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Découvrez les textes de celles et ceux qui ont participé à l'atelier d'écriture "ouvrez les guillemets", animé par Véronique Maurin, pendant notre saison culturelle 2012/2013. A ceux qui en auraient douté : nos lectrices et nos lecteurs ont du talent, cache-toi Houellebecq, ils arrivent.
Citation preview
Ouvrez les guillemets
Voici quelques traces écrites de ces moments conviviaux que furent les ateliers
d’écriture de l’année écoulée sur le thème du jeu.
Pour se mettre en verve, nous commencions généralement par des compositions
collectives prenant souvent la forme de ‘cadavres exquis’ qui généraient rires et
belles surprises puis continuions parfois en duo ou en solo.
Les livres ont été bien sûr de remarquables sources d’inspiration mais nous
avons également utilisé des supports visuels : cartes postales, jeux de société,
images publicitaires…
Les seules contraintes lors de ces ateliers : laisser libre cours à son imagination,
libérer sa créativité dans une ambiance conviviale et surtout s’adonner sans
complexe au plaisir de l’écriture !
Bel été et rendez-vous dès le 8 octobre pour de nouvelles émotions autour des
mots.
Quelques ‘cadavres exquis’ :
La patience aussi est un jeu, un jeu de patience, et Dieu sait si, tout au long de sa
vie de la patience, elle en avait eue. Chaque jour il avait fallu trouver de quoi
l’occuper et elle s’y était employée avec toute son énergie. Elle amena le drap
vers elle et pensa, à tord qu’elle avait tout son temps. Mais ce n’était pas vrai, au
contraire, quel scandale, quel mensonge ! La tricheuse a été démasquée devant
un public encore ébahi par son tour de passe-passe.
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Jeux de mains, jeux de gamins qui n’ont pas froid aux yeux, d’autant que par
grand froid les cils peuvent geler. Il suffit de ciller des yeux pour se réchauffer,
comme si cela suffisait à lui faire prendre conscience de son état. Le médecin lui
avait prescrit de longues heures de repos mais l’avenir brisa ses prédictions.
Toute tentative d’espoir était vaine. Ce serait le dernier jour du reste de ma vie,
il me fallait donc le vivre intensément.
Anagrammes à partir des lettres du mot B I B L I O T H E Q U E à utiliser dans
un texte:
quel, quoi, toile, hôtel, bible, bique, éthique, bioéthique, oblique, quête, tique,
bibelot, étiolé, outil, bilboquet, toque, étoile.
En sortant de la bibliothèque, sa bible de bioéthique sous le bras et sa toque sur
sa tête, il partit en quête d’un hôtel. - Mais quel hôtel ? Il craignait d’y trouver
des tiques. Plutôt que de s’étioler à se poser des questions, il décida de se faire
une toile sous les étoiles. Il longea une rue oblique, croisa une bique, et dans une
boutique d’outils, il découvrit des bibelots … - Et quoi d’autre ? Un bilboquet
qui changea sa vie…
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Ils cherchent sur la bible l'adresse de l’hôtel étoilée et se mettent tout de suite
en quête du bibelot, acheté chez l’antiquaire.
Quel outil ce bilboquet étiolé pour fixer la toile sur le châssis.
Cette toque oblique pour la bique et la tique est vraiment éthique.
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Seul dans son hôtel près de la bibliothèque, il voit la bible posée près du bibelot
sur la table de nuit.
Par la fenêtre ouverte, au delà de l'oblique du toit d'en face, il peut admirer le
ciel : et quel ciel, aujourd'hui plein d'étoiles !
Quoi ! Il est venu ici en quête de la Toile ….mais n'a pas l'outil nécessaire : une
toque ? Un bilboquet ? Non !
De plus il lui faudra d'abord enjamber le mur du jardin à l'arrière du bâtiment,
mais là ! Il tique ! Comment neutraliser le troupeau de biques étiolées qui y
broutent une pelouse clairsemée ? Encore une entorse à son éthique ….
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Le mois dernier, pendant mon séjour aux Etats-Unis dans un hôtel deux étoiles,
je me suis emparée d'une bible sans autorisation.
Habituellement, on en trouve une sur chaque table de nuit, déposée comme un
bibelot. Durant mon acte frauduleux, j'avais jeté un regard oblique vers la porte
de la chambre dans la crainte d'être surprise.
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Il y a des gens qui se servent de la bible comme outil de vie. Quand à moi, je
m'interroge sur une utilisation autre. Peut-être l'attacher à un fil et la reconvertir
en bilboquet... J'y renonce, ce n'est pas bio éthique !
En quête d'une autre idée, je feuillette le livre de cuisine d'un chef " trois
toques". L'inspiration tardant je suis aussi contrariée que si j'avais été piquée par
une grosse tique et d'un geste sec je jette la bible par la fenêtre.
Plus bas, ma petite bique, qui guettait du coin de l’œil se précipite et lèche les
pages avant de les croquer.
Quel désastre ! La voilà toute étiolée !
Sous les étoiles, la grande toque de l’hôtel était en quête d’une Bible, d’un
bibelot et d’un bilboquet. Son pari entre amis sur la toile ne relevait d’aucune
éthique. Il ressemblait à une bique piquée par une tique. Et quand enfin il
ramena tous les outils demandés devant la bibliothèque, on le fixa d’un regard
oblique.
« J’ai gagné mon pari !!!! »
« Quoi ? Quel pari ? »
De ce jour, son amitié s’en trouva étiolée.
Variantes policières à partir des cartes du Cluedo :
J’étais dans mon petit salon de musique, tapissé de mauve comme une
bonbonnière, à jouer une sonate de Bach sur mon piano à queue ; et j’attendais,
sans vraiment l’attendre, le plombier, sachant qu’il n’en faisait qu’à sa tête et
qu’il ne viendrait pas réparer ce maudit radiateur qui fuyait et dont le goutte-à-
goutte exaspérait mon oreille de musicienne depuis plusieurs jours.
Quand soudain, il entra telle une furie dans mon univers si douillet, une clé
anglaise à la main. Sans m’interrompre, je lui désignai le radiateur. Il avait un
air menaçant et malheureusement il se prit les pieds dans le tapis persan ; la clé
vola dans les airs et c’est ainsi que j’essayais d’échapper à une mort tragique en
passant par la fenêtre comme un éclair et m’étalais sur la terrasse auprès du
camélia blanc que j’avais planté le printemps précédent.
Ah quelle mort romantique !
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« J’étais dans la salle à manger à faire l’argenterie. Le maître est entré, s’est
servi un whisky et m’a dit qu’il voulait de la tête de veau pour le déjeuner. Moi,
je n’avais pas la tête à parler de menu. Je l’ai accusé d’avoir séduit ma petite
Candida. La pauvrette a maintenant un polichinelle dans le tiroir dont il conteste
la paternité. J’ai attaqué bille en tête. Il est resté placide, opposant à ma fureur
plébéienne - comme il dit - son self-control de gentleman. J’avais sous la main
le chiffon imbibé de Silver Polish et le chandelier XVIIIème. C’est le chandelier
que j’ai pris. Il ne mangera pas de tête de veau à midi, le maître, mais, pour le
coup, il mérite bien son nom : Monsieur de La Tronche en Biais. »
Je me reposai en début d'après-midi dans mon petit salon, juste dans le champ
d'un petit rayon de soleil, ma liseuse à la main, lorsque j'entendis un léger bruit,
comme un verre brisé. Seule dans cette grande et belle maison héritée de ma
famille, je me sentais en parfaite sécurité.
Alors, que se passait-il ? Un oiseau se serait-il fracassé contre une vitre ? Je me
levais et partis à la recherche de ce volatile: peut-être pourrais-je le sauver ?
Après avoir exploré plusieurs pièces, j'arrivais à la véranda et vis le carreau
cassé …..Je m'approchais : pas d'oiseau !
Soudain, je ressentis un grand coup sur la tête et perdis l’équilibre, ayant juste
le temps d'apercevoir ...un drôle d'oiseau !
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Je suis Pedro. Je vis de petits boulots, à droite, à gauche. Le soir à Grey City, je
vais au Grand Saloon voir danser la belle Rosalie. Elle porte toujours sa robe
rouge à volant, en satin. Quand elle danse, je ne vois qu’elle, ses yeux, sa
chevelure. Elle m’ensorcelle.
Le soir, quand je suis seul, je pense que je monte dans sa chambre au dessus du
Grand Saloon. Je l’attends. Quand je m’endors, c’est toujours le même
cauchemar. Elle monte les escaliers. Avec elle, un autre homme. Alors je me
jette sur elle, lui arrache son collier et les attache tous les deux avec la corde que
j’ai toujours à mon ceinturon. Je me réveille en sueur, son image toujours là,
devant mes yeux.
Mais ce soir, comme tous les soirs, je serai là, au Grand Saloon, au premier rang,
à regarder danser la trop belle Rosalie.
Dire que je finis comme ça, moi, Agenor de La Tronche en Biais ! Je ne
comprends toujours pas bien ce qui m'arrive. Je suis allongé sur le tapis de la
salle à manger, quelque chose de gluant coule lentement de ma tête. Il y a cinq
minutes à peine, après avoir dit à ma gouvernante que je voulais de la tête de
veau pour le déjeuner, je me suis servi un whisky. Quand je me suis redressé, j'ai
juste eu le temps de voir, dans le miroir, Madame Leblanc - ma gouvernante
depuis trente ans ! - qui brandissait un chandelier. Et paf ! Me voilà au sol !
Avant de me frapper violemment, elle m'a avoué la raison de sa haine : j'ai
séduit sa chère Candida et cette fille stupide attend un mioche ! Si j'avais su, je
me serais débarrassé de Candida ! Il est trop tard. Mes yeux se ferment, je n'ai
plus la force de les ouvrir.
Ecriture libre à partir d’images :
Le ballet des hommes bleus, couleur pastel et drapés immaculés, nous entraîne
au pays du désert où la poussière retombe en pluie irisée, sur les pieds, sur les
mains, sur le nez. Et dansent les pieds ! Et tapent les mains ! Et clignent les
yeux ! Et dansent encore les étoffes, virevoltent les plis, couleur pastel et drapés
immaculés jusqu’au bout du bout du désert des hommes bleus qui dansent en un
ballet qui n’en finit pas. Frise, arrêtée de toute éternité, couleur pastel et drapés
immaculés, dans la poussière irisée - lumière dorée.