ASTRO Nicolau

Embed Size (px)

Citation preview

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    1/16

    101

    lesastresdanslacosmologiedaristoteSERBANN.NICOLAU

    LarticleprsentelaconceptiondAristoteencequiconcerne

    la nature, la composition, le mouvement, lordre et la

    configurationdesastresdanssontraitDecaelo(B,712),aussi quun critique contre la thoriepythagoricienne de

    lharmoniecleste.

    Pour clairer les sens de lusage du mot oranj (ciel),Aristotepartdans letraitDecaelo,comme lefaitentantdescas,de lanalyselinguistiqueendistinguanttroisacceptionsfixesparla langue1.Premirement, ciel est lenomde la substance de lorbeextrme de lunivers, ou, autrement dit, le corps naturel qui est surlorbe extrme de lunivers. Cest ce que les commentateurs

    appelerontlasphredestoilesfixes.Deuximement,cielestlenomdu corps continu avec lorbe extrmede lunivers, cest dire largionosetrouventlaLune,leSoleiletlesautresastreserrantsoules

    planets(de planw - errer).Troisimement,cielestlenomducorpsenveloppdelorbeextrme,cestdirecequenousavonslhabitudedenommertoutoulunivers.Enbref,cieldsigneoulepremierciel,ou le ciel dans son ensemble, lenceinte des plantes, oubienluniverstoutentier.Dansunautresensencore,ditAristote,nousappelons ciel le corps continu avec lorbe extrme de lunivers (tsunece;j sma t scth/ perifor to pantj),osetrouvelaLune,leSoleiletquelqueunsdesastres,carnousdisonsqueceuxcise

    1 Cf.De caelo, I (A), 9, 278b11-21.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    2/16

    102

    trouventaussidans leciel2.Cest la rgionsituesous lasphredes toiles fixes ou lorbe extrme, continue avec cela, o setrouvent les astres nomms aussi errants (planhtj en signifianterrant, trompeur, qui scarte de la droite voie) cause de leursmouvements difficilement descriptibles par rapport auxmouvementsdesfixes.Ladeuximesignificationdumotcielestconforme ce que nous appelons le ciel errant (t planmenonorann), car cela est certainement le corps continu avec lorbeextrme de lunivers (t sunece;j sma t scth/ perifor topantj), o se trouvent la Lune, le Soleil et autres astres nommserrants(t lla stra t plansqai legmena),commenteSimplicius3.Ltudede la rgion cleste,qui stend audessousde la sphredes toiles fixesjusquau centre fixede lunivers, appartient lathorie du ciel et renferme huit chapitres (B, 714). La premire

    partieexaminelesastres(B,712)etladeuximeexaminelecentreosetrouvelaTerre(B,1314)4.

    Trois sortes de corps clestes connaissait lastronomiegrecque au temp dAristote. Premirement etaient les astresfixes(strej ndedemnoi)5ou cequenous appelonsmaintenant lestoiles,ditesfixesnonpasparcequellesetaientimmobiles,toutentournant, elles, avec le premier ciel,mais parce quelles taientfixescelaetnechangaientpas leurposition lesunes lgarddesautres. Ilyavait,ensuite, lesastreserrants(planmena stra)6

    oulesplanets(plnhtej

    )7

    ,diteserrantscausedeleurmouvementrtrogradeetpour leurchangementdeposition lesunesvisvisdesautres.Troisimement,ilyavaitlaTerreimmobilesituedanslecentre fixe de lunivers autour duquel semouvaient les sphreshomocentriques qui portaient les astres fixes sur quelqueunesdentre elles. Si la Terre tait unique, les astres fixes

    2De caelo, I (A), 9, 278b16-18.3 Simplicius, In de caelo, 280, 28-31.4 V. .Nicolau, Pmntul n cosmologia lui Aristotel, dans Analele Universitii din

    Craiova, srie Filosofie-Sociologie-tiine Politice, d. Universitaria, Craiova,no.16/2005.5De caelo, II (B), 8, 280a19.6De caelo, II (B), 12, 292a1, 293a1.7De caelo, II (B), 8, 290a19.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    3/16

    103

    appartiendraient aux choses innombrables (tn nariqmtwn)8comme dit Aristote, et les astres errants connus alors taientseulement sept. En ordre dcroissant du rapprochement de laTerre,dans le systme gocentrique classique il y avait la Lune,Mercure,Vnus,Mars,JupiteretSaturne.Sur lesdeuxpremiressortes des corps clests, les astres errants et fixes, on en parlerabientt,entudiantlanatureetlacomposition(B,7),lemouvement(B,8), lordre (B, 10), la sphricit (B, 11), avecune coupurededie larmoniedessphres(B,9).

    Leproblmedelanatureetdelacompositiondesastres(B,7)vientenmmetempsaveclareflxionsurluniverslauroredelaphilosophie,maisdes traces se trouventdjdans lamythologiegrecque.Dequoisontfaitlescorpscleste? voilunequestionlaquelle les anciens philosophes grecques ont donn les plus

    diversesetinattenduesrponses.Anaximandre imaginait la Soleil et la Lune comme des

    rouesdefeutournantautourdelaTerredansdestubescirculaireso se trouvait un orifice qui permettait lexhalation du feuintrieur9. Sur les autres astres la pauvret des tmoignagespermeteseulementlasuppositionquelestubesosetrouvelefeuaurait eu plusieurs orifices10. Pour Anaximne tous les corpsclestes avaient leur origine dans la Terre, en rappelant lanaissance du ciel toil de Gaa11, bien quil admettait que la

    matire des corps visibles prsent est le feu12

    . Les ancienspythagoriciens imaginaient les corps clests et tout luniverscomme tant raliss de points, de lignes et de corps13. ChezXnophane tous lescorpscleststaientdesnuages lumineuxoude feu14, et le Soleil tait un conglomrat fait de petites et

    8De caelo, II (B), 12, 292a12.9 Cf. Atius, II, 15, 6 (fr. A18DK); 20, 1 (fr. A21DK); 21,1 (fr. A21DK).10 Cf. W.K.C.Guthrie, O istorie a filosofiei greceti, d. Teora, Bucureti, 1999, vol.1,

    p.82.11

    Theogonia, 126.12 Cf. Pseudo Plutarh, Strom., III (fr. A6DK); Hippolit, Ref., I, 7, 5 (fr. A7 DK); Atius,II, 13, 10 (fr. A14DK).13 Cf. Sextus Empiricus, Pyrrh., III, 155.14 Cf. Diog.Laert., IX, 19 (fr. A1DK).

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    4/16

    104

    nombreuses tincelles15 qui naissaient tous les jours16. PourHraclite les corps clests taient constitus de flammesaccumulesdansune sortede coupes renverses avec lintrieurtournversnousetosaccumulaientlesexhalationsdelaterreetde la mer17. Parmenide pensait que la Terre est faite daircomprim18, tandisque lestoilesontt faitesde feu,et laVoielacteseraitunmlangedudenseetduraredosontdtachsleSoleil,de lapart rareetbrlante,et laLune,de la celledense etfroide19. Tout comme dans le cas des autres penseursprsocratiques les sources conserves offrent des informationscontradictoires. Quelque part20 on nous dit que Parmenide etHracliteauraientpensquelestoilesseraientdesmassesdefeucondens etmme ciel tout entier serait faitde feu21.Empdocleadmettaitquelestoilessontbrlantesetconstituesparlefeu,en

    tant qulment, que lair contiendrait en soi22, tandis que lasubstanceduSoleilneseraitpas le feu,maisunrefletdeceluicisur la surface de leau, selon certaines sources23. Selon dautres,quandleslmentssesontsepars,lecielatformdtheretleSoleildefeu24.CommepourAnaximne,pourAnaxagorelescorpsclestsavaientleuroriginedanslaterre.Pourluilestoilestaientdespierresdtachesde laTerreetdevenuesblanchescausedela chaleurprovoquepar leurmouvement25,et leSoleil taitunepierre incandescente26plusgrandeque lePlopones27.Quant la

    Lune il disait quelle est, tout comme le Soleil, une pierreincandescente, et la Voie lacte cest la lumire de certaines

    15 Cf. Pseudo Plut., Stom., IV (fr. A32DK); Atius, II, 20, 3 (fr. A40DK).16 Cf. Hippolit, Ref., I, 14, 3 (fr. A33DK).17 Cf. Diog.Laert., IX, 9-11.18 Cf. Pseudo Plut., Strom., 5 (fr. A22DK).19 Cf. Atius, II, 7, 1 (fr. A37DK); II, 20, 8a (fr. A43DK).20 Cf. Atius, II, 13, 8 (fr. A39DK).21 Cf. Atius, II, 11, 4 (fr. A38DK); II, 15, 4 (fr. A40aDK); II, 20, 8 (fr. A41DK).22 Cf. Atius, II, 13, 2 (fr. A53DK).23

    Cf. Pseudo Plut., Strom., apud Eus., Prep. Evang., I, 8, 10 (fr. A7DK).24 Cf.Atius, II, 6, 3 (fr. A49DK).25 Cf. Atius, II, 13, 10 (fr. A14DK); Hippolit, Ref., I, 7, 5 (fr. A7DK).26 Cf. Platon, Apol., 26d; Xenofon, Mem., 4, 7, 7.27 Cf. Hippolit, Ref., 1, 8, 8 (fr. A42DK); Atius, II, 21, 3 (fr. A72DK).

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    5/16

    105

    toiles28.Sondisciple,Archlaos,napasassum lathoriedesonmatre sur les corps clests, mais il est revenu vers la thoriedAnaximne,en lesconsidrantnsducielparrarfaction.Lairproduit par le feu se transforme par allumage en toiles, parmilesquelleslaplusgrandeestleSoleil,puislaLuneetlesautres,enles appelant, avec les mots de son matre, des boulesincandescentes29.SurDiognedApollonieonnousditquilauraitvu les toiles, le Soleil ei la Lune pareils des pierres ponceignes30, et les comtes comme des toiles31. Pour Leucippe, lescorps clestes taient des concentrations humides et boueusesdatomes ms par le tourbillon universel o sont fixs, quischaientmesurequilstaientportsencercle,ensenflammantfinalement pour constituer la substance des toilesbrulantes cause de la vitesse du mouvement32. Sur ses pas, Dmocrite

    expliquaitquelanaturedufeuduSoleiletdelaLunetaientdela prsence en eux des atomes ronds et lisses spcifiques cetlment33,quecescorpsclestesonteuinitialementunmouvementcaractristique, tant totalementprivsde chaleur etde lumire,avecunesubstancetrssemblablecelledelaTerre,etqui,danslecas du Soleil, sest rempli du feu mesure que son orbe sestlargi34.ChezPlatonlecieletlesastressontdestresvivantsdontlecorpsestfaitdefeu,dansleTime35,oudefeuetdelair,danslesLois36,etdontlmeestdenaturedivine37.

    Aristote cest lepremier38

    qui considere le cielet lesastrescomme tant constitus de cinquime lment, lther. En

    28 Cf. Aristotel, Mtor., 345a25.29 Cf. Atius, II, 13, 6 (fr. A15DK).30 Cf. Atius, II, 13, 5 i 9 (fr. A12DK).31 Cf. Atius, III, 2, 8 (fr. A15DK).32 Cf. Diog.Laert., IX, 30-32 (fr. A1DK).33 Cf. Diog.Laert., IX, 44.34 Cf. Pseudo Plut., Stom., 7 (fr. A39DK).35 Cf.Time, 40a.36 Cf.Les Lois, X, 898d.37

    Cf.Time, 40b.38 Si nous ignorons la thorie semblable dpinomis(Platon ?), 981-986, contemporaine,il parat, avec Aristote; cf. Diog.Laert (III, 37) non Platon, mais Philippos dOpus,astronom et mathmaticien, son lve et ce qui serait transcrit les Lois, cest lauteurdpinomis; pour les differences et les ressemblances de la thorie dpinomis et celle

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    6/16

    106

    dmontrant lexistence et en discutant les proprits de lacinquimeessence(A,24),illuidsignelestatutdlmentuniquedumonde supralunaire, en comparaison avec les autres quatrelments traditionnelsquiconstituent lemondesublunaire.Entrelesquatreetltherladifferenceestdessence.LidedelanaturedivinedeltherchezAristoteaunedoubleorigine.Premirementctait lapressionde la traditionquidescendaitdHomreetdesorphiques.SichezHomre lthertait lapart lumineuseduhautdelatmosphre39,danslorphismeildevientlundesprincipesdumonde40,pendantquechezHsiodeilestvucommeunedivinit41.Ensuite ilyavait les raisons liessonpropre systmephysique.Lesastreset lescrclesdoiventtreconstitusdunlmentsanspesenteuroulgret,ingnrableetincorruptible,nonsoumislacroissance et la dcroissance, inaltrable, mais dplacs

    circulairement uniforme et eternel. Or, le seul lment dont latradition, lobservation et la langue suggraient toutes ces idestaitlther42.

    PourAristote, donc, les astres et les sphres clestes sontconstituesdther.Parconsquent,tantcirculairementdplacesellessontsoumisuneseulesortedechangement(metabol),cestdireaumouvementconformment lacatgoriedu lieuouaumouvement local (knhsij kat tpon). tant excepts de lacroissance et de la dcroissance, ils ne sont pas soumis au

    mouvement conformment la catgorie de la quantit ou aumouvementquantitatif(knhsij kat posn), toutcomme ilsserontexcepts daltration, et donc pas soumis au mouvementconformment la catgorie de la qualit ou au mouvementqualitatif(knhsij kat poin).tantingnrablesetincorruptibles,les astres et les sphres clests ne seront pas soumis ni auchangement conformment la catgorie de la substance ou auchangement substantiel (metabol kat' osan). a cest,bref, la

    duDe caelo en concernant la cinquime essence v. P.Duhem, Le systme du monde, d.

    Hermann et fils, vol. I, Paris, 1913, p.45 et suiv..39 Cf. lIliade, XVII, 645; XIX, 350.40 Cf. Damascius, De principiis, 124 (fr. B12DK).41 Cf.Theogonia, 124.42 Cf.De caelo, I (A), 3.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    7/16

    107

    nature et la composition des corps et des sphres clests, que,dailleurs, commeune chosedjdit43,Aristotene considrepasncessairesledvelopperici.

    Deux autres problmes en change tente de rsoudre lechapitre 7.Lapremirevise la chaleurdes astres, et ladeuximeleur luminosit.Dans le systme imagin iciparAristote, chaqueastre semble une sphre avec un diamtre plus grande que lagrosseur de la sphre cleste, galement constitue dther, surlaquelle il est fix. Sur leurdiffrence,Aristote neparle rien, endisant seulement que cest plus rationnel que chaque tre soitconstitu de ces lments aux milieu dont il se trouve. Il estcertain que ni les astres, ni les sphres ne sontpas allums lamaniredontcroyaienttantdepenseursavantlui.Lachaleuretlaluminositseraientdes,ditil,aupuissantfrottementdelairsous

    laction du dplacement de ces astres, en nous laissant entendrequesouschaquessphreporteuredtherilyauraitdelair,etpasseulementsouslasphreintrieurecommeillaffirmeendautreslieux44.Lesastresschauffentgrceaufrappage(plhg)45delair,dit Aristote avec un mot incompatible aprs Simplicius, quilexpliqueparle frottement (partriyij)quiproduit lallumage46,en devenant feu, notamment l o le Soleil se trouve fix. Enessayantdersoudreleproblmedelachaleuretdelaluminositdesastres,Aristoteestobligderevoirlathoriedelarpartition

    deslmentstraditionnels,tellequelleestexposedanslerestedutrait, cestdire la sphre de la terre enveloppe de la sphredeau, puis celle de lair et du feu sous celle de lther, enadmettantquelairsetrouvepasseulementsouslasphredtherinfrieure, mais encore entre les autres sphres porteuses. Unesemblablervisionseraforcedadmettreencorepourlexplicationdecertainsphnomnesmtorologiques47,cequiaconduilidequelathoriequenousavonscesugetestcontemporaineavecle

    43 La nature et les proprits de la cinquime essence, lther, occupe trois chapitre de la

    premire livre (A, 2-4).44De caelo, II (B), 4, 287a30-b14; 9.45De caelo, II (B), 7, 289a27.46In de caelo, 439, 25.47Mtor., A, 3.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    8/16

    108

    lieu des Mtorologiques et postrieure aux chapitre 4 et 9 duseconde livre48. En effet, la rpartition des sphres de premiersquatrelments,tellequelleestexposedansletrait(B,4),etlarfutation de la thorie de lharmonie cleste (B, 9) liminent lefrottement de lair et de lallumage des astres qui explique leurluminositetleurchaleur(B,7).

    Unautreargument,passignal,enfaveurdelhypothsedeP.Moraux, conformment laquelle le chapitre 7 serait uneinsertiontardivecontemporaineauchapitre3dupremierlivredesMtorologiques,cest lareprisedans lechapitre8duproblmedemouvement des astres. Conformment la thorie dveloppedans le chapitre 7, les astresne sedplacentpaspar euxmme,maissontfixssurlessphresporteusesdtherenmouvantsunefois avec elles. Le chapitre 8 reprend ab initio la question si les

    astres se dplacent par eux mme, sil ont des mouvementspropresaux sphres,ou silontdesorganesdemouvement,desproblmesrsolus,enpartieaumoins,danslechapitre7.

    Leproblmeduchapitresurlemouvementdesastres(B,8)cestdexpliquerpascommentsemouvent lesastres,maispourquoisemouventilsdecettemanire.LendroitpeuttreunexempledelidedAristote sur la connaissance scientifique enpartantde ladiffrence entre la science du fait et la science de la cause. Passeulement la raison que (o&ti) quelque chose existe,mais aussi

    pourquoi (diovti) elle existe, donnent la connaisance complte,scientifique,quiestuneconnaissancedelacauseentenduecommeraisondtre(ratioessendi)etgalementcommeraisondeconnatre(ratio cognoscendi)49.DansLAnalytiquesPostrieurs50 estdeveloppladiffrenceentreo&tietdiovtietest illustravecdesnombreuxxemplesdelastronomie.Donc,Aristotechercheicilacausepourquilesastressemouventcommelobservationconfirme.

    48

    Cf. P.Moraux, Introduction, dans Aristote, Du ciel, texte tabli et traduit par PaulMoraux, d. Les Belles Lettres, Paris, 1965, p.CIII, n.1.49 Cf. M.Florian dans Aristotel, Analitica secund, dans le vol. Organon, II I, d.tiinific, Bucureti, 1961, p.52, n.1.50An. post., I, 13.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    9/16

    109

    Premirement ildemontreraque lesastressontmuspar leurcercles et nonpar eux mme (289b1290a7). Sont tudis la foistouteslesposibilitslogiquessouslaformedetroishypothses.Lapremireseraitque le ciel et lesastres sont immobiles.Ladeuximeserait que le ciel et les astres sont tous les deux en mouvement. Latroisime serait que le ciel estfixe et les astres sont en mouvement.Premirement,sinousacceptonsaussi limmobilitduciel ctde limmobilitde laTerre,quepourAristote est incontestable51,nous ne pourrons pas expliquer les phnomnes observs (tfainmena)52, aussi incontestables.Par consquent, il rsultequeseulement le ciel semeut. Puis, si le ciel et les astres sontmusensemble,nousnepourronspas expliquerdans le casdes astresfixespourquoi lestoiles lesplusvoisinesauxplesde luniversparcourentuncerclepluspetitdanslemmetemps,unjour,avec

    les toiles voisines lquateur de lunivers qui parcourent uncercleplusgrand, seulementenacceptantque leursvitesses sontplus grandes la mesure dloignement des ples. Comme lapremire,aussi la secondehypothseest rejete,parcequilnestpas rationnel, dit Aristote, que les vitesses dpendre de lagrandeurdescercles,carenechangantrciproquementlelieudansles cercles, lun sera plus rapide, lautre plus lente. Cequgalementnestpasobservparlexprience.Enpartantdici,ildeduitaussique lesastresne sontpasmuspar euxmme,mais

    sont ports par les sphres o ils sont fixs. Dans la troisimesituation,silecielavecsoncercleestfixeetlesastressontmus,ilresulteraitquelesastresvoisinslquateurcelestsemeuventplusvite,etlesvitessessontproportionnelleslagrandeurdescercles,ce qui conduit auxmmes absurdits comme dans le cas de ladeuxime hypothse. Par consquent, en rejetant les troishypothses,Aristoteconclutque lesastresnesemeuventpaspareuxmmes,mais sontmus par les cercles o sont fixs. Parcequonademontrplushautqueluniversestcontinu53,ilvadesoiquelesastressontmusparlessphresdtherosontfixs.

    51 Cf.De caelo, II (B), 14, 296b25-297a8.52 Cf.De caelo, II (B), 8, 289b5.53 Cf. II (B), 4.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    10/16

    110

    Secondement, il dmontrera que les astres nont pas desmouvement propres aux sphres (290a729). Sil auraient lesmouvementspropres aux sphres,nousdevrions identifier ou leroulement (klisij) ou volutatio comme est nomm dans latraduction latine de Themistius54, ou la rotation (dnhsij) ouconversio aprsThemistius55oubien circumgyratio aprs SylvesterMaurus.Leroulementestlemouvementderoulerenavantdunesphre,pendantque la rotation est lemouvementautourde sonaxe.Larotationdelasphreestproduitdanslemmelieuautourde son axe, pendant que le roulement change successivement laplace,commenteSimplicius56.Or,lesphnomnesastronomiquesne permetent pas lidentificationdaucunsdedeuxmouvementspropresauxsphres.Parconsquent,ilrestequelesastresnesontpasmusparleursmme.

    Troisimement,Aristotemontreraque les astres nontpasdorganes de mouvement (290a2935), tels les animaux dont laconfiguration est totalement diffrente de la sphricit. Silsfallaientsemouvoirseuls,raissoneAristote, lanature,quine faitrienparhasard,leurattribueraientlesmoyensncessaires.Ilparaitdonc voulou, dans le cas des astres, llimination des tous lespossibilits davoir des propresmouvement. La fin du chapitreaffirmeencoreune fois lasphricitducieletdesastres (290a11b11).

    Le chapitre 9, en exposant et en critiquant la thorie delharmoniedessphres,paratuneinterruptiondudeveloppementdes questions relatives aux astres.Mais du temps dAristote lathoriepouvaittrevieillededeuxsicles.Leprestigequelleavaitavant et aprs lui cest prolong long temps, jusqu laRenaissance57.Comme latteste le lieu prsent58, la thorie est lacrationdespythagoriciens etpeut constituunexemplede leurtentative dexpliquer lunivers par la liaison essentielle entre la

    54

    Themistius, In de caelo, 114, 18.55 Themistius, In de caelo, 114, 19.56 Simplicius, In de caelo, 452, 18-19.57 V. W.K.C.Guthrie, ibid., vol.1, p.206 et suiv..58De caelo, B, 9, 291a8.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    11/16

    111

    mathmatiqueetlamusique.Lexposquilaconsacreetlepremiertmoignage conservdans la littrature grecque apparat sous laforme du mythe dEr dans la Rpublique59. Mais la premiredescriptionclairedecequiestconserv,etcritiqueladiffrencede Platon qui laccepte et laugmente, est cette oeuvrearistotelicienne. Dans la Mtaphysique60 Aristote synthtise ladoctrine pythagoricienne qui a conduit larmonie cleste: Etquandilscomprirentquelesrapportsetlesloismusicalespeuventtrerenduesparlesnombres,quetouslesautreschosessontfaitsdansleurnatureaprslaresemblancedesnombres,etlesnombressont lachose laplus importanteaumonde, ilsconclurentque leslmentsdes nombres sont les lmentsdes toutes les choses etqueluniversentiersereduitaunombreetlharmonie.Ettouslesconcordances quils dvoilrent, pour les montrer, entre les

    nombresetlHarmonie,dunect,etentrelestatsetlespartsduCieletlarrangementduTout,delautrect,ilslesrassamblrent,enlesconstituantdansunsystme61.

    Le chapitrepeuttredivisen trois: lexposde la thorie(290b1229), la rfutation de la thorie (290b30291a6) et lecorollaireque lesastresnesontpasautomoteurs (291a628).Doittre dit de le debout quAristote ne prsente pas que sa facephysicomathmatique,enignorantsafacemystiqueetreligieuse62,et quil reste fidele lobjet dune recherche de philosophie

    naturelle comme est celleci. Nous trouvons une brve etsuggestive prsentation dans le commentaire dAlexandredAphrodisiasaufragmentde laMtaphysique63citcidessus:Ilsdisentaussiqueluniversentierestconstruitconformementunechellemusicale(...),puisquilestcomposdenombresetorganisnumriquementetmusicalement.Parceque(i) lesdistancesentreles corps clests qui tournent autour du centre sontmathmatiquementproportionelles;(ii)lesunestournentplusvite,

    59

    Platon,LaRpublique, 616b-617c.60Mt., A, 5, 985b32-986a6.61Mt., trad. St.Bezdechi, d. de lAcadmie, Bucureti, 1965, p.66.62 Cf. P.Moraux, ibid., p.CIV, n.3.63In metaph., 39, 24.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    12/16

    112

    lesautresplus lent; (iii) lesonproduitpar lecorpsplus lenteestplusgrave,celuiproduitparlecorpplusrapideestplushaut;enpartant dici (iv) ces notes spares, correspondants aux rapportdes distances, ralisent comme rsultat le son harmonieux. Parsuite, ilsdisentque lenombreest lasourcedecetteharmonie,etainsiontnaturelementnommslenombreleprincipedontdpendlecieletluniversentier64. Lacontroverseneentreleshistoriensau milieu du XIXme sicle, savoir comment la ralisationsimultane des toutes les notes dune octave peut treharmonieuse, le mouvement des astres tant incessant etsimultan, sest prolonge plus dun sicle. Il est certain quelantiquitgrecquenapasdonndexplication,et lescritiquesdelathorieontvitscepoint65.Maislaquestionlaquelledevaientrpondrelespartisanstait:commentsefaitilquelharmoniedes

    sphresnestpasentendue?La traditionpythagoriciennemettaitenliaison,eneffet,linitiationaveclacapacitdcouterlamusiquedessphres,ceque londisaitausugetdePythagore66.Mais leurexplication,rsumiciparAristote,avaitcommefondementlefaitque nous sommes ns et nous vivons tout le temps avec cetteharmonie, tants incapables de la distinguer du silence, tel leforgeronquinedistingueriencausedelhabitude.

    Aristote rejetera la thorie des pythagoriciens avec deuxsortes darguments. Premirement avec des argument tenant de

    lobservationsensible.Lessons,ditil,sontproportionelsdelamassedes corpsmus.Parceque lamassedesastresest colossale,et lessons excessifs peuvent dtruiremme les corps les plus forts, iltaitnormaledobserver leffetsonoredesmouvementsdescorpsclestessurlescorpssublunaires,cequelobservationneconfirmepas. Le deuxime type darguments sont tient de lobservationsensible. Il estparfaitement normal quun son se produirepar lemouvementduncorpsdansunmilieuinerte,maislorsquelecorpsemeutune foisavec lemobile, tel lecasdesastres fixs leurssphresdtheretenmouvantune foisaveccelleci, lesonnese

    64 Apud W.K.C.Guthrie, ibid., vol.1, p.207.65 V. W.K.C.Guthrie, ibid., vol.1, p.208-209.66 Cf. Porfir, La vie de Pythagore, 30, i Simplicius, In de caelo, 468, 27.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    13/16

    113

    produit pas.Comme on a dit au dessus, la forme initiale de lathorie aristoteliciennedu De caelonadmettaitpas lexistencedelair entre les sphres porteusnous en avons la preuve dans leprsentchapitre.Seulementlimperatif dexpliquersoitlalumireet lachaleur,soitdesphnomnesmtorologique (Mtor.,A,3)quAristoteadmetteralexistencedelairentrecessphresclestes.Enmouvantavecleurssphres,lesastresnepeuventpasproduireaucunson.

    Lacritiqueet lerejetde la thoriedharmonieclesteoffrepourAristote un nouveau argument lappui de lide que lesastresnontpasdorganesdemouvementetnesemeuventpaspareuxmme.

    Enpassantltudedelordredesastres,Aristotenestpasinteres par lordre en soi, en labandonnant les observations

    astronomiques avec une formule usite aussi dans dautresendroitsdesestraits67,commelavaitfait,aussi,avantluiPlaton68.Cequi lintresse ici estde trouverune explication causaleou lepourquoi(to;diovti)demouvementdesastresenfonctiondeleursordre, ordre entendu comme rapprochement ou loignement delextremitdu ciel, la sphredes toiles fixes, et le centre fixe, laTerre.Nous avonsprcisdjque cest lamme exigencede laconaissancescientifique,telquAristoteconait,celledechercherlacausedumouvementplusrapideoupluslentdesastres.Autemps

    dAristote, avec lexception notable de lcole pythagorique avecPhilolaos, qui posait au centre de lunivers le feu central etadmettaitlexistenceduneAntiterreendifiantainsiladcadeoule nombre parfait, taient connus et ordonns en partant de laTerrelasphredestoilesfixeslessuivantsseptastreserrants:laLune,Mercure,Vnus,leSoleil,Mars,JupiteretSaturne.

    Aristote admet que les vitesses des plantes sontproportionnellesde lesdistances.Parceque la sphredes toilesfixes tournent le plus vite de lest louest, en influencantproportionnellement les astres errantsdedessous, lastre leplus

    67 Cf.De caelo, II (B), 11, 291a21;Mt.,, 8, 1073b11, 1074a16.68 Cf.Time, 40c.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    14/16

    114

    prochedelasphredestoilesfixesparcourtrtrogradedelouest lest son cercledans le temps leplus longue, et lastre leplusloigndansletempslepluscourte,enaccomplissantcequelonnomme la rvolution zodiacale. La vitesse des plantes estproportionnelle avec la distance la Terre, leur mouvementrtrograde tant dautant plus rapide que le cercle parcouru estpluspetit.Lesdeuxmouvementsderotation,celuidestoilesfixesde lest louest et ce rtrograde de louest lest, donnentnaissancepar composition aumouvement finaledes ceuxci.Lesplantes lesplusprochesducentreeffecturont lemouvementdervolution plus lent que les plantes plus loignes ou que lasphredestoilesfixes.

    Laressemblancedelabrveexpositionduchapitre10avecla thorie des mouvements plantaires chez Platon69 a fait

    P.Moraux70asupposerlantrioritdufragmentdutexterelatifaumomentde ladoptionparAristotedusystmedEudoxeavec lesmodifications faites parCallippe,moment qui peut tre localisapproximatif avant la thorie finaledesmouvementsplanetairestellecommeparaitdanslaMtaphysique71.

    lpoque dAristote la sphricit des astres tait djlopinion laplus rpandueetaccepte72.Par consequent,Aristotene faitquede lejustifieravecdeuxargumentsde typediffrentsdans le chapitre 11. Le premier est un argument tlologique

    frquent rencontr chez lui73

    : la nature nimagine rien nonrationnel ou inutil. Puisque les astres ne se meuvent pasnaturelement par euxmmes, a veux dire que la nature leur adonn une configuration le plus moins propice un mobil, lasphricit. Simplicius74 et Themistius75 ont observs que cettedemonstration liecelleduchapitre8cestuncrclevicieux.Lesecond argument tient de lastronomie et il est fond sur deux

    69Time, 36d, 38c-39d.70 Cf. P.Moraux, ibid., p.CV, n.1.71

    Mt.,, 8.72 Cf. P.Moraux, ibid., p.CV.73 Cf.De gen. anim., 744b16; De part. anim., 686a22.74 Simplicius, In de caelo, 477, 24.75 Themistius, In de caelo, 118, 31.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    15/16

    115

    observationsfaitesconformementauxsens(di tn fainomnwn kattn asqhsin).Lobservationsensiblesurlesphasesde laLuneetsur les clipses solaires indique sa forme sphrique. Parconsequent,siunastreestsphrique,videmment,ditAristote,etlesautresserontdemme.

    Par suite, pour Aristote, les astres, fixes ou errants, sontcompossducinquimelment,lther.Ilssontsoumisunseulsorte de changement, lemouvement locale circulaire, ternel etimmuable. Bien que sphriques, les astres nont pas lesmouvements propres aux sphres et nont pas dorganes demouvement, tant attachs des sphres dther qui les portentternellementavecunevitesseproportionnelleauxdistances.Lessens de rotation des nombreuses sphres plantaires sontdiffrents du sens de rotation de lunique sphre qui porte les

    inombrablestoilesfixes76.

    Bibliographie

    Aristotelis Opera, ex recensione Immanuelis Bekkeri, edidit Academia RegiaBorusica.Berlin,18311870,vol.12.Aristotelis De caelo libri quattuor, recognovit brevique adnotatione criticainstruxitD.J.Allan,TheClarendonPress,Oxford,1965.Aristote,Duciel,textetabliettraduitparPaulMoraux,d.LesBellesLettres,Paris,1965.

    Aristote,Traitduciel,trad.parJ.Tricot,d.J.Vrin,Paris,1949.Aristotle, De caelo, trad. engl.J.L.Stocks,n The works ofAristotle, vol.2, TheClarendonPress,Oxford,1947.Platon,Time,dansPlaton,Oeuvrescompltes,tomeX,textetabliettraduitparAlbertRivaud,d.LesBellesLettres,Paris,1925.Simplicii In Aristotelis de Caelo Commentaria, edidit I.L.Heiberg, Berlin, 1894(Commentaria inAristotelemgraecaeditaconsilioetauctoritateAcademiae litterarumregiaeBorussicae,volumenVII).Themistii In librosAristotelisdeCaeloParaphrasishebraiceet latine,ediditSamuelLandauer, Berlin 1902 (Commentaria in Aristotelem graeca edita consilio etauctoritateAcademiaelitterarumregiaeBorussicae,voluminisV).

    76 V. .Nicolau, Astronomia de observaie i astronomia geometric la Aristotel, nAnalele Universitii din Craiova, srie Filosofie - Sociologie - tiine Politice, d.Universitaria, Craiova, no.14/2005.

  • 7/29/2019 ASTRO Nicolau

    16/16

    116

    ***,DieFragmentederVorsokratiker(DK),GriechischundDeutschvonHermannDiels, herausgegeben von Walter Kranz, 12te Auflage, Weidmann, 3 vol.,Dublin/Zrich,1966.***, Filosofia greac pn la Platon (FGP), trad. collective, d. t. i Encicl.,Bucureti,vol.I(tome1&2)1979,vol.II(tome1,2&3)1984.

    *douarddesPlaces,PlatonLexique,dansPlaton,Oeuvrescompltes,tomeXIV,Irepartie,d.LesBellesLettres,Paris,1964.HermannBonitz,Indexaristotelicus,dansAristotelisOpera,volumenquintum,IIteAuflage,W.deGruyter,Berlin,1961.W.K.C.Guthrie, Oistorieafilosofieigreceti,vol.III,d.Teora,Bucureti,1999.P.Duhem,Lesystmedumonde,d.Hermannetfils,vol.I,Paris,1913.