Astillero de Francia Donde Se Construyo El Urubamba

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Ville de Port de Bouc - Journes du Patrimoine 2005

JOURNAL DEXPOSITION

UNE VILLE, DES BATEAUX ET DES HOMMESa richesse de Port de Bouc est ancre dans lhistoire de ces hommes qui ont construit leur ville en construisant des bateaux. Aimer son patrimoine Port de Bouc, cest collecter, sauvegarder et transmettre ce repre collectif. On ne btit pas lavenir en oubliant le pass.

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En 1899, Bouc nest encore quun petit bout de dsert que des immigrs venus de partout vont faire clater en occupant lespace, en le faisant vibrer. Alors, telles les cits moyengeuses qui se sont difies autour des glises, Port de Bouc se construit au dbut du sicle autour des Chantiers et Ateliers de Provence spcialiss dans la construction de paquebots et de cargos. Provenaux de souche, puis Italiens, Espagnols, Grecs et bien dautres, venus un jour traner leur misre dans ce dsert parce que ce dsert signifiait travail, constituent bien vite une nouvelle communaut humaine, celle des travailleurs des chantiers, dont la sirne rythme la vie de la cit toute entire travers le dur labeur quotidien, les grves, les luttes et les ftes lors des lancements de bateaux, se tisse peu peu la conscience dune identit commune et dune destine collective. Quand les chantiers senrhument, tout Port de Bouc ternue avait-on lhabitude de dire. En 1966, la machine se grippe. Malgr une lutte acharne, cest la fermeture de lentreprise. Le cur de Port de Bouc sarrte de battre. Avec la carcasse des chantiers, les bulldozers croient araser lme dune ville et de plusieurs gnrations de travailleurs. Mais ctait sans compter sur la pugnacit de quelques-uns Et en 1980, lorsque loffice culturel municipal lance le recueil de la mmoire populaire des chantiers, les bouches souvrent, les souvenirs affluent, permettant de recouvrer une identit que lamertume de la dfaite poussait oublier et de se rapproprier une histoire personnelle et collective. Pour en tirer des enseignements, car la mmoire des chantiers peut servir

notamment ceux qui se battent pour sauver leur usine, on fait appel des scientifiques. Pour redonner une dimension vivante cette mmoire, on fait appel des artistes. Chercheurs et crateurs prennent le temps de la rencontre pour ne pas parler la place des ouvriers mais avec eux et pour les associer troitement aux nombreuses productions qui verront le jour: des spectacles vivants, mais aussi des dessins, des peintures, des photos, des textes, des livres et des films. Ils se font porteurs et passeurs de mmoire, parce que lorsquil ny aura plus de tmoins pour raconter cette formida-

ble aventure humaine, leurs enfants en transmettront des bribes, puis leurs petits-enfants plus rien. Alors seules les archives et les productions seront encore l pour la faire revivre et insuffler aux nouvelles gnrations les racines du futur. Ce jour nest pas encore venu puisque danciens travailleurs des chantiers se sont mobiliss pour raliser cette exposition et la prsenter aux jeunes de notre ville. Aucune nostalgie dans la dmarche des uns et des autres qui ne parlent pas pour passer le temps mais parce que les Chantiers et Ateliers de Provence

nont pas seulement structur et rythm pendant 70 ans toute la vie dune ville: Ils lui ont donn son visage multiculturel, son me ouvrire, ses modes de vie, sa fraternit, son instinct de solidarit, sa force de rsistance. Pour toutes ces raisons, tre de Port de Bouc aujourdhui, alors mme que lactivit navale a disparu, cest tre un peu des Chantiers. Mme inconsciemment.

Marie-Pierre Serre-Thomas, coordinatrice des actions culturelles.

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Port de Bouc avant les Chantiers et Ateliers de ProvenceLa situation gographique de Bouc et le port vgte. prdispose la ralisation dinfra- La loi du 3 juillet 1846 autorise lamstructures portuaires et navales nagement du chenal reliant la mer ltang de Berre et le canal de Caronte En 1794, lorsque Bonaparte visite le est oprationnel ds 1863. Le prolonfort de Bouc, Bouc nest encore quun gement vers Marseille sera ensuite hameau de la commune de Fos, mais il assur par le tunnel du Rove. rve dy crer un grand tablissement Malgr ces investissements et lrecde construction navale et une ville, et tion de la commune le 17 juin 1866, la de creuser un canal reliant le Rhne cit ne connat pas le dveloppement espr. la mer. La construction du canal dArles la fin du xIxe sicle, les industries Bouc commence en 1802 et ne sera locales priclitent et laccroissement vritablement termine quen 1842 en de la population entre 1866 et 1891 raison de nombreuses difficults. est quasiment nul. Un dcret imprial du 12 mars 1805 Mais le site prsente des atouts indordonne lamnagement du port et de niables. Situ au carrefour dun rseau la ville mais les plans tablis ne seront de communications maritimes et flujamais raliss, sauf en ce qui concerne viales, bnficiant dune rade trs proldification de la jete acheve en tge, pourvu de terrains disponibles 1820. en abondance et des prix trs accepLorsquAlexandre Dumas dcouvre la tables, il ne va pas tarder attirer la ville en 1834, le site est presque dsert convoitise darmateurs et de financiers

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Alexandre Dumas en visite BoucAu dbut du XIXe sicle, la ville espre par Bonaparte ne demeurait quun minuscule hameau peupl dhabitants fantmes. Cette impression de paysage dsertique est parfaitement rsume par une phrase de Joseph Mry, pamphltaire et satiriste marseillais. Bouc, crit-il, a t fond en 1809 par Napolon et ne compte encore quun seul habitant et une salle de billard. Le port, les quais, la citadelle sont superbes et dignes de la population qui viendra. Un autre voyageur clbre, Alexandre Dumas, effectue en 1834 un voyage dans le midi de la France. Aprs avoir couch Arles, il prend un coche deau pour se rendre Bouc. Voici le rcit savoureux et pittoresque quil nous livre de sa visite. Vers les deux heures de laprs-midi, notre coche sarrta: nous descendmes terre, et, comme nous demandions dans quel but on nous avait dpos l, notre patron rpondit que nous tions arrivs la ville de Bouc. Nous regardmes autour de nous, et nous vmes trois maisons: deux taient fermes et une ouverte, et nous la trouvmes habite par un aubergiste qui jouait tout seul au billard; sa main droite avait fait dfi sa main gauche et tait en train de la peloter, quoiquelle lui rendt six points. Je crus quil tait fou: mais comme jai autant de respect pour les insenss que de mpris pour les imbciles, je pris Jadin par le bras et nous sortmes dans la grand-rue. Nous ne fmes pas longtemps la trouver. quelques pas de la maison, il y avait une perche. Au bout de cette perche un criteau: GrandRue ou Rue du Port. Nous y tions. Nous nous engagemes. Au bout de cent pas, nous trouvmes un autre criteau sur lequel il y avait: Thtre de Sa Majest lImpratrice Marie-Louise. Nous nous arrtmes; ctait l, selon toutes les probabilits, que nous avait donn rendez-vous notre aubergiste.

En effet, cinq minutes aprs nous le vmes paratre. Le brave homme fut dune complaisance merveilleuse: je navais jamais vu cicrone plus rudit. Pendant deux heures, il nous promena dans les quatre coins de la ville et nous fit tout voir, depuis les Abattoirs jusquau Jardin des Plantes, nous indiquant chaque btiment dans ses moindres dtails et ne nous faisant pas grce dune fontaine. Heureusement javais pris mon fusil, si bien que, tout en parcourant la ville, je tuai un couple de cailles la Bourse et un livre la Douane. Nous demandmes ce brave homme sil y avait moyen davoir dner: il Cest une ville magnifique que Bouc, seulement elle a le malheur contraire nous rpondit que rien ntait plus facile, pourvu que nous eussions la com- celui du cheval de Roland: le cheval de Roland navait quun vice, celui plaisance dattendre. Que faire pendant ce temps-l? Il nous rpondit que dtre mort; la ville de Bouc na quun seul dfaut, celui de ntre pas ne. cela prs il ny a pas de reproches lui faire, je dirais mme plus, cest quon nous pourrions visiter la ville. y dne mieux que dans beaucoup dautres villes qui, pour la dsolation des Quelle ville demandai-je? voyageurs, ont le malheur dexister. La ville de Bouc, rpondit laubergiste. Je crus que javais pass prs delle sans la voir; je retournai sur le seuil de la porte, je regardai tout autour de moi: il ny avait que deux maisons fermes, et aussi loin que la vue pouvait stendre, pas le plus petit monticule derrire lequel pt se cacher, non pas une ville, mais un plan en relief. Je rentrai et trouvai Jadin qui lisait un papier imprim coll contre le mur. Il faut, lui dis-je, que Bouc soit quelque ville souterraine comme Herculanum, ou cache comme Pompi, car je nen ai pas aperu un vestige. Eh bien! Je lai dcouverte moi, me dit Jadin. Et o est-elle? La voil, me dit-il. Et il me montra du doigt limprim. Je mapprochai et je lus: Napolon, par la grce de Dieu, Empereur des Franais, Roi dItalie avons ordonn ce qui suit: il sera lev une ville et creus un port entre la ville dArles et le village de Martigues. Cette ville et ce port sappelleront la ville et le port de Bouc. Notre ministre des Travaux Publics est charg de lexcution de la prsente ordonnance. Donn en notre chteau des Tuileries le 24 juillet 1811. Sign: Napolon. Au-dessous de lordonnance tait le plan. Voil me dit Jadin. En effet, dans un des rares moments de repos que lui donnait la paix, Napolon avait report ses yeux de la carte de lEurope la carte de France, et, posant le doigt sur les bords de la Mditerrane, entre la Crau et la Camargue, il avait dit: il faudrait l une ville et un port Aussitt sa pense, recueillie au vol, avait pris corps et stait reprsente lui le lendemain sous la forme dune ordonnance au bas de laquelle il avait mis son nom. Alors on avait fait un plan et envoy des ingnieurs. Puis la campagne de Russie tait venue, suivie des dsastres de Moscou, et comme on manquait dhommes, attendu la grande consommation quen avait fait lhiver, les ingnieurs furent rappels; ils avaient eu le temps de creuser un canal et de tracer le plan de la ville; puis un spculateur prcoce avait bti trois maisons dont deux taient fermes faute de locataires, et dont la troisime transforme en auberge tait habite par notre hte. Ctait cette ville qui nexistait pas quil nous avait offert de visiter. Jeus un instant de terreur: lide mtait venue que le dner pourrait bien tre aussi fantastique que la ville. Je ne fis quun saut de la chambre la cuisine: la broche tournait et les casseroles taient sur le fourneau. Je mapprochai de lun et de lautre pour massurer si ce ntait pas le fantme dun gigot ou lombre dune perdrix que javais devant les yeux; cette fois ctait bien une ralit. Ah! Ah! cest vous me dit lhte en remontant le tournebroche; patience! Faites un tour dans la grand-rue, je vous rejoins en face du Thtre.

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La cration et la construction des C.A.P.Les chantiers ncessitent de la mainduvre. On fait appel des travailleurs trangers. la construction des ateliers, sajoute celle des logements. La ville prend forme. lorigine de la cration des C.A.P., deux hommes : Alfred Fraissinet et Jules Charles Roux qui, par leurs activits conomique et politique, vont rassembler les capitaux ncessaires lentreprise. Le 30 novembre 1898, une dlibration spciale du conseil municipal accepte le principe de cette implantation, au nom de lintrt de la commune et de la population (1400 habitants). Les tractations aboutissent rapidement: 10 hectares sont vendus par des particuliers ou cds par la ville. La socit achte aussi la fabrique des Charbons Agglomrs situe lanse Aubran et ferme en 1896. La mme anne, les nouveaux actionnaires obtiennent de ltat largent ncessaire pour creuser la rade dont la profondeur est insuffisante. qui est spcialise dans la fabrication de chaudires et de moteurs de bateaux. - Lunit de Port de Bouc, situe en centre-ville et coupant le quartier de la Lque de celui du Canal, est structure autour de 6 cales de 125 150 mtres. Elle forme un ensemble cohrent qui permet une bonne division du travail entre les diffrents ateliers et une circulation logique des matriaux entre les ateliers et les cales. La modernit des installations vaut la maquette et aux La socit est officiellement cre le plans dtre remarqus lexposition 25 fvrier 1899 et comprend deux universelle de 1899. units : - Lunit de la Madrague Marseille Les Chantiers sont trs rapidement fonctionnels mais, pour une telle entreprise, la main-duvre purement locale ne suffit pas (1100 employs recruter). Des ouvriers arrivent de Martigues, dArles, de Marseille mais en trop petit nombre. On fait donc appel des travailleurs trangers (italiens, espagnols et grecs pour la plupart) qui arrivent avec femmes et enfants, contribuant faire doubler le chiffre de la population en quelques annes. La capacit daccueil de la ville en terme de logements savrant trs insuffisante (3600 personnes loger), les patrons crent la Socit des maisons ouvrires de Port de Bouc.

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Alfred Fraissinet.

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La production des Chantiers et Ateliers de ProvenceDe 1899 1966, plus de 200 bateaux mandes. En 1942, lorsquils passent sont construits. Une aventure faite sous autorit allemande, ils terminent de temps forts et de dsillusions. les derniers avisos coloniaux qui ne participeront aucune campagne Les installations termines, le travail militaire, puis assemblent des chapeut commencer. Le 26 aot 1901, le lands de dbarquement dont les Marc Fraissinet, premier navire pices sont fabriques en Allemagne. lanc par les C.A.P. prend le large. Dsormais, au rythme de deux navires en moyenne par an, paquebots, cargos, - 1945-1964: Cest dabord la priode avisos, canonnires, remorqueurs, quit- de reconstruction puisque 70 % du site tent les chantiers et sen vont parcou- ont t dtruits par les allemands, puis rir les mers du globe. Le Germania, celle de la renaissance apporte par de le Espagne, le La Fayette (pour ne nouvelles technologies (le rivetage est citer que quelques noms), superbes remplac par la soudure et les chaupaquebots de 164 mtres de longueur dires vapeur par les moteurs fuel). jaugeant 14 800 tonneaux, tmoi- Mais en 1950, la crise dans la construcgnent aux quatre coins du monde de la tion navale se gnralise et une loi du rputation et du savoir-faire des chan- 24 mai 1951 assortit lobtention de subventions lobligation pour les tiers navals de Port de Bouc. De 1901 1966, les chantiers ont produit constructeurs de rduire leurs effectifs Mise en place des membrures. plus de 150 navires de commerce (des et de moderniser leurs installations. La paquebots et des cargos) et 17 navires production des C.A.P. se spcialise de guerre (principalement des avisos alors dans la construction de cargos coloniaux), soit un total de 480681 mixtes et notamment de bananiers, tonneaux de jauge brut, correspondant mais les C.A.P. ne retrouvent pas la part du march national davant 1914 10 % de la production nationale. Sil ny a aucune commune mesure et ne rpondent plus aux besoins des entre un remorqueur de 16 mtres et un armateurs dornavant tourns vers le paquebot de 182 mtres, certains bateaux transport des hydrocarbures. ont nourri la mmoire collective. Sauf pour les paquebots de luxe La parution du livre blanc de la davant 1914, il scoule en moyenne construction navale en dcembre 1959, une anne entre la pose de la premire qui redfinit les modalits de laide de tle et le lancement du bateau. Cette ltat, signe le dbut de la fin priode correspond lensemble des travaux effectus sur les cales. cela sajoutent les six mois supplmentaires au quai des Agglomrs pour terminer lamnagement intrieur du bateau, ce que lon appelle larmement du navire. La production des C.A.P. sorganise autour de trois grandes priodes : - 1900-1914 : une production trs soutenue comprenant de nombreux paquebots de luxe qui valent aux C.A.P. une renomme mondiale et des commandes de nombreuses compagnies maritimes, notamment la Compagnie Gnrale Transatlantique. - 1914-1945: aprs la guerre de 14-18, les C.A.P. subissent une priode de crise et de chmage. Ils doivent se reconvertir dans lindustrie aronautique, le matriel ferroviaire, puis le matriel divers pour larme. Les commandes de ltat assurent leur survie. Le premier cargo bananier quils mettent au point leur vaut une certaine notorit et plusieurs com-

Quotidien rgional La Marseillaise, du 23 juillet 1960. Fixation de larbre dhlice et du gouvernail.

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Que sont-ils devenus ? :Provence - Lanc le 24 fvrier 1966 Port de Bouc. - Paquebot car-ferry command par la Compagnie Gnrale Transatlantique (CGT) pour ses lignes de Mditerrane. - 392 passagers de 1re classe - 532 passagers de 2e classe - 186 passagers de 4e classe - 230 voitures - 13 officiers et de 53 59 hommes dquipage. - Graves incidents sociaux au lancement de la coque, puis au quai des Agglomrs. - Opposition des syndicats au remorquage la Ciotat pour la finition. - Remorquage finalement excut aprs assurance donne au personnel quil serait transport chaque jour la Ciotat pour effectuer lachvement. - Quitte Port de Bouc, le 7 mars 1966. - Rebaptis Comt de Nice. - Essais le 3 juillet 1966, livr la compagnie le 27 juillet 1966, inaugure son service le 30 juillet 1966. - Sera utilis de Marseille vers la Corse et lAfrique du Nord. - Transfr le 1er juillet 1969 la Compagnie Gnrale Transmditerranenne. - Transfr en 1976 la Socit Maritime Nationale Corse-Mditerrane (S.M.N.C.M). - Dsarm en octobre 1982. - Vendu en mai 1983 il devient le grec Naias II, lArmement Ola Shiiping Company puis Syros Naftiki Eteria. Ville dAlger - Paquebot de 147,60 m lanc le 4 fvrier 1935 St Nazaire - Sabord et incendi le 20 aot 1944 dans le canal de Caronte - Remis en tat en 1945-1946 Port de Bouc. Sampiero Corso - Lanc le 10 novembre 1935, petit paquebot pour le compte de ltat, donn en grance la compagnie Fraissinet pour desservir les lignes postales de la Corse. - Voyage inaugural pour la Corse le 17 juin 1936. - 900 passagers dont 194 en cabines de luxe. - Rquisitionn en septembre 1939, il devient laviso-auxiliaire P8, arm de canons et de mitrailleuses, rendu la compagnie en 1940. - Saisi le 7 janvier 1943, il devient litalien Canossa. - Repris en septembre 1943, il est transform en navire antiarien par les allemands. - Sabord le 22 juin 1944 lentre du Port de Cassis par les Allemands, torpill le mme jour par les anglais Universal. - Renflou fin 1945, remorqu la Seyne, remis en tat et ramnag en 1949. - 101 passagers de 1re - 146 passagers de 3e - 537 passagers de pont - Cd la CGT qui lutilise de 1951 1966 sur les lignes de la Corse. - Vendu un armement de Hongkong sous pavillon Panamen. - Dmoli Hongkong en octobre 1968. Touggourt - Cargo frigorifique lanc en 1949. - En 1966 est affrt pour 6 mois par la compagnie Paquet. - En octobre 1969, est vendu la socit Mongasque dArmement et de Navigation qui le rebaptise Valdor. - En octobre 1972, devient le philippin Dona Angelina. Vosges - Livr le 3 septembre 1960 - Cargo navire de charge dune srie de 10 navires destins remplacer les liberty-ships 2 Port de Bouc, 7 la Ciotat et 1 Hoboken (Belgique). - Toute la ville dplore les dcs accidentels son bord de Florient Mendez, Antoine Tudela et Jean-Pierre Demiras, brls et dchiquets par une explosion provoque par un chalumeau dfectueux le 21 juillet 1960. - Mis en service sur lAustralie. - En 1972, est utilis dans le Pacifique ou le Sud-Est asiatique. - Vendu le 19 juin 1978, devient grec et nomm Paulina. - Renomm Forum express, puis Al Montaser (saoudien) en 1982. - Coul le 22 juin 1982 aprs incendie.Germania :1902.

Bateau en construction.

Marc Fraissinet II :1901

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Masque de soudeur et collerette de protection en cuir pour la soudure au plafond. Boules de ptanques que se fabriqus les ouvriers avec les chutes dacier.

cope taille dans une seule pice de bois par les menuisiers, pour les canots de sauvetage

poussoir aiguille compos dun protge-paume en cuir et dun d en fer.

Pistolet air comprim pour le matage des rivets et pour chanfreiner et embouts divers (matoir, burin, pointe).

Compas pointe sche.

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Burin calfater

Rabots et varlope

Burin calfater

Rivets et boulons

Srie de coins servant soulever ou carter des pices de mtal ou des tles

Principaux outils dun traceur (compas, rgles, pointeaux, aiguille)

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Des bateaux et des hommesDe la conception dun navire sur plan sa livraison plusieurs corporations interviennent : cintreurs, riveurs, faonneurs, monteurs, soudeurs, menuisiers bois, menuisiers fer La construction dun bateau sorganise en quatre phases fondamentales, situes en des lieux diffrents et faisant appel divers corps de mtiers ou corporations: Phase 1 : Conception du navire sur plans. Dans le btiment de la direction et de ladministration, les ingnieurs et les dessinateurs du bureau dtude conoivent et ralisent les plans du navire en fonction de la demande de larmateur. ces plans sajoutent ceux destins aux ateliers pour la construction et lhabillage de lintrieur du navire. Phase 2 : Traage, oxycoupage, formage, peinture. Dans le btiment B4 qui abrite la salle tracer et divers ateliers, les plans sont confis aux traceurs pour la recherche des formes dfinitives du bateau. Les tles brutes arrives du parc tles sont diriges vers le btiment B16 o elles sont traces, oxycoupes puis faonnes pour les cintrer. Les faonneurs, aids de frappeurs la masse, les roulent ou les chauffent au chalumeau pour leur donner le galbe voulu. partir de 1947 lemploi de la soudure, linstallation de portiques sur les cales, de ponts roulants dans les ateliers, la simplification des formes des navires, modifient en profondeur le travail de la tlerie. Phase 3 : Montage sur cales, soudure, lancement. Le travail effectu sur les cales ncessite lintervention de presque toutes les corporations en mme temps mais dans des lieux diffrents en fonction de la disponibilit de lespace. Le berceau sur lequel repose le navire est install par les charpentiers-bois qui suivent la construction du navire en le maintenant par des pontilles (grosses poutres en bois). La construction et le montage de la quille, de la coque, des ponts et des infrastructures sont confis aux charpentiers-fer, les soudeurs unissent par leur travail tous ces lments. Puis, selon lavancement des travaux, plusieurs autres corps de mtier interviennent: chanfreineurs, riveurs, lectriciens Le lancement, opration dlicate, est prpar par la corporation des charpentiers-bois. Phase 4 : Armement, finition, essais, livraison. La dernire phase, ralise au quai des Agglomrs, regroupe tout ce qui concerne larmement, cest--dire lhabillage du navire. Linstallation des moteurs, la ventilation, lamnagement des cabines de lquipage et des passagers, la finition du navire sont raliss par diverses corporations: ajusteurs machines, traceurs divers, menuisiers bois, menuisiers bnistes, lectriciens, tuyauteurs Avant la livraison dfinitive du navire, plusieurs jours sont passs en mer pour les essais de machines et autres. Sans oublier toutes les corporations annexes non cites qui ont contribu, directement ou indirectement, la ralisation de centaines de bateaux.

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Lancement du Cuba Port de Bouc. Le 31 mai 1914.Article paru dans Le Petit Marseillais du 1er juin 1914.Notre charmante petite ville offrait aujourdhui un rare spectacle de liesse et dentrain. On y lanait le paquebot Cuba de la Compagnie transatlantique. Rappelons que ce navire, le plus grand de ceux construits ce jour en Mditerrane mesure 171 mtres de longueur, 19,50 m de largeur et que son dplacement correspond 14800 tonnes, il desservira la ligne St NazaireCuba. De bonne heure, vhicules de toutes natures ont dbouch de nos routes, dbarquant un flot de curieux que ce spectacle attire ordinairement chez nous. Dans les rues scoulaient dinnombrables visiteurs, une foule bigarre et compacte, excursionnistes de la Pentecte, gens du voisinage, riches invits dont les automobiles stationnaient en ronflant. Bref, partout, laspect inaccoutum dune ville en fte. Vers 11 heures, tout le monde sachemine vers les Chantiers de Provence, gracieusement ouverts par la direction. Superbe, le Cuba dressait sa masse imposante aux lignes pleine harmonie et de puissance. La crmonie commena par la bndiction traditionnelle. Elle fut donne par le cur de notre paroisse M. Lesbros Ce rite accompli, Mme dAllest gravit lescalier des tribunes dhonneur. Une cordelette fleurie et enrubanne tait tendue entre le navire et celles-ci. Une bouteille du dlicieux vin mousseux Royal Provence des vignobles rputs de M. douard Thry Rognac sy balanait. un signal donn la marraine trancha la corde et la bouteille, dcrivant une courbe, vint se briser sur les flancs du Cuba o la mousse se rpandit. Bon prsage. Munie de sa hache dargent, la marraine donna le signal symbolique du lancement. Aux accents de la Marseillaise excute par les excellentes musiques de Mouris et de Grans, le navire sbranla lentement et glissa sous son berceau. Le mouvement sacclra, bientt larrire plongea, soulevant dnormes lames et le cuba, envelopp dcume et de fume, flotta dans son lment. Denthousiastes acclamations avaient salu le dpart du paquebot. Elles rsonnaient encore quand il sloigna, conduit par le remorqueur vers les ateliers de montage o lon procdera son achvement. lissue de cette belle crmonie, on se rend au banquet qui, comme de coutume, a lieu dans la salle de dessin artistiquement dcore. la table dhonneur, aux cts de M. Jules Charles-Roux, prsident, se trouvent Mme dAllest et Mme A.Fraissinet. De part et dautre M. dAllest, administrateur dlgu, M. Ortiz, Ministre de Cuba, M. Zevort, Sous-Prfet dAix, M. Arifi, M. Roque, maire de Port de Bouc, M. Merlat, Conseiller Gnral et Maire de Martigues une table au centre, on remarque un ouvrier de chaque corps dtat, dlicate attention de M. dAllest, qui a tenu remercier le personnel des ateliers, qui, au grand complet, a souscrit lachat dun objet dart pour tre offert Jules Charles-Roux. Le menu, sign Castelmuro, fut comme toujours exquis. Au dessert, M. Fraissinet prend le premier la parole. Il rappelle la part considrable prise par Jules CharlesRoux dans la cration des Chantiers de Provence et dit avec quel empressement le conseil dadministration sest associ linitiative prise par le personnel de tous les rangs en tmoignant par loffrande dun objet dart, la reconnaissance qui lui est si justement due. M. dAllest lui succde et dans un vibrant discours adresse les plus vifs remerciements Jules Charles-Roux prsident de la Compagnie Gnrale transatlantique, son directeur M. Dalpiaz, M. Grolons, ingnieur en chef et termine en levant son verre en lhonneur du prsident. Jules Charles-Roux remercie vivement et aprs avoir, avec son grand talent, adress des loges M. dAllest, M. Ortiz, M. Roque, il se tourne vers M.Edmond Thry qui assiste au banquet avec son fils Ren Thry: il lve son verre rempli de vin gnreux Royal Provence Je bois ditil en lhonneur de la science conomique dont vous tes un des plus rudits protagonistes. son tour, M. Roque dans une charmante improvisation rend hommage Jules Charles-Roux. Grce lui, Port de Bouc est devenu une cit florissante. Aussi le Conseil en signe de reconnaissance a donn son nom une rue de la ville. Il ne dsespre pas de voir plus tard slever sur lune des places publiques, un monument portant cette inscription: A Jules CharlesRoux, Port de Bouc reconnaissant . Puis M. Merlat termine la srie des discours. Ainsi se termina cette belle fte toute en lhonneur de la socit des Chantiers et Ateliers de Provence.

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Les luttes sociales aux Chantiers et Ateliers de ProvenceTous ces travailleurs sans lesquels les bateaux ne verraient pas le jour, sont aussi Libration, qui prend en main le destin de la ville le 20 aot 1945, est prsid des hommes qui luttent pour amliorer leurs conditions de vie, pour librer leur par un ouvrier des C.A.P. (Rene Rieubon qui deviendra maire de Port de pays sous occupation allemande, pour prserver leur emploi Lhistoire des luttes Bouc) et compte cinq de ses ouvriers parmi les sept membres qui le composent. sociales dans les Chantiers en tmoigne. - 1944-1947 : des annes dterminantes. Aprs de trop brves annes deuphorie, survient trs vite une priode critique Ds le 21 aot 1944, les Chantiers passent sous le contrle de la CGT et des de rcession entranant des licenciements massifs. Pour pallier la crise, les chan- milices patriotiques. Sous leur impulsion, le personnel s'active pour remettre les tiers se tournent aussi en 1907 vers la production de matriel ferroviaire, puis installations en tat (site dtruit 70 %) et relancer la production au plus vite. en 1924 vers la fabrication et la rparation davions militaires. Ds lors, lusine ne cesse de connatre des hauts et des bas. Priodes de plein- Le 7 octobre 1944, le Comit de Libration demande et obtient la rquisition emploi et de relative prosprit alternent avec celles, plus douloureuses, de ch- (nationalisation) de l'entreprise, qui durera jusqu'en 1948. mage, dincertitude et dangoisse. Des conflits sociaux, parfois longs et violents clatent et tmoignent de la volont des travailleurs de dfendre leurs emplois, Le 7 avril 1945, le comit dentreprise, conqute syndicale de la Libration, dobtenir des salaires dcents et des conditions de travail plus humaines: se met en place aux C.A.P. Ses membres sont lus au suffrage direct sur listes syndicales et pour un an, par - 1900-1934 : naissance du syndicalisme. lensemble du personnel de lentreprise. Les premires grves concident avec la mise en place des C.A.P. Ses commissions passent de 4 en 1946, 11 en 1948. En fvrier 1900, un conflit est men par des terrassiers italiens qui rclament une augmentation de salaire. Cest un chec mais, en juin ils obtiennent satis- Ses objectifs : faction (0,50 F par heure et 10 heures par jour). - Amliorer le sort des travailleurs sur le lieu de travail, par lintermdiaire des Cette premire priode est caractrise par la naissance et la fragilit des struc- uvres sociales, certes toujours payes par le travail des salaris, mais qui peutures syndicales, qui ne parviennent pas simposer en dehors des moments de vent tre exploites par eux et pour eux. grve quelles suscitent. - Dvelopper la production pour relever lconomie du pays, amliorer le ren- 1936 : le Front Populaire. dement et lorganisation de lentreprise. Suite des grves courtes mais rptes, conduites avec succs par les riveurs, un syndicat CGTU des riveurs se cre et se transforme en 1935 en Syndicat - Aider la classe ouvrire faire son apprentissage pour passer un stade plus Unitaire des Mtaux de Port de Bouc. Il tablit un cahier des revendications, volu de rapport de production qui ne repose plus sur lexploitation de prlude aux conventions collectives, qui constitue un des principaux acquis du lHomme par lHomme. Front Populaire. son actif, notons la cration dune cantine, dune cole de soudure et dune bibliothque en 1946, de la colonie de Seyne les Alpes en 1947, dun centre dapprentissage en 1948, dune maternit en 1952, dun service de mdecine en 1953

- 1938 : une anne charnire. La priode de calme relatif qui suit la signature des conventions collectives, se termine brutalement par la grve nationale du 30 novembre 1938, qui connat un succs incontestable aux Chantiers. La direction sollicite des renforts de police et la rpression est dure. Au bout de 15 jours de grve, les ouvriers sont vacus par la police. Sur les 30 licencis, 28 appartiennent la C.G.T. et 21 y exercent des responsabilits. - 1939-1945 : les chantiers et la guerre. Le 11 dcembre 1939, le Prfet annonce la dissolution des syndicats alors que le PCF a t dclar hors la loi par la loi du 26 septembre. Laction illgale et clandestine sorganise peu peu. Le 12 novembre 1942 les chantiers passent sous le contrle de la Kriegsmarine et la Rsistance prend forme. Le comit de - 1949 : le Lock-out. loccasion du lancement du Touggourt prvu le 25 juin 1949, les ouvriers demandent une prime de lancement que la direction refuse de leur accorder. Une demi-journe de grve avec occupation des cales se solde par larrive des CRS et lannonce du Lock-out (fermeture temporaire) par la direction.

13Cest le dbut dune grve gnrale qui durera quatre mois, avec occupation de lusine par les grvistes, mobilisation des femmes des travailleurs, organisation de meetings et de manifestations (La marche de la faim), appel la solidarit pour collecter des fonds (Tour de France vlo). Mais le mouvement finit par spuiser et le Touggourt sera lanc. Les lock-outs intentent un procs la direction pour le paiement de leurs allocations chmage. 1964-1966 : la fin des C.A.P. Le 19 mars 1964, la direction annonce que le carnet de commandes est vide. 300 licenciements sont prvus lautomne. On se dirige vers la liquidation complte de cette industrie Port de Bouc. Un comit de dfense a t constitu, il regroupe tous les syndicats plus les partis communiste et socialiste ainsi que dautres organisations locales.

- 1950-1964 : grves tournantes Tirant les enseignements de lchec de 1949, la nouvelle direction syndicale utilisera par la suite le systme des grves sectorielles et tournantes qui seront nombreuses de 1950 1964. Pour briser celles de 1955, la direction organise un rfrendum mais les travailleurs rejettent ses propositions et finissent par obtenir une augmentation de 13 %.

Le 15 juillet 1964, manifestation Marseille : 70 voitures plus 15 cars ont transport les travailleurs des C.A.P. de Port de Bouc Marseille.

14Le 8 septembre 1964, M. Sutra confirme le licenciement de 183 ouvriers et la mise en prretraite de 44 ouvriers. Le 25 septembre 1964, puissante journe de lutte dans la construction navale, marque par un arrt national de travail. Port de Bouc, ds le 23 septembre, les travailleurs des C.A.P. devaient dbrayer une demi-journe, occuper les chantiers avant de manifester en ville et de tenir une confrence de presse. Le 26 mai 1965, lors de la runion du Comit dEntreprise, la direction, annonce le licenciement de plusieurs cadres, la mise en prretraite de mensuels (en tout 40 50 personnes sont concernes) et des transferts Provence Industrie sont effectus (Socit de reconversion). Le 1er juin 1965, une augmentation de salaire de 20 % est obtenue. Le 14 dcembre 1965, aprs une runion du Conseil dAdministration des C.A.P., une assemble gnrale extraordinaire des actionnaires est convoque, pour le dpt de bilan et la fermeture des chantiers. Le 15 dcembre 1965, la CGT convoque une assemble gnrale du personnel, salle Gagarine, pour la mobilisation contre la fermeture. Le 31 janvier 1966, jour de lassemble gnrale des actionnaires, les travailleurs des C.A.P. se mettent en grve pour 24 heures et une importante dlgation va Le 24 fvrier 1966, 17 heures, a lieu Port de Bouc le lancement du Car-Ferry manifester Marseille devant la direction gnrale des C.A.P. le Provence. Les travaux de finition des lignes darbre et de pose des hlices sont termins ainsi que cela avait t dfini dans le compromis qui ft accept. Le 5 fvrier 1966, La Marseillaise consacre une page spciale Port de Bouc et la lutte des mtallos. Un jeune ouvrier dclare : Jusquici je ne voulais pas Le 28 fvrier 1966, les ouvriers des C.A.P. occupent les chantiers. partir de moccuper de politique, comme on dit, a mennuyait. Je trouvais aussi que 17 heures, toute la ville a tenu meeting aux cris de le gouvernement gaulliste jtais trop jeune pour a, mais jai bien t oblig de mapercevoir que le gou- la porte, du travail pour tous, non aux licenciements. En effet, la commisvernement traite notre rgion de bien triste manire, vente de navires, chmage sion charge dtudier la possibilit de finition du Provence Port de Bouc chez les marins, chmage sur le port de Marseille, chmage dans le btiment. vient de conclure la ncessit du transfert du bateau la Ciotat. On liquide maintenant les chantiers de Port de Bouc. Cest a lavenir que le Albert Domenech, lors dune confrence de presse tenue par les organisations gouvernement propose aux jeunes? syndicales, dclare : nous occupons lentreprise et nous y resterons pour dfendre ici notre outil de travail. Le 8 fvrier 1966, Port de Bouc est ville morte, organise par lensemble des syndicats et partis politiques, et laquelle participait toute la population. Ils taient Le 6 mars 1966, un accord est sign entre la direction et les organisations syn1500 dans la rue. La direction des chantiers navals de La Ciotat vient de rali- dicales des C.A.P., un certain nombre de mesures sont prises : ser une opration de concentration avec les C.A.P. de Port de Bouc. Les cons- - Les ouvriers iront la Ciotat terminer le Provence. quences sont : la fermeture des C.A.P., 400 licencis, 150 travailleurs dplacs - Des primes de transports leur seront donnes. de Port de Bouc La Ciotat. 900 travailleurs ont dj t licencis depuis 1964. - Ils auront la priorit de rembauche Provence Industrie Port de Bouc. Provence Industrie prvoit la construction de trois plates-formes ptrolires, soit 200000 heures douvriers. - Les ouvriers et mensuels licencis doivent tre reclasss. - Leve du lock-out. - Paiement des salaires et annulation du licenciement des 8 dlgus syndicaux. Le 7 mars 1966, le Provence quitte Port de Bouc pour la Ciotat et signe la fin des C.A.P. Un chapitre important de lhistoire port de boucaine se termine mais de nombreux autres restent crire

Le 12 fvrier 1966, Port de Bouc les travailleurs ont refus de lancer le Provence. La direction avait prononc le lock-out, mais devant lattitude des travailleurs, elle a d engager des ngociations. Les revendications des ouvriers sexpriment ainsi : le Provence ne sera pas lanc avant dtre en tat. Le lancement aura lieu fin fvrier, aprs quoi le navire restera au quai darmement des chantiers.

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Travail et CultureArtistes et anciens travailleurs des chantiers sengagent dans la transmission de la mmoire. Une mmoire vivante pour imaginer un avenir aux racines solides. En 1980, lOffice Culturel Municipal lance le recueil de la mmoire populaire des chantiers navals : collecte de documents et de tmoignages et invite des scientifiques et des artistes la mettre en scne, en images, en textes Cette initiative qui nous vaut la visite du ministre de la culture de lpoque, dbouche sur de nombreuses productions que nous essayons aujourdhui de rassembler, et sur la publication des cahiers de la mmoire qui rendent compte de cette initiative. Mais attention ! La ville a du cur revendre, pas marchander. Elle cherche des docteurs et non des fossoyeurs. Les pleureuses et les anthropophages sont pris de plier leurs mouchoirs, de rentrer leurs fourchettes ! La ville a besoin de docteurs s sciences, s posies, s peintures, de chirurgiens de la parole crite ou hurle ; dhistoriens pour aujourdhui, de gographes pour pays vrai, dcrivains plumes dhomme, darchitectes qui oublient de ltre, de politiques qui y croient encore. Bref, statue douvrier dsenchantier, bien sous tous les rapports conomiques et sociaux, cherche personnes intresses par mmoire collective et dsirant sen servir. Antiquaires, sabstenir.

Bibliographie- Une ville en chantier, Jean Domenichino, disud, 1989. - Langage de travail et culture ouvrire, P. De Bonnault-Cornu in le Monde Alpin et Rhodanien, 1984. - Lespace du syndicalisme Port de Bouc, R. Cornu in le Monde Alpin et Rhodanien, 1984. - Je suis une lgende ou la production dun chantier symbolique in Ethnologie franaise XIV, 1984. - Profils professionnels et carrires des dessinateurs en construction navale, P. De Bonnault-Cornu in Enqutes et documents du Centre de Recherche sur lHistoire du Monde Atlantique, 1986. - Du charpentier bois lordinateur : le traage des navires, P. De Bonnault-Cornu in sociologie du Sud-Est, 1982. - Gense des Chantiers et Ateliers de Provence-Unit de Port de Bouc, J. Domenichino in Industries en Provence, N 6, 2000. - Recueil de la mmoire ouvrire du chantier naval de Port de Bouc : valuation dune exprience, A. Morel, charg de mission la Mission du patrimoine ethnologique, 1981. - La qualification au travail est-elle technique et/ou sociale ?, Garnier et J. Duplex, Caces, 1980. - Une qualification industrielle actuelle, A. Degenne et J. Duplex, 11/1983. - Recherches et travaux sur la mmoire ouvrire du chantier naval de Port de Bouc in Technologies, idologies, pratiques, 1980. - De la tour de Babel lhomme nouveau ou comment sopre lintgration sociale des immigrs dans la production dune identit sociale et professionnelle originale, J-C Garnier, 1983. - La production dun espace public, J. Ros in Les territoires du travail : les continents de lexprience, 1999. - Port de Bouc dhier et daujourdhui : une ville renatre. J.C. Garnier in Terrain N 2, mars 1984. - Des bateaux et des hommes. J. Domenichino, 1987. - Lcrit des femmes, paroles de femmes du pays dOc. Le thtre de la Carriera, 1981. - Les annes maudites : loccupation et la libration de Port de Bouc 1941-1944. - Port de Bouc des origines nos jours. C. Crtinon et R. Strozzi. disud, 2004. - Contes magntiques. P. Graffo. - Je tcris de mmoire. J.Ros. Temps des cerises, 2002.

Une initiative Au nom des temps qui changent et qui font quaujourdhui une ville a un cur (cf. Paul Fructus Monologue pour revendre. Tout beau ! Tout chaud ! une statue et un chantier mort 1979). Tout palpitant !..

Filmographie- Une mmoire en chantier, ralis par F. Roques et H. Sequeira. Production Canal Maritima. 1988. Tmoignages de 3 anciens ouvriers des C.A.P., images darchives. - Des traces de mmoire. P. De Bonnault-Cornu. VHS (sur les traceurs). - On les appelait des sauvages. R. Cornu. VHS (sur le travail des riveurs). - Les yeux du cur. J. Inrep. VHS. - Le trou de mmoire. A. Glasberg. - Le regard de Ren Martin. Canal Maritima. VHS. - Des bateaux et des hommes. INA. VHS et CDR (extraits dactualits rgionales). - Le cur dune ville. R. Cornu et J.C. Garnier. CRDP Marseille/CNRS.

Documents sonores- Interview de Clment Mille. Cassette audio. - Les ouvriers des C.A.P. 1977. Cassette audio (2). - Le Provence. Cassette audio (2). - Exposition Besson du 20 juin 1981 (commentaire . Giorgetti, A. Domenech).

Et aprsLes hommes ont su construire les bateaux ensemble. Ils se sont mobiliss pour faire renatre la ville ensemble. Sans jamais rien renier du pass. 1966 : le Provence, dernier navire construit Port de Bouc prend le large, laissant quai lhistoire dune ville et celle de plusieurs gnrations de travailleurs. Plusieurs socits ont essay sans succs de reprendre le flambeau et de redonner vie aux chantiers moribonds. Les grues et les portiques, gants de ferraille dsormais inutiles, se sont alors couverts de rouille. Les herbes folles ont envahi les cales de lancement et un silence pesant sest abattu un temps sur ces lieux pleins de vie et de bruits dautrefois. Mme si les rues en portent encore quelques traces indlbiles, la page des chantiers est aujourdhui tourne, mais elle fait jamais partie de notre histoire locale. De nombreux travailleurs des Chantiers et Ateliers de Provence nous ont quitt et les nouvelles gnrations nont quune vague ide de ce qui a contribu forger lidentit port de boucaine. Partager cette mmoire constitue un relais intergnrationnel important pour transmettre Les racines du futur, car on ne construit pas lavenir en oubliant le pass. Parcourir Les annes chantier, ce nest pas seulement dpoussirer notre patrimoine, cest sapercevoir quelles contiennent une cume de souvenirs do peut jaillir le combat des jeunes pour le prsent et pour demain. Et puis il en est des villes comme des gens; elles ne peuvent ni ne veulent renier leur pass, mais devraient-elles pour autant en rester prisonnires? Si la fermeture des C.A.P. a constitu un vritable traumatisme, limmense chane de solidarit qui reliait les travailleurs des chantiers sest forge de nouveaux maillons. Les travailleurs, la population et la municipalit, tous se sont unis et mobiliss pour que la ville renaisse. Traversant les preuves avec courage, la Ville sest entte imaginer, puis construire un nouvel horizon. Parce que la mer coule dans ses veines, cest en puisant dans les nergies de la mer, quun nouveau cap a t franchi. Malgr un destin contrari, les temptes nont pas eu raison de Port de Bouc. La Mditerrane a dessin Port de Bouc, de tout temps les hommes ont fait le reste. Le quartier de la Resplido, lensemble de la requalification urbaine, le nouveau port de pche et de plaisance, lunique crie publique de la rgion Paca, le succs des sardinades sont l pour en tmoigner.

Un grand merci toutes les personnes bnvoles qui se sont mobilises autour du service de coordination culturelle pour la ralisation de lexposition, notamment : Robert Cadire, Charles Crtinon, Henri Couture, Ren Martin, Marc Membribe, Anne-Marie Mignacco, Esteban Morata, Franis et Rgine Olive, Denis Philippoussis, Jo Ros, Michel Rozier, Antoine Santoru Merci aussi, pour leur concours Cinmmoire, au CRDP, lINA, la Mdiathque Boris Vian, au Photo club Port de Bouc, lUnion Locale CGT et aux intervenants qui ont accept notre invitation pour les tables rondes. Et merci enfin au conseil rgional pour son soutien financier. Conception et ralisation : service communication de la ville de Port de Bouc. Impression : CCI 9 av, P.Hroult. ZI de la Delorme. 13342 Marseille cedex 15.