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AUX ORIGINES DU CORAN Approche historico-critique Ci-dessus, représentation du calendrier de Gézer daté du XeS. L'écriture primitive des tables de la Loi étaient plausiblement rédigée dans ce type d'écriture ou une écriture apparentée. H. Frelser

Aux Origines Du Coran

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Approche historico-critique du Coran. Relecture sémantico-linguistique et analyse paléographique.

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Page 1: Aux Origines Du Coran

AUX ORIGINES DU CORANApproche historico-critique

Ci-dessus, représentation du calendrier de Gézer daté du XeS.L'écriture primitive des tables de la Loi étaient plausiblement rédigée dans ce type d'écriture ou une

écriture apparentée.

H. Frelser

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I. Avant-propos :

Dans cet ouvrage, nous veillerons à dissiper certaines fausse idées concernant l'islam. Nous verronscomment les avancées dans les études érudites coraniques ont bouleversé certaines idées au fil del’affûtage de la critique historique et des avancées en linguistique. La méconnaissance de l'islamencore fort répandue est l'écho d'une méprise de cette religion dans les milieux chrétiens, et a laisséde profondes cicatrices que la société moderne est condamnée à porter malgré des siècles decohabitation. Pourtant, toutes les avancées en terme d'ouverture à la différence, mais aussi enmatière scientifique de remise en question des idées sclérosées sont arrivé à un niveau de maturitéqui devrait permettre de rétablir les ponts cassés entre le monde musulman et le monde occidental.Dans ce livre, nous veillerons à partager les connaissances exactes au sujet de l'islam, et de sonregard sur le monde extérieur.

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II. Le Coran Comme une Source d'Information Prémassorétique :

A. Introduction :

Dans cet article, nous allons soutenir que les récits du Coran contiennent de nombreux archaïsmesprémassorétiques israélites[1] qui confortent la crédibilité historico-critique et archéologique de cesrécits, là où les récits bibliques hébraïques massorétiques réorganisés de manière érudite sesont éloignés des récits primitifs. Nous allons montrer que le Coran diverge de la version bibliquedes récits des anciens, en s'ancrant de façon inattendue dans l'histoire reconstituée par les moyenshistorico-critiques et archéologiques.

A-1. Le Coran Critique les Rouleaux de la Bible :

Ci-dessus une représentation du calendrier de Gezer, datant d'environs le XeS avant notre ère, rédigée en proto-cananéen, dans une langue apparentée à l'hébreu biblique. Sans doute les plus anciennes version écrites de la

Torah devaient avoir été couchées dans cette écriture à partir du IXe ou du VIIIeS ?

Le Coran contient par ailleurs plusieurs allusions historiques au sujet des travaux contemporains desmassorètes standardisant les rouleaux de la Torah et réorganisant les textes en les segmentant et enles triant, et se fait manifestement l'écho des Cohanim de Yathrib. Détenteurs, d'après l'étude desrécits israélites rapportés par les chroniqueurs médiévaux musulmans, d'une version propre ayantéchappé à la relecture érudite des premiers écrits semble-t-il rédigés en proto-cananéen, à partirde l'exil à Babylone[2]. L'apparente ambiguité de la position du Coran vis-à-vis de la Torah en luireconaissant l'autorité divine et comandant aux enfants d'Israël de s'y conformer, tout en accusantcertains de déformer les sens des versets pour les éloigner de leur sens initial, s'explique doncparfaitement lorsque nous savons que les massorètes faisaient des travaux de canonisation àl'époque de sa rédaction sur le support consonnantique existant. Ainsi, dans le Coran, nous détenonsdes versions des récits endémiques des Cohanim de Yathrib prémassorétiques qu'il est intéressant desoumettre à la critique historique et la méthode moderne fondée sur l'archéologie, l'anthropologie et

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autres moyens inédits.

A-2. Les Mots Sont Déplacés de Leurs Limites :

يحارفونا الكالما عان ماوااضعه واناسوا حاظما مماا ذكروا به(Cor. 5,13)

" Ils font déborder les mots de leur emplacement et oublient une partie de ce qui leur a été rappelé. "

Le verset supra énonce très explicitement le détournement du sens des termes et la réorganisationdes écritures opérés à l'époque du Prophète sous la plume des massorètes, standardisation déjàentamée par les soferim et les amoraim par le passé pour le triage des textes canoniques. Leterme يحارفونا dérive le la racine harp qui signifie l'idée de bord, de coin. On retrouve ce mot dans leverset suivant : " حاfرفl عالاfى وامنا النااس ماfن ياعبffد اللاfها " qui signifie "certains adorent Allah à la marge (aubord)". Ce qui nous permet de comprendre le sens du verset (5,13) supra. On comprend que lesversets sont segmentés en mots de façon différentes. A souligner que les anciens ajoutaient dessignes | au texte primaire pour signaler la segmentation des lettres en mots distincts en déplaçant lesbornes des mots pour en obtenir d'autres sens plausibles.[3]

Il est improbable que cette affirmation émane de l'esprit de Muhammad, mais c'est bien plutôt unécho des israélites de Yathrib qui détenaient des midrachim et des rouleaux ayant échappé auxrelectures érudites de Babylone rapprochant le texte consonantique (en modulant les segmentationset en réorganisant les paragraphes) aux mythes mésopotamiens conduisant à de nombreuxanachronismes n'échappant pas à la critique historique. La coïncidence des anachronismes et ladatation historico-critique de la rédaction du texte actuel avec l'exil témoigne de l'importance destravaux de réinterprétations d'après l'exil sur les version canonique alexandrine et hébraique ayantservi de point d'accroche aux massorètes et aux targums d'après les investigations paléographiques.

Ci-dessus, le schéma de la filiation paléographique des codex bibliques.LXX : SeptanteMt : massorah

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A-3. Les Rouleaux Oubliés :

(Cor. 5,13) : "Ils détournent les mots de leur sens et oublient une partie de ce qui leur a étérappelé."

De même, l'oubli de textes mentionné au verset (5,13) n'est pas une simple idée sans fondement,mais se vérifie lors d'une lecture paléographique rigoureuse de la Bible. Concernant ces livresoubliés qu'évoque le Coran nous trouvons des références dans la Bible-même à des livres qui ne s’ytrouvent pas ; voici les endroits où la Bible cite des livres sacrés qui nous sont introuvables :(Nombres ; 21 : 14) : « Aussi est-il écrit dans le Livre des guerres de Yahvé : Vaheb près de Suphaet le torrent d’Arnon et la pente du ravin etc. ». Or le Livre des guerres de Yahvé est introuvable demême que ce passage cité. Nous trouvons encore des références à d’autres livres. Le Livre deJaschar : (Josué ; 10 : 13) & (2Samuel ; 1 : 18). Les Mille cinq Proverbes et chants de Salomon surles créatures etc. : (1 Rois ; 4 : 32-33). Les Paroles de Nathan : (2 Chroniques ; 9 : 29). L’Histoired’Ozias : 2 Chroniques ; 26 : 22). L’Histoire d’Ezéchias & Les Actes d’Ezéchias : (2 Chroniques ;32 : 32). Chants sur Josias : (2 Chroniques ; 35 : 25). Le Livre des signes du temps : (Néhémie ; 12 :23).

Le Nouveau Testament cite des choses en référence aux anciennes écritures qui sont de mêmeintrouvables, voici des exemples : (Epitre de Saint Jude : 9, 14) ; (Hébreux ; 12 : 21) ; (2 Timothée ;3 : 8) ; (Actes ; 7 : 22-28) etc. La Bible confirme donc qu’une partie des écritures a été soitsciemment cachée soit perdue, soit oubliée. Ce qui montre que Muhammad n'inventait pas cettecritique, mais qu'il rejoignait des critiques des lettrés Juifs entre eux.

A-4. Certains Forgent de Faux Ecrits :

(Cor. 3,78) : "Et il y a parmi eux certains qui roulent leur langues en lisant le Livre pour vous fairecroire que cela provient du Livre, alors qu'il n'est point du Livre; et ils disent : "Ceci vient de Dieu",alors qu'il ne vient pas de Dieu. Ils disent sciemment des mensonges contre Dieu."

Ceci montre que le prophète Muhammad ne reconnaissait pas tous les rouleaux comme remontantaux prophètes. Comme cela est soutenu par Marie Thérèse Urvoy, il semblerait que le Prophètevoulait établir un Canon propre[7].

(Cor. 2,75) : "Eh bien, espérez-vous [Musulmans], que des pareils gens (les Juifs) vous partagerontla foi ? Alors qu'un groupe d'entre eux, après avoir entendu et compris la parole de Dieu, lafalsifièrent sciemment."

A-5. Un Accusation Figurant Dans la Bible :

Jérémie lui-même aurait écrit bien avant Muhammad : « Comment pouvez-vous dire, nous sommesdes sages et la Thora de Dieu est avec nous ? Alors que le burin mensonger des scribes en a fait unmensonge ? » : (Jérémie ; 8 : 8). Tandis que les tribus perdues d'Israël dont la piste se perd au fil deslivres de l'Ancien Testament, les israélites s'affirmant descendants d'Aaron en Arabie, à Yathribauraient échappé à l'exil à Babylone en fuyant leurs terres au moment de l'invasion deNabuchodonozor, à l'époque même de Jérémie. Qu'ils détiennent un canon prémassorétiquearchaïque dont le Coran se fait l'écho est donc une piste historico-critique très intéressante.

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B. Le Récit d'Abraham :

B-1. L'hénothéisme sumérien et Abraham :

Que dit le Coran à ce sujet ? Abraham a privilégié le dieu céleste, or les écrits sumériens tendent àmontrer que chaque divinité était adorée en priorité dans sa propre localité. Il est évident que lanotion de monothéisme ou d'hénothéisme du temps d'Abraham n'atteindra pas la splendeur dutemps de Muhammad. Remarquons que même la Bible situe Hachem comme un dieu s'opposantaux idoles. C'est encore le dieu d'un peuple, qui se manifeste exclusivement à eux. Du tempsd'Abraham, c'est encore un dieu local, concurrent les dieux des autres cités. Il est permis d'imaginerque c'est Anu, dieu d'Uruk, qu'Abraham reconnaissait comme son dieu propre si tant est qu'il aitexisté. Le Coran, à la suite du Talmud décrit l'épreuve du feu fondé comme utilisé à l'époque enMésopotamie, les dieux solaire, lunaire et de Vénus, représentés par des statues et organisés avecune hiérarchie pyramidale. Or, le Coran mentionne l'adoration de ces astres tout comme les statuesde dieux organisés en hiérarchie avec Anu à leur tête.

Anu, Roi des dieux céleste qu'Abraham laissera entier en détruisant les idoles des autres cités adorés dans letemple à Ur, ville sous la protection d'Anu.

B-2. Les dieux du soleil, de la lune et de Vénus des sumériens :.(Cor. 6,76-79) : "Quand la nuit l'enveloppa, il observa un astre, et dit : 'Voilà mon Seigneur !' Puis,lorsqu'elle disparut, il dit : 'Je n'aime pas les choses qui disparaissent'. Lorsque ensuite il observa lalune se levant, il dit : 'Voilà mon Seigneur !' Puis, lorsqu'elle disparut, il dit : 'Si mon Seigneur neme guide pas, je serai certes du nombre des gens égarés'. Lorsqu'ensuite il observale soleil levant, ildit : 'Voilà mon Seigneur ! Celui-ci est plus grand' Puis lorsque le soleil disparut, il dit : 'Ô monpeuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah. Je tourne mon visage exclusivement versCelui qui a créé (à partir du néant) les cieux et la terre; et je ne suis point de ceux qui Lui donnentdes associés.'"

Les sumériens adoraient des dieux astraux secondaires : Nanna, déesse de la lune, Utu, dieu dusoleil et Inanna, déesse de Vénus introduits d'après les acquis archéologiques vers cette période lorsd'invasions Amorrites... Ces trois divinités sont ainsi mentionnées dans le Coran de façon étonnantecomme déniés par le jeune Abraham.

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B-3. Les dieux Nanna, Utu et Inanna de la lune, du soleil et de Vénus étaient adorés à Ur àcette époque :

La vénérations des astres représentés dans un panthéon anthropomorphe hiéracrhisé avec un dieuprincipal correspond avec les données archéologiques. Leur culte s'est implanté à Ur vers cetteépoque.

B-4. Les dieux sumériens forment une hiérarchie, Abraham aurait poussé l'hénothéisme plusloin :(Cor. 21,58) : "Il les mit en pièces, hormis [la statue] la plus grande. Peut-être qu'ils reviendraientvers elle."

Il semblerait qu'Abraham se soit opposé à l'influence des dieux astraux à Ur, sa ville natale, et qu'ilconsidérait qu'Anu, le dieu protecteur de la cité était le seul méritant un culte. Le souvenir de lascène de la destruction des petites idoles et du rejet du culte du soleil, de la lune et de vénus estdonc parfaitement plausible.

B-5. L'ordalie est une pratique attestée pour cette époque à Sumer :

De même, l'épreuve du feu mentionnée dans le Coran et le Talmud est fondée également commepratiquée à l'époque et est une ordalie. En effet, les personnes accusées sans preuve étaientéprouvées par la noyade, par le bûcher ou en les jetant d'une falaise, et si elles survivaient, onjugeait qu'elles étaient innocentes. Ce qui explique par ailleurs qu'après l'épreuve, Abraham estdécrit comme présent chez son père et le quittant tranquillement. Ce qui semblait une contradiction(quand a eut lieu la scène du bûcher, et qu'ont fait les juges quand Abraham est sorti vivant dufeu ?). Ce genre de contradiction apparente s'élucidant avec la critique historique renforce lapertinence de ces récits, mais que le Coran se limite à transmettre fidèlement.

B-6. Sara, stérile offre une esclave en épouse à son mari :

Des écrits en cunéiforme retrouvés à Ur, la ville natale d'Abraham parlent bien de cas de femmestérile offrant sa femme esclave à son époux pour lui donner un enfant.

B-7. Le nom d'Avram est attesté dans la région à cette époque :

Des écrits de l'époque confirment que le nom d'Avram existait bien à cette époque, donc dans laversion coranique, tous les éléments existants sont compatibles avec les faits archéologiquementavérés et ce tant chronologiquement que géographiquement. Ce qui nous conduit à conclure quel'Abraham coranique est bien crédible, au contraire de l'Abraham biblique.

B-8. Le nom du dieu qu'Abraham reconnaît seul :

(Cor. 21,58) : "Il les mit en pièces, hormis [la statue] la plus grande. Peut-être qu'ils reviendraientvers elle."

Le dieu céleste créateur des hommes en Mésopotamie était nommé Ea. Ce qui rejoint de façonphonétique le nom de Yah attribué au dieu ancestral des israélites dans la Bible. L'étymologie du

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nom Ea est par ailleurs lié par les linguistes au nom hayah signifiant vie. En effet, Ea était le dieuayant créé les êtres vivants, à l'image de la Déesse mère de Catal Höyük pense-t-on. Dont lesformes féminines exacerbées rejoint les caractéristiques de la symbolique créatrice ou de la fertilitédes Vénus préhistoriques.

B-9. La thèse minimaliste coranique, un ancêtre commun des Arabes et des Israélites vers-1800 du nom d'Abraham à Sumer est une certitude scientifique :

Si donc le nom d'Abraham est fondé comme existant à cette époque, que les scènes de sa viedécrites dans le Coran sont strictement plausibles à cette époque selon les investigationsarchéologiques rigoureuses, le récit coranique est donc pertinent. Nous avons donc soutenu ici unethèse minimaliste, fondée sur les avancées en archéologie et la critique historique pour achevernotre étude critique. Il est par ailleurs génétiquement clair, que sur plus de 3000 ans, chacun desAbraham de la Mésopotamie a contribué aux gènes des peuples des habitants israélites et Arabes dela région. Cela est un fait bien connu en génétique nommé coalescence génétique. Donc, d'un pointde vue stricte, un ancêtre commun aux israélites et aux arabes du nom d'Abraham ayant vécu à Urvers -1800 s'avère parfaitement fondée. Ce que nous pouvons nommer la thèse minimaliste.L'existence et l'historicité du patriarche commun des israélites et des Arabes est donc finalementpertinent, dans sa version coranique prémassorétique parabiblique.

C. Le Récit Coranique de Jacob :

C-1. Un Récit Différent de Jacob :

Comme pour le restant, le Coran fait un récit très éloigné de l'installation des israélites en Egypte.Faisant de Jacob un Roi, et dépeignant des événements parabibliques confortés par l'archéologiecomme pour le restant des points de divergences.

C-2. Neuf portes à Misr à l'époque de Jacob :

(Cor. 12,67) : "Et il -Jacob- dit : ‘Ô mes fils n’entrez pas par une seule porte, mais entrez plutôt pardes portes séparées.’"

Comme Joseph aurait demandé à ses fils de venir plus nombreux, une crainte aurait saisi Jacob quileur aurait recommandé d’entrer par des portes séparées. Il existait effectivement jusqu'à 9 portes àla ville de Misr à la date donnée par la Bible. Il est donc tout à fait probable que les fils de Jacob sesoient ainsi séparés pour rentrer à Misr. L'Égypte était protégée par neuf portes symbolisées parneufs arcs sur lesquelles le pouvoir royal était bâti. Nous pouvons donc y pressentir la dominationen Égypte en interprétant le songe de Joseph au sujet des étoiles, de la lune et des étoiles qui seprosternaient. Le soleil représente de même dans les rêves, un Roi également selon ibn Sîrîn (H. 34-110). Nous reviendrons sur cette particularité de la version du Coran.

C-3. La question du Blé à l'Epoque de Jacob :

(Cor. 12,74) : "Ils (les serviteurs de Joseph) dirent : ‘Nous cherchons la grande coupe du Roi. Lacharge d’une bête de somme à qui l’apportera et j’en suis garant."

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Le Coran ne mentionne en effet pas de blé dans ce contexte, contrairement à la Bible. Or, le blé nesera introduit en Egypte que vers le VIeS avant l'ère chrétienne.

C-3. 1. Joseph devenant un noble en Égypte :

(Cor. 12,78) : "Ils dirent Ô le noble, il a un père très vieux ; saisis-toi donc de l’un de nous, à saplace."

Ce serait là un premier rang important en Egypte pour les fils de Jacob. Le rythme des crues et desinondations était septennal, mais le roi Hyksôs (hékha Khawset, princes étrangers en égyptienancien) l'ignorait peut-être comme il n'était pas un pharaon. En interprétant le rêve comme decoutume, Joseph fut-il apprécié du Roi hyksôs qui lui donna un grand pouvoir sur toute l'Égypte ?

C-4. Jacob devient-il Roi et dispose-t-il de la royauté en Égypte ?

(Cor. 12,100-1) : "Et il éleva ses parents sur le trône, et tous tombèrent devant lui prosternés. Et ildit : ‘Ô mon père, voici l’interprétation de mon rêve de jadis. Dieu l’a bel et bien réalisé. » ; « ÔMon Seigneur ! Tu m’as accordé un royaume et m’as enseigné l’interprétation des rêves."

Selon l’interprétation des rêves, le soleil doit être interprété dans la culture sémitique par la royauté.La prosternation du soleil est peut-être une trace de ce que Jacob serait devenu Roi et seprosternerait devant Joseph, ainsi que sa maman –lune- et ses frères, les &´toiles ; lire : (Genèse ; 22: 17). Par ailleurs, un passage semblable figure dans la version biblique, mais la montée au trône ydevient une montée sur un trône autre que celui de la royauté. Dans le Coran, il semble clair qu’ils’agit du trône de la Royauté. Et l’histoire ainsi que le reste du Coran devrait en témoigner semble-t-il. Selon la Bible, Jacob s'installe sur un trône et ensuite « pharaon » (nous sommes peut-être sousle règne des premiers rois hyksôs n’ayant pas encore adopté le titre de leurs ennemis nouvellementévincés) meurt et un autre « pharaon » le remplace. Le Coran affirme aussi ailleurs, encore plusprécisément, que Dieu aurait accordé la royauté aux fils d'Israël ; (Cor. p.111/20 V) : « Souvenez-vous, lorsque Moïse dit à son peuple : ‘Ô mon peuple ! Rappelez-vous le bienfait de Dieu sur vous,lorsqu’il a désigné parmi vous des prophètes. Et Il a fait de vous des Rois. Et Il vous a donné cequ’Il n’avait donné à nul autre aux mondes. ». Le titre de Ya'Qub Har a été trouvé parmi les écritsde cette période précise, encore une coïncidence intéressante. Manifestement, Jacob a pu existerhistoriquement et devenir Roi en Égypte entre -1700 et -1622 sous la XVe dynastie comme Roihyksôs[8]. Jacob aurait probablement pu être âgé déjà d’une cinquantaine d’années à son arrivée enÉgypte à la suite de ses douze fils. Il y aurait régné 68 ans et dut mourir à un âge exceptionnel, maispas propre à lui de près de 128 ans. Une approche possible en regard à la version du Coran et del'archéologie moderne.

C-5. La Névrose de Jacob à la Perte de Joseph Causant sa Cécité Hystérique et sonHyperosmie :

(Cor. 12:93-97) : " 'Emportez ma tunique que voici, et appliquez-la sur le visage de mon père : ilrecouvrera la vue. Et amenez-moi toute votre famille'. Et dès que la caravane franchit la limite, leurpère dit : 'Je décèle, certes, l'odeur de Joseph, même si vous dites que je délire. Ils lui dirent : 'ParAllah te voilà bien dans ton perpétuel délire'. Puis quand arriva le porteur de bonne annonce, ill'appliqua [la tunique] sur le visage de Jacob. Celui-ci recouvra [aussitôt] la vue, et dit : 'Ne vous ai-je pas dit que je sais, par Allah, ce que vous ne savez pas ? ' Ils dirent : 'Ô notre père, implore pour

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nous la rémission de nos péchés. Nous étions vraiment fautifs'."

Nous avons déjà abordé la question de la perte de vue de Jacob à la disparition de Joseph. Etsouligné que des cas de cécité hystérique survenus à la suite de grands chocs émotionnels sont bienréels. Que par ailleurs, la description de Jacob comme délirant par sa famille conforte cette thèse.Par ailleurs, le fait que Joseph sente l'odeur de Joseph avant les autres membres de sa famillemontre qu'il souffrait 'hyperosmie. Un autre signe clinique lié à son état émotionnel douloureux.

C-6. Jacob Recouvrant la Vue en Apprenant que Joseph est Vivant.

Le recouvrement de la vue de Jacob en apprenant que Joseph est bien vivant est comme la signatured'autenticité de ce récit, confortant qu'il ne s'agit manifestement pas d'une élaboration de l'esprit,mais du souvenir d'un événement historique bien réel. Ainsi, ce récit à priori invraisemblableconstitue en réalité la marque d'un souvenir authentique, consolidant l'authenticité du récit de Jacob,prémice miraculeux du règne en Egypte.

D. Le Récit de La Fuite des Enfants d'Israël Dans le Désert

La vie entière et tous les rites religieux de l'Egypte Antique s'articulaient autour des crues du Nil quiconstituaient littéralement la colonne vertébrale de cette civilisation.

D-2. Pharaon Censé Assurer de Bonnes Crues :

En fait, ce sont les Pharaons qui étaient censés favoriser la clémence des dieux (des ancêtres en fait,dont les pharaons étaient tenus pour des descendants divins). Pour cette fin, tout un ensemble derites très sophistiqués était organisé, tels que des processions symbolisant le voyage du Pharaonvers les dieux pour favoriser leur clémence.

"Ô ! Travailleurs choisis et vaillants, je connais vos mains qui, pour moi, taillent mes nombreuxmonuments. Ô ! Vous qui adorez tailler les pierres précieuses de toutes sortes, qui pénétrez dans legranit et qui vous joignez au quartzite, [hommes] braves et puissants lorsque vous construisez desmonuments, grâce à vous je vais pouvoir décorer tous les temples que j'ai éléverai, pendant touteleur durée. Je suis Ramsès Mériamon, celui qui permet aux jeunes générations de croître en lesfaisant vivre. Je pourvoirai à vos besoins de toutes les façons ; Ainsi, vous travaillerez pour moid'un cœur aimant." (Stèle datant de l'an VIII de Ramsès II se trouvant à Héliopolis.)

D-3. Les Dix Plaies Comme de Mauvaises Crues Démentant Pharaon :

Cela échappe à la Bible, qui a fait des mauvaises crues des plaies miraculeuses... Or, le Coran quicontient des versions prémassorétiques de l'histoire des israélites mentionne bien ces dites plaies ences termes...

(Cor. 7-130-133) : "Nous avons éprouvé les gens de Pharaon par des années de disette et par unediminution des fruits afin qu'ils se rappellent. Et quand le bien-être leur vint, ils dirent : "Cela nousest dû"; et si un mal les atteignait, ils voyaient en Moïse et ceux qui étaient avec lui un mauvaisaugure. En vérité leur sort dépend uniquement d'Allah ? Mais la plupart d'entre eux ne savent pas.

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Et ils dirent : "Quel que soit le signe que tu nous apportes pour nous fasciner, nous ne croirons pasen toi". Nous avons envoyé sur eux l'inondation, les sauterelles, les poux (ou la calandre), lesgrenouilles et le sang, comme signes explicites, Mais ils s'enflèrent d'orgueil et demeurèrent unpeuple criminel."

Ainsi, le Coran précise que les bonnes crues étaient prétendus par les membres royal du Pharaoncomme la conséquence de leur intercession chez les dieux. Tandis que les plaies deviennent uneépreuve de l'autorité de Pharaon par des inondations et disettes semant le doute sur sa puissance àattirer la clémence des dieux.

Voici la version canonique post-massorétique :

(Exode, 7:15-25) : "Va vers Pharaon dès le matin; il sortira pour aller près de l'eau, et tu teprésenteras devant lui au bord du fleuve. Tu prendras à ta main la verge qui a été changée enserpent, et tu diras à Pharaon: L'Éternel, le Dieu des Hébreux, m'a envoyé auprès de toi, pour tedire: Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve dans le désert. Et voici, jusqu'à présent tu n'aspoint écouté. Ainsi parle l'Éternel: A ceci tu connaîtras que je suis l'Éternel. Je vais frapper les eauxdu fleuve avec la verge qui est dans ma main; et elles seront changées en sang. Les poissons quisont dans le fleuve périront, le fleuve se corrompra, et les Égyptiens s'efforceront en vain de boirel'eau du fleuve. L'Éternel dit à Moïse : Dis à Aaron: Prends ta verge, et étends ta main sur les eauxdes Égyptiens, sur leurs rivières, sur leurs ruisseaux, sur leurs étangs, et sur tous leurs amas d'eaux.Elles deviendront du sang: et il y aura du sang dans tout le pays d'Égypte, dans les vases de bois etdans les vases de pierre. Moïse et Aaron firent ce que l'Éternel avait ordonné. Aaron leva la verge,et il frappa les eaux qui étaient dans le fleuve, sous les yeux de Pharaon et sous les yeux de sesserviteurs; et toutes les eaux du fleuve furent changées en sang. Les poissons qui étaient dans lefleuve périrent, le fleuve se corrompit, les Égyptiens ne pouvaient plus boire l'eau du fleuve, et il yeut du sang dans tout le pays d'Égypte. Mais les magiciens d'Égypte en firent autant par leursenchantements. Le coeur de Pharaon s'endurcit, et il n'écouta point Moïse et Aaron, selon ce quel'Éternel avait dit. Pharaon s'en retourna, et alla dans sa maison; et il ne prit pas même à coeur ceschoses. Tous les Égyptiens creusèrent aux environs du fleuve, pour trouver de l'eau à boire; car ilsne pouvaient boire de l'eau du fleuve. Il s'écoula sept jours, après que l'Éternel eut frappé le fleuve."

(Exode, 8:2-3;6-7;12-15) : "Aaron étendit sa main sur les eaux de l'Égypte; et les grenouillesmontèrent et couvrirent le pays d'Égypte. Mais les magiciens en firent autant par leursenchantements. Ils firent monter les grenouilles sur le pays d'Égypte. (...) Il répondit: Pour demain.Et Moïse dit: Il en sera ainsi, afin que tu saches que nul n'est semblable à l'Éternel, notre Dieu. Lesgrenouilles s'éloigneront de toi et de tes maisons, de tes serviteurs et de ton peuple; il n'en resteraque dans le fleuve. (...) L'Éternel dit à Moïse: Dis à Aaron: Étends ta verge, et frappe la poussière dela terre. Elle se changera en poux, dans tout le pays d'Égypte. Ils firent ainsi. Aaron étendit sa main,avec sa verge, et il frappa la poussière de la terre; et elle fut changée en poux sur les hommes et surles animaux. Toute la poussière de la terre fut changée en poux, dans tout le pays d'Égypte. Lesmagiciens employèrent leurs enchantements pour produire les poux; mais ils ne purent pas. Lespoux étaient sur les hommes et sur les animaux. Et les magiciens dirent à Pharaon: C'est le doigt deDieu! Le coeur de Pharaon s'endurcit, et il n'écouta point Moïse et Aaron, selon ce que l'Éternelavait dit."

-- > Comme au sujet de la prétendue esclavage pour la construction d'énormes monumentsinterprétés par les érudits et scribes bibliques, la maitrise de la magie des prêtres du Pharaon sontpris en comptepour crédibiliser les dix plaies. Or, la version primitive du Coran lie les dites plaiesaux mauvaises crues, et lie au contraire les bonnes crues avec la prétention de Pharaon d'assurer et

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de pourvoir en nourriture les peuplades et serviteurs des temples.

D-4. Tout se Passait à Canaan sous Ramsès II :

Les membres de la famille royale qui régnait encore en Canaan craignirent un revers comme autemps des hyksos qui sortis de Canaan avaient dominé l'empire :

(Cor. 7,109-112) :"Les notables du peuple de Pharaon dirent : "Voilà, certes, un magicienchevronné. Il veut vous expulser de votre territoire." - "Alors, que commandez-vous? " Ils dirent :"Fais-le attendre, lui et son frère, et envoie des rassembleurs dans les villes, qui t'amèneront toutmagicien averti."

-- > Canaan était alors une partie du territoire égyptien. Les soulèvements dans la région orientalede l'Egypte étaient un endroit stratégique historique. Le Coran se démarque de la version del'esclavage biblique et aborde la question des soulèvements comme une revendication d'autonomieque de nombreux versets entérinent.

Frontières de l'empire égyptien à l'époque Ramesside. Nous voyons que Canaan et le Sinaï est sous domination etcontrôle égyptien. Confortant la version coranique de l'exode, et infirmant la théorie de la fuite dans le désert du

Sinaï.

(Cor. 7,107) : "Et les notables du peuple de Pharaon dirent : "Laisseras-tu Moïse et son peuplecommettre du désordre sur la terre, et lui-même te délaisser, toi et tes divinités ? " Il dit : "Nousallons massacrer leurs fils et laisser vivre leurs femmes. Nous aurons le dessus sur eux et lesdominerons."

-- > Ce massacre pour dominer le territoire de Canaan est mentionné sur la stèle de Merenptah. Ledésertement de la région constaté par les fouilles archéologique coïncide avec cet écrit.

D-5. Moïse Demande de Partir du Territoire à Cause des Surtaxes dues Aux Mauvaises Crues :

Or Moise venait demander à Pharaon de les laisser partir dans le désert.

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(Cor. 7,104-105) : Et Moïse dit : "Ô Pharaon, je suis un Messager de la part du Seigneur del'Univers, je ne dois dire sur Allah que la vérité. Je suis venu à vous avec une preuve de la part devotre Seigneur. Laisse donc partir avec moi les Enfants d'Israël."

-- > Cette fuite est un recours de désespoir face aux massacres. Comme le rapporteIsraël Finkelstein dans La Bible dévoilée, les habitants de la région vivaient pour une part del'argiculture (mentionnée dans le Coran) et d'autre parts de l'élevage de moutons et de chèvres à lamanière bédouine. L'archéologue souligne qu'à la période Ottomane, les habitants de la régionsurtaxés sortaient dans le désert pour s'y réimplanter une fois la situation devenue favorable. Ainsi,la période des massacres mentionnée sur la stèle de Merenptah coïncide avec la fin dudépeuplement de Canaan, tandis qu'au Fer I les hautes terres sont réoccupés par les mêmes peuplesprotoisraélites que Finkelstein souligne comme identiques culturellement selon leurs poteries ettraces matérielles à la différence près que lors de la réimplantation les porcs ont disparus de leurssites d'occupations.[4]

D-6. Affrontements Festifs des Magiciens A l'Occasion des Fêtes :

Lors des fêtes, les magiciens s'affrontaient devant la foule pour les épater, ainsi Moise proposa dessignes et fut invité à une telle confrontation avec les magiciens-savants de Pharaon. Mais Moise eutle dessus.

(Cor. 20, 57-60) : "Il dit : 'Es-tu venu à nous, ô Moïse, pour nous faire quitter notre territoire par tamagie ? Nous t'apporterons assurément une magie semblable. Fixe entre nous et toi un rendez-vousauquel ni nous ni toi ne manquerons, dans un lieu convenable'. Alors Moïse dit : 'Votre rendez-vous,c'est le jour de la fête. Et que les gens se rassemblent dans la matinée'. Pharaon, donc, se retira.Ensuite il rassembla sa ruse puis vint (au rendez-vous)."

D-7. Pharaon Raille Moïse Soutenant ne pas Avoir Croisé le Dieu de Moïse dans le Naos :

Irrité par les mauvaises crues, Pharaon aurait raillé Moise en ces termes, ignorés dans la Bible post-massorétique :

(Cor. 28,38) : "Et Pharaon dit : ‹Ô notables, je ne connais pas de divinité pour vous, autre que moi.Haman, allume-moi du feu sur l'argile puis construis-moi une grand monument peut-être alorsmonterai-je jusqu'au Dieu de Moïse. Je pense plutôt qu'il est du nombre des menteurs".

-- > Ramsès II fit achever la salle hypostyle du temple d'Amon à Karnak. Afin de faire uneprocession symbolique dans le ciel et visiter les dieux, pour parvenir chez Amon implorer de bonnescrues. Ce voyage céleste existait vraiment à l'époque, et était bien lié à l'intercession des dieux pourde bonnes crues. Il est à souligner que les pharaons faisaient une longue procession en barquesymbolisant le voyage dans le naos à la rencontre des dieux, pour les croiser en chemin et lesimplorer pour de bonnes crues. Ainsi, Ramsès aurait selon le Coran raillé Moïse en disant quemalgré ses monuments lui permettant d'accéder au ciel, il n'a jamais croisé le dieu de Moïse qui estcensé provoquer de mauvaises crues.

D-8. Le Massacre en Canaan des Mâles Israélites :

Le Coran retient de même, le massacre des mâles israélites par Pharaon, et leur fuite des terres dont

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ils devaient hériter[4].

(Cor. 2,49) : "Et [rappelez-vous], lorsque Nous vous avons délivrés des gens de Pharaon, qui vousinfligeaient le pire châtiment : en égorgeant vos fils et épargnant vos femmes."

(Cor. 7,141) : "(Rappelez-vous) le moment où Nous vous sauvâmes des gens de Pharaon qui vousinfligeaient le pire châtiment. Ils massacraient vos fils et laissaient vivre vos femmes. C'était là uneterrible épreuve de la part de votre Seigneur."

(Cor. 28,4) : "Pharaon était hautain sur terre; il répartit en clans ses habitants, afin d'abuser de lafaiblesse de l'un d'eux : Il égorgeait leurs fils et laissait vivantes leurs femmes. Il était vraimentparmi les fauteurs de désordre."

Plus ancienne mention d'Israël fondée par l'archéologie, daté de l'an VI du règne de Merenptah.A la ligne 7 ci-desssus, dans la liste des peuples soulevés détruits et soumis on peut lire:

Israel est détruit, il n'a plus de semence (mâle).

D-9. Les Israélites Fuient Canaan Dont ils Vont Hériter Quarante Ans plus Tard :

De même, lorsque les enfants d'Israel fuyèrent Canaan en traversant semble-t-il le Jourdain pourarriver au désert d'Arabie. Ils fuyaient la surexploitation et les sur-taxes.

(Cor. 7,137) : "Et les gens qui étaient opprimés, Nous les avons fait hériter les contrées orientales etoccidentales de la terre que Nous avons bénies."

(Cor. 26,59) : "C'est ainsi que nous les avons fait sortir de leurs trésors et de leur magnifique séjour.Oui , il en fut ainsi, et nous les donnâmes en héritage aux enfants d’Israël."

-- > Cela est tant clair, que la note de bas de page renvoie chez Kazimirski à ce commentaire

erroné : (Voy. chap. II, 58, note.) Lorsque nous consultons cette référence nous lisons de

même ; "Ce passage, ainsi que le verset 59, chap. XXVI, où les Israélites sont censés retourner en

Égypte, est un de ces anachronisme dont le Koran fourmille, et qui établissent parfaitement

l’extrême ignorance du prophète arabe."

-- > La certitude que le Coran ne peut que se tromper conduisant ici encore à une erreur de

jugement invraisemblable. Puisque Canaan était bien une région égyptienne, et qu'il a bien été

quitté sous les massacres de Merenptah rapportés dans la stèle à son nom, et sont retournés en

Canaan une fois le territoire perdu par les pharaons (sous Ramsès III) l[3].

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Le Schéma ci-dessus montre la cohérence profonde qui ressort en arrière plan de la version coraniquede la fuite d'Egypte des israélites, qui correspond chronologiquement avec les faits établis dans la région

de Canaan entre la fin du règne de Ramsès II et la réimplantation des proto-israélites dans les hautes terres àpartir d'environs -1150 avant l'ère chrétienne.

D-10. La Manne, les Cailles et douze Sources Providentielles Dans le Désert :

(Cor. 2,57 & 60) : "Et Nous vous couvrîmes de l’ombre d’un nuage et fîmes descendre sur vous lamanne et les cailles : -‘Mangez des délices que Nous vous avons attribuées.’ ; Ce n’est pas à Nousqu’ils firent du tord mais à eux-mêmes. (...) Et, lorsque Moïse demanda de l’eau pour désaltérer sonpeuple, c’est alors que Nous dîmes : - ‘Frappe le rocher avec ton bâton’. Et tout d’un coup, douzesources jaillirent, et certes, chaque tribu sut où s’abreuver. – ‘Mangez et buvez de ce que Dieu vousaccorde ; et ne semez pas de troubles sur terre comme des fauteurs de désordre.’. "

Le récit de la manne et des cailles est également exagéré dans l'imagination populaire, mais est àcadrer avec le contexte. En effet, le fait que les mauvaises crues aient déstabilisé l'Egypte avec cequi deviendra les dix plaies du judaïsme plus tard, la mémoire de la manne et des cailles en pleindésert, ainsi que la providence de douze sources d'eau, témoigne de la joie des israélites en fuite à ladécouverte de cette nourriture. Cela est d'autant plus vraisemblable que les israélites ont demeurédans le désert une quarantaine d'années en pasteurs.

L'existence de la manne dans le désert est en effet fondée de même que les cailles, et ce récit quidevient un événement surnaturel dans la Bible est bien une providence comme mentionnésimplement dans le Coran au verset supra. La scène du bâton et du rocher, quoi que présenté commeune révélation semble évoquer une coïcidence, qui peut refléter l'idée du pouvoir mystérieux du

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bâton de Moïse qui évoque les pouvoirs surnaturels des sceptres ouas en Egypte Antique.

D-11. Les Plaintes Pour La Nourriture Des Enfants d'Israël :

(Cor. 2,61) : "Et rappelez-vous quand vous dîtes à Moïse : ‘ Nous ne pouvons plus tolérer qu’uneseule nourriture. Prie donc ton seigneur pour qu’il nous fasse sortir de la terre ce qu’elle faitpousser, de ses légumes, ses concombres, son ail, ses lentilles et ses oignons !’ – Il vous répondit :‘Voulez-vous changer le meilleur pour le moins bon ? Descendez donc en Egypte ; il y a là-bas ceque vous demandez.’ L’avilissement et la misère s’abattirent sur eux ; et ils encoururent la Colère deDieu. Cela parce qu’ils reniaient les révélations de Dieu, et tuaient sans droits les nabis."

Les personnes non familiarisées avec la Bible ne voient dans ce récit des plaintes riend'extraordinaire. Pourtant, cette version coranique diverge fondamentalement de la version bibliquecomme pour le reste du récit de la fuite dans le désert des israélites lors des massacres en Canaan.Avant de continuer, citons également la version des plaintes suivant la Bible.

(Exode, 16:3) : "Les fils d’Israël leur dirent : « Ah ! Il aurait mieux valu mourir de la main duSeigneur, au pays d’Égypte, quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nousmangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim toutce peuple assemblé !"

Les aliments (légumes, concombres, ail, lentilles et oignons) ne sont pas mentionnés dans la Bible,or ils s'avère que ceux-ci sont tous cultivés en Egypte à l'époque concernée. Cela peut sembler unecoïncidence, or, la Bible contient au contraire des anachronismes en mentionnant à cette époque deschevaux, du blé et de l'épautre qui sont introduits en Egypte à partir du VIIeS avant l'ère chrétienneet sont donc anachroniques pour l'époque de la fuite d'Egypte.

En effet, les concombres et légumes sont bien existants en Egyte à l'époque de Merenptah. L'ail étaitemployé pour la fabrication du pain fayesh offert aux ouvriers de Pharaon et l'oignon était utilisédans les rituels comme en témoignent les écrits de l'époque.

D-12. Nombre des Fuyards :

(Cor. 10,83) : "Personne ne crut en Moïse, sauf un groupe de jeunes gens de son peuple, par craintedes représailles de Pharaon et de leurs notables. En vérité, Pharaon fut certes superbe sur terre et ilfut du nombre des extravagants."

(Cor. 26,60) : "Puis Pharaon envoya des rassembleurs dans les villes : ‘Ce sont en fait une bandepeu nombreuse, mais ils nous irritent, tandis que nous sommes tous vigilants.’ Ainsi, les fîmes-Noussortir des jardins et sources, des trésors et d’un lieu de séjour agréable. Il en fut ainsi, et Nous lesdonnâmes en héritage aux enfants d’Israël. Au lever du soleil, ils les poursuivirent."

Cela peut sembler anodin, mais comme pour le reste ne peut pas émaner de l'imagination duprophète arabe. Puisque le récit biblique est clairement incohérent. Puisque la Bible fait le récitsuivant :

(Exode, 12:37-38) : "Les enfants d'Israël partirent de Ramsès pour Succoth au nombre d'environ sixcent mille hommes de pied, sans les enfants. Une multitude de gens de toute espèce montèrent aveceux; ils avaient aussi des troupeaux considérables de brebis et de boeufs."

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Une telle population est impossible à de nombreux égards, à commencer par les boeufs en pleindésert et ralentissant la fuite, mais aussi la difficulté à nourrir une telle foule en plein désert. Sansparler par le fait que la Bible situe la fuite dans le Sinaï que les fouilles intensives n'ont strictementinfirmé de façon catégorique. Mais en outre, le nombre de sites en Canaan avant -1150 est beaucouptrop faible et rejoint la version coranique, comme pour le reste du récit de l'exode.

D-13. Desrcirption de Canaan Fuis qui Va Être Hérité par les Israélites :

(Cor. 26,60) : "Puis Pharaon envoya des rassembleurs dans les villes : ‘Ce sont en fait une bandepeu nombreuse, mais ils nous irritent, tandis que nous sommes tous vigilants.’ Ainsi, les fîmes-Nous sortir des jardins et sources, des trésors et d’un lieu de séjour agréable. Il en fut ainsi, et Nousles donnâmes en héritage aux enfants d’Israël. Au lever du soleil, ils les poursuivirent."

Le Coran décrit la région comme une zone agricole, avec des puits. Et surtout précise que c'est bienla région promise et bénie qui est le lieu de la fuite par cause de la violence de Pharaon. De même,la facilité de Pharaon à mater les soulèvements correspond avec les écrits de l'époque. Puisqued'après les récits d'époque, un petit groupe suffisait à réprimer les soulèvements comme soutenudans ce passage du Coran.

Par ailleurs, le Coran fait une autre description de la version biblique concernant les villes auxenvirons du Nil :

(Cor. 53, 51 & 53-54) : "Et Pharaon fit une proclamation à son peuple : ‘Ô mon peuple, le Royaumed’Egypte ne m’appartient-il pas ? Ainsi que ses canaux coulant à mes pieds ? N’observez-vous doncpas ?' "

En effet, le pays du Nil était organisé avec un riche réseau de canaux. Tandis que Canaan était unlieu agricole avec des puits où il fallait puiser l'eau mécaniquement.

D-14. Pouvoir de Pharaon et Bracelet en Or :

(Cor. 53, 53-54) : « Pourquoi ne lui as-t-on pas lancé des bracelets d’or ? Pourquoi les Messagers - ?(Aghathodaimon, Aha et Akh) ? - ne l’ont-il pas accompagné ?

Ce passage du Coran, également absent de la Bible cadre également avec la symbolique de l'or enEgypte Ancienne et les bracelets de Pharaon symbolisant son pouvoir terrestre et divin.

Ci-dessus, bracelet en or de Ramsès II, confortant le verset supra et la remarque de celui-ci à Moïse.

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D-15. Haman et Le Monument Processionnel Céleste à Karnak :

(Cor. 28,38) : "Et Pharaon dit : ‘Ô notables, je ne connais pas de divinité pour vous autre que moi-même. Hâmân, allume-moi du feu sur l’argile puis construis-moi un monument ; afin que j’atteignele dieu de Moïse. Je pense vraiment qu’il est du nombre des menteurs.’"(Cor. 40,36) : "Pharaon dit : ‘Ô Hâmân ! Bâtis-moi une résidence élevée : que je m’élève par lesvoies ? Les voies des cieux, afin de m’élever au dieu de Moïse ? Mais je pense vraiment que celui-ci est menteur"

Comme déjà mentionné plus haut, ce récit absent de la Bible est en rapport avec le rituelprocessionnel en Egypte Antique où Pharaon faisait une procession symbolique à travers le Naos àla rencontre des dieux, traversant virtuellement les seuils du ciel à la rencontre des dieux. Mieux,Ramsès II a fait achever à l'époque la salle hypostyle du temple d'Amon qui exauce les prières àKarnak. Dans le rite dans ce temple, Ramsès devait passer entre des paires de colonnadessymbolisant les seuils du ciel pour arriver au saint des saints et trouver la statue d'Amon pourimplorer de bonnes crues : une fonction que Moïse remettait en doute à cause des mauvaises crues.Comme pour le reste, il est improbable que ce récit émane de l'imaginaire de Muhammad et cadretrès clairement avec l'époque d'une façon émouvante.

Autre détail, le commandement à Hâmân de mettre du feu sur l'argile pour lancer un chantier, quiévoque l'usage de l'époque de brûler des palmiers sur le sol argileux servant à la fabrication deciments. Il est bien question de feu sur l'argile et non d'argile sur le feu comme souvent mécomprispar certains commentateurs.

Le nom de Hâmân existe de même selon les registres de l'époque en Egypte à l'époque concernéeavec dans un écrit d'époque comme inscription : « chef des ouvriers de carrières de pierres »[5].

Autre fait étonnant, le fait que le Coran attribue au personnage de Hâmân des fonctions divers telsque la direction des ouvrages ou la directions des troupes militaires, un trait caractéristique àl'époque concernée en Egypte, rapporté tel quel.

D-16. Hénothéisme Egyptien et Ramsès se Faisant Dieu :

(Cor. 7,120) : "Et les notables du peuple de Pharaon dirent : ‘Laisseras-tu Moïse et son peuplecommettre du désordre sur terre, et lui même te délaisser, toi et tes divinités ?’ Il dit : ‘Nous allonsmassacrer leurs fils et laisser vivre leurs femmes. Nous aurons le dessus sur eux et lesdominerons.’"

(Cor. 28,38) : "Et Pharaon dit : ‘Ô notables, je ne connais pas de divinité pour vous autre que moi-même."

(Cor. 23,47) : "Croirons-nous en deux hommes comme nous dont les congénères nous adorent ? "

Ce passage aussi ressort de la Bible qui n'évoque pas les cultes de l'époque en Egypte. En effet, quoique d'apparence contradictoire, Pharaon était à la fois dieu et adorateur des dieux. Puisque lareligion égyptienne était hénothéiste. De même, le Coran mentionne tel quel le fait que Pharaonavait le pouvoir de permettre le culte à des dieux étrangers au verset : (Cor.20,71).

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D-17. Punition des Adversaires et Empalement en Egypte Antique :

(Cor. 20,71) : "Alors Pharaon dit : ‘Avez-vous cru en lui avant que je ne vous y autorise ? C’est luivotre chef qui vous a enseigné la magie. Je vous ferai sûrement briser mains et jambes opposées, etvous ferai empaler aux troncs des palmiers, et vous saurez avec certitude, qui de nous est plus duren châtiment et qui est le plus durable."

Merenptah se vante sur une stèle d'avoir empalé les lybiens et fait couper les verges de 1300mâles[6].

D'après un témoignage d'époque, on leur battait les mains et pieds avec un bâton épais et lestorturais avec des instruments tranchants jusqu’à ce qu’ils avouent leur crime, après quoi on lesempalais comme l’évoque bien le Coran sur des troncs taillés en pointe.

D-18. La Taversée du Fleuve (Jourdain) :

Ci-dessus une photo récente du fleuve du Jourdain asséché. On peut voir les deux versants du lit du fleuveressemblant à des chaines de montagnes comme décrit dans le récit coranique de la traversée du fleuve : (23,63).

(Cor. 26,63) : "Alors Nous révélâmes à Moïse : "Frappe la mer de ton bâton ". Elle explosa alors, etchaque versant fut comme une énorme montagne."

Nous avons mentionné plus haut que le Coran situe la fuite des israélites de la terre de Canaanduquel ils vont hériter quarante ans plus tard. Cela rappelle que Ramsès II a durant sa longuecarrière royale de 67 années organisé de cinq campagnes en Syrie de la quatrième à la dixièmeannée de son règne et deux ans la sixième et septième année de son règne en Lybie, et même faitacte de présence à Canaan pendant ces deux années. Or sa résidence royale était à Thèbes. Ce quilaissait le temps aux israélites de prendre du chemin à pieds le temps que le Pharaon apprenne leurfuite et se mette à leur poursuite (peut-être par des informateurs ?). Or, le Jourdain devait leur barrerla voie au désert. Ce qui aurait nécessité un phénomène extraordinaire si les milices les rejoignaienttrop tôt ou si les frontières au Nord étaient trop bien protégées étant aux front hittite.

Or, le Coran mentionne un détail inédit dans ce contexte en mentionnant une explosion (fanfalaqa)au moment où Moïse frappe le bâton sur le fleuve ou ensuite. Or, le Jourdain se situe en effet surune faille afro-asiatique qui peut justifier une rupture de la faille susceptible d'aspirer l'eau du fleuveen sorte de le dénuder et révéler les deux versants tels des montagnes comme mentionné dans la

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version coranique de l'ouverture du fleuve. En sorte qu'une fois la faille emplie, le niveau remontebarrant comme décrit dans la mémoire des israélites qui se perpétuera avec émerveillement, lepassage aux millices de Ramsès II qui les pourchassait.

E. Le Personnage de Moïse :

E-1. Moïse Sauvé Par sa Maman :

E-1.1. Version biblique :

(Exode, 2:1-11) : " Un homme de la maison de Lévi était allé prendre pour femme une fille de Lévi.Cette femme devint enceinte et enfanta un fils. Voyant qu'il était beau, elle le cacha pendant troismois. Comme elle ne pouvait plus le tenir caché, elle prit une caisse de jonc et, l'ayant enduitede bitume et de poix, elle y mit l'enfant et le déposa parmi les roseaux, sur le bord dufleuve. La soeur de l'enfant se tenait à quelque distance pour savoir ce qui lui arriverait. La fille dePharaon descendit au fleuve pour se baigner, et ses compagnes se promenaient le long du fleuve.Ayant aperçu la caisse au milieu des roseaux, elle envoya sa servante pour la prendre. Elle l'ouvrit etvit l'enfant: c'était un petit garçon qui pleurait; elle en eut pitié, et elle dit: "C'est un enfant desHébreux." Alors la soeur de l'enfant dit à la fille de Pharaon: "Veux-tu que j'aille te chercherune nourrice parmi les femmes des Hébreux pour allaiter cet enfant ?"-- "Va" lui dit la fille dePharaon; et la jeune fille alla chercher la mère de l'enfant. La fille de Pharaon lui dit : "Emporte cetenfant et allaite-le-moi; je te donnerai ton salaire." La femme prit l'enfant et l'allaita. Quand il eutgrandi, elle l'amena à la fille de Pharaon, et il fut pour elle comme un fils. Elle lui donna le nom deMôsché, "car, dit-elle, je l'ai tiré des eaux." En ce temps-là, Moïse, devenu grand, sortit vers sesfrères, et il fut témoin de leurs pénibles travaux; il vit un Egyptien qui frappait un Hébreu d'entre sesfrères."

* Ce récit est improbable pour de nombreuses raisons : la Bible soutient que Pharaon veut éliminerles bébés mâles dont va surgir un Chef. Alors il ne peut pas accepter l'enfant trouvé si il pense quec'est un hébreu.

* La fille de pharaon ne peut pas se baigner dans le fleuve, c'est là une preuve évidente deméconnaissance du Nil, qui grouillait de crocodiles. S'y baigner est une chose impossible àl'époque, et les pécheurs étaient jetés dans le Nil pour être éprouvé par les dieux pour cette raison.

* Que la fille de Pharaon donne un nom hébreu à l'enfant est impossible, puisqu'elle ne pouvait pasconnaitre cette langue et que Pharaon aurait commandé d'éliminer tous les nouveau-nés hébreux.

E-1.2. Version coranique : (Cor. 28,4-9) : "Pharaon était hautain sur terre; il répartit en clans ses habitants, afin d'abuser de lafaiblesse de l'un des camps : Il égorgeait leurs fils et laissait vivantes leurs femmes. Il était vraimentparmi les fauteurs de désordre. Mais Nous voulions favoriser ceux qui avaient été faibles sur terre eten faire des dirigeant et en faire les héritiers, et les établir puissamment sur leur territoire, et fairevoir à Pharaon, à Haman, et à leurs soldats, ce dont ils redoutaient. Et Nous révélâmes à la mère deMoïse [ceci] : "Allaite-le. Et quand tu craindras pour lui, jette-le dans le flot. Et n'aie pas peur et net'attriste pas : Nous te le rendrons et ferons de lui un Messager". Les gens de Pharaon lerecueillirent, pour qu'il leur soit un ennemi et une source d'affliction ! Pharaon, Haman et leurs

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soldats étaient fautifs. Et la femme de Pharaon dit : "(Cet enfant) réjouira mon oeil et le tien! Ne letuez pas. Il pourrait nous être utile ou le prendrons-nous pour enfant". Et ils ne pressentaient rien."

* Le récit présent ne spécifie pas que seul un peuple était massacré. Or, Canaan était contrôlé etperdu de nombreuses fois dans l'histoire[4].

* Le Coran ne mentionne pas de baignade improbable, mais dit que la mère de Moïse l'a déposédans le fleuve une fois les tueurs arrivés en dernière instance. Et soulève la crainte logique de lamaman : "n'aies pas peur". En effet, une maman ne peut pas laisser son nourisson dans un fleuvegrouillant de crocodiles, sauf si il va être tué imminement par des tueurs de pharaon.

* Ce n'est pas la fille de pharaon mais une épouse qui le recueille, pas de baignade, et elle ne lenomme pas "Môsché" en hébreu, mais "enfant" (prenons le pour enfant). Or, le nom de Moïse vientselon de nombreux égyptologues du mot Mesy égyptien, signifiant "enfant" et usité en Egypte àl'époque ramesside.

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[1] « les Origines des légendes musulmanes dans le Coran et dans les vies des prophètes », Paris,1933, Sidersky.

[2] Standardisation élaboré parallèlement à la rédaction du Talmud de Babylone.

[3] Geoffrey Wygoder, Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, article « Masorah et accentsmassorétiques », 1993, Editions du Cerf,

[4] Israël Finkelstein expose dans son ouvrage intitulé "la Bible dévoilée" aux pages 180-181 ledésertement de la région de Canaan entre -1550 et -1150, et le repeuplement à partir de -1150. Cequi correspond très précisément avec la mention de la destruction de peuplades dans la régionmentionnée sur la stèle de Mérenptah : dont "Israël est anéanti, il n'a plus de semence (mâle)".Finkelstein soutient que les protoisraélites ont dû déserter Canaan pour le désert d'Arabie à causedes surtaxes, et se réinstaller dans la région une fois la situation politique changée.

[5] "Dictionnaire spécialisé des personnages du Nouvel Empire de Ranke", il s’agissait selon unécrit au Musée de Vienne dans l’Ägyptische Inschriften, I34, p. 130, comme « derSteinbrucharbeiter de Vorsteher ».

[6] KA Kitchen, Ramesside Inscriptions: Historical And Biographical , 1982, Volume IV, BHBlackwell Ltd.: Oxford (UK), No. 1, 13. The image was taken from here; KA Kitchen, RamessideInscriptions: Translated & Annotated (Translations) , 2003, Volume IV (Merenptah & The LateNineteenth Dynasty), Blackwell Publishing Ltd.: Oxford (UK), p. 1..

[7] Marie-Thérèse Urvoy, article Falsification in M.A. Amir-Moezzi, Dictionnaire du Coran, éd.Robert Laffont, 2007, pp.333.

[8] voir au sujet de Ya'Qub Har, Jean-Michel Thibaux, Pour comprendre l'Égypte Antique, éd.Pocket n°10188 1997.

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III. Le Coran et Les Ecrits Apocryphes :

A. Des récits apocryphes du Coran contemporains des canons actuels :

Le Coran sort du cadre des canons judéo-chrétiens contemporains et rejoint en quelques points -quenous allons étudier ici-, des récits apocryphes paléochrétiens et des écrits judaïques para-bibliques.Nous allons étudier dans cet article, la question de la canonisation des manuscrits etprésenter l'approche paléographique et historico-critique de la Bible et des écrit para-bibliques.

L'idée que le Coran doit souffrir d'anachronismes concernant l'histoire du monde judéo-chrétienauquel il est postérieur conduit à des erreurs de jugement parfois inédites. Pourtant, une approchepaléographique et historico-critique conduit à des conclusions différentes voire diamétralementopposées à ce jugement a priori. Il faut, pour aborder la question des effets et d'influencemultilatéraux entre les écrits médiévaux apparentés, tenir compte de la variation des canons au fildu temps, déterminer l'évolution structurale des manuscrits dans le temps, et discriminer l'influencedes uns sur les autres de chacune des sources décelées. Ce qui nécessite une analyse paléographiquesystématique.

La tendance était jusqu'à la deuxième moitié du XXeS de tenir pour acquis que le contenu du Coranse fondât sur des récits anachroniques tardifs parmi les écrits judéo-chrétiens médiévaux.Néanmoins cette affirmation soutenue sans vérification dans les ouvrages d'histoire a été mise àmal. Cela a été remis en question progressivement au fil des avancées en paléographie et encodicologie. Après analyse des manuscrits en notre possession, il ressort que le Coran se fonde surdes écrits aussi anciens que les canons actuels, et que celui-ci a par ailleurs influencé beaucoup deces récits anciens au fil du temps, indépendamment des notions de canonicité variant au gré destemps et des obédiences.

Il est remarquable que même pour les écrits grecs antiques, dont ceux attribués à Platon ou àAristote, la sémantique arabo-islamique semble avoir influencé les ouvrages traduits vers l'arabe,et que ceux-ci apparaissent comme étant passés à travers le prisme sémantique arabo-musulman,dans le processus de traductions vers la langue arabe devenue la langue érudite de référence auMoyen-Âge pendant plusieurs siècles parallèlement au rayonnement de l'islam. Il ressort après uneétude paléographique soutenue, que les écrits judéo-chrétiens ne font pas exception à cette influenceinverse du Coran sur les écrits anciens, contre toute attente.

B. Analyse Paléographique et Critique des Similitudes Entre Coran et Ecrits Apocryphes : B-1. Le voyage de Moïse, un midrash des juifs de Yathrib :

D'un point de vue critique historique, il faut se focaliser sur la datation des manuscrits pourdéterminer la chronologie de leurs rapports et interactions éventuels. Tout manuscrit subit eneffet des altérations et des modifications, fussent-elles dues à la dérive sémantique de la langue derédaction induisant des manipulations de scribes telles qu'ajouts de commentaires, interpolations,tentative de correction etc. La critique historique nécessite de fonder les études comparatives selonla date de la mise par écrit des manuscrits afin de reconstituer la chronologie de l'élaboration et del'évolution structurale des écrits au fil du temps, ainsi que leurs interactions multilatérales. Nousallons voir dans cette partie, comment le récit du roman d'Alexandre a évolué au fil des siècles etcomment les plus anciens manuscrits sont éloignés du récit coranique ; montrer également que lerécit du voyage de Rabbi Yohannan ben Lévi est également rédigé ultérieurement au récit du voyage

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de Moïse de la sourate 18, plusieurs siècles après les plus anciens manuscrits du Coran. De même,nous allons voir que l'antériorité du manichéisme à l'islam, ne signifie pas l'antériorité desmanuscrits manichéens aux manuscrits coraniques de Sanaa datés au radiocarbone du début du IeShégirien. Et montrer que c'est là une erreur récurrente réfractaire encore parfois soutenue mêmedans certains milieux académiques.

Les récits sur Abraham et Moïse de la Bible datent de 1800 à 1200 années après les événementsrelatés comme des faits historiques. Ces récits sont pavés d'anachronismes dénonçant une rédactionpostérieure aux événements relatés marquant l'influence du contexte socio-anthropologique desrédacteurs et des scribes. Dans l'article précédant, nous avons soutenu que le Coran est détenteurd'archaïsme pré-massorétiques confortés par l'archéologie et la critique historique émanant de, ourejoignant, une version plus archaïque des israélites de Yathrib ayant échappé aux innombrablesrelectures érudites chez la diaspora israélite à partir de l'exil à Babylone.

(Cor. 18,60-65) : "(Rappelle-toi) quand Moïse dit à son valet : 'Je n'arrêterai pas avantd'avoir atteint le confluent des deux mers, dussé-je marcher de longues années'. Puis,lorsque tous deux eurent atteint le confluent, ils oublièrent leur poisson qui prit alorslibrement son chemin dans la mer. Puis, lorsque tous deux eurent dépassé [cet endroit,]il dit son valet : 'Apporte-nous notre déjeuner : nous avons rencontré de la fatigue dansnotre présent voyage'. [Le valet lui] dit : 'Quand nous avons pris refuge près du rocher,vois-tu, j'ai oublié le poisson - le Diable seul m'a fait oublier de (te) le rappeler - et il acurieusement pris son chemin dans la mer'. [Moïse] dit : «Voilà ce que nouscherchions». Puis, ils retournèrent sur leurs pas, suivant leurs traces. Ils trouvèrent l'unde Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce, de Notre part, et à qui Nousavions enseigné une science émanant de Nous."

Des spécialistes occidentaux ont soutenu que le passage 18:60-65 du Coran dépend des histoirestirées du roman d'Alexandre. La théorie la plus influente sur la nature de ce passage du Coran estprobablement celle d'Arent Wensinck de l'article intitulé "Al-Khadir" dans l'Encyclopaedia OfIslam [1]. Cet article a été imprimé dans les première (1927, Volume II) et deuxième (1978) éditionsde l'Encyclopaedia Of Islam, sans aucune modification.

B-1.1. Le passage 18:60-65 du Coran & le Roman d'Alexandre :

Selon Wensinck et la plupart des érudits ultérieurs [2], le passage du Coran (18:60-65) repose surdes éléments du Roman d'Alexandre. La principale raison conduisant à associer l'histoire duCoran à celle d'Alexandre est l'identification du poisson dans les passages 18:61 et 18:63 du Coranavec le poisson séché dans certaines versions de l'histoire d'Alexandre, qui vient à la vie lorsquecuisinier d'Alexandre le lave au "printemps de la vie". Les premières personnes à envisager un lienentre les histoires d'Alexandre et celle du Coran (18:60-82) étaient Lidzbarski [3] et Dyroff [4] en1892. La thèse a ensuite été développée par Vollers [5], Hartmann [6] et Friedlander [7].

Jusqu'aux travaux de Friedlander, l'idée d'une association de l'histoire d'Alexandre à celle du Coran(18:60-82) était basée sur la présence du personnage d'al-Khidr dans les versions arabe, éthiopienne,et persane du récit d'Alexandre. Le point de départ de l'interprétation du passage coranique (18:60-65) comme associé au récit d'Alexandre a été faite à la lumière de l'identification du "serviteur deDieu" du Coran (18:60-65), avec al-Khidr dans les versions tardives du récit d'Alexandre. Ceschercheurs ne s'apercevaient pas que la figure d'al-Khidr des versions arabe, éthiopienne et persanede l'histoire d'Alexandre est simplement ignorée dans le passage coranique (18:60-65). L'associationdu nom d'al-Khidr au "saint homme" mentionné dans le Coran apparait dans la traditionislamique extra-coranique [8]. En d'autres termes, les versions arabe, éthiopienne et persane de

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l'histoire d'Alexandre sont apparues après la rédaction du Coran, parallèlement à la traditionislamique.

La version syriaque de l'histoire d'Alexandre a été datée d'entre le VIe et le Xe siècle. Budge aplaidé en faveur de la version syriaque qui devait être datée à peu près entre le VIIe et le IXe siècle.Sur base de l'orthographe des noms propres et du vocabulaire de la version syriaque, Wright a faitvaloir, quant à lui, qu'il s'agirait là d'une traduction syriaque à partir d'une version arabe primitiveet datait la version syriaque au Xe siècle [9]. Nöldeke a daté, lui la version syriaque commeremontant à la fin du VIe siècle. Il a fait valoir que l'orthographe et le vocabulaire n'indiqueraientpas une origine arabe, mais Pahlavi [10]. Cette datation a été fondée sur l'hypothèse que la majeurepartie de la littérature Pahlavi est parue au Ve et VIe siècle. Cette dernière datation semble être laplus acceptée au sujet de la version syriaque. Outre les questions de datation, il est important derelever que l'épisode du poisson, qui est un point clé dans l'argumentation de Friedländer etWensinck selon lequel le Coran (18:60-65) est dérivé à partir des récits d'Alexandre, ne se trouvepas dans la version syriaque. La version syriaque est, en effet, une source fondatrice pour la plupartdes traditions non-coraniques de l'histoire d'Alexandre et de légendes apparentées dans le mondeislamique [11].

L'origine de l'épisode du poisson, selon Friedländer, est un passage tiré du sermon sur Alexandrepar Jacob de Serugh daté du début du VIe siècle; cette datation est basée sur la mort de Jacob deSerugh en 521 CE [12]. Les lignes 170-197 décrivent comment un vieil homme dit à Alexandred'ordonner à son cuisinier de prendre le poisson salé et de le laver à toutes les sources d'eau qu'iltrouvera. Quand le poisson reviendra à la vie, explique le vieil homme, le cuisinier aura trouvé l'eaude vie. Le sermon se poursuit ensuite en mentionnant la manière dont le cuisinier a lavé le poissondans l'eau de source quand il est revenu à la vie et comment le poisson s'éloigna. Le cuisinier,craignant qu'Alexandre voudrait le poisson, sautant dans l'eau pour récupérer le poisson et gagnantlui-même l'immortalité [13]. Un parallèle proche de l'épisode du poisson peut être trouvé dans laversion grecque de l'histoire d'Alexandre.

L'histoire, qui ne trouve pas dans la recension a, se produit dans la recension b. Cette dernière estdatée quelque part entre recensions recensions a et l et L, et est identifiée comme un manuscrittardif de la recension b. Résumons les enjeux entourant l'épisode de poissons dans les diversesrecensions grecques [14].

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Dans toutes les recensions grecques, le cuisinier trouve la source de vie par accident par contrasteaux instructions d'Alexandre dans le sermon de Jacob de Serugh dans lequel le cuisinier a utilisé lepoisson comme indication concernant le fait qu'il avait trouvé la source de vie.

B-1.2. Plaidoyer contre le Roman d'Alexandre et le Sermon de Jacob de Serugh :

Friedländer est d'avis que toute l'histoire de Moïse et d'al-Khidr dans les commentaires sur lepassage coranique (18:60-65) est tirée du Roman d'Alexandre. Selon lui, le personnage identifiécomme Moïse dans le Coran est Alexandre. Le cuisinier d'Alexandre correspond à deuxpersonnages différents, à la fois le serviteur de Moïse du Coran (18:61-65) et lemystérieux serviteur de Dieu du Coran (18:65). Friedländer émet l'avis que l'identification descommentaires du serviteur de Dieu avec al-Khidr est une tentative pour expliquer le troisièmepersonnage de l'histoire.

Wensinck adopte une position similaire à celle de Friedlander, mais il rejette l'idée que les deuxserviteurs sont le même personnage et soutient l'identification exclusive du cuisinier d'Alexandreavec al-Khidr. Wensinck accepte l'identification de cuisinier d'Alexandre avec serviteur de Moïseavec le poisson provenant des deux sources [19]. Pour appuyer son point de vue, Wensinck dit quele terme arabe "fatā", tel qu'il est utilisé pour serviteur Moïse, est plus en accord avec uneappellation pour le cuisinier d'Alexandre. Pour Wensinck, cela montre que Coran (18:60-65) dépenddu Roman d'Alexandre plutôt que de l'histoire d'ibn Shahin de Josué ben Levi à partir de laquelle lepassage coranique 18:60-65 est prétendu dérivé également [20]. Il convient d'ajouter que Wensincknie le lien que Friedländer fait entre l'eau de vie et le lieu de rencontre des deux eaux.

Brannon Wheeler, qui a débattu de cette question de "l'emprunt" telle qu'elle fut présentée parFriedländer et Wensinck dans les moindres détails, dit que :

"Il existe un certain nombre de réserves contre ces assertions concernant l'identité du"poisson" du Roman d'Alexandre et celui du Coran 18:61 et 63. L'identité des deuxpoissons est en soi problématique. Si l'histoire dans Coran (18:60-65) a en communavec l'épisode du poisson du sermon de Jacob Serugh la mention d'un poisson s'évadantjuste avant qu'il soit mangé, avec la mention d'une eau particulière, il n'est pas fondéd'assimiler comme acquis les deux histoires. Compte tenu de l'information contenueuniquement dans le Coran, il est incertain que le poisson en 18:61 et 63 soit mort et qu'ils'enfuit en étant ramené à la vie au contact d'une "eau de vie". Le Coran (18:61) stipuleque les deux personnes, vraisemblablement Moïse et son compagnon, oublièrent leurpoisson qui a fait son chemin dans l'eau. Le Coran (18:63) stipulant également que lepoisson fait son chemin dans l'eau. Dans aucun cas il n'y a d'indication, premièrementque le poisson fut bel et bien mort et deuxièmement, que s'il fut mort, son évasion seraitdue au contact avec cette "eau de vie". Même si l'on suppose que le poisson était mort ets'enfuit en revenant à la vie, il n'y a aucune indication dans les versets 61 ou 63, quecette résurrection eût eu lieu à cause du fait que le poisson soit entré en contact aveccette "eau de vie". En fait, au verset 63, le compagnon de Moise stipule que le poissons'échappa pendant que lui et Moïse ont pris refuge sur un rocher [21] ".

Wheller continue en ces termes :

"Plus problématique encore pour identifier le passage coranique (18:60-65) auxhistoires d'Alexandre est la tendance des spécialistes occidentaux de confondre lesinformations contenues dans le Coran et son interprétation dans les exégèses, tout

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comme les exégètes confondent le Coran et les exégèses antérieures avec le passagecoranique en propre : (18:66-82). Dans le cas de l'épisode du poisson, Wensinck etd'autres n'ont pas prêté assez d'attention tant à la variété parmi les premières exégèses,qu'au développement des explications du passage coranique (18:60-65) des premièresexégèses jusqu'aux plus tardives. Par exemple, le passage (18:61) stipule que le poissons'échappe : "saraban". L'emploi du terme "saraban" a été rendu comme désignantl'évasion du poisson en tant que "miracle" dans la plupart des traductions de ce verset.Que le poisson se soit échappé par miracle serait compatible avec cet épisode ayant ététiré du Roman d'Alexandre, où le poisson, déjà mort, est ramené à la vie par l'eau de vieet nage au loin. Cette interprétation de l'évasion du poisson est en contradiction aveccelle des exégèses médiévales cependant [22] ".

Wheeler discute ensuite du commentaire d'at-Tabari concernant la manière dont le terme "saraban"décrit l'évasion du poisson. at-Tabari énumère trois explications sur la façon dont le terme "saraban"décrit l'évasion du poisson. La première explication dit que le poisson se fraye un chemin à traversune roche ou un passage d'eau que Moïse découvre plus tard et qu'il aurait suivi pour parvenir à al-Khidr. Le second dit que, partout où le poisson nagea l'eau devint solide comme du rock, Moïseayant été en mesure de marcher sur l'eau pour parvenir jusqu'à une île sur laquelle il aurait rencontréal-Khidr. La troisième explication précise que le poisson aurait traversé la terre ferme seulementjusqu'à ce qu'il atteigne l'eau. Dans chacune de ces trois explications, il est supposé que le mot"saraban" concerne le fait que le poisson s'échappe suivant le Coran via la terre ferme [23]. Ainsi, ily a eu diverses interprétations données aux Coran 18:60-65 dans l'exégèse musulmane primitive.Wheeler ajoute que :

"Il y a là un petit indice signalant que le passage coranique (18:60-65) a ultérieurementété identifié aux histoires d'Alexandre dans la tradition islamique conduisant aux deuxpoints qui dénoncent une tentative de lier le poisson du récit du Coran avec l'épisode dupoisson d'après les histoires d'Alexandre. Cette interprétation, qui s'aligne sur leshistoires d'Alexandre, doit être distinguée de l'information donnée dans le Coran en lui-même. Le rapport établit d'après ibn Abbas (dans la version longue du récit) n'est ni laseule interprétation de ce récit, ni l'interprétation originelle de ce passage, mais il s'agitplutôt là d'une tentative de faire une association entre le Coran avec des récits extra-coraniques [24] ".

Wheeler fait remarquer que dans les commentaires tardifs, au fil du temps, que l'épisode du poissondans le Coran (18:60-65) est devenu de plus en plus identifié avec l'épisode du poisson des récitsd'Alexandre. Il est probable que dès le 12e ou peut-être dès 11e siècle, sur la base des recensionsperses des histoires d'Alexandre, les commentateurs ont envisagé que le passage coranique (18:60-65) faisait une allusion aux histoires d'Alexandre.

Mis à part ces questions, il existe de nombreuses théories concernant la reconstruction de l'histoiredes recensions des histoires d'Alexandre ; beaucoup d'entre elles sont basées sur de pureshypothèses. Il n'est pas certain que le Pseudo-Callisthène syriaque ait été écrit plus tardivement quele 9e siècle, même si nous supposons qu'il a été pris à partir d'un Pahlavi original comme le prétendNöldeke. Même si il a été tiré d'un Pahlavi original, il incomberait de montrer d'où la recensionPahlavi est dérivée. Les possibilités les plus évidentes seraient quelques-uns des manuscrits de larecension b ou l, qui contiennent à peu près le même matériau. Il convient de noter, toutefois, que lareconstruction habituelle de l'histoire de recensions des histoires d'Alexandre font de larecension b et l des recensions indépendantes de la recension syriaque, qui résulte d'unehypothétique recension d [25].

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B-1.3. Compte tenu de ces possibilités selon ce que Wheeler a soutenu :

Il n'est pas possible de montrer que les versions éthiopiennes et les versions persanes des histoiresd'Alexandre sont directement dérivées des versions syriaques. Il y a plusieurs problèmes avec ladatation des versions syriaques et au sujet de leur influence supposée sur le Coran et les histoiresd'Alexandre plus tardifs. L'une d'elles, et non des moindres, est la confusion de ce qu'on a appelé lePseudo-Callisthène syriaque, le sermon de Jacob de Serugh, et la soi-disante légende syriaqued'Alexandre.

Deuxièmement, les éléments clés des passages coraniques (18:60-65) et (18:83-102), et l'histoired'ibn Hicham et ibn Sa'd, mentionnant la figure d'al-Khidr n'apparaissent pas dans le Pseudo-Callisthène syriaque. L'épisode du poisson, trouvé dans le sermon de Jacob de Serugh, n'étant pasfondé non plus comme étant la source du récit du Coran (18:60-65), et étant également absent duPseudo-Callisthène syriaque.

Troisièmement, la légende d'Alexandre, dont il a été dit qu'elle n'était qu'une version en prose dusermon de Jacob de Serugh, n'est pas identique avec le sermon, il n'est pas fondé de la tenir pourdépendante du Pseudo-Callisthène syriaque. Elle omet plusieurs éléments trouvés dans le sermon deJacob de Serugh, y compris l'épisode du poisson revenant à la vie, et les éléments qu'elle nementionne point pourraient être dérivés d'une source grecque ou Pahlavi indépendante.

Quatrièmement, bien que le sermon de Jacob de Serugh ne comporte pas l'épisode du poisson, maisune histoire non identique avec l'épisode du poisson la plus stable dans les recensions grecques, lesermon n'inclut pas les mêmes éléments clés du Coran et n'est pas associé à al-Khidr [27].

Sur la base des études approfondies sur l'influence du Pseudo-Callisthène syriaque sur le Coran(18:60-102), la conclusion de Wheeler peut être montrée sous forme du schéma suivant :

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Ainsi, l'histoire du Coran (18:60-65), bien plus tard identifiée comme étant l'épisode du poissond'après les histoires d'Alexandre, ne ressemble pas aux premières histoire et est indépendante deshistoires d'Alexandre.

(Source : Is The Source Of Qur'an 18:60-65 The Alexander Romances ? John D'Urso, M S M Saifullah & Elias Karim . )

B-1.4. La Question du Rapport entre le Récit Coranique et Le Voyage de Yohannan ben Levi : De même, le récit talmudique de Yohannan ben Levi avec Elie qui est perçu également comme unesource d'inspiration du Coran n'est pas rapporté par Yohannan ben Levi qui est antérieur àMuhammad, mais rédigé bien postérieurement à Muhammad au alentours de l'an 845[27.a] dansPesikta Rabbati (36a). En l'occurrence, c'est le récit talmudique qui est postérieur au Coran. B-2. L'enfance de Jésus et le récit de Marie :

D'après les analyses paléographiques, le protévangile de Jacques et l'évangile de l'enfance deThomas sont deux écrits judéo-chrétiens plus anciens que les versions achevées des évangiles selonLuc et selon Jean. Ceux-ci ont été souvent utilisés par les pères de l'Eglise avant d'être révoquésfinalement et classifiés comme apocryphes. Ces deux écrits sont néanmoins plus anciens quecertains canons actuels, et rejoignent le Coran en plusieurs points. Il est à noter que les noms desparents de Marie, les animaux de la crèche, ou le dogme de l'immaculée conception et d'autrespoints retenus par le monde chrétien se fondent sur le fameux protévangile de Jacques, que rejointd'autre part le Coran sur certains autres points.

Certains éléments de récits du Protévangile figurent également dans le Coran sourate III "La familled'Imran" 33-47 [27b] :

• Généalogie noble, issue des grands patriarches (Protévangile I : 1) (Cor. III : 33-34)• Le vœu d’Anne (Protévangile IV : 1) (Cor. III : 35)• Dieu accepte la consécration de Marie (Protévangile V : 1) (Cor. III : 37)• Naissance de Marie (Protévangile V : 2) (Cor. III : 36)• L’éducation exemplaire et sans tache de Marie (Protévangile V : 1) (Cor. III : 37)• Marie adoptée par le prêtre Zakarie (Protévangile VII : 2-3 et VIII : 1) (Cor. III : 37)• Les anges apportent la nourriture à Marie (Protévangile VIII : 1) (Coran III : 37)• Zakarie devint muet (Protévangile X : 2) (Cor. III : 41)• Les anges exaltent Marie (Protévangile XI : 1) (Cor. III : 42)• Le tirage au sort pour la prise en charge de Marie (Protévangile VIII : 2-3 et IX. 1) (Cor. III :

44)• L’Annonciation faite à Marie (Protévangile XI : 2-3) (Cor. III :45-47)

B-2.1. Immaculée conception, et noms des parents de Marie et les apocryphes :

Les catholiques romains et les écrits apostoliques soutiennent la perpétuelle virginité de Marie.Cette croyance qui ne figure nullement dans les évangiles canoniques, ni ailleurs dans la Bible, seretrouve dans le protévangile de Jacques, cet écrit apocryphe dont certains passages rejoignent par

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ailleurs certains extraits du Coran. Le Coran ignore quant à lui l'immaculée conception duprotévangile de Jacques. De même, toutes les églises retiennent les noms des parents de Marie duprotévangile, les animaux de la crèche et beaucoup d'autres informations détenues uniquement àpartir du protévangile de Jacques. Ainsi, cet ouvrage ressort comme une source paléochrétienne trèsinfluente dans le monde chrétien primitif.

B-2.2. Le tirage au sort pour la garde de Marie : (Cor. 3,43) : "Ce sont là des nouvelles de l'inconnaissable que Nous te révélons. Car tu n'étais pas lalorsqu'ils jetaient leurs calames pour décider qui se chargerait de Marie ! Tu n'étais pas là non pluslorsqu'ils se disputaient ."

Cette allusion coranique au tirage au sort par lancer de calame, pour désigner à qui devait revenir lagarde de Marie encore enfant rejoint ce texte chrétien apocryphe figurant dans le protévangile :

"...Et le prêtre revêtit l'habit aux douze clochettes, pénétra dans le Saint des Saints et se mit enprière. Et voici qu'un ange du Seigneur apparut, disant : 'Zacharie, Zacharie, sors et convoque lesveufs du peuple. Qu'ils apportent chacun une baguette. Et celui à qui le Seigneur montrera un signeen fera sa femme.' Des hérauts s'égaillèrent dans tout le pays de Judée et la trompette du Seigneurretentit, et voici qu'ils accoururent tous. Joseph jeta sa hache et lui aussi alla se joindre à la troupe.Ils se rendirent ensemble chez le prêtre avec leurs baguettes. Le prêtre prit ces baguettes, pénétradans le temple et pria. Sa prière achevée, il reprit les baguettes, sortit et les leur rendit. Aucune neportait de signe. Or Joseph reçut la sienne le dernier. Et voici qu'une colombe s'envola de sabaguette et vint se percher sur sa tête. Alors le prêtre : 'Joseph, Joseph, dit-il, tu es l'élu : c'est toi quiprendras en garde la vierge du Seigneur.' " (Protévangile de Jacques VIII,3-IX,1)

B-2.3 Marie nourrie par des anges :

(Coran, 3:37) : "Chaque fois que Zacharie allait la voir dans le Temple, il trouvait auprès d'elle lanourriture nécessaire et lui demandait : 'Ô Marie ! D'où cela te vient-il ?' ; Elle répondait : 'Celavient de Dieu ; Dieu donne sa subsistance à qui il veut sans compter'."

Rejoint le ch. VIII du Protévangile : « La main d'un ange la nourrissait. » et au ch. XIII : « Toi quifut élevée dans le Saint des Saints, et qui fus nourrie de la main d'un ange. » (D. Rops - Cerf - 1952,p. 53 et 57) « 19.3. Et la sage-femme sortant de la grotte, rencontra Salomé et elle lui dit : "Salomé, Salomé, j'aiune étonnante nouvelle à t'annoncer : une vierge a enfanté, contre la loi de nature." Et Salomérépondit : "Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, si je ne mets mon doigt et si je n'examine soncorps, je ne croirai jamais que la vierge a enfanté." 20.1. Et la sage-femme entra et dit : "Marie,prépare-toi car ce n'est pas un petit débat qui s'élève à ton sujet." A ces mots, Marie se disposa. EtSalomé mit son doigt dans sa nature et poussant un cri, elle dit : « Malheur à mon impiété et à monincrédulité ! disait-elle, j'ai tenté le Dieu vivant ! Et voici que ma main se défait, sous l'action d'unfeu. » " (Protévangile de Jacques, XIX,3-XX,2)

Les récits sur Jésus et Marie du Coran qui recoupent des apocryphes sont donc antérieurs à certainsécrits canoniques, et s'ancrent dans des ouvrages fondateurs du monde paléochrétien. Il ne sontdevenus apocryphes qu'au fil de l'éloignement depuis les milieux apostoliques primitifs du mondechrétien. Leur authenticité n'est donc pas plus ni moins sujet à caution que pour les récitscanoniques qui leur sont postérieurs.

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B-2.4. Autres Apocryphes Rejoignant Des Extraits Coraniques :

Il existe encore d'autres passages coraniques qui rejoignent des écrits apocryphes, ne figurant pasdans le protévangile de Jacques :

• Jésus et les oiseaux en argile, (Cor. 3,43) & (Cor. 5,110) et l'Évangile de l’Enfance selonThomas,

• Jésus parlant au berceau, (Cor. 3,41) & (Cor. 19,21) et l'Évangile arabe de l’Enfance,• La station sous un palmier, (Cor. 19,23) et l'Évangile du pseudo-Matthieu.

L'Evangile de l'Enfance selon Thomas remonterait également au IIIeS. L'Evangile arabe del'enfance au VeS. L'Evangile du pseudo-Mathieu qui contient comme l'évangile arabe de l'enfancedes passages du protévangile le plus ancien daterait du VIeS.

La grande complexité de la composition des manuscrits et les fourchettes de datations varient selonles approches de la plus généreuse à la plus sévère. Il n'existe en effet pas de datation absolue desmanuscrits, qui possèdent en outre de nombreuses variantes et retouches se révélant lors de l'analysestructurale et paléographique de ceux-ci : tous les manuscrits étant composites. Ainsi,indépendamment des notions d'hérésiologie ou de canonicité, les évangiles canoniques sontlargement datés paléographiquement comme contemporains de ces ouvrages apocryphes que rejointle Coran, et des passages des évangiles canoniques, également composites, ne sont pas davantagefondés avant le VIeS, qui est la date la plus tardive des manuscrits fondant le récit du palmier oùMarie se réfugie selon le Coran.

Ainsi, au IIIeS l'évangile de Marc est absent (0%), de l'évangile de Mathieu nous trouvons 130versets remontant au IIIeS (10%), de l'évangile de Luc 727 versets (65%) et de celui de Jean 657(79%) [27c]. Autrement dit, le terminus post quem des évangiles canoniques est largementcontemporain des évangiles apocryphes rejoints en certains points par le Coran, à l'exception durécit de Jésus parlant au berceau et le récit de Marie se réfugiant au pied d'un palmier qui sontcontemporains des passages non fondés également jusqu'au terminus a quo des passages desévangiles canoniques actuels les plus tardifs. Une partie des évangiles canoniques étant mêmepostérieure au manuscrits coraniques de Sanaa. Puisque le Coran ne remonte en réalité qu'à quelquetrois siècles après les manuscrits des évangiles canoniques.

B-2.5. Date de l'Abolition de la Crucifixion comme Terminus Post Quem des Evangiles :

Pour réaliser et appuyer la difficulté à dater les manuscrits, soulignons que les évangiles canoniquestémoignent de l'ignorance des procédures de la crucifixion romaine du temps de Jésus, qui ne serontabolies que sous Constantin Ier en 313. En effet, des descriptions sur le processus de la crucifixiondes évangélistes témoignent d'une méconnaissance manifeste des rédacteurs des usages romains enmatière de crucifixion. Ce qui conduit à poser comme terminus ante quem de ces manuscritcomposites une date ultérieure à 313, qui marque la fin de la peine de la crucifixion.

B-2.6. Hypothèse radicale, il n'y a que des rumeurs au sujet de la crucifixion de Jésus :

(Cor. 4,157): "Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude : ils n'en ontaucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des rumeurs et ils ne l'ont pas tué de façoncertaine, mais Dieu l'a élevé vers Lui. "

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Selon l'étude minutieuse des évangiles et l'analyse paléographique et philologique de la question, ilressort que la crucifixion peut être une simple rumeur ayant suivi la disparition mystérieuse deJésus. L'absence des apôtres lors de sa mise à mort et la question de son abandon au moment del'arrestation peuvent témoigner de l'émergence d'une telle croyance. De même que la thèse dujugement au sanhédrin en pleine nuit la veille de Pâques, ou son enlèvement mystérieux par uncertain Joseph, ou encore l'accusation des apôtres de l'avoir enlevé. Même la mort de Judas semblesouffrir de nombreuses rumeurs... Les nombreuses contradictions au sujet des récits de la passion etleur composition de type midrashique rajoute à plus de deux siècles d'absence écrit au sujet de laprétendue mort de Jésus semblent permettre de penser que la condamnation puisse être uneélaboration de toute pièce, sans même aucun fondement historique, hormis la disparitionmystérieuse de Jésus.

En effet, les manuscrits ont subi de nombreuses adaptations, or le personnage mystérieux nomméBarabbas qui surgit comme un brigand au moment de la crucifixion est nommé Jésus dans lemanuscrit Bodmer. Des chercheurs soulignent que Bar-Abbas signifie fils du père, ce qui sera unqualificatif de Jésus dans certains milieux pagano-chrétiens. Il apparaît que le personnageénigmatique de Barabbas soit un dédoublement de Jésus dans les couches populaires. La prétenduehabitude à amnistier un juif à l'occasion de Pâques par Pilate qui s'avère une autre élaboration pourles besoins du récit dénonce ce processus. L'accusation de Jésus d'ameuter les juifs, l'accusation debrigandage rejoint les récits, les surnoms de plusieurs apôtres dénoncent un tel scénario en filigrane,qui a résisté aux nombreuses retouches. Dans cet optique, il ressort que Jésus a pu être relâché parles autorités romaines ne lui trouvant aucun chef d'accusation, et qu'il ait simplement disparu de larégion. Générant ainsi les accusations d'avoir été trahi tantôt par les apôtres, tantôt par les rabbins,tantôt étant affirmé avoir été enlevé par les apôtres, ou plus tard ressuscité et élevé au ciel. Lesindices d'un processus d'élaboration midrashique des récits contradictoires de la crucifixion,l'absence d'écrits à ce sujet antérieurs à la seconde moitié du second siècle et tous les points relevésici semblent converger de façon inéluctable sur l'élaboration imaginaire de cette condamnationsuspicieuse de Jésus, mort et ressuscité.

Le personnage énigmatique de Simon le magicien soutenant que Jésus n'a pas vraiment été crucifiéserait-il également un artéfact des prêches de l'apôtre Pierre ridiculisé par les pauliniens qui aurontraison de tout écrit des vrais apôtres ? Paul ne se plaint-il pas de ce que certains prêchent un autreJésus et un autre évangile ?

(2Corinthiens, 11:1-4) : "Oh! si vous pouviez supporter de ma part un peu de folie ! Mais vous, mesupportez ! Car je suis jaloux de vous d'une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seulépoux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure. Toutefois, de même que le serpentséduisit Eve par sa ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de lasimplicité à l'égard de Christ. Car, si quelqu'un vient vous prêcher un autre Jésus que celui quenous avons prêché, ou si vous recevez un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou unautre Evangile que celui que vous avez embrassé, vous le supportez fort bien. Or, j'estime queje n'ai été inférieur en rien à ces apôtres par excellence."

Paul se pose très ouvertement contre les apôtres, qu'il qualifie de colonnes et s'affirme dépositairedu vrai évangile. Ainsi, il apparaît que son rôle dans les anathèmes ayant conduit à la destructiondes écrits des vrais apôtres est décisif et irrévocable (Galates, 1:9).

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B-2.7. Les deux plus anciennes mentions canoniques de la condamnation de Jésus datés duIIIeS :

B-2.7.1 Papyrus 75 : (Luc,23:1-56) : "Toute la multitude se leva alors et le conduisit à Pilate.2 Et ils commencèrent àl’accuser, en disant : “ Cet homme, nous l’avons trouvé bouleversant notre nation, et interdisant depayer les impôts à César, et se disant lui-même Christ, un roi. ”3 Alors Pilate lui posa la question : “Es-tu le roi des Juifs ? ” Lui répondant, il dit : “ C’est toi qui [le] dis. ”4 Pilate dit alors aux prêtresen chef et aux foules : “ Je ne trouve aucun crime en cet homme. 5 Mais ils insistaient, en disant : “Il soulève le peuple en enseignant dans toute la Judée, oui ayant commencé depuis la Galiléejusqu’ici. ”6 En entendant cela, Pilate demanda si l’homme était Galiléen,7 et, après s’être assuréqu’il était de la juridiction d’Hérode, il l’envoya à Hérode, qui était, lui aussi, à Jérusalem en cesjours-là.8 Quand Hérode vit Jésus, il se réjouit beaucoup, car depuis un temps considérable ilvoulait le voir parce qu’il avait entendu parler de lui, et il espérait lui voir accomplir quelquesigne.9 Alors il se mit à l’interroger avec force paroles, mais il ne lui répondit rien.10 Cependant lesprêtres en chef et les scribes se levaient sans cesse et l’accusaient avec véhémence.11 Alors Hérode,avec les soldats de sa garde, lui témoigna du mépris ; il se moqua de lui en le revêtant d’unvêtement éclatant et le renvoya à Pilate.12 Et Hérode et Pilate devinrent amis l’un de l’autre ce jour-là même, car auparavant il y avait toujours eu inimitié entre eux.13 Pilate alors convoqua les prêtresen chef, et les chefs, et le peuple,14 et il leur dit : “ Vous m’avez amené cet homme commequelqu’un qui incite le peuple à la révolte, et, voyez, je l’ai interrogé devant vous, mais je n’aitrouvé en cet homme rien qui motive les accusations que vous portez contre lui.15 Hérode non plusd’ailleurs, car il nous l’a renvoyé ; et, voyez, rien n’a été commis par lui qui mérite la mort.16 Jevais donc le châtier et le relâcher. ”17——18 Mais avec toute leur multitude ils crièrent, en disant :“ Enlève celui-ci, mais relâche-nous Barabbas ! ”19 ([C’était l’homme] qui avait été jeté en prisonpour une certaine sédition survenue dans la ville et pour meurtre.)20 De nouveau Pilate lesinterpella, parce qu’il voulait relâcher Jésus.21 Alors ils se mirent à vociférer, en disant : “ Attachesur un poteau ! Attache-le sur un poteau ! ”22 Pour la troisième fois il leur dit : “ Mais enfin, quelmal a fait cet [homme] ? Je n’ai rien trouvé en lui qui mérite la mort ; je vais donc le châtier et lerelâcher. ”23 Mais ils se faisaient pressants, avec des voix fortes, demandant qu’il soit attaché surun poteau ; et leurs voix l’emportaient.24 Alors Pilate prononça que leur demande soit satisfaite :25 il relâcha l’homme qui avait été jeté en prison pour sédition et pour meurtre, et qu’ilsréclamaient, mais il livra Jésus à leur volonté.26 Or, comme ils l’emmenaient, ils se saisirent d’uncertain Simon, originaire de Cyrène, qui revenait de la campagne, et ils placèrent sur lui le poteaude supplice pour le porter derrière Jésus.27 Mais le suivait une grande multitude du peuple et defemmes qui se frappaient la poitrine de chagrin et se lamentaient sur lui.28 Jésus se tourna vers lesfemmes et dit : “ Filles de Jérusalem, cessez de pleurer pour moi. Au contraire, pleurez pour vous etpour vos enfants ;29 parce que, voyez, des jours viennent où l’on dira : ‘ Heureuses les stériles, etles matrices qui n’ont pas mis au monde, et les seins qui n’ont pas allaité ! ’30 Alors ilscommenceront à dire aux montagnes : ‘ Tombez sur nous ! ’ et aux collines : ‘ Couvrez-nous !’31 Parce que s’ils font ces choses quand l’arbre est humide, qu’arrivera-t-il quand il seradesséché ? ”32 Mais on conduisait aussi deux autres hommes, des malfaiteurs, pour être exécutésavec lui.33 Et lorsqu’ils arrivèrent au lieu appelé Crâne, là ils l’attachèrent sur un poteau, ainsi queles malfaiteurs, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. 34 [[Mais Jésus disait : “ Père, pardonne-leur,car ils ne savent pas ce qu’ils font. ”]] En outre, pour distribuer ses vêtements, ils jetèrent lessorts.35 Et le peuple se tenait là à regarder. Mais les chefs ricanaient, en disant : “ Il en a sauvéd’autres ; qu’il se sauve lui-même, si celui-ci est le Christ de Dieu, Celui qui a été choisi. ”36 Lessoldats aussi se moquèrent de lui, s’approchant pour lui offrir du vin aigre37 et disant : “ Si tu es leroi des Juifs, sauve-toi toi-même. ”38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : “ Voici le roi

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des Juifs. ”39 Mais l’un des malfaiteurs pendus l’insultait : “ Tu es le Christ, n’est-ce pas ? Sauve-toi toi-même, et nous [aussi]. ”40 En réponse l’autre le réprimanda et dit : “ Ne crains-tu pas du toutDieu, alors que tu es dans le même jugement ?41 Oui, pour nous c’est justice, car nous recevonspleinement ce que nous méritons pour les choses que nous avons commises ; mais cet [homme] n’arien fait de déplacé. ”42 Puis il dit : “ Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans tonroyaume. ”43 Et il lui dit : “ Vraiment, je te le dis aujourd’hui : Tu seras avec moi dans le Paradis.”44 Eh bien, c’était déjà environ la sixième heure, et pourtant il y eut des ténèbres sur toute la terrejusqu’à la neuvième heure,45 parce que la lumière du soleil avait disparu ; alors le rideau dusanctuaire se déchira par le milieu.46 Et Jésus appela d’une voix forte et dit : “ Père, entre tes mainsje remets mon esprit. ” Quand il eut dit cela, il expira.47 Voyant ce qui était arrivé, l’officier se mità glorifier Dieu, en disant : “ Réellement, cet homme était juste. ”48 Et toutes les foules quis’étaient rassemblées là pour ce spectacle, quand elles virent les choses qui étaient arrivées,commencèrent à s’en retourner en se frappant la poitrine.49 De plus, tous ceux qui le connaissaientse tenaient à distance. Des femmes aussi, qui ensemble l’avaient suivi depuis la Galilée, se tenaientlà, regardant ces choses.50 Et, voyez, un homme nommé Joseph, qui était membre du Conseil, unhomme bon et juste —51 cet [homme] n’avait pas voté en faveur de leur projet et de leur action —,il était d’Arimathée, ville des Judéens, et attendait le royaume de Dieu ;52 cet [homme] alla versPilate et demanda le corps de Jésus.53 Et il le descendit, l’enveloppa dans du fin lin et le déposadans une tombe taillée dans le roc où personne encore n’avait été mis. 54 Or, c’était le jour de laPréparation, et la lumière du sabbat arrivait. 55 Mais les femmes, qui étaient venues de Galilée aveclui, suivirent de près et regardèrent la tombe de souvenir et comment son corps [y] fut déposé ; 56 etelles s’en retournèrent pour préparer des aromates et des huiles parfumées. Mais, naturellement,elles se reposèrent le sabbat, selon le commandement."

* Cet écrit rapporte comment un certain Joseph a descendu Jésus de la croix pour le transporter dansune caverne. Or, cela a manifestement sauvé la vie de Jésus, puisque c'était le sabbat et que lesregards étaient détournés de Jésus, qui a pu récupérer et s'éveiller dans la caverne.

B-2.7.2 Papyrus 121 :

(Jean,19:17-18;25-28) : " Et, portant lui-même le poteau de supplice, il sortit vers l’endroit qu’onappelle Lieu du Crâne, qui est appelé Golgotha en hébreu ;18 et là ils l’attachèrent sur un poteau, etdeux autres [hommes] avec lui, un de ce côté-ci et un de ce côté-là, mais Jésus au milieu." ;"25 Près du poteau de supplice de Jésus, cependant, se tenaient sa mère et la sœur de sa mère ;Marie la femme de Clopas, et Marie la Magdalène.26 Jésus donc, voyant sa mère et le disciple qu’ilaimait se tenant là, dit à sa mère : “ Femme, regarde ! Ton fils ! ”"

* Ici aussi, il est fait mention de poteau et non de croix, comme cela est représenté dansl'iconographie chrétienne tardive.

B-2.8. Les sources des évangiles :

Le texte initial le plus ancien identifié est selon Marc et il s'arrête au verset : « elles ne dirent rien àpersonne, car elles avaient peur. » (Mc 16,8) Les deux grands onciaux du IVe siècle (les codexVaticanus et codex Sinaiticus) s'arrêtent à ce moment devant la caverne, tandis que certains autresmanuscrits proposent les versions diverses. La théorie des deux sources, se fonde sue ce que lesévangélistes Matthieu grec et Luc rejoignent l'évangile selon Marc dans une large mesure. LeMatthieu grec reprends 523 versets de Marc sur 661 (79%), et Luc en reprend 364 sur 661 (56%).Ainsi, 635 versets sur 661 se retrouvent conjointement à travers les synoptiques autours de la

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version selon Marc (97%).

Schéma théorique des sources des évangiles synoptiques élaborée soutenant l'existence d'une seconde source endehors de l'évangile selon Mars, la source Q.

B-3. Jésus fabrique des golem :

(Coran, 5:110) : "110. Et quand Dieu dira : «Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toiet sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme enton âge mûr. Je t'enseignais le Livre, la Sagesse , la Thora et l'évangile ! Tu fabriquais de l'argilecomme une forme d'oiseau par Ma permission; puis tu soufflais dedans. Alors par Ma permission,elle devenait oiseau. Et tu guérissais par Ma permission, l'aveugle-né et le lépreux. Et par Mapermission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d'Israël pendant que tuleur apportais les preuves. Mais ceux d'entre eux qui ne croyaient pas dirent : «Ceci n'est que de lamagie évidente»."

"Être, le plus souvent de forme humaine, le golem est créé par un acte de magie grâce àla connaissance des dénominations sacrées. Dans le judaïsme, l'apparition du termegolem remonte au Livre des Psaumes et à l'interprétation qu'en donne le Talmud ; ils'agit, dans ce contexte, tantôt d'un être inachevé ou dépourvu de forme définie, tantôtde l'état de la matière brute. Ainsi le Talmud appelle-t-il parfois Adam « golem » quandil veut faire allusion aux douze premières heures de sa vie : il s'agit là d'évoquer soncorps encore dénué d'âme. Mais c'est surtout le Sefer Yesirah (le Livre de la Création) etl'exégèse ésotérique qui en fut faite qui développèrent l'idée du golem en relation avecles croyances concernant le pouvoir créatif du discours et des lettres de l'alphabethébreu (...)." (Encyclopædia Universalis 2005)

Le Talmud aussi parle de la fabrication de golem par des rabbins versés dans les écritures. Le Coraninsiste dans ce passage sur la science de Jésus. Le Sefer Yetsira (Livre de la formation) mentionne lapossibilité de fabriquer des golem.

La datation montre que malgré les retouches, l'évangile de l'enfance selon Thomas est contemporaindes évangiles canoniques selon la paléographie :

La datation des évangiles apocryphes de l'enfance remonterait ainsi vers 130-140. Les deuxpremières parties, soit au moins jusqu'au chapitre 22 ; la fabrication des oiseaux étant i.e. dans ladeuxième partie de l'"Évangile de l'enfance". Les "Protévangile de Jacques" & "Jacques l'Hébreu"semblent déja connus à la seconde moitié du second siècle par lesp ères de l'Eglise. Cet écrit racontel'enfance de Jésus or il ignore tout des coutumes juives. Il a du être remanié tardivement, puisqu'ilutilise le titre de "Mère de Dieu" (theotokos) pour Marie : un titre date du concile d'Ephèse de 431.L'Évangile de Jean daterait aparemment quant à lui d'un peu avant 152. Ainsi, les

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récits "apocryphes" sur Jésus et Marie du Coran sont antérieurs à beaucoup d'écrits canonisésultérieurement.

L'eau changé en vin est retrouvé ainsi vers 152, tandis que la fabrication des oiseaux remonte, lui,entre 130 et 140. En outre, l'existence de ces récits est suggéré chez Jean qui écrira que Jésus aréalisé des signes non consignés dans son évangile, cela indépendamment des notions d'hérésiologieou de canonicité.

(Jean, 20:30-31) : "Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d'autres signes, qui nesont pas écrits dans ce livre. 20.31 Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésusest le Christ."

Ainsi, la mention de la fabrication des golem figure dans l'évangile de l'enfance de Thomas, datécomme étant rédigé antérieurement à l'évangile de Jean, qui reconnaît l'existence de nombreuxsignes non consignés dans son manuscrit.

B-4. Les manuscrits des évangiles canoniques les plus anciens :

Marc :P45 (V) : Mc 4:36-40; 5:15-26,38-43,Z; 6:1-3,16-25,36-50; 7:3-15,25-37,Z; 8:1,10-26,34-38,Z; 9:1-9,18-31; 11:27-33,Z; 12:1,5-8,13-19,24-28P84 (VI) : Mc 2:2-5,8-9; 6:30-31,33-34,36-37,39-41P88 (IV) : Mc 2:1-26

Mathieu :P1 (III) : Mt 1:1-9,12,14-20P19 (IV/V) : Mt 10:32-42,Z; 11:1-5P21 (IV/V) : Mt 12:24-26,32-33P25 (IV) : Mt 18:32-34; 19:1-3,5-7,9-10P35 (IV) : Mt 25:12-15,20-23P37 (III/IV) : Mt 26:19-52P44b (VI/VII) : Mt 17:1-3,6-7; 18:15-17,19; 25:8-10P45 (III) : Mt 20:24-32; 21:13-19; 25:41-46,Z; 26:1-39P53 (III) : Mt 26:29-40P62 (IV) : Mt 11:25-30P64 (ca200) : Mt 3:9,15; 5:20-22,25-28; 26:7-8,10,14-15,22-23,31-33P70 (III) : Mt 2:13-16,22-23,Z; 3:1; 11:26-27; 12:4-5; 24:3-6,12-15P71 (IV) : Mt 19:10-11,17-18P73 (VII) : Mt 25:43; 26:2-3P77 (II/III) : Mt 23:30-39P83 (VI) : Mt 20:23-25,30-31; 23:39,Z; 24:1,6P86 (IV) : Mt 5:13-16,22-25P96 (VI) : Mt 3:13-15P101 (III) : Mt 3:10-12,3:16,4:3P102 (III/IV) : Mt 4:11-12,22-23P103 (II/III) : Mt 13:55-56,14:3-5P104 (II) : Mt 21:34-37,43,45?P105 (V/VI) : Mt 27:62-64,28:2-5P110 (IV) : Mt 10:13-14,25-27P128 (VI/VII) : Mt 17,1-3.6-7; 18,15-17.19; 25,8-10

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Luc :P3 (III) : Lc 7:36-45; 10:38-42P4 (III) : Lc 1:58-59,62-80,Z; 2:1,6-7; 3:8-38,Z; 4:1-2,29-32,34-35; 5:3-8,30-39,Z; 6:1-16P7 (III-IV) : Lc 4:1-3P42 (VI/VII) : Lc 1:54-55; 2:29-32P45 (III) : Lc 6:31-41,45-49,Z; 7:1-7; 9:26-41,45-62,Z; 10:1,6-22,26-42,Z; 11:1,6-25,28-46,50-54,Z; 12:1-12,18-37,42-59,Z; 13:1,6-24,29-35,Z; 14:1-10,17-33P69 (III) : Lc 22:41,45-48,58-61P75* (III) : Lc 3:18-22,33-38,Z; 4:1-2,34-44,Z; 5:1-10,37-39,Z; 6:1-4,10-49,Z; 7:1-32,35-39,41-43,46-50,Z; 8:1-56,Z; 9:1-2,4-62,Z; 10:1-42,Z; 11:1-54,Z; 12:1-59,Z; 13:1-35,Z; 14:1-35,Z; 15:1-32,Z; 16:1-31,Z; 17:1-15,19-37,Z; 18:1-18; 22:4-71,Z; 23: 1-56,Z ; 24:1-53,ZP82 (IV/V) : Lc 7:32-34,37,38P97 (VI/VII) : Lc 14:7-14

Jean :P2 (VI) : Jo 12:12-15P5 (III) : Jo 1:23-31,33-40; 16:14-30; 20:11-17,19-20,22-25P6 (IV) : Jo 10:1-2,4-7,9-10; 11:1-8,45-52P22 (III) : Jo 15:25-27,Z; 16:1-2,21-32P28 (III) : Jo 6:8-12,17-22P36 (VI) : Jo 3:14-18,31-32,34-35P39 (III) : Jo 8:14-22P44a (VI/VII) : Jo 10:8-14P44b (VI/VII) : Jo 9:3-4; 12:16-18P45 (III) : Jo 4:51,54; 5:21,24; 10:7-25,30-42,Z; 11:1-10,18-36,42-57P52 (II) : Jo 18:31-33,37-38P55 (VI/VII) : Jo 1:31-33,35-38P59 (VII) : Jo 1:26,28,48,51;2:15-16;11:40-52;12:25,29,31,35;17:24-26;18:1-2,16-17,22;21:7,12-13,15,17-20,23P60 (VII) : Jo 16:29-30,32-33,Z; 17:1-6,8-9,11-15,18-25; 18:1-2,4-5,7-16,18-20,23-29,31-37,39-40; 19:2-3,5-8,10-18,20,23-26P63 (III) : Jo 3:14-18; 4:9-10P66 (ca500) : Jo 1:1-51,Z; 2:1-25,Z; 3:1-36,Z; 4:1-54,Z; 5:1-47,Z; 6:11,35-71,Z; 7:1-52,Z; 8:12-59,Z; 9:1-41,Z; 10:1-42,Z; 11:1-57,Z; 12:1-50,Z; 13:1-38,Z; 14:1-26,29-30; 15:2-26; 16:2-4,6-7,10-33,Z; 17:1-26,Z; 18:1-40,Z; 19:1-42,Z; 20:1-20,22-23,25-31,Z; 21:1-9P75 (III) : Jo 1:1-51,Z; 2:1-25,Z; 3:1-36,Z; 4:1-54,Z; 5:1-47,Z; 6:1-71,Z; 7:1-52,Z; 8:12-59,Z; 9:1-41,Z; 10:1-42,Z; 11:1-45,48-57; 12:3-50,Z; 13:1-10; 14:8-31,Z; 15:1-10P76 (VI) : Jo 4:9,12P80 (III) : Jo 3:34P84 (VI) : Jo 5:5; 17:3,7-8P90 (II) : Jo 18:36-40,Z; 19:1-7P93 (V) : Jo 13:15-17P95 (III) : Jo 5:26-29,36-38P106 (III) : Jo 1:29-35,40-46P107 (III) : Jo 17:1-2,11P108 (III) : Jo 17:23-24,18:1-5P109 (III) : Jo 21:18-20,23-25P119 (III) : Jo 1,21-28; 38-44P120 (IV) : Jo 1,25-28; 33-38; 42-44P121* (III) : Jo 19 ,17-18; 25-26 P122 (IV/V) : Jo 21,11-14; 22-24

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(En souligné*, les passages mentionnant la crucifixion de Jésus antérieur à 313 selon lapaléographie mais devant être postérieurs à 313.)

Source : Complete list of NT Papyri

B-5. Les deux Seules Mentions de La Condamnation de Jésus Datés D'Avant 313 Mais Devant êtrePostérieur A Cette Date :

B-5.1. Papyrus 75 :

(Luc,23:1-56) : "Toute la multitude se leva alors et le conduisit à Pilate.2 Et ils commencèrent àl’accuser, en disant : “ Cet homme, nous l’avons trouvé bouleversant notre nation, et interdisant depayer les impôts à César, et se disant lui-même Christ, un roi. ”3 Alors Pilate lui posa la question : “Es-tu le roi des Juifs ? ” Lui répondant, il dit : “ C’est toi qui [le] dis. ”4 Pilate dit alors aux prêtresen chef et aux foules : “ Je ne trouve aucun crime en cet homme. 5 Mais ils insistaient, en disant : “Il soulève le peuple en enseignant dans toute la Judée, oui ayant commencé depuis la Galiléejusqu’ici. ”6 En entendant cela, Pilate demanda si l’homme était Galiléen,7 et, après s’être assuréqu’il était de la juridiction d’Hérode, il l’envoya à Hérode, qui était, lui aussi, à Jérusalem en cesjours-là.8 Quand Hérode vit Jésus, il se réjouit beaucoup, car depuis un temps considérable ilvoulait le voir parce qu’il avait entendu parler de lui, et il espérait lui voir accomplir quelquesigne.9 Alors il se mit à l’interroger avec force paroles, mais il ne lui répondit rien.10 Cependant lesprêtres en chef et les scribes se levaient sans cesse et l’accusaient avec véhémence.11 Alors Hérode,avec les soldats de sa garde, lui témoigna du mépris ; il se moqua de lui en le revêtant d’unvêtement éclatant et le renvoya à Pilate.12 Et Hérode et Pilate devinrent amis l’un de l’autre ce jour-là même, car auparavant il y avait toujours eu inimitié entre eux.13 Pilate alors convoqua les prêtresen chef, et les chefs, et le peuple,14 et il leur dit : “ Vous m’avez amené cet homme commequelqu’un qui incite le peuple à la révolte, et, voyez, je l’ai interrogé devant vous, mais je n’aitrouvé en cet homme rien qui motive les accusations que vous portez contre lui.15 Hérode non plusd’ailleurs, car il nous l’a renvoyé ; et, voyez, rien n’a été commis par lui qui mérite la mort.16 Jevais donc le châtier et le relâcher. ”17——18 Mais avec toute leur multitude ils crièrent, en disant :“ Enlève celui-ci, mais relâche-nous Barabbas ! ”19 ([C’était l’homme] qui avait été jeté en prisonpour une certaine sédition survenue dans la ville et pour meurtre.)20 De nouveau Pilate lesinterpella, parce qu’il voulait relâcher Jésus.21 Alors ils se mirent à vociférer, en disant : “ Attachesur un poteau ! Attache-le sur un poteau ! ”22 Pour la troisième fois il leur dit : “ Mais enfin, quelmal a fait cet [homme] ? Je n’ai rien trouvé en lui qui mérite la mort ; je vais donc le châtier et lerelâcher. ”23 Mais ils se faisaient pressants, avec des voix fortes, demandant qu’il soit attaché surun poteau ; et leurs voix l’emportaient.24 Alors Pilate prononça que leur demande soitsatisfaite :25 il relâcha l’homme qui avait été jeté en prison pour sédition et pour meurtre, et qu’ilsréclamaient, mais il livra Jésus à leur volonté.26 Or, comme ils l’emmenaient, ils se saisirent d’uncertain Simon, originaire de Cyrène, qui revenait de la campagne, et ils placèrent sur lui le poteaude supplice pour le porter derrière Jésus.27 Mais le suivait une grande multitude du peuple et defemmes qui se frappaient la poitrine de chagrin et se lamentaient sur lui.28 Jésus se tourna vers lesfemmes et dit : “ Filles de Jérusalem, cessez de pleurer pour moi. Au contraire, pleurez pour vous etpour vos enfants ;29 parce que, voyez, des jours viennent où l’on dira : ‘ Heureuses les stériles, etles matrices qui n’ont pas mis au monde, et les seins qui n’ont pas allaité ! ’30 Alors ilscommenceront à dire aux montagnes : ‘ Tombez sur nous ! ’ et aux collines : ‘ Couvrez-nous !’31 Parce que s’ils font ces choses quand l’arbre est humide, qu’arrivera-t-il quand il sera

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desséché ? ”32 Mais on conduisait aussi deux autres hommes, des malfaiteurs, pour être exécutésavec lui.33 Et lorsqu’ils arrivèrent au lieu appelé Crâne, là ils l’attachèrent sur un poteau, ainsi queles malfaiteurs, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche.34 [[Mais Jésus disait : “ Père, pardonne-leur,car ils ne savent pas ce qu’ils font. ”]] En outre, pour distribuer ses vêtements, ils jetèrent lessorts.35 Et le peuple se tenait là à regarder. Mais les chefs ricanaient, en disant : “ Il en a sauvéd’autres ; qu’il se sauve lui-même, si celui-ci est le Christ de Dieu, Celui qui a été choisi. ”36 Lessoldats aussi se moquèrent de lui, s’approchant pour lui offrir du vin aigre37 et disant : “ Si tu es leroi des Juifs, sauve-toi toi-même. ”38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : “ Voici le roides Juifs. ”39 Mais l’un des malfaiteurs pendus l’insultait : “ Tu es le Christ, n’est-ce pas ? Sauve-toi toi-même, et nous [aussi]. ”40 En réponse l’autre le réprimanda et dit : “ Ne crains-tu pas du toutDieu, alors que tu es dans le même jugement ?41 Oui, pour nous c’est justice, car nous recevonspleinement ce que nous méritons pour les choses que nous avons commises ; mais cet [homme] n’arien fait de déplacé. ”42 Puis il dit : “ Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans tonroyaume. ”43 Et il lui dit : “ Vraiment, je te le dis aujourd’hui : Tu seras avec moi dans le Paradis.”44 Eh bien, c’était déjà environ la sixième heure, et pourtant il y eut des ténèbres sur toute la terrejusqu’à la neuvième heure,45 parce que la lumière du soleil avait disparu ; alors le rideau dusanctuaire se déchira par le milieu.46 Et Jésus appela d’une voix forte et dit : “ Père, entre tes mainsje remets mon esprit. ” Quand il eut dit cela, il expira.47 Voyant ce qui était arrivé, l’officier se mità glorifier Dieu, en disant : “ Réellement, cet homme était juste. ”48 Et toutes les foules quis’étaient rassemblées là pour ce spectacle, quand elles virent les choses qui étaient arrivées,commencèrent à s’en retourner en se frappant la poitrine.49 De plus, tous ceux qui le connaissaientse tenaient à distance. Des femmes aussi, qui ensemble l’avaient suivi depuis la Galilée, se tenaientlà, regardant ces choses.50 Et, voyez, un homme nommé Joseph, qui était membre du Conseil, unhomme bon et juste —51 cet [homme] n’avait pas voté en faveur de leur projet et de leur action —,il était d’Arimathée, ville des Judéens, et attendait le royaume de Dieu ;52 cet [homme] alla versPilate et demanda le corps de Jésus.53 Et il le descendit, l’enveloppa dans du fin lin et le déposadans une tombe taillée dans le roc où personne encore n’avait été mis.54 Or, c’était le jour de laPréparation, et la lumière du sabbat arrivait.55 Mais les femmes, qui étaient venues de Galilée aveclui, suivirent de près et regardèrent la tombe de souvenir et comment son corps [y] fut déposé ;56 etelles s’en retournèrent pour préparer des aromates et des huiles parfumées. Mais, naturellement,elles se reposèrent le sabbat, selon le commandement."

B-5.2. Papyrus 121 :

(Jean,19:17-18;25-28) : " Et, portant lui-même le poteau de supplice, il sortit vers l’endroit qu’onappelle Lieu du Crâne, qui est appelé Golgotha en hébreu ;18 et là ils l’attachèrent sur un poteau, etdeux autres [hommes] avec lui, un de ce côté-ci et un de ce côté-là, mais Jésus au milieu." ;"25 Près du poteau de supplice de Jésus, cependant, se tenaient sa mère et la sœur de sa mère ;Marie la femme de Clopas, et Marie la Magdalène.26 Jésus donc, voyant sa mère et le disciple qu’ilaimait se tenant là, dit à sa mère : “ Femme, regarde ! Ton fils ! ”"

Quoi que datés paléographiquement comme rédigés au IIIeS, ces deux extraits des manuscrits P75et P125 ne peuvent pas avoir été mis par écrit avant l'an 313. Puisque les crucifiés n'étaient pasattachés sur un poteau, mais cloués sur un crucifix en deux morceaux.

B-5.3. Le Coran, le paléochristianisme et la question de l'hérésiologie :

L'antériorité de certains manuscrits apocryphes, contenant des éléments figurant dans le Coran, àdes manuscrits tenus pour canoniques soulève une autre problématique historico-critique, qui est laquestion de l'hérésiologie. En effet, quoi que la pertinence théologique des récits canoniques ou

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apocryphes n'a pas d'implications historienne, la question de la pertinence orthopraxique de cesécrits dans le cadre du paléochristianisme s'inscrit dans le cadre d'une étude sémantico-historiqueparticulier à élucider.

En fait, la découverte récente d'un manuscrit copte de l'évangile de Judas mentionné par Irénée dèsl'an 180 dans Adversus Haereses I.31.1 témoigne de la complexité à décrypter lepaléochristianisme, sans être pris dans le courant d'influence du christianisme tardif.

B-5.3.1 Gnosticisme :

L'un des critères de l'hétérodoxie qui a dirigé les critiques sur l'historicité des manuscritspaléochrétiens était la gnose. Néanmoins, la découverte des manuscrits de la mer Morte a révélé quela gnose a précédé Jésus-Christ dans les milieux juifs antiques, en sorte que ce critère pour définirun récit comme historiquement plausible ou non plausible s'est avéré souffrir d'une erreurd'appréciation. En effet, la gnose s'inscrit dans la sémantique judéo-orthodoxe contemporaine àJésus.

B-5.3.2 Judéo-christianisme :

Le Coran se marque clairement dans la prolongation judéo-chrétienne de l'histoire de Jésus. Ce quin'est pas sans lui donner une pertinence évidente en matière historico-critique, étant donné quel'ouverture du paléochristianisme sur le monde non israélite a été le lieu de vifs débats à l'époquedes apôtres. Témoignant que le christianisme primitif était bien une forme de judaïsme antique àl'origine, et était par conséquent éloigné de la culture greco-romaine, devant même être considéréedans les milieux les plus religieux comme un égarement évident.

B-5.3.3 Ebionisme :

L'ébionisme, parfois identifié avec les nazoréisme est également considéré comme un éloignementde l'orthodoxie, pourtant cet a priori ne se fonde pas sur des critères objectifs réfutables mais biensur une certaine attente théologique héritée des pionniers chrétiens en matière d'étudeschristologiques.

B-5.3.4 Miaphysisme :

Le Coran semble se rapprocher du miaphysisme abyssin, quoi que le sujet ne semble pas avoir attirél'attention des chercheurs et historiens. En effet, à plusieurs occasions le Coran fait l'éloge semble-t-il des chrétiens d'Abyssinie ayant offert reffuge aux émigrés musulmans comme ayant la même foique les musulmans.

B-5.3.5 Influence helléniste :

Cela aussi est un point largement écarté des études historiennes ou fort déconsidéré, pourtant il estévident que la culture grecque a influencé le christianisme primitif pour l'éloigner de façoncatégorique du berceau israélite dont la nouvelle religion est issue.

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B-5.3.6 Trinité :

L'exemple de la trinité que rejette sévèrement le Coran est un point caractéristique montrantl'antériorité de la christologie coranique à celle des églises canoniques. Puisque ce concept qui estsoutenu avec ferveur par les intellectuels chrétiens est strictement incompatible avec le judaïsmeantique et est une des conséquences des interminables conciles sur la nature du Christ qui a donnénaissance à cette chimère de trinité divine qui prit forme au fil des conciles et fut érigé en dogmecentral au IVeS, croyance qui eût été une abomination impensable par un juif de l'Antiquité, quoique parfaitement acceptable dans la culture hellène.

B-5.3.7 Imitation des Anciens :

Le Coran accuse les chrétiens et certains mystiques juifs d'imiter les anciens en se qualifiantd'enfants de dieu. Les premiers ont de fait hérité de cette idée du monde greco-romain, les derniersdes cultures babylonienne et égyptienne qui est caractéristique dans certains didachè coptes.

B-5.3.8 Divinité de Marie :

Une des reproches du Coran qui étonne est l'accusation de certains chrétiens de vénérer Mariecomme déesse. Quoi que cela puisse sembler une erreur due à l'ignorance de Muhammad duchristianisme médiéval, cette croyance est bien fondée comme existant à son époque en Arabie,comme cela se note dans l'évangile arabe de l'enfance.

B-5.3.9 Uzayr :

Un autre passage du Coran qui soulève parfois des doutes est l'accusation de certains israélites devénérer un certain Uzayr comme fils de dieu. Cela aussi est néanmoins bien fondé chez certainsmystiques Juifs qui vénèrent Ezra comme une réincarnation de Metatron, considéré comme unelohim, et un fils de dieu. Une croyance pagano-judaïque rémanente devant remonter à l'époque del'exil en Babylonie.

C. Comparaison Entre Manichéisme et Islam :

C-1. Anachronismes Récurrents :

Parmi les critiques récurrentes de ressemblances entre islam et manichéisme marqués parl'anachronisme, citons les cas les plus souvent mentionnés. La déclaration de Mani comme Parakletest ainsi présenté comme ayant servi de base au prophète Muhammad. Or, il n'existe aucun hadithattribué au Prophète où celui-ci se prétend être le Paraklet. On retrouve cela à partir du IXeS chezTabari, et cela n'est pas présenté comme une affirmation de Muammad. De même, l'idée de sceaudes Prophètes serait d'après Luxenberg un éloignement sémantique de la notion primitive signifiantplutôt "témoin". Ce qui rappelle en effet les versets : (Cor. 16,89), (Cor. 33,45) & (Cor. 48,6).

C-2. Des Amalgames :

De même, on affirme que Muhammad aurait affirmé comme Mani que les anciens usaient d'unlangage obscur. Ce qui ne se fonde sur rien de vérifiable, on rapproche l'accusation de Muhammad

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de falsification des écrits anciens, alors que cela était le cas de toutes les mouvances judéo-chrétiennes depuis Jérémie déjà. L'affirmation entre l'opposition du Bien et du Mal islamique censérejoindre également le manichéisme s'avère de même infiniment plus ancrée dans les évangilescanoniques, et même dans les manuscrits antiques de la mer Morte.

C-3. Protégés et Influence Islamique :

En fait, il apparaît après une analyse paléographique rigoureuse que les communautés religieusesminoritaires faisaient de leur mieux pour se faire plaire aux yeux des dirigeants arabo-musulmans,en se présentant comme proches d'eux. Les pratiques étant tirées pour être rapprochés de ceux desmusulmans. De même, de nombreux syncrétismes s'opéraient au fil du temps d'une manièreinsensible qui nécessite une étude minutieuse afin de déterminer les époques auxquelles chaqueusage et chaque croyance présenté comme hérité par l'islam de telle mouvance antérieure s'avèreutile pour déterminer les interactions chronologiques et historiques entre l'islam et les autresreligions. L'influence d'un islam flamboyant conduisant les minorités religieuses à les admirer etrechercher à faire comme leurs érudits.

C-4. Les cinq piliers Manichéens et l'Islam :

Un autre point récurrent est la présentation des cinq piliers de l'islam avec ceux du manichéisme.Or, d'une part, la présentation de ces cinq piliers dans le manichéisme nécessite une datationréfutable. Mais en outre, le Coran ne mentionne nullement cette idée, qui apparaît dans les ouvragesde hadith à partir du IXeS. Mais surtout, les piliers assimilés entre manichéisme et islam. Voici lescinq fameux cinq piliers du manichéisme comparés aux piliers en islam :

On notera comme les similitudes ne sont pas aussi triviaux que prétendus. Puisque le pilier 1(commandements) et le point 5 (confession des péchés) du manichéisme sont sans rapport avec lespiliers islamiques. En outre, la prière islamique est entièrement dissemblable à la prièremanichéenne, et la dîme islamique est, comme pour les autres piliers islamiques un usage judéo-chrétien bien antérieur au manichéisme.

D. Les Midrashim et Le Coran :

D-1. Les Similitudes Entre le Coran et les Ecrits Talmudiques :

De même, contrairement à l'idée que les écrits Juifs doivent forcément être antérieurs au Coran, ils'avère que la rédaction certains midrashim présentés comme une source d'inspiration du Coran sontégalement postérieurs à l'époque des plus anciens manuscrits du Coran. En effet, l'influence del'islam sur le monde n'a pas fait d'exception au sujet du judaïsme médiéval. Au point que même lalangue arabe a servi d'inspiration à certains écrits classiques comme cela a été soulevé par des

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exégètes et rabbins [27]. Néanmoins, que le Coran rejoint des midrashim et des passages bibliquesest un fait bien fondé. Nous traitons ici de l'antériorité du Coran à la mise par écrit de certainsmidrashim.

D-2. Le Récit de Joseph, le Coran et le Talmud :

Ainsi, par exemple plusieurs midrashim rejoignent des données rejoignant le récit coranique deJoseph, or chacun de ceux-ci est postérieur au Coran. Le Midrash Yalkut et Midrash Ha-Gadol mentionnent ainsi la scène ignorée par la Bible de la scène coranique ou l'épouse d'al-Azizprésente Joseph aux dames. De même, Midrash Genèse Rabba, le Midrash Tanhuma et Ha-Gadol mentionnent le récit coranique où Jacob conseille à ses fils d'entrer par des portes différentesdans la cité. Ainsi, concernant les influences contemporaines sur Sefer Ha-Yashar, Zunz signalel'existence de divers noms arabes en son sein [27]. Il y a plus d'un siècle, Zunz a signalé que leMidrash Yalkut Shimeoni a été compilé au 13ème siècle après JC par Siméon ha-Darshan [28],[29],[30]. Cette datation est encore acceptée aujourd'hui. Selon The Encyclopaedia Judaica, Sefer Ha-Yashar fut probablement écrit au 13ème siècle [31]. Midrsch Ha-Gafdol est daté duXIIIeS [32]. Midrash Tanhuma est de même daté du IXeS, tandis que Genèse Rabba est daté duVIeS donc contemporain au Coran, mais est connu comme fort instable au fil des manuscritstrouvés [32]. Ainsi, ce sont bien ces récits talmudiques qui sont inspirées du Coran, ou qui au mieuxpeuvent remonter à des sources disparues communes.

E. Conclusions :

Comme pour le Coran, les manuscrits en hébreu et en araméen de la Bible pouvaient être lus debeaucoup de façons différentes du temps de Muhammad. La traduction des septantes n'est qu'unedes lectures des juifs alexandrins hellénisés. Les soferim, les amoraim et les massorètes ont fini decanoniser la version de la Bible qu'après Muhammad, une fois que les voyelles ont été inventées, etque le travail de canonisation des massorète a été achevée. Ainsi, la Torah est finalisée bien aprèsMuhammad. Les plus anciens manuscrits ne possèdent ni voyelles, ni ponctuation. Sans latransmission orale, la Torah serait indéchiffrable. Nous acceptons la version en hébreu actuellecomme la version canonique, justement parcequ'elle a été standardisée par les soferim, les amoraimet finalement les massorètes jusqu'au septième siècle. Le Coran contient même des passages d'uneversion plus archaique de la Torah, qui rejoint de nombreuses fois la réalité historique, là où laTorah fait état de nombreux anachronismes. Par exemple, la Bible parle la fuite d'Egypte au désertdu Sinaï. Or, le désert du Sinaï et Canaan est déjà égyptien. Mais le Coran parle de la fuite deCanaan que les israélites vont hériter après quarante ans. Et de fait, l'archéologie prouve que cetteversion est un archaisme des israiliyyat. Parceque les iraéites étaient déjà en Canaan sousMérenptah et massacrés en Canaan d'après les découvertes archéologiques, les sites se font raresune quarantaine d'années et réaugmentent comme le Coran le propose. De même, la Bible parled'épautre et de chameaux en Egypte du temps de Moïse. Ces choses ne sont introduites en Egyptequ'au VIeS a.J.C. Or le Coran parle d'ail, d'ognion, de lentilles et de concombres... Des alimentsbien avérés cultivés sous l'ère ramesside... Il existe ainsi de nombreux passages du Coran qui ne setrouvent pas dans la Bible actuelle, mais qui rejoignent les découvertes archéologiques. Cela est unepreuve formelle que les israélites de Médine possédaient des midrashim perdus de nos jours.

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[1] "Al-Khadir", Encyclopaedia Of Islam, 1978, Volume IV, E. J. Brill (Leiden) & Luzac & Co.

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(London), pp. 902-903.

[2] A. Jeffery, The Koran: Selected Suras, 1958, The Heritage Press: New York (NY), p. 220, n. 6; C. C. Torrey, The Jewish Foundation Of Islam, 1967, Ktav Publishing House, Inc.: New York, pp. 123-125; Ibn Warraq, Why I Am Not A Muslim, 1995, Prometheus Books: Amherst (NY), pp. 60-61; N. A. Newman, Muhammad, The Qur'an & Islam, 1996, Interdisciplinary Biblical Research Institute: Hatfield (PA), p. 377. A very confusing view is presented by Newman. It is not clear from Newman's writings what exactly is the alleged source of the Qur'anic story.

[3] M. Lidzbarski, "Wer Ist Chadhir?", Zeitschrift Für Assyriologie Und Verwandte Gebiete, 1892, Volume 7, pp. 104-106.

[4] K. Dyroff, "Wer Ist Chadhir?", Zeitschrift Für Assyriologie Und Verwandte Gebiete, 1892, Volume 7, pp. 319-327.

[5] K. Vollers, "Chidher?", Archiv Für Religionswissenschaft, 1909, Volume 12, pp. 234-284.

[6] R. Hartmann, "Zur Erklärung Von Süre 18, 59 ff", Zeitschrift Für Assyriologie Und Verwandte Gebiete, 1910, Volume 24, pp. 307-315.

[7] I. Friedländer, "Zur Geschichte Der Chadhirlegende", Archiv Für Religionswissenschaft, 1910, Volume 13, pp. 92-110; I. Friedländer, "Alexanders Zug Nach Dem Lebensquell Und Die Chadhirlegende", Archiv Für Religionswissenschaft, 1910, Volume 13, pp. 161-246; Much of the argument from these two articles is in I. Friedländer's, Die Chadhirlegende Und Der Alexanderroman, 1913, Druck Und Verlag Von B. G. Teubner: Leipzig.

[8] For Persian Alexander Romances see M. S. Southgate, Iskandarnamah: A Persian Medieval Alexander Romance, 1978, Columbia University Press: New York, pp. 167-185. Southgate has depicted the origins of various Alexander romances pictorially on p. 185; For Ethiopic versions see E. A. W. Budge,The Life And Exploits Of Alexander The Great: Being A Series Of Translations Of The Ethiopic Histories Of Alexander By The Pseudo-Callisthenes And Other Writers, 1896, London; A good overview of some of the versions of Alexander stories is in E. A. W. Budge, The History Of Alexander The Great Being The Syriac Version Of The Pseudo-Callisthenes, 1889, Cambridge: At The University Press, pp. lii-cxi.

[9] E. A. W. Budge, The History Of Alexander The Great Being The Syriac Version Of The Pseudo-Callisthenes, 1889, op cit., p. lx.

[10] Th. Nöldeke, "Beiträge Zur Geschichte Des Alexanderroman", Denkschriften Der Kaiserlichen Akademie Der Wissenschaften, Philosophisch-Historische Classe, 1890, Volume 37, pp. 30-32.

[11] S. Gero, "The Legend Of Alexander The Great In The Christian Orient", Bulletin Of The John Rylands University Library Of Manchester, 1993, Volume 75, p. 5.

[12] E. A. W. Budge, The History Of Alexander The Great Being The Syriac Version Of The Pseudo-Callisthenes, 1889, op cit., lines 170-197 on pp. 172-175 describe the fish episode in the sermon on Alexander by Jacob of Serug.

[13] I. Friedländer, "Alexanders Zug Nach Dem Lebensquell Und Die Chadhirlegende", Archiv Für Religionswissenschaft, 1910, op cit., pp. 210-221 for in-depth discussion.

[14] The list is derived from the discussion by B. M. Wheeler in "Moses Or Alexander? Early

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Islamic Exegesis Of Qur'an 18:60-65", Journal Of Near Eastern Studies, 1998, Volume 57, pp. 194-195.

[15] This recension is found in a single complete manuscript. For other Greek manuscripts see Parisina Supplementum, Greci 689 in J. Trumpf's, "Eine Unbekannte Sammlung Von Auszügen AusDem Griechischen Alexanderroman", Classica Et Mediaevalia: Revue Danoise De Philologie Et D'Histoire, 1965, Volume 26, pp. 83-100; Codex Vaticano Greci 1700 in G. Ballaira's, "Frammenti Inediti Della Perduta Recensione d Del Romanzo Di Alessandro In Un Codice Vaticano", BollettinoDel Comitato Per La Preparazione Della Edizione Nazionale Dei Classici Greci E Latini (NS), 1965, Volume 13, pp. 27-59.

[16] More information about b recension in L. Bergson's, Der Griechische Alexanderroman Rezension b, 1965, Almqvist & Wiksell: Uppsala. For a brief discussion on the manuscripts that represent b recension see pp. v-viii.

[17] A good description of l recension is in H. van Thiel's, Die Rezension l Des Pseudo-Kallisthenes, 1959, Rudolph Habelt Verlag: Bonn. For various manuscripts of this recension see pp. 9-.

[18] For g recension see R. Merkelbach's, Die Quellen Des Griechischen Alexanderromans, 1954, C. H. Beck'sche Verlagsbuchhandlung: München.

[19] "Al-Khadir", Encyclopaedia Of Islam, Volume IV, op cit., p. 904.

[20] ibid., p. 903.

[21] B. M. Wheeler "Moses Or Alexander? Early Islamic Exegesis Of Qur'an 18:60-65", Journal Of Near Eastern Studies, 1998, op cit., pp. 195-196.

[22] ibid., pp. 197-198.

[23] ibid., p. 198.

[24] ibid.

[25] ibid., p. 201. A brief and lucid introduction to various recensions can be found in R. Stoneman's The Greek Alexander Romance, 1991, Penguin Books, pp. 28-31; Also see G. Cary's The Medieval Alexander, 1956, Cambridge at the University Press, pp. 9-12.

[26] B. M. Wheeler "Moses Or Alexander? Early Islamic Exegesis Of Qur'an 18:60-65", Journal Of Near Eastern Studies, 1998, op cit., pp. 201-202.

[27] H. L. Strack & G. Stemberger (Trans. Markus Bockmuehl), Introduction To The Talmud And Midrash, 1991, op cit., p. 359. Il semble que l'auteur de la traduit Anglaise de Sefer Ha-Yashar n'était pas au courant de la non-existence de l'édition de Naples, voir Sefer Hayashar: The Book Of Generation Of Adam, 1993, Ktav Publishing House, Inc.: Holboken (New Jersey), p. v.[27a] Le Nouveau Testament à l'aune du sabéisme, Claude Gétaz (2013). p.266[27b] Emile de Stricker, La forme la plus ancienne du protévangile de Jacques. Recherches sur le papyrus Bodmer 5, Bruxelles, Bollandistes, 1961, 480 p.[27c] Mathieu : 1:1-9,12,14-20 ; 17v * 2:13-16,22-23,z ; 6v * 3:1,9,10-12,15,16 ; 7v * 4:3,(11-12,22-23) ; 1v * 5:20-22,25-28 ; 7v * 11:26-27 ; 2v * 12:4-5 ; 2v * 13:55,56 ; 2v * 14 :3,5 ; 2v * 20:24-32 ; 9v * 21:13-19,34-37,43;45 ? 13v * 23:30-39 9v * 24:3-6,12-15 ; 8v * 25:41-46,z ; 6v *

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26:1-39, (39-52) 39v = 130 versets avant la fin du IIIeS / Luc : 1:58-59,62-80,Z ; 20v * 2:1,6-7; 3v * 3:3:8-38,Z; 30v * 4:1-2,29-32,34-44,Z 15v * 5:1-10,30-39,Z; 19v * 6:1-49,Z; 49v * 7:1-7,10-49,Z; 46v * 8:1-62,Z; 62v * 9:26-41,45-62,Z ; 22v * 10:1-42,Z; 42v * 11:1-54,Z; 54v * 12:1-59,Z; 59v * 13:1-35,Z; 35v * 14:1-10,17-33 ; 36v * 14:1-35,Z; 35v * 15:1-32,Z; 32v * 16:1-31,Z; 31v * 17:1-15,19-37,Z; 33v * 18:1-18; 18v * 22:4-71,Z; 57v * 23:1-56,Z; 56v * 24:1-53,Z ; 53v = 727 versets / Jean : 1:1:1-51,Z; 51v * 2:1-25,Z; 25v * 3:1-36,Z; 36v * 4:1-54,Z; 54v * 5:21,24;26-29,36-38 ; 9v * 5:1-47,Z; 47v * 6:1-71,Z; 71v * 7:1-52,Z; 52v * 8:12-59,Z; 47v * 9:1-41,Z; 41v * 10:1-42,Z; 42v * 11:1-57; 57v * 12:3-50,Z; 47v * 13:1-10; 10v * 14:8-31,Z; 23v * 15:1-10 ;25-27,Z; 13v* 16:1-2,14-32; 30v * 17:1-2,11,23-24 ; 5v * 18:1-5 ;31-40,Z ; 14v * 19 :1-7,17-18;25-26 ; 11v * 20:11-17,19-20,22-25 ; 12v = 657 versets

[28] L. Zunz, Die Gottesdienstlichen Vorträge der Juden: Historisch Entwickelt, 1892, Verlag von J.Kauffmann: Frankfurt, pp. 308-315. La datation est sujette à discussion en pages 312-315.

[29] "Yalkut Shimoni", Encyclopaedia Judaica, Volume 16, Encyclopaedia Judaica Jerusalem, col. 707.

[30] "Yalkut", The Jewish Encyclopedia, 1905, Volume XII, Funk And Wagnells Company: London& New York, p. 586; voir aussi pour trouver une datation similaire "Yalkut Shimeoni", The Universal Jewish Encyclopedia, 1969, Volume 10, Ktav Publishing House, Inc.: New York, p. 586; H. L. Strack & G. Stemberger (Trans. Markus Bockmuehl), Introduction To The Talmud And Midrash, 1991, T & T Clark: Edinburgh (Scotland), p. 384.

[31] "Sefer Ha-Yashar", Encyclopaedia Judaica, Volume 14, Encyclopaedia Judaica Jerusalem, col. 1099.

[32] H. L. Strack & G. Stemberger (Trans. Markus Bockmuehl), Introduction To The Talmud And Midrash, 1991, op cit., p. 386; Voir aussi "Midrash Ha-Gadol", Encyclopaedia Judaica, Volume 11, Encyclopaedia Judaica Jerusalem, col. 1515-1516.

[33] Hans-Jürgen Becker, "Texts And History: The Dynamic Relationship Between Talmud Yerushalmi And Genesis Rabbah", dans Shaye J. D. Cohen (ed.) The Synoptic Problem In Rabbinic Literature, 2000, Brown Judaic Studies: Providence (RI), pp. 145-158.

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IV. Islam et Judéo-christianisme : Quel Regard ?

A. Introduction :

Un des domaines de connaissances des moins étudiés et des plus méconnus est la question du regardde l'islam au sujet du judaïsme et du christianisme. Quelle position adopte le Coran vis-à-vis de cesreligions ? Où se situe l'islam par rapport à celles-ci ? Cet article se penche sur la question de l'islamet de ses rapports avec le monde judéo-chrétien.

B. Le Coran destiné aux Gentils :

B-1. Le Coran Reconnait la Torah et l'Evangile :

Le Coran reconnait l'autorité de la Torah et des écrits israélites, et considère le christianisme commeune partie inétgrante du judaïsme. Tandis qu'il se situe comme une révélation prioritairement destinéaux non israélites. En effet, le Coran qui s'adresse principalement aux Gentils (ummiyun) parrapport à la Torah qui est dite révélée aux enfants d'Israël (Cor, 3,75;62,2-3;7,157-158), s'inscrivantconcernant le christianisme dans la continuité judéo-chrétienne des milieux israélitespaléochrétiens. Il se démarque par rapport à l'influence hellène, et rejoint des textes considérésapocryphes judéo-chrétiens. Le Coran présente Jésus comme un prophète et le messie du mondeisraélite, et s'oppose avec virulence aux notions de trinité et d'engendrement divin du pagano-christianisme antique. Ainsi, le Coran nomme les chrétiens nassara, qui est l'arabisation de nazôréen(ναζωρα οςῖ ). Les nazaréens étant la première fraction d'israélites suivant Jésus comme sauveur etmessie.

(Mt 5,8)« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. »

(Cor. 2,82) : "Tu trouveras certainement que les yahud (yehudim-yehudaia) et les associateurs sontles ennemis les plus acharnés des croyants. Et tu trouveras certes que les plus disposés à aimer lescroyants sont ceux qui disent : Nous sommes nazôréens. C'est qu'il y a parmi eux des prêtres et desmoines, et qu'ils ne s'enflent pas d'orgueil."

Le fait de l'usage du terme ummiyun comme goyim ressort nettement dans le verset suivant; (Cor.3,75) : "Et parmi les gens de la Bible, il y en a qui, si tu lui confies un qintār, te le rend. Mais il y ena aussi qui, si tu lui confies un dinār, ne te le rendra que si tu l’y contrains sans relâche. Cetteattitude provient de ce que ces derniers disent : "nulle voie [de contrainte] sur nous, envers lesGentils". Ils profèrent le mensonge contre Allah alors qu’ils savent."

Ce droit sur les biens des non israélites se fonde sur des préceptes rabbiniques parabibliquesconnues. La propriété d’un goy appartient au premier juif qui la réclame[1]. Les juifs peuventmentir et se parjurer, si c’est pour tromper ou faire condamner un goy[2]. Le nom de Dieu n’est pasprofané quand le mensonge a été fait à un goy[3]. Si un juif trouve un objet appartenant à un goy, iln’est pas tenu de le lui rendre[4]. Des juifs qui trompent un goy doivent se partager le bénéficeéquitablement[5].

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B-2. Le Coran Commande aux Israélites de Suivre la Torah et l'Evangile :

(Cor. 4,44-47) : "Nous avons fait descendre la Torah dans laquelle il y a guide et lumière. C’estsur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que les rabbins et les docteurs jugentles affaires des Juifs. Car on leur a confié la garde du Livre d’Allah, et ils en sont les témoins. Necraignez donc pas les gens, mais craignez Moi. Et ne vendez pas Mes enseignements à vil prix. Etceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà les mécréants. Et Nous yavons prescrit pour eux vie pour vie, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent.Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudraune expiation. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont desinjustes. Et Nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie, pour confirmer ce qu’il y avait dansla Torah avant lui. Et Nous lui avons donné l’Evangile, où il y a guide et lumière, pour confirmer cequ’il y avait dans la Torah avant lui, et un guide et une exhortation pour les pieux. Que les gens del’Evangile jugent d’après ce qu’Allah y a fait descendre. Ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allaha fait descendre, ceux-là sont les pervers."

(Cor. 3:45-51) : "(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : O Marie, voilà qu’Allah t’annonce uneparole de Sa part : son nom sera l'oint sauveur, fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l’au-delà,et l’un des rapprochés d’Allah. (...) Et on lui enseignera l’écriture, la sagesse, la Torah et l’Evangile,et il sera le messager aux enfants d’Israël, [et leur dira]: (...) Et je confirme ce qu’il y a dans laTorah révélée avant moi, et je vous rends licite une partie de ce qu'on vous a interdit [par latradition]. Et j’ai certes apporté un signe de votre Seigneur. Craignez Allah donc, et obéissez-moi.Allah est mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-Le donc: voilà le chemin droit."

B-3. Légitimité d'un Prophète Arabe et Judaïsme Antique :

B-3.1. Un prophète non israélite ?

L'idée qu'un prophète soit exclusivement israélite, et que la Bible soit la seule voie du salutplausible est bien, d'après la philologie et l'approche historico critique une appréhension tardive dujudéo-christianisme médiéval, bien après l'émergence de l'islam. Une relecture rigopureuse dessources paléoislamiques semble montrer que même la notion de messie dans l'islam primitifsemblait rejoindre celle du judaïsme, puisqu'il apparait qu'en islam il n'y a pas de notion de Messieunique, mais bien un titre plus étendu sur le plan sémantique attribué entre autre à Jésus, mais aussià un certain Dajjal, considéré comme un Antichrist.

B-3.1.1 Balaam, un prophète Moabite :

Dans le judaïsme antique, il était coutume d'envisager des prophètes non israélites. Le Coran insisteainsi sur l'autorité Abrahamique de l'islam à plusieurs reprises. Ainsi, le livre des Nombres de laTorah mentionne un prophète Moabite au chapitre 22. Cela était parfaitement accepté commeacceptable dans l'antiquité et n'a été remis en question qu'après l'émergence de l'islam, au fil dessiècles, jusqu'à finalement être tenu pour inacceptable, et ce tant dans le monde juif que dans lemonde chrétien.

B-3.1.2 Doctrina nupet Baptizati :

Il est remarquable que dans doctrina nuper baptizati on constate que les israélites de Palestine se

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rejouissaient en entendant les échos sur l'existence de Muhammad parmi les Arabes, et se vantaientface aux répressions byzantines, qu'un prophète arabe annonce l'arrivée imminente du Messie,tandis que les pères de l'Eglise tenaient initialement les arabes comme alliés aux israélites. Latradition musulmane rapporte que le Négus aurait accepté Muhammad comme un prophète et prisles émigrés sous sa haute protection. Même si cela étonne des siècles plus tard, cela sembleparfaitement plausible après une recontextualisation sémantico-historique.

B-3.1.3 Agasus, un prophète postérieur à Jésus :

Les épitres aussi témoignent de l'approche antique des chrétiens au sujet des prophètes enmentionnant de nombreux prophètes parmi les apôtres, donc quatre vierges et un prophète nomméAgassus dont le récit est fait dans les Actes des apôtres au chapitre 21. Chose qui ne deviendrainaccepté que très progressivement à mesure du renforcement du haut clergé, jusqu'à devenirtotalement rejeté après l'époque de Muhammad qui conduira le monde chrétien à se fermer à touteidée de prophète.

B-3.2. Les musulmans exempt de la Loi de Moïse :

De même, les anciens israélites considéraient que les non israélites respectant les lois nohaides (שבעiraient au paradis. En effet, ce point qui est évident pour une personne maitrisant la (מצוות בני נחthéologie tant judaïque que musulmane, conduit assez souvent à tenir l'islam comme incompatibleavec la Torah de par le fait que les lois de Moïse destinés aux enfants d'Israël n'y sont pas imposésaux fidèles non israélites.

C. Le Jésus coranique, un prophète israélite oint :

C-1. Le Jésus historique et la Loi :

C-1.1 Jésus est-il venu abolir la Loi ?

(Matthieu, 5:17-20) : "Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes. Je suisvenu non pour abolir, mais pour accomplir. En vérité je vous le dis, jusqu’à ce que le ciel et laterre passent, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu’à ce que tout soitarrivé. Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera auxhommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux, mais celui quiles mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume descieux. Car je vous le dis, si votre justice n’est pas supérieure à celle des scribes et despharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux."

(Coran, 3:45-51) : "(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : O Marie, voilà qu’Allah t’annonce uneparole de Sa part : son nom sera l'oint sauveur, fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l’au-delà,et l’un des rapprochés d’Allah. (...) Et on lui enseignera l’écriture, la sagesse, la Torah etl’Evangile, et il sera le messager aux enfants d’Israël, [et leur dira]: (...) Et je confirme ce qu’ily a dans la Torah révélée avant moi..."

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C-1.2 Jésus allège la loi des traditions :

(Marc, 7:1-9) : "Les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, s'assemblèrent auprès deJésus. Ils virent quelques-uns de ses disciples prendre leurs repas avec des mains impures, c'est-à-dire, non lavées. Or, les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s'être lavé soigneusementles mains, conformément à la tradition des anciens; et, quand ils reviennent de la place publique, ilsne mangent qu'après s'être purifiés. Ils ont encore beaucoup d'autres observances traditionnelles,comme le lavage des coupes, des cruches et des vases d'airain. Et les pharisiens et les scribes luidemandèrent: Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens, mais prennent-ilsleurs repas avec des mains impures? Jésus leur répondit: Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé survous, ainsi qu'il est écrit: Ce peuple m'honore des lèvres, Mais son coeur est éloigné de moi. C'esten vain qu'ils m'honorent, En donnant des préceptes qui sont des commandements d'hommes. Vousabandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur ditencore: Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition."

(Coran, 3:45-51) : "(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : O Marie, voilà qu’Allah t’annonce uneparole de Sa part : son nom sera l'oint sauveur, fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l’au-delà,et l’un des rapprochés d’Allah. (...) Et on lui enseignera l’écriture, la sagesse, la Torah et l’Evangile,et il sera le messager aux enfants d’Israël, [et leur dira]: (...) Et je confirme ce qu’il y a dans laTorah révélée avant moi, et je vous rends licite une partie de ce qu'on vous a interdit [par latradition]. Et j’ai certes apporté un signe de votre Seigneur. Craignez Allah donc, et obéissez-moi.Allah est mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-Le donc: voilà le chemin droit."

C-1.3 Les épis du sabbat et l'exemple de David :

(Luc, 6:1-5) : "Il arriva, un jour de sabbat appelé second-premier, que Jésus traversait des champsde blé. Ses disciples arrachaient des épis et les mangeaient, après les avoir froissés dans leurs mains.Quelques pharisiens leur dirent: Pourquoi faites-vous ce qu'il n'est pas permis de faire pendant lesabbat? Jésus leur répondit : N'avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu'il eut faim, lui et ceuxqui étaient avec lui; comment il entra dans la maison de Dieu, prit les pains de proposition, enmangea, et en donna à ceux qui étaient avec lui, bien qu'il ne soit permis qu'aux sacrificateursde les manger ? Et il leur dit: Le Fils de l'homme est maître même du sabbat."

Le petit nombre d'épis arraché était toléré également selon le Talmud.

C-1.4 Guérison le sabbat :

Le Sabbat a été confié à l’homme, et non l’homme au sabbat ; car le verset recommande que l’onvive par la Torah, et non que l’on périsse par elle [6].

(Luc, 14: 1-10) : "Jésus étant entré, un jour de sabbat, dans la maison de l'un des chefs despharisiens, pour prendre un repas, les pharisiens l'observaient. Et voici, un homme hydropique étaitdevant lui. Jésus prit la parole, et dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens: Est-il permis, ou non,de faire une guérison le jour du sabbat? Ils gardèrent le silence. Alors Jésus avança la mainsur cet homme, le guérit, et le renvoya. Puis il leur dit: Lequel de vous, si son fils ou son boeuftombe dans un puits, ne l'en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat ? Et ils ne purent rienrépondre à cela."

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C-1.5 Le péricope de la femme adultère :

Ce passage est un ajout tardif absent des plus anciens manuscrits. En effet il manque dans le codexsinaiticus et le codex varticanus qui sont les recensions bibliques canoniques les plus anciensdétenus à ce jour.

C-1.6 Jésus est venu seulement pour les israélites :

(Matthieu 10: 5-6) : "N’allez pas vers les païens, et n’entrez pas dans les villes desSamaritains; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël."

(Matthieu 15:24) : "Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël."

(Coran, 3:45-51) : "(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : O Marie, voilà qu’Allah t’annonce uneparole de Sa part : son nom sera l'oint sauveur, fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l’au-delà,et l’un des rapprochés d’Allah. (...) Et on lui enseignera l’écriture, la sagesse, la Torah et l’Evangile,et il sera le messager aux enfants d’Israël..."

C-1.7 La loi n'est imposée qu'aux israélites :

Jésus tolérait que des étrangers suivent la Loi en appliquant la Loi, comme cela est permis dans laTorah. Mais les apôtres avaient permis aux goyim de pratiquer des lois nohaïdes seulement. Ce quifut également abandonné plus tard complètement. Ainsi, l'helleno-christianisme était à l'origine unetolérance des païens croyant en Jésus à ne pas appliquer la loi imposée aux israélites, à la conditionde respecter les lois nohaïdes.

(Cor. 4,44-47) : "Nous avons fait descendre la Torah dans laquelle il y a guide et lumière. C’est sursa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que les rabbins et les docteurs jugent lesaffaires des Juifs. Car on leur a confié la garde du Livre d’Allah, et ils en sont les garants. Necraignez donc pas les gens, mais craignez Moi. Et ne vendez pas Mes enseignements à vil prix. Etceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà les mécréants."

C-1.8. Le décret des aprôtres à Paul :

"Les interdits du décret ne font que reproduire, en l'explicitant la partie proprementrituelle des commandements dits nohachiques, c'est-à-dire révélés à Nohé, que lesrabbins imposaient aux "craignants dieu". Il paraît assuré que dans l'espritdes Jérusalémites le décret équivaut à assimiler les convertis du paganisme à ces demi-prosélytes. Il fait ainsi du christianisme une sorte de judaïsme mittigé. Du moins, s'il sedéfinit un minimum exigible de tous, précise-t-il du même coup que c'est làun maximum que nul ne pourra obliger les chrétiens d'origine païenne àdépasser. (...) Paul en effet dénonce avec vigueur l'action de ces missionnaires qui,venus dans son sillage, corrigent son enseignement, prêchant un autre Evangile et unautre Jésus (Gal. I, 6-7 ; II Cor. II,4). Les développements de I Cor.9 sur les idolythes(viandes immolées aux idoles) représentent une polémique à peine voilée dans le décret.Et dans les Eglises de Galatie ce ne sont pas seulement les prescriptions alimentairesfondamentales, c'est la totalité de la Loi, et en particulier de la circoncision, que l'onprétend faire accepter aux païens convertis (Gal. 4,10;5,2 ss).Paul ne dénonce

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pas nommément les initiateurs de ce mouvement. Mais il est significatif qu'il y avait àCorinthe un parti de Céphas, c'est-à-dire Pierre (I Cor. I,2). Et les lettresde recommandation que certains exhibent pour authentifier leur apostolat (II Cor.3,1)ne peuvent guère émaner que d'une autorité incontestée, quelqu'un des Douze,Pierre peut-être, et avec plus de vraisemblance, Jacques, frère du Seigneur, désignéstous deux comme les "colonnes" (Gal.2,9) et que vise aussi le qualificatif ironique de"super-apôtres" (II Cor.II,5 ; 12;11)."[7]

C-1.9 Synthèse :

L’analyse montre que Jésus ne semble pas contrevenir aux interdits archétypaux (mitzvot lotaasè), pour le moins tels qu’ils se trouvent formulés dans la Michna [8], ni à leurs dérivés (toladot).En référence au droit talmudique, certains actes ou paroles associées à la thaumaturgie ou s'étendantdans la vie profane étaient jugées contraires à l’esprit du sabbat, et donc proscrites, au second degré,par interdit rabbinique. Il ressort que Jésus se consacrait à n’enfreindre que les dispositionsrabbiniques jugées secondaires dans l'esprit de révérer davantage encore les injonctions bibliques,accusant les scribes et les pharisiens de privilégier leurs traditions sur la Loi de Moïse.

(Coran, 3:45-51) : "(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : O Marie, voilà qu’Allah t’annonce uneparole de Sa part : on le nommera l'oint sauveur, fils de Marie, il sera illustre ici-bas comme dansl’au-delà, et l’un des rapprochés d’Allah. Il parlera aux gens, dans le berceau et en son âge mûr et ilsera du nombre des gens de bien. - Elle dit : Seigneur! Comment aurais-je un enfant, alors qu’aucunhomme ne m’a touchée ? - C’est ainsi ! dit-il. Allah crée ce qu’il veut. Quand il décide d’une chose,Il lui dit seulement : Sois et elle est aussitôt. Et on lui enseignera l’écriture, la sagesse, la Thora etl’Evangile, et il sera le messager aux enfants d’Israël, [et leur dira] : En vérité, je viens à vous avecun signe de la part de votre Seigneur. Pour vous, je forme de la glaise comme la figure d’un oiseau,puis je souffle dedans : et, par la permission d’Allah, cela devient un oiseau. Et je guéris l’aveugle-né et le lépreux, et je ressuscite les morts, par la permission d’Allah. Et je vous apprends ce quevous mangez et ce que vous amassez dans vos maisons. Voilà bien là un signe, pour vous, si vousêtes croyants ! Et je confirme ce qu’il y a dans la Torah révélée avant moi, et je vous rends licite unepartie de ce qu'on vous a interdit [par la tradition]. Et j’ai certes apporté un signe de votre Seigneur.Craignez Allah donc, et obéissez-moi. Allah est mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-le donc :voilà le chemin droit."

C-2. Le Coran et les récits apocryphes :

C-2.1. Le Coran et la Bible :

Généralement, le Coran est tenu pour considérer la Bible comme falsifiée, et cela est souventsoutenu sans véritable étude de la question. Nous avons déjà étudié la question des récitsapocryphes du Coran dans un article dédié, nous y renvoyons d'ici pour ne pas tout devoirreformuler ici. Les écrits chrétiens médiévaux dépeignent en effet l'islam comme une mouvancealliée aux israélites, et comme une église hétérodoxe. Ce ne sera que des siècles plus tard, après denombreux conciles et travaux de canonisation que l'islam sera progressivement dénigré comme unereligion ignorante et égarée de fond en comble, voir comme l'oeuvre de l'Antéchrist en personne.

Le Coran et Les Récits Apocryphes : article dédié à ce sujet ici .

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C-2.2. La problématique de l'hérésiologie et l'islam primitif :

Suivant la tendance qui est encore généralement de vigueur, l'islam est considéré comme regorgeantde méconnaissances au sujet du christianisme et du judaïsme. Le Coran est déprécié et tenusimplement comme un récit tardif insignifiant dans le cadre de l'étude objective et historique dujudéo-christianisme. Or, une étude paléographique et historico-critique montre que cet a prioriconduit à minimiser la position critique du Coran par rapport au judéo-christianisme, car le Corans'avère être une source d'information très précieuse.

Le Coran est détenteur de récits divergents ayant résisté aux relectures hellènes, anathèmes sur lesécrits considérés hérétiques et aux travaux massorétiques érudites innombrables ayant conduit à unéloignement considérable de la Bible de sa version prémassorétique. Tandis que le Coran détient denombreux archaïsme qui se révèlent très précieux en regard de l'archéologie et de l'histoire dumonde israélite. La question des manipulations de la Bible critiquées dans le Coran s'avère plusqu'une simple dénonciation d'obédience, mais se révèle être une trace historique d'une résistanceaux travaux de standardisation des grilles de lectures des manuscrits conduisant à la perteirrévocable de leçons très précieuses en matière de données historiques. Ainsi, le Coran cadreétonnament avec l'histoire du monde proto-israélite fondé par l'archéologie, là où les versionsrévisées qui seront achevées plusieurs siècles après le Coran s'éloignent tant des récits détenus parles Cohanim de Yathrib ayant échappé à l'influence Babylonienne et de l'exil, qu'ils conduisentsimplement à une conclusion hâtive que la Bible serait une élaboration de l'esprit dénué de presquetout support historique réel.

Pour la question de l'approche du Coran comme source d'information prémassorétique, cliquer ici .

C-3. Les sources des évangiles :

Le texte initial le plus ancien identifié est selon Marc et il s'arrête au verset : « elles ne dirent rien àpersonne, car elles avaient peur. » (Mc 16,8) Les deux grands onciaux du IVe siècle (les codexVaticanus et codex Sinaiticus) s'arrêtent à ce moment devant la caverne, tandis que certains autresmanuscrits proposent les versions diverses. La théorie des deux sources, se fonde sue ce que lesévangélistes Matthieu grec et Luc rejoignent l'évangile selon Marc dans une large mesure.Le Matthieu grec reprends 523 versets de Marc sur 661 (79%), et Luc en reprend 364 sur 661(56%). Ainsi, 635 versets sur 661 se retrouvent conjointement à travers les synoptiques autours dela version selon Marc (97%).

Schéma théorique des sources des évangiles synoptiques élaborée soutenant l'existence d'une seconde source endehors de l'évangile selon Mars, la source Q.

Page 53: Aux Origines Du Coran

C-4. Le Coran, le paléochristianisme et la question de l'hérésiologie :

L'antériorité de certains manuscrits apocryphes, contenant des éléments figurant dans le Coran, àdes manuscrits tenus pour canoniques soulève une autre problématique historico-critique, qui est laquestion de l'hérésiologie. En effet, quoi que la pertinence théologique des récits canoniques ouapocryphes n'a pas d'implications historienne, la question de la pertinence orthopraxique de cesécrits dans le cadre du paléochristianisme s'inscrit dans le cadre d'une étude sémantico-historiqueparticulier à élucider.

En fait, la découverte récente d'un manuscrit copte de l'évangile de Judas mentionné par Irénée dèsl'an 180 dans Adversus Haereses I.31.1 témoigne de la complexité à décrypter lepaléochristianisme, sans être pris dans le courant d'influence du christianisme tardif.

C-4.1. Critères objectifs et critères subjectifs :

C-4.1.1 Gnosticisme :

L'un des critères de l'hétérodoxie qui a dirigé les critiques sur l'historicité des manuscritspaléochrétiens était la gnose. Néanmoins, la découverte des manuscrits de la mer Morte a révélé quela gnose a précédé Jésus-Christ dans les milieux juifs antiques, en sorte que ce critère pour définirun récit comme historiquement plausible ou non plausible s'est avéré souffrir d'une erreurd'appréciation. En effet, la gnose s'inscrit dans la sémantique judéo-orthodoxe contemporaine àJésus.

C-4.1.2 Judéo-christianisme :

Le Coran se marque clairement dans la prolongation judéo-chrétienne de l'histoire de Jésus. Ce quin'est pas sans lui donner une pertinence évidente en matière historico-critique, étant donné quel'ouverture du paléochristianisme sur le monde non israélite a été le lieu de vifs débats à l'époquedes apôtres. Témoignant que le christianisme primitif était bien une forme de judaïsme antique àl'origine, et était par conséquent éloigné de la culture greco-romaine, devant même être considéréedans les milieux les plus religieux comme un égarement évident.

C-4.1.3 Ebionisme :

L'ébionisme, parfois identifié avec les nazoréisme est également considéré comme un éloignementde l'orthodoxie, pourtant cet a priori ne se fonde pas sur des critères objectifs réfutables mais biensur une certaine attente théologique héritée des pionniers chrétiens en matière d'étudeschristologiques.

C-4.1.4 Miaphysisme :

Le Coran semble se rapprocher du miaphysisme abyssin, quoi que le sujet ne semble pas avoir attirél'attention des chercheurs et historiens. En effet, à plusieurs occasions le Coran fait l'éloge semble-t-il des chrétiens d'Abyssinie ayant offert reffuge aux émigrés musulmans comme ayant la même foique les musulmans.

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Voici un récit rapporté par la tradition qui mérite réflexion :

« En Abyssinie, nous fûmes hébergés par le meilleur des voisins (le Négus). Il nousgarantit une liberté de culte ; nous adorions Allah sans être inquiétés et sans entendre deparoles déplaisantes. Lorsque Qouraych eut vent de ceci, ils décidèrent d’envoyer auNégus deux émissaires très diplomates et de lui offrir les présents les plus prisés de laMecque. Ils dépêchèrent donc AbdAllah ibn Abi Rabi’a et ‘Amr ibn Al-‘As. Ceux-cis’adressèrent au Négus en ces termes : Ô Roi, certains faibles d’esprit parmi les nôtresse sont réfugiés dans ton pays. Ils ont délaissé la religion de leur peuple et n’ont pasembrassé la tienne. Ils ont innové une religion que nul ne connait, ni toi, ni nous. Noussommes venus te sommer de les renvoyer dans leur pays.

Mais le Négus refusa et exigea de les entendre. Ja’far ibn Abi Talib représenta lesmusulmans et parla en leur nom. (...) Le Négus lui dit : Connais-tu quelque chose de ceavec quoi Allah l’a envoyé ? Lorsqu’il affirma que oui, le Négus lui demanda d’enréciter une partie. Il se mit à psalmodier le début de la sourate Mariam. Um Salamacommenta : Par Allah, lorsqu’ils entendirent ce qu’il leur récitait, le Négus pleura à entremper sa barbe et ses évêques pleurèrent au point de mouiller les parchemins. LeNégus déclara ensuite : Par Dieu, ceci et ce qui a été révélé à Moïse sont comme deuxrayons émanant d’une même lampe. Allez-vous-en ! Par Dieu, je ne vous les livreraijamais !

Mais ‘Amr ne se découragea guère de ce premier échec et revint vers le Roidéclarant : Ils disent des énormités au sujet de Jésus fils de Marie !Que dites-vous au sujet de Jésus fils de Marie ? s’enquerra le Négus. Nous disons de luice que nous a enseigné notre Prophète, répondit Ja’far. Il est le serviteur d’Allah, sonmessager, son esprit et son verbe insufflé à la vierge Marie. Le Négus leur ditalors : Allez en paix, vous êtes en sécurité sur mes terres. Quiconque vous insultera aura à payer une compensation. »

La tradition rapporte en effet que le Prophète tint le Négus comme méritant le salut, et présida uneprière mortuaire à son décès. Dans ce cas, il est permis de penser que le miaphysisme abyssin étaitconsidéré compatible avec le Coran du temps du Prophète. Jésus est en effet tenu pour le Verbeincarné de dieu envoyé en Marie, et en même temps pour un simple mortel, ce qui n'est pas éloignéde la christologie du Négus d'après ce récit.

C-4.1.5 Influence helléniste :

Cela aussi est un point largement écarté des études historiennes ou fort déconsidéré, pourtant il estévident que la culture grecque a influencé le christianisme primitif pour l'éloigner de façoncatégorique du berceau israélite dont la nouvelle religion est issue.

L'influence du culte d'Héracles et de Mithra dans le pagano-christianisme populaire a joué un rôlemoteur dans le déroulement des débats passionés sur la nature de Jésus qui a divisé le mondechrétien hellénisé. Au gré des emprunts au culte de Mithra et aux prophètes bibliques a généré detrès nombreuses divisions qui ne seront contenues que partiellement, tandis que la minorité nonprosélyte israélite des milieux judéo-chrétiens finira anathème, rejetant la divinité de Christ qui étaitun grâve blasphème du vivant de Jésus, et même hors sujet jusqu'à sa disparition.

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C-4.1.6 Trinité :

L'exemple de la trinité que rejette sévèrement le Coran est un point caractéristique montrantl'antériorité de la christologie coranique à celle des églises canoniques. Puisque ce concept qui estsoutenu avec ferveur par les intellectuels chrétiens est strictement incompatible avec le judaïsmeantique et est une des conséquences des interminables conciles sur la nature du Christ qui a donnénaissance à cette chimère de trinité divine qui prit forme au fil des conciles et fut érigé en dogmecentral au IVeS, croyance qui eût été une abomination impensable par un juif de l'Antiquité, quoique parfaitement acceptable dans la culture hellène.

C-4.1.7 Imitation des Anciens :

Le Coran accuse les chrétiens et certains mystiques juifs d'imiter les anciens en se qualifiantd'enfants de dieu. Les premiers ont de fait hérité de cette idée du monde greco-romain, les derniersdes cultures babylonienne et égyptienne qui est caractéristique dans certains didachè coptes.

C-4.1.8 Divinité de Marie :

Une des reproches du Coran qui étonne est l'accusation de certains chrétiens de vénérer Mariecomme déesse. Quoi que cela puisse sembler une erreur due à l'ignorance de Muhammad duchristianisme médiéval, cette croyance est bien fondée comme existant à son époque en Arabie,comme cela se note dans l'évangile arabe de l'enfance.

C-4.1.9 Uzayr :

Un autre passage du Coran qui soulève parfois des doutes est l'accusation de certains israélites devénérer un certain Uzayr comme fils de dieu. Cela aussi est néanmoins bien fondé chez certainsmystiques Juifs qui vénèrent Ezra comme une réincarnation de Metatron, considéré comme unelohim, et un fils de dieu. Une croyance pagano-judaïque rémanente devant remonter à l'époque del'exil en Babylonie.

C-4.2. La Torah, une Loi destinée aux enfants d'Israël :

C-4.2.1 Paul et les apôtres :

L'éloignement de la loi dans les milieux paléochrétiens fut progressif et postérieur à Jésus. Lesécrits témoignent de la virulence des débats quant à l'application de la Loi des goyim croyant en lamessianité de Jésus. Il ressort de la lecture historico-critique des manuscrits paléochrétiens que lesapôtres aient été partagés sur la question. Les plus souples tolérant que les lois nohaïdes suffisaientà leur sujet, tandis que les plus rigides exigeaient la circoncision et la fidélité à la Loi devant lesintroduire comme membres du peuple israélite.

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C-4.2.2 Le Coran accuse les israélites de ne pas se plier aux mitzvot :

(Cor. 4,44-47) : "Nous avons fait descendre la Torah dans laquelle il y a guide et lumière. C’estsur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que les rabbins et les docteurs jugentles affaires des Juifs. Car on leur a confié la garde du Livre d’Allah, et ils en sont les témoins.Ne craignez donc pas les gens, mais craignez Moi. Et ne vendez pas Mes enseignements à vilprix. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà les mécréants. EtNous y avons prescrit pour eux vie pour vie, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dentpour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, celalui vaudra une expiation. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-làsont des injustes. Et Nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie, pour confirmer ce qu’ily avait dans la Torah avant lui. Et Nous lui avons donné l’Evangile, où il y a guide et lumière,pour confirmer ce qu’il y avait dans la Torah avant lui, et un guide et une exhortation pour lespieux. Que les gens de l’Evangile jugent d’après ce qu’Allah y a fait descendre. Ceux qui nejugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont les pervers."

Le Coran situe en effet le christianisme dans la continuité de la Torah. Dans ce passage, il exige desjudéo-chrétiens d'appliquer la Loi. La sourate cinq intitulée Maidah est la dernièrechronologiquement, en sorte que cette exigence ne soit pas soutenable comme abrogée par la suite.Ainsi, le Coran semble bien reconnaître aux juifs et chrétiens le devoir de se plier aux mitzvot. LaLoi coranique étant par conséquent exigée des musulmans, n'étant point liés par la Torah.

D. Jésus Coranique, Le Messie Attendu Pas si Doux :

D-1. L'annonciation :

(Luc, 1:29-35) : "La manifestation dit : Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur estavec toi. 1.29 Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une tellesalutation. 1.30 La manifestation lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant dieu.1.31 Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus.1.32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut, et le Seigneur dieu lui donnera le trône de David,son père. 1.33 Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin. 1.34Marie dit à la manifestation: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme? 1.35La vision lui répondit: Le esprit sacré viendra contre toi, et la puissance du Très Haut te couvrira deson ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de dieu."

L'être manifesté ne se présentant pas, il est légitime de s'interroger sur son identité. Luc le nommel'ange, mais la vision n'en dit absolument rien. En effet, le passage parle d'un esprit puissant qui vacopuler et couvrir Marie qui va enfanter un enfant qui sera nommé fils du Très Haut. Or, ce passageabsent des manuscrits antérieurs au IVeS est très significatif, car les manuscrits de la mer Morte ontrévélé un texte exactement identique, mais décrivant la naissance de l'Antéchrist.

D-2. L'antéchrist selon les manuscrits de la mer Morte :

« [... Après nombre de tueries] et des massacres, un prince des nations [se lèvera...], leroi d'Assyrie et d'Égypte [...], il régnera sur le pays [...], lui seront assujettis et tous [lui]obéiront. [Son fils également] sera appelé Le Grand, et sera appelé Fils de Dieu, ilsl'appelleront Fils du Très-Haut. Mais tels les météores que tu as aperçus dans ta vision,

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tel sera son royaume. Ils ne régneront qu'un petit nombre d'années (trois ans ?) sur lepays, tandis que les peuples piétineront les peuples, et que les nations piétineront lesnations. Jusqu'à ce que le peuple de Dieu se lève. Alors tous se reposeront de la guerre.Leur royaume sera un royaume éternel, et toutes leurs voies seront justes. Il jugeront laterre avec équité, et toutes les nations feront la paix. La guerre disparaîtra du pays ettoutes les nations se soumettront à eux. »

Le prince nommé fils de dieu et fils du Très haut est dans cet écrit antique l'Antéchrist en personne.Les femmes enceintes pas les démons étaient connues à cette époque, il semblerait que Luc aittransformé la mise enceinte de Marie par un esprit puissant par l'annonce de Gabriël. Or, rien danscette vision de Marie ne mentionne cela. Satan est nommé Seigneur et Jésus fils du Très Haut. Ilfaut souligner que les autres évangiles ne mentionneront pas cette vision qui devait naturellementinquiéter.

D-3. Jésus est accusé de travailler avec Satan :

Les Juifs accusèrent-ils Jésus de travailler avec Béelséboul ? Sur quoi se fondaient-ils dans ce cas ?Les évangélistes n'en disent rien. Or, à l'époque, il est avéré que la thaumaturgie était une pratiquebanale, de même que l'exorcisme. La réticence des Juifs envers Jésus qui faisait comme tous lesautres se fonderait-il sur cette naissance douteuse de Jésus ? Cela n'est absolument pasinvraisemblable. En effet, les titres attribués à Jésus de fils du très haut et de dieu sont exactementceux qui étaient attribués à l'Antéchrist par les prophètes.

D-4. Jésus pas si doux :

Les évangélistes rapportent deux Jésus diamétralement opposés, au début, Jésus parle en paraboles,encourage au pardon, et se présente en agneau appelant à l'amour. Jésus amasse les massespopulaires qui se mettent à le poursuivre dans son parcours. Or, une fois qu'il a ameuté les masses,nous trouvons un Jésus qui change diamétralement de langage. Il devient très violent et s'apprête àdominer le monde et y mettre le feu.

D-4.1 Jésus serait un nationaliste révolté :

(Mt. 10,34-35) : "Ne pensez pas que je sois venu mettre la paix sur la terre ; je ne suis pas venumettre la paix, mais l’épée; car je suis venu jeter la division entre un homme et son père, entre lafille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère..."

(Lc.12,49-53) : "Je suis venu porter le feu sur la terre; et comme je voudrais qu'il fût déjàallumé ! Mais j’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soitaccompli ! Pensez-vous que je sois venu donner la paix sur la terre ? Non, vous dis-je ; maisplutôt la division. Car désormais ils seront cinq dans une maison, divisés : trois seront diviséscontre deux, et deux contre trois ; le père contre le fils, et le fils contre le père ; la mère contre lafille, et la fille contre la mère ; la belle-mère contre sa belle-fille, et la belle-fille contre sa belle-mère."

D-4.2 Jésus agneau et Jésus Roi :

Le Jésus des évangélistes présente deux périodes nettement distinctes. Au commencement, il

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approche les gens par leurs sentiments, par des paroles de paix. Même si parfois on le trouve déjàpréparant une chose toute différente, notamment quand il nomme ses disciples. Or, quand on réaliseque Jésus a changé de méthode et de verbe après avoir amassé la foule, on réalise qu'il aspirait àdominer en roi par effusion de sang et de feu dans l'Armageddon prophétisé par les anciens.

D-4.3 Des disciples violents :

Lors d'une analyse philologique et sémantico-linguistique, plusieurs des disciples de Jésus semblentavoir été des gens assez violents, probablement des maquisards, des résistants à l'occupationromaine.

D-4.3.a Des noms d'apôtres révélateurs :

* 1 et 2. Jacques et Jean :

"puis Jacques de Zébédée et Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanergès, c'est-à-dire fils du tonnerre" ( Mc 3-17)

- Ce surnom de "Boanerges" dont la signification est "Fils du tonnerre" nous prédispose à voir cesdisciples plus comme des révolutionnaires violents que comme de doux apôtres .

* 3. L'un des deux Simon était surnommé le "Zélote" :

"et Simon, surnommé le Zélote." (Lc 6/15.)"et Simon le Zélote."(Actes.I-13).

- "Zélote" pourrait être traduit à notre époque par "fanatique".Ce Simon était également surnommé le "Cananéen" (Mat 10/4), ce qui pourrait signifier "Habitantde Cana" ... mais c'est plutôt la déformation de la racine Kana / Qanana / Qan'ani qui veut dire"Zèlote" en hébreu. Les Zélotes (de la racine grecque "zeloun") étaient des révolutionnaires, desterroristes anti-romains particulièrement fanatiques. On a donc deux synonymes du terme zélote.

* 4. L'autres Simon, l’apôtre Simon-Pierre, avait deux surnoms : Cephas et Bariona..

"Et comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et Andréson frère, qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs." (Mat 4/18)

"Et il le mena à Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon Bariona; tu seras appelé Céphas (quiest interprété : Pierre)" (Jean 1/43)

"Et Jésus, répondant, lui dit : Tu es bienheureux, Simon Bariona, car la chair et le sang ne t’ont pasrévélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux." (Mat 16/17)- Cephas (Pierre, le roc) lui fut donné pour sa dureté ou sa taille massive qui le faisait ressembler àun rocher (... ou alors parce qu'il était chauve ?)

- Bariona pourrait signifier "Bar-Jonas" ("Fils de jonas"), mais en araméen, il pourrait se traduireaussi par "Membre des Baryonims". Les Baryonims ("proscrits, maquisards") était l'un des nomsdonnés aux Zélotes.

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- Ce Simon-Pierre n'était pas un pacifique car on le voit couper d'un coup d'épée l'oreille d'un gardedu Temple dans le Jardin des Oliviers. (Jn. 18,10). Et il semble bien que c'est lui qui a tué les deuxconjoints, Ananias et Sapphira (Ananie et Saphire), parce qu'ils n'avaient pas versé à la communautéle profit entier de la vente de leur terrain. (Actes 5).

* 5. Il y avait aussi Judas, appelé "Iscariote" :

"Judas Iscariote, qui aussi le livra." (Mat 10/4)

- On dit que "Iscariote" signifie "habitant de Kerioth" (ou plus exactement "population deKerioth") .. mais il aurait pu être aussi un zélote car "Ekariot" semble plutôt une déformation de“sicariote” c'est à dire "sicaire" en hébraîque. Hors les sicaires étaient la partie la plus extrémistedes Zélotes. Leur nom leurs venait du poignard "sica" dont ils se servaient pour tuer leurs victimes.

D-4.3.b Joseph Flavius écrit à propos des zélotes :

Matthieu Marc Luc Jean

Simon (appelé Pierre) Simon (appelé Pierre) Simon (appelé Pierre) Simon (appelé Pierre)

André André André AndréJacques Jacques Jacques -

Jean Jean Jean -Philippe Philippe Philippe Philippe

Barthélemy Barthélemy Barthélemy -Thomas Thomas Thomas Thomas

Matthieu Matthieu Matthieu -

Jacques (fils d'Alphée)Jacques (filsd'Alphée)

Jacques (fils d'Alphée) -

Thaddée Thaddée - -Simon le Zélote Simon le Zélote Simon le Zélote -

Judas Iscariote Judas Iscariote Judas Iscariote Judas Iscariote- Lévi (fils d'Alphée) Lévi -

- - Judas (frère de Jacques) Judas- - - Nathanaël

"A Jérusalem une nouvelle forme de banditisme naquit, celle des sicaires, qui commettaient desmeurtres en plein jour au milieu de la ville. Ils agissaient spécialement à l'occasion des fêtes en semélangeant à la foule, cachant sous leurs vêtements de petits poignards avec lesquels ils frappaientleurs adversaires. Puis, quand ceux-ci tombaient, les assassins s'unissaient à ceux qui exprimaientleur horreur et simulaient si bien qu'ils étaient crus et par conséquent pas reconnaissables." (GuerreJudaïque II ; 12).

A notre époque on traduirait "sicaire" par "terroriste". Les disciples de Jésus étaient donc en grandepartie des nationalistes luttant contre l'occupation romaine. A noter que le nombre des apôtrestraditionellement donné par le nombre 12 ne semble pas avoir de réalité historique véritable. Ceserait bien un nombre symbolique. En effet, les évangélistes divergent quant aux noms des

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fammeux douze apôtres.

D-4.4 Le pain des enfants n'est pas destiné aux chiots :

(Mc. 7,24-29) : "Jésus, étant parti de là, s'en alla dans le territoire de Tyr et de Sidon. Il entra dansune maison, désirant que personne ne le sût; mais il ne put rester caché. Car une femme, dont la filleétait possédée d'un esprit impur, entendit parler de lui, et vint se jeter à ses pieds. Cette femme étaitgrecque, syro-phénicienne d'origine. Elle le pria de chasser le démon hors de sa fille. Jésus lui dit :Laisse d'abord les enfants se rassasier; car il n'est pas bien de prendre le pain des enfants, et de lejeter aux petits chiens. Oui, Seigneur, lui répondit-elle, mais les petits chiens, sous la table, mangentles miettes des enfants. Alors il lui dit: à cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille."

D-4.5 Jésus s'apprêtant à armer la masse qui le suit :

D'après la Bible, il semble bien que les apôtres s'étaient procuré des armes pour se défendre contreleurs ennemis dans Jérusalem :"Maintenant, que celui qui a une bourse la prenne, et de même celui qui a un sac, et que celui quin a pas d épée vende son vêtement et s'achète une. Car je vous dis, qu il faut encore que ce qui� � �est écrit, soit accompli en moi : 'Il a été compté parmi les iniques'. Car aussi les choses qui meconcernent vont avoir leur fin. Et ils dirent : Seigneur, voici ici deux épées. Et il leur dit : 'C est�assez'." (Luc 22/36-38).- Comme on le voit, c'est Jésus lui-même qui demande d'acheter des armes.

D-4.6 Et ils se rendent ensuite au Jardin des Oliviers avec leurs épées :

"Alors ceux qui étaient avec Jésus, en voyant ceux qui arrivaient, demandèrent à Jésus, est-ce quenous devons frapper avec les épées?" (Luc 22-49).

En effet, d'après les évangiles, ceux-ci firent usage de leurs armes contre les soldats romains et lesgardes du Temple qui étaient venus les arrêter :

"...Et voilà qu'un de ceux qui étaient avec Jésus, étendit la main et tira son épée ; il frappa leserviteur du Grand Prêtre et lui détacha une oreille" (MT 26-51; Mc. 14-17; Gv. 18-10).

"... Et ceux qui étaient autour de lui, voyant ce qui allait arriver, lui dirent : Seigneur, frapperons-nous de l'épée ? Et l'un d'entre eux frappa l'esclave du souverain sacrificateur et lui emporta l'oreilledroite." (Lc 22,49-50)

"... Simon Pierre donc, ayant une épée, la tira et frappa l'esclave du souverain sacrificateur et luicoupa l'oreille droite ; et le nom de l'esclave était Malchus." (Jean 18,10)

D-4.7 Jésus est livré :

Finalement, les israélites alertés par les tentatives de Jésus le conduisent progressivement à êtreamené devant César et être tué. Les accusations à son égard semblent en effet se fonder sur sonsouhait de s'imposer comme Roi des israélites et de semer le trouble à l'ordre public. Le fait de lecondamner avec les brigands va de même en ce sens ?

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D-4.8 Les israélites sont pourchassés et le Temple détruit :

La messianité de Jésus est donc bien mise à mal, étant donné qu'il n'a pas régné. Il était censé selonles écritures faire régner le peuple de dieu sur les nations. Or il a apporté la calamité et ladestruction. Sa disparition mystérieuse a donc fait couler beaucoup d'ancre.

D-5. L'annonciation selon le Coran :

« Les anges dirent : "0 Marie ! Allah t’annonce la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de lui : Sonnom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombrede ceux qui sont proches d'Allah. Dès le berceau, il parlera aux hommes, tout comme plus tard,adulte : il sera au nombre des justes". Elle dit : " Seigneur dieu ! Comment aurais-je un fils ? Nulhomme ne m’a jamais touchée". Il dit : "Allah crée ainsi ce qu’Il veut : lorsqu’Il a décrété unechose, Il lui dit : "Sois !", et elle est". Allah lui enseignera le Livre, la Sagesse, la Torah etl’Evangile. » (Coran 3, 45-49)

On voit que cette annonce pudique se fait avec plusieurs Anges, que Jésus est annoncé commeMessie, et non comme Grand et Fils du Très Haut, les titres de l'Antéchrist selon le manuscrit4Q246 de Qumran[12]. Et que le Coran ne mentionne pas de copulation d'un esprit puissantrecouvrant Marie, pour engendrer son fils en son sein. Allah dit : "Sois !" et Jésus naît, simplement.

"... en 1974, certains spécialistes soulignèrent que l'extrait (de 4Q246) publié apportaitune preuve de poids : celle qu'un roi terrestre devant venir apporter la paix (Messie)était appelé par les Juifs du Second Temple 'Fils de dieu'... D'autres spécialistes,cependant ont interprété le 'Fils de dieu' du texte comme étant un scélérat, celui quiprend la place de dieu mais est ensuite renversé par 'le peuple de dieu', qui a dieu de soncôté. A présent que l'ensemble de l'ouvrage est enfin devenu accessible, une lectureattentive vient confirmer la seconde option, celle de l'Antéchrist. Historiquement, cetexte a sans doute pour toile de fond la persécution des Juifs sous le tyran syrienAntiochos IV durant la période 170-164 avant notre ère. Le deuxième nom que ce roichoisit d'accoler au premier, Epiphane, en grec, apparition, résumait la notion d'un roihumain comme incarnation de dieu. Les prétentions humaines à la divinité n'ont jamaisété bien reçues dans le judaïsme et furent l'objet de condamnations sans appel dans lesprophéties d'Isaïe (14:12-21) et d'Ezéchiel (28:1-10."[13]

E. Jésus et la Notion de Fils de Dieu :

Le Coran condamne, comme dans le judaïsme l'idée de fils engendré de dieu, et considère celacomme une forme d'association à dieu. De même qu'il condamne la trinité à la suite du judaïsme,qui est considéré comme une abomination dans le monothéisme sémitique [2]. En fait, le Corans'aligne avec le judaïsme antique et se démarque clairement de l'influence hellène. Ainsi, d'un pointde vue historico-critique l'islam apparaît être fidèle aux milieux paléochrétiens des apôtres, tandisque les églises chrétiennes s'en trouvent considérablement éloignées.

E-1. L'usage de l'idée de fils de dieu dans les évangiles est un choix littéraire des scribes.

La lecture minutieuse des évangiles montre en effet que Jésus n'a de fait jamais affirmé être fils de

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dieu, ce qui eut été un grave blasphème passible de mort. Les esséniens aussi, quoi que l'usage enhébreu ancien permettait d'user du terme Père pour dieu ou de qualifier les enfants d'Israël d'enfantsde dieu, répugnaient à user de ces termes, leur préférant le titre de fils de lumière comme cela senote dans le fammeux rouleau de la guerre des fils de la Lumière [15], qui se retrouve de mêmechez Jésus dans les évangiles, qui aurait dit : "les enfants de ce siècle sont plus prudents à l'égard deleurs semblables que ne le sont les enfants de lumière" (Lc 16,8). Un verset assez caractéristique surles débats virulents entre les pagano-chrétiens et les judéo-chrétiens au sujet de cette appellation estun passage anachronique figurant dans la version achevée de l'évangile selon Jean, où l'évangélistefait accuser Jésus par les israélites comme devant mourir à cause de la Loi pour avoir blasphémé sefaisant dieu.

(Jn. 19,6-7) : "Lorsque les principaux sacrificateurs et les huissiers le virent, ils s'écrièrent : saisis-le, saisis-le ! Pilate leur dit: Prenez-le vous-mêmes, et saisissez-le ; car moi, je ne trouve point decrime en lui. Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi; et, selon notre loi, il doit mourir, parcequ'il s'est fait Fils de Dieu."

Cela est clairement anachronique, et comme la scène du jugement de nuit au Sanhédrin à la veillede Pâcques, c'est une élaboration tardive pour justifier le bienfondé du pagano-christianisme. Lavéritable condamnation et l'accusation de Jésus étant qu'il se ferait Roi, et qu'il sèmerait la discordeparmi les israélites.

(Lc 23,2), (Mt 27,11), (Mc 11,2) : « Nous avons trouvé cet homme en train de pousser notre peupleà la révolte. Il empêche les gens de payer l’impôt à l’empereur. Il dit qu’il est lui-même le Messie,un roi. »

C'est ainsi qu'on rapporte que l'on envoya une personne pour l'interroger au sujet de l'impôt desromains, que Jésus contourna avec intelligence en jetant la pièce d'argent disant : "Donnez à dieu cequi est à dieu, et rendez à César ce qui est à César", avec la double signification que l'argent deCésar ne l'intéresse pas, tout en montrant son désintérêt sur son autorité.

Liste des versets dans les évangiles synoptiques où les termes fils de Dieu figurent, avec despassages équivalents où cette formulation disparait dans les autres récits des évangélistes :

D-1.1 Marc, trois occurrences :

(Mc. 1,1) : "Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu."* (Codex sinaiticus, Mc. 1,1) : "Commencement de l'Évangile de Jésus Christ."

(Mc. 3,11) : "Les esprits impurs, quand ils le voyaient, se prosternaient devant lui, et s'écriaient : Tues le Fils de Dieu."* (Lc 4,41) : "Des démons aussi sortirent de beaucoup de personnes, en criant et en disant: Tu es leFils de Dieu. Mais il les menaçait et ne leur permettait pas de parler, parce qu'ils savaient qu'il étaitle Christ."

(Mc.15,39) : "Le centenier, qui était en face de Jésus, voyant qu'il avait expiré de la sorte, dit:Assurément, cet homme était Fils de Dieu."* (Lc. 23,47) : "Le centenier, voyant ce qui était arrivé, glorifia Dieu, et dit: Certainement, cethomme était juste."

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E-1.2 Mathieu, sept occurrences :

(Mt. 4:3,6) : "Le tentateur, s'étant approché, lui dit: Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierresdeviennent des pains ... et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il est écrit: Il donnerades ordres à ses anges à ton sujet; Et ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurtecontre une pierre."* (Mc. 1,12-13) : "Aussitôt, l'Esprit poussa Jésus dans le désert, où il passa quarante jours, tenté parSatan. Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient."

(Mt. 5,9) : "Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !"* (Lc. 6,20-24) : "Alors Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit : Heureux vous qui êtes pauvres,car le royaume de Dieu est à vous ! Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serezrassasiés ! Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie ! Heureux serez-vous,lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et qu'on rejettera votrenom comme infâme, à cause du Fils de l'homme ! Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillezd'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel; car c'est ainsi que leurs pèrestraitaient les prophètes. Mais, malheur à vous, riches, car vous avez votre consolation !"

(Mt. 5,29) : "Et voici, ils s'écrièrent : Qu'y a-t-il entre nous et toi, Fils de Dieu ? Es-tu venu ici pournous tourmenter avant le temps ?"* (Mc. 1,24-26) : "Qu'y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Jesais qui tu es : le Saint de Dieu. Jésus le menaça, disant: Tais-toi, et sors de cet homme. Et l'espritimpur sortit de cet homme, en l'agitant avec violence, et en poussant un grand cri."

(Mt. 14,33) : "Ceux qui étaient dans la barque vinrent se prosterner devant Jésus, et dirent : Tu esvéritablement le Fils de Dieu."* (Jn. 6,28-22) : "Il soufflait un grand vent, et la mer était agitée. Après avoir ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus marchant sur la mer et s'approchant de la barque. Et ils eurentpeur. Mais Jésus leur dit: C'est moi; n'ayez pas peur! Ils voulaient donc le prendre dans la barque, etaussitôt la barque aborda au lieu où ils allaient. La foule qui était restée de l'autre côté de la meravait remarqué qu'il ne se trouvait là qu'une seule barque, et que Jésus n'était pas monté dans cettebarque avec ses disciples, mais qu'ils étaient partis seuls."

(Mt. 26,63) : "Jésus garda le silence. Et le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit : Jet'adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu."* (Lc. 22,66-67) : "Quand le jour fut venu, le collège des anciens du peuple, les principauxsacrificateurs et les scribes, s'assemblèrent, et firent amener Jésus dans leur sanhédrin. Ils dirent : Situ es le Christ, dis-le nous. Jésus leur répondit : Si je vous le dis, vous ne le croirez pas."

(Mt. 27:40-43) : "... en disant : Toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ! Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix ! ... Il s'est confié en Dieu; que Dieu le délivremaintenant, s'il l'aime. Car il a dit : Je suis Fils de Dieu ."* (Lc. 23,35) : "Le peuple se tenait là, et regardait. Les magistrats se moquaient de Jésus, disant : Ila sauvé les autres; qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ, l'élu de Dieu !"

(Mt. 27,54) : "Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblementde terre et ce qui venait d'arriver, furent saisis d'une grande frayeur, et dirent : Assurément, cethomme était Fils de Dieu."* (Lc. 23,47) : "Le centenier, voyant ce qui était arrivé, glorifia Dieu, et dit: Certainement, cethomme était juste."

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E-1.3 Luc, six occurrences :

(Lc. 1,35) : "L'ange lui répondit: Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut tecouvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu."* (Jn. 1,29-33) : "Le lendemain, il vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l'Agneau de Dieu , qui ôte lepéché du monde. C'est celui dont j'ai dit: Après moi vient un homme qui m'a précédé, car il étaitavant moi. Je ne le connaissais pas, mais c'est afin qu'il fût manifesté à Israël que je suis venubaptiser d'eau. Jean rendit ce témoignage : J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe ets'arrêter sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau, celui-là m'a dit :Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et s'arrêter, c'est celui qui baptise du Saint-Esprit."

(Lc. 3,38) : " ..fils d'Énos, fils de Seth, fils d'Adam, fils de Dieu."* (Mt. 1,1) : "Généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham."

(Lc. 4:3,19) : "Le diable lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre qu'elle devienne dupain. ... Le diable le conduisit encore à Jérusalem, le plaça sur le haut du temple, et lui dit: Si tu esFils de Dieu, jette-toi d'ici en bas; car il est écrit.."* (Mc. 1,12-13) : "Aussitôt, l'Esprit poussa Jésus dans le désert, où il passa quarante jours, tenté parSatan. Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient."

(Lc. 4,41) : "Des démons aussi sortirent de beaucoup de personnes, en criant et en disant : Tu es leFils de Dieu. Mais il les menaçait et ne leur permettait pas de parler, parce qu'ils savaient qu'il étaitle Christ."* Ce sont des démons qui parlent, Jésus est décrit comme leur interdisant de s'exprimer ainsi.

(Lc. 20,36) : "Car ils ne pourront plus mourir, parce qu'ils seront semblables aux anges, et qu'ilsseront fils de Dieu, étant fils de la résurrection."*(Mc. 12,24-27) : "Jésus leur dit : N’êtes-vous pas en train de vous égarer, en méconnaissant lesÉcritures et la puissance de Dieu ? Lorsqu’on ressuscite d’entre les morts, on ne prend ni femme nimari, mais on est comme les anges dans les cieux. Et sur le fait que les morts ressuscitent, n’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au récit du buisson ardent, comment Dieu lui a dit : Moi, je suisle Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais desvivants. Vous vous égarez complètement. "

(Lc. 22,70) : "Tous dirent : Tu es donc le Fils de Dieu ? Et il leur répondit : Vous le dites, je le suis."*(Mc. 14,53-64) : "Ils emmenèrent Jésus chez le souverain sacrificateur, où s'assemblèrent tous lesprincipaux sacrificateurs, les anciens et les scribes. Pierre le suivit de loin jusque dans l'intérieur dela cour du souverain sacrificateur; il s'assit avec les serviteurs, et il se chauffait près du feu. Lesprincipaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient un témoignage contre Jésus, pour le fairemourir, et ils n'en trouvaient point; car plusieurs rendaient de faux témoignages contre lui, mais lestémoignages ne s'accordaient pas. Quelques-uns se levèrent, et portèrent un faux témoignage contrelui, disant : Nous l'avons entendu dire : Je détruirai ce temple fait de main d'homme, et en trois joursj'en bâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d'homme. Même sur ce point-là leur témoignage nes'accordait pas. Alors le souverain sacrificateur, se levant au milieu de l'assemblée, interrogea Jésus,et dit : Ne réponds-tu rien ? Qu'est-ce que ces gens déposent contre toi ? Jésus garda le silence, et nerépondit rien. Le souverain sacrificateur l'interrogea de nouveau, et lui dit : Es-tu le Christ, [le Filsdu Béni] (absent chez les autres évangélistes) ? Jésus répondit : Je le suis. Et vous verrez le Fils del'homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. Alors le souverainsacrificateur déchira ses vêtements, et dit: Qu'avons-nous encore besoin de témoins ? Vous avezentendu le blasphème. Que vous en semble ? Tous le condamnèrent comme méritant la mort. " (Lc.

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22,66-67) : "Quand le jour fut venu, le collège des anciens du peuple, les principaux sacrificateurset les scribes, s'assemblèrent, et firent amener Jésus dans leur sanhédrin. Ils dirent : Si tu es leChrist, dis-le nous. Jésus leur répondit : Si je vous le dis, vous ne le croirez pas."

Lorsque nous sélectionnons à travers les quatre évangiles canoniques les versions de toutes lesscènes de l'apostolat de Jésus, nous parvenons à entièrement faire disparaître l'usage des termes Filsde Dieu des évangiles canoniques. Tandis que les plus anciens manuscrits d'évangiles encoredisponibles ne remontent pas à avant la fin du IIeS. L'absence presque totale des manuscrits hébreuou en araméen montre combien les anathèmes jetés par les églises pagano-chrétiennes ont eu raisondes écrits originaux des apôtres, dont l'histoire rapporte la prêche et les lettres aux fidèles. Lesjudéo-chrétiens auront ainsi terminé par être assimilés aux musulmans, à s'helléniser ou à êtresystématiquement éliminés jusqu'à ce que le christianisme forme une religion indépendante dujudaïsme.

E-2. Exemples de transformations du texte pour y ajouter les termes fils de dieu.

Dans la Bible on lit aujourd'hui :

(Jean, 1:34) : "Et j'ai vu, et j'ai rendu témoignage qu'il est le Fils de Dieu."

Ces termes "fils de Dieu" se trouvent-ils dans les anciens manuscrits selon Jean ? Un papyrusrécemment trouvé (le P106) daté du début du IIIeS ne comporte pas les mots "fils de Dieu", on y litplutôt "élu de Dieu", c'est la même chose qu'on trouve dans le P5, et également dans le codexsinaiticus, on peu encore lire "élu" dans quelques autres anciens manuscrits.

On peut lire aujourdh'ui dans Marc :

(Marc, 1:1) : "Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu."

Par contre le Codex Sinaiticus ne contient pas les termes "fils de Dieu".

Ainsi, il ressort lors de la lecture paléographique et philologique entre les lignes des évangiles queles termes "fils de Dieu" ont été choisis par les évangélistes par choix littéraire et idéologique, sansfonder ces propos dans la bouche de Jésus de façon crédible. C'est bien au fil des conciles sur lanature du Christ que ce titre sera tenu pour un dogme irrévocable sous l'influence culturelle greco-romaine.

E-3. Les conciles sur la nature de Christ et l'influence hellène.

Le Coran mentionne la division au sein du judaïsme après l'avènement de Jésus en ces termes.

(Cor. 42,13-14) : "Il vous a légiféré en matière de religion, ce qu'Il avait enjoint à Noé, ce que Noust'avons révélé, ainsi que ce que Nous avons enjoint à Abraham, à Moïse et à Jésus : 'établissez lareligion; et n'en faites pas un sujet de division'. Ce à quoi tu appelles les associateurs leur paraiténorme. Allah élit et rapproche de Lui qui Il veut et guide vers Lui celui qui se repent. Ils ne se sontdivisés qu'après avoir reçu la science et ceci par rivalité entre eux. Et si ce n'était une parolepréalable de ton Seigneur pour un terme fixé, on aurait certainement tranché entre eux . Ceux à quile Livre a été donné en héritage après eux sont vraiment à son sujet, dans un doute troublant."

(Cor. 23,49-53) : "Et Nous avions apporté le Livre à Moïse afin qu'ils se guident. Et Nous fîmes du

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fils de Marie, ainsi que de sa mère, un signe ; et Nous donnâmes à tous deux asile sur une collinebien stable et dotée d'une source. Ô Messagers ! Mangez de ce qui est permis et agréable et faites dubien. Car Je sais parfaitement ce que vous faites.Cette communauté, la vôtre, est une seulecommunauté, tandis que Je suis votre Seigneur. Craignez-moi donc, mais ils se sont divisés ensectes, chaque secte exultant de ce qu'elle détenait."

(Cor. 9,30) : "Les Juifs ont dit : Uzayr est fils d’Allah et les Chrétiens ont dit : Le Christ est filsd’Allah. Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avanteux. Qu’Allah les anéantisse! Comment s’écartent-ils (de la vérité) ?"

Cette imitation fait allusion à l'influence grecque pour Jésus, ainsi que l'influence égyptienne etbabylonienne lors de l'exil à Babylone. Le Coran mentionne ainsi les reproches d'Elie aux israélitesqui vénèrent Baal en Babylonie.

(Cor. 37,123-127) : "Elie était, certes, du nombre des Messagers. Quand il dit à son peuple : "Necraignez-vous pas [Allah] ?" Invoquerez-vous Baal (une idole) et délaisserez-vous le Meilleurdes créateurs, Allah, votre Seigneur et le Seigneur de vos plus anciens ancêtres?" Ils le traitèrent dementeur. Et bien, ils seront emmenées (au châtiment)."

------------------------------[1] Babha Bathra 54b.[2] Babha Kama 113a.[3] Babha Kama 113b.[4] Baba Mezia 24a.[5] Choschen Ham 183,7.[6] MRI, Ki tissa 1 ; Tos. Shabbat 15:17 ; Yoma 85b.[7] "Le Judaïsme et le Christianisme antique", Marcel Simon et André Benoit, éditions puf,Nouvelle Clio, p.103.[8] Shabbat 7,2.[9] Talmud de Babylone, Sanhedrin 43a.[10] "Peri Hairesi", Jean Damascène (vers 742).[11] Approaches to Arabic Linguistics, publié par Everhard Ditters,Harald Motzki.[12] "Les manuscrits de la mer Morte", Michael Wise, p. 329 ; éd. Perrin, (Paris), 2003.[13[]] Michael Wise, "Les manuscrits de la mer Morte", page 329.[14] "Le linceul de Jésus enfin authentifié?", Jean-Baptiste Rinaudo, Claude Gavach(p.376) ; Guibert, 2010 - 570 pages[15] "Règlement de la guerre des fils de lumière" : A. Dupont-Sommer ; Revue de l'histoire desreligions (1955) Volume 148, N° 148-1 pp. 25-43.

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V. Le Coran Est-Il Fidèle à l'Original ?

A. Introduction :

Encore à ce jour, aucune étude philologique intégrale à but scientifique n'a été réalisée sur le Coran,et l'écrasante majorité des chercheurs se fonde sur l'arabe moderne et la tradition. Il n'existe que destraductions de vulgarisation, aucune traduction à but scientifique fondée sur la lexicologie, laphilologie ou la linguistique moderne n'existe à ce jour. Or, depuis le XIXeS les méthodes d'investigation de plus en plus avancées ont commencé à êtreappliquées au Coran. Les premiers travaux étaient relativement vagues ou consistaient en des essais.L'absence de manuscrits musulmans remontant à avant le IXeS suivant la datation paléographiqueet la codicologie, conduisit un nombre croissant de spécialistes à soutenir que le Coran actuel seraitune compilation progressive d'écrits épars judéo-chrétiens. Certains chercheurs avançant uneorigine israélite dénommée Agarisme, d'autres encore une origine chrétienne... Quoi que ces thèsesrestèrent marginales aux yeux de leurs pairs. Christoph Luxenberg proposa de même une re-lecturesyriaque des passages coraniques, devenus obscurs au fil de la dérive sémantique. Pourtant, dès la fin du siècle dernier, des cachètes de manuscrits paleo-islamiques furentdécouvertes au Caire, à Fustat, à Sanaa, ..., qui allaient changer la donne. Finalement, il existait biendes écrits typiquement musulmans dès l'époque du Prophète de l'islam.

A. Les Cachètes de Manuscrits :

Ci-dessus l'un des manuscrits coraniques de Sana'a les plus anciens, le Sana'a1 Stanford '07. Le script inférieur

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pourrait directement remonter au vivant de Muhammad entre 614 et 656 à 68 %, selon la datation au carbone14.

D'aprèsSadeghi et Bergman, le manuscrit Stanford '07 peut remonter au vivant du

Prophète. [1] Mieux, les écrits de jurisprudence datant du IXeS recommandaient de détruire les anciens écritssacrés comportant des versets du Coran, ou les noms d'Allah, de Muhammad ou d'autrespersonnalités saintes. Les juristes recommandant de brûler, enterrer ou détruire en déchirant etdisposant en un lieu non piétiné les manuscrits devenus illisibles. En sorte que la découvertes devieux manuscrits s'élucidait finalement de façon évidente...

Sur la photo, on voit l'état de parchemins arabes paleo-islamiques dans l'état où ils ont été retrouvés quand letoit d'une ancienne mosquée s'est effondré à Sana'a.

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A partir de la fin du siècle du dernier, des cachètes où des manuscrits anciens étaient abandonnésont été retrouvées au Caire, à Fustat ou encore à Sanaa... La datation de ces manuscrits allaitbouleverser la thèse de la rédaction progressive du Coran, en effet des manuscrits ont été datés avecdes moyens physiques plus précis. Et les manuscrits les plus anciens se sont révélés remonterdirectement à l'époque de Muhammad.

En effet, du vivant de Muhammad, il n'existait pas d'alphabet véritable, mais un proto-alphabet nedisposant d'aucune voyelle, ni même de ponctuation. Ainsi treize caractères se voulaient configurerune trentaines de sons, tandis que le lecteur devait connaître le sens de l'écrit avant de le lire, lesupport servant d'aide mémoire... Or, vers le IXeS une réforme débutée pour des exigencesadministratives permettant de différencier les consonnes soeurs et de fixer par écrit la voyellisationfut achevée. Cette réforme de l'écriture posa un problème au sujet du Coran et des manuscritsreligieux, étant donné qu'il existait différentes grilles de déchiffrement qui se sont instituées au filde leur transmission chez les premières générations de savants. La tradition rapporte donc que parmi les diverses variantes de lecture (majmu'ul qira'ah) du Coran,sept furent canonisées suivant les chaines de transmetteurs de maître à élève (isnad). La conformitéde ces sept variantes à la langue qoraïchites du IXeS et la conformité au support consonnantique ducodex d'Uthman étant de même exigées. Or, les résistances populaires conduisit à en légaliserencore 3 ou davantage par la suite. Tandis que les quelque 35.000 variantes de versets furenttransmises dans les ouvrages d'exégèse comme variantes marginales.

C. La Structure Consonantique Entièrement Confortée au Début du IeS : Parmi les quelque 30.000 fragments retrouvés à Sana'a 926 corans ont été identifiés, et à partquelques disaines de différences mineures, le Coran actuel a été conforté identique aux corans del'époque dans sa structure consonantique. En effet, la découverte de certains palimpsestes parmi les manuscrits les plus anciens va dans lesens de la tradition musulmane soutenant qu'une standardisation des manuscrits particuliers enregard de la version des disciples directs de Muhammad entamé dès l'époque d'Uthman ibn Affan etqui a manifestement duré de façon marginale durant les premiers siècles. Des manuscrits confortantde même la descriptions des codex personnels d'Ubay ibn Ka'b ou ibn Mas'ud tels que transmis dansles ouvrages d'exégèse et chez les chroniqueurs a de même montré la fidélité des descriptions auxfaits historiques. Or, il demeurait encore un doute quant à la version finalisée rajoutée de voyellestelle que nous en disposons actuellement. D. Le Passage du Proto-Alphabet à Un Alphabet : Comme le Coran semblait finalement conforté dans sa structure consonantique, mais que certainspassages demeuraient obscurs, divisant pour certains passages les exégètes sur certains versets surplusieurs pages d'interprétations diverses, un doute continuait de résister à l'analyse sur la fidélité dela version finalisée dont nous sommes dépositaires.

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Et, des spécialistes dont Christoph Luxenberg ont proposé de relire ces fammeux passages obscurssuivant la philologie, d'après la langue syriaque... Cette idée venait de ce que certains chercheurssoutenaient que le Coran était un genre de lexicaire de textes judéo-chrétiens mal lus par les Arabes. Néanmoins, un rebondissement s'est encore réalisé par Michel Cuypers qui a eu l'idée d'appliquer lalecture suivant la rhétorique sémitique. Cuypers a en effet montré de façon réfutable que lessourates sont organisées suivant des symétries thématiques très élaborées. En sorte que le sens desversets s'organisaient suivant une logique sémitique oubliée, en sorte que derrière leur apparencedécousue, ils ressortaient comme organisés de façon rigoureuse. Par exemple, si on attribue des lettres au thèmes des passages on retrouve des symétries A/B/C,C/B/A, ou encore A/B - A/B - C- B/A - B/A, ... Michel Cuypers a ainsi indirectement démontré que le sens des versets apparaît comme fidèle à laversion originelle. Puisque le fond consonnantique est conforté par la datation physique desmanuscrits dès l'époque du Prophète, et que le sens des versets suit en fait une logique trèssophistiquée, qui plus est oubliée par les anciens dès le IXeS et jamais mentionnée, il ressort doncque mis à part certains passages demeurant obscurs à cause de la dérive sémantique, le Coran estfidèle à la version primitive.

En effet, il eut été lourdement fastidieux, pour ne pas dire irréalisable d'adapter le supportconsonantique primitif des manuscrits d'avant la réforme de l'écriture arabe en sorte d'en composerdes récits d'une si profonde cohérence sur le plan thématique, répondant à des symétries aussisophistiquées qu'étranges... Et en mettant que cela aurait été réalisé néanmoins avec des effortsherculéens il eut été sans doute impossible d'imposer une lecture aussi éloignée d'une versionpopulaire qui avait à ce moment déjà trois siècles d'histoire pratique. La fixation de 7 variantes àcette époque montre par ailleurs que la variation avait néanmoins bien eut lieu, quoi qu'aucune desvariantes retenues ne s'éloigne d'une idée centrale invariable. En conclusion, il ressort bien que leCoran actuel est très fidèle à l'original. Même si nous ne pouvons pas formellement démontrer qu'ily est complètement identique, ne fût-ce que sur la prononciation exacte des vocalises, les voyellesinitiales originelles ou le sens lexicologique et sémantique des termes qui s'y trouvent. Larésisntance de certains passages obscurs à une interprétation univoque semble indiquer soit unedérive sémantique sensible, soit des éloignements ponctuels du texte originel. Ou alors des figuresde rhétorique désuètes...

--------------------------------- [1] B. Sadeghi & U. Bergmann, "The Codex Of A Companion Of The Prophet And The Qur ān OfʾThe Prophet", Arabica, 2010, Volume 57, pp. 348-354.

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VI. Crucifixion, Rédemption et Islam :

A. Introduction :

Le Coran s'inscrit dans une position catégorique concernant le rejet de la rédemption par la Passion,qui est l'un des dogmes fondateurs du monde helléno-chrétien. Il ignore la doctrine du péchéoriginel, inexistante dans le judaïsme, qui est censé selon la doctrine chrétienne souiller l'humanitédans sa nature première. En effet, il rejette non seulement la résurrection de Jésus, mais remet demême en doute sa mise à mort. Le Coran fonde Jésus comme un prophète oint sauvé par sonseigneur contre les machinations des israélites ne le soutenant pas, décrits comme le trahissantpar la crainte de la répression romaine : (Cor. 61,14). Nous allons voir avec surprise, que le Corancadre ici encore de façon inattendue avec l'étude philologique et historico-critique de la question.

Sur le plan sotériologique, le Coran considère ainsi que la pureté de coeur est la nature innée del'humanité : (Cor. 30,30). Adam et Eve se sont repentis et donc il n'y a pas de péché originel : (Cor.2,35-37). Le Coran insiste par ailleurs sur ce que personne ne porte le péché d'autrui : (Cor. 53,38).Il n'y a donc pas de baptême en islam. Dieu pardonne strictement tout péché : (Cor. 39,53-54),hormis si une personne est morte polythéiste, laquelle ne sera pas pardonnée : (Cor. 39,65). Mais unrepentir du polythéisme absout ce péché à condition de précéder la mort : (Cor. 2,51-52).

(Cor. 4,48) : "Certes Allah ne pardonne pas qu'on lui donne quelqu'associé. A part cela, il pardonneà qui il veut. Mais quiconque donne à Allah quelqu'associé commet un énorme péché."

(Cor. 39,65) : "En effet, il t'a été révélé, ainsi qu'à ceux qui t'ont précédé : Si tu donnes des associésà Dieu, ton œuvre sera certes vaine ; et tu seras très certainement du nombre des perdants."

(Cor. 4:116) : "Certes, Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonneà qui Il veut. Quiconque donne des associés à Allah s'égare, très loin dans l'égarement."

(Cor. 39:53-54) : "Dis : Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, nedésespérez pas de la miséricorde de Dieu. Car Dieu pardonne tous les péchés. Oui, c'est Lui quipardonne, le Très Miséricordieux. Et revenez repentant à votre Seigneur, et soumettez-vous à Lui,avant que ne vous vienne le châtiment et vous ne recevez alors aucun secours."

B. Date de l'Abolition de la Crucifixion comme Terminus Post Quem des Evangiles :

Un point permettant de réaliser et d'appuyer la rédaction progressive les manuscrits chrétiens, estque les évangiles canoniques témoignent de l'ignorance des procédures de la crucifixion romaine dutemps de Jésus, qui ne seront abolies que sous Constantin Ier, semble-t-il en 313. En effet, desdescriptions du processus de la crucifixion de Jésus selon les évangélistes témoignent d'uneméconnaissance manifeste chez les rédacteurs des usages romains en matière de crucifixion.

La flagellation de Jésus est ainsi décrite par les évangélistes comme un châtiment spécifique à Jésusde la part de Pilate désirant le châtier mais non pas le tuer, alors que la flagellation était unpréliminaire fréquent de la crucifixion. Pilate est de même censé amnistier un juif à chaque fête,chose infondée en dehors de la seule affirmation des évangélistes. Pilate aurait même livré Jésusaux Rabbins pour qu'il l'exécutent eux-mêmes, affirmation strictement anti-historique puisqu'unetelle autorité n'a jamais été accordée au Sanhédrin, pas davantage qu'un jugement au Sanhédrin denuit et qui plus est à la veille de la Pâques, encore une autre trace d'une élaboration des récits sans

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support historique crédible, visant à diaboliser les juifs dans un processus d'affranchissement duchristianisme naissant de son bassin judaïque fondateur. Ces erreurs historiennes sont aurantd'indices d'une élaboration sur mesure, ressortant en filigrane du fond de ces récits composites quenous détenons, dont deux seuls manuscrits datés de la seconde moitié du troisième siècle fontbrèvement mention d'un jugement de Jésus, deux écrits qui mentionnent par ailleurs une poutreunique, et non d'une croix.

De même, le récit de trous de clous dans les mains de Jésus, qui est largement représenté dans lesstatues et peintures de Jésus crucifié sur base du récit des évangiles est une marque palpable d'uneélaboration tardive, car les clous étaient plantés dans le poignet, dans l'espace de Destot.Des expériences sur des cadavres ayant montré que les mains ne peuvent pas porter un corpsainsi suspendu et se déchirent laissant tomber le corps. Des corps de crucifiés romains momifiésnatuellement ont révélé que les clous étaient bien enfoncés non pas dans la main, comme dans lesrécits des évangiles, mais au niveau du poignet. De même, des contradictions systématiques surchaque détail du récit entre les évangiles canoniques témoigne d'une incohérence historiqueflagrante. Ce qui conduit à poser comme terminus ante quem de ces manuscrit composites une dateultérieure à 313, qui marque la fin de la peine de la crucifixion.

C. Dissection Du Récit de la Passion :

C-1. Les Failles du Récit de la Passion :

C-1.1 La flagellation, une peine d'humiliation propre à Jésus ?Les évangiles suggèrent implicitement que la flagellation de Jésus aurait été un châtiment propre àJésus dans le but de l'humilier, mais sans but de l'exécuter. Or, cette peine était liée aux processus decrucifixion romaine de l'époque. Ce qui témoigne de l'ignorance de cet état de fait au moment de larédaction des évangiles.

(Luc, 23:10-18) : "Alors Pilate convoqua les grands prêtres, les chefs et le peuple. Il leur dit : Vousm’avez amené cet homme en l’accusant d’introduire la subversion dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cethomme aucun motif de condamnation. D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. Ensomme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir faitdonner une correction. Ils se mirent à crier tous ensemble : Enlève cet homme ! Relâche-nousBarabbas. "

(Jean, 19:1-6) : " Alors Pilate fit saisir Jésus pour qu’il soit flagellé. Les soldats tressèrent avecdes épines une couronne qu’ils lui posèrent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteaupourpre. Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : Salut à toi, roi des Juifs ! Et ils le giflaient.Pilate, de nouveau, sortit dehors et leur dit : Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiezque je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Jésus donc sortit dehors, portant la couronned’épines et le manteau pourpre. Et Pilate leur déclara : Voici l’homme. Quand ils le virent, les grandsprêtres et les gardes se mirent à crier : Attache-le à un poteau ! Attache-le à un poteau ! Pilate leurdit : Prenez-le vous-mêmes, et attachez-le à un poteau ; moi, je ne trouve en lui aucun motif decondamnation. "

La tentative de déverser l'accusation sur les israélites a ainsi conduit à des incohérences comme ci-dessus, où Pilate accepte de châtier Jésus en le faisant fouetter sans lui trouver de crime, et permet

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aux israélites de le tuer eux-mêmes. Chose impensable, tout comme un jugement imaginaire ausanhédrin une nuit, la veille de la Pâques. Servant d'argument fort devant couper le christianismenaissant de son bassin judaïque fondateur dont il est issu. C-1.2 Jésus attaché au poteau, un archaïsme révélateur :

Les évangiles mentionnent un poteau unique, nommé tantôt stauros et tantôt xulon, et nullement uncrucifix en deux morceaux comme ceux utilisés par les romains. Les manuscrits mentionnent lestermes stauros et xulon pour décrire l'instrument de supplice de Jésus :

• 1. Stauros : Le mot grec rendu par 'croix' dans de nombreuses traductions modernesest 'stauros'. En grec classique, ce terme désignait simplement un poteau dressé, ou un pieu.Rien ne suggère dans les évangiles, même indirectement, que le stauros utilisé pour Jésusétait conçu comme autre chose qu'un stauros ordinaire dans l'esprit des rédacteurs et scribes.

• 2. Xulon : Les Ecritures usent également plus rarement du mot 'xulon', signifiant 'Poutre,pieu, ..., poteau sur lequel les criminels étaient empalés...'.

D'après les évangiles, Jésus n'a pas été crucifié, mais attaché ou cloué à un poteau unique, comme sur lareprésentation artistique ci-dessus. Ce qui rappelle que le symbole principal du christianisme est un signe de

l'éloignement inattendu de la notion d'historicité. En effet, les suppliciés étaient parfois mis sur un poteau unique(patibulum). Ce fut le cas d'après les plus anciens écrits détenus.

Les nombreuses contradictions du récit de la passion dénoncent l'invraisemblance du récit, et uneconstruction de toutes pièces. Ainsi on trouve tantôt Jésus porter lui-même son poteau selon Jean :(Jn. 19,27). Tandis que Matthieu, Marc et Luc affirment au contraire qu'elle fut portée par undénommé Simon, originaire de Cyrène revenant des champs : (Mt. 27, 32, Mc. 15, 21, Lc. 23, 26).Une fois cloué ou attaché, Jésus a pour voisins deux brigands qui l'insultent selon Matthieu (27, 44)et Marc (15, 32) alors que Luc (23, 39-43) dit qu'un seul des deux l'insultait pendant que l'autre ledéfendait. Les paroles de Jésus avant d'expirer présentent quatre version distinctes. Après avoirexpiré, les évangiles content que Jésus fut enveloppé dans un linge. Ce linge est un linceul d'aprèsMatthieu (27,59), Marc (15, 46) et Luc (23, 53) mais des bandelettes selon Jean (19,40 et 20,5-6).La confusion est générale quand Luc parle lui aussi de bandelettes (Luc 24,12). Jean évoque aussiun linceul mais il est destiné uniquement à envelopper la tête du crucifié (Jean 20, 7). Les plus

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anciens écrits mentionnant la passion ne remontent pas à avant le IIIeS, bien après les événementscensés s'être déroulés.

C-1.3 Jésus, attaché ou cloué ?

(Jean, 20:24-25) : "Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pasavec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : Nous avons vu le Seigneur ! Maisil leur déclara : Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigtdans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! "

(Jean,19:6) : "Cependant, lorsque les prêtres en chef et les agents le virent, ils crièrent endisant : Attache[-le] sur un poteau ! Attache[-le] sur un poteau ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes et attachez-le sur un poteau, car moi, je ne trouve pas de motif de condamnation en lui. "

Les évangiles suggèrent tantôt Jésus attaché au poteau, tantôt cloué dessus. Ce qui témoigne pour lemoins de manipulations scripturaires évidentes, dévoilées par le récit final composite. Celadénonce une composition progressive de toutes pièces de la scène selon les rédacteurs. Il aurait ététotalement inutile de clouer et d'attacher à la fois, mais cela est une trace de l'écriture de la scène defaçon indépendante pour lui attribuer un certain niveau de réalisme. Mais conduisant à descontradictions dénonçant l'écriture tardive des récits, qui apparaissent à partir du IIIeS, sans aucuntémoignage direct identifiable, ni pertinent.

C-1.4 Des trous dans les mains de Jésus ? Jean présente Jésus avec des trous dans les mains. Affirmation également erronée, étant donné queles romains plantaient les clous non pas dans les mains, mais bien au niveau du poignet. Ce quirenforce les indices montrant une rédaction tardive ou tout au moins une réécriture postérieure à313 au IVeS.

(Jean, 20:26-27) : "Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, etThomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieud’eux. Il dit : La paix soit avec vous ! Puis il dit à Thomas : Avance ton doigt ici, et vois mesmains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. "

Radiographie d'un clou planté dans l'espace de Destot par le Dr Willis. Le clou était bienenfoncé au niveau du poignet, et non dans la main comme prétendu par Jean. Ce qui témoigneque ce passage de Jean ne peut pas remonter à avant 313, date à laquelle la crucifixion a étéabolie chez les romains.

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C-1.5 Siège du sanhédrin la nuit, à la veille de Pâques ? Une des nombreuses incohérences témoignant de l'ignorance de l'époque de Jésus est l'affirmationque Jésus eût été conduit au Sanhédrin, de nuit à la veille de Pâques. Accusation typique visant àdiaboliser les israélites qui défendent la validité de l'ancienne alliance de Moïse, et encadrés parles accusations de Jésus sur leurs penchants de coeur mauvais, accusations véhémentes cadrantquant à elles, plutôt mieux, avec la tradition biblique antérieure typique à travers les écrits desanciens (nevi'im et ketouvim).

C-1.6 La libération d'un condamné à l'occasion de Pâques ?

(Mt 27,15-17) : " Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur fut trèsétonné. Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la fouledemandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. Les foules s’étant doncrassemblées, Pilate leur dit : Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou Jésus, appelé leChrist ?"

Cette affirmation est une affirmation propre aux évangiles à partir de manuscrits remontant à auplus tôt le IIIeS, qui n'est pas confirmée par les données historiques. C'est l'une des traces du récitde la crucifixion qui porte la marque d'une élaboration imaginaire dans les couches populaires au fildu temps qui est infirmée par la critique historique.

C-1.7 Pilate demandant aux Rabbins d'exécuter Jésus d'eux-mêmes ?

(Jn 19,6) : "Quand ils le virent, les grands prêtres et les gardes se mirent à crier : Crucifie-le !Crucifie-le ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; moi, je ne trouve en lui aucunmotif de condamnation."

Cette affirmation aussi est une preuve de la recherche à diaboliser les juifs, parceque ceux-cin'avaient pas le droit de mettre à mort sous la domination romaine.

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C-1.8 Anachronismes des récits et source Q :

Une des nombreuses incohérences dénonçant la rédaction progressive des récits qui n'échappe pasaux regards attentifs consiste en les nombreuses incohérences chronologiques. En effet, toute lacarrière de Jésus, depuis la date de sa naissance, en passant par le début de sa carrière et jusqu'à sadisparition est parsemée de très nombreuses contradictions. Ainsi, Jésus serait né au temps du roi Hérode le Grand (m. -4) : (Mt 2,1). Pendant un recensementgénéral ordonné par Auguste, dont aucune mention historique n'est fondée : (Lc 2, 1). Pendantque Quirinius (en fonction à partir de 6) était gouverneur de Syrie (Lc 2, 2). Ainsi, la date de lanaissance fictive ne correspond pas à une chronologie cohérente, battant entre -4 et +6. (Lc. 3,1) : "La quinzième année du règne de Tibère César, lorsque Ponce Pilate était gouverneur dela Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe tétrarque de l'Iturée et du territoire de laTrachonite, Lysanias tétrarque de l'Abilène "[3].

Pilate était procurateur de Judée (pas gouverneur) de 26 à 36 et Tibère ,empereur de 14 à 37. Parconséquent, Luc fait commencer la prédication de Jésus en 29, quinze ans après l'entrée en fonctionde Tibère. Suivant les évangiles synoptiques, la prédication de Jésus dure une année et s'achève avec sa mise àmort. Jean soutient quant à lui que son ministère connait 3 pâques, soit 3 ans. Or, un indicehistorique se retrouve en la personne de Jean Baptiste. Ce dernier apparait ainsi baptisant Jésus, etfinit par être arrêté et décapité (Mt 14, 1-20). Pour rajouter aux ambiguïtés, Mathieu présente leBaptiste envoyant un disciple interroger Jésus sur sa messianité : (Mt 11,2-5). Nous tenonsnéanmoins de l'historien Flavius Josèphe que Jean Baptiste fut mis à mort vers 35 à 36 étant accuséd'agitation sociale après l'assassinat de son frère Philippe le Tétrarque entre l'an 34 et la mort deTibère en 37. L'évangéliste Luc mentionne cet enfermement en le justifiant par une raison d'adultère: (Lc 3,19-20). Or, la date de sa mise à mort est indécise. Jésus devant mourir après Jean Baptiste,en l'an 36 au plus tôt. Que Pilate ait condamné Jésus en l'an 36 reste historiquement possible selonles synoptiques. Mais selon Jean, l'arrestation de Jean se déroule lors de la première année duministère de Jésus : (Jn 3,24). Alors, il faut rajouter 2 ans, ce qui nous amène en l'an 38 sousl'empereur Caligula. A cette date, Pilate se trouve renvoyé à Rome et n'a pas pu juger Jésus. Parailleurs, aux nombreuses incohérences bibliques, des versions extra-bibliques se rajoutent d'autresversions. Or, la canonisation des synoptiques et les destructions d'évangiles incompatibles, aprèsconciles et anathèmes, visait à construire une certaine cohérence, alors que des versions trèsdiverses contemporaines de ces écrits nous sont rapportés dans les écrits apostoliques..

"Eusèbe de Césarée mentionne un rapport de Pilate à Tibère qui fait mourir Jésus en+21. Or Pilate n'était pas procurateur à cette époque.

Pour Tertullien (150-220) dans Ad Nationes VII, les chrétiens sont connus sous ce nomdepuis l'empereur Auguste. Or Auguste est mort en +14. Comment donc peut-on avoirdes chrétiens alors que Jésus ne prêche pas encore ? Si Tertullien se trompe dans lesdates au IIIe siècle, comment pouvons-vous continuer à croire que les Evangiles étaientfixés à cette date et que lisait Tertullien dans l'Evangile Selon Luc ?

Pour l'Eglise de Jérusalem dirigée par Alexandre au IIIe siècle, et en se basant sur les"indications chronologiques apostoliques" disponibles, Jésus serait né en +9, baptisé en+46 et mort sous Néron en +58 (Reinach, Harnack) ce qui rejoint Jean 8,57 qui dit que

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Jésus n'a pas encore 50 ans.

Papias (70 - 155) , un des plus anciens père de l'Eglise, affirme que Jésus serait mort à69 ans. mais quand, cela personne ne le sait et il tient ça d'un certain Jean le Presbytre.

Selon Irénée (vers 170), dans sa Démontrations de la prédication apostolique (74,247-248) , Jésus serait mort sous l'empereur Claude (41-54) et "proche de la cinquantaine, ettouchant à la vieillesse" . Il tenait cette information de Polycarpe, un des 4 pèreapostoliques (ayant connu les Apôtres).

Selon Origène (185/253) dans Contre Celse, I, 58, c'est Hérode le Tétrarque (lecontemporain de Pilate) qui aurait reçu les Rois Mages... Mais selon les Actes desApôtres, Hérode meurt "rongé de vers" (12,23) après les aventures de Jésus. SelonFlavius Josèphe, historien Juif du 1er siècle, (Guerre des Juifs, I,33.5), c'est Hérode leGrand qui est mort ainsi en -4. Ce qui est contrariant c'est que le terme "Tétraque"donné dans l'Evangile Selon Matthieu et celui Selon Luc est un anachronisme. Ce titregrec est ignoré des historiens romains. Il n'existe pas à Rome au temps d'Auguste. Ladignité de tétrarque y est créée en 335 de l'ère julienne (291 de notre ère) quand l'empireest divisé en 4 principats que gouvernent Dioclétien, Maximien, Galère et ConstanceChlore. Sans doute cette division de la Palestine a-t-elle été suggérée par une plumepieuse dans l'œuvre de Flavius Josèphe, premier auteur à appliquer l'appellationdetétrarchie à un territoire sous l'autorité romaine. Tromperie d'autant plus évidente qu'àl'origine, chez les Macédoniens, le tétrarque est le chef d'une décurie de laphalange, etque la tétrarchie évangélique apparaît lors du partage du territoire d'Hérode entre ses 3fils. Flavius Josèphe écrit que César (Auguste) attribue le titre de gouverneur et lamoitié du royaume à Archélaos et divise l'autre moitié en « deux tétrarchies » l'une àPhilippe, l'autre à Antipas. On imagine mal Auguste désigner en grec une subdivisionadministrative de Rome.

Victorin de Pettau (mort en 303) nous annonce ceci : « Le 8 des calendes de janvier (25décembre) est né notre Seigneur Jésus-Christ, sous le consulat de Sulpicius Camerinus,et il a été baptisé le 8 des ides de janvier (6 janvier) sous le consulat de ValerianusAsiaticus. Il a souffert la passion le 10 des calendes d'avril (23 mars), alors qu'étaientconsuls Néron pour la troisième fois et Valerius Messala »

Jésus serait né donc sous Sulpicius Camerinus en +9 quand il était consul (Suétone, Viede Vespasien, II, 1), baptisé en +41 ou +46 sous le consulat de Valerianus Asiatacus etmort sous le consulat de Messal soit en +58 selon Tacite (Tacite, Annales, XIII, 34,1)

Epiphane de Salamine (315/403), nous rapporte dans son Panarion 29, une sectechrétienne qui affirmait que le Messie était mort sous Alexandre Jannée vers -80 .Tertullien avec ses chrétiens en +14 aurait-il raison ?

Selon Jérôme de Stridon dit Saint Jérôme (Tableau des Ecrivains Ecclesiastiques voirici), Paul serait mort la 2e année du règne de Néron soit la vingt-deuxième année de laPassion du Christ. Néron ayant commencé à régner le 13 octobre 54, sa deuxième annéeest donc en 56, ce qui nous donne la Passion en +34. Mais là où on ne comprend plusc'est que Jérôme fait mourir Paul le même jour que Simon Pierre à savoir "laquatorzième et dernière année" du règne de Néron soit en 68 tout en précisant pour Paulque c'était "37 ans après la Passion du Seigneur". Un calcul nous donnant 68 -37 étantégal à 31, Jérôme réussit le tour de force de faire mourir le Christ en +31 et en +34. Enattendant, les informations de Pierre à Rome par Jérôme contredisent le Nouveau

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Testament qui n'en parle absolument pas. La seule géolocalisation donnée par les Actesdes Apotres pour Pierre est à Jérusalem et Antioche. Quand à ses 2 lettres que nouspossédons, ce sont des écrits non authentiques (même si Jérôme affirme le contraire)avec une seule référence d'une personne à Babylone et non à Rome (à moins d'y trouverune critique théologique alambiquée...). Jérôme n'explique pas comment les Juifs deRome par Paul ne connaissent rien à Jésus (Actes 28) alors que Pierre est soi-disant lepape sur place depuis 19 ans !

Grégoire de Tours, évéque du 6e siècle, prétend dans son Histoire des Francs , livre I queJésus naquit la 43ème année du règne d'Auguste (soit en +17) et meurt la 17ème annéedu règne de Tibère (+31). Pilate aurait donc crucifié un gamin de 14 ans ! Vous me direzque Grégoire de Tours n'est pas très fiable car il déclare aussi : "Beaucoup pensent quePilate était manichéen" . Elle suppose, dans l'esprit de celui qui l'exprime, que lemanichéisme précède le christianisme. Pour la petite histoire, Mani, l'envoyé perse deDieu, verrait le jour vers 216 sous le règne de Caracalla, l'empereur né à Lyon. Grégoirene doit pas très bien connaître la vie de Mani ou bien, ne disposant pas de l'èrechrétienne, il ignore l'histoire de Rome. Mais l'évêque tourangeau précise : "Un grandnombre croient qu'il était manichéen d'après ce qu'on lit dans l'évangile : "quelques-unsvinrent dire à Jésus ce qui s'était passé touchant les Galiléens dont Pilate avait mêlé lesang à ceux de leurs sacrifices." il s'agit ici du premier verset actuel du chapitre 13 del'évangile de Luc. A quels sacrifices laissant présumer de l'appartenance manichéennede Pilate est-il ici fait allusion ? Dans tous les cas au 6e siècle, Grégoire de Tours nepossède pas l'Evangile de Luc "officiel" que nous possédons.

Rajoutons qu'Arnobe, un apologète chrétien du IIIe siècle, fustigeait les païens quicélébraient un jour spécifique pour la naissance de leur dieu. De toute évidence pour lui,Jésus n'avait pas de jour de naissance. Ce qui est normal pour un dieu, moins pour unhomme né d'une vierge que l'on aurait divinisé selon les historicistes."[4]

En élaguant les évangiles de toutes les contradictions, on retrouve ce qui devrait se rapprocher del'hypothétique source Q, ou logias qui consistaient en les sagesses et paraboles attribuées à Jésus enpersonne. Les récits périphériques étant finalement brodées au gré des besoins au fil des siècles

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jusqu'à aboutir à une série de manuscrits composites contenant de profondes incohérencesclairement insolubles.

C-1.9 Rédaction progressive du récit de la crucifixion, processus midrashique :

Une confusion entre la peine Juive antique transmise dans la tradition orale qui consistait à empaler,ou attacher à un poteau semble avoir servi aux évangélistes après l'abolition de la peine de lacrucifixion en 313 par Constantin le grand, conduisant ainsi à des adaptations des récits pouraugmenter leur crédibilité, mais générant au contraire des anachronisme insolubles. En effet, lesseuls passages fragmentaires estimés remonter à avant la date critique de l'an 313 marquantl'abolition de cette peine chez les romains, qui mentionnent la condamnation de Jésus que nousdétenons consistent en deux manuscrits sont datés paléographiquement du IIIeS, ce sont le Papyrus75 (Luc,23:1-56), et le Papyrus 125 (Jean,19:17-18;25-28). Ceux-ci mentionnant un poteau uniqueet font un récit très fragmentaire, nous allons en traiter infra.

En fait, la condamnation à mort de Jésus semble en très grande partie absente jusqu'à l'an 313 aumoins, et le récit de la crucifixion apparait après une analyse structurale et paléographique commeune élaboration de type midrashique sur base de la Bible. En effet, tous les détails de la scène de lapassion se retrouvent dans les écrits anciens et les nombreuses contradictions des quatre évangilessur la prétendue crucifixion dénoncent ces manipulations qui se révèlent par les récits composites.Ainsi, tous les détails de la crucifixion sont une reprise textuelle de récits bibliques. La trahision, les30 pièces, l'abandon des disciples, la crucifixion avec des brigands, le raillement, lesmeurtitrissures, les insultes et crachats, amis à l'écart, mains et pieds percés, os non brisés, une côtepercée, ténèbres et enterrement dans la tombe d'un riche. Bref le récit entier ressort comme uneélaboration à partir du IIIeS sur base de récits bibliques. Cela ne doit pas être tenu pour unemanipulation malhonnête, car pour un fervent chrétien, la réalisation des prophéties en Jésus devaitsembler tant évident que puiser dans la Bible pour combler les lacunes des récits et présenter cegrand personnage devait sembler aller de soi. Néanmoins, les innombrables contradictions du récitde la crucifixion, son élaboration tardive à partir du IIIeS et le fait de leur fondement systématiquedans l'Ancien Testament dévoile une composition sur mesure de toutes pièces dans un longprocessus de type midrashique. Une tradition talmudique fait de même une mention différente durécit des évangiles :

« La tradition rapporte : la veille de la Pâque, on a pendu Yeshu. Un héraut marcha devant lui durantquarante jours disant : il sera lapidé parce qu’il a pratiqué la magie et trompé et égaré Israël. Queceux qui connaissent le moyen de le défendre viennent et témoignent en sa faveur. Mais on netrouva personne qui témoignât en sa faveur et donc on le pendit la veille de la Pâque. » [9] :

Cet autre récit, également postérieur au IIIeS témoigne de la diversité et des incohérences des récitssur la condamnation à mort de Jésus.

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Voici des passages de la Bible qui ont servi à la composition de toutes pièces de la scène de lacrucifixion :

1. Trahi par un ami Ps 41:9 Jn 13:18-27

2. Vendu pour 30 pièces d'argent Zach 11:12 Mt 26:14-15

3. 30 pièces jetés dans le Temple Zach 11:13 Mt 27:3-5

4. 30 morceaux pour acheter un domaine Zach 11:13 Mt 27:6-10

5. Abandonné par ses disciples Zach 13:7 Mc 14:27+50

6. Accusé par de faux témoins Ps 35:11+20-21 Mt 26:59-61

7. Silencieux face aux accusateurs Essaïe 53:7 Mt 27:12-14

8. Blessé et meurtri Essaïe 53:4-6 1 Pet 2:21-25

9. Battu et craché sur lui Essaïe 50:6 Mt 26:67-68

10. Raillé Ps 22:6-8 Mt 27:27-31

11. Tombé sous la croix Ps 109:24-25 Jn 19:17; Lk23:26

12. Les mains et les pieds percés Ps 22:16 Jn 20:24-28

13. Voleurs crucifiés avec lui Essaïe 53:12 Mt 27:38

14. Prié pour ennemis Essaïe 53:12 Lc 23:34

15. Rejeté par son propre peuple Essaïe 53:3 Jn 19:14-15

16. Détesté sans cause Ps 69:4 Jn 15:25

17. Ses amis se tenaient à l'écart Ps 38:11 Lc 22:54;23:49

18. Les gens secouent la tête Ps 22:7;109:25 Mt 27:39

19. Les gens le dévisagent Ps 22:17 Lc 23:35

20. Ses habits partagés et tirés au sort Ps 22:18 Jn 19:23-24

21. A eut très soif Ps 22:15 Jn 19:28

22. Du vinaigre lui est offert Ps 69:21 Mt 27:34

23. Cri d'abandon à Dieu Ps 22:1 Mt 27:46

24. S'est sacrifié à Dieu Ps 31:5 Lc 23:46

25. Ses os non brisés Ps 34:20 Jn 19:32-36

26. Coeur brisé Ps 69:20;22:14 Jn 19:34

27. Une de ses côtes est percée Zach 12:10 Jn 19:34+37

28. Ténèbres s'abattant sur terre Amos 8:9 Lc 23:44-45

29. Enterré dans la tombe de l'homme riche Essaïe 53:9 Mt 27:57-60

C-2. Le Coran et La Crucifixion de Jésus :

C-2.1. Les Versets Coraniques :

(Coran, 3:55) : "(Rappelle-toi) quand Allah dit : 'Ô Jésus, certes, Je vais mettre fin à tavie terrestre t'élever vers Moi, te débarrasser de ceux qui n'ont pas cru et mettre jusqu'auJour de la Résurrection , ceux qui te suivent au-dessus de ceux qui ne croient pas. Puis,c'est vers Moi que sera votre retour, et Je jugerai, entre vous, ce sur quoi vous vousopposiez'."(Coran, 4:156-159) : "Et à cause de leur mécréance et de l'énorme calomnie qu'ils

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prononcent contre Marie, et à cause leur parole : Nous avons vraiment tué le sauveuroint, fils de Marie, le messager de Dieu. Or, ils ne l'ont pas tué ; ils ne l'ont pas crucifiécependant nous leur fîmes sembler ainsi ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sontvraiment dans l'incertitude : ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font quesuivre des conjectures et ils ne l'ont pas tué de façon certaine, mais Dieu l'a élevé versLui. Et Dieu est Puissant et Sage. Il ne restera personne, parmi les gens du Livre, quin'aie la foi en lui avant sa mort . Et au Jour de la Résurrection , il sera témoin contreeux."

C-2.2 Version d'ibn Abbas selon un chrétien mystérieux et fantôme de Jean Damascène :

Les exégètes se sont fondés sur des témoignages obscurs au sujet de ce passage, et ont penché à yvoir une dénégation complète de la crucifixion. Les analystes soutiennent que les chaines detransmissions de ces récits montrent que ces assertions ne remontent pas au Prophète, mais chez deschrétiens chez qui on retrouve des versions contradictoires, ce serait Judas, Simon de Sirène,Thomas etc., qui aurait été condamné en lieu et place de Jésus.

Jean Damascène écrit quant à lui ceci : "Et, selon lui (Muhammad), les juifs, au mépris de la Loi,voulurent le mettre en croix, et, après s’être emparés de lui, ils n’ont crucifié que son ombre. LeChrist lui-même, dit-il, ne subit ni la croix ni la mort. En effet Dieu l’a pris près de lui dans le ciel,parce qu’il l’aimait."

C-2.3 Les différentes exégèses musulmanes médiévales du verset 4:156-159 :(Liste des interprétations du verset sur la crucifixion)

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Si nous synthétisons, nous trouvons ainsi trois grands axes d'interprétations : 1/ une personne a étésubstituée à Jésus, ou 2/ le corps de Jésus a été crucifié mais non son âme, ou alors 3/ il s'agit de laréfutation de sa mise à mort par les israélites, tandis qu'Allah lui-même aurait fait tout cela selonson dessein.

C-2.4 Le mot clé شبه : Le mot clé de ce passage qui soulève tant de discussions est dérivé de la racine شبه . Cette racine estcomme la plupart des mots arabes polysémique : Sens du terme شبه en français.

Elle est porteuse des sens : idée de comparaison, d'analogie, de ressemblance, de symbole, deparenté, d'assimilation, d'ambiguïté, d'équivoque, de rapport, de similarité, de comparabilité,d'apparentement, de conformité..

peut signifier ; شXXبه respectivement "cela leur est apparu comme tel", "il a été rendusemblable", "il a été confondu pour eux" ou "il a été similaire pour eux"... (MauriceGlotton)

C-2.5 Le schème fu'ila : La première voyelle de la forme en fu'ila du terme coranique marquerait une diathèse subjective ouobjective. Ce qui revient à dire que l'interprétation du remplacement de Jésus sur base des versets(4,156-9) n'est qu'une des interprétations possibles.

Selon le Coran, Jésus ne serait pas mort et n’aurait pas été crucifié vraiment mais cela aurait sembléêtre ainsi. En fait, ce passage contient un terme particulièrement ambigu "chubbihalahum" qui n'apas d'équivalent linguistique en langue française. Le schème fu'ila[lahum] est une diathèse objectiveou subjective. La racine "شبه " du procès est par ailleurs polysémique, ce qui conduit à un dilemnequant au rôle sémantique en rapport à l'actant et au procès, le sème de la racine trilitaireindéterminée "بهfش " est également non défini : pouvant aussi bien être un état, un résultat ou uneautre fonction. Cette triple ambiguité est manifestement recherchée puisqu'elle est doublementappuyée par les termes "ils sont dans l'incertitude" et "ils n'en ont aucune connaissance certaine, quedes rumeurs". Tandis que la fin du passage permet une certaine accroche soulignant "ils ne l'ont pastué de façon certaine", permettant une certaine focalisation sémantique sur la nature de l'actant et duprocès. Cette dernière phrase montrant donc qu'il y a bien eu une chose au sujet de Jésus, mais qu'iln'est pas mort vraiment. La thèse d'une influence docétiste n'est donc pas très pertinente sur base dutexte source du Coran qui a une portée sémantique beaucoup plus étendu.

C-2.6 Sens du mot صلب rendu par crucifixion :

Un autre point qui semble ne pas avoir été étudié à ce sujet est le mot صلب rendu par crucifixion.Or, ce terme qui est utilisé dans le Coran et rendu par l'idée de crucifixion sur une croix a un sensprécis sur le plan linguistique et étymologique, celui de laisser cuire et sécher au soleil oud'empaler. Ce terme est l'équivalent du terme צליבה en hébreu qui a cette même portée sémantiquesur le plan étymologique. Enfin, en araméen aussi le terme ܨܠܝܒܐ signale l'idée de griller, de rôtir.Ces trois termes arabe, hébreu et araméen sont phonologiquement parents et dérivent clairement

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d'une racine commune, et l'idée du sème d'origine est de faire rôtir au soleil, de laisser sécher. Cequi explique que le mot ait conduit à l'usage du terme dans des sens aussi divers qu'attacher à unpoteau, d'empaler, ou encore de crucifier, le sens primitif étant le châtiment consistant à exécuter enlaissant rôtir et sécher sous le soleil.

On rapporte que Néron fit ainsi crucifier des milliers de chrétiens et fit de même enduire les corpsde résine pour les faire flamber la nuit pour éclairer. De même, la peine ne s'abrégeait pasrapidement, mais les condamnés étaient laissés sous le soleil et leur mort lente pouvait durer jusqu'àplusieurs mois d'après les témoignages historiques. Il ressort de cette analyse que la remise enquestion du Coran ne suggère pas un rejet de pendaison, mais bien la négation du suppliceconsistant à laisser mourir en rôtissant sous le soleil.

Dans un hadith, ce sens de griller au soleil de la racine ببب du verset étudié se retrouve en cestermes, d’après Anas ibn Malik : "Des gens de Urayna vinrent à Médine trouver l'Envoyé d'Allah etcomme ils eurent très mal au ventre, l'Envoyé d'Allah leur dit : 'Si cela vous convient, allez boire dulait et de l'urine des chamelles de l'aumône'. En suivant son conseil, ils se rétablirent, mais ilstuèrent les bergers, revinrent sur leur foi, et s'emparèrent des chameaux de l'Envoyé d'Allah.Aussitôt mis au courant, le Prophète dépêcha sur leurs traces des hommes qui les rejoignirent et lesramenèrent. Il ordonna alors de leur couper les mains et les pieds, de leur crever les yeux au ferrouge et de les laisser à al-harra où ils périrent [1].Ce hadith fait mention de la peine des apostats etrebelles du verset suivant : "La contrepartie de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager,et qui s' efforcent de semer la corruption sur la terre, c' est qu'ils soient tués, ou يصل]بو (grillés sous lesoleil), ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu' ils soient expulsés du pays.Ce sera pour eux l' ignominie ici-bas; et dans l' au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment." :(Coran, 5 : 33)

L'analyse philologique du châtiment administré à ces rebelles montre que le terme al-harra renducomme le nom d'un site est à comprendre dans le sens littéral, c'est-à-dire celui d'être abandonnésous la chaleur ardente à mourir en grillant. L'éloignement sémantique a conduit les commentateursà penser que ce terme désignait un site géographique[2]. L'abandon des criminels à la chaleurardente de ce hadith est donc l'application de la pratique du ببب consistant à laisser griller ausoleil dans la sémantique de l'époque du Prophète.

Les récits sur les visions de Jésus sont de même élaborés très progressivement, tandis que ladisparition du corps de Jésus est le seul point faisant l'unanimité. Ainsi, l'évangile tenu pour le plusancien, selon Marc, s'arrête à la disparition de Jésus de la caverne dans les plus anciens manuscrits.

Enfin le troisième mot clé du passage est le terme لكن qui signifie "malgré tout", "néanmoins". Ceterme revient sur la négation de l'idée qui précède (le fait de faire rôtir au soleil) et affirme quemalgré cela, une chose a néanmoins eu lieu. En effet لكن est composé des termes ل et كن.Signifiant respectivement, étymologiquement "certes" et "cela a eu lieu". Ainsi, il ressort que Jésusn'a pas été exécuté en étant laissé rôtir et sécher au soleil, mais qu'une chose a bien eu lieu. Or, il estpermis de comprendre à la lecture des évangiles que Jésus a été descendu de la croix en raison dusabbat et de la pâque, alors que ses jambes n'ont pas été brisées... Mieux, après qu'un soldat enfonceun javelot entre ses côtes conduisant peut-être à purger la plèvre accumulée à cause de la souffrancegênant sa respiration, il aurait été descendu du poteau sans griller au soleil tenu erronément pourmort. Le fait que Jean rapporte que de l'eau et du sang coulât à ce moment montre que Jésus a ainsisans doute pu respirer une fois descendu de la croix, alors que les autres condamnés ont eus lesjambes brisées afin de précipiter leur mise à mort.

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C-2.7 Ils ont fait un stratagème et Allah a fait un stratagème :

ميكيركوا ويميكيري الل هك ويالل هك خييرك المياكلرلينيإلذ قيالي الل هك ييا عليسيى إلنيي مكتيويفييكي ويريافلعككي إلليي

(Cor. 3,54-55) : "Et ils [les autres] se mirent à stratégier. Allah aussi stratégie. Et Allah est lemeilleur de stratèges ! (Rappelle-toi) quand Allah dit : Ô Jésus, certes, Je vais mettre fin à ta vieterrestre t’élever vers Moi.."

Ce passage du Coran permet d'envisager un événement similaire à une mort pour Jésus qui diviseles exégètes. En effet, le Coran permet littéralement de penser que Jésus ait semblé mourir ou qu'ilait passé un état de syncope ou de sommeil profond que le Coran considère comme une forme demort : (Cor. 39,42). Mais il nie sa mise à mort certaine en le laissant griller au soleil, qui est le sensétymologique et sémantique du terme صلب rendu par crucifixion. Mais qu'a-t-il donc pu se passerdans ce cas suivant le Coran ?

D'après les écrits, il est permis de penser que Jésus ait semblé mourir au bout de trois heuresseulement, et qu'un soldat romain le tenant pour mort enfonçât pour vérifier qu'il ne réagit pas unjavelot entre ses côtes, qui ait pu s'ensuivre de la coulée de ce qui est décrit chez Jean comme del'eau et du sang.

La plèvre libéré par le javelot a plausiblement sauvé la vie de Jésus, dont la disparition mystérieuse demeure uneénigme pour les historiens.

D'un point de vue clinique, et historico-critique, il ressort que les condamnés ne mouraient que dansune très lente agonie pouvant durer des semaines à rôtir sous le soleil. Les deux autres condamnésencore éveillés à ce moment sont achevés en leur brisant les jambes en raison du sabbat, affirmationnéanmoins douteuse quant on sait que des dizaines, voire des centaines de condamnés étaientcrucifiés en masse et restaient ainsi à souffrir pendant des semaines à griller sous le soleil. Tandisque si le récit selon Jean a un fondement historique, il est permis de penser que de la plèvre évidéepar le javelot a pu permettre à Jésus de mieux respirer en sorte de survivre une fois entreposédans une caverne aériée par un certain Joseph. Un concours de circonstances ayant ainsi puépargner à Jésus la mise à mort en grillant au soleil in extremis. Puisqu'il aurait été descendu dupoteau de nuit, après tois petites heures de souffrance, en raison d'un interdit de laisser un condamnésur le poteau la nuit du sabbat, ou plus vraisemblablement en raison d'un séisme survenu ayantconduit à précipiter leur exécution. Ses jambes n'auraient pas été brisées comme il se serait évanoui,alors même que les deux autres condamnés seraient encore éveillés. Le coup de javelot a pu libérerla plèvre devant permettre à Jésus de récupérer. Et son entrepôt dans une caverne d'où il disparaîtra

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des regards à l'occasion du sabbat sera le dernier élément rapporté de façon vérifiable dans les plusanciens manuscrits disponibles datés du IIIeS.

Après une lecture sémantico-historique du Coran, il est donc permis de penser que le Coran soutientque Jésus n'est pas mort rôti au soleil, mais qu'une chose similaire s'est réalisée, sans que Jésus nesoit véritablement mort. Ainsi, c'est la prétendue mort et résurrection de Jésus qui ressort commerejetée, et non sa mise au poteau provisoire. Mais ce n'est pas notre thèse privilégiée, car noussommes d'avis qu'aucune forme de condamnation n'a probablement eut lieu.

C-2.8 Hypothèse radicale, il n'y a que des rumeurs :

(Cor. 4,157): "Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude : ils n'en ontaucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des rumeurs et ils ne l'ont pas tué de façoncertaine, mais Dieu l'a élevé vers Lui. "

Selon l'étude minutieuse des évangiles et l'analyse paléographique et philologique de la question, ilressort que la crucifixion peut être une simple rumeur ayant suivi la disparition mystérieuse deJésus. L'absence des apôtres lors de sa mise à mort et la question de son abandon au moment del'arrestation peuvent témoigner de l'émergence d'une telle croyance. De même que la thèse dujugement au sanhédrin en pleine nuit la veille de Pâques, ou son enlèvement mystérieux par uncertain Joseph, ou encore l'accusation des apôtres de l'avoir enlevé. Même la mort de Judas semblesouffrir de nombreuses rumeurs... Les nombreuses contradictions au sujet des récits de la passion etleur composition de type midrashique rajoute à plus de deux siècles d'absence écrit au sujet de laprétendue mort de Jésus semblent permettre de penser que la condamnation puisse être uneélaboration de toute pièce, sans même aucun fondement historique, hormis la disparitionmystérieuse de Jésus.

En effet, les manuscrits ont subi de nombreuses adaptations, or le personnage mystérieux nomméBarabbas qui surgit comme un brigand au moment de la crucifixion est nommé Jésus dans lemanuscrit Bodmer. Des chercheurs soulignent que Bar-Abbas signifie fils du père, ce qui sera unqualificatif de Jésus dans certains milieux pagano-chrétiens. Il apparaît que le personnageénigmatique de Barabbas soit un dédoublement de Jésus dans les couches populaires. La prétenduehabitude à amnistier un juif à l'occasion de Pâques par Pilate qui s'avère une autre élaboration pourles besoins du récit dénonce ce processus. L'accusation de Jésus d'ameuter les juifs, l'accusation debrigandage rejoint les récits, les surnoms de plusieurs apôtres dénoncent un tel scénario en filigrane,qui a résisté aux nombreuses retouches. Dans cet optique, il ressort que Jésus a pu être relâché parles autorités romaines ne lui trouvant aucun chef d'accusation, et qu'il ait simplement disparu de larégion. Générant ainsi les accusations d'avoir été trahi tantôt par les apôtres, tantôt par les rabbins,tantôt étant affirmé avoir été enlevé par les apôtres, ou plus tard ressuscité et élevé au ciel. Lesindices d'un processus d'élaboration midrashique des récits contradictoires de la crucifixion,l'absence d'écrits à ce sujet antérieurs à la seconde moitié du second siècle et tous les points relevésici semblent converger de façon inéluctable sur l'élaboration imaginaire de cette condamnationsuspicieuse de Jésus, mort et ressuscité.

Le personnage énigmatique de Simon le magicien soutenant que Jésus n'a pas vraiment été crucifiéserait-il également un artéfact des prêches de l'apôtre Pierre ridiculisé par les pauliniens qui aurontraison de tout écrit des vrais apôtres ? Paul ne se plaint-il pas de ce que certains prêchent un autreJésus et un autre évangile ?

(2Corinthiens, 11:1-4) : "Oh! si vous pouviez supporter de ma part un peu de folie ! Mais vous, mesupportez ! Car je suis jaloux de vous d'une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul

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époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure. Toutefois, de même que le serpentséduisit Eve par sa ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de lasimplicité à l'égard de Christ. Car, si quelqu'un vient vous prêcher un autre Jésus que celui quenous avons prêché, ou si vous recevez un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou unautre Evangile que celui que vous avez embrassé, vous le supportez fort bien. Or, j'estime queje n'ai été inférieur en rien à ces apôtres par excellence."

Paul se pose très ouvertement contre les apôtres, qu'il qualifie de colonnes et s'affirme dépositairedu vrai évangile. Ainsi, il apparaît que son rôle dans les anathèmes ayant conduit à la destructiondes écrits des vrais apôtres est décisif et irrévocable (Galates, 1:9).

C-3. Les deux plus anciennes mentions canoniques de la condamnation de Jésus datés duIIIeS:

C-3.1 Papyrus 75 :

(Luc,23:1-56) : "Toute la multitude se leva alors et le conduisit à Pilate.2 Et ils commencèrent àl’accuser, en disant : “ Cet homme, nous l’avons trouvé bouleversant notre nation, et interdisant depayer les impôts à César, et se disant lui-même Christ, un roi. ”3 Alors Pilate lui posa la question : “Es-tu le roi des Juifs ? ” Lui répondant, il dit : “ C’est toi qui [le] dis. ”4 Pilate dit alors aux prêtresen chef et aux foules : “ Je ne trouve aucun crime en cet homme. 5 Mais ils insistaient, en disant : “Il soulève le peuple en enseignant dans toute la Judée, oui ayant commencé depuis la Galiléejusqu’ici. ”6 En entendant cela, Pilate demanda si l’homme était Galiléen,7 et, après s’être assuréqu’il était de la juridiction d’Hérode, il l’envoya à Hérode, qui était, lui aussi, à Jérusalem en cesjours-là.8 Quand Hérode vit Jésus, il se réjouit beaucoup, car depuis un temps considérable ilvoulait le voir parce qu’il avait entendu parler de lui, et il espérait lui voir accomplir quelquesigne.9 Alors il se mit à l’interroger avec force paroles, mais il ne lui répondit rien.10 Cependant lesprêtres en chef et les scribes se levaient sans cesse et l’accusaient avec véhémence.11 Alors Hérode,avec les soldats de sa garde, lui témoigna du mépris ; il se moqua de lui en le revêtant d’unvêtement éclatant et le renvoya à Pilate.12 Et Hérode et Pilate devinrent amis l’un de l’autre ce jour-là même, car auparavant il y avait toujours eu inimitié entre eux.13 Pilate alors convoqua les prêtresen chef, et les chefs, et le peuple,14 et il leur dit : “ Vous m’avez amené cet homme commequelqu’un qui incite le peuple à la révolte, et, voyez, je l’ai interrogé devant vous, mais je n’aitrouvé en cet homme rien qui motive les accusations que vous portez contre lui.15 Hérode non plusd’ailleurs, car il nous l’a renvoyé ; et, voyez, rien n’a été commis par lui qui mérite la mort.16 Jevais donc le châtier et le relâcher. ”17——18 Mais avec toute leur multitude ils crièrent, en disant :“ Enlève celui-ci, mais relâche-nous Barabbas ! ”19 ([C’était l’homme] qui avait été jeté en prisonpour une certaine sédition survenue dans la ville et pour meurtre.)20 De nouveau Pilate lesinterpella, parce qu’il voulait relâcher Jésus.21 Alors ils se mirent à vociférer, en disant : “ Attachesur un poteau ! Attache-le sur un poteau ! ”22 Pour la troisième fois il leur dit : “ Mais enfin, quelmal a fait cet [homme] ? Je n’ai rien trouvé en lui qui mérite la mort ; je vais donc le châtier et lerelâcher. ”23 Mais ils se faisaient pressants, avec des voix fortes, demandant qu’il soit attaché surun poteau ; et leurs voix l’emportaient.24 Alors Pilate prononça que leur demande soit satisfaite :25 il relâcha l’homme qui avait été jeté en prison pour sédition et pour meurtre, et qu’ilsréclamaient, mais il livra Jésus à leur volonté.26 Or, comme ils l’emmenaient, ils se saisirent d’uncertain Simon, originaire de Cyrène, qui revenait de la campagne, et ils placèrent sur lui le poteaude supplice pour le porter derrière Jésus.27 Mais le suivait une grande multitude du peuple et defemmes qui se frappaient la poitrine de chagrin et se lamentaient sur lui.28 Jésus se tourna vers les

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femmes et dit : “ Filles de Jérusalem, cessez de pleurer pour moi. Au contraire, pleurez pour vous etpour vos enfants ;29 parce que, voyez, des jours viennent où l’on dira : ‘ Heureuses les stériles, etles matrices qui n’ont pas mis au monde, et les seins qui n’ont pas allaité ! ’30 Alors ilscommenceront à dire aux montagnes : ‘ Tombez sur nous ! ’ et aux collines : ‘ Couvrez-nous !’31 Parce que s’ils font ces choses quand l’arbre est humide, qu’arrivera-t-il quand il seradesséché ? ”32 Mais on conduisait aussi deux autres hommes, des malfaiteurs, pour être exécutésavec lui.33 Et lorsqu’ils arrivèrent au lieu appelé Crâne, là ils l’attachèrent sur un poteau, ainsi queles malfaiteurs, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche.34[[Mais Jésus disait : “ Père, pardonne-leur,car ils ne savent pas ce qu’ils font. ”]] En outre, pour distribuer ses vêtements, ils jetèrent lessorts.35 Et le peuple se tenait là à regarder. Mais les chefs ricanaient, en disant : “ Il en a sauvéd’autres ; qu’il se sauve lui-même, si celui-ci est le Christ de Dieu, Celui qui a été choisi. ”36 Lessoldats aussi se moquèrent de lui, s’approchant pour lui offrir du vin aigre37 et disant : “ Si tu es leroi des Juifs, sauve-toi toi-même. ”38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : “ Voici le roides Juifs. ”39 Mais l’un des malfaiteurs pendus l’insultait : “ Tu es le Christ, n’est-ce pas ? Sauve-toi toi-même, et nous [aussi]. ”40 En réponse l’autre le réprimanda et dit : “ Ne crains-tu pas du toutDieu, alors que tu es dans le même jugement ?41 Oui, pour nous c’est justice, car nous recevonspleinement ce que nous méritons pour les choses que nous avons commises ; mais cet [homme] n’arien fait de déplacé. ”42 Puis il dit : “ Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans tonroyaume. ”43 Et il lui dit : “ Vraiment, je te le dis aujourd’hui : Tu seras avec moi dans le Paradis.”44 Eh bien, c’était déjà environ la sixième heure, et pourtant il y eut des ténèbres sur toute la terrejusqu’à la neuvième heure,45 parce que la lumière du soleil avait disparu ; alors le rideau dusanctuaire se déchira par le milieu.46 Et Jésus appela d’une voix forte et dit : “ Père, entre tes mainsje remets mon esprit. ” Quand il eut dit cela, il expira.47 Voyant ce qui était arrivé, l’officier se mità glorifier Dieu, en disant : “ Réellement, cet homme était juste. ”48 Et toutes les foules quis’étaient rassemblées là pour ce spectacle, quand elles virent les choses qui étaient arrivées,commencèrent à s’en retourner en se frappant la poitrine.49 De plus, tous ceux qui le connaissaientse tenaient à distance. Des femmes aussi, qui ensemble l’avaient suivi depuis la Galilée, se tenaientlà, regardant ces choses.50 Et, voyez, un homme nommé Joseph, qui était membre du Conseil, unhomme bon et juste —51 cet [homme] n’avait pas voté en faveur de leur projet et de leur action —,il était d’Arimathée, ville des Judéens, et attendait le royaume de Dieu ;52 cet [homme] alla versPilate et demanda le corps de Jésus.53 Et il le descendit, l’enveloppa dans du fin lin et le déposadans une tombe taillée dans le roc où personne encore n’avait été mis.54 Or, c’était le jour de laPréparation, et la lumière du sabbat arrivait.55Mais les femmes, qui étaient venues de Galilée aveclui, suivirent de près et regardèrent la tombe de souvenir et comment son corps [y] fut déposé ;56 etelles s’en retournèrent pour préparer des aromates et des huiles parfumées. Mais, naturellement,elles se reposèrent le sabbat, selon le commandement."

* Cet écrit rapporte comment un certain Joseph a descendu Jésus de la croix pour le transporter dansune caverne. Or, cela a manifestement sauvé la vie de Jésus, puisque c'était le sabbat et que lesregards étaient détournés de Jésus, qui a pu récupérer et s'éveiller dans la caverne.

C-3.2 Papyrus 121 :

(Jean,19:17-18;25-28) : " Et, portant lui-même le poteau de supplice, il sortit vers l’endroit qu’onappelle Lieu du Crâne, qui est appelé Golgotha en hébreu ;18 et là ils l’attachèrent sur un poteau, etdeux autres [hommes] avec lui, un de ce côté-ci et un de ce côté-là, mais Jésus au milieu." ;"25 Près du poteau de supplice de Jésus, cependant, se tenaient sa mère et la sœur de sa mère ;Marie la femme de Clopas, et Marie la Magdalène.26 Jésus donc, voyant sa mère et le disciple qu’ilaimait se tenant là, dit à sa mère : “ Femme, regarde ! Ton fils ! ”"

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* Ici aussi, il est fait mention de poteau et non de croix, comme cela est représenté dansl'iconographie chrétienne tardive.

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[1] Jami'ul Sahih, Muslim.[2] De même que la partie disant 'allez boire du lait et de l'urine des chamelles de l'aumône' a étépris au sens propre dans l'élan littéraliste, tandis que cela visait très manifestement à leur adjoindrede sortir de la ville (al Madînah) en direction du désert sauvage dans l'espoir de retrouver la santé.Boire du lait et de l'urine des chamelles signifiant ici clairement l'idée de traire les chamelles dans ledésert et s'en abreuver. La mention de l'urine signifiant l'idée que de l'urine éclabousse parfois dansle lait, simplement. Même si les commentateurs postérieurs ont pris cela comme un miracle, ensortant le hadith de Anas de son contexte historique.[3] Au IIe siècle sur le papyrus P4, qui est le plus ancien document disponible contenant les 6premiers chapitres de Luc, les 8 premiers versets du chapitre 3 et les 5 premiers versets du chapitre2, c'est à dire ceux qui nous donnent les dates évoquées ci-dessus, sont totalement absents....Toutcomme pour le papyrus Bodmer de la fin du IIe siècle.[4] 7 faits incontestables à propos de Jésus de Nazareth.

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VI. Les Racines de l'Islam :

A. Introduction :

La tendence actuelle est de trier et faire passer au crible d'un rigorisme hanbaliste la littératureislamique et d'abandonner tout ce qui n'entre pas dans ce carcan étroit. Ce rigorisme conduit à unecensure indirecte de toute l'histoire du monde musulman, qui conduit à la perte progressive desracines islamiques. Dans cet article nous allons montrer le véritable risque d'une telle tendance surle plan historique. B. Les Racines de l'Islam : B-1. Un Exemple Parlant : Pour montrer le véritable danger d'une telle démarche je voudrais citer ici un exemple trèscaractéristique inattendue des sources para-coraniques qui montre combien la conservationscrupuleuse de tous les ouvrages anciens de façon intégrale est d'une grande importance. Un ouvrage a priori sans intérêt (du moins pour des rigoristes religieux indifférents à l'histoire) estle fammeux kitâb al Asnâm (Livre des Idoles) d'al Kalbi. Kalbi y décrit les anciennes idoles, leslieux où ceux-ci étaient vénérées et leurs histoires... On peut concevoir qu'entre les mains dessavants rigoristes contemporains un tel ouvrage aurait été jeté aux oubliettes de l'histoire et sansdoute ses exemplaires être détruits avec un grand esprit de piété. Pourtant, cet ouvrage a servi à l'archéologie comme source précieuse sur l'histoire de la Mecque etje voudrais partager ici les conclusions scientifiques qui en ont été tirées... D'après Thomas MariaWeber, le récit affirmant que 'Amr ibn Luhay ayant arraché la gestion de la Ka'ba des mains desJurhum et qui frappé d'une maladie aurait été se rendre près d'une certaine source chaude du côtéd'al Balqâ où il aurait été chercher des idoles serait vraisemblable[1]. D'après l'archéologue, dans la région décrite se trouveraient plusieurs sources thermalescorrespondant à la description des anciens écrits (abû 'l Walid al-Azqrakî, dans ''Akhbâr Makka'',31, 58, 73). Thomas Maria Weber écrit : "Ainsi, au nord et au sud : Emmartha près de Gadara(Umm Qais), Hammâm Abû Dablâ près de Pella (Tabaqat Fahil), Callirhoe ('Ain az-Zarah) etBaraas (Zarqa Ma'în) sur la rive orientale de la Mer Morte ; Betomearsea-Maiumas ('Ain az-Arah)près de Charabmoba (al-Kerkak) et Afrâ dans les environs du sanctuaire nabatéen de Khirbet at-Tannûr. Pour des raisons géographiques, c'est ce dernier site, le plus proche des bains situés à lafrontière entre Ras an-Nabk et le Hedjaz|Hijâz, qui semble l'hypothèse la plus sérieuse[1]. Et de conclure un peu plus loin, au sujet du récit d'Hicham ibn al-Kalbi rapportant que 'Amr auraitdemandé aux habitants de cette région au sujet de leurs statues : "La question apparemment naïvequ'Amr posa à ceux qui se rendaient à la source laisse les chercheurs d'aujourd'hui perplexe à l'idéeque les représentations anthropomorphe de dieux, de rois et d'ancêtres auraient été connues depuisdes temps beaucoup plus anciens dans la partie sud-arabique du cheik des Khuza'a. Quelqueséléments parlent malgré tout en faveur du récit d'al-Kalbî : on attribue à 'Amr ibn Luhayl'importation de nombreuses autres représentations de dieux, depuis le Nord jusqu'au Hijâz. En tout,360 idoles auraient été vénérées au sanctuaire de la Mecque avant le triomphe de l'islam et leur

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destruction par le Prophète. Ainsi que Saleh al Hamarneh l'a suggéré, le grand nombre et la diversitédes dieux arabes tient peut être aux divergences d'intérêts socio-économiques entre les groupestribaux ; ceux-ci, divisés sur les plans politiques et religieux cherchaient à sceller des alliancesparticulières à travers des cultes communs. Les principales divinités tribales étaient al-'Uzza, Allâtet Manât, trois divinités féminines, ainsi que le dieu du beau temps et du mauvais temps,particulièrement vénéré à Dumat al-Djandal (al-Djawf), Wadd. A la Mecque, on trouvait aussi lepère des dieux, Hubal, représenté sous les traits d'une grande idole. (...) Les noms des divinités cités(plus haut) apparaissant depuis déjà quelques siècles dans les inscriptions nabatéennes, à l'est de larégion jordanienne, on en conclut que les figures cultuelles proviennent effectivement du Nord."[1]. L'archéologue écrit de même qu'il n'est pas exclu que d'autres « pierres-idoles », nommées «''baityloi'' » par les grecs étaient également parfaitement connues des Nabatéens d'Arabie du Nord,en tant que forme cultuelle primitive, et écrit : "On ne peut exclure qu'Amr ibn Luhayy ait vu, sur lesite des dites sources de l'ouest jordanien, des pierres abstraites de ce type, et qu'il les ait emportéesavec lui au Hijâz." Finalement il conclut en écrivant ceci : "Les rares allusions d'Ibn al-Kalbî à laforme extérieure des idoles, par exemple aux membres dont est dotée la figure de Hubal, laissententrevoir qu'une partie au moins des statues rapportées de l'est du territoire jordanien par 'Amr IbnLuhayy étaient anthropomorphes. Une fois posée cette prémisse, la méthode justifie que l'onexamine quelques effigies de dieux trouvés près des sources thermales du nord de l'Arabiedocumentées par l'archéologie, afin de pouvoir se représenter les idoles préislamiques de laMecque."[1].

Il est étonnant de constater que sur la base de cet ouvrage, l'archéologue Thomas Maria Weber amontré que le récit de l'importation des idoles à la Mecque du temps d'Amr ibn Luhay estpertinente. L'archéologue explique que dans le Hijaz, les représentations antropomorphes étaientignorées, et que les noms des idoles importées, leurs origines mentionnées en Syrie et ailleurs enArabie sont confortées par l'archéologie, et cela alors même que le régime Saoudien interdit toutefouille dans les territoirs sacrés de la Mecque et de Médine. Autrement dit, cet ouvrage qui peutsembler inutile voir vu comme un danger a servi à démontrer que les idoles ont été importées à laMecque qu'à une époque relativement récente...

-- > Ainsi, la censure des ouvrages classiques (je ne parles de pas d'annotations des éditeurs si despassages ne correspondent pas à leurs écoles de pensées) conduit le monde musulman àprogressivement perdre ses racines. Si cette voie se stabilise les générations ultérieures deviendrontincapables de reconstituer l'histoire et retrouver quel que trace du paleo-islam.

B-1. Des Savants Abandonnés Par Sectarisme :

Dans le but de montrer l'ampleur de cette tendence à la censure aveugle et siencieuse mentionnonsle triage des savants qui accompagne la censure à peine voilée des ouvrages classiques, en enomettant simplement des pages entières... Combien de savants sont ainsi reniés et censurés pourleur ach'arisme, mu'tazalite, zaydite, encore soufie etc. Si tous les ouvrages émanant de cessavants est censuré à ce rithme, il ne restera pour ainsi dire presque plus aucun ouvrage deréférence.

Pour réaliser l'ampleur de cette tendence, voici une liste de quelques savants musulmans ach'arites(évidement la liste n'est pas exhaustive, mais retient des noms connus pour montrer la gravité de lasituation) :

1. ibn Hajar al-Asqalâniy abu l-Fadl ;2. abu l-Haçan al-Bâhiliyy ;3. abuu IsHâq al-Isfirâyîniyy ;

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4. Hâfid abu Nu'aym al-Acahâniyy ;5. Le qadi abdul Wahhâb al-Mâlikiyy ;6. abu Muhammad al-Juwayniyy ; et son fils abu l-Ma'âlî ;7. abu Mançur at-Tamîmiyy al-Baghdâdiyy ;8. Hâfid Abu Bakr al-Ismâ'îliyy ;9. Hâfid abu Bakr al-Bayhaqiyy ;10.Hâfid Ad-Dâraqutniyy ;11.Hâfid al-Khatîb al- Baghdâdiyy ;12.abu l-QâcimaAl-Quchayriyy ; et son fils abu Nasr al-Quchayriyy ;13.abu Ishaq Ach-Chîrâziyy ;14.Nasr Al-Maqdiciyy ;15.Al- Farâwiyy ;16.abu l-Wafâ’ ibn Aqîl al-Hanbaliyy ;17.Le Qâdî amghâniyy Al-Hanafiyy ;18.abu l-Walîd Al-Bâjiyy Al-Mâlikiyy ;19.as-sayyid Ahmad Ar-Rifâ`iyy ;20.Hâfid abu l-Qâcim Ibn Açâkîr ;21.ibn Sum'âniyy ;22.Qâdî Iyâd ;23.an- Nawawiyy ;24.Fakhru d-Dîn ar-Râzî ;25.al-'Izz ibn Abdi s-Salâm26.abu amr ibn l-Hâjib al- Mâlikiyy ;27.ibnu daqîq Al-'Îd ;28.Imam 'alâ’u d-Dîn al-Ajiyy ;29.Le Qadi Taqiyyou d-DIn As-Subkiyy ;30.Hâfid al-'âlâ'iyy ;31.Hâfid Zaynu d-Din al- 'IrAqiyy et son fils hafid Waliyyu d-Dîn al-'Irâqiyy ;32.Hâfid ibn Hajar al-Asqalâniyy ;33.Hâfid Mourtadâ Az-Zabîdiyy al-Hanafiyy ;34.Bahâ'u d-Din Ar-Rawwas al- Sufi ;35.Mufti Ahmad Zaynu DahlAn ;36.Le Mousannid Waliyyu l-LAh ad- Dahlawiyy ;37.Le Mufti d’Egypte Mouaammad 'Illaych al-Malikiyy ;38.abu l-Lah Ach-Charqawiyy ;39.abu l-Mahacin al-Qawaqjiyy ;40.Chaykh Houçayn al-Jisr al-Trabulsiyy ;41.Cheykh abdu l-Latif Fatha l-lah ;42.Chaykh Moustafâ Naja qui est Moufti de Beyrouth43.Chaykh AbôuMouHammad Al- WaylatOUriyy Al-MilibAriyy Al-Hindiyy. Il a composé une

lettre qu’il a appelée Al-`AQA’idou s-Sounniyyah bi bayâni T-Tariqati l-‘Ach`ariyyah44.Ibnu Farhun Al-Malikiyy45.le Qadi Abu Bakr MouHammad Ibnou T-Tayyib Al-BAqil-lAniyy ;46.le hâfid Ibnou Fawrak ;47.abu Hamid Al-Ghazaliyy ;48.abu l-FatH Ach- ChahrastAniyy ;49.l’Imam Abôu Bakr Ach-Châchiyy Al- Qaffâl ;50.abu Aliyy Ad-Daqqaq An-Nayçâbôuriyy ;51.Al- Hakim An-Nayçâbôuriyy ;52.Chaykh MouHammad Ibnou ManSOUr Al-Houd-houdiyy ;53.Chaykh Abôu `Abdi l-LAh MouHammad As-Sanûçiyy54.Chaykh MouHammad Ibnou `AllAn As-Siddiqiyy Ach-Châfi`iyy ;

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55.Alawiyy Ibnou Tahir Al-Hadramiyy ;56.al-Habib Ibnou Houçayn ibni abdi l- lah Bilfqih ;57.Tous les maîtres de l’Hadramaout de la famille 'Alawiyy ;58.as-saqqaf ;59.al-Junayd ;60.al-Aydarus ;61.etc.

-- > Pour les personne familiarisées avec la littérature musulmane classique, cette liste en dit long sur les dangers d'une censure silencieuse d'une telle ampleur.

C. Des Milliers de Manuscrits Abandonnés à l'Oubli :

L'importance des manuscrits abandonnés dans des archives un peu partout en Europe et ailleurs parcet esprit rigoriste et la destruction des sites historiques a des conséquences dévastatrices terribles.Le manque de réactivité du monde musulman à l'oubli silencieux de ses racines et d'une censured'une telle ampleur se fait à peine sentir dans certains reproches de la négligeance de l'archéologiesur les sites fondateurs du monde musulman. Or, le manque presque absolu de recherchesambitionnant la republication d'ouvrages clés oubliés traînant dans des bibliothèques éparses,généralement en dehors du monde musulman qui n'en comprend pas l'importance capitale en tantque patrimoine universel, révèle le désintérêt, pour ne pas dire le mépris des subventionneurs desmaisons d'éditions, qui ne sont autres que ceux qui exigent une censure sévère des ouvragesclassiques qui n'entrent pas dans le carcan d'une vision bornée et sclérosée d'un islamisme amputéde ses racines.

D. Importance Des Manuscrits Pour L'Etude Linguistique :

Un autre exemple qui montre le danger d'une telle tendence est l'importance des écrits anciens neserait-ce que pour la linguistique et la détermination du sens des mots qui est un fondement

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essentiel, pour les générations futures. En effet, des usages particuliers de mots donnés dans desouvrages de référence constituent une base de donnée d'une extrême importance sur le planlinguistique.

---------------------------------[1] Un article de Thomas Maria Weber dans ''L'Archéo Théma'' n° 9 (revue), juillet-août 2010, page 50-51. Archeodenum SAS. (ISSN 1969 – 1815).

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VII. Abraham, la thèse minimaliste :

A. Abraham a-t-il existé ?

Sur base exclusive de la Bible, les historiens[1] ont cherché à vérifier l'historicité d'Abraham. Or, latradition arabo-musulmane connait égalelement un Abraham ancêtre commun entre les israélites etles arabes, dits ismaélites. Nous avons souligné dans le premier papier sur l'étude critique du Coran,que le Coran ignorait certains anachronismes avérés être impossibles et apportait surtout des détailsnouveaux confortés par l'archéologie, et soutenu l'origine israélite des récits coraniques divergentsdes versions bibliques. En effet, si Abraham est un personnage important des monothéismesmodernes, rien ne suggère qu'il soit mentionné par des sources contemporaines. Puisqu'après tout,s'il a existé, il n'est qu'un individu seul entouré de sa petite famille... Rien ne conduit l'historien àconcevoir qu'il soit important pour ses contemporains, il n'est ni roi, ni poète, ni ambassadeur. Encherchant des traces de son existence directe, on serait donc irrationels, car Abraham, à son époquen'est qu'un homme parmi les autres. L'historien se penchera donc sur des indices indirects de sonexistence. Or, toutes les réflexions sont fondées sur les textes bibliques, et de fait la Bible contientdes anachronismes.

B. Les anachronismes bibliques

Abraham, et l'ordalie du feuScène parabiblique absente dans la Bible mais chronologiquement pertinente.

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C. Archaïsmes pré-massorétique du Coran et isrâiliyyât (Coran, 5:115) : « Ô gens détenteurs de l'Écriture ! Notre apôtre est venu à vous, vous exposant unegrande partie de l'Écriture, que vous cachiez et effaçant [aussi] une grande partie de celle-ci. »

(Coran, 5:41) : « Ô Messager! Que ne t’affligent point ceux qui concourent en mécréance; parmiceux qui ont dit: «Nous avons cru» avec leurs bouches sans que leurs cœurs aient jamais cru etparmi les Juifs qui aiment bien écouter le mensonge et écouter d’autres gens qui ne sont jamaisvenus à toi et qui déforment le sens des mots une fois bien établi. Ils disent : "Si vous avez reçuceci, acceptez-le et si vous ne l’avez pas reçu, soyez méfiants". Celui qu’Allah veut éprouver, tun’as pour lui aucune protection contre Allah. Voilà ceux dont Allah n’a point voulu purifier lescœurs. A eux, seront réservés, une ignominie ici-bas et un énorme châtiment dans l’au-delà. »

Le Coran accuse les israélites de déformer la Torah en déformant les mots, et contient des détailsavérés par l'archéologie. Des midrachim des israélites de Yathrib rejoignent en effet les versionscoraniques, comme le fait que Pharaon aurait été récupéré des eaux. Point intriguant que soutenaientles Juifs de Médine selon les isrâliliyyât rapportés dans les ouvrages de hadiths. Le Coran rapportedonc une version archaïque des récits antérieurs à la standardisation des massorètes ayant débuté dutemps de Muhammad, nous disposons donc dans le Coran, d'une version inédite et parabiblique trèsintéressante. Il semble de même vraisemblable que des souvenirs autochtones du fammeuxpatriarche légendaire accompagnent la version israélite pré-massorétique des récits sur Abraham.Mais que dit dans ce cas le coran sur Abraham ?

La version massorétique de la Bible, la Massorah, est fortement imprégnée du courant hellénistiqueAlexandrine ainsi que du Talmud de Babylone et elle comporte des anachronismes suggérant unerédaction vers les VIeS et VeS avant l'ère chrétienne. L'influence du déchiffrage et de lastandardisation des manuscrits dans les milieux érudits lors de l'exil en Babylonie et en Egypte asans doute fait dériver la Thora pour la rappocher des croyances babyloniennes et de leurs mythes,rapprochant par là la Massore à la version hellénistique telle que la Septante traduite en grec vers270 avant Jésus-Christ, et ayant influencé la fixation du canon massorétique en hébreu.

Muhammad critique les israélites de transformer la Thora, en fait c'est sans doute un écho de reproches des Cohanim de Yathrib à l'encontre des massorètes qui triaient les manuscrits et les grilles de lectures à l'époque du Prophète. Le Coran rejoint des midrachim marginaux, pouvant remonter à avant l'époque de Jérémie, lors de l'exode de Lévites vers l'Arabie pour échapper à la déportation vers Babylone. La Bible perdra de fait leur trace.

Les massorètes triaient les manuscrits et les versions à l'époque de la rédaction du Coran.

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Ci-dessus, le schéma de la filiation paléographique des codex bibliques.

D. Les détails sur la vie d'Abraham selon le Coran De façon étonnante, tous les détails rapportés par le Coran au sujet d'Abraham sontarchéologiquement plausibles.

D-1. L'hénothéisme sumérien et Abraham :

Que dit le Coran à ce sujet ? Abraham a privilégié le dieu céleste, or les écrits sumériens tendent àmontrer que chaque divinité était adorée en priorité dans sa propre localité... Il est évident que lanotion de monothéisme ou d'hénothéisme du temps d'Abraham n'atteindra pas la splendeur dutemps de Muhammad. Remarquons que même la Bible situe Hachem comme un dieu s'opposantaux idoles. C'est encore le dieu d'un peuple, qui se manifeste exclusivement à eux. Du tempsd'Abraham, c'est encore un dieu local, concurrent les dieux des autres cités. Il est permis d'imaginerque c'est Anu, dieu d'Uruk, qu'Abraham reconnaissait comme son dieu propre si tant est qu'il aitexisté. Le Coran, à la suite du Talmud décrit l'épreuve du feu fondé comme utilisé à l'époque enMésopotamie, les dieux solaire, lunaire et de Vénus, représentés par des statues et organisés avecune hiérarchie pyramidale. Or, le Coran mentionne l'adoration de ces astres tout comme les statuesde dieux organisés en hiérarchie avec Anu à leur tête.

Anu, Roi des dieux céleste qu'Abraham laissera entier en détruisant les idoles des autres cités adorés dans le

temple à Ur, ville sous la protection d'Anu.

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D-2. Les dieux du soleil, de la lune et de Vénus des sumériens :.« Quand la nuit l'enveloppa, il observa un astre, et dit : "Voilà mon Seigneur !" Puis, lorsqu'elledisparut, il dit : "Je n'aime pas les choses qui disparaissent". Lorsqu'ensuite il observa la lune selevant, il dit : "Voilà mon Seigneur !" Puis, lorsqu'elle disparut, il dit : "Si mon Seigneur ne meguide pas, je serai certes du nombre des gens égarés". Lorsqu'ensuite il observa le soleil levant, il dit: "Voilà mon Seigneur ! Celui-ci est plus grand" Puis lorsque le soleil disparut, il dit : "Ô monpeuple, je désavoue tout ce que vous associez à Allah. Je tourne mon visage exclusivement versCelui qui a créé (à partir du néant) les cieux et la terre; et je ne suis point de ceux qui Lui donnentdes associés." » (6/76-79)

Les sumériens adoraient des dieux astraux secondaires : Nanna, déesse de la lune, Utu, dieu dusoleil et Inanna, déesse de Vénus... Ces trois divinités sont ainsi mentionnées dans le Coran defaçon étonnante.

D-3. Les dieux Nanna, Utu et Inanna de la lune, du soleil et de Vénus étaient adorés à Ur à cette époque :

La vénérations des astres représentés dans un panthéon anthropomorphe hiéracrhisé avec un dieuprincipal correspond avec les données archéologiques. Leur culte s'est implanté à Ur vers cetteépoque..

D-4. Les dieux sumériens forment une hiérarchie, Abraham aurait poussé l'hénothéisme plus loin :.« Il les mit en pièces, hormis [la statue] la plus grande. Peut-être qu'ils reviendraient vers elle. » (21/58)

Il semblerait qu'Abraham se soit opposé à l'influence des dieux astraux à Ur, sa ville natale, et qu'il considérait qu'Anu, le dieu protecteur de la cité était le seul méritant un culte. Le souvenir de la scène de la destruction des petites idoles et du rejet du culte du soleil, de la lune et de vénus est donc parfaitement plausible.

D-5. L'ordalie est une pratique attestée pour cette époque à Sumer :

De même, l'épreuve du feu mentionnée dans le Coran et le Talmud est fondée également commepratiquée à l'époque et est une ordalie. En effet, les personnes accusées sans preuve étaientéprouvées par la noyade, par le bûcher ou en les jetant d'une falaise, et si elles survivaient, onjugeait qu'elles étaient innocentes. Ce qui explique par ailleurs qu'après l'épreuve, Abraham estdécrit comme présent chez son père et le quittant tranquilement. Ce qui semblait une contradiction(quand a eut lieu la scène du bûcher, et qu'ont fait les juges quand Abraham est sorti vivant dufeu ?). Ce genre de contradiction apparente s'élucidant avec la critique historique renforce lapertinence de ces récits...

D-6. Sara, stérile offre une esclave en épouse à son mari :Des écrits en cunéiforme retrouvés à Ur, la ville natale d'Abraham parlent bien de cas de femmestérile offrant sa femme esclave à son époux pour lui donner un enfant.

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D-7. Le nom d'Avram est attesté dans la région à cette époque :Des écrits de l'époque confirment que le nom d'Avram existait bien à cette époque, donc dans laversion coranique, tous les éléments existants sont compatibles avec les faits archéologiquementavérés et ce tant chronologiquement que géographiquement. Ce qui nous conduit à conclure quel'Abraham coranique est bien crédible, au contraire de l'Abraham biblique.

D-8. Le nom du dieu qu'Abraham reconnait seul :

« Il les mit en pièces, hormis [la statue] la plus grande. Peut-être qu'ils reviendraient vers elle.» (21/58)

Le dieu céleste créateur des hommes en Mésopotamie était nommé Ea. Ce qui rejoint de façonphonétique le nom de Yah attribué au dieu ancestral des israélites dans la Bible. L'étymologie dunom Ea est par ailleurs lié par les linguistes au nom hayah signifiant vie. En effet, Ea était le dieuayant créé les êtres vivants, à l'image de la Déesse mère de Catal Höyük pense-t-on. Dont lesformes féminines exacerbées rejoint les caractéristiques de la symbolique créatrice ou de la fertilitédes Vénus préhistoriques.

E. La thèse minimaliste coranique, un ancêtre commun des Arabes et des Israélites vers -1800du nom d'Abraham à Sumer est une certitude scientifique Si donc le nom d'Abraham est fondé comme existant à cette époque, que les scènes de sa viedécrites dans le Coran sont plausibles à cette époque, le récit coranique est donc plausible. Nousavons donc soutenu ici une thèse minimaliste, fondée sur les avancées en génétique, l'archéologie etla critique historique pour achever notre étude critique. Il est génétiquement clair, que sur plus de3000 ans, chacun des Abraham de la Mésopotamie ont contribué aux gènes des peuples deshabitants israélites et Arabes de la région. Cela est un fait bien connu en génétique. Donc, d'un pointde vue stricte, un ancêtre commun aux israélites et aux arabes du nom d'Abraham ayant vécu à Urvers -1800 s'avère parfaitement fondée. Ce que nous pouvons nommer la thèse minimaliste.L'existence et l'historicité du patriarche commun des israélites et des Arabes est donc finalementplausible, dans sa version coranique.

Proximité génétique entre israélites et Arabes, d'après Michaël Hammer.

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F. Conclusions :

Le souvenir d'un ancêtre du nom d'Abraham ayant vécu à Ur à l'époque suggérée est doncfinalement plausible. Les récits de sa vie retenus par le Coran et donc par les Cohanim de Yathribsont parfaitement compatibles avec les acquis historiques et archéologiques. Nous avons soutenu icique les anachronismes de la Bible sont postérieurs à la fuite de Lévites dans la péninsule arabiqueavant ou lors de l'exil en Babylonie. En sorte que la voyellisation et les interférences érudites de laBible aient induit d'une part des anachronismes trahissant une influence des milieux babyloniensdes VIeS et VeS, et d'autre part un rapprochement des récits de la Genèse avec la mythologiebabylonienne de la même époque. Tandis que la version coranique serait une version antérieure àcet exil, et influencée par des midrachim originaux conférant des archaïsmes au récit coranique,pourtant postérieur aux manuscrits disponibles de la Bible, dans sa version hellénisée et influencéepar la mythologie babylonienne.

Voici un lien qui parle de ce phénomène de mélange génétique des lignées :

http://tedlab.mit.edu/~dr/Papers/Rohde-MRCA-two.pdf

-------------------------------

[1] Par les moyens tels que l'archéologie, la paléographie etc.[2] (Genèse 21:32-34) : "Ils firent donc alliance à Beer-Schéba. Après quoi, Abimélec se leva, avec Picol, chef de son armée; et ils retournèrent au pays des Philistins. Abraham planta des tamariscs à Beer-Schéba; et là il invoqua le nom de l'Eternel, Dieu de l'éternité, Dieu de l'éternité. Abraham séjourna longtemps dans le pays des Philistins."

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VIII. Approche Historico-Critique des Miracles :

Genèse des Religions Abrahamiques

A. Introduction :

La notion de miracle est un concept abstrait dont le contour n'est pas défini strico sensu dans lestextes sacrés fondateurs, et la pauvreté technique et scientifique des moyens disponibles du tempsde leur rédaction ayant pu permettre d'interpréter les événements aurait rendu une telle tentativevaine. La notion de miracle semble pourtant avoir joué un rôle central dans la naissance et lalongévité des religions abrahamiques. Nous allons dans cette partie faire une lecture historico-critique des récits de miracles mentionnés dans le Coran et montrer qu'en replaçant ceux-ci [1] dansleurs propres contextes, il ressort qu'ils décrivent des phénomènes certes hors du commun etstatistiquement rares, mais point à proprement parler physiquement non pertinents. Or, nous allonsle voir, ceux-ci expliquent précisément la genèse des religions abrahamiques et leur émergence.

Nous allons soutenir au fil de la relecture historico-critique des récits de miracles du Coran, queceux-ci semblent avoir progressivement balisé et sculpté l'univers des religions abrahamiques,constituant des artéfacts dissonants en rapport à l'expérience du commun, et consolidant semble-t-ilprécisément la thèse qu'ils constituent des souvenirs d'événements marquants, semblant à prioriirrationnels, mais néanmoins bien réels qui résident à la source des religions les plus influentes del'histoire de l'humanité.

Ces récits extraordinaires semblent être en effet au contraire d'une preuve d'une élaboration del'esprit, des traces perpétuées dans la mémoire collective, d'événements exceptionnels ayant jalonnéle fil de l'histoire, dans des conjonctures socio-politiques très particulières. La conceptualisationtypique des miracles comme signe de la providence divine sur ses élus instituera ainsi une traditionreligieuse qui exacerbera l'attention, la mémoire et la transmission de ces événements sortant del'ordinaire, d'une façon caractéristique des religions abrahamiques. De fait, les événements les plusexotiques et providentiels ont forcément eu davantage de chance de marquer les mémoires au pointde traverser les âges et nous parvenir étant porteurs de la fascination des témoins ayant vécus cesévénements si inattendus et contre-intuitifs. Les événements du commun s'étant quant à euxnaturellement dissipés dans les pages oubliées de l'histoire pour être occultés et défnir les contoursdes événements les plus marquants qui ont structuré la spiritualité des peuples mésopotamiensfondateurs des religions abrahamiques.

B. Les Miracles et Leurs Contextes :B-1. L'importance de la Contextualisation Historique :

D'un point de vue scientifique, il est particulèrement important de remettre les événementshistoriques dans leur contexte historique et socio-anthropologique propre pour mieux lesappréhender. Or, en restituant ces récits merveilleux dans leur propre cadre nous réalisons que laconception moderne des miracles, naturellement exagérés par la transmission multi-milénaire,comme consistant en une violation obligée des lois de la nature, fausse manifestement ledéchiffrement historico-critique et conduit l'historien peu vigilent à une évaluation hâtive quant àleur valeur historique.

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B-2. La Notion de Miracle et l'Exagération Populaire : Il peut paraître à priori évident de rechercher pour une personne moderne une violation des lois dela nature pour qualifier un événement de miraculeux, et cet a priori brouille la piste dans l'approchecritique des récits de miracles des textes fondateurs des religions abrahamiques. Or, rien n'était plusfaux dans les abysses de l'histoire, où même les événements naturels tels que cataclysmes ouépidémies étaient considérés comme l'intervention incontestable des dieux : et dontl'incompréhension seule suffisait à les qualifier de surnaturel. Le côté inattendu, imprévisible ourelevant d'une certaine providence des événements suffisait par conséquent autrefois à qualifier unévénement de miracle, tandis que la difficulté intellectuelle à interpréter ce dit événement d'unepart, mais surtout sa transmission populaire conduisaient invariablement à l'amplification etl'exagération déformant les récits et compliquant de fait le travail d'évaluation de leur authenticitéhistorique pour une personne moderne.

Le rôle des foudres dans la morphogenèse des massifs montagneux en haute altitude explique le récit à prioriinvraisemblable d'une manifestation fulgurante de dieu aux israélites faisant exploser un énorme rocher et les

laissant mourir et s'effondrer à terre avant de les ressusciter.

Ainsi, les récits de guérisons thaumaturgiques [2], de réveil de morts, d'accouchement de damesqualifiées de stériles ou de vieilles, à une époque ou les rémissions spontanées étaient ignorées, lediagnostic de décès archaïque, la notion d'infertilité rudimentaire ou inconnue, et l'âge de 60 anspour une dame considéré comme très avancé, conduisent l'historien peu vigilent à juger de tellesaffirmations comme inauthentiques sans penser à la façon dont les contemporains de cestémoignages pouvaient évaluer de tels événements. Or, que de tels événements se sont forcémentproduits au fil des âges et ont marqué les esprits en sorte que les cas les plus exceptionnels aient punous parvenir portant la marque de souvenirs bien authentiques semble évident, précisément de parce que les témoins de ces événements exceptionnels ont dû transmettre ceux-ci de façon puissante.

Nous sommes conscient d'aller à contre-courrant des thèses rigoristes sur la question de l'historicitédes patriarches des religions abrahamique. Les lecteurs n'ayant pas lu nos thèses dans les articlesprécédant peuvent les lire pour mieux comprendre l'arrière-plan de notre présente approche, mais,pour des raisons pratiques nous ne reviendrons pas ici à ce niveau.

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B-3. Le Phénomène Prophétique une Sélection Naturelle :

Nous pouvons confortablement soutenir, que le récit universel du déluge et de la survie denaufragés se retrouvant sur tous les continents constitue la source la plus profonde de cette traditionde providence divine, et son terreau. Notion de providence, qui semble-t-il a pris un élanconsidérable dans la survie d'Abraham à l'ordalie du feu après avoir reffusé de vouer un culte àd'autre dieu que celui de sa ville natale... Un événement charnière fondateur qui instituera à la foisune religion évoluant graduellement vers le monothéisme tel que nous le connaissons actuellementet le stricte rejet de toute divinité secondaire, mais qui se caractérisera surtout par le rôle de signesde providence divine à l'égard d'un peuple élu.

Sans doute, l'exode depuis Canaan vers le desert d'Arabie et les évenements qui sont survenus dutemps de Moïse, constituent cependant le moment le plus puissant de cette institution religieuse etsa clé de voûte ; (Dt. 34:10-12) : "Il n'a plus surgi en Israël de prophète semblable à Moïse, quel'Eternel connaissait face à face. Personne ne peut lui être comparé pour tous les signes et lesmiracles que Dieu l'a envoyé faire en Egypte contre le pharaon, contre ses serviteurs et contre toutson pays, et pour tous les actes terrifiants que Moïse a accomplis avec puissance sous les yeux detout Israël." Les récits bibliques témoignent de l'abondance de vrais comme de faux prophètes dansl'Antiquité. De fait, le concours de circonstances providentielles ou considérées comme punitivesentourant ces personnages conduisait naturellement à un phénomène anthropologique (de typechamanistique), où les événements les justifiaient ou les démentaient dans un système de sélectionnaturelle : un phénomène prophétique exacerbé au Proche-Orient mouvementé par de nombreusesguerres, invasions et crises sociales.

La pauvreté des récits miraculeux entre Moïse et Jésus n'échappe pas aux regards attentifs. Ainsi lesrevers ou les bénédictions atteignant le peuple élu seront précisément considérés comme lesconséquences extraordinaires justifiant les vrais prophètes d'Israël. Le point culminant s'achevant enJésus qui sera le point de rupture et le prémice du dernier dispercement du peuple d'Israël des terrespromises.

Sans doute que les masses de fidèles se formant autours du personnage charismatique de Jésus, néd'une femme tenue pour vierge dans une communauté où l'intimité était quasi inexistante de par lavie en promiscuité d'une communauté corpusculaire littéralement coupée du reste du monde, en quiles fidèles ont pu voir l'image du Messie attendu, auront précisément conduit en sa condamnation àmort par les autorités romaines ; avec le soutien ou l'incitation du clergé israélite craignant unchâtiment terrifiant par les autorités romaines trouvant les israélites s'assemblant devant leur propreRoi. Les mouvements nationalistes israélites (zélotes, sicaires, ...) rapportés par les historiens pourcette époque précise, montrent la conjoncture socio-politique si critique de la région du temps deJésus. La naissance prodigieuse de Jésus amplifiant la perception populaire des événementsentourant celui-ci, et sans doute l'espoir d'avoir enfin trouvé son sauveur, et ainsi encore intensifierle phénomène d'autoguérison imaginaire ou réel à son contact. Il aura sans doute suffi de quelquesguérisons ou exorcismes spectaculaires, et le charisme et l'érudition de Jésus auront suffi à amplifierun tel phénomène, dans un contexte qui plus est aussi critique et agité. Souvenir d'autant plus fortque Jésus sera considéré comme la cause même de ces persécutions succédant sa crucifixion. Jésusaura ainsi été ancré dans les pages d'or de l'histoire de l'humanité de même que le concours descirconstances extraordinaires qui ont autrefois semble-t-il fondé respectivement, Abraham, Jacob ouencore Moïse dans des contextes socio-antrhropologiques exceptionnels fondant la famille desreligions abrahamiques la plus influente de l'histoire de l'humanité.

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B-4. Des Prodiges Ayant Fondé un Peuple :

Lorsque nous nous penchons sur les récits coraniques, et les analysons avec les outils modernes dela critique historique, nous retrouvons les personnages mentionnés tout différents. Noé et le récit del'inondation dont le souvenir est semble-t-il universel peut ainsi constituer un véritable souvenircommun de la communauté fondatrice d'une inondation transmise de façon exagérée au fil de leurdispercement à travers le monde [3]. Nous avons déjà mentionné Abraham reffusant de vouer unculte aux dieux du soleil, de la lune et de Vénus étrangers à Ur (mentionnant la question del'évolution sémiotique de la notion de dieu et du rapport des anunakis avec les anges), survivant defaçon extraordinaire à l'ordalie de feu, après avoir été lancé dans un brasier à la mesure de sonoffense à distance par catapultage : or un tel brasier aura suffit à générer un embrasement généralisééclair soufflant les branches au centre et appelant, comme décrit dans le Coran, de l'air fraispermettant au patriarche de survivre devant les yeux des observateurs qui devaient peiner às'approcher du brasier vu depuis l'extérieur : donnant l'élan principal des religions qui seront, desmillénaires plus tard, appelées abrahamiques. Ainsi, ces miracles ne seraient autres que la source dela force de la conservation des ces moments clés fondant une tradition culturelle multi millénaire,qui ne seraient rien de moins que la raison de la naissance et de la transmission aussi puissante desreligions abrahamiques.

C. Les Phénomènes Extraordinaire à Travers le Coran :

Penchons-nous à présent sur les passages coraniques évoquant des événements extraordinairesqualifiés ou non de miracles et faisons une lecture historico-critique et zététique, en veillant àrespecter strictement les critères de démarcation et de réfutabilité.

C-1. Le Récit du Déluge de Noé dans Sa Version Coranique.

Le souvenir d'une innondation ayant touché les hommes auquel ils auront survécu est universel. LeCoran évoque cela comme un souvenir perpétué par les oreilles fidèles ; (Cor. 69:12) : "C'est Nousqui, quand l'eau déborda , vous avons chargés sur l'Arche Afin d'en faire pour vous un rappel quetoute oreille fidèle conserve."

Le Coran ignore la notion de déluge, et évoque une inondation et Tabari déjà concevait uneinondation locale touchant la tribu de Noé. Coran, qui ignore également la notion d'Arche ou deCoffre et évoque une modeste embarcation faite de branches et d'étoupe.

Par ailleurs, le Coran soutient que les descendants de Noé sont ceux qui ont demeuré (parmi lesautres survivants) ; (Cor. 37:77) : "Et Nous avons fait de ses descendants [=ceux de Noé] ceux quisurvivent". Or, les études génétiques montrent que l'Adam génétique, ancêtre biologique communde tous les hommes actuels remonte selon les analyses de Fluvio Cruciani [3] vers -140.000 ans,quelque part en Afrique. Ce qui ne signifie pas que nous possédons également des gènes d'autreslignées, y compris un chromosome y vieux de -338.000 ans témoignant d'une introgression parmisla population d'hommes modernes après la coalescence de la lignée patrilinéaire universelle vers-140.000 ans. Or, l'universalité de ce récit renforce la thèse d'un souvenir ancestral commun à toutel'humanité. On peut imaginer comme un tel événement devait constituer un fait d'autant plusmarquant pour une petite communauté d'hommes vivant paisiblement de chasse, de pêche et decueillette, que cela devait consiter en l'un des rares récits animant un mode de vie on ne peut plusbanal.

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De même, la preuve de la navigation en haute mer dès au moins -130.000 ans [5] montre que leshommes savaient bien naviguer à cette époque reculée, et vivaient en partie de la pêche enpratiquant également de cabotage depuis plus longtemps encore. Or, à l'instar de la théorie de lagénération de tobba de Stanley Abrose, les mythes universels peuvent remonter chez unecommunauté réduite ayant vécu quelque part en Afrique à une époque reculée. Thèse encorerenforcée par le fait que cette période correspond très précisément avec la fin de la glaciation deRiss et la montée des eaux. La stabilité du fond des mythes universels s'expliquant par la petitedémographie des hommes jusqu'à une époque extrêmement récente.

On peut constater sur ce graphique de la croissance démographique depuis 10.000 avant l'èrechrétienne. La démographie grimpe nettement à partir de l'apparition de l'écriture. Et c'est làque le moyen de fixer les traditions orales permet une stabilité nouvelle. On estime à quelque

milliers les hommes du paléolithique supérieur.

C-2. Les Prodiges d'Abraham :1. Abraham et l'Ordalie du Feu, la Thèse d'Un Embrasement Eclair Généralisé en Plein-Air.

Le récit du rejet par Abraham des dieux étrangers à sa ville est de même pertitente à plusieurségards, même si le récit a été manifestement déformé au fil de l'histoire. En effet, la religion à Ur etdans la région était de type hénothéiste. Ce qui signifie que chaque cité avait son dieu local. Parailleurs, les invasions et l'acculturation conduisaient des syncrétismes avec d'autres divinités à lapériode d'Isin Larsa, vers la fin de la troisième dynastie d'Ur, comme celles du Soleil, de la Lune etde Vénus. Abraham a donc fort bien pu s'opposer à cela, et reffuser de vouer un culte à autre qu'Ea(Yah), dieu tout puissant et démiurge résident à Ur.

Or, en démolissant les idoles du panthéon, et en arguant que c'est la plus grande qui les a éliminées,il a pu obliger les prêtres à se justifier en le condamnant à une ordalie par le feu dont il ne devait paséchapper. Mais un brasier aussi immense qu'il aie fallu catapulter Abraham à distance a donc puproduire l'effet contraire, et par un embrasement éclair généralisé, souffler les branches du centre du

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foyer vers l'extérieur, et ainsi générer un appel d'air frais vers le centre tel que décrit par le Coran.Une météo avec de forts vents et la composition du brasier peut avoir favorisé les émanations decomposés volatiles organiques se mêlant à la pyrolise et générant une explosion salvatrice. Un telévénement n'a pu, s'il s'est réalisé qu'amplifier encore le culte exclusif du dieu d'Abraham chez sadescendance perpétuant la mémoire de cet événement extraordinaire.

2. Abraham et Les Oiseaux Domestiques.

(Cor. 2:260) : "Et quand Abraham dit : 'Seigneur ! Montre-moi comment Tu ressuscites les morts',Allah dit : 'Ne crois-tu pas encore ?' 'Certes ! dit Abraham; mais que mon cœur soit rassuré'. 'Prendsdonc, dit Allah, quatre oiseaux, apprivoise-les (et coupe-les) puis, sur des monts séparés, mets-en unfragment ensuite appelle-les : ils viendront à toi en toute hâte. Et sache qu'Allah est Puissant etSage.' "

Il est question dans ce récit de la demande par Abraham à dieu de la façon dont les âmes survident àla mort d'une idée insiprée à Abraham, mais qu'il n'a manifestement pas concrétisée. En effet, riende précise qu'Abraham ait mis cette idée en application.

C-3. Les Grossesses en Âge Avancée :

L'espérance de vie dans l'antiquité et l'hypofertilité ne sont encore pas ou peu connus, sachantqu'une ménopause tardive peut arriver après les 55 ans, voire à 60 ans ou plus. Ainsi, Sarah a puêtre en prémenopause et toujours tomber enceinte d'Isaac. Son âge exact n'est en tout cas pas avancédans le Coran.

C-4. Le Prodiges de Jacob :1. La Névrose de Jacob à la Perte de Joseph Causant sa Cécité Hystérique et son Hyperosmie.

(Cor. 12:93-97) : " 'Emportez ma tunique que voici, et appliquez-la sur le visage de mon père : ilrecouvrera la vue. Et amenez-moi toute votre famille'. Et dès que la caravane franchit la limite, leurpère dit : 'Je décèle, certes, l'odeur de Joseph, même si vous dites que je délire. Ils lui dirent :'Par Allah te voilà bien dans ton perpétuel délire'. Puis quand arriva le porteur de bonneannonce, il l'appliqua [la tunique] sur le visage de Jacob. Celui-ci recouvra [aussitôt] la vue, etdit : 'Ne vous ai-je pas dit que je sais, par Allah, ce que vous ne savez pas ? ' Ils dirent : 'Ô notrepère, implore pour nous la rémission de nos péchés. Nous étions vraiment fautifs'."Nous avons déjà abordé la question de la perte de vue de Jacob à la disparition de Joseph. Etsouligné que des cas de cécité hystérique survenus à la suite de grands chocs émotionnels sont bienréels. Que par ailleurs, la description de Jacob comme délirant par sa famille conforte cette thèse.Par ailleurs, le fait que Joseph sente l'odeur de Joseph avant les autres membres de sa famillemontre qu'il souffrait 'hyperosmie. Un autre signe clinique lié à son état émotionnel douloureux.

2. Jacob Recouvrant la Vue en Apprenant que Joseph est Vivant.Le recouvrement de la vue de Jacob en apprenant que Joseph est bien vivant est comme la signatured'autenticité de ce récit, confortant qu'il ne s'agit manifestement pas d'une élaboration de l'esprit,mais du souvenir d'un événement historique bien réel. Ainsi, ce récit à priori invraisemblableconstitue en réalité la marque d'un souvenir authentique, consolidant l'authenticité du récit de Jacob,prémice miraculeux du règne en Egypte.

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C-5. Les Prodiges de Moïse :1. Les Plaies d'Egypte, de Mauvaises Crues.

Les plaies d'Egypte apparaissent dans la version coranique comme la conséquence de mauvaisescrues.(Cor. 7:130-131) : "Nous avons éprouvé les gens de Pharaon par des années de disette et parune diminution des fruits afin qu'ils se rappellent. Et quand le bien-être leur vint, ils dirent :'Cela nous est dû'; et si un mal les atteignait, ils voyaient en Moïse et ceux qui étaient avec luiun mauvais augure. En vérité leur sort dépend uniquement d'Allâh ? Mais la plupart d'entre eux nesavent pas. Et ils dirent : 'Quel que soit le miracle que tu nous apportes pour nous fasciner, nous necroirons pas en toi'. Et Nous avons alors envoyé sur eux l'inondation, les sauterelles, les poux(ou la calandre), les grenouilles et le sang, comme signes explicites, Mais ils s'enflèrentd'orgueil et demeurèrent un peuple criminel."

Soulignons que même si cela sembla avoir été oublié avec le temps, le récit des plaies signifiait uneidée très précise et centrale dans la confrontation des israélites à Pharaon. Puisque c'est Pharaon, quien tant que dieu er médiateur des dieux qui assurait les bonnes crues. D'ailleurs tout le culteégyptien tournait précisément autours de cette croyance. Le revers ancestral du règne des peuplescananéens venus en Egypte après une disette, les craintes de se refaire dérober Canaan constituentainsi une cohérence profonde qui est éludée dans la version biblique post-massorétique du récit desplaies. Lié directement à la surtaxation des peuples soumis qui poussait précisément les israélites àla révolte qui conduira à leur fuite dans le désert d'Arabie jusqu'à la perte de Canaan par le pouvoirégyptien sous Ramsès III. La commémoration des plaies d'Egypte dans le culte judaïque dans lecadre de la libération du jouc de Pharaon, la manne et les cailles en plein désert et le veau d'orsymbolisant la fertilité présentent très clairement une cohérence à plusieurs niveaux renforçantl'authenticité de ces souvenirs déformés avec le temps.

2. La Main Lumineuse et La Thèse de Bactéries Bioluminescentes Symbiotiques.

(Cor. 28:29-32) : "Puis, lorsque Moïse eut accompli la période convenue et qu’il se mit en routeavec sa famille, il vit un feu du côté du Mont. Il dit à sa famille : «Demeurez ici. J’ai vu du feu.Peut-être vous en apporterai-je une nouvelle ou un tison de feu afin que vous vousréchauffiez». Puis quand il y arriva, on l’appela, du flanc droit de la vallée, dans la place bénie, àpartir de l’arbre : «ô Moïse ! C’est Moi Allah, le Seigneur de l’univers». Et : «Jette ton bâton» Puisquand il le vit remuer comme si c’était un serpent, il tourna le dos sans même se retourner. «ôMoïse ! Approche et n’aie pas peur : tu es du nombre de ceux qui sont en sécurité. Introduis tamain dans l’ouverture de ta tunique: elle sortira blanche sans aucun mal. Et serre ton brascontre toi pour ne pas avoir peur. Voilà donc deux preuves de ton Seigneur pour Pharaon et sesnotables. Ce sont vraiment des gens pervers»."

Il semble en effet pertinent que Moïse ait touché des bactéries bioluminescantes lors de son voyageen Orient au buisson ardent. Le fait que sa main est décrite comme brillant après avoir été cachéesous sa tunique renforce cette hypothèse. Des bactéries bioluminescentes symbiotiques ayantcolonisé sa main peuvent ainsi expliquer tout naturellement un tel phénomène surprenant lesobservateurs en Egypte, comme Moïse lui-même. Certainses traditions rapportent que les enfantsd'Israël pensaient que Moïse était lépreux, cela peut être lié à une telle contamination hypothétique.Le récit du buisson ardent et celui de la main qui brille peuvent être liés si des micro-organismes(bactéries) illuminant le buisson où Moïse vivra sa première expérience spirituelle ont pucontaminer sa main dans le buisson ardent où il aurait ramassé une branche hélicoïdale qui ramperacomme un serpent : triple événement ayant pu initier la carrière prophétique de Moïse. Celui-ci

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ayant passé sa jeunesse en Egypte devait connaitre les confrontations entre magiciens et sorcierslors des festivités et avoir saisi la puissance de ce qui lui arrivait : ce moment critique aura fondé sacarrière de sauveur devant libérer les israélites du joug de Pharaon.

Ci dessus, Bali en Indonésie. Les eaux brillent à cause des micro-organismes bioluminescents. Moïse a pu trouverun buisson luminescent et toucher l'arbre de la main qui a pu être contaminé de souche de bactéries

bioluminescentes.

3. Le Bâton Hélicoïdal aux Effets d'Optique et Accoustique Particuliers.

Un verset du Coran décrit clairement le mouvement du bâton en le désignant par les termes "semouvant à la façon d'un serpent" : (Cor. 28:30-32). Or, le fait que comme pour la main lumineuseMoïse ait simplement trouvé ce bâton dans un voyage éloigné fuyant l'Egypte et ait vaincu lapuissante magie des savants d'Egypte suffit à en faire un prodige providentiel.

Un bâton hélicoïdal aux propriétés aérodynamiques particulières peut en effet, une fois lancé, tourner sur lui-même produisant l'effet d'une transformation en serpent.

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Ci-dessus : une éolienne hélicoïdale. Un fuselage particulier peut permettre à un bâton hélicoïdal lancé commeun javelot de subir une rotation axiale lui faisant acquérir une vitesse de rotation à la manière d'une toupie en

sorte de donner à celui-ci un aspect et un sifflement similaire à celui d'un serpent et le précipiter horisontalementau sol, l'empêchant de trop s'éloigner.

a. La forme hélicoïdale du bâton doit induire une rotation axiale.b. La rotation doit produire un effet de type stroboscopique générant l'impression detransformation en serpent.c. D'autre part sa rotation doit, au contact du sol le faire glisser obliquement, tel un serpent.d. Et en glissant et en tournant, un sifflement similaire à celui d'un serpent doit achever l'effetde transformation.e. La force cinétique du bâton ayant pu briser ou enrouler autour de lui les cordes et bâtonsdes magiciens, ou peut-être les aspier de l'avant et les jeter de l'arrière.

4. Le Séisme et le Retrait des Eaux du Jourdain.

Un verset mentionne une explosion précédant la baisse du niveau des eaux : (Cor. 26:63). Or, la merRouge et le Jourdain sont situés sur la faille afro-asiatique et la région est connue pour sa fortesismicité. La Bible fait mention de nombreux séismes dans la région, et encore actuellement dessecousses sont régulièrement enregistés dans la région. Or, une fracture de la faille dans la merRouge a pu aspirer l'eau du Jourdain et l'assécher passagèrement comme décrit dans ce passage. Parailleurs, la perturbation du flux des eaux des fleuves et rivières en cas de séisme est un fait acquis,et cela s'explique par différents mécanismes : le lien entre l'eau souterraine et son rôle sur la frictiondes plaques tectoniques au niveau des failles, l'appel d'eau en cas de fracture sous-marin provoquanttantôt des tsunamis, l'influence des séismes sur le champ magnétique et enfin l'influence des ondes

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sur la croûte terrestre influançant l'écoulement des eaux.

Asséché, les bords du lit du Jourdain évoquent des montagnes, comme évoqué dans le récit du Coran de latraversée des eaux.

5. La Manne et les Cailles.

De la manne dans le désert, une accrétion de matière organique connue des bédouins.

Les cailles non plus ne sont pas inexistantes dans les déserts, mais la providence qui les a conduit en nombre auxenfants d'Israël est demeuré dans les mémoires.

Le récit de la manne et des cailles ayant servi de nourriture aux israélites dans l'errance au desert ne

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sont pas un bouleversement de l'ordre de la nature. Par contre, la providence de les trouver ensituation de fuite, quand les mauvaises crues en Egypte poussant à une surtaxation avaient pousséceux-ci à la fuite ne pouvait que se conserver dans la mémoire collective.

6. Les Douze Sources d'Eau Tombant à Pic.

Certes, que de l'eau se mette à couler après que Moïse frappe un rocher avec son bâton serait unsigne évident de la providence divine, mais l'eau de montagne a toujours des périodes de gel et dedégel, et ce récit non plus n'a en réalité rien d'improbable en soi. Si nous tenons compte de la trèslongue carrière du prophète, et la durée de leur errance au désert d'Arabie, cela semble même pourainsi dire aller de soi.

7. La Foudre Détruisant Le Rocher et Assomant les Enfants d'Israël au Mont de Lawz.

(Cor. 2:54-56) : "Et [rappelez-vous] lorsque Moïse dit à son peuple : «Ô mon peuple, certes vousvous êtes fait du tort à vous-mêmes en prenant le Veau pour idole. Revenez donc à votre créateur;puis, tuez donc les coupables vous-mêmes : ce serait mieux pour vous, auprès de votre créateur !»...C’est ainsi qu’Il agréa votre repentir; car c’est Lui, certes, l’accueillant au repentir, lemiséricordieux ! Et [rappelez-vous] lorsque vous dites : «Ô Moïse, nous ne te croirons qu’aprèsavoir vu Allah clairement» ! Alors la foudre vous saisit tandis que vous regardiez. Puis Nousvous ressuscitâmes après votre mort afin que vous soyez reconnaissants."

Un autre événement marquant du récit de l'exode est la manifestation de dieu sur le mont dans unfeu fracassant un rocher et foudroyant à terre les enfants d'Israël. Une fois réanimés cet instantterrifiant n'aura pu que rester gravé dans les esprits. Or, ici encore, il est remarquable qu'unescapade de 40 jours en montagne a fort bien pu suffire à être témoins d'un tel orage. Or, en hautealtitude, la foudre est régulière et les pics et rochers sont des sites privilégiés par la foudre. Noussavons par ailleurs désormais que les orages jouent un rôle considérable dans l'érosion et lamorphogenèse des montagnes. La découverte à Jabal Lawz d'un rocher fendu avec des débris deroches à ses pieds renforce très nettement la crédibilité du récit.

Le rocher pulvérisé de Jabal Lawz.

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Schéma du site de Jabal Lawz, en Arabie.

8. Le Veau Mugissant au Passage de Vent.

Ici aussi, le mugissement d'une statuette en or peut avoir certes impressionné les enfants d'Israël.Pourtant, il est plus que probable que le veau en or n'était pas plein à l'intérieur. Et le passage de l'airdans une statuette vide peut très nettement produire l'émission d'un mugissement tel que décrit dansce récit.

C-6. L'Ultimatum de Salih et La Chamelle de Dieu.

(Cor. 11:61-68) : "Aux Thamoud nous avons envoyé leur frère Salih. Il dit : « Ô mon peuple, adorez

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Dieu ; vous n'avez aucun autre dieu à coté de Lui. Il vous a suscité de la terre, puis vous y a installé.Vous chercherez son pardon, puis vous vous repentirez auprès de lui. Mon seigneur est toujoursproche, prêt à répondre. » Ils dirent : « Ô Salih, tu étais populaire parmi nous avant cela. Nousinterdis-tu d'adorer ce qu'adorent nos parents ? Nous sommes pleins de doutes concernant tout ceque tu nous as dit. » Il dit : « Ô mon peuple, et si j'ai un signe de mon Seigneur et une miséricordede Sa part ? Qui me soutiendrait contre Dieu, si je Lui désobéissais ? Vous ne pouvez qu'augmenterma perte. « Ô mon peuple, ceci est la chamelle de Dieu pour vous servir de signe. Vous lalaisserez manger de la terre de Dieu, et ne la touchez d'aucun mal, pour éviter que vousn’encouriez un châtiment immédiat. » Ils l'ont mise à mort. Il dit alors : « Vous n'avez plusque trois jours à vivre. Ceci est une prophétie qui est inévitable. » Lorsque est venu notrejugement, nous avons sauvé Salih et ceux qui ont cru avec lui, par miséricorde de notre part, del'humiliation de ce jour. Ton Seigneur est Le Plus Fort, Le Tout-Puissant. Ceux qui ont transgresséont été anéantis par le désastre, les laissant dans leurs maisons, morts. C'était comme s'ils n'yavaient jamais vécu. En effet, les Thamoud ont rejeté leur Seigneur. Absolument, les Thamoud ontencouru leur anéantissement. "

Le récit mentionne en réalité l'ultimatum avec une chamelle. Le Coran ne donne aucun élémentinvraisemblable.

C-7. Le Royaume Merveilleux et Sauvage de Salomon.

Les récits du royaume de Salomon sont largement exagérés à travers la littérature islamique, mais leCoran ne mentionne en réalité rien d'invraisemblable.

1. Le Langage des Oiseaux, Armée d'Oiseaux et d'Esprits :

(Cor. 27:16-19) : "Et Salomon hérita de David et dit : "Ô hommes ! On nous a appris le langagedes oiseaux; et on nous a donné part de toutes choses. C'est là vraiment la grâce évidente. Et furentrassemblées pour Salomon, ses armées de djinns, d'hommes et d'oiseaux, et furent placées enrangs. Quand ils arrivèrent à la Vallée des Fourmis, une fourmi dit : "Ô fourmis, entrez dans vosdemeures, [de peur] que Salomon et ses armées ne vous écrasent [sous leurs pieds] sans s'en rendrecompte". Il sourit, amusé par ses propos et dit : "Permets-moi Seigneur, de rendre grâce pour lebienfait dont Tu m'as comblé ainsi que mes père et mère, et que je fasse une bonne oeuvre que tuagrées et fais-moi entrer, par Ta miséricorde, parmi Tes serviteurs vertueux".

Le langage des oiseaux, ainsi que la puissance des esprits ne constituent rien d'extravagant dansl'esprit antique. Mais la tradition a amplifié ces récits au point de les rendre inacceptables.

2. Un Vent Propice à Salomon, Les Fourneaux de Cuivre et Les Rochers Surprenants :

(Cor. 34:12-13) : "Et à Salomon (Nous avons assujetti) le vent, dont le parcours du matinéquivaut à un mois (de marche) et le parcours du soir, un mois aussi. Et pour lui nous avonsfait couler la source de cuivre. Et parmi les djinns il y en a qui travaillaient sous ses ordres, parpermission de son Seigneur. Quiconque d'entre eux, cependant, déviait de Notre ordre, Nous luifaisions goûter le châtiment de la fournaise. Ils exécutaient pour lui ce qu'il voulait : sanctuaires,statues , plateaux comme des bassins et marmites bien ancrées. "Ô famille de David, oeuvrezpar gratitude", alors qu'il y a peu de Mes serviteurs qui sont reconnaissants."

Le vent qui exécute les attentes du Roi témoignent d'une coïncidence providentielle sans doute

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multiple en sa faveur, le cuivre produit en abondance évoque simplement le travail du cuivre propreà son époque, mais en grande quantité. Les djinns qui sont dit travailler à ses ordres sembleconstituer une légende pleine de récits fantastiques, découlant peut-être de la découverte de rochesaux formes étranges lors des constructions de son fammeux temple. En effet, le lien énigmatiqueentre djinns, vent et érosion se retrouve dans certains récits anciens, comme dans ce hadith : "Dieucréa les djinns en trois catégories ; la première est faite de serpents, de scorpions et de reptiles ; ladeuxième ressemble au vent dans l'atmosphère ; la troisième ressemble aux hommes et estsusceptible de récompense et de châtiment.". La tradition rapporte également qu'un disciple duProphète a été emporté par un vent lors de leur campement dans les environs du site des Thamud, etque des djinn l'ont emporté ainsi loin du campement avant qu'il ne retrouve le chemin vers le camp.

3. La Fourmi Qui Assemble La Colonie Vers La Fourmillère :

(Cor. 27:18-19) : "Quand ils arrivèrent à la Vallée des Fourmis, une fourmi dit : "Ô fourmis, entrezdans vos demeures, [de peur] que Salomon et ses armées ne vous écrasent [sous leurs pieds] sanss'en rendre compte". Salomon sourit, amusé par son message et dit : "Permets-moi Seigneur, derendre grâce pour le bienfait dont Tu m'as comblé ainsi que mes père et mère, et que je fasse unebonne oeuvre que tu agrées et fais-moi entrer, par Ta miséricorde, parmi Tes serviteurs vertueux".

Il est tentant d'imaginer ici la fourmi parlant tel un humain. Or, le Coran ne dit pas cela. Or, lacommunication chez les fourmis est connue de longue date. Ceux-ci s'organisent et se déplacent encommuniquant par des émissions de phéromones, de sons ou en se touchant les antennes comme surla vidéo ci-dessous.

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4. L'Oiseau qui Roucoule et la Reine de Saba :

(Cor. 27:20-26) : « Puis il passa en revue les oiseaux et dit : "Pourquoi ne vois-je pas l'oiseauroucoulant ? Est-il parmi les absents ? Je le châtierai sévèrement ! Ou je l’égorgerai ! Ou bien ellem’apportera un argument explicite". Mais il n’était resté (absent) que peu de temps et dit : "J’aiappris ce que tu n’as point appris; et je te rapporte de Saba une nouvelle sûre : J’ai trouvéqu’une femme est leur reine, que de toute chose elle a été comblée et qu’elle a un trônemagnifique. Je l’ai trouvée, elle et son peuple, se prosternant devant le soleil au lieu d’Allah."Le Diable leur a embelli leurs actions, et les a détournés du droit chemin, et ils ne sont pas bienguidés. Que ne se prosternent-ils devant Allah qui fait sortir ce qui est caché dans les cieux et laterre, et qui sait ce que vous cachez et aussi ce que vous divulguez ? Allah ! Point de divinité à partLui, le Seigneur du Trône Immense. »

Ce récit aussi apparait comme peu pertinent à priori, tandis que l'évaluation courante del'intelligence des oiseaux a fort changé depuis la rédaction de ce récit. En effet, de nombreusesespèces d'oiseaux ont révélé être capables d'articuler des mots de façon intelligible. Sans doute, leperroquet Alex constitue un cas rare. Celui-ci connait en effet plus de 1000 mots anglais, et formedes phrases à partir de 100 mots en en comprenant parfaitement le sens. Il est capable de distinguersept couleurs, des formes géométriques et de décrire des objets selon leur grandeur, coleur et forme.L'espèce d'oiseau évoqué dans ce récit n'est pas explicite. Mais un tel événement, quoi que peucrédible à priori est en réalité plutôt pertinent. Surtout quand on sait que les termes et idées ditesavoir été formulées par l'oiseau consistent en des leitmotifs caractéristiques de cette époque, si on sefie à la Bible.

C-8. Le Récit d'Osée :

(Cor. 2:259) : "Ou comme celui qui passait par un village désert et dévasté : «Comment dieu va-t-Ilredonner la vie à celui-ci après sa mort ?» dit-il. Dieu donc le fit mourir et le garda ainsi pendantcent ans. Puis Il le ressuscita en disant : «Combien de temps as-tu demeuré ainsi ?» «Je suis resté unjour, dit l’autre, ou une partie d’une journée.» «Non ! dit dieu, tu es resté cent ans. Regarde donc tanourriture et ta boisson : rien ne s’est gâté; mais regarde ton âne. Et pour faire de toi un signe pourles gens, et regarde ces os, comment nous les redressons et les renforçons par la chair». Et devantl’évidence, il dit: «Je sais que dieu est omnipotent» "

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Notons que le Coran ne prétend pas que le corps d'Osée aurait été réduit en cendres et reconstitué,or la notion de mort dans le Coran montre un parallèle avec le sommeil ; (Cor. 39:42) "Allah faitdécéder les âmes [ييتيويفى الأينفكس] au moment de leur mort ainsi que celles qui ne meurent pas aucours de leur sommeil. Il retient celles à qui Il a décrété la mort, tandis qu'Il renvoie les autresjusqu'à un terme fixé. Il y a certainement là des preuves pour des gens qui réfléchissent". Ainsi, lamort passagère des israélites foudroyés par un orage aussi rejoint ce point.

La nourriture d'Osée et sa boisson ne sont pas précisées dans le Coran, mais la longévité de certainsgrains; du miel et du vin est connue.

Ainsi Osée a pu tomber dans un état de coma centenaire et se réveiller cent ans plus tard (la notionde cent ans peut ici être compris au second degré, usage typique des langues sémitiques anciennes :cent signifiant une période optimale). Ses serviteurs l'auront nouri et soigné pendant sa coalescence.Tandis que son âne aura repris des forces et montré la toute puissance de dieu, produisant ainsi unautre signe qui marquera les esprits.

C-9. La Transfiguration en Cochons et en Singes.

La transfiguration de communautés israélites en sortes de cochons et de singes doit également êtretenu dans le contexte anthropologique antique. Or, des cas d'hirsutisme, hypertrichose oud'elephantiasis touchant des communautés ayant profané le sabbat, peut-être sur plusieursgénérations, ou plusieurs des membres de ces familles ne constitue pas une idée invraisemblable. Enfait, les mariages consanguins dans les petites communautés israélites sont un fait bien connu. Et ilest évident qu'un cas d'hirsutisme ou d'elephantiasis a pu survenir chez des communautés profanantle sabbat et ayant été conservé dans la mémoire populaire.

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Julia Pastrana décédée en 1860 souffrait d'hypertrichose.

L'elephantiasis est une maladie contagieuse qui peut toucher une comunauté. Il peut expliquer la légende de latransformation en cochons d'une communauté dans l'Antiquité.

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C-10. Jonas Avalé et Recraché par Un Requin Baleine.

Un requin baleine a fort bien pu avaler et recracher Jonas. Le Coran ne mentionne pas de durée, contrairementà la version biblique post-massorétique.

Le récit de Jonas avalé et recraché par un poisson du Coran diffère de la version biblique post-massorétique en ne mentionnant pas la durée de cet événement, durée de trois jours et trois nuits quipeut également être symbolique dans la sémantique de l'époque. Or, un tel événement certes trèsimpressionnant est parfaitement plausible. Un requin baleine a ainsi pu avaler et recracher Jonas.« …Bien que les requins baleines soient généralement placides et considérés comme inoffensifs,quatre « attaques » de bateaux de pêche ont été rapportés. Un rapport raconte comment le requinse dirigea droit sur le bateau la gueule grande ouverte, heurta la poupe du bateau et le renversa.L’animal était vraisemblablement occupé se nourrir, ignorant la présence du batea ... L’anatomiedigestive inhabituelle du requin baleine évoque l’histoire de Jonas. Il est facile d’imaginer que l’onpuisse, par inadvertance, être aspiré dans la gueule d’un requin baleine, qui est énorme et «terminale », située à l’avant de la tête (la plupart des requins ont une gueule située en positionbasse et qui s’ouvre au dessous et en arrière du nez). Vous ne remarqueriez même pas les dents quisont plus de 3.000 sur chaque mâchoire, parce qu’elles sont toute petites (moins d’un quart depouce de long) et sont recouvertes d’un lambeau de peau. La bouche caverneuse, même d’un petitrequin baleine adulte, pourrait aisément contenir deux Jonas à la fois. Vous ne resteriez paslongtemps dans la bouche, mais vous seriez précipité ou aspiré le long du pharynx, ou gorge, oùcircule l’eau vers les dix fentes branchiales. Contrairement à la gorge de tous les autres requins, oudes quelques 25.000 espèces de poissons, le haut et les côtés de la gorge durequin baleine formentune passoire géante et complexe, composée de cinq paires de lames branchiales, des grilles decartilage. Elles sont recouvertes d’une matière poreuse foncée et dont les ouvertures ne font pasplus d’un dixième de pouce de diamètre. Les grilles forment un mur qui empêche un anchois desortir par les fentes branchiales ; ne parlons pas d’un humain. Quand le requin ferme sa bouche,les lames branchiales descendent derrière la langue et pressent le liquide à travers la matièreporeuse et dehors à travers les gigantesques fentes branchiales. Vous pourriez sentir les battementsd’un énorme cœur à travers le plancher du pharynx alors que le fond de la gorge s’ouvre et que lekrill concentré, les petits poissons –et vous- même– êtes emportés à travers l’œsophage dans cette

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salle de banquet immense et élastique qu’est l’estomac cardiaque (ou cardia). Vous ne pourriez pasnager à contre- courant, parce que toutes les 15 ou 20 secondes une autre cargaison de planctonest déversée dans l’estomac. Heureusement vous ne passerez pas non plus par l’issue postérieure.Elle est si petite que seul lechyme (liquid digested goop) peut passer à travers l’estomac pylorique(ou pylore) beaucoup plus petit et inélastique, qui conduit à l’intestin en un étroit « escalier » enspirale de 73 tours. Mais vous ne seriez pas nécessairement piégé dans l’estomac cardiaque. Lesrequins ont une méthode non-violente pour se débarrasser des grands objets à la digestibilitésuspecte qu’ils avalent accidentellement. Par un procédé connu sous le nom d’« éversion gastrique», un requin peut vider lentement son estomac cardiaque en le retournant en doigt de gant et enl’expulsant par la bouche. Une fois que le contenu non désiré de l’estomac a été expulsé, l’estomacest remis en place. Ainsi, vous pourriez sortir en glissant sur un tapis couvert de mucus, affaiblimais probablement enrichi par cette expérience… » (extrait d’un article paru en 1992 dans NationalGeographic : « Whale Sharks », by Eugenie Clark, photographs by David Doubilet, NationalGeographic, vol 182, n°6, december 1992, p 120-139. traduction : Frédéric Mauvisseau)

C-11. Les Prodiges et Marie :

1. Une Grossesse Parthénogénétique Exceptionnelle.

Nous nous sommes déjà arrêtés sur ce point plus haut, et souligné que la règle de la fusion de deuxgamètes mâle et femelle contenant respectivement 23 chromosomes homologues, dont lechromosome sexuel X ou y du mâle détermine le sexe du bébé est une simplification extrême que labiologie moderne a montré être autrement plus compliqué. En effet, le développement destechniques comme l'amniocentèse et les tests génétiques (pour des tests de paternité ou judiciaire) arévélé qu'à l'instar de la trisomie 21, le nombre impressionnant de fausses couches décelables étaitla partie émergente de l'iceberg de la puissante lotterie du mécanisme de reproduction. Ainsi, il estapparu que dans un grand nombre de cas, plusieurs chromosomes manquants dans l'un des gamètesest apporté en double par le second gamète. Montrant qu'un cas de parthénogénèse humaine avecapport de l'ensemble du patrimoine génétique par la seule mère est bien biologiquement probable.De même, la complexité de la détermination du sexe permet biologiquement que l'enfant ainsiconçu soit mâle.

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Monica Jones est considérée comme la première femme ayant mis au monde un bébé par parthénogenèse.

2. Le Dattier et Le Ruisseau Providentiel Inattendu.

Ici encore, le récit coranique est très simple et rude. Marie, dans les convulsions de sa fin degrossesse se met à l'abri sous un dattier, et constate simplement un ruissellement d'eau qui y étaitdéjà ou qui a débuté après qu'elle s'y soit mise. Cela n'a rien d'extravaguant ou de surnaturel. Mais,le récit originel de la providence à son égard a ici encore été amplifié avec le temps pourtransformer ce moment aussi en un événement extraordonaire, sans doute en en oubliant le sensoriginel.

3. Les Fruits Poussant Dans la Chambre de Marie.

De même, Zacharie trouvant Marie mangeant des fruits dans sa chambre isolée est surpris. Marieréplique que c'est dieu qui la pourvoie. Or, le milieu essénien où elle a été manifestement placée parsa maman, la dévouant à dieu est connu pour sa survie en autarcie en marge de la communauté. Etqui vivait de l'agriclture. Le seuil des maisons à même la terre a ainsi pu faire que des grains defruits aient échoués dans la chambre de la petite Marie qui les aura arrosés et ainsi obtenu des fruitsdans sa chambre. Le récit n'en dit pas davantage.

C-12. Les Prodiges de Jésus :

1. Un Enfant Surdoué Parlant Avant de Savoir Marcher : au Berceau.

Il n'est pas étonnant que le fait qu'un enfant au berceau surdoué parle ait pu marquer les esprits.Mais, cela n'a rien d'improbable du tout. Or la naissance de cet enfant chez une femme considérée

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chaste a dû en amplifier l'effet.

2. Un Thaumaturge Charismatique.

(Cor. 3:49) : "Il sera le messager aux enfants d'Israël, [et leur dira]: "En vérité, je viens à vous avecun signe de la part de votre Seigneur. Pour vous, je forme de la glaise comme la figure d'unoiseau, puis je souffle dedans : et, par la permission d'Allah, cela devient un oiseau. Et je guérisl'aveugle-né et le lépreux, et je ressuscite les morts, par la permission d'Allah. Et je vousapprends ce que vous mangez et ce que vous amassez dans vos maisons. Voilà bien là un signe,pour vous, si vous êtes croyants !"

Jésus est décrit dans le Coran comme ayant guéri un aveugle né et un lépreux ou un chauve. Latentation est grande de penser que ces deux guérisons puissent constituer les deux cas les plusspectaculaires de la carrière thaumaturgique du sauveur. Or, ici encore, quoi que cela sembleinvraisemblable, il n'est pas exclu que la guérison d'un aveugle né concernait un cas de cécitécorticale, laquelle peut cliniquement disparaître temporairement ou même définitivement si lapsychologie du malade est stimulée de façon puissante, comme dans un cas d'exorcisme au milieud'une foule hurlante. Quant au cas du lépreux, nous pouvons aisément penser qu'il s'agissait d'unelèpre Paucilobacillaire pro parte, dont 70 à 90% de cas de rémission spontanée sont relevées. Leterme coranique choisi "abrache" évoque la perte de pilosité connue pour ce type de lèpre.

3. Une Reanimation d'une Personne Tenue pour Morte.

Ici encore, il nous faut rester vigilents. Le diagnostique de décès dans l'Antiquité était rudimentaire.Tandis que même avec tous les progrès technologiques, la mort clinique demeure un trou noirencore de nos jours. Le réveil d'une personne tenue pour morte, voir ayant subi un arrêt cardiaquetemporaire et se réveiller à l'arrivée de Jésus, peut-être étant justement poussée à cela par les crisdes gens n'a ici encore rien d'ivraisemblable. Tandis que cela a pu de fait marquer les esprits sil'événement à vraiment eut lieu.

4. Un Genre d'Oiseau de Glaise qui S'effrite et Prend la Forme d'un Oiseau.

(cor. 3:49) : " "En vérité, je viens à vous avec un signe de la part de votre Seigneur. Pour vous, jeforme de la glaise comme la figure d'un oiseau, puis je souffle dedans : et, par la permissiond'Allah, cela devient un oiseau. "

Ce récit largement développé dans la littérature religieuse tant chrétienne apocryphe qu'islamiqueest en réalité on ne peut plus bref dans sa version coranique, où Jésus forme de glaise "un genred'oiseau" qui quand il se met à souffler dessus se transforme en oiseau. Il n'est pas écrit "un oiseauvivant". Par conséquent, il semble bien que la forme grossière s'effritant est décrite comme prenantla forme d'un oiseau. Un oiseau, mais non un oiseau vivant selon le Coran dans sa forme littérale...Cet événement est à concevoir dans le cadre de sa naissance étrange, ses exorcismes surprenants etle réveil d'une personne tenue pour morte à son appel.

5. Jésus Tenu pour Mort Revient à La Vie.

De même, le Coran rejète que Jésus est véritablement mort, et décrit la scène de la crucifixioncomme une illusion de mise à mort. Jean de Damascène mentionne la crucifixion de son ombre [4],

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une version ancienne telle qu'elle a dû lui parvenir. Or, la description de la coulée de sang et d'eaude son corps quand le soldat romain enfonce la pointe de son javelot entre ses côtes témoigne qu'ilétait vivant, mieux, il aura pu ainsi permettre au phlegme de sortir lui permettant de mieux respireret se réveiller dans la caverne. La disparition de Jésus a progressivement fondé toute uneeschatologie qui a été naturellement amplifié par les orateurs et finalement réduit le monde chrétienà une division doctrinale profonde, peinant à arriver à une interprétation commune.

C-13. Les Jeunes Dormants :

1. L'Entrée de la Caverne Bloquée.

La fermeture de lentrée d'une caverne n'a de fait rien de surnaturel et jusque là, le récit est on nepeut plus vraisemblable.

2. Un Etat de Conscience Altérée et une Survie dans La Caverne dans Un Etat Second.

Par ailleurs, une altération de la conscience des jeunes fuyards pris de panique demeure égalementon ne peut plus pertinent. Or, dans un état de conscience altérée, les personnes mangent, peuventmême cuisiner sans en être conscients. Le Coran ne prétend pas que les jeunes auraient été affamésdurant leur état effrayant les plongeant dans un état de conscience perturbant.

3. La Durée du Séjour.

Sans doute, le point le plus délicat du récit tient dans la question de la durée de cet étatd'emprisonnement dans la caverne. Or, la question n'est pas vue de façon unanime par les exégètesmusulmans. Ainsi, le fammeux récit.

(cor. 19:22-27) : " Ils diront : ‹ils étaient trois et le quatrième était leur chien›. Et ils diront enconjecturant sur leur mystère qu'ils étaient cinq, le sixième étant leur chien et ils diront : ‹sept, lehuitième étant leur chien›. Dis : ‹Mon Seigneur connaît mieux leur nombre. Il n'en est que peuqui savent›. Ne discute à leur sujet que d'une façon apparente et ne consulte personne en ce qui lesconcerne. [Et ne dis jamais, à propos d'une chose: ‹Je la ferai sûrement demain›. Sans ajouter : ‹SiAllah le veut›, et invoque ton Seigneur quand tu oublies et dis : ‹Je souhaite que mon Seigneur meguide et me mène plus près de ce qui est correct›.] Et, ils demeurèrent dans leur caverne trois centans et en ajoutèrent neuf (années). Dis : ‹Allah sait mieux combien de temps ils demeurèrent là.A Lui appartient l'Inconnaissable des cieux et de la terre. Comme Il est Voyant et Audient! Ilsn'ont aucun allié en dehors de Lui et Il n'associe personne à Son commandement. Et récite ce qui t'aété révélé du Livre de ton Seigneur. Nul ne peut changer Ses paroles. Et tu ne trouvera, en dehors deLui, aucun refuge"

4. Le Bon Empreur Et Leur Réveil.

Leur réveil et la monnaie sans doute gravée avec l'effigie de l'ancien empereur rappelle lasuccession consécutive des empereurs, tantôt persécuteurs, tantôt en faveur des chrétiens. Ainsi, lerécit du sauvetage d'un groupe de jeunes plongés dans une caverne le temps qu'un empereur plusclément ne surgisse quelques années plus tard a forcément pu marquer les esprits, et fonder lalégende amplifiée par les orateurs au fil des siècles.

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C-14. Les Vautours, Epidémie de Variole et La Troupe à Elephant d'Abraha.

Le récit de la destruction de la troupe à l'éléphant d'Abraha a été amplement étudiée plus haut.Rappelons ici simplement que des historiens confirment l'entreprise par l'empereur Abyssind'expéditions millitaires dans la région ainsi qu'uné épidémie de variole à cette époque précise... Quine pouvait que conduite à l'attaque de la troupe par des rapaces en dévorant les tissus mous, et lesfracassant à coups de jets de pierres : un destin presque mathématique incontournable dans les brasdu désert.

Un vautour perncoptère brise ses proies à coups de pierres ne pouvant percer leur peau avec son bec trop peudur.

C-15. Les Prodiges de Muhammad :

1. La Parasélénie Providentielle.

Abdallah ibn Masûd a dit : « Au temps du Messager, la lune se fendit en deux morceaux, "Soyeztémoins de ce fait", dit alors le Messager. »

Abdallah ibn Umar a dit à propos du verset "L’Heure est proche et la lune s’est fendue." : « Cetévénement s’est produit du vivant du Messager. La lune s’est fendue en deux tronçons : untronçon au pied de la montagne et un tronçon derrière la montagne. « Soyez témoins.» a dit leProphète. »

La tradition rapporte que la lune s'est séparée en deux, dont une partie est descendue au pied d'unmont. Cela est une preuve évidente de la fiabilité du récit. Car, dans un cas de parasélénie, le doublede la lune peut se projeter ainsi devant un objet à l'horison tel que décrit. Un cas de paraséléniepuissant a ainsi pu fonder l'un des miracles de Muhammad.

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2. Le Voyage Spirituel en Rêve.

L'ascension du Prophète est de même défendue comme étant survenue en rêve par certains de sesdisciples. Le croisement de personnes en enfer, alors que le jugement n'a pas encore eut lieurenforce cette version. Les termes du Coran aussi...

3. Un Vent Providentiel.

Le coran mentionne enfin, un troisème miracle. Muhammad lance une poigné de sable qu'un ventprovidentiel disperse sur toute la troupe adverse, assurant un avantage puissant aux fidèles.

D. Conclusions :

La survie d'Abraham à l'ordalie du feu après avoir rejeté le culte de dieux étrangers et son refuge enCanaan est le moment fondateur des religions abrahamiques. L'ordalie du feu justifiant Abrahamdans son reffus des cultes étrangers présente une cohérence profonde. Le souvenir de la naissancede leur ancêtre malgré l'âge avancé de Sara et leur multiplication à Canaan est le récit de la genèsed'un peuple. La mémoire du règne en Egypte par leurs ancêtres qui seront refoulés en Canaan etsurtaxés, devant finalement fuir leurs terres ancestrales, la cohérence du souvenir des mauvaisescrues démentant le pouvoir de Pharaon à assurer de bonnes crues, la manne et les cailles, les douzesources d'eau, la crainte des égyptiens de se faire dérober des terres renforce l'historicité de cessouvenirs : à la hauteur de la naissance d'une puissante religion qui durera plusieurs millénaires. Lanaissance parthénogénétique de Jésus à une époque très critique ayant pris fin avec le dispersementdes israélites de Canaan a sans doute exacerbé encore les récits concernant le personnage de Jésusqui sera perçu par beaucoup comme l'ultime réalisation des malédictions de Moïse.

-----------------------------[1] Nous avons déjà partagé notre thèse sur la disposition dans le Coran d'archaïsme pré-massorétiques ayant persisté dans le monde arabo-musulman historiquement coupé de la culturejudéo-chrétienne.

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[2] Ainsi, il est très probable que la réputation thaumaturgique de Jésus ayant conduit à croire enson rôle messianique découlait précisément d'une coïncidence exceptionnelle de guérisonsressortant statistiquement de l'expérience populaire. Il est émouvant que les évangiles rapportentque de nombreuses personnes redevenaient infirmes après le départ du Sauveur..

[3] Fulvio Cruciani et al., « A Revised Root for the Human Y Chromosomal Phylogenetic Tree: TheOrigin of Patrilineal Diversity in Africa », The American Journal of HumanGenetics, vol. 88, no 6, 19 mai 2011 (DOI 10.1016/j.ajhg.2011.05.002).

[4] Evoquons la thèse de la génération de Tobba de Stanley Ambrose qui soutient que les mythesuniversels sont un patrimoine ancestral remontant à une communauté fondatrice principale donttous les humains actuels sont issus. Ainsi, il est très probable que la réputation thaumaturgique deJésus ayant conduit à croire en son rôle messianique découlait précisément d'une coïncidenceexceptionnelle de guérisons ressortant statistiquement de l'expérience populaire. Il est émouvantque les évangiles rapportent que de nombreuses personnes redevenaient infirmes après le départ duSauveur...

[5] Paleolithic Tools - Plakias, Crete, Volume 64 Number 1, January/February 2011 by ZachZorich. (© 2011 by the Archaeological Institute of Americaarchive.archaeology.org/1101/topten/crete.html)

[6] "Et, selon lui, les juifs, au mépris de la Loi, voulurent le mettre en croix, et, après s’être emparésde lui, ils n’ont crucifié que son ombre. Le Christ lui-même, dit-il, ne subit ni la croix ni la mort. Eneffet Dieu l’a pris près de lui dans le ciel, parce qu’Il l’aimait." (“Des hérésies” écrit par JeanDamascène, considéré comme un des pères de l’Eglise d’Orient, Jean Mansour ou Jean de Damasdit Jean Damascène est né vers 676 et mort le 5 décembre 749.)

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IX. Historicité de Muhammad :

Introduction

Qui était Muhammad ? Possède-t-on des témoignages de son existence remontant à son époque ?Que pouvons-nous dire sur lui ou sur la Mecque, sur base des connaissances historico-critique,archéologiques et réfutables ? Nous allons dans cette partie traiter de l'historicité de Muhammad.Faire une étude historico-critique et tenter de faire une analyse critique de son milieu, et dupersonnage. Cette analyse constituera un fond pour une étude ultérieure plus avancée sur labiographie de Muhammad.

1.1 La vallée de la Mecque, un site très particulier au coeur du désert d'Arabie.

La vallée de la Mecque est sans doute fréquentée par des nomades et des semi-nomades depuis destemps immémoriaux. La moindre averse laissait des lacs d'eau potable très prisés par les errants dudésert immense d'Arabie. Le relief de la vallée étant un témoignage géophysique de l'abondance del'eau ayant dessiné ce relief de cette cité sainte à l'échelle des temps géologiques dans un milieudésormais aride mais gorgé d'eau et se drappant de lacs à la moindre averse. Les conditions exrêmesdu désert d'Arabie faisaient sans doute que la vallée était choisie comme site de campement par desnomades et semi-nomades depuis des millénaires pour ses ressources en eau. L'établissement detribus semi-nomades dans la vallée a dû être très progressif, le site étant périodiquement déserté ouchoisi comme lieu de campement, en sorte que la Mecque soit devenue un site choisi de façonsédentaire avec des habitats en dur que relativement tard. Encore aujourd'hui, la culture bédouineconduit les Arabes à sortir dans les déserts avec des tentes en laine de chameaux régulièrement, lenomadisme étant caractéristique de la culture bédouine.

Les historiens Arabes mentionnent des disputes sur l'occupation de la vallée entre différentes tribuset des expulsions. Les Jurhumites sont dits avoir chassé les Khuza'ah du lieu de campement en cesite dans la lutte pour les ressources en eau. On peut aisément concevoir que le site était choisicomme lieu de campement par intermittence par les uns et les autres, soulevant finalement une telleconfrontation. La tradition populaire dépeint l'ancêtre fondateur, selon les croyances autochtones,Ismaël lui-même, en semi-nomade allant chasser dans les saisons de chasse et revenant dresser satente dans la vallée hors des saisons de chasse et en changeant l'emplacement régulièrement. [1]Cela témoigne manifestement de ce que la vallée n'était pas habitée en continu à la source de cesrécits ancestraux, mais sans doute choisie comme site de campement avec des tentes lors de cesconflits demeurés vifs dans la mémoire populaire. Le site deviendra bien plus tard un petitcampement permanent, puis un petit village avec des habitats construits en dur et ne sera mentionnéque dans l'Antiquité. Sans doute, la Pierre noire compte-t-elle parmis les bétyles vénérés par lesArabes mentionnés au IVeS avant l'ère chrétienne par Hérodote, le père des historiens. Au secondsiècle, Maxime de Tyr mentionne que les Arabes suivaient un culte autour d'une pierrequadrangulaire : « les Arabes adorent aussi, mais je ne sais quoi. Quant à l'objet sensible de leursadorations, je l'ai vu, c'est une pierre quadrangulaire. » Ptolémée mentionne Macoraba, vers lamême période, lui aussi sans mention d'idole, que les historiens considèrent comme l'un despremiers témoignages historiques de l'habitation en continu de la Mecque. Les similitudes entre lehajj musulman (mot dérivant de haggag signifiant fête) avec la fête des souccot et de la pierre noireavec les béthels montrent la proximité du culte Mecquois avec les pratiques sémitiques trèsanciennes chez les proto-israélites.

Le Coran décrit l'implantation des Qoraïchites à la Mecque du temps de Qusay et leursédentarisation : « A cause de l'usage des Qoraïche, de leur habitude [concernant] les voyages

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d'hiver [au Yémen] et d'été [en Syrie]. Qu'ils adorent donc le Seigneur de cette Demeure ; qui les anourris contre la faim et rassurés de la crainte. » (Coran, 106:1-4) Les Qoraïches, ancêtres deMuhammad, sont selon la tradition une tribu arabisée descendant d'Ismaël qui voyageait de façonsaisonnière de la Syrie au Yémen. Ils se sont sédentarisés, selon le Coran, dans la vallée de laMecque, probablement lorsque le site commençait à être habité de façon plus soutenue, la Mecqueconstituant un passage clé des caravanes commerçantes, une aubaine pour ces commerçants qu'ilsétaient. La tradition rapporte leurs négociations avec les Khuza'ah pour la gestion des sources.

Avant que le pouvoir Saoudien ne fasse des travaux de canalisations dans la vallée, à chaque pluie la vallée étaitsubmergée d'eau. Une aubaine pour les temps immémoriaux où les nomades et semi-nomades devaient y camper

et y dresser des tentes.

Encore actuellement, les Arabes sortent régulièrement des cités vers les déserts en enfants du désert, dressant des

tentes en laine de chameaux. Sans doute, fréquemment, la vallée devait être le lieu de campements similairespour ses ressources en eau potable depuis des millénaires, avant de devenir un site habité en continu et devenirun village, et puis une petite ville notable, peut-être à partir du IIeS, qui sera enfin citée par des voyageurs dans

les archives de l'histoire.

1.2 La vallée de Bacca, les psaumes et la Mecque. (Coran, 3:96) : « La première demeure qui a été édifiée pour les gens, c'est bien celle de Bacca (la Mecque) bénie et une bonne direction pour l'univers. »

Un pèlerinage dans une vallée sacrée du nom de Bacca est mentionné dans la Bible. [2] Le terme bacca signifie "larmes" ou "pleures". Suggérant les resources en eau de la vallée. Ce psaume est peut-être la plus ancienne mention de la Mecque, qui ferait remonter la mémoire de pèlerinages en ce lieu jusqu'au IXeS avant l'ère chrétienne. La mention de tentes (habitats des arabes du désert) renforce l'idée d'un lien de resemblance culturel entre la fête des souccot et le culte ancestral du

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hajj. Paul ne situe-t-il pas le Sinaï en Arabie ? [3] Les israélites en errance ont-ils pu passer par la vallée, pas encore habitée de façon régulière, mais simplement choisie comme lieu de pèlerinage pour ses ressources en eau, en sorte que les fils de Coré mentionnent dans ce psaume dans la vallée de Bacca un des autels d'Elohim ? (Psaumes, 84) : « Au chorège. Sur la guiterne. Des Benéi Qorah. Chant. Qu’elles sont chéries, tesdemeures, IHVH-Adonaï Sebaot ! Mon être languit et même défaille pour les parvis de IHVH-Adonaï. Mon coeur et ma chair jubilent d’Él, le Vivant. Même l’oiseau trouve une maison, lemoineau un nid, où il place ses oisillons. Tes autels, IHVH-Adonaï Sebaot, mon roi, Elohaï ! Enmarche, les habitants de ta maison, ils te louangeront encore. Sèlah. En marche, l’humain dontl’énergie est en toi, des sentiers au coeur (cela montre qu'il s'agit d'un pèlerinage). Les passants(=nomades), dans la vallée de Bacca, y suscitent une source; d’étangs aussi l’averse se drape. Ilsvont de remblai en remblai, apparaissent devant l’Elohîm au lieu du sanctuaire. IHVH-AdonaïElohîm Sebaot, entends ma prière ! Écoute, Elohîm de Ia‘acob ! Sèlah. Notre bouclier, vois, Elohîm! Regarde les faces de ton messie ! Oui, quel bien, un jour en tes parvis, plus que mille ! J’ai choisid’être au seuil de la maison de mon Elohîm, plutôt que de hanter les tentes du crime. Oui, soleil,bouclier, IHVH-Adonaï, Elohîm ! IHVH-Adonaï donne grâce et gloire. Il n’interdit pas le bienaux marcheurs d’intégrité (=pèlerins). IHVH-Adonaï Sebaot, en marche, l’homme sûr de toi ! »

Lors du pèlerinage à la Mecque, les pèlerins jouent et se lavent avec l'eau du puits de zamzam, enrendant grâce au Seigneur du site par la libation d'eau. Ce rituel doit se perpétuer depuis des tempsimmémoriaux par les errants du désert. On peut imaginer la joie profonde et l'émerveillement desnomades à trouver une telle source d'eau ou des lacs d'eau en plein coeur du désert d'Arabie.

On peut relever que le psaume mentionne de nombeux autels et parvis, mentionne des pèlerinages etévoque les sources et la caractéristique à se drapper de lacs à la moindre averse de la vallée deBacca. Des exégètes voient, dans ce passage du psaume 84, une mention à une vallée beaucoup plusproche de Jérusalem, cependant cette interprétation est spéculative et sans fondement vérifiable.Elle découle de ce que plusieurs psaumes des fils de Coré évoquent l'entrée à Jérusalem, lesexégètes y assimilent également ce psaume 84 en question, en sorte que le passage dans cette valléede Bacca soit considéré comme lié au pèlerinage de Jérusalem. Or, le pèlerinage de Jérusalem estindépendant du pèlerinage en cette vallée, où qu'elle se trouve, car le pèlerinage de Jérusalem nenécessite aucun passage dans une vallée particulilère. Le psaume 84 mentionne en réalité denombreux autels, dont un dans cette mystérieuse vallée de Bacca, décrite comme possédant dessources et se drappant de lacs à la moindre averse. Le Psaume suggère l'étonnement des fils de Coréde trouver un autel du Seigneur si loin dans le désert : « Même l’oiseau trouve une maison, lemoineau un nid, où il place ses oisillons. Tes autels, IHVH-Adonaï Sebaot, mon roi, Elohaï ! » Lesresources en eau du site au coeur du désert sont soulignées longuement dans ce chant. Les lieux depèlerinage des anciens israélites étaient en effet nombreux et divers. Rien n'indique donc dans le

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psaume que le pèlerinage dans cette vallée soit lié au pèlerinage de Jérusalem. Il y est mentionnéque les israélites errants y sont passés avant leur retours triomphal à Sion. Les circumambulationsautours des souccot, la libation d'eau et les offrandes, sont autant de rites liés aux pèlerinage lors dela fête ancestrale des souccot présentant des resemblances avec les rites du hajj arabo-islamique, etconfortant le lien anthropologique entre le hajj des Qoraïchites et la fête des Souccot.

La tradition rapporte que lors des travaux de restauration de la Ka'ba par les Qoraïches, uneinscription en syriaque fut découverte sur un des coins de la fondation que ceux-ci ne parvenaientpas à lire. Un Juif aurait traduit l'inscription rédigé comme suit : « Je suis Allah, le Seigneur deBacca je l'ai créé le jour où j'ai créé le ciel et la terre et formé le soleil et la lune, et je l'ai entouré desept anges pieux. Ils se tiennent debout tant que ces deux montagnes se tiendront debout, unebénédiction pour son peuple en lait et en eau ». [4] Cette inscription témoigne que le nom du siteétait connu comme Bacca depuis longtemps. Le Coran nomme également la Mecque : "Bacca" :(Coran, 3:96). Ce qui renforce la thèse soutenant que la vallée de la Mecque est la vallée de Baccadu Psaume 84 des fils de Coré. En tout cas, la dénomination d'une vallée au coeur du désert, avecun autel de Dieu, et pris comme lieu de pèlerinage, du nom de Bacca, comportant des sources et sedrappant de lacs lors de précipitations correspond à la perfection à la description de la Mecque, etaucune autre vallée connue de ce nom n'y correspond avec une telle fidélité.

1.3 La Pierre noire, la ka'ba, les Béthels et les rites de pèlerinage.

Selon la tradition ce serait Abraham, le patriarche lédendaire, aidé de son fils Ismaël qui auraientconstruit la ka'ba. Le type de construction de la ka'ba évoque les constructions de type hittite, mursen pierres massifs, coins irréguliers, plancher à même le sable. Or, il semble fort probable que laPierre noire ait été le béthel-même jusqu'à l'arrivée de Qoraïche à la Mecque, sans-doute priscomme lieu de pèlerinage. Rien dans le Coran ne suggère que la ka'ba ait été construite parAbraham, quand on sait que le terme Béthel (Baytullah, al-Bayt) peut désigner la Pierre noire elle-même, notion perdue au fil du temps depuis l'avènement de l'islam. La croyance que la ka'ba seraitune construction remontant à Abraham est par conséquent une erreur historique relativementrécente, postérieure à la rédaction du Coran. Quand le Coran parle de Demeure (al-bayt), rienn'indique qu'il soit fait mention à la Ka'ba, le terme pouvant désigner la Pierre noire...

« Jacob sortit de Beer Shava et se dirigea vers Haran. Il arriva dans un endroit où il établit son gîte,parce que le soleil était couché. II prit une des pierres de l'endroit, en fit son chevet et passa la nuitdans ce lieu. Il eut un songe que voici: Une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignaitle ciel et des messagers divins montaient et descendaient le long de cette échelle. Puis, l'Éternelapparaissait au sommet et disait: "Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham ton père et d'Isaac; cette terresur laquelle tu reposes, je te la donne à toi et à ta postérité. Elle sera, ta postérité, comme lapoussière de la terre; et tu déborderas au couchant et au levant, au nord et au midi; et toutes lesfamilles de la terre seront heureuses par toi et par ta postérité. Oui, je suis avec toi; je veillerai surchacun de tes pas et je te ramènerai dans cette contrée, car je ne veux point t'abandonner avantd'avoir accompli ce que je t'ai promis." Jacob, s'étant réveillé, s'écria: "Assurément, l'Éternel estprésent en ce lieu et moi je l'ignorais." Et, saisi de crainte, il ajouta: "Que ce lieu est redoutable! cecin'est autre que la maison du Seigneur et c'est ici la porte du ciel." Jacob se leva de grand matin; ilprit la pierre qu'il avait mise sous sa tête, l'érigea en monument et répandit de l'huile à son faite. Ilappela cet endroit Béthel; mais Louz était d'abord le nom de la ville. Jacob prononça un vœu en cestermes: "Si le Seigneur est avec moi, s'il me protège dans la voie où je marche, s'il me donne dupain à manger et des vêtements pour me couvrir; si je retourne en paix à la maison paternelle, alorsle Seigneur aura été un Dieu pour moi et cette pierre que je viens d'ériger en monument deviendra lamaison du Seigneur et tous les biens que tu m'accorderas, je veux t'en offrir la dîme." » (Genèse,28:10-22)

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Il semble bien que le Béthel (al-Bayt) décrit comme érigé par Abraham dans le Coran désignaitoriginellement la Perre noire, ou son emplacement vénéré pour ses resources en eau, pierre sacréesans doute surélevée sur une fondation en pierres ou en terre, Abraham serait décrit commel'érigeant, la purifiant et donc répandant de l'huile dessus dans le but de la sacraliser comme pour leBéthel de Jacob à Beer Shava. Il est du moins plausible que c'est ainsi que le concevait Muhammadà son époque. « Souviens-toi que nous avons assigné à Abraham l'emplacement de la demeure sainte, en luidisant : Ne nous associe aucun autre dieu dans ton adoration ; purifie ce Béthel pour ceux quiviendront y faire des tours de dévotion, qui s'y acquitteront des œuvres de piété debout, agenouillésou prosternés. Annonce aux peuples le pèlerinage de la demeure sainte, qu'ils y arrivent à pied oumontés sur des chameaux prompts à la course, venant des contrées éloignées. Afin qu'ils soient eux-mêmes témoins des avantages qu'ils en recueilleront, et afin qu'ils répètent le nom de Dieu à desjours fixes, de Dieu qui leur a donné des bestiaux pour leur nourriture. Nourrissez-vous-en donc, etdonnez-en à l'indigent, au pauvre. » (Coran, 22:27-29) « Et (rappelle-toi) lorsque Nous fîmes de la Demeure, (à la Mecque), un refuge et un sanctuairepour les gens, en disant : « Adoptez comme lieu de prière ce lieu où se tint Abraham (pour prier) ».Et Nous commandâmes à Abraham et Ismaël : « Purifiez mon Béthel pour ceux qui circulent autouret ceux qui y méditent, qui s’y inclinent et s’y prosternent (en prière). » (Coran, 2:125)

Ci-dessus un croquis de la pierre noire dans l'état où les morceaux ont été arrangés et cimentés dans un seul bloc,croquis réalisé par un témoin du Moyen-Âge. Il semblerait que le Béthel était originellement la Pierre noire elle-même, dont les assises devaient être un relèvement en tumulus de la terre du site ou une fondation en pierres sur

laquelle devait être posée la Pierre noire, en sorte de la conserver au dessus du niveau du sable en cas detempêtes. La ka'ba étant dans ce cas une construction plus récente visant à protéger la Pierre noire.

« Et quand Abraham et Ismaël relevaient les assises du Béthel : "Ô notre Seigneur, accepte ceci de notre part ! Car c'est Toi l'Audient, l'Omniscient. » (Coran, 2:127)

Les similitudes entre ces deux récits, du Béthel de Jacob et du site de la Pierre-noire, sont évidentes.Il est à souligner que la taille originelle de la Perre noire était beaucoup plus imposante quel'actuelle selon les historiens arabes, on la décrit comme imposante et faisant 140 centimètres par

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122 centimètres. Des témoignages historiques décrivent une pierre quadrangulaire unique vers leIIeS. La Pierre noire a subie de nombreuses péripéties (vol, incendie, inondations). Actuellement iln'en reste qu'un seul fragment incrusté sur un des coins de la ka'ba. Selon les historiens médiévaux,du vivant de Muhammad, la Pierre noire était placée à l'intérieur de la ka'ba en sorte d'être rendueinaccessible aux pèlerins. Bukhari rapporte que le Prophète avait envisagé de niveler la porte de laka'ba et ouvrir une seconde porte en face de celle existante pour faire passer tous les pèlerins prèsde la Pierre noire. Il semble clair que pour Muhammad, la ka'ba est une construction desQoraïchites, ayant altéré la structure originelle du site, lors de leurs travaux de restauration du tempsdu Prophète.

D'après Bukhari, Aycha rapportait que Muhammad lui dit: « Savez-vous que lorsque votre peuple(Qoraïche) construit la Kaaba, ils ont réduit sa fondation originale posée par Abraham ? » J'aidit: "O Apôtre d'Allah ! Pourquoi ne pas vous le reconstruire sur ses fondations d'origine établiespar Abraham ?" Il répondit: « S'il n'y avait pas le fait que vos gens sont proches de la période pré-islamique d'ignorance (c'est à dire qu'ils sont récemment devenus musulmans), je l'aurais fait. » Lesous-narrateur, Abdullah (ibn Umar) a déclaré: ''Aïcha doit avoir entendu cela de l'Ap&ˆtre d'Allahdans mon opinion Apôtre d'Allah n'avait pas mis sa main sur les deux coins opposés de la Ka'ba Al-Hijr seulement parce que la Ka'ba n'a pas été reconstruite sur ses fondations d'origines établies parAbraham.'' [5]

1.4 L'introduction des idoles à la Mecque selon l'archéologie.

D'après Thomas Maria Webber, les idoles de la Mecque ont été importées depuis la Jordanie dutemps d'Amr ibn Luhay, l'adoption des dieux de toutes les tribus de la péninsule devait renforcer lestatut de la Mecque. D'après l'archéologue, dans la région décrite par al-Azraqî [6] se trouventplusieurs sources thermales correspondant à la description des anciens écrits. Weber souligne queles historiens décrivent la maladie d'Amr qui va à Bilqa pour se faire soigner, et écrit au sujet de sademande au sujet de la fonction des statues anthropomorphes adorées dans la région hellénisée : «La question apparemment naïve qu'Amr posa à ceux qui se rendaient à la source laisse leschercheurs d'aujourd'hui perplexe à l'idée que les représentations anthropomirstes de dieux, de roiset d'ancêtres auraient été connues depuis des temps beaucoup plus anciens dans la partie sud-arabique du cheik des khuza'a. Quelques éléments parlent malgré tout en faveur du récit d'al-Kalbî :on attribue à 'Amr ibn Luhay l'importation de nombreuses autres représentations de dieux, depuis leNord jusqu'au Hijâz. En tout, 360 idoles auraient été vénérées au sanctuaire de la Mecque avant letriomphe de l'islam et leur destruction par le Prophète. Ainsi que Saleh al Hamarneh l'a suggéré, legrand nombre et la diversité des dieux arabes tient peut être aux divergences d'intérêts socio-économiques entre les groupes tribaux ; ceux-ci, divisés sur les plans politiques et religieuxcherchaient à sceller des alliances particulières à travers des cultes communs. Les principalesdivinités tribales étaient al-'Uzza, Allât et Manât, trois divinités féminines, ainsi que le dieu du beautemps et du mauvais temps, particulièrement vénéré à Dumat al-Djandal (al-Djawf), Wadd. A laMecque, on trouvait aussi le père des dieux, Hubal, représenté sous les traits d'une grande idole. (...)Les noms des divinités cités (plus haut) apparaissant depuis déjà quelques siècles dans lesinscriptions nabatéennes, à l'est de la région jordanienne, on en conclut que les figures cultuellesproviennent effectivement du Nord. » [7]

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Comme les autres idoles anthropomorphes de la Mecque pr&´islamique, Lât, Manât et Uzza provenaient de laJordanie. Ci-dessus leurs équivalents représentées en relief dans la région mentionée par les historiens arabes.

1.5 L'année de l'Eléphant, retours vers un récit entre légende et réalité.

Les historiens arabes comme ibn Ishaq ou Tabari rapportent qu'Abraha aurait envoyé une troupe desoldats en Arabie l'année de la naissance de Muhammad, accompagnée d'un éléphant. L'armée estdite avoir été mise en déroute et ravagée par une vollée d'oiseaux... Or, si une telle expédition esthistoriquement plausible, il semblerait que la troupe ait été atteinte par la variole. Textuellement, leCoran ne dit pas que la troupe a été mise en déroute par des oiseaux. Ce sont des témoins del'époque qui rapportaient avoir vu des oiseaux avec des têtes de vautours lancer des pierres sur lessoldats en déroute et on racontait que ces pierres les transpersaient pour sortir d'entre leurs cuissesqui conduisent à une telle interprétation. Nous allons ici traiter de cette légende d'un point de vuehistorico-critique.

(Coran, 105) : « As-tu vu comment le Seigneur a traité les compagnons de l'éléphant ? N'a-t-il pasjeté dans le désarroi leurs machinations ? N'a-t-il pas envoyé contre eux les oiseaux par vollées ;leur jeter des pierres empreintes ? Il les a foulés comme le grain mangé par les bestiaux. »

A l'instar d'ibn Ishaq, un écrit ancien de l'époque décrit une épidémie de variole à cette époque. Eneffet, il semblerait que la troupe d'Abraha ait été atteinte de variole dans le Hijaz à cette périodeselon Procope de Césarée [8]. La destination exacte et le mission de la troupe n'est pas mentionnéedans le Coran, ni déterminée de façon claire, mais les historiens décrivent plusieurs victoiresd'Abraha dans le Nord de l'Arabie. Quoi que ˆ´les Arabes aient interprété cette expédition commevisant à détruire la Ka'ba qui concurrencerait la construction d'une Eglise au Yémen, souillée, dit latradition, par un bédouin. Il est également possible que la troupe visait une confrontation avec destroupes persanes.

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Soldats abyssins : leurs boucliers en peau d'hyppopotame évoquent des carapaces de tortues et peut expliquer

que des Vautours perncoptères leur lançaient des pierres ou en faisaient tomber en les amenant sur le siteconfortant le témoigage de bédouins racontant avoir vu des oiseaux à tête de rapaces lancer des pierres sur les

soldats abyssins.

Le virus de la variole cause des blessures qui peuvent avoir accentué la croyance que ce sont les pierres lancées

par les vautours -selon des témoins nomades- qui sont dits avoir décimé l'armée d'Abraha par lapidation.

Ce qui semble acquis, est la présence d'une troupe dans le Hijaz qui a été atteinte d'une épidémie devariole. Or, sachant cela, le récit du Coran est en réalité toute évident si on néglige volontairementles exagérations populaires postérieures. En effet, les conditions extrêmes du désert font que larégion est sillonée en permanence par des vautours et des rapaces en quêtes de proies fragilisées etde carcaces. Il est donc tout naturel que si la troupe abyssine a été atteinte de variole, des vautoursse soient précipités pour se nourrir de leurs dépouilles, étant protégés de la maladie en tant que bêtescarnassières ayant une acidité gastrique à l'épreuve de tout. Cela est même tout simplementinévitable, telle une loi physique, dans les conditions impitoyables du désert. Les boucliers en cuird'hyppopotame resemblant fort à une carapace de tortue [a], met fort apprécié par les Vautoursperncoptères, il semble également plus que plausible que des Vautours perncoptères aient lancé despierres sur ces boucliers utilisés par les soldats et transportés des pierres vers le site croyant yobserver de nombreuses tortues, en voyant les boucliers des soldats abyssins qui devaient chercher à

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se protéger des petits rapaces faisant tout de même jusqu'à 120 centimètres d'envergure et affamés,ou pour se préserver du soleil, comme cela est rapporté par des témoins arabes ayant assisté à cettescène impressionnante dont un oncle de Muhammad. Les Vautours perncoptères peuvent parfoisformer un groupe fait de dixaines d'individus sur le lieu où de la nourriture est trouvée. De mêmeaprès les Vautours perncoptères, c'est naturellement le tours des Vautours fauves, qui sont trèscertainement venus dévorer les orifices naturels des cadavres, yeux, bouches et anus, ce que le becmoins robuste des Perncoptères ne leur avait sans doute pas permis de faire. Cela étant interprétépar des témoins nomades arabes ayant découvert les cadavres des soldats abyssins abandonnés dansle désert, comme provoqué par les pierres lancées par les vautours. Sans oublier que les soldatsabyssins touchés par la variole devaient resembler à de pauvres misérables lapidés à coups despierres lancées par les vautours, avec les yeux et autres orifices littéralement perforés, dévorés enfait. Et étant entourés par de nombreuses pierres apportées par les Vautours sur le site... Ainsi seraitnée la légende de leur destruction par des volatiles. Puisque des bédouins avaient vu des vautourslancer des pierres sur les soldats abyssins, et d'autre trouvé les dépouilles dévorées par les rapaces.

Vautours perncoptère. Ces vautours sillonnent la région du Hijaz et ont pu lancer des pierres sur les soldats

abyssins fragilisés par la variole se protégeant par des boucliers resemblant vu du ciel à des carapaces de tortues,un met apprécié par les vautours brisant leurs carcasses à coups de pierres.

Après les Vautours perncoptères, ce sont les Vautours fauves qui achèvent le travail, les orifices naturels et les

tissus mous sont dévorés. Le bec moins robuste des Perncoptères ne leur permettant pas de dévorer les tissus desdépouilles. Ce qui a manifestement fait naître la légende du transpercement de la tête à l'entre-jambes des

soldats d'Abraha par les pierres lancées par les Vautours perncoptères.

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2.1 Sources Historiques :

Il existe des écrits et chroniques musulmans dont nous ne disposons plus des originaux, voici uneliste non-exhaustive des plus anciens écrits rapportant des éléments sur la biographie deMuhammad :

1. Urwah ibn Zubayr (?-713).2. wehb ibn Münabbih (?-725).3. ibn Chihab al-Zuhri (?-737).4. Musa ibn Uqbah (?).5. ibn İshaq (704-767).6. Waqidi (745-822).7. ibn Sa'd (784-845).8. Tabari (839-923).9. ...

2.1.1. Les Traces Epigraphiques :

Listes des épigraphes et graffitis retrouvés en Arabie datés du premier siècle hégirien par régions :23 (Muthallath), 24 (Qâ al-Mu tadil), 27 (W. Khushayba), 40 (W. Shâmiyya), 46 (W. Sabîl), 56ʿ ʿ(Khashna), 74 (J. uway ), 78 (Qâ al-Mu tadil), 80 (Qâ Banî Murr), 80 (W. Rimâmiyya), 80 (J.Ḥ ḍ ʿ ʿ ʿMu ay im), 80 (W. A îla), 80 (W. ânî), 82 (J. uway ), 83 (Abû Ûd), 83 (Aqra ), 84 (Laʿ ṣ ṣ Ṣ Ḥ ḍ ʿ ʿMecque), 84 (W. urumân), 91 (W. Wujayriyya), 96 (Ruwâwa), 98 (La Mecque), 98 (W.Ḥ

urumân). Hors de l'Arabie: 64 ( afnat al-Abya , Irak), 85 (Negev, Palestine), 92 (Kharrâna,Ḥ Ḥ ḍJordanie), 93 (Usays, Syrie).

D'après Thésaurus d’Épigraphie Islamique (2009) ont été retrouvés des graffitis datés entre l'an 1 et100 hégirien : parmis les 677 écrits relevés, Muhammed est mentionné 64 fois (%9), 12 au premiersiècle et 52 au second. Dans la plupart des graffitis Muhammed est cité parmis : Abraham, Moïse,Jésus et d'autres prophètes..

2.1.2. Les Manuscrits de Sana'a :

Les manuscrits de 926 Corans découverts à Sana'a ont été analysés en laboratoire, et il a été vérifié

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que 54 d'entre eux remontaient au premier siècle hégirien, dont les plus anciens peuvent remonterau vivant-même de Muhammad. Comme la datation au carbone 14 du manuscrit Sotheby's 1993,Lot 31 (Standford '07 palimpsest folio). [11]

Ci-dessus un exemple de graphique de manuscrit coranique pouvant remonter à l'époque du Prophète.

Le manuscrit k26 daté de l'époque de Muhammad qui est un fragment du Coran contient ainsi unverset mentionnant Muhammad comme Messager d'Allah.

Ci-dessus, l'état des quelques 30.000 fragments de Corans tels que retrouvés lors de l'effondrement du toit de la vieille mosquée de Sana'a.

L'absence apparent de toute trace d'écrits islamiques entre l'époque de Muhammad et le IXeS s'est avéré être un leurre. En effet, la réforme de l'écriture arabe réalisée au IXeS a conduit à l'illisibilité des écrits antérieurs qui ont été progressivement été brûlés, enterrés ou détruits et cachés dans les cachètes inaccessibles pour éviter de souiller les écrits illisibles pouvant contenir les noms d'Allah

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ou des prophètes. De telles cachètes retrouvées à Sana'a, au Caire ou d'autres endroits encore comme à Fustat ont permis de vérifier que des récits islamiques ont bien existé dès l'époque de Muhammad et ce jusqu'à la réforme de l'écriture.

2.1.3. Les tayayye de Muhammad selon Thomas le Presbyte (vers 640) :

Un prêtre, Thomas, dit Le Presbyte, vers 640 late en syriaque une agression commise par les Arabes. Une bataille a donc eu lieu près de Gaza, à 19 kilomètres, à l’est entre les Romains, soit les Byzantins, et les Tayyaye : les Arabes.

La plus ancienne mention de Muhammad connue est celle d'un chroniqueur chrétien témoignant en langue

syriaque de la prise de Gaza sous Umar Ier.

"Dans l’année 945, indiction 7 (l'an 634 du calendrier actuel), le vendredi 4 février, il ya eu unebataille entre les Romains et des Tayyaye de Muhammad en Palestine, à 12 miles à l’est de Gaza.Les Romains ont fui, laissant derrière eux le patriarche Bryrdn, que les Tayyaye ont tué. Quelques4000 pauvres villageois de Palestine ont été tués là, chrétiens, juifs, samaritains. Les Tayyaye ontravagé la région entière." [12]

C'est la plus ancienne mention écrite connue de Muhammad. Les tayyaye signifie, les Arabes. Ils'agit manifestement de la conquête de la Palestine sous le règne d'Umar ibn al-Khattâb. Cet écrit del'époque et les manuscrits du Coran découverts à Sana'a remontant à la première moitié du premiersiècle hégirien témoignent de l'historicité certaine de Muhammad, et de la pertinence de lacompilation du Coran par les successeurs politiques du Prophète dans la première moitié du premiersiècle hégirien. La rareté des manuscrits s'expliquant par la destruction des plus anciens manuscritsà mesure des réformes de l'écriture arabe rendant les manuscrits antérieurs indéchiffrables, pouvantconduire à une démultiplication des variantes du Coran.

2.1.4. Fragment on the Arab Conquests (post-636) :

"En Janvier {les gens de} Homs ont pris la parole pour leur vie et de nombreux villages ont été ravagés par le meurtre de {Arabes de} Muhammad (Muhmd) et beaucoup de gens ont été tués et {pris } prisonnier depuis la Galilée jusqu'à Beth. . . . Sur le vin{gt-}six mai la SAQ {ila} {. . .} poursuivirent cela dans le voisinage de Homs et les Romains {. . .}. Le dixième {d'Août } les Romains ont fui les environs de Damas {et il ont été tués} par {de

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nombreuses personnes}, environs une dizaine de milliers. Et à la fin de l'{année} vous les Romains sont venus. Sur le vingtième d'Août de l'année neuf-cent qu{arante} sept (636 du calendrier actuel) ils se sont confrontés là en Gabitha {face à une multitude} de Romains, et beaucoup de gens {R}omains ont été tu{és}, quel{ques}cinquante mille . " [13]

2.1.5. Doctrina Jacobi Nuper Baptizati (633-640) :

"Ioustos prend la parole et dit : Tu dis vrai, et cela est le grand salut: Croire dans le Christ. Car jevais te confesser toute la vérité rabbi Jacob. Mon frere Abraam m'a écrit qu'un faux prophete estapparu parmi les Sarrasins. Lorsque le Candidat fut tué par les Sarrasins (vers 633) j'était a Césarée,me dit Abraam, et j`allai en bateau a Sykamina; on disait : Le Candidat a été tué ! Et nous, les juifsnous étions dans une grande joie. On disait que le prophete était apparu, apparu parmis lesSarrasins, et qu'il proclamait l'arrivée du Christ-Oint qui allait venir. Et moi Abraam, étant arrivée aSykamina, je m'arretai chez un ancien tres versé dans l'Écriture et je lui dis : Que me dis-tu duprophete qui est apparu avec les Sarrasins ? Et il me répond en gémissant profondément : C`est unfaux prophete: les prophetes viennent-ils armés ? Vraiment les évenements de ces derniers tempssont des oeuvres de désordres, et je crains que le premier Christ qui est venu est celui qu'adorent leschrétiens, ne soit bien envoyé de Dieu, tandis que nous nous appretions a recevoir Hermolaos(l'antichrist) a la place. Isaie disait en effet que les juifs auraient un coeur perverti et endurci jusqu'ace que toute la terre soit dévastée. Mais va rabbi Abraam et renseigne toi sur ce prophete qui estapparu. Et moi Abraam, ayant poussé l'enquete, j'appris, moi Abraam de ceux qui ont été avec luiqu'on ne trouve rien d'authentique dans ce prétendu prophete : il n'est question que de massacres. Ildit qu'il détient les clés du paradis, ce qui est incroyable. Voila ce que m'a écrit mon frere Abraamd'Orient." [14]

* Il ressort de ce récit Juif, que ceux-ci envisageaient l'apparition d'un prophète parmis les Arabes,chose tout à fait acceptable jusqu'à l'ère moderne, et se réjouirent à Jérusalem en entendant parler deson annonce de l'arrivée imminente du Christ. Le contexte et les rumeurs expliquent que rabbiJacob envoie néanmoins rabbi Abraam rencontrer le prétendu prophète Arabe ayant lancé uneattaque contre Jérusalem. Puisqu'il n'y a que des informations parcellaires s'expliquant par labarrière des langues et les confrontations armées. En effet, les Juifs étaient persécutés à cette époqueprécise en Syrie et contraints à se christianiser. Les guerres en Syrie correspondent précisémentavec la chronologie des conqêtes musulmanes rapportées par les chroniciens musulmans comm ibnIshaq, Tabari, Waqidi et autres..

2.1.6. Sophrone (560-638) et Prise de Jérusalem par Umar :

"Les infidèles de Sarrasins sont entrés dans la cité de notre seigneur le Christ, Jérusalem, avec lapermission de Dieu et comme punition pour notre négligence, immense, et aussitôt en courant ilsarrivèrent au lieu appelé Capitole. Et prirent avec eux des hommes, certains par la force, d'autres deleur plein gré, afin de nettoyer ce lieu et y édifier cette maudite chose, destinée à leur prière qu'ilsappellent mosquée (midzgitha)." [15],[16]

* Sophrone est le prêtre qui a donné les clés de Jérusalem à Umar lors de la prise de la ville par lesmusulmans. Le nettoyage des immondices au mont du temple souillé par les chrétiens conforte lesrécits des chroniciens musulmans, tels que Tabari.

2.1.7. Chronique de Khuzistan (660) :

"Sous Yazdagird commença la fin du règne des Perses. Dieu envoya contre eux l'assaut des Filsd'Ismaël, lesquels étaient aussi nombreux que les sables au bord de la mer. Celui qui leur guide

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(mdabbrana) était Muhammad (mhmd). Ce qu'est la coupole d'Abraham, nous ne l'avons pas trouvé,mais nous savons que le bienheureux Abraham, riche et voulant s'éloigner de la convoitise desCananéens, préféra habiter dans des lieux écartés et largement ouverts du désert ; et, comme ilconvient aux habitants des tentes, il construisit ce lieu pour adorer Dieu et lui offrir des sacrifices(...)." [17]

"(...) Car les Arabes ne font rien, lorsqu'ils adorent Dieu à cet endroit, que de continuer l'antiqueusage, comme il convient à des gens d'honorer l'ancêtre de leur race. Hasor, que l'Ecriture appelle latête des royaumes, appartient aux Arabes : on l'appelle Médine, du nom de Mydian, le quatrième filsd'Abraham, on l'appelle aussi Yathrib." [18]

2.1.8. Jean Damascène (675-749) :

"Il y a aussi la religion des Ismaélites qui domine encore de nos jours, égare les peuples, et annoncela venue de l’antéchrist. Elle tire son origine d’Ismaël, le fils d’Abraham et d’Agar. Pour cetteraison on les nomme Agarène et Ismaélites ; on les appelle aussi Sarrasins, ce qui signifie dépouillépar Sara. Agar répondit, en effet, à l’Ange : Sara m’a renvoyée dépouillée. Ils étaient donc idolâtreset adoraient l’Etoile du Matin et Aphrodite, qu’ils ont appelée précisément Khaba[r] dans leurlangue, ce qui veut dire grande. Donc, jusqu’à l’époque d’Héraclius, ils ont ouvertement pratiquél’idolâtrie. A partir de cette époque et jusqu’à nos jours un faux prophète, du nom de Maamed, s’estlevé parmi eux, qui, après avoir pris connaissance, par hasard, de l’Ancien et du NouveauTestament, et, de même, fréquenté vraisemblablement un moine arien, fonda sa propre hérésie.Après s’être conciliée la faveur du peuple en simulant la piété, il insinue qu’une Ecriture venue duciel lui a été révélée par Dieu. Ayant rédigé dans son livre quelques doctrines risibles, il leurtransmet cette façon d’adorer Dieu. Il dit qu’il y a un seul Dieu, créateur de toutes choses, qu’Il n’apas été engendré et qu’Il n’a pas engendré. Selon ses dires, le Christ est le Verbe de Dieu et sonEsprit, mais il est crée et il est un serviteur ; il est né sans semence de Marie, la soeur de Moïse etd’Aaron. En effet dit-il, le Verbe et l’Esprit de Dieu sont entré en Marie et ont engendré Jésus, quifut un prophète et un serviteur de Dieu. Et, selon lui, les juifs, au mépris de la Loi, voulurent lemettre en croix, et, après s’être emparés de lui, ils n’ont crucifié que son ombre. Le Christ lui-même, dit-il, ne subit ni la croix ni la mort. En effet Dieu l’a pris près de lui dans le ciel, parce qu’Ill’aimait. Et il dit également, qu’une fois le Christ monté aux cieux, Dieu l’a interrogé en disant :Jésus ! as-tu dis : je suis le fils de Dieu et Dieu ? Jésus d’après lui, a répondu : Sois miséricordieuxenvers moi, Seigneur ! Tu sais que je n’ai pas dit cela et que je ne dédaigne d’être ton serviteur.Mais les hommes mauvais ont écrit que j’avais fait cette déclaration ; ils ont menti à mon égard, etils sont dans l’erreur. Dieu, dit il, lui a répondu : Je sais que tu n’as pas fait cette déclaration.Beaucoup d’autres absurdités dignes de rire sont rapportées dans cet Ecrit, et il se vante qu’il estdescendu sur lui venant de Dieu. Mais nous disons : Qui témoigne que Dieu lui a donné uneEcriture, ou qui, parmi les prophètes, a annoncé qu’un tel prophète devait venir ? Nous les mettonsdans l’embarras quand nous leur disons : Moïse avait reçu la Loi sur le Sinaï, à la vue de tout lepeuple, quand Dieu apparut dans la nuée, le feu, les ténèbres et la tempête ; et tous les prophètesdepuis Moïse, ont tour à tour annoncé que le Christ viendra, que le Christ est Dieu et que le fils deDieu arrivera en prenant chair, sera crucifié, qu’il mourra et ressuscitera, et que c’est lui qui jugerales vivants et les morts. Et quand nous disons : Pourquoi votre prophète n’est-il pas venu de lamême façon, avec d’autre pour lui porté témoignage, et pourquoi Dieu, qui a donné la Loi à Moïseaux yeux de tout le peuple, sur une montagne fumante, ne lui a-t-Il pas transmis l’Ecriture dont vousparlez, en votre présence, pour asseoir votre certitude ? Ils répondent que Dieu fait ce qu’Il veut.Cela, disons-nous, nous le savons bien nous aussi, mais nous demandons comment l’Ecriture a étérévélée à votre prophète. Ils répondent que c’est dans un état de sommeil que l’Ecriture descendaitsur lui. Pour nous moquer d’eux nous disons : Puisqu’il reçu l’Ecriture pendant son sommeil, sansse rendre compte de cette activité, l’adage populaire lui convient parfaitement- vous me débitez des

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songes-. Nous leur demandons à nouveau : Puisque lui – même vous a ordonné, dans votre Ecriture,de ne rien faire ou de ne rien recevoir sans témoins, pourquoi ne lui avez- vous pas demandé : Toi lepremier, prouve à l’aide de témoins que tu es prophète et que tu es envoyé de Dieu ; et quelleEcriture témoigne en ta faveur. Honteux, ils gardent le silence. Avec raison nous leur disons :puisqu’il ne vous est pas permis d’épouser une femme, ni d’acheter ni d’acquérir sans témoins ;seules donc la foi et l’Ecriture vous les acceptez sans un témoin ! Car celui qui vous a transmis cetteEcriture ne possède de garantie d’aucun côté, et on ne connaît personne qui ait témoigné en safaveur par avance. Bien plus, il l’ a reçue pendant son sommeil !

Ils nous appellent associateurs parce que, disent-ils, nous introduisons à côté de Dieu un associélorsque nous disons que le Christ est le fils de Dieu et Dieu. Nous leur disons : c’est ce que lesprophètes et l’Ecriture nous ont transmis. Vous aussi, ainsi que vous l’affirmez, vous acceptez lesprophètes. Et si nous disons à tort que le Christ est le fils de Dieu, ce sont eux qui nous l’ontenseigné et qui nous l’ont transmis. Certains d’entre eux disent que nous avons ajouté cela auxprophètes, en les interprétant de façon allégorique, et d’autres que les Hébreux, par haine, nous ontégarés en attribuant ces textes aux prophètes, pour nous perdre. (...)

On raconte d’ailleurs que cette pierre est la tête d’Aphrodite, devant laquelle ils se prosternaient et qu’ils appelaient Chabar. Et de nos jours encore, la trace d’une effigie apparaît à ceux qui observent minutieusement.Ce Maamed, comme il a été dit, a composé de nombreux écrits stupides et donné un titre à chacund’eux. Ainsi l’écrit de la Femme, où il est prescrit clairement à chacun de prendre quatre femmes etmille concubines, si c’est possible, autant que sa main en retient soumises en dehors des quatrefemmes ; et il peut répudier une, s’il le veut, et en prendre une autre. Il a établi cette loi pour laraison suivant : Maamed avait un compagnon appelé Zayd. Cet homme avait une belle femme dontMaamed s’éprit. Alors qu’ils étaient assis ensemble, Maamed dit : Ami, Dieu m’a donné l’ordre deprendre ta femme. Zayd répondit : Tu es un envoyé, fais comme Dieu t’a dit, prend ma femme. Ouplus exactement, pour prendre le récit par le commencement, il lui dit : Dieu m’a donné l’ordre quetu répudies ta femme. Celui-ci la répudia. Quelques jours plus tard il dit : Dieu m’a donné l’ordre dela prendre moi-même. Après l’avoir prise et commis l’adultère avec elle, il promulgua cette loi :Que celui qui le désire répudie sa femme. Mais si après l’avoir répudiée, il revient vers elle, qu’unautre l’épouse. Il n’est pas permis, en effet de la prendre si elle n’a pas été épousée par un autre. Etsi c’est un frère qui répudie, que son frère l’épouse s’il le désire. Dans le même écrit il donne desrecommandations de ce genre : “Laboure la terre que Dieu t’a donnée, et met-y tout ton soin ; faiscela, et de telle façon” – pour ne pas dire comme lui des obscénités.

Il y a encore l’écrit de la chamelle de Dieu. A son sujet il dit qu’une chamelle avait été envoyée parDieu, qu’elle buvait le fleuve entier et ne pouvait plus passer entre deux montagnes, faute d’espacesuffisant. Il y avait, dit-il, un peuple à cet endroit : un jour c’est lui qui buvait l’eau et ensuite,c’était la chamelle. Quand elle buvait l’eau, elle les nourrissait en leur donnant du lait à la place del’eau. Mais ces hommes qui, dit-il, étaient méchants, se levèrent et tuèrent la chamelle. (...)

Maamed dit encore l’écrit de La Table. Il dit que le Christ avait demandé une table et qu’elle lui futdonnée. Selon lui, Dieu lui répondit ; je t’ai donné, ainsi qu’aux tiens, une table incorruptible.

Il dit encore l’écrit de La Vache et d’autres paroles risibles, que je crois devoir passer sous silence, àcause de leur nombre.

Il leur a prescrit, ainsi qu’à leurs femmes, de se faire circoncire. Il a ordonné de ne pas observer lesabbat et de ne pas se faire baptiser, concédant de manger certaines nourritures interdites par la Loi,mais de s’abstenir des autres. Il a aussi interdit absolument de boire du vin." [19]

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Voici les passages montrant des traces confortant l'historicité de Muhammad :

1. Un seul Dieu (cf. 3:2/1).2. Créateur de toute chose (2:117/111),3. N'a pas engendré ni été engendré (cf. 112:3)4. Christ est le Verbe de Dieu et son esprit (4:171/169).5. mais créé (3:59/52)6. et esclave (4:172/170)7. Né de Marie, vierge (3:47/49)8. soeur de Moïse et Aaron (3:33-35/30:31; 19:27/28-28/29).9. L'Esprit est entré dans Marie et Jésus est né (4:171/169).10.en prophète (19:30/31)11.esclave de Dieu (4:172/170; 19:30/31)12.Les Juifs ont comploté pour sa crucifixion (cf. 3:54/47)13.mais n'ont crucifié que son ombre (4:157/156).14.Mais Christ a été sauvé (4:157/156).15.N'est pas vraiment mort (4:157/156)16.Car Dieu l'aimait (cf. avec contrast 3:57/50).17.Quand Jésus reviendra des nuées (cf. 4:158;5:109/108).18.Dieu lui demandera (5:116)19."Jésu as-tu prétendu être dieu ?'" (cf 5:116)20.Jésus répondra (5:116)21.Seigneur tu sais que je suis innocent en cela (cf. 5:116-118).22.Dieu lui demandera (5:119)23."Je sais que tu n'en a rien dit" (cf. 5:119)24. etc.

* Notons que Jean Damascène est né en 675 au débuts de l'Islam. Au point qu'à sa naissance Anasibn Malik (612-712) devait avoir 63 ans, et Jean Damascène avoir 37 ans à la mort de se discipledirect de Muhammad. Il est né sous le règne de Muawiya Ier (v. 602- 680) qui est l'un des scribes duCoran et le fils de l'ennemi juré du Prophète, abu Sufyan. De même le cousin du Prophète ettroisièle Caliphe, Ali ibn abu Talib (v. 600 - 661) est mort seulement 14 ans avant Jean Damascène.Ses parents ayant été témoins directs de l'arrivée des musulmans en Syrie, une seule génération lesépare de Muhammad, or son ouvrage témoigne des grandes lignes conductrice de l'islam et duCoran tel qu'ils sont rapportés dans le Coran et par le biais des chroniques.

2.1.9. Théophanes le Confesseur (760-817) :

"En cette année mourut Mouamed, le chef et le faux prophète des Sarrasins, après avoir nommé soncompagnon Aboubacharos (à sa chefferie). Dans le même temps, sa renommée se répandit) et toutle monde avait peur. Au début de son avènement les Juifs égarés pensaient qu'il était le Messiequi est attendu d'eux, de sorte que certains de leurs dirigeants se joignirent à lui et aient accepté sareligion tout en abandonnant celle de Moïse, qui a vu Dieu. Ceux qui l'ont fait étaient au nombre dedix, et ils sont restés avec lui jusqu'à ce sa mort. Mais quand ils l'ont vu manger de laviande de chameau, ils ont réalisé qu'il n'était pas celui qu'ils pensaient être, et étaient égarés sur cequ'il fallait faire; ayant peur d'abjurer sa religion, ces misérables lui ont appris deschoses illicites dirigés contre nous, les chrétiens, et sont restés avec lui.

Je considère qu'il est nécessaire de rendre compte de l'origine de cet homme. Il était issu d'une

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tribu très répandue, issue d'Ismaël, fils d'Abraham ; pour Nizaros, descendant d'Ismaël,il est reconnu comme le père de tous. Il engendra deuxfils, Moudaros et Rabias. Moudaros engendré Kourasos, Kaisos, Themimes, Asados, etd'autres inconnus. Tous habitant dans le désert de Madian et gardant le bétail, vivant dans destentes. Il ya aussi ceux plus éloignés qui ne sont pas de leur tribu, mais de celle de lektan, la soi-disant Amanites, c'est Homérites. Et certains d'entre eux ont commercé sur leurschameaux. Homme pauvre et orphelin, le Mouamed précité a décidé d'entrer au service d'unefemme riche qui était un parent ç lui, appelé Chadiga, comme un travailleur engagé en vue de lanégociation à dos de chameau en Egypte et en Palestine. Peu à peu il est devenu plus audacieuxet acquis les bonnes grâces de cette femme, qui était veuve, et l'a pris comme épouse, et prispossession de ses chameaux et de son fond. Chaque fois qu'il est venu en Palestine il fréquentait desJuifs et chrétiens et leur posait certaines questions scripturaires. Il a également été atteintd'épilepsie. Quand sa femme a pris conscience de cela, elle était dans une grande détresse, dans lamesure où elle, une femme noble, avait épousé un homme comme lui, qui n'était passeulement pauvre, mais aussi épileptique. Il essaya de la tromper et de l'apaiser en disant :'Je n'arrête pas de voir une vision d'un certain ange appelé Gabriel, et étant incapable de supporter lavue, je m'évanouis et tombe'. Tandis qu'elle connaissait un moine, un ami (qui avait été exilé pour sadoctrine hérétique), et elle lui raconta tout, y compris le nom de l'ange. Souhaitant la satisfaire, il luidit : 'Il a dit la vérité, car c'est l'ange qui est envoyé à tous les prophètes.' Quand elle a entendu lesparoles du faux moine, elle fut la première à croire en Mouamed et proclamé à d'autres femmes desa tribu qu'il était un prophète. Ainsi, le rapport propagation des femmes aux hommes, etd'abord à Aboubacharos (abu Bakr), qu'il laissa comme son successeur. Cette hérésie a prévalu dansla région de Ethribos (Yathrib), en dernier ressort par la guerre : d'abord en secret, pendant dixans, et par la guerre et ouvertement dix autres années. Il a enseigné à ses fidèles que celui qui tue unennemi ou est tué par un ennemi va au Paradis ; et il a dit que ce paradis était l'un de manger lachair et boire et des rapports avec les femmes, et avait des rivières de vin, de miel et de lait, et queles femmes ne sont pas comme celles d'ici-bas, mais jeunes, et que les rapports était de longuedurée et le plaisir continu ; et d'autres choses pleines de débauche et de la bêtise ; également que leshommes devraient ressentir de la sympathie pour l'autre et aider ceux qui sont lésés." [20]

2.2 Des visions à la prophétie, une vie tumultueuse.

Le Coran témoigne que les premières visions de Muhammad le perturbaient profondément. Il neconcevait pas encore de rapport avec des prophéties, ni ne concevait même de condamnation del'idolâtrie : (Coran, 96). Il craignait manifestement d'être atteint de possession ou de folie : (Coran,68:2). Le rejet des idoles ne lui passait manifestement pas par l'esprit pendant une période de tempsassez longue. Même lorsqu'il mentionnait déjà Jonas, dans la seconde sourate inspirée, aucuneintediction des idoles n'apparait : (Coran, 68:47). La troisième sourate dans l'ordre chronologique necommande pas encore le rejet des idoles, mais commande l'adoration d'Allah seul : (Coran, 73:8-9).La quatrième sourate (la sourate 74) nommerait les idoles "impuretés", mais ne condamne pasencore catégoriquement leur culte. Rien n'indique donc que Muhammad envisageait l'interdictiondu culte des idoles aux débuts, lors de ses premières visions. Le rapprochement avec le judéo-christianisme s'établissant très graduellement, de façon quasi insensible. La première interdiction duculte des idoles remonte selon le Coran à plusieurs années après la première vision à Hira. Le lienentre Abraham et le site de la Mecque est néanmoins mentionné dès la sourate 14, la 72ème dansl'ordre chonologique, avant l'hégire vers Yathrib. Le rapport entre Abraham et la vallée de laMecque n'est donc pas un approchement volontaire au contact des israélites, mais une croyancepréexistant à Muhammad.

Dans sa biographie sur Muhammad, Maxime Rodinson décrit ces expériences mystiques commesuit... Après avoir essayé une psychanalyse de Muhammad avec les informations transmises par les

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historiens médiévaux, et avoir établi un parrallèle entre les versets coraniques et les posésiesinspirées par les djinns dans l'Arabie préislamique, l'historien écrit : « Mais comme il était douéd'une personnalité singulièrement plus riche et plus puissante que celle des Kâhin ordinaires, cetteinsatisfaction le poussait aussi à réfléchir. Toute une élaboration intellectuelle se déroulaitparallèlement aux répercutions de son tempérament inné de son histoire personnelle sur le plannerveux. Et cette élaboration intellectuelle était d'une rare qualité... Petit à petit, son esprit s'avançaitsur une voie qui devait le mener à dépasser l'horizon de son pays et de son temps. ». Après avoircomparé, sur une quarantaine de pages, Muhammad avec certains mystiques comme Thérèsed'Ávila et avoir appuyé l'idée que Muhammad croyait sincèrement à la voix qui lui dictait deschoses, Rodinson conclut : « Mohammed dut aussi éliminer, trier, inconsciemment sans doute, et neretenir que ce qui édifiait, exortait, consolait. Ses plus beaux poèmes n'ont sans doute jamais étéécrits. Il attendait de Dieu des messages dans un sens donné et son attente modelait le verbe quicherchait, en vain, à se montrer plus fort que lui. Au-delà des glossalistes chrétiens, il découvrait ladémarche des grands prophètes d'Israël. ». [21] La phase de rapprochement avec le judéo-christianisme sera progressive. Comme précisé ci-dessus, on relève les premières mentions à lacondamnation des idoles après plusieurs années, mais les versets mentionnent graduellement despersonnages bibliques à partir de la seconde sourate. La rationalité de Muhammad étonne, étant dit-on illettré, et donc n'ayant pas pu lire la Bible, sans doute ne tolérait-il pas d'être ridiculisé par lesdétenteurs des écritures... Aussi, les récits sur les personnages bibliques sont très concis, trèssuperficiels et empreints d'une circonspection très impressionnante. Circonspection qui témoigneque les archaïsmes des récits coraniques faisant défaut à la version biblique post-massorétique maisétant confortés par l'archéologie et la critique historique, ne peuvent qu'être confortés par desmidrachim originaux des Cohanim de Yathrib et non de l'imagination du Prophète."

2.3 Muhammad, chef de tribu :

Après sa première vision à Hira, Muhammad n'eut aucune vision. Les chroniqueurs rapportent qu'ilaurait au début douté de sa raison et pensé être possédé par quelque djinn. Mais après avoir discutéavec son épouse Khadija et l'oncle de celle-ci, un nestorien arabe, il semblerait qu'il ait commencé àespérer une seconde vision. Tabari rapporte qu'après six mois de vide, Muhammad serait monté surun mont, désespéré et même suicidaire. Ce qui le démarque de tous les prophètes d'Israël cherchantà fuir systématiquement leurs missions. Quoi que lors de sa première vision il aurait montré de larésistance. Il entendra néanmoins cette voix métallique, décrite par le Prophète comme raisonnantetel le bruit d'une cloche, lui commander de se lever et prier le Seigneur après ces six mois de vide.La voix lui commendera bientôt d'appeler les gens à Allah. La mission du Prophète débutant doncainsi, environs deux ans après sa première vision à Hira.

2.3.1 A la recherche d'un soutien.

Muhammad aurait commencé à appeler ses proches, et puis sa tribu hachémite, puis tout Qoraïche.Nul n'étant prophète en son pays, il sera menacé, attaqué, blessé. Après le décès de Khadija, ce seraabu Talib, un oncle paternel qui le soutiendra, tandis que, un autre oncle ainé d'abu Talib, abu Lahable poursuivra partout lors de ses prêches et le dénoncera comme une honte de son clan. Malgré cela,le clan entier qui le protégeait par tribalisme subira un ambargo très sévère. Finalement,Muhammad se mettra à chercher un soutien dans les tribus voisines... Sans grand succès. En effet,ce sont dans un premier temps, semble-t-il, les plus faibles, les dames et les esclaves qui serontséduits pas son appel à plus de prodigalité et de justice.

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2.3.2 L'exil des fidèles en Abyssinie.

Les persécutions devenant de plus en plus insupportables, Muhammad commandera à ses fidèles lesplus menacés de se réfugier en Abyssinie. C'est bien plus tard que des émissaires de Yathrib, la villenative de sa mère, lui proposeront de se réfugier chez eux avec ses fidèles. Muhammad, après onzeans de prêche et d'appel à la Mecque et aux alentours se réfugiera finalement à Yathrib.

2.3.3 Le serment d'Aqaba.

Les émissaires conclurent un pacte avec le Prophète. Ce pacte conclut à Aqaba constituera lefondement de l'état islamique dont Yathrib sera le centre. De nombreux pactes avec des tribuséparses sont mentionnées par les chroniqueurs. De l'alliance médinoise, les alliés du camp deMuhammad s'étendront progressivement jusque dans toute la moitié Ouest de la péninsule, duYémen jusqu'aux frontières byzantines du Proche-Orient. Tandis que d'autres tribus s'allieront ourenforceront leurs alliances déjà existentes avec la puissante tribu Qoraïchite de la Mecque.

2.3.4 Le traité de Yathrib.

Une des premières choses faites par le Prophète à son arrivée à Yatrhib sera la rédaction d'un traité[22] unissant les émigrés mecquois islamisés, les polythéistes, Juifs et musulmans des deux tribusennemies de Yathrib, et les tribus israélites alliées dans un pacte de soutien mutuel. Muhammadtransposant ainsi le système de pactes tribaux à une alliance formant une méga-tribu. Les règles denon agression, de prix du sang évitant les vendettas et de soutien mutuel seront ainsi étendues danstoute la cité de Yathrib et s'étendront progressivement depuis Yathrib. Ce pacte mettant fin auxdifférents ancestraux entre les Aws et les Khazraj, deux tribus arabes de Yathrib. De son côtéQoraïche formera une large alliance contre laquelle l'alliance médinoise devra faire face. Toutes lesbatailles de Muhammad se feront contre les tribus membres de cette alliance mecquoise, jusqu'audifférent diplomatique avec les byzantins et les perses, au Yémen et au Proche-Orient, quiformeront deux autres fronts de combats vers la fin de sa vie.

2.3.5 Le système de protection des droits.

A l'époque pré-islamique, le plus fort écrasait le plus faible, si une tribu faible avait un membretuant un membre d'une tribu plus puissante, elle était rayée de la carte par une vendettaincontournable. Les traités de Yathrib et les pactes avec les tribus visaient à éviter une guerreintestine au sein de l'alliance par un pacte protégeant tous les membres de l'alliance. Des articlesprévoyaient donc un prix du sang en cas de meurtre involontaire et de talion en cas de meurtreprémédité sur un membre de l'alliance.

On imagine souvent que les lois charaïques seraient volontairement violentes pour être dissuasives,cette croyance est anti-historique en fait. Le talion visait en fait à minimiser les vengences privées età éviter les vendettas. (Coran, 2:179) : « Il y a pour vous dans le talion, la vie. » Muhammad établiraainsi une protection des droit naturels devant garantir l'intégrité et la sécurité de tous les membresde l'alliance : la vie, la descendance, les biens, l'honneur, la religion, ... Chaque atteinte à ces droitsfondamentaux étant punissable par une peine coranique ou prophétique.

Pour éviter des règlements de compte privés, et éviter les vendettas, Muhammad prévoyait ainsi deslevers de protections ponctuelles relevant la protection et l'immunité garantie par l'islam au sein des

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membres de l'alliance en sorte d'éviter les règlements de compte pouvant dégénérer. En effet, dansun hadith, on peut lire que Muhammad disait : « Le sang d'un musulman n'est "permis" que danstrois cas : le meurtre prémédité d'un musulman, l'adultère d'une personne mariée et l'apostasie suiviede prise d'armes contre nous : dans ce cas ce sera soit l'attachement à un poteau trois jours, soit lamort, soit l'expulsion. » Il ressort de ces paroles que pour le Prophète, ces peine étaient des leversd'immunité ponctuels et non de véritables obligations.

En islam, il n'y a pas d'orthopraxie en effet. On trouve le Prophète renvoyant ainsisystématiquement et par deux fois les adultérins leur enjoignant de retrourner se repentir.Pardonnant à Wahchi qui a tué son oncle Hamza à la bataille à Uhud. Et signant à Hudaybiyya unpacte autorisant aux apostats de s'exiler à la Mecque. Ce qui témoigne bien que pour Muhammad,ces peines n'étaient pas un devoir impératif, mais bien "permises". Dans un autre hadith, on lit : «En dehors des (six) peines fixes, on ne peut punir personne par plus de dix coups de bâton.» D'après Muslim, lors de la lapidation du premier musulman, Maiz, pour adultère, celui-ci se seraitéchappé lors de la lapidation. Poursuivi par les fidèles et tué. Apprenant cela, le Prophète les asemble-t-il réprimandés, leur disant qu'ils auraient dû le laisser s'enfuir pour se repentir. Il ressort iciaussi que pour Muhammad, la base est la protection de l'intégrité des individus, les châtiments étantdes levers possibles de leur immunité garantie par l'islam en sorte d'éviter les règlements decomptes privés susceptibles de dégénérer et canalysant la violence en cas de tromperie, le meurtre,de vol, de brigandage ou de mutilation. En dehors des six peines que nous citerons ci-dessous,Muhammad ne recourra jamais à la contrainte, hormis sa tolérance de la mollestation d'unalcoolique avec des sandales par des disciples, enjoignant aux fidèles cependant de ne pas insulterAmr.

2.3.6 La liste des peines fixes, ou considérées fixes : les hudûd .

• 1/ la flagellation du fornicateur, (al-zina)• 2/ peine prophétique héritée de la Torah, la lapidation de l'adultérin, (al-zina)• 3/ la flagellation pour la fausse imputation de ce crime, appelée (al-qadf bi-l-zina)

•4/ l'amputation de la main des voleurs, (sariqah)•5/ l'attachement à un poteau ou l'amputation croisée des mains et pieds pour le banditisme(barrer le passage pour dévaliser), appelé (qat' al-tarîq)•6/ peine prophétique : l'apostasie, appelée (al-riddah)•[7/ peine de Umar, la flagellation des consommateurs de boissons alcoolisées (churb-u khamr).]

2.3.7 La question des peines non fixées les ta'zîr .

Comme les peines et formes de contraintes fixées par le Prophète étaient limitées à une demi-douzaine de hudûd, canalisant la violence en sorte d'assurer l'unité de l'alliance, les fidèlesconfrontés à des situations nouvelles élaborèrent des peines non fixées, nommés ta'zîr. On note ainsile cas de l'alcoolique, qui deviendra puni pas 100 coups de fouets sous Umar ibn al-Khattab, alorsque le maxium permis en dehors des hudûd était de dix coups de bâton autorisés. Cette peine seradiscutée par certains autres disciples, mais restera en usage. De même, aucun cas d'homosexualitén'étant relevé du vivant de Muhammad, les juristes compareront ce cas à la fornication, ou à uneforme d'apostasie. Condamnant les sodomites à la peine de mort. abu Hanifa reffusant les deuxthèses, et considérant la sodomie comme un geste répréhensible, mais envers laquelle aucune peinen'est commandée. En effet, le Coran reproche entre autre au peuple de Sodome le viol de visiteursmâles, mais leur reproche aussi l'abandon systématique des dames, ainsi que d'autres crimes, maissurtout le rejet de leur messager, Lot. Et ne prévoit pas de peine à l'encontre des relations

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homosexuelles. abu Hanifa considèrera les relations homosexuelles comme différentes et moinsgrâves que la fornication et l'adultère, comme elle ne conduisent pas à une risque de grosesse, deperte de virginité, ou de mélange des lignées. Tandis que les autres écoles la considéreront commeune forme de fornication et la tiendront pour plus grâve.

Le point le plus troublant sera l'extension à l'apostasie, par les juristes qui fonderont ce qui seranommé "charia", de toute une série de comportements. Comme entre-autres l'abandon de la prièrequotidienne, ou le reffus de payer la zakat, qui diviseront les premières générations. Le statut dessodomites aussi sera discuté de façon très disputée. Ces décrets se comprennent mieux lorsque noussavons que seules six ou sept peines étaient à la disposition des juristes pour gérer une populationde plus en plus importante, et des cas de plus en plus divers et nouveaux. Il semble pourtant bienque Muhammad n'ait jamais condamné un apostat pour sa seule apostasie, tant qu'il n'y avait pasune participation armée dans le camp ennemi ou un autre crime agravant comme un meurtre ou uneincitation active à la guerre. Le traité de Hudaybiyyah autorisant aux apostats de retourner à laMecque témoigne de façon évidente que dans l'esprit du Prophète, l'apostasie en soi n'était paspassible de mort de façon obligatoire. Toute la jurisprudence sur l'hérésiologie et les actesconsidérés comme apostasie sont donc des avis de juristes, non fondés sur la pratique du Prophète etdécoulant d'une longue tradition arabo-islamique. De son vivant, Muhammad ne recourra à lacontrainte qu'en cas de différents perturbant les relations sociales. On peut noter dans le Coran ainsitrois statuts distincts dans les rangs de Muhammad : les croyants, les hypocrites et les pécheurs(fussâq).

2.3.8 Les tendances doctrinales.

Dans les débats sur l'hérisiologie et la souplesse ou la rigueur des jugements, des groupes seformeront pour défendre le murji'isme, le kharijisme et d'autres approches doctrinales. Finalement,une grande partie des pratiques considérées comme de grands péchés ne seront pas considéréescomme une forme d'apostasie. Cette approche médiane constituera l'école orthodoxe, considéréecomme celle qui est fondée par le Prophète et ses disciples directs. Néanmoins, les arrêtsjurisprudentiels sur l'hérésiologie persisteront comme une partie des réponses aux mouvementsmurji'ite et kharijite défendant la légèreté des péchés majeurs, ou les considérant au contrairecomme des formes d'apostasie. Et alors que l'on ne trouve Muhammad contraignant les gens à seplier aux règles islamiques que par la voie du coeur, ses successeurs élaboreront des châtiments etdes contraintes physiques contre les dissidents ne se pliant pas à ces règles.

2.4 Les rapports avec les détenteurs des Saintes-écritures :

Les détails sur la vie du Prophète ne sont malheureusement pas acquis de façon certaine. Lepersonnage a été sublimé par l'imagination populaire et par l'admiration zélée des fidèles rédigeantses biographies. Le travail de l'historien consistera à essayer de discriminer ce qui semble fondé dece qui émane de l'imagination des apologètes ou de l'interprétation. Pour pouvoir réaliser une étuderigoureusement scientifique et historico-critique des aspects de la vie de Muhammad, nous devonscontinuellement chercher à conforter les récits des chroniqueurs et historiens médiévaux avec nosconnaissances anthropologiques, sociologiques, historiques et chercher à poser chaque détail de nosanalyses sur une base réfutable, fiable et neutre. En tant que premier écrit authentique (du moinsdans sa forme consanantique) de l'époque du Prophète, le Coran sera un bon calibre pour évaluer lesrécits traditionnels qui sont rapportés par les chroniqueurs. Il est possible de reconstruire un récitlorsque nous disposons de plusieurs variantes d'un récit, puisque les noms des transmetteurs sonttransmis systématiquement en tête de chaque récit. Il ne faut pas non plus perdre de vue le caractèreincertain et complexe d'une telle démarche. Puisque comme plusieurs experts à l'instar de Ignaz

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Goldziher, Arent Wensinck ou Josef Horovitz l'ont soutenu, nous ne pouvons pas nous en enquérircomme source d'information parfaitement fiable. La rigueur dans la démarche historique n'est querelativement récente, il serait vain de chercher une telle rigueur chez les historiens médiévaux.

Comme souligné dans la partie Décryptage du Coran, le Coran contient des archaïsmes ignorés dela Bible et de la littérature parabiblique encore disponible, qui sont confortés par l'archéologie.Nous avons soutenu dans l'autre papier l'origine midrachique pré-massorétique de ces archaïsmesdu Coran. En effet, les Juifs de Yathrib étaient d'origine Levite et avaient pense-t-on émigrés dansl'oasis de la cité lors de la déportation à Babylone, ou à l'époque de David. Les reproches coraniquesaux israélites de déformer les écrits et leur triage est très clairement un écho des Levites de Yathriben réaction aux travaux de triage et de standardisation de la voyellisation hellénisée et babyloniennedes rouleaux. On ignore souvent ces archaïsmes du Coran et leur pertinence historico-critique etarchéologique.

De même, protégés de l'emprise des Eglises tant Catholique et Orthodoxe que Copte, les chrétiensd'Arabie étaient éclatés en de nombreuses sectes, ailleurs disparues ou assimilées. C'est dans un telmilieu que Muhammad aurait dit : « Les Juifs se sont divisés en 71 groupes : un de ces groupesentrera au paradis et 70 entreront en enfer. Les chrétiens se sont divisés en 72 groupes : 71 entreronten enfer et un entrera au paradis. Par celui qui détient mon âme en sa main, ma ummah se diviseraen 73 groupes : l'une entrera au paradis et 72 entreront en Eenfer. "Quelqu'un a demandé : " Ômessager d'Allah , qui seront-ils? " Il a répondu : « Le corps principal des musulmans ».

2.4.1 Les rapports avec les Juifs.

Tandis que Muhammad soummettait en esclavage les prisonniers de guerre, on note qu'il accordaitun statut de protégés aux détenteurs des écritures. Il ne rendra ainsi pas en esclavage les tribusisraélites combattues pour trahison, et vaincues mais les expulsera. Sauf la tribu des banu Qurayda,dont les historiens médiévaux rapportent que les mâles ayant porté les armes contre les fidèles deMuhammad lors de l'assiègement de Yathrib ont été condamnés à mort dans un tribunal millitaire etles autres membres été vendus au Najd, sur un décret de Sa'd ibn Mu'ad. Les Juifs de Khaïbardemeureront dans l'osasis devant verser une capitation. Les tribus et clans de Yathrib étaient entre-mêlées par des liens diplomatiques et de sang, et après l'expulsion et la destruction des trois grandestribus Juives de Yathrib, il demeurait encore des Juifs dans la ville et aux alentours. Mais leur statutavait été sérieusement fragilisée, en sorte qu'aucune insurrection ne puisse désormais êtreenvisageable. Ceux d'entre-eux ne s'étant pas islamisés, même par formalité, sous le règne d'Umaribn al-Khattab ont été déportés plus dans le Nord, hors du Hijaz.

En dehors des israélites de Yathrib, Muhammad signa de nombreux pactes avec des Juifs d'Arabie.On compte parmis ceux-ci : les Juifs de Khaïbar, ceux de Wadi'al Qura, Tayma, Maqna, et les Juifsde Jabrah et Adruh. Muhammad jugera deux Juifs adultérins apporté devant lui pour être jugés.Muhammad décréta qu'ils devaient être jugés selon la Torah, en prenant bien soin de faire apporterles rouleaux, qu'il fera poser sur un coussin sur ses genoux et lire par un Rabbin, et confirmer parAbdullah ibn Salam, Rabbin islamisé. Il les fera donc lapider, comme le commandait la Loi deMoïse. Le Coran commandera aux Juifs de respecter les mitzvot : (Coran, 5:68).

Comme cela a été soutenu par plusieurs historiens, il semblerait que la bataille des coalisés ait étéun point de rupture diplomatique entre Muhammad et les Juifs. Alors qu'on le trouve cherchant àrenforcer les liens politiques et socio-culturels entre sa communauté de fidèles et les Juifs de la citéavant l'assiègement de Yathrib, on le voit changeant les relations diplomatiques avec ceux-ci, etmarquant désormais une certaine distance avec les communautés Juives de Yathrib. Néanmoins, ilcontinuera de rester en bonne amitié avec les autres communautés Juives de la région. A ceux de

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Khaïbar, il accordera de rester dans leur voisinage pour travailler les palmeraies. Les relations avecles Juifs de Wadi'al Qura, Tayma, Maqna, et les Juifs de Jabrah et Adruh ne semblent pas avoir étéaffectées après la prise de la Mecque et l'assiègement de Khaïbar. Mais la plus grande rupture nesera pas dipolomatique, désormais, les fidèles se tourneront vers la Mecque et plus vers Jérusalem...Le discours coranique à l'égard des enfants d'Israël ne sera pas plus durci après l'an cinq cependant,et restera dans le cadre canonique typique de la Bible à leur égard, sévère, critique et dur. Il estdifficile de savoir à quel point le Prophète connaissait le judaïsme et en était informé, mais ilapparait évident qu'il concevait bien la Loi de Moïse comme imposée au seul peuple israélite, etn'ait jamais cherché à y conformer ses fidèles.

2.4.2 Les rapports avec les chrétiens.

Les rapports du Prophète avec les chrétiens est plus obscur, sans doute du fait que Muhammadn'avait de relations avec ceux-ci que plutôt rares. Cependant, les historiens mentionnent deséchanges de courriers avec le Négus d'Abyssinie, et des discours passionnés dans la Mosquée deMédine avec une cohorte de prêtres en provenance du Najd. Ce qui est acquis, est la reconnaissancepar Muhammad de Jésus comme un prophète israélite et un Messie. La naissance virginale de Jésusest également retenue, et le Christ est reconnu comme Verbe incarné de Dieu.

D'après ibn Ishaq, il semblerait que le Négus ait été interpellé par une délégation des polythéistes deQoraïche s'enquiérrant du droit de ramener les fuyards à la Mecque pour être châtiés. Pour parvenirà leur fin, ceux-ci auraient tenté de montrer les fidèles de Muhammad comme des hérétiques, sur cepoint ibn Ishaq rapporte que le Négus demanda de discuter avec le membre des fuyards le plusproche de Muhammad, et demanda ce que leur prophète disait au sujet de Jésus et Marie. Si letémoignage d'ibn Ishaq est correct, il semblerait que Jabir (fils d'abu Talib, oncle paternel deMuhammad) aurait expliqué qu'ils reconnaissent Jésus comme Prophète et esclave de Dieu etcomme Verbe incarné de Dieu, né de Marie sans père, et qu'ils le reconnaissent comme le Messie.Sur ce, le Négus aurait versé des larmes et ramassé un fétus de paille à terre, et se tournant vers abuSufyan, le chef de la délégation de Qoraïche leur aurait dit : "Par le Seigneur, il n'y a pas ceci dedifférence entre ce en quoi nous croyons et ce que vous enseigne votre prophète. Jamais je ne vousremettrai mes hôtes." Sachant historiquement que la christologie éthiopienne était le miaphysisme,Jésus était considéré chez les abyssins et donc pour le Négus comme ayant une nature humaine, etétait considéré en même temps comme le Verbe de Dieu incarné, les deux natures étant nettementdistinctes. La divinité de Jésus est condamnée en islam, comme dans le judaïsme en tant queblasphème. Mais Jésus est retenu par Muhammad comme le Messie d'Israël et le Verbe incarné deDieu. La tradition rapporte néanmoins de façon catégorique que le Prophète aurait fait une prièrefunéraire du Négus lors de sa mort à Yathrib. Les chrétiens aussi bénéficieront d'un statut deprotégés, étant libres comme les Juifs de pratiquer leurs cultes à la condition de payer unecapitation. Le Coran présente plusieurs passages qui rejoignent certains écrits apocryphes.

2.4.3 Les apocryphes et le Coran, vers un nouveau canon :

Le Coran contient certains récits ne figurant pas dans les écrits canoniques. Cependant, ceux-ci sontconfortés par des écrits apocryphes aussi anciens que les écrits canoniques les plus tardifs. Et sontretenus par les Pères de l'Eglise comme des récits fondés à l'époque de Muhammad. Le Coranrejoint ainsi des passages de l'évangile de l'enfance, de Thomas et le protévangile de Jacques, datésvers la première moitié du second siècle. Donc antérieurs aux évangiles de Luc (vers 178, pasantérieur à 140) et de Jean (vers 185-190). Il est évident que Muhammad les tenait de façon solidedes milieux chrétiens d'Arabie, et ne les envisageait pas comme des inventions. Or, comme soulignépar de nombreux spécialistes à l'instar de Marie Thérèse Urvoy, Luxenberg et d'autres, il était

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conscient des divergences entre les factions de fidèles, et voulait établir un canon propre.Reprochant aux chrétiens d'avoir caché certains écrits : « Ô gens détenteurs de l'Écriture ! Notreapôtre est venu à vous, vous exposant une grande partie de l'Écriture, que vous cachiez et effaçant[aussi] une grande partie de celle-ci. » : (Coran, 5:15).

a) La jeunesse de Jésus, et Marie

Le protévangile de Jacques et l'évangile de l'enfance de Thomas sont des écrits judéo-chrétiens plusanciens que ceux de Luc et de Jean. Qui ont été souvent utilisés par les Pères de l'Eglise avant d'êtrequalifiés finalement d'apocryphes. Ces écrits sont donc très anciens, plus anciens que ces canons, etrejoignent le Coran en plusieurs points. Ainsi, les noms des parents de Marie, les animaux de lacrèche, et surtout le dogme de l'immaculée conception se fondent sur le fammeux protévangile deJacques, qui rejoint donc le Coran sur le tirage au sort de la garde de Marie, le fait qu'elle soitnourrie par des anges etc.

b) Le dogme de l'immaculée conception ignoré en islam, les noms des parents de Marie dans lesmêmes sources rejoignant ces récits coraniques

Les catholiques romains et l'Eglise soutiennent la perpétuelle virginité de Marie. Cela ne figurenullement dans les évangiles canoniques, ni nulle part dans la Bible, mais se retrouve dans leprotévangile de Jacques, un écrit apocryphe dont certains passages rejoignent des extraits du Coran.Le Coran ne connait pas l'immaculée conception des apocryphes.

c) Le tirage au sort pour la garde de Marie

(Coran 3,43) : « Ce sont la des nouvelles de l'Inconnaissable que Nous te révélons. Car tu n'étais pasla lorsqu'ils jetaient leurs calames pour décider qui se chargerait de Marie ! Tu n'étais pas la nonplus lorsqu'ils se disputaient. »

Cette allusion coranique au tirage au sort par lancer de calame, pour désigner à qui devait revenir lagarde de Marie encore enfant est tirée de textes chrétiens apocryphes.

"...Et le prêtre revêtit l'habit aux douze clochettes, pénétra dans le Saint des Saints et se mit enprière. Et voici qu'un ange du Seigneur apparut, disant : 'Zacharie, Zacharie, sors et convoque lesveufs du peuple. Qu'ils apportent chacun une baguette. Et celui à qui le Seigneur montrera un signeen fera sa femme.' ... Des hérauts s'égaillèrent dans tout le pays de Judée et la trompette du Seigneurretentit, et voici qu'ils accoururent tous. Joseph jeta sa hache et lui aussi alla se joindre à la troupe.Ils se rendirent ensemble chez le prêtre avec leurs baguettes. Le prêtre prit ces baguettes, pénétradans le temple et pria. Sa prière achevée, il reprit les baguettes, sortit et les leur rendit. Aucune neportait de signe. Or Joseph reçut la sienne le dernier. Et voici qu'une colombe s'envola de sabaguette et vint se percher sur sa tête. Alors le prêtre : 'Joseph, Joseph, dit-il, tu es l'élu : c'est toi quiprendras en garde la vierge du Seigneur.' " (Protévangile de Jacques VIII,3-IX,1)

d) Marie nourrie par des anges

(Coran, 3:37) : « Chaque fois que Zacharie allait la voir dans le Temple, il trouvait auprès d’elle lanourriture nécessaire et lui demandait : ‘O Marie ! D’où cela te vient-il ?’ Elle répondait : ‘Celavient de Dieu ; Dieu donne sa subsistance à qui il veut sans compter’ »

Rejoint le ch. VIII du Protévangile : « La main d’un ange la nourrissait. » et au ch. XIII : « Toi qui fus élevée dans le Saint des Saints, et qui fus nourrie de la main d’un ange. » (D. Rops - Cerf -

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1952, p. 53 et 57)

* L'autre extrait du protévangile de Jacques fondant l'immaculée conception

"19.3. Et la sage-femme sortant de la grotte, rencontra Salomé et elle lui dit : « Salomé, Salomé, j'aiune étonnante nouvelle à t'annoncer : une vierge a enfanté, contre la loi de nature. » Et Salomérépondit : « Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, si je ne mets mon doigt et si je n'examine soncorps, je ne croirai jamais que la vierge a enfanté. » 20.1. Et la sage-femme entra et dit : « Marie,prépare-toi car ce n'est pas un petit débat qui s'élève à ton sujet. » A ces mots, Marie se disposa. EtSalomé mit son doigt dans sa nature et poussant un cri, elle dit : « Malheur à mon impiété et à monincrédulité ! disait-elle, j'ai tenté le Dieu vivant ! Et voici que ma main se défait, sous l'action d'unfeu. » " (Protévangile de Jacques, XIX,3-XX,2)

e) La divinisation de Marie chez certains chrétiens du temps de Muhammad

(Coran, 4:116) : « (Rappelle-leur) le moment où Allah dira: "O jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux gens: 'Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors d'Allah ?' "»

(Evangile arabe de l'enfance, chapitre 17) : "Quand le lendemain fut venu, cette (même) femme pritde l'eau parfumée pour y baigner le Seigneur Jésus. Et après l'avoir lavé, elle prit l'eau du bain. (Or)il y avait là une jeune fille dont le corps était blanc de lèpre. Elle versa sur elle un peu de cette eauet s'en lava; et aussitôt elle fut purifiée de sa lèpre. Quant au peuple de l'endroit, il disait : "Sansaucun doute, Joseph, Marie et l'enfant sont des dieux et non des hommes." Et lorsque (Marie etJoseph) se résolurent à les quitter, cette jeune fille qui avait été lépreuse s'approcha d'eux et leurdemanda de l'emmener."

Ce passage de l'évangile arabe de l'enfance témoigne de ce que certains chrétiens contemporains deMuhammad tenaient Jésus et Marie pour des divinités. A ne pas confondre avec la notion deTheotokos, Mère de dieu qui est un concept différent encore.

f) Jésus fabrique des oiseaux de glaise

(Coran, 5:110) : « Et quand Dieu dira : "Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi etsur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme en tonâge mûr. Je t'enseignais le Livre, la Sagesse , la Thora et l'évangile ! Tu fabriquais de l'argile commeune forme d'oiseau par Ma permission; puis tu soufflais dedans. Alors par Ma permission, elledevenait oiseau. Et tu guérissais par Ma permission, l'aveugle-né et le lépreux. Et par Mapermission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d'Israël pendant que tuleur apportais les preuves. Mais ceux d'entre eux qui ne croyaient pas dirent : «Ceci n'est que de lamagie évidente". »

" L'enfant Jésus étant âgé de cinq ans, jouait sur le bord d'une rivière, et il recueillit dans de petitesfosses les eaux qui coulaient, et aussitôt elles devinrent pures et elles obéissaient à sa voix. Ayantfait de la boue, il s'en servit pour façonner douze oiseaux, et c'était un jour de sabbat. Et beaucoupd'autres enfants étaient là et jouaient avec lui. Un certain juif ayant vu ce que faisait Jésus, et qu'iljouait le jour du sabbat, alla aussitôt, et dit à son père Joseph : « Voici que ton fils est au bord de larivière, et il a façonné douze oiseaux avec de la boue, et il a profané le sabbat. » Et Joseph vint à cetendroit, et ayant vu ce que Jésus avait fait, il s'écria : « Pourquoi as-tu fait, le jour du sabbat, ce qu'ilest défendu de faire? » Jésus frappa des mains et dit aux oiseaux : « Allez. » Et ils s'envolèrent enpoussant des cris. Les Juifs furent saisis d'admiration à la vue de ce miracle, et ils allèrent raconterce qu'ils avaient vu faire à Jésus. " (Evangile de l'enfance selon Thomas, chapitre II)

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La fabrication de statuettes animées n'est pas étranger au Judaïsme antique. "Être, le plus souvent deforme humaine, le golem est créé par un acte de magie grâce à la connaissance des dénominationssacrées. Dans le judaïsme, l'apparition du terme golem remonte au Livre des Psaumes et àl'interprétation qu'en donne le Talmud ; il s'agit, dans ce contexte, tantôt d'un être inachevé oudépourvu de forme définie, tantôt de l'état de la matière brute. Ainsi le Talmud appelle-t-il parfoisAdam « golem » quand il veut faire allusion aux douze premières heures de sa vie : il s'agit làd'évoquer son corps encore dénué d'âme. Mais c'est surtout le Sefer Yesirah (le Livre de la Création)et l'exégèse ésotérique qui en fut faite qui développèrent l'idée du golem en relation avec lescroyances concernant le pouvoir créatif du discours et des lettres de l'alphabet hébreu..."(Encyclopædia Universalis 2005) Le Talmud aussi parle de la fabrication de golem par des rabbins versés dans les écritures. Le Coraninsiste dans ce passage sur la science de Jésus... Le Sefer Yetsira (Livre de la formation) mentione lapossibilité de fabriquer des golem. Ce livre est dans la tradition juive attribué au PatriarcheAbraham.

La datation des manuscrits montre que malgré les retouches, l'évangile de l'enfance selon Thomasest antérieur à l'évangile de Jean. Datation des évangiles apocryphes de l'enfance : vers 130 - 140 :Les deux premières parties au moins jusqu'au chapitre 22 (la fabrication des oiseaux est dans ladeuxième partie) de l'"Évangile de l'enfance" / "Protévangile de Jacques" / "Jacques l'Hébreu"semblent déja connues. Ce texte raconte l'enfance de Jésus mais il ignore tout des coutumes juives.Ce livre a du &ˆtre remanié tardivement car il utilise le titre de "Mère de Dieu" (theotokos) pourMarie ... hors ce titre ne date que du concile d’Ephèse en 431. L'Évangile de Jean dateraitaparemment d'un peu avant 152, et serait finalisé vers la fin du IIeS.

g) Evangiles et canonicité du temps de la finalisation de l'évangile selon Jean

(Jean, 20:30-31) : "Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d'autres signes, qui nesont pas écrits dans ce livre. 20.31 Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésusest le Christ."

La mention de la fabrication des golem figure dans l'évangile de l'enfance de Thomas, datéantérieurement à l'évangile de Jean, qui connait l'existence de nombreux récits de signes nonconsignés dans le manuscrit. Les récits coraniques rejoignant des textes apocryphes sontchronologiquement fondés avant les manuscrits des écrits canoniques les plus tardifs, etcontemporains des plus anciens manuscrits disponibles. La question de leur canonicité faisantencore débat entre différentes obédiences du temps de Muhammad, Muhammad voudra établir sonpropre canon.

h) La vénération d'Osée comme fils de dieu

(Coran, 9:30) : « Les Juifs disent : "Uzayr est fils d'Allah" et les Chrétiens disent : "Le Christ est filsd'Allah". Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avanteux. Qu'Allah les anéantisse! Comment s'écartent-ils (de la vérité) ? »

Pour le mysticisme juif, Idriss, Hénoch, Moïse, ..., sont des réincarnations d'Hénoch envoyé surTerre. Quand Hénoch meurt, il devient le maitre des Archanges, Metatron, un fils de dieu. C'est celaqui est condamné par ce verset du Coran. Les mystiques lui donnent des pouvoirs immenses. Cepassage du Coran concerne donc la vénération d'Ezra comme fils de dieu parmis des juifs d'Arabie,en tant que réoncarnation d'Hénoch et son prototype.

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i) Le voyage étrange de Moïse, un midrach propre des israélites de Yathrib

(Coran, 18:60-65) : « (Rappelle-toi) quand Moïse dit à son valet : 'Je n'arrêterai pas avant d'avoiratteint le confluent des deux mers, dussé-je marcher de longues années'. Puis, lorsque tous deuxeurent atteint le confluent, ils oublièrent leur poisson qui prit alors librement son chemin dans lamer. Puis, lorsque tous deux eurent dépassé [cet endroit,] il dit son valet : 'Apporte-nous notredéjeuner : nous avons rencontré de la fatigue dans notre présent voyage'. [Le valet lui] dit : 'Quandnous avons pris refuge près du rocher, vois-tu, j'ai oublié le poisson - le Diable seul m'a fait oublierde (te) le rappeler - et il a curieusement pris son chemin dans la mer'. [Moïse] dit : 'Voilà ce quenous cherchions'. Puis, ils retournèrent sur leurs pas, suivant leurs traces. Ils trouvèrent l'un de Nosserviteurs à qui Nous avions donné une grâce, de Notre part, et à qui Nous avions enseigné unescience émanant de Nous. » Lidzbarski et Dyroff ont suggéré un lien entre le récit coranique et le roman d'Alexandre en 1892.La liaison a ensuite été développée par Vollers, Hartmann et Friedlander qui ont soutenu que lepassage 18:60-65 du Coran dépend des histoires tirées du roman d'Alexandre. La théorie la plusinfluente sur la nature de ce passage du Coran est probablement celle d'Arent Wensinck "Al-Khadir" dans l'Encyclopaedia Of Islam. Cet article a été imprimé dans les première (1927, VolumeII) et deuxième (1978) éditions de l'Encyclopaedia Of Islam, sans aucune modification.Or, plus récemment, sur la base des études approfondies sur l'influence du Pseudo-Callisthènesyriaque sur le Coran (18:60-102), et des différentes recensions rédigées à des dates différentes durécit d'Alexandre, après une analyse critique et paléographique rigoureuse, la conclusion deWheeler a changé les conclusions paléographiques, qui peut être résumée sous la forme suivante[24]: l'histoire du Coran (18:60-65), bien plus tard identifiée comme étant l'épisode du poissond'après les histoires d'Alexandre, ne ressemble pas aux premières histoire antérieur au Coran et estindépendante des histoires d'Alexandre. Les récits postérieurs au Coran se rapprochent du récitcoranique, tandis que les hadiths les plus tardifs tendent vers le récit du roman d'Alexandre et lesermon de Jacob de Sérugh daté vers le VIeS. L'étude paléographique montre donc que le récit duCoran est indépendant du récit originel du roman d'Alexandre. Ainsi, l'histoire du Coran (18:60-65), bien plus tard identifiée comme étant l'épisode du poissond'après les histoires d'Alexandre, ne ressemble pas aux premières histoire et est indépendante deshistoires d'Alexandre. [23] On a également rapproché ce passage du Coran avec le récit talmudique de Joshua ben Levi avecEli qui est perçu comme une source d'inspiration du Coran. Or ce récit n'est pas rapporté par Joshuaben Levi qui est antérieur à Muhammad, mais bien postérieurement à Muhammad au IXeS dansPesikta 36a. En l'occurence, c'est le récit talmudique qui est postérieur au Coran. L'influence s'estoprérée en sens inverse.

Ce récit coranique se fonde donc bien sur un midrach endémique des Cohanim de Yathrib, et estindépendant du récit du roman d'Alexandre, et antérieur au récit sur Joshua ben Levi.

2.5 Le statut de protégé (dhimmah) et la capitation (jizyah) :

Le Coran accordait un statut de protégés aux minorités religieuses non musulmanes du territoire, encontrepartie d'une capitation par tête d'habitant. Le statut de ces dhimmis ainsi que la valeur de lajizyah (la capitation) variaient selon la géographie et les époques. On présente souvent un documentattribué à Umar II comme déterminant le statut plutôt restrictif et contraignant les protégés.

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Le document original n'existe plus, les protégés y sont décrits comme autorisés à exercer leurscultes, à condition de payer la capitation. Mais sont interdits le prosélytisme, la propagandereligieuse. Et une ceinture doit être portée en signe distinctif, pour marquer leur origine religieuse.De même, il leur est interdit de se déplacer sur une monture, et ils doivent céder le passage à unmusulman.

Ce document qui consiste en des décrets ponctuels d'Umar ibn Abd al-Aziz, ne réflète pas lapratique du vivant de Muhammad et ne sera pas la règle au fil des siècles. Il réflète manifestementune réaction au statut des musulmans opprimés sur les territoires chrétiens. Il faut aussi soulignerque la consommation d'alcool, de viande de porc et le port d'icones religieuses ne sera jamaisinterdite en dehors du Hijaz ou de la péninsule arabique, pour les communautés non musulmanes.De même, des tribunaux propres aux communautés de dhimmis gèreront les relations sociales etéconomiques intra-communautaires, tels mariage, divorce ou héritage. Ainsi, les mariages frère-soeur, ou père-fille mazdéens seront tolérés malgré les tabous islamiques. Et sous la dominationAbbaside, sous les Seljukides, les Ottomans et autres empires islamiques, les minorités religieusesbénéficieront de beaucoup plus de libertés. Participant même aux activités intellectuelles etpolitiques, et accédant tantôt même à des posts prestigieux. En outre les protégés étaient exempts deservice millitaire, même en cas d'invasion.

La maison de la sagesse fondée au IXeS sous les abbasides grouillait de savants, musulmans, mais égalementchrétiens, Juifs, chinois ou indiens...

Souvent, on insiste sur la contrainte à payer la jizyah, or si les protégés payaient la capitation, ilsétaient exempts de payer la zakat, impôt exigé des musulmans. Par ailleurs, la jizyah n'était pastoujours aussi pesante que cela. Un décret d'Umar II commande qu'on ne surcharge pas les protégéspar ce qu'ils seraient incapables de porter. En effet, la valeur de la jizyah n'est pas fixée parMuhammad. Ainsi, elle était parfois plus lourde que la zakat, et parfois moins. Les éleveurs,agriculteurs payaient ainsi sans doute souvent moins que des éleveurs ou agriculteurs musulmans,payant une zakat de 10%. Les artisants ayant de faibles revenus peinant parfois à les détenir. Mais lecaractère proportionnel aux revenus de la zakat était un avantage économique des musulmans. Quoiqu'en période de crise, kharaj et taxes s'ajoutaient à la zakat.

2.6 Muhammad chef de guerre, le mythe puissant d'un conquérent.

Souvent, on présente Muhammad comme un Prophète conquérent, ayant soumis les peuples par lapuissance des armes. Or, une analyse rigoureuse des informations disponibles dépeignent plutôt unchef de tribu très influent, organisant plutôt des razzias contre des caravanes commerçantes, ayanttransposé le système tribal vers la mise en place d'une méga-tribu devant se soutenir contre les

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adverssaires, comme en témoignent les pactes de Yathrib, d'Aqabah et les autres. La culturebédouine conduisait les tribus puissantes à éradiquer les plus petites de la carte, et à éviter leversement de sang lors des razzias pour éviter les vendettas sanglantes. Muhammad ne fera pasexception [25], et évitera au maximum le versement de sang lors de razzias. Il y aurait eu tout demême entre 216 et 250 morts parmi les adverssaires de Muhammad et entre 138 et 150 dans sesrangs. Ce qui était déjà exceptionnel et choquant pour l'époque en Arabie d'après MaximeRodinsson. [26] Ainsi, on dénombre d'après les plus anciens récits historiques comme ibn Ishaq, ibnSa'd ou Tabari que parmis environs une vingtaine d'expéditions, une dizaine seulement ont conduit àune confrontation armée, à savoir : Badr, Uhud, les Coalisés, banu Quraydhah, banu Mustaliq,Khaybar, Mu'ta, la Mecque, Hunayn, Ta'if et Tabuk. De même, les chroniqueurs citent pourstrictement chacune des expéditions de Muhammad des causes diplomatiques découlant d'unehostilité des ennemis combattus. Ceci ne peut pas témoigner d'une volonté de blanchir le Prophète,parcequ'à l'époque de la rédaction de ces biographies, les différentes mouvances islamiques neconsidéraient pas que la bataille avec les infidèles était un devoir politique perpétuel. Cette notionapparaît pour la première fois avec al-Chafi'î. Or jusqu'à Chafi'î, les seules batailles sont des conflitsdiplomatiques, sans ambition de conquête. Une comparaison des cartes géopolitiques historiques témoigne que Muhammad et ses successeursdirects n'ont pas entrepris de conquête. Les territoires soummis sont soit des tribus alliés deQoraïche ou témoignant de l'hostilité envers Yathrib, soit des territoires perses ou byzantins.

La superposition des cartes révèle que ni Muhammad, ni abu Baqr, ni Umar et ni Uthman, ni Ali,n'ont pas entrepris de conquêtes. La plupart des tribus Arabes s'est islamisée après la prise de laMecque, et à part des raids et razzias de caravanes, Muhammad a entrepris concrètement en tout 11batailles rangées. C'est lors des omeyyades, à partir de 661 que les limites des empires Perse etByzantin sont forcées. Avant 661, les seuls batailles livrées sont celles initiées lors des différentsdiplomatiques chez les Perses et les Byzantins. Autre point étonnant, l'Abyssinie ne sera jamaiscombattue malgré sa proximité au territoire islamique.

Territoire de l'empire byzantin du temps de Muhammad.

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Territoire islamique à partir de Muhammad.

Territoire perse à l'époque de Muhammad.

Quant aux confrontations avec respectivement les byzantins et les perses, dans le Nord et auYémen, elles découlaient comme pour chacune des expéditions de Muhammad de réponses à des

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agressions et hostilités envers Yathrib. La bataille de mu'ta a ainsi été le premier affrontement avecles byzantins lorsque Byzance fit massacrer et emprisonner les Arabes islamisés après échange decourriers avec le Prophète. Et la première confrontation avec les perses après le massacre del'expédition de 70 émissaires au Yémen pour leur enseigner la nouvelle religion sur une demandedes fidèles fraichement islamisés. Et la persécution des abnas islamisés dans le Nord de lapéninsule, dans les territoires dominés également par les perses. Le mythe d'un Muhammadconquérant soummettant par une puissance armée les peuples est donc corriace, mais ne résiste pasà une analyse historico-critique. Car il n'existe pas un seul exemple d'expédition millitaire deMuhammad de sa propre initiative, sans que celle-ci soit une réponse à une agressivité. Sans doute,les chroniqueurs musulmans sont pour quelque chose dans ce mythe d'un Prophète conquérent.

2.7 Les réformes de Muhammad

Muhammad fit de nombreuses réformes sociales. Vu depuis notre époque, certaines pratiquesislamiques peuvent faire penser que Muhammad aurait limité les droits des femmes, favorisé lesmâles ou été l'instigateur de l'esclavagisme en islam. La réalité historique et socio-anthropologiquemontre précisément le contraire. L'islam ne conçoit pas de notion d'égalité des sexes, mais envisageplus de justice sociale et une répartition de tâches. Mais le statut des femmes sera fortementaméliorée par le biais de Muhammad.

2.7.1 Les réformes touchant le statut des femmes.

a. Les femmes acquièrent une part d'héritage.

Comme un peu partout dans le monde, les femmes n'avaient droit à aucune forme d'héritage, hormisdes ustensiles féminins de leurs mères dans certaines tribus. Nous ne disposons malheureusementpas d'informations détaillées sur la situation antérieure par tribus, mais le Prophète accordera lamoitié de la part d'un mâle à une fille. De même l'épouse et autres membres féminins de la familleauront désormais une part d'héritage.

b. La limitation de la polygynie à quatre femmes libres.

Le Coran limite de même la polygynie à quatre épouses. Aucune limite n'était imposée avantMuhammad. Certains fidèles aisés ayant pour certains plus de dix épouses devront ainsi se séparerde plusieurs femmes en sorte de n'en garder que quatre. Désormais, il sera interdit d'épouser plus dequatre femmes en même temps. Le Prophète ne semble pas avoir interdit la polyandrie, mais celasera considéré comme interdit, avec pour argumentation que cela ne s'est pas pratiqués chez lesprédécesseurs. Et avec un argument désormais révolu : il serait impossible de déterminer le pèrebiologique de façon certaine.

c. Le droit de choisir son mari.

« La veuve n’a pas besoin d’une autorisation parentale pour se marier, la célibataire doit êtred’accord. Son silence est considéré comme une acceptation. »

Muhammad accordera aux veuves d'épouser qui elles veulent, et aux vierges de reffuser uncandidat, ou d'en choisir un en accord avec le père ou le parent mâle le plus âgé de celles-ci.

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d. La limitation de la répudiation à trois formules.

Avant Muhammad, un époux pouvait répudier et reprendre une femme indéfiniment en sorte de luicauser du tord. Muhammad limitera cela à trois formulations obligatoires sur trois mois, avecséparation définitive après trois menstrues sans cohabitation.

e. La facilitation et l'écourtement du veuvage.

De même, Muhammad condamnera le veuvage païen, et interdira le lancer de mante sur une veuvepar un mâle qui la rendait son épouse.

f. Le divorce féminin, khull.

(Coran, 4:128) : « Et si une femme craint de son mari abandon ou indifférence, alors ce n'est pas unpéché pour les deux s'ils se réconcilient par un compromis quelconque, et la réconciliation estmeilleure, puisque les âmes sont portées à la ladrerie. Mais si vous agissez en bien et vous êtespieux... Allah est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. »

(Coran, 2:128) : « Si vous craignez de ne pas observer les lois de Dieu, une faute ne sera imputée àl'un ou à l'autre, si l'épouse offre une compensation. »

Muhammad instaurat de même un divorce unilatéral féminin. La femme qui rend la dot en disantdevant un juge qu'elle ne peut plus assurer la fonction d'épouse est divorcée immédiatement. [27]

g. La séparation d'une femme battue.

De même, Muhammad fit divorcer immédiatement deux femmes par khall du fait que leurs épouxles avaient battues.

h. L'interdiction d'enterrer les jeunes filles.

Plusieurs tribus enterraient leurs filles vivantes par honte. Le Coran condamna sévèrement cettepratique.

i. Les femmes réglées ne sont plus considérées impures.

En effet, les Arabes évitaient même de passer par la même porte qu'une femme réglée, le Prophèteréformera cette coutume et allant sous leurs couches et en ayant même des relations érotiques avecelles en état de menstrures.

2.7.2 Les règles de la guerre.

a. L'interdiction de tuer des personnes désarmées.

« Épargner les enfants, les fous, les femmes, les prêtres, les vieillards et les infirmes, sauf s'il ontpris part au combat »

Le Prophète interdit formellement de tuer les moines, dames, enfants, vieilles personnes etpersonnes désarmées. [28]

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b. L'interdiction de démolir des églises, synagogues ou sanctuaires.

(Coran, 22:40) : « Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraientdémolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d'Allah est beaucoupinvoqué. Allah soutient, certes, ceux qui le soutiennent. Allah est assurément fort et puissant. »

c. L'interdiction de brûler ou arracher des arbres, ou de tuer le bétail.

Cela sera néanmoins permis en cas d'assiègement, pour forcer l'adversaire à plier.

d. L'interdiction de violer ou piller.

En effet, le Prophète condamnera très dûrement ces exactions. Il faudra attendre le décret du Emir,si celui-ci soummet les adversaires en esclavage, alors il y aura seulement partage du butin et desesclaves.

e. L'interdiction de mutiler les cadavres et l'obligation de les enterrer.

Cela fut respecté, malgré que l'oncle de Muhammad, Hamza a été mutilé parmis de nombreuxfidèles. Témoignant que pour le Prophète, le talion ne permet pas de violer ces règles de la guerre.

3.6.3 Le statut des esclaves.

a. Celui qui bat un esclave doit l'affranchir.

Le Prophète aurait commandé à plusieurs fidèles d'affranchir un esclave qu'ils ont battus.

b. L'interdiction de castrer un esclave.

Muhammad réservait le droit du talion sur le maître le cas échéant. Les eunuques des harems serontainsi faits castrers par des marchands juifs et des prêtres coptes "avant achat".

c. L'affranchissement d'un esclave pour absoudre certaines péchés.

Le Coran commandera d'affranchir des esclaves pour plusieurs péchés et manquements. «L'esclavage est naturellement maintenu. Il est recommandé de traiter bien les esclaves et defavoriser les affranchissements », d'après Maxime Rodinson. [29]

d. La captive qui met bas un enfant à son maître devient une umm walad et est automatiquementaffranchie.

En effet, selon cette pratique, les eslaves féminins étaient très vite affranchies et se fondaient dans lapopulation libre.

e. Le droit de travailler pour se racheter.

Les escaves katabas pouvaient travailler et se racheter en accord avec leurs maîtres.

f. La zakat servait à libérer systématiquement les esclaves.

En effet, le Coran réservait une part de la zakat pour systématiquement libérer les esclaves.

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2.8 L'hypothèse des origines Lévites de Muhammad, l'approche génétique.

Comme souligné plus haut, les ancêtres qoraïchites de Muhammad étaient des semi-nomadesvoyageant saisonnièrement entre la Syrie et le Yémen s'étant installé dans la vallée mecquoisequelques siècles plus tôt. Les Qoraïchites étant traditionnellement considérés comme desdescendants d'Ismaël. Montogommery Watt décrit de même la situation ethnographique à Yathribdont la mère du Prophète, Amina, est issue. « La distinction entre les Arabes de cette strateantérieure et les Juifs est confuse. Les Arabes étaient moins puissants que les Juifs —numériquement treize bastions arabes (atam) contre cinquante-neuf bastions Juifs — etentretenaient avec eux dans les relations de jiwar ou de hilf, c'est-à-dire qu'ils étaient leurs protégés,soit en tant que « voisins » soit comme confédérés. Ils contractaient probablement des mariagescroisés, et l'on suppose que le mariage était uxorilocal. Il se peut qu'ils aient adopté la religion juive.Comme on peut s'y attendre, alors, certains clans d'Arabes sont parfois identifiés comme clansjuifs ; ainsi, la liste de As-Samhudi des clans juifs inclut les B. Marthad, les B. Mu'awiyah, les B.Jadhma', les B. Naghisah, les B. Za'ura, et les B. Tha'labah, bien que le premier de ceux-ci soit enfait une partie de la tribu arabe de Balî, le deuxième une partie de Sulaym, le troisième et lequatrième des Arabes du Yémen, et les deux derniers des Arabes de Ghassan. On a coutume de direque les tribus ou les clans juifs authentiques sont au nombre de trois, les Qurayzah, les an-Nadîr etles Qaynuqa. Cependant, ceci est une simplification. As-Samhudi donne une liste d'environdouzaine de clans en plus de ceux déjà mentionnées comme étant clairement d'extraction arabe. Leplus important était les Banu Hadl, étroitement associés aux Banu Qurayzah... Il n'existait aucunclan ne comptant pas dans ses rangs de Juif. » [9]

Selon la théorie de la coalescence, après près de mille ans de mariages exogames iraélite-arabe de Yathrib,

Muhammad devait avoir des origines Lévites par sa mère originaire de Yathrib.

L'histoire rapporte que les israélites de Yathrib étaient des Lévites, cohanites ayant fuis la TerreSainte lors de l'exportation forcée à Babylone, du temps de Nabuchodonosor II. [10] Les tribusarabes de Yathrib s'étant également installés dans la région environs vers la même époque, lesmariages entre Arabes et Lévites pendant près d'un millénaire avait lié génétiquement les tribusArabes et islarélites de façon forte. La maman de Muhammad étant originaire de Yathrib, selon lathéorie de la coalescence, Muhammad avait de toute évidence des origines Lévites par sa mère.

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3.1 Le Coran, et les versets liés à la guerre. Le Coran contient une trentaine de passages qui font allusion à ces batailles dont une dizaine ontconduit à une véritable bataille rangée. Voici les références exhaustives aux quelques 270 versets duCoran qui parlent directement ou indirectement de guerre ou de bataille dans 25 des 114 chapitresdu Coran :

(2/84,177, 190-195, 207,214, 216-218,239,244-246;250, 262, 279)(3/13,111, 121-127, 139-147, 152-160, 165-168, 173-175, 195, 200)(4/66-68,71-78, 84, 90-91, 94-95, 101-104, 141)(5/2-3;24, 35, 54, 64)(8/1,4-19, 30, 39-40, 42-52, 57-58, 60-61, 65, 67-69, 71-72, 74)(9/5-6,12-16, 20-22, 24-27, 29, 36-53, 56-57, 62, 65-66, 73, 81-92, 94-96, 102-107, 111, 117-118,120-123) 94-96,102-107, 111, 117-118, 120-123)(15/94)(16/81,112-113, 125)(21/80)(22/39-40,60, 78)(24/53,61)(25/52)(27/33)(28/35)(29/6,10-11, 46, 69)(33/9-27)(42/16)(47/4,7, 20-21, 31, 35)(48/4,7, 11-12, 15-17, 22, 29)(49/9,12, 15)(57/7-11)(59/1-7,11-12, 14)(60/8-10)(61/4,10-14)(66/9)

La lecture profane du Coran peut conduire à se poser la question de savoir pourquoi le Coran parleautant de guerre, mais en se penchant sur la question de plus près, nous pouvons souligner qu'il y aune trentaine de passages du Coran et environs 270 versets qui font allusion directement ouindirectement à la guerre, parmis environs 6.250 versets, à travers 600 pages (≈4,32%). Or, sachantque Muhammad a livré des batailles en réponse à d'incessantes agressions diplomatiques expliqueces versets de façon historique. Comme souligné plus haut, selon les sources disponibles il n'existepas une seule bataille que les biographes attribuent à un désir de conquête qui n'eut pas étéprovoquée diplomatiquement par le camp adverse de Muhammad. Par conséquent, l'imagesanguinaire et guerrier de Muhammad ne reflète pas la réalité historique. Cela dura ainsi jusqu'àl'époque des Ommeyades à partir de 661. Il est remarquable que l'Abyssinie qui est le territoire leplus proche du territoire naissant de l'islam après la Perse et l'empire Byzantin n'a jamais étéattaqué, sans doute parceque leurs relations sont demeurées bonnes au fil de l'histoire. Le Coranjouait un moteur d'incitateur pour exciter les fidèles lors des confrontations. Ainsi, si une lectureponctuelle de certains passages du Coran semble inciter à la haine, une lecture indifférente etrespectant les critères de démarcation scientifique témoignent que ce sont des passages excitant lesfidèles lors de la confrontation, sur les champs de bataille.

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3.2 Le Coran, instrument d'excitation des troupes sur les champs de batailles. 1. (Sourate 8, verset 39) : « Et combattez-les jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus d'association, et que lareligion soit entièrement à Allah. Puis, s'ils cessent (ils seront pardonnés car) Allah observe bien cequ'ils œuvrent. »

Révélé contre Quraïche et la Mecque « suite à leurs maltraitances envers les convertis musulmansqui ont dû s'exiler jusqu'en Abyssinie », d'après Tabari (839-923), selon Urwah ibn Zubayr (en) (m.713). [30] Comme en témoignent, en effet, les versets précédents et suivants d'après Kazimirski parexemple, de même pour la citation infra (Sourate 8, versets 59-60). Les musulmans les plus faiblesdemeuraient à la Mecque dans des conditions très difficiles car ils refusaient de revenir auxcroyances de leurs ancêtres, et n'avaient pas les moyens d'émigrer. [31] Ce passage visait à exciterles fidèles lors de la confrontation avec Qoraïche.

2. (Sourate 8 versets 59 et 60) : « Que les mécréants ne pensent pas qu'ils Nous ont échappé. Non,ils ne pourront jamais Nous empêcher (de les rattraper à n'importe quel moment). » ; « Et préparez[pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afind'effrayer l'ennemi d'Allah et le vôtre, et d'autres encore que vous ne connaissez pas en dehors deceux-ci mais qu'Allah connaît. Et tout ce que vous dépensez dans le sentier d'Allah vous seraremboursé pleinement et vous ne serez point lésés. »L'historien médiéval Tabari rapporte que le fait de se surarmer avait pour but de dissuader l'ennemide s'attaquer aux musulmans. Les ennemis qui sont évoqués au verset 59 sont toujours les habitantsde la Mecque qui ont poussé les musulmans à fuir en Abyssinie et vers Yathrib. [32] À considéreravec les versets précédents, voir remarque plus haut, même sourate, même contexte.

3. (Sourate 47, verset 4) : « Lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru frappez-en lescous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c'est soit la libérationgratuite, soit la rançon, jusqu'à ce que la guerre dépose ses fardeaux. Il en est ainsi, car si Allahvoulait, Il se vengerait Lui-même contre eux, mais c'est pour vous éprouver les uns par les autres. Etceux qui seront tués dans le chemin d'Allah, Il ne rendra jamais vaines leurs actions. »Tabari rapporte d'après Qatada ibn al-Nu'man (en) (m. 742 ou 749) que ce verset aura été révélé àMuhammad lors de la Bataille de Uhud dans le campement musulman, « pour que les musulmansne faiblissent pas et arrêtent de se faire massacrer », il vise donc les adversaires présents à Uhud aumoment de la bataille. [31] Comme signalé par Mohammed Arkoun en note de bas de page de latraduction du Coran de Albert Kazimirski de Biberstein pour ce verset. [33]

Il convient donc de traiter le Coran comme un livre composé au fil des péripéties, à mesure desévénements de la vie du Prophète. Il est impossible de le comprendre hors du cadre des événementscontextuels. Ainsi, ces versets enlevés de leur contexte peuvent faire penser à une incitation à laconquête, alors que cela n'a jamais tarversé l'esprit de Muhammad, qui n'a entrepris aucune bataillepar pur esprit de conquête, sans que celle-ci ne soit induite par des différents diplomatiques. Lepremier juriste à avoir légiféré un jihad expansionniste obligatoire est al-Châfi'î. Deux hadiths sontmentionnés pour tenter de fonder cette doctrine par des paroles du Prophète.

« L'islam est à l'ombre des sabres. » & « J'ai été commandé de combattre les polythéistes jusqu'à cequ'ils témoigneront qu'il n'y a de dieu qu'Allah. » En réalité, ces deux paroles attribuées àMuhammad concernent bien la défense de l'islam conttre les agresseurs, et non leur conversionforcée, puisque le Coran est formel : « Pas de conversion à l'islam par la contrainte ». : (Coran,2:256) Il est donc question dans l'esprit de Muhammad, dans ces deux hadiths de défrendre l'islam,tant qu'il existera des ennemis de l'islam.

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[1] Alphonse de Lamartine, La vie de Mahomet, volume I, p.53. (1854).

[2] Psaume 84.

[3] "Car Agar, c'est le mont Sinaï en Arabie" (Galates 4:25)[4] Francis Edwards Peters, Hajj : the Muslim pilgrimage to Mecca and the holy places (Réimpression, illustré éd.). Princeton University Press (1994). p. 47. ISBN 0-691-02619-X.

[5] Bukhari, Sahîh al Jâmi', livre 26:653.

[6] abû 'l Walid al-Azqrakî, Akhbâr Makka, 31, 58, 73.[7] Un article de Thomas Maria Weber dans L'Archéo Théma n° 9 (revue), juillet-août 2010, page 51. Archeodenum SAS. (ISSN 1969 - 1815).

[8] Procope de Césarée, Histoires ou Discours sur les Guerres.[9] Montgommery Watt, Muhammad at Macca, 208 pages, Oxford University Press, OUP Pakistan (1953, 2006). (ISBN 0195772784 et 978-0195772784), pp.193-194.[10] Henri Graetz, histoire des Juifs, Traduction par Lazare Wogue, Moïse Bloch. Cinq tomes A. Lévy, 1882. TROISIÈME PÉRIODE — LA DISPERSION Première époque — Le recueillement après la chute Chapitre XII — Les Juifs en Arabie — (jusque vers 650)

[11] B. Sadeghi & U. Bergmann, "The Codex Of A Companion Of The Prophet And The Qur ān Of ʾThe Prophet", Arabica, 2010, Volume 57, pp. 344-347 .[12] Thomas le Presbyte, Chroniques.

[13] Robert G. Hoyland; A Survey and Evaluation of Christian, Jewish and Zoroastrian Writings on Early Islam ; 1997. p.116

[14] Jacobi Nuper Baptizati.

[15] Pratum spirituale, 100-102 [p. 63]

[16] B. Flusin, « L’esplanade du Temple à l’arrivée des Arabes, d’après deux récits byzanitins », dans : Bayt Al-Maqdis : Abd al-Malik’s Jerusalem, J. Raby et J. Johns (éd.), (Oxford Studies in Islamic Art), Oxford, Oxford University Press, 1992, p. 21.

[17] (Chron. Khuzistan, 30-31 [p. 186])

[18] (Chron. Khuzistan, 38-39 [pp. 187-188])

[19] John Damascus a rédigé son " Hairesi peri " en l'an 743 ou plus tôt.

[20] Théophanes.

[21] Maxime Rodinson, Mahomet, Essais, Seuil, 1994, pp. 73-122.

[22] Roger Bertram Serjeant : « The Sunnah Jami'ah, pacts with the Yathrib Jews, and the Tahrim ofYathrib: Analysis and translation of the documents comprised in the so-called "Constitution of Medina." », (1978). L'historien démontre l'authenticité de ce traité par une approche historico-critique.

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[23] B. M. Wheeler, Moses Or Alexander? Early Islamic Exegesis Of Qur'an 18:60-65, Journal Of Near Eastern Studies, 1998, op cit., p. 214.

[24] Maxime Rodinson, Mahomet, Essais, Seuil, 1994, pp. 179 et svt.

[25] Muhammad Hamidullah, Les champs de batailles au temps du Prophète, édité en 1939.

[26] François-Paul Blanc, Le droit musulman, Dalloz, 2e édition, 2007, 128 p., pp. 74-76.

[27] Marie-Thérèse Urvoy, article Guerre et Paix in M.A. Amir-Moezzi, Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 375.

[28] Maxime Rodinson, Mahomet, édition du Seuil, (1994) p.267

[29] Ebu Cafer Muhammed b. Cerir et-Taberi, Taberi Tefsiri, éditions Hisar Yay?nevi: 4/218-219.

[30] Maxime Rodinson, Mahomet, Essais, Seuil, 1994, p. 287-288.

[31] Ebu Cafer Muhammed b. Cerir et-Taberi, Taberi Tefsiri, éditions Hisar Yayinevi: 4/236-237

[32] Ebu Cafer Muhammed b. Cerir et-Taberi, Taberi Tefsiri, éditions Hisar Yayinevi: 7/428-431

[33] Kazimirski, Le Coran ; éditions Garnier Flammarion, 1970, 508 pages. (ISBN : 2-08-070237-8). p. 393.

notes :

[a] Rapporté d'après Aicha : "L'apôtre d'Allah est venu à ma maison, tandis que deux jeunes filles étaient à côté de moi chantant les chansons de Bu'ath (une histoire sur la guerre entre les deux tribusdes Ansars, à savoir Khazraj et Aus, avant l'Islam. Le Prophète étant allongé sur sa couche le visage tourné de l'autre côté. abu Bakr vint et me gronda et lui dit : 'Des instrument de Satan, en présence de l'Apôtre d'Allah ?' L'Apôtre tourna alors le visage vers lui et dit : 'Laissez-les. Chaque peuple a ses fêtes, et celle-ci est la nôtre.' Lorsque abu Bakr se trouva dispersé, j'ai prié les deux filles de s'enaller et elles sont parties. C'était le jour de l'Aïd où les Abyssins ont l'habitude de danser avec des boucliers en cuir et des lances..."

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X. Histoire de L'Emergence des Religions :

A. Introduction :

Dans ce billet, nous allons étudier l'approche dans le Coran de l'histoire des religions et la place descroyances au fil du temps telle qu'elle y est présentée. Le Coran présente la religiosité comme unenature première, innée et conçoit la religion comme un système de rites évoluant dans le temps etdans l'espace.

B. La Croyance une Nature Humaine :

B-1. Nature Première Religieuse :

فاأاقم واجهاكا للدين حانيفا فطراةا اللاه الاتي فاطارا النااسا عالايهاا لاا تابديلا لخالق اللاه(Cor. 30:30)"Maintiens ta face envers la religion des gentils, nature dont dieu a pourvu les hommes. Point d'altération dans l'oeuvre de dieu."

Le Coran présente dans ce verset l'homme comme un être naturellement enclin aux croyances,intuition apparemment évidente qui semble acquise de façon réfutable : son cerveau fonctionne enassociant spontanément idées et événements, le poussant en effet à systématiquement élaborer dessystèmes de croyances. Fait moins aisément acceptable : paradoxalement, les modèles et théoriesscientifiques-mêmes n'échappent pas à ce mécanisme neuro-cognitif. Or, il est bien impossible pourl'homme de se détacher pleinement de tout système de croyances plus ou moins vérifiable ouréfutable, même avec une application rigoureuse de sa part. Et ce de par la structure et lefonctionnement de son cerveau. Le cerveau étant constitué d'une centaine de milliards de neuronesdevant se coordoner pour aboutir à l'émergence d'une illusion d'être une entité homogène. Un telprocessus nécessitant une perpétuelle interprétation des signaux émanant de chacun des milliards deneurones pour y adapter un sens intelligible ; processus qui s'étendra selon le même principe à laperception du monde extérieur, le condamnant ainsi à perpétuellement interpréter tout se qui seprésente à ses sens.

B-2.Souris en Cage : Expérience de Pensée.

Faisons une expérience de pensée. Imaginons une souris dans une cage en verre, où une roue estplacée, ainsi qu'un mécanisme qui fait tomber une graine quand la roue est actionnée dans un sensprécis par la souris. La souris faisant tourner la roue et voyant tomber la graine. Pour elle, c'est lefait d'actioner la roue qui produit la graine. Elle ignore le mécanisme conçu à son insu : la seulechose qu'elle sait étant la chute de la graine suite à son action sur la roue. Pareillement, un hommeentièrement sauvage comme celui du paléolithique devrait concevoir un vent qui le pousse oubouscule un arbre comme une entité, et pouvoir le craindre au même titre qu'un tigre par exemple.

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B-3. Energie Vitale, Puissances Naturelles et Esprits :

L'homo sapiens serait apparu il y a environs 150.000 ans. Au paléolithique, il devait considérerspontanément les forces de la nature comme des entités, au même titre qu'un animal, le soleil quifrappe ou le tonnerre, de même sans doute que chez nombre d'hommes plus anciens. Il n'en avaitaucune notion scientifique et devait avoir une conception très spontanée et intuitive du monde. Unetrace très intéressante de telles croyances se révèle manifestement à travers les rituels funéraires :enterrement des défunts avec des armes ou des ustensiles pour manger. Il ressort de cette pratiqueque ceux-ci croyaient que les morts dorment et peuvent se réveiller. Les voir en rêve devait leursembler être si réel qu'ils ne devaient pas douter que l'âme des défunts subsistait dans un autremonde. De même, de l'avis unanime des anthropologues, aux temps de ces premiers hommes, lesobjets usuels du quotidien avaient toujours une fonction pratique, car la notion purement esthétiquene se revèlera que relativement tardivement. Or, un pendentif de vénus daté vers -250.000 ans a étéretrouvé à Berakhat Ram, qui témoigne du transport d'une statuette de femme : sans doute dansl'espoir d'être protégé des forces de la nature et peut-être favoriser l'abondance ou le don de la viedans le clan : un précurseur de la notion de dieu d'avant l'heure.

Pendentif de Vénus, vieux de plus de 150.000 ans qui témoigne de la plus ancienne trace de la vénération d'une mèreprotectrice primitive.

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C. J'ai Parachévé Pour Vous Votre Religion En ce Jour :

الياوما أاكمالت لاكم ديناكم واأاتمامت عالايكم نعماتي واراضيت لاكم السلاما دينا(Cor. 5:3)

"Aujourd'hui j'ai parachevé pour vous votre religion, et achevé pour vous ma grâce : j'ai agréé pourvous l'islam comme religion."

C-1. L'Elaboration de la Notion de Dieu :

Parler de monothéisme pour le paléolithique n'a pas de sens, car même le mot dieu n'existe en toutbon sens pas encore. Le vocabulaire sans doute très pauvre (pensons au nombre de mots chez destribus archaïques actuelles) et l'absence d'écriture ne permet pas encore l'élaboration d'unethéosophie sophistiquée. La vénération de la Vénus de Berekhat Ram est donc la plus anciennetrace d'un culte très simpliste d'une mère protectrice de la fertilité du clan. Mais sans doute, lesforces de la nature sont considérées comme des entités au même titre que les animaux, le soleil, leséclairs... Il apparait que la vénus de Berekhat Ram devait protéger le clan des forces de la naturehostiles.

Un chaman faisant un oracle, et une pipe sacrée qui servait à envoyer un culte universel des êtres rampant sur terre, des êtres ailés du ciel et des humains à Wakan Tanka, au douxième ciel. Une autreforme de monothéisme précolombienne des indiens Sioux.

C-2. Premières Traces de Religiosité :

L'animisme et le chamanisme sont des formes sans doute des plus archaïques de la religiositéhumaine. Les rochers ont un esprit, les montagnes aussi, la notion de dieu n'est pas toujoursprésente ou demeure souvent vague dans les religions naturelles actuelles à travers le monde.

C-3. Notion de Polythéisme et Naissance du Monothéisme :

قل سيروا في الأارض فاانظروا كايفا كاانا عااقباة الاذينا من قابل كاانا أاكثارهم مشركينا(Cor. 30:42)"Dis : parcourez la Terre, et voyez quel a été la fin de ceux qui vous ont précédé : la plupart était polythéiste."

Le polythéisme apparait relativement tardivement dans l'histoire avec des rites et des cultes enversdes entités de plus en plus marqués, tandis que leur démographie grimpe lentement. Les vénus quidevaient représenter la déesse mère faisant office d'un moyen de transmission des cultes d'unegénération à l'autre ont progressivement évolué vers l'adoration des statues-mêmes devenant non

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plus des objets incantatoires mais l'objet du culte voué, alors qu'avec la vénus de Berakhat Ram ilsemblerait qu'il s'agissait d'un genre d'instrument de magie devant protéger le clan. Ainsi lentement,des statues d'idoles apparaissent, témoigant d'une forme archaïque de polythéisme, avec dèsl'aparition de la sédentarisation de monuments religieux de plus en plus prodigieux.

Les traces de polythéisme évolueront progressivement à leur tour vers ce que nous nommons dumonothéisme, les idoles seront abandonées et les divinités considérées comme dans l'hindouïsmecomme autant de manifestations d'une même essence divine en lutte en elle-même pour établirl'équilibre cosmique et éthique. Il existera malgré du polythéisme la notion d'un ou d'une démirugedans toutes les civilisations. A mesure de l'évolution du langage, et de la capacité d'abstraction etavec l'invention de l'écriture, le monothéisme dans le sens moderne apparaitra finalementparallèlement à la structuration de l'univers mental des hommes. En Egypte Antique, chaquedivinité adorée représentera une seule et même divinité, et l'hénothéisme sera une forme archaïquede monothéisme avant l'heure.

Avec l'apparition de l'écriture, les religions se sophistiquent. Ci dessus, une planche du Livre des Morts d'Ani, et la Torah en rouleau...

C-4. Abraham et Le Dieu Créateur Ea Résidant à Ur :

فاجاعالاهم جذااذا إلاا كابيرا لاهم لاعالاهم إلايه يارجعونا(Cor. 21:58)"Il les mit en pièces, hormis [la statue] la plus grande. Peut-être qu'ils reviendraient vers elle."(Cor. 6:76-79) : "Quand la nuit l'enveloppa, il observa un astre (Vénus), et dit : "Voilà mon Seigneur!" Puis, lorsqu'elle disparut, il dit : "Je n'aime pas les choses qui disparaissent". Lorsqu'ensuite ilobserva la lune se levant, il dit : "Voilà mon Seigneur !" Puis, lorsqu'elle disparut, il dit : "Si monSeigneur ne me guide pas, je serai certes du nombre des gens égarés". Lorsqu'ensuite il observa lesoleil levant, il dit : "Voilà mon Seigneur ! Celui-ci est plus grand" Puis lorsque le soleil disparut, ildit : "Ô mon peuple, je désavoue tout ce que vous associez à Dieu. Je tourne mon visageexclusivement vers Celui qui a créé les cieux et la terre; et je ne suis point de ceux qui Lui donnentdes associés."

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Abraham a selon ce verset rejeté les dieux secondaires en faveur du dieu créateur résidant à Ur, exacerbant l'hénothéisme régnant chez eux.

Le Coran décrit le personnage d'Abraham comme rejetant les dieux du Soleil, de la Lune et deVénus. Dans ce récit, nous trouvons Abraham faisant semblant d'adorer Vénus, la Lune et le Soleil(Nanna, Utu et Inana) et finalement revenir au dieu créateur (Anu/Ea/Enki). Cela constitue unindice consolidant l'historicité du patriarche. De même, la présentation du panthéon commehiérarchisé avec un dieu suprême créateur (Ea) est historiquement fondé pour la région à l'époquesuggéré dans les écritures saintes.

Il semble que la démolition des idoles à l'exception de la plus grande constitue un artéfact de laferveur d'Abraham envers le dieu créateur résidant à Ur au détriment des divinités secondaires. Or,il est également acquis que la religion sumérienne était hénothéiste. En sorte que le culte était dédiéau dieu local par cité. Ainsi, il apparaît dans ce récit qu'Abraham dérangé par la place des anunakiset des igigis attribuait une place privilégiée à Ea, qui n'est pas sans rappeler phonétiquement le nomde Yah qui semble pouvoir être un artéfact biblique du nom d'origine du dieu d'Abraham, Ea devantprobablement se prononcer Hay(h), soit "vie" ou "exister". Initiant peut-être une nouvelle approchereligieuse, parallèlement à l'évolution sémiologique et sémantico-cognitive de la notion de dieux.Refoulant les anunakis et igigis ancestraux à une fonction de puissances (ma'lak) au service du dieucéleste (El). Constituant semble-t-il un tournant des plus marquants faisant glisser l'hénothéisme,vers une forme de monothéisme, caractéristique depuis l'élaboration de la notion de divinité par leshommes.

C-5. L'Apogée du Monothéisme :

Les prophètes d'Israël seront en quelque sorte des sortes de chamans très influents, faisant desoracles, prophétisant avec une intensité de plus en plus impressionnante dans un concours decirconstances socio-politiques très tourmentés. Ainsi, dans le judaïsme archaïque des débuts, YHVsera considéré comme une divinité propre au peuple élu, qui leur interdira de vénérer les dieuxétrangers. Mais il sera encore longtemps nommé Abba (père) et les hommes enfants, une traced'archaïsme découlant de la difficulté langagière à déterminer l'idée de dieu plus abstraitement.

Le monothéisme évoluera ainsi progressivement, à mesure du perfectionement sémantico-cognitifde l'humanité, vers un concept d'unicité de plus en plus marqué et caractéristique. Le judaïsmeprogressera vers un monothéisme de plus en plus poussé. Or, pas tant qu'en islam, où même l'usagesymbolique de la notion d'enfants de dieu sera finalement abandonné. Muhammad pourra alors êtreinspiré : "Aujourd'hui, j'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait.J'ai agréé l'islam comme religion pour vous..." (Cor.5,3).