AUGUST_1992_38!1!50 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Païens Et Des Donatistes III

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  • Revue des tudes Augustiniennes, 38 (1992), 50-79

    Nouveaux sermons de saint Augustin pour la conversion

    des paens et des donatistes (III)

    Les sermons dcouverts Mayence appartiennent dans leur grande majorit, sinon en totalit, aux quinze premires annes de l'piscopat d'Augustin. La srie, dont l'dition a dbut dans la Revue Bndictine1, tire son intrt majeur d'avoir t prche la suite, durant l't de 397, une poque o le nouvel vque rdigeait les Confessions et commenait songer l'argumen-tation de son Contra Faustum. La collection de Mayence-Lorsch, que nous publions dans cette revue2, est sans doute moins homogne, mais son noyau central date de la dcennie 400-410 et fait de nombreuses allusions l'actualit, en polmiquant surtout contre les paens ou les donatistes. Les textes des deux sries ont de plus l'avantage de ne pas avoir t tronqus, comme cela arrive trop souvent dans les homliaires du moyen ge.

    Le sermon dit ci-dessous est d'un type exceptionnel, non seulement dans la collection de Mayence-Lorsch, mais mme par rapport toutes les pices dj connues, si bien que l'on comprend aisment qu'il ait t nglig par les utilisateurs mdivaux. Augustin, durant la messe de la veille, a perdu son calme, renonc prcher - alors qu'il s'tait dj lev pour le faire - , et manqu de courtoisie l'gard d'Aurelius de Carthage qui prsidait la synaxe. Il le reconnat et s'excuse, tout en profitant de l'occasion pour rappeler les fidles une saine obissance et inviter les donatistes la concorde. L'incident est relat de faon si vivante que le lecteur est transport, malgr lui, dans cette basilique lointaine. A ceux qui, par une lente accoutumance et dans le calme des livres, se sont pris d'affection pour Augustin, il est conseill de se

    1. Sermons indits de saint Augustin prches en 397, dans Revue Bndictine, t. 101, 1991, p. 240-256 ; t. 102, 1992, p. 44-74 (= Sermons indits III).

    2. Le lecteur dsirant plus de dtails est pri de se reporter aux livraisons antrieures : Sermons indits de S. Augustin dans un manuscrit de Mayence (Stadtbibliothek, I 9), dans RAug, t. 36, 1990, p. 355-359 ; Nouveaux sermons de saint Augustin pour la conversion des paens et des donatistes, Ibid., t. 37, 1991, p. 37-78 et 261-306 (= Nouveaux sermons /-//). Mes amis, Goulven Madec et Pierre Petitmengin, en relisant soigneusement le prsent travail, m'ont nouveau pargn quelques sottises. Ma gratitude s'adresse aussi la rdaction de cette revue, o Anne Daguet et Alain Le Boulluec me font profiter, avec dsintressement, de leurs connaissances techniques et historiques.

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    reporter directement au latin, sans tenir compte de l'introduction : l'motion ressentie quand un magntophone restitue la voix d'un ami disparu est seule comparable au sentiment que fera natre en eux la lecture du texte.

    F. DEOBOEDffiNTTA

    Mayence n 5 (Mainz, Stadtbibliothek I 9, f. 15-22 = M) ; Possidius 6 54 : De oboedientia ; Lorsch 20 : Tractatus de oboedientia Christiana. Dans VIndiculum, ce sermon est suivi de deux autres, qui furent aussi transcrits dans les recueils de Lorsch et de Mayence : Poss. X6 55 : De utilitate ieiunii = Lorsch 26 - Mayence 2 ; Poss. X6 56 : De utilitate agendae paenitentiae, et de uersu psalmi quinquagensimi : Miserere mei deus, et cetera = Lorsch 27 -Mayence 1 (S. 352). L'unit de cet ensemble pourrait tre fort ancienne, et mme originelle, car le dbut de Poss. X6 56, comme on l'a indiqu ailleurs, semble faire allusion au contenu de X6 553.

    Argument. - Le ton d'Augustin est grave, car la veille, dans cette mme basilique, il est arriv un incident qui amne l'orateur traiter de l'obissance. Augustin s'est rendu Carthage, en plein hiver, sur les instances pressantes d'Aurelius. En raison de ce voyage, il a t contraint de s'excuser auprs du primat de Numidie, Xanthippus, qui l'avait convoqu un concile provincial fix au 28 janvier ; il a en outre dclin l'invitation amicale de l'vque de Constantine, ville o devait se tenir le concile. Si l'orateur entre dans ces dtails, c'est parce que sa prsence Carthage, en de telles circonstances, manifeste l'intimit sans ombre de ses relations avec Aurelius.

    L'incident de la veille, jour de la Saint-Vincent, tait en soi minime. Augustin s'tait lev pour prendre la parole, depuis l'endroit habituel, c'est--dire du fond de l'abside, lorsque des auditeurs appuys au chancel le prirent de s'avancer jusqu' l'autel. La requte n'avait rien d'incongru, puisqu'Augus-tin, de ce mme endroit, avait dj prch quatre jours de suite contre les donatistes. Mais beaucoup de fidles, parmi lesquels des femmes, s'taient dj masss autour de l'abside pour mieux entendre. Il restait d'autre part un espace encore libre proximit de l'orateur. Afin d'viter la bousculade, celui-ci avait donc pri les demandeurs de se dplacer, plutt que d'accder leur requte, d'o un certain chahut et les cris rpts de Donne cong (aux cat-chumnes). Attrist, Augustin renona alors prcher et descendit du lieu o il tait, sans mme se concerter, comme il aurait d, avec Aurelius.

    Un tel chahut tait d'autant plus pnible que l'Afrique entire - et peut-tre l'univers - clbrait alors l'obissance des fidles carthaginois envers leur vque. Tous se souviennent, dclare l'orateur, de la licence qui troublait nagure les offices de vigiles et dont lui-mme fut tmoin, lorsqu'il tudiait Carthage. Grce la sagesse d'Aurelius, des entres distinctes pour chaque sexe permettent dsormais aux femmes de gagner leur place sans risque de

    3. Nouveaux sermons //, p. 265-266.

  • 52 FRANOIS DOLBEAU promiscuit. Aux habitants indisciplins des bourgades rurales, Augustin donnait jusqu'ici en exemple les chrtiens de Carthage : serait-ce sa prsence dans la mtropole qui pousserait ceux-ci la rbellion ?

    L'incident voqu tire sa gravit du refus d'obtemprer au dsir du prdicateur. De mme qu'une tincelle provoque un incendie, une dsobis-sance, si minime soit-elle, est le dbut d'un grand mal. En touchant, contre le prcepte divin, l'arbre de la connaissance, Adam a provoqu la ruine du genre humain. Sa dsobissance est l'origine de la mort, comme l'obissance du Christ jusqu' la mort (Philippiens 2, 8) est l'origine de notre immorta-lit4. 'Celui-ci, diras-tu, obissait Dieu son pre'. Mais qui t'ordonne d'obir ton vque ? As-tu oubli le prcepte vanglique : Qui vous coute, m'coute (Luc 10, 16) ? Le Christ du reste obissait ses parents, et prescri-vait ses disciples le service mutuel : Quiconque parmi vous veut tre le plus grand, se fera votre serviteur, de mme que le fils de l'homme est venu pour servir, non pour tre servi (Matthieu 20, 26-28). 'Que mon vque, l'imita-tion du Seigneur, se fasse donc mon serviteur !' Mais il l'est, chaque fois qu'il commande ce qui est utile ! Le Christ est venu servir en donnant sa vie pour ses amis, mais il leur ordonna aussi de prparer le repas pascal et de lui amener le petit d'une nesse (Luc 19, 30-31). Les vques tiennent la place des aptres ; soyez cet non qui se laisse, sans regimber, conduire par eux vers le Seigneur. Chez un serviteur de Dieu5, il n'est pas de vertu sans l'obissance, qui est fille de la charit.

    Hier ont t proclames les louanges de Vincent, un martyr vritable. Sans la charit, son attitude serait folie. Il a refus de se plier l'ordre de l'empe-reur, afin d'obir Dieu. De mme que la foi n'est pas croyance en l'erreur, l'obissance ne consiste pas suivre un ordre pernicieux. Vincent entendait la voix du tribunal : Qui n'aura pas sacrifi aux dieux sera puni ; il a prfr couter la voix du ciel : Qui sacrifie aux dieux prira (Exode 22, 20). Comme l'a montr la lecture de sa passion, il craignait moins la violence ouverte du lion que la trompeuse misricorde du dragon6. Ne dites pas que l'glise, sous les empereurs catholiques, ne souffre plus de perscutions. Le lion ne rugit plus, mais le dragon veille. Tous deux svissaient au temps de Pierre et Paul. Aujourd'hui, fort d'une exprience de prs de six mille ans, voyant les martyrs honors et ses temples abandonns, le dragon suscite non de faux dieux, mais de faux martyrs. Heureux ceux qui sont perscuts pour la

    4. L'orateur s'arrange pour commenter au passage les versets prcdents (Phil. 2, 6-7), qui sont au cur de sa rflexion sur le Christ : cf. A. VERWILGHEN, Christologie et spiritualit selon saint Augustin. L'hymne aux Philippiens, Paris, 1985, passim.

    5. Alors que les occurrences de seruus et seruire sont trs nombreuses, on relve ce seul emploi, au 12, de l'expression seruus dei, qui vient d'tre tudie par A. ZUMKELLER, Der Gebrauch der Terminifamulus dei, servus dei, fmula dei und ancilla Dei bei Augustinus, dans Eulogia. Mlanges offerts Antoon . R. Bastiaensen, Steenbrugis - The Hague, 1991, p. 437-445 (Instrumenta patristica, 24).

    6. L'extrait de la Passio qui justifie ce commentaire est reproduit ci-dessous en apparat. Augustin ne s'tait appuy sur lui dans aucun des sermons prcdemment connus : notre texte par consquent enrichit d'une pice supplmentaire le dossier runi par V. S AXER, La Passion de S. Vincent diacre dans la premire moiti du Ve sicle. Essai de reconstitution, dans RAug, t. 35, 1989, p. 275-297.

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    justice (Matthieu 5, 10). Ces mots : pour la justice distinguent les vrais des faux martyrs, les justes des voleurs, des homicides ou des adultres. Le vrai martyr crie avec le psalmiste : Juge-moi, Dieu, et distingue ma cause de celle des impies (Psaume 42, 1).

    Qui rejette les paroles du Christ, ne souffre pas pour le Christ. Reconnais aussi bien l'pouse que l'poux. Un homme a beau en servir un autre avec un zle extrme : il perd ses mrites, s'il profre une seule accusation contre la femme de son matre. Le spectacle de Vincent victorieux tait dlectable : 'Sacrifie aux dieux' - 'Je refuse'. En provoquant du chahut, le diable a voulu empcher l'loge d'un vrai martyr. Qu'entend-on de l'autre ct ? 'Rconcilie-toi avec ton frre' - 'Je refuse'. Qui souffre dans ces conditions, le fait contre le Christ. L'vangile prescrit de se rconcilier avec son frre, avant d'apporter son offrande l'autel (Matthieu 5, 23-24). Ce qui s'applique deux hommes ne vaudrait pas dans le cas de deux peuples ? Tu accuses l'pouse, rpandue par toutes les nations (Luc 24, 47). Toi, qui ignores la cause de ton voisin, comment et de quel tribunal as-tu jug l'univers ? Moi, je cite des actes publics : les accusateurs de Ccilien taient traditores, lui-mme tait innocent de la faute dont il fut accus devant Constantin. Je ne t'impute pas les crimes de tes prdcesseurs, je rpte ce que te reproche le Seigneur : Qui n'est pas avec moi, est contre moi (Matthieu 12, 30).

    Aprs ce vibrant appel aux donatistes, Augustin conclut son sermon en s'excusant d'avoir t trop prolixe et en exaltant l'amour d'Aurelius pour ses fidles. Que les nues de la veille se dissipent sous l'effet de la rconciliation. Servir un malade consiste parfois lui refuser un aliment qui lui serait nuisible. La dsobissance, la colre, les injures sont des poisons, sinon la mort mme. Dans l'glise de Dieu, il ne faut pas se comporter comme dans les thtres7.

    Circonstances. - Le prsent sermon est si riche en realia qu'il ne pouvait gure tre rsum en quelques lignes. Augustin, selon ses propres paroles, s'adresse des Carthaginois8, le lendemain de la Saint-Vincent9, c'est--dire un 23 janvier. Il le fait la requte d'Aurelius10, qui vient apparemment d'admo-

    7. Ce qui est vis ici est l'attitude des spectateurs, qui se lvent, poussent des cris et profrent des insultes. Voir ce sujet les paralleles recueillis par W. WEISMANN, Kirche und Schauspiele. Die Schauspiele im Urteil der lateinischen Kirchenvter unter besonderer Berck-sichtigung von Augustin, Wrzburg, 1972 (Cassiciacum, 27), p. 158-165 (Augustins Kritik an der Reaktion des Publikums).

    8. Aurelio episcopo uestro ( 2)... Ego puer uigilans cum studerem in hac ciuitate... Cum uos ceteris imitandos ad exemplum proponeremus, ut diceremus minutis plebibus in agro obstrepentibus et episcopis suis resistentibus : 'Ite, uidete Carthaginis plebem' ( 5).... Remarquer remploi de puer pour un tudiant qui avait alors, au bas mot, dix-sept ans.

    9. Hesterna die martyris ueri laudes audiuimus ( 13)... Vnde ergo oboediens, unde sanctus, unde adeptor uerae coronae Vincentius ( 14)... Constituamus ante oculos nostros quod hesterno die spectauimus. Vidimus enim quoddam spectaculum suauissimum..., Vincen-tium ubique uincentem ( 20).

    10. Conturbatio hesterni d iei . . . silentium, fateor, imperabat ; sed, quia de domino fratre caritas iubet, cui seruire necesse est... ( 1).

  • 54 FRANOIS DOLBEAU nester l'auditoire avec vigueur11. Il prche debout12 - comme il s'tait dj la veille prpar le faire13 - , sans doute parce qu'il ne prside pas l'assemble14. La relation du chahut du 22 janvier montre de plus qu'Augustin, aprs avoir renonc parler, tait descendu d'un endroit d'o il dominait l'assistance et distinguait les espaces libres15. On peut souponner qu'il tait juch sur une estrade amovible, peut-tre ce pulpitum que certains lui demandrent de dplacer jusqu'au milieu de l'enclos dlimit par le chancel16, mais qui se trouvait normalement dans l'abside17.

    Il est clair que les deux clbrations des 22 et 23 janvier se sont droules en prsence d'Aurelius et, d'aprs les indications de lieu, dans le mme difice. A l'poque d'Augustin, les glises taient fort nombreuses Carthage18. Est-il possible cependant de prciser celle o fut prche Mayence 5 ? Un excursus de l'orateur, voquant les scnes scandaleuses du pass, permet d'exclure la basilique de Mappalia, leve sur le tombeau de Cyprien19. L'difice en

    11. Facta est perturbatio, et magna nobis tristitia, quam deus modo per sermonem sane uenerabilis episcopi uestri delere dignatus est ( 3)... Et tarnen, carissimi - quod ab ipso audistis, et uerum est - , quantacumque sit cura nostra de uobis aut pro uobis, numquid maior potest esse quam illius qui uobis specialiter seruit, qui sic praeest ut subsit ? ( 12)... Ne putetis uel hesterno die uel omnino aliquando episcopum uestrum succensere de odio sed de dilectione : numquam de pectore eius excutitur quod uobis propter Christum debetur ( 23).

    12. Loquaciores forte fuimus quam requirebat standi infirmitas uel nostra uel uestra ( 23).

    13. Quomodo putatis me, fratres, iam stantem et uobis locuturum, quomodo putatis me conturbaripotuisse... ? ( 12).

    14. Les anciens prdicateurs taient d'habitude assis, selon A. OLIVAR, LU predicacin cristiana antigua, Barcelona, 1991, p. 735-736. Cet auteur signale en passant que les tmoignages d'Augustin sont contradictoires, mais sans avancer d'explication. Augustin tait-il assis dans sa cathdrale et debout lorsqu'il tait en visite ? Voir ce sujet mes Sermons indits II, p. 46 et n. 6.

    15. Oculi mei uidebant esse spatium quod non implebatur a fratribus, uicinum et auribus et linguae nostrae ( 3)... 'Quare descendit ?' Quare descenderim, dico sanctitati uestrae. Ipse enim magis mihi debet ignoscere, quo non iubente descendi. Ita autem mihi fuit consilium descendendi, ut nee saltern eum consulerem ne prohiberet ( 4). Il convient de rappeler que les fidles, eux aussi, taient debout (cf. n. 12).

    16. 'Nos uenenum petiuimus, quia pulpitum de loco ad locum transferre uoluimus ?' ( 23). Il tait dj arriv Augustin, quelque temps auparavant et dans cette mme basilique, de s'installer prs de l'autel pour prcher : Non recordatur caritas uestra, quia contra partem Donati ex ilio loco de medio cancelli (M porte cancellis) quattuor diebus continuis disputaui ? ( 4).

    17. Si Augustin en effet a refus de se dplacer, c'est qu'il craignait la bousculade cum magna perturbatione maioris multitudinis quae iam circa absidam se quodammodo audiendi securitate fundauerat ( 3). Les mots en italiques laisseraient penser qu'il existait une sorte de dambulatoire. Sur les lieux de la prdication antique, voir l'excellent commentaire dOLIVAR, La predicacin cristiana antigua, p. 722-734, o l'on trouvera notamment un emploi du verbe descendere et une analyse des termes bsida et pulpitum (le second, dont la traduction courante est ambon, n'tait pas jusqu'ici attest chez Augustin).

    18. Voir, par exemple, O. PERLER et J.-L. MAIER, Les voyages de saint Augustin, Paris, 1969, p. 417-422 ; V. SAXER, Morts martyrs reliques en Afrique chrtienne aux premiers sicles, Paris, 1980, p. 182-191.

    19. In ecclesia Mappaliensi (M donne par erreur appaliensi) apud memoriam beati episcopi et martyris Cypriani, quanta fieri solebant, si meminerimus, fonasse adhuc dolebimus ( 5).

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    question est vaste, mais l'on y entend l'orateur de partout, condition de faire silence20. Il jouit de l'attention particulire d'Aurelius, qui y a conu des accs spars par sexe, afin qu'hommes et femmes rejoignent leurs traves sans se rencontrer21. L'autel et son chancel y sont situs vers le milieu de la nef, ou du moins une certaine distance de l'abside, tant donn l'origine de l'incident du 22 janvier ; mais tel tait le cas, semble-t-il, dans toutes les grandes glises de Carthage (Dermech I, Damous el-Karita, Mcidfa, Sainte-Monique)22.

    Ce qui suit relve de l'hypothse de travail. Quand Augustin prchait dans la mtropole, il le faisait le plus souvent la cathdrale (Basilica Restitua), ou in Agro Sexti, dans la basilique difie au lieu d'excution de Cyprien (Mensa Cypriani). Le martyre de Cyprien est voqu ici dans une enumeration, mais de faon trs gnrale^. La saison hivernale ne devait pas, mon sens, favoriser la prdication dans les difices les plus loigns du centre-ville : les sermons datables de dcembre-janvier furent donns surtout la cathdrale (S. 19, 277, 341, 369 ; In ps. 31/2, 55, 57), plus rarement la Basilica Fausti (S. 23), la Basilica Tricliarum (S. 53) ou la Mensa Cypriani (Inps. 103/3, 146)24. Pour Mayence 5, la localisation la plus vraisemblable est donc la Basilica Restitua, o fut prch, coup sr, le S. 277', lui aussi pour la Saint-Vincent25.

    Reste dterminer l'anne o fut chahut Augustin. La question est dlicate, et il est douteux qu'elle puisse - tant que la collection de Mayence-Lorsch n'aura pas t publie intgralement - recevoir une rponse dfinitive. Voici pourtant les donnes chronologiques qui se laissent dduire du seul sermon Mayence 5.

    20. Certe quam longe estis et quam lente dixi : 'Missa fiant', et ecce omnes audistis, quia patienter tacuistis ( 6). Un essai de voix analogue est relat en Mayence 63 : cf. Nouveaux sermons II, p. 302. Augustin, dont la voix tait faible, se plaignait souvent du bruit et rappelait rgulirement ses auditeurs plus d'attention : cf. OLIVAR, La predicacin cristiana antigua, p. 875-876. Le S. 24 fut apparemment interrompu par des cris, mais sans que l'orateur perdt son calme. Un autre jour, Augustin choisit d'abrger son homlie et de la reprendre le lendemain : Istam sancii euangelii lectionem etiam hesterno dominico die, sicut meministis, audiuimus : sed hodie ut legeretur nos uoluimus, propterea quia heri multitudo constipata etiam angustiis aliquanto inquietior uoci nostrae non dabat facilitatem, quoniam non est talis ut sufficiat nisi magno silentio. Proinde hodie adiuuante domino quod heri praetermisimus discutiendum arbitrar (S. 68 = Mai 126, 1).

    21. Quid de diuersis aditibus et ingressibus ? Quomodo curatum est, quanta prudentia inuentum, quanta instantia perfectum, ut illi qui, cum ingressi essent, discretis locis futuri erant, etiam per discreta ingrederentur ( 5).

    22. En attendant le tome 2 de Y Inventaire et typologie des basiliques chrtiennes d'Afrique du Nord, on consultera, entre beaucoup de rfrences possibles, N. DUVAL, tudes d'architec-ture chrtienne nord-africaine. I. Les monuments chrtiens de Carthage, tudes critiques, dans Mlanges de l'cole Franaise de Rome. Antiquit, t. 84, 1972, p. 1072-1125 (spec. p. 1125). Le systme trs complexe des chancels de Dermech I, au sujet duquel les archologues restent perplexes (ibid., p. 1084-1089), visait peut-tre sparer radicalement les auditoires masculin et fminin (voir la note prcdente). L'ide mriterait d'tre creuse, mais je n'ai pas la comp-tence voulue pour mener bien une telle enqute.

    23. Voir infra au 16. 24. Au vu des tmoignages augustiniens, la Mensa Cypriani parat avoir surtout servi de mai

    octobre. 25. Cf. PERLER-MAIER, Les voyages de saint Augustin, p. 412, et surtout B. DE

    GAIFFIER, Sermons latins en l'honneur de S. Vincent antrieurs au X* sicle, dans Analecta Bollandiana, t. 67, 1949, p. 267-286 (spec. p. 272, n. 5, o la mention fautive de Valus dans la rubrique du S. 277 est explique de faon lumineuse).

  • 56 FRANOIS DOLBEAU Augustin, puisqu'il a t convoqu un concile ( 2), est forcment

    vque. Si l'on se fie aux analyses rcentes du vocabulaire de l'obissance, le texte doit mme tre situ dans la premire moiti de son piscopat, car les termes oboedireloboedientia n'ont pas encore limin obtemperare et sa famil-le26. Aux chapitres 18-22, le dialogue fictif avec un interlocuteur donatiste, sur lequel on reviendra plus loin, implique du reste une date antrieure la Conf-rence de 411.

    Xanthippus, vque de Thagora (Taoura), est alors doyen en anciennet des vques numides et primat de sa province27. Il est attest, avec cette qualit, dans les Actes de plusieurs conciles, qui se tinrent Milev (27 aot 402) ou Carthage (25 aot 403, 13 juin 407)28. On sait d'autre part, grce une lettre d'Augustin, qu'il fit valoir ses droits la primarie vers novembre-dcembre 40129. Il mourut entre juin 407 et mai-juin 411, car les Actes de la Confrence de Carthage montrent qu'il tait alors remplac par Silvanus Summensis comme primat de Numidie et par Restitutus comme vque de Thagora. Mayence 5 fut donc prch un 23 janvier, compris entre 402 et 411 (inclus).

    Il est malais de resserrer cette fourchette, si l'on veut rester sur le terrain des certitudes. Je crois pourtant que le 23 janvier 402 est carter pour les raisons suivantes. Le concile provincial, mentionn au deuxime paragraphe, avait t convoqu Constantine, un 28 janvier, par Xanthippus en tant que primat. Qr en novembre 401, au tmoignage d'Augustin, celui-ci restait contest et n'tait pas encore entr en charge : durant l'hiver 401-402, il ne pouvait donc runir un synode que pour faire admettre ses droits lgitimes la primarie. D'autre part, l'vque d'Hippone se serait-il dispens de participer une runion o ses confrres risquaient d'tre srieusement diviss ? Enfin, dans une lettre adresse Xanthippus entre Nol 401 et Pques 40230, Augustin ne fait tat d'aucun voyage Carthage ni n'excuse son absence un concile rcent ou proche. Tout cela exclut, semble-t-il, la date du 23 janvier 402.

    En choisissant le 23 janvier 403, on se heurterait d'autres problmes. Le dbut du sermon parle d'un vque de Constantine, compatriote et ami d'Augustin, jadis prtre Thagaste3*.

    26. Cf. G. VIRT, Der Gehorsamsbegriff bei Augustinus, chez K. HRMANN (d.), Verantwortung und Gehorsam. Aspekte der heutigen Autoritts- und Gehorsamsproblematik, Innsbruck, 1978, p. 9-54 (spec. p. 32-33 et . 484-485). J'ai relev 17 exemples d'oboedire (et deux d'obaudire) contre 8 a'obtemperare ; les substantifs oboedientia/inoboedientia (respec-tivement 34 et 14 exemples) ctoient des emplois isols yobtemperatio et obtemperator.

    27. Concilium beatus et uenerabilis senex Xanthippus primatus Numidiae indixit ad Constantinam quinto kalendas februarias ( 2). Sur ce personnage, voir A. MANDOUZE, Prosopographie de l'Afrique chrtienne (303-533), Paris, 1982, p. 1029-1031 (s. v. Sanctippus) ; une correction palmaire de Serge Lancel a permis de restituer son nom en Epist. 26*, 1 : cf. Bibliothque Augustinienne, t. 46B, Paris, 1987, p. 390, 520 et 557-559.

    28. d. C. MUNIER, Concilia Africae, Turnholti, 1974, p. 206, 209 et 217 (CCSL 149). 29. A la mort du primat prcdent, Victorinus avait tent de s'octroyer cette charge en

    expdiant, sous sa signature, une convocation un synode provincial ; Augustin dcline son invitation, arrive Hippone le 9 novembre, et rappelle les droits de Xanthippus, dj reconnus par beaucoup, dans YEpistula 59 que l'on s'accorde dater de la fin de 401 : Venerabilis frater et collega noster Xanthippus tagonensis dicit, quod eum primatus ipse contingat, et erga plurimos sic habetur et taies mittit epistulas. Les conditions d'accs la primarie furent fixes dfinitivement au concile gnral de Milev, en aot 402.

    30. s'agit de YEpistula 65. 31. In illa autem ciuitate Constantiniensi nouit... caritas uestra episcopum esse de latere

    nostro. Namque nutritus est in sermone dei et presbyterium gessit in Thagastensi municipio,

  • NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN III 57 Sous la primarie de Xanthippus, il ne peut s'agir que de Fortunatus32, dont on ignorait jusqu'ici l'origine et les liens exacts qui l'unissaient l'vque d'Hippone33. Notre texte renvoie explicitement aux lettres pressantes que celui-ci venait d'crire, afin d'inciter Augustin lui rendre visite34. Cela suppose videmment un certain dlai depuis leur dernire rencontre. Or les deux hommes s'taient forcment vus en aot 402, soit durant les travaux du concile gnral de Milev, soit au cours des voyages d'Augustin aller ou retour, dans la mesure o Constantine se trouvait sur la route d'Hippone Milev35. Une datation de Mayence 5 en janvier 403 obligerait placer les invitations rptes de Fortunatus en automne et dcembre 402, au mpris de la vraisemblance psychologique. Il semble d'ailleurs qu'en Numidie les premiers mois de 403 aient t plutt agits. Au concile gnral, qui se tint Carthage le 25 aot 403, Alypius, Augustin et Possidius taient les seuls vques numides ; Xanthippus, qui avait promis Alypius de runir un synode provincial pour prparer ce concile et y envoyer une dlgation officielle, renona finalement ce projet, en raison des troubles qui retenaient ses confrres dans leur ville episcopale36. Mais aurait-on song runir un synode en Numidie vers le printemps 403, si un autre synode s'y tait dj tenu en janvier ? La premire date possible pour Mayence 5 est donc, mon avis, le 23 janvier 404.

    Les sources disponibles ne permettent pas de fixer avec prcision quand mourut Xanthippus. Je serais enclin cependant situer ce fait une date proche de la Confrence de Carthage. A la fin de mai 411, la disparition du primat de Byzacne, Musonius, est srement trs rcente, tant donn qu'il n'a pas encore de remplaant officiel comme primat et que son successeur sur le sige de Zella, est 230e et dernier sur la liste catholique37. La mort de Xanthippus doit tre antrieure, car celui-ci est dj remplac la fois comme vque et comme titulaire du premier sige. On notera cependant que Silvanus, le nouveau primat de Numidie, ne

    inde illuc ad Constantinam episcopus datus est ( 2). De ce passage, on rapprochera ce qui est dit d'Alypius, en Conf. 8, 11, 26 : Alypius affixus lateri meo.

    32. Cf. MANDOUZE, Prosopographie de l'Afrique chrtienne, p. 494-496 (s. v. Fortunatus 5). Cette notice - au demeurant bien documente - pche, mon avis, un peu par hypercritique. Contrairement ce qui y est crit en finale, je me sens par exemple le droit d'assurer que Fortunatus est bel et bien l'vque de Constantine qui faisait lire chaque anne, durant le carme, les Actes de 411 {Gesta cum Emerito 4, dats de 418) : l'apparition d'une telle pratique ne peut gure tre retarde au-del de 412-413, et Mandouze lui-mme accepte de confondre Fortunatus de Constantine avec le cosignataire homonyme de la lettre synodale rdige Milev en 416 (= Epist. 176) : partager son doute obligerait chafauder une srie d'hypothses peu conomiques.

    33. L'extrait reproduit la note 31 appuie la suggestion de Lenain de Tillemont, selon laquelle Fortunatus aurait appartenu au petit cercle des amis d'Augustin, rassembls dans le monasterium de Thagaste : cf. Mmoires pour servir l'histoire ecclsiastique des six premiers sicles, Paris, 17022, t. 13, p. 155. L'identification propose ici reste sans porte chronolo-gique, car Fortunatus, dj vque avant la fin de 401 (cf. Epist. 53), occupa son sige encore longtemps aprs la Confrence de 411, o il fut l'un des actores catholiques.

    34. Non uobis possumus dicere quibus me litteris adtrahere uoluit, ut ad Constantinam uenirem : indicto etiam concilio, omnes moras meas et dubitationes abstulit ( 2). Cette phrase contraint postuler au moins deux envois, l'un avant, l'autre aprs la rception des convoca-tions expdies par Xanthippus.

    35. Cf. PERLER-MAIER, Les voyages de saint Augustin, p. 240-245. Le sjour prcdent d'Augustin dans la ville episcopale de Fortunatus remontait au printemps 400 : cf. ibid., p. 229-232.

    36. Voici la dclaration d'Alypius Aurelius : De Numidia legatio mitti non potuit, quod adhuc tumultu tyronum episcopi propriis necessitatibus in ciuitatibus suis aut impediti aut occupati sunt. Nam etiam tractoriam sanctitatis tuae cum ad sanctum senem Sanctippum deferrem, in praesenti tractatu hoc uisum fuerat, ut concilium indiceretur, quo instructa legatio posset ad hoc concilium destinali ; sed cum eum posterioribus litteris admonerem, de impedimento tyronum, ut superius dixi, rescriptis propriis excusauit (d. MUNIER, dans CCSL 149, p. 209).

    37. Cf. S. LANCEL, Actes de la Confrence de Carthage en 411, t. 1, Paris, 1972, p. 170 (Sources Chrtiennes, 194).

  • 58 FRANOIS DOLBEAU joue aucun rle dans les dbats38, comme s'il n'avait ni particip la prparation de la Confrence ni eu le temps d'exercer une quelconque influence. Quant au successeur de Xanthippus sur le sige de Thagora, Restitutus, il est malais d'valuer son anciennet, car il n'a pas sign en mme temps que ses confrres. fut en effet choisi par les catholiques pour tre l'un des quatre custodes chartarum, qui se relayaient deux deux, afin de surveiller la transcription des stnographies et l'archivage des mises au net3?. D est toujours nomm soit en quatrime4^ soit le second de son quipe41, videmment parce qu'il tait le dernier consacr du groupe des archivistes42. Ne serait-ce pas son ordination toute rcente qui aurait attir sur lui l'attention pour un travail minutieux et pnible ? Il n'est donc pas exclu que Xanthippus soit mort aprs janvier 411, qui reste notre terminus post quem non ce stade de l'enqute.

    Dans la priode dfinie par la primatie de Xanthippus, trois indices tendent faire carter les annes 406-411 et favoriser 404 ou 405.

    a. Augustin rappelle ses auditeurs qu'il a nagure, dans cette mme basili-que et du milieu du chur, disput contre les partisans de Donat durant quatre jours conscutifs ( 4)43. L'allusion est trop vague pour qu'on puisse avancer la candidature de tel ou tel sermon conserv, mais les mois d'aot et septembre 403 reprsentent sans doute la premire et la meilleure date possible pour cette longue prdication anti-donatiste Carthage. Le 25 aot 403, un concile gnral d'Afrique, runi sous la prsidence d'Aurelius, dcidait de renouer le dialogue avec les schismatiques. Cette tentative de conciliation, place sous le signe d'Isae 66, 5 : Fratres nostri estis, fut rejete ddaigneusement par le chef de la secte, Primianus, ds la seconde moiti de septembre. Mais durant toute cette priode, l'vque d'Hippone, qui tait rest Carthage, ne cessa de prcher et d'argumenter pour convaincre les schismatiques de leur erreur44.

    b. Augustin mentionne ensuite une srie de rformes, promues par Aurelius, depuis quelques annes, dans l'glise carthaginoise : introduction d'hymnes liturgiques45 ; sparation stricte des sexes, ds l'entre dans la basilique46 ;

    38. Ibid., p. 194 ; MANDOUZE, Prosopographie de /rique chrtienne, p. 1081-1083 (s. v. Silvanus 6).

    39. LANCEL, t. c, p. 346-351 ; MANDOUZE, Prosopographie de l'Afrique chrtienne, p. 974 (s. v. Restitutus 11).

    40. Gesta I, 2, 8-9 : Deuterio, Leone, Asterio et Restituto, aeque episcopis et custodibus gestorum ; I, 55, 385 ; II, 2, 6 ; III, 2, 7.

    41. Gesta I, 132, 16-17 : Deuterium et Restitutum ; en I, 143, 36-61, les signatures des archivistes ont t donnes par quipe (d'abord Deuterius et Restitutus, puis Leo et Asterius).

    42. Les.chefs d'quipe, Deuterius de Cesaree et Leo de Mopti, taient, coup sr, des seniores. Ds 418, Deuterius tait primat de Maurtanie Csarienne ; l'anne suivante, Leo de Mopti fut l'un des deux dlgus de sa province, la Maurtanie Sitifienne, un concile de Carthage. Chacun d'eux devait tre assist par un iunior : le numide Restitutus et Asterius de Vicus. Ce dernier aussi devait tre install depuis peu, car il n'tait pas connu de son compti-teur donatiste ; son sige n'est pas localis, mais il serait logique de le situer en Byzacne ou en Proconsulaire, d'aprs l'origine de ses collgues.

    43. Cf. supra n. 16. 44. La meilleure reconstruction des faits est celle d'A.-M. LA BONNARDIRE, La

    prdication de saint Augustin sur les Psaumes Carthage (2* partie), dans cole pratique des Hautes tudes, V* section. Annuaire, t. 89, 1980-81, p. 461-467. C'est de cette poque que l'on date notamment le Sermo 32 et les Enarrationes in salmos 44 ; 42 ; 32/2, s. 1-2 ; 36, s. 1-3.

    45. Vbi tune impudicae cantiunculae perstrepebant, nunc hymni personam ( 5). Cette innovation avait provoqu des critiques, auxquelles, vers 399-400, Augustin rpliqua par un trait, aujourd'hui perdu, Contra Hilarum : cf. le chapitre 2, 11 des Retractationes, comment,

  • NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN III 59

    dcence retrouve des offices nocturnes47. Un tel dveloppement est ici conu comme un effort de captado beneuolentiae, l'gard d'Aurelius comme de l'auditoire laque. Les dbauches qui se perptraient aux Mappalia, autour de la Memoria Cypriani, sont encore dans toutes les mmoires48. D'aprs les sources connues, celles-ci se produisirent pour la dernire fois en aot 40149. Des vocations analogues se lisent dans le S ermo 311 (prononc un 14 septembre, entre 403 et 405)50, et dans VEnarratio in psalmum 32/2, 1 (certainement prche en septembre 403)51.

    c. L'appel final aux donatistes : Concorda cum fratre tuo ( 20), est conforme la politique inaugure au concile d'aot 403 ; il serait presque impensable aprs l'dit d'union promulgu en fvrier 405. Au chapitre 22, Augustin rsume l'origine du schisme, en renvoyant ses auditeurs aux archives publiques (publica archiua) et en citant les noms de Ccilien et de Constantin. A l'intrieur de sa prdication, un tel traitement est caractristique de deux poques bien dlimites : en 411-412, dans les jours qui prcdrent et les mois qui suivirent la Confrence52 - mais cette priode ne concide plus avec la primatie de Xanthippus - , et d'autre part en 403-40453. Parmi les sermons conservs, le nom mme de l'empereur Constantin apparaissait jusqu'ici dans le seul Denis 19, qu'on date - avec une absolue certitude - des premiers mois de 404, parce qu'il voque l'issue heureuse du procs que Possidius de Calama avait, devant la juridiction proconsulaire, intent son rival, Crispinus54.

    entre autres, par J. DYER, Augustine and the Hymni ante oblationem. The Earliest Offertory Chants ?, dans RAug 27, 1981, p. 85-99.

    46. Cf. supra n. 21. 47. Factum est a domino per senium suum ut permixtus sexus non uigilaret... Quam nunc

    honeste uigilatur, quam caste, quam snete !... Vbi uigilabatur ad luxuriam, uigilatur ad sanctitatem ( 5).

    48. Cf. supra n. 19. 49. Voir le S. Denis 13 (= 305A) ; PERLER-MAIER, Les voyages de saint Augustin, p. 236. 50. Cf. S. 311, 5 : Aliquando ante annos non ualde multos etiam istum locum inuaserat

    petulantia saltatorum... Per totam noctem cantabantur hie nefaria, et cantantibus saltabatur. Quando uoluit dominus per sanctum fratrem nostrum episcopum uestrum, ex quo hie coeperunt sanctae uigiliae celebran, illa pestis aliquantulum reluctata, postea cessit diligentiae, erubuit sapientiae. La datation propose ici est fragile, car elle repose sur une apprciation subjective de l'expression ante annos non ualde multos, rapproche des dsordres de 401.

    51. Cf. In ps. 32/2, 1 ,5: Nonne id egit institutio in nomine Christi uigiliarum istarum, ut ex isto loco citharae pellerentur ?. La date, depuis longtemps traditionnelle, est accepte sans rserve par PERLER-MAIER, Les voyages de saint Augustin, p. 247-248 ; LA BONNARDIRE, La prdication de saint Augustin sur les Psaumes Carthage (Impartie), p. 463-465.

    52. Cf. S. 358, 3 (fin mai 411) ; 164, 13 ; 359, 5-6 ; Guelf. 32 (= 340A), 12 (fin 411-412). 53. Cf. S. Denis 19, 8 (= 162A) ; In ps. 36, 2, 19-23. 54. Iudicatus est modo Crispinus haereticus/ 8). Cf. PERLER-MAIER, Les voyages de

    saint Augustin, p. 249-251 ; P.-P. VERBRAKEN, tudes critiques sur les sermons authentiques de saint Augustin, Steenbrugis, 1976 (Instrumenta patristica, 12), p. 164. Le procs parat avoir commenc vers la fin de 403 et s'tre poursuivi au dbut de 404 : on ignore quand exactement fut prononce la condamnation de Crispinus et prch Denis 19 (affirmation peu avant juin procde du dsir de faire concider le jugement avec un voyage estival d'Augustin Carthage ; elle est sans valeur, dans la perspective d'un sjour hivernal).

  • 60 FRANOIS DOLBEAU Ces divers indices suggrent de placer Mayence 5 en janvier 404, ou l'extrme rigueur en

    janvier 405. La premire date prsente toutefois un double avantage. Elle explique d'abord de faon plausible pourquoi Aurelius de Carthage tenait tant faire venir Augustin en plein hiver55 : aprs le rejet des offres de dialogue, le procs contre Crispinus tait un enjeu majeur pour tester jusqu'o l'administration impriale tait prte s'engager afin de rsorber le schisme. Cette date de janvier 404 s'accorde aussi admirablement avec celle qui a dj t attribue, d'aprs d'autres indices, Mayence 6156. Rappelons que ce texte fait tat d'une visite d'Honorius Rome, pour laquelle il n'existe que deux possibilits : janvier 404 et l'hiver 406-40757. J'ai estim que seul le premier sjour, aprs une trs longue absence, pouvait tre invoqu par Augustin comme un signe des temps58. Ma datation de Mayence 61 et l'argumen-tation dveloppe ici semblent se renforcer mutuellement.

    Je serais donc enclin situer durant l'hiver 403-404 le noyau central de la collection de Mayence-Lorsch. Mais dans l'tat actuel de l'enqute, une telle conclusion ne peut tre que provisoire. Avant d'arriver une solution irrfutable, il faudra repenser la chronologie des Enarraiones in psalmos 147, 103, 80, 146, 102, 57 et 66, qu'nne-Marie La Bonnardire avait cru datables de dcembre 40959. En effet, en raison d'innombrables parallles, il me semble de plus en plus probable que cet ensemble est contemporain d'une bonne partie de la srie de Mayence-Lorsch^o. Les allusions rptes la construction d'une glise se conoivent d'ailleurs assez mal vers la fin de 409, car il est douteux qu'on se soit lanc dans une entreprise aussi dispendieuse une poque o tous les difices anciennement donatistes pouvaient servir au culte catholique. Mais ce groupe 'Enarraiones peut-il tre remont jusqu'en 403-404 ? Cela est loin d'tre certain, cause de la rubrique 'Inps. 80, dcouverte par A. Primmer^1, et aussi d'un passage o les donatistes se plaignent d'tre expulss de certaines basiliques6^.

    55. Malgr les difficults des voyages en cette saison (et la mauvaise sant de l'intress) : Considerate infirmitatem nostram, media hieme per tarn longa itinera commissam ( 2). Sur cette question, excellent expos de PERLER-MAIER, Les voyages de saint Augustin, p. 48-52. En Epist. 22*, 1, Augustin invoque effectivement la rigueur de la temprature pour expliquer son absence un concile provincial de Numidie, convoqu pour le 6 mars 420 : Pridie nonas martias in Numidia apud Mazacos concilium Numidarum episcoporum fuit, ubi interesse non potui et aliarum rerum causa et frigoris quod me sanctitas uestra seit aegerrime sustinere. Depuis septembre 401, l'assistance aux conciles tait, pour tous ceux qui n'taient empchs ni par l'ge, ni par la maladie, ni aliqua grauiore necessitate, obligatoire (cf. MUNIER, Concilia Africae, p. 202-203). Dans le cas prsent, Augustin pouvait invoquer la lettre reue d'Aurelius et son dplacement Carthage comme une grauior ncessitas.

    56. Dans Nouveaux sermons I, p. 55-57. 57. La premire visite impriale est connue grce un pangyrique de Claudien (De sexto

    consulatu Honorii Augusti), la seconde par diverses lois et Y Histoire Nouvelle 5,27 de Zosime (d. F. PASCHOUD, t. 3/1, Paris, 1986, p. 205-207). Sur Yadventus solennel du 1 janvier 404, il sera bientt possible de consulter la thse de Pierre Dufraigne, avec qui j'ai eu profit parler de cette question.

    58. Je me reproche toutefois d'avoir rejet sans discussion la seconde ventualit, qui avait t avance, propos 'Epist. 232, et ingnieusement dfendue par P. MASTANDREA, Massimo di Madauros (Agostino, Epistulae 16 e 17), Padova, 1985, p. 81-88.

    59. Dans un bel article des Recherches Augustiniennes, t. 11, 1976, p. 52-90. 60. Voir dj sur ce point Nouveaux sermons II, p. 266-268 (o j'ai essay, tort, de

    retrancher du groupe les narrationes 57 et 66). 61. Cf. Nouveaux sermons II, p. 266 n. 28 et 268. 62. Quomodo saeuiebant in nos, reprehendendo quod quasi persecutores essemus, exclu-

    dendo illos de basilicis ? (Inps. 57, 15). Les derniers mots inciteraient tenir l'dit d'union de fvrier 405 pour un terminus ante quem non. Mademoiselle La Bonnardire m'crit toutefois, dans une lettre date du 29 mars 1992 : D'accord avec Zarb, je reconnais que [YEnarrano] 57 dveloppe la mme argumentation, la fois pondre et trs svre, que 36,2 et 36, 3 [de septembre 403]. Ajoutons que si les primianistes, en se faisant passer pour catholiques, russirent s'emparer de basiliques maximianistes (Contra litteras Petiliani 2,43, 102), la possibilit juridique de dpouiller les donatistes de leurs glises existait avant 405.

  • NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN III 61

    Ces longues discussions chronologiques n'puisent pas l'intrt du sermon, mais obligent traiter plus rapidement de tout le reste. On se contentera ici d'attirer l'attention sur quelques dtails relatifs Augustin lui-mme. Au chapitre 2, en expliquant les raisons qui l'ont amen manquer un concile de Numidie, l'orateur fait rfrence des correspondances changes avec Xanthippus, Fortunatus et Aurelius : force est de constater que tout ce dossier est aujourd'hui perdu63. Un peu plus loin, Augustin voque expressment sa jeunesse licencieuse Carthage ( 5), en cho Confessions 3, 3, 5-6 : ce n'est pas la manire dont un prdicateur cherche d'habitude difier son public. Le fait est moins surprenant s'il se produit aprs les calomnies de Primianus, qui avaient contraint l'vque d'Hippone, durant l'automne 403 et devant ce mme auditoire, revenir publiquement sur son pass64. Tout au long du sermon, Augustin apparat d'ailleurs sous un jour trs humain, notamment quand il dpeint avec discrtion l'amiti, dfrente et sans faille, qui l'unit Aurelius65. Les ractions chaud des intresss, lors de l'incident du 22 janvier, avaient laiss beaucoup de tmoins l'impression d'un contentieux entre les deux hommes, d'o le dsir du prdicateur de vider fond l'abcs et d'apaiser la tension qu'il avait involontairement suscite entre les fidles et leur pasteur66.

    Mayence 5 est transcrit d'une seule main, trs ronde et soigne. Le travail du copiste fut systmatiquement contrl par un rviseur, dont l'criture tait anguleuse et l'encre plus noire, si bien qu'il est ais de distinguer les leons primitives des retouches postrieures. Les majuscules de dbut de phrase sont rehausses de rouge, ce qui est courant ; moins banal en revanche est le fait que la ponctuation, elle aussi, soit rubrique. Le copiste de Mayence 5 est srement responsable des feuillets 1-25 de M et de quatre lignes et demie au verso du folio 17567.

    Parmi les mots qu'emploie Augustin, quatre au moins mritent d'tre relevs. Les deux premiers ne figurent, semble-t-il, dans aucun dictionnaire ; les autres taient jusqu'ici d'attestation douteuse ou tardive. L'un des hapax est lorulum, au sens de licol ou licou ( 12). Il serait imprudent d'y voir une cration de l'orateur, car il s'agit simplement du diminutif de lorum, form sur le type rgulier : tectum/tectulum. Son absence, jusqu'ici, de la latinit tait peut-tre due au hasard. Comme l'animal tenu en bride est un non, le recours un diminutif n'a rien de surprenant ni d'affect. Le second hapax : multilinguis ( 17) pourrait en revanche tre un nologisme. Augustin l'utilise comme une sorte de superlatif pour qualifier les menes du diable : Contra

    63. Le rcit suppose, au minimum, une convocation de Xanthippus, deux lettres de Fortuna-tus et une d'Aurelius, sans oublier les excuses prsentes par Augustin ses deux collgues numides et l'annonce qu'il dut faire Aurelius de sa venue Carthage.

    64. En In ps. 36, 3, 19-20. 65. Les rapports d'Augustin avec Aurelius viennent d'tre comments avec finesse par A.-

    M. LA BONNARDIRE, Aurelius episcopus, dans Augustinus-Lexikon, t. 1/4, Basel, 1990, col. 550-566 (spec. col. 563-564).

    66. Voir notamment la fin des 1,3 et 4, et plusieurs phrases des 12 et 23. 67. Les autres critures du recueil sont moins arrondies : telle d'entre elles cependant

    pourrait appartenir au mme copiste, qui aurait taill sa plume de faon diffrente.

  • 62 FRANOIS DOLBEAU omnia uenena tua, contra bilingues uel trilingues uel multilingues ausus tuos. Le sens de cet adjectif, amen par la srie bilinguis-trilinguis, devait tre transparent l'ensemble des auditeurs. La mme remarque s'applique aussi au nom d'agent adeptor ( 14), driv rgulirement d'adipiscorladeptus (cf. adiuuoladiutusladiutor), mais dont la plus ancienne attestation repre ce jour tait d'poque carolingienne68. Le dernier des quatre termes est beaucoup plus problmatique. Dans M, il apparat sous la forme lacessionem ( 23), qu'on serait tent de corriger. D'aprs le contexte : in iram tarnen, in conuicium, in lacessionem eorum qui uobis ... seruiunt, si erumpere uolueritis..., il signifie attaques verbales, insultes, et doit tre rapproch du verbe lacesso, -ere (ou lacessio, -ire). Le participe pass de lacesso tant lacessitus (non lacessus), on s'attendrait ce que l'abstrait en -tio ft lacessitio, et non lacessio. Ces deux formes, bien qu'elles soient rarissimes, sont attestes l'une et l'autre : lacessitio, deux reprises, chez Ammien Marcellin69 ; lacessio chez Jrme, comme glose d'un terme hbreu70. La seconde, mon avis, n'est que le produit d'une haplographie triviale ; j 'ai hsit cependant l'liminer du texte d'Augustin, en lui substituant la forme attendue.

    68. Cf. Mittellateinisches Wrterbuch, t. 1, Mnchen, 1967, col. 173 (deux ex. des IXe et Xle s.) ; Glossarium mediae latinitatis Sueciae, t. 1/1, Stockholm, 1968, p. 14 (un ex. de 1278). L'absence du terme dans le Thesaurus Linguae Latinae m'a, je dois le dire, fort tonn.

    69. Res gestae 19, 3, 1 et 25, 6, 11. 70. Liber interpretationis hebraicorum nominum (CPL 1581) : Chomor lacessiones (d.

    P. DE LAGARDE, dans CCSL 72, Turnholti, 1959, p. 131, 15). Noter que la variante lacessitiones se lit, d'aprs l'apparat, dans un tmoin du DCe s.

  • NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN III 63

    Sermo eiusdem de oboedientia.

    1. Conturbado hesterni diei tam nostra quam uestra - et propter uos magis nostra quam uestra - silentium, fateor, imperabat ; sed, quia de domino fratre caritas iubet, cui seruire necesse est - est autem et in uobis audiendi cupiditas,

    5 cui optamus deus fructum tribuere dignetur in moribus et oboedientia uestra - , seruimus uobis in nomine Christi, quoniam Christo seruimus cui membra estis. Hoc tarnen in conspectu dei confiteor coram ipso et coram uobis, ad cuius aures uox est cogitatio mea ; ipsum testem inuoco in animam meam, quia nos ad istam urbem, ut aliquid quod donat dominus loquamur uobis, non maxime

    10 adducit nisi caritas episcopi uestri, non caritatem dico qua eum diligimus, sed illam potius qua nos ab eo diligi sine ullo fuco sentimus. Quamuis enim noueritis nos, nullo pacto nos sic nosse poteritis, quomodo ipsi nos inuicem nouimus, qui uobis /15v/ in Christi dilectione seruimus. Nam et uos utique diligimus, et uidetis, nouit deus. Verumtamen, carissimi, sciatis - hoc coram

    15 Christo loquor - quia, si nos desideraretis plus quam omnia quae desideratis et in animo episcopi uestri uel modicam sentiretis aduersam uoluntatem contra nos, non hic nos uideretis.

    2. Nam modo ad nos tales litteras dare dignatus est, ut diceret quia, si aduentum nostrum uel differendum putaremus uel de ueniendo aut non

    20 ueniendo deliberandum, ipsam caritatem offenderemus quae dictus est deus. Considerate infirmitatem nostram, media hieme per tarn longa itinera commissam. Aliud accipiat caritas uestra. Concilium beatus et uenerabilis senex Xanthippus primatus Numidiae indixit ad Constantinam quinto kalendas februarias. Indictum concilium est a primate Numidiae episcopis Numidiae,

    25 ubi et nos sumus. In illa autem ciuitate Constantiniensi nouit, quantum arbitrar, caritas uestra episcopum esse de latere nostro. Namque nutritus est in sermone dei et presbyterium gessit in Thagastensi municipio, inde illuc ad Constantinam episcopus datus est. Non uobis possumus dicere quibus me

    4. Cf. S. 362, 1 (= Mayence 11) : Caritas, cui omnes seruire debemus. 6. Cf. I Cor 12, 27 7-8. Cf. In ps. 141, 2 : Cogitatio tua clamor est ad dominum; 148, 2 : Quomodo enim aures nostrae ad uoces nostras, sic aures dei ad cogitationes nostras. 8. Cf. II Cor 1, 23 9. Cf. S. 37, 13 : Quod dominus donat dicam, etc.

    22. Accipiat caritas uestra : S. 270, 2 ; 352, 9 (= Mayence 1) ; In ps. 119, 5.

    M = Mainz, Stadtbibliothek 19, XVe s. M1 = M manu scriptoris ante correcionem M2 = M manu correctoris

    5. post uestra interpunxit M 6. cui M : cuius fort. leg. 13. qui M2 : quia M1 15. desidesideraretis M 16. sentiretis M : -remus fort. leg. (cf. 3)

    21. hieme scrip si : hiemi M 22. et add. /2 in mar g. 23. xanttippus M (hic et infra) Il primatus M : primas fort. leg. (sed cf. Epist. 22*, 9) 25. constantiniensi scripsi dubitanter : -nensi M 27. presbyterium scripsi : prespiterium M2 prespiterum Ml II tagastensi M

  • 64 FRANOIS DOLBEAU litteris adtrahere uoluit, ut ad Constantinam uenirem : indicto etiam concilio,

    30 omnes moras meas et dubitationes abstulit. Et tarnen, carissimi, tales litterae uenerunt a domino fratre Aurelio episcopo uestro ad humilitatem meam, quae grauitate sententiarum et pondere uincerent quidquid antea disposueram, et me praetermissis omnibus non adducerent, sed adriperent. Hoc enim cogitaui, quoniam non solum tanta fiducia, sed etiam tanta comminatione, iubere

    35 dignatus est, non de se, sed de deo, ut hoc mihi dicerem, quia, si hue uenirem et illius uoluntati - immo dei per ipsum - cederem, possem litteris suis satisfacere pro discessu inde meo apud dominum senem Xanthippum, ne mihi forte succenseat, quia, relieto concilio Numidarum, ubi adesse me ipsius ordinis ratio postulabat, hue potius ire delegi.

    40 3. Quo autem pertinet hoc to turn quod dixi ? Hesterno die oculi mei uidebant esse spatium quod non implebatur a fratribus, uicinum et auribus et linguae nostrae ; non fuimus auctores ut inde potius disputaretur, quia uidebamus illis potius obtemperandum esse, ut uenirent ad episcopos, quam episcopis, ut uenirent ad illa loca cum magna perturbatione maioris

    45 multitudinis quae iam circa absidam se quodammodo audiendi securitate fundauerat : commouenda erat multo maior multitudo ab his locis ad illa loca. Sed contemnendi erant forte uiri, quid sexus infirmior ? Sine dubio feminae, cum se premere coepissent prop inquandi studio, nonne et maiorem strepitum facerent et uoces quas maxime in ecclesia non deceret audire ? Hoc solum ergo

    50 e-/16/-rat ut illi pauci, qui cancellis incumbebant, dignarentur accedere ad spatia prxima ei loco ubi loquebamur. Quid magnum erat hoc quod petebamus ? Hoc autem nec audire uoluerunt, et facta est perturbatio, et magna nobis tristitia, quam deus modo per sermonem sane uenerabilis episcopi uestri delere dignatus est. Sed de cetero, fratres, admonemus ne putetis mihi ab ilio

    55 non esse locum concessum ibi sermonem faciendi, ubi a quibusdam tam pertinaciter petebatur et tumultuose flagitabatur. Ecce quare omnia illa dixi, quia, si uel modicam contractiunculam in corde sentiremus beatissimi fratris nostri, ad istam ciuitatem - maxime aliis necessitatibus urgentibus - non accederemus.

    60 4. Quid enim ? Non recordatur caritas uestra, quia contra partem Donati ex ilio loco de medio cancelli* quattuor diebus continuis disputaui ? Numquid exspectatum est ut peteretis ? Numquid uel a nobis suggestum est ? Ipse ultro uidit faciendum et fecit ; non uidit faciendum, non fecit. Sed forte dicitis : 'Quid magnum aut difficile petebamus ?' Etsi parum est quod petebatis, non est

    65 pania res oboedientia quam de uobis exigimus. Hinc enim potius loquar. Nam

    29. indicto scripsi : in dicto M 36. possem conieci : -sset M 37. inde /2 : indeo Mi 38. forte scripsi : fortem M II numidarum conieci dubitanter (cf. In ps. 36, 2, 21) : numidiarum M

    41. post auribus fort, eorum addendum est, ut Madec putauit 43. uidebamus M : -batur fort. leg. 49. audire scripsi : audirem M 57. fratris scripsi : -tres M

    61. de medio cancelli conieci dubitanter : de m. cancellis M de mediis cancellis uel de medio cancellorum/orr. leg. 64. et si M

  • NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN III 65

    audiui quosdam fratres dicere : 'Ecce ipse disputauit infirmis esse seruiendum. Pridie hoc disputauit, alio die non fecit. Seruiretur ergo nobis. Quare descendit Quare descenderim, dico sanctitati uestrae. Ipse enim magis mihi debet ignoscere, quo non iubente descendi. Ita autem mihi fuit consilium descen-

    70 dendi, ut nee saltern eum consulerem ne prohiberet. Et utique si consulerem et prohiberet, iam non possem nisi oboedire : necesse erat ut non descenderem. Malui ergo ueniam petere, quia ipso non consulto nec iubente descendi, quam non facer quod faciendum putaui.

    5. lam modo audite quare hoc faciendum putauerim. Quomodo semper 75 obaudierit haec plebs episcopo suo praesenti, non solum nos scimus, sed et tota

    Africa et forte totus orbis terrarum, quacumque nota est ecclesia ciuitatis huius. Quae hic enim antea fuerit dissolutio et confusio feminarum et masculo-rum, omnes nouimus, quia et nos in praeterita aetate huius labis pars fuimus. Factum est a domino per senium suum ut permixtus sexus non uigilaret. Ego

    80 puer uigilans cum studerem in hac ciuitate, sic uigilaui feminis permixtis improbitatibus masculorum, ubi forte et castitatem temptabat occasio. Quam nunc honeste uigilatur, quam caste, quam snete ! Haec diligentia nec ipsis contra quos instituta est poterit displicere. Ipsi improbi, ipsi petulantes, ipsi insidiatores castitatis alienae hanc diligentiam dolere possunt, culpare non

    85 possunt. Sed hoc solum factum est, ut hinc solum forte gauderemus ? Quid de diuersis aditibus et ingressibus ? Quomodo curatum est, quanta prudentia inuentum, /16v/ quanta instantia perfectum, ut illi qui, cum ingressi essent, discretis locis futuri erant, etiam per discreta ingrederentur, ne in angusto intrantes inciperent quod postea perficere molirentur, semi improbi et

    90 impudentes, quae soient dicere in frontem transeuntium matronarum ? Quam uigilanter ista uisa sunt, quo uigore sublata ! In ecclesia Mappaliensi apud memoriam beati episcopi et martyris Cypriani, quanta fieri solebant, si memi-nerimus, fortasse adhuc dolebimus ; si obliuiscamur, minus deo gratias agimus. Recolat nobiscum caritas uestra, fratres : beneficia dei commemoro in

    95 uos per episcopum uestrum. Vbi tunc impudicae cantiunculae perstrepebant, nunc hymni personam ; ubi uigilabatur ad luxuriam, uigilatur ad sanctitatem ; postremo ubi offendebatur deus, propitiatur deus. Peto caritatem uestram ne ista obliuiscamini : uicina sunt, possunt comparar! ; heri fuerunt, hodi non

    66-7. Cf. fortasse In ps. 103, 3, 9 : Per caritatem, inquit, seruite inuicem. 'Sed Christo seruimus inuicem, ait, non populis, non carnalibus, non infirmis'. Bene Christo seruis, si seruis quibus Christus seruiuit.

    79-81. Cf. Conf. 3, 3, 5 : Ausus sum etiam in celebritate sollemnitatum tuarum intra parietes ecclesiae tuae concupiscere et agere negotium procurandi fruetus mortis. 94. Recolat... caritas uestra : S. 246, 4.

    67. die M2 in marg. : de M1 68. descenderim M2 : -derem M1 II sanctitati scripsi : -te M 69. consilium scripsi : concilium M

    76. orbis conieci : urbis M 78. post nouimus interpunxit M 80. uigilanui M II permixtis M2 : permixtus sexus Mi (ut supra) 83. petulantes M2 : impetulantes Ml 85. gauderemus conieci : -demus M 91. ista add. M2 in marg. II mappaliensi scripsi : appaliensi M 92. beati add. M2 in marg. Il cipriani M 97. propiciciatur M

  • 66 FRANOIS DOLBEAU sunt. Quando autem ista posset efficere episcopus uester, nisi haberet plebem

    100 oboedientem ? Vt aliquid, et non paruum ipsum aliquid, etiam de bono oboedientiae uestrae loquar, si talia conanti episcopo uestro Studium uestrum non consentiret, hoc nullo modo implere potuisset. Adfuit ergo misericordia dei et in eius diligentia et in uestra oboedientia. Cum ergo haec sciremus quomodo soleatis esse subiecti, cum uos ceteris imitandos ad exemplum

    105 proponeremus, ut diceremus minutis plebibus in agro obstrepentibus et episcopis suis resistentibus : 'Ite, uidete Carthaginis plebem', cum ergo de uestro bono exemplo abundantius gauderemus, quomodo potuimus hesterno die contristari, fratres, de uestra inoboedientia, quasi adsiduus aduentus noster inoboedientiam uos docuerit ?

    110 6. Intendat ergo caritas uestra. Ego ut descenderem, ministerii mei miseriam dolui. Rogabatis ut audiretis. Quid aedificaret locutor, quando ruinam minabatur auditor ? 'Quare, inquitis, ruinam ? Quid enim magnum petebamus ? Quid mali quaerebamus ?'. Dicam quam ruinam, dicam ut timeatis, non ut cadatis. Nescitis quia de scintilla surgit incendium ? Nescitis

    115 quia guttae minutissimae flumina implent et fundos trahunt ? Non uobis leue peccatum inoboedientia uideatur. Prorsus sic dicamus : nihil intererat utrum hic audiretis, utrum ibi ; spatia quia fuerant circa nos quae possent multitudine impleri, et nos nouimus et uos. Quid iam restitit quod hue transir noluistis, nisi sola contumacia : 'Hoc solum aut fit quod uolumus, aut non fiat quod

    120 uultis' ? Nos enim uolebamus ut audiretis, et nos quod uolebamus omnibus utile erat. Quidam uero, quod cancellis inhaerebant, cum eorum uoluntati irrationabili non consentiretur, clamauerunt etiam : 'Missa fiant'. Certe quam longe estis et quam lente dixi : 'Missa fiant', et ecce omnes audistis, quia patienter tacuistis. Quid si ipsam oboedientiam uestram probare uolebamus ?

    125 'Sed in re modica, ait aliquis, quomodo probaretis ?' Si in re modica non oboedistis, in re maiore obaudituri estis ? Non legistis domino dicente : Qui in modico fidelis est, et in magno fidelis est, et qui in modico infidelis est, et in mag-l\ll-no infidelis est ?

    7. Vultis nosse quid mali sit inoboedientia, quia dixi : 'Ruinam minabatur 130 auditor' ? Deus omnia in paradiso suo plantauit bona. Si in toto mundo omnia

    114. Cf. Inps. 51, 7 : Vna scintilla omnem segetem incendere quiuis potest ; A. OTTO, Die Sprichwrter und sprichwrtlichen Redensarten der Rmer, Leipzig, 1890, p. 311-312, n 1604. 114-5. Cf. S. 9, 17 : Quam minutae sunt guttae pluuiae ! Nonne flumina implent et domos deiciunt ? ; 56, 12 : Non uides de guttis minutis flumina impleri, et fundos trahi ? ; 58, 10 ; 261, 10 ; In loh. 12, 14 ; In loh. epist. 1,6; In ps. 93, 9 ; 129, 5. 122-3. Cf. S. 49, 8 : Ecce post sermonem fit missa catechuminis. 123-4. Cf. S. 42, 1 : Ergo et quod lente dicimus ualde auditis, si obedieritis. 126-8. Le 16, 10

    102. nullo scripsi : ullo M 107. habundancius M 108. inoboedientia /2 : oboedientia Mi

    116. inoboedientia scripsi : in ob. M 120. nos1 M2 : non M1 122-3. fiant (bis) M : fiat exspectares (sed cf. infra 20 missa fac, 23 missa fiant,)

    129. quid M2 : quod M1 II inoboedientia scripsi : in ob. M

  • NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN III 67

    bona fecit, dicente scriptura : Et uidit deus omnia quae fecit, et ecce bona ualde, si omnia, quanto magis et quae in paradiso laetiora constituit. Vbi ergo omnia bona plantauerat, quid sibi uult : Noli tangere arborent istam ? Nescitis solere hinc homines facer quaestionem, qui non pos sunt uidere uel quantum

    135 bonum sit oboedientiae uel quantum inoboedientiae malum ? Ecce omnia bona piantata erant. Noli tangere, ait deus. 'Quid non tango ? Aliquid mali hic posuisti ? Si aliquid mali hic posuisti, tolle, et noli me tangere prohibere'. 'Noli, inquit, tangere arborem hanc', quae utique, nisi bona esset, in paradiso non esset. An forte hoc putatis, quia extra paradisum deus omnibus bonis

    140 terram impleuerat et in paradiso malum plantauerat ? Et in cetera utique terra bona erant, sed in paradiso certe meliora. Tarnen quia inter omnia bona quae posita erant in paradiso melior erat oboedientia, prohibuit deus alicunde, ne nihil prohibendo non dominaretur. Et quid ? Forte aliquis putat quia deus pro suo fastu uoluit dominad. Dominado dei non deo, sed cui dominatur, est utilis.

    145 Ille nee nobis contemnentibus minor est, nee nobis seruientibus maior est. Sub tali domino esse nobis expedit, non illi. Qui dominari nobis uult, ad utilitatem nostrani uult, non ad suam. Ille nullo bono nostro eget, nos omnium bonorum eius indigemus, et ipso deo nostro summo bono. Summum enim bonum nostrum et optimum, quo nihil melius sit, ipse deus est. Vide senium

    150 confitentem, audi ilium de psalmo : Dijci domino : Deus meus es tu, quoniam bonorum meorum non eges. Ergo prohibuit aliquid deus, ut imponeret praeceptum, ut dominanti seruiretur, ut oboedientia ab inoboedientia tamquam uirtus a uitio discerneretur ; et appellata est ilia arbor scientiae boni et mali, non quia ibi tamquam boni et mali poma pendebant, sed ideo appellata est

    155 scientiae boni et mali arbor, quia, si earn homo tangeret contra praeceptum, in

    131-2. Gn 1, 31 133-8. Cf. Gn 2, 17 (3, 3) In ps. 70, 2, 7 : Audiuit a domino deo : 'Noli tangere*. Quid ? 'Hanc arborem'. Quid est enim ilia arbor ? Si bona est, quare non tango ? Si mala est, quid facit in paradiso ?... Non potuit deus perfectius demonstrare quantum sit bonum oboedientiae, nisi cum prohibuit ab ea re quae non erat mala ; S. Guelf. 31, 1 (= 335B). 141-3. Cf. In ps. 70, 2, 7 : Hoc nolo tangas ; hinc nolo gustes. Bonum est, sed oboedientia melior est. 144-7. Cf. S. Mayence 59, 20 (f. 199rv) : Non sic est deus. Quicumque illi seruit, ad utilitatem suam illi seruit, non ad illius ; Epist. 138, 6 : Nihil deus iubet, quod sibi prosit sed illi, cui iubet ; De Genesi ad litt. 8, 11 : .. .dominatione sua, quae non est illi, sed nobis utilis... Non illi ad suam, sed ad nostrani utilitatem salutemque seruimus. 150-1. Ps 15, 2 cf. 5. Mayence 55 (f. 180) : Nos enim indigemus bono dei, deus bono nostro non indiget. Audi prophetam : Dixi domino non eges ; Mayence 59, 20 (f. 199v) : Audi prophetam : Dixi domino non eges. Habes absolutam sententiam, non est quod dubites : deus bonorum tuorum non eget ; In ps. 70, 2,6 : Deus nullo indiget bono, et ipse est summum bonum, etc. 153-7. Cf. Gn 2, 17 In ps. 70, 2, 7 : Ideo arbor illa appellata est scientiae dignoscendi boni et mali, non quia inde talia quasi poma pendebant ; sed ... quia homo qui nollet bonum a malo discernere per praeceptum, discreturus erat per experimentum.

    133. quid M 2 in marg.: quod i 134. solere M 2 in marg.: sole Mi 135. inoboedientiae scripsi : in ob. M 137. posuistii + et in cetera Mi II hic + in Mi 140. terra M2 : -ram Mi 141. erant M2 : erat Mi 143. quid scripsi : quod M 147. eget M2 : egit Mi

  • 68 FRANOIS DOLBEAU illa arbore experiretur quid interesset inter oboedientiae bonum et inoboe-dientiae malum. Ex illa enim arbore, contempto praecepto, mors consecuta est ; seruato praecepto, immortalitas sequeretur. Videtis ergo quantum malum sit inoboedientia, fratres mei : prima ruina hominis ipsa fuit.

    160 8. Certe de isto lapsu surgere uolumus : quare repetimus unde cecidimus ? Sufficiat Adam, Christus uenit. In Adam omnes moriuntur, in Christo omnes uiuificabuntur. Ab Adam in genus humanuni radix mali inoboedientia, in Christo radix immortalitatis oboedientia. Ideo nobis Adam ad inoboedientiam auctor et exemplum fuit, Christus autem ad oboedientiam. Et quomodo

    165 Christus ad oboedientiam ? Cum sit aequalis patri, seruire se dicit patri. Certe agnoscitis mecum, catholici, catholicam fidem ; agnoscitis : Ego et pater unum sumus, agnoscitis : Qui me uidet, patrem uidet, agnoscitis : Et uerbum erat apud deum et deus erat uerbum, agnoscitis : Cum in forma dei esset, non rapinam arbitratus est esse aequalis deo. Christo enim aequalitas non rapina

    170 est, sed natura : cui fuit rapina, stans cecidit ; cui fuit natura, et descendens /17v/ mansit. Explicet uero idem Paulus apostolus commendationem oboedien-tiae domini et saluatoris nostri lesu Christi. Operae pretium est totum ipsum capitulum commemorare et audire. Ecce uide aequalem filium patri in forma dei, sed lege quae sequuntur : Cum in forma dei esset, non rapinam arbitratus

    175 est esse aequalis deo. 'Sed quid fecit ?' Sed semetipsum exinaniuit. 'Quomodo exinaniuit ? Timeo ne aequalitatem perdiderit'. Noli suspicari : audi quod sequitur, audi unde exinaniuit, audi quia non exinaniuit amittendo quod erat, sed accipiendo quod non erat. Semetipsum, inquit, exinaniuit. 'Quomodo ? Rogo te, iam die'. Formam serui accipiens. 'Quis accepit formam semi ?' Qui

    180 cum informa dei esset - ibi esset, hic accipiens - , formam serui accipiens, in similitudinem hominum factus - factus utique in matre quam fecerat - in similitudinem hominum factus et habitu inuentus ut homo. 'Sed de oboedientia loquebamur. Multa iam diximus, et oboedientiam non audiuimus. Semetipsum

    156-7. Quid interesset inter oboedientiae bonum et inoboedientiae malum : De Genesi ad litt. 8, 6 et 14 ; De natura boni 35.

    161-2. I Cor 15, 22 166-7. Io 10, 30 167. Io 14, 9 167-8. Io 1, 1 168-9. Phil 2, 6 cf. S. 361, 16 (= Mayence 10) : Cum informa aequalis deo... Aequalitatem dei usurpauit angelus, et cecidit, et factus est diabolus ; aequalitatem dei usurpauit homo, et cecidit, et factus est mortalis ; Guelf. 11, 3 (= 229G) : Cum informa aequalis deo. Quia natura erat, rapina non erat. Cui rapina fuit, cecidit ; et unde cecidit, inde deiecit, etc. ; A. VERWILGHEN, Christologie et spiritualit selon saint Augustin. L'hymne aux Philippiens, Paris, 1985, p. 174-183 et 417-420. 174-5. Phil 2, 6 175-9. Phil 2, 7 cf. S. 92, 2 : Quomodo exinaniuit ? Sumendo quod non erat, non perdendo quod erat ; 183, 5 : Semetipsum exinaniuit. Quomodo ? Amittendo quod erat, an assumendo quod non erat ? ; Lambot 16 (= 265E) : Quomodo semetipsum exinaniuit ? Non amittendo quod erat, sed suscipiendo quod non erat ; In loh. 17, 16, etc. ; VERWILGHEN, p. 212-214. 180-5. Phil 2,6-7

    157. contento M 159. inoboedientia scrips i : in ob. M 160. cecidimus /2 : cedimus Ml 164. oboedientiam M2 : inob. Ml 173.

    commemorare M2 : commemore Ml 177. audi2 scripsi : aude M 179. rogo conieci : roga M 182. similitudinem scripsi dubitanter : -ne M II habitu /2 : -turn Ml 183. loquebamur /2 : loquimur Mi

  • NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN III 69

    exinaniuit audiui, formara serui accipiens audiui, in similitudinem hominum 185 factus audiui, sed proba quia hoc oboediendo fecit'. Extremo audi : in similitu-

    dinem hominum /actus et habitu inuentus ut homo, humiliauit se /actus oboediens usque ad mortem.

    9. Intueamur dominum serui : dominus subaudit, seruus contemnit ? Nemo in corde suo dicat : 'Sed ille fecit hoc, quia dominus est'. Quid fecit, quia

    190 dominus est ? Ego hoc tibi dixi : 'Accende solem, currat luna detrimentis augmentisque menstruis ; fac ut fulgeant de celo sidra, ut fontes de terra scateant, ut animalia ambulent, aues uolent, pisces natent' ? Postremo numquid uel hoc dixi : 'Aperi oculos caeci, rumpe aures surdi, pelle febrem aegroti, suscita carnem mortui' ? Nihil horum dico : haec ille fecit ut deus, oboedien-

    195 tiam abs te flagito quam praerogauit ut seruus. Oboedientiam, inquam, flagito. Per immortalitatem similis eris illi, per oboedientiam ipse factus est similis tui. Ille tibi dabit uitam suam, nam mortem accepit tuam. Sed dicis : 'Ille deo patri oboediuit'. Cui enim tu oboedire praeciperis ? Ille enim deo patri, tamquam aequali. An interesse arbitraris quia ille deo patri seruiuit et tibi dicitur :

    200 Oboedi episcopo tuo' ? Quis enim tibi praeposuit episcopum, cui oboedias ? An excidit tibi euangelium : Qui uos audit me audit ; qui uos recipit me recipit, et qui me recipit recipit eum qui me misit ? Postremo dicis : 'Ille patri seruiuit'. Quid si seruiuit et tibi ? Numquid et tu pater eius et mater es ? Quia ille hic dignatus est matrem habere, non patrem, ut ambas generationes suas

    205 mirabiles ostenderet, diuinam et humanam : diuinam sine matre, humanam sine ptre - et tarnen fuit puer subditus parentibus (euangelium legite), in aetate puerili parentibus subditus, in maiestate diuina parentum dominus - , non tarnen tu mater eius es, cum et tibi seruierit. Nam seruire nos non uerbo tantum docuit, sed exemplo. Parum fuit domino dicere discipulis suis : Seruite

    210 uobis inuicem. Dominus enim iubet /18/ fieri : utique sufficere debuit, quia dominus iussit. An exspectandum fuit, ut ostenderet quod iubebat ? Reuera auderet quisquam nostrum exigere, ut dominus noster prior quod imperabat impleret ? Et tarnen nullo nostrum audente exigere, de se ipso exemplum ad seruiendum inuicem discipulis praebuit : Quicumque, inquit, uult in uobis

    215 maior esse, erit uester seruus. Et continuo ne nomine seruili contristarentur

    185-7. Phil 2, 7-8 201. Le 10, 16 201-2. Mt 10, 40 204-6. Cf. S. 140, 2 : Ambae tarnen natiuitates

    mirabiles : illa sine matre, ista sine patre ; 189, 4 (Frangipane 4) : Generatio Christi a ptre sine matre, generatio Christi a matre sine patre : ambae generationes mirabiles ; 190, 2 ; 196, 1 ; 380, 2 (= Mayence 6) ; In Ioh. 12, 8 ; 33, 2 ; CAESARIVS, S. 142, 6 (ex sermone Augustini deperdito). 206-7. Cf. Le 2, 51 5. 51, 19 (= Mayence 58) : Christo mundus subditus, Christus parentibus subditus. 208-9. Cf. S. Guelf. 3, 4 (= 218C) : ...docente humilitatem deo, non tantum uerbo, sed etiam exemplo suo. 209-10. Cf. Gai 5, 13 214-5. Mt 20, 26-27 cf. S. Guelf. 32, 3 (= 340A) : Quando dixit apostolis suis : Quicumque uult uester seruus, ne indignaretur seruili nomine humana superbia, continuo consolatus est.

    185. extremo M : extrema fort. leg. 186. factus1 + est M1 203. et (mater) M : uelfort. leg. 207. aetate M2 : eate Ml 210. uobis M2 : uos Ml II

    fieri + reuera auderet Ml 212. ut M2 : et Ml

  • 70 FRANOIS DOLBEAU discipuli et dicerent ei : 'Ergo, domine, serui erimus, quos redemisti ? Serui erimus, pro quibus sanguinem fundis ? Nonne meritum libertatis nostrae in predo nostro cognoscimus sanguine tuo ?', consolatus est forte contristatam superbiam nondum sanatam : Erit, inquit, seruus uester, sicut filius hominis

    220 non uenit ministran, sed ministrare. Ecce factus est et noster minister, et non sumus mater eius. Aut forte sumus et mater eius ? Hi suntfratres mei et mater mea, quifaciunt uoluntatem meam.

    10. 'Sed ecce, inquit aliquis, episcopus meus accipiat exemplum de domino meo, et seruiat mihi'. Dico cantati uestrae - qui potest, intellegat - : Nisi

    225 seruiret, non iuberet. Seruit enim qui quod utile est iubet, seruit uigilantia, seruit cura, seruit sollicitudine, seruit postremo cantate. Nam et ipse qui minister hic factus est, utique iubebat discipulis suis. Audi illum iubentem et illos semientes : Vbi uis paramus tibi pascha ? Et mittit quos uult, quod uult praeparari sibi praecepit, ubi uult agebatur quod iubebat, et tarnen magis ipse

    230 seruiebat ; non enim mentitus est dicens : Sicut filius hominis non uenit ministran, sed ministrare. Quomodo non uenit ministran, sed ministrare ? Ecce discpulos uideo currere, paschre, cenam disponere. Quomodo ille non u ministran, sed ministrare ? Sed quid ministrare ? Sequitur : Et animam suam poner pro amicis suis. Vultis nosse quid nobis ministraue-

    235 rit ? Hinc hodie uiuimus et de mensa eius hodie pascimur, quam tunc minis-trauit.

    11. Ite, inquit, in castellum quod est contra uos, inuenietis ibi pullum asinae adligatum in quo nemo sedit, adducite, et si dixerint uobis : 'Quidfacitis ? quo ducitis pullum ?', respndete : 'Dominus opus ilio habet', et dimittent eum

    240 uobis. Audierunt, ierunt, fecerunt. Numquid restitit aliquis, numquid dixit : 'Quare uult sibi pullum adduci ? Neque enim ille qui mortuos [est] suscitauit forte ambulando defecit'. Audi, seme ; fac quod iubetur ab eo certe qui te sanum uult, ab eo qui tibi curam gerit ad salutem. Quaerere quare iusserit disputare est, non obtemperare. Prius esto gnauus obtemperator, ut sis

    219-20. Mt 20, 27-28 221-2. Mt 12, 49-50 (Me 3, 34-35 ; Le 8, 21) 224. Qui potest, intellegat : Conf. 13, 10, 11. 228. Mt 26, 17 230-4. Mt 20, 28

    cf. S. Guelf. 32, 3 : Domine, ubi uis paremus tibi manducare pascha ? Et iubet ubi paretur : et pergunt, et praeparant, et ministrant. Quid est ergo, quod ait, sicut filius hominis non uenit ministran, sed ministrare ? Audi quod sequitur. 234-6. Cf. Inps. 137, 4 : Quid nobis ministrami, nisi quod hodieque manducamus et bibimus ?

    237-40. Cf. Le 19, 30-31 (Mt 21, 2-3 ; Me 11, 2-3) De consensu euang. 2, 66, 127. 241-2. Cf. In ps. 31, 2, 23 : Non enim defatigatus deus ambulando pedibus, insidet iumento.

    216. ergo scripsi : erigo M 218. sanguine scripsi : saguinem M 219. filius sicut Mi 224. cantati M2 ut uid. : -tem Mi II intelligat M (hic et infra) 228. paramus M :

    paremus fort. leg. ut lectio Augustino consueta II quod Petitmengin : quo M 232-3. ecce discpulos sed ministrare add. M2 in marg. (Hueras a ligatore resectas restitu) 233. sed quid iterauit M2 in marg.

    241. ante suscitauit deleui est : resuscitami/ori. leg. 242. audi scripsi : aude M 244. gnauus conieci : gnanus M

  • NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN III 71

    245 congruus disputator. Lauamini, mundi estote, imperantis uerba sunt. Auf er te nequitias ab animis uestris et a conspectu oculorum meorum, imperantis uerba sunt. Discite bonum facer, iudicate pupillo, iustificate uiduam - fecisti quae iussit ? - et uenite, disputemus, dicit dominus. Solutus est pullus de castello, quod erat contra illos. Quid castellum contra discpulos, nisi mundus iste ? Ite

    250 ad castellum, quod est contra uos. Mundus iste contra discpulos, mendacium contra ueritatem /18v/, libido contra castitatem, inoboedientia contra oboedientiam. In hoc castello qui mundus est, pullus ligatus erat, in quo nemo sederai. Quis est iste pullus ligatus in castello contrario, in quo nemo sederat, quis est nisi populus gentium adligatus uinculo diaboli, in quo nemo sederat,

    255 quia nullum prophetam portauerat ? Soluitur, adducitur, deum portt, a domino regitur, a domino per uiam ducitur, a domino flagello admonetur ; et in eis qui obtemperauerunt, ut pullum adducerent, oboedientia fuit, et in illis qui continuo pullum dimiserunt, audientes quia domino opus est, oboedientia fuit. Quod libet intellegas illos homines. Forte enim sunt contrariae potestates

    260 quae ligauerant pullum ; forte illi homines qui ligauerant pullum significent diabolum et angelos eius, per quos populus gentium superstitione perniciosa fuerat illigatus : tanta est tarnen potestas iubentis, ut et illi tenere non audeant quem dicit dominus sibi opus esse. Quid estis, fratres mei ? Quid uultis esse ? Solutores pulii, an pullus ? Absit enim ut illi sitis qui ligauerant pullum, et

    265 tarnen nec illi restiterunt. Quid ergo esse uultis, fratres mei : qui soluerunt pullum, an ipse pullus ? Non audetis adrogare uobis eorum personam per quos solutus est pullus : apostoli hoc fecerunt. Ista praepositorum persona est : ipsam nos, pro uiribus quas dominus tribuere dignatur, cum tota sollicitudine sustinemus ; ex hac uobis loquimur. Vos pullus estis, oboedite eis qui uos

    270 ducunt ad portandum dominum. Vtique, carissimi, cogitate quomodo discipuli pullum soluerunt et ad dominum perduxerunt. Ducebant illi, sequebatur ille ; non enim trahebant illi, et recalcitrabat ille. Et tarnen, quia de nostra seruitute loquimur, quando discipuli pullum ad dominum ducebant, ipsi potius pullo seruiebant ; ita et nos seruimus uobis, cum uos ad dominum ducimus, cum

    275 oboedientiam docemus et monemus : si uestrae infirmitati non seruiretur, hodie nos non audiretis.

    245-8. Is 1, 16-18 cf. In ps. 103, 4, 18. 248-9. Cf. Le 19, 30 249-50. Le 19, 30 253-5. Cf. In Ioh. 51, 5 : Pullum asinae in quo nemo sederat... intellegimus populum gentium. 268. Cf. S. 49, 2 : Pro uiribus quas ille donare dignatur... ; 154, 1 ; 357, 1 ; De spiritu et littera 13, 22, etc. 269-70. Cf. In ps. 33, 2, 5 : Pullus asini es, sed Christum portas ; S. Frangipane 4, 4 (= 189). 274-5. Cf. S. 8, 2 : Quod autem loquimur, uobis seruimus : Inps. 96, 1 : ...in isto sermone, in quo uobis seruimus ; 146, 16 : Seruimus enim uobis, fratres.

    249. quid scripsi : quod M 254. nisi M2 in marg. : sine Ml 255. prophetam M2 : prophetum Ml 259. quod libet /2 : quodlibet M i 260. illi scripsi : ille M II significent M : -cant fort. leg. 266. audetis M : audeatis/orr. leg. 270. quomodo conieci : qn M (id est quando uel quoniamj 271. perduxerunt /2 : pro- Mi 273. pullo scripsi : pollo M 275. uestrae conieci : nostrae M

  • 72 FRANOIS DOLBEAU 12. Vtique, carissimi, et nos homines sumus, infirmi nos quoque portamus.

    Conturbastis nos hesterno die, et in ipsa conturbatione nostra uobis plus timuimus, ne contristaretis in nobis spiritum dei, per quem uobis seruimus.

    280 Quomodo putatis me, fratres, iam stantem et uobis locuturum, quomodo putatis me conturban potuisse, adtendentem - quod iam commemoraui - quam oboedientes esse soleatis et nobis praesentibus inoboedientes exstiteritis, quasi nos inoboedientiam doceamus, quasi nos pro nostro modulo lorulum uestrum non teneamus, ut uos ad dominum perducamus ? Et tarnen, carissimi - quod ab

    285 ipso audistis, et uerum est - , quantacumque sit cura nostra de uobis aut pro uobis, numquid maior potest esse quam illius qui uobis specialiter seruit, qui sic praeest ut subsit ? Videmur praeesse de loco superiore : tanta tarnen est sarcina sollicitudinis et curae, ut nos faciat sub uestigiis uestris. Postremo calcate et uiuite. Quid est, fratres mei, quid est quaelibet uirtus in senio dei

    290 sine oboedientia ? Quid est enim oboedientia ? Amatis ca-/19/-ritatem : filia eius est, filia caritatis oboedientia est. Non potest autem esse sterilis caritas. Prorsus nemo uos fallai, nemo dicat : Oboedientiam non habeo, sed habeo caritatem'. Prorsus non habes caritatem. Vbicumque fuerit haec mater, parit. Si ibi est, peperit ; si non peperit, non est ibi. Radix in occulto est, fratres,

    295 fructus in aperto. Non credo quod haereat in solo, nisi uideam quid pendeat in ramo. Caritatem habes ? Fructum mihi eius ostende : oboedientiam uideam, de oboedientia gaudeam, prolem amplectar, ut matrem agnoscam.

    13. Ecce quam magna bona habere uidentur et ficti*. Hesterna die martyris ueri laudes audiuimus : quae tormenta pertulit, quam ingentia, quam multa,

    300 quam densa ! Caritas desit, insania est. Vnde laudamus, unde praedicamus, unde congaudemus, nisi quia uidemus in qua ecclesia, pro qua fide, quid iubenti regi restiterit ? Non enim quia iubenti restitit, sed quia hoc iubenti ubi obtemperare peccatum est, quia illa nec oboedientia uocanda est, ubi perniciosum aliquid et sacrilegum imperatur. Quomodo enim non est fides,

    305 quando falsum aliquid creditur, sic non est oboedientia, ubi inutile aliquid imperatur. Quomodo enim oboedientem dixerim qui credit homini, contemnit deum ? Ordinatae sunt potestates in hoc mundo, et supra omnes potestates

    277. Cf. Act 14, 14 S. 69, 1 : Sumus homines mortales, frgiles, infirmi... ; 154, 6 ; Mayence 40, 5 (f. 123v) ; etc. 279. Cf. Eph 4, 30 287-8. Cf. S. 146, 1 : Quanquam et nos qui uobis uidemur loqui de superiore loco, cum timore sub pedibus uestris sumus ; In ps. 66, 10 : De isto loco quasi sublimiore loquimur ad uos : quam simus autem timore sub pedibus uestris deus nouerit ; S. 134, 1 ; De ciuitate dei 22, 8, 22. 293-4. Cf. S. 354, 5 : Sed ista mater (superbia) nescit esse sterilis ; ubi fuerit, continuo parit. 294-5. Cf. In ps. 51, 12 : In occulto est radix : fructus uideri possunt, radix uideri non potest. 296. Cf. S. 91,5: Si plantaueris caritatem, fructus procedunt.

    307-8. Cf. Rm 13, 1

    278. nos + hodie Mi 286. esse + sterilis Mi 292-3. caritatem habeo Mi 293. ubicumque M2 : ubique M1 II post fuerit interpunxit Ml (post mater M2 quem sequor) 294. si non peperit M2 in marg. : om. M1 296. uideam + martyris ueri laudes audiuimus M1

    298. post ficti subaudi martyres (locus lacunosus mihi uidetur) Il hesterna M : -no fort, leg. ut passim 299. ueri M2 : uiri Mi ut uid. 301. congaudemus scripsi : -deamus M 304. sacrilegum M2 : -gium Mi 305. creditur M2 : credit 307. omnes scripsi : oes M

  • NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN III 73

    diuina potestas est. Oboediens non esses, si obtemperando forte seruus patri tuo contemneres dominum tuum. Hoc dico : si forte seruus esses, et aliud tibi

    310 pater tuus et conseruus tuus imperaret, contra illud quod tibi dominus imperauerat, et oboedires potius patri tuo quam domino tuo, nonne te inoboedientem dicerem et ordinis peruersorem ? Ille enim magis audiendus, qui maiorem habet potestatem, ille qui legitimam. Non ergo dicerem oboedientem, si obtemperares curatori contra proconsulem, proconsuli contra

    315 imperatorem ; sic non dico oboedientem obtemperantem imperatori contra deum.

    14. Vnde ergo oboediens, unde sanctus, unde adeptor uerae coronae Vincentius, unde uictor tot passionum et suo nomini congruus ? Vnde ? Videte quis iubebat, cui iubebat, quid iubebat. Iubebat imperator, iubebat christiano,

    320 iubebat ut turificaret idolis. Si gradus iubentis adtendas, imperator prouinciali iussit. 'Datur quasi oboedientiae quidam locus, cum audio quis iussit, cui iussit'. Sed exspecta, adtende quid iussit : turificare idolis. 'Qui non turificat idolis, puniatur'. Obtemprt iam prouincialis, si maior potestas nihil contra iubet. Verum erige aurem, audi duas uoces : audi unam ex tribunali, alteram

    325 audi de celo. Quam de tribunali audisti ? 'Qui dus non sacrificauerit, punietur'. Quam de caelis ? 'Sacrificans diis eradicabitur'. Hic oboedientia tua probetur, martyr. Discerne uoces, distermina potestates. Vides eum qui iubet, eum potius time qui prohibet. Haec corona martyrii, hic triumphus, deuicto diabolo et sub pedibus conculcato, quern timuit martyr blandientem, quem

    330 contempserat irascentem. Expressit hoc ipse, sicut illa audiebantur quae legebantur, /19v/ expressit uocibus suis : quando ille qui saeuiebat quasi uoluit misereri, tunc maxime cauendus uisus est. Plus enim nocebat fallax misericor-dia quam aperta saeuitia. In fremitu irascentis, leonem non expauit ; in blandi-mento miserantis, draconem se timuisse non tacuit. Ipse est enim leo et draco

    335 de quo dictum est : Conculcabis leonem et draconem. 15. Nemo ergo dicat, fratres carissimi, nemo dicat - quia fallii se omnis qui

    dicit - quod modo ecclesia non patiatur persecutionem, quia imperatores catholici sunt, quia deo de imperio suo reddituri rationem omnia pro ecclesia iubent, pro augmentis eius inuigilant ; nemo deinde dicat ecclesiam non pati

    326. Ex 22, 20 330-2. Cf. Passio S. Vincentii (d. . FBREGA GRAU, Pasionario Hispnico, t. 2, Madrid-Barcelona, 1955, p. 191) : Non timeo supplicia tua, quaecumque iratus impeleris ; hoc magis mici formidinis est, quod fingis te uelle misereri ; Ps. AUG., S. Caillau 1, 48 : Non timeo, inquit, supplicia, quaecumque iratus impegeris; hoc magis mihi fortitudinis (sic) est, quod te fingis uelle misereri. 333-4. Cf. S. Denis 13, 2 (= 305A) : Quando saeuitia est aperta, non sunt occultae insidiae ; quando occultae sunt insidiae, non est aperta saeuitia : id est, quando ut leo rugit, non ut draco serpit.... 335. Ps 90, 13

    336-40. Cf. In ps. 63, 1 : Nemo dicat quod hodie in tribulatione passionum non sumus.

    308. seruus conieci : semis M 312. inoboedientem M2 : -te Mi 319. quid iubebat cui iubebat M1 320. thurificaret M (hic et semper) 327. distermina

    scripsi : discermina M an discrimina ? 334. timuisse M2 in marg. : trauisse Mi 337. dicit M2 : dicat Mi 338. deo de M2 : de deo Mi 339. iubent M2 : iubentur Mi

  • 74 FRANOIS DOLBEAU 340 persecutionem : leonem non patitur, sed draco non dormit. Audi illum leonem,

    in passione aperta sanctorum Petro commemorante et ad triumphum uictoriae martyres exhortante : Aduersarius, inquit, uester diabolus, tamquam leo rugiens circuit, quaerens quem deuoret. Tune enim horribiles minae et saeuitia magna gentilium in sanctos dei, tunc iussionum aduersarum impetus et magnus

    345 fremitus potestatum : leo rugiebat, sed nee draco cessabat. Audistis Petrum exhortantem contra leonem, audite et Paulum cautos facientem contra draconem : Desponsaui, inquit, uos uni uiro. Multi enim uolebant fieri uiri unius feminae. Cogitate autem, fratres, cogitate quid faciant multi uiri unam feminam. Hoc earn faciunt quod cogitandum est ut detestetur, non dicendum ut

    350 exhorreatur. Erant ergo multi uiri uolentes esse uni feminae. At ille amicus sponsi et zelans sponso, non sibi : Desponsaui, inquit, uos uni uiro uirginem castam exhiber e Christo. Timeo autem ne, sicut serpens Euam seduxit, sic et sensus uestri corrumpantur a castitate dei, quae est in Christo. Timebat earn corrumpi non leonis saeuitia, sed blandimento draconis. Admonuit te Petrus ut

    355 propter deum non cures leonem, admonet te Paulus ut propter deum uigiles contra draconem et in deo conculces leonem et draconem.

    16. Nam uultis scire qualis sit draco iste, quam uitandae insidiae eius, quam magna astutia sit inimici ? Ecce iam prope sex milibus annorum, in sanctorum temptationibus exercitatus, contra deum unum et uerum fecit multos deos

    360 falsos. Sed uenit unus filius dei, praedictus a praemissis praeconibus suis ; uenit filius dei, soluit opera diaboli tamquam ligamentum pulii illius, docuit uerbo, firmauit exemplo ; ostendit unum deum uerum colendum, ipsum adorandum nee angelos pro ilio, quandoquidem et angeli, quia deum amant, quia praecipue in illis caritas rgnt, amari secum uolunt deum, non se pro

    365 deo. Cum haec ergo [Christiana doctrina] docuisset, docuit hoc : moriendum esse Sanctis, si opus fuerit, pro ista doctrina. Pro qua doctrina ? Quae habet caritatem de corde puro et conscientia bona et fide non ficta. Pro hac docuit mori sanctos dei et commen-/20/-dauit ecclesiae uenerandos. Quomodo uenerandos ? Pretiosa in conspectu domini mors iustorum eius. Inde pretiosa

    370 mors Petri, inde pretiosa mors Pauli, inde pretiosa mors Vincentii, inde

    340-1. Cf. In ps. 39, 1 : Hostis ille noster tune leo fuit, cum aperte saeuiebat ; modo draco est, cum occulte insidiatur ; 40, 4 ; 69, 2 ; 90, 2, 9 ; In Ioh. 10, 1, etc. 342-3.1 Pt 5, 8 347. II Cor 11, 2 350-1. Cf. S. 213, 7 : Amicum sponsi audite zelantem sponso, non sibi ; 299, 12 : Audiamus amicum sponsi zelantem sponso, non sibi ; Mayence 62, 52 (f. 245v) : Videamus amicum sponsi zelantem sponso, non se opponentem pro sponso ; In Ioh. 4, 1 ; 13, 15. 351-3. II Cor 11, 2-3 cf. In ps. 90, 2, 9. 356. Cf. Ps 90, 13

    358. Cf. De ciuitate dei 12, 11 (12, 10, 2) : Ex litteris sacris ab institutione hominis nondum conpleta annorum sex milia conputemus ; S. 93, 8 (paroles attribues des chrtiens dcourags) : Ecce complentur sex milia annorum. 361. Cf. Le 19, 30 363-5. Cf. Ape 19, 10 (22, 8-9) thme dvelopp en S. Mayence 62, 16, 24 et 46 (f. 227v, 231, 242v). 367. I Tim 1, 5 369. Ps 115, 15

    340. illum + draconem M1 359. exercitatus conieci : -ti M 362. colendum uerum Ml 363. quandoquidem

    scripsi dubitanter : qnquidem M quoniamquidem fort. leg. 365. Christiana doctrina ut glossema deleui

  • NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN III 75

    pretiosa mors Cypriani. Vnde pretiosa ? Ex caritate pura et conscientia bona et fide non ficta. Vidit autem hoc anguis ille, uidit hoc antiquus serpens ille honorari martyres, templa deseri : astuta illa et uenenosa contra nos uigilantia sua, quia non potuit christianis dos falsos, fecit martyres falsos. Sed o uos,

    375 catholica germina, comparate nobiscum paululum istos martyres falsos martyribus ueris, et pia fide distinguite quod conatur diabolus fallacia uenenosa confundere.

    17. Distinctionem uerorum martyrum atque falsorum uult nobis ille offuscare, uult oculum cordis, ne ista discernamus, exstinguere ; uoluit contra

    380 eos simili specie,