébâcle. Leur haine, visible lorsqu’on osait les regarder passer à lafenêtre, était à la mesure de leur humiliation. La Belgique a étélibérée par des combattants de plusieurs nationalités. Américains,Anglais, Canadiens, Polonais, Français, et même une brigade belgeintégrée à l’armée britannique. Notre région en particulier a étélibérée par les troupes américaines commandées par les générauxBradley (1893-1981) et Patton (1885-1945), ce dernier étant unmilitaire qui tenait plus de la culture du Western que de WestPoint 7. Il dessinait même ses propres uniformes. Un personnageextrêmement populaire, dont la mort prématurée endécembre 1945 dans un accident banal de la circulation a fait la unedes magazines d’actualités belges. J’en revois encore aujourd’hui lesimages. Lorsque les chars sont entrés dans mon patelin, dans lespremiers jours de septembre 1944, la plupart des occupants avaientdéguerpi. Mais à Mons, à quelque douze kilomètres, la bataille avaitfait rage 8. J’avais un peu plus de huit ans et demi. Ma mère, en pré-vision de ce jour de la victoire, avait confectionné pour mon frère,ma sœur et moi un blouson de couleur différente, rouge, jaune,

6 Le Jour J marque le premier jour de la bataille de Normandie, avec le débarquement destroupes alliées le 6 juin 1944 sur des plages normandes.

7 West Point est l’endroit où est située l’Académie militaire des États-Unis, l’équivalent del’école de Saint-Cyr en France. À l’instar de l’Allemand Guderian et de Charles de Gaulle,George S. Patton avait prévu l’importance de la « guerre mécanique », la guerre des chars. Lecinéaste Franklin J. Schaffner l’immortalisera en 1970 dans Patton, un film aux multiplesOscars avec dans le rôle-titre George C. Scott, couronné par l’Oscar du meilleur acteur.

8 Les soldats faits prisonniers ont été regroupés dans des camps. Sur leur dos, un signe dereconnaissance, peint en blanc : PW (Prisoner of War). Beaucoup ont été réquisitionnés pourles travaux publics ou agricoles. Il y avait un de ces camps dans une commune voisine.






noir, aux trois couleurs du drapeau belge. Et, à l’endroit du cœur,elle avait cousu des petits étendards. Pour ma sœur, en rouge, c’étaitle britannique, mon frère, en jaune, le français, et moi, en noir, labannière étoilée. Et lorsque les soldats américains sont arrivés, ellenous a alignés sur le seuil de la maison. Un drapeau vivant.

Le mot « Libération » acquérait un sens d’autant plus fort qu’ilmettait brusquement fin à l’univers clos et de privation des annéesd’occupation. Avec les GI pénétrait un type de « modernité ». Unterme qu’évidemment je n’ai connu que beaucoup plus tard. Etcette modernité, de nombreux signes la charriaient. Les plusvisibles, c’étaient les produits avec lesquels les GI débarquaient : lechewing-gum, la bouteille de Coca-Cola, les cigarettes Camel ouChesterfield, les stylos à bille qui reléguaient le porte-plume sco-laire au placard… Ils apportaient avec eux tout ce dont la guerrenous avait privés : le chocolat noir, le pain blanc, les oranges de Flo-ride, etc. Le battle-dress (la veste de combat dont tous les enfants demon âge rêvaient), la Jeep, la Harley-Davidson et tant d’autres objetsqui se convertiront plus tard en clichés de l’américanité. Les GI quiont stationné un temps dans mon bourg avaient les enfants à leursguêtres, sans s’en incommoder. Je me vois encore courir derrièreeux ! Je m’étais lié d’amitié avec un soldat qui répondait au prénomd’Everett. Je n’ai jamais su son nom. Ils fraternisaient avec la popu-lation. Je connaissais par cœur les insignes des grades et les écussonsdes divisions et corps d’armée. Cet ami éphémère m’avait faitcadeau d’un petit document en couleurs avec toutes ces informa-tions. Le comportement cool de ces militaires – dont témoignait lafaçon même de porter leur uniforme de campagne – suscitait lasympathie. Il contrastait tellement avec celui des Allemands. Dansmon regard d’enfant, il y avait les bottines des soldats comme desofficiers américains et les bottes noires cirées des officiers prussiens.Je ne faisais que mettre un visage sur l’expression « un pays sous labotte ». Les bottes des officiers allemands étaient pour moi d’autantplus un symbole que ma famille avait été contrainte d’hébergerdans notre grande maison pendant quelque temps un de ces offi-ciers tirés à quatre épingles.

En septembre 1944, j’ai découvert un autre monde. Et cemonde, littéralement, ne pouvait que me fasciner. Pour moi, c’était






la première fois que je faisais connaissance avec des gens venusd’ailleurs en amis. Une des nombreuses rencontres dont je me sou-viens, c’est celle d’un chauffeur de camion afro-américain qui, unaprès-midi, a sonné à la maison et m’a fait comprendre qu’il avaitbesoin d’eau pour se laver les mains. Son camion était tombé enpanne et il avait tenté de le réparer. Il m’a remercié en me faisantcadeau d’une dizaine d’oranges de marque Sunkist qu’il avait aveclui. Le lendemain, nous devions voyager pour rendre visite à mesgrands-parents maternels et j’ai emporté la moitié pour la leurdonner. J’ai été vexé, car ils n’ont même pas fait attention à cecadeau qui venait de si loin et me paraissait si rare. Ce qui indiqueleur décalage par rapport à la perception que, enfant, j’avais de lanouveauté.

À peine libérée, la Belgique a été la cibled’une contre-attaque des troupes allemandes.Avez-vous souvenir de ce revirement ?

Trois mois à peine après la Libération, la menaced’un retour de l’occupant s’est précisée. Sans plus attendre, les gensdu village ont remisé les drapeaux, craignant que les Allemands nereviennent et n’exercent des représailles. Entre mi-décembre 1944et fin janvier 1945, l’armée allemande a en effet tenté une percéevers la Meuse, essayant de répéter la même opération qui lui avaitpermis en 1940 d’ouvrir la route vers la France : c’est l’« offensivevon Rundstedt 9 » et ce que l’on a appelé la « bataille desArdennes », dans la région limitrophe avec l’Allemagne et le grand-duché de Luxembourg. L’angoisse s’est emparée de la population.D’autant que, pendant toute cette période, les médias ont informédes représailles sur les ouailles et villages réoccupés par les Alle-mands ou de la résistance héroïque des troupes américaines à Bas-togne, ville devenue symbole, commandées par le général AnthonyC. Mac Auliffe de la 101e Division aéroportée, qui avait déjà été aux

9 Du nom du maréchal Karl von Rundstedt (1875-1953).





premières lignes lors de la bataille de Normandie 10. Après l’échec desa tentative de percée, on a appris que l’état-major allemand avaitmis en place un groupe d’élite composé de soldats parlant anglaiset revêtus d’uniformes américains. Leur mission : infiltrer les lignesde l’ennemi afin de le confondre. À la fin de la guerre, von Runs-tedt a été inculpé de crimes contre l’humanité, notamment pour lesexactions commises au cours de cette offensive : massacre d’otagescivils et exécution des prisonniers de guerre américains 11. Durantces trois mois, la psychose de la population déclenchée par l’offen-sive des Ardennes s’est doublée d’une autre : la peur des V1, les« bombes volantes », ancêtres des missiles à longue portée.

Très tôt, la quête des ailleurs

Vous évoquiez vos proches parents,comment décririez-vous votre milieu familial ?

Mon père était fonctionnaire. Né en 1908 et enfantunique, il était entré en 1923, à quinze ans, dans l’administrationdes finances et avait gravi tous les échelons qui mènent à la fonc-tion de receveur de l’enregistrement et des domaines. Il a pris saretraite en 1973. Né dans la région de Charleroi, connue pour sesaciéries et charbonnages, il était devenu orphelin de père en basâge. Ma mère, née en 1911, était sans profession. Nous étions troisenfants : mon frère, né en octobre 1939, ma sœur, en août 1938 etmoi, en janvier 1936, l’année de la guerre d’Espagne et du Frontpopulaire en France. La famille de ma mère, elle aussi enfantunique, était d’origine paysanne. Des fermiers et des marchands degrains. Mon grand-père paternel, Armand Mattelart, était impri-meur. Et il est mort très jeune, atteint par le saturnisme, cetteintoxication par le plomb typique de cette profession. Je conservetoujours la médaille de premier prix que le cercle d’études

10 Le général A. C. Mac Auliffe (1898-1975) est célèbre pour sa réponse à l’attaquant qui lesommait de signer la reddition de la ville : Nuts ! (« Des clous ! »).

11 Une attaque cardiaque permettra à ce général d’échapper au tribunal de Nuremberg. Il s’ensortira avec trois ans de captivité en Grande-Bretagne.




dans la même collection

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Charles Blattberg, Et si nous dansions ? Pour une politique du bien commun au Canada

Gérard Boismenu et Guylaine Beaudry, Le nouveau monde numérique. Le cas des revues universitaires

Esther Cohen, Les narrateurs d’Auschwitz

Yolande Cohen, Femmes philanthropes. Catholiques, protestantes et juives dans les organisations caritatives au Québec

Joseph Heath, La société efficiente. Pourquoi fait-il si bon vivre au Canada ?

Ingo Kolboom, Pièces d’identité. Signets d’une décennie alle-mande 1989-2000

Catherine Mavrikakis, Condamner à mort. Les meurtres et la loi à l’écran

Éric Méchoulan, La culture de la mémoire ou comment se débar-rasser du passé ?

Alain Noël et Jean-Philippe Thérien, La gauche et la droite. Un débat sans frontières



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Armand Mattelart a consacré une grande partie de sa vie à penser la mondialisation de la communication et de la culture. Son œuvre se révèle incontournable, tant

elle est originale et multiple. Ce livre retrace la trajectoire de cette œuvre, en la replaçant

dans les différents contextes sociaux et géopolitiques qui l’ont façonnée. En même temps que les idées en mouvement, on y découvre l’état des rapports de force internationaux et la com-plexité du jeu des acteurs sociopolitiques dans les sociétés au sein desquelles Armand Mattelart a été appelé à vivre et à travailler. Explicitant des aspects moins connus de ses recher-ches, il montre comment et pourquoi son parcours personnel est partie intégrante d’itinéraires collectifs.

Michel Sénécal est professeur titulaire à la Télé-université et membre du Groupe de recherche interdisciplinaire sur la communication, l’information et la société de l’Université du Québec à Montréal.

29,95 $


isbn 978-2-7606-2247-0

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Armand Mattelart regard-monde A pour un regard-monde Armand … · 2018. 4. 13. · Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque