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2 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

Avant-propos

Pourquoi écrire cet essai biographique sur Julien Bouchard ?

Je suis comme vous tous, empreint de nombreux souvenirs d’enfance. Particulièrement pour moi, ceux de nos vacances, lorsque l’été nous faisions le

tour de France en famille, avec la voiture de papa, une Panhard, PL 17, qu’il faisait passer en bateau depuis Alger où je suis né et où nous habitions.

Notre périple se terminait généralement en Bourgogne, à Demigny, chez tante Monique qui nous recevait toujours chaleureusement. Là, nous avions

la grande joie de revoir grand-mère et de rencontrer tous nos cousins et cousines Desbiez qui louaient une

maison dans le village l’été, et aussi nos oncles et tantes beaucoup plus âgés qui venaient parfois prendre le

goûter le dimanche après-midi, comme tante Marcelle avec l’oncle Michel dans leur superbe Simca aronde. Vieil

oncle toujours très distingué qui portait sur ses chaussures des guêtres blanches, brillantes, ce qui m’intriguait

et m’amusait beaucoup.

C’est au cours de ces vacances, que papa nous avait emmenés tout près de Demigny, voir pour la

première fois le château de Maizières de son grand-père Julien. Château dépourvu de tour et d’enceinte avec

créneaux et pont levis, comme je me l’imaginais, mais très grande bâtisse au fond d’une interminable allée que

l’on distinguait depuis l’immense grille d’un parc où la nature avait pris le dessus, avec ses grands arbres si

impressionnants, son étang et ses petits ponts qui enjambaient la rivière qui le traversait.

Les deux sœurs Ozanon qui, disait-on n’aimaient pas trop être dérangées, nous avaient accueillis après que l’on m’ait

autorisé à ma grande joie, à tirer plusieurs fois sur la chaine de la cloche qui se trouvait à l’extérieur à droite de la porte d’entrée.

Comme les gardiennes de cette vieille et grande demeure remplie d’histoire, elles nous avaient fait visiter le château encore plein de meubles, de

tableaux et d’objets d’antan qui marquaient par leur présence le mystère qui entourait ses occupants de jadis.

Lieu sombre du rez-de-chaussée avec ses murs couverts de boiseries et peu accueillant pour un enfant de mon âge, habitué à la lumière et aux

blancheurs immaculées des maisons d’Alger, accentué par le fait que papa nous avait dit que c’était une ancienne abbaye qui avait été détruite à la

révolution et que le grand évier en pierre de la cuisine était la pierre tombale d’un moine couverte d’inscriptions gravées en latin que l’on devinait

encore, tout ce décor intérieur, extérieur, et cette histoire provoqua en moi un refus net d’aller me promener seul dans le parc à la demande de nos deux

cousines. Mais intrigué par cette grande porte de pierre que je trouvais très belle, envahie de lierre avec un blason sculpté en son sommet qui ouvrait

l’accès vers les écuries et la chapelle, et que j’avais vue en arrivant, je décidais néanmoins de m’aventurer dans cet endroit de la propriété tout en étant

accompagné de ma sœur Babeth et de mon frère Jean-François en évitant soigneusement de trop m’approcher du vieux puits qui se trouvait devant, de

peur d’y voir surgir comme me l’avait maintes fois conté papa, « la mère Engueule » pour m’entraîner au fond.

Je me souviens aussi des allers-retours sur Beaune où nous logions quelque fois dans l’appartement de grand-mère, lorsqu’elle se trouvait à Demigny,

et de nos passages rapides par la rue du Château, devant la maison Bouchard Père & Fils, où papa disait qu’un oncle, Bernard Antonin, qui était

« quelqu’un de bien », vivait dans ce beau pavillon au toit recouvert de tuiles vernissées jaunes et vertes !

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3 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

Puis les années ont passé avec mes études au collège du Sacré-Cœur dans cette ville de Marseille qui nous avait accueillis à notre retour d’Algérie en

1962 et enfin ma « montée » à Paris pour d’autres études et expériences, celles de l’entreprise et de la vie pour gagner son pain, comme disait mon

père.

Retournant quelque fois par la suite en Bourgogne, mon chemin m’avait conduit de nouveau à Maizières comme attiré par ces mystères qui

l’entouraient et que je voulais élucider faute d’explication précise que m’avait transmise mon père. Dès lors quelle n’a pas été ma surprise d’être si bien

accueilli par Madeleine et Simone qui très certainement intriguées par ce jeune cousin parisien, « le fils de Roger », m’avaient même un jour invité

pour un déjeuner improvisé dans le petit salon. Mais toujours raccrochées désespérément à leur vie pleine d’illusions, elles n’aimaient pas trop raconter

l’histoire de Julien et vivaient maintenant séparées, misérablement, chacune dans leur appartement à l’étage du château, avec ces meubles de famille et

objets les plus précieux qui disparaissaient un à un entre les mains de quelques brocanteurs avides à qui elles étaient obligées de faire appel pour palier

leurs maigres revenus en rapport aux charges à payer pour cette grande propriété qui tombait en ruine.

Étant pris par la vie trépidante de chef d’entreprise à Paris, j’ai appris un jour le décès de Madeleine dix ans après Simone. Sa disparition, malade et

dans une grande solitude en pension dans un hôtel du village voisin de Saint-Loup, le château totalement abandonné et son rachat par un spéculateur

attitré de la place de Beaune, accentua encore plus mes interrogations sur cette partie de l’histoire de notre famille et de la vie de mon arrière-grand-

père Julien qui avait choisi ce lieu pour être le refuge de tous les siens et où il était décédé seulement deux mois après son épouse.

Il devenait insupportable pour moi de voir disparaitre de la sorte et sans explication ces vieilles cousines et ce pan entier de l’histoire de la famille et

j’ai donc décidé de me lancer dans cette écriture et essai sur la biographie de Julien, avec mes recherches sur plus de vingt ans et tous les éléments que

j’ai pu récupérés des archives départementales, notariales, documents ou photographies transmises par mes cousins, Jean-Marie LEPOUTRE et

Claude THOUMY, que je remercie particulièrement.

Réussissant à mener une véritable enquête en me basant sur des faits vérifiés, afin de reconstituer cette page d’histoire, je vise par cet essai à faire

partager aux nouvelles générations de mes cousins et cousines l'intérêt que j'ai eu pour dérouler le parcours exceptionnel de sa vie ; son éducation et

héritage culturel familial qui lui ont permis avec son travail acharné de développer la notoriété de la maison Bouchard Père &Fils, de participer à son

succès et à sa renommée mondiale d’entreprise de producteur et négociant en vin ; sur ce patrimoine qu’il a voulu laisser avec et pour sa descendance

qui n’a pas su et trouver les moyens nécessaires pour continuer son développement dans sa succursale bordelaise. J’ai voulu écrire ces quelques pages

en campant avant tout sur l’image d’un homme moderne, épris de culture, de science et d’art, accentué par son mariage avec Marguerite, son épouse,

née CUGINAUD, descendante des célèbres peintres et porcelainiers d’AGOTY ; ayant fait de nombreux voyages, eu de nombreux contacts, de

relations familiales et d’amitié avec des hommes de science illustres, sur deux siècles qui ont vu la naissance de la première révolution industrielle et

de notre société actuelle, mais ont aussi connu deux guerres d’envahisseurs, celles de 1870 -1871 et la terrible de 1914 -1918. Une biographie pour le

plaisir, mais un essai biographique avec preuves historiques pour confirmer une légende familiale et essayer de résoudre quelques énigmes...

Philippe Bouchard

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4 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

Julien

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5 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

Julien en 1860 par Paul Emile Pesme - épreuve sur papier

albuminé contrecollée sur carton - © Philippe Bouchard

Julien BOUCHARD est né le 7 avril 1833 à Beaune, fils cadet de Bernard BOUCHARD et Théodorine

MORELOT. Il eut deux frères ; Théodore né en 1812, Antonin né en 1826 et une sœur, Agathe née en 1831. Il passa son enfance dans sa ville natale à Beaune où il rencontra son ami Jules Marey, fit ses études secondaires au petit

séminaire des Marbres à Autun et les acheva comme son frère aîné Théo˝, à Paris, au « Collège royale de Saint-Louis » avec

des séjours à Norwich dans le comté de Norfolk en Angleterre pour apprendre l’anglais et une préparation spéciale de 1850 -1851 en vue d'entrer dans la Marine et l'École navale; il fit même dans ce but un voyage exigé, « au-delà de l’équateur », sous les tropiques jusqu’au Brésil, mais au moment où il allait être admis à l'âge de dix-huit ans sur le Borda, navire école, un décret en 1851 réduisit de cent vingt à quarante le nombre des candidats à recevoir, ce qui anéantit son projet; dès lors son père, Bernard, le fit rentrer à côté de Théodore, son ainé de 21 ans et d’Antonin son deuxième frère, dans l'affaire familiale à Beaune en Bourgogne, la maison de vins « BOUCHARD PÈRE ET FILS ». Maison, créée officiellement en 1785 par son

grand-père, Antoine-Philibert-Joseph, né en 1758, décédé en 1860 et appelé dans la famille ʺle Centenaireʺ, issu d’une longue lignée de marchands migrants, colporteurs du Dauphiné, qui exerçaient sur tout le royaume jusqu’en Italie et particulièrement pour sa branche en tant que colporteurs drapiers de la Bourgogne jusque dans les Flandres.

Le Petit Séminaire des Marbres -Autun - Le Borda - Navire école

Théo˝, son frère, qui parlait couramment l’anglais et l’italien appris durant des voyages dans ces pays qu’il affectionnait particulièrement, d’une grande culture en

sciences et lettres, était très attaché à Paris. Il y avait fait de brillantes études au « Collège royale de Saint-Louis » et avait échappé de justesse à la mort à vingt ans, sauvé par son tuteur parisien un dénommé Louis Lebon qui avait pris grand soin de lui durant l’effroyable épidémie de choléra de 1832 à Par is qui avait fait plus de 10 000 morts, dont le physicien Nicolas Sadi Carnot, inventeur de la thermodynamique, son cousin par alliance avec le mariage de sa cousine, Françoise-Sidonie Perret-Carnot, fille de sa tante Judith Bouchard. Passionné de musique qu’il avait étudiée au Conservatoire de musique de Paris, il était recherché dans toutes les sociétés et salons parisiens pour sa voix. Il fréquentait le salon de Mateu Orfila, grand chimiste et docteur en médecine, célèbre aussi depuis des années pour ses chansons, et de son épouse, la maitresse des lieux, Anne Lesueur, fille du fameux sculpteur Jacques-Philippe Lesueur.

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À la demande de son père, Théodore avait jeté les bases des établissements de Londres et de Bordeaux en 1849. Après son retour de Londres fin 1851, pour affaires commerciales, il prit la décision au printemps 1852 de quitter définitivement Bordeaux et le 78 cours de Tourny où il demeurait pour retrouver la vie parisienne du Second Empire sous Napoléon III et revenir définitivement rue de Castiglione. Il s’y était déjà installé en 1846. Laissant ainsi sa place à Julien alors âgé de 19 ans pour la direction de cette nouvelle succursale. À 19 ans, le 2 juin 1852, Julien écrit à son père : “ Me voilà chef de maison, Théo part ce soir à 6 heures pour Paris où il sera demain soir, rien de plus nouveau ici. Je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que ma Mère, Agathe et Antonin, ton fils qui t’aime. Julien P.S. Bien des choses respectueuses à mon Grand-père. ” ; et spécialement dans son livre de bord : “ C'est donc de cette date, 2 Juin 1852, à laquelle j'avais 19 ans 1 mois et 27 jours, que j'ai eu la direction complète et absolue de la maison, qui consistait comme bureau, en un cabinet avec une table, deux chaises, et ce qu'il fallait pour écrire - comme comptabilité un cahier et lettres - comme marchandises une centaine de barriques chez M Dumezil - En me quittant pour ne plus jamais revenir à Bordeaux que pour assister à mon mariage, 10 ans après, Théo m'avait dit : " Voilà ! à Bordeaux avec du travail et de la conduite on réussit toujours ! ”. L’établissement de Bordeaux similaire à celui de Beaune fut très vite pourvu de stocks importants en vins de Bourgogne mais aussi en Bordeaux, le commerce à l’export étant facilité par l’ouverture de la cité bordelaise sur le commerce maritime.

Vue de Bordeaux en 1850 par Antoine HEROULT, © A.M-Bordeaux

À 25 ans, le 28 octobre 1858, avec le développement déjà prometteur de la succursale pour l’exportation des vins, Julien devint associé dans la direction de la maison mère, « BOUCHARD PÈRE ET FILS » à Beaune, avec son frère Antonin alors âgé de 33 ans, selon la parité deux tiers pour Antonin, un tiers pour Julien. La société familiale prenant désormais comme objet social, le commerce des vins de Bourgogne et de Bordeaux.

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Le 20 mai 1862, un dénommé J.A. BEAUREGARD de Beaune, se disant « pour cette famille, dans la position d’un juré, je ne suis ni parent, ni allié, ni ami, ou

ennemis. », adresse à Monsieur D’AGOTY, à Cadarsac – Libourne, très certainement à sa demande, une lettre de recommandation sur Julien BOUCHARD qui a

décidé de convoler en justes noces avec sa petite-fille Marguerite CUGINAUD.

Le destinataire était Jean-Pierre Edouard GAUTIER D’AGOTY (1775-1871), le grand-père maternel de la future épouse, qui habitait cette commune à 23 km de

Bordeaux.

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À 29 ans, le 21 juillet 1862 à Bordeaux, Julien épousa donc Jeanne Clara Marguerite CUGINAUD alors âgée de 18 ans. Un contrat avec clauses et

conditions civiles, fut passé devant Maître Loste, notaire dans cette ville. Elle était née le 1er octobre 1844 à Bordeaux de Nicolas Jules CUGINAUD, né le 11 août

1811 à Brantôme, négociant en Vins à Bordeaux rue Sainte-Catherine, maire de Talence (33) en 1876, Censeur de la Banque de France en 1893 et décédé le 18 juin

1893 à 81 ans à Bordeaux, et de Marie Louise Elisabeth Emilie D’AGOTY, née le 15 juillet 1820 à Bordeaux et décédée le 9 avril 1887 à 67 ans aussi à Bordeaux.

Marguerite CUGINAUD, était par sa mère descendante de la célèbre famille des peintres et porcelainiers GAUTIER D’AGOTY;

Jacques-Fabien GAUTIER D’AGOTY (1711-1786), le père, né à Marseille, vint à Paris en 1735-37 pour suivre les cours de LE BLON, l’inventeur de la gravure en couleur, dont il prit la succession à sa mort. Peintre Graveur, Anatomiste, Botaniste, Naturaliste, lui permirent de devenir en 1745, « Sieur GAUTIER, seul graveur privilégié du Roy », et « l’anatomiste

passionné du Roy » par ses ouvrages avec planches d’anatomie en couleur, ou « Essai d'anatomie en tableaux imprimés ».

Jean-Baptiste André GAUTIER D’AGOTY (1740-1786), son fils aîné, dit « le Chevalier d'Agoty » était un des peintres de Marie-Antoinette ; Chevalier de l'Ordre de Latran, peintre du

Roy, il est l'auteur de portraits de Louis XV, Frédéric II, le Chancelier de Maupéou, Marie Thérèse et Marie Antoinette;

Le troisième fils de Jean-Baptiste, Pierre Louis (1771-1840) était le porcelainier qui créa sous l’Empire la « Manufacture de S.M. l'Impératrice, P.L. D’AGOTY à Paris », la fabrique se trouvait au

4, boulevard Poissonnière à Paris, en 1804.

Marie Louise Elisabeth Emilie D’AGOTY (1820-1887)

et sa fille Marguerite, 4ème fille de Jean-Pierre Edouard et

Françoise GAUTIER D’AGOTY.

(collection particulière)

Arnauld Edouard GAUTIER D’AGOTY

(1744-1783) peintre, graveur du Roy en 1782, vécut à Florence, frère du « Chevalier », il épousa en seconde noce

Marie ROUSSELAIN.

(collection particulière)

Jean Pierre Edouard GAUTIER D’AGOTY (1775-1871), né à Florence, fils unique de Arnauld et Marie, obtint le 2ème prix de l’académie des Beaux-arts de Florence pour l’étude du Nu et le 1er prix de peinture. En 1800, il quitta Venise pour venir s’établir à Bordeaux. Surnommé l’« Isabey Bordelais » pour ses miniatures, il épousa en 1812, Françoise Jeanne Clara FERRAND (1796-1891), dont il eut sept enfants.

Marie-Antoinette, reine de France par « le Chevalier d'Agoty »

« peintre de la Reine et de Madame » (1775)

- musée national des châteaux de Versailles et de Trianon -

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Agrandissement d’une photographie en noir et blanc prise par mes soins en 1979, d’une partie d'un tableau appartenant à la collection de Julien Bouchard et se trouvant encore dans le petit salon au premier étage du château de Maizières et aujourd'hui disparu.., attribué à D’AGOTY (lequel ?), selon Madeleine Ozanon, fille aînée de Marie Bouchard et, dernière occupante de Maizières en 1989. Ce tableau comme nous le voyons ici est inspiré de l'eau-forte (1769) de Laurent CARS (à droite) d'après le célèbre tableau ‘ Silence !' de Jean-Baptiste GREUZE (1725-1805) (ci-dessous), exposé en 1759 au salon de Paris, acquis en 1817 par George IV, roi du Royaume-Uni, et faisant parti de la collection de la Reine Elisabeth II.

Silence !'

Tableau (1759) de Jean-Baptiste GREUZE - Royal Collection © Her Majesty Queen Elizabeth II

‘ Le silence ! ’ ou ‘ ne l'éveillez-pas ’ Gravure (1764) de Laurent CARS

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À 33 ans, le 7 janvier 1866 quatre ans après son mariage, Julien perd sa mère Théodorine MORELOT alors âgée de 75 ans et le 10 octobre de cette même année son père, Bernard BOUCHARD, âgé de 82 ans.

Théodorine MORELOT Bernard BOUCHARD (°6-8-1791, † 7-1-1866) (°9-07-1784, †10-10-1866)

Théodorine MORELOT était la fille de Simon Etienne Hughes MORELOT (°1751, †1829), et de Jeanne Louise Marie MOYNE, (°1756, †1827). Simon Etienne Hughes MORELOT, dit " grosse tête ", était docteur en médecine, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu et de la Charité, administrateur des Hospices de Beaune, médecin des prisons, également notaire à Beaune, lieutenant du premier chirurgien du roi, membre de l'Académie de chirurgie, Echevin et conseiller du Roy et son procureur en sa Châtellerie royale de Pommard et de Volnay. Ils eurent quatre enfants, Louis Romain (°1786, †>1841), Jean-Baptiste Auguste (°1788, †1789),

Théodorine (°1791, †1866), Agathe (°1795, †1819), dont deux survécurent avec descendance, Louis Romain et Théodorine.

La famille MORELOT par le peintre suisse REINHARD (1811) Visite à Saint-Loup dans la maison de la famille d’Agathe Lombart Louise MOYNE, Théodorine, Agathe, Louis Romain et Simon Etienne Hughes MORELOT où se trouvait le tableau en 1897

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Le 26 novembre 1826, Simon Etienne Hughes MORELOT, trois ans avant son décès, fit une donation à titre de partage anticipé à ses deux seuls enfants qui lui restaient, Théodorine et Louis Romain qui était docteur en droit ; avocat près de la Cour impériale à Dijon ; professeur à la Faculté de droit ; Conseiller de Préfecture de 1820 à 1830 ; doyen de la Faculté de droit en 1841 et qui eut cinq enfants avec Catherine Adèle LESAGE, dont trois moururent en bas âge.

Théodorine reçut divers biens immobiliers et valeurs ; une maison à Géanges, deux autres à Beaune dont une rue Paradis, un domaine de plus de 3 ha avec 2ha 54a 21ca de vignes sur le finage de Beaune avec des crus déjà prestigieux comme : Les Aigrots sur 13a 20ca, Les Bas Theurons sur 33a 35ca, Les Beaufougets sur 23a 95ca, En Bouche du Lièvre sur 6a 42ca, Les Bressandes sur 23a 30ca, Les Seurey sur 17 a 90ca, Le Clos de la Mousse sur 32a 14ca, Au Clos du Roi sur 24a, La Creuzotte sur 44a 30ca, Aux Murs sur 12a 85ca, Les Sizies sur 10a 35ca, Les Tuvillains sur 12a 45ca ; des vignes sur Gigny de 34a 28ca ; et le domaine avec une maison sur Saint-Loup-de-La-Salle que Julien récupèrera dans son lot, lors de la liquidation de la succession de son père ; et une soulte de 3.500 francs de son frère Louis Romain.

Par son mariage avec Théodorine, le 2 septembre 1811 à Beaune, Bernard BOUCHARD obtint aussi de son beau-père les restes du château de Beaune avec les deux grosses tours, à l’est des remparts, tour St-Jean et tour Madeleine, qu’avaient acquis Simon Etienne Hughes MORELOT et que la ville de Beaune avait auparavant aliénés le 24 Brumaire an V (1796) à Antoine MARTINON et aux entrepreneurs Jean et Louis MOYNE. Il transforma l'intérieur des tours en caves à vin pour la maison « BOUCHARD PÈRE ET FILS » avec l'achat à la ville le 21 juin 1820 pour 5.000 livres d'un bastion et du reste des dépendances de l'ancienne forteresse.

Suivant un testament olographe fait à Beaune le 6 juin 1836, Théodorine légua à son décès le 7 janvier 1866 à Bernard, en plus de l’héritage de son père, tout ce que la loi lui permettait de disposer tant en pleine propriété qu’en usufruit avec dispense de fournir caution.

Par deux codicilles, des 21 juillet 1860 et 12 juillet 1862, en maintenant les dispositions faites précédemment à son époux , elle le chargea de faire dire cinq cents messes à Mavilly, Saint-Loup et Beaune et de payer 1° à Marie Lombart, sa petite fille, une somme de 10.000 francs ; 2° à l’hospice de la Charité de Beaune, celle de 500 francs ; 3° aux sœurs de Saint Lazare de Beaune pour les pauvres, celle de 200 francs ; 4° à Madame Agathe Lombart, sa fille, celle de 20.000 francs ainsi que tous ses effets, livres et nippes. Bernard décédant neuf mois après, eut malgré tout le temps d’accomplir les intentions de son épouse en ce qui concerne les 200 frs légués aux sœurs de Saint Lazare, les 10.000 frs à Marie Lombart, les messes demandées et à Agathe, les affaires personnelles de sa mère et objets à elle donnés sur les maisons de Beaune et Mandelot, d’une valeur de 264 frs sur les 27.015 frs évalués d’après deux inventaires qui furent exécutés après son décès en février 1866.

Bernard BOUCHARD ne fit aucune disposition testamentaire. Après son décès survenu le 10 octobre 1866, la succession du 9 janvier 1868 s’élevant en totalité à 749.893,90 francs s’en est ainsi trouvée dévolue par quart à chacun de leurs enfants pour 188.440 francs, ceux-ci ayant reçu chacun de leur père et mère une dot de 50.000 francs pour leur mariage. Julien reçut de ce partage :

– 1° Une maison d’habitation sur un étage avec combles située à Beaune, rue Paradis, avec magasin dans lequel se trouvait un pressoir avec cuves et vases vinaires, provenant comme nous l’avons vu du côté de sa mère, les MORELOT-MOYNE, d’une superficie de 3a 45ca et d’une valeur de 15.000 francs, celle-ci fut vendue par Julien le 31 juillet 1870 en deux lots pour 22.000 francs, actuellement les immeubles n°11 et 13 de cette même rue.

– 2° La moitié indivise avec son frère Antonin de tout le domaine en vignes de Montrachet sur Puligny et Chassagne qui s’étendait en 1868 sur de 2ha 4a 81ca, d’une valeur pour cette moitié de 12.865 francs. – 3° Sur la commune de Saint-Loup-de-La-Salle en Saône-et-Loire; une maison située au Bout d’Amont, dite maison Ferrand, avec cour et jardin sur 10a 90ca, estimée à 5.450 francs; vignes sur 2ha 7a 40ca ; terres, près et bois sur 12ha 48a 50ca pour une valeur totale de 39.495 francs.

– 4° 120.630 francs en valeurs et soultes de ses deux frères, dont il laissa 114.379,50 francs en compte dans la maison « BOUCHARD PÈRE ET FILS » avec intérêts à 5%. Cette somme bloquée sur compte particulier de Julien dans les livres de comptes de la maison, avec intérêt à courir, fut déclarée « plus en nature » lors de la liquidation de la succession de Julien en août 1923.

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13 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

En 1864, du côté de la maison « BOUCHARD PÈRE ET FILS » à Beaune, dont le siège se trouvait depuis 1769, au n°8 de la rue Saint-Martin, aujourd’hui la rue Marey, une nouvelle politique beaucoup plus moderne dans l’acheminement des vins fut décidée entre Julien et Antonin, afin de « prendre un tournant pour le profit de la maison ». Ils choisirent de ne plus payer systématiquement des voituriers pour le transport mais plutôt des agents occasionnellement. Aussi, pour accroitre la clientèle, le 15 mars 1867, fut acheté pour la société tout le carnet clients de la maison Monnier-Patriarche. La maison devenait ainsi son successeur avec son réseau commercial.

À 34 ans, le 18 juin 1867, juste avant la fin de Second Empire, Julien BOUCHARD acquit le Château et clos de Maizières de Madame François RENARD, née Louise FARION, par adjudication pour 95.000 francs dont 68.000 francs de dettes hypothécaires, avec versement de 30.000 francs dans les quatre mois du jour de cette vente aux enchères suite à une prise d’hypothèques immédiatement exigibles sur la propriété et le solde de 65.000 francs le 15 janvier 1868. Cette propriété, d’une contenance de 9ha 9a 10ca avec 43a de terre sur la commune de Saint-Loup-de-La-Salle en Saône-et-Loire, comprenait : Le Château ; un grand corps de bâtiments avec deux ailes élevées sur sol d’un rez-de-chaussée, d’un premier étage et greniers sous les combles, cour devant, remises et écuries avec cour séparée ; un moulin nouvellement agencé et mu par un cour d’eau qui traverse la propriété ; réservoir ; huilerie avec presse en fonte ; forges ; four ; bâtiments d’exploitation et d’habitation pour le fermier ; jardin d’agrément, potager, vignes sur 1ha 47a, terres et près ; deux petits pavillons à l’entrée de la propriété avec grille en fer. Julien entreprit d’importants travaux en y aménageant un parc dans son clos, fit creuser un étang de 32a 10ca sur un marais, et construire une chapelle. Par la suite, il y fit même installer un cours de tennis. En complément, il acquit le 22 février 1868 une pièce de terre, dite « Pièce de Murs ou l’Outrage», de 16ha 59a, de Madame Françoise Virginie dite Eugénie DEPLACE, fille de Claude François DEPLACE, puis le 25 janvier 1890 une parcelle de pré située toujours sur la commune de Saint-Loup-de-La-Salle, dite « Champayage », de 4ha 10a 45ca.

Travaux de terrassement dans le parc La chapelle de Maizières et son jardin avec ses ifs topiaires

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14 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

Cette demeure appelée château, était l’ancienne maison conventuelle ou habitation des moines de l'abbaye de Maizières, 3ème fille de La Ferté (1112), elle-même 1ère fille de Cîteaux, (La Ferté ayant déjà créé deux filles en Italie à Tiglietto en Liturgie -1122- et à Locedio dans le Piémont -1124-).

L'abbaye de Maizières fût fondée sur les ruines d'un ermitage, d'où son nom de "Macerioe" (masures) ou " maiserioe in territorio Scoteriense ", par l'un des nombreux donateurs de l'abbaye de La Ferté, Foulques de Réon (apparenté aux Montaigu, Réon ou Rion qui est aujourd'hui un hameau de Demigny). La charte de la fondation confiée à Dom Barthélemy, abbé de la Ferté, fût rédigée vers 1125 en présence de Gautier, évêque de Chalon, Jocerand de Langres, Pierre archevêque de Tarentaise, Robert de Marnay, Raymond Gumber et Hugo Rufus de Saint-Romain. L'église fut consacrée le 12 Octobre 1236. Elle possédait 15 chapelles, principalement dans le chœur ; celui-ci comprenait 80 chaires. D’après l’abbé Courtépée au XVIII° siècle, « sa nef était un peu étroite mais le chœur entouré d'un déambulatoire était fort beau.. La flèche du clocher, couverte d'ardoises, avait cent pieds de haut (environ 32m) ». Son abside se rapprochait des bâtiments du monastère.

Vue cavalière de l'abbaye de Maizières fin XVIIe siècle Tableau représentant la Cène du Christ

(Ces peintures très abimées par l'humidité se trouvaient encore en 1987 dans la salle à manger, en face de la cheminée et à sur le mur du fond à droite, les tableaux étaient encastrés dans les boiseries de chêne qui couvraient les quatre murs)

En 1789, neuf moines demeuraient encore à l’abbaye. La Révolution fît sonner son glas le 9 juillet 1790 avec la vente des biens du clergé devenus biens nationaux. Un de ses moines, le cellérier, religieux de l’ordre de Cîteaux, se fit particulièrement remarquer ; du nom de Gaspard GOUDIER, franc-maçon depuis 1777, il engagea un procès devant l’officialité de Chalon-sur-Saône pour se faire séculariser, son revenu personnel à l’abbaye était de 1.400 livres. Ayant perdu son procès, il fut condamner à rester dans le cloître de l’abbaye par ses juges ecclésiastiques. La Révolution lui rendit sa liberté pour peu de temps, malgré son serment constitutionnel devant les officiers municipaux de Bonne Nouvelle à Paris le 22 août 1792, il fut arrêté et interné sous la terreur pour avoir été «..attaché aux jouissances qu’il goûtait dans son

état de moine, et aux propriétés dont il croyait que son ci-devant Ordre n’eût pas du être dépouillé » (*).

La maison conventuelle, cour, jardin, clos avec les aisances et dépendances, église et cloître compris dans le lot n°1 furent estimés et mis à prix à 15 000 livres le 7 mars 1791. La totalité des lots au nombre de quatre avec la maison abbatiale (qui se trouve derrière la maison conventuelle), la métairie de la Forge, la métairie de l'Epervier de Saint-loup, furent estimés à 117 902 livres 18 sols 4 deniers. L'enchère fut emportée pour l'ensemble des lots à 163 500 livres par Nicolas DEGROS, négociant à Chalon, qui immédiatement les revendit en trois lots dont le premier à Antoine DURUS, négociant à Gergy, qui le rétrocèdera à Claude-François DEPLACE, entrepreneur, fin 1791. (*) Réf. Daniel-Paul LOBREAU " CHERS FRERES & BONS COUSINS" - Franc-maçonnerie & Sociétés Secrètes à Beaune et en Bourgogne (1760-1940) ", LODI 1981

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15 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

Afin d'empêcher un éventuel retour des moines, Claude-François DEPLACE, fit démolir l'église et le cloître, toutes les pierres récupérées et "meubles" étant vendus ou transférés dans les environs; gisant d'Alexandre de Montaigu, évêque de Chalon, enterré à Maizières le jour de Noël 1261, à Chalon (musée Denon); les orgues construits en 1699 par le facteur d'orgues du Roi, Julien Tribuot, se trouvent à Seurre; les stalles (à l’origine au nombre de 80) en bois à St-Pierre de Chalon; le Christ et deux reliquaires à l'église de Saint-Loup; les cloches à Demigny; la grille du chœur fût utilisée comme rampe d'escalier d'accès au 1er étage du château. Une dalle funéraire des seigneurs de Montaigu avec inscription du XVe siècle (Sic transit gloria mundi !) servira de pierre d’évier dans la grande cuisine du château. (Réf. Gérard Delannoy. "Histoire de l'Abbaye de Maizières du XII° à la Révolution") À la mort de Claude-François DEPLACE au château le 31 octobre 1821, son deuxième fils homonyme, Claude-François, seul héritier du domaine, effectue le 4 mai 1844, après le décès de son épouse survenu le 21 décembre 1841, en contrepartie d’une rente viagère, une donation-partage à ses quatre enfants ; Claude-François, dit Hippolyte, architecte à Lyon ; Louis ; François, étudiant en médecine ; Françoise Virginie Eugénie, épouse BOITARD. Le domaine reste en indivision. Mais à la demande de Louis DEPLACE, fils aîné, qui souhaite sortir de l’indivision, selon jugement du tribunal civil de Chalon-sur-Saône du 2 février 1847, le château et son clos formant le lot n°1 sont vendus pour la succession, par adjudication pour un prix de 70.000 francs à Jean-Louis GANIARE, ancien maire de Saint-Loup-de-la-Salle de 1830 à 1847 et à son épouse Claudine ROBILLARD, en communauté de biens. Celui-ci en prend possession le 1er mai 1847. Après le décès de son épouse et renonciation de ses héritiers le 2 juillet 1849, la communauté de biens et donc le domaine de Maizières s’en est ainsi trouvé appartenir exclusivement à Jean-Louis GANIARE. Il y vivra jusqu'à sa mort, le 21 février 1854, date à laquelle il institua Louise RENARD, née FARION, comme sa légataire universelle au détriment de ses enfants qui immédiatement attaquèrent la validité du testament mais furent déboutés par jugement du Tribunal civil de première instance de Chalon-sur-Saône, le 4 avril 1855. Puis, Julien l’acquit en Juin 1867 par adjudication, de Louise FARION, épouse judiciairement séparée de biens de François RENARD et autorisée à vendre la propriété à défaut d’autorisation maritale, par jugement rendu par le Tribunal civil de première instance de Chalon-sur-Saône le 12 décembre 1866.

Château de Maizières (Dessin au crayon du XIX

e siècle)

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16 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

En 1870, les troupes de Bismarck sont aux portes de Beaune, la ville de Dijon est prise le 31 octobre, les francs-tireurs bourguignons déclenchent une véritable guerre de guérilla les empêchant de dépasser Nuits-Saint-Georges et les obligeant à rester dans la ville où ils se sont retranchés pour effectuer des raids aux alentours, mettant à sac la campagne et villages environnants.

La bataille du 30 octobre 1870 dans les rues de Dijon. ©gazette Côte-d’Or Bataille de Nuits-Saint-Georges le 18 décembre 1870

L’armée de Garibaldi qui a offert ses services à la France après la défaite de Sedan, libérera Dijon le 26 janvier 1871 dans une très dure bataille; rare victoire française de cette guerre de 1870 avec un général italien profondément républicain et grand ami de la France. Mais bien que la France ait déjà capitulé avec Napoléon III emprisonné, le Doubs, le Jura et la Côte d’Or sont exclus de l’armistice. Dijon fut de nouveau occupé le 1er février 1871 et la ville le restera jusqu’au 12 octobre.

Plusieurs familles de Saint-Loup-de-La-Salle ayant à pleurer la perte d’un fils mort sur le champ de bataille, Julien qui habitait avec sa famille Bordeaux durant cette guerre, avec un élan de commisération envers ces habitants qu’il connaissait bien, ce village étant le plus proche du château de Maizières à moins de 2km, consacra le souvenir de ces évènements en relevant au lieu-dit « La Croix-Grimon », une croix ancienne, et en la transformant en un nouveau monument sur lequel sont gravés les noms des enfants du pays morts pour la France durant cette guerre de 1870 et 1871 avec une inscription latine mentionnant Julien Bouchard son donateur. Ce mémorial fut inauguré le dimanche 13 octobre 1872.

« Cette Croix, renversée par le temps, a été relevée pour remercier

Dieu qui a daigné préserver cette paroisse de l’invasion ennemie. Monument de piété

envers les jeunes gens morts pour la patrie par nos temps malheureux, consolation pour

les parents et leurs amis, signe d’une meilleure espérance, sa restauration a été accomplie

par Julien Bouchard, habitant de la paroisse, l’an du Seigneur MDCCCLXXII. »

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17 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

En 1872, comme en témoigne son passeport à l’étranger, délivré par « la Police Générale » et retrouvé aux Archives départementales de la Gironde, Julien faisait de nombreux allers-retours en Angleterre pour fidéliser ses clients et développer le comptoir de Londres qui y était installé. Les ventes de vins de bordeaux et de bourgogne sur tout le Royaume-Uni commencèrent à connaître un développement important. Les affaires par ce comptoir de 1860 à 1870 se chiffrèrent sur dix ans à 232.232 francs.

Pour le reste du monde, une partie des ventes à l’étranger avait été initiée par le grand-père de Julien, Antoine-Philibert Joseph BOUCHARD et même son arrière-grand-père, Joseph, qui vendaient déjà des vins jusqu’à Stockholm et Berlin. Les Pays-Bas et la Prusse, furent cédés en zone d’exclusivité commerciale en 1828 à Joseph Théodore BOUCHARD, le fils aîné de la famille, lors de sa rupture avec son père Antoine-Philibert-Joseph, le Centenaire, et ses frères Bernard et Adolphe, engendrant la création de la maison « BOUCHARD AÎNÉ & FILS ». Julien avec admiration, suivait de près l’évolution de cette nouvelle maison concurrente, comme il l’écrira dans son Livre de bord à son sujet ; « En mars 1872, la maison B. ainé & fils s’est constituée avec un capital de Frs 170.000 – apporté par Paul, (ndlr. Fils aîné de Joseph Théodore) et représenté par 113.839.50 de vins, matériels et capitaux et Frs 60.000 pour l’estimation des magasins. Les enfants Servais et Ernest n’avaient d’autre apport que leur travail, leur intelligence et leur activité ! Suivant un acte du 25 septembre 1879, la Société qui devait durer jusqu’en 1882 est dissoute. Une autre est reconstituée entre les trois frères. Les apports sociaux sont de 100.000 francs pour chacun. » L’export à la fin de ce 19e siècle, s’étendit à d’autres pays comme la Belgique, l’Espagne, l’Italie, Malte, Jersey, l’Argentine, le Brésil et la Russie. Toutes les opportunités étaient utilisées, comme par exemple la Chine, quand la Croix Rouge française proposa d’envoyer les vins de la maison « BOUCHARD PÈRE ET FILS »

qui avaient été présentés à l’exposition universelle de 1900, pour les soldats et les malades.

Après l’acquisition des restes du château de Beaune par Bernard, comme nous l’avons vu, par son mariage avec Théodorine MORELOT et par son achat en 1820 à la ville d’un bastion et de bâtiments, le siège de la maison de Beaune fut transféré rue du Château au n°13 et 15. Antonin se fixant en face, au n°8 de la même rue, en y faisant construire un pavillon.

Afin de se doter d’atouts commerciaux indéniables, Antonin et Julien décidèrent la constitution de monopoles pour la maison ; ainsi aux 32ares 14ca du Clos de la Mousse, déjà acquis par l’héritage de Théodorine MORELOT et de la succession de Bernard BOUCHARD-MORELOT, et par des rachats complémentaires, le Clos de la Mousse fut entièrement rassemblé le 13 avril 1872 et devint le premier cru de Beaune monopole de la maison. Par la suite, il en fut de même avec la Vigne de l’Enfant Jésus et le Volnay Cailleret Ancienne Cuvée Carnot en 1889.

En 1879, Julien fut délégué par le Comité d'Agriculture et par la Chambre de Commerce de Beaune pour défendre les intérêts de la Bourgogne devant la commission d'enquête de la Chambre des Communes, pour la question des droits sur les vins en Angleterre.

En 1880, il s'efforça de rendre possible et de développer les relations de Bordeaux avec l'Est et l'Europe Centrale; Il participa activement en tant que grand actionnaire de la Compagnie des chemins de fer « Paris Lyon Méditerranée » à la liaison directe entre Genève-Bordeaux et Strasbourg-Bordeaux.

En 1882, 1895 et 1907, il fut délégué de la Chambre de Commerce de Beaune aux expositions de Bordeaux; membre de la Chambre de Commerce de la

Gironde; membre honoraire du syndicat des vins et spiritueux de la Gironde.

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18 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

Julien BOUCHARD et Thomas WELCH

le 7 septembre 1897

Par le développement des ventes des vins à l’export avec Bordeaux, « BOUCHARD PÈRE ET FILS » connut une forte

augmentation de l’activité et une croissance importante. Julien entretenait sans cesse ses excellentes relations en Angleterre pour faire fructifier ses affaires, accentuer la popularité du Bourgogne par des consommateurs illustres, privilégiant ce moyen de publicité pour accroitre la renommée de la maison « BOUCHARD PÈRE ET FILS ». Il fut reçu dans la haute société en compagnie de personnages célèbres, comme il le raconte dans son livre de bord en 1880 ; chez « Lady Crossley en son château à Somerleyton, » il rencontra, « Lord Suffield – le compagnon du prince de Galles – » ainsi que « Lady Breadalbane dont le mari, était la seule personne d’Angleterre qui pouvait rester couvert devant la reine. » (ndlr : Gavin Campbell, 1er marquis de Breadalbane, noble écossais et baron de Brealdalbane en 1873, époux de Lady Breadalbane).

Le 23 juin 1887, lors d’un voyage entre Boulogne et Folkestone, il rencontra Lord Frederick Spencer Hamilton, 2ème secrétaire du service diplomatique et membre du Parlement pour Manchester Sud-ouest, « C’est un garçon de 32ans parlant fort bien le français, je ne le croyais pas anglais, il est dans la diplomatie et a parcouru le monde entier. Il parle le russe, l’allemand, un peu l’italien. Il a été pour moi d’une obligeance entière, me donnant tous les renseignements possibles pour ma route jusqu’à Dublin, c’est d’après ses conseils que je me suis arrêté à Chester. » Il fit ainsi passer le chiffre d’affaires des vins de Bourgogne de la maison sur le seul Royaume-Uni, de 232.232 francs sur dix ans, fin 1870, à 2.173.976 francs à la fin 1880, soit près de dix fois plus. De 1881 à 1886, treize fois plus, avec une moyenne de 300.000 francs par an. Le stock du dépôt de Londres tenu par un dénommé Thomas Welch était inventorié par Julien, le 31 décembre 1882, à 211.950 bouteilles pour une valeur de 428.789,65 francs.

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19 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

Le 23 octobre 1889, son frère aîné Simon Etienne Théodore BOUCHARD, Théo˝, ayant quitté Paris avec son épouse Louise BRÉART pour revenir près de sa

famille en Bourgogne, décéda suite à une longue maladie, en son château de Mandelot qu’il avait reçu de la succession de son père Bernard, le 9 janvier 1868 et lui-même de sa belle-sœur Agathe MOYNE, religieuse hospitalière à l'Hôtel-Dieu de Beaune.

Le couple n’ayant plus d’ascendance et pas de descendance, son épouse Louise BRÉART, mariée sous le régime de la séparation des biens, fit différents legs de son vivant ; Le 18 mars 1890, à Julien et à son frère Antonin pour moitié chacun, leurs propriétés situées sur la commune de Mavilly Mandelot, Bessey-en-Chaume & Meloisey en Côte-d’Or, sur une superficie totale de 237ha 42a 32ca évaluées à 200.000 francs ; avec le château - excepté tous les meubles et objets mobiliers enfermés dedans qui restèrent réservés à louise Bréart, dont elle légua une partie à Marguerite, épouse de Julien - ; la ferme et dépendances attenantes, terres agricoles, vignes, près, bois et friches avec la ferme de Laucy; ainsi qu’une propriété à Barbirey-sur-Ouches en Côte-d’Or, sur 32ha 5a 33ca évaluée à 100.000 francs ; avec son château, donjon et dépendances, terres, vignes, prés et bois. Un partage eut lieu entre les deux frères le 19 mars 1890, devant Me Bouley et Jouffroy de Beaune, Antonin reçut toutes les propriétés de Mandelot et Julien une soulte de 50.000 francs de son frère et le château de Barbirey avec son domaine. Théodore avait acquis à 48 ans, le 13 juin 1860 ce domaine de Barbirey, de la veuve Anne Robert DENIZOT et ses deux fils Guillaume et Hippolyte. Il avait commencé sa restauration avec le rajout de deux ailes au corps de logis et aménagé le parc et son très ancien potager. Tout en conservant le tracé de ce potager à la française il avait préféré un parc à l’anglaise et l’avait dessiné avec l’aide de Julien qui était grand amateur de paysages, sujets essentiels lorsqu’il s’adonna à la peinture durant sa retraite. Mais cette propriété rappelant trop son frère, Julien, préféra s’en séparer trois ans après et la revendit le 15 juillet 1893 à Monsieur de BLICQ pour 120.000 francs. Aujourd’hui ce domaine avec ses jardins à l’anglaise remarquablement restaurés par ses nouveaux propriétaires , la famille Guyonnaud, est devenu un « conservatoire botanique » avec en parallèle un projet artistique baptisé « des artistes dans le jardin » ;

Le 30 mai 1892, juste avant son décès, Louise fit un don d’une somme de 20.000 francs pour son petit-neveu Louis Théodore, âgé d’un an, qui portait en deuxième prénom celui de son grand-oncle. Cette donation non enregistrée par notaire fut faite par lettre remise à son père, François Joseph Bernard, fils aîné d’Antonin, neveu

de Théo˝, qui la plaça, avec une autre lettre écrite de sa main à la date du 31 mai 1892, sous enveloppe scellée avec trois cachets de cire portant les armes de

« BOUCHARD PÈRE & FILS » dans le coffre-fort de la maison où elle existe encore de nos jours.

En plus du côté touchant de Louise qui n’a pas eu d’enfant et qui reporte, à la veille de son décès, l’amour de son époux sur un de ses petits-filleuls qui porte le même prénom que son mari, l’analyse de ce document est intéressante dans la transmission d’une génération à l’autre du patrimoine au sein de la maison « BOUCHARD PÈRE & FILS » ; de la conservation des fonds en comptes courants « secrets » et rémunérés au nom des héritiers ; de la non séparation comptable entre la propriété du capital et la direction de la maison. Voici la transcription intégrale de cette lettre de François Joseph Bernard, qu’il fit contresigner par Louise BRÉART alors âgée de quatre-vingt ans :

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20 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

« Beaune le 31 mai 1892.

Hier, après avoir ainsi reçu la lettre épinglée ci-contre de ma tante Louise Bouchard, veuve de mon oncle Théodore Bouchard, frère ainé de mon père, je me suis rendu

chez elle.

Ma tante me dit en terme émus : qu’elle était amoureuse folle de mon petit louis, son filleul, qui porte le nom de son oncle Théodore, que ce petit était gentil pour elle et

gracieux avec elle toutes les fois qu’il la voyait, qu’enfin il semblait la connaitre ; qu’à son âge elle ne savait pas si elle aurait la satisfaction de le voir grandir et de lui

faire de temps à autre quelques cadeaux ; qu’elle m’avait demandé pour me remettre un chèque représentant une donation qu’elle faisait à son filleul pour les motifs ci-

dessous et qu’elle me priait soit de conserver cette somme pour l’employer à l’éducation de l’enfant, soit de la placer et de la faire fructifier pour que le petit à sa majorité

trouve le don que lui fait sa tante sa marraine – que je lui dirais alors, en lui apprenant la générosité de sa marraine, qu’une vieille tante à lui qui l’aimait beaucoup

m’avait chargé de conserver et soigner cette somme pour son filleul…..

Je ne puis dire exactement en quelles paroles profondément bonnes, affectueuses et émues ma tante m’a mis au courant de ses intentions.

Puis elle me remit un chèque de Frs vingt mille sur la maison André Neuflize & Cie de Paris en me demandant à quel nom elle devait mettre le chèque –

après l’avoir remerciée et embrassée pour son filleul et pour moi, je disais à ma tante de mettre le chèque au nom de BOUCHARD PÈRE & FILS, ce qu’elle fit

immédiatement, et lui demandait si elle entendait que la somme fut employée pour l’achat d’un titre ou placée à la maison au compte de son filleul.

Nous sommes tombés d’accord sur cette dernière combinaison.

Puis ma tante me dit encore combien ma petite famille était gentille, et combien ma femme était parfaite et qu’il serait à souhaiter que toutes fussent aussi sérieuses et

aussi bonnes. Nous parlâmes ensuite de plusieurs choses ayant trait à la famille.

Je consigne ici, aussi exactement que je le puis, les faits relatifs à la générosité de ma tante à son petit filleul, afin que cet enfant sache un jour que ce don affectueux doit

lui être doublement précieux qu’il garde toujours une reconnaissance pour sa tante et marraine qui lui facilite aussi généreusement par ce bienfait l’entrée dans la vie.

Aujourd’hui, 31 mai, ma tante est venue au bureau et, en sa présence, j’ai informé mon père de ce qui s’était passé hier en lui donnant à lire ce que je venais d’écrire ci-

dessus pour en conserver le souvenir.

Mon père a exprimé à ma tante sa reconnaissance puis nous avons parlé de l’emploi de la somme.

J’ai témoigné à ma tante le désir d’être maître du moment ou l’enfant serait informé qu’il possède un capital en argent lui revenant de sa marraine ; à mon défaut, le

tuteur de l’enfant resterait juge de l’opportunité qu’il y aurait à lui apprendre ou retarder le moment de l’en informer. Ma tante a compris mes motifs et a acquiescé à ma

demande.

L’argent sera déposé au compte courant secret à la maison BOUCHARD PÈRE & FILS au nom de Joseph Bouchard, compte de dépôt de la donation, de Madame

veuve Théodore Bouchard née Bréart, à son filleul Louis Théodore Bouchard.

Je termine cette relation destinée à être remise à Théo lorsque le moment sera venu de lui faire connaitre le bienfait de sa marraine, en exprimant l’espoir qu’il augmentera

ce capital par son travail et par un emploi digne des intentions de la bienfaitrice, qu’il ne se prévaudra pas de cet avantage à l’égard de ses frères, qui, de leur côté, devront

n’en ressentir aucune jalousie. »

signé « Joseph Bouchard »

« J’approuve en tous points la manière dont mon neveu Joseph Bouchard envisage le placement et emploie le don d’une somme de Frs 20.000 que j’ai fait à son fils Louis

Théodore Bouchard, mon filleul. J’autorise, le père ou le tuteur de ce jeune homme de ne porter à sa connaissance l’importance de ce don que lorsque la conduite et les

aptitudes du jeune homme ne laisseront rien à désirer. »

« 3 Juin 1892 »

signé « Mme Bouchard née Bréart »

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Le 29 octobre 1889, la maison « BOUCHARD PÈRE & FILS » fut transformée en société en nom collectif avec Antonin et Julien comme principaux actionnaires, à parts égales de 500.000 francs chacun, et 125.000 francs pour Bernard, fils aîné de Julien alors âgé de 26 ans. Le capital social étant porté à 1.125.000 francs. François Joseph Bernard, fils aîné d’Antonin, âgé de 27 ans était déjà dans la maison, associé avec son père.

Le 19 novembre 1891, Philippe, le deuxième fils de Julien, âgé de 26 ans, entra dans la société avec 125.000 francs au capital, le capital social fut porté à 1.250.000 francs.

En 1892, Julien fut nommé administrateur de la "Société Bordelaise des Habitations à bon marché", fondée officiellement le 28 décembre 1893 et président du Comité

Bordelais pour la protection morale de la jeunesse.

En 1893, Marguerite CUGINAUD, son épouse, obtint de la succession de son père, Nicolas Jules CUGINAUD et de sa mère, Marie Louise Elisabeth D’AGOTY décédée en 1887, différents objets mobiliers, valeurs mobilières et immeubles, d’une valeur estimée en 1922 pour l’ensemble à 835.748 francs. Le montant de son héritage fut quatre fois supérieur à celui de Julien, reçu de son père Bernard et estimé à 188.440frs comme nous l’avons vu. Cette succession comprenait en immeubles ; la maison au n°52 rue Huguerie à Bordeaux où Julien et sa famille s’étaient installés d’une valeur de 170.000 francs, et une maison en moitié indivise à l’angle du 17 rue Sainte Catherine et de la rue Porte Dijeaux, estimée à 320.000 francs, qui fut vendue à la Grande Société de Commerce et d’Industrie - aux « Dames de France » - le 27 décembre 1899 pour la somme de 350.000 frs, dont Marguerite reçut 175.000 frs. Tout cet héritage fut investi à Bordeaux pour l’achat d’immeubles en 1898 -1899; rue Huguerie, rue Capdeville et Saint-Seurin, et d’un terrain rue de Turenne où Julien fera construire le nouveau magasin de « BOUCHARD PÈRE & FILS ». Elle avait aussi reçu dans cet héritage, une propriété, le domaine des Echas au Peydavent à Talence avec jardin potager, terre et vigne, friches et pins sur 4 ha d’une valeur de 48.000 francs, où toute la famille aimait passer les week-ends. Cette maison existe encore de nos jours à Talence mais transformée en agence de la Banque Populaire et en parking avec un centre commercial Leclerc !

Talence en 1895 – 1897

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Le 31 décembre 1894, Etienne, le deuxième fils d’Antonin, âgé de 27 ans, entra dans la société avec 225.000 francs d’apport, ce qui porta le capital social de la maison « BOUCHARD PÈRE & FILS » à 1.475.000 francs. Les 2 et 9 mai 1899, la succursale ayant pris une très grande extension, Julien acquit pour un coût de 112.168,26 francs un terrain de 2.492,628m2 rue de Turenne à Bordeaux, du n°115 à 127 pour l’y installer. En plus de l’achat du terrain, il y fit construire sur ses propres deniers des bâtiments pour les bureaux et magasin pour un coût total de 316.018,49 francs. D’après la liquidation de succession de Julien l’ensemble était loué en 1923 à la maison « BOUCHARD PÈRE &

FILS » pour la somme de 10.000 frs par an. Il fit construire aussi une maison de maître, voisine de ces locaux, située au n°115 de la même rue, avec jardin, rez-de-chaussée et deux étages sur cave, de 393,160 m2, pour un prix de revient évalué à 116.583,95 francs, celle-ci servira d’habitation à son fils aîné Bernard, dont le loyer dû par celui-ci à la liquidation était estimé à 333,33 frs par mois. D’autres comptoirs furent créés à Reims, rue Saint-Hilaire avec l’acquisition des « Champagne PÉRINET & FILS » et à Paris, rue de la Côte d’Or.

Le 3 juin 1901, Philippe, deuxième fils de Julien, en mésentente avec son père sur la gestion de l’établissement remise entre les mains de son frère aîné Bernard, se retira de la société et partit vivre au Maroc à Casablanca avec son épouse et ses deux filles, Marthe et Thérèse âgées respectivement de 10 et 7 ans.

Les 24 et 28 décembre 1903, Antonin avec son fils aîné, François-Joseph-Bernard (41ans) ainsi qu’avec son second fils, Etienne (36ans), et Julien, avec son fils aîné Bernard (40ans), après dissolution de la société créée en 1889, constituèrent entre eux une nouvelle société en nom collectif pour le commerce des vins, ayant son siège à Beaune, avec officialisation du comptoir à Bordeaux, rue de Turenne au N° 117 à 127, sous la raison sociale « BOUCHARD PÈRE & FILS ».

Le 13 janvier 1909, Julien âgé de soixante seize ans et son frère Antonin âgé de quatre vingt quatre ans se retirèrent de la maison Bouchard Père & Fils pour une retraite bien gagnée, chacun la transmettant réciproquement à leurs enfants ; François-Joseph-Bernard, Etienne, pour Antonin et Bernard pour Julien. Julien conserva néanmoins son capital et ses comptes courants dans les livres de la société jusqu’à la liquidation de sa succession en 1923.

Le 1er novembre 1912 Julien a été nommé Chevalier de la Légion d'honneur, ses insignes lui ont été remis le 27 novembre 1912 à Maizières par Claude Charton, Conseiller général de la Côte d-Or, lui-même officier de la Légion d’honneur.

La maison « BOUCHARD PÈRE & FILS » ne passera en Société À Responsabilité Limitée qu’en décembre 1929 avec l’entrée au capital, le 3 mars 1930, de deux petits-fils de Julien ; Julien (36ans) et Jean Bernard (32ans), les deux fils de Bernard ; des quatre petits-fils d’Antonin; Bernard Antonin (42ans), Antonin Victor (41ans), Louis Théodore (39ans) et François (35ans), les fils de François-Joseph-Bernard ; et du fils aîné d’Etienne, Jacques (32ans). Tous avec un apport de 200.000 francs chacun pour l’augmentation du capital de la SARL qui sera porté à 5.000.000 francs divisé en 5.000 parts de 1.000 francs chacune. L’établissement de Bordeaux perdura jusqu’en 1942, liquidé en 1944, les bâtiments avec de très belles caves voutées et l’hôtel particulier du n°115 au n°127 restèrent la propriété de Bernard BOUCHARD, le fils aîné de Julien, qui les reçut dans son lot lors de la liquidation de succession en 1923.

Très reconnu dans la vie bourgeoise bordelaise et très influant dans la vie locale, Julien refusa cependant tout mandat municipal pour consacrer tous ses efforts au développement à l’export des vins de Bourgogne, de Bordeaux et de Champagne , avec un soucis constant de sauvegarder les intérêts de la maison « BOUCHARD

PÈRE & FILS » avec les nouvelles législation pour l’AOC impliquant le monde viticole et tout ce qui touchait au négoce dans le monde vinicole. Julien se tenait à l’écart de la politique politicienne, il l’utilisait uniquement en homme d’affaires grâce à l’héritage culturel et à l’art du commerce acquis de ses aïeux, dont son grand-père Antoine-Philibert-Joseph qui en exemple, avant et durant la Révolution de 1789 avec ses amis et relations d’affaires en tant que membre franc-maçon de la R...L... la Bienfaisance à l'Orient de Beaune en tira profit pour accroître la fortune de la famille. La seule indication retrouvée que Julien nous a confiée dans ses écrits, concerne Jules de Jouy, oncle du peintre Edouard Manet et avocat qui avait des liens avec Léon Gambetta pour avoir commencé à travailler avec lui au début de sa carrière d’homme politique. Julien pendant la guerre de 1870, l’hébergea à Bordeaux. Sa préoccupation était de préserver sa famille qu'il avait la grande joie de réunir dans son château de Maizières où il prit sa retraite jusqu'à son décès en 1921. Pour s'y rendre tous les étés, il util isait le chemin de fer et louait un wagon complet pour transporter, femme, enfants et domestiques depuis Bordeaux jusqu’au château. L’accès étant particulièrement facilité par la voie ferrée qui jouxtait la propriété, à environ 30 mètres. En effet la ligne Beaune-Verdun rejoignait la ligne Chagny-Verdun à Maizières.

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Jeanne Clara Marguerite, née CUGINAUD, très malade, atteinte de diabète, décéda le 29 août 1921 à 3h et demi de

l’après-midi à Maizières, à l’âge de 77 ans. Elle fit différentes dispositions testamentaires sous forme de testaments olographes et codicilles dès 1879, quarante deux ans avant sa mort ; Les dits testaments, codicilles et enveloppes furent, par procès-verbal d’ouverture et de transcription dressé le 29 octobre 1921, contresignés par Monsieur Granger de Boissel, Président du tribunal civil de première instance de Bordeaux, remis avec ce même procès-verbal par Monsieur Abel Loignon, commis greffier près du tribunal, à Maître Bossuet, notaire de la famille à Bordeaux, pour qu’il les place le 29 novembre 1921 au rang de ses minutes, pour en être détenteur et qu’il en délivre avec le présent procès-verbal à toutes parties intéressées.

Portrait de Marguerite en 1913 par Laurent Adenot (1848 – 1929)

le 28 février 1879, dans un premier testament, elle institua Julien Bouchard, son époux, pour son légataire universel avec legs de tous les biens et droits, meubles et immeubles qu’elle délaisserait ;

le 20 janvier 1901, par un second testament en plus du premier, elle légua toujours à Julien tous les meubles et objets qui lui appartiennent et qui garnissent leurs appartements de ville et de campagne entrant dans la part de propriété sous estimation d’inventaire et à ses filles par quart entre elles, tout son vestiaire, ses bijoux, dentelles, fourrures, livres, éventails et objets de piété ;

le 23 janvier 1901, au verso de ce dernier testament ;

« à mes fils comme souvenir de leur mère, en quatre lots à tirer entre eux au sort : 1er lot – un huilier d’argent empire, deux grandes salières et un moutardier (existant à Maizières) 2

ème lot

– une cafetière et un pot à lait empire (existant à Maizières) 3ème

lot – un plat long et un rond en argent (existant à Bordeaux)

4ème

lot – une théière et un grand sucrier empire en argent (le sucrier existe à Maizières et la théière à Bordeaux) »;

le 18 janvier 1904, un codicille au précédent testament ;

« Désireuse de partager divers meubles, qui me sont inutiles et qui serviront à mes enfants ; j’en ai évalué la valeur, voulant exactement m’en rendre compte, en me servant des

inventaires faits par Monsieur le commissaire priseur à la succession de mon père et par Messieurs Barineau et Bonnet à Beaune pour ce qui m’est échu dans la succession de ma belle

sœur, Madame Théodore Bouchard.

Le don que je fais à mon fils Bernard en divers meubles et tableaux s’élève à 433 francs, à mon fils Antoine Bouchard, en meubles et tableaux à 377 francs, à ma fille Louise Thoumy,

meubles, linge etc à 425 francs, à Madame Paul Ozanon, meubles et tableaux à 500 francs, à madame Joseph Lepoutre, 665 francs, à ma fille Madeleine Bouchard, 635 francs, et à mon

fils Michel, le salon de mon père avec glace, garniture de cheminée, garde cendres, chenets, pelles, pincettes, table à jeu, bahut et étagère d’acajou, plus sa chambre de Maizières ; lit

acajou, commode, table de nuit, 2 fauteuils, rideaux, pendule et candélabres, pelle et pincette, armoire Louis XIII (achetée pour lui), soit 1530 francs. Celui-ci n’ayant profité quand il se

mariera d’aucun cadeau de grands parents, l’excédant qu’il reçoit lui tiendra bien de faible compensation.

Aucun de mes enfants ne sera tenu de rapporter à ma succession les objets que je leur abandonne à titre de préciput hors part. Je lègue à ceux qui ont reçu ainsi une somme inférieure à

mille francs le complément nécessaire en espèces pour les compléter et je lègue à mes petites fille Marthe et Thérèse Bouchard à chacune cinq cents francs le tout par préciput et hors

part » ;

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le 27 février 1905, d’un supplément au précédent codicille qui est un nouveau codicille ;

« J’ai le désir, qui sera je pense un ordre pour mes enfants c’est que la petite voiture à 4 roues de mon enfance, soit pour les enfants de Michel, mon fils. Suivant toutes probabilités, si je

les vois ; je ne les gâterais plus longtemps, c’est pour cela que je leur fais cette petite faveur, comme souvenir de moi.

En outre : j’acquiers une boite d’argenterie et un couvert à poisson de mon père, dont mon pauvre frère est obligé de se défaire et je les donne à Michel, à son mariage comme souvenir de

ses grands parents maternels qu’il a si peu connu. »

Le 7 mars 1905, sur le recto et verso du précédent codicille un autre codicille ;

« Je désire pour mes obsèques en 7ème

classe à l’extérieur et en 3ème

classe à l’église. Ni fleurs, ni couronnes, un souvenir pieux de mes amis seulement. Dans mes legs à mes domestiques,

je désire que ma fidèle Annette Mansin(*) reçoive une année de gages de plus que les autres domestiques. Enfin, laissant tous mes objets personnels à mes filles, celles ci devront offrir à

chacune de mes belles filles un souvenir de ma part pris dans ces objets. » Bordeaux 7 mars 1905

Marguerite Bouchard (*) Annette Mansin après le décès de Julien et Marguerite entra au service de Michel BOUCHARD, jusqu’à sa mort. Sa tombe se trouve dans la concession des Bouchard à Saint-Loup.

« la petite voiture à 4 roues de mon enfance »

Mais quand va-t-elle me lâcher la bride˝ !!

L’attelage avec une chèvre de la petite voiture et Michel en cocher avec ses deux cousines, petites-filles d’Agathe Lombart, et Louise, sa sœur aînée tenant la bride˝.

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Julien décéda deux mois et demi après Marguerite, le 8 novembre 1921 à 4h du matin à Maizières, à l’âge de 88 ans. Il fit vingt ans avant sa mort un

testament olographe, comme son épouse, avec le souci envers tous ses enfants de transmettre les biens qu’il avait acquis de ses parents, de Marguerite, et par le travail qu’il avait accompli durant toute sa vie au sein de l’entreprise familiale, la société « BOUCHARD PÈRE & FILS » avec la succursale de Bordeaux.

Le 27 janvier 1901, le dit testament avec enveloppe fut, par procès verbal d’ouverture et de transcription dressé le 3 décembre 1921, par Monsieur Granger de Boissel, Président du tribunal civil de première instance de Bordeaux, remis avec ce même procès-verbal par Monsieur Abel Loignon, commis greffier près du tribunal, à Maître Bossuet, notaire à Bordeaux, pour qu’il les place le 4 janvier 1922 au rang de ses minutes, pour en être détenteur et qu’il en délivre avec le présent procès-verbal à toutes parties intéressées.

Par ce testament, Julien institua Jeanne Clara Marguerite CUGINAUD, son épouse, pour légataire universelle et déclara aux termes de celui-ci :

« ..Je donne et lègue à mon fils aîné Bernard Bouchard, tous mes papiers personnels : copies de lettres, toutes les lettres que j’ai gardées y

compris toutes celles de mon frère Antonin, celles de série et autres, mes livres de caisse et d’écritures particulières, ces derniers devant s’il

en est besoin, être mis à la disposition du liquidateur de ma succession et à celle de ma femme toutes les fois qu’elle désirera y puiser des

renseignements.

Je donne et lègue également à mon fils Bernard tous les portraits de famille, les miens compris, existant à ma mort tant ici qu’à Maizières

et Talence mais tous devront restés à ma femme la vie durant. »

Bordeaux le 27 Janvier 1901

Julien Bouchard

Ce testament s’est trouvé caduc en ce qui concerne le legs fait à Marguerite, par suite de son décès arrivé le 29 août 1921 avant celui de Julien.

Aussi, nombre de ces tableaux de famille avec plusieurs copies de portraits d’ancêtres furent cédés par Julien Bouchard, le fils aîné de Bernard Bouchard, lorsqu’il vendit les immeubles de la rue de Turenne à Bordeaux, à la maison de vins « Albert BICHOT » à Beaune chez qui on peut encore les voir de nos jours dans leur ensemble. Les BICHOT étant alliés à la famille BOUCHARD depuis la fin du XVIIIe siècle par le père de Jeanne Louise MOYNE, épouse de Simon Etienne Hugues MORELOT, Jean MOYNE, une de ses descendantes, Françoise Cécile Lucie MOYNE ayant épousé en 1863 Pierre Auguste Albéric BICHOT, grand-père d’Albert BICHOT qui installa la maison de vins à Beaune en 1912.

À leur décès en 1921, Julien et Marguerite laissèrent une fortune considérable à leurs sept enfants et à deux de leurs petites filles, Marthe et Thérèse, filles de leur

second fils Philippe qui était expatrié au Maroc, où il décéda à Casablanca, le 26 décembre 1915.

Le 8 mai 1922, lors de la déclaration à l’enregistrement en février et mai 1922, l’ensemble des successions de Marguerite et de Julien fut très exactement estimée à 3 millions 686.241,79 francs y compris les dots attribuées à chacun de leurs huit enfants pour leur mariage, avec une somme de 100.000 francs pour chaque garçon et 105.000 francs pour chaque fille comprenant leur trousseau.

Le 27 août 1923, deux ans après le décès de Julien et Marguerite, cette succession de par son importance fut à peine liquidée. Le total de l’actif en fonds et en fruits de la succession fut calculé pour un montant de 3 millions 399.116,36 francs.

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Après imputation du passif avec les différents legs, frais de mutation, honoraires de déclaration et autres, le total fut ramené à 3 millions 322.116,37 francs, pour les droits dans les biens partagés et attribués en toute propriété à chaque héritier comme suit :

Immeubles & Licitations

Valeurs de Bourse

Capital et Cptes de Julien & Marguerite / B.P&Fils

Dot, mutation, divers frais

meubles

Bernard BOUCHARD 415.122,17 Frs 42,6% 0,00% 0,15% 12,8% 12,33%

Philippe BOUCHARD (†1916)

Marthe BOUCHARD 207.527,59 Frs 0,72% 9,92% 7,21% 6,11% 5,97%

Thérèse BOUCHARD 207.527,59 Frs 0,72% 9,89% 7,21% 6,11% 5,97%

Jean Antoine BOUCHARD 414.688,17 Frs 1,45% 21,05% 17,45% 11,6% 11,93%

Louise THOUMY 415.930,17 Frs 1,45% 19,44% 19,83% 13,73% 12,97%

Marie OZANON 415.855,17 Frs 30,46% 5,92% 6,12% 12,82% 12,97%

Madeleine VEILLON 415.720,17 Frs 19,15% 0,31% 9,28% 12,14% 12,97%

Emilie LEPOUTRE 415.690,17 Frs 1,45% 19,64% 17,45% 12,41% 12,97%

Michel BOUCHARD 414.055,17 Frs 1,99% 13,83% 15,30% 12,30% 11,93%

Le portefeuille boursier a été évalué très exactement à 371.655,42 francs au cours de Bourse du 15 mars 1923, jour fixé pour la jouissance divise. La succession comprenait des créances en capital et comptes courants dans les livres comptables de la maison « BOUCHARD PÈRE ET FILS » à hauteur de 27,6%, ainsi que de nombreux et importants biens immobiliers en Gironde et en Bourgogne correspondants à l’époque à 40,03% du montant total ;

En Gironde - À BORDEAUX ; les locaux importants avec chai et maison de la rue Huguerie, se trouvaient au n°54, l’entrée du n°15 à 19 était située rue Darnal. Ces locaux furent acquis par Julien le 6 juillet 1899 pour un prix de 125.000 francs. L’immeuble du n°52 de la rue Huguerie que Marguerite avait reçu en héritage de ses parents, était le domicile de la famille. L’ensemble fut vendu le 3 mai 1922 par adjudication avant la liquidation de la succession en trois lots pour un prix total de 340.000 francs; le premier lot à Marie épouse de Paul OZANON pour un prix de 113.500 frs, le second à Madeleine, épouse de Paul VEILLON, pour

154.500 frs et le troisième à Bernard pour 72.000 frs. Une inscription de privilèges de copartageants fut prise auprès des hypothèques de Bordeaux au profit des vendeurs de la succession contre Madeleine VEILLON pour la somme de 131.250 francs et Marie OZANON pour 105.000 francs jusqu’à la liquidation de la succession en 1923.

Les nouveaux locaux rue de Turenne, du n°117 à 127 du magasin et bureau de l’établissement « BOUCHARD PÈRE ET FILS », avec l’hôtel particulier au n°115 occupé par Bernard BOUCHARD, qu’avait faits construire Julien pour un montant total de 432.602,44 frs en 1901, seront évalués à 440.000 frs en 1923. Ils seront attribués à Bernard dans son lot lors de la liquidation de la succession en 1923 ; 90.000 frs pour l’immeuble où il habitait au n°115 et 350.000 frs pour les immeubles et bâtiments du n°117 à 127 de la même rue. À charge pour lui de verser une soulte aux cohéritiers de 180.520 frs pour excédent sur ses droits estimés à 415.122,17 frs. Par la suite, en février 1958, les deux fils de Bernard cédèrent ces immeubles à la maison de vins de Beaune « Albert BICHOT », pour un prix de 5.719.766 frs. Puis fin 1971, sous la dénomination « Société Anonyme Immobilière et Commerciale Turenne », Julien le fils aîné de Bernard, et Marcelle DESUSCLADE son épouse, cédèrent toujours à « Albert BICHOT », l’hôtel particulier au n°115 où ils demeuraient, en apport-fusion pour plus de 2MF avec la renonciation en 1974 et 1988 du droit d’usage et d’usufruit qu’ils avaient conservé.

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Avec les disponibilités de l’héritage que reçut Julien en 1890 de son frère "Théo", de la moitié du château et de la

propriété de Mandelot près de Beaune qu’il céda à son autre frère Antonin, ainsi que du domaine de Barbirey qu’il vendit en 1893 à la famille de Blicq et de l’héritage que Marguerite avait reçu de la vente en 1899 de la maison rue Sainte Catherine, une autre propriété importante fut acquise en plein centre de Bordeaux.

Celle-ci se trouvait dans le quartier de la basilique Saint-Seurin, ancienne église romane qui se trouve sur un des plus anciens vestiges archéologiques de la ville, construite au XIe siècle sur un lieu de culte d’une simple chapelle ou oratoire remontant au Ve siècle et détruit lors des invasions normandes. Des fouilles archéologiques effectuaient en 1909 – 1910, mirent à jour dans sa crypte une nécropole chrétienne du 4e et 6e siècle. Particularité de cette église qui subit de nombreuses modifications au cours des siècles, elle possédait une relique originale, l’olifant de Roland, chevalier mort à Roncevaux et enseveli à Blaye. La tradition affirme que ce cor d’ivoire signalé encore au XVIIe siècle et disparu avant la Révolution, avait été déposé par l’empereur Charlemagne sur l’autel de l’église. Elle fut classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998 parce que située sur un des chemins de Saint-Jacques de Compostelle.

Cette propriété sur une surface totale de 3.242,75 m2 était constituée d’un groupe d’immeubles de rapport, véritable patrimoine que Julien et Marguerite souhaitaient laisser à leur descendance.

Elle se composait de trois ensembles;

- du n°15 rue de l’Eglise Saint-Seurin, aujourd’hui rue Georges Mandel sur 147,40m2, de la vente le 9 mai 1898 des époux DUPIN, pour 29.000 francs ; - des n°8 au n°10 de la rue Capdeville, qui communiquaient par ses jardins à l’arrière avec le n°15 de la rue Georges Mandel, de la vente le 4 août 1898 de Madame GÉRAND, épouse de Georges GÉRAND, architecte, pour 160.000 francs, avec un grand immeuble sur deux étages, séparé par une vaste véranda au centre, jardins, dépendances et terrains ;

Façade d’entrée de l’Eglise Saint-Seurin

dans l’axe de la rue du même nom changé en 1946

- du n°12 de la rue Capdeville, de la vente le 8 novembre 1898 de Madame PELEGRIN, pour 35.000 francs, avec cave, deux étages, grenier, et jardin derrière.

Cette acquisition en 1898 pour un total de 224.000 francs fut évaluée à 300.000 francs pour l’enregistrement en 1921 lors du décès de Julien.

Ces immeubles restés en indivision après la liquidation de la succession du 27 août 1923, d’après mention sur la déclaration de succession de Jean Antoine BOUCHARD du 2 novembre 1939, furent loués officiellement par acte notarié le 10 janvier 1912, pour un bail de 5-10-15-20-25 ou 30ans, à Messieurs René, Edouard et Gustave Chabannes, demeurant tous à Bordeaux, cours Balguerie Stuttenberg n°107, moyennant un loyer annuel de 24.000 francs (près de 4M frs en 1954), payable par trimestre, le premier paiement ayant eu lieu le 1er juillet 1912. Les immeubles sur la rue Capdeville furent détruits et remplacés par une construction faisant office de salle de loisirs. L’ancien immeuble au n°15 rue de l’Eglise Saint-Seurin demeura en l’état. Dans la liquidation de succession en 1923, ceux-ci furent déclarés

« occupés par le ‘Skating Palace’ », salle sportive de patinage, de danse et de loisirs, les 1 juillet 1917, 22 juin 1919, 10 avril 1920 et 2 mars 1922 des combats de boxe, mis très à la mode avec l’arrivée des américains durant la guerre de 14-18, s’y déroulaient !

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Combat de boxe au ‘Skating Palace’ en 1911

En 1926, un nouveau bail fut signé avec l’aménagement sur les numéros 8 -10 -12 de la rue Capdeville d’un garage de voitures pour la société, le Garage BACQUEYRISSES, concessionnaire de la marque automobile CHENARD & WALCKER.

Cette marque se rendit célèbre par la première édition des 24h du Mans en 1923, qui fut remportée par les pilotes André Lagache et René Léonard sur une CHENARD & WALCKER 3L Sport. Mais la marque étant en fin de vie avec le succès grandissant de Citroën et Renault, la concession bordelaise bien que dirigée par Lucien Chenard, fils d’Ernest Chenard, créateur de ces célèbres automobiles et décédé en 1922, pris le nom de la Société GARAGE BACQUEYRISSES le 29 octobre 1925 avec Gabriel BACQUEYRISSES comme associé. La société BACQUEYRISSES avant son déménagement en 1926 rue Capdeville, était un dépôt d’essence de 1922 à 1923 au 12 rue de Cursol à Bordeaux. Pierre BACQUEYRISSES, son fils, participa avec Georges Delaroche aux 24h du Mans de l’année suivante, les 14 et 15 juin 1924, aussi sur une CHENARD & WALCKER 4L 1496cc sous le n°38, mais ils furent non classé suite à une distance parcourue insuffisante.

En 1935, la Société des usines CHAUSSON fondée en 1907 à Asnières-sur-Seine, fabriquant de pièces détachées, mais aussi de carrosseries CHENARD & WALCKER et de véhicules utilitaires, achète CHENARD, qui fabriquait déjà des camionnettes et des petits véhicules de transport en commun. La Société GARAGE BACQUEYRISSES devint alors concessionnaire CHAUSSON et agent SIMCA, elle se spécialisa dans le transport en commun et après la seconde guerre mondiale avec la suppression du tramway à Bordeaux, devint le premier fournisseur d'autocars et d'autobus d'Aquitaine avec Pierre BACQUEYRISSES, qui succéda à Gabriel, son père, en 1949 et que l’on retrouvera en tant que signataire au nom de la société dans tous les actes d’achat que nous allons voir.

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GARAGE BACQUEYRISSES en 1923 et son intérieur en 1926 © Garage BACQUEYRISSES

Garage et station-service dans les années 1957- 1960 8 -10 -12 rue Capdeville à Bordeaux © Garage BACQUEYRISSES

Cet emplacement sur la rue Capdeville et sur la rue Georges Mandel était toujours en location par l’indivision lorsque le GARAGE BACQUEYRISSES construisit une station-service et de graissage SHELL selon permis de construire du 10 juin 1950 accordé directement à M. BACQUEYRISSES. Bien que classés par la ville de Bordeaux dans la liste des établissements insalubres et incommodes pour l’hygiène et la santé publique, le garage et cette station-service perdureront jusqu’en 1987.

Le fils aîné de Bernard BOUCHARD, Julien Louis Marie, portait en premier prénom un de ceux de l’état civil et de baptême de son père, Julien Bernard Marie, et de son grand-père, Julien BOUCHARD. Il se maria le 30 janvier 1923 avec Marcelle DESUSCLADE. Selon une anecdote racontée encore de nos jours par sa nièce Jackie NAVARRE, celle-ci pour l’épouser, « l’empêcha de se marier une première fois avec une autre jeune femme de la haute société bordelaise en le menaçant avec un revolver le jour même de ses noces dans l’église

lors de la cérémonie religieuse ». Sans enfant, il vivait dans l’hôtel particulier que son père Bernard avait eu dans son lot lors de la liquidation de succession du 27 août 1923 de Julien BOUCHARD, au 115 rue de Turenne. Grand amateur de belles voitures, il connaissait très bien le GARAGE BACQUEYRISSES. Passionné aussi d’aviation, il passa même son brevet de pilote de nuit et possédait son propre avion.

Le mandat général d’administration de ces immeubles de la Rue Capdeville et Georges Mandel restés en indivision, lors de la liquidation de la succession le 27 août 1923, avait été donné à son frère Jean Bernard, « commis négociant » âgé de 25 ans à l’époque, et à son cousin François Joseph BOUCHARD, négociant à Beaune, âgé quant à lui de 61 ans, à charge pour eux d’en toucher les loyers et de les répartir aux ayants droit.

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Julien fut l’initiateur à soixante ans, le 12 avril 1954, de la vente de ce bien indivis à ce plus grand locataire, la Société GARAGE BACQUEYRISSES, avec les pouvoirs récupérés d’une part de son père Bernard et d’autre part de quatorze de ses oncles, tantes, cousins et cousines. Sa tante Madeleine BOUCHARD épouse VEILLON, qui habitait Talence, propriété qu’elle avait reçue en héritage lors de la liquidation de la succession en 1923, signa l’acte à Talence. Soit en tout, seize coïndivisaires lui donnèrent mandat de vente, dont une de ses tantes Jeanne VIEILLARD-BARON, épouse d’Antoine Jean BOUCHARD décédé en 1939. En 1954 l’indivision se composait de vingt-et-un ayants droit sur ce bien. (voir : Annexe)

Mais dans l’acte rédigé par le notaire, Maître Antoine PEYRELONGUE à Bordeaux, ne furent recensés à partir de l’acte de notoriété du 16 mars 1922, établi après le décès de Julien BOUCHARD pour ses sept enfants vivants et ses deux petites-filles, que quinze héritiers, c'est-à-dire cinq enfants et dix petits-enfants, sur les dix-huit vivants en droit sur le bien indivis en 1954, de la descendance de Julien et Marguerite dont trois de leurs arrière-petits-enfants.

Ainsi, furent indiqués pour le calcul de ces droits par le notaire, les cinq enfants encore vivants ; Bernard BOUCHARD ; Louise BOUCHARD, veuve THOUMY ; Madeleine BOUCHARD, épouse VEILLON ; Emilie BOUCHARD, veuve LEPOUTRE ; Michel BOUCHARD ; les sept petits-enfants vivants héritiers d’Antoine Jean BOUCHARD décédé en 1939 ; Monique BOUCHARD, épouse CRISTAU ; Geneviève BOUCHARD, veuve TONNELIER ; Nicole BOUCHARD, épouse FORET ; Pierre BOUCHARD ; Roger BOUCHARD ; Yvonne BOUCHARD, épouse DESBIEZ ; Xavier BOUCHARD ; Philippe Maurice BOUCHARD, le dernier fils d’Antoine Jean, étant noté comme décédé en 1945, le quart de sa part revenant à sa mère ; les deux petites-filles, Madeleine OZANON et Simone OZANON de Marie BOUCHARD épouse OZANON décédée en 1952 ; et la seule petite-fille, Marthe BOUCHARD, fille aînée vivante des deux filles de Philippe BOUCHARD, le deuxième fils de Julien et Marguerite, décédé en 1915 à Casablanca au Maroc. (voir : Annexe - Tableau généalogique et synoptique de la vente -)

Le décès en 1937 de Thérèse BOUCHARD, la sœur de Marthe, aussi à Casablanca, bien avant la signature de l’acte, ne fut pas mentionné ainsi que l’existence de ses quatre enfants nés de son mariage avec Leslie DAHAN, celui-ci ayant abandonné ses droits sur le bien au profit de ses enfants ; Philippe qui avait 29 ans, marié avec deux enfants ; Edith décédée en 1941; Hélène 19ans et Robert qui avait 17ans, ces deux derniers étant encore mineurs le 12 avril 1954, (la majorité civile était de 21 ans depuis 1792, elle passera à 18 ans en 1974). De même, Marie DESPUJOL, leur grand-mère, épouse de Philippe décédé, et toujours vivante en 1954, sans donation à ses enfants, avait droit au 1/4 de la part de son époux. Marthe et les enfants de Thérèse devant se partager les 3/4 restants. Avant 2009 et la modification de la loi qui permet maintenant l’aliénation d’un bien indivis autorisé par le tribunal à la demande d’un ou plusieurs indivisaires titulaires d’au moins 2/3 des droits indivis, l’intervention ou la représentation de tous les indivisaires était requise dans un acte notarié régulier pour l’aliénation d’un bien indivis. Aucune convention d’indivisaires ayant pris la décision de vendre à l’unanimité, ou aucune décision d’un juge pour la sortie de l’indivision et la vente d’une partie des parts avec le maintien de certains indivisaires, ne fut annexée ni même mentionnée dans l’acte de vente par le notaire afin de le régulariser. Qui plus est, les deux mineurs, Hélène et Robert auraient du être représentés par un tuteur dûment autorisé et mandaté par la justice. Une procédure judiciaire conforme à la loi aurait rigoureusement contrôlé la vente avec le calcul des quotes-parts et le séquestre des paiements avec ceux attribués aux mineurs. Ce qui ne fut pas le cas. Paradoxalement le notaire ayant même précisé dans la rédaction de l’acte « Mr Julien BOUCHARD es nom déclare en outre : aucun de ses

mandants – à l’exception de Madame TONNELIER… (ndlr pour son fils François issu de son 2ème mariage) –, n’a jamais été tuteur de mineur… emportant d’hypothèque légale», ce qui était vrai à défaut d’avoir l’unanimité de tous les coïndivisaires avec les trois enfants de Thérèse, dont les deux mineurs qui manquaient dans l’acte, bien que la loi l’exigeait en 1954.

Le prix de vente accepté fut de 9.375.000 francs, avec un acompte immédiat de 250.000 francs au comptant et un chèque de 1MF, tiré sur la Compagnie algérienne de Bordeaux, versé lors de la signature de l’acte à l’ordre de Bernard BOUCHARD, un des mandants et père de Julien le principal mandataire pour cette " vente ". Chèque déposé et consigné entre les mains du notaire jusqu’à l’accomplissement des formalités hypothécaires et d’enregistrement. Cette somme devant être retirée et versée sur la quote-part justifiée de Bernard BOUCHARD compte tenu des 250.000 francs qu’il avait déjà touchés. Bernard BOUCHARD très diminué, avait 91 ans lors de cette vente, il décèdera le 20 juillet de cette même année de 1954 dans sa propriété « PUJOL » à COCUMONT (Lot et Garonne). Son testament reçu par Maître

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PEYRELONGUE le 9 juin 1949 avec codicilles au 15/6/1950 et 16/9/1953 et le partage de sa succession du 1 juillet 1955 entre ses deux fils, firent l’objet d’une demande en rescision le 19 juin 1962 de la part de Jean Bernard suite à une clause irrégulière dans ce testament tendant à le priver de sa part dans la quotité disponible en tant qu’héritier réservataire. Le procès eut lieu le 17 juillet 1964 à 13h30 au Tribunal de Grande Instance de Bordeaux, un accord fut trouvé entre les deux frères en octobre 1967 pour une renonciation en annulation du partage.

Le solde du prix de vente soit 8.125.000 francs fut versé auprès du notaire par l’acquéreur, la Société GARAGE BACQUEYRISSES, en six termes semestriels à 5% d’intérêts par an du 1 juillet 1954 au 31 janvier 1957. Le montant du paiement de chaque terme ayant été indiqué par renvoi, écrit à la main en marge dans l’acte, avec la mention « Tous paiements en principal et intérêts devront être faits par chèque et en l’étude de Maître PEYRELONGUE, notaire soussigné ».

Le montant détaillé de la quote-part exact avec intérêts de chacun des ayants droit n’étant pas défini pour chaque terme dans l’acte, le soin de recueillir les fonds du notaire et de les répartir, fut laissé sous la grande responsabilité de Michel BOUCHARD, fils cadet de Julien BOUCHARD, dès lors second mandataire, selon mention complémentaire inscrite dans chacun des quatorze pouvoirs annexés à l’acte sur les seize de ses tantes, cousins et cousines qu’avait reçus Julien, excepté pour Bernard BOUCHARD, son père, et Madeleine VEILLON, sa tante.

L’épouse de Philippe BOUCHARD, Marie DESPUJOL décédée en janvier 1958, deux autres ventes pour un montant total de 1.166.666 francs furent conclues par les trois enfants de Thérèse, absents dans l’acte précédent, avec toujours le même acquéreur, la Sté GARAGE BACQUEYRISSES et avec le successeur de Maître Antoine

PEYRELONGUE, Maître Maurice DUVERT ;

- le 9 janvier 1958, au profit d’Hélène, âgée de 24 ans, alors majeure et mariée, et de son frère Philippe. Tous les deux avec une procuration au nom de Maurice COUPRIE, administrateur de société à Bordeaux, pour un prix total de vente de 416.666 francs payés comptant ;

- le 18 août 1960, au profit de Robert, le cadet, âgé alors de 24 ans, majeur et signataire présent, pour un prix de vente de 750.000 francs payés par chèque sur la Compagnie algérienne de Bordeaux.

Pour comparer ce total de 1.166.666 francs pour ces ventes de 1958 et 1960, dans le cas d’une vente régulière incluant la totalité des ayants droit, le montant total calculé avec intérêts de la quote-part pour les trois enfants de Thérèse en 1957, aurait été de 439.142,72 francs.

Le prix total de cette aliénation avec ces trois actes de vente, déclaré à l’enregistrement de 1954, 1958 et 1960 fut de 10.541.666,00 francs hors intérêts. Les intérêts en plus, de 5% calculés pour les six termes semestriels prévus du 31 juillet 1954 au 31 janvier 1957, d’après les relevés comptables du notaire furent calculés pour un montant de 529.220 francs. Avec intérêts selon tous les actes déclarés, le total de cette cession, déductions faites des frais d’acte et prorata de loyer du 13 avril 1954 au 31 juillet 1954 remboursé au Garage BACQUEYRISSES, s’établissait donc à 11.070.886 francs.

Michel BOUCHARD qui était mandaté par la vente de 1954 pour redistribuer les paiements du solde du prix de vente, en six termes réglés par le Garage BACQUEYRISSES, reçut toujours d’après les relevés comptables du notaire, deux virements pour un montant total de 2.716.720 francs pour les deux premiers termes semestriels sur son Compte Chèque Postal personnel à Dijon, déduction faite du loyer au prorata du 13/04/1954 au 31/07/1954 remboursé au Garage BACQUEYRISSES. Les quatre derniers termes pour un montant total de 5.937.500 francs furent virés à partir du 28 juillet 1955 selon son ordre, dûment annoté par le notaire sur son livre de comptes, vers un Compte Chèque Postal commercial à Dijon pour une maison de vin et de négoce de Savigny-les-Beaune qu’il avait acquise et dénommée «DUMOULIN AÎNÉ ».

Pour les ventes supplémentaires négociées de 1958 et 1960, selon certains, cela s’appelle en affaire " le prix de nuisance ", « affaire » totalement irrégulière, quant aux modalités utilisées pour la sortie et la cession équitable de ce bien indivis familial selon la loi en vigueur en 1954, comme cela vient d’être expliqué. Quant à la redistribution par Michel BOUCHARD du solde des paiements reçu du notaire, nous ne connaissons pas la raison pour laquelle les virements ont été effectués au profit de sa firme «DUMOULIN AÎNÉ » sans autorisation des mandataires, dont semble t-il nombre d’entre eux n’ont pas reçu la totalité de ce qui leur était dû.

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Après cette acquisition, selon un permis de démolir délivré le 18 juillet 1986 par la mairie de Bordeaux, la Sté GARAGE BACQUEYRISSES fit démolir tous les bâtiments le 13 août 1986 par la « S.C.I. PARVIS SAINT SEURIN » ; Société Civile Immobilière au capital de 10.000F, immatriculée à Paris le 18 novembre 1986, dont le siège social était avenue du Maine, Tour Montparnasse.

Les gérants de cette toute jeune S.C.I. avec plus de 82% des parts étaient deux sociétés ; la « SARL LES NOUVEAUX CONSTRUCTEURS INVESTISSSEMENT » créée en 1972 par Olivier MITTERRAND associé avec Nicolas POLITIS de nationalité grecque. Olivier MITERRAND, ayant fait sa fortune dans l’immobilier est le frère de Frédéric MITTERRAND ancien ministre de la culture. Tous les deux neveux de François MITTERRAND, ancien Président de la République. Le deuxième gérant étant la « SNC LES NOUVEAUX CONSTRUCTEURS ET CIE LES NOUVEAUX CONSTRUCTEURS OUEST » créée à Paris à la même adresse le 29 septembre 1986 ayant pour activité déclarée et exercée : « LE SUPPORT JURIDIQUE DE PROGRAMME DE CONSTRUCTION-VENTE, L’ACQUISITION DE TERRAINS À

BORDEAUX ET CONSTRUCTION D’UN ENSEMBLE EN VUE DE SA VENTE EN TOTALITE OU PAR LOTS ».

La Sté GARAGE BACQUEYRISSES revendit le terrain, le 2 janvier 1987 pour le prix de 6 MF à cette même S.C.I., soit un prix multiplié par 8 selon conversion INSEE par rapport au prix total d’acquisition (frais d’acte compris) et au passage des anciens francs aux nouveaux francs en 1960.

Dans l’acte de vente fut curieusement précisé, pour l’origine de propriété et le versement du prix de cession du bien indivis de l’acte de 1954, seul mentionné :

« Quant au surplus, (ndlr le solde des 9.375.000francs de la vente), il a été stipulé payable au plus tard le 31 janvier 1957, et payé depuis »,

Il est à noter que lors de cette dernière vente et son enregistrement, le Conservateur des hypothèques de Bordeaux fit une inscription de rejet définitif par deux fois de l’enregistrement, pour motifs que l’origine de propriété du bien vendu était incomplète d’après les renseignements qu’il détenait avec les deux publicités Foncières pour les ventes complémentaires de 1958 et 1960, (celles des trois enfants de Thérèse BOUCHARD, épouse DAHAN), et que le siège social de la société venderesse était inexact puisqu’il venait d’être détruit et son transfert n’était pas publié ! Un correctif fut établi le 6 octobre 1987, avec la publication du nouveau siège social de la Société GARAGE BACQUEYRISSES, transféré à Mérignac et un rajout de ces deux actes de vente supplémentaires qui ont été encore une nouvelle fois omis dans l’acte de vente à l’U.A.P ci-dessous.

Cette S.C.I. après permis de construire délivré par la mairie de Bordeaux le 11 février 1987, entreprit la construction, de mars 1987 à juin 1989 de quatre bâtiments de 59 logements, divisés aujourd’hui en 175 lots, avec une entrée au n°10 de la rue Capdeville, appelée « Parvis Saint-Seurin » et une au n°15 de la rue Georges Mandel, et deux entrées souterraines communiquant avec l’intérieur.

Le tout fut revendu immédiatement en l’état de construction le 18 décembre 1987, à l’Union des Assurances de Paris pour près de 32MF, soit 42 fois le prix d’acquisition versé aux ayants droit de Julien BOUCHARD pour la sortie de l’indivision, avec comme conditions suspensives l’achèvement des travaux.

L’opération immobilière et fortement rentable terminée, la « S.C.I. PARVIS SAINT SEURIN » fut radiée le 24 août 1990 du Tribunal de Commerce de Paris suite à son transfert et immatriculation au Tribunal de Commerce de Bordeaux, sans maintien d’activité.

L’U.A.P fit treize ans après, le 19 avril 2000, une autre cession par apport à AXA CONSEIL VIE lors la fusion AXA-UAP. L’ensemble fut cédé à la SARL GFR

RAVINELLE en 2001 pour le prix de 76 MF, marchand de biens immobiliers de la Foncière des Régions, groupe qui gère maintenant ces immeubles.

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Vue aujourd’hui et par satellite de l’ensemble immobilier « Le PARVIS SAINT SEURIN » entre le 10 rue Capdeville et le 15 rue Georges Mandel à BORDEAUX - (Google Earth © 2014)

- À TALENCE ; la maison sur 4ha qu’avait héritée Marguerite, estimée à 50.000 francs a été attribuée à Madeleine, épouse de Paul VEILLON, avec comme nous l’avons vu une partie de la vente de la maison familiale du n°52 de la rue Huguerie. Madeleine devant verser aux cohéritiers une soulte d’un montant de 2.282 francs sur ses droits estimés à 415.720,17 francs.

La valeur totale du patrimoine immobilier en Gironde, légué par Julien et Marguerite à leurs enfants, a été estimée en 1923 pour la liquidation de la succession à 1 130.000 francs, et à 230.700 francs pour la Bourgogne, soit un total de 1.360.700 francs.

En Bourgogne - À BEAUNE ; la créance sur la maison « BOUCHARD PÈRE & FILS », Société en nom collectif, a été évaluée à la date de son décès au 8 novembre 1921, lors de la déclaration à l’enregistrement, pour un montant total de : 916.756,54 francs.

Cette somme se répartissait ainsi : 600.000 francs en compte A˝ capital ; 31.762,61 francs pour intérêts de ce capital à 6% calculé du 1 janvier 1921 au décès de

Julien ; 261.601,50 francs pour montant du compte courant C˝ ouvert à son nom ; 13.428,80 francs pour intérêts de celui-ci à son décès ; 9.476,20 francs pour montant du compte courant au nom de son épouse Marguerite ; et de 487,43 francs pour intérêts de ce dernier à 6% au décès.

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Pour la liquidation de la succession avec intérêts fixés seulement du 1er au 15 mars 1923 (..?) ; le montant calculé des intérêts pour le compte A˝ capital a été ramené à

7.298,65 frs ; le montant du compte courant C˝ a été ramené à 213.851,84 frs, sans aucun intérêt ; celui du compte de Marguerite a eu ses intérêts calculé pour un

montant de 835,80 frs. Le total a ainsi été ramené à la liquidation de la succession à 831.462,49 francs.

L’écart constaté de 85.294,05 frs, étant expliqué dans la neuvième observation de cette liquidation, par le fait que la maison « BOUCHARD PÈRE & FILS a du avec

consentement de tous les héritiers, administrer les successions de M et Mme Julien BOUCHARD depuis le décès de M Julien BOUCHARD, en inscrivant les

recettes et dépenses effectuées pour les dites successions au compte courant C˝ qui avait été ouvert à M Julien BOUCHARD sur les livres de la comptabilité de

ladite société ». « Les partis ayant examiné le dit compte et l’ayant reconnu exact, dispensent expressément les notaires soussignés d’établir le détail dudit compte ;

elles demandent que le reliquat seul figure à la masse active des biens à partager.. ». Aucun état notarié ou comptable n’a pu être analysé. - Sur les communes de PULIGNY et CHASSAGNE en Côte-d’Or, en indivision pour moitié avec François Joseph Bernard, fils aîné de son frère Antonin Bouchard décédé en 1917, la moitié des 3ha 28a 45ca de vignes en Montrachet du domaine de la maison Bouchard Père & Fils, dont 2ha 4a 81ca qui se trouvaient dans la succession de Bernard BOUCHARD, père de Julien, en 1868. Julien attachait à ce domaine une grande importance. En effet, Le Montrachet qui trouve son origine au Moyen Âge, (mont du « rachet » petit oiseau de proie qui y vivait, d’où le nom de Mont Rachaz), dont les premières vignes qui remontaient au XIIIe siècle se trouvaient sur ce territoire, était une possession de l’abbaye de Maizières par les dons que Pierre et Arnolet de Puligny en 1252 et par Gui Berrier de Chagny en 1286-87 lui avaient faits. Les moines de Maizières par leur travail durant cinq siècles contribuèrent grandement à forger sa notoriété. Au XVIIIe siècle, les CLERMONT-MONTMOISON, branche de la famille des CLERMONT-TONNERRE et seigneurs de Chassagne, s’y intéressèrent et développèrent leur propre vignoble à Chassagne et Puligny pour en constituer 4ha 28a, à la veille de la Révolution.

À cette même époque, Le Montrachet fut décrit comme le vin « le plus curieux et le plus délicieux vin de France » dans un ouvrage publié à Londres en 1728 par

l’abbé Claude Arnoux ; puis par l’abbé Claude Courtépée comme « le plus excellent vin blanc d’Europe » ; et enfin en 1787 par Thomas Jefferson, (troisième

président des États-Unis, de 1801 à 1809 ), lors de son voyage en France en 1787, qui le plaça sur sa liste des « plus grands vins de France », et en acheta d’ailleurs douze plans pour les replanter en Virginie à son retour en novembre 1789, mais sans succès. Après la Révolution une partie du Montrachet resta dans l’aristocratie, seuls 100 ouvrées furent vendues dans les biens nationaux sur les 180. Des familles comme les LAGUICHE et de MANDELOT devinrent propriétaires de 3ha 98a 85ca par alliance avec les CLERMONT-MONTMOISON. Le 2 juillet 1838, Bernard BOUCHARD et son frère cadet Adolphe acquirent 1ha 92a 60ca de vignes sur ce climat à André de Bataille de MANDELOT. Bernard, père de Julien, voyant l’intérêt de ce grand cru et son non morcellement pour son exploitation, loua par bail verbal de 3, 6 ou 9 ans, la part indivise de son frère. Des frais d’exploitation engagés pour la construction de murs, de celle de la porte que l’on peut voir encore aujourd’hui, d’apport de terre, de déplacement et replantage de ceps, pour un montant de 610 francs et présentés à Adolphe pour moitié, furent refusés par lui. Ce différent se régla au tribunal avec le partage de cette première acquisition en Montrachet en deux lots tirés au sort le 2 décembre 1845, un de 89a 30ca pour la meilleure parcelle qu’obtint Bernard et une de 1ha 6a 50ca pour Adolphe.

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Grille d’entrée du domaine, édifiée après partage par Bernard Bouchard le 21 décembre 1845

Par la suite différentes acquisition furent effectuées par Bernard en Chevalier Montrachet toujours sur Puligny ; 15a 85ca en 1850 ; 11a 77ca en 1852 ; 50a 3ca en 1856 ; 14a 99ca en 1860. Julien et son frère Antonin complétèrent ce domaine par l’acquisition de 1ha 32a 5ca, le 22 décembre 1888. Le total en Montrachet et Chevalier Montrachet s’élevait à 3ha 28a 45ca en 1929. Dans ce climat en 1900, la maison « BOUCHARD PÈRE & FILS » était le plus grand propriétaire en Chevalier Montrachet.

Plan du finage de Montrachet et Chevalier Montrachet au 15 novembre 1806 Grille d’entrée érigée en 2002 lors de la restauration de la cabotte au centre du vignoble

Le 22 mai 1923, avant la liquidation de la succession, cette moitié indivise des vignes de tout le domaine en Montrachet et en Chevalier Montrachet fut cédée devant Me Bernard MARION, notaire à Beaune, selon un acte intitulé :

« licitation par les héritiers de M. Julien Bouchard à M. François Joseph Bernard le 22 mai 1923 »,

pour une valeur estimée à 25.000 francs, soit 3.125 francs par héritier. François Joseph Bernard, fils aîné d’Antonin BOUCHARD, « s’étant obligé et obligeant avec et

après lui ses héritiers, successeurs et ayants cause, tous, solidairement, et sans division, à payer cette somme à Beaune en la maison BOUCHARD PÈRE & FILS, en

quatre annuités de 6.250 francs chacune sans intérêt, en espèces ou en billets de la Banque de France uniquement; la première le 22 mai 1924 et les trois autres années

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immédiatement suivantes ». Inscription de privilèges de vendeurs ayant été déposée au Bureau des hypothèques de Beaune le 6 juin 1923. Aucune copie d’enregistrement de mainlevées sur cette inscription n’a pu être produite par les archives des hypothèques de Beaune, tous les registres d’inscriptions de privilèges ayant été détruits par les archives départementales. N'ont été conservées que les années antérieures à 1865 ainsi que les périodes de guerre (1914-18 et 1939-45). Demande ayant été faite auprès du notaire Me LAMOUR, successeur de Me MARION, qui n’a jamais donné suite à cette demande.

Cette vente fut effectuée par Michel BOUCHARD, le fils cadet de Julien, avec six mandats de ses frères et sœurs, et deux des filles de Philippe, le deuxième fils de Julien, décédé au Maroc. Sur ces huit mandats, ceux de Louise THOUMY et de Marie OZANON, détaillaient la désignation du domaine, le prix demandé et les

conditions de paiement ; ceux de Bernard BOUCHARD et Madeleine VEILLON, indiquaient « Etablir la désignation du domaine de Montrachet » et laissaient libre le mandataire de fixer les modalités de vente, prix, intérêts et conditions ; ceux d’Emilie LEPOUTRE, de Jean Antoine BOUCHARD et des deux filles de Philippe,

Marthe et Thérèse, ne faisaient aucune mention du domaine de Montrachet, uniquement « Consentir ou provoquer, avant ou après partage, la vente à l’amiable ou aux

enchères de tout ou partie des biens meubles et immeubles dépendant de la communauté d’entre les époux Bouchard – Cuginaud et de leur succession », laissant aussi libre le mandataire de fixer les modalité de vente, prix, intérêts et conditions. Après acquisition par François Joseph Bernard BOUCHARD, ces mêmes vignes pour moitié en Montrachet et en Chevalier Montrachet incluses avec tout le domaine en vignes pour la création de la Société Civile Immobilière des domaines du Château de Beaune en 1932, furent valorisées en 1955, lors de la fusion acquisition de cette

SCI, transformée en actions pour la S.A « BOUCHARD PÈRE & FILS », à 4.420.500 francs, soit 3,7 fois en 32ans sur le prix de licitation˝ de 1923 et sa réévaluation à 1.193.210 francs, suite à l’inflation en 1955.

À elle seule, cette moitié indivise en Montrachet et Chevalier Montrachet pour un total de 1ha 64a 23ca en 1929 pourrait être estimée aujourd’hui à plus de 33 millions d’€uros en comparaison de la valorisation de l’ouvrée (4a 28ca) en 2012 de ces climats. L’homme d’affaires Franço is Pinault ayant acheté en 2012 au Château de Puligny-Montrachet une ouvrée de Montrachet pour la somme de 1 M€.

Jusqu’à neuf mois avant sa mort, Julien s’était battu en engageant un procès le 17 février 1921 avec les principaux propriétaires des vignes en Montrachet, contre le Comité d’agriculture de l’arrondissement de Beaune et autres propriétaires qui utilisaient ce nom abusivement pour leurs récoltes faites sur des climats voisins. Visant

à bien délimiter l’appellation Montrachet, en « démontrant que les vins produits sur les vignes des défenseurs ne se sont jamais vendus sous le nom de

Montrachet, mais généralement et principalement sous celui de Bâtard Montrachet et Chevalier-Montrachet », il gagna ce procès le 12 mai 1921 et ainsi permis de protéger ses intérêts dans l’unicité de ce cru prestigieux et de son appellation, au grand profit de la maison.

Les héritiers de Julien n’ont pas saisi l’attachement que leur père avait pour le Montrachet, le plus beau cru de Bourgogne qu’il voulait laisser à ses enfants, et l’intérêt qu’avait son neveu, François Joseph Bernard, pour réunir la totalité du domaine de la maison à son décès afin de le transmettre en donation-partage le 23 juillet 1929 à ses sept enfants encore vivants : Bernard Antonin (°1888 †1982), Antonin Victor (°1889 †1976), Louis Théodore (°1891 †1954), Anne Marguerite (°1893 †1959), épouse PAQUY, François Etienne (°1895 †1982), Denise (°1903 †1941), et Anne (°1904 †1955), qui l’incluront le 29 février 1932, dans la création de la Société Civile Immobilière des domaines du Château de Beaune, celle-ci étant fusionnée en 1955 avec la transformation de la S.A.R.L. en « S.A. BOUCHARD PÈRE & FILS » qui sera vendue avec tout son domaine en 1995 à la famille champenoise HENRIOT, à Joseph et ses sœurs, maison « CHAMPAGNE HENRIOT », sous la holding « S.A La VIGIE ». Au décès de Joseph Henriot, le 30 avril 2015, la présidence de la VIGIE et donc de « BOUCHARD PÈRE & FILS » reviendra à Gilles de Begon de Larouziere de Montlosier, son neveu et cinquième fils de sa sœur Madeleine, et en tant que Directeur général à Christian Albouy (Lejay Lagoute) et à Thomas Henriot, 2ème fils de Joseph.

Rappelons aussi, que la constitution et finalisation des différents monopoles, le Clos de la Mousse, la Vigne de l’Enfant Jésus, le Volnay Cailleret Ancienne Cuvée Carnot, et donc le Montrachet et Chevalier Montrachet , avec l’acquisition de nouvelles vignes, ont été réalisées avec Julien qui était associé avec son frères Antonin dans le capital de la maison, Société en nom collectif, dès 1858 et à parts égales à partir de 1889.

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N’oublions pas non plus de citer le trésor de la maison en vins vieux, plus de 2000 bouteilles datant du XIXe siècle dont les plus anciens flacons sont des Meursault Charmes 1846, une bouteille vient d’être vendue par BOUCHARD PÈRE & FILS aux enchères à Hong Kong le 3 septembre 2016 pour la somme de 15 496 €uros, Beaune Grève Vigne de l’Enfant Jésus 1889, Montrachet 1864 vendu 22 750,78 €uros, et Chambertin 1865 vendu 35 219 €uros toujours à ces enchères de Hong Kong devenant la bouteille de Bourgogne la plus chère au monde. Ce stock datant de l’époque de Julien et Antonin non comptabilisé dans la part de Julien pour sa succession, le sera pourtant dans la cession des droits de Louis Théodore, troisième fils de François Joseph Bernard, (branche Antonin), à ses frères et sœurs suite à l’affaire des Ibis en 1947.

- Sur la commune de SAINT-LOUP-DE-LA-SALLES en Saône-et-Loire, Julien laissa ; un domaine avec maison d’habitation, dépendances, terres, pâtures et vignes avec : La Pature, pièce de terre de 29a 40ca dont 12a 70ca de vigne, La Croix-Grimon de 9ha 97a 00ca, La Saulerie de 37a 70ca, le Meix Bazin de 15a 70ca, le Meix Roch de 1ha 23a, les Poiriers Perret, terres de 52a 30ca, un bois d’acacias : Champ Fauveau de 1ha 75a 20ca, des terres en Meix Guillot de 22a 40ca, des terres en Gillote de 24a 60ca , une maison au bout d’Amond avec bâtiments, cour, jardin et terre de 10a 90ca ;

Le domaine de Maizières qui comprenait le château et son clos d’une contenance de 9ha 09a 10ca avec son moulin à eau et étang sur 32a 10ca, une terre en dehors du clos de 43a, et sur la commune de Saint-Loup une pièce de terre dite Pièce de Murs ou l’Outrage de 16ha 59a et parcelle de pré, Le Champayage de 4ha 10a 45ca, le tout estimé à 200.000 francs. Les vignes sur Maizières et St-Loup s’étendaient sur 1ha 59a 70ca.

L’ensemble sur la commune de Saint-Loup-de-La-Salle, sur une surface totale de 45ha 09a 75ca, terres, vignes, prés, bois, maisons, château et son clos, a été estimé pour la liquidation de la succession à 205.700 francs.

Les meubles, objets mobiliers, tableaux, tapisseries et objets de toute nature garnissant le château de Maizières, étaient assurés à la compagnie Le Phénix suivant police n°26.975 en date du 19 avril 1918 et après avenant au 15 janvier 1920, suite à la vente (cf. p33) au prix de 160.000 francs des tapisseries du grand salon, pour une valeur de 281.500 francs. L’on peut donc estimer la valeur de l’ensemble du mobilier du château de Maizières après la première guerre mondiale à 441.500 francs supérieure à la valeur vénale de tout le domaine de Maizières et son château. La vente des tapisseries de Maizières ne rentrèrent pas dans la déclaration de succession de Julien puisqu’elle fut effectuée en 1916. L’ensemble du mobilier de Maizières et Bordeaux pris dans la masse active de la liquidation de la succession de 1923 a été estimé à 126.049 francs, celui-ci devait être partagé entre les héritiers selon les droits de chacun.

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Paul s’installe à Maizières...

Par cette liquidation de la succession, Marie BOUCHARD, épouse de Paul OZANON, obtint dans son lot, Maizières et son domaine, avec toutes les propriétés de Saint-Loup-de-La-Salle ; terres ; bois ; pâtures ; vignes et maison pour une valeur estimée à 200.000 francs, excepté les parcelles de terre de Guillote de 24a 60ca et Champ Fauveau de 1ha 75a 20ca, attribuées à Michel pour une valeur estimée à 5.700 francs, les titres de propriété de ces deux parcelles de terre étant communs avec la maison au bout d’Amond, ceux-ci devaient être communiqués sur simple demande à Michel en cas de besoin. La maison qui se trouvait au n°54 rue Huguerie à Bordeaux, où elle vivait avec son époux et ses deux filles, Madeleine et Simone, alors âgée de 22ans et 16ans, et qu’ils quittèrent en 1926 pour venir s’installer au château, lui fut aussi attribuée pour une valeur estimée à 120.000 francs. Marie devant verser aux autres cohéritiers à titre d’excédent de son attribution dans ses droits, une soulte de 120.160,89 francs. Paul OZANON, décéda le 10 mars 1946 et Marie BOUCHARD, le 12 août 1952. À la mort de Marie, Madeleine et Simone, reçurent en héritage le château et son domaine ainsi que celui de Saint-loup, dans une succession estimée pour l’enregistrement à 8.524.460 francs en 1952, comprenant aussi une propriété avec maison, terres, prés, pâtures et friches, de 24ha 90a 16ca, sur les communes de Buxy et Bissey sous Cruchaud en Saône-et-Loire que Paul avait reçue en héritage de

son père. Pour payer les impôts et essayer d’entretenir la propriété, sans revenu, elles durent vendre la totalité des terres qui faisaient partie des domaines, conservant le château seul et son clos jusqu’en 1989.

Simone, décéda le 28 août 1979 à l’âge de 70 ans, dans une maison de repos à Arnay-le-Duc. Le château qui possédait encore quelques meubles, tableaux et objets du temps de Julien, plus ou moins sécurisé par Madeleine avec alarme reprise à un ancien bijoutier de Beaune, désormais à l'abandon, attira nombre de rodeurs et cambrioleurs ; Madeleine le quitta pour aller vivre en pension à « l'Hôtel Sauvageot » dans le village voisin de Saint-Loup-de-la-Salle.

Le 3 juin 1989, Madeleine très affaiblie et un mois et demi avant son décès, par acte de vente établi par Me Geneviève ECHINARD, successeur de Me LUSSIGNY, notaire de Beaune, vendit le château et son clos pour la somme de 800.000 Francs, à Mme Sabine MARTIN et M. Patrice RYAUX, agent immobilier et amant de l'hôtelière chez qui elle vivait en pension. L'achat fut financé pour 500.000F par M. Louis MARTIN et Mme Nicole PITTE, leurs parents et beaux-parents. Madeleine, décéda le 18 juillet 1989 à l’âge de 88 ans dans cette pension. Elle nomma comme légataire universel par testament, Madame Joseph BOUCHARD, née Marie-Odile CHENU, épouse de Joseph BOUCHARD. Le beau-père de Marie-Odile était Antonin Victor BOUCHARD, deuxième fils de François Joseph Bernard

BOUCHARD, fils aîné d’Antonin BOUCHARD, et sa belle-mère était Catherine Charlotte Gabrielle dite "Kitty" OZANON. Marie-Odile est la mère de Christophe BOUCHARD qui a été nommé de 2010 à 2014, Directeur général adjoint avec Joseph HENRIOT de « BOUCHARD PÈRE & FILS ».

De fin 1989 à fin 1992, des travaux de réfection de la toiture et de restauration financés par Louis MARTIN pour le rendre en partie habitable et y ouvrir six chambres d'hôtes furent entrepris; Le 26 février 1993, Louis MARTIN en tant que marchand de biens, qui habitaient avec son épouse, Nicole PITTE, au premier étage dans l'aile droite, suite à un droit d'usage et d'habitation que leurs avaient constitué leurs enfants en 1992 pour la somme de 300.000F, en fait le solde pour son prix total d'acquisition, racheta le château pour 4,2MF ; intégralement payé par la compensation des investissements pour l'achat, les travaux qu'il avait entrepris sur le château, des prêts qu'il avait consentis à ses enfants et des donations qu'il avait effectuées de son vivant.

Le 1er octobre 1993, soit quatre ans seulement après la cession par Madeleine OZANON, Louis MARTIN en tant que marchand de biens, le revendit pour la somme de 6MF à Rüdiger Karl Hans MOCKER, avocat et Consul de la République Tchèque et à son épouse Mme Hannelore Maria BAYER, tous deux de nationalité allemande. Monsieur MOCKER décèdera début 2013, madame MOCKER et sa fille, avocat de profession, mettra en vente le château pour 3,5M€uros en août 2013, aucun acquéreur ne s’étant pour l’instant déclaré à fin 2016. Les MOCKER, entreprirent des travaux remarquables sur la propriété de 9ha., avec la construction d'une piscine derrière la maison conventuelle, la restauration de toutes les dépendances, reconstruction de la chapelle, avec l'entretien de son étang ainsi que du parc que Julien avait planté, comme auparavant celui du château de Barbirey pour une disposition « à l’anglaise ». Le moulin alimenté par la Dheune qui avait été restauré par Julien, dont la roue à aubes fut démontée en 1926 par les OZANON, fut aussi reconstruit à l’identique d’après les plans de toute la machinerie, dessinés en 1895 par les Établissements DEMOISY à Beaune, ces plans ayant été transmis aux MOCKER par Gérard BOUCHARD, un des petits-fils de Michel.

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Le château comprenant maintenant 16 pièces, 8 chambres et 7 salles de bains avec une piscine à l’extérieur, a été mis en vente en 2013 après le décès de Monsieur MOCKER pour la somme 3.500.000 Euros.

La Dheune traversant Maizières en 1897 l’on aperçoit les enfants faisant la cueillette dans le potager

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40 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

La vie à Maizières en photos 1895 - 1897 - 1900

tirées d'albums transmis par mes cousins Claude-Edmond Thoumy et Jean-Marie Lepoutre

Louise, Madeleine, Etienne Bouchard, Emilie, Julien, Michel ou comment « faire salon »

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Photos de l’intérieur du Château de Maizières en 1903

L’escalier menant au premier étage avec son garde-corps en fer forgé ; grille du cœur avec sa porte, récupérée de l’ancienne église de l’abbaye.

Le grand salon

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Salon musical à Maizières

Sur ces différentes photos du grand salon on distingue des tapisseries des Fables de La Fontaine, fabriquées à Aubusson entre 1730 et 1750 d'après des cartons de Boucher, deux grandes de 1m25 de large sur 2m80 de haut et quatre autres de 1m de large et 2m80 de haut. Acquises par Julien à Bordeaux, elles furent installées en 1878 pour orner les boiseries murales. Julien les fit expertiser en 1910 par Gabriel Turcat, commissaire adjoint aux experts du Gouvernement près la Douane. Celui-ci

les considérait comme des merveilles, "des pièces de musée dignes d'un palais", "toutes les nuances claires étaient en soie, seules les nuances foncées étaient

en laine filée comme la soie". "Ces tapisseries formant une série complète en parfait état de conservation représente une grande valeur" écrivait Gabriel Turcat. Elles furent évaluées pour un montant de 150 à 200.000 francs, le 12 juillet 1910.

Le Capitaine Joseph Lepoutre, hospitalisé à Bussang le 30 novembre 1915, écrivait à leur sujet à son épouse Emilie, la quatrième fille de Julien qui vivait durant la

première guerre mondiale à Maizières, « Je crois que vos parents feraient bien de céder les tapisseries à 160.000 francs, car par le temps qui court c’est déjà un

beau prix. Enfin, ça ne nous regarde pas et je ne voudrais pour rien au monde donner le moindre conseil. »

Julien les vendit en 1916 pour aider ses enfants dans ses moments terribles de la guerre de 1914-1918.

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Bernard, Jean Antoine, Philippe, Louise, Michel, Emilie, Marie, Madeleine

Les huit enfants de Julien

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Partie de pêche dans la Dheune au coucher du soleil

Sortie en vélo Pêche dans l’étang et vivier

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45 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

Partie de billard avec Etienne bouchard (2ème fils d’Antonin) Déjeuner dans le parc

Visite d’Antonin Julien à cheval sur Soukar et Marie sur Ali Retour de chasse de Julien avec son fidèle Néro et Michel

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Exercice de voltige à Maizières On s’y amuse bien ! Et on y faisait aussi du vin !

Le Personnel de Maizières en août 1894 avec Annette Mansin,

en bas à gauche, femme de chambre de Marguerite

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Le château de Maizières aujourd’hui

après restauration par les Mocker

Grille de l'entrée du parc du château de Maizières Porche de l’entrée de la maison abbatiale sur la route de Saint-loup-de-La-Salle à Demigny

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Julien nous a laissé son « Livre de bord », transmis par notre cousin Jean-Marie LEPOUTRE, provenant de son oncle Jacques LEPOUTRE qui était très lié au fils aîné

de Bernard BOUCHARD à Bordeaux. Ce livre de bord nous fournit des informations très intéressantes telles que les liens qui l’unissaient avec son grand ami d’enfance, Étienne-Jules MAREY,

dont le père était voyageur de commerce de la maison BOUCHARD PÈRE ET FILS, du temps de Bernard à Beaune, père de Julien.

Aussi, un cahier d’écolier retrouvé dans le fonds du musée MAREY à Beaune et que sa conservatrice avec les Archives Municipales de Beaune ont eu l’amabilité de me communiquer, appelé « Causerie du soir » ; mémoire pour son discours avec quelques anecdotes qu’il avait consignées pour sa dernière intervention auprès de la Société Historique et Archéologique de Beaune, lors de la Séance du 1er août 1918, à l’âge de quatre-vingt cinq ans, sentant la fin de sa vie approcher, trois ans avant

son décès, dans laquelle il disait de son ami É.-J MAREY, « Celui de mes contemporains qui en a été le plus fidèle compagnon » et, « Après tout pour les

croyants que nous avons le bonheur d’être, "Un mortel qui finit est un immortel qui commence" ».

Le président de cette Société Historique et Archéologique de Beaune, A. DUBOIS, d’après ses notes personnelles et sa notice nécrologique sur Julien, nous

apprend aussi : « Ainsi, avec É.-J MAREY qui montrait déjà un goût très marqué pour l’étude de la forme et du mouvement, Julien construisit dans la cour du

monastère des Visitandines à Beaune, tout près où habitait la famille Marey, un superbe polichinelle qui par un mécanisme simple et ingénieux, exécutait des

mouvements variés et comiques. » ou, « Combien d’anecdotes charmantes touchant son gai compagnon il aimait raconter, et qui méritent de prendre place dans une

étude sur le créateur de la méthode graphique dont il aimait à rappeler leurs communes années d’enfance et de jeunesse ! »

Voici donc, deux de ces « anecdotes charmantes », dont celle d’un souvenir d’enfance de Julien et Jules, que Julien raconta et consigna dans ce cahier pour cette « Causerie du soir », dont il commença son intervention par cette phrase :

Messieurs,

« Ne plus rien faire c’est ne plus rien être. »… « Je ne peux mieux l’expliquer ou l’excuser que par le souvenir d’une répartie de Marey ;

Un jour, après une visite que nous avions faites à ma sœur, à St Loup, par une pluie battante, qui continuait à notre départ, ma sœur, sur la porte,

s’adressant au futur Président de l’Académie des sciences, observait : dites donc, Jules, quel épouvantable temps !! Ah bien Madame, lui répondit-il,

mieux vaut celui-là que pas du tout ! »…

« Une équipée fort lointaine dont le souvenir nous a amusés, Marey et moi bien des fois, notamment en la racontant à mes enfants, comme une forme

spécieuse, très dangereuse, par conséquent du mensonge.. »

« C’est encore l’hiver et l’hiver rigoureux, le Dimanche matin de la Chandeleur. Comme presque tous les dimanches quand Mr Marey et mon père,

Bourguignons militants, sont en voyage, Mme Marey et Jules viennent dîner à midi chez nous, et ce jour là, il a été convenu que Jules et moi, avant la

messe, nous irions faire une petite partie de patinage, dans une chambre d’emprunt (*)

derrière les Petits Chartreux.

(*)

Vaste cavité produite par l’enlèvement du gravier pour ballast.

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À huit heures, au soleil levant, Jules est au rendez-vous à notre porte ; ça pince ferme, il y a du givre, notre jardin est féérique, ce ne sont que festons, que

guirlandes, que girandoles que les rayons obliques du soleil allument de mille feux, font briller de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Et la campagne

donc !!, la fête y commence sous nos pieds, chaque brin d’herbe est une épingle de diamant, les toiles d’araignées, dans les haies des colliers, des sautoirs,

des parures, fulgurants eux aussi ; La glace est à l’avenant : un miroir saupoudré d’étincelles. Des profondeurs de l’azur l’alouette s’y mire en planant et

en égrenant dans le silence du matin les perles mélodieuses de son répertoire.

Nous sommes vite sur nos patins – au milieu de ce merveilleux décor – Et ! Allez-y – Des courses folles en ligne droite – des courbes sur un pied, des

patatras sur autre chose – des cris, des rires, des quolibets – Vlan ! Tu y es ? Viens ici que je te ramasse – Bon à mon tour –Tu ne t’es pas fait mal ? Non

– tant pis – animal va !

C’était de l’ivresse. Seulement le temps lui aussi avait mis ses patins et ne faisait pas de chute – Ah ! Mais, dis donc ! Si tu n’as cassé que le verre de ta

montre, que disent ses aiguilles ! Sapristi ! Onze heures, et la messe ! Hé bien ! Mon vieux ! Nous voilà propres !! Nous plions bagage et sans plus

parler tant nous courions nous arrivons à la maison juste pour entendre la cloche qui nous appelait au dîner. En reprenant respiration, avant d’entrer, pour

mon compte très préoccupé des questions qui allaient nous être faites, dis donc ! Tu sais : « turpe est mentiri » - ‘a’ pas peur, et avec un aplomb qui me

démonte, il s’élance vers sa mère, puis sans perdre une seconde : Pourquoi donc, maman, il y avait tant de chandelles à la messe aujourd’hui ?? Ebahi des

mines souriantes de nos mères, j’apprends avec un indicible intérêt de la bouche de Mme Marey, « que les cierges en question sont les symboles de Jésus-

Christ, la véritable lumière qui venait éclairer les gentils comme il est dit dans le cantique de Siméon qu’on chante à cette cérémonie. Et puis pas de

questions indiscrètes, très fières de leurs amours d’enfants, ces chères mères nous montrent nos chaises. Ouf !! On ne nous aurait pas collés, à la suite,

sur ce chapitre du Nouveau testament !!.. ».

Julien termina sa « Causerie du soir » auprès de la Société Archéologique de Beaune avec cette très belle péroraison dont il tira plusieurs emprunts de

l’ouvrage d’un dénommé Mgr Baunard, recteur honoraire de l’Université catholique de Lille et intitulé « Le Vieillard » : « Le retour de la mémoire vers

les plus lointains rivages de notre existence ; nous la connaissons tous, vieillards, dit Mgr Baunard, cette magique reviviscence de notre jeunesse, de notre

enfance, dans l’illusion d’un souvenir qui en fait tout renaître. Et pourtant cet âge est celui ou par ailleurs la mémoire émoussée n’enregistre plus rien.

Doux mirage qui embellit et console, en les repeuplant, les arides déserts de notre dernière course. Visites inespérées du passé qui viennent adoucir les

regrets de l’adieu... C’est la vie qui se ramasse ; Les deux bouts de la chaîne se sont rejoints, les deux pôles de l’existence se sont rapprochés... Le cercle va

se fermer, la sphère est parcourue – ma vie est rassemblée. »

Messieurs,

Cet évènement final, pour moi, se produit dans des circonstances qui augmentent, si c’est possible, la valeur de votre accueil ; puisse,

la grossière image de la reine du silence (d’après Horace, Diana quae silentium regis) que vous aurez désormais sous les yeux, ne pas envenimer, chez

vous, le souvenir de cette causerie du soir, et crime de lèse majesté aussi silencieux que sidérale ... La vieillesse est bavarde c’est là son moindre défaut.

Merci encore une fois, Messieurs, et bonne nuit.

D’après A. DUBOIS, « Julien voulait même doter les enfants de Beaune d’un cinématographe à la fois récréatif et instructif et surtout moralisateur suite aux

inventions de son illustre et savant ami Marey, mais la crainte exagérée que quelques personnes eurent des difficultés que pourraient présenter

l’administration de l’œuvre empêcha seule la réalisation de ce projet ».

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57 Julien BOUCHARD / Philippe Bouchard 2017 ©

É.-J MAREY recommanda Julien pour être reçu le 17 novembre 1884 à Londres par le célèbre médecin et chirurgien, Sir James PAGET qui lui

donna des lettres d'introduction auprès de personnalités (cf. p15 du livre de bord). Julien fit appel aux services de MAREY pour diagnostiquer la maladie cardiaque de Philippe en 1880, son deuxième fils alors âgé de quatorze ans (cf. p10), qui décèdera à l'âge de 40 ans à Casablanca au Maroc. Il rencontra à Chagny situé en Saône-et-Loire, dans la propriété de « La Folie » que MAREY avait acquise en 1874, lors du dîner du 27 septembre 1885, Luiz de Andradez Corvo, fils du ministre portugais résidant à Paris, qui lui donna des explications sur la maladie qui sévissait dans toutes les vignes du Bordelais et de Bourgogne, le Phylloxéra, et le remède pour en venir à bout, Julien l'envoyant voir Antonin dès le lendemain.. (cf. p16-17)

Julien qui aimait bien Marseille, port d’embarquement qui lui rappelait une “ escapade” et “relation” qu’il avait eue, dit-on, en Afrique noire.., et toujours très prés de son ami Jules, lui adressa une carte de Bordeaux, le 26 décembre 1890 à Naples où il séjournait durant la saison froide. Avec beaucoup d’humour, il releva un article paru dans le journal de vulgarisation scientifique « La Nature », qui faisait fureur à la fin du XIXe siècle, et que lui avait adressé Marey pour un article sur son appareil chronophotographique, (la première caméra au monde). Le numéro du 15 novembre 1890, faisant état d’un modèle flambant neuf, approuvé par un test grandeur nature à Marseille, du “vélocipède nautico-terrestre” ;

Mon cher Jules, j’ai bien reçu le mel

du journal La Nature et le

rapport sur ton appareil photochronographique˝ . Dans le premier

une curieuse coïncidence m’avait fait me demander si tu étais

l’auteur du Vélocipède nautico terrestre qui a bien pour but la

locomotion dans l’eau. Dans tous les cas merci. Je m’intéresse

vivement à ce que tu fais. Voilà un encouragement auquel tu dois

un redoublement de travail, j’y compte...

Bordeaux 26 X 90

Julien, Marguerite et Louise sur le Vieux Port de Marseille -1897-

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Document transmis par le Collège de France – Institut MAREY

Etienne-Jules Marey par Nadar 1880 - © Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine

Julien fut un des premiers souscripteurs pour l’édification du monument à Marey, réalisé par le sculpteur Henri BOUCHARD et inauguré le 31 août 1913 à Beaune,

place Marey. Etienne Jules MAREY étant décédé à paris, le 15 mai 1904.

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Toujours dans son Livre de bord, Julien relate aussi cette conversation qu'il eut avec Louis PASTEUR durant un voyage en train, tant sur la fermentation des fruits et

du vin que sur le Phylloxéra ;

« Le 20 Aout 1880, je fais route d’Arbois à Dôle avec Mr Pasteur – Il m’explique que vers l’époque de la maturité des fruits, il se forme sur la peau des

fruits, par des poussières qu’y dépose l’air, des champignons lesquels sont les agents de fermentation. Si on empêche cette formation en recouvrant les

arbres d’une serre et en enveloppant les fruits de coton, les fruits ainsi traités ne sont pas capables de fermenter. Mr Pasteur a prouvé la chose avec des

raisins. J’ai vu les serres portatives dont il avait couvert les pieds des vignes. Il croit que le vinage fait quand le vin est jeune aurait un tout autre effet que

celui autorisé au départ quand le vin est dépouillé. Pour la première question, Mr Pasteur prétend que les moûts ne contiennent pas le principe qui les fait

fermenter, que c’est la peau du fruit qui l’apporte. »

« A propos du Phylloxéra il espère qu’il se produira un ennemi vivant qui le détruira. Il me dit qu’au 15ème

siècle 25.000.000(*) d’individus sont morts de la

variole noire (la peste), que cependant l’humanité n’a pas été détruite pour autant. »

(*) 200 millions de morts dus à la peste dans l’histoire de l’humanité (source INVS_2008 et Institut Pasteur, Paris).

En plus des hommes illustres qu’il avait en amis ou qu’il pouvait rencontrer dans ses voyages, Julien entretenait des relations stratégiques par ses liens familiaux avec de grands bourgeois industriels et financiers de Paris à la fin du XIX° siècle, et particulièrement dans le secteur ferroviaire dont il fut un acteur et initiateur comme nous l’avons vu en 1880 avec la création de la ligne Genève-Bordeaux et Strasbourg-Bordeaux. Son portefeuille boursier en sera le témoin avec des obligations de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon à la Méditerranée pour une valeur de plus de 27.810 Francs en 1923, ainsi que celles de la Ville de Paris pour les grands travaux d’Hausmann en 1865. En effet, Marguerite était de par sa mère Marie Louise Elisabeth Emilie GAUTIER D’AGOTY, la cousine germaine de Louise Henriette GAUTIER D’AGOTY, fille du demi-frère de son grand-père Jean-Pierre Edouard. Celle-ci avait épousé le 15 décembre 1848, Antoine-Émile SOLACROUP (°1821 †1880), X1839, corps des ponts et chaussées, ingénieur en chef des travaux publics et directeur général, de 1862 à sa mort, de la grande Compagnie du chemin de fer du Paris – Orléans. Compagnie privée qui desservait l'ensemble du sud-ouest de la France jusqu’à Bordeaux, avec pour tête de réseau à Paris la gare d’Orsay, aujourd’hui le musée d’Orsay où l’on

peut encore y voir ses initiales – « PO » pour la Compagnie Paris – Orléans.

Julien et Marguerite connaissaient particulièrement leur fils, Émile SOLACROUP (°1850 †1921), dirigeant aussi de la Compagnie des chemins de fer Paris – Orléans qui avait épousé en 1877 Marie HÉBERT (°1857 †1933). Elle était la fille de Charles HÉBERT, agent de change de la Bourse de Paris et de Louise Célinie CAIL. Le grand-père maternel de Marie HÉBERT, Jean-François CAIL, habitaient une propriété qui occupait 5460m2 en plein Paris, boulevard Malesherbes, de la rue de Lisbonne à la rue du Général Foy. Cet

emplacement acquis dans le nouveau quartier de la Plaine de Monceau où le baron Haussmann venait de raser, « le quartier de la

Petite Pologne avec tous les taudis de logeurs, des cahutes de chiffonniers, chantiers de toutes espèces et cloaques de toutes

odeurs.. », comme le décrit L’Illustration du 9 avril 1864, avait été choisi par Jean-François CAIL pour y faire construire de 1865 à 1867 un somptueux hôtel particulier par l’architecte Albert Labouret, tant pour recevoir selon sa fortune ses clients et amis que pour y vivre entouré des siens.

Louise Henriette GAUTIER D’AGOTY (°1830 †1895)

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Ce personnage célèbre fut un des plus grands capitaines d’industrie du Second Empire ; 1er fabricant mondial de matériel pour les sucreries ; second fabricant français pour les locomotives avec la célèbre CRAMPTON qui roulait à 120km/h et qui tractait les trains de Napoléon III, du tsar de Russie ou du Pacha d’Egypte, et dont il avait acquis l’exclusivité pour 15ans en France de son inventeur et ingénieur anglais, à un prix dérisoire équivalent à six fois moins son prix de vente ; grand visionnaire dans le développement du chemin de fer, il fit édifier ponts et viaducs métalliques tant en France qu’en Italie, Espagne et Suisse ; il défendait la mécanisation et le poids de l’agriculture dans l’économie ; était un grand partisan de la liberté commerciale et du libre échange ; de l’amélioration des salaires jusqu’à intéresser les 5000 ouvriers de sa société aux bénéfices et avait créé une mutuelle d’aide et construit des immeubles à loyer modéré entre la gare du Nord et la gare de l’Est dans une rue qui porte son nom aujourd’hui. Julien en prit l’exemple en 1893 avec sa "Société Bordelaise des Habitations à bon marché". "Parti de rien", à 15ans de son village de Chef-Boutonne pour effectuer son tour de France d’apprentissage de chaudronnier durant trois ans qui l’amena à Paris, à sa mort en 1871, âgé de 67 ans, sa fortune était estimée à 28 millions de Francs de l’époque, après avoir été l’un des acteurs essentiels de la première révolution industrielle française.

La Ville de Paris a racheté cet hôtel particulier en 1922 à la famille CAIL et SOLACROUP, en a détruit une partie pour le transformer en mairie du VIIIe arrondissement qui a été inaugurée le 2 juin 1926 par le Président Gaston Doumergue.

Château de la famille HÉBERT-SOLACROUP à Nogent-sur-oise

Photo prise par Louise en 1895 Les enfants SOLACROUP devant la façade François Ier Photo de la façade par Paul HÉBERT

Ce château n’existe plus, sa façade provient du château initialement édifié par François Ier à Sarcus en 1523, (commune du canton de Granvilliers). La façade fut soigneusement

démontée et transportée à Nogent en 1835 par Armand Houbigant, antiquaire et maire de la ville de Nogent-sur-Oise, qui la fit reconstruire en ornement de son propre château bâti

à la fin du XVIII° siècle qu'il avait acquis en 1812 pour sa mère et qu'il occupa en 1821. Les Hébert, parents de Marie SOLACROUP ont été les propriétaires successeurs de cet

Armand Houbigant après sa mort en 1862. Après la destruction en 1968 du château à l’abandon auquel elle était appuyée, les restes de cette façade furent déplacés et mis en valeur

pour l'ornementation du parc Hébert où on peut encore les admirer.

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Grand amateur de littérature, d'histoire et d'art, le fusain dès sa jeunesse était familier pour Julien BOUCHARD.

Il commença par la caricature en suivant les leçons de son ami STOP, de son vrai nom Louis Pierre Gabriel MOREL- RETZ (1825 Dijon - 1899), célèbre caricaturiste de la fin du Second Empire à la 3ème République, qui offrit ses services à la maison Bouchard Père & Fils pour orner le blason de la maison de deux têtes de loup, emblème de l’enseigne.

Théodorine MAUFOUX 1729 - 1828

Ce blason provenant des MAUFOUX et de l’arrière-grand-mère de Julien, Théodorine MAUFOUX, belle-mère d’Antoine-Philibert-Joseph, « Le Centenaire ». Le choix de ces gueules de loup a été fait un an avant le décès du Centenaire en 1760 et en mémoire de Jean-François MAUFOUX, frère de Théodorine, qui était maire et prévôt de Beaune de 1759 à 1780, élu du Tiers-État, qui fut l’instigateur de grands travaux d’urbanisme, d’assainissement et de salubrité pour les habitants de la ville. Le maire utilisait ce blason comme jeton des États, celui-ci portait d'argent, à un chevron d'azur accompagné de deux étoiles de sable en chef et d'un arbre arraché de sinople en pointe. L’association de ces deux gueules de loup de part et d’autre rappelait que Jean-François MAUFOUX avait été Lieutenant de louveterie, fonctionnaire bénévole et assermenté pour effectuer des battues de destruction des loups.

Ce signe de « louvetier du roi » apparait dès 1308 et était l'attribution par le roi, dans l'ancien régime, de la charge de grand louvetier à des officiers afin de lutter contre le ravage des loups, très fréquents dans la région beaunoise du XVe siècle lors des grandes famines jusqu'au XVIIe où ils rentraient jusque dans la ville à l’intérieur des remparts et au XVIIIe siècle où ils rodaient encore dans les campagnes. En 1942, les loups situés sur le blason sont redessinés, François Bouchard était alors gérant de la maison et Président du Syndicat des Négociants des Vins fins de Bourgogne –SNVB- à Beaune, véritable intendance administrative allemande durant quatre ans, en ayant créé « une commission des affaires allemandes ». Ces loups montrèrent désormais leurs crocs en tirant la langue pour paraître très menaçants, les étiquettes de cette période dans le fonds d’archive de la maison et dans l'inventaire qui en a été fait en 1996 portent la mention, "étiquette destinées à la Wehrmacht", et étaient toutes avec leurs collerettes en noir ! En 1946, à la libération, ces têtes de loup ont été retirées des étiquettes laissant la place qu’au blason MAUFOUX ou pour reprendre les anciennes dessinées par STOP, puis sont réapparues jusqu’à nos jours bien que la France ait été libérée depuis et que « les loups sont sortis de la ville » !

Jeton des États du maire MAUFOUX

Têtes de loup dessinées par STOP 1759 - 1760

Têtes de loup redessinées en 1942

Stop, Morel-Retz, par Paul Emile Pesme en 1860 épreuve sur papier albuminé

contrecollée sur carton © Musée D’Orsay

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Portrait de Julien en 1913

par Laurent Adenot (1848 – 1929)

Julien fut élève du peintre Amédée BAUDIT (1825-1890), un des fondateurs de l'école des peintres paysagistes bordelais

avec Augustin AUGUIN, PRADELLES et CHABRY.

A cinquante ans en 1883, il était souscripteur de la Société des Amis des Arts de Bordeaux dont son beau-père Nicolas-Jules Cuginaud était l’un des membres fondateurs et trésorier, Amédée Baudit et Augustin Auguin étaient membres du jury.

A soixante-cinq ans il s'occupe de pastel; il est à noter qu'il fut même en 1907, à 74 ans encore élève de ses amis peintres bordelais MM. Julien CALVÉ (1851-1924) et Victor Paul ANTIN (1863-1930) dans son atelier au 29 rue Brach à Bordeaux, ce dernier expose de 1888 à 1928 au Salon des Artistes français dont il est sociétaire dès 1899 et médaillé d'or en 1926. Il exposera plusieurs de ses toiles au Salon des Artistes français en 1910 - 1911 et 1914 ; Sociétaire en 1911 sous le n°4708. 1912 Le Chemin au moulin à Maizières (Saône et Loire) 1913 Un coin de la forêt de la Maillerie en novembre à St-Loup-de-la-Salle (Saône et Loire) 1914 Vallée de la Dheune; Maizières (Saône et Loire); automne

Julien en Claude Monet˝ dans le parc de Maizières

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Pont sur la Dheune (Maizières) Julien Bouchard (collection particulière)

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Les Noces d’or de Julien et Marguerite

Marguerite (68ans), Julien (79ans) et son frère Antonin Bouchard (86ans)

à la sortie de la chapelle de Maizières.

Noces d’or juillet 1912 (collection particulière)

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Julien et Marguerite entourés de tous leurs enfants (excepté Philippe) – Noces d’or juillet 1912 à Maizières - (collection particulière)

De son union avec Marguerite CUGINAUD, Julien eut dix enfants dont huit survécurent ;

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Agathe Marguerite Marie BOUCHARD, née à Bordeaux le 28 février 1868, décéda le 29 juin 1872, et sa sœur Marie Thérèse Théodorine, de deux ans sa cadette, née à Bordeaux le 27 avril 1870, décéda le 5 juillet 1872, toutes deux de diphtérie. En leur mémoire Julien BOUCHARD et sa sœur Agathe LOMBART ont financé en 1896 le vitrail de l’église de Saint-Loup-de-La-Salle qui se trouve à gauche de l’entrée du fond de l’église ; les deux petits anges en haut à gauche représentent Agathe et Marie décédées à quatre et deux ans.

Les deux anges

représentant Agathe et Marie (en haut à gauche du vitrail)

Nom d’Agathe LOMBART

(en bas à gauche du vitrail)

Armes de Maizières « Mitre et crosse de l’abbé ; écusson : azur semé de France, chargé en cœur de l’écu de Bourgogne de la première race : bandé d’or et d’azur de six pièces.» (en bas au centre du vitrail)

Nom de Julien BOUCHARD (en bas à droite du vitrail)

Vitrail de l’église de Saint-Loup-de-La-Salle – verrier : J. Besnard en 1896 –

Photo transmise par notre cousine Annick DESBIEZ