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Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le

public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

ELECTEURS ET LECTEURS Personnages : Henri Michardin fabriquant de confitures. Candidat aux élections. Brigitte Michardin, son épouse. Oscar. Journaliste. Lulu. Son épouse. Vétérinaire. Costumes : contemporains. Henri doit avoir une veste. Décors : une salle de séjour. Des sièges, une table basse. Deux ou trois portes. Synopsis : Henri et Brigitte rendent visite à Oscar et Lulu. Henri veut se faire élire aux prochaines municipales et ne recule devant rien pour y arriver, même s'il doit faire chanter son ami.

ACTE I Oscar est assis et lit le journal. lulu fait les cent pas. Oscar : Lulu ! Arrête de marcher, tu me donnes le tournis. Lulu : Je ne peux pas réfléchir si je ne bouge pas. J'ai besoin de remuer. Oscar : (baissant le journal) Ah bon ? Si je comprends bien, quand tu vas jouer au bridge avec Brigitte, tu tournes autour de la table avant d'abattre une carte ! Ou alors tu joues sans réfléchir... Ce qui expliquerait que tu gagnes parfois ! Lulu: Arrête ton humour facile. Brigitte vient faire les soldes avec moi, et il faut que je choisisse les magasins où nous irons tout à l'heure. Oscar : Cruel dilemme ! Mais ne réfléchis pas trop : bien que nous soyons samedi après-midi et que les soldes ont commencé ce matin, tu iras comme d'habitude, accompagnée par Brigitte Michardin, participer à l'assaut des Grands Magasins de l'Automne par une foule déchaînée et essentiellement féminine. Lulu : N'exagère pas, tout de même ! Oscar : Je n'exagère pas. La seule fois où je m'en suis approché, j'ai tout de suite fait la comparaison avec l'attaque de Fort Alamo. Et pendant que vous serez parties, je vais me farcir ce brave Henri et sa conversation approximative ! Lulu : Approximative ? Ça ne veut rien dire ! Oscar : On voit que tu discutes surtout avec Brigitte ! Henri arrive peut-être à diriger sa petite entreprise, mais avec lui on n'est jamais sûr de rien. C'est le champion de l'à peu près pas sûr environ peut-être... Lulu : C'est logique : en plus de fabriquer des confitures il fait de la politique. Tu sais qu'il va se présenter aux élections municipales !

Oscar : Je ne vois pas le rapport... Lulu : Ben si ! Tu sais bien que politiquement la population est grosso-modo divisée en deux. Tu as déjà assisté à des meetings politiques sans t'endormir ? Oscar : Comme tout le monde, bien sûr... Lulu : Alors tu as dû remarquer que, quoi que dise l'orateur, une moitié des gens est d'accord et l'autre pas. Donc, quand un élu parle à quelqu'un, il ne faut pas qu'il soit trop affirmatif, ni catégorique, pour pouvoir revenir en arrière s'il s'aperçoit que le public n'est pas de son avis. Oscar : Tu as raison ! Mais c'est tellement tordu que j'ai du mal à m'y faire. Heureusement que je ne suis pas comme ça ! Lulu : Tu ne pourrais pas, tu es journaliste tout de même ! Oscar : Oui mais dans un petit journal de province ! (riant) Je me vois bien écrire dans un article : "Cette information est peut-être exacte, d'ailleurs j'en suis à peu près sûr. Je pense que vous pouvez y croire, à moins que je ne me sois trompé !" Lulu : Quant à cette brave Brigitte, elle bave d'admiration devant lui. Elle se voit déjà épouse du Maire. Oscar : Tu parles d'un titre important ! Même si Henri était élu, il n'y aurait pas de quoi ameuter la presse, Nous ne sommes qu'une petite ville... Enfin, au pays des aveugles, les borgnes sont rois... Lulu : Pour Brigitte, ce serait la gloire ! Première dame de la commune, tu te rends compte ! D'ailleurs elle commence déjà à fréquenter les associations caritatives, croyant que ça apportera des voix à son mari. On sonne. Oscar : (se levant et rangeant son journal) Les voilà. Ils sont ponctuels, ça on ne peut pas dire. Tu veux ouvrir ? Lulu va ouvrir à jardin. Henri et Brigitte entrent. Ils se serrent la main. Les femmes se font la bise. Brigitte : Bonjour Lulu, bonjour Oscar ! Comment allez-vous ? Lulu : Bonjour, bonjour. Entrez, je vous en prie. Oscar : Bonjour Henri, bonjour Brigitte. Ici tout va bien. Chez vous aussi j'espère ? Henri : Ma foi, ça ne va pas trop mal. Disons que ça pourrait être pire mais que j'aurais tort de me plaindre... Brigitte : (à Lulu) Alors, comment vont tes animaux ?

Lulu : Ne dis pas MES animaux, je n'en ai aucun. Je soigne seulement ceux des autres. A chacun son métier. Brigitte : Sinon que moi, je n'en ai pas. De métier bien sûr. Enfin, tu es prête ? Où m'emmènes-tu ? Lulu : Que dirais-tu du Magasin de l'Automne ? Oscar : Vous n'allez pas repartir tout de suite ! Vous boirez bien un café avant la bagarre ! Lulu : Tout à l'heure plutôt. Quand nous serons revenues. Il vaut mieux y aller le plus tôt possible sinon les affaires intéressantes seront déjà parties. D'ailleurs elles ont sans doute été déjà raflées ce matin. Qu'en penses-tu Brigitte ? Brigitte : Tu as raison. Allons-y tout de suite. Cela n'empêchera pas les hommes de boire le café en nous attendant ! Lulu : Ça tu peux en être sûre ! Henri : Et ce sera bien volontiers ! Oscar : Lulu, tu devrais mettre ta doudoune. Lulu : Pourquoi ? Il ne fait pas froid ! Oscar : Ce n'est pas pour le froid, c'est pour amortir les chocs. Lulu : Idiot ! Lulu va prendre un sac à main et sort à jardin avec Brigitte. Oscar : (à Henri) Installe-toi, je vais chercher le café. Oscar sort à cour. Henri va s'asseoir. Henri : (fort) Elles sont amusantes avec leurs soldes ! Une fois Brigitte m'a acheté tout un lot de cure-pipe ! Oscar : (voix off) Tu fumes la pipe ? Henri : Mais non, je ne fume pas ! Mais c'était en solde. (voix de tête, imitant Brigitte) A ce prix-là, tu te rends compte d'une affaire ! (reprenant sa voix normale) Alors, pour ne pas la vexer, je m'en sers pour me curer les oreilles. Oscar : (voix off) Combien de sucres ? Henri : sans sucre s'il te plaît... Ceci dit, je suis content que nos femmes soient parties, parce que j'ai besoin de te parler seul à seul. Oscar : (voix off) Pourquoi donc ? Henri : Parce que j'ai un service à te demander.

Oscar : (voix off) Un service ? Bigre ! Attends, j'arrive. Oscar entre à cour, une tasse à la main, qu'il va donner à Henri. puis va s'asseoir. Oscar : Je ne suis pas étonné par ce que tu m'as dit. Lulu, elle, m'a acheté un imperméable un jour de solde. Henri : (buvant) Ça encore, ça peut passer, un imper c'est utile ! Oscar : Oui mais c'était du quatorze ans ! Je n'ai jamais pu entrer dedans... Alors je m'en sers comme épouvantail. Henri : Un épouvantail en appartement ? Tu as un champ de luzerne dans ta chambre à coucher ? Les oiseaux ont envahi le vestibule ? Oscar : Il ne s'agit pas de faire peur aux oiseaux. J'ai cloué l'imperméable sur la porte de la salle de bains. Comme ça, Lulu est obligée de le voir quand elle se prépare pour sortir. Ça lui rappelle sa conn... sa bêtise et ça l'empêche de recommencer. Du moins je l'espère... Henri : (riant) Ça c'est drôle ! Un épouvantail à épouse ! Tu devrait faire breveter ton idée, je suis sûr qu'elle aurait du succès... Oscar : Et ta fabrique de confitures, elle fonctionne bien ? Henri : Ma foi oui ! En ce moment on est au coing. Oscar : Hein ? Dans quel coin ? Henri : Je veux dire que pour le moment, nous fabriquons de la confiture de coing. Nous avons assez de stocks en fraise et en groseille. Oscar : D'où fais-tu venir tous ces fruits ? Henri : De différents endroits de France qui ont adhéré à mon projet. De préférence de la Drôme. Oscar : Pourquoi ? Henri : Parce que la Drôme adhère. Au fait, comment va ta collègue de bureau ? Tu sais, la petite blonde, comment s'appelle-t-elle déjà... Oscar : Judith ? Henri : C'est ça ! Elle est bien remise ? Oscar : Remise de quoi ? Pourquoi t'intéresses-tu à elle ? Henri : Tu sais bien ! La semaine dernière, je suis passé te voir à la rédaction du journal... Vous ne m'aviez pas vu tout de suite...

Oscar : (se levant et prenant la tasse) Ah oui, je me souviens. Mais ce n'est pas une bonne idée d'arriver sans prévenir dans mon lieu de travail ! Quand je suis sur les dents toute la journée, j'aime bien être prévenu des visites éventuelles... (il repart à cour et revient de suite sans la tasse) Henri : Tu vois que tu t'en rappelles : Judith, si c'est son nom, devait avoir un malaise puisque tu lui faisais un massage (les mains sur la poitrine) Sans doute un massage cardiaque ? Oscar : (gêné) Heu... Qu'est-ce que tu vas chercher ? Je ne lui faisais pas de massage, je lui racontais un article que j'avais l'intention de publier. Henri : Un article ? Sur le dépistage du cancer du sein ? Ou sur un nouveau type de soutien-gorge ? Oscar : Tu deviens lourd avec tes insinuations ! Où veux-tu en venir ? Henri : Mais nulle part, voyons ! Sinon que vous étiez si mignons que je vous ai pris en photo avant de vous aborder. Tiens ! (il sort une photo de sa poche, la brandit et la remet dans la poche) Tu es mon ami, je n'aimerais pas que ta femme soit mise au courant de ce genre d'article, jalouse comme elle est ! Oscar : Qu'est-ce que Lulu vient faire là-dedans ? Henri : Rien du tout. Ou presque... Tiens, au fait, comme je te le disais, j'ai un ou deux services à te demander... Oscar : Oh que je n'aime pas cet enchainement ! Il y a quelque chose de malsain là-dedans... Est-ce que tu me ferais du chantage ? Henri : Quel vilain mot ! Mais j'avoue que ça y ressemble. Comme je te l'ai dit, j'ai deux ou trois services à te demander, et je suis sûr que cette photo contribuera à te faire envisager favorablement mes requêtes... J'avais tellement peur que tu refuses, que tu n'aies pas le temps de t'occuper de moi ! Oscar : (approchant, menaçant) Mais c'est infect ! C'est parfaitement ignoble, cette façon de procéder ! Henri : (reculant, tournant autour de la table) Ne monte pas sur tes grands chevaux ! Le résultat sera le même que si tu avais accepté d'emblée, pour me prouver ton amitié et ton grand cœur... Oscar : N'empêche que tu es un salaud ! Et qu'est-ce que tu veux de moi ? Henri : Pas grand chose, rassure-toi. Tu sais que les élections municipales approchent à grands pas... Oscar : Et que tu as l'intention de te faire élire, je sais. Mais pour cela, il faut que tu établisse une liste de gens qui acceptent de se présenter avec toi, ce qui ne va pas être facile !

Henri : Non seulement j'ai l'intention de me présenter aux municipales mais j'aimerais être nommé président du Bureau d'Aide Sociale. Et, contrairement à ce que tu penses, ma liste est presque prête. Il ne me manque plus grand monde. Tu veux peut-être en faire partie ? Oscar : Ah non, par exemple. La politique, c'est pas mon truc ! Tu te présentes sous quelle étiquette ? Et comment s'appelle ta liste ? Henri : Ça, ça n'a pas été facile : "Union pour la ville" c'était déjà pris. "Pour une vie meilleure" aussi... De même que "Le changement c'est la gauche" et "Le changement c'est la droite" Alors j'ai baptisé ma liste : "Pourquoi Pas Nous" Tu comprends, nous sommes la gauche du centre droit, ce n'est pas facile à expliquer... Oscar : pourquoi pas nous ! PPN. Tu parles d'un parti ! Et tu as trouvé des gens pour te suivre dans cette galère ! C'est ahurissant ! Henri : Mon problème, vois-tu, c'est de trouver des noms qui attirent des voix. Il faut donc que toutes les catégories d'individus y figurent. Par exemple, si aucun commerçant ne figure sur la liste, les gens de cette profession auront peur que, n'étant pas représentés au sein du conseil municipal, leurs intérêts n'y seront pas défendus. Et ils voteront pour une autre liste. Oscar : S'il te faut un représentant de chaque corps de métier, ta liste risque d'être trop longue ! Henri : C'est pourquoi il faut bien que je trie ! Oscar : Et le maire actuel, Monsieur Bouzin, sais-tu s'il va se représenter ? Henri : Bien sûr, mais avec la même équipe, alors que les habitants veulent du changement ! Oscar : Tu en es sûr ? Henri : A peu près. Au moins une partie des habitants. C'est à ceux-là que je vais m'adresser. Seulement, en tant que tête de liste, il faut que j'arrive à plaire au maximum de gens. Ce n'est guère facile et c'est souvent contradictoire. Des promesses, ça tout le monde en fait mais si tu n'as pas la cote, ce n'est même pas la peine de te présenter ! Oscar : Je ne vois toujours pas ce que je peux faire pour toi ! Henri : Un article. Un article élogieux. Je dirais même plusieurs articles... A force de lire que je suis un type épatant, que je participe à la vie de la commune, que je m'intéresse aussi bien au sport qu'à la culture, ou à l'avenir des jeunes, les électeurs auront sans doute envie de voter pour moi... Enfin pour ma liste. Oscar : (médusé) Tu veux que je publie dans le journal local des articles qui vantent tes mérites ? Qui te portent aux nues ? Après la façon dont tu t'y est pris avec moi ! Tu me prends pour une brosse à reluire !

Henri : Ça plairait sûrement plus à ta femme qu'un article sur les soutien-gorge... Je ne sais pas si tu me comprends bien... Oscar : (outré, se dirigeant vers Henri et parlant de plus en plus fort) Qu'est-ce que ça veut dire ? Tu serais aussi pourri que ça ? Mais je vais te casser la figure, moi ! Henri : (reculant et tournant autour de la table pour qu'elle soit entre lui et Oscar) En voilà des termes vexants ! Mais tu peux être à peu près sûr que je n'ai pas besoin de te menacer puisque tu vas très certainement écrire des articles qui vont m'attirer des voix et la sympathie du public... Oscar : (s'arrêtant) Tu crois ça ? Henri : (même jeu) Mais oui ! Qu'est-ce que ça peut te faire après tout ? Tiens : ce soir, la maison de retraite va faire une opération portes ouvertes. Le maire, Monsieur Bouzin, y sera. Normalement, tu dois faire un papier là-dessus, non ? Oscar : (se calmant) Oui, c'est prévu depuis un moment... Henri : Eh bien j'y serai aussi. Qu'est-ce qui t'empêche d'écrire que tu m'as vu inspecter les lieux et discuter gentiment avec les résidents ? Oscar : Effectivement, ce ne serait pas dramatique... Henri : Par contre, tu pourrais ne pas avoir remarqué Monsieur Bouzin... Oscar : (énervé) Tu ne crois pas que tu pousses un peu ? Un journaliste qui ne voit pas le maire dans une réception ! Je me ferais virer aussi sec ! Henri : Bon, d'accord, tu le vois mais tu ne t'attardes pas sur lui. Par contre, tu trouveras bien quelque chose de sympa à dire sur moi... Oscar : (grondant) Quelque chose de sympa ? Je t'en ficherai, moi ! Henri : Et demain aussi ! Oscar : Demain ? Mais je ne vais pas finir mes jours à la maison de retraite ! Henri : Qu'en sais-tu ? Non, je plaisante. Il ne s'agit plus de maison de retraite, tu dois savoir que les minimes de notre club de foot reçoivent ceux de la ville voisine en fin d'après-midi pour un match amical ? Oscar : Oui, je le sais. C'est l'équipe de Torchon sur Blaise. Et là aussi, il faudra que je te voie ? Henri : Que tu me voies applaudir et encourager notre équipe. Au fait, je ne sais pas si je pourrai y aller... Oscar : Ben alors, tu me préviendras, de toutes façons je n'avais pas l'intention d'y assister, ce n'est pas assez important pour y consacrer un article.

Henri : Oh mais si tu iras ! Dans la foule personne ne remarquera mon absence. Par contre, quand on lira ton papier, personne ne doutera que j'y suis allé. Tout le monde pensera que, tout en n'essayant pas de me faire remarquer, j'encourage les jeunes à faire du sport. Oscar : Plus hypocrite que ça on meurt ! Henri : Si tu veux, mais c'est le résultat qui compte. Il ne te restera plus qu'un papier à rédiger. Oscar : Encore ! Tu exagères ! Henri : La photo vaut bien ça, elle est très ressemblante ! Oscar : Salaud ! Henri : N'essaye pas de me mettre en colère, tu n'y arriverais qu'en refusant de m'aider. Juste un troisième papier, et je te laisse tranquille. D'ailleurs, je ne te demande que de faire ton métier ! Oscar : Et il s'agit de quoi, cette fois ? Henri : Le musée municipal doit inaugurer après-demain une exposition archéologique. Avoue que ça tombe bien ! Mais tu dois être au courant ? Oscar : Ben oui, je le sais depuis une semaine. Le maire m'a demandé d'y consacrer une page du journal. Henri : Parce qu'il va l'inaugurer lui-même avec certains conseillers municipaux. Tu te rends compte d'un culot ! Demander à un journaliste de lui faire de la pub électorale ! C'est minable tu ne trouves pas ? Oscar : Attends, qu'est-ce que tu me demandes en ce moment, toi ? Henri : Ben... Heu... Bon, passons... Oscar : Et il n'a pas été minable au point d'utiliser le chantage pour arriver à ses fins. Henri : Oui, bon ! On ne va pas passer la journée là-dessus ! De toutes façons je serai près de lui. Tu sais ce que j'attends de toi... Et tu sais que je suis passionné par la culture ! Il faut que tes lecteurs le croient aussi. Lulu et Brigitte entrent à jardin, décoiffées, vêtements en désordre. Oscar : Déjà ! Qu'est-ce qui vous arrive ? Lulu : Ne m'en parlez pas ! Henri : Ben si, justement ! Brigitte : On avait mis au point une tactique imparable pour se faufiler devant les rayons : On se mettait derrière un type, Lulu lui mettait la main aux fesses (geste) et

se retournait en criant comme si on lui avait fait la même chose. L'homme se retournait, lui aussi, et j'en profitais pour me glisser devant lui. Oscar : (choqué) Bravo Lulu, en voilà des manières ! Henri : Ça n'explique pas pourquoi vous êtes parties du magasin ! Lulu : Ben... C'est que le dernier type auquel on a fait ça (geste) s'est retourné avant... Et sa femme a très mal pris mon geste. Oscar : (furieux) Je comprends ça. Moi aussi, je le prends mal ! C'est décidé cette fois : terminé les soldes ! Henri : A part ça, vous avez vu des choses intéressantes ? Brigitte : On n'a pas eu beaucoup de temps... Si, j'ai eu en main un joli petit maillot de bain trois pièces... Lulu : Il était presque déchiré. Les gens s'arrachent les affaires les plus belles que c'en est une honte ! Oscar : (réfléchissant) Un maillot de bain trois pièces ? Brigitte : Bah, il ne faut pas avoir de regrets. Vous me permettez d'utiliser votre salle de bains, je voudrais me refaire une beauté. Lulu : Je t'en prie, refais-toi ce que tu peux ! Tu connais le chemin... Brigitte sort au centre. Oscar : (à lui-même, se grattant la tête) Un maillot de bain trois pièces ? Lulu : (à Oscar) Tu manques à tous tes devoirs. Au lieu de marmonner, tu pourrais inviter nos amis à diner ce soir. Henri : Ah non ! C'est gentil mais ce soir je dois aller voir nos seniors à la maison de retraite. Oscar aussi d'ailleurs... (il va se placer derrière Lulu) Lulu : (à Oscar) C'est vrai ? Tu ne m'as rien dit. Qu'est-ce que tu vas y faire ? Oscar : Il y a une opération portes ouvertes. Lulu : Et c'est suffisamment important pour que ça paraisse dans le journal ? Oscar : En réalité, je me le demande... Henri : (sortant la photo de sa poche) Quand nous sommes vieux, c'est un endroit où nous nous (plus fort) nichons... Oscar : (à Lulu) Ouais. Faut que j'aille là-bas ce soir. Je suis navré de te laisser seule encore une fois... Lulu : J'ai l'habitude, en effet ! J'en profiterai pour travailler sur mon roman.

Henri : (revenant vers oscar) C'est vrai, au fait, non seulement tu es vétérinaire, mais tu es écrivain ! Il avance, ton livre ? Lulu : Péniblement. Je ne suis pas vraiment écrivain, tu sais, je ne suis qu'un petit amateur. Et dans l'histoire que j'ai inventée, J'ai eu tort de rendre sympathique le héros de l'histoire, au début. C'est un fabriquant de bonnets dont l'usine s'agrandit mystérieusement. Ensuite on s'aperçoit qu'en réalité il emploie des moyens malhonnêtes pour arriver à ses fins. Alors ça a un peu de mal à passer, les lecteurs vont sûrement être déçus... Oscar : Mais pas du tout ! Il est génial ce bouquin ! Lulu : Comment peux-tu dire ça, tu ne l'as pas lu ! Henri : C'est vrai, ça ! Tu juges, tu décides ! Au moins, sais-tu ce qu'on dit quand on a fini de fabriquer un bonnet ? Oscar : Non, qu'est-ce qu'il faut dire ? Henri : On dit : le bonnet naît. Mais toi tu ne sais pas, tu condamnes sans même savoir de quoi tu parles. Oscar : (avançant, menaçant, vers Henri) Comment ça sans savoir ? Mais j'ai eu un exemple sous les yeux il n'y a pas longtemps ! Tu veux que j'en parle ? Henri : (la main à la poche) Dis plutôt que tu ne sais pas à quel saint te vouer ! Oscar : (hargneux) Lulu a raison de penser que l'électeur va être déçu ! J'en connais au moins un qui ne votera pas pour toi ! Brigitte entre au centre, recoiffée. Lulu : Oscar, tu te contredis. C'est mauvais ou c'est bon ? Oscar : C'est très vraisemblable ton histoire. Brigitte : Quelle histoire, j'ai loupé quelque chose ? Henri : (énervé) De quoi te mêles-tu ? C'est une affaire entre oscar et moi. N'est-ce pas, Oscar ? Et nous devons nous en occuper ce soir. Pas à la Saint-Glinglin ! Lulu : Bon. Puisque la place est libre, je vais me recoiffer, moi aussi. Lulu sort au centre. Brigitte : (à Henri) Pourquoi me parles-tu sur ce ton-là ? Je posais seulement une question, je n'ai rien fait de mal ! Henri : C'est que c'est énervant de toujours devoir rappeler la même chose ! Oscar : Rien ne t'y oblige !

Brigitte : Et je n'aime pas ton ton. Henri : Qu'est-ce qu'il t'a fait, ton oncle ? Oscar : Ne lui répond pas, Brigitte. Parle-moi plutôt de tes associations. Brigitte : J'en ai essayé plusieurs. J'espère seulement qu'à force de me voir me dévouer pour les autres, les gens auront envie de voter pour mon mari... Le mois dernier j'ai voulu m'inscrire à l'ADSM, mais Henri m'en a dissuadé. Oscar : C'est quoi, l'ADSM ? Henri : L'Association de Défense des Sourds Muets. Tu te rends compte ? Aller s'occuper des muets pour avoir des voix ! C'est bien elle, ça ! Brigitte : Ensuite j'ai voulu m'occuper des footballeurs unijambistes, mais il n'y avait qu'un seul membre dans l'association. Oscar : Une jambe, je parie ? Brigitte : Alors ça n'en valait pas la peine. Je me suis donc dirigée vers "Cuisiniers sans frontières" et l'AFO. Oscar : C'est à dire ? Brigitte : L'Association des Femmes Oisives. C'est un club de bridge. Oscar : Je vois ! Tu donnes vraiment dans le social ! Henri : Bah, peu importe, le principal c'est que ces nanas votent pour moi... Lulu entre au centre, recoiffée. Brigitte : Tu parles de nanas ! Lulu : (tapotant sa chevelure) Tu es gentille, mais c'est juste un coup de peigne et un raccord de maquillage ! Oscar : Nous en sommes éblouis ! Lulu : J'ai repensé à mon roman, et à mon métier. Pourquoi ne pas m'en inspirer après tout ! Figurez-vous que j'ai soigné, il y a quelque temps, un tout jeune doberman qui souffrait de malnutrition. Henri : Pauvre bête ! Son maître ne lui donnait pas à manger ? Lulu : Si mais c'est un végétarien qui a essayé d'élever son chien avec ses principes. Il l'a donc obligé à manger des carottes et des pommes de terre dès qu'il a été sevré. Oscar : Qu'est-ce que cette histoire idiote vient faire dans ton bouquin ?

Lulu : C'est à cause du chien : le type dont je vous ai parlé, vous savez, celui qui a des méthodes inavouables... Henri : (sèchement) Oui, on a compris ! Lulu : Il va utiliser ces méthodes avec le propriétaire d'un gros chien, qui va sentir que son maître est en danger et qui va le mordre ! Henri : C'est idiot ! Oscar : Excellent ! Tu es géniale, ma chérie. D'ailleurs je crois que je vais aller chercher un chien à l'Association de Sauvegarde des Animaux. Brigitte, dans toutes les associations que tu visites, tu n'a jamais essayer de te faire embaucher comme bénévole à l'ASA ? Brigitte : Non, mais je trouve que c'est une très bonne idée ! N'est-ce pas, Henri ? Henri : C'est ridicule. Tu te débrouillerais avec les animaux comme un catcheur avec une trousse à couture. Oscar : (ricanant) Henri, ne décourage pas les bonnes volontés ! Si ça peut te rapporter des voix, peut importe que ce soit ridicule ! Ne sois pas trop exigeant avec ta droiture et ton honnêteté ! Henri : (furieux, fixant Oscar) Ne t'occupe pas de Brigitte tant qu'elle est encore sage au sein d'une association ! Oscar : (furieux) Ne le prends pas sur ce ton-là ! D'ailleurs j'en ai assez, je m'en vais Henri : (même jeu) Bien sûr que tu t'en vas ! Moi aussi d'ailleurs ! Tu oublies que nous devons nous rendre à la maison de retraite ! Oscar : (même jeu) Oui j'avais oublié. Heureusement que tu es là pour me le rappeler ! Henri : Alors allons-y, monsieur le journaleux ! Oscar : Je te suis, monsieur le politichien. Henri et Oscar sortent à jardin en se bousculant. Lulu : Mais qu'est-ce qui leur prend tout d'un coup ? Brigitte : Je ne comprends rien. Mais je les trouve bizarres !

RIDEAU

ACTE II lulu et Brigitte sont assises face au public et discutent.

Brigitte : C'est vrai qu'Henri a beaucoup de mérite. C'est un bosseur. Par exemple, il a étudié la possibilité de faire de la confiture de flageolets. Lulu : Je n'y aurais pas pensé ! Et alors ? Brigitte : Ça n'a rien donné : le sucre et les haricots ne font pas bon ménage. Et puis il s'est mis à chercher un moyen de produire de la confiture en tubes, comme la mayonnaise. Lulu : Ce n'est pas bête. Tu penses qu'il y arrivera ? Brigitte : Pour la gelée, peut-être. Mais pour la confiture de cerises, par exemple, il faudrait des tubes avec des ouvertures très grandes... Lulu : Dans ce cas, je ne vois pas l'intérêt... Brigitte : Moi non plus ! Enfin, en ce moment il a laissé tomber ce genre de projet, il est en pleine campagne électorale. Lulu : Tu crois vraiment qu'Henri a une chance d'être élu ? Brigitte : Je l'espère en tous cas. il se démène comme un beau diable ! Hier encore, il a passé sa soirée et une partie de la nuit à faire des ronds de jambe dans la maison de retraite, pour inciter les résidents à voter pour lui ! Lulu : Je le sais bien, puisque Oscar y était aussi. Ça explique qu'il n'est pas encore levé. j'imagine que c'est pareil pour Henri... Brigitte : Oui mais Henri est rentré tout de suite après, tandis qu'Oscar a dû rédiger son article et le donner au journal pour qu'il paraisse ce matin. Lulu : C'est vrai que le journal est imprimé la nuit et qu'il est édité même le week-end. Mais enfin, c'est son métier, à Oscar, il est obligé de le faire, tandis qu'Henri mise seulement sur l'avenir... Brigitte : Tout à fait. C'est qu'il y tient, à ce poste de maire ! Lulu : Pourtant, ça ne vous amènerait que des problèmes ! La fabrique de confitures fonctionne bien, qu'est-ce qu'il aurait de plus en étant maire ? Brigitte : Tu sais, Henri a une conception du rôle de maire qui est très dépassée ! Dans son esprit on est vingt ans en arrière ! Donc, ce qui compte pour lui, c'est La notoriété, la considération des habitants... Et une indemnité... Lulu : Ah bon ! J'aurais cru qu'Henri voulait gérer la commune, l'embellir, améliorer la vie de ses habitants... Brigitte : Comme les maires de maintenant ? Aussi, bien sûr ! Mais lui c'est plutôt le maire d'alors, ce qui ne me déplaît pas d'ailleurs (rêveuse) Moi, j'irais dans les réceptions et je participerais aux bonnes œuvres de la municipalité en organisant des bals et des spectacles... Ce serait formidable !

Lulu : Ouais... vous avez un sens social très développé ! Brigitte : Mais vous deux, vous n'avez pas d'ambition ? Vous vous contentez de ce que vous avez ? Lulu : Pourquoi pas ? Nous gagnons correctement notre vie. Oscar aime ce qu'il fait, il est toujours en mouvement puisque le journal couvre tout le canton. Tu sais, il y a parfois des manifestations intéressantes ou des gens connus à interviewer...Et moi aussi je suis contente de mon travail. Brigitte : Là c'est moi qui ne te comprends pas. Soigner des bêtes malades, c'est malsain ! D'ailleurs, qu'est-ce que tu as comme patients ? Des chiens? Des chats ? Des vaches ? Des chevaux ? Lulu : Pour ce qui concerne les vaches et les chevaux, non, ce n'est pas mon truc, et d'ailleurs il n'y en a que très peu dans notre ville. Et certains collègues vont les soigner sur place. Des chiens et des chats, oui, j'en ai tous les jours. Mais ça peut être aussi un hamster, un lapin, un furet, ou même un petit singe, ça m'est arrivé il y a quelques jours ! On doit me le ramener bientôt, d'ailleurs, pour un examen complémentaire. Brigitte : Et tous ces animaux viennent dans... Comment appelles-tu ça ? Ton bureau, ton cabinet ? Lulu : Il s'agit d'une clinique vétérinaire. Nous sommes deux pour la faire fonctionner. Non seulement nous soignons les bêtes, mais nous étudions les pathologies qui les concernent. Brigitte : Donc, elles viennent dans ta clinique. Et ça ne te ramène pas de microbes, de bestioles, de saletés, quoi ? Lulu : Rassure-toi, nous prenons, mon adjoint et moi, toutes les précautions d'usage. Tout est nettoyé et désinfecté à chaque passage. (riant) Je me souviens que le singe qu'on m'avait amené avait des poux. On l'a traité immédiatement ! Oscar entre au centre et s'arrête à la porte. Lulu et Brigitte ne le voient pas. Mimiques d'Oscar pendant la suite. Brigitte : (riant) Les poux, voilà l'ennemi ! Lulu : C'est ce que je me suis dit ! Mais après tout, ce n'est pas si difficile de s'en débarrasser... Brigitte : (riant) Heureusement, sans ça il ne remettrait plus les pattes au logis ! Lulu : (riant) Oh ! Bravo ! (sérieuse) C'est vrai que je peux disposer d'une quantité de produits très efficaces. Brigitte : Je vois. Quelques gouttes dans un breuvage... Lulu : ... Et il s'endort pour un bon moment.

Brigitte : Pendant ce temps-là, tu peux faire ce que tu veux. Lulu : Mais à condition qu'il accepte de boire ! Tiens, imagine qu'il ne se laisse pas faire, qu'il se méfie... ou tout simplement qu'il n'ait pas soif ! Brigitte : C'est surtout ça qui m'inquiéterait à ta place ! Lulu : Eh bien une petite piqure vite faite, sans qu'il ait le temps de réaliser, et hop, le voilà étendu sans réaction. Brigitte : Effectivement, tu es prête à tout ! Lulu : Mais s'il s'en apercevait il risquerait de m'en vouloir et ça m'ennuierait. Je me suis tellement habituée à lui. Brigitte : Pourtant, s'il n'est pas idiot, il finirait par s'en rendre compte ! Lulu : Eh oui, c'est inévitable. On sonne. Brigitte et Lulu se lèvent. Lulu se dirige vers jardin. Elle aperçoit Oscar. Lulu : Tiens, tu es réveillé ? Oscar : Je me le demande ! J'ai dû faire un cauchemar ? Lulu ouvre à jardin, Henri entre en brandissant un journal et se dirige vers Oscar. Henri : (furieux) Qu'est-ce que c'est que ce torchon ? Lulu : Je t'en prie, entre, fais comme chez toi, Oscar : C'est la première édition de ce matin. Je n'ai pas encore eu le temps de la lire. Pourquoi, qu'est-ce qui te défrise ? Henri : (furieux) Ton article sur la maison de retraite. (tirant une photo de sa poche) Je t'avais pourtant prévenu ! Tu es inconscient ma parole ! Oscar : Attends ! Décidément, tout le monde veut ma peau ce matin ! Si tu me fais une vacherie, il ne sera plus question d'aller au foot ce soir ! Laisse-moi au moins prendre connaissance du journal ! Brigitte : Qu'est-ce qui te prend, Henri ? Tu es d'une incorrection ! Lulu : Oscar, que veux-tu dire ? Je ne comprends rien à ce que tu racontes. Henri : (remettant la photo dans sa poche) Vous, les femmes, taisez-vous, ça ne vous concerne pas. Oscar : Tais-toi, Henri, tu ne sais pas à quoi tu t'exposes ! Et moi je risque gros !

Lulu : Décidément, ça ne leur réussit pas de sortir le soir ! Ils sont complètement givrés ! Viens, Brigitte, on va se boire un café ! Lulu et Brigitte sortent à cour. Henri : Pourquoi as-tu dit "Je risque gros" ? Oscar : Avant que tu arrives, je les ai entendues discuter. C'était affreux ! Elles évoquaient la possibilité d'endormir un époux comme si elles parlaient de la pluie et du beau temps. Je n'en reviens pas ! Henri : (suffoqué) Non ? Tu dois te tromper, ce n'est pas possible ! Oscar : Je t'assure ! Lulu disait même qu'elle dispose d'un tas de produits efficaces qu'elle pourrait mettre dans ma boisson ! Henri : Oh ? Il faut aller tout de suite à la police ! Oscar : Pourquoi faire ? On n'a pas de preuve, ce serait ma parole contre la sienne ! Et puis tu me vois, chez les flics : "Monsieur l'agent, ma femme veut m'endormir !" Je sais que le ridicule ne tue pas mais tout de même ! Henri : Elle n'a pas dit quand elle compte passer à l'acte ? Oscar : Non, ça reste très flou. Henri : En tous cas, à partir de maintenant, tu dois te servir toi-même à boire. Ne laisse personne déboucher une bouteille à ta place, va toi-même prendre de l'eau dans la carafe ! Oscar : Oh mais elles y ont pensé : Lulu a dit qu'il suffirait d'une piqure pour m'étendre sans que je m'en rende compte ! (pleurnichant) Ma Lulu, qu'est-ce que j'ai bien pu te faire pour qu'on en arrive là ! Henri : J'ai du mal à te croire, mais tu ne risques rien d'être prudent. Oscar, remets-toi ! il fait te ressaisir. Réagit en homme ! Sinon Lulu va se poser des questions et elle risque de se décider plus vite. Oscar : (se ressaisissant) Tu as raison. Il faut que je tienne le coup. Alors, n'ayons l'air de rien et reprenons. Qu'est-ce qu'on disait ? Henri : (ouvrant le journal) Je parlais de ta prose. La voilà. En titre : "Le troisième âge dans la confiture !" Oscar : J'ai pas écrit ça ! J'ai dit : de la confiture pour le troisième âge. Mais j'ai dicté mon papier par téléphone à Judith. Elle a dû mal comprendre ! Aussi, quelle idée tu as eue de distribuer des pots de confiture aux personnes âgées! Henri : Ben quoi, elles étaient contentes, c'est électoral ce geste d'amitié ! Je continue : (lisant) "Ce soir, opération portes ouvertes à la maison de retraite. Monsieur Bouzin, Maire de la commune, ainsi que le Président du Bureau d'Aide Sociale, y ont fait l'honneur de leur présence. De nombreuses personnalités sont

également venues, dont Monsieur Henri Michardin... futur résident espérons-le (furieux, baissant le journal) "Futur résident" ! Ça veut dire quoi ? Que j'ai retenu ma place pour la maison de retraite ? Et "espérons-le" en plus ! Ça fait sérieux pour un candidat à la mairie ! Oscar : C'est encore Judith ! J'avais dit futur président, pas résident ! Henri : (lisant) "Ce même Henri Michardin est d'ailleurs arrivé plein, porté par un cageot qui a du pot..." (furieux, baissant le journal) Autrement dit j'étais bourré, et j'étais monté sur le dos de ma femme ! Tu te rends compte de ce que vont penser tes lecteurs ? Oscar : J'avais dit "arrivé en portant un cageot plein de pots" Henri : Décidément, ta Judith a moins de compétence que de poitrine ! Et encore : (lisant) "Il a ensuite distribué à toutes les poires de la confiture de seniors" (baissant le journal) C'est innommable ! Tu aurais voulu me ridiculiser et m'enlever toutes mes chances que tu ne t'y serais pas pris autrement ! Tu me donnes chaud avec tes bêtises ! Oscar : Je suis vraiment désolé ! Judith va en prendre pour son grade ! Elle voulait justement quelques jours de congés... Henri : Pour partir où ? A l'ile de Sein ? Oscar : Je vais négocier ses congés contre l'article que je vais lui dicter ce soir. Henri : (effrayé) Le foot ? Ne me dis pas que tu vas lui téléphoner ton article ? Oscar : Ben si, j'y suis obligé, je n'aurai pas le temps de le taper moi-même. Je te rappelle que c'est du travail supplémentaire que tu m'as imposé ! J'étais déjà surchargé, alors je fais ce que je peux ! Lulu et Brigitte entrent à cour et s'arrêtent. Oscar et Henri ne les voient pas. Henri : Oh que je suis inquiet ! C'est vraiment une andouille si j'en crois ce que j'ai lu, et je n'ai pourtant pas lu grand chose ! Oscar : Ne sois pas trop insultant, elle a quand même de l'esprit ! Henri : Oui, dans le soutien-gorge ! Brigitte : Quel soutien-gorge ? Oscar : (sursautant) Hein ? Ah... Ben... Mais non, on parlait... On parlait de George Sand. Henri prétend que c'est une andouille, et... comme je l'ai défendue, il m'a traité de soutien-George... Lulu : Que voilà une explication limpide ! Ainsi, vous discutiez de George Sand ? Elle a écrit un article dans ton journal ?

Henri : Oui... Heu, non bien sûr ! Mais on comparait sa prose avec celle qu'Henri a osé écrire. Lulu : (prenant le journal des mains d'Henri) Laissez-moi voir ça ! Brigitte : (allant lire par-dessus l'épaule de Lulu) Il s'agit de votre sortie d'hier ? Oscar : Oui. Mai j'ai dû téléphoner mon article au bureau et le son passait très mal... Lulu : (commençant à rire) Futur résident ! Mais c'est super ! Si tu donnes dans le comique je vais le lire tous les jours, ton journal ! Brigitte : Porté par un cageot ! C'était qui le cageot ? Lulu et Brigitte rient en lisant. Henri : (vexé) Bon, ça suffit. Tu viens boire un café, Oscar ? Oscar et Henri sortent à cour pendant que les femmes rient. Brigitte : (arrêtant de rire) Ça a l'air d'une blague ! Mais c'est très mauvais pour Henri, ça ! Il est tourné en ridicule ! Lulu : C'est sûr que ça ne l'avantage pas... Comment Oscar a-t-il pu... Il faudra qu'il achète un autre téléphone ! Ou une autre secrétaire ! Mais bah... Après tout, ce n'est pas si grave, les gens d'ici ont l'habitude de voir des coquilles dans ce journal... Brigitte : Tout de même... Il faut que j'essaye de lui faire regagner les voix qu'il aura peut-être perdues à cause de cet article... Tu voudrais me rendre un service ? Lulu : Lequel ? Brigitte : Voilà : j'ai remarqué que beaucoup de nos concitoyens ont un animal de compagnie. Lulu : Je suis payée pour le savoir ! Brigitte : Et que l'Association pour la Sauvegarde des Animaux est très active et particulièrement bien vue par la population. Lulu : C'est vrai que l'ASA a une excellente réputation dans tous les milieux. Réputation justifiée, d'ailleurs ! Mais pourquoi me dis-tu ça ? Brigitte : Parce que, après notre discussion de tout à l'heure, je voudrais en faire partie... Et qu'avec l'appui d'une vétérinaire aussi connue que toi j'y arriverais plus facilement. Lulu : Mais tu n'as pas besoin de moi, les bénévoles sont toujours bien accueillis, les bonnes volontés sont tellement rares ! Brigitte : Oui mais je veux accéder tout de suite à un poste important. Tu sais que j'ai fait un peu de comptabilité dans le temps, et que j'ai suivi quelques cours de droit,

alors avec ton appui ça devrait être possible ? Parce que comme ça, on parlerait de moi, je serais honorablement connue, et ça amènerait sûrement des voix à Henri quand il se présentera... Lulu : Mon Dieu, mais c'est une obsession électorale ! Vous devriez voir un psy, ton mari et toi. Brigitte : C'est que justement ce ne sera pas fini. S'il arrive à être maire il pourra continuer à se présenter à d'autres élections... Lulu : Eh bien ? Brigitte : Et il sera un jour député ! Lulu : Quelle ambition ! Encore eût-il fallu que je le députasse ! Brigitte : Tu vois que tu ne peux pas refuser de m'aider ! Lulu : Pourquoi ? Je ne vois pas le rapport ! Brigitte : Tu ne voudrais pas négliger un élu du peuple français ! Tu serais une mauvaise patriote, une mauvaise démocrate ! Lulu : Et toi tu as une mauvaise foi insupportable ! Que voudrais-tu que je fasse ? Brigitte : Tu connais la Présidente. Dis-lui que je ferais une excellente adjointe, et qu'elle n'a qu'à m'appeler pour me le demander. Comme je suis quelqu'un de simple, il y a peu de chances que je refuse... Lulu : Parce qu'il faut te le demander en plus ! Tu ne manques pas de culot ! Brigitte : Ça sera plus crédible. Tu ne peux pas me refuser ça ma Lulu ! Lulu : Bon, attends, je vais régler ça tout de suite. (elle prend un téléphone et compose un numéro) Allô ! ... Allô Martine, c'est Lulu. Comment vas-tu ma grande ? ... Oh moi aussi, tout se passe bien ! Je suis désolée de t'ennuyer pendant le week-end mais j'ai juste une question à te poser... Oui. Voilà : tu n'aurais pas besoin d'une adjointe par hasard ?... Bénévole, oui... Je te demande ça parce que j'ai quelqu'un sous la main qui pourrait te convenir... Ah ? ... Mais tu pourrais toujours l'essayer... Pourquoi pas ! ... Je vais lui dire. Merci beaucoup Martine. Embrasse ton mari... Oui, je n'y manquerai pas. Au revoir. (elle raccroche) Brigitte : Alors ? Qu'est-ce que ça donne ? Lulu : elle veut bien t'essayer. Mais si tu ne lui convient pas, elle te le dira franchement. Des propositions comme la tienne, elle en a déjà eu plusieurs. Alors il ne faudra pas te vexer. Tu comprends ? Tu l'embrasseras de ma part, si elle veut bien te laisser faire car je te préviens : elle a un caractère disons... Entier Brigitte : Autrement dit un caractère de cochon ! Mais t'inquiète ! Henri entre à cour et s'arrête. Lulu et Brigitte ne le voient pas.

Brigitte : Elle est sympa, au moins, Martine ? Lulu : Sympa et sexy ! Moi je la trouve très belle, ce qui ne gâte rien ! Brigitte : Alors je l'embrasserai, ta copine Martine. Et de force si nécessaire ! J'aurai beaucoup de patience et de douceur. Je suis sûre que je vais la séduire. Mais n'en parle pas à Henri, s'il te plaît, Je ne sais pas si ça lui plairait... Lulu : D'accord. C'est vrai qu'il serait surpris, il ne t'imagine pas faire ça... Oscar entre à cour, et avance vers Lulu. Henri le suit lentement, va s'affaler sur un siège, coudes sur les genoux et tête posée dans les mains. Oscar : Ça y est ? Vous avez bien rigolé ? Que voulez-vous que j'y fasse : je dicte une phrase et c'est autre chose qui paraît dans le journal. C'est sans doute ma collaboratrice qui a les oreilles envasées, ou alors elle est stupide. Elle n'a pas fini de m'entendre celle-là ! Lulu : De qui parles-tu ? Oscar : De ma secrétaire, qui a déformé tout ce que je lui ai dicté... Lulu : Bon, ne t'en fais pas tant que ça, c'est surtout pour Henri que c'est gênant. (se tournant vers Henri) Eh bien, tu en fais une tête ! D'accord, c'est une gaffe malheureuse mais tes électeurs comprendront qu'il s'agir de simples coquilles, il n'y a pas mort d'homme ! Brigitte : D'autant plus que si tu perds des voix de ce côté-là tu peux en gagner ailleurs ! Allez, fais un sourire... Henri ne bouge pas, comme s'il était assommé. Oscar : Eh bien, Henri ! On dirait que tu as reçu un coup sur la tête. Remets-toi, enfin, il y a des choses plus graves ! Henri : Bri... Bribri... femme... Lulu : Décidément, je ne comprends rien. Je vais vous faire un bon café pour vous remettre. Oscar : (précipitamment) Non ! (se reprenant) Non, non, merci. Je crois que ça ne lui réussirait pas, on vient d'en boire. Il est déjà tellement énervé ! Brigitte : Ça ne se voit pas ! Oscar : (secouant Henri) Hein ?... Henri, réveille-toi... N'est-ce pas que tu ne veux pas de café ! Henri : Nan ! Pas café pas femme rien dodo ! Brigitte : Oscar, je suis sûre que tu l'as fait boire. Tu n'es vraiment pas sérieux !

Oscar : Ça va pas la tête ? On n'a bu que du café ! Lulu : Il est encore sous le choc après avoir lu ton article à la noix ! Je vais lui chercher un petit remontant. Oscar : (précipitamment) Non ! (se reprenant) Je crois qu'il a seulement un coup de fatigue. Si vous voulez bien, mesdames, nous laisser seuls quelques instants, je vais essayer de le réconforter. Brigitte : Un coup de fatigue ? De quoi serait-il fatigué ? Enfin, je n'aime pas le voir dans cet état-là. Je retourne à la cuisine. Tu veux bien, Lulu ? Lulu : Bien entendu. Je t'accompagne. Brigitte et Lulu sortent à cour. Oscar : Henri, qu'est-ce qui t'arrive ? Tu peux me le dire, les femmes ne sont plus là. Tu allais bien quand on est sortis de la cuisine ! Henri : Brigitte ! Ma Brigitte ! Oscar : Eh bien quoi ? Elle va bien ta Brigitte ! Tu en parles comme si elle avait le virus Ebola ! Henri : Elle aime les femmes. Oscar : Oui, bien sûr ! Elle aime tout le monde, d'ailleurs... Henri : Non, je te dis qu'elle aime les femmes. Elle les aime... Vraiment. Oscar : Qu'est-ce que tu racontes ? Tu veux dire qu'elle serait homo ? Ne dis pas de bêtise, elle t'a épousé, donc elle aime les hommes ! Henri : Il y a des gens qui aiment les deux. Aussi bien des hommes que des femmes, qui sont au fuel et au charbon... Oscar : Tu pourrais dire à voile et à vapeur, c'est plus écolo... Henri : Tu parles que je m'en fiche, d'être écolo ! Oscar : Et qu'est-ce qui te fait dire ça ? Henri : Je l'ai entendue, en sortant de la cuisine. Elle disait :"Je vais l'embrasser de force, ta copine Martine !" Oscar : Hein ? Elle a dit "ta copine" ? Tu es sûr ? Henri : Oui. Elle a même ajouté : "Je suis sûre que je vais la séduire" Oscar : Tu me fais peur ! Ça voudrait dire que Lulu aussi...

Henri : Et Brigitte veut lui piquer sa copine. Et ça n'a pas l'air de la déranger. Je n'aurais pas cru qu'elles aient ce genre de mœurs. Je suis effondré. Oscar : Ça, ça se voit. Et tu as tort ! Il faut te ressaisir. Nous les ramènerons dans le droit chemin, mais en douceur, avec gentillesse. Alors, elles préfèreront avoir à faire à nous qu'à une quelconque donzelle. Haut les cœurs, Henri ! Henri : J'admire ta force de caractère. Mais je pense que je l'aurais encore plus mal pris si Brigitte aimait un autre homme... Oscar : Alors, soyons forts et soyons aimants. Il faut les reconquérir. Henri : (allant crier près de la porte à cour puis revenant) Brigitte ! Lulu ! Je me sens mieux, vous pouvez revenir ! Brigitte et Lulu entrent à cour. Oscar : C'est bien ce que je disais. Juste un coup de fatigue. Il s'est couché trop tard hier soir, à cause de cette fichue maison de retraite... Brigitte : Tant mieux. Je n'ai pas l'habitude de le voir aussi abattu. (à Henri) Alors mon chéri, on se sens d'attaque ? Henri : Tu as dit "Mon chéri" ! Ça me redonne des forces ! Brigitte : (étonnée) Ah bon ? Henri : Ben oui ! Je suis sensible à la gentillesse. C'est que je ne suis qu'un homme ! (à Oscar) Toi aussi d'ailleurs ! Oscar : Hein ? Ah oui ! Je ne suis qu'un homme. Nous ne sommes que des hommes, quoi ! Lulu : Depuis le temps que nous sommes mariés, je m'en suis aperçue... Henri : C'est bien aussi, d'être un homme, non ? Moi ça me donne parfois des idées... Tiens, Brigitte, ma petite femme chérie, si on faisait un enfant ? Oscar : J'y pensais, justement. Ma Lulu que j'aime, tu ne voudrais pas qu'on en fasse un aussi ? Lulu : (horrifiée) Pas ici, pas maintenant ! Brigitte : Qu'est-ce qui vous prend ? Vous êtes encore plus fatigués que je croyais ! à moins que vous ayez trouvé le moyen de picoler en douce ? Vous voulez que j'aille chercher du bicarbonate ? Oscar : Qu'est-ce qui te fais changer aussi radicalement ? Tout à l'heure c'était "mon chéri" à ton mari et maintenant on picole ! Tu n'as pas de suite dans les idées. C'est bien féminin, ça...

Henri : Remarque, c'est bien aussi d'être féminin. Ça me plaît ! (à Lulu) Toi aussi, tu es féminine. C'est agréable pour les hommes masculins d'avoir des femmes féminines, (à Brigitte) Tu ne crois pas ma chérie ? Brigitte : Décidément, je commence à être inquiète... Oscar : Et si nous allions au restaurant ce soir, tous les quatre, en amoureux ? Lulu : Je croyais que vous deviez aller à un match de foot ? Henri : Ah oui, zut ! C'est vrai, je ne peux pas louper ça ! (à Oscar) Toi on plus d'ailleurs. Tu te souviens ? Oscar : Je ne risque pas d'oublier ! Au fait, c'est bientôt : ce sont des enfants qui jouent, et ça commence en fin d'après-midi Lulu : J'espère que cette fois vous rentrerez de bonne heure ! Henri : Hier je ne pensais pas y aller mais je vais quand même y faire un saut. Après tout, ça ne serait pas mal qu'on m'y remarque, d'autant plus que le maire n'y sera pas. Ça me donnera un point d'avance. Oscar : Moi je n'ai pas l'intention d'y rester longtemps. C'est un match de minimes, ça ne va pas passionner mes lecteurs. Henri : Oh, mais si, tu dois rester jusqu'à la fin, pour avoir le résultat du match. Et pour m'entendre féliciter les gamins de notre ville, que j'aime tant ! Brigitte : Donc, tu vas rester jusqu'à la fin, toi aussi ! Henri : Mais non ! Heu... ben peut-être. A moins que je les félicite à la mi-temps... Encore que s'ils encaissent des buts dans la deuxième, mes félicitations ne seront pas méritées Oscar : Le résultat du match... Est-ce vraiment important ? Henri : Ce qui est important, c'est que tu m'aies vu rester jusqu'au bout et que tu l'écrives dans ta feuille de choux. (aux femmes) Vous, ne cherchez pas à comprendre ! Lulu : (à Oscar) Ne t'en fais pas, mon chéri, je te préparerai un petit apéritif dès ton retour, avec des canapés au ketchup. Nous passerons une soirée au calme. Rien que nous deux... Oscar : Hein ? Ah ? Je... J'ai une meilleure idée : que dirais-tu d'une coupe de champagne ? Brigitte : Bigre, on ne se refuse rien ! Lulu : Ma foi, je ne sais pas refuser ce genre de breuvage. Dépêche-toi de rentrer ce soir !

Oscar : (à Lulu) Je comprends ton impatience mais promets-moi de m'attendre, je veux la déboucher moi-même. Lulu : Tu deviens capricieux comme une jolie femme ! Oscar : C'est vrai ? Physiquement, je te plais autant qu'une jolie femme ? Tu aurais du mal à te passer de moi n'est-ce pas ? Lulu : Pas possible ! Tu aimes les compliments maintenant ? Henri : (à Brigitte) Nous ferons la même chose, si tu veux Bribri ? Je déboucherai la bouteille... Brigitte : Eh ben, c'est la fiesta ! Mais qu'est-ce qui leur arrive, à nos hommes ?

RIDEAU

ACTE III Lulu et Brigitte discutent (elle peuvent marcher, s'asseoir...) Brigitte : Henri attend avec impatience la parution du journal. Il est obsédé avec ça ! Il croit vraiment qu'à force de voir son nom dans la presse, les électeurs seront influencés. Remarque, les publicitaires de la télé ont le même raisonnement puisqu'ils nous harcèlent dix fois par jour avec les mêmes idioties ! Lulu : C'est vrai qu'aujourd'hui notre journal arrive plus tard qu'en semaine, mais c'est quand même beau, dans une petite ville comme celle-ci, qu'il en paraisse un tous les jours. Brigitte : Tu as raison. D'ailleurs, Henri doit battre la semelle au tabac journaux du coin en attendant qu'il arrive. Ce qui n'est pas malin : c'est beaucoup trop tôt, et ce n'est pas parce qu'il est là-bas que ça ira plus vite ! Lulu : Ils sont bizarres, nos hommes, en ce moment, tu ne trouves pas ? Brigitte : Si. Aussi bien leur réaction quand on leur offre à boire, que leurs allusions incompréhensibles... Et j'ai l'impression qu'ils ne s'entendent plus très bien ! Lulu : Comment as-tu connu Henri ? Depuis le temps qu'on se connaît on n'en a jamais parlé ! Brigitte : Tu gardera ça pour toi ? Lulu : Fais-moi confiance ! Brigitte : J'étais jeune, et j'étais tombée amoureuse de lui à force d'en entendre parler et de le croiser dans la rue. Donc, je l'avais dans le collimateur depuis quelques semaines. Tu vois ce que je veux dire ?

Lulu : Je vois, oui. Et alors c'est toi qui as fait les premiers pas ? Brigitte : C'était pendant l'inauguration de l'annexe de son usine. A l'époque, je travaillais chez Miaméglou. Lulu : Miaméglou ? La société qui organise des lunchs, des buffets, des réceptions, quoi ? Brigitte : Ben oui, justement. A cette inauguration, j'étais chargée de verser le mousseux dans les coupes et de remettre des toasts à la confiture dans les plateaux quand ils étaient vides. Lulu : Du mousseux ? pour une inauguration ! Brigitte : On pouvait choisir entre du mousseux à moitié frais et du jus d'orange carrément tiède. Et en plus, ça n'a pas été très concluant. Monsieur Michardin en a bu trois coupes et il a dû s'asseoir parce qu'il ne tenait plus debout ! Lulu : Donc, quand tu l'as connu, il était beurré ? Brigitte : Je me suis assise sur ses genoux et je lui ai fait boire une quatrième coupe. Ça l'a achevé ! Lulu : Comment ça achevé ? Brigitte : Quand je me suis relevée, il m'a demandé ma main. Depuis, je l'appelle Henri. Lulu : (ébahie) Non ? Si vite ? Et ça ne te fais rien d'avoir profité de la situation, d'avoir provoqué la demande en mariage d'un type saoul ? Brigitte : Pas du tout ! Au contraire, c'est le résultat qui compte !... Et toi, ma Lulu, tu l'as connu comment, ton Oscar ? Lulu : Oh moi, c'était aussi dans une réception, mais à la sous-préfecture. J'y étais invitée et Oscar était venu couvrir l'évènement pour son journal. Là c'était carrément des toasts au saumon fumé, du champagne ou du whisky, et Oscar, qui aime ça, ne s'en est pas privé ! Brigitte : Tu veux dire qu'il avait bu, lui aussi ? Mais alors, on a un point commun ! Lulu : Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit ! Il était juste un peu pompette. Quand il est tombé, je me suis précipité pour ramasser son appareil photos et il m'a dit : "Merci Monsieur !" Brigitte : Il était juste un peu pompette, mais assez pour le faire tomber et t'appeler Monsieur ! Lulu : Je lui ai fait remarquer que je suis une femme, qu'est-ce que tu crois ! Il a vérifié manuellement, s'est excusé, et m'a promis le mariage. Brigitte : Ça a été aussi rapide que pour moi ! Tu vois qu'il nous est arrivé à peu près la même chose, c'est émouvant, non ?

Lulu : Alors passons, je n'aime pas être émouvée. Mais c'est vrai que nos hommes ont une allure bizarre en ce moment... Brigitte : Oui, quelque chose a dû se passer, qu'on n'a pas réalisé. Lulu : Je me demande s'ils n'ont pas compris que tu veux travailler dans l'Association pour la Sauvegarde des Animaux. Ils nous ont peut-être entendues, hier, quand on en a parlé ? Brigitte : C'est vrai qu'ils sont arrivés pendant notre discussion. Mais pourquoi le fait que je veuille faire partie de l'ASA les rendrait comme ça ? Lulu : Henri n'apprécie sans doute pas que tu veuilles t'impliquer dans sa campagne électorale ? Pour Oscar, je ne vois pas, ça ne le concerne pas vraiment, sauf s'il participe moralement aux problèmes d'Henri... Brigitte : Ça doit être ça. Ce brave Henri est gêné parce que je veux me mettre à travailler bénévolement pour l'aider, moi qui ne travaille pas d'habitude... Et Oscar le suit comme un bon copain... Lulu : On ne peut pas les laisser comme ça ! Brigitte : Non, tu as raison. Nous devons les amener à trouver ça normal. Une femme qui aide son mari, ça n'a rien d'extraordinaire ! On sonne. Lulu va ouvrir à jardin. Henri entre. Henri : Bonjour Lulu. J'en ai marre de piétiner en attendant que le journal arrive. Alors j'ai demandé au gérant qu'il m'en fasse porter un chez toi par son gamin. Je l'ai payé d'avance et j'ai laissé une pièce pour le petit. Ça ne te dérange pas que j'attende ici ? Lulu : pourquoi voudrais-tu que ça me dérange ? Oscar est en train de s'habiller. Je te fais un café pour te remettre ? Henri : Volontiers... Eh ! Non merci ! Lulu : Sais-tu ce que tu veux ? Qu'est-ce que vous avez à refuser tout ce que je vous offre, Oscar et toi ? Henri : Ben... J'en ai bu avant de venir. Je ne m'en souvenais pas... Brigitte : Tu ne te souvenais pas avoir bu du café ? On se demande alors pourquoi tu en bois ! Si c'était de l'alcool, tu t'en souviendrais ! Lulu : Assieds-toi et calme-toi, Oscar ne va pas tarder. Oscar entre à cour. lulu : Qu'est-ce que je disais ! Oscar : Salut tout le monde !

Brigitte : J'imagine que toi non plus tu ne veux pas de café ? Oscar : Ça ne me dit rien, en effet. Il est trop tard. Je n'ai pas l'habitude de me lever à cette heure-ci... Lulu : Ne te fatigue pas à chercher des excuses. Tu fais la gueule, c'est tout ! Oscar : Moi ? Mais pas du tout ! Pourquoi voudrais-tu... Henri : On a bien le droit de ne pas avoir envie de café tout de même ! Brigitte : Arrête, Henri ! Tu nous prends pour des idiotes ? On a compris tu sais, mais ce qu'on ne comprend pas, c'est votre réaction. Henri : Vous avez compris quoi ? Lulu : Enfin, Henri, quand une femme essaye d'aider son mari, que fait elle de mal ? Je trouve au contraire que cela devrait servir d'exemple ! Oscar : Une femme qui essaye d'aider son mari ? Je crois qu'on ne parle pas de la même chose ! Brigitte : C'est pourtant ce que je voulais faire ! lulu : Vous nous avez entendues quand on discutait, Brigitte et moi. Et ce qu'on disait ne vous a pas plu ! Oscar : (furieux) Oui c'est vrai, et je suis bien content qu'on en parle. Il s'agit de quelques gouttes dans un verre ? Henri : (même jeu) Exact ! Je vous ai bien entendu quand vous parliez de votre fameuse copine Martine qui est si jolie ! Brigitte : Ben oui, j'avoue ! Je voulais la rencontrer, cette Martine. Henri : Et la séduire ? Oscar : Et si ça ne marche pas, une petite piqure discrète... Lulu : Une piqure pour Martine ? Qu'est-ce que vous racontez tous les deux ? Brigitte : Mais c'est pour la bonne cause ! Toutes les femmes en feraient autant, n'est-ce pas, Lulu ? Lulu : Bien entendu, si elles aiment leur mari ! Il n'y a pas de mal à ça ! Henri : Ça leur évite de le tromper avec un homme ? Oscar : (furieux) Ça c'est la meilleure ! Lucrèce Borgia ! Messaline ! Henri : Pourquoi les appelles-tu comme ça, Oscar ? Elles étaient homo elles aussi ?

Brigitte : Au mot de Cambronne, oui ! Vous êtes devenus fous ? Oscar : C'étaient des empoisonneuses. Enfin, Lulu, après ce que nous avons vécu ensemble, comment en es-tu arrivée là ? Lulu : Mais arrivée où ? Tu m'énerves à la fin ! Oscar : Tu viens de dire qu'il n'y a pas de mal à se débarrasser de son mari, que toutes les femmes en feraient autant ! Lulu : Je ne comprends rien à ce que tu racontes ! Oscar : Je t'ai entendue dire à Brigitte qu'avec quelques gouttes dans une boisson ou, s'il ne veut pas boire, avec une piqure, tu pouvais neutraliser l'époux dont tu ne voulais plus... Lulu : Neutraliser l'époux dont... (éclat de rire) Mon Dieu, mais je parlais des poux pas d'un époux ! J'ai soigné un singe qui avait des poux ! Brigitte : Et elle m'a expliqué qu'elle avait assez de produits pour en venir à bout. Comment as-tu pu croire qu'elle s'attaquerait à toi ? Encore que ce ne soit pas une si mauvaise idée... Henri : (à Brigitte) Et tu vas me dire que la jolie Martine est une guenon ? Brigitte : Gue non gue non ! Pardon, que non que non ! C'est la présidente de l'ASA, l'Association pour la Sauvegarde des Animaux. Henri : Et elle te plaît tant que ça ? Ton mari ne te suffit plus ? Avoue que c'est quand même vexant de savoir que tu veux te réfugier dans les bras d'une femme ! Brigitte : Dans les bras ? Que veux-tu que je fasse dans ses bras ? Je cherchais seulement à travailler pour cette association. Lulu : A y travailler pour se faire connaître honorablement, dans l'espoir que les autres membres voteraient pour toi. Tu devrais lui dire merci ! Oscar : Mais nous on a cru que... On a cru que vous... Mais alors, on s'est planté ? Lulu : Sur toute la ligne ! Henri : J'aime mieux ça. Ouf ! Je me sens mieux... Oscar : Du coup, je prendrais bien un petit café... Lulu : Eh bien si tu en veux, tu ira le faire toi-même ! Moi j'ai besoin de me rafraîchir un peu la figure, vous m'avez donné chaud avec vos accusations idiotes. (elle se dirige vers cour) Brigitte : Attends, je t'accompagne ! Lulu et Brigitte sortent à cour.

Henri : Je suis soulagé. Tu m'as fait peur avec tes histoires ! Oscar : Comment ça mes histoires ? Toi aussi tu t'y es fait prendre ! Henri : En définitive, nos femmes sont tout à fait normales... Oscar : Et ne cherchent pas à nous endormir ! Au fait, on n'en parle jamais, mais comment as-tu connu Brigitte ? Henri : J'inaugurais l'annexe de mon usine, et pour cela j'ai embauché la société Miaméglou. Après mon discours, j'ai discuté avec les invités en prenant une coupe, puis je me suis assis. Eh bien imagine que Brigitte, qui faisait partie des serveurs de Miaméglou, était complètement beurrée et s'est assise sur mes genoux. Oscar : Brigitte avait bu ? Diable, je ne l'imaginais pas comme ça ! Henri : C'est qu'elle a changé depuis ! Bref, avoir une femme sur les genoux, ça crée des liens... Et j'ai eu le coup de foudre. Et toi, ça t'est arrivé comment ? Oscar : J'allais couvrir une réception à la Sous-préfecture. Malheureusement, ou plutôt heureusement, j'ai glissé et je suis tombé. Une invitée qui se trouvait là, c'était Lulu, s'est précipitée pour ramasser mon appareil photos sans s'occuper de moi. Elle devait avoir bu quelques coupes ! Henri : Et c'est en te relevant que tu as eu, toi aussi, le coup de foudre... Oscar : Exactement. Lulu et Brigitte entrent à cour. On sonne. Lulu va ouvrir à jardin. Elle tend la main à l'extérieur et ramène un journal. Lulu : Merci jeune homme ! (elle va porter le journal à Henri qui le prend, s'assoit et lit) Henri : Non... ! C'est pas possible ! Oscar, tu es un vrai salaud ! lulu : (s'asseyant près de lui) Qu'est-ce qu'il a encore fait ? Henri : Son article ! Ecoute : (lisant) "Le club de foot de notre ville recevait, hier après-midi, l'équipe des minimes de notre voisine Torchon sur Blaise. Parmi les supporters, on a remarqué Monsieur Henri Michardin, industriel, qui a déclaré d'emblée que les jeunes devaient aller se faire foot." (rire de Lulu) Tu vois, ça commence ! Oscar se met à rire. Lulu : Oh la belle coquille ! Henri : Je continue : (lisant) "Pendant la première mi-temps, nos joueurs se sont bien défendus, malgré les encouragements de Monsieur Michardin, et ont marqué un but contre leurs adversaires.

Lulu : Tu as bien dit "malgré les encouragements" ? Henri : Absolument ! Tu vois que c'est volontaire ! Ensuite : (lisant) "Pendant les premières minutes de la deuxième mi-temps, les jeunes de Torchon sur Blaise se sont ressaisis et ont marqué deux buts d'affilée sous les applaudissements de Monsieur Michardin" Lulu : (effarée) Hein ? Oscar se tape sur les cuisses. Henri : (lisant) "Nos joueurs ont enfin égalisé à quelques minutes de la fin du match. L'entraineur est allé réveiller Monsieur Michardin qui a réclamé à grand cri l'ouverture du buffet, prétextant qu'il avait soif et que c'était l'heure de l'apéro" Lulu : Ce n'est pas possible, ça ne peut pas être une erreur de la secrétaire ! Oscar : Sûrement pas ! C'est bien ce que j'ai dicté ! Henri et Lulu sursautent et se lèvent d'un bond. Henri : (furieux) Je rêve ! Tu viens de reconnaître que tu as écrit ce ramassis d'insanités pour me porter préjudice ? Oscar : Non seulement je le reconnais mais je le revendique ! Ça t'apprendra à utiliser des moyens inavouables pour te faire élire ! Brigitte : Des moyens inavouables ? Henri, qu'est-ce que tu as fait ? Henri : Moi ? Mais... Rien ! Oscar : (durement) Vois-tu, j'ai décidé de ne pas me laisser faire, quelles que soient les conséquences. Alors, vas-y, sors-là, ta photo ! En contrepartie moi je ferai campagne contre toi. Lulu : (furieuse) Qu'est-ce que tu racontes Oscar ? Et toi Henri, qu'est-ce que tu manigances ? Brigitte : (même jeu) Et qu'est-ce que c'est que cette histoire de photo ? Henri, tu as intérêt à t'expliquer ! Oscar : Alors, Henri, tu la sort, ta photo ? Ou faut-il qu'on aille la chercher ? Henri : (à Oscar, sortant la photo de sa poche) Je ne comprends pas ce que tu racontes. La seule photo que j'ai, c'est celle-ci. Henri lui donne la photo. Oscar : (stupéfait) Ah, d'accord ! Monsieur bluffait ! Monsieur jouait au poker menteur !

Henri : C'est la photo de mon mariage avec Brigitte. Je sais que depuis j'ai pris quelques années et quelques hectogrammes mais il n'y a pas de quoi en faire un esclandre... Brigitte : Fais voir ! (elle prend la photo des mains d'Oscar et se calme) ben oui, c'est nous ! Oscar, qu'est-ce qui te mettait tellement en colère ? ma robe de mariée ne te plait pas ? Lulu : (sèchement) Oscar, j'attends tes explications. Oscar : C'est la faute à Henri, il m'avait parlé d'une autre photo... Henri : De quelle photo parles-tu ? Oscar : Celle où tu es avec ma secrétaire, quand tu es venu me rendre visite au journal. Tu sais bien, Judith, celle qui t'a accueilli à bras ouverts parce que j'étais occupé au téléphone... Brigitte : (sèchement) Tu ne m'en avais pas parlé, Henri ! Henri : (commençant à s'affoler) Mais c'est pas vrai, il inverse les choses ! C'est moche ce que tu fais, Oscar ! Oscar : Et ça ne fait que commencer : n'oublie pas que je dois rédiger un papier sur ta visite à l'exposition archéologique. Je vais me régaler... Henri : Tu ne vas pas faire ça ? Lulu : Qu'est-ce que tu ne vas pas faire, Oscar ? Oscar : Parler des exploits de Monsieur Michardin qui est venu à l'exposition archéologique pour essayer de retrouver ses parents... Et qui voulait emmener un os de dinosaure pour le donner à son chien... Henri : Salaud ! Je t'attaquerai en diffamation ! Brigitte : (furieuse, avançant vers Henri qui recule) Cette fois la coupe déborde ! J'en ai assez de vos fantaisies et de vos disputes ! Henri : Mais enfin Bribri, c'est Oscar qui... Brigitte : Il n'y a pas de Bribri qui tienne. Vous allez me faire le plaisir de vous mettre d'accord une fois pour toutes, sans ça, au lieu de t'aider dans ta campagne électorale je vais te dénigrer auprès de tous les gens que je connais ! Henri : (stupéfait) Bon, bon, ne t'énerves pas, Après tout, les méchancetés d'Oscar ne vont sûrement pas influencer toute la population... Lulu : (avançant vers Oscar qui recule) Brigitte a raison ! Moi aussi j'en ai assez de vos enfantillages et de vos disputes ! Oscar : Mais enfin Lulu, c'est Henri qui...

Lulu : Je ne veux rien savoir ! Si vous n'arrêtez pas, j'irai trouver ta secrétaire pour lui dire ce que je pense, et puis ton patron pour lui expliquer la façon dont tu traites un candidat à la mairie! Oscar : Bon, bon, ne t'énerves pas, je vais publier un démenti dans la prochaine édition, je dirai que je pensais être le premier avril et que je me suis trompé de jour... Henri : Tu ferais ça ? Oscar : Bien obligé ! Lulu : Vous voyez que ce n'est pas difficile ! Je ne veux plus qu'il y ait de dispute entre vous. Brigitte : Bravo ! Une telle réconciliation, ça s'arrose ! Lulu : Tu as raison, je vais chercher l'apéritif que j'avais préparé. Lulu sort à cour. Henri : (s'asseyant) Après tout, ce n'était pas si grave tes articles à la noix... Surtout si tu publies un démenti... Oscar : (s'asseyant) Le principal, c'est que tu ne me parles plus de photo ! Lulu entre à cour avec deux verres qu'elle apporte aux hommes. Henri : Merci. A mon succès dans les urnes et à la confiture de coings (il boit) Oscar : Si tu veux ! Et au succès de la presse écrite ! (il boit) Lulu : A la bonne vôtre, messieurs ! A notre futur maire ! Brigitte : A votre santé ! Que notre journal local devienne célèbre ! Les deux hommes s'endorment. Brigitte : Bravo Lulu ! C'est vrai que c'est efficace ! Lulu : Je n'y avais pas pensé. Ce sont eux qui m'ont donné l'idée ! On en a pour un bon moment. Si on retournait au magasin de l'Automne ? RIDEAU