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Luc Boyer Juin 2009 Directeur de Recherches Université Paris-Dauphine Directeur de Publication : Management et Avenir Audit de la rémunération(salaire, variable, benefits…): évolution de la problématique Résumé Auditer une rémunération , c'est aujourd'hui prendre en compte les concepts d'équité , de compétitivité et de répartition des profits. Deux grandes catégories de méthodes existent : celles qui sont fondées sur l'évaluation des postes par des approches multicritérielles et celles qui se basent sur la valeur des compétences estimée par le marché. L'audit doit intégrer la complexité de l'évaluation des compétences et naturellement des "benefits " . La comparaison avec des banques de données s'impose. Abstract The audit of remunerations includes tehe analysis of differntcondepts: equity, competitiveness, profit sharing. We canfound two main approaches of evaliation.The one basedon the weighing of the job and the otherone on the valie of the position on the market. The audit of the value of competencesis a complexproblem. We must not forgetthe audit of benefits.Benchmark and access to data bank are necessary. Introduction Le problème de la rémunération, c'est à dire de la valeur à attribuer au travail s"est toujours posé, mais la façon d'aborder ce concept a considérablement évolué au cours du temps. L'un des textes les plus anciens qui aborde ce thème est sans doute le code d'Hammourabi, ce roi de Babylone qui régnait 1730 avant J.C.Il ne faut pas voir dans ces 282 articles une législation "à la française " mais le recueil (jurisprudence) des décisions prises par l'autorité royale. Si nous prenons comme première illustration ce code, c'est qu'il est totalement imprégné par l'organisation de la Société, telle d'ailleurs qu'elle va -à des variantes près - subsister pendant plus de 2 000 ans. Trois groupes cohabitent dans la Société : -les citoyens, hommes libres, tels que nous les retrouverons en Grèce ou à Rome ; en général ces hommes libres peuvent être guerriers ou parfois fonctionnaires, mais ne sont pas des travailleurs "ordinaires ", tirant leur revenu du travail des autres. -les subalternes ou classe intermédiaire plus ou moins développée, au contour mal défini, ni homme libre ni esclave. C'est dans cette classe qu'on trouvera les artisans ou les prolétaires (ceux qui vivent du travail de leurs mains ou du travail de leurs enfants ) -les esclaves qui ne sont pas tout à fait des hommes et qui constituent souvent la principale force de travail de la Société. Platon explique clairement le fonctionnement d"Athènes avec ses citoyens possédant nécessairement quelques esclaves, sous-hommes qui assurent le travail pour l'homme libre( l'esclavage a été utilisé par tous les peuples du monde, à l'exception - peut-être -des Egyptiens ) -le code d'Hammourabi fixe le salaire de la location des animaux ou celui des artisans ou le prix de la location de matériel :"le salaire du charpentier est de …d'argent par jour ; § 274",

Audit de La Remuneration

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Page 1: Audit de La Remuneration

Luc Boyer Juin 2009

Directeur de Recherches

Université Paris-Dauphine

Directeur de Publication : Management et Avenir

Audit de la rémunération(salaire, variable, benefits…): évolution de la problématique Résumé Auditer une rémunération , c'est aujourd'hui prendre en compte les concepts d'équité , de

compétitivité et de répartition des profits. Deux grandes catégories de méthodes existent :

celles qui sont fondées sur l'évaluation des postes par des approches multicritérielles et celles

qui se basent sur la valeur des compétences estimée par le marché. L'audit doit intégrer la

complexité de l'évaluation des compétences et naturellement des "benefits " . La comparaison

avec des banques de données s'impose.

Abstract The audit of remunerations includes tehe analysis of differntcondepts: equity,

competitiveness, profit sharing. We canfound two main approaches of evaliation.The one

basedon the weighing of the job and the otherone on the valie of the position on the market.

The audit of the value of competencesis a complexproblem. We must not forgetthe audit of

benefits.Benchmark and access to data bank are necessary.

Introduction

Le problème de la rémunération, c'est à dire de la valeur à attribuer au travail s"est toujours

posé, mais la façon d'aborder ce concept a considérablement évolué au cours du temps.

L'un des textes les plus anciens qui aborde ce thème est sans doute le code d'Hammourabi, ce

roi de Babylone qui régnait 1730 avant J.C.Il ne faut pas voir dans ces 282 articles une

législation "à la française " mais le recueil (jurisprudence) des décisions prises par l'autorité

royale.

Si nous prenons comme première illustration ce code, c'est qu'il est totalement imprégné par

l'organisation de la Société, telle d'ailleurs qu'elle va -à des variantes près - subsister pendant

plus de 2 000 ans.

Trois groupes cohabitent dans la Société :

-les citoyens, hommes libres, tels que nous les retrouverons en Grèce ou à Rome ; en général

ces hommes libres peuvent être guerriers ou parfois fonctionnaires, mais ne sont pas des

travailleurs "ordinaires ", tirant leur revenu du travail des autres.

-les subalternes ou classe intermédiaire plus ou moins développée, au contour mal défini, ni

homme libre ni esclave. C'est dans cette classe qu'on trouvera les artisans ou les prolétaires

(ceux qui vivent du travail de leurs mains ou du travail de leurs enfants )

-les esclaves qui ne sont pas tout à fait des hommes et qui constituent souvent la principale

force de travail de la Société. Platon explique clairement le fonctionnement d"Athènes avec

ses citoyens possédant nécessairement quelques esclaves, sous-hommes qui assurent le travail

pour l'homme libre( l'esclavage a été utilisé par tous les peuples du monde, à l'exception -

peut-être -des Egyptiens )

-le code d'Hammourabi fixe le salaire de la location des animaux ou celui des artisans ou le

prix de la location de matériel :"le salaire du charpentier est de …d'argent par jour ; § 274",

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"si un homme a loué un pâtre pour bœuf et moutons, il lui donnera, par an, 8 gour de blé;

§261"..

-le non-respect des règles jurisprudentielles entraîne des sanctions qui dépendent de la gravité

de la faute et du rang social du fautif, et ceci pour toute activité ou échange "Si un esclave dit

à son maître : tu n'es pas mon maître, il le convaincra en justice comme étant son esclave et

son maître lui coupera l'oreille ; §282"

Ce rappel des usages dans l'antiquité et les premiers siècles après J.C. illustrent le fait que la

valorisation du travail était très différente, l'argent étant principalement réservé aux échanges,

le travail de production provenant surtout de l'activité des esclaves et des prolétaires(ce travail

était considéré comme avilissant et non digne du citoyen ou homme libre )

Ce n'est guère qu'avec la création des monastères, plus précisément au V° siècle avec le

monachisme et les règles de Benoît de Nursie, que le travail (manuel) commence à être

valorisé, avec le code des bénédictins qu'on retrouve dans de nombreux principes de

management "les Frères doivent s'occuper …au travail des mains " Que des hommes de lettres

et de réflexion –les moines -doivent intégrer dans leurs activités un travail manuel constitua

une véritable révolution et permis le développement dans les siècles ultérieurs -moyen age et

proto-industrialisation –du concept de valeur-travail et de rémunération.

Les premières luttes salariales

Dés la proto-industrialisation, dés la renaissance par exemple dans les arsenaux puis dans les

grandes fabriques comme celles que donna en concession Colbert, des grèves ou mouvements

sociaux parfois violents éclatèrent le plus souvent pour des questions de rémunération,

déclenchés générale ment par des ouvriers qualifiés.

Mais il faut attendre le début de la révolution industrielle, soit environ le milieu du XIX°

siècle, pour que de fortes revendications salariales et une lutte contre l'inégalité apparaissent,

nourries de la crainte que suscite l'impact des machines sur l'emploi.

Le symbole le plus marquant de ces mouvements est sans doute ce qu'on a appelé "la révolte

des canuts ", à Lyon, d'abord en 1831 contre le non-respect d'engagements pris en matière de

salaire(avec comme accompagnement le bris des métiers Jacquard) Ce formidable

mouvement (50% de la population lyonnaise travaillait peu ou prou pour le textile ) qui se

traduisit par l'occupation de la ville se termina dans un calme relatif, sans effusion de

sang(influence de l'église catholique? ) Il fut loin d'en être de même avec les mouvements de

1834 et 1848 qui entraînèrent des répressions terribles et marquèrent profondément les

travailleurs (les canuts, ces petits artisans, étaient à la tête du mouvement) et préfigurèrent la

structuration future du monde ouvrier.

Aux etats-unis, à peu près à la même époque, ce sont les inégalités de salaires au sein des

services fédéraux qui furent à l'origine des principales sources de revendication. Ainsi, dés

1836 les employés du Gouvernement de Washington obtiennent -grâce à une méthode de

mesure – qu'à travail similaire, le salaire soit identique. Dans le même esprit en 1854, le

Congrès établit le premier classement d'ouvriers en quatre classes et vingt ans plus tard c'est le

Président Grant qui créa une commission pour l'évaluation des emplois La mesure de la

valeur ajoutée du travail était née.

Ainsi pendant près de cent ans vont s'élaborer, de façon différente suivant les continents ou

les pays, des méthodes, des règles qui auront pour but, à partir d'un système d'audit, d'analyser

et de mesurer le travail et enfin de le valoriser.

Page 3: Audit de La Remuneration

Les fondements de l'audit et de l'évaluation du travail

Pour simplifier, nous dirons que deux logiques vont co-exister aux Etats-Unis, d'une part et en

France d'autre part et ce pratiquement jusqu'en 1968.

Aux Etats-Unis, l'influence des théories de Taylor se vite sentir écartant les approches de type

rangement global (où les emplois sont comparés les uns par rapport aux autres) en privilégiant

l'analyse des postes, l'étude des temps et des mouvements. Les chrono-analystes vont fonder

le calcul des salaires, aidés par l'AMA (American Management Association ) Il s'agit de fixer

exactement le temps nécessaire à l'exécution des tâches. Gilbreth, disciple de Taylor va mettre

en place les Tables des Temps et des Mouvements élémentaires. Cette analyse permet la mise

en place des systèmes de rémunération à la pièce(Piece Rate Pay Systems) ou au rendement

(Pay for Performance Systems) Ford va –un peu – déstabiliser ces concepts en laissant

finalement à la chaîne le soin de fixer le niveau de production. Ce qui va, alors déterminer le

niveau de rémunération sera d'une part le temps passé à l'atelier et d'autre part la difficulté du

poste : poste dont l'étude des caractéristiques devient le fondement de la rémunération. (on

"rémunère" d'abord le poste, puis dans un deuxième temps la capacité, l'efficacité du titulaire

du poste. A partir de 1920, Griffenhagen (Chicago), l'AMA (avec Charles E.Bedeaux) …vont

mettre en place les fondements de l'analyse factorielle (5 à 10 facteurs par exemple, avec des

degrés différents) : la "Job Evualation"était née, même si la crise de 1929 va freiner son

expansion. C'est pendant la guerre, en 1942, que les méthodes de Job évaluation vont prendre

toutes leurs ampleurs, devant la surenchère des salaires (rareté et nouveaux emplois ) Deux

types de grandes méthodes vont émerger de ces travaux:

-les méthodes qualitatives ou méthodes globales : après avoir listé tous les postes individuels,

on les compare les uns aux autres et on les regroupe par classe. On peut également comparer

les postes par paires. Ces méthodes sont connues sous le nom de Ranking System ou en

regroupant les postes en classe Job Classification System.

-les systèmes quantitatifs ou factoriels vont progressivement prendre le pas sur les méthodes

qualitatives. Un certain nombre de critères -5 à 10 par exemple – vont être sélectionnés et

pour chaque critère, on attribuera une échelle de notation exprimée en points, pondérée

éventuellement par un coefficient. La somme des points donne la valeur relative dans la

hiérarchie finale. c'est le célèbre Point System. Une variante sera la comparaison par facteurs,

où l'on focalise sur un certain nombre de postes-clés, classés à partir de quelques facteurs.

Cette approche est appelée Factor Comparison System

Comme nous le verrons, ces systèmes servent encore mondialement de référence à grand

nombre d'entreprises

En France, pour arrêter la comparaison à ces deux pays, l'ancien régime avait commencé à

mettre en place des accords collectifs. L'esprit de ces accords a curieusement traversé la

Révolution française, le régime de Vichy et la reconstruction syndicale à la libération. Il s'agit

en particulier des accords de Millerand en 1899, le fort rôle de l'Etat pendant la première

guerre mondiale, les accords de Matignon en 1936 par lesquels les conventions entre

employeurs et salariés au sein d'une profession deviennent obligatoires. Les classements sont

fondés sur des nomenclatures détaillés des emplois élaborées sur des critères professionnels

proches des métiers traditionnels de référence.

Sous Vichy, malgré -ou à cause ? – la suppression des syndicats, le régime développa un

interventionnisme économique et social très soutenu. Dans le cadre du "Nouvel Ordre social

", les emplois furent regroupés en familles professionnelles, avec un classement des emplois

dans chaque famille. Il est à noter qu'une grande partie de ce travail a été repris, à la libération

par les ministres Parodi et Croizat, lorsqu'ils ont reconstruit, non seulement les syndicats mais

également les conventions collectives. Ce sont ces conventions qui ont qui ont été la référence

pendant plusieurs dizaines d'années. La France apparaît durant des siècles comme

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particulièrement attachée à cette hiérarchisation implicite liée à la logique traditionnelle des

métiers au profit d'une hiérarchie par niveau.

Cependant, la diminution, voire la disparition de nombreux traditionnels, les nouveaux modes

d'organisation du travail, le quasi-blocage de certains salaires, la rigidité accrue …ont

progressivement rendu non-opératoires les conventions collectives. Aussi, après mai 1968, les

syndicats puis le gouvernement et le patronat ont décidé de dénoncer les conventions

collectives pour en construire de nouvelles sur des bases innovantes.

En fait, ces nouvelles conventions qui vont émerger sont fortement inspirées des modèles

anglo-saxons, c'est à dire sur un système de classifications reposant sur un nombre limité de

critères (par exemple pour l'UIMM: connaissances, autonomie, responsabilité) e une grille

unique pour l'ensemble de la hiérarchie.

Avant d'étudier les conséquences en terme d'audit, nous devons signaler d'autres systèmes

d'évaluation.

-Ainsi, la période d'autonomie (Elloit Jacques ) –temps sans contrôle hiérarchique – a été

testés

-Une autre méthode consiste à estimer le volume et la qualité de la valeur ajoutée par un poste

entre les données entrantes et sortantes. Même si on n'a pas observé d'importants

développements de cette méthode, il faut reconnaître que les approches systémiques ou

l'analyse par l'audit des systèmes d'information sont souvent dans la même logique.

La méthode Hay et tout un ensemble de méthodes dérivées sont de loin les plus répandus

dans le monde.

Les nouvelles approches organisationnelles

Deux grandes modifications organisationnelles et conceptuelles viennent perturbés l'ordre

existant.

-la première est la gestion de ou par projet ; dans une équipe projet, mobilisée vers un but –

unique et non répétitif –à atteindre, on rassemble des talents, des compétences variées, bref

des hommes qui en dehors de toute description de poste précise vont recevoir une mission,

étroitement liée à la mission de leurs compagnons. Dans un tel contexte, il est difficile

d'évaluer la valeur ajoutée de l'individu sauf à se référer à la position qu'occupait

préalablement au détachement, cette personne

-la deuxième évolution –qui a pris depuis une dizaine d'années une importance considérable –

est la diminution progressive des Organisations fondées exclusivement sur le concept de

postes pour sous la pression du "Knowledge Management", des NTIC…au profit d'activités

où les compétences jouent le rôle déterminant.

Le problème aigu est que du moins dans la vision humaniste française, nous ne savons pas

encore peser le poids des connaissances.

L'audit de la rémunération proprement dite

Nous sommes maintenant armés pour aborder la question de l'audit de la rémunération

proprement dite ; nous l'aborderons suivant deux éclairages : celui de la politique et celui des

mesures d'audit.

La politique de rémunération

Toute politique de rémunération se doit de respecter –plus ou moins suivant les entreprises, le

choix des dirigeants, le secteur d'activité…trois dimensions :

-l'équité interne

Page 5: Audit de La Remuneration

-la compétitivité externe

-l'économie de l'entreprise qui comprend la répartition des profits.

Ce sont, en particulier, ces trois dimensions que l'audit devra tester.

Trois questions se posent à l'auditeur:

- que rémunère l'entreprise ?

- de combien rémunère-t-elle ?

- comment rémunère-t-elle?

Reprenons ces trois points :

-Beaucoup de dirigeants, voire de DRH ne connaissent pas vraiment ce que la société

rémunère ; une analyse statistique relativement simple permettra de connaître avec précision

les facteurs rémunérés. Citons dans le désordre :

les résultats

le statut, le poste

l'effort, l'implication

l'esprit d'équipe, la coopération

la capacité de développement

la formation, le diplôme

le comportement, l'attitude générale

l'ancienneté

la sécurité, la protection

la famille

le sexe

l'ethnie ou la race

l'age

le métier

……

Il s'agit d'une longue liste et il n'est pas trop difficile de classer les facteurs par ordre

d'importance

-le "combien" est lié à la question de l'équité interne

Théoriquement, le principe est simple : à poids égal de poste, à même maîtrise de poste et à

performance personnelle ou collective identique, les individus doivent percevoir le même

salaire ; c'est un point tellement important que nous le reprendrons plus tard.

-le "comment " on rémunère est, en fait relativement complexe

Il y a d'abord la question du fixe et du variable ; la part du variable par rapport au fixe est loin,

en moyenne, d'être indifférente pour le comportement du salarié. Par exemple le fixe oriente

vers le log terme, sécurise, récompense une dimension globale, est axé sur l'effort… Le

variable, au contraire est axé sur les résultats, introduit le risque, agit à court terme, met en

valeur des aspects particuliers.

Se pose ensuite la question de savoir si l'entreprise privilégie la rémunération individuelle ou

collective ; l'impact sera loin d'être le même. par exemple la rémunération collective entraîne

une certaine solidarité parmi les membres, favorise l'adhésion collective, est facile à mettre en

œuvre, maintient les écarts tandis qu'une rémunération axée sur l'individu favorise

l'émulation, nécessite une méthodologie rigoureuse, implique l'encadrement, développe

l'individualisme, rétablit l'équilibre

Tous ces éléments ainsi que les aspects de primes, avantage en nature, salaire différé,

avantages sociaux devront être rigoureusement contrôlés

D'autres éléments plus administratifs devront faire l'objet d'un examen approfondi

Parmi ceux-ci, signalons :

Page 6: Audit de La Remuneration

-la politique d'augmentation en distinguant l'augmentation en masse, l'augmentation en

niveau,

-on n'oubliera pas de calculer l'effet de report (l'impact du moment où intervient

l'augmentation), l'effet de noria (impact du remplacement des plus anciens par des plus

jeunes, l'effet de technicité…

L'audit et l'évaluation du travail

Il y a lieu, avant tout, de savoir quelle politique l'entreprise souhaite privilégier : l'équité

interne ou la compétitivité externe ; suivant le choix de l'entreprise, le degré ou le type

d'investigation ne sautait être le même.

-si l'entreprise entend privilégier l'équité interne (c'est souvent le cas des administrations, des

PME familiales …) et si l'activité a laissé en place le concept de postes ; il y aura lieu de se

livrer à une pesée des postes et d'étudier la relation (droite de régression ) entre la valeur

ajoutée du poste (sa pesée en points) et la rémunération du titulaire du poste ; certes une

certaine fourchette pourra s'expliquer par l'histoire ou d'autres facteurs mais la variation

autour de ma médiane ne saurait dépasser plus ou moins 20% Uns certaine cohésion de

l'entreprise dépend, à l'évidence, du respect d'équité interne.

-si la société préfère regarder la compétitivité externe en terme de salaire ou rémunération, il

y aura lieu de se livrer à un benchmark des rémunérations individuelles et/ou collectives.

L'audit revêt une grande importance car il permettra d'indiquer clairement l'impact de la

compétitivité des salaires sur l'équité

Dans la pratique, on réalisera généralement en même temps un audit d'équité et un audit de

compétitivité.

Un autre point délicat est la répartition des profits ; l'auditeur se doit de voir quelle part est

accordée aux actionnaires, aux investissements ou réserves, aux dirigeants -sous les diverses

formes -,ou au personnel. Une comparaison avec d'autres pratiques sera la bienvenue.

Un problème sensiblement plus complexe se pose aux sociétés dans lesquelles le concept de

poste a pratiquement disparu (par exemple les sociétés de consultants )

En effet, il n'existe pratiquement pas de système d'audit de rémunérations qui sache mesurer

et peser les compétences dans le cadre d'un objectif d'équité interne. Des essais ont eu lieu

mais sans véritable généralisation. On peut estimer la valeur d'une augmentation de telle

compétence mais il est très difficile de peser une compétence en absolue.

A moins bien entendu que, comme le préconisent la plupart des pays anglo-saxons, on pèse

une compétence ou un paquet de compétences par rapport à sa valeur sur le marché.

Dans ce cas, il est clair que l'on fait fi du concept d'équité interne et qu'on privilégie la

compétitivité. Il faut bien voir que la valeur que le marché accorde à une compétence est le

plus souvent fonction de sa rareté, qui, en toute objectivité, n'est qu'un des aspects de la valeur

de l'individu. C'est sans doute un des seuls points sinon le seul pour lequel l'audit de

rémunération sera un peu démuni.

L'audit de rémunération nécessite la mise en œuvre non seulement d'une forte expérience

managériale mais l'utilisation de méthodes ou outils adaptés, ainsi que de banque de données.

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