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    Dominique GouxMonsieur ric Maurin

    Les entreprises, les salaris et la formation continueIn: Economie et statistique, N306, Juin 1997. pp. 41-55.

    Citer ce document / Cite this document :

    Goux Dominique, Maurin ric. Les entreprises, les salaris et la formation continue. In: Economie et statistique, N306, Juin

    1997. pp. 41-55.

    doi : 10.3406/estat.1997.2571

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_estat_1842http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_estat_523http://dx.doi.org/10.3406/estat.1997.2571http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571http://dx.doi.org/10.3406/estat.1997.2571http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_estat_523http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_estat_1842
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    Rsum

    Les entreprises, les salaris et la formation continue

    Depuis 1 971 , la France a mis en place un systme original de formation continue de type formez ou

    payez . Chaque entreprise est tenue d'allouer une partie de sa masse salariale la formation continue.

    A dfaut de raliser cet effort minimum, elle doit verser un fonds public les sommes correspondantes.

    Les contraintes et les cots d'un tel systme amnent s'interroger sur les effets rels d'une telle

    politique la fois sur le fonctionnement de l'entreprise et sur les avantages qu'en retirent les salaris.

    partir d'une analyse des rsultats d'une enqute de Nnsee sur la format ion et la qualif ication

    professionnelle, il ressort que la formation continue en entreprise n'a pas d'effet propre trs important

    sur les salaires de ceux qui en bnficient. En revanche, elle accrot de faon significative la stabilit

    des emplois de ceux qui en ont profit. Cet effet positif reste cependant ingalement rparti parmi les

    salaris et ce sont finalement ceux qui auraient le plus besoin de renforcer leurs liens avec le march

    du travail qui accdent le moins ce dispositif.

    Abstract

    Companies, Employees and In-Service Training

    In 1971, France introduced an original "train or pay" in-service training system. Companies are bound toallocate part of their payroll to in-service training. If they do not make this minimal effort, they have to

    pay the corresponding sums to a public fund. The constraints and costs of this system raise questions

    about the real effects of such a policy on the way in which companies operate and the advantages for

    employees.

    An analysis of the results of an INSEE survey on training and professional qualifications f inds that in-

    service training alone does not have a very strong effect on the wages of those given the training.

    However, it significantly improves job stability. Nevertheless, this positive effect remains unevenly

    distributed among employees. When all is said and done, it is the individuals who normally need most to

    strengthen their ties with the labour market who have the least access to this mechanism.

    ZusammenfassungUnternehmen, Arbeitnehmer und berufliche Weiterbildung

    Seit 1971 hat Frankreich ein originelles System der beruflichen Weiterbildung geschaffen, das nach der

    Devise "ausbilden oder zahlen" funktioniert. Jedes Unternehmen muB einen Til seiner Lohn- und

    Gehalts- masse fur die berufliche Weiterbildung aufwenden. Wenn ein Unternehmen dise

    Mindestanstrengung nicht unternimmt, muB es die entsprechenden Betrge an einen ffentlichen

    Fonds zahlen. Aufgrund der Zwnge und Kosten eines solchen Systems stellt sich die Frage nach den

    tatschlichen Auswirkungen einer solchen Politik, und zwar sowohl hinsichtlich der Funktionsweise des

    Unternehmens als auch hinsichtlich der Vorteile, die sich fur die Arbeitnehmer daraus ergeben.

    Aus einer Analyse der Ergebnisse einer INSEE-Erhebung ber die Ausbildung und die berufliche

    Qualifikation geht hervor, daB die berufliche Weiterbildung im Unternehmen an sich keine sehr groBen

    Auswirkungen auf die Lhne derjenigen hat, die sie in Anspruch nehmen. Dagegen trgt sie erheblichzur Sicherung der Arbeitspltze derjenigen bei, die sie genutzt haben. Dise positive Auswirkung ist

    allerdings nach wie vor ungleich unter den Arbeitnehmern verteilt; und letztendlich haben diejenigen, die

    ihre Beziehungen zum Arbeitsmarkt am meisten verstrken mBten, am wenigsten Zugang zu diesem

    System.

    Resumen

    La empresa, los salarios y la formacin continua

    Desde 1 971 , Francia ha establecido un sistema original de formacin continua de tipo " Formen o

    paguen ". Cada empresa se ve obligada a dedicar parte de su masa salarial a la formacin continua.

    De no cumplir con ese esfuerzo mmimo, debe abonar en un fondo pblico la cantidad correspondiente.

    Las obligaciones y los costes de semejante sistema nos invitan a examinar los efectos reaies de esta

    poltica tanto sobre el funcionamiento de la empresa como sobre la ventajas que van sacando de l los

    asalariados. Apartir de un anlisis de los resultados de una encuesta del Insee sobre formacin y

    cualificacin profesional, se Ilega a la conclusion de que la formacin continua en empresa no tiene

    efectos propios muy notables sobre los salarios de aquellos que se benefician de ella. En cambio,

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    aumenta de manera relevante la estabilidad de los empleos de aquellos que la aprovecharon. Ese

    efecto positivo sigue siendo mal repartido entre los asalariados y finalmente aquellos a quienes ms les

    h a n'a falta reforzar sus vi'nculos con el mercado de trabajo, son los que menos acceden a este

    dispositivo.

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    MOBILITE

    SOCIALE

    Les

    entreprises,

    les salaris

    et

    la

    formation

    continue

    Dominiqueoux et

    ric

    Maurin*

    'Dominique

    Goux

    ap

    partient au Dpartement

    des tudes

    conomi

    ques

    'ensemble de

    l'Insee et ric

    Maurin

    est

    chef

    de la division

    Conditions de vie des

    mnages de

    l'Insee.

    Les

    auteurs

    remercient

    deux

    rapporteurs

    anony

    mes

    our leurs comment

    airesonstructifs.

    Depuis

    1971,

    la

    France

    a

    mis en

    place

    un

    systme

    original de

    formation

    continue

    de type

    formez ou

    payez .

    Chaque

    entreprise est tenue

    d'allouer une

    partie

    de

    sa

    masse

    salariale

    la formation continue.

    A

    dfaut

    de raliser cet effort

    minimum,

    elle doit

    verser un fonds public

    les

    sommes correspondantes.

    Les

    contraintes

    et les

    cots d'un

    tel

    systme

    amnent

    s'interroger sur

    les effets

    rels d'une telle politique la

    fois sur

    le

    fonctionnement

    de l'entreprise

    et sur

    les avantages

    qu'en retirent

    les salaris.

    partir d'une

    analyse

    des rsultats d'une

    enqute

    de l'Insee sur la formation et

    la qualification professionnelle, il ressort que la formation continue en entreprise

    n a

    pas d'effet propre trs important sur

    les salaires de ceux

    qui en bnficient.

    En revanche,

    elle

    accrot de

    faon significative la stabilit des emplois

    de ceux

    qui

    en ont

    profit.

    Cet

    effet

    positif

    reste

    cependant

    ingalement

    rparti

    parmi

    les salaris

    et

    ce sont finalement

    ceux qui auraient

    le

    plus besoin de renforcer

    leurs liens avec le march

    du

    travail qui accdent le moins ce dispositif.

    Les noms et dates entre

    parenthses

    renvoient

    la bibliographie

    en

    fin

    d'article.

    Pour timuler l'effort de formation dans les

    entreprises,

    la France a mis en place depuis

    1971 un systme original de type

    formez

    ou

    payez

    : chaque entreprise de plus de dix sala

    ris

    doit

    affecter chaque anne

    une

    fraction

    minimum

    de

    sa

    masse salariale

    la

    formation

    de ses

    salaris.

    Si

    l'employeur

    ne peut justifier

    avoir fourni l'effort minimum, il

    verse

    le compl

    ment

    des organismes

    publics prestataires de

    formation. La

    France tire

    partie

    de

    la

    capacit

    de son

    administration

    centrale

    contrler le

    respect d'un dispositif

    lgal

    contraignant pour

    les

    entreprises et difficile imaginer dans des

    pays beaucoup moins centraliss comme les

    tats-Unis par exemple. Initialement fixe

    0,8 de la masse salariale en 197

    1

    la

    contribu

    tioninimum demande aux entreprises a

    progressivement augment

    au

    cours

    des

    vingt

    dernires

    annes

    pour atteindre

    aujourd'hui

    1,5 de la

    masse salariale.

    L'une

    des justifications d'un systme contrai

    gnant'ensemble des entreprises pourrait tre

    la suivante : quand bien mme la formation

    continue serait un investissement

    rentable,

    au

    cune entreprise

    n'a

    intrt

    prendre

    l'initiative

    de

    le

    financer,

    car

    rien

    ne

    lui

    garantit

    que

    ses

    concurrentes ne

    vont

    pas

    recruter

    les salaris

    qu'elle

    aura contribu

    rendre

    plus productifs.

    De

    fait,

    la monte en puissance

    du

    formez ou

    payez

    franais

    a

    lgitim

    l'entreprise comme

    lieu de

    formation et s'est accompagne d'un

    accroissement

    assez

    considrable de

    l'effort

    global de formation

    continue. En 1991, les

    entreprises

    dpensent, en moyenne,

    3,2 de

    leur

    masse salariale

    brute

    en formation,

    contre

    seulement

    2

    en 1982

    et

    1,6 en 1974

    (Berton

    et Podevin, 1991). Chaque anne

    les

    entreprises

    franaises forment

    une

    partie de leur salariat

    deux

    fois

    plus

    importante

    que

    les

    entreprises

    anglaises ou

    amricaines

    (Lynch, 1994).

    CONOMIE ET

    STATISTIQUE

    N 306,

    1997-6

    41

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    L'analyse de la distribution de l'effort de

    for

    mation

    montre

    cependant

    que le systme

    actuel

    fonctionne comme

    une

    taxe pour beaucoup de

    petites

    entreprises (elles prfrent payer plutt

    que former) tandis que la plupart des grandes

    entreprises dpensent spontanment

    beaucoup

    plus

    que

    le minimum requis

    par

    la

    loi

    (Santoni,

    1993). Par ailleurs,

    selon l'Inspection

    gnrale

    des affaires sociales,

    les

    organismes chargs de

    la gestion des fonds

    correspondant

    la

    taxe

    de

    formation ont des

    cots

    de fonctionnement

    bien

    plus levs que

    ceux prvus

    par

    la loi. En 1990,

    les

    frais de

    fonctionnement reprsentaient

    9

    10

    des dpenses

    de

    formation

    de

    ces

    organis

    meslors que selon

    le projet

    de loi de finances

    ils

    ne devaient pas dpasser

    1,2

    (Mda

    et

    Lajoumard, 1992).

    Au

    total,

    le

    dispositif

    de formation continue la

    franaise incite

    aujourd'hui

    les entreprises

    fournir un

    effort

    de

    formation

    qui situe la

    France dans

    la trs bonne moyenne des pays

    industrialiss, mais

    ce dispositif

    apparat

    simultanment lourd et

    coteux

    grer (pour

    une

    prsentation des systmes de

    formation

    trangers,

    cf. encadr 1). La question

    essent

    ielle st

    alors de savoir

    si, au-del

    de ses cots,

    le

    dispositif amliore

    la

    productivit

    et

    les

    salaires des salaris et s'il

    augmente

    la dure de

    vie

    des

    emplois.

    Un

    impact rel encore

    difficilement

    valuable

    S

    'agissant

    de la productivit et des salaires, on

    sait

    encore

    peu

    de

    choses sur l'impact

    de la fo

    rmation

    continue telle

    qu'elle se

    pratique

    en

    France. Toutefois, exploitant

    les dclarations

    administratives

    faites

    par les

    employeurs pour

    justifier leurs prestations

    de

    formation

    conti

    nue,Delame et Kramarz (1994) suggrent que

    Encadr

    1

    LES

    PRINCIPAUX SYSTMES

    DE

    FORMATION CONTINUE

    L'TRANGER

    La formation des salaris

    en cours

    de carrire repr

    sente un

    investissement dont

    il

    est difficile de prvoir

    l'avance

    si

    c'est

    le

    salari qui en

    tirera le plus

    grand profit ou l'entreprise pour

    laquelle

    il

    travaille,

    voire une

    entreprise

    concurrente (Bishop, 1994). Il

    peut

    en

    rsulter

    un

    effort global de formation tout

    fait infrieur

    celui dont

    pourraient

    profiter,

    l 'optimum,

    l'ensemble des salaris

    et

    de

    leurs

    em

    ployeurs.

    Pour contourner cette

    difficult, les principaux

    pays

    industrialiss ont adopt

    des

    stratgies

    assez

    varies, chacun

    essayant

    de tirer partie de ses atouts

    culturels et institutionnels propres (Lynch, 1994).

    L'Allemagne peut s'appuyer sur

    l'implication

    trad

    itionnellement forte des

    entreprises

    dans

    la

    formation

    des

    jeunes

    et

    sur la

    capacit des organisations pa

    tronales locales et

    sectorielles

    garantir

    la proprit

    de l'effort de formation aux entreprises qui

    le

    ral

    isent. En outre, les programmes de formation font

    l'objet de discussions et d'accords entre les trois

    partenaires que

    sont

    les

    syndicats,

    les

    entreprises

    et

    l'tat.

    Il

    en rsulte une

    grande confiance

    des

    salaris

    dans la formation

    dispense

    par les entreprises : la

    trs grande

    majorit

    des

    jeunes

    salaris allemands

    passent

    dans ce dispositif, durant lequel ils accept

    ent 'tre pays

    comme

    des apprentis

    c'est--dire

    beaucoup moins que

    le

    niveau auquel

    leur

    formation

    gnrale pourrait leur permettre de prtendre. Enfin,

    une

    majorit

    de formations sont sanctionnes par

    des diplmes reconnus au

    niveau

    national.

    Aux tats-Unis comme en Allemagne, le systme de

    formation continue est

    un

    peu

    l'image

    du systme

    de formation initiale,

    en

    l'occurrence flexible, vari,

    compltement dcentralis. Cependant, le

    systme

    amricain n'a

    pas

    de

    vritable pouvoir

    de

    certifica

    tion.

    ux

    dbuts

    des annes

    quatre-vingt-dix,

    le

    nombre de salaris

    amricains

    forms

    chaque

    anne

    est

    toutefois

    deux

    fois

    plus

    faible qu'en France

    et

    c'est

    actuellement

    un

    sujet

    de

    proccupation

    pour

    les Amricains de trouver

    un

    cadre

    institutionnel

    sus

    ceptible

    d'encourager les entreprises

    davantage

    former

    leurs

    employs.

    Au

    Japon,

    les

    relations

    entre

    salaris

    et

    employeurs

    sont traditionnellement beaucoup

    plus

    stables

    qu'aux tats-Unis. Le rendement salarial de l'ancien

    net

    st peu prs quatre

    fois

    plus

    grand

    au Japon

    qu'aux

    tats-Unis : les

    employs sont

    donc

    peu

    incits

    changer d'entreprise en cours de carrire.

    Et les entreprises ne sont gure

    dissuades

    de former

    intensivement leurs

    salaris tout au

    long

    de leur car

    rire d'une faon souvent

    informelle.

    La formation

    continue

    est

    pour

    l'essentiel

    prise en main par

    les

    seniors

    de l'entreprise.

    En

    Grande-Bretagne,

    jusqu'au dbut des annes

    quatre-vingt, les

    structures

    de formation professionn

    elle

    nt

    permis

    une

    partie importante

    des

    jeunes

    de

    suivre

    une

    formation

    continue ou

    d'entrer en

    ap

    prent iss ge : instaurs en 1964, les comits de

    formation de l'industrie {Industrial Training Boards)

    avaient en

    charge

    la

    promotion du dveloppement

    des

    qualifications

    de

    la

    main-d'uvre et ont

    fort

    ement contribu l'expansion des structures de

    formation et d'apprentissage, grce

    d'importants

    soutiens financiers.

    Le fonctionnement

    des

    ITB

    se

    rvlait

    assez

    proche

    du modle germanique,

    crant

    un

    lien

    fort

    entre les entreprises et les coles. Sup

    prims

    au

    cours des annes quatre-vingt,

    les

    ITB

    ont t

    remplacs par

    le

    programme Youth Training

    Scheme,

    construit sur le

    modle

    amricain. ap

    prentis s age

    et

    la

    formation

    en

    entreprise ont ds lors

    beaucoup

    diminu

    en

    Angleterre

    (Blanchflower

    etLynch,

    1994).

    42 CONOMIE ET STATISTIQUE N 306,

    1997-6

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    les dpenses en formation continue ont un im

    pact

    significatif

    et

    positif sur

    la productivit des

    entreprises, ds lors

    que

    cette

    dpense

    est

    volontaire,

    c'est--dire au-del du

    seuil

    impos

    par la

    rglementation.

    La

    source statistique

    uti

    lise

    par

    ces deux auteurs reste cependant

    trs

    fragile,

    une

    partie

    des employeurs

    ne

    dclarant

    leurs efforts de formation qu' hauteur du min

    imum

    requis

    par

    la loi (Delame et Serfaty,

    1990).

    Par ailleurs, Goux (1994)

    montre

    qu' niveau

    de formation donn et

    exprience

    gale, les

    salaris ayant reu

    une

    formation entre 1988 et

    1993 reoivent, en moyenne en 1993, un salaire

    environ 10 plus lev que les autres. Aux

    tats-Unis, les tudes disponibles

    valuent

    galement 5-10 , les diffrences de salaires

    une date donne

    entre

    salaris

    forms

    et

    non

    forms. Les

    valuations sont assez remarqua

    blement proches pour

    des pays comme

    le

    Royaume-Uni,

    la

    Hollande ou

    l'Australie (pour

    une revue

    de

    ces rsultats,

    voir

    Lynch, 1994).

    Cependant,

    la

    plupart

    des tudes existantes n e

    dterminent

    pas dans

    quelle

    mesure les diff

    rent ie ls salariaux refltent

    l'impact

    rel de la

    formation

    continue

    ou

    s'ils

    signifient que

    seuls

    ont

    eu

    accs cette prestation ceux qui,

    avant

    mme la formation, taient dj

    jugs

    plus eff

    icaces

    dans

    leur

    travail.

    De

    mme,

    aucune

    tude

    ce jour ne permet de faire le dpart entre le

    bonus

    salarial

    propre de la formation continue

    et la

    gnrosit

    salariale particulire des entre

    prises

    qui consentent le plus grand effort de fo

    rmation.

    Les

    salaris bnficiant de formation

    continue

    sont

    mieux pays que la moyenne des

    salaris,

    mais

    sont-ils

    mieux

    pays

    que leurs

    collgues d'entreprise

    n'ayant

    pas suivi

    de fo

    rmation

    ?

    Les

    donnes issues

    de l'enqute

    Formation et Qualification

    Professionnelle

    (FQP) permettent d'apporter quelques l

    ments de rponses originaux ces questions.

    de

    s'affranchir

    d'une bonne partie de l'ambi

    gut

    ffectant

    les valuations s' appuyant

    sur

    de simples photographies

    des

    individus,

    une

    date

    donne,

    aprs

    leur

    passage dans le dispositif.

    Ainsi parmi

    les

    salaris n'ayant pas chang

    d'entreprise

    entre

    1988

    et

    1993, une personne

    ayant bnfici de

    formation

    continue sur

    cette

    priode gagne,

    en

    moyenne,

    en 1993,

    5

    de plus qu'un salari qui tait dans la mme

    situation en 1988

    (mmes

    diplme, secteur

    d'activit,

    mtier,

    exprience professionnelle,

    anciennet,

    etc.), mais qui n'a bnfici ensuite

    d' aucune formation de la

    part

    de son

    employeur

    (cf. tableau

    1)(1).

    Un impact

    de 5

    se

    situe

    dans

    la

    fourchette

    habituelle

    des valuations

    ralises

    au

    niveau

    international

    partir

    de

    donnes comparables.

    Comparant les salaires reus 25

    ans

    par un

    chantillon

    de

    jeunes

    amricains avec

    ceux

    qu'ils

    recevaient

    20 ans, Blanchflower et

    Lynch (1994) constatent un avantage

    de

    12

    pour

    ceux qui ont

    reu une formation

    compl

    mentaire de

    la

    part de

    leur entreprise.

    tudiant

    l'volution

    des rmunrations des

    salaris all

    emands sur la priode

    1986-1989, Pischke

    (1996)

    constate

    que

    les

    hommes

    (resp. les

    fem

    mes) ayant bnfici d'une formation

    reoivent

    environ 2

    (resp.

    5 ) de plus que

    les autres.

    Mme

    s'il

    reste

    dans la

    fourchette habituelle,

    un bonus de

    5

    est

    assez considrable : il

    est

    du mme ordre de grandeur que l'impact sur le

    salaire d'une demi-anne

    complte

    de scolarit

    (Goux

    et

    Maurin, 1994)

    alors que

    les actions

    de

    formation continue ne durent gnralement pas

    plus d'une

    semaine.

    Il est mme tellement

    considrable que

    l'on est encore fond se

    demander s'il

    reflte

    l'impact rel de la

    forma

    tionontinue

    ou s'il ne traduit pas l'effet

    de

    mcanismes

    cachs

    expliquant simultanment

    les

    salaires et la formation continue.

    Un

    impact apparent

    important

    sur

    les

    salaires

    L'un des premiers atouts de l'enqute FQP

    tient

    dans la connaissance qu'elle donne de la situa

    tion des salaris

    non

    pas seulement en 1993,

    mais

    galement en 1988,

    cinq ans

    plus

    tt

    (cf.

    encadr 2).

    Ces

    informations permettent

    d'tu

    dier

    'impact

    des actions de formation menes

    entre 1988 et

    1993

    sur des

    sous-populations

    dont

    les

    membres taient

    dans

    une situation

    similaire avant leur

    passage ventuel

    dans le

    dispositif

    de formation.

    L'enqute

    permet ainsi

    Un

    effet

    propre

    diminu de

    moiti en

    tenant compte des pratiques salariales

    Supposons par exemple qu'une

    politique

    ambit

    ieuse de formation continue et des salaires

    le

    vs soient des choix communs aux entreprises

    les plus

    innovantes

    des diffrents secteurs d ac

    tivit. Dans

    ce

    cas de figure, le bonus salarial

    dont semblent bnficier les salaris

    forms

    au

    /.

    Les modles conomtriques

    utiliss

    sont prsents dans

    l'encadr 3.

    CONOMIE ET STATISTIQUE N 306,

    1997-6

    43

  • 7/23/2019 article_estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571.pdf

    7/18

    Tableau

    1

    Impact

    de la formation continue sur

    les

    salaires

    Variable

    explique : Logarithme du

    salaire

    de 1993

    Variable explicative

    Constante

    Lieu

    de rsidence

    -

    Paris

    -

    Province

    Taille

    de

    l'entreprise

    de

    1988

    - 0

    9

    salaris

    1 0

    49

    salaris

    50

    499

    salaris

    -

    500 salaris

    ou

    plus

    -

    Inconnue

    Profession en 1 988

    Cadre

    -

    Profession intermdiaire

    -

    Employ administratif

    - Employ de

    commerce

    ou

    de

    services

    -

    Ouvrier

    qualifi

    - Ouvrier

    non

    qualifi

    Sexe

    -

    Homme

    -

    Femme

    Exprience en

    1

    988

    (Exprience

    en

    1988)2*10-2

    Anciennet

    en 1988

    (Anciennet

    en

    1988)2*10-2

    Diplme

    dont:

    Sans diplme

    CAP,

    BEP

    ou

    quivalent

    Baccalaurat

    -

    Grande

    cole

    A reu

    une

    formation

    en

    entreprise

    entre 1 988 et

    1993

    R2

    Nombre de

    paramtres

    Nombre

    d'observations

    Hommes

    11,239

    (0,041)

    rf.

    -0,119 (0,014)

    -0,094 (0,017)

    -0,050 (0,018)

    -0,005 (0,016)

    rf.

    0,014

    (0,059)

    0,698 (0,028)

    0,308 (0,023)

    0,191

    (0,026)

    0,168 (0,053)

    0,101 (0,020)

    rf.

    :

    0,020 (0,003)0,037 (0,006)

    0,005 (0,003)

    -0,002

    (0,008)

    -0,146 (0,017)

    rf.

    0,087 (0,026)

    0,385

    (0,037)

    0,045 (0,013)

    0,532

    43

    3

    263

    Femmes

    10,984 (0,048)

    rf.

    -0,129 (0,016)

    -0,027

    (0,019)

    -0,018

    (0,023)

    0,012 (0,019)

    rf.

    -0,045

    (0,60)

    0,716 (0,040)

    0,464 (0,030)

    0,280 (0,026)

    -0,015 (0,030)

    0,142 (0,036)

    rf.

    :

    0,014 (0,003)0,036 (0,006)

    0,005 (0,004)

    0,014

    (0,009)

    -0,074

    (0,023)

    rf.

    0,055 (0,027)

    0,489

    (0,086)

    0,034 (0,015)

    0,507

    43

    2

    489

    Ensemble

    11,029

    (0,031)

    rf.

    -0,120 (0,010)

    -0,061 (0,012)

    -0,038 (0,014)

    0,001 (0,012)

    rf.

    -0,026 (0,042)

    0,711

    (0,023)

    0,369 (0,018)

    0,231 (0,018)

    -0,027

    (0,023)

    0,126 (0,017)

    rf.

    0,164

    (0,010)

    rf.

    0,017 (0,002)

    -0,037 (0,004)

    0,005 (0,002)

    0,005 (0,006)

    -0,122 (0,014)

    rf.

    0,078 (0,019)

    0,410

    (0,034)

    0,040 (0,010)

    0,534

    44

    5

    752

    Note :

    les autres

    variables

    explicatives

    sont

    la

    nationalit (franaise, trangre), le secteur d'activit de l'entreprise de 1988 (NAP15) et

    le

    diplme

    (15

    indicatrices).

    Les

    carts-types

    sont

    ndiqus

    entre

    parenthses.Champ

    :

    salaris

    en

    1988

    et en

    1993,

    n'ayant

    pas

    chang

    d'entreprise.

    Source

    enqute

    FQP 1993 (Insee).

    44 CONOMIE ET

    STATISTIQUE N 306, 1997-6

  • 7/23/2019 article_estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571.pdf

    8/18

    sein des diffrents secteurs d'activit n'est que

    le reflet des pratiques salariales particulire

    ment

    avorables aux travailleurs dans certaines

    entreprises. Il ne

    doit

    rien en

    propre

    au disposit

    if

    e formation lui-mme.

    Pour

    tester

    ce

    type

    d'hypothse,

    il

    faut

    pouvoir

    comparer les rmunrations de salaris

    forms

    et non forms appartenant

    non

    seulement au

    mme

    secteur, mais appartenant galement la

    mme entreprise.

    C'est cette seule condition

    que

    l'on peut

    avoir une

    chance d'valuer

    l'effet

    propre

    de la

    formation continue.

    ce

    jour

    aucune

    tude ne

    s'est

    encore

    livre

    ce

    genre

    de

    comparaisons.

    La diversit intrinsque

    des

    politiques

    salariales des entreprises est

    pour

    tant

    de mieux

    en mieux tablie

    et il semble de

    plus

    en

    plus hasardeux de la ngliger (Abowd

    et

    al,

    1996

    ;

    Goux etMaurin,

    1996).

    L encore, l'enqute FQP

    1993

    apporte quel

    ques

    clairages

    originaux

    puisque

    son

    proto

    cole prcisment permis de

    reconstituer

    le

    numro

    d'identit de l'entreprise

    employeuse

    pour 80 des personnes enqutes. S

    agissant

    des personnes n'ayant

    pas

    chang d'entreprise

    entre 1988 et 1993, plus de

    3 500

    entreprises

    peuvent

    ainsi

    tre identifies. Parmi

    elles,

    plus

    de

    500 emploient

    au moins deux salaris de

    l'chantillon

    de l'enqute FQP, pour un

    total

    de

    plus de

    1

    800 observations. Trs rare, ce type de

    donnes permet de comparer les rmunrations

    de

    salaris forms et

    de

    salaris

    non

    forms

    appartenant aux mmes entreprises.

    Lorsqu'on

    reproduit

    sur

    ce sous-chantillon

    l'analyse conomtrique prcdente

    (c'est--

    dire

    sans

    prendre en compte l'information

    sur

    l'identit des employeurs),

    l'impact salarial

    de

    la formation continue est de

    nouveau

    valu

    4-5 ,

    soit

    le

    mme

    bonus apparent que celui

    obtenu

    sur

    l'ensemble

    de

    l'chantillon. En

    r

    evanche lorsque sur ce mme sous-chantillon

    on neutralise la

    diversit

    des politiques

    salaria

    les

    es entreprises (en

    utilisant

    l'information

    spcifique

    contenue dans FQP),

    le

    bonus sala

    rial ombe

    2 . En d'autres

    termes,

    la prise

    en

    compte

    de

    l'htrognit

    des

    pratiques

    sala

    riales

    conduit rvaluer la baisse l'impact

    salarial propre

    la

    formation continue

    : entre

    deux salaris appartenant la mme entreprise,

    ayant le mme niveau de formation

    initiale

    et la

    mme situation professionnelle en

    1988,

    l'un

    ayant

    bnfici

    de formation continue, l'autre

    pas, l'cart

    moyen

    de rmunration en 1993

    n'est

    pas

    de

    5

    , mais moiti plus faible (cf. t

    ableau

    2,

    ligne

    2). La moiti des carts de

    rmu

    nrations attribus habituellement

    (c'est--dire

    Tableau 2

    Impact de la formation continue sur

    les

    salaires

    Modles

    avec effets fixes

    entreprises

    et prise en

    compte

    des effets de slection

    Modle

    MCO

    Effets fixes

    entreprises

    Effets fixes entreprises et correc

    tion

    e

    la

    slection

    dans la

    format

    ion

    MCQG)

    Nombre d'entreprises

    Taille de l'chantillon

    Niveau de

    formation

    CEP

    ou

    sans

    diplme

    0,150 (0,040)

    0,080 (0,042)

    -0,099

    (0,176)

    118

    367

    CAP, BEP,

    BEPC

    ou quivalent

    0,009 (0,022)

    0,000 (0,023)

    -0,103 (0,102)

    156

    541

    Suprieur ou

    gal

    au baccalaurat

    0,037 (0,039)

    0,022 (0,046)

    0,006

    (0,174)

    112

    360

    Ensemble

    (hommes

    et

    femmes)

    0,050 (0,015)

    0,021

    (0,016)

    -0,036

    (0,084)

    507

    1 819

    Lecture : chaque

    coefficient

    correspond

    une

    rgression. Les autres variables

    explicatives

    sont l'exprience en 1988 et

    son

    carr, l a

    n cienn et en 1988 et son

    carr, la

    nationalit (franaise.trangre), le lieu de rsidence en 1988 (Paris, Province), le

    secteur

    d'activit de

    l'entreprise de 1988 (NAP15), la taille de l'entreprise de 1988 (5 indicatrices), la

    catgorie

    socioprofessionnelle en 1988 (6 postes) et un

    ratio

    caractrisant la participation

    la formation. Dans la rgression sur

    l'ensemble

    des hommes et

    femmes, on a

    ajout

    le

    diplme (15

    indicatrices). Les carts-types

    sont

    indiqus entre

    parenthses.

    La slection

    dans les stages

    de

    formation continue

    est modlise par un modle Probit.

    Les

    variables

    explicatives

    sont

    la

    nationalit

    (franaise,

    trangre), le

    type d'unit urbaine du lieu de rsidence en 1988 (5 indicatrices),

    le

    nombre

    d'enfants pour

    les

    femmes

    (sans,

    un,

    deux et

    plus), le

    sexe crois avec

    le

    secteur d'activit de l'entreprise de 1988 (NAP15),

    le

    sexe crois avec la catgorie socioprofes

    sionnelle

    e 1988 (6

    postes), le

    sexe crois avec

    le

    diplme (6 diplmes),

    le

    sexe crois avec l'exprience

    en

    1988 et

    son

    carr,

    le

    sexe

    crois

    avec

    la

    taille

    de l'entreprise de

    1988 (5

    tailles)

    et le

    sexe crois

    avec

    une

    activit

    temps

    partiel.

    Champ

    salaris

    en

    1988

    et en

    1993

    qui n'ont

    pas

    chang

    d'entreprise. L'chantillon

    est

    restreint

    aux

    rpondants

    dont

    l'entreprise

    est

    identifie

    d'une

    part, et

    pour

    lesquels

    un

    autre

    employ

    de

    l'entreprise

    est

    galement

    prsent

    dans

    l'chantillon

    de

    l'enqute

    d'autre part

    (autre employ ayant

    le

    mme

    niveau

    de formation

    pour

    les

    trois

    premires

    colonnes

    du

    tableau).

    Source : enqute FQP 1993

    (Insee).

    CONOMIE ET STATISTIQUE N 306, 1997-6 45

  • 7/23/2019 article_estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571.pdf

    9/18

    Encadr

    2

    L'ENQUTE FQP

    1993

    ET LA FORMATION

    CONTINUE

    Les donnes sur lesquelles s'appuie

    cette tude

    sont

    issues

    de

    la dernire enqute

    sur

    la

    Formation et

    la

    Qualification Professionnelle

    (FQP) ralise par

    l'Insee

    en

    1993.

    Cette

    enqute

    a

    t

    mene

    auprs

    d'un

    chantillon de

    18

    000

    individus

    reprsentatifs de

    la

    population de

    20

    64

    ans

    rsidant

    dans des

    mnages

    ordinaires situs

    en

    France mtropolitaine.

    Les

    person

    nessidant

    dans

    des foyers,

    en

    prison ou

    sans

    abri au

    moment

    de l'enqute sont en dehors du champ. L'en

    qute permet de disposer de l'ensemble des

    variables

    habituellement prsentes dans la

    plupart

    des enqutes

    menes par l'Insee :

    ge,

    sexe, nationalit, situation mat

    rimoniale nombre d'enfants,

    niveau

    de

    formation

    initiale.

    Pour

    les actifs et anciens

    actifs,

    ces informations sont

    compltes

    par

    la date

    d'entre

    sur

    le

    march

    du travail,

    la situation professionnelle (chmage

    ou emploi),

    la

    pro

    fession

    exerce (nomenclature

    PCS

    en

    455

    postes), la

    taille de l'entreprise

    employeuse

    et

    le

    secteur d'activit

    (nomenclature en

    600

    postes) au

    moment

    de l'enqute.

    Pour

    les chmeurs et les anciens

    actifs,

    les informa

    tions

    ortent

    sur la dernire profession, la

    dernire

    entreprise et

    le

    dernier secteur d'activit frquent.

    L'enqute

    permet

    galement

    de reconstituer

    la

    situation

    vis--vis

    du march du

    travail

    cinq

    ans avant

    l 'enqute

    (en l'occurrence

    1

    988) ainsi que,

    le cas

    chant, la

    pro

    fession

    exerce, la

    taille

    et

    le

    secteur de l'entreprise

    laquelle

    l'individu appartenait cette date. Ces informa

    tionsont de

    l 'enqute

    FQP

    un outil

    privilgi d'analyse

    de

    la mobilit

    professionnelle.

    L'enqute

    FQP est

    aussi l'une

    des trois

    sources es

    sentielles

    avec

    les

    dclarations

    administratives

    obligatoires

    des entreprises

    (formulaire

    fiscal 2483)

    et

    celles

    des

    organismes

    conventionns,

    qui

    permett

    ent

    'valuer

    le

    dispositif

    de

    formation

    continue

    en

    France. Elle est

    la seule

    qui

    permette

    de

    reprer

    et

    d'analyser le nombre de salaris passant

    dans

    le dis

    positif sur une priode

    de temps donne. Les

    autres

    sources

    disponibles

    correspondent

    aux

    dclarations

    des

    institutions

    dispensant ou finanant la formation

    et

    ne

    comptabilisent

    que

    les stages dispenss (et

    non

    pas les stagiaires).

    Les rpondants l'enqute FQP dclarent

    s'ils

    ont

    reu

    une formation

    au

    cours

    des

    cinq dernires

    annes.

    Le cas chant, ils

    indiquent

    la date et

    la

    dure de

    la dernire formation reue ainsi que

    le

    domaine sur

    lequel portait l'effort de formation (nomenclature de

    spcialits

    en

    9

    postes).

    Une des originalits du

    questionnaire de

    1993

    est

    qu'il permet d'identifier le numro Sirne de l em

    ployeur

    en

    1993

    et

    en

    1988. Le questionnaire permet

    ainsi de

    dterminer

    si le

    salari

    a

    chang d em

    ployeur

    depuis

    le

    moment

    o

    il

    a reu

    sa dernire

    formation.

    Le tableau suivant prsente quelques

    statistiques

    dcrivant l'accs au dispositif de formation continue

    tel

    que

    le

    repre l'enqute FQP.

    L'effort

    de

    formation

    continue

    augmente avec

    la

    taille

    de l'entreprise

    En

    Salaris

    ayant suivi une formation

    continue

    en entreprise

    entre

    1 988

    et

    1 993

    Taillede

    l'entreprise

    de 1993

    09

    salaris

    1049

    salaris

    50 499

    salaris

    500

    salaris

    ou

    plus

    Ensemble

    priv

    Public Ensemble

    Sexe

    -

    Homme

    - Femme

    17,6

    18,5

    20,9

    23,5

    32,6

    24,4

    41,0

    36,7

    26,6

    23,8

    34,5

    31,6

    28,1

    26,3

    Catgorie socioprofessionnelle en 1988

    Cadre

    Profession

    intermdiaire

    Employ

    administrat if et

    du

    service

    public

    Employ

    de

    commerce

    et

    service

    -

    Ouvrier qualifi

    Ouvrier

    non

    qualifi

    18,8

    28,1

    26,6

    8,0

    11,0

    4,4

    33,1

    30,631,2

    15,0

    13,2

    10,2

    47,1

    42,631,8

    18,5

    25,1

    10,9

    47,3

    52,738,0

    20,6

    27,8

    21,9

    33,4

    38,230,6

    12,4

    18,4

    10,4

    33,2

    42,635,4

    15,4

    21,9

    5,9

    33,3

    39,5

    32,1

    13,1

    18,7

    9,8

    Diplme

    -

    Suprieur baccalaurat

    + 2

    ans

    - Baccalaurat

    + 2

    ans

    Baccalaurat

    ou quivalent

    CAP, BEP

    ou quivalent

    - BEPC

    seul

    - CEP ou sans diplme

    17,7

    26,3

    30,8

    17,6

    28,9

    8,7

    41,8

    37,5

    30,8

    21,7

    27,2

    12,0

    43,3

    45,3

    46,6

    31,7

    34,2

    16,5

    46,9

    55,1

    52,5

    38,8

    41,2

    25,5

    32,1

    40,7

    38,9

    25,9

    31,6

    14,2

    32,0

    50,9

    40,7

    33,0

    39,9

    15,5

    32,1

    44,2

    39,5

    27,1

    33,9

    14,4

    Ensemble 18,0 21,8 29,4 39,5 25,5 32,9 27,3

    Champ

    :

    salaris

    en

    1988

    et

    1993,

    gs

    de

    20

    64 ans.

    Source :

    enqute

    FQP 1993 (Insee).

    46 CONOMIE ET

    STATISTIQUE N 306, 1997-6

  • 7/23/2019 article_estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571.pdf

    10/18

    lorsque

    l'employeur n'est pas identifi) la

    fo

    rmation continue traduisent ainsi

    l'existence de

    pratiques

    salariales gnreuses dans les entre

    prises qui

    fournissent

    par ailleurs

    l'effort

    de

    formation le plus soutenu.

    D'aprs

    plusieurs analyses

    complmentaires

    menes

    sur

    des

    sous-chantillons de salaris

    dfinis par

    leur

    niveau de formation initiale,

    c' est

    au sein de la

    population

    la

    moins

    diplme

    que l'effet de la formation continue

    est

    le plus

    perceptible. Pou r deux salaris

    sans

    diplme

    appartenant la mme entreprise et

    ayant

    la

    mme

    situation professionnelle en 1988, celui

    des deux qui bnficie d'une

    formation

    conti

    nuentre 1988

    et

    1993

    reoit

    en moyenne

    8

    de plus que son

    collgue

    non

    form. Pour

    les diplms, les impacts salariaux sont plus

    faibles,

    et

    statistiquement

    non diffrents

    de

    zro.

    Les

    entreprises forment

    les salaris

    qu'elles jugent les meilleurs

    Pour

    bien valuer un dispositif

    comme celui

    de

    la formation continue, il

    faut

    tenir

    compte du

    fait que les

    meilleures

    entreprises, du

    point

    de

    vue

    du

    niveau

    des

    salaires, sont galement

    celles qui

    forment le

    plus. Il

    faut

    galement

    se

    demander si les

    meilleurs

    salaris,

    aux

    yeux

    de

    l'entreprise, ne

    sont

    pas

    ceux qui

    ont

    simul

    tanment le

    plus de chances d'tre

    les

    mieux

    pays d'une

    part

    et de bnficier des stages de

    formations

    complmentaires

    d'autre

    part.

    Supposons que

    les

    divers employeurs slec

    tionnent

    les

    futurs bnficiaires de

    formation

    continue au sein de leur propre main-d'uvre

    selon des critres en partie non mesurs dans

    les

    enqutes et que ces

    critres

    de slection non

    mesurs (la sant, la force physique, l'intell

    igence, tc.) sont

    galement

    des dterminants de

    la

    rmunration des

    salaris.

    Sous ces

    hypoths

    ese bonus salarial dont semblent

    bnficier,

    au sein de

    leur

    entreprise, les salaris forms

    n'est

    pas d en propre la formation continue,

    mais

    plus simplement toutes leurs qualits

    non mesures

    dans les enqutes

    qui

    expliquent

    simultanment

    leur

    slection dans le dispositif

    et leur

    salaire

    lev.

    Pour

    tester ce type d'hypothse

    et

    amliorer la

    qualit

    des

    diagnostics,

    il

    est

    d'usage de proc

    dern deux tapes : dans un premier temps,

    on

    ajuste

    un

    modle

    dcrivant

    la slection dans

    le

    dispositif

    tudi,

    en l'occurrence le

    dispositif

    de

    formation

    continue (cf. tableau 3). Cette

    analyse

    prliminaire permet

    d'valuer, pour

    chaque salari,

    les qualits non

    mesures qui

    ont favoris (ou frein) sa

    slection

    dans le dis

    positif tudi

    (2).

    Dans une

    seconde

    tape, on

    restreint les

    comparaisons de salaire des indi

    vidus ayant non

    seulement

    des caractristiques

    observes

    identiques (diplme,

    exprience,

    etc.),

    mais

    proches galement du

    point

    de vue

    des

    caractristiques non

    mesures estimes (cf.

    encadr

    3

    pour

    une

    prsentation plus

    dtaille

    du modle

    conomtrique).

    En procdant

    ainsi deux

    rsultats intres

    sants

    pparaissent

    :

    d'une

    part, la variable

    qualit

    non

    mesure

    constitue bien

    un

    dte

    rminant

    part entire

    des rmunrations obser

    ves d'autre part, qualit

    non

    mesure

    gale, aucune diffrence entre les rmunrat

    ions

    eues

    par

    les

    salaris

    forms

    et

    ceux qui

    ne le sont pas, mme chez les

    sans

    diplme,

    n'est discernable (cf. tableau 2, ligne 3).

    Au total, l'essentiel des diffrences de salaire

    observes une date donne entre les person

    nels

    orms et

    les

    non forms

    au sein des diff

    rentes

    entreprises

    est

    d pour

    moiti au

    fait

    que

    les entreprises formant le

    plus

    sont galement

    celles

    qui pratiquent

    les salaires les

    plus

    levs

    (effet

    de

    composition),

    et pour

    moiti des

    fac

    teurs

    expliquant simultanment la

    slection

    dans le

    dispositif de

    formation continue

    et

    le

    niveau

    de rmunration

    individuel

    (effet

    de

    slection).

    De tels

    rsultats invitent

    d'ores et dj

    relativiser

    la porte des valuations

    accordant

    un rle significatif la formation

    continue

    dans

    les

    mcanismes de formation des salaires.

    Ds

    l'instant o la

    formation

    est finance par

    les

    employeurs et accrot

    les

    seules comptences

    dont ils ont spcifiquement besoin, il n'est

    gure surprenant

    qu'elle

    ne contribue pas part

    iculirement accrotre

    les

    salaires. Spcifique,

    elle n'augmente pas la valeur du salari

    l'extrieur de son

    entreprise (et

    ne contraint

    donc

    pas

    cette

    dernire lui

    verser

    un

    salaire

    particulirement

    lev pour le retenir).

    Finan

    ce ar

    l'employeur, elle

    ne justifie,

    par

    ailleurs, aucune compensation

    particulire

    de

    sa

    part.

    2. Dans cet article, pour

    ne pas

    compliquer l'approche, nous

    supposons que les facteurs inobservs expliquant la mobilit

    interentreprises

    sans

    expliquer

    la

    formation

    sont

    exognes.

    L'exognit des

    dterminants

    propres

    de

    la mobilit

    est

    tudie dans Fougre,

    Goux

    et Maurin (1997) oudans

    Goux

    et

    Maurin

    (1997).

    CONOMIE ET

    STATISTIQUE N

    306,

    1997-6

    47

  • 7/23/2019 article_estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571.pdf

    11/18

    Les salaris

    forms

    quittent

    rarement

    leur employeur

    Les

    valuations prcdentes portent

    sur

    la

    fo

    rmation continue

    comme instrument

    de promot

    ion alariale au sein

    des

    entreprises dans

    lesquelles

    on

    la reoit. En

    effet,

    pour

    viter

    toute

    ambigut

    dans la lecture

    des rsultats,

    seuls

    les

    salaris qui n'avaient

    pas

    chang

    d'employeur

    entre

    1988 et

    1993

    ont

    t

    retenus.

    Ces

    valuations laissent

    donc

    entire

    la

    ques

    tionde la formation continue

    comme

    atout dont

    les salaris peuvent

    tirer

    parti chez d'autresem

    ployeurs que ceux

    qui

    les ont

    forms.

    La format

    ionontinue favorise-t-elle la

    carrire de

    ceux

    qui changent d'employeur

    aprs

    avoir

    t fo

    rms

    ?

    L'enjeu

    que

    reprsente

    le

    dispositif

    de

    formation

    continue

    pour les

    employeurs et

    leurs salaris

    dpend

    beaucoup de

    la rponse

    cette question.

    Tableau 3

    L'accs au dispositif

    de

    formation continue

    Variable

    explique

    : avoir

    suivi une.formation continue

    en entreprise

    entre

    1988

    et

    1993

    Variable explicative

    Constante

    Taille

    de

    l 'entreprise

    de

    1988

    0

    9

    salaris

    -

    1

    0

    49

    salaris

    -

    50

    499

    salaris

    -

    500

    salaris ou

    plus

    -

    Inconnue

    Catgorie socioprofessionnelle en 1988

    - Cadre

    -

    Profession intermdiaire

    -

    Employ

    Administratif

    - Employ de

    commerce ou

    de

    services

    - Ouvrier

    qualifi

    - Ouvrier

    non

    qualifi

    Exprience

    en

    1988

    (exprience en

    1988)2*10-2

    Anciennet

    en 1988

    Diplme

    -

    Suprieur

    baccalaurat

    + 2

    ans

    - Baccalaurat

    + 2

    ans

    -

    Baccalaurat

    ou

    quivalent

    -

    CAP, BEP ou quivalent

    -

    BEPC

    seul

    -

    CEP ou sans diplme

    -2LogL/Lo

    Nombre

    de

    paramtres

    Nombre

    d'observations

    -1,72 (0,78)

    Hommes

    -

    0,50

    (0,22)

    - 0,36

    (0,25)

    0,03 (0,21)

    rf.

    - 0,63 (0,90)

    0,58

    (0,41)

    0,75

    (0,35)

    0,74 (0,38)

    0,62 (0,77)

    0,35 (0,32)

    rf.

    0,011 (0,035)

    - 0,08 (0,08)

    0,017

    (0,013)

    0,08

    (0,39)

    0,46

    (0,38)

    0,40 (0,29)

    0,24 (0,21)

    0,16 (0,33)

    rf.

    Femmes

    -

    0,26

    (0,25)

    -0,11 (0,32)

    0,00 (0,27)

    rf.

    0,04

    (0,84)

    0,03 (1,22)

    0,15

    (1,16)

    0,02

    (1,13)

    -0,24 (1,17)

    -0,44

    (1,24)

    -0,89

    (1,21)

    0,021

    (0,042)

    -0,09

    (0,10)

    0,017

    (0,016)

    0,26

    (0,52)

    0,50

    (0,40)

    0,35

    (0,34)

    0,25 (0,29)

    0,26 (0,36)

    rf.

    84,2

    71

    5

    910

    Lecture :

    les

    autres

    variables

    explicatives

    sont

    la

    nationalit franaise, trangre), le

    lieu de

    rsidence en 1988 Paris,

    province),

    le type

    d'unit urbaine

    du

    lieu de rsidence en 1988 (5 types), le

    nombre

    d'enfants pour

    les femmes

    (sans, un,

    deuxetplus),

    le secteur d'activit

    de l'entreprise de 1988

    (NAP15) crois

    avec

    le

    sexe et

    le

    travail temps partiel

    crois

    avec

    le

    sexe.

    Les carts-types sont indiqus entre

    parenthses.

    Champ

    :

    salaris

    en

    1988

    et en

    1993

    qui

    n'ont

    pas

    chang

    d'entreprise.

    Source:

    enqute

    FQP 1993 (Insee).

    48 CONOMIE

    ET STATISTIQUE N 306, 1997-6

  • 7/23/2019 article_estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571.pdf

    12/18

    Encadr 3

    MODLISATION CONOMTRIQUE

    L'impact de la formation

    continue

    sur les salaires

    Les modles

    de salaire estims dans

    cet

    article

    co

    rrespondent

    des

    analyses

    de

    la

    variance trs

    classiques. Le

    salaire

    w. de l'individu / est

    suppos

    dpendre

    de ses caractristiques mesures ainsi

    que

    de celles de son poste

    selon un

    modle multi

    plicatif standard

    :

    = Y

    5

    /i1988| + F, oc + e

    (1)

    o Yj reprsente les caractristiques permanentes

    de l ' individu / susceptibles

    d'expliquer

    son salaire

    (diplme, sexe,

    nationalit,

    gnration, etc.),

    Xj 1988 reprsente

    l'ensemble des

    variables caract

    ristiques de la situation professionnelle de / en

    1988

    et

    susceptibles

    d'expliquer

    sa

    carrire

    salariale

    ult

    rieure

    (exprience

    professionnelle, secteur,

    taille

    de

    l'entreprise,

    rgion,

    etc.)

    et

    F - une

    variable indica

    trice alant

    1 si le salari

    en question

    a

    reu une

    formation en entreprise entre

    1988

    et

    1993

    et

    0

    sinon.

    La qualit des estimations issues du modle (1)

    r

    epose

    sur l'hypothse d'exognit

    des dterminants

    inobservs du

    salaire F,-

    orthogonal e().

    Supposons maintenant

    que la

    slection des em

    ploys

    se fasse

    selon

    le processus

    suivant

    :

    F, =

    1

    si

    Z,y

    + u, >

    0

    F:

    =

    0

    sinon

    (2)

    o

    Uj

    est

    un dterminant inobserv suppos

    norma

    lement et

    identiquement

    distribu, tandis que Z(

    reprsente

    les variables observes

    susceptibles

    d'expliquer

    que

    le

    salari / ait t

    slectionn

    par

    son employeur

    pour

    suivre

    un

    stage de formation

    continue sur la priode 1988-1993 (son

    diplme, son

    sexe,

    son

    exprience professionnelle en 1988,

    son

    mtier

    cette

    date, ainsi

    que

    son secteur d'activit,

    la taille de son

    entreprise, etc.).

    Soit

    maintenant p le coefficient de

    la rgression

    de

    ,. sur

    ur

    Si

    l'entreprise

    a

    tendance

    slectionner,

    au

    sein

    de

    chaque

    grande

    catgorie

    de

    salaris,

    ceux

    dont

    elle

    juge

    le travail le plus

    efficace

    (c'est--dire p *

    0),

    alors le

    modle suivi par les

    rmunrations

    obser

    ves 'crit :

    Lfrvv

    /.1993

    /a

    +

    P (3)

    Dans ce

    cadre,

    l'estimation directe du modle

    (1)

    omet

    le

    terme

    endogne

    pu(. et

    se trouve potentie

    llement biaise,

    u t

    tant

    corrl avec

    F.. Par

    construction nous n'observons pas u,

    et

    ne

    pouvons

    l'introduire

    dans le

    modle, mais

    nous pouvons

    tirer

    parti de l 'estimation du

    modle

    (2) pour obtenir une

    prdiction de sa valeur

    pour

    les salaris

    forms

    d'une

    part

    et

    non forms

    d'autre

    part,

    c'est--dire

    une prdiction de la

    variable

    E(u/Ft), la seule

    dont

    la

    connaissance

    soit ncessaire l 'estimation

    du modle (3). Si l'on convient de noter y l'estima

    tion

    issue

    du

    modle

    (2)

    on peut en

    effet

    crire

    :

    q, =

    E(u/F,)

    = F^i + (1 -

    F,)ylt

    avec q>; =

    E(u/u, )

    -Z,y)

    et Vi

    =

    E{u/uj

  • 7/23/2019 article_estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571.pdf

    13/18

    Un premier lment de rponse se trouve dans

    la faiblesse des

    effectifs

    quittant

    leur

    em

    ployeur aprs avoir t forms : les salaris

    ayant

    chang

    d'entreprise

    entre 1988

    et

    1993

    aprs avoir suivi une formation ne reprsentent

    ainsi que 2,4 de

    l'ensemble

    des salaris

    ayant

    chang d'entreprise

    sur

    cette

    priode.

    En

    d au

    tres

    termes,

    au cours de ces cinq annes, il y a

    dix fois moins

    de bnficiaires de

    formation

    parmi

    les

    salaris mobiles que

    parmi ceux

    qui

    restent

    chez leur employeur.

    La

    formation

    continue s'adresse en

    premier lieu

    aux

    salaris

    les

    mieux insrs

    dans

    leur en treprise. En

    second lieu, lorsqu'on

    compare les

    salaires

    reus

    en

    1993

    par les

    individus ayant chang

    d'employeur

    aprs

    avoir t forms

    (et

    n'ayant

    pas

    reu de

    formation

    depuis) avec les salaires

    d'individus comparables (du

    point

    de vue de

    1988),

    ayant

    galement

    chang d'employeur,

    mais sans

    avoir

    t

    forms

    au

    pralable, aucune

    diffrence statistiquement

    significative

    n'appar

    at.u total, les salaris changeant d'entre

    prise

    prs avoir t

    forms par leur

    employeur

    sont trs

    peu

    nombreux et

    ne semblent pas

    bnficier

    d'avantages salariaux dans leur

    carrire

    ultrieure.

    Ces rsultats suggrent deux types

    d'interpr

    tation

    d'une part,

    la formation continue

    tant

    un

    capital

    susceptible

    d'tre monnay ailleurs

    que l o

    il a

    t

    reu, les entreprises

    rserve

    raienteurs actions formatrices

    ceux de leurs

    employs

    dont elles

    anticipent la fidlit ; d'autre

    part,

    les

    entreprises

    se concentreraient

    sur des

    actions de formation

    trs

    spcifiques, impossi

    bles

    valoriser ailleurs que sur le site o elles

    ont t reues et qui

    renforcent

    la qualit des

    liens employeurs/employs. Choisir

    entre

    ces

    deux

    hypothses ncessite d'analyser plus spci

    fiquement

    l'impact

    de

    la

    formation

    sur

    la

    mobilit.

    Tableau 4

    Impact

    de

    la formation

    continue

    sur

    la

    mobilit entre entreprises

    Variable

    explique

    : a

    chang

    d'entreprise entre 1 988

    et

    1 993

    Variables

    explicatives

    Constante

    Femme

    tranger

    Taille

    de

    l 'entreprise

    de 1988

    - 0

    9

    salaris

    -

    1

    0

    49 salaris

    -

    50

    499

    salaris

    Inconnue

    -

    500 salaris ou plus

    Nombre d'enfants en 1988

    -

    Un

    enfant

    -

    Deux enfants

    ou

    plus

    - Sans enfant

    Anciennet

    en 1988

    (Anciennet

    en

    1

    988)2*1

    02

    A suivi une formation

    entre

    1988

    et

    1993

    (avant

    mobilit)

    E(,)

    2LogL/Lo

    Nombre

    de paramtres

    Nombre

    d'observations

    Modle

    (1)

    0,604

    (0,227)

    -0,055 (0,107)

    0,177

    (0,219)

    0,240 (0,157)

    0,281 (0,176)

    0,190 (0,169)

    0,207 (0,511)

    -0,206 (0,147)

    -0,304 (0,125)

    -0,124 (0,026)

    0,225 (0,075)

    -1,132 (0,154)

    -

    181,1

    11

    8

    358

    Modle

    (2)

    0,589 (0,253)

    -0,054 (0,107)

    0,186

    (0,229)

    0,248 (0,168)

    0,288 (0,186)

    0,194 (0,171)

    0,216 (0,516)

    -0,204 (0,148)

    -0,302

    (0,126)

    -0,125 (0,027)

    0,226 (0,076)

    -1,080

    (0,425)

    -0,034 (0,256)

    181,1

    12

    8

    358

    Champ

    :

    salaris

    en

    1988

    et en 1993.

    Source

    enqute

    FQP 1993 (Insee).

    50 CONOMIE ET STATISTIQUE N 306,

    1997-6

  • 7/23/2019 article_estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571.pdf

    14/18

    La

    formation continue

    renforce

    la

    stabilit

    de

    l'emploi

    Pour valuer le rle de la

    formation continue

    sur la stabilit de

    l'emploi, il

    suffit de

    compar

    er,

    ur la priode

    1988-1993, les

    probabilits

    de

    changement d'entreprise des

    individus

    ayant

    bnfici de

    formation

    avec celles des indivi

    dusyant

    les

    mmes qualits

    observes, mais

    n'ayant

    pas

    reu de

    formation.

    Pour chacune des dates

    comprises

    entre 1988 et

    1993, l'enqute FQP permet

    d'identifier

    ceux

    qui

    ne recevront pas (ou plus)

    de

    formation

    aprs cette date. Parmi eux, elle permet ensuite

    de

    distinguer

    ceux qui

    ont reu

    une

    formation

    avant cette

    date

    d'une

    part,

    et ceux

    qui

    change

    ront'employeur aprs cette

    date

    d'autre part.

    En

    d'autres

    termes,

    les

    donnes

    disponibles

    rendent possible la comparaison des probabilits

    de

    quitter

    son employeur aprs une

    date

    donne

    selon que

    l'on

    a

    ou non

    suivi

    une

    formation

    avant cette date.

    Quand

    on

    pose

    le problme

    de

    cette

    faon,

    la

    fo

    rmation

    continue semble renforcer les

    liens entre

    employeur et employ : entre

    1988

    et

    1993, par

    miceux qui

    n'ont pas reu

    de formation de leur

    employeur

    une date donne,

    3 1 le

    quittent

    par

    la suite, contre

    seulement

    5 de ceux qui ont

    reu

    une

    formation

    avant

    cette

    date.

    Ce

    rsultat

    rsiste des

    investigations

    conomtriques plus

    pousses : situation observe comparable

    en

    1988,

    avoir t form augmente

    considrable

    menta probabilit de ne

    pas

    quitter son entre

    prise (cf. tableau 4). Toutes choses gales par

    ailleurs,

    la

    diffrence

    entre la mobilit d'un sala

    ri

    orm et celle d'un salari

    non

    form

    est

    par

    exemple plus importante que la diffrence exis

    tant entre un salari

    d'une

    entreprise de moins de

    50

    salaris et un salari

    d'une

    firme de plus de

    500

    employs. La diffrence form/non form

    appar

    at

    me comme

    nettement

    plus

    discriminante

    que les diffrences lies l'ge

    du

    salari (la mob

    ilit tant pourtant nettement

    plus forte

    en dbut

    de

    vie active), au diplme

    ou

    au

    type

    d'emploi oc

    cup

    (cf. tableau

    5).

    Tableau

    5

    Impact de

    la formation

    continue

    sur la mobilit

    des salaris

    selon

    le sexe et le niveau

    de

    formation

    Variable

    explique

    : avoir

    chang

    d'entreprise entre 1988

    et

    1993

    Variables explicatives

    Modle (1)

    Anciennet

    en 1988

    (Anciennet

    en 1

    988)2*1 02

    A suivi une

    formation

    entre

    1 Qftfi et 1

    QCn

    ?OO

    61 1 v7?7O

    (avant

    la

    mobilit)

    -2LogL/Lo

    Nombre de paramtres

    Nombre

    d'observations

    Modle (2)

    Anciennet en 1

    988

    (Anciennet

    en 1

    988)2*1 02

    A

    suivi

    une

    formation entre

    1988

    et

    1993

    (avant

    la mobilit)

    -2LogM_o

    Nombre de paramtres

    Nombre d'observations

    Sexe

    Homme

    -0,125 (0,034)

    0,229 (0,096)

    -1,153 (0,201)

    110,3

    10

    4

    803

    -0,126 (0,035)

    0,231

    (0,099)

    -1,119 (0,544)

    -0,022

    (0,327)

    110,3

    11

    4

    803

    Femme

    -0,120 (0,040)

    0,211 (0,120)

    -1,107 (0,239)

    71,3

    10

    3

    555

    -0,121 (0,042)

    0,212 (0,121)

    -1,085 (0,660)

    -0,014 (0,397)

    71,3

    11

    3

    555

    Diplme

    CEP

    ou

    sans

    diplme

    -0,109

    (0,044)

    0,170 (0,131)

    -1,041 (0,363)

    46,4

    11

    2

    686

    -0,116

    (0,045)

    0,183

    (0,133)

    -0,290 (1,195)

    -0,432

    (0,668)

    46,8

    12

    2

    686

    CAP,

    BEP,

    BEPC

    ou quivalent

    -0,136

    (0,041)

    0,272 (0,118)

    -1,013 (0,233)

    74,6

    11

    3163

    -0,133

    (0,045)

    0,264

    (0,123)

    -1,190 (0,858)

    0,110 (0,513)

    74,6

    12

    3163

    Suprieur

    ou gal

    au baccalaurat

    -0,123

    (0,051)

    0,225 (0,147)

    -1,314 (0,257)

    60,9

    11

    2

    509

    -0,123

    (0,054)

    0,225

    (0,153)

    -1,298

    (0,878)

    -0,011

    (0,543)

    60,9

    12

    2

    509

    Champ

    :

    salaris

    en

    1988

    et

    en 1993.

    Source :

    enqute

    FQP 1993 (Insee).

    CONOMIE

    ET STATISTIQUE N 306,

    1997-6

    51

  • 7/23/2019 article_estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571.pdf

    15/18

    En appliquant

    des mthodes

    en

    deux

    tapes

    similaires

    celles utilises

    pour

    mesurer l im

    pact sur

    les salaires, on vrifie que les personnels

    slectionns dans le

    dispositif de

    formation

    sont

    galement

    ceux qui ont

    le moins

    de chan

    ces

    e

    quitter leur employeur. Ces effets

    de

    slection

    sont

    toutefois

    trop

    faibles

    pour

    expli

    quer

    eux seuls l'impact propre

    trs

    important

    de la formation continue sur la stabilit de

    l'emploi.

    La formation continue

    rduit-elle

    les

    ingalits

    ?

    la lumire des

    rsultats

    prcdents, si la fo

    rmation continue

    n'a

    pas d'impact direct trs

    important

    sur

    les

    salaires,

    elle contribue sans

    doute

    de

    faon significative la stabilit

    des

    emplois.

    En

    protgeant

    les salaris

    d'une

    perte

    d'emploi, la

    formation

    continue

    leur

    permet

    aussi d'accumuler de l'anciennet et

    favorise

    ainsi indirectement la progression

    de

    leur

    salaire.

    Pour donner une mesure synthtique de cet

    effet

    indirect,

    il est

    possible

    de considrer

    simultanment

    l'ensemble des

    personnes

    sala

    ries en 1988 et 1993 (qu'elles

    aient

    ou

    non

    chang

    d'entreprise sur la priode) et de

    comp

    arer

    les

    salaires reus par

    les

    forms

    et

    les

    non

    forms.

    Les

    rmunrations reues

    en

    1993

    par

    les bnficiaires de formation continue appa

    raissent alors, toutes choses gales par ailleurs

    et toutes raisons confondues,

    environ

    2,7

    plus leves que les autres. De fait, des estima

    tions omplmentaires

    valuent

    deux ans le

    gain d'anciennet moyen en 1993 des salaris

    forms

    entre 1988

    et 1993.

    L'analyse mene

    sur

    les

    divers

    sous-chant

    illonse

    salaris dfinis

    par

    leurs diplmes

    montre que

    cet impact

    indirect de

    la formation

    continue

    est

    plus

    fort

    chez

    les sans

    diplme

    (+ 12 ) et

    les personnes

    trs diplmes

    (+ 7 ) que

    chez les

    personnes

    moyennement

    diplmes

    (impact non

    significatif)-

    Un

    effort de formation ingalement rparti

    En diminuant

    les

    risques de rupture de contrat,

    la formation continue a donc un impact indirect

    non ngligeable sur la situation professionnelle

    d'une partie importante du salariat. Au-del

    de

    ce

    constat, la

    question

    est

    de

    savoir

    si

    elle

    contribue

    rduire ou augmenter les

    ingali

    ts

    evant l'emploi et les

    salaires.

    En effet, l'un

    des objectifs

    explicites

    de

    la loi fondatrice de

    1971 tait d'offrir

    une

    seconde chance

    ceux qui chouent dans le systme

    scolaire,

    de

    dynamiser la promotion

    sociale et

    favoriser

    l'galit des

    chances

    professionnelles.

    En

    premire

    analyse,

    le

    dispositif

    ne

    semble pas

    vraiment atteindre

    cet

    objectif. Entre

    le dbut

    1989

    et

    le dbut 1993,

    la moiti

    des

    personnes

    occupant

    un emploi de cadre ont

    reu une for

    mation de

    leur employeur

    contre

    moins

    de 10

    des personnes

    occupant

    un emploi d'ouvrier

    non

    qualifi.

    Les personnes travaillant dans

    une

    entreprise

    de moins de 50 salaris

    ont, par

    ailleurs,

    deux fois moins de

    chance

    d'tre fo

    rmes que celles qui

    travaillent

    dans

    une entre

    prise

    de plus de 500

    salaris.

    Une

    analyse

    conomtrique un peu plus

    fouille montre

    cependant

    qu'au

    sein de

    chaque

    grande

    catgorie

    de

    mtiers

    et

    d'entreprises, il

    n'y

    a pas

    vraiment

    d'ingalits

    d'accs

    entre les trs diplms et

    les

    moins diplms, entre

    les

    salaris

    les

    plus

    gs et les plus jeunes,

    ce qui

    n'est pas, par

    exemple, le cas en

    Allemagne (Pischke,

    1996).

    Si l'effort de formation est

    ingalement rparti,

    c'est

    avant

    tout

    entre les

    entreprises et

    les

    emp

    lois et beaucoup moins entre

    les

    salaris qui

    occupent le mme type d'emploi dans

    une

    mme entreprise.

    Ces

    ingalits d'accs la formation continue

    sont-elles

    plus

    ou moins

    fortes

    que

    ne

    le

    sont

    l'ensemble des autres sources d'inga lits sala

    riales ? Pour rpondre cette question il

    suffit

    de

    comparer

    la distribution des salaires observs

    en 1993 avec

    une

    simulation de la

    distribution

    qui

    aurait prvalu en

    l'absence

    de

    formation

    continue. Cette distribution est construite en

    tant la rmunration

    des

    salaris passs dans

    le

    dispositif de

    formation une estimation

    de

    l'impact indirect

    de

    la formation reue

    sur

    le

    salaire.

    Conformment

    aux

    rsultats prcdents, deux

    simulations ont t ralises

    : la premire en

    supposant

    que l'impact indirect de la

    formation

    sur

    le

    salaire

    est le

    mme

    pour

    tous

    les

    salaris

    qui

    en

    bnficient et

    s'lve

    2,7 ; la seconde

    en

    supposant que cet impact indirect est de

    12 sur le salaire d'un sans diplme, de 7

    sur le salaire d'un

    trs

    diplm et ngligeable

    pour tous

    les

    autres.

    chaque niveau (fractile) de chacune des deux

    distributions

    est

    associ le salaire moyen de ceux

    qui

    gagnent

    moins

    que

    ce

    niveau. L'ensemble

    de

    ces salaires moyens constitue ce que l'on convient

    d'appeler

    la courbe de Lorenz gnralise.

    Ces

    52 CONOMIE ET

    STATISTIQUE N 306, 1997-6

  • 7/23/2019 article_estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571.pdf

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    Graphique

    I

    Impact de la formation

    continue

    sur la distribution des salaires relatifs

    0

    -

    0,001

    - 0,002

    0,003

    -

    0,004

    - 0,005

    Note : le graphique

    reprsente la

    diffrence entre

    la

    courbe de

    Lorenz

    de

    la distribution des

    salaires

    observs

    et

    la

    courbe de Lorenz

    de la

    distribution

    des

    salaires simuls

    (sans

    formation

    continue). La ligne en

    gras

    correspond

    une

    simulation o la participation

    une

    formation continue donne un bonus salarial de

    2, 7

    . La ligne en trait

    fin

    se rapporte

    une simulation o la participation aune

    formation

    continue donne

    un supplment de salaire variable selon

    le niveau

    de formation (voir

    texte).

    Source

    enqute FQP 1993

    (Insee).

    de supplment salarial avec

    formation

    Supplement

    de

    salaire

    variable

    Graphique

    II

    Impact de

    la formation

    continue

    sur la distribution des salaires

    2 500

    2 000

    1

    500

    1 000

    500

    Supplment

    de salaire

    variable

    2,7 de supplment salarial

    avec

    formation

    Note

    :

    le

    graphique reprsente la diffrence entre la

    courbe

    de Lorenz

    gnralise

    de la distribution des salaires

    observs

    et la courbe

    de Lorenz gnralise de la distribution

    des salaires simuls

    (sans formation continue). La

    ligne en

    gras

    corresponde

    une simulation

    o

    la

    participation

    une

    fondation

    continue

    donne

    un

    bonus salarial

    de

    2, 7

    .

    La ligne

    en

    trait

    fin

    se

    rapporte

    une

    simulation

    o

    la

    participation

    une formation

    continue donne un

    supplment

    de salaire variable

    selon

    le niveau de

    formation

    (voir texte).

    Source

    enqute

    FQP 1993 (Insee).

    CONOMIE ET STATISTIQUE N 306,

    1997-6

    53

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    17/18

    3.

    Si

    les

    deux

    distribu

    tions e coupaient, le

    diagnostic

    serait moins

    facile et moins clair. Pour

    classer

    les distributions,

    il

    deviendrait ncessaire

    de distinguer (et

    pondr

    er iffrentes formes

    d'ingalits, entre pauvres

    et

    trs

    pauvres, riches et

    moins riches, etc.

    salaires moyens sont ensuite rapports au

    sa

    laire moyen de l'ensemble de la population. L en

    semble de ces salaires moyens relatifs

    est

    homologue

    ce que l'on

    appelle

    la courbe de Lo-

    renz. La comparaison de ces

    diverses courbes

    de

    Lorenz observes et simules montre que la distr

    ibution

    observe

    est partout

    au-dessous

    de

    celle

    correspondant

    aux distributions simules (cf. gra

    phique I). Si

    l'on suppose

    que les salaris sont

    uniquement sensibles

    leur

    niveau relatif de

    salaire (c'est--dire

    leur place

    dans la

    hirar

    chie es salaires) alors une telle domination

    uniforme des

    courbes

    de Lorenz simules signi

    fieue la distribution relle

    est

    plutt moins favo

    rable aux salaris que la distribution simule, et

    ce

    sous

    une gamme trs large d'hypothses sur le

    lien entre salaire relatif et satisfaction

    indivi

    duelle (3).

    Si

    l'on

    supposait les salaris uniquement

    sensi

    bles leurs niveaux

    de salaire, alors

    on

    serait

    fond

    comparer

    les

    courbes de Lorenz gnra

    lises. La formation

    continue

    ne supprimant

    jamais

    de richesse,

    la comparaison

    tournerait

    cette fois uniformment

    l'avantage

    des distr

    ibut ions observes (cf. graphique

    II).

    Comment rconcilier ces

    rsultats

    ? La

    forma

    tion

    ontinue est un

    vecteur

    de cration de

    richesse dont les salaris les plus dmunis de qua

    lifications

    bnficient plutt moins

    souvent

    que

    les

    autres.

    Si

    l'on

    se

    place

    du

    strict

    point

    de vue

    des ingalits, ce

    dispositif

    a donc tendance les

    accentuer et, dans une

    socit qui

    serait unique

    mentensible aux ingalits, le

    principe

    de ce

    dis

    positif serait rformer. Si on

    tient compte du fait

    que,

    mme

    ingalement rparti, le dispositif n'en

    profite pas moins parfois aux

    plus

    dmunis,

    alors

    le diagnostic s'inverse, le

    dispositif

    doit tre

    considr comm e

    favorable ce

    que

    les cono

    mistes

    appellent

    le

    bien-tre social .

    Un

    bilan

    mitig

    La loi

    franaise

    impose aux entreprises de

    consacrer une

    fraction

    minimum

    de leur masse

    salariale la formation continue

    de

    leurs sala

    ris. Un tel

    dispositif

    peut se justifier dans un

    univers concurrentiel

    o

    les

    employeurs

    n'ont

    pas intrt prendre l'initiative d'un

    sement pouvant bnficier plus tard ceux des

    concurrents qui auront vit d'en

    payer

    le cot

    et se seront mis en mesure

    de proposer des

    salaires plus levs. Dans un tel contexte, si les

    pouvoirs publics veulent encourager

    la

    formation

    continue,

    ils doivent

    dfinir des

    rgles du

    jeu

    s'

    mposant

    de

    la mme faon tous les em p

    loyeurs.

    Cette

    ide

    fondatrice

    semble

    assez pertinente.

    Tout

    porte

    en effet penser

    que

    les entreprises

    se concentrent spontanment

    sur des

    format

    ions

    pondant

    leurs besoins

    les

    plus

    spcifi

    quest

    vitent le

    plus

    possible le

    risque de

    financer des formations

    trop

    gnrales.

    Ainsi

    la

    formation continue n'accrot-elle gure

    les

    salaires,

    mais

    renforce fortement

    les

    liens

    employeurs-employs, autant

    de rsultats

    qu'il

    serait difficile

    d'interprter

    si

    les

    salaris

    pou

    va ient

    facilement bnficier

    de

    leurs format

    ions illeurs que dans l'entreprise formatrice.

    L'hypothse fondatrice

    est

    juste

    et,

    pour autant,

    le bilan

    actuel

    du dispositif reste

    mitig. En

    mme

    temps

    que la loi

    devenait

    plus contrai

    gnante, la

    formation

    continue s'est beaucoup

    dveloppe, mais cette volution n'a

    pas

    contri

    burduire les ingalits sur le march du

    tra

    vail, au contraire. Pour les raisons mmes qui

    justifient le dispositif lgal, les employeurs ont

    intrt concentrer leurs investissements

    de

    formation sur

    les

    salaris

    sollicitant

    les

    compt

    ences les plus spcifiques (techniciens, em

    ploys

    qualifis) et ayant les attaches les plus

    fortes

    avec l'emploi. Ce sont les salaris

    qui au

    raient le plus besoin

    de

    renforcer leurs liens

    avec

    le march

    du travail qui

    finalement bnfi

    ciente moins

    du

    dispositif.

    Seule

    l'valuation de l'impact de

    la formation

    continue

    sur

    les

    salaires et

    la mobilit a

    t

    en

    visage ici. Il reste

    encore

    mesurer

    son

    effet sur

    les

    conditions de travail et

    le

    statut

    professionnel

    des

    salaris

    dans

    l'entreprise.

    Les

    recherches

    futures devront galement faire davantage

    la

    distinction

    entre les formations selon

    leur dure,

    leur

    objet ou les certifications auxquelles elles

    donnent

    lieu. Ce

    type d'analyse

    peut contribuer

    une valuation

    plus prcise encore

    du

    dispositif

    de formation continue

    et

    l'mergence de recom

    mandations

    concrtes

    pour

    son avenir.

    54 CONOMIE ET

    STATISTIQUE

    N 306,

    1997

    6

  • 7/23/2019 article_estat_0336-1454_1997_num_306_1_2571.pdf

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