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Atsuko Kawashima Hana Gottesdiener Accrochage et perception des œuvres In: Publics et Musées. N°13, 1998. pp. 149-173. Citer ce document / Cite this document : Kawashima Atsuko, Gottesdiener Hana. Accrochage et perception des œuvres. In: Publics et Musées. N°13, 1998. pp. 149-173. doi : 10.3406/pumus.1998.1107 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pumus_1164-5385_1998_num_13_1_1107

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  • Atsuko KawashimaHana Gottesdiener

    Accrochage et perception des uvresIn: Publics et Muses. N13, 1998. pp. 149-173.

    Citer ce document / Cite this document :

    Kawashima Atsuko, Gottesdiener Hana. Accrochage et perception des uvres. In: Publics et Muses. N13, 1998. pp. 149-173.

    doi : 10.3406/pumus.1998.1107

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pumus_1164-5385_1998_num_13_1_1107

  • RsumDans les muses d'art la question de l'accrochage est centrale, mais elle a conduit trs peu derecherches empiriques. En psychologie de l'art trs peu de travaux portent sur la perception de sriesde tableaux. Nous avons fait l'hypothse que la perception des oeuvres tait influence par l'expriencedes uvres qui les prcdaient.Une situation d'observation a t construite qui permet de contrler l'ordre dans lequel les tableaux sontvus et de recueillir les propos de visiteurs. Nous nous proposons de mettre en vidence les effets de cetordre partir de l'analyse des discours.

    AbstractOne of tbe crucial problems in Art Museums is related to tbe way paintings are banging on the walls. Butvery little empirical research bas been conducted on tbis topic. In psycbology of art few works bear onthe perception of series of canvases. Our hypothesis is that the perception ofart works is stronglyinfluenced by the reception of the works that directly precede them.An experimental situation has been constructed which enables to control the sequence of the canvasesseen The visitors are interviewed and their comments collected. Our project, following the method ofdiscours analysis, examines the effects of the sequence on their perception.

    ResumenEn los museos de arte, el modo de disponer las obras es muy importante, pero suscito muy escasasinvestigaciones. La psicologia del arte a producido muy pocas cosas en la percepcin de series deobras. Basamos una investigacin sobre la hyptesis que lo que el visitante habia visto antes podiainfluir su manera de ver una obra.Una osbervacin fue conducida para controlar el sentido de visita, y recoger las impresiones de losvisitantes. Proponemos mostrar los efectos de este orden, con un anlisis de discurso.

  • Atsuko Kawashima Hana Gottesdiener

    ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    D, ans cet article nous prsentons les rsultats d'une tude portant sur l'effet de l'accrochage des tableaux sur la perception des uvres. Ce travail se rattache deux courants de recherche. Le premier concerne l'exprience esthtique et plus particulirement le fonctionnement cognitif du visiteur confront des uvres d'art, le second concerne la prsentation des uvres dans le muse d'art et les aides la visite qui peuvent tre fournies au visiteur.

    Des travaux ont trait de la nature de l'exprience esthtique (Csikszentmihalyi & Robinson, 1990) et du dveloppement cognitif de celle-ci (Housen, 1983 ; Parsons, 1987) ; ils s'appuient sur l'analyse de discours tenus propos d'uvres dont on se souvient ou de commentaires d'uvres prsentes en reproduction. D'autres travaux ont analys les productions verbales recueillies lors d'une visite de muse en insistant sur les oprations cognitives (Dufresne-Tass, 1994) ou sur la diversit des modes de rponse des visiteurs (Weltzl-Fairchild, 1991). Dans ces recherches, il n'est pas tenu compte des effets de la confrontation une squence d'uvres, ce qui caractrise la situation visite du muse.

    Dans les muses d'art la question de l'accrochage est centrale, mais elle a conduit trs peu de recherches empiriques. L'accrochage concerne la totalit du btiment ou se joue l'chelle d'une salle. La question de l'accrochage renvoie aussi bien l'effet des volumes, de l'clairage, des couleurs, du cadre, du socle, etc. qu' l'agencement et l'espacement des uvres (l'effet d'isolement ou de rassemblement) ainsi qu' la squence de prsentation de ces dernires (Pair, 1963; Giraudy, 1977; Desvalles, 1986; Gaudibert, 1986; Lawless, 1986). Les conservateurs ont des pratiques mais ne s'intressent que trs rarement l'analyse des effets produits sur les visiteurs.

    La question de la spcificit du langage musographique est d'abord pose partir d'une approche communicationnelle du muse compar

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  • d'autres types de mdias (livre, tlvision, etc.) au cours des annes soixante et soixante-dix (Pair, 1962; De Borhegyi, 1965; Dandridge, 1966; Cameron, 1968; Knez & Wright, 1970). Aujourd'hui, une approche sociologique des mdias permet de redfinir autrement le mdia exposition (Davallon, 1992).

    Concernant la question de la mise en espace laquelle nous nous intressons plus particulirement ici, quelques travaux ont permis d'tudier l'influence de celle-ci sur le comportement des visiteurs et sur la comprhension du message de l'exposition. La probabilit que des objets soient vus est fonction du nombre d'objets prsents (Melton, 1935 ; Parsons, 1965), de la variable homognit ou htrognit de ces objets (Melton, 1935), de l'emplacement des uvres dans le muse ou dans la salle (Melton, 1935 ; Bechetel, 1967 ; O'Hare, 1974 ; Cohen, Winkel, Olsen & Wheeler, 1977; Gottesdiener, 1991). La comprhension du discours de l'exposition est influence par le mode d'accrochage, linaire ou non (Gottesdiener, 1987), par le type de parcours offert, impos ou libre (Falk, 1993), ou encore par la direction prise par le visiteur compte tenu de la squence propose (Porter, 1938; Abler, 1968).

    Dire que l'accrochage est important ne signifie videmment pas qu'il soit le seul lment susceptible d'aider le visiteur structurer sa prise d'information ; le contenu des tableaux et la notorit des auteurs sont galement trs importants (Passeron, 1991) ainsi que les textes (Publics & Muses, n 1, 1992) et les diffrents types d'intervention des mdiateurs (Caillet, 1995). Mais ceci nous loignerait de la question que nous souhaitons traiter ici, celle de l'influence d'un lment spcifique de l'accrochage, la constitution de squences, sur la perception et sur la structuration du discours du visiteur.

    Enfin, avant de prsenter notre travail, il nous faut insister sur l'volution, au cours des deux dernires dcennies, de la conception du rapport du muse son public. Selon Davallon (1986), l'espace d'exposition fonctionne comme la rsultante de l'intervention de deux espaces distincts constitus par les deux acteurs : le concepteur-ralisateur de l'exposition et le visiteur. Le premier espace, conu par le concepteur-ralisateur de l'exposition, consiste en un monde rel auquel l'objet expos appartient, et est appel l'espace synthtique. Le second, contrairement au premier, n'existe qu' travers la visite, et il est une construction qui rsulte de l'agencement de significations produites au cours des visites (p. 248). Il est ainsi nomm le monde uto- pique ou l'espace labyrinthique. En effet, pour Davallon, la pulsation de la visite, imprime par l'espace synthtique, qui commande ges- tuellement au visiteur de dcouvrir les lments exposs et mis en scne les uns aprs les autres , permet de fournir ce dernier un programme de gestion de sa relation aux objets exposs et d'accs au monde utopique (p. 253). En ce sens, le spectateur n'est plus un lment passif du message de l'exposition, il est considr comme un constituant important de l'espace d'exposition.

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  • MTHODOLOGIE

    p X. our cette tude, nous avons construit une situation d'observation permettant de contrler l'ordre dans lequel les tableaux sont vus et de recueillir les propos de visiteurs. Nous nous proposons de mettre en vidence les effets de cet ordre partir de l'analyse des discours.

    Choix de lieu de l'enqute

    Nous avons choisi une seule salle pour cette exprience afin de limiter le nombre et le type des tableaux vus par chaque sujet. Mais le contenu de la salle devait tre vari et permettre des regroupements d'oeuvres.

    Ceci nous a conduits choisir la salle de La Tour et Le Nain dans l'aile Sully du muse du Louvre. Cette salle se situe dans la section de la peinture franaise du dix-septime sicle et contient 24 tableaux, dont 7 tableaux majeurs de Georges de La Tour, 11 tableaux importants des frres Le Nain et 6 tableaux de peintres contemporains de ces deux artistes.

    Quelques caractristiques de l'organisation des tableaux

    En ce qui concerne l'agencement de l'espace et l'installation des uvres, cette salle peut tre perue de deux manires (figure I). Selon les peintres reprsents, la salle peut tre divise en deux parties: la partie des Le Nain et celle de Georges de La Tour. Cette distinction est d'ailleurs matrialise par une cloison, et de fait, tous les documents du muse du Louvre1 considrent ces deux parties comme deux salles distinctes, appele La Tour (salle 28) et Le Nain (salle 29), bien qu'il y ait des tableaux des Le Nain dans chacune de ces salles.

    D'autre part, selon les thmes reprsents dans les peintures, on peut galement distinguer dans cette salle quatre parties. En suivant la Figure I, la partie suprieure gauche est constitue d'oeuvres de Mathieu Le Nain et de ses contemporains inspires de thmes bibliques (T21 T24). La partie infrieure gauche rassemble des uvres de Louis ou Antoine Le Nain qui reprsentent la vie des paysans (T15 T20). En diagonale par rapport aux oeuvres religieuses de Le Nain, la partie infrieure droite (T07 T14) montre galement des tableaux religieux reprsentant entre autres des personnages saints, peints par Georges de La Tour et ses contemporains. La partie suprieure droite (TOI T06), oppose diagona- lement aux tableaux paysans des Le Nain, reprsente plutt la vie mondaine avec des uvres de La Tour, Le Nain et leurs contemporains. Il est cependant noter que certains tableaux sont difficiles classer dans cette rpartition : une Allgorie de la Victoire de Mathieu Le Nain (T02) et une Vanit anonyme (T19).

    Quant la signaltique, on trouve l'entre de la salle un panneau indiquant seulement le nom de la salle. Par ailleurs, il est possible de consul-

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  • Figure I Accrochage des uvres

    TV i'juSMtfort *s bws**

    Sens A

    T81 . tadrtw mi Rw*

  • pendant tout le parcours de la salle du muse. Chaque sujet visite cette salle dans un seul sens (A ou B) qui lui est indiqu avant la visite. Voici les consignes donnes aux participants avant la visite (leur montrant le plan de la salle qui est numrot selon les sens de la visite): Voici le plan d'une salle o je vous propose une visite. Cette salle comprend 24 tableaux. Certains tableaux sont accrochs en haut et en bas. On a trois accs cette salle. Je vous propose d'entrer de ce ct et de sortir de l'autre ct. Quand vous entrez de ce ct, je voudrais que vous commenciez regarder les tableaux dans l'ordre indiqu sur le plan. Pendant tout le parcours, j'aimerais que vous me disiez ce que vous regardez, pensez et ressentez. Vous pouvez me le dire par des phrases, mais aussi par un seul mot. Dans la mesure du possible, je vous demande au moins un mot pour chaque tableau. Si vous n'avez rien dire, vous me dites: je n'ai rien dire. Vous pouvez retourner vers un tableau que vous avez dj regard. Vous pouvez consacrer le temps que vous voulez chaque tableau. Si vous lisez une tiquette, je voudrais que vous la lisiez tout haut, pour me faire savoir plus prcisment la partie que vous tes en train de lire. Ne craignez pas que je ne comprenne pas le franais, utilisez les mots et les expressions que vous voulez. La dernire remarque est due au fait que l'enqutrice est japonaise. Quant aux feuillets du muse du Louvre, afin de faciliter notre analyse nous avons pralablement demand aux sujets de ne pas les consulter.

    Tous les sujets ont t accompagns par la mme enqutrice. l'aide d'un petit micro cravate, la production verbale a t enregistre sur bande magntique. la fin du parcours, il a t demand aux sujets de rpondre un bref questionnaire. Celui-ci comprenait des questions concernant les oeuvres vues (leur prfrence et leur connaissance antrieure), leur frquentation des muses ainsi que l'impression donne par l'enqute elle-mme.

    La dure de la visite effectue tait variable selon les personnes. Elle est comprise entre 1/2 heure et 2 heures 1/2. Toutes les paroles enregistres ont t ensuite intgralement dactylographies. Les mots exprimant l'hsitation (ex. : euh) et le bgaiement ont t galement transcrits. Ces donnes textuelles constituent un corpus d'environ 30 000 lignes.

    Caractristiques des sujets interrogs

    Les visiteurs sont tous volontaires pour participer cette tude et ils ont t recruts par la mthode quelqu'un connat quelqu'un qui.

    Nous avons vrifi, au long de l'enqute, la rpartition des sujets interrogs en fonction du sexe, de l'ge, du niveau d'tude et de la frquentation des muses au cours de l'anne coule2. Ceci a permis de complter les diffrentes catgories afin d'obtenir deux groupes Sens A et Sens B aussi semblables que possible. La composition des deux groupes est reprsente dans le Tableau I.

    Le sens de la visite tant dfini avant l'enqute, nous avons vrifi a posteriori que les deux groupes A et B ne diffraient pas sur le point d'une visite antrieure au Louvre et la salle tudie, ainsi que sur la

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  • rponse rapporte aprs la visite sur l'apprciation gnrale des uvres de la salle.

    Nous avons constat que parmi 56 participants, 53 personnes avaient dj visit au moins une fois le muse du Louvre (28 pour le groupe A et 25 pour le groupe B). Cependant, parmi ces 53 personnes, 46 dclarent qu'elles n'ont jamais visit auparavant la salle de La Tour et Le Nain (24 pour le groupe A et 22 pour le groupe B). Quant l'apprciation gnrale des uvres de la salle (note sur une chelle 5 points), on constate qu'il n'y a pratiquement pas de diffrence entre les deux groupes et que deux tiers des sujets mettent un avis favorable sur leur visite. On peut conclure l'quivalence des groupes A et B pour l'ensemble des critres retenus.

    Outil d'analyse des textes

    Depuis le milieu des annes soixante-dix, l'analyse des donnes textuelles en informatique a vu se dvelopper un important courant de recherches (Bardin, 1993; Maingueneau, 1991). Compte tenu de la quantit importante des donnes, le recours l'informatique nous a parus intressant et pertinent. Nous avons choisi le logiciel Tropes, qui a t dvelopp sous le nom d'APD (Analyse Propositionnelle du Discours) par le psychologue R. Ghiglione et ses collaborateurs, et commercialis sous ce nom de Tropes. Nous ne prsenterons ici que les fonctions utilises pour notre tude.

    Grce ses fonctions de traitement smantique, ce logiciel se distingue des autres logiciels issus des travaux purement lexicomtriques. En effet, l'intgration de plusieurs dictionnaires dans le logiciel Tropes permet de lemmatiser, c'est--dire de regrouper les mots dans de grandes classes analogiques.

    Le traitement consiste dans un premier temps dcouper le corpus dactylographi en propositions. Le logiciel calcule ensuite automatiquement la frquence des diffrents mots et extrait ceux ayant une frquence leve pour constituer les classes de rfrents noyaux. Ces rfrents noyaux correspondent aux objets principaux qui peuplent l'univers mis en scne; ils constituent les termes autour desquels s'ordonnent les relations langagires (Ghiglione & Blanchet, 1991, p. 48). Ces rfrents noyaux sont alors regroups dans de grandes classes analogiques, selon trois niveaux hirarchiques, appels Rfrences utilises (bas niveau), Univers de rfrence 2 (moyen niveau) et Univers de rfrence 1 (haut niveau). Par exemple, le mot catholique sera cod selon les trois niveaux suivants: chrtien pour le bas niveau (Rfrences utilises), christianisme pour le moyen niveau (Univers de rfrence 2), et religion pour le haut niveau (Univers de rfrence 1).

    Enfin, les rsultats de la lemmatisation (frquence de chaque classe) ainsi que ceux de la lexicomtrie (nombre de mots, etc) peuvent tre exploits statistiquement aprs qu'ils aient t mis sous forme de fichiers Microsoft Excel. Comme le soulignent Ghiglione et Blanchet (199D, l'APD ne constitue pas une analyse dfinitive du discours, mais propose

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  • au chercheur un outil qui lui laisse sa libert interprtative (p. 37) lors de l'analyse.

    ANALYSE ET INTERPRTATION DES DONNES

    N, otre analyse des discours porte d'une part sur l'volution quantitative de la production verbale, c'est--dire le nombre de mots, et d'autre part sur la nature de cette production.

    L'VOLUTION QUANTITATIVE DE LA PRODUCTION VERBALE

    II s'agit ici de dterminer si la production verbale des visiteurs interrogs varie selon les caractristiques des tableaux et selon le sens de la visite. Le critre retenu est le nombre de mots noncs par chaque sujet devant chaque tableau. Pour les dnombrer, il nous parat important de prendre deux prcautions portant sur les mots composs, et sur les mots correspondant une lecture de l'tiquette.

    En lexicomtrie, il est souvent question de l'numration des mots composs (dits aussi locutions). On peut, en effet, distinguer trois niveaux de combinaisons : celles qui sont figes, celles en voie de figement, et les combinaisons libres d'units lexicales (Maingueneau, 1991) 3- Pour le traitement des combinaisons figes et des combinaisons en voie de figement, Tropes se conforme aux conventions de sa base lexicographique. Il cre automatiquement la liaison des locutions en utilisant le signe _ . D'autre part, avant le traitement par Tropes, nous avons effectu la liaison de certains mots en utilisant ce mme signe _: par exemple les noms des peintres (Le_Nain, Georges_de_La_Tour, etc.), les titres des uvres vues (Saint_Thomas__la_pique, Les Plerins_d_Emmas, etc.), ainsi que les noms propres noncs indpendamment de la salle tudie (chapelle_Sixtine, muse_de_l_Homme, etc.).

    Pour les mots correspondant la lecture de l'tiquette, nous avons distingu le texte explicatif, la date et le lieu de naissance, le nom de l'artiste et le titre du tableau. Seuls ces deux derniers sont conservs en les entourant par les signes ([ et ]) , car d'une part il est difficile de distinguer s'ils sont noncs la suite de la lecture de l'tiquette ou sans la regarder, d'autre part ils constituent un lment important du discours. On peut citer par exemple les noncs :

    Alors maintenant on a un ([Le_Nain]) que j'aime pas du tout, que je trouve tout fait bizarre euh trange. Euh P([Allgorie_de_la_Victoire]) a me parle absolument pas.

    Nous avons analys les discours de 56 sujets (28 sujets x 2 sens de visite) sur 24 tableaux conscutifs. On obtient ainsi 1 344 rsultats de nombre de mots. Une analyse de variance portant sur un facteur indpendant 2 modalits (Sens A et B) et un facteur appareill 24 modalits (TOI T24) a t effectue partir du nombre de mots de Ghaque sujet

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  • Figure II Analy

    se quan

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    600

    500

    400

    300

    200

    100

    Muse sens A ~*

    ~ Muse sens B

    T02 T03 T04 T05 T06 Vie m

    ondaine de La Tour Le N

    ain

    Scne religieuse de La Tour

    Vie paysanne Le N

    ain

    T21 T22 T23 T24 Scne religieuse

    Le Nain

  • pour chaque tableau (par le systme SAS, procdure ANOVA) 4. Les rsultats de l'analyse de variance5 (Tableau I) permettent de conclure que si le nombre total de mots ne diffre pas selon le sens de la visite quand on prend en compte l'ensemble des tableaux, ce n'est pas le cas lorsqu'on considre chaque tableau ; pour six des tableaux, le nombre de mots diffre selon le sens de la visite.

    La Figure II qui reprsente le nombre de mots moyen par tableau (les tableaux pour lesquels il y a une diffrence entre les sens A et B sont entours par un cercle). Nous observons que la production de mots du tableau 20 au tableau 15 est plus importante pour les sujets qui suivent le sens B. Ces tableaux correspondent la srie des uvres des Le Nain reprsentant la vie quotidienne des paysans.

    On peut penser que le tableau 20 (Famille de paysans dans un intrieur), premier de cette srie pour le sens B, dclenche la parole par son thme, sa notorit ou par le fait que le visiteur peroit clairement la rupture avec le thme prcdent, celui de la vie religieuse de Mathieu Le Nain, dans la mesure o il lui faut se dplacer vers un autre espace.

    Si l'on tente d'analyser le rle ventuel de chacune de ces variables : thme, notorit ou dplacement, on peut noter que la notorit devrait jouer de faon identique pour le sens A ou B ; or il n'y a pas d'augmentation de la production pour le sens A. Concernant un effet du dplacement, on devrait observer un autre pic pour le tableau 6 dans le sens B et un pic pour les tableaux 7 et 21 dans le sens A; or, si c'est bien le cas pour les visiteurs empruntant le sens B, ce n'est pas le cas pour le sens A. Enfin, s'il s'agit d'un effet li au thme, on attend un autre pic dans la production pour les tableaux 14 (sens B) et 15 (sens A); ce qui encore une fois n'est pas le cas.

    Il semble donc qu'aucune de ces variables ne suffise elle seule produire un effet systmatique. Ainsi, le tableau 20 (sens A) arrivant en fin de srie ne peut, malgr sa notorit, constituer un lment de rfrence permettant de construire la srie comme c'est le cas des visiteurs du sens B, pour qui il est le premier de la srie venir. C'est bien pour le sens B qu'il entrane une augmentation de la production verbale pour les tableaux 16 et 17.

    Par ailleurs, pour que l'effet se fasse sentir sur l'ensemble de la srie, il est ncessaire que la srie soit vraiment homogne, ce qui est davantage le cas de la srie sur la vie quotidienne des paysans que de la srie sur la vie mondaine. Dans ce dernier groupe de tableaux, le tableau 6 (Le Tricheur) qui est le premier de la srie pour les visiteurs du sens B et dont la notorit est grande, ne peut alors jouer le mme rle que le tableau 20. Par contre on retrouve bien l'effet de la notorit pour ce tableau pris isolment, avec le pic observ dans les deux sens.

    Le tableau 19, appel Vanit, bien qu'htrogne la srie des paysans, provoque plus de rponses dans le sens B car c'est la premire fois que le visiteur est confront ce type de tableau et il s'interroge. Inversement, on observe une diminution des rponses des visiteurs de sens A pour le tableau 11 (Sainte Marie-Madeleine Pnitente), venant aprs d'autres tableaux du genre de la Vanit.

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  • Pour le dernier tableau conduisant une diffrence entre les deux sens de visite, le tableau 1 (Acadmie, Le Nain), deux phnomnes interviennent. D'une part, on a pour le sens B une augmentation du nombre de mots ; ceci est d au fait que ce tableau est peru en continuit avec le reste de la visite (ceci n'est pas le cas pour le sens A o la visite se termine avec L'Adoration des mages de Jean Tassel, peintre peu connu et jusque-l absent). D'autre part, on observe pour ce tableau 1 un faible nombre de mots pour le sens A. En effet, on remarque que c'est alors le premier de la visite et que la situation propose au visiteur ne lui est pas encore familire. Le tableau 24 vu en premier par les visiteurs du sens B provoque aussi chez ces derniers un nombre relativement plus faible de mots. On observe qu'au dbut de la visite, quel que soit le sens A ou B, le nombre de mots augmente jusqu'au troisime tableau. Cela suggre l'existence d'un processus de familiarisation avec la tche ou de mise en place d'un systme de rfrence en dbut de la visite. Il se peut qu'aprs avoir abord un certain nombre d'oeuvres, les caractristiques de chaque tableau deviennent plus dterminantes pour la production verbale.

    Univers de rfrence selon le sens de la visite

    Nous nous posons ici la question de savoir si ces diffrences quantitatives entre les deux sens A et B sont accompagnes ou non d'une modification qualitative du contenu du discours. Afin de mettre en vidence une ventuelle diffrence de la perception cognitive des uvres selon le sens de la visite, nous avons choisi les deux tableaux 6 et 20 auxquels est applique une analyse des rfrents noyaux en utilisant la fonction de Tropes Univers de rfrence. Nous appliquons d'abord la classification du niveau le plus haut Univers de rfrence 1 et selon les besoins descendons dans les niveaux de classification. Le Tableau II prsente les rfrents noyaux du tableau 6 et du tableau 20 pour les deux groupes A et B. Ces rfrents noyaux sont ordonns par frquence dcroissante jusqu' la frquence 3, mais pour plus de clart nous ne prsentons que les classes ayant une frquence au moins gale 10. Dans cette classification, nous avons galement recherch le nombre de sujets dans chaque classe. Enfin une classe marque d'un signe astrisque (*) indique qu'elle est prsente dans les deux groupes A et B.

    Pour le tableau 6, le nombre de classes est peu prs gal dans les deux groupes et les deux groupes utilisent presque les mmes classes d'quivalents. On dnombre 39 classes d'quivalents pour le groupe A et 37 pour le groupe B, 31 classes sont communes aux deux groupes. Cela confirme que la diffrence entre les deux groupes A et B au niveau de la frquence totale d'apparition de ces classes (734 pour le groupe A et 631 pour B) est un reflet de l'occurrence des mots dans chaque classe et non pas de la diversit des classes numres.

    Par contre, pour le tableau 20 on aperoit non seulement plus d'occurrences mais aussi plus de diversit chez les sujets empruntant le sens B. On compte 25 classes communes aux deux groupes (25 classes sur 31 pour le groupe A et sur 51 pour le groupe B).

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  • On notera en particulier la prsence de la classe religion pour le groupe B. Le thme religion a t prononc 20 fois par 12 sujets de ce groupe alors qu'on ne le trouve pas chez les sujets suivant le sens A. On peut se demander pourquoi le thme religion a t abord devant le tableau 20 qui reprsente la vie quotidienne des paysans.

    Le fait d'observer dans un tableau des noncs lis la religion, alors que ce tableau ne prsente pas explicitement d'lments picturaux religieux, nous permet de nous interroger sur les effets ventuels des tableaux que l'on vient de voir sur la perception du tableau que l'on est en train de regarder.

    Nous avons procd trois analyses : 1) une recherche systmatique concernant la frquence de la classe religion sur l'ensemble du discours; 2) l'identification des mots utiliss dans la classe religion; et 3) une lecture intgrale des discours qui contiennent la classe religion.

    1) Nous avons recherch la classe religion en tudiant les rponses de chaque visiteur face chaque tableau. Cette recherche systmatique nous permet non seulement de savoir le poids de chaque sujet sur l'ensemble du discours analys mais aussi d'observer une influence ventuelle des tableaux religieux sur les tableaux non religieux.

    Les rsultats nous indiquent que tous les sujets, sauf un, abordent au moins une fois le thme religieux. Les frquences totales pour les tableaux religieux (parties ombres) sont nettement suprieures celles des tableaux non religieux (scnes paysannes ou vie mondaine). Ce dernier point confirme que le systme de reprage des rfrents noyaux est sensible au thme reprsent dans les tableaux. On notera que le thme religion apparat pour des tableaux non religieux, en particulier les visiteurs du groupe B abordent ce thme pour les tableaux 17 et 20, contrairement aux visiteurs du groupe A. Nous verrons plus loin comment ceci peut tre interprt.

    2) Pour identifier des mots utiliss dans la classe religion, nous avons appliqu la classification de Tropes: Rfrences utilises. Nous constatons que les mots utiliss dans la classe religion varient selon les tableaux, et que pour les tableaux ayant une frquence totale importante (T21, T22 et T23), le choix des mots est d l'intrt port au titre ou aux personnages reprsents dans le tableau. Par exemple, les mots plerin ou plerinage ont t frquemment noncs face au tableau 23 intitul Les Plerins d'Emmas.

    Nous avons cependant observ pour quelques tableaux une prdominance de certains mots en fonction du sens de la visite. Nous prsentons titre d'exemple les mots utiliss dans la classe religion pour le tableau 23 (Tableau III).

    Le mot Cne a t nonc dans le groupe B une seule fois par un sujet, alors qu'il a t prononc dans le groupe A 9 fois par 7 sujets. Cette prsence du mot Cne dans le groupe A fait penser une influence du tableau 22 (La Cne) qui vient d'tre vu.

    3) La lecture intgrale des discours qui contiennent la classe religion permet de confirmer la pertinence de notre dmarche d'analyse et de l'affiner. En particulier, en recherchant les mots de la classe religion

    152 ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES PUBLICS & MUSES N 1 3

  • dans le discours sur les tableaux paysans des Le Nain (T15, Tl6, T17 et T20), nous avons dtermin trois types d'nonciations : une nonciation descriptive, une nonciation associative et une nonciation contextuelle.

    Dans le type nonciation descriptive, on observe les mots appartenant la classe religion qui sont souvent lis au thme prsent par le titre de tableau. En voici un exemple donn par le sujet 046 devant le tableau 16 intitul Le Retour du baptme:

    Parce que le baptme6 est trs important chez les chrtiens [ 1 7 on va au paradis. (046)

    Ils peuvent aussi avoir t utiliss pour dcrire une scne du tableau devant lequel on se trouve. Par exemple devant le tableau 15 intitul Repas de paysans :

    Euh alors est-ce qu'il fait une prire avant de commencer manger? (003)

    Vnonciation associative est une vocation d'une exprience personnelle, qui ne dpend que du sujet et non du tableau devant lequel il se trouve ou de l'exprience des tableaux dj vus. Devant le tableau 20, Famille de paysans dans un intrieur, deux sujets (038 et 052) se rappellent leur exprience personnelle lie des lieux religieux :

    Je je me rappelle j'ai visit la cathdrale de Strasbourg. (038) Mon mon meilleur ami d'enfance [ ] il habitait Laon [ ] et il

    y a beaucoup de vieilles maisons de petites rues une une grande cathdrale. (052)

    Contrairement aux deux premires catgories, dans le type nonciation contextuelle, on peut observer chez le sujet une dmarche de mise en relation. Il distingue, compare ou enchane ce qu'il a observ en amont avec ce qu'il est en train d'observer. L'existence de cette dernire catgorie nous permet de confirmer qu'il existe une influence des tableaux prcdents. un premier niveau, c'est la perception d'un changement thmatique. Ainsi, devant le tableau 20 {Famille de paysans dans un intrieur), des visiteurs du groupe B commentent:

    On a plutt l'impression que c'est la peinture d'une famille paysanne qui n'a plus rien voir avec le le la religiosit enfin le le la spiritualit des quatre prcdents, hein il y avait quand mme le Christ ou les compagnons d'Emmas. (033)

    Oui l c'est comme un style diffrent des tableaux prcdents puisqu'on n'est plus dans un tableau religieux. (037)

    On l on a quitt les la peinture religieuse? (045) Donc nous quittons le domaine des reprsentations reli

    gieuses. (058) Nous observons le mme type de raction devant le tableau 15

    (Repas de paysans) chez les visiteurs suivant le sens A: a permet de a permet d'imaginer plein de choses je trouve

    beaucoup plus pour moi hein que les tableaux religieux. (014) Dj j'apprcie plus parce que ce n'est plus un tableau

    religieux. (019) Le cas de quatre visiteurs (040, 051 et 055 pour sens B, 025 pour sens

    A) est plus intressant car on peut constater que le fait d'avoir vu les

    160 ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    PUBLICS & MUSES N 13

  • tableaux religieux les conduit rechercher des lments religieux dans le tableau 20. Ces visiteurs semblent rechercher une continuit, un discours, dans la prsentation des uvres dans la salle.

    C'est c'est c'est un tableau qui est donc une vie paysanne et a me a met en en valeur un peu les lments d'ordre religieux qu'on a pu voir dans les tableaux prcdents, enfin j'aurais tendance mettre cela en rapport sinon. . . puisqu'il y a le vin, il y a le pain, donc il y a le sel, et il y a le personnage du fond aussi adoss la chemine avec une sorte de voile qui me fait. . . qui euh qui a une connotation trs enfin religieuse mes yeux aussi oui voil. (040)

    Ah j'avais pas pens ce qu'on qu'il y avait encore un caractre religieux derrire et que m'indique l l'tiquette hein puisque, euh il y a bien sr le vin le pain et le sel qui sont les lments fondamentaux de la de la communion je crois si je me souviens bien, tandis que l on sent on sent vraiment que c'est un c'est apprt quoi c'est pour. . . c'est parce que le le l'auteur l'a voulu comme a, c'est pas un vrai repas, et je serais trs tonn que les paysans mettent des nappes sur leurs tables quand ils mangent. (051)

    Et euh euh bien sr je le vois euh aprs tous les autres tableaux que j'ai vus, euh a me fait que c'est pas une inspiration religieuse dedans n'est-ce pas? Et euh a change donc l'il qui est habitu toujours voir le Christ la Vierge Marie enfin peut-tre qu'elle est derrire je sais pas, je vois quelqu'un l-bas peut-tre mais enfin8 [ ] enfin voil donc c'est a, c'est paysan, c'est pas du tout religieux hein peine peine. (055)

    Et le centre du tableau ben a doit tre la le pain et le vin qui sont aussi le symbole de du Christ hein. (025)

    De mme, certains sujets (032 et 046) suivant le sens B, devant le tableau 20, citent des lments religieux en recherchant les proprits stylistiques des uvres du peintre ou de son poque.

    Donc maintenant je m'aperois que c'est quand mme un un comme un peintre qui devait euh travailler euh... il tait donc certainement pas Paris, il tait la campagne et il peignait, euh il avait une je pense une une envie de de peindre ce qui euh la la vie la campagne quoi, parce que j'ai vu dj celui-ci (T22)9, on voit la Cne qui est mieux reprsente oui euh que dans les Cnes ordinaires o c'est trop faste, l (T20) c'est vraiment euh la vie plus la campagne. (032)

    Et il y a toujours cette vocation de la Cne avec le pain et le vin, je pense que a devait tre une chose importante, euh l sur le tableau ils disent qu'ils sont pas encore passs table puisque la table n'est pas servie, mais le pain et le vin et euh j'ai l'impression que pour le peintre c'est quelque chose d'important qui revient plusieurs fois donc dans les dans les trois tableaux qu'on a vu donc Le_Nain [ ] le le troisime c'est normal puisque c'est la Cne, mais celui des plerins et celui des paysans c'est c'est normal c'est c'est c'est mon avis c'est quelque chose qui doit marquer euh le peintre, la Cne c'est quelque chose qui a d le marquer et qui revient souvent dans ses tableaux et je pense que c'est d une poque aussi o on avait beaucoup de respect pour la

    161ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    PUBLICS & MUSES N13

  • nourriture pour le vin plus que maintenant, je crois que le pain tait quelque chose de de considr comme sacr et le vin aussi a vient du... c'est c'est pour des raisons religieuses dues la Cne. (046)

    On retrouve galement cela pour les sujets (024 et 021) visitant dans le sens A lorsqu'ils sont devant le tableau 15 :

    Ah ben on retrouve le on retrouve des tableaux de Le_Nain o finalement on s'aperoit que de La_Tour a beaucoup peint finalement des scnes religieuses, Le_Nain reprsente encore une fois une scne de la vie traditionnelle l puisque c'est un fidle videmment effectivement un (Repas_de_paysans]). (024)

    L'analyse des propos du visiteur 021 confirme cette recherche de cohrence dans le parcours propos que nous voquions plus haut. Ce visiteur exprime ce qu'il a peru et son volution pendant la premire moiti de la visite, lorsqu'il arrive devant le tableau 15 :

    Quand on passe comme a d'un tableau l'autre, on passe d'un univers un autre c'est trs trs trs amusant parce que des on on regarde... j'essaie de ne pas regarder les tableaux qui vont suivre, donc voir volontairement cette cette ligne de courbe, on est partie donc des beaux-arts, aprs a on est pass sur une allgorie et puis les joueurs donc la vie qui qui se joue sur sur des vanits qui sont trs explicites plus ejxplicites que dans le jeu lui-mme, aprs a on passe la problmatique de de la religion, et on repart l sur l'environnement euh euh naturaliste de de l'poque euh transpos par les les tableaux de Le_Nain et la miche de pain le euh les choses qui sont tout fait terrestres par rapport au cleste et au divin qui sont peut-tre plus prsents chez de La_Tour, mais chez Le_Nain le divin devient le quotidien puisque l'Enfant Jsus y tant remplac par la miche de pain symbole de vie aussi. (021)

    Pour quantifier l'influence des tableaux vus en amont, c'est--dire le nombre dnonciations contextuelles, nous leur avons affect le signe astrisque (*) dans le Tableau V. On constate que les noncia- tions contextuelles sont plus frquentes pour les tableaux non religieux dans le groupe B que dans le groupe A. Cependant, si le passage des tableaux religieux (T24 T21) au tableau 20 paysans pour le groupe B suscite une raction marque, la transition des tableaux religieux (T07 T14) au tableau 15 paysans pour le groupe A devrait provoquer une raction comparable. Or, on observe une raction d'intensit rduite pour laquelle plusieurs interprtations sont possibles.

    On peut penser premirement que cette rduction est due au hasard. Deuximement, compte tenu des frquences importantes de la classe religion pour les tableaux 21, 22 et 23, on peut penser que les uvres de Mathieu Le Nain possdent plus de caractristiques religieuses ou sont perues comme plus religieuses que celles de Georges de La Tour (T07 T14), leur effet est alors plus net. Troisimement, il est possible que le passage du tableau 21 au tableau 20 ait t peru par certains sujets comme un changement de style et non de peintre, du fait qu'on constate que dans les noncs ils

    162 ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    PUBLICS & MUSES N 13

  • ne distinguent pas Mathieu de Louis ou Antoine. Il se peut qu'ils aient t plus marqus par ce changement de style chez Le Nain, alors que le passage du tableau 14 au tableau 15 a cr chez les visiteurs une rupture de Georges de La Tour aux frres Le Nain.

    DISCUSSION

    N. ous avons fait l'hypothse que l'exprience des uvres prcdentes influence la perception de l'uvre prsente. Dans ce cadre, en faisant varier le sens de la visite selon deux modalits, nous avons recueilli les noncs de 56 sujets-visiteurs face aux 24 tableaux d'une salle de muse. Dans notre analyse, nous avons constat que pour certains sujets, les expriences perceptives des tableaux dj vus influencent la vision des tableaux suivants, par exemple par la recherche de contrastes ou de similitudes avec les tableaux prcdents. Pour d'autres, ces influences conduisent rechercher les proprits stylistiques des uvres du peintre. Enfin, les visiteurs, consciemment ou pas, reconstituent un fil conducteur au cours de la visite du muse.

    Cependant peut-on penser que l'exprience de nos sujets est vraiment reprsentative de celle des visiteurs de muse dans une situation relle? Nous citons ici des biais potentiels lis la mthode de l'enqute, qui sont susceptibles d'influencer l'exprience de nos sujets.

    Nous avons choisi une seule salle pour que le nombre et le type des tableaux vus par chaque sujet soient identiques. De plus, nous avons impos un des deux itinraires avant la visite afin d'obtenir deux groupes de sujets comparables. Cependant les visiteurs de muse visitent rarement une seule salle. Et mme, en gnral, ils ne s'arrtent pas devant toutes les uvres et suivent plutt rarement la squence exacte des lments exposs (Melton, 1935; Nielson, 1946; Gottesdiener, 1987; Vron et Levasseur, 1991).

    Pour viter que les sujets interrogs ne soient influencs par la prsence d'autres personnes, nous leur avons demand de venir seul visiter la salle. Cependant, comme la plupart des visites au muse sont effectues en groupe (famille, couple, amis, etc.) (Falk, 1992 ; Bitgood, 1993), le visiteur seul n'est pas vraiment reprsentatif du public du muse d'aujourd'hui. D'autre part, tant donn la prsence de l'enqutrice, ce n'tait pas non plus une visite rellement seul. D'aprs le questionnaire demandant aux sujets leurs impressions sur l'exprience, certains nous ont suggr que la prsence de l'enqutrice tait importante et qu'ils se sentaient soutenus dans leur discours par la prsence de cette dernire.

    Le fait d'enregistrer sur magntophone peut crer une certaine distorsion de la visite (Silverman, 1990). Dans notre enqute, d'aprs les rponses du questionnaire, un seul sujet dclare qu'il tait gn de parler au micro devant le public. La plupart des autres ont plutt eu un avis favorable : le fait de verbaliser les a oblig rflchir sur leur ressenti et leur a permis de dcouvrir le tableau de faon plus approfondie.

    163 ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    PUBLICS & MUSES N13

  • Compte tenu des caractristiques de la situation propose aux personnes interroges, nous considrons que ces rsultats correspondent une exprience du muse optimise. En effet, la mthodologie choisie a permis aux visiteurs d'affiner leur perception des uvres. Ceci nous a permis d'observer des volutions de la perception particulirement marques. Nous pensons que nous aurions observ les mmes tendances lors d'une situation relle, mais de faon moins nette et marque.

    Un point qui nous semble particulirement important est que cet affinement de la perception des uvres provient d'une sensibilit accrue du visiteur: c'est la verbalisation et une nouvelle gestion du temps qui le rendent plus rceptif aux aides pdagogiques existantes. C'est ce que montrent les rflexions des sujets aprs la visite :

    [Cette exprience] me donne rflchir sur la faon de ressentir l'unit de la salle, laquelle on ne rflchit pas toujours. (040)

    [Cette exprience] m'a beaucoup plu. J'ai l'impression d'avoir vu beaucoup plus. J'ai vu cette salle beaucoup mieux. [ ] Le rsultat correspond la bonne manire de regarder un muse. (052)

    Trs passionnant et enrichissant par la dcouverte progressive et fouille, alors qu'en gnral je passe trop vite quand je visite. [Cette exprience] permet de prendre son temps. Le cheminement des tableaux m'a plu. L'organisation des tableaux est bien faite. C'est comme avoir un fil conducteur. (032)

    On apprend quelque chose. L'exprience est non seulement dans l'addition des uvres mais aussi dans la progression de la visite. C'est le muse qui nous apprend. On ne peut pas comparer avec les livres d'art. Jusqu' maintenant je n'avais jamais eu cette impression. Mais pour la relle influence du muse, je suis pessimiste car 99 % des visiteurs n'en profitent pas. . . Ils passent trop vite. (027)

    En ce sens, on peut donc dire que cette enqute a contribu la construction de l'exprience musale (Gottesdiener & Davallon, 1992). Ceci pose la question des moyens qui permettraient de retrouver ces conditions optimales de rceptivit pour le public. D'une part, il est vident qu'il faut retravailler sur l'accrochage lui-mme, en approfondissant l'analyse de ses effets sur le fonctionnement cognitif du visiteur. D'autre part, la suite de nos rsultats, nous ne pouvons que reprendre la recommandation de Parr (1962) lorsque ce dernier demande au concepteur-ralisateur de l'exposition de tenir compte du temps pendant lequel le visiteur peut maintenir son attention face un ordre logique de prsentation, et la ncessit d'introduire un changement des thmes prsents selon un rythme respectant le processus d'apprentissage chez le visiteur. Enfin, on peut aider le visiteur modifier sa propre gestion du temps. Un moyen serait de susciter sa curiosit, par exemple en prsentant des explications sur le travail musographique du concepteur-ralisateur et sur les relations qu'il a voulu recrer entre les uvres. En explicitant ces liens, on pourrait inciter les visiteurs modifier leur parcours et leur gestion du temps.

    164 ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    PUBLICS & MUSES N 13

  • Quelques prolongements possibles notre tude

    Nous avons montr ici la pertinence de l'application des rfrents noyaux pour dterminer les effets ventuels des tableaux prcdents sur la perception du prsent tableau. En effet, l'tude des rfrents noyaux nous a permis de mettre en vidence les variations qualitatives des ractions des sujets lors du passage d'un peintre l'autre, d'un thme l'autre.

    On peut alors se poser la question de savoir si l'tude des rfrents noyaux peut permettre de comprendre des mcanismes de la rception des uvres par les visiteurs. Pour cela, il faudrait appliquer cette notion de rfrents noyaux aux discours d'un nombre restreint de visiteurs, du dbut jusqu' la fin de leur visite. Ceci permettrait d'tudier cas par cas l'volution de leur systme de rfrence.

    Nous avons centr notre analyse sur les effets de l'ordre dans lequel les tableaux sont vus, il serait galement important d'analyser la faon dont la lecture de l'tiquette s'insre dans la construction de ce systme de rfrence. Dans l'hypothse o celui-ci s'enrichit au fur et mesure de l'avancement de la visite, la raction face au texte explicatif des visiteurs ayant vu tous les tableaux diffrerait de la raction de ceux qui commencent la visite.

    Par ailleurs, l'analyse portant sur les donnes textuelles ne peut pas se limiter l'tude des rfrents noyaux. En effet, malgr l'importance accorde leur fonction de constitution de l'ossature du sens, les rfrents noyaux ne constituent qu'une partie de la surface textuelle. Nous trouvons dans les noncs discursifs d'autres types d'lments langagiers: locutions adverbiales, prpositionnelles, verbales, etc. En ce sens, notre tude portant uniquement sur les rfrents noyaux, qui sont principalement bass sur les substantifs (et leurs quivalents), n'est qu'un dbut de travail, qu'il faut complter en tudiant d'autres aspects langagiers pour enrichir l'ensemble des mthodologies d'analyse des donnes textuelles.

    Dans notre tude, nous avons impos un sens de parcours au visiteur. Nous avons vu qu'un certain sens de la visite tait plus favorable qu'un autre au reprage de certains thmes. Certains travaux ont montr que le type de parcours offert, impos ou libre peut jouer sur la comprhension du message de l'exposition chez les visiteurs. Ainsi, deux modes de prsentation, un mode structur canalisant le parcours des visiteurs et un mode non structur laissant le choix du parcours aux visiteurs ont t compars par Falk (1993). Le rsultat montre que le mode non structur non seulement invite plus les visiteurs regarder les lments exposs mais aussi permet de mieux comprendre le but de l'exposition. La cause de cette meilleure performance dans le mode non structur est interprte par l'auteur comme l'intervention du visiteur dans l'laboration de son propre programme de visite. Par contre, dans le mode structur, il est possible que le programme propos par le muse soit entr en comptition avec celui du visiteur tout au dbut du droulement de la visite et ait interfr ngativement sur la comprhension de l'exposition.

    165 ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    PUBLICS & MUSES N13

  • Dans ce dbat sur les effets d'un parcours libre, il nous semble que l'on ne peut opposer parcours libre parcours impos, il faut prendre en compte l'adquation entre les thmatiques et leur prsentation spatiale. Une prsentation linaire peut tre en contradiction avec une prsentation de thmes de fait indpendants et la comprhension de l'exposition en est alors perturbe (Gottesdiener, 1987). La question des logiques de parcours pourrait tre reprise partir de l'analyse d'un ensemble d'expositions ayant adopt des partis diffrents.

    Sources de variation

    Entre sujets Sens (Ss) Erreur S (Ss)

    Intra sujets Tableau (T) SsxT Erreur S x T(Ss)

    Total

    Tableau I Rsultat d'analyse de variance

    Sommes des carrs

    362.88 23499.17

    2975.50 1239.75

    18113.72

    Degrs de libert

    1 54

    23 23

    1242

    1343

    Carrs Moyens

    362.88 435.17

    129.37 53.90 14.58

    F

    0.83

    8.87 3.70

    H. G. A. K.

    Pr>F

    0.3652

    0.0001 0.0001

    166 ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    PUBLICS & MUSES N13

  • Tableau II Frquence d'apparition des diffrents rfrents noyaux

    et nombre de sujets dans ces classes

    Sens Classe

    rt vtement * femme * gens loirir * finance * cat. professionnelle * miment * textile * lumire * homme crit air * vaisselle * matire * droite * boisson vgtal

    Frquence totale Nb de classes

    A Frq.

    12B 74 70 62 46 33 29 28 77 21 20 18 n 14 14 12 U 10

    734 9

    T06

    Nb sujet 25 22 23 21 16 13 14 15 9

    11 10 8

    10 8 5 8

    11 5

    Sens Omk

    art * gens * femme * vtement * sentiment loisir * crit * boisson finance * vaisselle air * lumire politique richesse * tGAtile * homme * vgtal gauche

    Frquence totale Nb le classes

    B Frq.

    95 79 53 50 50 34 25 21 20 15 15 14 14 12 11 10 10 10

    631 37

    Nb sajdl 24 20 23 20 17 16 13 13 12 10 7 g 8 8 5 g 8 5

    Sens Clan*

    ail * gens * enfant * animal * boisson * alimentation * sentiment * agriculture * femme * vaisselle air * famille * habitat * vie lumire feu vtement homme

    Frquence totale Nb de classes

    A Frq,

    89 56 52 42 35 34 30 29 28 21 20 20 19 15 14 12 12 10

    592 31

    T20

    Nb sujets 25 19 17 21 15 13 16 1S 13 14 12 9 12 9 8 9 7 6

    Sens Classe

    an * gens * animal * sentiment * lumire * alimentation agriculture * enfant habitat * famille air vie feu * boisson * femme * vaisselle vlement

    religion gauche vieillesse pauvret droite

    emploi * homme

    comportement photographie loisir

    Frquence totale Nb de classes

    B "* s.

    146 91 72 72 53 53 48 46 39 34 32 30 29 2 24 23 22 20 18 17 13 12 12 12 12 12 10

    1114 51

    167 ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    PUBLICS & MUSES N13

  • Tableau III Mots utiliss dans la classe religion pour le tableau n 23

    Mot utilis bible catholique cne christ communion dieu monastre plerin plerinage plerine prire religieux religieuse religion rsurrection

    Total

    Sens A Frq

    4 1 9

    12 2 1 1

    15 3 3 1 9 3 3 3

    70

    T23

    Nb sujets 4 1 7 6 2 1 1 6 1 1 1 7 3 3 2

    18

    Mot utilis bible catholicisme catholique cne chrtienne christ dieu dogme eucharistie vangile missel plerin plerinage prophte religieux religieuse religion rsurrection Total

    SensB Frq.

    3 1 2 1 1

    22 1 1 3 3 1

    16 1 1 9 3 3 t

    73

    Nb sujets 1 1 1 1 1 8 1 1 3 2 1 7 1 1 7 3 2 1

    20

    168 ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    PUBLICS & MUSES N 13

  • NOTES

    1. On peut citer par exemple les documents suivants: Guide du visiteur: la peinture franaise, Chercheur d'art: destination Louvre et Guide du visiteur press, ainsi que le Cdrom Louvre, qui sont publis par la RMN.

    2. Nous avons regroup les sujets en deux groupes: moins de 5 fois ou au moins 5 fois suivant les catgories faites par le ministre de la Culture (voir par exemple: Ministre de la culture. Les Pratiques culturelles des Franais: 1973-1989. Paris: La Dcouverte /La Documentation franaise, p. 204-205.)-

    3. On entend par combinaisons figes les mots unis par un ou des traits d'union (par exemple: peut-tre, grand-chose). Les combinaisons en voie de figement peuvent tre dfinies, en recourant la base lexi- cographique, comme des groupes de mots ayant la mme fonction que des mots. On y trouve par exemple tout de suite (loc. adv.), moins que (loc. conj.), par rapport (loc. prp.), etc.

    4. Du fait que la distribution du nombre de mots n'tait pas normalement distribue, nous avons normalis les donnes en en extrayant la racine carre (Tanaka & Yamagiwa, 1992); l'analyse de variance a t effectue sur les donnes transformes.

    5. Lorsqu'on constate une diffrence significative sur l'interaction, les effets des facteurs (ici Sens et Tableau) doivent tre dtaills: il faut analyser l'interaction en procdant des tests qui permettent d'tudier l'effet d'un des deux facteurs Sens ou Tableau, en fixant l'autre facteur: 1) comparaison Sens A et Sens B pour un tableau fix ; 2) comparaison des 24 tableaux en fixant chacun des deux sens.

    6. Des caractres gras indiquent les mots classs dans la classe religion.

    7. [ ] indique les parties supprimes dans les noncs faute d'espace.

    8. Le sujet 055 a recherch la Vierge Marie dans le T20 et a presque pris la jeune fille paysanne reprsente avec

    le voile au fond du tableau pour la Vierge.

    9. Les mots entre parenthses sont ajouts par nous.

    169 ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    PUBLICS & MUSES N13

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    171 ACCROCHAGE ET PERCEPTION DES UVRES

    PUBLICS & MUSES N 13

  • RESUMES

    ans les muses d'art la question de l'accrochage est centrale, mais elle a conduit trs peu de recherches empiriques. En psychologie de l'art trs peu de travaux portent sur la perception de sries de tableaux. Nous avons fait l'hypothse que la perception des oeuvres tait influence par l'exprience des uvres qui les prcdaient.

    Une situation d'observation a t construite qui permet de contrler l'ordre dans lequel les tableaux sont vus et de recueillir les propos de visiteurs. Nous nous proposons de mettre en vidence les effets de cet ordre partir de l'analyse des discours.

    \^/ne of tbe crucial problems in Art Musums is related to tbe way paintings are banging on the walls. But very little empirical research bas been conducted on tbis topic. In psycbology of art few works bear on the perception of sries of canvases. Our hypothesis is that the perception ofart works is strongly influenced by the rception of the works that directly prcde them.

    An exprimental situation bas been constructed which enables to control the squence of the canvases seen The visitors are interviewed and their comments coUected. Our project, following the method of discours analysis, examines the effects ofthe squence on their perception.

    E, m los museos de arte, el modo de disponer las obrar es muy importante, pero suscito muy escasas investigaciones. La psicologia del arte a producido muy pocas cosas en la percepcin de sries de obras. Basamos una investigacin sobre la hyptesis que lo que el visitante habia visto antes podia influir su manera de ver una obra.

    Una osbervacin fue conducida para controlar el sentido de visita, y recoger las impresiones de los visitantes. Proponemos mostrar los efectos de este orden, con un anlisis de discurso.

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    InformationsAutres contributions des auteursAtsuko KawashimaHana Gottesdiener

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    PlanMthodologieChoix de lieu de l'enquteQuelques caractristiques de l'organisation des tableauxChoix des itinrairesRecueil des donnesCaractristiques des sujets interrogsOutil d'analyse des textes

    Analyse et interprtation des donnesL'volution quantitative de la production verbaleUnivers de rfrence selon le sens de la visite

    DiscussionQuelques prolongements possibles notre tude

    Rfrences bibliographiques

    IllustrationsFigure 1: Accrochage des uvresFigure 2 : Analyse quantitative de la production verbaleTableau 1 : Rsultat d'analyse de varianceTableau 2 : Frquence d'apparition des diffrents rfrents noyaux et nombre de sujets dans ces classesTableau 3 : Mots utiliss dans la classe religion pour le tableau n 23