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Deux fois non au populisme anti-étranger L’invité Raphaël Mahaim Député Les Verts Il existe mille bonnes raisons de déposer un double non dans l’urne lors de la votation sur l’initiative pour le renvoi des criminels étrangers. Celle-ci n’est absolument pas de nature à résoudre les problèmes de criminalité que connaît notre pays. Elle ne propose aucune solution concrète permettant de s’attaquer à leurs causes réelles. En outre, contrairement à une opinion répandue, le renvoi des étrangers ayant commis une infraction est déjà possible dans le droit actuel. Certains étrangers criminels doivent effectivement être renvoyés de Suisse, et ils le sont déjà, souvent avec beaucoup de sévérité. L’initiative veut introduire l’obligation de renvoyer automatiquement et aveu- glément tout étranger coupable d’un délit. Les autorités pénales n’auront pas la possibilité de chercher, de cas en cas, la meilleure solution pour se prémunir contre la récidive. Ainsi, il sera possible d’arracher à sa famille un adolescent né en Suisse – mais de nationalité étrangère – et coupable d’un vol de faible impor- tance. Une telle manière de faire n’est pas digne des valeurs que nous devons défendre. Elle poussera certains délin- quants dans la clandestinité, ce qui va à l’encontre des objectifs de lutte contre la criminalité que nous poursuivons. Au-delà des arguments rationnels plaidant pour un double non, il s’agit de dénoncer haut et fort la lente dérive du discours ambiant au sujet des «étran- gers». Qui peut oublier les tristement célèbres affiches des «moutons noirs»? Elles ont inspiré tous les mouvements xénophobes d’Europe. C’est une honte pour la Suisse! Combien de temps faudra- t-il encore attendre pour qu’une franche réaction populaire à cette montée de xénophobie voie le jour? La ligne rouge n’a-t-elle pourtant pas été franchie depuis longtemps? La campagne des partisans de l’initia- tive ne vise qu’à attiser la haine envers les personnes de nationalité étrangère, rendues responsables de tous les problè- mes de société. Mais comment peut-on espérer trouver des solutions appro- priées à des problèmes complexes en instaurant un climat de suspicion et de peur? La réponse est toute trouvée: l’initiative ne cherche pas à dégager des solutions concrètes. Seul est visé le béné- fice électoral engrangé grâce à des propo- sitions simplistes et populistes. La passivité du Conseil fédéral et des partisans de son contre-projet est tout aussi coupable. Terrorisés par le pré- tendu rouleau compresseur électoral de l’initiative, ils font profil bas et se conten- tent de dire timidement qu’elle «posera quelques problèmes d’application». Le contre-projet concocté à Berne re- prend tel quel le contenu de l’initiative, en se contentant d’adopter des termes plus polis et «juridiquement corrects». Les innombrables problèmes posés par un renvoi automatique restent entiers. Prétendre combattre l’initiative en allant dans son sens est un leurre! Et cela con- tribue à alimenter la surenchère électora- liste, à laquelle s’adonnent un nombre inquiétant de politiciens. «Combien de temps faudra-t-il attendre pour qu’une réaction populaire à cette montée de xénophobie voie le jour? » Des initiatives symétriques et insidieuses L’invité Jacques Neirynck Conseiller national PDC Le peuple doit se prononcer sur deux initiatives dont le seul intérêt est la symétrie. La droite propose «Pour le renvoi des étrangers criminels», la gauche «Pour des impôts équitables. Stop aux abus de la concurrence fiscale». Ces titres ne peuvent manquer de susciter l’adhésion. Qui tient à garder les étrangers criminels, et qui souhaite des impôts injustes? Comment se fait-il que les lois existantes ne permettent pas d’atteindre ces buts louables? Mais que font le gouvernement et le parlement si le peuple doit imposer le respect des exigences élémentaires? En apparence, les buts diffèrent. Selon sa manie, la droite s’en prend aux étran- gers, criminels par définition. Elle oppose les autochtones, vertueux, à des scélé- rats, au point que la population n’oserait plus sortir le soir. Les initiants veulent des frontières plus étanches et le renvoi automatique des délinquants, au besoin en violation de la Constitution et des accords internationaux. Le parlement a opposé un contre-projet, qui lie le renvoi à la gravité du délit et non à sa nature. La gauche s’en prend aux riches qui pratiquent le tourisme fiscal en s’établis- sant dans un canton où ils y paient moins d’impôts. Or les inégalités entre cantons sont déjà corrigées par le mécanisme existant de la péréquation, et l’impôt fédéral direct est le même partout. Le but de ces deux initiatives n’est pas d’améliorer la Constitution, dont on se rendrait subitement compte qu’elle est gravement déficiente en matière de sécurité et de justice fiscale. L’objectif est de recruter des électeurs dans la perspec- tive des élections de 2011. Une double réforme de la Constitution devient un instrument de propagande électoraliste. Les deux objets ont été choisis pour leur caractère émotionnel. Tout le monde tient à sa sécurité, et personne ne veut payer des impôts pour les autres. La coïncidence des deux initiatives en démontre le caractère insidieux. En réalité, la Suisse est un pays heu- reux, où la criminalité est l’une des plus faibles au monde, l’un des rares où les citoyens peuvent décider directement de leurs impôts. Les initiatives visent à susciter des passions, là où la raison devrait dominer. Elles se réfèrent à un pays idéal, où aucun crime ne serait commis grâce à la pureté de la race et où tout le monde disposerait du même revenu grâce à une redistribution par les prélèvements obligatoires. Ces idéaux ont déjà été appliqués au siècle passé, l’un par la peste brune, l’autre par la peste rouge. Cela ne marche pas, et va même à fin contraire. La démocratie directe est l’institution la plus forte et la plus nécessaire pour limiter l’arbitraire de l’Etat, pourvu qu’elle soit utilisée avec discernement, réserve et respect des autres. En stigma- tisant les étrangers et les riches, ces deux initiatives sont contraires au génie helvétique. Elles ne visent à rétablir ni l’ordre ni la justice, mais à semer la méfiance, la jalousie, voire la haine. Elles n’utilisent les institutions que pour les ruiner. «On a choisi ces objets pour leur caractère émotionnel: qui tient à garder les étrangers criminels, qui souhaite des impôts injustes?» Débat A propos des votations du 28 novembre

avaitt donne ilyadixans L'alerteauxjointsdf ectueux · 2011-08-23 · prl v ementsobligatoires. Cesida uxontdj t appliqus au sic lepass, ... l'examen.«Ilsavaientpeuintrt signaler

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Opinions24heures | Vendredi 15 octobre 20102

Point fort24heures | Vendredi 15 octobre 2010 3

Editorial

Le géantd’hierse faittout petitRolandRossier

Chef de la rubriqueEconomie

En publiant son rapport sur la«transparence», qui s’apparente àun mea culpa, UBS boit unenouvelle gorgée dans un calice quisemble sans fond. Le géant d’hier sefait tout petit. La banque n’a pas lechoix et l’ancien conseiller fédéralKaspar Villiger l’a très bien compris.

Ce énième épisode laissera certespendant longtemps un goûtd’amertume. En échappant sansdoute à la justice des hommes, lesresponsables du désastre s’en tirentà bon compte. Personne ne lesoblige, par exemple, à effectuer unexercice de transparence sur lesfonds qu’ils ont perçus.

Quant à la banque, elle s’estpunie elle-même. Elle restejuridiquement exposée aux Etats-Unis et elle devra maigrir et setransformer en écureuil pourrespecter les nouveaux règlementsédictés à Bâle et à Berne destinés àprévenir d’autres catastrophes. Unecure d’austérité qui lui sera, il fautl’espérer, salutaire.

Mais, dans cette affaire UBS, ilfaut distinguer entre ce qui s’estpassé aux Etats-Unis, où MarcelOspel et sa bande ont agi comme degrossiers cow-boys, et les activitésfinancières et commerciales suisses,où la banque n’a pas démérité. C’est

d’ailleurs grâce à son imbricationdans l’économie réelle, celle desPME, des collectivités publiques, dugrand public, que la Suisse a sauvéla peau d’UBS.

C’est aussi pour cette raison quecette page nauséabonde doit êtretournée. Et vite. Car l’économie,qui repart, a besoin de crédits et deconseils. Et surtout de banquiersmoins préoccupés par leur ego.Que ces banquiers qui, troplongtemps, ont distrait leursclients en essayant de leur vendrecomme de vulgaires bonimenteursdes produits sophistiqués dont ilscomprenaient d’ailleurs rarementles mécanismes, retournent à leurmétier de base: récolter l’épargneet prêter cet argent, aveccirconspection, aux particuliersdésireux de s’acheter une maison;et surtout aux entreprises qui enont besoin pour innover etinvestir.

«UBSboitunenouvellegorgéedansuncalicequisemblesansfond»

Burki UBS ne porte pas plainte contre Marcel Ospel

Deuxfoisnonaupopulismeanti-étrangerL’invité

Raphaël MahaimDéputéLes Verts

Il existe mille bonnes raisons de déposerun double non dans l’urne lors de lavotation sur l’initiative pour le renvoi descriminels étrangers. Celle-ci n’estabsolument pas de nature à résoudre lesproblèmes de criminalité que connaîtnotre pays. Elle ne propose aucunesolution concrète permettant des’attaquer à leurs causes réelles. Enoutre, contrairement à une opinionrépandue, le renvoi des étrangers ayantcommis une infraction est déjà possibledans le droit actuel. Certains étrangerscriminels doivent effectivement êtrerenvoyés de Suisse, et ils le sont déjà,souvent avec beaucoup de sévérité.

L’initiative veut introduire l’obligationde renvoyer automatiquement et aveu-glément tout étranger coupable d’undélit. Les autorités pénales n’auront pasla possibilité de chercher, de cas en cas,la meilleure solution pour se prémunircontre la récidive. Ainsi, il sera possibled’arracher à sa famille un adolescent néen Suisse – mais de nationalité étrangère– et coupable d’un vol de faible impor-tance. Une telle manière de faire n’estpas digne des valeurs que nous devonsdéfendre. Elle poussera certains délin-quants dans la clandestinité, ce qui va àl’encontre des objectifs de lutte contre lacriminalité que nous poursuivons.

Au-delà des arguments rationnelsplaidant pour un double non, il s’agit dedénoncer haut et fort la lente dérive dudiscours ambiant au sujet des «étran-gers». Qui peut oublier les tristementcélèbres affiches des «moutons noirs»?Elles ont inspiré tous les mouvementsxénophobes d’Europe. C’est une honte

pour la Suisse! Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour qu’une francheréaction populaire à cette montée dexénophobie voie le jour? La ligne rougen’a-t-elle pourtant pas été franchie depuislongtemps?

La campagne des partisans de l’initia-tive ne vise qu’à attiser la haine envers lespersonnes de nationalité étrangère,rendues responsables de tous les problè-mes de société. Mais comment peut-onespérer trouver des solutions appro-priées à des problèmes complexes eninstaurant un climat de suspicion et depeur? La réponse est toute trouvée:l’initiative ne cherche pas à dégager dessolutions concrètes. Seul est visé le béné-fice électoral engrangé grâce à des propo-sitions simplistes et populistes.

La passivité du Conseil fédéral et despartisans de son contre-projet est toutaussi coupable. Terrorisés par le pré-tendu rouleau compresseur électoral del’initiative, ils font profil bas et se conten-tent de dire timidement qu’elle «posera

quelques problèmes d’application».Le contre-projet concocté à Berne re-prend tel quel le contenu de l’initiative,en se contentant d’adopter des termesplus polis et «juridiquement corrects».Les innombrables problèmes posés parun renvoi automatique restent entiers.Prétendre combattre l’initiative en allantdans son sens est un leurre! Et cela con-tribue à alimenter la surenchère électora-liste, à laquelle s’adonnent un nombreinquiétant de politiciens.

«Combiendetempsfaudra-t-ilattendrepourqu’uneréactionpopulaireàcettemontéedexénophobievoielejour?»

Desinitiativessymétriqueset insidieusesL’invité

Jacques NeirynckConseillernational PDC

Le peuple doit se prononcer sur deuxinitiatives dont le seul intérêt est lasymétrie. La droite propose «Pour lerenvoi des étrangers criminels», lagauche «Pour des impôts équitables. Stopaux abus de la concurrence fiscale».Ces titres ne peuvent manquer desusciter l’adhésion. Qui tient à garderles étrangers criminels, et qui souhaitedes impôts injustes? Comment se fait-ilque les lois existantes ne permettent pasd’atteindre ces buts louables? Mais quefont le gouvernement et le parlement sile peuple doit imposer le respect desexigences élémentaires?

En apparence, les buts diffèrent. Selonsa manie, la droite s’en prend aux étran-gers, criminels par définition. Elle opposeles autochtones, vertueux, à des scélé-rats, au point que la population n’oseraitplus sortir le soir. Les initiants veulentdes frontières plus étanches et le renvoiautomatique des délinquants, au besoinen violation de la Constitution et desaccords internationaux. Le parlement aopposé un contre-projet, qui lie le renvoià la gravité du délit et non à sa nature.

La gauche s’en prend aux riches quipratiquent le tourisme fiscal en s’établis-sant dans un canton où ils y paient moinsd’impôts. Or les inégalités entre cantonssont déjà corrigées par le mécanismeexistant de la péréquation, et l’impôtfédéral direct est le même partout.

Le but de ces deux initiatives n’est pasd’améliorer la Constitution, dont on serendrait subitement compte qu’elle estgravement déficiente en matière desécurité et de justice fiscale. L’objectif estde recruter des électeurs dans la perspec-

tive des élections de 2011. Une doubleréforme de la Constitution devient uninstrument de propagande électoraliste.Les deux objets ont été choisis pour leurcaractère émotionnel. Tout le mondetient à sa sécurité, et personne ne veutpayer des impôts pour les autres. Lacoïncidence des deux initiatives endémontre le caractère insidieux.

En réalité, la Suisse est un pays heu-reux, où la criminalité est l’une des plusfaibles au monde, l’un des rares où lescitoyens peuvent décider directement deleurs impôts. Les initiatives visent àsusciter des passions, là où la raisondevrait dominer. Elles se réfèrent à unpays idéal, où aucun crime ne seraitcommis grâce à la pureté de la race et oùtout le monde disposerait du mêmerevenu grâce à une redistribution par lesprélèvements obligatoires.

Ces idéaux ont déjà été appliqués ausiècle passé, l’un par la peste brune,l’autre par la peste rouge. Cela ne marchepas, et va même à fin contraire.

La démocratie directe est l’institutionla plus forte et la plus nécessaire pourlimiter l’arbitraire de l’Etat, pourvuqu’elle soit utilisée avec discernement,réserve et respect des autres. En stigma-tisant les étrangers et les riches, cesdeux initiatives sont contraires au géniehelvétique. Elles ne visent à rétablir nil’ordre ni la justice, mais à semerla méfiance, la jalousie, voire la haine.Elles n’utilisent les institutions que pourles ruiner.

«Ona choisicesobjetspourleurcaractèreémotionnel:quitientàgarderlesétrangerscriminels,quisouhaitedesimpôtsinjustes?»

24heures.chDans la vie des Romands

Retrouvez la rédaction, demain 16 octobre, sur les marchés

Justin Favrod

Aujourd’hui, le chef vaudoisdes Infrastructures, Fran-çois Marthaler, annoncerasa stratégie pour l’entretiendes routes cantonales. Sur

les autoroutes, il n’a plus son mot à dire.Depuis2008, l’entretienautoroutierapasséducantonàlaConfédération.Apartirde là,les travaux sur les routes nationales semultiplient. En cause, bien souvent, lesjoints de ponts qui rendent l’âme.

Un employé du Service des routes audébut des années 2000 raconte pourquoirien n’a été fait pendant des années. Encause, l’ambiance de restrictions budgétai-res dans lequel baignait l’Etat de Vaud. Elleaurait paralysé la tête du service. Pour desraisons évidentes, ce témoin ne donne passon identité, mais il ponctue son récit dedates,defaits,dedocuments.LeServicedesroutes a une autre version.

Quand ce témoin travaillait dans ce ser-vice,quatrecentressepartageaient l’entre-tien des autoroutes vaudoises: Yverdon,Bursins,LaBlécherette,Rennaz.AYverdon,des employés aux compétences pointuesont découvert que les joints se détério-raient. Ils ont proposé des interventionspourallonger leurduréedevie.«Parfoisunsimple remplacement d’appuis en caout-chouc aurait permis d’éviter que le joint enmétal ne se casse. Parfois il aurait falluchanger une pièce. Parfois l’entier du jointdevait être remplacé.» Et il brandit une«déclaration de dommages» datée de 2001sur laquelle le chef d’un centre demandecommeurgent leremplacementd’unjoint.Les travaux n’ont eu lieu qu’en 2009. «Desdizaines de notes ainsi ont été mises dansdes tiroirs.» La faute au chef du départe-ment?«Non,cesavertissementsontétémisen attente par des chefs de service succes-sifs. Ils ne voulaient sans doute pas mettremal à l’aise leur conseiller d’Etat pris dansles programmes d’économies. Ils ont dit:«Ne polémiquez pas, ce n’est pas une prio-rité.» Et ont classé les notes.»

«De l’argent mal utilisé»DansleNordvaudois,quelquestravauxonttoutefois été effectués. Le chef du centreavaitcompétencepourdestravauxurgentsà hauteur de 15 000 francs. Un montantbien en dessous du prix d’une interventionsurunseul joint.Enréalisant lestravauxparétapes, il a été possible de prolonger la viedequelques-unsd’entreeux.Enrevanche,celaneseseraitpasproduitailleurs.L’alertedonnéeparYverdonn’apassuscitéd’autresinvestigations. Aurait-on pu faire mieuxdans les années de disette financière? «A lafin de l’année, rétorque l’ex-collaborateurdu Service des routes, il fallait finir lesbudgets non utilisés et certains ont achetédes pièces détachées pour des décennies.L’argent aurait pu être mieux utilisé.»

Autre difficulté: tous les quatre ans, desbureaux d’ingénieurs expertisaient lesouvrages d’art. Mais, parce qu’ils étaientceux qui les connaissaient le mieux, lesbureaux qui les avaient conçus en faisaientl’examen.«Ilsavaientpeuintérêtàsignalerdes débuts de dommages qui auraient pumettreendoute laqualitéde leur travail.Etquand ils le faisaient, leurs propositionsfinissaient dans des tiroirs de l’administra-tion.»

Selon ce témoin, «le service n’a jamaisviolé le règlement, mais a fait preuve d’unmanqued’anticipation,secachantderrièrele budget et la planification.»

AuServicedesroutes,cetémoignageestconsidéré comme sans valeur. Pour Sébas-tien Nendaz, qui était à l’époque chef dusecteur des ouvrages d’art, les joints deponts cèdent en même temps, «parce quelesautoroutesvaudoisesontétéconstruitesenmêmetemps». Ilaffirmequel’ambiancederestrictionsbudgétairesapeutouché lesautoroutes,puisquelaConfédérationpayaitlaplusgrandepartdestravaux.Chaquefois

qu’il était alerté d’une défectuosité, unresponsable de Lausanne se rendait surplace et décidait s’il fallait donner suite oupas.«Jamaisnousn’avonsretardéuneinter-vention si la sécurité des utilisateurs étaiten cause.» Quand des travaux étaient ren-voyés, c’est qu’ils n’étaient pas jugés ur-gents. Sur la déclaration de dommage de2001, il relève qu’une intervention provi-soire a été faite en 2005, avant les travauxde 2009. Enfin, pour lui, la région d’Yver-don ne présentait pas de spécificités dansces alertes.

Le chef actuel du Service des routes,Dominique Blanc, n’était pas aux affairesà l’époque. Il lui semble important que cesoit les concepteurs d’un ouvrage qui lecontrôlent: «Ce sont eux qui connaissentmieux l’objet et s’ils ne relèvent pas lesdéfauts, ils font preuve de malhonnêtetéintellectuelle et rompent tout lien deconfiance avec le service.»

L’alerte aux joints défectueuxavait été donnée il y a dix ansSelon un ex-collaborateur, le Service des routes a mis les avertissements en attente

A la filiale d’Estavayerde l’Office fédéral desroutes (OFROU), il n’est

pas question de polémiquer. «Le réseauvaudois est le plus grand et le plusancien de Suisse romande, expliqueOlivier Floc’hic, porte-parole. Il estdonc normal que d’importants travauxd’entretien et d’assainissement soienten cours. Nous sommes conscients quepar le passé diverses contrainteséconomiques et politiques aient puretarder des travaux. Mais il s’agit dechoix sur lesquels l’OFROU ne faitaucun commentaire.»

En revanche, le porte-parole à Esta-vayer note que les bureaux d’ingé-nieurs qui ont conçu les ouvrages nesont plus ceux qui les surveillent:«L’OFROU dispose de procéduresd’appels d’offres parfaitement transpa-rentes, qui s’appliquent à toute laSuisse, et il est tout à fait exceptionnelque le constructeur puisse procéder aumandat de surveillance. Si, toutefois,tel devait être le cas, on peut être assu-rés que les standards auront été respec-tés.»

François Marthaler estime pour lemoins étonnant cette affaire de déclara-tions de dommage mis dans des tiroirs:«A l’époque, le canton payait 17% destravaux et avait des crédits-cadres àdisposition. La Confédération s’acquit-tait du reste et avait les moyens suffi-sants pour des changements de joints.Je ne vois pas pourquoi on n’aurait pasdonné suite à des avis de dommages.»En 2006, François Marthaler avait tiréla sonnette d’alarme auprès de la Con-fédération sur l’état du tronçon entreVennes et Villeneuve, et Berne avaitrépondu que cela serait traité ultérieu-rement, dans un paquet de gros tra-vaux. Il admet que, pour le viaduc donton annonçait la nécessité de travaux en2001, il a été prévenu en 2009.

«Pourle moinsétonnant»

François Marthaler. CHRISTIAN BRUN

Débat A propos des votations du 28 novembre

UEchallens Place de la Gare U Lausanne Rue Haldimand UMorges Grand-Rue UNyon Place Bel-Air UPayerne Place du Général-GuisanU Renens Rue du Midi U Vevey Place du Marché U Yverdon Place Pestalozzi

Annéesdeplombavantl’âged’orOn peut adhérer à la version de l’an-cien employé des autoroutes ou à cellede l’Etat. On peut aussi imaginer queles deux versions sont sincères etmême vraies. Subjectivement. Con-testé, ce récit anonyme illustre lesannées où l’Etat est parvenu à sortirdes déficits. Chaque dépense a étésoupesée, discutée, rognée. Chaqueengagement a été contesté. Chaquedemande a été refusée pour être plusâprement négociée. Dans cette am-biance, un chef de service aurait dûdisposer d’un solide goût du risque

pour réclamer des moyens. Toutel’administration a subi cette pesantepression. Il fallait passer par là pourrevenir aux chiffres noirs, pour tuer ladette. Le canton en est ressorti plusfort, mais chaque réussite a ses revers.

Ces années de plomb se paientaussi. Ce sont des routes ou des bâti-ments qui ont souffert d’un manqued’entretien; ce sont des crèches, destransports publics qui n’ont pas pu sefaire. Ce sont mille retards à rattraperet pas seulement sur les ponts d’auto-routes.

Analyse

Témoignage Selon l’ex-employé du Service des routes, changer des pièces défectueuses de joints de chausséeaurait permis d’éviter de gros travaux sur les autoroutes vaudoises. Mais cela aurait rarement été fait. DR

«Ilyavaitassezdemoyens.Jenevoispaspourquoionn’auraitpasdonnésuiteàdesavisdedommages»François Marthaler,chef du Département vaudoisdes infrastructures

Depuis 2008, l’Office fédéral des routesa dû changer dans l’urgence biendes joints sur les autoroutes vaudoises.2008-2009 Remplacement de 24 jointsde chaussée entre Vennes et Villeneuve.2008-2009 Changement des jointsde chaussée sur le viaduc de Bavois.2009-2010 Remplacement des jointsde chaussée sur le viaduc d’Yverdon.2010 L’Ofrou intervient d’urgence surun joint du pont de L’Asse, près de Nyon.2010 Plusieurs joints sur deux ponts àBelmont et à Montreux sont renouvelés.2010 Remplacement des joints du viaducd’Ependes.

Chantiers multiples

zchcbs
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24 Heures, 15.10.10