18 PAYS DE NORMANDIE

VIVRE ICI Artisanat

Quinze ans sont nécessaires pour devenir un maître horloger de talent.

200 pièces composent une montre.

Pour certains, posséder de belles montres est une vraie passion. L’actualité récente l’a démontré mais pour ces passionnés, le prestige, c’est la montre artisanale. Un maître horloger venu d’Outre-Rhin compte faire de l’Eure la référence en matière de montres haut de gamme.

A Menneval

LE TEMPS C’EST DE L’ARGENT

TEXTE ET PHOTOS : GILBERT MERCINIER

S ur une montre, le mécanisme fait la dif-férence. Certaines d’entre-elles, excep-tionnelles par la qualité de leur mouve-ment et de leur fi nition, valent plus de

100 000 €… Inutile d’en chercher partout. Vous ne les trouverez non pas en Suisse - même si elle pourrait être normande - mais … dans l’Eure.En 1999, amoureux de la région, Karsten Frasdorf, horloger allemand de Dusseldörf achète une mai-son à Brionne. Apprenti en Allemagne dès l’âge de 15 ans il obtient son diplôme de maître horloger à 23 ans et, spécialisé dans la restauration de montres mécaniques de marques prestigieuses comme Cartier, Jaeger, Vacheron-Constantin, Bréguet, il travaille chez les plus grands horlogers allemands et suisses… Mais une idée l’obsède : créer sa propre marque.

Les débutsIl se décide en 2001. Tout en continuant à pro-duire mouvements et prototypes pour les grands horlogers, il fera sa propre montre. Chez lui, en Normandie. « L’horlogerie, avant d’être suisse était française ; il existe une forte tradition horlo-gère en Normandie. » rappelle-t-il.En 2005, c’est l’installation puis la création de la FDMN, la Fabrique de Montres Normandes. Karsten veut une montre de très haut de gamme qui privilégie la précision. Il doit pour cela inventer un nouveau mouvement, un boîtier, des outils, trouver des fournisseurs pour le verre, l’or… Pour gagner du temps, il se fait aider par un hor-loger suisse, Urs Gott scheu, mais il lui faudra un an et demi pour créer un prototype, s’inspirant de l’horlogerie française du XVIIIe pour certains

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Menneval

1 - Le fameux mouvement à tourbillon sur une montre de 95.000 €

2 -Pour réaliser l’une de ces montres, il faut entre 18 mois et 3 ans.

A savoirPour beaucoup, la Suisse reste indétrônable. Mais un horloger allemand, l’un des meilleurs au monde, a décidé de faire de Menneval, petit bourg de l’Eure, la référence française en matière de production de montres de très haut de gamme.

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mouvements et des montres des années 1930-40. Il invente un mécanisme à tourbillon d’une ex-ceptionnelle précision, aujourd’hui mondialement reconnu. « Vingt mille pièces sont fabriquées ici, c’est très facile d’en réaliser une mais ce qui extrê-mement complexe, c’est de les assembler. Comme dans un orchestre, la diffi culté n’est pas de réunir tous les instruments de musique mais de les faire jouer ensemble en mesure… » Après sa première montre qu’il présente au salon de Paris en 2008, il lance, en 2009, la fabrication d’une cinquan-taine de montres. « Pas plus pour ne pas entrer en concurrence avec mes clients horlogers.  » La même année, il crée une montre pour femme et commercialise trois modèles hommes.

Le temps, le vrai luxeQue ces merveilles soient en acier, en or, en platine ou serties de pierres précieuses, c’est toujours du grand art. Il vaut mieux faire preuve de patience  : pour réaliser l’une de ces montres, entre 18 mois et 3 ans sont nécessaires en fonction du modèle. Les prix (entre 14 500 € et 130 000 €) se justifi ent  : chaque montre possède son propre mouvement composé d’environ deux cents pièces. Fabriquées à la main, certaines se mesurent au micron près.

Il y a peu, il déménage sa fabrique dans une an-cienne fi lature à Menneval, près de Bernay. Depuis cett e année, il y produit en série ses œuvres et a embauché une dizaine d’apprentis. Toute sa pro-duction est vendue à l’avance.

Un art à transmett reSouvent cité dans les revues spécialisées, consi-déré dans sa profession comme l’un des dix meilleurs au monde, Karsten Frasdorf n’oublie pas pour autant la chance qu’il a eu de recevoir une formation de valeur. « J’ai un but, c’est que chaque apprenti, à la fi n de son passage chez moi, soit capable de fabriquer son propre mouvement.  » Pour transmett re son savoir-faire, il doit agir vite  : il faut 15 ans pour être au sommet de cet art. Il ambitionne de créer un centre d’apprentissage dans sa fabrique ou même une classe spécialisée dans le lycée technique de Bernay.

Pratique Maître horloger Karsten Frasdorf8 rue de Campigny27800 Brionne.

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