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Les acquis du débat Author(s): André Martinet Source: La Linguistique, Vol. 24, Fasc. 1, Autour du verbe (1988), pp. 135-138 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30248569 . Accessed: 14/06/2014 04:23 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.73.177 on Sat, 14 Jun 2014 04:23:45 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Autour du verbe || Les acquis du débat

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Page 1: Autour du verbe || Les acquis du débat

Les acquis du débatAuthor(s): André MartinetSource: La Linguistique, Vol. 24, Fasc. 1, Autour du verbe (1988), pp. 135-138Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30248569 .

Accessed: 14/06/2014 04:23

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

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LES ACQUIS DU DIBAT

Andr6 MARTINET

Fernand Bentolila, organisateur de ce debat et A qui doit revenir le privilege de se prononcer en dernier, m'a demand6 de donner ici mon avis sur les acquis de l'op'ration. Ii est vrai, comme il le rel6ve, que nous n'aboutissons t une solution d6finitive d'aucun des problkmes evoques. Mais pouvait-il en etre autrement, meme si la participation aux d6bats avait 6t6 limitee des fonc- tionnalistes d6clar6s, ce qui aurait d'ailleurs et6 fort regrettable ? Cela, bien sur, ne veut pas dire que, de la confrontation des points de vue, ne se soient degages de precieux enseignements.

Il n'est pas certain que le choix, comme premier thbme, de la v forme nue > ait ete parfaitement indique pour une recherche collective explicitement centree sur le verbe. La forme nue peut en effet se retrouver dans des conditions analogues, chez le subs- tantif, par exemple. << Forme nue >>, d'autre part, a l'inconvenient de mettre exclusivement l'accent sur le signifiant, ce qui peut &tre genant dans le cadre d'une linguistique d'inspiration saussurienne oh la langue commence avec le signe, signifiant et signifid. Selon les

gens et les instants, I'attention s'est port6e sur I'identification de cette forme nue, sur l'opportunite de lui conf6rer le statut d'une unite op6rationnelle, et sur l'existence ou l'inexistence d'une moda- lite verbale se manifestant comme zero du fait de la < nudite > du

signifiant du verbe. Cette modalite de signifiant zero a td6 iden- tifide comme un < present >, parfois un aoriste. On n'a fait qu'en- trevoir, en passant, la possibilite de son identification comme un mode, 1' << indicatif >. La forme zero du singulier du syntagme nominal n'a pas fait l'objet d'un ddbat.

La Linpgisiqu, vol. 24, fasc. i/1988

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En ce qui me concerne, les discussions relatives A l'imperatif m'ont permis d'aller au-deld de ce que m'avait sugg&rd le theme, dans un premier temps, et de mieux voir que l'existence de formes distinctes pour l'imp6ratif, resulte de l'Fconomie que permet la presence dans un meme lieu du parleur et de l'interlocuteur. Ces considerations, qui ressortissent a ce qu'on designe diversement comme l'Cnonciation ou la pragmatique, ne sauraient faire renoncer h integrer l'imp6ratif dans le cadre des modalitis verbales de la langue. C'est ce qu'on serait d'autant plus tent6 de faire que l'identification formelle de cette modalit6 d'imperatif est souvent delicate lorsqu'elle parait amalgamee avec la forme nue du mondme verbal et qu'elle se manifeste ndgativement du fait de l'absence des pronoms sujets. Sur ce point, aurait merite d'dtre signalee la situation, en danois, oh l'imperatif, qui < se forme >

d partir de l'infinitif par l1imination de la disinence -e de celui-ci

(tage < prendre >> > tag < prends! >>) peut aboutir h des formes

phonologiquement non prevues qui peuvent embarrasser le locuteur natif : hamre < marteler >> > hamr < martelle! >>.

Deux participants ont relev6 expressement que l'imperatif, comme distinct de l'injonctif proprement dit (ce qu'est, en fran-

gais, qu'il aille, par exemple), reclame pour apparaitre l'existence d'au moins une personne 'a qui l'on s'adresse. La chose est si

singulibre qu'elle inciterait h s6parer l'imperatif des autres modes, si l'on ne se rappelait a temps combien hospitalibre est cette classe des modes o0 l'on ne craint pas (Grammaire fonctionnelle, a 3. I5) de faire figurer aussi bien la modalit6 de subjonctif que les affixes parasynthematiques de l'infinitif et des participes. Si nous les rangeons ensemble, comme on le fait dans les gram- maires scolaires traditionnelles, c'est qu'elles sont mutuellement exclusives et coexistent, les unes et les autres, avec l'aspect parfait et les voix. Lorsqu'on se contente d'un tel minimum de convergence pour 6tablir la classe des modes, on ne devrait pas prater trop d'importance a la non-coexistence, en frangais, de l'imperatif et des temps et, surtout, aux lacunes dans l'utilisation des personnes dans le syntagme imperatif.

Le troisibme theme visait, par la neutralite de son 6nonce << affixe ou modalit6 a, h ne pas ecarter dbs l'abord les participants non habitues h l'emploi de termes aussi marqu6s que < synthtme o ou << parasynthbme a>. IL est vrai que, pour certain de ces derniers, la valeur donnie h<< modalit a>> necessitait une glose, mais l'expos6

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du theme 'tait, A cet egard, suffisamment explicite. En fait, les discussions prolongdes relatives au point d'incidence et ta la fagon de l'identifier tendaient, dans l'esprit des participants, "a priciser les conditions de la distinction entre syntagmes et synthemes. Un d'entre eux a meme 6t6 jusqu'd envisager que tout segment de

l'6nonce identifiable comme point d'incidence d'une d6termina- tion (tout ce qui n'est pas l'adverbe dans bizarremnent, il a cri6, par exemple) 'tait, ipso facto, un syntheme.

Un enseignement du debat a 6te que la notion meme de syn- theme suscitait, chez certains fonctionnalistes declares, des r6ti- cences et quelques hesitations. A refait surface la vision tradition- nelle des formes flkchies comme prdexistant A la parole dans toutes les unites de la classe en cause, alors que la ddrivation, egalement preexistante, n'affecte que certains membres de cette classe.

Cette conception est entretenue par les manuels qui offrent les paradigmes de flexion in extenso, alors qu'ils ne mentionnent m6me pas la ddrivation comme procedd synchronique d'dlargisse- ment du vocabulaire. Elle fait peu de cas du fonctionnement reel de la langue oh aussi bien la flexion que la derivation sont, dans leur dynamique, soumises aux lois de l'analogie. A partir du moment oh l'enfant ne parle plus en repitant des segments tout faits, mais en associant librement les unites signifiantes de sa langue, il va etre susceptible de combiner, de sa propre autorite, sur les modules qu'il a disormais en tete, aussi bien une disinence flexionnelle avec un theme qu'un suffixe avec une base lexicale. Les el1ments flexionnels, moins nombreux et d'un plus haut degr6 d'abstraction seront employds avec une grande frdquence. Les affixes de derivation, nettement plus spdcifiques, seront d'un emploi actif d'autant plus rare qu'ils contribuent ta former des synthbmes, c'est-4-dire les designations d'objets, de personnes ou de concepts uniques et bien ddlimitis. Pour ceux-ci l'enfant, echaude par quelques tentatives mal reques, disons, l'ordurier pour l'6boueur, attendra que les adultes lui offrent une designation toute prgte.

Le conditionnement, dans les faits, de l'opposition entre syn- tagme et syntheme est que le syntagme se reffre a des situations oh chaque notion garde son independance et sa valeur de disi- gnation d'un trait particulier de l'experience. Le synthbme, au contraire, designant une seule et meme entit6, ne peut que gagner A faire oublier sa complexit6 premiere, sauf, peut-etre, le degrd

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de motivation qu'elle comporte, motivation qui peut faciliter son

apprentissage et son rangement dans la memoire. Ii n'est pas certain que la notion assez neuve de parasynthbme

ait requ, au cours de la discussion toute l'attention qu'elle merite. Il est vrai qu'elle ne peut s'ancrer dans les esprits que si sont bien

compris et identifies les deux critbres d'identification des syn- themes.

Esperons que la presente version des debats o0i ont it6 61aguees maintes repetitions et oih certains participants ont pris soin de donner A leurs interventions des redactions plus r6flechies, per- mettra A un large public d'acceder A une certaine compr6hension des structures langagibres.

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