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AUTRES OUVRAGES DANS LA MÊME COLLECTION

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AUTRES OUVRAGES DANS LA MÊME COLLECTION

Jean Brun : Développez votre aptitude au bonheur. Jean Chartier (Docteur en psychologie) : Vous et les autres... Cours pra-

tique de caractérologie. Bruno Comby : Comment vous libérer du tabac. Bruno Comby : Stress-control. Comment vous libérer du stress par les

méthodes naturelles. Patrick Estrade : Vivre sa vie : comprendre, décider et agir. Patrick Estrade : Réussissez votre personnalité. Patrick Estrade : Vivre mieux : mode d'emploi. Patrick Estrade : Le Couple retrouvé. Patrick Estrade : L'Amour retrouvé. Pierre Fluchaire : La Révolution du rêve. Pierre Fluchaire : Renaître au sommeil naturel. Céline Gérent : Le Guide du savoir-vivre sexuel. Patrice Julien : Cette vie, dont vous êtes le héros... Thierry Loussouarn : Transformez votre vie par la sophrologie. Dr Robert Maurin : Objectif mieux-être ! Dr André Passebecq : Votre santé par la diététique et l'alimentation saine. Dr André Passebecq : L'Enfant. Guide pratique. Dr André Passebecq : Psychothérapie par les méthodes naturelles. Dr André Passebecq : Qui ? Découvrez qui vous êtes et qui sont réelle-

ment les autres par la grapho-morphopsychologie. Marcel Rouet : Relaxation psychosomatique. Marcel Rouet : Maigrir et vaincre la cellulite par la détente nerveuse. Marcel Rouet : Chassez la fatigue en retrouvant la forme ! Marcel Rouet : La Maîtrise de votre subconscient. Alain Saury : Régénération par le jeûne. Yvonne Sendowski : Gymnastique douce. Jean Spinetta : Le Visage, reflet de l'âme. Pr Robert Tocquet : La Biodynamique du cerveau. Pr Robert Tocquet : Votre mémoire : comment l'acquérir, la dévelop-

per et la conserver.

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L ' a m o u r retrouvé

collection " Psycho - soma" (le c o r p s et l 'esprit)

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DU MÊME AUTEUR

La Mésentente dans le couple et son remède (Éditions du G.T.P.P., Nice).

Vivre sa vie : comprendre, décider et agir. Manuel pratique de psychologie au quotidien (Éditions Dangles, 1988).

Réussissez votre personnalité. Guide pratique pour mieux vivre avec soi-même et les autres (Éditions Dangles, 1988).

Vivre mieux : mode d'emploi. Comment surmonter crises et déprime et décider d'être heureux (Éditions Dangles, 1989).

Le Couple retrouvé. Les mésententes conjugales et leurs remèdes (Éditions Dangles, 1990).

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Patrick ESTRADE (Psychologue, psychothérapeute)

L ' a m o u r

r e t r o u v é

Itinéraires pour une nouvelle vie sentimentale

Dessins de Huguette Estrade

Editions Dangles 18, rue Lavoisier

45800 SAINT-JEAN-DE-BRAYE

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L'AUTEUR :

Professeur de français en République fédérale d'Allemagne, traducteur et inter- prète auprès du Gouvernement militaire français de Berlin pendant près de 10 ans, Patrick G. Estrade (né en 1948) a étudié la psychologie à l'Institut de psychologie analy- tique de Berlin où il poursuivit son analyse didactique auprès du professeur Josef Ratt- ner avec qui il a travaillé durant 3 années comme cothérapeute. Il a publié de nom- breux articles de psychologie, tant en Alle- magne qu'en France.

En 1983, il fonde à Nice le Groupe de travail pour la psycho- logie des profondeurs (G.T.P.P.), la dynamique de groupe et la thérapie de groupe. Cette association, ayant pour objet d'encou- rager la recherche dans les domaines de la psychologie analytique et de la culture, publie une revue, des articles et organise des conférences régulières.

Patrick Estrade exerce à Nice depuis 1979 en tant que psycho- thérapeute en cabinet libéral ; il anime également des groupes de réflexion et des stages.

En outre, son activité d'écrivain le conduit à participer à de nombreuses émissions de radio et de télévision, ainsi qu'à donner dans toute la France des conférences sur tous les grands thèmes de la relation à autrui et de la communication. Ces conférences, qui sont très appréciées du fait du langage simple et accessible à tous qui ont fait le succès de ses ouvrages, attirent un public sans cesse grandissant.

ISSN : 0397-4294 ISBN : 2-7033-0366-1

© Éditions Dangles, St-Jean-de-Braye (France) - 1991 Tous droits de traduction, de reproduction

et d'adaptation réservés pour tous pays.

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« La vie, voyez-vous, c'est de changer de café... Pour, dans un autre, après tout, retrouver les mêmes rêves. Et la vie se poursuit de miroirs en miroirs. »

Louis Aragon.

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Préface

De simplissimes questions...

Au cours d'un dîner auquel participaient des médecins de toutes obédiences, l 'un de mes amis, neurologue, faisait le rap- prochement entre le psychologue et psychothérapeute que je suis et un autre de nos amis, chirurgien, également présent ce jour- là. « En fait, disait-il, tous deux vous intervenez là où la méde- cine se montre impuissante à trouver la molécule appropriée. » Je fus d'abord surpris d 'un tel rapprochement, puis je me sou- vins qu'avant lui, Carl Gustav Jung déjà avait surnommé les psychothérapeutes des « chirurgiens de l'âme ».

Je laisse à mon ami chirurgien le soin de répondre à la partie de la question qui le concerne ; pour ce qui est de la psycho- thérapie, en revanche, je voudrais apporter les précisions sui- vantes.

Le champ d'action et d'intervention d'un psychothérapeute est vaste ; il va du simple « mal-vivre » (se traduisant pour l'essentiel par des sentiments de piétinement, d'échec, de décep- tion), jusqu'à la véritable « difficulté de survivre » (angoisses, dépression, affections psychosomatiques profondes...).

Mais, en deçà des champs d'action les plus significatifs et les plus criants dans lesquels interviennent les psychothérapeu- tes, existe une multitude d'autres situations vitales dont on ne sait si elles sont du recours de la médecine, de celui de la psycho- logie ou de celui du simple « bon sens ». Ainsi, il advient que

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le médecin, aussi bien que le psychothérapeute, soient conduits dans leur pratique quotidienne à aborder des questions très simples, très « terre à terre », des questions à la limite de la com- pétence d'un spécialiste ; j'entends par là des questions qui inter- pellent davantage l' homme ou la femme qu'ils sont, que le spé- cialiste qu'ils représentent. S'il est vrai que de telles questions sont abordées verbalement en cabinet, elles ne donnent cepen- dant pas lieu, du fait de leur simplicité et de leur banalité évi- dentes, à une « conceptualisation » plus organisée, de sorte qu'il n 'en apparaît nulle trace dans aucune nosologie (1). Un tel état de chose conduit à passer sous silence tout un ensemble de pro- blèmes, simples certes, mais relevant pourtant de l'hygiène psychique et de la santé mentale.

La médecine, nous l'avons dit, effleure ces questions mais, respectabilité médicale oblige, ne s'en « saisit » pas. La psycho- logie, recherchant un passeport de « respectabilité » en tant que « science reconnue » ne saurait se risquer à de telles approches par crainte de se voir minimisée et décriée.

Mais au-delà de ces raisons en existe une autre, plus tri- viale certes, mais aussi plus compréhensible : s'il apparaît si dif- ficile d'intégrer ces questions dans l'une ou l'autre science, c'est parce que en fait, elles nous concernent tous, à tous les degrés de la société, au si profond de nous-même qu'aucun d'entre nous ne veut finalement se sentir concerné. L'esprit veut resplendir mais il condescend difficilement à s'occuper de tâches trop maté- rielles, trop concrètes, trop « humaines ». Et pourtant, on peut posséder des points de vue objectivement brillants sur les diffé- rents domaines vitaux mais être subjectivement incapable de faire face aux tâches de la vie les plus élémentaires. Ainsi, l 'on peut être un(e) brillant(e) gynécologue et ne pas être capable de maîtriser son propre orgasme, un excellent avocat et se com- porter comme un « hors-la-loi » avec son épouse, une excel- lente publiciste mais ne pas être capable de trouver un compa- gnon pour soi-même, une institutrice irréprochable et manquer

1. Une nosologie est une classification des maladies.

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totalement de pédagogie à l'égard de ses propres enfants... Car les problèmes de sexualité, de respect, de sociabilité ou d'intui- tion pédagogique relèvent non de savoirs scientifiques, d'étu- des supérieures, d'érudition ou de diplômes mais d'une simple (trop simple ?) sagesse de vie.

Sénèque (2), bien avant moi, avait compris l'importance des questions humaines qui en semblent dénuées. Ses Lettres à Lucilius en sont un parfait exemple.

Le but de ma petite « encyclopédie du bon sens psycho- logique » est de combler ces vides laissés (délaissés ?) tant par la médecine que par la psychologie. En organisant et en conceptualisant ces questions qui, de prime abord apparaissent si stupidement simples, j'espère pouvoir donner au lecteur et à la lectrice les premiers éléments de réponse appropriés leur permettant de prendre la mesure de l'entreprise humaine que constitue leur vie.

2. Né vers 59 avant Jésus-Christ, mort vers l'an 39 de notre ère.

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P r é a m b u l e

1. Une nécessaire justification

En 1987, lorsque je commençai à réfléchir sur un ouvrage qui aurait pour thème le couple (1), j 'avais pensé qu'il pourrait faire l'objet de deux parties, la première traitant des problèmes ayant trait au couple, la seconde de ceux rencontrés lorsqu'il s'agit, non plus de trouver remède, mais de refaire sa vie. Cepen- dant, au fur et à mesure que cet ouvrage s'étayait, je m'aper- çus de deux choses. D'une part, les problématiques s'avéraient trop divergentes pour figurer au sein d'un seul et même ouvrage. D'autre part, c'eût été faire preuve d'une certaine malhonnê- teté intellectuelle que de faire miroiter à un même lecteur les possibles remèdes apportés à la vie de couple, puis d'aborder tout de go — quelques dizaines de pages plus loin — les pro- blèmes afférent à la rupture et à la nouvelle rencontre amou- reuse.

Je décidai donc d'en faire deux ouvrages bien distincts.

Cette décision me permettait de préserver la sensibilité de ceux ne souffrant pas, pour des raisons morales, éthiques ou religieuses d'envisager une autre vie sentimentale, en même temps qu'elle m'évitait de tromper le lecteur en masquant à sa vue les réalités certes amères à entendre, mais pourtant bien pré- sentes lorsqu'un couple a dépassé les limites du supportable et qu'une rupture devient inéluctable.

1. Paru en 1990, sous le titre : Le Couple retrouvé (Éditions Dangles).

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Toutefois, en dehors de toutes considérations morales, éthi- ques ou religieuses, il serait naïf de penser que tous les couples « problématisés » puissent être « repêchés ». Il advient parfois que les limites de l'irrespect et de la décence aient été si drama- tiquement dépassées que notre persistance conjugale en vienne à faire figure, non plus de courage de vie, de sagesse ou d'abné- gation, mais de masochisme, d'aberration et de folie.

Il faut parfois aussi savoir se résoudre à finir une histoire qui a par trop mal tourné afin d'en entamer une autre dans les meilleures conditions possibles. L'existence d'un second ouvrage répondant aux questions soulevées par ce nouvel état de choses m'a donc paru justifiée.

2. L a ques t ion du veuvage

Le lecteur et la lectrice ne trouveront pas dans cet ouvrage un chapitre traitant spécifiquement de la question du veuvage. Cela ne constitue ni un oubli, ni une négligence, ni bien sûr un désintérêt de ma part. Il s'agit au contraire d'un acte d'égard et de respect de leur personne. Je m'en explique :

Le décès d'un compagnon ou d'une compagne plonge la personne restante dans un état affectif spécifique que nous appe- lons « deuil ». Le deuil s'articule sur un double « travail » : le premier consiste en l' « évacuation » progressive de la dou- leur émotionnelle résultant de la perte de l'être cher ; le second dans la « réconciliation » de la « sensibilité » de la personne en deuil avec le monde extérieur et avec elle-même.

Certains (généralement ceux appartenant à une catégorie d'âge plutôt jeune) parviennent assez rapidement à mener à bien ce double travail. Toutefois, il faut convenir que la plupart des personnes confrontées à cette douloureuse situation tendent à. prolonger le premier et à négliger le second. En fait, tant qu'une personne en deuil n'a pas dépassé le stade du premier « travail », elle ne peut se rendre accessible à une autre histoire d'elle-même

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ni, bien entendu, à une autre histoire d'amour. Il aurait par conséquent été, à mon sens, mal à propos — voire irrespec- tueux — de faire l'amalgame entre ceux encore tout chavirés par la douleur et le chagrin émanant de la perte de l'être aimé, et ceux dont le cœur a déjà commencé à cicatriser. Il appar- tient non à l'auteur mais à la personne touchée par le deuil de déterminer où elle en est dans sa sensibilité et à quelle histoire d'elle-même elle se sent aujourd'hui capable de s'identifier.

Mon souhait est que la lectrice ou le lecteur concerné qui viendrait, par un hasard « implicitement choisi », vers ce livre, trouve en ces pages matière à une plus rapide réconciliation avec lui-même et avec la vie.

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CHAPITRE I

La prise de conscience

1. Introduction

Affolant de courage...

S'il fut une époque où l ' on pouvai t t raverser sa vie d ' u n seul trait , ce n 'est plus au jou rd ' hu i le cas. Le changement s'ins- crit dans le cadre d ' u n e moderni té massmédia t ique et hyper- consommante .

Changer de métier, ce n 'es t pas forcément facile, mais l ' on y parvient la p lupar t du temps sans t rop de difficultés, les contingences existentielles (traduisez l 'argent) nous fournissant , si nécessaire, les ailes qui nous manquen t . Nos réor ientat ions professionnelles nous conduisent souvent à changer ou à modi- fier notre milieu social, soit que nous soyons contra in t de chan- ger de région géographique, soit que not re réor ienta t ion professionnelle nous conduise tout s implement à ne plus fré- quenter, par la force des choses (changement de bureaux, modi- f ication des horaires , etc.), les mêmes personnes. Mais il en va bien dif féremment lorsqu' i l s 'agit de not re vie sentimentale. La plupart du temps, si nous éprouvons tant de difficultés à repartir dans une « autre vie », c 'est que nous persistons à utiliser des schémas compor tementaux anciens pour une situation nouvelle.

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Plus de la moitié des 30/40 ans en sont (au moins) à leur deuxième histoire d'amour. Dans une société toute tournée vers les délices de la consommation et du changement, cela pourrait apparaître banal et pourtant... Pourtant, nombreux sont ceux et celles d'entre nous qui ne parviennent pas à s'en relever. Et en effet, lorsque l'orgueil a été bafoué, l'âme meurtrie, le cœur « laminé », combien d'incertitudes, de souffrances et d'échecs faudra-t-il surmonter avant que de se resituer, se restructurer, se reconstruire ?

Refaire sa vie n'est pas une sinécure. Tous ceux qui ont vécu la séparation le savent. Certains (rares) ont tôt fait de reprendre pied et de repartir dans la vie. Mais il faut bien avouer que la plupart d'entre nous cafouillent lamentablement pendant de longs mois, voire de longues années, avant de pouvoir retrou- ver leurs marques et de repartir dans une vie amoureuse.

Refaire sa vie n'est pas une sinécure avons-nous dit, mais ce n'est pas non plus le bout du monde.

Nos cafouillages proviennent la plupart du temps d'une méconnaissance plus ou moins consciente de certains facteurs clés contribuant à verrouiller notre courage vital. Comment réa- gir, comment resituer l'autre et soi-même ? Comment éviter les enlisements, les erreurs ? Comment réenvisager une vie de par- tage et d'amour, sur quelles bases ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles nous allons nous efforcer de répon- dre.

2. Les limites de la normalité conjugale

La prise de conscience ne suffit pas.

a) Les c inq piliers d u s a d o m a s o c h i s m e

Pa rmi les valeurs erronées engendrées par notre type de société et par notre culture ambiante, le sadomasochisme figure cer ta inement en très bonne place. Celui-ci se retrouve à tous

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les niveaux de la vie humaine, c'est-à-dire pour l'essentiel dans les secteurs professionnel, social et amoureux. Cependant, s'il est vrai que les deux premiers domaines jouissent généralement de garde-fous propres à verrouiller nos excès les plus criants, il est loin d'en aller de même pour le troisième. En effet, la nature purement intime et « privée » du foyer conjugal et familial per- met à tout un chacun de vivre les excès les plus irraisonnables, les plus aberrants et, souvent, les plus inacceptables, sans que rien ne transpire sur le monde extérieur. On peut (hélas !), chez soi, tout à sa guise, « irrespecter », rejeter, insulter, menacer, voire frapper en toute impunité.

Qu'est-ce donc qui conduit certains d'entre nous à produire ce genre de relations conjugales que tout être humain qui se res- pecte repousserait d'emblée ? Cela tient, à notre avis, à au moins cinq raisons.

— La première est bien sûr en rapport direct avec le milieu et l ' familiale dans lesquels ils ont vécu dans leur enfance. Si leurs parents ont eux-mêmes montré, dans le type d'éducation qu'ils leur ont donné, la « viabilité » d'un tel modèle sadomasochiste, ils l'auront intégré en eux à leur insu et ten- dront plus tard, une fois adulte, à le reproduire dans leur com- portement lorsqu'ils ne parviendront pas à résoudre leurs dif- ficultés relationnelles.

— La deuxième raison tient à l'imperceptible dégradation des valeurs morales qui sous-tendent leur « conjugalité ». En effet, la routine de la vie quotidienne (et l'ennui pesant qu'elle engendre) se traduit par toutes sortes de frustrations et d'affects qu'ils sont contraints d'abréagir (1) en un endroit ou en un autre. Comme il est peu possible de les abréagir dans le domaine pro- fessionnel (sécurité de l'emploi oblige !) et dans le domaine social (leurs amis auraient tôt fait de prendre leurs distances vis-à-vis

1. Abréagir : manifester une décharge émotionnelle par laquelle on se libère d'un événement qui nous traumatise.

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d'eux), ils se voient contraints de le faire dans la relation conjugale. Mais ces abréactions ne sont pas gratuites. Imper- ceptiblement, progressivement, elles rongent et entament l'am- biance du couple jusqu'à en dénaturer la raison d'être de leur « appartenance conjugale ». En d'autres termes, il ne s'agit plus de vivre ensemble car on s'aime et qu'on se veut du bien, mais de rechercher ce qui va pouvoir salir, dégrader, avilir l'autre.

— La troisième raison est liée au milieu social dans lequel ils évoluent. Ainsi que nous l'avons déjà expliqué dans un pré- cédent ouvrage (2), un milieu peut être pour chacun de nous porteur soit de progression, soit de régression. De même peut- il être porteur de valeurs évolutives à une certaine époque de notre vie et apparaître très régressif, voire polluant, à une autre. Si un couple évolue dans un milieu qui ne respecte rien ni per-

2. Le Couple retrouvé (Éditions Dangles, 1990).

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sonne, il est plus que probable qu'il tendra à se comporter de façon analogue à l'intérieur de la relation conjugale.

— La quatrième raison réside dans un contexte d'ensem- ble d ' négatives. Expliquons-nous : toute vie, pour être vécue de façon épanouissante, doit comporter une dyna- mique d'évolution et de succès. Cependant, il advient parfois, hélas ! qu'il n'en aille pas ainsi et que la vie conduise un indi- vidu à égréner échec après échec. Une telle dynamique d'expé- riences négatives, lorsqu'elle perdure trop longtemps, entraîne généralement un effondrement progressif de la clé de voûte de respect et de solidarité qui, en temps ordinaire, sous-tend le cou- ple. Les garde-fous habituels n'étant plus donnés, l'individu tend alors à glisser vers des types de comportements qui, progressi- vement, au fil des mois et des années, se font désolidarisants et injustes, puis accusateurs et calomniants, jusqu'à en devenir vindicatifs et offensifs, voire répressifs.

— La cinquième et dernière raison, au demeurant souvent liée à la précédente, est l ' de référence primordiale que nous pourrions également nommer « faisabilité ». J'appelle expérience de référence primordiale l'expérience totalement neuve qui éclôt en nous — à un moment ou à un autre — et qui pourra servir dorénavant et à tout moment de nouvelle réfé- rence pour un type de comportement possible et « faisable ». Ainsi, lorsqu'un homme ou une femme, pour la première fois de sa vie insulte ou « lève la main » sur sa compagne ou sur son compagnon, parallèlement à l'exceptionnalité intrinsèque probable d'un tel geste, naît en lui ou en elle la référence nou- velle de ce possible comportement qui pourra dorénavant ré- apparaître à un moment ou à un autre dans sa relation conju- gale (3).

3. Notons que si une telle expérience de référence primordiale peut agir dans des sens négatifs ou improductifs (manque de respect, désolidarisation, infidé- lité...), elle peut aussi agir dans tous les sens positifs et constructifs (générosité, latitude de parole et de geste, apprentissage de la confiance...).

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Il est rare que seule l'une ou l'autre des raisons que nous venons d'invoquer transforme notre couple en un couple sado- masochiste. La plupart du temps, toutes participent à part plus ou moins égale à l'enfer ordinaire de l'irrespect et de la dérai- son.

Bien que les attitudes de commandement répressif et de domination se retrouvent d'ordinaire plus fréquemment chez l 'homme que chez la femme, il ne faudrait pas en déduire que celle-ci en soit toujours exempte. En fait, elles peuvent être pré- sentes chez les deux mais leur nature diffère : tandis que chez l'homme, elles se trouvent liées à des velléités patriarcales, chez la femme, elles ressortent pour l'essentiel d'une « protestation virile (4) ».

b) Une fatale complicité

Mais s'il est difficile d'admettre qu'un individu puisse être conduit à adopter avec son compagnon ou sa compagne les com- portements que nous avons précédemment énumérés, il peut paraître encore plus incroyable qu'un autre individu puisse accepter, cautionner et se rendre complice de l'irrespect, du rejet, de l'insulte, de la menace, voire de la brutalité ou du viol par l'autre. Car chacun sait que pour qu'il y ait « enfer sadomaso- chiste conjugal », il faut qu'il y ait deux parties prenantes et non une seule.

Pourtant, cet enfer, nombre d'entre nous le vivent ou l'ont vécu. Certains ont tôt fait d'y mettre le holà, d'autres en ont subi le joug, voire le subissent encore. Qu'est-ce donc qui peut conduire une personne à verser dans une si fatale complicité ?

4. Par « protestation virile », il faut entendre l'exagération de ce qu'une femme imagine être le comportement masculin. Elle est une compensation à un sentiment d'infériorité se traduisant par un « autoritarisme déplacé envers l'autre sexe ». Nous devons cette expression à Alfred Adler, qui fut l'un des trois grands pionniers de la psychologie des profondeurs avec Sigmund Freud et Carl Gustav Jung.

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Les raisons en sont — inversement parlant — à peu près les mêmes que celles que nous avons observées précédemment pour les attitudes de commandement et de domination de l'autre, à savoir :

— Dans l'enfance, un modèle d'identification masochiste émanant du père ou de la mère (ou des deux).

— Une vie quotidienne passive ou réactive plutôt qu'active. — Un milieu social cultivant à l'excès les valeurs patriar-

cales ou matriarcales. — Un même contexte d'expérience négative. — Une même acceptation de la « faisabilité » d'une vie

masochistement soumise.

c) La méchanceté et l 'indifférence

En dehors du sadomasochisme relevant stricto sensu des attitudes perverses ou névrotiques telles que la psychologie cli- nique peut les décrire, il convient d'observer des attitudes plus quotidiennes trouvant leur expression dans les relations de type dominant/dominé. Celles-ci se traduisent par deux sortes de comportements quotidiens : la méchanceté caractérisée et l'indif- férence.

— La méchanceté caractérisée (5). Il advient parfois que notre situation conjugale soit si exacerbée que nous ne savons plus très bien ce qui relève de notre propre sensibilité et ce qui relève d'une véritable « cruauté psychique » de notre compa- gnon ou de notre compagne. Ainsi, un mari qui rabroue et insulte ostensiblement et systématiquement son épouse devant autrui pour mieux se faire valoir lui-même devrait, à notre sens, être considéré comme un « méchant » compagnon. Ou encore, une femme qui passe son temps à minimiser tous les efforts de son mari en remettant perpétuellement en cause tous ses faits et gestes devrait également être considérée comme telle.

5. Nous avons étudié cette question en détail dans notre livre : Réussissez votre personnalité (Éditions Dangles), chapitre XXX. Le lecteur intéressé pourra s'y référer.

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Dans la pratique, il est bien délicat de différencier le sim- ple « coup de tête » de la « méchanceté caractérisée ». En fait, c'est notre sensibilité intrinsèque qui, pour l'essentiel, détermine notre disposition à l'acceptation de telles attitudes. Au-delà du cas ponctuel qu'on pourrait rapprocher d'un état nerveux pas- sager, d'une impatience ou d'un agacement, il convient donc de comprendre la méchanceté comme un ensemble de compor- tements négatifs se « perpétuant » et se multipliant dans le temps.

— L'indifférence conjugale. Cette forme de relation sado- masochiste, bien que nettement moins démonstrative que la pré- cédente, n 'a rien à lui envier. Les blessures qui en découlent, même si elles sont plus lentes, n'en sont pas moins tout aussi déchirantes.

L'indifférence conjugale est cette sorte de comportement qui conduit un individu à se conduire dans la vie commune comme s'il était seul. Elle revêt tout à la fois l'aspect d'une per- sonnalité égoïste et autiste : égoïste car elle tend à se considérer comme le « centre » du monde et ne souffre pas d'être mise en concurrence, autiste car elle agit en même temps comme si elle était « seule » au monde, reléguant l'autre à un rôle pure- ment satellitaire.

En fait, il y a lieu de penser que l' « indifférence achevée » n'existe pas en tant que telle. Une personne saine ou « moyen- nement névrosée » ne peut jamais être véritablement indiffé- rente ; sa perception subjective est toujours sensibilisée d'une quelconque manière face à autrui. L'indifférence achevée n'est donc pas à proprement parler un « sentiment », mais une atti- tude fictive, une « technique » narcissique visant soit à une auto- défense, soit à une domination de l'autre.

Paradoxalement, une personne « méchante » vis-à-vis de son compagnon ou de sa compagne peut souvent faire en même temps preuve d'une certaine « indifférence conjugale ». Cette indifférence ne touche, bien sûr, pas tant les comptes que la « victime » a à rendre à son « pandore » que le contraire. Dans la pratique, cela se traduira par exemple par un désintérêt total

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de la vie quotidienne de l'autre (problèmes rencontrés, loisirs...) en même temps que par une licence arbitraire complète de l'orga- nisation de son propre temps (décisions prises unilatéralement, fuite du foyer...).

Le lecteur devinera aisément ce que les attitudes « méchante » et « indifférente » peuvent comporter de névro- tique en soi et combien négativement elles peuvent peser sur notre vie. Il nous arrive tous de pécher par autoritarisme (que celui-ci apparaisse de façon éclatante ou larvée) mais il est des degrés d' « acceptation sadomasochiste » que nous ne pouvons atteindre sans entamer notre dignité humaine et mettre du même coup en danger notre équilibre psychique et notre santé physi- que. Au demeurant, que nous nous en rendions compte ou non, l'une des principales sources de nos maladies (le jargon appelle cela les affections psychosomatiques) réside, non dans les quel- ques conflits majeurs que nous pouvons avoir à affronter au cours de notre vie, mais dans les mille contrariétés, méchance- tés, humiliations qui viennent gangréner notre quotidien conjugal lorsque celui-ci n'apparaît plus que comme un champ de bataille fratricide.

Alors, qu'est-ce donc qui nous pousse à persister dans une voie qui semble si irrémédiablement sans issue ?

Les raisons sont de deux natures : les unes intérieures, les autres extérieures à nous. Les premières, très « personnelles », ressortent de notre sentimentalité et de notre tolérance ; les secondes, d'ordre plus général, ressortent pour l'essentiel des différentes influences exercées sur nous par notre environne- ment affectif, par nos idées reçues, par notre milieu (rural ou urbain) et enfin par la lancinante question de la présence des enfants.

C'est sur toutes ces questions que nous allons maintenant nous pencher.

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Beaucoup d 'entre nous en sont (au moins) à leur deuxième histoire d 'amour (rupture, divorce, deuil...), et pourtant, nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à se remonter d'une séparation. En effet, lorsque l'orgueil a été bafoué, l'âme meurtrie, le cœur « laminé », combien d'incer- titudes, de souffrances et d 'appréhens ions faudra-t-il surmonter avant de se resituer, de se restructurer, de se reconstruire ?

« Refaire sa vie » n'est pas une sinécure ! Tous ceux qui ont vécu la sépa- ration le savent. Certains (rares) ont tôt fait de reprendre pied et de renouer une nouvelle vie sentimentale. Mais, il faut bien l'avouer, la plu- part d'entre nous « cafouillent » souvent durant de longs mois — voire de longues années — avant de pouvoir retrouver leurs marques et par- tager à nouveau leurs sentiments. Toutefois, un tel « cafouillage » n'est pas un hasard, mais le résultat d 'une méconna i s sance plus ou moins consc ien te de certains facteurs clés contribuant à paralyser notre cou- rage et notre capaci té d'action.

Comment analyser les différents a spec t s de la rupture ? Quelles remi- ses en cause effectuer ? Comment éliminer les freins que nous instau- rons (inconsciemment) à l 'éventualité d'une nouvelle rencontre amou- reuse ? Comment réagir, comment clairement resituer l'autre et soi- même ? Comment éviter les hésitations, les enlisements, les erreurs ? Comment réenvisager une nouvelle vie de partage et d 'amour ?... Telles sont quelques-unes des questions, bien réelles, auxquelles l'auteur, spé- cialiste de la psychologie du couple, s'efforce de répondre concrètement dans ce guide pratique.

Page 27: AUTRES OUVRAGES DANS LA MÊME COLLECTION

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