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Noir Jaune Bleu Rouge 17 Noir Jaune Bleu Rouge Noir Jaune Bleu Rouge Noir Jaune Bleu Rouge BATEAUX GRAND PRIX DE BELGIQUE Roucayrol s’affirme En pleine ascension, « Banque-Populaire » tient tête à « Foncia » (Gautier), tandis que « Belgacom » (Nélias) abandonne. DIMANCHE 16 SEPTEMBRE 2001 PAGE 17 ZEEBRUGGE de notre envoyé spécial GAUTIER-ROUCAYROL, Roucayrol- Gautier : la deuxième journée de régates a tourné au duel hier, au large du port belge où les pales des éoliennes érigées le long de la digue semblaient imprimer aux multicoques une cadence infernale. Avec en guise d’ouverture, une belle leçon de straté- gie de la part du skipper de Foncia, vainqueur de la première manche devant Banque-Populaire et le Grou- pama de Cammas. « C’est vrai qu’on a fait un bon coup tactique, racontait Gautier, de retour au ponton. Nous avons un peu hésité car le vent oscillait entre 18 et 23 nœuds mais finalement on a fait le bon choix. En hissant la grand-voile le plus tard possible, nous ne laissions plus le temps aux autres de réagir. Ce qui nous donnait un petit plus puisque nous portions plus de toile. Sans compter qu’avec grand- voile haute, un bateau tient un meil- leur cap. » Avantage Foncia, donc. Mais de courte durée seulement puisque la réponse de Lalou Roucayrol cinglait quelques minutes plus tard dans le parcours côtier de 38 milles dis- puté entre Knokke et Blankerberge. Il rétablissait ainsi l’égalité entre les deux équipages à la veille des der- nières manches prévues aujourd’hui. « C’est vraiment positif pour nous d’empocher une manche devant un bateau aussi abouti que Foncia bien réglé et mené par le même équipage depuis trois ans, expliquait le skipper de Banque-Populaire. Cela prouve que nous sommes bien dans le coup. D’autant qu’il devient de plus en plus difficile aujourd’hui de s’imposer tant les écarts entre les bateaux sont minimes. Nous n’avons plus le droit à la moindre erreur, sans quoi la sanc- tion est immédiate. Tout cela est plutôt encourageant à un peu plus d’un mois de la Transat Jacques-Vabre (avec Yves Parlier comme coskipper), sur- tout que le bateau passe bien dans la mer et marche bien dans la brise. » Aussi cet ultime GP avant la transat Le Havre - Salvador de Bahia (départ le 4 novembre) confirme la montée en puissance du plan Lombard, mis à l’eau en avril dernier et conçu sur le modèle du précédent, victime d’un naufrage dans la dernière Transat Anglaise en solitaire. Erreur de Nélias Contraint à l’abandon dans la course entre Cherbourg et Tarragone en mai (fissure à l’arrière du flotteur tribord), Banque-Populaire n’a plus cessé de progresser ensuite – 7 e au Cap- d’Agde, 5 e à Cagliari – jusqu’à titiller les meilleurs au GP de Fécamp il y a quinze jours (3 e avec une victoire de manche). « Nous sommes actuelle- ment dans une spirale ascendante et c’est très plaisant, confiait Lalou. Nous avons beaucoup travaillé depuis le naufrage de l’an dernier alors je vis ça comme un juste retour des choses. » Grosse déconvenue en revanche pour Jean-Luc Nélias dont la dérive centrale du Belgacom a heurté un brise-lames dans le parcours côtier. Contraint à l’abandon, il reconnaissait s’être approché un peu trop près de la côte. « On n’est jamais à la merci d’une erreur, déclarait-il. Immergé en raison de la marée haute, on ne l’a pas vu. En fait, il devait y avoir 3 mètres d’eau au lieu des 4,20 m nécessaires. À 18 nœuds, ça n’a pas fait de cadeau : on a entendu un crac et la dérive s’est cassée en mille morceaux. » Une ava- rie qui tombe au bien mauvais moment puisque Bertrand De Broc devait récu- pérer ce bateau pour la Transat Jacques-Vabre ! PASCAL SIDOINE TENNIS COUPE DAVIS Cap sur la Coupe Fin de semaine chargée en Coupe Davis avec les demi-finales et sept des huit matches de barrages. DIX-HUIT ÉQUIPES nationales seront sur le pont, le « week-end » prochain, pour l’avant-dernier rendez- vous de Coupe Davis de la saison 2001. Quatre se disputeront le droit de se retrouver en finale, fin novembre ; quatorze engageront leur avenir dans le Groupe mondial, lors de matches de barrages mettant aux prises sept des huit formations battues au premier tour et sept des huit prétendantes issues du Groupe 1 – la Deuxième divi- sion de la Coupe Davis. Seuls les États- Unis et l’Inde ne disputeront pas ce match couperet dans les délais impar- tis : en raison des attentats survenus le 11 septembre à New York et à Washington; la rencontre a en effet été reportée aux 12, 13 et 14 octobre. Les demi-finales opposeront les Pays- Bas à la France (à Rotterdam, en indoor), et l’Australie à la Suède (à Syd- ney, sur dur). Largement favorite, l’Australie pourra compter sur son tan- dem de choc, Pat Rafter – Lleyton Hewitt (récent vainqueur de l’US Open), mais elle se méfiera de Johans- son et de Enqvist, toujours dangereux sur ciment. Quant à la France, elle devra déjouer les pièges d’une surface extrêmement rapide, et qui « colle » idéalement aux qualités techniques des joueurs sélectionnés par Tjerk Bogtstra (Siemerink, Schalken, Slui- ter). Forte de ses deux succès acquis à l’extérieur (en Belgique, puis en Suisse), l’équipe de Guy Forget bénéfi- ciera tout de même des faveurs du pro- nostic. Parmi les matches de barrages, quatre s’annoncent particulièrement indécis : République tchèque - Roumanie, Bel- gique - Maroc, Équateur - Grande-Bre- tagne et Slovaquie - Chili. Respective- ment opposés au Belarus, à l’Italie (privée de ses meilleurs joueurs, suite à une brouille avec la fédération) et à l’Ouzbékistan, l’Argentine, la Croatie et l’Espagne devraient, en revanche, franchir l’obstacle sans trop de difficul- tés. Voici la liste des rencontres et la composition des équipes (à noter que l’annonce officielle des quatre joueurs retenus n’intervient que le jour du tirage au sort - à savoir le jeudi précé- dant la rencontre). DEMI-FINALES A Rotterdam (indoor), Pays-Bas — France Pays-Bas : Paul Haarhuis, Sjeng Schal- ken, Raemon Sluiter, Jan Siemerink. Capitaine : Tjerk Bogtstra. France : Sébastien Grosjean, Arnaud Clément, Nicolas Escudé, Fabrice Santoro, Cédric Pioline. Capitaine : Guy Forget. A Sydney (dur), Australie – Suède Australie : Lleyton Hewitt, Patrick Raf- ter, Wayne Arthurs, Todd Woodbridge. Capitaine : John Fitzgerald. Suède : Thomas Johansson, Thomas Enqvist, Jonas Björkman, Magnus Larsson. Capitaine : Carl-Axel Hages- kog. BARRAGES A Cordoba (terre battue), Argen- tine – Belarus Argentine : Guillermo Canas, Gaston Gaudio, Franco Squillari, Luis Lobo. Capitaine : Franco Davin. Belarus : Max Mirnyi, Vladimir Voltchkov, Alexander Shvec, Aliak- sandr Skrypko. Capitaine : Igor Tikhon- ko. A Prostejov (indoor), République tchèque – Roumanie République tchèque : Bohdan Ulih- rach, Jiri Novak, Michal Tabara, David Rikl. Capitaine : Jan Kukal. Roumanie : Andrei Pavel, Adrian Voi- nea, Gabriel Trifu, Victor Hanescu. Capitaine : Florin Segarceanu. A Rome (terre battue) , Ita- lie – Croatie Italie : Giorgio Galimberti, Federico Luzzi, Mose Navarra, Filippo Volandri. Capitaine : Corrado Barazzutti. Croatie : Goran Ivanisevic, Ivan Ljubi- cic, Ivo Karlovic, Ivan Vajda. Capi- taine : Niki Pilic. A Liège (indoor), Belgique – Maroc Belgique : Xavier Malisse, Christophe Rochus, Olivier Rochus, Tom Van Houdt. Capitaine : Steven Martens. Maroc : Hicham Arazi, Younes El Aynaoui, Karim Alami, Medhi Tahiri. Capitaine : Amine Ghissassi. A Guayaquil (terre battue), Equa- teur – Grande-Bretagne Equateur : Nicolas Lapentti, Luis More- jon, Giovanni Lapentti, Jhony De Leon. Capitaine : Raul Viver. Grande-Bretagne : Tim Henman, Greg Rusedski, Martin Lee, Barry Cowan. Capitaine : Roger Taylor. A Presov (indoor), Slovaquie – Chili Slovaquie : Dominik Hrbaty, Karol Kucera, Ladislav Svarc, Jan Kroslak. Capitaine : Miloslav Mecir. Chili : Marcelo Rios, Nicolas Massu, Fernando Gonzalez, Hermes Gamonal. Capitaine : Leonardo Zuleta. A Albacete (terre battue) , Espagne – Ouzbekistan Espagne : Juan Balcells, Alex Corretja, Juan Carlos Ferrero, Carlos Moya. Capitaine : Jose Perlas. Ouzbekistan : Oleg Ogodorov, Vadim Kutsenko, Dmitriy Tornashevich, Dmi- triy Mazur. Capitaine : Abdukhamid Makhkamov. WOODBRIDGE RETARDÉ. – Sélectionné (aux côtés de Rafter, Hewitt et Arthurs) pour la demi-finale de Coupe Davis Australie-Suède, Todd Woodbridge n’a toujours pas pu rejoindre ses coéquipiers à Sydney. Et pour cause : résident floridien, l’Australien ne peut pas quitter le territoire américain, du fait de l’annula- tion des vols, consécutive aux tragiques événements survenus le 11 septembre aux États-Unis. Selon son capitaine John Fitzgerald, Woodbridge ne devrait arriver en Australie que mardi – soit trois jours avant le début de la rencontre. Les Français sur le départ C’EST AUJOURD’HUI à 18 h 20, après une grosse matinée d’entraîne- ment, que l’équipe de France s’envole- ra depuis Genève en direction de Rot- terdam où ils poursuivront leur préparation en vue de la demi-finale qui les attend sur un court couvert rapide et usé, face aux Hollandais pri- vés de Krajicek. Hier, les tricolores se sont couchés tôt pour récupérer des deux premières journées très intenses passées dans leur fief de Maisonnex. Les sets disputés ont permis de rassu- rer pleinement le capitaine Guy Forget en particulier sur l’état de forme de Cédric Pioline et de Sébastien Grosjean qui reviennent tous deux à grandes enjambées vers un niveau intéressant. Dès demain, reprise de l’entraînement sur l’unique court installé dans le Ahoy stadium où se disputera la rencontre. Ils joueront de 11 heures à 13 heures et de 15 heures à 17 heures. En marge de ce programme : du physique sous forme de jeux, des ajustements au ser- vice sur un court voisin, des massages, des repas en commun et bien enten- du… au lit de bonne heure ! – D. B. Retrouvez les résultats en page 14 MOTO BOL D’OR Sur un rythme de Grand Prix Les écuries officielles ont imprimé depuis le départ une cadence élevée. MAGNY-COURS de notre envoyé spécial DEPUIS L’ANNÉE DERNIÈRE, le Bol d’Or a quitté le circuit Paul-Ricard pour s’installer sur celui de Magny- Cours, qui abrite également le GP de France de F 1. Un gage de sélectivité pour cette piste réputée exigeante physiquement, ce qui rend la tâche des concurrents délicate lorsqu’il s’agit de l’« endurer » vingt-quatre heures ! De fait, les orfèvres du tour de l’hor- loge se sont, depuis le départ, à 15 heures hier, mis au diapason d’une enceinte habituée aux oppositions acharnées : dans la soirée, pas moins d’une dizaine de changements de lea- der étaient déjà recensée, et la lutte aux avant-postes opposait le team officiel Suzuki, le privé GMT 94 et l’écurie Yamaha France. « Chaque relais représente une course de vitesse, expliquait Bertrand Sébileau, membre du Free Bike Performance. En plus, le circuit est très éprouvant car il ne laisse aucun répit au pilote, d’autant qu’il y a énormément de dépassements à gérer. » Gérer, voilà bien le dilemme des team- managers qui doivent donc composer avec la fatigue des pilotes, l’usure mécanique et les performances de la concurrence. « Nous sommes obligés de ne pas gérer, précisait à ce propos Christophe Guyot (GMT), à l’affût des données chronométriques dans son stand. On “ tape ” dans le matériel parce qu’il est censé être fiable, on “ tape ” également au niveau des pilotes, qui sont bien préparés physi- quement. Après, on se conforme à un rythme élevé convenu à l’avance. » À la sortie d’un relais, Fabien Foret, l’un des pilotes de la Honda officielle, concédait tout de même la nécessité de « ménager une certaine marge de sécurité, car la course exige une concentration extrême, de tous les instants ». De son côté, son coach, Bernard Rigoni, restait, lui, parfaite- ment stoïque malgré des soucis d’embrayage qui avaient retardé la Honda de plusieurs tours. « On ne change rien à notre tableau de marche, expliquait-il. La course est déjà suffisamment exigeante pour que l’on prenne le risque de se calquer sur les autres. Il faut garder en tête qu’il s’agit d’une course d’endurance, que ce genre de pépins peut arriver à n’importe qui. Reste ensuite à espérer qu’on a mangé notre pain noir... » À part quelques sursauts épider- miques à chaque fois que le speaker officiel annonçait une chute ou un abandon, Dominique Méliand, patron du team Suzuki, était forcément en phase avec ce leitmotiv du tableau de marche : « La course est conforme à ce que j’attendais, donc on n’y touche pas. La seule chose que je n’avais pas prévu, c’est les difficultés rencontrées par certains de nos adversaires... » FRÉDÉRIC ROUSSEAU CROSS : FEDERICI EN POLE. Seul pilote avec Crockard à avoir battu Pichon cette saison, Federici a subtilisé la pole au champion du monde dans la dernière minute des essais du Grand Prix d’Italie de cross 250. Très bien placés puisque Bolley, Maschio et Aubert se sont glissés dans le sillage de Federici et de Pichon, les Bleus auront une bonne carte à jouer en course. Intouchables en 125 où ils ont dominé les deux courses qualificatives, les Italiens ont laissé la vedette en 500 à Smets, qui a pris un net ascendant sur Everts, relégué à plus de deux secondes de son rival dans la course au titre. - P. H. AUTOMOBILE CART - AMERICAN MEMORIAL 500 Zanardi grièvement blessé Dans un terrible accident au Lausitzring, en Championnat CART, le pilote italien a perdu ses deux jambes. Alex Zanardi, champion CART en 1997 et en 1998, aux États-Unis, était en passe de gagner la première épreuve de la discipline organisée en Europe quand, à onze tours de l’arrivée, sa Reynard fut percutée de plein fouet, à 300 km/h, par une autre monoplace. Dans le choc, terrible, l’Italien (34 ans) a eu les deux jambes coupées. LAUSIZTRING – (ALL) de notre envoyé spécial LA COURSE s’est terminée comme elle avait commencé : au ralenti der- rière la voiture de sécurité et dans un sentiment de consternation et de profonde tristesse. En hommage aux milliers de victimes des attentats de mardi dernier, à New York et à Washington, les organisateurs du German 500, première épreuve du Championnat américain CART dis- La F 1 à l’américaine DISCIPLINE REINE aux États-Unis, le CART (Championship Auto Racing Teams) se dispute outre-Atlantique la vedette avec le NASCAR et ses grosses berlines. Depuis quelques saisons, toutefois, la compétition réservée aux monoplaces semble, en terme de noto- riété, prendre l’ascendant sur sa concurrente grâce aux efforts de mon- dialisation menés par le président Joseph Heitzler. Ainsi, cette année, parmi un calendrier de vingt et une épreuves (la deuxième manche, prévue à Rio, ayant été annu- lée), sept d’entre elles étaient pro- grammées au Mexique, au Japon, au Canada, en Australie et, pour la pre- mière fois, en Europe : une ce week- end en Allemagne, sur l’autodrome du Lausitzring, une autre en fin de semaine prochaine en Angleterre, à Rockingham. Caractérisées par de fré- quents dépassements, favorisés par les hautes vitesses atteintes et les phé- nomènes d’aspiration qu’elles engen- drent ainsi que par les définitions tech- niques des voitures (notamment les freins en acier et l’absence d’antipati- nage), ces courses se déroulent soit sur des circuits routiers classiques (douze cette saison), soit sur des ovales (neuf). Ultilisant des châssis vendus aux écu- ries par Reynard et par Lola, les voi- tures du Championnat américain sont à la fois plus lourdes, plus rudimen- taires et plus puissantes que les F 1. Capable d’atteindre 380 km/h en pointe sur un ovale, une monoplace de CART est en effet propulsée par un moteur V 8 turbocompressé (la pres- sion étant limitée) de 2 650 cm 3 , fonc- tionnant au méthanol et développant plus de 800 ch à environ 15 000 tr/min. Chaussée de pneus lisses (slicks), son poids imposé – sans le pilote – est de 703 kg pour les routiers et les petits ovales, de 692 kg pour les super speed- ways. À titre comparatif une F 1, utili- sant obligatoirement des pneus rainu- rés et pesant 600 kg avec le pilote, capable d’atteindre 350 km/h sur les tracés les plus rapides, est animée d’un V 10 atmosphérique de 3 litres de cylindrée délivrant environ 800 ch à 18 000 tr/min. Moins sécurisées que les F 1 actuelles, les monoplaces de CART impliquées dans des accidents ont causé la mort de trois pilotes ces cinq dernières années : Jeff Krosnoff en juillet 1996 à Toronto, Gonzalo Rodri- guez à Laguna Seca en septembre 1999 et Greg Moore à Fontana en octobre de la même année. JEAN-PAUL RENVOIZÉ putée en Europe, avaient, d’un com- mun accord avec les responsables de la discipline, décidé de rebaptiser officiellement l’événement : « The American Memorial 500 ». Quant aux pilotes, pour la plupart non amé- ricains mais résidant aux États-Unis, partageant le même sentiment d’impuissance que tous les ressortis- sants qui se trouvaient en Europe au moment des faits, ils bouclèrent l’un de leurs tours de chauffe derrière le pace-car en repassant en file indienne et à l’extrême ralenti par la voie des stands. Devant chaque ins- tallation d’écurie les attendait un mécanicien portant un drapeau américain, associé à un pompier du Lausitzring, tenant un drapeau allemand. Le pire des angles d’impact Alessandro Zanardi roulait en 22 e position, selon le classement au Championnat, qui avait servi à défi- nir la grille de départ après l’annula- tion de la séance d’essais qualifica- tifs, jeudi à cause de la pluie. Puis, comme les autres, il réaccéléra : le sport certains disaient le « métier » – reprenait ses droits. L’Italien fit tant et bien que, un peu moins de deux heures plus tard, sa Reynard-Honda du team Mo Nunn était en lutte pour la victoire ! Mais, à l’amorce du 143 e des 154 tours, ce fut l’accident. Alex venait de ravitailler une der- nière fois, un « splash and go » de 6’’, juste un peu de carburant pour terminer. Si possible premier, devant son équipier, le Brésilien Tony Kanaan, et le Suédois Kenny Bräck, a priori ses deux derniers rivaux. Les pneus étaient chauds – son équipe ne les avaient pas changés : Zanardi, aussitôt après avoir débranché son limiteur de vitesse pour respecter l’allure réduite dans les stands, put donc donner toute la puissance de son V 8 Honda turbo. Il n’y a pas, sur une Champ Car américaine, comme sur une F 1, d’antipatinage électro- nique pour domestiquer les 850 che- vaux. La Reynard lui échappa, par- tant en tête-à-queue dans l’herbe qui sépare la voie d’accélération de la piste de course. Mais le bonhomme était habile, double champion de la discipline, en 1997 et en 1998 : Alessandro rattra- pa son auto, escaladant le vibreur et retrouvant le bitume... où, d’un coup, la monoplace récupéra l’adhé- rence qui l’expédia, hélas, à la per- pendiculaire de la trajectoire de la Reynard-Ford du Canadien Tagliani, lancée à plus de 300 km/h à l’attaque du virage n o 1. Le choc fut terrible, les rares images plus encore. Cet angle d’impact, c’était ce qui pouvait arriver de pire : le nez de la Reynard de Tagliani, alors 5 e , heurta de plein fouet la voi- ture du malheureux Zanardi par le travers, au niveau du cockpit, c’est- à-dire à l’endroit le plus vulnérable, malgré les pontons, malgré la solidi- té des cellules de survie en carbone qui sauvèrent, en CART aussi, bien des pilotes. La coque de la Reynard fut effectivement coupée en deux. Et, derrière le premier communiqué officiel faisant rapidement état « d’une condition extrêmement cri- tique avec des blessures graves aux deux extrémités inférieures et une forte perte de sang », il fallait bien lire, selon des témoins, ce que confir- mera, deux heures plus tard, le doc- teur Olvey, directeur des affaires médicales du CART : les deux jambes du pilote avaient été emportées, l’une sectionnée au-dessous du genou, l’autre au-dessus. L’intervention d’urgence entamée en fin d’après-midi au Klinikum Ber- lin-Marzahn, l’hôpital de la capitale allemande où l’Italien avait été transporté par hélicoptère quelques dizaines de minutes après l’accident, semblait surtout destinée à essayer de sauver la vie d’Alex Zanardi, tou- tefois « dans un état stable permet- tant justement cette opération », concluait le communiqué. Comme Fittipaldi et Piquet Tagliani, lui-même transporté à l’hôpital de Berlin, où les examens ne décelèrent aucune blessure, n’a rien pu faire pour éviter l’accident. Peut- être a même-t-il cru que « ça pas- sait » ? Ce genre de situation est fré- quente dans les épreuves CART. D’ailleurs, la direction de course n’avait elle-même pas encore actionné les feux et drapeaux jaunes, attendant sans doute de voir si Zanardi allait définitivement récu- pérer le contrôle de son auto : un « jaune », à cet instant-là, par le jeu des ravitaillements décalés, pouvait donner la victoire à l’un ou l’autre, en permettant par exemple à Kenny Bräck, qui n’avait toujours pas ravi- taillé, d’éviter un dernier passage par son stand si la voiture de sécurité ralentissait le rythme durant quelques tours, donc la consomma- tion de son Ford. Mais un drapeau jaune aurait plus formellement aler- té Tagliani du danger potentiel quelques secondes plus tôt, dans la ligne droite, quand il pouvait encore modifier sa trajectoire. C’est également courant, en CART, cette tendance des monoplaces à monter droit vers le mur, aussitôt qu’après un tête-à-queue les pneus retrouvent du grip et repassent au sol toute la puissance. Le phéno- mène a perdu Zanardi, comme avant lui d’ex-pilotes de F 1, Emerson Fitti- paldi ou Nelson Piquet, qui terminè- rent leur longue carrière les jambes écrasées. Mais sauvées. Comme eux aussi, Alex Zanardi venait des Grands Prix, par une plus petite porte. Le fiasco du retour à la F 1 Vainqueur du GP de Monaco F 3, deuxième du Championnat italien puis adversaire principal de Christian Fittipaldi pour le titre international de F 3000 en 1991, Alessandro débuta en F 1 cette année-là, pour remplacer chez Jordan, lors des trois derniers GP, Michael Schumacher, aussitôt parti chez Benetton. Mais c’est chez Lotus, équipe en déclin, qu’il disputera la majorité de ses Grands Prix (41), n’inscrivant qu’un seul point au Championnat, entre 1993 et 1994. Il alla donc chercher son eldorado aux États-Unis et, avec la meilleure écurie du moment, remporta deux titres CART, en 1997 et en 1998. Les portes de la F 1 s’en trouvèrent de nouveau grandes ouvertes, mais le retour chez Williams-Mecachrome, en 1999, se révéla un fiasco. Zanardi fut, dit-on, incapable de réadapter son pilotage aux freins carbone que ne possèdent pas les Champ Cars. À moins que ce ne fut l’ambiance des Grands Prix qui ne convenait plus au gentil Alex... « Débarqué » au dernier moment de l’équipe Williams-BMW, qui, au côté de Ralf Schumacher, engagea Jen- son Button pour la saison 2000, Zanardi ne retrouva un volant en CART que cette année, chez Mo Nunn. Cela n’allait pas très fort, une 7 e place à Motegi pour meilleur résultat... jusqu’à hier, où il pouvait à nouveau sentir le parfum de la vic- toire. Mais, de même que Kenny Bräck, il ne l’aurait certainement ni savourée pleinement, ni fêtée avec exubérance, par respect pour tous ceux dont il avait souhaité, hier, honorer la mémoire. Alex Zanardi savait, lui, qu’en allant faire son métier il prenait d’énormes risques. STÉPHANE BARBÉ (avec CESARE MANUCCI) (Photo Bruno Fablet) LAUSIZTRING. – La monoplace d’Alessandro Zanardi (en haut à droite) a été percutée de plein fouet par la Reynard-Ford du Canadien Tagliani, lancée à plus de 300 km/h… (Photo AP)

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Noir Jaune

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BATEAUX

GRAND PRIX DE BELGIQUE

Roucayrol s’affirmeEn pleine ascension, « Banque-Populaire » tient têteà « Foncia » (Gautier), tandis que « Belgacom »(Nélias) abandonne.

DIMANCHE 16 SEPTEMBRE 2001 PAGE 17

ZEEBRUGGE –de notre envoyé spécial

GAUTIER-ROUCAYROL, Roucayrol-Gautier : la deuxième journée derégates a tourné au duel hier, au largedu port belge où les pales deséoliennes érigées le long de la diguesemblaient imprimer aux multicoquesune cadence infernale. Avec en guised’ouverture, une belle leçon de straté-gie de la part du skipper de Foncia,vainqueur de la première manchedevant Banque-Populaire et le Grou-pama de Cammas. « C’est vrai qu’on afait un bon coup tactique, racontaitGautier, de retour au ponton. Nousavons un peu hésité car le vent oscillaitentre 18 et 23 nœuds mais finalementon a fait le bon choix. En hissant lagrand-voile le plus tard possible, nousne laissions plus le temps aux autresderéagir. Ce qui nous donnait un petitplus puisque nous portions plus detoile. Sans compter qu’avec grand-voile haute, un bateau tient un meil-leur cap. » Avantage Foncia, donc.Mais de courte durée seulementpuisque la réponse de Lalou Roucayrolcinglait quelques minutes plus tarddans le parcours côtierde 38 millesdis-puté entre Knokke et Blankerberge. Ilrétablissait ainsi l’égalité entre lesdeux équipages à la veille des der-nières manches prévues aujourd’hui.« C’est vraiment positif pour nousd’empocher une manche devant unbateau aussi abouti que Foncia bienréglé et mené par le même équipagedepuis trois ans, expliquait le skipperde Banque-Populaire. Cela prouve quenous sommes bien dans le coup.D’autant qu’il devient de plus en plusdifficile aujourd’hui de s’imposer tantles écarts entre les bateaux sontminimes. Nous n’avons plus le droit àla moindre erreur, sans quoi la sanc-tion est immédiate. Tout cela est plutôt

encourageant à un peu plus d’un moisde la Transat Jacques-Vabre (avecYves Parlier comme coskipper), sur-tout que le bateau passe bien dans lamer et marche bien dans la brise. »Aussi cet ultime GP avant la transat LeHavre - Salvador de Bahia (départ le4 novembre) confirme la montée enpuissance du plan Lombard, mis àl’eau en avril dernier et conçu sur lemodèle du précédent, victime d’unnaufrage dans la dernière TransatAnglaise en solitaire.

Erreur de NéliasContraint à l’abandon dans la courseentre Cherbourg et Tarragone en mai(fissure à l’arrière du flotteur tribord),Banque-Populaire n’a plus cessé deprogresser ensuite – 7e au Cap-d’Agde, 5e à Cagliari – jusqu’à titillerles meilleurs au GP de Fécamp il y aquinze jours (3e avec une victoire demanche). « Nous sommes actuelle-ment dans une spirale ascendante etc’est très plaisant, confiait Lalou. Nousavons beaucoup travaillé depuis lenaufrage de l’an dernier alors je vis çacomme un juste retour des choses. »Grosse déconvenue en revanche pourJean-Luc Nélias dont la dérive centraledu Belgacom a heurté un brise-lamesdans le parcours côtier. Contraint àl’abandon, il reconnaissait s’êtreapproché un peu trop près de la côte.« On n’est jamais à la merci d’uneerreur, déclarait-il. Immergé en raisonde la marée haute, on ne l’a pas vu. Enfait, il devait y avoir 3 mètres d’eau aul ieu des 4,20 m nécessai res.À 18 nœuds, ça n’a pas fait de cadeau :on a entendu un crac et la dérive s’estcassée en mille morceaux. » Une ava-riequi tombe au bien mauvais momentpuisque Bertrand De Broc devait récu-pérer ce bateau pour la TransatJacques-Vabre !

PASCAL SIDOINE

TENNIS COUPE DAVIS

Cap sur la CoupeFin de semaine chargée en Coupe Davis avec les demi-finales et sept des huitmatches de barrages.DIX-HUIT ÉQUIPES nationalesseront sur le pont, le « week-end »prochain, pour l’avant-dernier rendez-vousde CoupeDavisde la saison2001.Quatre se disputeront le droit de seretrouver en finale, fin novembre ;quatorze engageront leur avenir dansle Groupe mondial, lors de matches debarrages mettant aux prises sept deshuit formations battues au premiertour et sept des huit prétendantesissues du Groupe 1 – la Deuxième divi-sion de la Coupe Davis. Seuls les États-Unis et l’Inde ne disputeront pas cematch couperet dans les délais impar-tis : en raison des attentats survenus le11 septembre à New York et àWashington; la rencontre aen effet étéreportée aux 12, 13 et 14 octobre.Les demi-finales opposeront les Pays-Bas à la France (à Rotterdam, enindoor), et l’Australieà laSuède (à Syd-ney, sur dur). Largement favorite,l’Australie pourra compter sur son tan-dem de choc, Pat Rafter – LleytonHewitt (récent vainqueur de l’US

Open), mais elle se méfiera de Johans-son et de Enqvist, toujours dangereuxsur ciment. Quant à la France, elledevra déjouer les pièges d’une surfaceextrêmement rapide, et qui « colle »idéalement aux qualités techniquesdes joueurs sélectionnés par TjerkBogtstra (Siemerink, Schalken, Slui-ter). Forte de ses deux succès acquis àl’extérieur (en Belgique, puis enSuisse), l’équipe de Guy Forget bénéfi-ciera tout de même des faveurs du pro-nostic.Parmi les matches de barrages, quatres’annoncent particulièrement indécis :République tchèque - Roumanie, Bel-gique - Maroc, Équateur - Grande-Bre-tagne et Slovaquie - Chili. Respective-ment opposés au Belarus, à l’Italie(privée de ses meilleurs joueurs, suite àune brouille avec la fédération) et àl’Ouzbékistan, l’Argentine, la Croatieet l’Espagne devraient, en revanche,franchir l’obstacle sans trop de difficul-tés. Voici la liste des rencontres et lacomposition des équipes (à noter que

l’annonce officielle des quatre joueursretenus n’intervient que le jour dutirage au sort - à savoir le jeudi précé-dant la rencontre).

DEMI-FINALESARotterdam (indoor), Pays-Bas —FrancePays-Bas : Paul Haarhuis, Sjeng Schal-ken, Raemon Sluiter, Jan Siemerink.Capitaine : Tjerk Bogtstra.France : Sébastien Grosjean,Arnaud Clément, Nicolas Escudé,Fabrice Santoro, Cédric Pioline.Capitaine : Guy Forget.

A Sydney (dur), Australie – SuèdeAustralie : Lleyton Hewitt, Patrick Raf-ter, Wayne Arthurs, Todd Woodbridge.Capitaine : John Fitzgerald.Suède : Thomas Johansson, ThomasEnqvist, Jonas Björkman, MagnusLarsson. Capitaine : Carl-Axel Hages-kog.

BARRAGESA Cordoba (terre battue), Argen-tine – BelarusArgentine : Guillermo Canas, GastonGaudio, Franco Squillari, Luis Lobo.Capitaine : Franco Davin.Belarus : Max Mirnyi, VladimirVoltchkov, Alexander Shvec, Aliak-sandr Skrypko. Capitaine : Igor Tikhon-ko.A Prostejov (indoor), Républiquetchèque – RoumanieRépublique tchèque : Bohdan Ulih-rach, Jiri Novak, Michal Tabara, DavidRikl. Capitaine : Jan Kukal.Roumanie : Andrei Pavel, Adrian Voi-nea, Gabriel Trifu, Victor Hanescu.

Capitaine : Florin Segarceanu.A Rome (terre battue), Ita-lie – CroatieItalie : Giorgio Galimberti, FedericoLuzzi, Mose Navarra, Filippo Volandri.Capitaine : Corrado Barazzutti.Croatie : Goran Ivanisevic, Ivan Ljubi-cic, Ivo Karlovic, Ivan Vajda. Capi-taine : Niki Pilic.A Liège (indoor), Belgique – MarocBelgique : Xavier Malisse, ChristopheRochus, Olivier Rochus, Tom VanHoudt. Capitaine : Steven Martens.Maroc : Hicham Arazi, Younes ElAynaoui, Karim Alami, Medhi Tahiri.Capitaine : Amine Ghissassi.A Guayaquil (terre battue), Equa-teur – Grande-BretagneEquateur : Nicolas Lapentti, Luis More-jon, Giovanni Lapentti, Jhony De Leon.Capitaine : Raul Viver.Grande-Bretagne : Tim Henman, GregRusedski, Martin Lee, Barry Cowan.Capitaine : Roger Taylor.APresov (indoor), Slovaquie – ChiliSlovaquie : Dominik Hrbaty, KarolKucera, Ladislav Svarc, Jan Kroslak.Capitaine : Miloslav Mecir.Chili : Marcelo Rios, Nicolas Massu,Fernando Gonzalez, Hermes Gamonal.Capitaine : Leonardo Zuleta.A Albacete (terre battue) ,Espagne – OuzbekistanEspagne : Juan Balcells, Alex Corretja,Juan Carlos Ferrero, Carlos Moya.Capitaine : Jose Perlas.Ouzbekistan : Oleg Ogodorov, VadimKutsenko, Dmitriy Tornashevich, Dmi-triy Mazur. Capitaine : AbdukhamidMakhkamov.

n WOODBRIDGE RETARDÉ. – Sélectionné (aux côtés de Rafter, Hewitt etArthurs) pour la demi-finale de Coupe Davis Australie-Suède, Todd Woodbridgen’a toujours pas pu rejoindre ses coéquipiers à Sydney. Et pour cause : résidentfloridien, l’Australien nepeut pasquitter le territoire américain, du fait de l’annula-tion des vols, consécutive aux tragiques événements survenus le 11 septembreaux États-Unis. Selon son capitaine John Fitzgerald, Woodbridge ne devrait arriveren Australie que mardi – soit trois jours avant le début de la rencontre.

Les Français sur le départC’EST AUJOURD’HUI à 18 h 20,après une grosse matinée d’entraîne-ment, que l’équipe de France s’envole-ra depuis Genève en direction de Rot-terdam où ils poursuivront leurpréparation en vue de la demi-finalequi les attend sur un court couvertrapide et usé, face aux Hollandais pri-vés de Krajicek. Hier, les tricolores sesont couchés tôt pour récupérer desdeux premières journées très intensespassées dans leur fief de Maisonnex.Les sets disputés ont permis de rassu-rer pleinement le capitaine Guy Forgeten particulier sur l’état de forme deCédricPioline etde SébastienGrosjeanqui reviennent tous deux à grandesenjambées vers un niveau intéressant.

Dès demain, reprise de l’entraînementsur l’unique court installé dans le Ahoystadium où se disputera la rencontre.Ils joueront de 11 heures à 13 heures etde 15 heures à 17 heures. En marge dece programme : du physique sousforme de jeux, des ajustements au ser-vice sur un court voisin, des massages,des repas en commun et bien enten-du… au lit de bonne heure ! – D. B.

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MOTO BOL D’OR

Sur un rythmede Grand PrixLes écuries officielles ont imprimé depuis le départune cadence élevée.

MAGNY-COURS –de notre envoyé spécial

DEPUIS L’ANNÉE DERNIÈRE, le Bold’Or a quitté le circuit Paul-Ricardpour s’installer sur celui de Magny-Cours, qui abrite également le GP deFrance de F 1. Un gage de sélectivitépour cette piste réputée exigeantephysiquement, ce qui rend la tâchedes concurrents délicate lorsqu’ils’agit de l’« endurer » vingt-quatreheures !De fait, les orfèvres du tour de l’hor-loge se sont, depuis le départ, à15 heures hier, mis au diapason d’uneenceinte habituée aux oppositionsacharnées : dans la soirée, pas moinsd’une dizaine de changements de lea-der étaient déjà recensée, et la lutteaux avant-postes opposait le teamofficiel Suzuki, le privé GMT 94 etl’écurie Yamaha France. « Chaquerelais représente une course devitesse, expliquait Bertrand Sébileau,membre du Free Bike Performance. Enplus, le circuit est très éprouvant car ilne laisse aucun répit au pilote,d’autant qu’il y a énormément dedépassements à gérer. »Gérer, voilà bien le dilemme des team-managers qui doivent donc composeravec la fatigue des pilotes, l’usuremécanique et les performances de laconcurrence. « Nous sommes obligésde ne pas gérer, précisait à ce proposChristophe Guyot (GMT), à l’affût desdonnées chronométriques dans sonstand. On “ tape ” dans le matérielparce qu’il est censé être fiable, on“ tape ” également au niveau despilotes, qui sont bien préparés physi-quement. Après, on se conforme à unrythme élevé convenu à l’avance. »À la sortie d’un relais, Fabien Foret,l’un des pilotes de la Honda officielle,concédait tout de même la nécessitéde « ménager une certaine marge de

sécurité, car la course exige uneconcentration extrême, de tous lesinstants ». De son côté, son coach,Bernard Rigoni, restait, lui, parfaite-ment stoïque malgré des soucisd’embrayage qui avaient retardé laHonda de plusieurs tours. « On nechange rien à notre tableau demarche, expliquait-il. La course estdéjà suffisamment exigeante pourque l’on prenne le risque de se calquersur les autres. Il faut garder en têtequ’il s’agit d’une course d’endurance,que ce genre de pépins peut arriver àn’importe qui. Reste ensuite à espérerqu’on a mangé notre pain noir... »À part quelques sursauts épider-miques à chaque fois que le speakerofficiel annonçait une chute ou unabandon, Dominique Méliand, patrondu team Suzuki, était forcément enphase avec ce leitmotiv du tableau demarche : « La course est conforme à ceque j’attendais, donc on n’y touchepas. La seule chose que je n’avais pasprévu, c’est les difficultés rencontréespar certains de nos adversaires... »

FRÉDÉRIC ROUSSEAU

n CROSS : FEDERICI EN POLE. –Seul pilote avec Crockard à avoirbattu Pichon cette saison, Federici asubtilisé la pole au champion dumonde dans la dernière minute desessais du Grand Prix d’Italie decross 250. Très bien placés puisqueBolley, Maschio et Aubert se sontglissés dans le sillage de Federici etde Pichon, les Bleus auront unebonne carte à jouer en course.Intouchables en 125 où ils ontdominé les deux coursesqualificatives, les Italiens ont laisséla vedette en 500 à Smets, qui a prisun net ascendant sur Everts, reléguéà plus de deux secondes de son rivaldans la course au titre. - P. H.

AUTOMOBILE CART - AMERICAN MEMORIAL 500

Zanardi grièvement blesséDans un terrible accident au Lausitzring, en Championnat CART, le pilote italien a perdu ses deux jambes.

Alex Zanardi, championCART en 1997 et en 1998,aux États-Unis, était enpasse de gagner lapremière épreuve de ladiscipline organisée enEurope quand, à onzetours de l’arrivée, saReynard fut percutée deplein fouet, à 300 km/h,par une autre monoplace.Dans le choc, terrible,l’Italien (34 ans) a eu lesdeux jambes coupées.

LAUSIZTRING – (ALL)de notre envoyé spécial

LA COURSE s’est terminée commeelle avait commencé : au ralenti der-rière la voiture de sécurité et dans unsentiment de consternation et deprofonde tristesse. En hommage auxmilliers de victimes des attentats demardi dernier, à New York et àWashington, les organisateurs duGerman 500, première épreuve duChampionnat américain CART dis-

La F 1à l’américaineDISCIPLINE REINE aux États-Unis, leCART (Championship Auto RacingTeams) se dispute outre-Atlantique lavedette avec le NASCAR et ses grossesberlines. Depuis quelques saisons,toutefois, la compétition réservée auxmonoplaces semble, en terme de noto-riété, prendre l’ascendant sur saconcurrente grâce aux efforts de mon-dialisation menés par le présidentJoseph Heitzler.Ainsi, cette année, parmi un calendrierde vingt et une épreuves (la deuxièmemanche, prévue à Rio, ayant été annu-lée), sept d’entre elles étaient pro-grammées au Mexique, au Japon, auCanada, en Australie et, pour la pre-mière fois, en Europe : une ce week-end en Allemagne, sur l’autodrome duLausitzring, une autre en fin desemaine prochaine en Angleterre, àRockingham. Caractérisées par de fré-quents dépassements, favorisés parles hautes vitesses atteintes et les phé-nomènes d’aspiration qu’elles engen-drent ainsi que par les définitions tech-niques des voitures (notamment lesfreins en acier et l’absence d’antipati-nage), ces courses se déroulent soit surdes circuits routiers classiques (douzecette saison), soit sur des ovales (neuf).Ultilisant des châssis vendus aux écu-ries par Reynard et par Lola, les voi-tures du Championnat américain sontà la fois plus lourdes, plus rudimen-taires et plus puissantes que les F 1.Capable d’atteindre 380 km/h enpointe sur un ovale, une monoplace deCART est en effet propulsée par unmoteur V 8 turbocompressé (la pres-sion étant limitée) de 2 650 cm3, fonc-tionnant au méthanol et développantplus de 800 ch à environ 15 000 tr/min.Chaussée de pneus lisses (slicks), sonpoids imposé – sans le pilote – est de703 kg pour les routiers et les petitsovales,de 692 kg pour les super speed-ways. À titre comparatif une F 1, utili-sant obligatoirement des pneus rainu-rés et pesant 600 kg avec le pilote,capable d’atteindre 350 km/h sur lestracés les plus rapides, est animée d’unV 10 atmosphérique de 3 litres decylindrée délivrant environ 800 ch à18 000 tr/min. Moins sécurisées queles F 1 actuelles, les monoplaces deCART impliquées dans des accidentsont causé la mort de trois pilotes cescinq dernières années : Jeff Krosnoff enjuillet 1996 à Toronto, Gonzalo Rodri-guez à Laguna Seca en septembre1999 et Greg Moore à Fontana enoctobre de la même année.

JEAN-PAUL RENVOIZÉ

putée en Europe, avaient, d’un com-mun accord avec les responsables dela discipline, décidé de rebaptiserofficiellement l’événement : « TheAmerican Memorial 500 ». Quantaux pilotes, pour la plupart non amé-ricains mais résidant aux États-Unis,partageant le même sentimentd’impuissance que tous les ressortis-sants qui se trouvaient en Europe aumoment des faits, ils bouclèrent l’unde leurs tours de chauffe derrière lepace-car en repassant en fileindienne et à l’extrême ralenti par lavoie des stands. Devant chaque ins-tallation d’écurie les attendait unmécanicien portant un drapeauaméricain, associé à un pompier duLausitzring, tenant un drapeauallemand.

Le pire des anglesd’impact

Alessandro Zanardi roulait en22e position, selon le classement auChampionnat, qui avait servi à défi-nir la grille de départ après l’annula-tion de la séance d’essais qualifica-tifs, jeudi à cause de la pluie. Puis,comme les autres, il réaccéléra : lesport – certa ins di sa ient le« métier » – reprenait ses droits.L’Italien fit tant et bien que, un peumoins de deux heures plus tard, sa

Reynard-Honda du team Mo Nunnétait en lutte pour la victoire ! Mais,à l’amorce du 143e des 154 tours, cefut l’accident.Alex venait de ravitailler une der-nière fois, un « splash and go » de6’’, juste un peu de carburant pourterminer. Si possible premier, devantson équipier, le Brésilien TonyKanaan, et le Suédois Kenny Bräck, apriori ses deux derniers rivaux. Lespneus étaient chauds – son équipene les avaient pas changés : Zanardi,aussitôt après avoir débranché sonlimiteur de vitesse pour respecterl’allure réduite dans les stands, putdonc donner toute la puissance deson V 8 Honda turbo. Il n’y a pas, surune Champ Car américaine, commesur une F 1, d’antipatinage électro-nique pour domestiquer les 850 che-vaux. La Reynard lui échappa, par-tant en tête-à-queue dans l’herbequi sépare la voie d’accélération dela piste de course.Mais le bonhomme était habile,double champion de la discipline, en1997 et en 1998 : Alessandro rattra-pa son auto, escaladant le vibreur etretrouvant le bitume... où, d’uncoup, la monoplace récupéra l’adhé-rence qui l’expédia, hélas, à la per-pendiculaire de la trajectoire de laReynard-Ford du Canadien Tagliani,

lancée à plus de 300 km/h à l’attaquedu virage no 1.Le choc fut terrible, les rares imagesplus encore. Cet angle d’impact,c’était ce qui pouvait arriver de pire :le nez de la Reynard de Tagliani,alors 5e, heurta de plein fouet la voi-ture du malheureux Zanardi par letravers, au niveau du cockpit, c’est-à-dire à l’endroit le plus vulnérable,malgré les pontons, malgré la solidi-té des cellules de survie en carbonequi sauvèrent, en CART aussi, biendes pilotes. La coque de la Reynardfut effectivement coupée en deux.Et, derrière le premier communiquéofficiel faisant rapidement état« d’une condition extrêmement cri-tique avec des blessures graves auxdeux extrémités inférieures et uneforte perte de sang », il fallait bienlire, selon des témoins, ce que confir-mera, deux heures plus tard, le doc-teur Olvey, directeur des affairesmédicales du CART : les deux jambesdu pilote avaient été emportées,l’une sectionnée au-dessous dugenou, l’autre au-dessus.L’intervention d’urgence entaméeen fin d’après-midi au Klinikum Ber-lin-Marzahn, l’hôpital de la capitaleallemande où l’Italien avait ététransporté par hélicoptère quelquesdizaines de minutes après l’accident,

semblait surtout destinée à essayerde sauver la vie d’Alex Zanardi, tou-tefois « dans un état stable permet-tant justement cette opération »,concluait le communiqué.

Comme Fittipaldiet Piquet

Tagliani, lui-même transporté àl’hôpital de Berlin, où les examens nedécelèrent aucune blessure, n’a rienpu faire pour éviter l’accident. Peut-être a même-t-il cru que « ça pas-sait » ? Ce genre de situation est fré-quente dans les épreuves CART.D’ailleurs, la direction de coursen’avait elle-même pas encoreactionné les feux et drapeauxjaunes, attendant sans doute de voirsi Zanardi allait définitivement récu-pérer le contrôle de son auto : un« jaune », à cet instant-là, par le jeudes ravitaillements décalés, pouvaitdonner la victoire à l’un ou l’autre, enpermettant par exemple à KennyBräck, qui n’avait toujours pas ravi-taillé, d’éviterun dernier passage parson stand si la voiture de sécuritéralentissait le rythme durantquelques tours, donc la consomma-tion de son Ford. Mais un drapeaujaune aurait plus formellement aler-té Tagliani du danger potentielquelques secondes plus tôt, dans la

ligne droite, quand il pouvait encoremodifier sa trajectoire.C’est également courant, en CART,cette tendance des monoplaces àmonter droit vers le mur, aussitôtqu’après un tête-à-queue les pneusretrouvent du grip et repassent ausol toute la puissance. Le phéno-mène a perdu Zanardi, comme avantlui d’ex-pilotes de F 1, Emerson Fitti-paldi ou Nelson Piquet, qui terminè-rent leur longue carrière les jambesécrasées. Mais sauvées. Comme euxaussi, Alex Zanardi venait desGrands Prix, par une plus petiteporte.

Le fiascodu retour à la F 1

Vainqueur du GP de Monaco F 3,deuxième du Championnat italienpuis adversaire principal de ChristianFittipaldi pour le titre internationalde F 3000 en 1991, Alessandrodébuta en F 1 cette année-là, pourremplacer chez Jordan, lors des troisderniers GP, Michael Schumacher,aussitôt parti chez Benetton. Maisc’est chez Lotus, équipe en déclin,qu’il disputera la majorité de sesGrands Prix (41), n’inscrivant qu’unseul point au Championnat, entre1993 et 1994.Il alla donc chercher son eldorado

aux États-Unis et, avec la meilleureécurie du moment, remporta deuxtitres CART, en 1997 et en 1998. Lesportes de la F 1 s’en trouvèrent denouveau grandes ouvertes, mais leretour chez Williams-Mecachrome,en 1999, se révéla un fiasco. Zanardifut, dit-on, incapable de réadapterson pilotage aux freins carbone quene possèdent pas les Champ Cars. Àmoins que ce ne fut l’ambiance desGrands Prix qui ne convenait plus augentil Alex...« Débarqué » au dernier moment del’équipe Williams-BMW, qui, au côtéde Ralf Schumacher, engagea Jen-son Button pour la saison 2000,Zanardi ne retrouva un volant enCART que cette année, chez MoNunn. Cela n’allait pas très fort, une7e place à Motegi pour meilleurrésultat... jusqu’à hier, où il pouvait ànouveau sentir le parfum de la vic-toire. Mais, de même que KennyBräck, il ne l’aurait certainement nisavourée pleinement, ni fêtée avecexubérance, par respect pour tousceux dont il avait souhaité, hier,honorer la mémoire. Alex Zanardisavait, lui, qu’en allant faire sonmétier il prenait d’énormes risques.

STÉPHANE BARBÉ(avec CESARE MANUCCI)

(Photo Bruno Fablet)

LAUSIZTRING. – La monoplace d’Alessandro Zanardi (en haut à droite) a été percutée de plein fouet par la Reynard-Ford du Canadien Tagliani, lancée à plus de 300 km/h… (Photo AP)