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« Les intrus » Version I à 9p 2013 Page 1 sur 25 © Tous droits réservés. S.A.C.D. AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

AVERTISSEMENT - Le Prosceniumde la famille, mais là, je suis battu… À mon avis, vous devriez faire attention à la qualité de votre moquette ! (Il mime de fumer.) Capucine : Ma

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AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site

http://www.leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur.

En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit

auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut

faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe.

Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs

homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a

posteriori.

Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre,

MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect

de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le

public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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Les intrus

Comédie de Joël Contival

En deux actes.

9 personnages. 3G+6F

Distribution par ordre d’apparition :

Capucine : Une folle qui a l’obsession de la mesure. Elle ne se sépare jamais de son

mètre et de ses outils. Elle se sent de plus investie d’une mission divine par sa mère

l’avocate Angélique, qui serait pour elle un archange… Elle est habillée d’une salopette

blanche.

Jean-Pierre Philibert : Dit JeePee. Le sous-chef des intrus, un être vil, sale,

malhonnête, faignant et très rusé. Il souffre de paraphasie. Il porte un long manteau de

cuir.

D’Jack : Le fils de Sharon, en admiration devant le chef, passe son temps dans une

caisse en bois faisant penser à une petite voiture (caisse à savon). Grand fan de Keith

Richards. Il a la tenue du pirate des caraïbes.

Berthe Maroual : La femme de Jean-Pierre, femme très autoritaire et portée sur la

bouteille. Le grand chef, c’est elle. Elle exprime souvent le contraire de ses émotions et

ne dédaigne pas pousser la chansonnette.

Sharon Von Stuck : La maman de Jack. Femme à la discipline de fer. Grand talent pour

la conception de costumes, adoubée par Karl Lagerfeld. (Ce n’est pas prouvé…) Toute de

noir vêtue, col rigide avec cravate et porte un tutu…

Ginette Ducros : La piètre cuisinière de la bande des intrus. Elle adore se costumer et

faire la fête.

Émile de Beauregard : Un paisible diplomate à la retraite, fils du fondateur d’un grand

quotidien « Le jour ». Du jour au lendemain, il verra son domaine envahi par des intrus.

Angélique Courcel : Une avocate à la retraite, toujours toute de blanc vêtue. Femme

d’une grande intégrité, sa phrase fétiche « en vérité, je vous le dis ». Son seul défaut,

dire toujours la vérité…

Cybèle Hagendaz : Une femme très élégante en robe de soirée, pendentif autour du

cou avec un joli bijou. Journaliste du grand quotidien « Le jour ». Son flair ne la trompe

jamais, elle sent dans cette affaire le scoop et le prix journalistique.

L’histoire : Un beau matin, Émile, un paisible retraité, verra son jardin envahi par des

intrus. Que cherchent-ils ? Qui sont-ils vraiment ?

Lieu : Le jardin abandonné d’un manoir de banlieue d’une petite ville. Façade de la

demeure d’Émile dans un coin de scène, comportant une fenêtre qui le verra apparaître

de temps en temps..

Idées décor : Cartons, tentes, tout ce qui peut faire penser à une décharge et un

camping sauvage… Chaise longue pour le chef des intrus, parasols, barbecue, divers

objets, pneus, fil à linge, bidons… Une caisse entre le kart et la petite voiture pour

enfants. Trois tentes sont présentes ; une près du mur de Émile, celle de Sharon et son

fils, la tente centrale, pour JeePee et Berthe, et de l’autre côté de la scène, la tente de

Ginette. L’accès aux coulisses se fait par les tentes de camping…

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Les intrus. 1er acte.

Au petit jour, nous découvrons un jardin envahi par des tentes, cartons,

de nombreux objets épars, pneus… bidons… Deux hommes sont avachis, l’un plus âgé, dans une chaise longue

surmontée d’un grand parasol et un jeune homme aux grandes jambes repliées dans une sorte de petite voiture d’enfant ; entre la caisse en bois

à roulette et un kart. Plusieurs autocollants (La langue des Rolling Stones, le visage de Keith Richards…) Un petit parapluie le domine. Ils ronflent.

Arrivée de Capucine vêtue d’une jolie salopette blanche aux poches

remplies d’outils, casquette et à la main, un mètre déroulant. Elle s’active à tout mesurer de long en large sans se préoccuper des deux dormeurs.

Capucine : Ah ! Un message de mon maître Stanley ! (Elle pose son mètre à l’oreille et sort le ruban comme si c’était une antenne.) Allo,

j’écoute ? (Le ruban s’enroule.) Je n’entends plus ? Ah ! (Elle tire à nouveau le ruban.) Allo ? Oui maître Stanley ? C’est Capucine au bout du

rouleau. L’archange Angélique me guidera dans une nouvelle mission… Formidable ! Reçu cinq sur cinq ! (Elle reprend ses mesures d’une manière

très sportive.) Tout est dans la mesure ! (Elle tient l’extrémité du mètre puis fait glisser le bloc enrouleur sur le sol et court pour le bloquer…

Forcément, rien ne se tient. Alors, elle fait tenir l’extrémité du mètre au jeune homme qui commence à se réveiller et reste assez surpris de

découvrir Capucine en train de prendre des mesures. Il lâche le mètre. Capucine pousse un petit cri étouffé.

D’Jack : (D’une voix forte.) Chut ! Vous allez réveiller mon boss !

Capucine : Vous m’avez fait peur ! Qui êtes-vous ? Oh ! Mais ? (Elle réalise la présence d’étrangers dans ce jardin abandonné.) Vous n’avez

pas le droit d’être là ! Ah mais non, mais non, mais non, mais non, mais non ! Ah mais non !

Jack s’approche en faisant rouler sa caisse. D’instinct, Capucine tend son mètre comme une épée.

D’Jack : N’ayez crainte, je me présente ! D’Jack ! (Au lieu de prendre la main de Capucine, il prend le mètre pour dire bonjour.) Je suis le fils de

ma mère et le meilleur ami de JeePee, mon boss qui s’épuise trop à réfléchir… Ne parlons pas trop fort. Il est toujours de forte méchante

humeur à son réveil. Capucine : Que faites-vous là ? Avez-vous l’autorisation de monsieur de

Beauregard ? D’Jack : Monsieur de qui ?

Capucine : Émile de Beauregard ! Un homme charmant ! J’ai presque

terminé de mesurer son jardin. D’Jack : Pourquoi faire ?

Capucine : Encore un ignorant… Tout doit être mesuré ! J’ai les dimensions de presque toutes les maisons de la ville, les rues, les

parkings, les trottoirs ! Quel travail ! J’obéis à une mission angélique. (Elle

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lui fait signe de s’approcher.) Ne le dites à personne, je suis en contact

direct avec un archange ! Chut ! D’Jack : Chut ! Eh bé ! J’ai la réputation de passer pour le parfait abruti

de la famille, mais là, je suis battu… À mon avis, vous devriez faire

attention à la qualité de votre moquette ! (Il mime de fumer.) Capucine : Ma moquette ? Celle de ma chambre est en pure laine, 5m

par 4m27 très exactement… Elle est jolie votre caisse en bois… D’Jack : C’est ma voiture !

Capucine : Ah ! Vous me ferez voir votre plan de montage, ça m’intéresse… C’est quelle marque ?

D’Jack : Une Keith Richards ! C’est moi qui l’ai construite, j’en suis très fier…

Capucine : Quel drôle de nom pour une caisse… (JeePee s’étire et se lève.) Oh ! Votre boss est réveillé ! Qu’est-ce que vous sentez mauvais…

D’Jack : À cause de la conduite, cela demande beaucoup d’effort… regardez… (il se met à pédaler autour d’elle, mais s’arrête devant son

chef.) Bonjour Boss ! (Jack se redresse sans sortir de sa caisse. Une fois debout, il est plus grand que son boss, qu’il ne le supporte pas.)

JeePee : Salut Jacques, salut… Assis !

D’Jack : D’Jack, pas Jaaacques ! JeePee : Jacqu’assis ! (Jack s’assoit à nouveau, les genoux dans le

menton.) Ouh ce dos… (Il s’étire, se gratte partout et sort de la poche de son grand manteau un cure dents, il se nettoie les gencives tout en se

dirigeant vers Capucine.) Bonjour jeune fille ! Capucine : Bonjour monsieur… Je suis Capucine, missionnée dans la

mesure ! Tendez les bras, merci ! (Elle se met à mesurer Jee-Pee qui n’ose pas bouger. Il jette un coup d’œil à D’Jack qui lui fait comprendre

qu’elle est folle…) JeePee : Ça va aller, je ne suis pas encore mort ! Je n’ai pas besoin d’un

posthume sur mesure, d’un costume sur mesure… (Il tend sa main.) Jee-Pee, le chef-lieu… euh, le chef de ces lieux…

Capucine : Auriez-vous des troubles du langage ? JeePee : Pas du cou, trou, fou, tout… Je m’exprimâtes à ma lanière,

manière. En fait, j’ai un vocabulaire très vaste, et je teste le mot qui a des

couettes, le mot adéquat… D’Jack : Oui, c’est ça… Si vous avez besoin d’un traducteur, je suis votre

homme ! JeePee : C’est con… c’est bon, Jacques.

D’Jack : Djjjjjack ! Djiii ! Avec un d et un j ! D’Jack ! Pourtant pas compliqué…

JeePee : C’est fini oui ? Que me vaut l’honneur de votre visite chez nous ?

Capucine : Chez vous ? Ah mais non, mais non, mais non, mais non, ah mais non ! Je suis une amie de Monsieur de Beauregard. Je viens tous les

jours mesurer son domaine. Si vous êtes là pour remettre en état son pauvre jardin qui part à l’abandon, c’est génial… regardez-moi çà, un

désastre ! Par contre, vous m’embêtez avec vos tentes… Comprenez,

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« c’est toujours moi qui faut qui fait tout, ici… » (Elle continue de mesurer

JeePee.) 1m74, pas terrible… D’Jack : Mesurez-moi ! J’suis plus grand que… (Il s’apprête à se lever,

mais devant le regard de JeePee…) J’ai rien dit…

Capucine : Voyons le tour de taille, levez les bras… JeePee : Spot ! Stop ! Je crains les « chagratouilles » ! Vous m’êtes très

« lympathique, sympachic », tic, vous êtes la bienvenue dans notre modeste demeure…

Capucine : Ah mais non, mais non, mais non, mais non, mais non ! Ah mais non !

JeePee : Ah mais ri… si ! D’Jack : Eh c’est moi le dingue… j’hallucine…

Capucine : Il vous a vendu son terrain ? D’Jack : Non !

Capucine : Vous êtes donc des intrus ? JeePee : Là où je tente ma plante ! Où je plante ma tente, c’est mes

choux… (Rire de D’Jack qui s’arrête net devant le regard de JeePee.) D’Jack : …Mes choix…

JeePee : Farpaitement ! C’est chez moi !

Capucine : Je vais prévenir de suite le propriétaire ! Comprenez, c’est toujours moi qui faut qui fait tout, ici !

Elle sort… JeePee : Elle est gentille… (D’Jack ricane…) et t’arrête de te fendre

l’armoire, la poire quand j’égratigne un tantinet, les pots… D’Jack : Les mots !

JeePee : Ok, Jaaacques ! D’Jack : D’Jack !

JeePee : Jacqu’assis ! D’Jack : Mais ? J’suis assis !

JeePee : Tu es encore trop grand ! Masse-toi ! D’Jack : Hein ?

JeePee : Tasse-toi ! Encore ! Bien… Ton chef doit toujours te gros minet, te dominer !

Arrivée de Berthe portant un tailleur défraichi et déchiré, elle a tendance à

tanguer… Berthe : Je suis bien d’accord, et qui, qui, quiqui c’est le chef ici ?

D’Jack et JeePee : C’est toi, Berthe, c’est toi. (D’Jack se relève. Salut militaire. Le regard de JeePee fait se rasseoir D’Jack…)

JeePee : Perte ! Berthe ! Tu m’autorises à être le chef de Jacques quand même ?

D’Jack : (À voix basse…) D’Jack… Berthe : Devant les autres, tu peux te faire passer pour son chef !

JeePee : Merci beau cul… beaucoup, ma petite buse, puce des bois… (Jack ricane dans sa caisse. JeePee donne un coup de pied dans sa

caisse.) Berthe : (Elle se met dans une grande colère !) J’adore quand tu

m’appelles par des petits mots d’amour ! (Les deux sont terrassés, l’un dans sa caisse, l’autre au sol. D’une voix douce…) N’oublie pas ! Devant

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les étrangers, tu dois m’appeler Anne-Marie Charlotte. Qui était cette

salopette ambulante ? JeePee : Raspoutine, je crois…

D’Jack : Capucine !

JeePee : La « mesurette » du proprio… Berthe : Tu peux essayer d’être plus clair ?

D’Jack : Une cinglée du bocal, elle passe son temps à tout mesurer ! Un ordre qu’elle aurait reçu d’un… zut… comment ça s’appelle déjà… ça n’a

pas de sexe ! JeePee : Un escargot ?

D’Jack : Non ! C’est comme un homme, mais avec des ailes ! Berthe : Tu m’inquiètes toi ! T’es sûr que ton parasol te protège assez du

soleil ! D’Jack : Pas assez, il me faudrait le grand là !

JeePee : Ah non ! Pas touche au « parabol, sol » du chef ! Berthe : Sous-chef !

D’Jack : J’y suis ! Un ange avec un arc ! JeePee : Cupidon !

Berthe : Mon pauvre D’Jack, t’a reçu trop de torgnoles de ta mère…

Arrivée de Sharon, la mère de D’Jack… Les deux hommes se recouchent. Sharon : (Entrée spectaculaire d’une femme au look baroque, toute de

noir vêtue et portant un tutu blanc de danseuse classique, col blanc à la Karl L… et petite cravate. Un mètre de coutière autour du cou et un pique-

aiguilles au poignet. Couettes à la Fifi Brindacier. Elle parle avec un accent qui se veut germanique.) De quoi ? T’as quelque chose à dire sur

l’éducation de mon bébé d’amour, la Berthe ? Berthe : Ouais !

Sharon : (Elle prend un ton très calme.) Je t’écoute ! Berthe : Si tu avais cogné moins fort sur ton bébé d’amour, il serait peut-

être un peu moins perturbé. Sharon : C’est pas faux ! Je le câline avec toujours trop d’énergie, ya !

Achtung mon bébé d’amour de ne pas froisser ton joli costume de pirate ! D’Jack : Promis m’man…

Sharon : C’est moi qui l’ai fait avec mes petits doigts de fée ! « Choli,

nein ? » Berthe : Pas mal, pas mal… à ce propos, tu penseras à me rafistoler mon

Chanel, il part en vrille. Sharon : Nein ! C’est volontaire ! Aujourd’hui, plus c’est déchiré, mieux

c’est ! Berthe : Ah ! Je te fais confiance…

Le pauvre D’Jack peste dans sa caisse… Berthe : Tu trouves ça normal qu’il ne sorte jamais de sa caisse ?

D’Jack : C’est JeePee qui… Sharon : Réponds pas à ta mère ou je t’en colle une mon bébé d’amour !

D’Jack : Je parlais au grand chef ! Sharon : (Elle lève son bras sur lui, D’Jack se ratatine dans sa caisse…)

T’en veux une ? Bon, arrêtons de jouer, ya ! (Elle vérifie la robe de Berthe

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qui n’aime pas trop ce genre d’attention.) Avez-vous des nouvelles de

notre cible ? Berthe : Nous ne devrions pas tarder à faire connaissance avec elle…

Sharon : Ya ! On va enfin s’amuser !

D’Jack : M’Man, tu connaissais une Capucine ? Sharon : Neïn !

Berthe : Une voisine, pas prévu au programme… Bah, pas dangereuse pour un sou… une petite jeunette qui a la lumière du plafonnier en

warning ! Arrivée de Ginette… en costume de bonne sœur… cotillons, confettis et

serpentin à la bouche. Elle pousse un petit caddie comportant des cartons de vins et conserves. L’allure est celle d’une femme qui vient de passer

une nuit blanche. Des cotillons autour du cou. Ginette : Ouah ! Vous êtes déjà tous debout ?

D’Jack : Euh… Berthe : C’est quoi ce costume ? Encore un de tes délires, Sharon ?

Sharon : Ya ! L’une de mes dernières créations ! J’en suis très fière ! La bure est un tissu de laine assez grossier, mais j’ai réussi à lui donner de la

souplesse !

Ginette : Merci Sharon ! Même si la bure gratte un peu les fesses, tes doigts de fée ont une nouvelle fois fait merveille ! Mon costume était

d’enfer ! La fête costumée a été un gros succès, j’en reviens un peu fatiguée… (Elle baille.) Nuit blanche, pas eu le temps de me changer… Je

vous prépare le p’tit déj ? J’ai eu le temps de faire quelques poubelles en rentrant… C’est dingue ce que les gens peuvent jeter ! Que du bon ! (Elle

ricane tout en sortant une bouteille de marque qui fait se lever d’un bon JeePee.) Avec cette tenue, j’ai eu un peu de mal… Oh ! La tête des gens

sur mon passage ! Berthe : Pour le p’tit déj, Ginette, tu vas attendre un peu. JeePee ! (Il

s’apprête à vouloir ouvrir la bouteille.) J’ai dit d’attendre ! Nous n’allons pas tarder à recevoir la visite de notre voisin ! (JeePee donne la bouteille

à D’Jack qui la cache dans sa caisse…) Ginette : Ah ! Ça me met en appétit !

Berthe : Vous savez pourquoi nous sommes là ! Chacun sait ce qu’il a

faire ! Tous au combat mes amis ! Je suis votre porte drapeau ! Feu ! Tous se mettent à hurler, brailler ! Enfin, une fenêtre s’ouvre ! Un homme

à la soixantaine assez distinguée apparaît ! Émile : Oh ! Fichez-moi le camp d’ici, bande de petits voyous !

(Tous ripostent en lui hurlant dessus en lui jetant des cailloux « en fait, des boules de papier en trompe l’œil ».) Bande de petits saligauds,

j’arrive ! Attention, j’ai la canne agile ! D’Jack : À qui ?

Berthe : Trop tôt pour le rencontrer, faisons-le poireauter un peu, tous à vos tentes, cadenas sur les fermetures-éclair ! Exécution ! (Tous

disparaissent.. La bonne sœur hésite et n’ose pas abandonner son caddie, elle tourne en rond…)

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Ginette : Ils sont bien mignons, mais hors de question d’abandonner

notre trésor de guerre ! Plutôt mourir au champ d’honneur ! (Elle hurle.) Merci les amis de me laisser seule au front ! Sympa !

Arrivée d’Émile avec un fusil, en chemise de nuit et un petit chapeau sur

la tête ! Sa canne glissée dans sa ceinture. Il s’arrête net devant la bonne sœur.

Ginette : Mon fils ! Pensez à votre prochain ! Émile : Pardon, ma sœur ! Diantre ! Où est passée cette bande de

squatteurs, de bandits ? Ginette : Des bandits, quels bandits ? J’ai beau regarder partout, je ne

vois rien ! Émile : Vous défendez ces vils coquins, c’est ça ?

Ginette : Mais pas du tout ! Émile : Alors que faites-vous dans mon jardin ! Et avec ce caddie ? (Il

regarde à l’intérieur et tombe sur les bouteilles.) On ne s’embête pas chez vous ?

Ginette : Vous vous méprenez mon fils, le sang du Christ… (Par une gestuelle du doigt et un bruit de bouche, elle lui indique le ciel.) c’est pour

les pauvres…

Le réflexe d’Emile est de tirer ! Émile : Compris ! Vous vous prenez pour Sœur Emmanuelle ! Je n’y vois

pas d’inconvénient, très louable de votre part, mais on ne s’installe pas chez les gens comme ça !

Ginette : Mon fils ! Notre seigneur (Même rituel...) nous a donné une terre ! Nous devons la partager ! Ce terrain est bien trop grand pour

vous… N’oubliez jamais que ceux qui ont tout, n’ont rien ! Émile : Quelle toupet ! (Il se dirige vers une tente.)

Ginette : Mon fils ! Si vous ne posez pas de suite ce bâton de feu, il va vous arriver malheur ! J’ai de très bonnes relations avec le très haut !

(Même rituel.) Émile : Je suis pas croyant !

Ginette : Mécréant ! (Elle se signe.) Je prierai pour votre âme… Émile : Ils se sont tous embusqués dans les tentes, c’est çà ? Partez ma

sœur, il va y avoir du grabuge !

Ginette : J’ai fait dix ans de boxe thaïlandaise ! Bon, avec la robe de bure, j’avoue avoir quelques problèmes techniques… Si vous ne posez pas

de suite l’arme de Satan, (Même rituel, mais le doigt est dirigé vers le sol.) j’exécute un Tei-Kan-Kro, joli coup de pied circulaire à vous faire

manger votre chapeau ! (Émile convaincu pose son fusil.) Voilà ! Je savais bien que vous étiez un grand garçon ! Oui, je suis venue aider des âmes

en détresse. Ils sont chassés de partout. Cette nuit, ne sachant plus où aller, ils ont posé leur campement dans ce qu’ils pensaient être un terrain

vague… Émile : Ce terrain n’est pas vague du tout, c’est mon jardin !

Ginette : C’est d’abord le jardin de notre Seigneur (Même rituel.) Pour l’entretien… Je ne vous félicite pas… Ne jamais laisser pousser les

mauvaises herbes ; elles sont comme les pensées détestables de votre âme, elles prolifèrent !

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Émile : Si ce terrain est dans cet état, j’ai mes raisons ! Et jusqu’à preuve

du contraire, je suis chez moi ! Je fais ce que je veux ! (Il hurle en pointant son fusil.) Sortez de vos tentes, bande de vauriens, de petits

chenapans !

Ginette : Seigneur, pardonnez mon geste… (Elle le prend par les épaules, le positionne face à elle, fait tomber son fusil et lui met une belle paire de

claques. Émile n’en revient pas.). Ça va mieux ? Émile : Pourquoi m’avoir frappé ?

Ginette : Jésus a dit : « Si tu donnes une claque sur une joue, n’oublie pas d’en redonner une belle sur l’autre joue… »

Émile : Il n’a jamais dit ça ? Je préviens les gendarmes. (Il quitte la scène côté cour.)

Ginette : Mes enfants ! Vite ! Pour l’amour du ciel, sortez ! Tous sortent des tentes… D’Jack marche comme un canard…

JeePee : Jacqu’assis ! D’Jack : J’en ai marre… Tu vois, Berthe ! C’est lui qui insiste ! (Il s’installe

dans sa petite voiture.) Ginette : J’ai l’air fine moi maintenant !

Berthe : Excellente ! Tu as été excellente !

Sharon : Grandiose ! La « guéniale » couturière que je suis a permis à Ginette de sublimer son rôle ! Tu devrais faire du théâtre ! Ya !

Berthe : Oui, et bien justement, tu vas rester en soutane… Sharon : Robe de bure… soyons précis.

Berthe : (D’une voix douce.) Cesse de m’interrompre, ou j’utilise tes aiguilles pour une séance d’acupuncture, merci… (Elle hurle.) Je te le

demande très gentiment, Ginette, ainsi vêtue, tu ne peux que nous aider ! Ginette : Hors de question ! Dès que le Mimile revient, il me verra sans

ma robe ! JeePee : Un peu de pudeur ma sœur…

Ginette : T’es bête toi ! (Elle minaude devant JeePee.) Berthe : Pas touche à mon homme, la Ginette ! JeePee, honte sur toi !

JeePee : Oh ça va ! Fais pas ta jalouse ! Ginette : Il est parti prévenir les gendarmes !

JeePee : Pourquoi n’a-t-il pas téléphoné ?

Sharon : Achtung ! Si la volaille se radine, autant éviter la rencontre ! (Elle s’emporte.) Je ne supporte pas la violence ! Je vous propose de nous

cacher dans sa cave, ils n’auront jamais l’idée d’aller nous y chercher et puis, nous en profiterons pour faire nos petites emplettes, Ya !

Tous : (Sauf Ginette.) Ouais ! Ginette : J’ai fait les courses pour quoi ?

Sharon : Tu le sais, Ginette ! Je mange toujours très léger ! Légumes verts, sachet de protéines…

Ginette : Plutôt mourir que de suivre un régime pareil ! C’est joli tes gants à troutrous, je m’en servirais bien comme filtre à café !

Sharon : Ya ! Excellent ! C’étaient de simples sachets pour conditionner l’ail rose de Lautrec. Les perles sont en fait des yeux de poissons séchés…

Berthe : Dites, quand vous aurez fini de papoter, vous nous le direz… D’Jack : (Il sort la bouteille cachée.) Qu’est-ce que je fais de la bouteille ?

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Ginette : Espèce de voleur !

D’Jack : C’est… (JeePee lui prend des mains en lui tapant dessus…) JeePee : Bravo ! Moi qui avais « conscience » en toi !

Sharon : JeePee ! Tu es d’une très mauvaise influence sur mon bébé

d’amour ! D’Jack : Et paf !

Sharon : Ne trainons pas, vite ! Berthe : Oh ! C’est moi qui donne les ordres ici ! Ne trainons pas, vite !

Ils sortent tous vite, le caddie est abandonné. D’Jack suit la bande sans sortir de sa caisse roulante…

Retour de Capucine avec une femme très élégante, toute de blanc vêtue. Capucine : Venez mon archange de mère ! C’est là !

Angélique : J’arrive, ma fille, j’arrive et arrête de me vouvoyer ! (Elle constate la présence des tentes.) Ah oui, en effet ! J’avais bien entendu

du bruit cette nuit… (Elle ne peut s’empêcher de rire.) Capucine : Pourquoi riez-vous ?

Angélique : En vérité, je te le dis. Émile m’avait laissé transformer ce terrain en un magnifique jardin. Nous nous sommes fâchés, et depuis, il

se fait un malin plaisir de le laisser à l’abandon, rien que pour m’embêter

et m’imposer un triste paysage… Avec ce camping sauvage, le voila bien puni.

Capucine : J’aimerais tant savoir pourquoi vous vous êtes brouillés… Angélique : Il n’a jamais supporté que je refuse de me marier avec lui, tu

me connais, j’aime mon indépendance. Il n’a depuis qu’une seule obsession, me reconquérir. Il peut toujours attendre.

Capucine : Émile est amoureux de vous ? Angélique : Eh oui… Capucine, pour la dernière fois, dis-moi, tu…

Capucine : (Son « tu » est dit aussi vite que sa mère.) Tu ! Angélique : Bon, il y a plus personne on dirait ?

Capucine : Oui, ils sont tous partis ! Angélique : Ils ne doivent pas être bien loin tes squatteurs… Émile !

Émile ? Bizarre, d’habitude, dès qu’il entend le son de ma voix, il se précipite à sa fenêtre !

Capucine : (Encore dans ses pensées.) Émile est amoureux de mère…

Angélique : Il faut lui reconnaître cette qualité, il a bon goût… (Elle s’approche du caddie et prend une bouteille de marque…) Ils ont bon goût

aussi ! Capucine : Je vais voir dans la maison…

Angélique : Tu restes là ! On ne sait jamais… J’espère qu’il ne lui est rien arrivé ?

Capucine : Je vais en profiter pour mesurer le caddie… Angélique : Ouh ! Que tu m’agaces avec cette manie de tout mesurer !

Capucine : J’ai encore eu un message ce matin de mon maître dans mon mètre, il me disait que mon archange de mère allait me confier une

nouvelle mission ! Angélique : Je ne sais plus quoi faire avec toi… Ni quoi te dire… Mesure si

cela te chante…

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Capucine : Merci mère ! Merci ! Comprenez, « c’est toujours moi qui faut

qui fait tout, ici… » Retour de Émile, sans la police mais accompagné d’une femme très

raffinée.

Angélique : Salut Émile, bonjour madame… Émile & Cybèle : Bonjour… (Émile fait la bise à Angélique.)

Angélique : Qu’est-ce que tu fais avec ce fusil ? Tu chasses le lapin ? Émile : Ils sont partis ?

Capucine : Il n’y a plus personne ! Je vous laisse, j’ai du travail ! Elle court partout avec son mètre… Émile inspecte le contenu du caddie.

Angélique : Ma fille… trop de papillons hantent sa tête… c’est une adorable personne… elle vit dans son monde.

Émile : (à l’aide sa canne, il ramène le caddie vers lui.)Ouf ! J’ai eu peur qu’ils rentrent chez moi et vident ma cave…

Angélique : Eh bien, Émile, tu ne me présentes pas ? Émile : Oh pardon ! Ma fiancée, Cybèle Hagendas, journaliste au journal

« Le jour ». Angélique : Oui, oui, votre visage me disait bien quelque chose… La reine

du buzz et du scoop… (D’un ton glacial…) Enchantée !

Cybèle : Enchantée… Vous me flattez… Émile : Cybèle, je te présente, Angélique, une vieille amie…

Angélique : Merci pour la vieille… Comme c’est drôle ! Cybèle : Qu’est-ce qui est drôle ?

Angélique : Une journaliste du quotidien « Le jour » fiancée avec le fils du fondateur de ce même journal, cela m’a fait sourire… c’est tout.

Cybèle : Oseriez-vous douter de ma sincérité envers Émile ? Angélique : C’est vous qui le dites…

Cybèle : Vous êtes avocate ? Angélique : J’étais. Eh oui, à la retraite. Je suis maire-adjointe de notre

municipalité… Je ne vous apprends rien ! Cybèle : Tout à fait… En tant que maître du barreau, vous aviez une belle

réputation ! Très pugnace ! L’éternelle recherche de la vérité ! Capucine revient…

Angélique : Je n’ai pas changé… En vérité, je vous le dis, je ne supporte

pas le mensonge, l’injustice… Capucine : Mère dit très souvent : « En vérité, je vous le dis ». Moi aussi,

j’ai tendance à répéter les mêmes choses… Saviez-vous que mère est un archange qui…

Angélique : Capucine, va mesurer plus loin, merci… (Elle quitte la scène…)

Cybèle : Vous avez vous aussi travaillé pour mon journal ? Angélique : J’ai défendu pendant de nombreuses années ses intérêts, son

honneur… Cybèle : Vous n’auriez perdu aucun procès ?

Angélique : Aucun… Vous êtes bien renseignée à mon sujet… Je reconnais là une professionnelle…

Cybèle : Je n’ai aucun mérite… Vous n’avez pas l’air de me porter dans votre cœur…

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Angélique : En vérité, je vous le dis, j’ai en mémoire quelques un de vos

articles pour ne pas dire torchons qui m’ont passablement choquée. Cybèle : Ah oui ? Par exemple ?

Angélique : Loin de moi, l’idée de vous faire un procès. J’aime le

journalisme, le vrai, celui qui prendra le temps de vérifier ses informations, ses sources. Ce qui m’horripile chez vous, c’est votre

manière très douce, pour ne pas dire perverse de poser des questions qui contiennent déjà la réponse. Comme tout être humain, vous vous êtes

déjà forgé une opinion et vous ne faites que projeter votre intime conviction. Votre recherche du scoop à tout prix, votre manière de créer

un buzz, de « peoplelariser » une info puérile, banale… m’écœure au plus haut point !

Cybèle : C’est tout ? Émile : (Émile est mal à l’aise.) Euh… Mesdames, je pense que…

Angélique : J’ai pas fini ! En vérité, je vous le dis. Vous n’avez aucune éthique. Vous salissez votre noble profession. En donnant un os à ronger à

votre public, vous lui faites croire qu’il a faim de ce type d’infos dégoûtantes. Émile, je peux te dire que si ton père était encore de ce

monde, il n’apprécierait guère ta relation avec cette femme…

Émile : Je n’ai pas de leçon à recevoir de toi ! Ce que tu peux m’exaspérer avec ton obsession de la vérité, toujours la vérité, rien que la

vérité ! Maintenant, tu arrêtes de tirer au mortier sur ma fiancée ! Cybèle : Je peux me défendre toute seule, Émile. Vous savez, Angélique,

vous permettez que je vous appelle, Angélique ?... Angélique : C’est fait…

Cybèle : Émile m’a beaucoup parlé de vous ! Émile est de plus en plus mal à l’aise.

Angélique : Ah tiens ? Eh bé, petit cachottier ! Toi, tu ne m’avais jamais parlé de ta… dulcinée ?

Émile : C’est, c’est très récent. Angélique : Émile a du vous dire que nous avions été amants… (Émile se

met à tousser…) Cybèle : Non… mais cela n’a jamais été un secret pour personne…

Angélique : (à Émile.) Cela fait longtemps que vous êtes ensemble ?

Émile : Tu es franchement agaçante ! Je te l’ai déjà dit, c’est tout nouveau, quelques lunes… Bon, euh, si on rentrait se prendre un petit

kawa, hein ? Cybèle : Merveilleux !

Angélique : « Merveilleux ! ». Vous n’en avez pas marre d’être toujours dans l’hypocrisie ?

Cybèle : Si cela vous fait tant de mal que je sois avec votre ex, fallait le garder !

Émile : Mesdames ! Je vous propose de signer l’armistice ! Rentrons avant que ces vandales ne reviennent ! Capucine ? Avec ces squatteurs

qui rôdent, je ne suis guère tranquille… Capucine ? Angélique : J’apprécie ta sollicitude envers ma fille…

Ils sortent,

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Retour « presque » discret des squatteurs… Ils sont pas mal chargés de

tout ce qui a été volé dans la cave d’Émile. Berthe complètement saoule est la première à rentrer, elle dit chut à JeePee qui dit chut à Ginette, puis

à Sharon et enfin D’Jack qui se retourne également pour dire chut…

JeePee : Bravo les amis ! Nous avons de quoi tenir plusieurs semaines ! Berthe : En tant que, en tant que, en tant que Sp, (En chœur, les

comparses tournent la tête pour éviter les postillons.) sp, spécialiste de l’oenolog’Hic ! Je m’occupe de la gestion des bouteilles !

Ginette : Tu m’étonnes… (Elle sort les affaires du caddie et aménage son coin.) Nous avons de quoi tenir un siège !

D’Jack : Tenir un siège ? Quelle drôle d’idée ! Pourquoi faire ? Ginette : Crétin ! (Berthe regarde les bouteilles qui sortent du caddie.)

Sharon : Doucement sur le « wein », Berthe, nous avons besoin de toutes tes facultés intellectuelles et stratégiques !

JeePee : Oui, ma bouse… Berthe : Quoi ?

D’Jack : Douce ! JeePee : Douce ! doucement sur le rein, le thym, pain, vin… Tu es

complètement moule, boule, saoule !

Berthe : Ouh qu’il me fatigue celui-là ! (Il veut prendre Berthe dans ses bras.) Ne me touche pas ! Bon, les amis, c’est juste une impression, mais

auriez-vous l’outrecuidance… JeePee : Ouah ! Alors moi, jamais je ne pourrai lancer un rot comme ça,

un mot ! Berthe : (D’une voix douce…) JeePee, tais-toi ! (Elle hurle.) J’ai la nette

sensation que vous me prenez tous pour une ivrogne ! Tous : (le mouvement de la tête indique « oui ») Non !

Berthe : Je préfère… Alors, ça s’arrose ! Mais avant, ne perdons pas de temps avec l’Émile, faut lui faire la peau très vite…

Tous : Ouais ! JeePee : Patience, patience… ils nous faut des preuves ir, ir, ir… (Berthe

lui donne une belle claque dans le dos…) irr-éfutables ! Berthe : (Elle lui hurle dessus à nouveau en tapant dans son dos, il

s’écroule au sol.) Bravo JeePee !

D’Jack : (Il est mort de rire de voir son chef au sol…) JeePee couché… Sharon : D’Jack ! Au rapport !

D’Jack : (Comme un petit soldat, il se lève.) M’man ! Oui, m’man ! JeePee : Jacqu’assis !

Sharon : JeePee, tais-toi ! Berthe : C’est moi qui donne les ordres !

JeePee : Merci ma douce… Berthe : Tais-toi ! Laisse parler, Sharon et Jacques !

D’Jack : (à voix basse… : D’Jack…) J’ai coupé la ligne téléphonique de l’ennemi, m’man… à ma connaissance, il n’a pas de portable et son

ordinateur est … (Il rigole…) Sharon : Kaput ?

D’Jack : Ya ! Sharon : Perfekt ! Mon bébé d’amour !

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Ginette : En attendant ! J’ai faim ! Je vous prépare le p’tit déj !

Tous : J’ai pas faim ! Ginette : Je vais finir par croire que vous n’aimez pas ma tambouille…

Tous : Nooon…

Ginette : D’Jack, viens m’aider ! JeePee : Hop pop pop ! J’ai besoin de lui pour une mission de la plus

haute importance ! D’Jack : Comme d’hab, une bière avec une paille ? (JeePee se prend la

tête dans les mains.) Ginette : Pas le bon exemple pour Beerr… J’ai rien dit. (Elle disparaît dans

sa tente. JeePee tape sur D’Jack tout en le sortant de scène. Sharon et Berthe se retrouvent toutes les deux. Berthe sort une petite bouteille de

sa poche et la tend à Sharon, elles prennent chacune une gorgée…) Sharon : Nous devons faire vite ! S’il nous dénonce à la police, tout

tombe à l’eau… Grosse malheur ! Berthe : Parle pas de malheur. En attendant, méfions-nous de la

foldingue du mètre ! Sa manie de tout mesurer est peut-être une méthode pour mieux nous espionner.

Sharon : Elle m’a l’air bien inoffensive. La première étape de notre plan

génialissime est réussi, il ne faut surtout pas rater la suite des opérations !

Berthe : Il faut user l’Mimile, l’éprouver, le faire craquer ! Sharon : Je propose de lui faire peur en le menaçant.

Berthe : Nous n’avons pas d’armes ! Sharon : Il ne le sait pas ! Suffit de faire semblant ! Ce n’est pas à toi que

je vais l’apprendre ! Berthe : Sur ce sujet, tu fermes ton clapet, charogne !

Sharon : Sharon ! Arrête de m’appeler comme ça ! Berthe : Désolée ! C’est sûrement à cause de ton haleine de chacal !

Sharon : (On croit qu’elles vont en venir aux mains, elles partent dans une attitude combat d’arts martiaux en imitant des cobras, les deux fronts

se touchent, puis elles éclatent de rire…) J’adore ton humour la Berthe ! Ya !

Berthe : (Elle hurle.) Mais oui ! Je rigole ! (Ton calme.) Dès que les

garçons reviennent, on leur dit d’enfermer Émile dans son manoir. Sharon : Trop compliqué. Il est tellement vaste qu’il lui sera facile de

nous échapper ! Berthe : Exact. De plus, nous ne sommes pas assez nombreux, entre le

dingos de D’Jack, le cossard de JeePee… On n’est pas aidées… Sharon : Il faut employer la manière forte, nous allons le séquestrer !

Berthe : Tu viens de dire que ce n’était pas possible… Sharon : Le séquestrer ailleurs que chez lui, dans une tente.

Berthe : Et on dort où ? Sharon : Ah ! Ya ! Grosse problème… (Elle réfléchit.) On l’enferme au

fond du jardin, dans le petit cabanon. Super isolé, chiotte à la turque et vue imprenable sur son manoir et notre camping de rêve ! C’est perfekt !

Berthe : (Elle réfléchit.) C’est ça qu’on va faire ! On va lui foutre la trouille de sa vie !

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Sharon : Quand on parle du loup… Reste discrète, je vois Émile à sa

fenêtre à 12h15, il nous observe… faisons comme si nous le voyions pas… Il n’est pas tout seul, une femme en robe de soirée de très mauvais goût

est à ses côtés…

Berthe : Quoi ? (Elle veut se retourner, Sharon la maintient face à elle.) Sharon : Cela risque de perturber nos plans… Faut faire vite ! Oh ! Mais

j’ai déjà vu cette frau ! Berthe : Qui c’est ? (Elle veut encore se retourner.)

Sharon : Achtung ! Ne te retourne pas… Oui, c’est la journaliste du journal « Le jour », Cybèle Hagendaz, cette frau me glace le sang ! Elle

est sans morale, toujours à la recherche du scoop ! Berthe : Oui, oui, je la connais… Parfait ! Il suffira de lui faire miroiter le

reportage de sa vie ! Si elle est aussi vénale que sa réputation, elle va adorer ! « En exclusivité, je suis en direct avec les preneurs d’otage

assoiffés de sang… je m’approche d’Anne-Marie Charlotte, une femme à la grande intelligence et au charme indéfinissable »…

Sharon : Chut… Calme-toi… Oh, il ouvre sa fenêtre ! Il est important d’entretenir de bonnes relations avec ses voisins, disons-lui bonjour !

Émile apparaît à sa fenêtre avec sa fiancée… Les deux femmes lui font

face. Sharon & Berthe : Hello !

Berthe : Soyons diplomates… (Elle hurle.) Venez donc prendre une tasse de thé ! (Émile disparaît…)

Retour de Capucine… Capucine : Mère n’est pas là ?

Sharon : Votre mère ? Capucine : Mon archange de mère habite juste en face, c’est chez moi !

Berthe : Chez elle, l’ascenseur n’arrive jamais au dernier étage… Capucine : Pardon ? Vous me prenez pour une folle, c’est ça ? Et vous !

Vu votre haleine fétide, vous n’auriez pas non plus quelques problèmes à résoudre ?

Berthe : (Elle hurle) Je suis désolée si je vous ai blessée ! (Capucine se met à pleurer, Berthe continue toujours de lui crier dessus.) J’ai dit que

j’étais désolée ! (Capucine hurle de chagrin…)

Sharon : Mon amie Berthe à quelques soucis pour exprimer son amour, elle ne peut le faire qu’en hurlant !

Berthe : (Elle s’adresse à voix basse à Sharon…) Il va être facile de mettre sous contrôle la princesse de la mesure ! Pour son archange de

mère… ça risque de coincer… Capucine : J’ai tout entendu !

Angélique rejoint sa fille… Oh ! Mon archange de mère, Angélique !

Angélique : Ah ! Capucine ! Tu es là ! Angélique : Bonjour mesdames ! (Capucine reste en retrait derrière sa

mère.) La plaisanterie a assez duré, je vais vous demander gentiment de quitter les lieux…

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Berthe : Nous savons qui vous êtes ! Une avocate à la retraite qui fait

beaucoup de bien à la commune. Pas du tout le genre à faire expulser de pauvres gens comme nous !

Angélique : Arrêtez votre cinéma ! Vous n’êtes pas plus clodos que moi,

ça se voit tout de suite ! Que cherchez-vous ? Sharon : Cela ne vous concerne pas ! Ici, on est chez nous !

Angélique : Vous êtes dans une propriété privée ! Celle d’Émile de Beauregard !

Sharon : Vous n’êtes pas non plus chez vous ! Angélique : Émile est un ami…

Sharon : Un ex-petit ami ! Angélique : Comment savez-vous ça ?

Berthe : On est très bien renseigné ! Angélique : Émile vous a fait des misères ? Vous venez vous venger ?

C’est ça ? Retour de Ginette, son allure est encore différente, une création

excentrique de Sharon… Sharon : Pas du tout ! Nous sommes tous de grands créateurs et nous

avons été inspirés par ce lieu extraordinaire ! Je suis Sharon Von Stuck,

talentueuse costumière ! J’ai tout appris auprès du maître Karl ! Ici ! Vous avez la délicieuse Ginette Ducros, portant l’une de mes créations ! Ya !

Ginette est notre cantinière, elle se décarcasse à nous sustenter et… Berthe : (Elle hurle.) …Anne-Marie Charlotte ! Conceptrice de bijoux !

(Voix douce.) Je recycle, transforme ce que la société de consommation rejette pour sublimer le déchet en objet d’art !

Angélique : Vous m’en direz tant… Capucine : C’est pas Berthe votre prénom ?

Berthe : Anne-Marie Charlotte ! (Capucine s’apprête à pleurer.) Sharon : Verboten de pleurer ! (Capucine s’arrête net…)

Berthe : Émile a refusé notre invitation, (Elle se met à hurler.) mais peut-être accepteriez-vous de prendre une tasse de thé ?

Angélique : Si j’ai droit à quelques explications, j’accepte… Berthe : (Elle hurle.) Vous prenez du lait dans votre thé ?

Ginette : (Elle sort des gâteaux de sa poche.) Il me reste quelques

gâteaux provenant d’une… Berthe : C’EST BON GINETTE !

Angélique : Vous êtes vraiment obligée de hurler comme ça ? Capucine : Ce n’est pas de sa faute. Si elle picolait moins aussi… Quelque

chose la perturbe, forcément, mais quoi… (Berthe reste bouche bée.) Je te laisse archange de mère…

Berthe : Toi ! Tu restes avec ta maman bien gentiment ! Capucine : Ah mais non ! Ah mais non, mais non, mais non, mais non !

Ah mais non ! J’ai du travail ! Vous comprenez, c’est toujours moi qui faut qui fait tout !

Ginette : Eh bien, venez donc me donner un coup de main en cuisine… Les deux femmes sortent…

Sharon : Nous avons besoin de vous, Maître Angélique ! Nous avons des droits à défendre !

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Angélique : Tiens, tiens…

Berthe, Sharon, Angélique disparaissent sous la tente… Retour des deux compères… D’Jack toujours dans sa petite voiture, une

fois arrivé, il se redresse…

JeePee : Jacqu’assis ! (D’Jack marmonne toujours son prénom et obéit à JeePee qui s’allonge sur sa chaise longue, à la main, une bouteille de bière

avec une paille…) Il est temps de passer à la phase deux de notre plan ! D’Jack : C’était quoi déjà la phase un ?

JeePee : Idiot ! C’était l’occupation des dieux, cieux, lieux ! Maintenant que nous sommes dans la classe, chasse, place, il faut passer à la phase

deux, tu figes, tiges, piges ? D’Jack : Ouais, ouais ! Euh, non… (JeePee s’arrête à frapper D’Jack)

Comprends moi JeePee ! Tu deviens de plus en difficile à comprendre ! Ton bug de langage ne s’améliore pas !

JeePee : Je n’ai pas de souci de tangage ! (Il se prend la tête dans les mains…)

D’Jack : Ah ! Tu vois ! Sans te fâcher et sans me taper dessus, explique moi ce que l’on doit faire !

JeePee : Euh… eh bien… on va… on va « rapter » Émile !

D’Jack : Rapter ? JeePee : Hop ! Popop ! Là, c’est du français !

D’Jack : Ok, ok, va pour « rapter », mais pourquoi faire ? JeePee : Pour pas qu’il s’écharpe, s’échappe !

D’Jack : Oui, mais pourquoi faire ? JeePee : (Il l’imite.) « Oui, mais pourquoi traire ! »

D’Jack : C’est pas ce que j’ai dit ! Alors, pourquoi faire ? JeePee : Pour éviter qu’il aille prévenir les boulets, les poulets ?

D’Jack : Et après ? JeePee : Après quoi ?

D’Jack : On le « rapture », ok ! Mais après ? JeePee : On le « gigote » ! On le « bouillonne » ! On le mixture ! Une

belle distribution de dragées ! Il faut lui faire croire que nous sommes des « danfereux » gangsters !

D’Jack : Je croyais qu’on était des « danFereux » gangsters ?

JeePee : On fait semblant ! D’Jack : Pourquoi faire ?

JeePee : Pourq… Arrête ! Tu arrêtes ! Tu vas faire loucher, moucher, tourner ma bière ! Eh voilà ! Elle est chaude ! Va me chercher une autre

crèche, fraiche ! Ponce ! Fonce ! Crevé, j’suis crevé… D’Jack sort…

D’Jack : Boire ou conduire, il faut choisir ! Il en profite pour finir la bouteille de son chef…

L’arrivée de Cybèle surprend JeePee, pas si à l’aise avec les dames. Cybèle : Alors ! Qu’est-ce que j’apprends, on fait des misères à ce pauvre

homme ? Vous n’avez pas honte d’envahir les gens comme ça ? JeePee : JeePee, pour vous « verdir » servir, gente dame ! (Il lui fait le

baisemain.) Cybèle : C’est vraiment votre nom ?

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JeePee : Mon nez rond, mon vrai nom est Jean-Pierre fil d’Ibère, fil,

d’hiver, vers de terre, (Il hurle à la Johnny...) Philibert ! JeePee est le surnom marrand, marchand, charmant au demeurant que m’octroie ma

tendre et chère verte Berthe. (Il s’éponge le front.)

Cybèle : Je suis Cybèle… JeePee : Je reconnais…

Cybèle : Vous me connaissez ? JeePee : Pas du chou, mou, du tout… Comment vous râpez, vous

appelez-vous ? Cybèle : Je suis Cybèle…

JeePee : Vous l’avez déjà dit… Cybèle : Cybèle Hagendaz ! Je m’appelle ainsi !

JeePee : Oh ! Je suis « Focu, cocu, cofou, tofou », confus ! Cybèle : Il ne faut pas vous mettre dans des états pareils…

JeePee : J’ai tendance à « dépapouiller » l’écho, les mots… Cybèle : Je suis journaliste au journal « le jour »… Je vous demande

aimablement de cesser d’importuner mon fiancé. JeePee : Nous sommes de pauvres gens, nous ne faisons de mal à

personne ! Regardez ce terrain, il est abandonné ! Avec un chat noir,

manoir pareil, c’est honteux ! Eh puis, dites… vous êtes finalement comme nous. Vous aussi vous venez rater, squatter sa vie !

Cybèle : Qu’est-ce que vous racontez ? JeePee : Qu’est-ce qui vous intéresse chez lui ? Son fric ? Le fait qu’il soit

le fils du fondateur de votre journal ? Au moins, ma bande opère au grand jour ! Pompez ! Rompez ! Je ne vous salue pas ! (Il la salue…)

Cybèle : Je vais faire un joli papier sur vous… JeePee : Vous voyez ! Vous allez même gagner de l’argent grâce à nous !

Vous devriez avoir honte, bouh ! Cybèle : Honte ? Honte de quoi… par contre, si vous faites un tout petit

effort, nous pourrions peut-être nous entendre… vous me distillez quelques infos et en échange, je peux peut-être vous aider ? Les gens

aiment beaucoup les nobles causes… De pauvres squatters viennent se réfugier avant les frimas de l’hiver ! Ne peut-on rien faire pour eux ?

J’aime beaucoup votre allure…

JeePee : Permis, merci ! Cybèle : Voici ma carte, n’hésitez pas à passer… nous avons tout pour

nous entendre… Acceptez-vous ? JeePee : J’achète, j’accepte ! Je suis raccord, babord, d’accord ! Merci

beau cul, beaucoup de votre croco, troposition… D’Jack revient avec la bière…

D’Jack : Je dérange ? Cybèle : Mon dieu ! Le pauvre garçon ! Dommage que j’aie oublié mon

appareil photo ! D’Jack : Le cul de jatte vous fait pitié ? (Il se redresse.)

JeePee : Jacqu’assis ! (D’Jack corrige son prénom, toujours à voix basse.) Cybèle : Ah ! Je suis rassurée ! Il n’est pas mal non plus ! Dommage pour

mes lecteurs… Cybèle… (Elle tend sa main.) D’Jack : De Cadix ? (Il ricane.) Vous êtes charmante !

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Cybèle : Mais vous aussi !

JeePee : Oh popop ! Vous m’avez bu, cru, vu le grenier ! LE PREMIER ! Retour de Ginette… Un couteau à la main… elle est habillée comme une

clodo avec un grand tablier de cuisine taché de sang… Capucine suit

portant un plat… Ginette : Elle te cherche des misères la grande bourgeoise ? Tu veux que

je la découpe en filets mignons pour le bouillon de ce soir ? Retour d’Émile avec son fusil…

Émile : Mais ? Ma sœur ? Ginette : Si vous croyez que c’est pratique de faire la popote en robe de

bure ! De cette manière, ils m’acceptent mieux ! (à Cybèle.) Je sais bien que l’habit ne fait pas la moniale, mais vous voir vous promener en robe

de soirée, c’est très choquant pour eux… Alors, allez étaler votre richesse plus loin ! Dégagez, ça devient irrespirable ici !

Cybèle : Non mais je rêve ? Elle m’insulte ? Et vous ne dites rien ? Émile : Euh… Je suis stupéfait… Elle est autant mère supérieure que je

suis le pape ! Ginette : Je sens qu’il va y avoir de l’ambiance… viens mon lapin !

On entend un hurlement… C’est la voix de Berthe…

Voix off de Berthe : D’Jack ! D’Jack : J’arrive grand chef ! J’arrive !

Il sort très vite… Émile : Écoutez ! Nous nous sommes beaucoup amusés ! J’ai beaucoup

ri ! Je pense que maintenant, nous pourrions peut-être négocier ? En tant qu’ancien diplomate, j’ai une certaine expérience des antagonismes et

autres conflits. Que voulez-vous ? De l’argent ? C’est lié à mon père ? Je ne sais pas moi ! Je veux savoir que ce que êtes venu faire ? Oh ! Je vous

parle ! D’Jack revient… Il fait du gymkhana entre les jambes en mimant une

formule 1 et sépare ainsi, Ginette et Émile) D’Jack : Ordre du grand chef !...

JeePee : C’est moi le chef ! D’Jack : J’ai dit ordre du grand chef !

JeePee : Ah ! ça change tout ! Je t’écoute !

D’Jack : Ordre stratégique ! On se replie ! Et ça, j’sais faire ! Tous disparaissent dans les tentes… laissant, Émile, Cybèle complètement

désemparés… Émile : (Il hurle) : Si vous ne partez pas immédiatement ! Je mets le feu

à vos tentes ! Cybèle : Tu attendras que j’aie mon appareil photo, chéri. Comme une

idiote, je l’ai laissé à la rédaction… Je reviens mon chéri ! Cette aventure est palpitante !

Émile : Tu me laisses tout seul ? Cybèle : Si une fois dans ta vie, tu apprenais à faire face ! Débrouille-toi

tout seul… Émile : Qu’est-ce que tu veux dire ?

Elle sort…

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Émile : Cybèle ! Décidemment, je ne comprendrai jamais rien aux

femmes… JeePee arrive à quatre pattes derrière Émile… D’Jack arrive face à lui très

vite avec sa petite voiture… Émile recule, mais bloqué par JeePee, il

tombe à la renverse… D’Jack : (Il hurle) On le tient !

JeePee : Alors ! On fait moins le pantalon, hein ? D’Jack : Fanfaron !

JeePee : (Il hurle.) Mission accomplie ! Le colis est prêt ! Toute la bande arrive… Capucine et Angélique. Émile veut s’exprimer…

Angélique : Chut ! Tout ce que tu pourras dire sera retenu contre toi ! En vérité, je te le dis ! Tu as devant toi, maître Angélique qui va défendre les

droits de tes hôtes… Émile : Quoi ?

Angélique : Emmenez le prisonnier ! Berthe : Oh ! La chef ici c’est moi ! Emmenez le prisonnier !

Ils attachent et bâillonnent le pauvre Émile. Ils dansent autour de lui, comme le feraient des peaux-rouges… Capucine prend des mesures…

Cybèle arrive juste à temps pour prendre des photos…

Noir.

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Acte II

Émile, en costume de bavarois, est assis sur une caisse, ligoté et

bâillonné. Il tenterait bien de s’évader, mais une corde le relie à la caisse

à savon de D’Jack qui dort à poings fermés… Cybèle prend des photos d’Émile et s’amuse à le taquiner…

Cybèle : On ne bouge pas ! Merci ! Magnifique ! Vous êtes magnifique ! Quand vous pourrez faire l’effort de me répondre quand je vous parle, je

viendrai vous interviewer, connaître vos impressions… J’attends le beau JeePee qui a accepté de m’accorder une interview. Soyez tranquille, pour

l’instant, votre histoire restera top secret. Amusez-vous bien tous les deux…

JeePee arrive Cybèle : Ah ! Vous voila ! Encore merci, JeePee, d’avoir permis cette

interview… JeePee : Avec plaisir. (Ils s’installent…)

Cybèle : Vous connaissez Berthe depuis longtemps ? JeePee : Une histoire décente, récente.

Cybèle : Que faites-vous dans la vie ?

JeePee : J’essaye d’avancer, c’est tout ! C’est le mouvement qui permet l’équilibre.

Cybèle : C’est étrange, par moment, vous arrivez à vous exprimer sans vous prendre les pieds dans le tapis. Souffrez-vous de paraphasie ?

JeePee : (Il s’irrite de la question.) Je ne sais pas ce que cela veut dire… Cybèle : Eh bien…

JeePee : Je ne sais pas ce que cela veut dire, et je ne veux pas le rasoir ! Euh… manoir, savoir !

Cybèle : Vous comptez laisser attaché Émile pendant combien de temps ? JeePee : Le temps qu’il faudra…

Cybèle : Je peux vous prendre en photo, tous les trois ? JeePee : Pour que cela paraisse dans votre journal ? Je refuse !

Cybèle : Absolument pas ! Juste une photo souvenir pour moi ! JeePee : Guéridon ! J’ai dit non !

Cybèle : Vous ne me faites pas confiance ? (Elle s’approche de JeePee et

commence à minauder…) Vous n’êtes vraiment pas mal du tout… vous me plaisez beaucoup…

JeePee : (Très mal à l’aise.) C’est bandit, gandhi, gentil (Elle lui caresse la main…) mais euh…

Cybèle : Je sens une sensibilité à fleur de peau ! Et moi, comment me trouvez-vous ?

JeePee : Dans l’annuaire… Cybèle : Idiot !

Arrivée de Berthe… Berthe : Dis donc, JeePee, que je t’y reprenne à conter fleurette à la pas

Cybèle que ça ! JeePee : Le beurre a ses raisins que la maison ne connaît pas !

Berthe : Tu peux être plus clair ? JeePee : Tu m’as très bien zombie, compris !

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Berthe : Comme tous les hommes, ce n’est pas ton cœur qui raisonne,

mais je m’arrête là, je sens que je vais être grossière… et vous là ! Que faites-vous avec cet appareil photo ?

Cybèle se dépêche de prendre une photo du groupe, Berthe lui court

après, mais Cybèle arrive à s’échapper… Berthe : JeePee ! Aide-moi donc à rattraper la paparazzi ! Vite !

Ils sortent, laissant le pauvre Émile toujours attaché à la caisse de D’Jack. Il fait une nouvelle tentative d’évasion, mais la corde se tend… D’Jack ne

dort que d’un œil…Émile tente de se plaindre, mais bâillonné, c’est peine perdue… Finalement, Émile arrive à se déplacer, mais entraîne la voiture

de D’Jack ! Dès qu’il arrête de ronfler, Émile s’arrête… D’Jack : T’arrête pas Mimile ! J’aime bien quand tu me promènes, ça me

berce ! Allez ! (Émile malgré lui, tire la petite voiture d’un D’Jack ravi ! Émile s’assoit, épuisé…) Déjà fatigué ? Oh ! La capucine ! J’suis pas là… (Il

fait mine de se rendormir…) Arrivée de Capucine… Émile fait des mouvements désespérés pour la

convaincre de le libérer… Capucine : C’est joli ce que vous portez !

Elle se met à mesurer la longueur de la corde et donne une mesure. Puis,

elle coince l’extrémité de son mètre dans la corde qui entoure le pauvre prisonnier et pose son Stanley contre son cœur, puis elle recule en bout

de scène… Si loin, si proche… qu’en pensez-vous Émile ? Youhou ! C’est votre

Capucine adorée ! Vous n’êtes pas très causant… (Elle retire le mètre, Émile pousse des sons étouffés.) Pourriez-faire l’effort d’articuler, je ne

comprends rien à ce que vous me dites ! Franchement, arrêtez de faire l’enfant ! Et puis, vous me gênez là, vous êtes dans ma zone préférée

pour commencer mes mesures. Oui, je sais, j’ai déjà mesuré plusieurs fois cet espace, mais j’ai trop peur de m’être trompée dans mes calculs ! Oh !

Un appel de mon maître Stanley ! Ne bougez pas m’sieur Émile, je suis à vous tout de suite ! (Elle tire sur son mètre et le tient comme un

téléphone. Elle le règle et se déplace pour avoir une bonne réception.) Allo ? Je vous reçois deux sur cinq… Allo ! Capucine au bout du rouleau,

j’écoute ? Oui maître, oui… reçu cinq sur cinq : « Qui ne mesure, guère ne

dure »1 Je suis bien d’accord. Il faut tout dire à Émile, oui, d’accord, d’accord, pas facile ce que vous me demandez là… Bon, je me lance… (Elle

range son Stanley et s’adresse à Émile.) Hum… Comme le disait ce bon vieil Horace : « Il y a de la mesure en

toutes choses » Je mesure complètement ce qu’il voulait dire, dans la mesure où il faut faire bonne mesure ! Mais attention ! Si je dépasse la

mesure, à cour sûr je dépasse mes limites, oui, mais alors ; (Elle sort de scène…) quel monde vais-je découvrir ? Hein ? (Elle revient.)

Franchement, vous ne m’aidez pas beaucoup ! Vous me connaissez, je suis quelqu’un d’assez mesurée… et je mesure à quel point il est difficile

de dire les choses… alors voila… Émile, je vous remercie de me laisser

1 Vieux proverbe français.

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prendre les mesures qui s’imposent. Vous êtes bien l’un des rares à ne

pas me prendre pour une dingue ! Je mesure à quel point, il vous faut de la patience… mais vous savez, plus j’apprends, et plus je mesure mon

ignorance. Je n’ai qu’un but, vous remercier un jour. Difficile de vous

prouver toute ma tendresse… L’amour, ça ne se mesure pas… ça vous en bouche un coin, hein ?

Retour de Berthe… Elle jette au sol un objet cassé. Capucine reprend son « maître » et mesure Émile…

Berthe : Encore votre sale manie de tout mesurer ? Capucine : On ne mesure jamais assez… Oh mon dieu ! C’est l’appareil

photo de madame Hagendaz ? Berthe : C’était… (Elle s’approche d’Émile.) Il est sage ?

Capucine : Comme une image. Un peu renfermé à mon goût. Mais je trouve assez désagréable de se mettre un mouchoir dans la bouche pour

se donner une bonne excuse de ne pas me répondre… Berthe : Mais bougre d’idiote ! (Capucine se met à pleurnicher…) Tu n’as

donc pas compris que c’est nous qui l’avons attaché, bâillonné ? (Capucine pleure.) PLEURE PAS ! JE TE PARLE GENTIMENT, NON ?

Capucine : Oui, oui… (Elle retient ses larmes.) Pourquoi l’avoir attaché ?

Berthe : Nous l’avons puni ! Capucine : Il a fait une grosse bêtise ?

Berthe : On peut voir ça comme ça… Capucine : Vous me direz ce qu’il a fait ! En tout cas, c’est chouette que

vous soyez tous là ! Je m’ennuie beaucoup moins ! Berthe : Merci ! Super important, la qualité des rapports humains ! Hein,

Mimile ? (Elle lui donne une petite tape à l’arrière de la tête… Émile est prêt d’exploser.)

Capucine : Il fait une drôle de tête. Il est tout rouge ! On dirait un gros mérou prêt à exploser ! Sinon, je voulais vous remercier d’avoir fait un

peu de rangement dans son manoir, il y en avait bien besoin… Berthe : Oui, nous faisons le ménage dans sa vie…

Capucine : Je voulais vous donner un coup de main, mais Sharon m’a jetée dehors ! Vous ne lui répéterez pas, mais je la trouve très méchante !

Berthe : Promis. (Émile manifeste son impatience et saute sur place.)

Mais il va se calmer lui là ! Les vieux, c’est pire que les gamins ! Capucine : Vous allez restez là longtemps ?

Berthe : Le temps qu’il faudra… nous allons nous amuser encore un peu. Capucine : Youpi ! On va jouer à quoi ?

Berthe : J’ai toujours rêvé de chanter devant une oreille attentive ! Quelqu’un qui ne s’enfuit pas en courant dès mes premières notes !

Capucine : Ah bon ? Vous chantez si mal ? Berthe : Eh ! Oh ! Les gens n’ont pas d’oreilles !

Capucine : Moi, j’adore la chanson de Liane Foly : « Au fur et à mesure ». Et vous, Berthe, qu’aimez-vous chanter ?

Berthe : Je suis une grande fan de Dutronc, j’adore chanter : « J’aime les filles », « Les playboys ». (Elle hurle.) POUR TE FAIRE PLAISIR, je vais

t’en chanter une… (Capucine se met à pleurnicher…) CAPUCINE ! Capucine : J’ai beaucoup de mal à m’habituer à votre gentillesse…

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D’Jack se réveille…

D’Jack : Oh non ! Berthe : Silence D’Jack ! Respecte ta chef ou je t’en colle une ! Installe-

toi, Capucine et admire l’artiste !

Capucine : Chouette ! Voulez-vous que je batte la mesure ? Berthe : Si cela t’amuse… (Elle sort son mètre et s’en servira comme la

baguette d’un chef d’orchestre. Après avoir fait quelques vocalises, elle massacre la chanson de Dutronc à l’oreille du pauvre Émile…)

Berthe : (Elle hurle..) « Il y a les playboys de profession

Habillés par Cardin et chaussés par Carvil… »

Capucine & D’Jack : « T’Chip, T’chip, T’chip, T’chip, T’chibidouhoua ! »

Berthe : « Qui roul'nt en Ferrari à la plag' comme en ville.

Qui vont chez Cartier comme ils vont chez Fauchon. »

Capucine & D’Jack : « T’Chip, T’chip, T’chip, T’chip, T’chibidouhoua ! »

(D’Jack n’en peut plus, il part en chantant : « I can’t get no

Satisfaction ! » des Stones.) Berthe : Ignare ! « Croyez-vous que je sois jaloux ? Pas du tout, pas du tout !

Moi j'ai un piège à mecs, un piège tabou

Un joujou extra qui fait crac boum hu

JeePee en tombe à mes g'noux ! »

Capucine : « T’Chip, T’chip, T’chip, T’chip, T’chibidouhoua ! »

Capucine & Berthe : « Ouahhhhhh ! »

Émile souffre et finit par s’évanouir… Berthe : Oh ! Le mufle, il s’est endormi !

Capucine : Non Berthe, ta chanson a du agir sur lui comme une jolie berceuse ! Laissons-le dormir !

Retour de Sharon… Capucine se cache derrière Berthe…

Sharon : Berthe ! Tu vas être très contente de moi ! Berthe : Bonne pêche aux infos ?

Sharon : Ya ! Pas mal du tout ! Les preuves s’accumulent ! Ah ! Ce cher Émile, bientôt vous saurez tout ! (Elle s’approche de lui.) Que pensez-vous

de ma création ? (Elle réveille brutalement Émile, puis l’aide à se lever et s’en sert comme d’un mannequin pour mieux décrire le costume Bavarois

confectionné par elle... Berthe s’assoit.) Un « Trachten Oktoberfest » ! Inspiré du costume traditionnel bavarois, composé d'une chemise et d’un

bermuda à bretelles (Elle fait claquer ses bretelles…) fait d’un cuir fendu de suède en peau de vache d’excellente qualité ! Les boutons sont en os.

Ya ! Chaussettes en grosse laine ! Arso ! Pour les chaussures, je n’avais pas la bonne pointure ! Le Mimile à des grosses péniches ! (Elle rit.)

Capucine : Ça lui va drôlement bien ! Ça le rajeunit ! …/… à suivre !

Pour obtenir le texte complet, une simple demande par courriel.

25 pages sur 38. Joël Contival – juin 2013

Si vous comptez jouer cette pièce, d’avance merci, de bien vouloir la déclarer à la SACD et m’en informer.

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En cas d’enregistrement vidéo du spectacle, vous devez également m’avertir.

(Un très court extrait peut être autorisé, genre bande annonce.) Merci de votre compréhension.

Plus d’infos sur mon site web :

http://www.joel-contival.com/les-intrus.html

[email protected]

05.63.82.07.88