10
Le témoignage de Natacha, élève en terminale Pourquoi parle- t-on de cette loi ? Quelles ont été les autres grandes mobilisations ? Comment fonctionne une entreprise ? Y a-t-il une loi travail pour les enfants ? Qu’a proposé le gouvernement ? Quiz Pour nous écrire : [email protected] avril 2016

avril 2016 - Libération · avril 2016. LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle ... ont témoigné sur les réseaux sociaux,

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: avril 2016 - Libération · avril 2016. LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle ... ont témoigné sur les réseaux sociaux,

Le témoignage de Natacha, élève

en terminale

Pourquoi parle- t-on de cet te loi ?

Quel les ont été les autres grandes mobi l isations ?

Comment fonctionne une entreprise ?

Y a-t- i l une loi travai l pour les enfants ?

Qu’a proposé le gouvernement ?

Quiz

Pour nous écrire : [email protected]

avril 2016

Page 2: avril 2016 - Libération · avril 2016. LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle ... ont témoigné sur les réseaux sociaux,

LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE

Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle habite à Chambéry, en Savoie. Le mercredi 9 mars, des élèves ont bloqué son lycée pour montrer qu’ils n’étaient pas d’accord avec une loi que le gouver-nement (le président de la République et ses ministres) propose, qui doit modifier l’organisation du travail dans les entreprises. Les lycéens sont encore à l’école mais ils travailleront dans quelques années, donc certains sont inquiets.

Natacha n’a pas participé à l’organisation du blocage, mais le jour précédent, le mardi, elle a entendu dire que des élèves s’étaient réunis pour

décider, en votant à main levée, d’empêcher les gens de rentrer dans l’établissement. Ils ont ensuite prévenu les professeurs et le proviseur, qui est le chef du lycée.

Quand Natacha est arrivée le mercredi, un peu avant 8 heures, il y avait de grosses poubelles et des barrières devant la grille de l’école. Certains élèves ont voulu rentrer, mais ceux qui bloquaient leur ont crié dessus. Ils sont passés en baissant la tête et ils ont fini par réussir à entrer par une autre porte. Vers 10 h 30, des élèves de deux autres lycées de Chambéry sont venus rejoindre le blocage, devant la grille.

Tout le monde était assis par terre, des phrases étaient écrites sur des affiches, un porte-parole les criait dans un mégaphone (un objet qui permet d’augmenter le son). Des journalistes de France 3 sont venus filmer les lycéens. Natacha ne sait pas si elle est pour ou contre la manifestation, mais elle est restée pour voir ce qui se passait. Le lendemain, le jeudi, elle est allée en cours normalement.

Chambéry, vi l le de Natacha

Page 3: avril 2016 - Libération · avril 2016. LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle ... ont témoigné sur les réseaux sociaux,

POURQUOI PARLE- T-ON DE CETTE LOI ?

Depuis la mi-février, des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes de France (elles ont marché dans la rue en groupe pour dénoncer des choses avec lesquelles elles ne sont pas d’accord). Elles critiquent une nouvelle loi proposée par le gouvernement, qui doit changer plusieurs choses dans les entreprises. On la surnomme la « loi travail ». Ces gens veulent que le gouvernement l’abandonne, parce qu’ils ont notamment peur que les patrons puissent renvoyer plus facilement leurs employés.

Parmi les manifestants, il y a beaucoup de lycéens et d’étudiants. Il y a aussi des gens qui travaillent, d’autres qui sont au chômage (ils n’ont pas de travail), des syndicats (des groupes de personnes qui défendent les travailleurs ou les élèves) et des hommes et femmes politiques.

La mobilisation a d’abord commencé sur Internet. Une femme opposée à la loi travail a publié un texte pour demander au gouvernement de l’abandonner. Elle a proposé aux gens qui étaient d’accord avec elle de le signer. Ce type de texte s’appelle une pétition. Elle a très vite été signée par plus d’un million de personnes, un record pour une pétition en ligne.

Des jeunes ont aussi mis en ligne une vidéo où ils expliquent pourquoi cette loi les inquiète. Ils ont en même temps lancé un site pour demander aux gens de raconter les pires histoires qui leur sont arrivées dans le monde du travail. Des milliers de personnes ont témoigné sur les réseaux sociaux, comme Twitter et Facebook.

Ensuite, les syndicats ont critiqué le texte et appelé les gens à manifester. De nombreux hommes et femmes politiques ont aussi dit qu’ils étaient contre la loi travail, y compris des gens qui sont d’habitude d’accord avec le gouvernement.

Face à toutes ces protestations, le gouvernement a modifié plusieurs parties de la réforme qui étaient très critiquées. Mais la plupart des gens qui sont contre la loi trouvent que ça ne suffit pas.

Caroline de HaasC’est une militante, c’est-à-dire une femme qui se bat pour défendre ses idées. C’est elle qui a lancé la pétition.Photo Olivier Roller

Manuel VallsC’est le Premier ministre. Il est le chef du gouver-nement, c’est- à-dire de tous les ministres. C’est donc le chef de la ministre du Travail.Photo Albert Facelly

Myriam El KhomriC’est la ministre du Travail. C’est elle qui a préparé le projet de loi.Photo Marc Chaumeil

Des jeunes ont manifesté à Paris 17 mars contre le projet de loi travail. Photo Martin Colombet. Hans Lucas

Page 4: avril 2016 - Libération · avril 2016. LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle ... ont témoigné sur les réseaux sociaux,

COMMENT FONCTIONNE UNE ENTREPRISE ?

Il existe des milliers de lois pour dire comment la société doit fonctionner. Elles sont regroupées dans de gros livres qu’on appelle des «codes». Il y a le code de la route, le code pénal (qui définit les crimes et les délits), ou encore le code du travail, dans lequel on trouve toutes les lois qui concernent le travail. Car, quand on exerce un métier, on a des droits et des devoirs. Sinon, on pourrait faire n’importe quoi : un patron pourrait décider de baisser le salaire de tous ses employés et de garder

l’argent pour lui, ou un employé pourrait refuser de venir travailler pour regarder des dessins animés en mangeant des cacahuètes.

Quand on commence un nouveau travai l

Au moment d’arriver dans une nouvelle entreprise, on doit signer un contrat. C’est un document dans lequel l’employeur (le chef de l’entreprise) et l’employé (on dit aussi « salarié ») se mettent d’accord sur un certain nombre de choses. Par exemple, ils choisissent le temps de travail. En France, c’est normalement 35 heures par semaine, soit 7 heures par jour, pendant cinq jours.

Dans le contrat, on définit aussi le salaire (l’argent gagné chaque mois). Pour éviter que les gens soient trop pauvres, il existe un salaire minimum, qui s’appelle le Smic : tous les gens qui travaillent 35 heures par semaine en France doivent gagner au moins 1 466 euros par mois.

Quand un salarié travaille plus, on dit qu’il fait des heures supplémentaires. Il a donc droit à quelque chose en échange, comme un meilleur salaire ou des jours de repos en plus.

Quand on travai l le

On a le droit de rester chez soi quand on est malade : on est alors en arrêt maladie. Et comme on ne peut pas travailler toutes les semaines de l’année, sinon on est épuisé, on peut prendre des vacances. Au minimum, les employés ont le droit de prendre cinq semaines chaque année. On continue à recevoir son salaire quand on est en vacances : c’est pour ça qu’on les appelle des congés payés !

Page 5: avril 2016 - Libération · avril 2016. LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle ... ont témoigné sur les réseaux sociaux,

Quand on quit te un travai l

Un employé qui veut changer de métier, déménager à l’étranger ou rester à la maison pour s’occuper de ses enfants, par exemple, peut démissionner, c’est-à-dire quitter son entreprise. Si un patron veut faire partir un employé, c’est-à-dire le licencier (ou le « virer », comme on dit familièrement), les règles sont strictes. Il est obligé d’avoir une bonne raison pour ça : soit l’employé a commis une faute, comme un cuisinier qui mettrait des cailloux dans la soupe de son restaurant, soit l’entreprise ne gagne plus assez de sous pour payer tous ses salariés.

Tout le monde ne travaille pas dans une entreprise. Il y a aussi des gens qui pratiquent leur métier tout seuls à la maison, comme les écrivains, ou des personnes qui sont leur propre patron, comme les agriculteurs.

Page 6: avril 2016 - Libération · avril 2016. LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle ... ont témoigné sur les réseaux sociaux,

QU’A PROPOSÉ LE GOUVERNEMENT ?

Le gouvernement pense que certains patrons n’ont pas envie d’employer des gens parce que les règles sont trop sévères dans le code du travail. C’est pour ça qu’il propose une loi pour le changer. Il espère que ça permettra de faire baisser le chômage. Mais ceux qui s’opposent au projet de loi travail disent que ça donnerait surtout moins de droits aux travailleurs et plus de pouvoir aux patrons.

Voici quelques exemples des changements proposés par le gouvernement qui ont été critiqués. Ça ne veut pas forcément dire qu’ils seront mis en place.

Le l icenciement économique

Une entreprise peut renvoyer des salariés si elle ne gagne plus assez d’argent pour les payer ou si elle

a peur de ne plus réussir à en gagner suffisamment. On dit alors qu’elle fait des licenciements économiques. Pour en avoir le droit, elle doit prouver qu’elle est vraiment en difficulté ou qu’elle risque de l’être bientôt. Ce sont les juges qui disent si l’entreprise a été sincère ou pas.

Le gouvernement a proposé de fixer de nouvelles règles pour autoriser les licenciements économiques.

Les gens qui sont contre le projet de loi travail pensent que ces règles permettraient aux entreprises de faire comme si elles avaient des

problèmes d’argent alors que ce n’est pas vrai. Et donc qu’elles pourraient renvoyer des gens au lieu de continuer à les faire travailler.

L’argent reçu quand on n’aurait pas dû être l icencié

Si une personne qui a perdu son travail pense que son patron n’avait pas le droit de la licencier, elle peut

aller dans un tribunal spécialisé dans les relations entre les salariés et leurs patrons : le conseil des prud’hommes. Si le juge estime que cette personne n’aurait

effectivement pas dû être licenciée (on parle de licenciement abusif), elle a droit à de l’argent. La loi indique la somme minimum que doit recevoir une personne qui a été victime d’un licen-ciement abusif. Mais il n’existe pas de maximum.

Le gouvernement a proposé de fixer une somme maximum à donner à quelqu’un qui a été licencié de façon abusive.

Les opposants à la loi travail ont peur que, s’il existe une somme maximum, les personnes licenciées abusivement reçoivent moins

d’argent qu’avant.e ce à quoi elles devraient avoir droit.

Les règles des différents métiers

Les entreprises doivent respecter les règles du code du travail, mais aussi certaines règles qui concernent spécialement leur

profession. Ça peut être au sujet du salaire, des horaires et de plein d’autres choses. Prenons l’exemple du métier de vendeurs de glaces. S’ils travaillent plus de 35 heures par semaine, ils peuvent par exemple se mettre d’accord pour gagner 3 euros de plus par heure supplémentaire. Ça concernera tous les vendeurs de glaces de France. Leurs patrons ont le droit de les payer plus, mais pas moins.

Le gouvernement a proposé de permettre aux entreprises de prendre plus de décisions par elles-mêmes plutôt que ce soit

décidé par toute la profession. Ça voudrait dire qu’un vendeur de glaces d’une entreprise pourrait gagner 1 euro de plus par heure supplémentaire alors qu’un vendeur de glaces qui travaille dans une autre entreprise gagnerait 3 euros de plus.

Ceux qui critiquent le projet de loi disent qu’avec cette proposition, il y aura des inégalités entre les gens qui exercent le même métier

dans des entreprises différentes.

Page 7: avril 2016 - Libération · avril 2016. LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle ... ont témoigné sur les réseaux sociaux,

QUELLES ONT ÉTÉ LES AUTRES GRANDES MOBILISATIONS ?

Ce n’est pas la première fois qu’il y a des manifestations au sujet du travail en France. Les gens se mobilisent soit parce qu’ils pensent que leurs conditions de travail ne sont pas assez bonnes, soit parce qu’ils ont peur qu’une loi les rende moins bonnes. Parfois, les manifestants obtiennent ce qu’ils veulent, parfois non.

Les congés payés, 1936

Les ouvriers, c’est-à-dire les gens qui sont employés dans les usines (là où on fabrique des voitures, par exemple), voulaient des améliorations de leurs conditions de travail. Ils ont décidé de le faire savoir au gouvernement qui venait d’être élu. Pour ça, ils ont fait grève (ils ont arrêté de travailler) un peu partout en France. Puis des personnes qui étaient employées dans d’autres types d’entreprises, comme des grands magasins, ont fait pareil.

Puisqu’il y avait vraiment beaucoup de grévistes (les gens qui font grève), le gouvernement a réuni les représentants des patrons et ceux des ouvriers pour discuter. Ensemble, ils ont trouvé plusieurs solutions, dont voici quelques exemples :

les salaires ont été augmentés ;

le temps de travail est passé à 40 heures par semaine, alors qu’avant les gens devaient travailler 48 heures (aujourd’hui, c’est 35 heures) ;

les congés payés ont été créés : les travailleurs ont eu le droit de partir en vacances pendant deux semaines chaque année tout en recevant de l’argent (aujourd’hui, c’est cinq semaines par an).

Les syndicats autorisés dans les entreprises, 1968

Au mois de mai, il y a eu de nombreuses manifes-tations en France. Cette période est surnommée « Mai 68 ». Ce sont d’abord des étudiants qui se sont mobilisés pour critiquer plusieurs choses qui ne leur plaisaient pas dans la société. Puis des ouvriers se sont mis en grève, pour protester contre leur rythme de travail et pour demander à être mieux payés. Ensuite, des personnes qui travaillaient dans d’autres types d’entreprises ont fait pareil, partout en France, pour les mêmes raisons.

Après ces manifestations, les salaires ont été aug-mentés. Mais surtout, les syndicats, c’est-à-dire des groupes de gens qui défendent les travailleurs, ont été autorisés dans les entreprises.

En 1936, des ouvriers font grève en s’amusant et occupent leur usine pour empêcher que d’autres gens travaillent à leur place. Photo BHVP. Roger-Viollet

Des ouvriers des usines Renault manifestent à Paris en mai 1968. Photo Janine Niepce. Roger-Viollet

Page 8: avril 2016 - Libération · avril 2016. LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle ... ont témoigné sur les réseaux sociaux,

L’âge de la retraite, 1995, 2003 et 2010

A partir d’un certain âge (aux alentours de 60 ans), on a le droit de prendre sa retraite. Ça veut dire qu’on arrête de travailler pour toujours, mais qu’on gagne quand même de l’argent chaque mois. Pour recevoir cet argent, il faut avoir eu un emploi avant, parce que, quand on travaille, une partie du salaire que l’entreprise distribue chaque mois est mise de côté exprès pour payer les retraites.

Pour avoir le droit de recevoir l’argent de la retraite, il faut avoir travaillé un certain nombre d’années et avoir un âge minimum.

Plusieurs gouvernements ont voulu obliger les gens à travailler plus longtemps avant d’avoir le droit de recevoir l’argent de la retraite. Ça a notamment

été le cas en 1995, en 2003 et en 2010. Ces trois années-là, des citoyens n’étaient pas d’accord pour travailler plus longtemps, donc ils ont manifesté pour afin que les gouvernements retirent leurs propositions. En 1995, ce sont les manifestants qui ont obtenu ce qu’ils voulaient. En 2003 et en 2010, ce sont les gouvernements.

Aujourd’hui, la plupart des gens doivent avoir travaillé 43 années et avoir au moins 62 ans pour recevoir tout l’argent de la retraite. Si on s’arrête avant ces limites, on reçoit de l’argent quand même, mais moins, sauf si on a commencé à travailler très jeune.

Le contrat des jeunes, 2006

Le gouvernement a voulu créer un nouveau contrat de travail, qui s’appelait le contrat première embauche : le CPE. Il devait permettre aux patrons de licencier les salariés de moins de 26 ans sans leur expliquer pourquoi, au cours des deux premières années où ils travaillent dans l’entreprise. Les jeunes n’étaient pas d’accord et ont beaucoup manifesté. Finalement, le gouvernement a renoncé à créer le CPE.

Des travailleurs manifestent en 1995 à Paris contre une proposition du gouvernement de repousser l’âge de départ à la retraite. Photo Simon Buu.

Des jeunes manifestent contre le contrat première embauche, à Paris, en 2006. Photo Bruno Levy

Page 9: avril 2016 - Libération · avril 2016. LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle ... ont témoigné sur les réseaux sociaux,

Y A-T-IL UNE LOI TRAVAIL POUR LES ENFANTS ?

Aujourd’hui en France, presque tous les enfants vont à l’école pour apprendre des choses. Ça paraît normal, mais pendant des centaines d’années, ils ont travaillé 12 heures par jour et ils étaient moins bien payés que des adultes.

Ce n’est qu’au XIXe (19e) siècle que les hommes politiques ont décidé de changer les choses, parce que le travail physique est dangereux pour la santé des enfants. Il vaut mieux profiter de son enfance pour jouer et s’éduquer.

Il y a 175 ans, en 1841, une loi a été votée pour interdire le travail aux enfants de moins de 8 ans. Puis la limite est passée à 12 ans. Mais les choses ont vraiment changé quand, au lieu d’interdire aux enfants de travailler, on les a obligés à s’instruire, c’est-à-dire à apprendre la lecture et l’écriture, la géo-graphie et l’histoire de France, les mathématiques, la gymnastique… Le ministre Jules Ferry a créé une loi pour ça, en 1882. L’école est devenue obligatoire

pour tous les enfants âgés de 6 à 13 ans. Aujourd’hui, on est obligé de suivre un enseignement jusqu’à 16 ans.

Ce sont les parents qui décident comment faire apprendre des choses à leurs enfants. S’ils veulent leur donner des cours eux-mêmes, à la maison, ou payer des professeurs particuliers, ils ont le droit. Ou alors, comme la majorité, ils peuvent envoyer leurs enfants à l’école. Mais que ce soit à l’école ou chez soi, il est obligatoire de suivre des cours, dans différentes matières et avec un programme précis : pas question d’échanger les tables de multiplication contre un cours de chasse à la sauterelle !

Il existe des écoles privées, qui sont payantes. Mais pour que tout le monde puisse avoir une éducation, même les enfants pauvres, le ministre Jules Ferry a aussi décidé, en 1881, qu’il y aurait des écoles gratuites partout en France. Comme ça, pas d’excuses !

Pour que les enfants se sentent bien à l’école et ne soient pas trop fatigués, il existe des règles sur leurs conditions de travail, comme pour les adultes. C’est le ministère de l’Education nationale qui les choisit. Par exemple, en 2016, un élève à l’école primaire travaille 24 heures par semaine et a 16 semaines de vacances par an.

Si les enfants ne sont pas contents de leurs condi-tions de travail, ils peuvent toujours râler, mais ils n’ont pas le droit de faire grève, ni de manifester. Ils peuvent compter sur leurs professeurs et même leurs parents pour se faire entendre quand le gouvernement veut changer des choses qui ne leur plaisent pas, comme c’était le cas il y a deux ans avec la réforme des rythmes scolaires. Avant 2013, la plupart des élèves allaient à l’école quatre jours par semaine : lundi, mardi, jeudi et vendredi. Maintenant, ils doivent aussi y aller le mercredi ou le samedi matin, et en échange ils sortent plus tôt de l’école. Il y a eu beaucoup de manifestations de professeurs pour protester contre ce changement !

Des enfants travaillent dans une entreprise de fabrication de tissus, au XIXe siècle.Crédit : Rue des Archives/CCI

Voilà à quoi pouvait ressembler une classe en 1943, à Paris. Photo Keystone France

Page 10: avril 2016 - Libération · avril 2016. LE TÉMOIGNAGE DE NATACHA, ÉLÈVE EN TERMINALE Natacha a 18 ans, elle est en terminale et elle ... ont témoigné sur les réseaux sociaux,

QUIZ

1. Pourquoi parle-t-on beaucoup de la « loi travail » en ce moment ?a. Parce que les salariés trouvent qu’ils ne travaillent pas assezb. Parce que les vacances approchentc. Parce que le gouvernement veut changer les lois sur le travail

2. Qu’appelle-t-on des manifestants ?a. Des gens qui font des pétitionsb. Des personnes qui marchent dans la rue pour dénoncer des chosesc. Des vendeurs de glaces qui font des heures supplémentaires

3. Qui est Myriam El Khomri ?a. La ministre du Travailb. La ministre qui a voulu créer le CPEc. La Première ministre

4. Qu’est-ce que le code du travail ?a. Un gros livre dans lequel on trouve les lois qui parlent du travailb. Un gros livre qui définit les crimes et les délitsc. Le contrat qu’on signe en arrivant dans une entreprise

5. Aujourd’hui, combien d’heures travail lent la plupart des gens ?a. 35 heures par semaine b. 24 heures par semainec. 24 heures par jour

6. Comment appelle-t-on le salaire minimum en France ?a. Le slip b. Le Smic c. Le tweet

7. Qu’est-ce que le conseil des prud’hommes ?a. Des manifestants particulièrement prudents b. Une association de conseillers d’orientationc. Un tribunal qui s’occupe des problèmes entre les employés et les patrons

8. Qu’appelle-t-on les congés payés ?a. Les licenciementsb. Les salairesc. Les vacances

9. Si on arrête de travail ler à 60 ans, on dit qu’on prend sa…a. … charretteb. … retraitec. … barrette

10. Qui a créé l ’école gratuite pour les enfants ? a. Manuel Vallsb. Jules Ferryc. Le syndicat des directeurs d’école

Concept : C

écile Bourgneuf, Emilie C

oquard, Sophie Gindensperger et Elsa M

audetR

édaction : Cécile Bourgneuf, M

aïté Darnault, C

amille G

évaudan et Elsa Maudet

Graphism

e et illustrations : Emilie C

oquardD

éveloppement : Paul Joannon