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autour de la butte de Lillemer (Ille-et-Vilaine) · 26 l’archéo-théma no 10 | septembre-octobre 2010 DOSSIER Le Néolithique sur la façade atlantique L’entrée dans son état

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DOSSIER Le Néolithique sur la façade atlantique

L’entrée dans son état final avec la chaussée empierrée. Les tranchées de palissades sécan-tes marquent l’abandon de son utilisation et un dernier état. Cliché Laporte, 2005.

entourée d’une tourbière déjà en place au nord de la butte vers 5 300 av. J.-C., Lillemer ne devait pas être très éloigné d’un estuaire qui débouchait dans une vaste baie ouverte. La géomorphologie précise locale n’est pas encore clairement définie, milieu abrité d’une vaste baie en cours de colmatage, méandre d’estuaire ou vaste lagune à l’abri d’un cordon dunaire ? Document Laporte, 2006.

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L ’enceinte de Lillemer, près de la baie du Mont-Saint-Michel, est l’une des plus anciennes

connue sur le Massif armoricain avec celle de Sandun en Loire-Atlantique, près de l’embouchure de la Loire. D’autres existent aussi dans les plai-nes calcaires de la Normandie, du Poi-

tou et des Charentes, par exemple, mais elles se présentent le plus sou-vent sous la forme très arasée d’une simple ceinture de fossés interrompus. L’essentiel des vestiges recueillis pro-vient principalement, dans ce cas, du comblement des fossés. Beaucoup plus rares, en revanche, sont les ves-

tiges de constructions identifiées à l’intérieur de l’espace ceinturé.

Le site de Lillemer, comme celui du Fort-Harrouard dans l’Eure, dispose cependant de vestiges conservés en élévation, ce qui nous donne accès à une information nettement plus riche et fournie. Il occupe les flancs d’une butte rocheuse dont la silhouette émerge des marais qui forment le fond de la Baie du Mont-Saint-Michel. Ceux-ci corres-pondent à la partie exondée d’un vaste prisme sédimentaire dont la formation a débuté au début de l’Holocène, avec

Occupation du Néolithique moyenautour de la butte de Lillemer (Ille-et-Vilaine)Par Catherine Bizien-Jaglin, Directrice du Ceera, associée UMR 6566-CreAAH, Jean-Noël Guyodo, Maître de Conférence, Uni-

versité de Nantes, UMR 6566-CreAAH et Luc Laporte, Chargé de Recherche au CNRS, UMR 6566-CreAAH

Dans l’ouest de la France, depuis une centaine d’années, l’étude des dolmens et des monuments funéraires correspondants a un peu occulté celle des habitats contemporains, encore mal connus. D’autres dispositifs monumentaux existent pourtant qui font une plus large place aux vestiges de la vie quotidienne de ces populations. Il s’agit notamment de vastes enceintes couvrant plusieurs hectares, voire jusqu’à quelques dizaines d’hectares, dont la fonction et le statut restent largement débattus.

La butte de Lillemer est de nos jours occupée par le village qui s’est d’abord développé sur son pourtour. Sur le flanc nord, d’importantes carrières modernes et contemporaines ont définitivement détruit les niveaux néolithiques. Les terres noires autour de la butte témoignent de la pré-sence de la tourbière ; les terres blanches appelées localement tangue, sont des sédiments d’origine marine ou estuarienne. elles témoignent ici de passages de biefs naturels ou d’arrivées marines couvrant la tourbière postérieurement au Néolithique. Cliché Bizien-Jaglin, 2008.

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DOSSIER Le Néolithique sur la façade atlantique

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organiques, naturels ou façonnés par l’homme, contemporains de cette occupation ancienne, là où ailleurs ils ont le plus souvent disparus. Dans la vallée de l’Eure, le site de bord de berge de Louviers en est un autre exemple, un peu exceptionnel, car la plupart des éléments de comparaison doivent être recherchés de l’autre coté de la Manche, dans l’estuaire du Rhin ou sur les contreforts du Massif alpin, voire en Catalogne.

La découverte d’un vaste gise-ment de surface à Lillemer, en 1995, est le fruit de l’activité du Ceera. Dès les premières études de mobilier et notamment celle du mobilier lithique provenant de ces collections de sur-face, alors effectuée dans le cadre de sa thèse par J.-N. Guyodo, le carac-tère domestique du gisement avait été évoqué. Depuis 2001 et chaque année, de nombreuses campagnes de prospection, de fouilles programmées (CNRS) ou préventives (INRAP), ont ici

B7

Aulne

Saule

Chêne

Souche

traces d'abattage

Bois travaillés

Bois travaillés

Sondage 2couche 4, décapage 4 Niveau de déchets de taille et de bois abattus

(4550 - 4400 av. J.C.)

N

0 1m

Bois abattus. Cliché Laporte, 2003.

en marge du chemin de planche à plus de 200 m de la butte de Lillemer, un foyer posé sur un lattis de branches de saule. Cliché Laporte, 2003.

la remontée des niveaux marins consé-cutive au réchauffement climatique qui succède à la dernière glaciation. Au pied de la butte de Lillemer et sur 30 hectares environ, la tourbe a permis la conservation de nombreux éléments

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Occupation du Néolithique moyen

été intégrées à la demande du Service Régional de l’Archéologie (MCC) au sein d’un programme scientifique plus vaste placé sous la responsabilité de Luc Laporte.

DE NOMbREUSES ACtIVItéS AUx AbORDS DE L’ENCEINtE

Quelques aménagements et de nom-breuses traces d’activités humaines laissées par quelques-uns des premiers agriculteurs et éleveurs de la région, ont été identifiés dans la tourbière, aux abords de la butte de Lillemer. Les plus anciennes sont datées du milieu du Ve millénaire av. notre ère par le radiocar-bonne. Il s’agit d’une activité de bûche-ronnage marquée par des troncs et des branches portant des marques d’abat-tage ou de découpe à l’aide d’outils en pierres, associés à de nombreux copeaux. La détermination de chacun de ces éléments organiques recueillis dans différents sondages, a été réali-sée par Q. Lemouland1 et V. Guitton2 sous la houlette de V. Bernard3. À ce moment-là, l’inondation du marais n’était que périodique. Bien que situé à l’arrière d’un vaste estuaire, sa salinité était suffisamment faible pour permettre le développement de nombreux saules, aulnes et chênes. Fortement présents dans le marais de Dol-de-Bretagne, ces bois sub-fossiles participent également à la construction d’une courbe de réfé-rence dendrochronologique, élaborée par V. Bernard et Y. Le Digoll4 : c’est

1 UMR6566-Creaah2 INRAP,Grand-Ouest,UMR6566-CreAAH3 ChargédeRechercheauCNRS,UMR

6566-CreAAH4 Dendrotech,Rennes

l’une des plus vieilles parmi celles disponibles actuellement pour toute la façade atlantique de l’Europe.

Quelques centaines d’années plus tard, l’aménagement de chemins de planches et de branchages facilitera le franchissement et la circulation de ces zones basses (encadré 7 p. 25). Deux d’entre eux ont été partiellement dégagés, au nord pour l’un et jusqu’à 200 m au sud de la butte pour l’autre. Leurs directions convergent vers la butte. Les vestiges appartenant à la fin du Ve millénaire et au début du IVe mil-lénaire av. notre ère sont effectivement plus abondants et plus diversifiés. Sur le bord de l’un de ces chemins, un foyer a été dégagé reposant sur un treillis de baguettes de saule. De part et d’autre

du chemin, de nombreux éléments de mobilier (céramiques, fragments de meules, industrie lithique) ont été recueillis, le plus souvent en position détritique*. Enfin, dans un sondage limité à environ 300 m au nord de la butte, une céramique retrouvée en place sur un arbre effondré pose la question de dépôts similaires à ceux attestés dans de nombreuses tourbiè-res d’Europe du Nord pour la même période.

LE DISPOSItIF D’ENCEINtE

Encore perceptible par endroits au tra-vers de micro-reliefs, un talus doublé d’un petit fossé externe ceinture le pied de la butte, avec un développe-

À proximité du chemin de branches au nord de la butte, ce bloc de schiste aux flancs travaillés a été retrouvé couché dans la tourbière. À la base de cette dalle, une ra-mure de cerf complète et segmentée a été retrouvée suggérant un dépôt symbolique. On peut émettre l’hypothèse que cette dalle de schiste a été dressée au bord du chemin méritant alors l’appellation très générale de menhir. Cliché Guyodo.

Le talus d’enceinte est conservé sur près d’un mètre d’élévation et est large de six à huit mètres. Cliché Bizien-Jaglin, 2008.

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DOSSIER Le Néolithique sur la façade atlantique

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DOSSIER Le Néolithique sur la façade atlantique

Rempart en pierres sèches conservé sous un apport de terres rubéfiées. Cliché Bizien-Jaglin, 2009.

Le talus d’enceinte et les vestiges de l’entrée dans son état le plus ancien. À droite, la deuxième entrée. Cliché Laporte 2007.

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Occupation du Néolithique moyen

ment linéaire d’environ 1,3 km. Des palissades pourraient constituer les vestiges du plus ancien système de ceinture identifié sur ce site. Le creuse-ment des tranchées correspondantes recoupe les vestiges d’une occupation plus ancienne encore sur laquelle nous reviendrons. Elles sont scellées par la construction de la masse du talus. Dans un premier temps, ce dernier dis-posait d’une façade en pierres sèches, par endroits du moins. On accédait à l’intérieur de l’enceinte par le biais d’un passage dallé et bordé de dalles dres-sées. Les unes d’un côté sont en dolé-rite de couleur verte. Les autres sont en schiste de couleur bleue. L’étude du façonnage et de la provenance des blocs a été réalisée par E. Mens5. Dans un premier état, ce passage présente un plan en V. La disposition des blocs induit un effet de perspective. L’en-semble confère un aspect monumen-tal à ce dispositif mégalithique que l’on retrouve parallèlement dans nombre de monuments funéraires contemporains. Cette observation est d’autant plus sin-gulière que les dolmens à couloir sont très rares sur cette partie du littoral septentrional de la Bretagne.

Plus tard, le plan de ce passage, qui comprend de nombreuses recharges, sera transformé, et deux blocs de dolé-rite encore plus gros seront rajoutés de part et d’autre de l’entrée. Un bucrane* a été retrouvé sur le sol dans l’axe de

5 UMR7055,MaisonR.Ginouvès,Nanterre

l’entrée. Une passerelle en bois assu-rait le franchissement d’un fossé déjà largement comblé par des dépôts tour-beux. Sur la face arrière du talus, une sépulture individuelle en pleine terre a été déposée sur le sol d’une légère dépression. L’étude anthropologique est effectuée par L. Soler6. Le dépôt funéraire associé comprend deux céramiques entières et un broyon. Après plusieurs recharges, le talus fut ensuite recouvert d’une carapace de petites dalles de schiste débordant largement sur le sol de la tourbière, par endroits jusqu’à 50 m au large de la butte. Un dernier état correspond à l’implantation d’une double palissade au sommet du talus, contre laquelle s’appuie la construction de quelques bâtiments sur poteaux de bois.

Bien que pérenne pour de nom-breuses générations, l’aménage-ment d’une limite entre le marais et la butte rocheuse a donc pris des formes architecturales assez variées. De tels aménagements traduisent l’investissement et la coordination d’un effort collectif important, de la part d’une population nombreuse dont on ignore si tous (voire aucun, à certains moments de son histoire) résidaient sur ce lieu de façon perma-nente. Ne serait-ce que la persistance de cette délimitation a pu traduire une dimension symbolique, parmi

6 ServiceArchéologiqueDépartementaldelaCharente-Maritime

d’autres éléments récurrents sur ce site. La découverte d’une sépulture individuelle en pleine terre élargit le spectre des pratiques funéraires de populations qui, à peu près au même moment, construisaient de nombreux dolmens. Mais de telles dimensions symboliques, funéraires ou cultuel-les ne sont certainement pas exclu-sives d’autres fonctions, distinctes, attribuées successivement à chacun des aménagements que nous venons de citer ; d’autres types d’aménage-ments nous renvoient également à une sphère plus domestique et plus proche de la vie quotidienne.

UN VILLAgE SUR LES FLANCS DE LA bUttE ?

Tout le flanc nord de la butte qui sup-porte le village actuel de Lillemer a été largement entamé par les travaux de carriers modernes ; malgré tout, son sommet n’a livré que relativement peu de structures datant du Néolithi-que. Le flanc sud de cette butte a pu être exploré par les archéologues de façon plus extensive. Au moins trois niveaux de terrasses étagées, d’une dizaine de mètres de large chacune, ont été aménagés dès le Néolithique moyen sur ses flancs. Chaque terrasse est délimitée en amont par un front de taille dont l’étude des traces d’extrac-

?

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phase finale : architecture en bois Entrée monumentale: Architecture en pierre Un premier dispositf d'enceinte: Architecture en bois

Évolution du système d’enceinte au sud de la butte.

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DOSSIER Le Néolithique sur la façade atlantique

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tion a été réalisée par E. Mens et G. Kervidel7. La roche a été nivelée et des remblais apportés en aval. Des lam-beaux de sol en place y sont conser-vés. Plusieurs indices suggèrent que ces terrasses ont pu supporter quel-ques constructions qui ne comprenai-ent pas toutefois de poteaux porteurs. L’étude des foyers et des structures de

7 UMR6566-CreAAH

combustion a été réalisée par A. Luc-quin8 et R. March9 (encadré 8 p. 35). Cette même équipe livre des résultats sur les résidus alimentaires encore pré-sents dans les céramiques ; résultats qu’il sera passionnant de confronter à l’étude en cours de la faune, effectuée

8 Post-doctorant,UMR6566–Creaah,Rennes9 ChargédeRechercheauCNRS,UMR

6566-CreAAH

par L. Bedaut10 et A. Tresset11. L’étude des graines et autres restes carpolo-giques, réalisée par M.-F. Dietch-Sel-lami12 sur des échantillons provenant du marais attenant, n’a guère livré de produits de l’agriculture.

Les modes de fabrication des céra-miques sont étudiés par G. Hamon13 : les formes de nombreuses poteries comme

10 Doctorante,UniversitédeParisI11 ChargéedeRechercheauCNRS,MNHN,

UMR720912 INRAP13 UMR6566-Creaah

Deux terrasses successives aménagées à partir de front de taille. La terrasse supé-rieure, entièrement fouillée, montre le front de taille. La terrasse inférieure (au premier plan) montre encore des lambeaux de sol et des structures en place dont un important foyer. Cliché Bizien-Jaglin, 2008.

La sépulture d’un individu adulte a été retrouvée sur le talus d’enceinte. Cliché Laporte, 2006.

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Occupation du Néolithique moyen

la présence de dégraissant osseux ou certaines techniques du décors par impression d’apex* de coquillages s’inscrivent dans une tradition armo-ricaine. D’autres éléments toutefois marquent des influences plus orienta-les, vers le Chasséen septentrional de Normandie ou du Bassin parisien.

L’assemblage lithique étudié sous la houlette de J. N. Guyodo rend compte de l’existence d’un vaste réseau de cir-culation de biens et de personnes, à l’échelle régionale. Aux côtés de matiè-res premières locales (silex de la Baie

du Mont-Saint-Michel, grès, quartzite) qui arrivent sous forme brute, il faut souligner la diversité des matériaux exogènes, parfois de provenance loin-taine ; silex bathonien de la plaine de Caen, opale résinite du Saumurois, etc. Bien qu’importées depuis les marges du massif Armoricain, elles sont néan-moins débitées sur le site selon les mêmes modalités que les roches loca-les. La production de lamelles par pres-

sion est une originalité que l’on retrouve au même moment sur d’autres, mais rares, sites de l’ouest de la France (encadré 10 p. 37).

Localement, une toute première phase d’occupation a été reconnue sur la butte, notamment fossilisée sous la construction du talus. Elle reste difficile à corréler avec les vestiges matériels que nous venons de décrire, mais elle appartient très probablement au Néoli-

Seul un plan partiel de la construction en brique de terre crue a été dégagé à ce jour : à titre provisoire, il semble dessiner le plan d’un bâtiment de 5 m de large pour peut-être jusqu’à 9 m de long. Le socle ro-cheux avait préalablement été nivelé. Cliché Bizien-Jaglin, 2009.

Briques en terre crues retrouvées dans l’effondrement du mur après un incendie. Cliché Laporte, 2008.

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DOSSIER Le Néolithique sur la façade atlantique

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GLOSSAIRe• Détritique. Qui est composé de frag-ments de roche.• Bucrane. Représentation du crâne d’un bovin (bœuf ou taureau).• Apex (de coquillage). Du latin apex (“pointe”). Sommet de la coquille des mollusques.

POUR eN SAVOIR PLUS• Bizien-Jaglin Catherine, 1995 – Chro-nique de prospection 1995 dans le nord de la Haute-Bretagne, Les Dossiers du Ce.R.A.A., n°24, pp. 97-98.• Guyodo Jean-Noël, avec la collabora-tion de Noslier Alain, Madioux Pascal, Bizien-Jaglin Catherine, 2000 – L’as-semblage lithique du site du néolithique moyen II de Lillemer (Ille-et-Vilaine), Les Dossiers du Ce.R.A.A., n°28, pp. 75-90.• Guyodo Jean-Noël, avec la collabora-tion de Noslier Alain, Madioux Pascal, Bizien-Jaglin Catherine, 2001 – L’assem-blage lithique de Lillemer (Ille-et-Vi-laine), Bulletin de la Société Préhistorique Française, T. 98 n°4, pp. 647-662. • Laporte Luc, Bernard Vincent, Bizien-Jaglin Catherine, Blanchet Stéphane, Dietsch-Sellami Marie-France, Guitton Véronique, Guyodo Jean-Noël, Hamon Gwénaëlle, Madioux Pascal, Naar Samuel, Nicollin Florence, Noslier Alain, Oberlin Christine, Laurent Quesnel, 2003 – Aménagements du néolithique moyen dans le marais de Dol, au pied de la butte de Lillemer (Ille-et-Vilaine) : Les apports d’un programme de prospec-tion thématique. Revue Archéologique de l’Ouest, n°20, pp. 127-153.• Laporte Luc, Guyodo Jean-Noël, Bizien-Jaglin Catherine et Bernard Vincent, Blanchet Stéphane, Dietsch-Sellami Marie-France, Guitton Véro-nique, Hamon Anne-Louise, Hamon Gwénaëlle, Lemouland Quentin, Luquin Alexandre, Noslier Alain, Laurent Quesnel, à paraître – Nouvelles découvertes en milieu humide autour de l’habitat ceinturé du Néolithique moyen à Lillemer (Ille-et-Vilaine, France), Actes du colloque interrégional sur le Néolithi-que, Neuchâtel, 2005.

thique moyen. Il s’agit de constructions aux murs de briques en terre crue, dont la découverte est tout à fait exception-nelle au nord de la Loire. Des segments de parois sont conservés jusqu’à 30 cm de haut, associés à des niveaux de sol en terre battue. La largeur des murs peut atteindre 1,40 m. Le plan partiel d’un bâtiment a été dégagé. Il semble avoir été détruit par un incendie ; bri-ques cuites et poutres de bois calci-nées en témoignent. Pour cette même période de tels vestiges n’étaient guère connus en France que sur les rives de la Méditerranée, et dès le Néolithique ancien à Marseille par exemple, ou dans la vallée de la Garonne (enca-dré 9 p. 36).

Bien que l’étude du site soit loin d’être achevée, toutes ces données

0 10 cm

Lillemer 2002

Bouteilles et jarres

Bols et écuelles

LILLEMER

0 100Km

N

seront prochainement présentées au public dans un espace d’interprétation abrité par la mairie de Lillemer. Prévu pour être évolutif, il permettra de tenir le public au courant des avancées de la recherche14.

14 LesfouillesprogramméesontbénéficiédesubventionsattribuéesparleMinistèredelaCultureetdelaCommunicationetparleConseilGénérald’Ille-et-Vilaine.Cestravauxparticipentauxprogrammesderecherchedéveloppésparl’UMR6566-CreAAH.Ilsn’auraientpaspuêtreréaliséssansladili-gencedespropriétairesetdesexploitantsdesparcellesconcernées,avecunaccueiltoujourschaleureuxetbienveillantdelapartdelamairiedeLillemer.

On rencontre en majorité des silex bathoniens originaires de la plaine de Caen, mais aussi une industrie sur lamelle en opale résinite (région de Tours/Saumur probable), de la dolérite de Plussulien (22) utilisée pour les lames de haches polies, de la fibrolite (nord Finistère probable). D’autres roches plus locales ont également été plus rarement utilisées tels des galets de silex provenant du littoral, des grès lustrés de la région de Saint-Helen (22) ou encore un granit de Bonnemain et des grès roses ou violacés provenant d’erquy ou Fréhel (22) pour les meules.

Le vaisselier regroupe des récipients aux formes très variées tels des bouteilles, jarres, pots, écuelles, bols, gobelets, micro-vases et quelques éléments de coupes à socle. Document Laporte, 2005.