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Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 1 1/2 Après Orlando, l’impression de K.O. PAR IRIS DEROEUX ARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 14 JUIN 2016 Ce lundi, le réveil fut douloureux aux États-Unis. On y sentait un mélange de colère et de peur après l’attaque d’Orlando, ayant fait 49 morts et 53 blessés. Un ras-le-bol des tueries de masse, de l’impossible réforme du contrôle des armes à feu, des crimes de haines contre les minorités, qu’elles soient sexuelles, ethniques, religieuses. De notre correspondante à New York (États-Unis). - Ce lundi, le réveil fut douloureux, aux États-Unis, au lendemain de l’attaque d’Orlando qui a fait 49 morts et 53 blessés dans une boîte gay de la ville. On y sentait un mélange de colère et de peur, un état de confusion et de fatigue. Un ras-le-bol des tueries de masse à répétition, de l’impossible réforme du contrôle des armes à feu, tout autant que des crimes de haine contre les minorités, qu’elles soient sexuelles, ethniques, religieuses. Via Facebook, Beaudau, jeune danseur new-yorkais de 21 ans reparti faire ses études en Floride, nous fait part de son émoi : « J’ai peur, j’aurais pu y être. Les bars et les clubs comme le Pulse sont censés être des endroits où la communauté LGBT se sent en sécurité. Ce sont les rares lieux où on peut aller sans crainte, sans honte de ce qu’on est. Oublier le reste et s’amuser. Le tueur nous a volé ça. C’est le mois des Fiertés, je devrais être excité à l’idée de célébrer les avancées de notre communauté. Au lieu de ça, je suis assailli par le doute. » Nous nous rendons devant le bar historique Stonewall Inn, dans Greenwich Village, dans le sud de Manhattan, lieu emblématique de la lutte pour les droits LGBT depuis la fin des années 1960. Depuis dimanche, l’entrée du bar s’est transformée en mémorial en l’honneur des victimes de la tuerie d’Orlando. Des policiers lourdement armés surveillent les lieux. Des passants se recueillent. Tout le monde s’interroge. « C’était un crime contre les Américains ou contre les gays ? » demande un badaud. Son voisin le regarde d’un air outré et répond : « Les deux. » Chris est venu dire une prière pour les victimes et leurs familles. « Je suis sur mes gardes, la communauté LGBT tout entière l’est. Mais c’est plus compliqué que ça, je ne crois pas qu’on sache vraiment ce qui motivait le tueur, nous explique-t-il. J’ai été touché par la déclaration du Council on American-Islamic relations disant que les musulmans font cause commune avec la communauté LGBT pour lutter contre les crimes de haine. C’est une réaction importante » (ici le fil Twitter du directeur de l’organisation). Chris n’a pas souhaité s’intéresser aux déclarations d’élus ou de candidats à l’élection présidentielle, comme Donald Trump : « Je préfère garder mes distances avec ce cirque. » © Iris Deroeux Aucune des personnes présentes ne prononce le mot Daech, de manière générale moins présent dans le débat américain qu’il ne l’est en France. Tous s’en tiennent plutôt à une lecture américaine des événements, cette tragédie révélant selon eux les tensions et divisions qui traversent le pays. « Nous vivons dans une bulle à New York, avec un peu plus de tolérance qu’ailleurs dans le pays. Quand une tuerie de ce genre arrive, ça nous rappelle le niveau de haine et de violence qui demeure aux États-Unis. Et les LGBT en ont toujours souffert », témoigne Aviva,

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Après Orlando, l’impression de K.O.PAR IRIS DEROEUXARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 14 JUIN 2016

Ce lundi, le réveil fut douloureux aux États-Unis.On y sentait un mélange de colère et de peur aprèsl’attaque d’Orlando, ayant fait 49 morts et 53 blessés.Un ras-le-bol des tueries de masse, de l’impossibleréforme du contrôle des armes à feu, des crimes dehaines contre les minorités, qu’elles soient sexuelles,ethniques, religieuses.

De notre correspondante à New York (États-Unis).- Ce lundi, le réveil fut douloureux, aux États-Unis,au lendemain de l’attaque d’Orlando qui a fait 49morts et 53 blessés dans une boîte gay de la ville.On y sentait un mélange de colère et de peur, un étatde confusion et de fatigue. Un ras-le-bol des tueriesde masse à répétition, de l’impossible réforme ducontrôle des armes à feu, tout autant que des crimesde haine contre les minorités, qu’elles soient sexuelles,ethniques, religieuses. Via Facebook, Beaudau, jeunedanseur new-yorkais de 21 ans reparti faire ses étudesen Floride, nous fait part de son émoi : « J’ai peur,j’aurais pu y être. Les bars et les clubs comme le Pulsesont censés être des endroits où la communauté LGBTse sent en sécurité. Ce sont les rares lieux où on peutaller sans crainte, sans honte de ce qu’on est. Oublierle reste et s’amuser. Le tueur nous a volé ça. C’estle mois des Fiertés, je devrais être excité à l’idée decélébrer les avancées de notre communauté. Au lieude ça, je suis assailli par le doute. »

Nous nous rendons devant le bar historique StonewallInn, dans Greenwich Village, dans le sud deManhattan, lieu emblématique de la lutte pour lesdroits LGBT depuis la fin des années 1960. Depuisdimanche, l’entrée du bar s’est transformée enmémorial en l’honneur des victimes de la tuerie

d’Orlando. Des policiers lourdement armés surveillentles lieux. Des passants se recueillent. Tout le mondes’interroge.

« C’était un crime contre les Américains ou contre lesgays ? » demande un badaud. Son voisin le regarded’un air outré et répond : « Les deux. » Chris est venudire une prière pour les victimes et leurs familles. « Jesuis sur mes gardes, la communauté LGBT tout entièrel’est. Mais c’est plus compliqué que ça, je ne croispas qu’on sache vraiment ce qui motivait le tueur,nous explique-t-il. J’ai été touché par la déclarationdu Council on American-Islamic relations disantque les musulmans font cause commune avec lacommunauté LGBT pour lutter contre les crimes dehaine. C’est une réaction importante » (ici le filTwitter du directeur de l’organisation). Chris n’a passouhaité s’intéresser aux déclarations d’élus ou decandidats à l’élection présidentielle, comme DonaldTrump : « Je préfère garder mes distances avec cecirque. »

© Iris Deroeux

Aucune des personnes présentes ne prononce lemot Daech, de manière générale moins présent dansle débat américain qu’il ne l’est en France. Touss’en tiennent plutôt à une lecture américaine desévénements, cette tragédie révélant selon eux lestensions et divisions qui traversent le pays. « Nousvivons dans une bulle à New York, avec un peu plus detolérance qu’ailleurs dans le pays. Quand une tueriede ce genre arrive, ça nous rappelle le niveau dehaine et de violence qui demeure aux États-Unis. Etles LGBT en ont toujours souffert », témoigne Aviva,

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31 ans. Son amie Perry renchérit : « La rhétoriquehaineuse de Donald Trump fonctionne précisémentpour cette raison, il a un public. Aujourd’hui, la plusgrande menace qu’on doit affronter, c’est lui. On doitaller voter en novembre, c’est notre seule arme. »

La tuerie d’Orlando a de fait été immédiatementcommentée par les candidats à l’élection présidentiellede novembre, dont Donald Trump, enchaînant lesdéclarations sur son fil Twitter depuis dimanche. Celapose la question de l’incidence de cette tragédie surla suite de la campagne et sur le comportement desélecteurs à quatre mois du scrutin.

Depuis les débuts de sa campagne, et surtout aprèsla tuerie de San Bernardino en décembre dernier,perpétrée par deux sympathisants de l’État islamique,Donald Trump mise en effet sur la peur des Américainsface au risque terroriste et sur leur perception négativede la politique de Barack Obama en la matière,jugée trop faible. Étant donné le succès de DonaldTrump lors des élections primaires (des sondages de

sortie d’urnes ont indiqué que 70 % des électeursrépublicains étaient séduits par son idée d’interdireaux musulmans d’entrer aux États-Unis), on peut sedemander comment ses réactions ces jours-ci vont êtreperçues par l’électorat au sens large.

Pour l’instant, les nombreuses sorties de Trumpsont – comme d’habitude – applaudies par sessoutiens (notamment ses abonnés Twitter) etfortement critiquées par ses opposants, dans lecamp démocrate comme dans le camp républicain.« Ses penchants pour l’autosatisfaction (le candidatréagissant d’abord à la tuerie en s’autocongratulantpour avoir vu juste sur le risque terroriste), soncomportement inspiré par la téléréalité, montrent àquel point Donald Trump peut paraître tout petit dansdes moments historiques qui exigent la stature d’unprésident », écrit ainsi Glenn Trush sur le site Politico.Mais Donald Trump n’a certainement pas dit sondernier mot sur le sujet. Il a promis de s’exprimerde nouveau sur le terrorisme sur le chemin de sacampagne, dans le New Hampshire, ce lundi.

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