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ASTRONotes Volume 2 – Numéro 3 (Juillet 2008)

ASTRONotes · quart a connu un incident qui a conduit à un retour en balistique. ... non loin de Washington. En bref Contrats signés: ... Au cours de ces 40 premières années,

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ASTRONotesVolume 2 – Numéro 3 (Juillet 2008)

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AstroNotes est un bulletin d’informations trimestriel reprenant les faits marquants des trois mois précédents sa parution ainsi que l’actualité qui n’a pu être traitée sur le site « Les lanceurs spatiaux dans le monde ». AstroNotes sortira le 01/01, 01/04, 01/07, 01/10 et sera téléchargeable au format PDF.

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Actualité

Atterrissage mouvementé pour Soyuz TMA-11

Le vaisseau Soyuz TMA-11 après son retour mouvementé. Photo Nasa.

Après une mission de 192 jours à bord de la station spatiale internationale, le cosmonaute russe Yuri Malenchenko, l’astronaute américaine Peggy Whitson ont pris place ce 19 avril à bord de Soyuz TMA-11 en compagnie de la participante sud-coréenne So-yeon Yi. Trois heures 30 avant l’atterrissage, le vaisseau de désamarre de l’ISS et entame les manœuvres qui vont lui faire décrocher de son orbite et le poser dans la steppe kazakhe. Environ une demi heure avant l’atterrissage, les trois éléments composants le vaisseau Soyuz se séparent, laissant le module de commande plonger dans l’atmosphère. Selon un spécialiste du programme spatiale russe, un incident est survenu à ce moment là. Le module orbital ne s’est pas séparé du module de commande en raison d’un problème avec les boulons pyrotechniques. Certains ne se sont pas enclenchés. Le vaisseau n’a pas pu se redresser et présenter son bouclier thermique face à terre. La rentrée ne se réalisant pas correctement, les ordinateurs ont enclenché une trajectoire balistique, c'est-à-dire plus raide que la normale. La décélération a été plus rapide et le nombre de G encaissé par les passagers a dépassé 8G selon Peggy Whitson. Finalement, les vibrations ont fini par avoir raison des boulons récalcitrants et Soyuz a pu se redresser et terminer sa rentrée correctement. L’engin finit par se poser à 400 km du point d’atterrissage prévu. Depuis que la version TMA de Soyuz est en service (octobre 2002), 11 vaisseaux de ce type sont revenus sur Terre et le quart a connu un incident qui a conduit à un retour en balistique. Le plus grave, c’est d’avoir eu deux de ces incidents coup sur coup. La Nasa se montre inquiète face à cette montée d’incidents, d’autant plus que la Russie devra produire deux fois plus de Soyuz dès l’an prochain. Toujours est-il que Soyuz

est l’un des vaisseaux habités les plus fiables au monde. Sur 98 vols habités, Soyuz TMA-12 non compris, seuls 2 accidents ont entraîné la mort des passagers. C’était Soyuz 1 en 1967 et Soyuz 11 en 1971. Proton, échec élucidé La commission d’enquête chargée d’élucider sur les raison de l’échec du dernier vol de Proton a rendu son rapport. La rupture d’une conduite de gaz ayant entraîné l’arrêt de la pompe alimentant le moteur de l’étage Breeze serait à l’origine du disfonctionnement. Selon toute vraisemblance, la rupture serait le résultat d’un effet combiné de l’érosion des parois du conduit, de la température et la fluctuation prolongée de la pression en basse fréquence. De nouveaux essais devront être réalisés avant une reprise des vols commerciaux du lanceur ainsi. En parallèle, Khrunichev a décidé de revoir les procédures de contrôle afin d’augmenter la fiabilité des pièces délivrées. Khrunichev unique actionnaire d’ILS Le 29 mai dernier, International Launch Services, l’opérateur commercial des fusées Proton, a annoncé que le russe Khrunichev avait racheté toutes les parts de l’actionnaire américain Space Transport Inc., devenant ainsi l’actionnaire unique et majoritaire de la compagnie. Lockheed Martin, qui faisait partie des actionnaires lors de la création d’ILS, avait vendu ses parts à Space Transport Inc. en octobre 2006. Néanmoins, ILS restera une compagnie américaine sujette à la réglementation américaine. Son siège social est situé dans l’état de Virginie, non loin de Washington.

En bref

Contrats signés: Arianespace11/04: Ariane 5 lancera courant en 2010 le satellite de télécommunications japonais BSat 3b. http://www.arianespace.com/site/fr/actualite/p08_04_11.html

Discovery, pas de tir endommagéLe dernier vol de la navette Discovery a provoqué des dommages plus importants que la normale sur le pas de tir 39A. De nombreuses dalles en béton se sont décrochées des fondations. La Nasa ne dispose plus que d'un seul pas de tir pour les vols de la navette (LC-39A). Le second est en cours de modernisation pour accueillir Ares I. Une solution doit être trouvée d'ici le prochain lancement, programmé pour l'heure le 08 octobre prochain.

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Jules Verne amarré à l’ISS

On l’attendait depuis quelques années, finalement le cargo ravitailleur européen ATV s’est amarré à la station spatiale internationale le 03 avril dernier avec succès Décidé au moment où le programme International Space Station a été entériné, l’ATV est l’une des contributions européennes au projet de station spatiale. Entre autre de Columbus, voir le précédent numéro de l’AstroNotes, et le bras robotisé, l’agence spatiale européenne a reçu comme mission de concevoir un cargo de ravitaillement pour la station en complément à la navette, aux vaisseaux russes Progress et au japonais HTV. La conception de l’ATV n’est pas différente d’un autre vaisseau destiné à accueillir un équipage. D’ailleurs, moyennant quelques adaptations, l’ATV pourrait servir au transport d’équipage depuis la Terre vers une orbite ou même de petite station spatiale à l’instar des premières Salyut soviétiques.

Lancement par Ariane du vaisseau de ravitaillement Jules Verne. Photo ESA.

Il est divisé en deux compartiments bien distincts, le Pressurised Section et le Unpressurised Section. Le premier est doté d’un collier d’amarrage et devient un prolongement de la partie habitable de la station, une fois la jonction faite. C’est là que sont entreposés les vivres et le matériel. C’est là également que l’équipage peut stocker tout ce qui n’est plus nécessaire et les déchets. L’autre section est la partie non pressurisée. C’est un peu le local technique. On y retrouve les moyens de propulsion de l’ATV ainsi que les panneaux solaires destinés à alimenter en énergie le cargo ravitailleur. L’ATV en quelques chiffres : Taille totale : 10,3 m x 4,5 m (à l’amarrage) Envergure : 22,28 m (panneaux solaire déployés) Pressurised Section : 4,92 m de long Unpressurised Section : 4,36 m de long Masse au décollage : 19 357 kg Il peut transporter jusqu’à 840 kg d’eau, 100 kg d’air (oxygène et azote), 860 kg de propergols pour la station, 4 700 kg de propergols pour rehausser l’orbite de l’ISS et 5 500 kg de matériel, nourriture et autres effets personnels. Baptisé Jules Verne, en hommage à l’écrivain visionnaire français du 19ème siècle, le cargo est arrivé au Centre Spatial Guyanais de Kourou le 29 juillet 2007 et transféré au bâtiment S5C où il a été préparé. Début 2008, il a été conduit dans un autre bâtiment de préparation afin d’être rempli en ergols. Le 15 février, à 3 semaines du lancement, il a été intégré sur l’étage supérieur de la fusée Ariane 5ES dans le bâtiment d’assemblage final. Quelques jours plus tard, la coiffe qui le protègera durant l’ascension a été mise en place. La veille du départ, Ariane 5ES a été conduite sur le pas de tir ELA 3 d’où elle a décollé le 09 mars à 04 heures 23 TU. Une heure et 06 minutes plus tard, Ariane larguait son précieux colis sur une orbite parfaite de 260 km et inclinée à 51,6° sur le plan équatorial, dans l’alignement de l’orbite de la station spatiale. Jusqu’au 29 mars, Jules Verne a rehaussé son orbite à l’aide de ses moteurs avant de débuter les phases de démonstration qui ont amèné à l’amarrage quelques jours plus tard. Le 29 mars, la journée a été chargée au Centre Spatial de Toulouse où les responsables de la mission ont pris en charge l’ATV depuis sa mise sur orbite. Ils ont réalisé ce qu’on appelle dans le jargon spatial, le Demo Day 1. L’objectif était de tester le système de guidage et de navigation et de voir si l’ATV était capable de se repérer par rapport à l’ISS en comparant les données de navigation GPS captées par ses récepteurs et par ceux de la station et ainsi l’amener du point S-1 (39 km de distance) au point S2 (3,5 km) en toute sécurité. Une fois la

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démonstration terminée, l’ATV s’est dégagé de l’orbite de l’ISS. Le 31 mars, le second Demo Day a été réalisé. L’objectif cette fois était d’amener l’ATV jusqu’à 11 mètres derrière la station, le dernier point avant le début de l’approche finale. Pendant quatre minutes, l’ISS et l’ATV ont volé en formation avant que le Centre Spatial de Toulouse n’envoie la commande d’éloignement.

Jules Verne en approche finale. Photo Nasa.

Les deux Demo Day s’étant passés correctement, les Européens ont reçu le feu vert pour l’amarrage à la station spatiale. Comme pour les Demo Day, Jules Verne a effectué son approche par étapes. Chacune d’elle a été ponctuée par une vérification de l’état du vaisseau. Si tous les paramètres étaient corrects, il pouvait passer à l’étape suivante. A 14 heures 45 TU, la sonde de Jules Verne est entrée dans le cône de capture du module russe Zvezda. Quelques minutes plus tard, la sonde s’est rétractée afin d’amarrer fermement l’ATV à la station. Le lendemain, après avoir lancé la purification de l’air afin d’éliminer les particules et autres débris pouvant flotter dans cargo, l’astronaute américaine Peggy Whitson et le cosmonaute russe Yuri Malenchenko ont ouvert l’écoutille. Jules Verne restera entre 6 et 8 mois amarré à la station avant de s’en séparer avec tous les déchets qu’il contient et se désintégrer dans les hautes couches atmosphériques.

Kourou a 40 ans

Au cours de ces 40 premières années, le Centre Spatial Guyanais aura pris une dimension européenne et l’émergence d’un lanceur sur lequel il faut compter. Dans les prochaines années, le CSG s’internationalisera encore plus avec l’arrivée du lanceur russe Soyuz.

Le 09 avril 1968, une petite fusée sonde Véronique de conception française s’élance de la forêt guyanaise donnant le coup d’envoi au développement d’un Centre Spatial qui deviendra au fil des ans une référence dans le monde à tel point que la mythique fusée russe Soyuz y aura son pas de tir quarante ans plus tard.

Première fusée sonde tirée depuis le Centre Spatial Guyanais de Kourou. Photo CNES.

L’histoire du Centre Spatial Guyanais commence en 1962 avant même le lancement du premier satellite par une fusée Diamant. L’Algérie devient indépendante et la France doit se chercher un nouveau centre de tir pour ses expérimentations. L’Hexagone est trop peuplé pour y construire des installations de lancement. Commencent alors les prospections pour trouver l’endroit idéal. L’année suivante, plusieurs sites sont choisis dont l’Australie qui possède déjà un champ de tir d’où partent les lanceurs spatiaux anglais Black-Arrow et européens Europa. Le nord du Brésil mais aussi la Mauritanie, la Somalie, des îles comme Madagascar ou encore les Seychelles sont autant de sites possibles, sans

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oublier la Guyane française, département français d’Outre Mer. En 1964, sous la présidence du Général De Gaulle, le gouvernement Pompidou entérine le choix de la Guyane. Le Centre National d’Etudes Spatiales sera chargé de sa construction. La Guyane a été privilégiée en raison de sa position stratégique. Stratégique pour plusieurs raisons. La première, la plus importante, est la position idéale du centre spatial. Non seulement il est situé non loin de la ligne équatoriale (5,3° Nord) mais en plus il est bordé par un océan qui est ouvert tant vers le nord (pour lancer des satellites d’observation de la Terre par exemple) que vers l’est (satellites de télécommunications par exemple). Une fusée tirée du Centre Spatial Guyanais bénéficie au maximum de l’effet de fronde de la Terre. A titre de comparaison, Ariane 5ECA tirée depuis Cap Canaveral ne pourrait lancer que 8 300 kg en lancement simple au lieu de 10 00 depuis Kourou. Ensuite, la Guyane est exempt de tous tremblements de Terre et ouragans. Et enfin, la Guyane est faiblement peuplée ce qui n’est plus depuis le cas de la ville de Kourou.

Le second exemplaire de la fusée Diamant B s’élance du Centre Spatial Guyanais. Photo CNES.

Avant l’arrivée de la base, Kourou n’était qu’un paisible village de 800 habitants environ. Avec l’arrivée des techniciens, des soldats de la légion étrangère et de leur famille, Kourou est devenue une ville. Au recensement de 1999, la population s’élevait à 19 170 habitants.

Avec l’ère des télécommunications qui se profile, l’Europe a voulu bénéficier du Centre Spatial. En 1966, l’ELDO (qui deviendra par la suite l’ESA en fusionnant avec l’ESRO) décide d’implanter un pas de tir Europa II pour les satellites géostationnaires. Malheureusement, le premier vol le 05 novembre 1971 se solde par un échec et plonge l’Europe spatiale dans une crise profonde. En 1970, le CSG devient un port spatial avec la mise sur orbite réussie du satellite scientifique allemand Wika à l’aide de la fusée française Diamant B. Suivront 7 autres lancements pour deux échecs. La série Diamant se termine en 1975. L’Europe spatiale agonisante adopte en 1972 un projet de lanceur en remplacement d’Europa II qui ne fait plus l’unanimité. L’agence spatiale française prend la maîtrise d’œuvre du projet qui deviendra Ariane. Les travaux de développement commencent presque aussitôt ainsi que le chantier de modernisation des installations de lancement qui sont aménagées pour accueillir le nouveau lanceur européen. Après bien des années noires, l’Europe retrouve le sourire avec un premier vol d’essai d’Ariane 1 parfaitement réussi le 24 décembre 1979. La qualité des lancements Ariane va vite avoir les faveurs des clients à travers le monde au détriment de la navette spatiale qui est clouée au sol en janvier 1986 suite à l’accident de Challenger. La cadence de tir passe de 2 à 5 vols par an jusqu’en 1987 à minimum 6 par an dès l’année suivante. Au moment où Ariane 4 est introduite sur le marché en juin 1988, les industriels planchent déjà sur un autre projet d’envergure, Ariane 5. Le projet est adopté en 1987 par le Conseil des Ministres. Les grues et les camions démarrent les premiers coups de pelle du chantier ELA 3 en décembre 1988. La construction du troisième pas de tir Ariane va mobiliser pendant 4 ans jusqu’à 550 personnes. Les installations de lancement Ariane 5 vont dépasser tout ce qu’a connu Kourou depuis la création du centre spatial. Zone industrielle, banc d’essai des boosters, zones d’assemblage, préparation satellites et pas de tir, ce n’est pas moins de 2000 hectares qui vont être consacrés au nouveau lanceur. Le chantier est achevé en 1992 pour un premier vol Ariane 5 prévu pour 1995. En 1995, les premiers essais de mise à feu sont réalisés sur le pas de tir ELA 3 avec succès ouvrant la voie à la préparation du premier vol Ariane 5. Les réglages de dernières semaines retardent cette mission tant attendue jusqu’en juin 1996. Malheureusement, au bout de 37 secondes de vol, le lanceur bascule et explose. C’est la troisième fois depuis 1979 qu’une Ariane explose ainsi au-dessus de Kourou. La première fois

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c’était en mai 1980 lors du second vol d’essai d’Ariane 1. Mais la fiabilité des systèmes de sécurité conjuguée au savoir faire européen en matière de lancement ont fait du Centre Spatial Guyanais l’un des sites les plus performants au monde, derrière la base aérienne de Vandenberg mais bien avant Baïkonour ou même Cap Canaveral d’où partent les vols habités russes et américains. Une évaluation rendue publique à la fin des années 90 par le service Launch Site Engineering du Florida Space Business Roundtable et d’Entreprise Florida (source Space Connection 27) tentait de classer les différents centres spatiaux en fonction de divers critères. Sur 11 critères choisis, le Centre Spatial Guyanais était le 1er pour 3 d’entre eux et second pour 5 d’entre eux. Les critères où le CSG était premier sont les infrastructures (salles pour les satellites, matériels disponibles pour les tests, hébergement du personnel), réglementation et bureaucratie (accès au site, douanes, contraintes écologiques), respect des plannings (disponibilité du lanceur, de l’infrastructure, flexibilité dans les préparatifs). CENTRE SPATIAL COTECosmodrome de Baïkonour 151/286Xichang Satellites Launch Center 135/286Centre Spatial Guyanais 233/286Cape Canaveral Air Station 232/286Vandenberg Air Force Base 244/286

Ces chiffres ont quelque peu changé depuis la réalisation de l’étude. En effet, depuis, Baïkonour s’est ouvert au marché commercial avec les fusées Proton vendues par le consortium International Launch Services, et Starsem, filiale d’Arianespace, chargée des lancements de la fusée Soyuz. Mais il ne faudrait pas non plus oublier l’arrivée de Sea-Launch et la fin des missions commerciales de Xichang. Ces bonnes notes non pas été sans conséquences pour le Centre Spatial Guyanais. A plusieurs reprises, des opérateurs spatiaux ont eu comme projet d’installer un site de lancement à Kourou. Concurrence oblige, l’Europe et à fortiori Arianespace n’accepteront jamais l’arrivée d’une fusée qui bénéficierait de tous les avantages de Kourou pour tuer Ariane. Si lanceurs étrangers il doit y avoir au CSG, c’est en complémentarité de la fusée européenne. C’est ainsi qu’au Conseil des Ministres chargés de la politique spatiale de 2002, un décret est adopté afin de faire venir Soyuz à Kourou. L’année suivante, la Russie et le France signent un accord entérinant le projet. Les grues et les bulldozers commencent presque aussitôt à défricher 120 hectares à 10 km du pas de tir Ariane 5 sur la commune de Sinnamary. En 2009, après les

tests de validation, les fusées Soyuz 2 pourront s’envoler de la Guyane. D’autres chantiers ont été ouverts ces dernières années avec l’adoption par le Conseil des Ministres du projet de petit lanceur à poudre VEGA. Tout comme cela a été le cas de Soyuz, des études ont été réalisées afin de voir s’il était possible d’utiliser les pas de tir en sommeil. A Kourou, il y a l’ELA 1 d’où sont parties Europa II, Ariane 1 à 3 et l’ELA 2 pour les Ariane 2 à 4. Très rapidement, le choix de l’ELA 1 s’est imposé. En effet, il ne restait que les fondations et le coût de l’adaptation pour accueillir VEGA était moins élevé qu’avec l’ELA 2 où tous les équipements d’Ariane 4 sont encore présents. VEGA devrait réaliser son vol inaugural courant de l’année 2009.

Construction de la tour d’assemblage pour le pas de tir de VEGA. Photo CNES.

En quarante ans, le Centre Spatial Guyanais a vu son statut de centre spatial français devenir centre spatial européen. Pour son quarantième anniversaire, il s’étend encore plus et devient le premier port spatial international d’où pourront peut-être un jour partir des équipages à l’assaut des étoiles. http://www.cnes.fr/web/6525-accueil.phphttp://users.skynet.be/Yantar/kourou.htm

Les premiers résultats de Phoenix

La sonde polaire Phoenix s’est posée en douceur sur la planète Mars mettant fin à 9 mois d’attente et de stress.

La petite sonde d’exploration de la Nasa s’est posée en douceur sur la planète Mars dans la région polaire nord (68,16°N - 233,35°E) dans la nuit du 25 au 26 mai dernier. Après avoir largué son étage de croisière, la sonde a commencé à pénétrer dans

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l’atmosphère de Mars à la vitesse de 5,7 km/seconde. Le freinage atmosphérique a été très important au point que le bouclier thermique a vu sa température monter jusqu’à 1 420°C. A 12 km d’altitude, le parachute s’est déployé correctement et la sonde a continué son plongeon vers son site d’atterrissage. A moins d’un kilomètre du sol, les rétrofusées ont pris le relais du parachute et ont donné le dernier coup de frein. Il est 23 heures, 53 minutes et 52 secondes en temps universel lorsque le signal annonçant l’atterrissage en douceur a été réceptionné par le centre de contrôle de Pasadena en Californie. Cette bonne nouvelle est saluée par un tonnerre d’applaudissements et de sourires. Mais la mission ne peut commencer directement. Avant, il faut laisser le temps à la poussière qui a été soulevée par le souffle des rétrofusées de retomber. Ce n’est que 15 minutes plus tard que les panneaux solaires ont pu être déployés.

Le sol du site d’atterrissage est pavé d’hexagones, signe d’une présence d’eau. Photo Nasa.

Le paysage est très plat et parsemé de petits cailloux uniquement. Il est très différent des autres sites d’atterrissages rencontrés jusqu’à présent où la présence de gros blocs rocheux était très élevée.

Les clichés montrent la présence de formes polygonales. Observées plusieurs fois par les orbiters dans les régions polaires martiennes, c’est la première fois qu’elles sont vues de si près. Les scientifiques pensent qu’elles sont le résultat de la congélation saisonnière et le dégel des glaces en surface. Sur Terre, de telles formes existent dans les terrains de permafrost.

La présence de glace a été sous-entendue au Sol 5 (un sol = 1 journée martienne) lorsque le bras robotisé a pris des clichés sous l’atterrisseur. La surface, dégagée de toute poussière en raison du souffle des rétrofusées au moment de l’atterrissage, présentait des formes brillantes qui laissent à penser qu’il pourrait s’agir de glace.

Dans les jours qui ont suivi l’atterrissage, les responsables de la mission ont testé la récolte d’échantillons à l’aide du bras robotisé de Phoenix. A la grande surprise, le matériau prélevé semblait collant. Si les propriétés physiques de la poussière martienne est l’une des raisons, la présence de glace pourrait en être une autre. TEGA et MECA pourront nous le confirmer aux cours des analyses.

TEGA (Thermal and Evolved-Gas Analyzer) comporte 8 fours, chacun destiné à chauffer un échantillon par étape et monter la température jusqu’à 1 000°C. Ils sont recouverts d’une grille ne laissant passer que les particules inférieures à 1 mm. Une fois que le four contient assez de grains, il est actionné. Le but est de mesurer les composants à l’aide d’un spectromètre. Les résultats préliminaires semblent indiquer qu’il n’y a pas réellement de trace de glace dans l’échantillon analysé. Les conditions dans lesquelles les grains ont été déposés dans le four numéro 4 sont probablement la raison de l’absence de glace dans l’échantillon prélevé. Pendant plusieurs jours, les particules n’ont pas réussi à traverser la grille. Exposées au soleil pendant ce laps de temps, la glace pourrait s’être sublimée. Sept autres analyses sont prévues d’ici fin août.

MECA (Microscopy, Electrochemistry and Conductivity Analyzer) est le second instrument qu’emporte la sonde Phoenix. Il est équipé de microscopes. Le premier permet d’observer la poussière dont la taille est d’un dixième de celle de l’épaisseur d’un cheveu. Le second microscope est le WCL (Water Chemistry Laboratory). Il s’agit d’un laboratoire chimique dans lequel des échantillons de sol sont mélangés avec de l’eau ultra pure afin d’obtenir une solution. Cette solution est ensuite analysée. Les résultats préliminaires ont enthousiasmé les responsables de la mission. Jusqu’ici, les scientifiques pensaient que le sol martien était acide. La couleur rouille, résultat de l’oxydation des particules métalliques, n’y est sans doute pas étrangère. Les résultats envoyés par la sonde Phoenix contredisent les croyances. Avec un taux de pH situé entre 8 et 9, la poussière martienne est plutôt alcaline que acide. L’analyse chimique a permis également de retrouver toute une série de minéraux comme le magnésium, le sodium, le potassium ou encore le chlorure. Les scientifiques en arrivent à comparer le site

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d’atterrissage de la sonde Phoenix avec les vallées sèches de l’Antarctique. Il n’y a qu’un pas pour dire que la vie est possible, du moins au pôle Nord de Mars.

Les photographies prises par la caméra panoramique et celles disposées sur le bras robotisé peuvent aider à comprendre le contexte d’un prélèvement d’échantillons. Ainsi, lors des collectes, le fond des tranchées présentaient des traces blanchâtres. Dans un premier temps, les scientifiques ne savaient pas s’ils avaient à faire à des traces de sel ou de glace. Des clichés pris quelques jours plus tard semblent corroborer l’hypothèse de la glace. En effet, sans y avoir touché, les traces blanches ont partiellement disparu. Les scientifiques penchent pour de la glace d’eau en raison du temps de sublimation qui a été de plusieurs jours.

Les premiers Sols ont été contrariés en raison d’un problème de liaison avec Phoenix. Les sondes Mars

Reconnaissance Orbiter et Mars Odyssey, qui doivent servir de relais, avaient des difficultés avec la bande UHF.

A partir du Sol 4, la station météo de conception canadienne a pris régulièrement des mesures guère changeantes. Ainsi la température minimale mesurée varie entre – 83°C et – 80°C. En journée, il fait plus doux avec des températures qui varient entre – 32°C et – 24°C. La station météo comporte également un LIDAR (Laser Imaging Detection And Ranging). Il émet un faisceau laser verticalement où il est réfléchi par les particules de glace et de poussière qui sont en suspension dans l'atmosphère martienne. Le retour du faisceau vers la station météo doit renseigner sur la structure des nuages et la taille des particules. Les premiers résultats indiquent la présence de poussière jusqu'à 3,5 km d'altitude.

http://phoenix.lpl.arizona.edu/

Sous les pieds de l’atterrisseur, on remarque une plaque blanche dénudée. Il pourrait s’agir de glace.

Le premier échantillon versé entre les portes entrouvertes du four numéro 4

De gauche à droite Baby Bear, Mama Bear et Papa Bear, les trois premiers prélèvements effectués par Phoenix. Au fond de chaque tranchée, on peut y voir

des traces blanches. Au premier jour, Mars Reconnaissance Orbiter survole le site d’atterrissage de Phoenix et le photographie