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RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013 46 L’analyse des facteurs qui façonnent le commerce international et de leurs implications pour la politique commerciale ne peut pas être complète et utile si l’on n’a pas une idée claire de l’évolution de la structure des échanges dans le temps. Cette partie du rapport étudie les tendances passées, présentes et futures du commerce international et de l’activité économique. Elle commence par un historique du commerce, de l’époque préindustrielle à nos jours, en soulignant le rôle central que la technologie et les institutions ont joué dans le passé. Puis elle décrit et explique les grandes tendances du commerce international apparues au cours des 30 dernières années en présentant les principaux acteurs du commerce (pays et entreprises) et en indiquant quels pays font du commerce avec qui et comment la nature des échanges a évolué au fil du temps. Enfin, elle présente quelques simulations illustrant les scénarios futurs possibles pour le commerce. B. Tendances du commerce international

B. Tendances du commerce international - wto.org · et des services commerciaux a augmenté d’environ 7% par an en moyenne, pour atteindre en 2011 un niveau record de 18000 milliards

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RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

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L’analyse des facteurs qui façonnent le commerce international et de leurs implications pour la politique commerciale ne peut pas être complète et utile si l’on n’a pas une idée claire de l’évolution de la structure des échanges dans le temps. Cette partie du rapport étudie les tendances passées, présentes et futures du commerce international et de l’activité économique. Elle commence par un historique du commerce, de l’époque préindustrielle à nos jours, en soulignant le rôle central que la technologie et les institutions ont joué dans le passé. Puis elle décrit et explique les grandes tendances du commerce international apparues au cours des 30 dernières années en présentant les principaux acteurs du commerce (pays et entreprises) et en indiquant quels pays font du commerce avec qui et comment la nature des échanges a évolué au fil du temps. Enfin, elle présente quelques simulations illustrant les scénarios futurs possibles pour le commerce.

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Sommaire 1. L’évolutionducommerceinternational:l’éclairagedel’histoireéconomique 48

2. Quelleaétél’évolutionducommerceaucoursdes20à30dernièresannées? 57

3. Scénarioséconomiquesetcommerciauxfuturs 93

4. Conclusions 107

Tableauxdel’appendice 113

Faits saillants et principales constatations

• La forte baisse des coûts de transport et de communication est le facteur qui a façonné le système commercial mondial actuel. La géopolitique a aussi joué un rôle décisif en renforçant ces tendances structurelles.

• Au cours des 30 dernières années, le commerce mondial des marchandises et des services commerciaux a augmenté d’environ 7 % par an en moyenne, pour atteindre en 2011 un niveau record de 18 000 milliards de dollars EU et 4 000 milliards de dollars EU, respectivement. Si on mesure le commerce en termes de valeur ajoutée, les services occupent une place plus importante.

• Entre 1980 et 2011, la part des économies en développement dans les exportations mondiales est passée de 34 % à 47 % et leur part dans les importations mondiales de 29 % à 42 %. L’Asie joue un rôle croissant dans le commerce mondial.

• Depuis plusieurs décennies, le commerce mondial augmente en moyenne presque deux fois plus vite que la production mondiale. Cela s’explique par l’importance croissante des chaînes d’approvisionnement internationales, d’où l’importance de la mesure du commerce en valeur ajoutée.

• Des simulations ont montré que, dans un contexte économique dynamique caractérisé par l’ouverture des échanges, les pays en développement ont des chances de devancer les pays développés avec une croissance deux à trois fois plus élevée des exportations et du PIB, au cours des prochaines décennies. Par contre, dans un scénario économique pessimiste et protectionniste, leur PIB augmenterait deux fois moins vite et la croissance des exportations serait plus faible que dans les pays développés.

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1. L’évolutionducommerceinternational:l’éclairagedel’histoireéconomique

Pourcomprendrelesfacteursquifaçonnerontlecommercemondial dans l’avenir, il faut comprendre les forceshistoriques qui ont forgé le système commercial mondialactuel. Comme beaucoup d’autres aspects de l’économiemondiale moderne, le système commercial mondial acommencé à se développer, en grande partie, avec larévolution industrielle. Les formidables progrèstechnologiquesqu’elleasuscitésdanslestransportsetlescommunications, dunavire à vapeur, du cheminde fer, etdu télégraphe jusqu’à l’automobile, l’avion et Internet, ontpeuàpeuréduitlecoûtdelacirculationdesmarchandises,descapitaux,destechnologiesetdespersonnesàtraverslemonde.La«mortde ladistance»,pour reprendrecettemétaphorecontemporaine,estl’undesprincipauxfacteursayantdéterminéledéveloppementdel’économiemondialedepuisledébutduXIXesiècle(Cairncross,1997).

L’apparitiond’uneéconomiemondiale,ladisséminationdesinvestissementsetdestechnologies,l’accroissementdelaspécialisation internationale, l’ascension de nouvellespuissances économiques, la forte accélération de lacroissanceetlapousséedémographique,riendetoutcelan’aurait été possible sans la formidable expansion ducommercemondialaucoursdesdeuxdernierssiècles.Enmême temps, l’industrialisation croissante – d’abord enEurope, puis dans les Amériques et ensuite en Asie, enAfrique et ailleurs – a favorisé l’essor du commerceinternationalet l’intégrationéconomique.Depuis lemilieuduXIXesiècle,lapopulationmondialeaétémultipliéepar6environ, laproductionmondialepar60et lecommercemondial par 140 (Maddison, 2008a). Ce cercle vertueuxd’intégrationetdecroissanceconstituecequel’onappelleaujourd’huilamondialisation.

Si les forces technologiques et structurelles sont lesprincipaux moteurs de la mondialisation, les forcespolitiques jouent elles aussi un rôle central, tantôtfacilitant le développement sans heurt d’un marchémondial intégré, tantôt freinant ou inversant cedéveloppement.L’idéedeKarlPolanyi, selon laquelleunmarchémondiallibreestnonseulementimpossible,maisest voué aussi à l’autodestruction sans une coopérationinternationale effective semble n’avoir rien perdu de savaliditédepuisqu’il l’a formuléepour lapremière foisen1944(Polanyi,1944).

Il est difficile d’imaginer l’essor de la mondialisation auXIXe siècle sans l’étalon‑or, le dense réseau d’accordscommerciauxbilatérauxet ladominationéconomiquedelaGrande‑Bretagne,toutcommeilestdifficiled’imaginerson redémarrage après 1945 sans la création desnouvelles institutions économiques multilatérales, sansdespolitiqueséconomiquesetsocialesplusvolontaristesau niveau national, et sans l’avènement du leadershipmondial des États‑Unis. En fait, l’évolution de lamondialisation depuis 200 ans s’est généralementaccompagnée, non pas d’une contraction de l’État, maisd’uneexpansionrégulièredecelui‑ciauxniveauxnationaletinternational(voirlasectionC.6).

Mais parfois, la politique est intervenue – délibérémentou par accident – pour ralentir ou inverser les effetsintégrationnistesdelatechnologieetdesmarchés.C’estcette interaction complexe des forces structurelles etpolitiques qui explique les vagues successivesd’intégration et de désintégration économique au coursdes deux derniers siècles, et en particulier comment la«premièremondialisation»,dontlaprogressionparaissaitinexorableauXIXesiècle,aétébrutalementinterrompueentre1914et1945parl’enchaînementdescatastrophesdelaPremièreGuerremondiale,delaGrandedépressionetdelaSecondeGuerremondiale,etaétésuivie,danslaseconde moitié du XXe siècle, par une «deuxièmemondialisation». Si la tendance à long terme va dans lesens d’une expansion du commerce et d’une intégrationplus profonde, les chocs géopolitiques imprévus (etpeut‑être imprévisibles) ont périodiquement interrompuouinversécettetendance,cequidoitinciteràlaprudencequandonextrapolel’aveniréconomiqueàpartirdupassé.

(a) Lapremièremondialisation

LedébutduXIXesiècleaétéun tournantdécisifpour lecommercemondial.Lescontoursd’uneéconomiemondiales’étaient dessinés au XVIIe et au XVIIIe siècle, où lesprogrès de la construction navale et de la navigation ontpermis la découverte des Amériques par les Européens,l’ouverture de nouvelles routes vers l’Asie contournantl’Afrique et la circumnavigation du globe de Magellan(Maddison, 2008), mais c’est l’arrivée de la révolutionindustrielle, au début du XIXe siècle, qui a déclenchél’expansion massive des échanges commerciaux et desflux de capitaux et de technologies, l’explosion desmigrations et des communications et le «rétrécissement»de l’économie mondiale que l’on appelle aujourd’hui la«premièremondialisation»(Ikenberry,2000).Enparticulier,lesprogrèstechnologiquesdanslestransportsontouvertles économies nationales aux échanges et auxinvestissementsd’unemanièreradicalementdifférentedece qui s’était passé auparavant, réduisant sans cesse cequel’historiendel’économieGeoffreyBlaineyanommé«latyranniedeladistance»(Blainey,1968).

La machine à vapeur a été la première technologierévolutionnaire qui a transformé les transports, d’abordavec les navires à vapeur. Au début, la navigation étaitlimitée aux fleuves et aux canaux, mais vers la fin desannées 1830, des navires à vapeur traversaientrégulièrementl’Atlantiqueet,vers1850,uneliaisonaétéassuréeavecl’Afriqueaustraleetl’Afriquedel’Ouest.Audépart, les navires transportaient uniquement desmarchandisesdevaleur,commelecourrier,maisgrâceàunesériedeperfectionnementstechnologiquesaucoursdes décennies suivantes (propulsion à hélice, moteurcompound et à turbines, coques améliorées, ports plusefficaces),ilssontdevenusplusrapides,plusgrosetpluséconomesencombustible,cequiafaitbaisserencorelescoûtsdetransportetapermisletransporttransocéaniquedes marchandises pondéreuses et des produits de luxe(Landes,1969).

L’ouverture du canal de Suez en 1869 a marqué unenouvelle avancée dans la navigation à vapeurtransocéanique. Jusque‑là, les bateaux à vapeur ne

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pouvaientpasembarquersuffisammentdecharbonpourcontourner l’Afrique,et la voile restaitdominantesur lesroutes maritimes de l’Extrême‑Orient. En créant unraccourciconsidérableentrel’Asieetl’Europe,lecanaldeSuez a fait des navires à vapeur un moyen de transportviableetéconomique,desortequ’ilsontfinipars’imposersurlesroutestransocéaniquesverslafinduXIXesiècle.

Le chemin de fer était l’autre grande innovation de larévolution industrielle utilisant la vapeur dans lestransports. Le coût des transports intérieurs avait déjàcommencé à diminuer à la fin du XVIIIe siècle avec laconstruction de routes et, plus encore, de canaux. EnGrande‑Bretagne, la longueur des voies navigablesintérieures a quadruplé entre 1750 et 1820; en Franceaussi laconstructiondecanauxaconnuungrandessor,tandis qu’aux États‑Unis, le gigantesque canal de l’Érié,construitentre1817et1825,apermisuneréductionde85%ducoûtdutransportentreBuffaloetNewYorketaramenéladuréeduvoyagede21à8jours(O’RourkeetWilliamson,1999).

L’importance de la navigation intérieure a rapidement étééclipséepar leboomduchemindefer.Lapremière ligneferroviaire du monde, le chemin de fer de Stockton etDarlington mis en service en 1825, n’a pas tardé à êtreimitée dans toute la Grande‑Bretagne, mais aussi enBelgique, en France, en Allemagne et dans le reste del’Europe occidentale. L’essor des chemins de fer a étéparticulièrement remarquable aux États‑Unis dans laseconde moitié du XIXe siècle, où les nouveaux réseauxtranscontinentaux allaient jouer un rôle majeur nonseulement en favorisant la colonisation de l’Ouest et laconstruction d’une économie nationale, mais aussi enreliant le vaste arrière‑pays américain aux marchésmondiaux (O’Rourke et Findlay, 2007). Une lignetranscontinentalea relié la côteEstet la côteOuestdesÉtats‑Unisen1869; lechemindeferCanadien‑Pacifiqueaétéachevéen1885etletranssibérienen1903.Dansladécenniequiaprécédé laPremièreGuerremondiale, lesvoiesferréessesontmultipliéesenArgentine,enInde,enAustralie,enChineetailleurs,financéesengrandepartiepardescapitauxbritanniques.Entre1826,oùiln’yenavaitpratiquement aucune, et 1913, on a construit près d’unmilliondekilomètresdevoiesferrées(Maddison,2008).

Si, dans la première moitié du XIXe siècle, la vapeur arévolutionné le commerce, dans la seconde moitié, destechnologies encore plus novatrices, comme les naviresréfrigérés et les câbles télégraphiques sous‑marins, ontencore fait baisser les coûts du commerce et descommunications et ont contribué à une intégrationmondiale plus étroite. La technique de la réfrigération aeu des conséquences importantes pour le commerce.Développéedanslesannées1830etamélioréeaucoursdes 20 années suivantes, la réfrigération mécanique apermis l’exportation de bœuf réfrigéré des États‑Unisversl’Europedès1870;danslesannées1880,lavianded’Amérique du Sud et d’Australie et le beurre deNouvelle‑ZélandeétaientexportésengrandesquantitésenEurope(Mokyr,1990).

L’arrivéedutélégrapheélectriquedans lesannées1840aétéunautreévénementmajeur, ouvrant la voieà l’èremoderne des communications mondiales quasi

instantanées. Le premier message télégraphiquetransatlantiqueaétéenvoyéenaoût1858;ainsi,laduréed’une communication entre l’Europe et l’Amérique duNordaétéramenéededixjours–tempsqu’ilfallaitpouracheminerunmessageparbateau–àquelquesminutesseulement.ÀlafinduXIXesiècle,descâblesbritanniques,français, allemands et américains reliaient l’Europe etl’Amérique du Nord en un réseau complexe decommunicationtélégraphique.

Lecommerceinternationalaconnuunecroissancerapideaprès 1820 grâce à la baisse du coût des transports etdescommunications.Lecoûtdestransportsterrestresadiminuédeplusde90%entre1800et1910etceluidestransports transatlantiques d’environ 60% en 30 ans àpeine, entre 1870 et 1900 (Lundgren, 1996). Dans lemême temps, les exportations mondiales ont augmentéde 3,4% par an en moyenne, chiffre sensiblementsupérieur à l’augmentation annuelle du PIB mondial, quiétait de 2,1% (Maddison, 2001). De ce fait, la part ducommerce dans la production (c’est‑à‑dire l’ouverture) arégulièrement augmenté pour atteindre un sommet en1913(voirletableauB.1),justeavantlaPremièreGuerremondiale,niveauquin’apasétédépasséavantlesannées1960(Maddison,2001).

(b) Augmentationdeladivisiondutravailetdesécartsderichesse

La forte expansion du commerce international au XIXesiècle a permis aux pays de se spécialiser dans lesproduitspourlesquelsilsétaientlesplusefficients,cequiarenforcéetaccéléréladivisioninternationaledutravail.Bien que le commerce ait aussi contribué à la diffusiondes technologies et des produits nouveaux – et à laréduction du handicap des pays dotés de ressourcesnaturelleslimitées–l’industrialisationetledéveloppementont progressé de manière inégale, la Grande‑Bretagneprenant d’emblée la tête, suivie par l’Europe de l’Ouest,l’Amérique du Nord et, beaucoup plus tard, le Japon.Ainsi, malgré l’approfondissement de l’intégrationéconomique mondiale au XIXe siècle, l’écart de revenus’est creusé entre les pays du Nord en voied’industrialisationrapideet lespaysduSudfournisseursde matières premières, processus que l’historien del’économie Kenneth Pomeranz a qualifié de «grandedivergence»(Pomeranz,2000).

Labaissespectaculairedescoûtsdetransportaentraînénon seulement l’augmentation des échangescommerciaux, mais aussi leur diversification. Avant larévolutionindustrielle,ilétaittropdifficileoutropcoûteuxde transporter la plupart des marchandises et des

TableauB.1:Part des exportations mondiales dans le PIB mondial, 1870-1998 (pourcentage)

1870 4,6

1913 7,9

1950 5,5

1973 10,5

1998 17,2

Source:OCDE(2001).

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matières premières sur de grandes distances, de sorteque seules lesmarchandisesayant le ratioprix/poids leplusélevé (épices,métauxprécieux, théet café)étaientéchangées.Cependant,lorsquelesbateauxàvapeurontremplacé les voiliers en bois, et le chemin de fer letransport à cheval, il est brusquement devenu possibled’achemineruneplusgrandevariétédeproduitsjusqu’auxgrands centres industriels et la gamme des produitsmanufacturésdisponiblesdanslemondes’estdiversifiée.

Dans le courant du XIXe siècle, le commercetransocéaniquedescéréales,desmétaux,destextilesetd’autresmarchandisesenvracestdevenudeplusenpluscourant.1 À partir du milieu du siècle, les agriculteurseuropéens ont été de plus en plus exposés à laconcurrence directe des vastes exploitations trèsproductives d’Amérique et de Russie.2 En Grande‑Bretagne, malgré une croissance démographique rapideet des terres arables limitées, les prix des denréesalimentaires ont cessé d’augmenter dans les années1840 et ont ensuite commencé à baisser (O’Rourke etFindlay,2007;O’RourkeetWilliamson,1999).

La baisse des prix des produits alimentaires a étébénéfique pour les ouvriers de l’industrie et lesconsommateursurbains,contribuantàl’industrialisationetà l’urbanisation,maiselleadésavantagé lespropriétairesterriens et les ouvriers agricoles. Selon Pomeranz,l’industrialisation rapide de l’Europe tout au long du XIXesiècleaétéfacilitée,dansunelargemesure,parl’existence,danslesAmériques,devastesétenduesdeterresfertilesincultes qui pouvaient être utilisées pour produire lesgrandesquantitésdeproduitsagricolesnécessairespournourrirunepopulationeuropéenneenpleinecroissance,etlibérer ainsi de la main‑d’œuvre et des terres en Europepourpoursuivrel’industrialisation(Pomeranz,2000).

En même temps, les Amériques, l’Asie et l’Afriqueconstituaient un marché en expansion pour les produitsmanufacturés européens. Tout comme les agriculteursdes pays industrialisés qui étaient confrontés à la forteconcurrencedesagriculteurstrèscompétitifsduNouveauMonde, les petits producteurs et artisans des pays endéveloppement ont été dépassés et écrasés par laconcurrence des producteurs mieux dotés en capital eten technologie des pays du Nord en pleineindustrialisation(BairochetKozul‑Wright,1996a).

L’afflux massif, dans les pays en développement, deproduits manufacturés européens, en particulier detextiles et de vêtements, pendant tout le XIXe siècle, aabouti,d’aprèsl’historiendel’économiePaulBairoch,àla«désindustrialisation»decespays,entermesabsolusetrelatifs.Ladestructionde l’industrie textileen Indeenaété un exemple frappant, mais un processus dedésindustrialisation analogue s’est produit en Chine, enAmérique latine et au Moyen‑Orient (Bairoch etKozul‑Wright,1996b).Lemondeendéveloppementavusapartdelaproductionmanufacturièremondialepasserde plus d’un tiers à moins d’un dixième entre 1860 et1913 (Bairoch, 1982). Ce n’est qu’après le début duXXe siècle que la diminution de la capacité industrielledespaysendéveloppementacommencéàs’inverser.

L’amélioration des transports et des communications afacilité lacirculationdespersonnes,descapitauxetdesmarchandises à travers le monde, ce qui a stimulé lacroissance des marchés étrangers, favorisé lesinvestissements dans les infrastructures de transport etde communication et accéléré l’intégration mondiale.Entre1820et1913,26millionsd’Européensontémigréaux États‑Unis, au Canada, en Australie, enNouvelle‑Zélande,enArgentineetauBrésil.Cinqmillionsd’Indiens ont migré au sein de l’Empire britannique versdesdestinationscomme laBirmanie, laMalaisie,Ceylan(SriLanka)et l’Afrique,etunnombreplusgrandencorede Chinois ont émigré vers les pays riverains de l’océanPacifiqueetau‑delà(Ravenhill,2011).

L’ouverture des Amériques, de l’Australasie et de l’Asieseptentrionaleàdenouvellespopulationsanécessitédesinvestissements considérables, en particulier dans lesvoies ferrées. Après 1870, les capitaux européens ontaffluéàl’étrangerverslespaysd’outre‑mer.En1913,lesinvestissementsàl’étrangerdelaGrande‑Bretagne,delaFrance et de l’Allemagne s’élevaient à 33 milliards dedollarsEU;après1870,laGrande‑Bretagneavaitinvestiàl’étrangerplusdelamoitiédesonépargneeten1913,les revenus de ses investissements représentaient prèsde10%delaproductionintérieuretotaledebiensetdeservices(Maddison,2001).Enoutre,cescapitauxontétéinvestisdeplusenplusdanslespaysendéveloppement.Entre 1870 et 1914, la part des investissementsbritanniques en Europe et aux États‑Unis a diminué demoitié,passantde52%à26%dutotal,tandisquelapartdes investissements en Amérique latine et dans lescoloniesetdominionsbritanniquesestpasséede23%à55%(KenwoodetLougheed,1994).

Un nouveau paysage économique mondial, caractérisépar un «centre» industriel avancé et une «périphérie»fournissant des matières premières, s’est peu à peudessiné au cours du XIXe siècle, reflétant la divisioninternationale croissante du travail (O’Rourke et Findlay,2007).LaGrande‑Bretagne,enparticulier,faisaitplusdecommerceavecsonempireetsesdominionsqu’aveclesautres pays industrialisés. En 1913, par exemple, elleimportaitdavantagedel’Australie,duCanadaetdel’Inderéunis (plus quelques autres pays) que des États‑Unis,pourtantgrosfournisseurdecotonpourl’industrietextilebritannique,etelleexportaitcinqfoisplusverscespaysque vers les États‑Unis. De même, en 1913, la Franceexportait plus en Algérie qu’aux États‑Unis (Ravenhill,2011).

Même dans les pays industrialisés, le commerce étaitlargement dominépar lesproduits primaires jusqu’aprèslaPremièreGuerremondiale.Àsonapogéeen1890, lecommerce des produits agricoles et les autres produitsprimairesreprésentait68%ducommercemondial,eten1913, ilavait légèrementdiminué,à62,5%(KenwoodetLougheed,1994).LorsquelaPremièreGuerremondialeaéclaté, les produits primaires représentaient encore lesdeuxtiersdesimportationsbritanniques(Ravenhill,2011).

Dans le centre industrialisé, les revenus étaientgénéralement convergents au XIXe siècle, mais ilsdivergeaient fortement entre le centre et la périphérie del’économie mondiale. De nombreux économistes,

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principalement Raul Prebisch dans les années 1950, ontestimé que cette divergence était due à la divisioninternationale du travail, en particulier au fait que ladépendance croissante des pays pauvres à l’égard desexportations de matières premières les empêchait des’industrialiser.3Bienquelaspécialisationdanslesproduitsprimairesaitprocuréd’importantsavantageséconomiquesàquelquespaysdelapériphérie,commel’Argentine,dontlerevenuparhabitantétaitl’undesplusélevésdumondeen1913,4 pour beaucoup d’autres pays, les progrèséconomiquessontrestésmodestes,voireinexistants.

Cependant, pour les pays industrialisés, l’accès à desmatières premières peu coûteuses et à de vastesmarchéspourleursproduitsmanufacturésleurpermettaitd’avanceràunrythmebeaucoupplusrapidequelerestedu monde, tant sur le plan économique que sur le plantechnologique. En 1860, les trois premiers paysindustriels assuraient plus du tiers de la productionmondiale totale; en1913, leurpartétaitd’unpeumoinsdesdeuxtiers(d’untotalbeaucoupplusélevé).En1820,le PIB par habitant des pays les plus riches était à peuprèstroisfoissupérieuràceluidespayslespluspauvres(voir lafigureB.1);en1910, leratioétaitde9à1,eten1925de15à1(Maddison,2001a).

Le centre industrialisé s’est aussi progressivementétendupendantcettepériode.LaGrande‑Bretagneétaitla puissance économique incontestée au milieu duXIXe siècle,maisen1913, lesÉtats‑Uniset l’Allemagneassuraient une part plus importante de la productionmondiale, comme le montre le tableau B.2. Alors qu’en1870, aucun pays n’atteignait la moitié du niveaud’industrialisationparhabitantdelaGrande‑Bretagne,en1913, l’Allemagne, la Belgique, la Suisse et la Suèdeavaient rattrapé ce retard.5 Toutefois, comme le note

Bairoch, même à la fin du XIXe siècle, «le centre del’industrie mondiale se composait d’un tout petit groupedepays»(BairochetKozul‑Wright,1996b).

(c) Coopérationetintégrationéconomiquesmondiales

Le développement spectaculaire de l’intégrationéconomique mondiale au XIXe siècle reposait sur desbases politiques internationales relativement simples,maisàmaintségardsfragiles.

La clé de voûte de l’économie mondiale au XIXe siècleétaitl’étalon‑orinternational.Suivantl’exempledonnéparla Grande‑Bretagne depuis le début des années 1820,6l’Allemagneagarantilaparité‑ordesamonnaieen1872danslebutdeconsolidersonnouvelempireunifiéautourd’une monnaie unique et d’une politique monétairecommune.Elleaétésuiviepar leDanemark, laNorvègeet la Suède en 1873, par les Pays‑Bas en 1875, par laBelgique, la France et la Suisse en 1876 et par lesÉtats‑Unisen1879.À lafindesannées1880, laquasi‑totalité du monde avait rejoint la Grande‑Bretagne surl’étalon‑or, créant de fait un système financier mondialunique (Frieden, 2006). Comme chaque pays fixait lavaleurdesamonnaieparréférenceàl’or,chaquemonnaieavaituntauxdechangefixeparrapportauxautres,cequiéliminait pratiquement le risque de change et lesobstaclesauxpaiementsinternationaux.Lapériodeallantdesannées1870à1914aétémarquéeparunestabilitéetuneprévisibilitéremarquablesdesfluxcommerciauxetdesfluxdecapitauxinternationaux.

Parsuitede lasignaturedu traitéCobden‑Chevalierparla Grande‑Bretagne et la France en 1860, les pays

FigureB.1:PIB par habitant de certains pays, 1820-1938 ($internationauxde1990)

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Source:Maddison(2001),The World Economy Historical Statistics .Note:Lesvaleursmanquantessontestiméesparinterpolation.

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européens ont négocié entre eux de nombreux accordscommerciauxbilatéraux.Letraitéfranco‑anglaisprévoyaitla réduction des obstacles tarifaires entre les deux plusgrandeséconomiesd’Europe7,maisilcontenaitaussiuneclause inconditionnelle de la nation la plus favorisée(NPF)quigarantissaitunaccèségaletnondiscriminatoireà leur marché si la France ou la Grande‑Bretagneabaissaientlesdroitsdedouaneàl’égardd’unpaystiers.Cette clause NPF a été la pierre angulaire des traitéscommerciauxduXIXesiècle(Bairoch,1982).

La Grande‑Bretagne a appliqué à tous les pays lesréductionstarifairesprévuesdans letraité, tandisque laFrance a adopté un régime tarifaire à deux vitesses,appliquant des droits NPF plus faibles à la Grande‑Bretagneetdesdroitsplusélevésauxautrespays,cequiafortementincitélesautresÉtatseuropéensànégocieraussi des accords NPF avec la France pour pouvoirbénéficier du même traitement pour leurs exportations.La France a conclu un traité avec la Belgique en 1861,qui a rapidement été suivi d’accords avec le Zollvereinallemanden1862,l’Italieen1863,laSuisseen1864,laSuède,laNorvègeetlesPays‑Basen1865etl’Autricheen1866.8Commel’écritl’historiendel’économieDouglasIrwin,«àlafaveurdediversescirconstancesfortuites,unsimple accord bilatéral sur la réduction des droits dedouane a donné naissance à des dizaines d’accordsbilatéraux, créant ainsi un arrangement véritablementmultilatéral grâce auquel le commerce international estentrédansuneèrelibéralesansprécédent»(Irwin,1995).

Les vastes empires et sphères d’influence de l’Europe,déjà profondément intégrés par le commerce,l’investissementet lesmigrations, ont aussi jouéun rôleimportant dans l’intégration économique mondiale. Lemonde en développement était déjà ouvert en grandepartie – ou en train de s’ouvrir – au commerce et àl’investissement par l’action du pouvoir colonial et parceque les puissances impériales estimaient qu’ellesdevaient avoir librement accès aux ressources et auxmarchés de leurs possessions.9 En raison de ces liensimpériaux et coloniaux très étendus, de vastes pans del’économiemondialeontétésystématiquemententraînésdans l’ordre commercial libéral instauré entre les payseuropéensaprès1860.

Les colonies françaises, allemandes, belges etnéerlandaises ont pour l’essentiel adopté les codesdouaniers de leur métropole, tandis que la plupart desdépendances britanniques, comme l’Inde, ont appliquéles mêmes droits peu élevés et non discriminatoires àtouteslesimportations,britanniquesouétrangères.Si,auXIXe siècle, les relations commerciales entre les paysindustrialisés évoquaient encore, selon Bairoch, «desîlots de libéralisme dans une mer de protectionnisme»,

danslemondeendéveloppement,ellesévoquaientplutôt«un océan de libéralisme parsemé d’îlots deprotectionnisme»(BairochetKozul‑Wright,1996).

Auniveauinternational,plusieurstentativesontétéfaitespour relever les défis de la coopération et de lacoordination des politiques soulevés par les nouvellestechnologiesdans les transportset lescommunications.Parexemple,l’Unioninternationaledutélégraphe(UIT),laplusancienneorganisationinternationale,aétécrééeen1865 pour harmoniser les réglementations et les tarifsdans le domaine du télégraphe.10 En 1883, uneconférenceinternationalepourl’harmonisationtechniquedescheminsdeferaétéorganiséeenvuederelierentreeux les réseaux ferrés nationaux. Les Bureauxinternationaux réunis pour la protection de la propriétéintellectuelle ont été créés en 1893 pour administrerdeuxnouvellesconventions,laConventiondeBernepourla protection des œuvres littéraires et artistiques, et laConvention de Paris pour la protection de la propriétéindustrielle. Bon nombre de ces innovationsinternationales du XIXe siècle ont servi de base à lacréation de la Société des Nations en 1919 et del’OrganisationdesNationsUniesen1945.

Cesévénementsnepeuventsecomprendrequ’enrelationaveclerôlecentraldelaGrande‑Bretagnedansl’économiemondiale. En tant que principale puissance industrielle,financière et navale du monde pendant la majeure partieduXIXesiècle,laGrande‑Bretagneagénéralementusédeson influence et de son exemple pour libéraliser aumaximum les échanges et les flux d’investissement dansl’économie mondiale. Le mouvement de libéralisation ducommerce mondial au milieu du siècle était presqueexclusivement une initiative britannique, amorcée parl’abrogation, en 1846, des Corn Laws (lois imposant destarifs élevés sur les céréales), puis par l’abrogation, en1849, des Navigation Acts (lois restreignant le trafic desnavires étrangers entre la Grande‑Bretagne et sescolonies),etfinalementpar l’invitationànégocier leTraitéCobden‑Chevalierde1860,adresséeàlaFrance.

Demême, l’utilisationde la livre sterlingcommeprincipalemonnaie internationale et le rôle central des banquesbritanniques dans le système financier internationaldénotaientlapuissanceéconomiquedelaGrande‑Bretagneet les avantages qu’elle retirait de l’ouverture économiquemondiale. Enfin, sa suprématie navale garantissaitl’ouverturedes routesmaritimes,quiétaient lesartèresdel’économiemondialeauXIXesiècle,nonseulementpour lecommercebritanniquemaisaussipourlerestedumonde.

Ce qui est étonnant dans le système économique duXIXe siècle – si tant est que l’on puisse parler de«système»–c’estqu’ils’estconstituéaucoupparcoup,

TableauB.2:Répartition en pourcentage de la production manufacturière mondiale

Année états-UnisGrande-Bretagne

Allemagne France RussieAutres pays développés

Autres

1830 2,4 9,5 3,5 5,2 5,6 13,3 60,5

1860 7,2 19,9 4,9 7,9 7,8 15,7 36,6

1913 32,0 13,6 14,8 6,1 8,2 17,8 7,5

Source:Bairoch(1982).

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

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de manière autonome, sans plan d’ensemble ni accordinternational.Lesrelationscommercialesétaientfondéessur un ensemble disparate d’engagements bilatéraux, etl’étalon‑or imposait seulement aux pays l’obligation defixerlavaleurdeleurmonnaieparrapportàunequantitéd’or spécifique. L’absence de structures et d’institutionsfaîtières était la principale faiblesse intrinsèque dusystème.En l’absencedecontraintesoude surveillanceinternationales formelles, la plupart des pays européensontpeuàpeurelevéleursdroitsdedouaneaucoursdes30 dernières années du XIXe siècle pour protéger leursproducteurs contre la concurrence étrangère croissanterésultantdelabaissedescoûtsdetransport.

Audébutdesannées1870,l’unificationdel’Allemagneetde l’Italie a pesé sur le système européen de relationscommercialesnondiscriminatoirescar lesdeuxpaysontcherchéàconsoliderleuruniténationaleenérigeantdesobstacles tarifaires extérieurs. La dépression mondialequi a duré de 1873 à 1877 – et dont les effets ont étépresqueaussigravesqueceuxde laGrandedépression60ansplustard–apoussé lespaysàrenforcerencoreleur protection intérieure et a freiné la recherche demarchésextérieurs.LesystèmeaencoreétémisàrudeépreuveparlefaitquelesÉtats‑Unis,quiétaientdéjàungrosexportateurdeproduitsagricolesetunepuissanceindustrielle en plein essor, refusaient d’abaisser leursdroits de douane et d’accorder un traitement NPFinconditionneldansleursaccordscommerciaux.

Au début du XXe siècle, le niveau moyen des droits dedouaneétaitde12%enAllemagneetauJapon,de16%en France et de 32,5% aux États‑Unis. Le fait que lespuissances européennes se sont précipitées pourconsolideretétendreleursempirescoloniauxenAfriqueeten Asie était clairement le signe que «l’impérialisme dulibre‑échange»delaGrande‑Bretagneétaitdéjàendéclin(GallagheretRobinson,1953).MêmeenGrande‑Bretagne,l’orthodoxiedulibre‑échangeétaitremiseenquestionpardes forces politiques montantes qui demandaient que lepays consolide et protège son Empire au moyen depréférencescommercialesexclusives.

(d) Ladémondialisation

La première vague de mondialisation était déjà en déclinquandlaPremièreGuerremondialeaéclaté,détruisantnonseulement l’ordre économique libéral, mais aussi la thèse,remarquablement répandue au XIXe siècle, selon laquellel’intégration, l’interdépendanceet laprospéritéfondéessurla technologie étaient suffisantes en soi pour maintenir lacoopération internationale et la paix (Ravenhill, 2011). Lecommerceaétécomplètementdésorganisé,l’étalon‑ors’esteffondré, les contrôles et les restrictions économiques sesont généralisés et l’Europe, jusque‑là au centre del’économiemondiale,s’estretrouvéedévastéeetsansforce.

L’instabilité et le désordre économiques qui ont marquél’entre‑deux‑guerresétaientdusà l’échecdes tentativesde reconstruction de l’économie mondialisée duXIXesiècle.Cetéchecs’expliqueenpartieparl’incapacitéde reconnaître que le monde de l’après‑guerre étaitfondamentalement différent et que l’on ne pourrait pasrevenir facilement ou rapidement à «l’âge d’or» du

commerce ouvert et de la stabilité financière que l’onavaitconnuavant laguerre.Lespayssous‑estimaient ladifficulté de reconvertir les industries de guerre, detrouverdutravailpourlesmillionsdesoldatsauchômageetdefairefaceauxpénuriesdematièrespremièresetdeproduits alimentaires. L’une des conséquences les plusimportantes de la guerre a été qu’elle a modifié laperception du rôle de l’État dans l’économie. Lamobilisation des pays pour la guerre totale avait exigéuneinterventionsansprécédentdel’Étatdansl’économie.Après la guerre, de fortes pressions politiques se sontexercées pour que les gouvernements nationauxcontinuentàgérerl’économieafindepromouvoirlepleinemploi, la reconstruction et la justice sociale, mais cespressions en faveur d’un nationalisme économique sesont souvent heurtées aux pressions en faveur d’unecoopérationéconomiqueinternationale.

Les difficultés économiques ont été aggravées par lesdifficultés financières. Face à l’instabilité financièregénéraliséeetauxdévaluationscompétitives,lespaysontmaintenu ou rétabli les restrictions en matière decommerceetdechangeafindefreinerlesimportationsetde consolider leur balance des paiements. Lorsque lesgrandspaysontfinalementdécidéd’instaureruneversionmodifiéedel’étalon‑oren1925,ilsn’étaientpascertainsdecequedevaientêtre lesparitésaprèslaguerre: ilenest résulté un déséquilibre entre les monnaies, la livresterlingetlefrancfrançaisétantfortementsurévalués.

L’absence de leadership économique et de coopérationauniveaumondialapeut‑êtreété leprincipalobstacleàla reprise dans l’entre‑deux‑guerres. Les demandes deréparationsdeguerreetderemboursementdesempruntsont sapé les efforts de redressement de l’Europe maiselles ont aussi empoisonné les relations et compromistoutecoopérationinternationale.LesÉtats‑Unisn’ontpasréduit lesobstaclesauxexportationseuropéennes,dontdépendaitleredressementdel’Europe,alorsmêmequ’ilsaccumulaient toujours plus d’excédents. Les prêts qu’ilsont consentis à l’Europe après 1924 n’ont fait quemasquer les fragilités économiques sous‑jacentes etl’accentuation des déséquilibres mondiaux.L’effondrement de la bourse de Wall Street, en octobre1929, a révélé ces faiblesses et plongé l’économiemondialedanslaGrandeDépression.

Lesproblèmesdusà l’effondrementde lademande,auxcrises bancaires et à la montée du chômage ont étéexacerbés par la montée du protectionnisme et dunationalisme économique. Sous la pression desagriculteurs américains qui réclamaient une protectioncontre la chute des prix et la concurrence étrangère, leCongrèsdesÉtats‑Unisaadopté,en1930,lafunesteLoitarifaireSmoot‑Hawley,quiarelevélesdroitsdedouanejusqu’àdesniveaux jamaisatteintsauparavant,poussantainsilesautrespaysàseretrancherderrièredenouvellesbarrières tarifaires et dans des blocs commerciaux. Laguerre commerciale a provoqué une augmentation desdroitsdedouanedont lamoyennemondialeaatteintunsommet de 25% dans les années 1930 (Clemens etWilliamson,2001).En raisondecesnouveauxobstaclesau commerce et de l’effondrement de la demande, lecommerce international s’est lui aussi effondré, perdant

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

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FigureB.2:L’effondrement du commerce mondial pendant la Grande dépression, 1929-1933 (Valeursmensuellesenmillionsd’anciens$EU)

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500

1929 1930 1931 1932 1933

2 998

2 739

1 206992

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

1 839

Source:Importationstotalesde75pays,SociétédesNations,Bulletin mensuel de statistiques ,février1934,page51.

les deux tiers de sa valeur entre 1929 et 1934 (voir lafigureB.2).

Dans sa fameuse analyse, Charles Kindleberger expliqueque«lacrisede1929aétégénérale,profondeetdurableparce que le système économique international [était]devenuinstabledufaitdel’incapacitédel’Angleterreetdurefus des États‑Unis d’assumer la responsabilité de lestabiliser»(Kindleberger,1973).Les«erreurs»économiquesde l’entre‑deux‑guerres, surtout la Loi tarifaireSmoot‑Hawley, sont les causes les plus citées dans lesexplicationsdecettepériode,maislefondduproblèmeétaitqu’aucunÉtatn’étaitassezpuissantpourassurerlaconduitedu système, financer un plan de redressement viable etrétablirlastabilitéinternationaleetlaconfiance.

Enraisondel’expériencedelaguerre,etdesturbulencesqui ont suivi, les pays étaient peu disposés à chercherensemble des solutions coopératives. Confrontés à unecriseéconomiquemondialesansprécédentetnevoyantaucunsignedesolutionrapide,lespaysontprisunesériedemesuresmalencontreusespourprotégerleursintérêtsnationauxaudétrimentdeleursintérêtscollectifs,cequia eu pour effet de nuire à terme à leurs intérêtsindividuels. Malgré quelques progrès dans les effortsfaits dans les années 1920 pour rétablir l’ordreéconomiqued’avant1914,laGrandeDépressionaeudeseffets dévastateurs qui ont perduré dans les années1930. L’insécurité économique a entretenu l’insécuritépolitique, ce qui a abouti à la montée de l’extrémismepolitique, à la disparition de la sécurité collective, à lacourse au réarmement, et enfin à l’éclatement de laSecondeGuerremondiale.

(e) Laremondialisation

Àbiendeségards, l’économiemondialeaconnu,depuisla Seconde Guerre mondiale, un processus de«remondialisation» – terme forgé par Ronald Findlay et

Kevin O’Rourke – reprenant à un rythme accéléré lechemin de l’intégration brusquement interrompu par laPremière Guerre mondiale et le chaos économique etpolitiquequiasuivi(O’RourkeetFindlay,2007).Enfait,lacroissance de l’économie mondiale a été beaucoup plusrapide entre 1950 et 1973 qu’avant 1914, et elle s’estfaite à beaucoup plus grande échelle, ouvrant un «âged’or»deprospéritésansprécédent(Maddison,2001b).LePIBmondialparhabitantaaugmentédeprèsde3%paranetlecommercemondialdeprèsde8%.

Ilyacependantunedifférenceimportanteentrelesdeuxpremièresvaguesdemondialisation.CelleduXIXesiècles’estaccompagnéed’effortsdecoopérationéconomiqueinternationale tout à fait rudimentaires, tandis que celleduXXesiècles’estappuyée,àdessein,surdenouvellesinstitutions économiques multilatérales appeléescollectivementle«systèmedeBrettonWoods»:leFondsmonétaire international (FMI), la Banque mondiale etl’Accordgénéral sur les tarifsdouanierset lecommerce(GATT).

Leprincipalenseignementde l’entre‑deux‑guerresaétéque la coopération politique internationale, et une paixdurable, dépendaient fondamentalement de lacoopération économique internationale. Aucun pays nes’est imprégné de cette leçon plus que les États‑Unis.Conscientsdu faitque leurmanquede leadershipaprès1918 et leur dérive vers le protectionnisme et lenationalisme économiques après 1930 avaient conduitaux catastrophes économiques de l’entre‑deux‑guerres,ilsontdécidédemettreàprofitleurdominationmondialede l’après‑guerre pour construire un nouvel ordreéconomiquelibéralfondésurl’ouvertureducommerce,lastabilitéfinancièreetl’intégrationéconomique.

Cenouveausystèmeétaità la foissemblableàceluiduXIXe siècle et très différent. Le FMI avait pour but derétablir la stabilité des taux de change qui existait àl’époquedel’étalon‑or,toutenlaissantauxpayslalibertéde promouvoir le plein emploi et la croissanceéconomique. Dans le nouveau système de BrettonWoods, lestauxdechangeétaientfixesmaisajustables,etdescréditsdestabilisationétaientaccordésauxpaysconfrontés à des difficultés de balance des paiements.En même temps, la Banque mondiale a été créée pouroctroyerdesprêtsconcessionnelspourlareconstructionéconomiqueetledéveloppementindustriel.

Àl’époque,ilyaeuaussid’intensesnégociationsenvuede la création d’une Organisation internationale ducommerce (OIC), qui devait être le troisième pilier dunouveau système économique multilatéral. Toutefois,comme le Congrès des États‑Unis n’avait pas ratifié lachartedel’OICàlafindesannées1940,lespaysontdûs’en remettre au GATT, conçu comme un accordtemporaire de réduction tarifaire en attendantl’établissementformeldel’OIC,quireprenaitlaplupartdeses règles commerciales fondamentales. Bien qu’il n’aitjamaisétéconçucommeuneorganisationinternationale,le GATT en est progressivement venu à jouer ce rôle,abaissantlesdroitsdedouaneetrenforçantlesrèglesducommerce au cours de huit «cycles» de négociations

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successifs, jusqu’à son remplacement par l’Organisationmondialeducommerce,le1erjanvier1995.

Cette nouvelle volonté de coopération économiqueinternationale après la guerre – soutenue par desinstitutions multilatérales – a aussi trouvé son expressiondans une série de mesures audacieuses visant à intégrerleséconomieseuropéennes.LeplanMarshallde1948,parexemple,stipulaitquelespayseuropéensdevaientdéciderentre eux de la répartition des 12 milliards de dollars EUd’aidefournisparlesÉtats‑Unisdanslecadreduplan,maisaussi des moyens de commencer à démanteler lesobstaclesinternesaucommerceetàl’investissementintra‑européens.11 Dans les années 1950, les États‑Unis ontaussisoutenucertainsprojetseuropéensvisantàmettreencommunlaproductiondanscertainssecteursdel’industrielourde, à établir des autorités internationales habilitées àsupervisercetteproductioncommune,etàcréerdevasteszonesdelibre‑échange,projetsquiontaboutiàlaformationde laCommunautééconomiqueeuropéenne (CEE)puis àl’Unioneuropéenne(UE)actuelle.

Bien que la tendance générale depuis 1945 ait été derenforcer la coopération économique internationale etd’approfondir l’intégration, les progrès ont été chaotiqueset irréguliers car la voie était semée d’embûches.L’émergencedelaGuerrefroideàlafindesannées1940a relégué à l’arrière‑plan la vision d’un nouvel ordreéconomiquemondialissuedelaguerre(toutenrenforçantles intérêts communs des économies de marché), et cependantprèsde50ans,jusqu’àlachutedumurdeBerlinen1989.Ledémantèlementrapidedesempirescoloniauxeuropéens après la Seconde Guerre mondiale, puisl’effondrement de l’Union soviétique après 1991, ontentraînélacréationdedizainesd’Étatsindépendantsayantleurpropresystèmeéconomique,commercialetmonétaire,ce qui a encore compliqué la coordination internationale.Le succès extraordinaire de l’ordre économiqueinternationaldel’après‑guerre,quiasoutenulacroissanceetledéveloppementauniveaumondial,alui‑mêmegénérédes problèmes politiques. La poursuite de l’intégrationéconomique rend obsolètes les modèles de coopérationplus superficiels, comme l’a annoncé la fin brutale dusystèmedeparitésfixesdeBrettonWoodsen1971,sansnécessairement susciter l’adhésion à d’autres modèlesd’intégration plus profonde. De même, l’avènement denouvelles puissances économiques a entraîné le déclinrelatif des États‑Unis, obligeant le monde à chercher endehors de l’ancienne puissance hégémonique unleadershipéconomiquemondialélargi.

(f) Larévolutioncontinuedestransportsetdescommunications

Mêmependantleprocessusdedémondialisationentrelesdeux guerres et de remondialisation après 1945, lesprogrèstechnologiquessesontpoursuivis,voireaccélérés,danslessecteursdestransportsetdescommunications.

Laguerrea,enfait,stimulél’innovationdansletransportmaritime, notamment avec le développement dechaudièresplusefficacespourlaconversiondelavapeuret de mécanismes de transmission turboélectriques et

avecleremplacementdeschaudièresaucharbonpardesmoteurs à essence et des moteurs diesel. En 1914, laquasi‑totalité de la flotte marchande mondiale (96,9%)étaitcomposéedebateauxàvapeurbrûlantducharbon;cette proportion est tombée à environ 70% dans lesannées1920etàmoinsde50%àpartirde lasecondemoitié des années 1930. En 1961, 4% seulement de laflotte mondiale, mesurée en tonnage, utilisait encore lecharbon(Lundgren,1996).

Au milieu des années 1950, une autre grande percéetechnologique, influencée en grande partie par lafermetureducanaldeSuezen1956‑1957(etdenouveauen 1965), a eu lieu dans le domaine des transportsmaritimes. Soudain confronté au coût du transport demarchandisespondéreusescommelepétrole,lecharbonet le minerai de fer sur des distances beaucoup pluslongues, le secteur a décidé d’investir dans d’énormesnaviresspécialisésdans le transportdevracetdans lesinstallations portuaires nécessaires pour les accueillir.Lespétroliers,dontlacapacitémoyenneétaitde16000tonnesdeporten lourd (tpl)audébutdesannées1950(leur capacité était limitée en partie pour permettre lanavigationsurlecanaldeSuez),dépassaient100000tplen moyenne dans les années 1990, voire 500000 tpldans le cas des «superpétroliers» pouvant transporterplusde3millionsdebarilsdepétrole.Lesmêmesprogrèstechnologiques ont aussi transformé les navires cargosdefret,dontlacapacitémoyenneestpasséedemoinsde20000 tpl en 1960 à environ 45000 tpl au début desannées 1990. Le commerce maritime mondial, qui étaitde 500 millions de tonnes en 1950, atteignait 4200millionsdetonnesen1992(Lundgren,1996).

Leréseauferroviaireaaussiconnuuneexpansionrapideentrelesdeuxguerresmondiales,surtoutdanslespaysendéveloppement.En1937,5,7%de la longueur totaledesvoiesferréesdumondesetrouvaientenAfrique,10,2%enAmérique latine et 10,9% en Asie (O’Rourke et Findlay,2007).Verslafindesannées1920,leslocomotivesdieselet électriques ont progressivement remplacé leslocomotivesàvapeur.Lapériodedel’entre‑deux‑guerresaaussi été marquée par l’essor des véhicules à moteur.Limitée initialement au transport de passagers dans leszones urbaines, la circulation des grands véhiculesmotoriséss’estbientôtrépanduesurlesroutesdesservantles principales lignes de chemin de fer auxquelles ils ontfini par faire concurrence. Leur adoption a étéparticulièrement rapide aux États‑Unis où l’on comptait1 véhicule commercial pour 85 habitants en 1921, et1 pour 29 habitants en 1938. Le parc des voitures detourisme était de l’ordre de 1,5 million de véhicules en1913etde530millionsen2002 (Maddison,2008b).Ledéveloppement des véhicules à moteur a été l’un desprincipaux facteurs ayant fait du pétrole une sourced’énergiedeplusenplusvitalepourl’économiemondiale.

L’essorrapidedutransportaérienaétéuneautreavancéemajeure. Dès 1911, des avions ont été utilisés pour letransportdecourrier.PendantlaPremièreGuerremondiale,le transport de matériel militaire a considérablementaugmentéet,aumilieudesannées1920,lesconstructeursaéronautiques développaient et produisaient desavions‑cargos spécialisés. Depuis l’arrivée de Federal

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Expressàlafindesannées1970,promettantlalivraisondufret du jour au lendemain grâce à une flotte spécialed’avions‑cargos, ce secteur a connu une croissanceexponentielle.En1980,lescoûtsréelsdutransportaérienétaienttombésàunquartenvirondeleurniveauaudébutde la Seconde Guerre mondiale (Dollar, 2001). Cela aentraîné une augmentation massive des quantitéstransportées, des distances parcourues des produitsconcernés. Associé au transport maritime, ferroviaire etterrestre, le transport aérien est devenu une composanteessentielle du commerce international. Globalement, lenombre de passagers‑milles est passé de 28 milliards en1950à2600milliardsen1998(Maddison,2008).

Comme on le verra dans la suite du rapport, l’économiemondiale est remodelée par une nouvelle série detechnologies intégrationnistes issues des innovationsdans les télécommunications, l’informatique et lesréseauxmondiauxd’informationauxquelsellesontdonnénaissance.Grâceà lafibreoptique,auxsatellitesetà latechnologienumérique,lecoûtdestélécommunicationsàlonguedistanceestmaintenantquasimentnul.Lespucesélectroniquesdeplusenpluspuissantes(selonlaLoideMoore, la puissance des circuits intégrés double à peuprès tous les deux ans) ont aussi réduit de façonspectaculaire le coût de la puissancede calcul.Dans lemême temps, Internetestdevenu,presqueparaccident,l’incarnation de «l’autoroute mondiale de l’information»annoncéeaudébutdesannées1990,étantà la foisunnouveaumoyendecommunicationmondialeetunevastesourced’informationmondiale.

La mondialisation de la production représente unchangementspectaculaire.Demêmequelabaisserapidedes coûts de transport au XIXe siècle a entraîné lepremier «dégroupement» dû à la mondialisation,c’est‑à‑dire la séparation entre les usines et lesconsommateurs, latoutedernièrevaguedetechnologiesintégrationnistes conduit, selon Richard Baldwin, audeuxième dégroupement en supprimant la nécessité deréaliser la plupart des opérations de fabrication à

proximité les unes des autres (Baldwin, 2011a). Lafabrication est de plus en plus gérée par des chaînesd’approvisionnementmondialescomplexes,autrementditdes usines mondiales, ce qui permet d’implanter lesdifférentes étapes du processus de production là où lerapportcoût‑efficacitéestlemeilleur.

Alorsque,dans l’entre‑deux‑guerres, lacompositiondeséchanges avait peu changé par rapport au siècleprécédent, l’échange de matières premières et deproduits agricoles contre des produits manufacturésrestant prédominant, depuis 1945, le commerce estcaractériséprincipalementparl’échangeinternationaldeproduits manufacturés ou de composants de produitsmanufacturés (représentant40%ducommercemondialen1900et75%en2000),tandisquelapartrelativedel’agriculture dans le commerce mondiale a peu à peudiminué(voirlafigureB.3).

Lecommercedesservicesconnaîtluiaussiunevéritableexplosion, du fait de la réduction spectaculaire du coûtdescommunications.Dessecteursentiers,qui jusque‑làne faisaient pas l’objet d’échanges (et étaient doncimperméables à la concurrence étrangère) tels que lesservices bancaires, le commerce de détail, la médecineoul’enseignement,sontenpassededevenirlessecteursles plus ouverts à l’échange international, grâce audéveloppement des services en ligne. Dans le mêmetemps, le commerce mondial a augmenté encore plusrapidementque laproductionmondiale, de7,2%par anentre1950et1980(avecunecroissanceplusfortepourles produits manufacturés que pour les produitsprimaires), alors que la croissance du produit intérieurbrut mondial (PIB) a été de 4,7% pendant la mêmepériode (Statistiques du commerce international del’OMC, 2012). Ces chiffres soulignent la puissance desforcesquitirentl’intégrationéconomiquemondiale.

Cettedeuxièmevaguedemondialisationestcaractériséeparlamontéeenpuissancedessociétésmultinationalesetl’explosion des investissements directs à l’étranger (IED).

FigureB.3:Répartition des produits des exportations mondiales de marchandises depuis 1900 (pourcentage)

0

20,0

1900

57

3

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6

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11

44

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19

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16

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1970

16

20

1980

28

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14

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2000

14

9

2011

22

9

40 40 45 45 52 61 55 70 75 65

40,0

60,0

80,0

100,0

n.d.a. Produits manufacturés Combustibles et produits miniers Produits agricoles

3 3 3 4

Sources:Annuairestatistiquedel’ONU(1969);ÉtudesspécialesduGATTn°5etn°7;estimationsduSecrétariatdel’OMC.

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Àl’exceptionnotabledesgrandescompagniespétrolières,les entreprises qui effectuaient des investissementsdirectsàl’étranger,c’est‑à‑direquipossédaientetgéraientdesactifsdansplusd’unpayspourlaproductiondebiensetdeservices,étaientrelativementraresavant1945.Danslapériodequiasuivi, l’IEDaconnuune fortecroissance,plus rapide que celle de la production et du commerceinternational, malgré une certaine volatilité et unealternance de fortes baisses et de fortes hausses.12 En2009,onestimaità82000 lenombredemultinationalesenactivitéetàplusde810000lenombredeleursfilialesdanslemonde.Plusdesdeuxtiersdeséchangesmondiauxs’effectuent maintenant au sein des sociétésmultinationales ou de leurs fournisseurs, ce qui soulignel’importance croissante des chaînes d’approvisionnementmondiales(CNUCED,2010).

L’émergence de nouvelles puissances économiques estun changement encore plus significatif, qui est à la foisune conséquence et un moteur de l’expansion continuedu commerce mondial. Si la première mondialisation aimpliqué la désindustrialisation de la périphérie etl’industrialisation du centre, la deuxième a en quelquesorte inverséceschéma.Dans lesannées1980etplusencore dans les années 1990, de nombreux pays endéveloppementont connuune industrialisation rapideetunetrèsforteaugmentationdeleurpartdesexportationsdeproduitsmanufacturésetdes investissements, tandisquelespaysavancéssesontpréoccupésdeplusenplusdeladésindustrialisationrésultantdeladélocalisationetde l’externalisation des capacités de production et desemplois.

Alors que le XIXe siècle a été marqué par la «grandedivergence», nous assistons maintenant à la «grandeconvergence», avec le rattrapage rapide des paysoccidentauxavancésparlespaysendéveloppementtrèspeuplés. Avec 1,3 milliard d’habitants, la Chine connaîtune croissance moyenne pratiquement ininterrompue de9% par an depuis 30 ans, remplaçant le Japon en tantquedeuxièmeéconomiemondialeet l’Allemagneentantque premier exportateur mondial. L’Inde suit unetrajectoireéconomiquecomparable,toutcommed’autrespaysd’Asie,d’AmériqueduSudetd’Afrique.

(g) Résumé

La révolution industrielle a marqué un tournant décisifpour l’économie mondiale, jusqu’à l’ère de lamondialisation. D’ailleurs, l’ascension actuelle du mondeendéveloppementn’est,àbiendeségards,qu’uneffetdelapropagationdelarévolutionindustriellequiabalayélaGrande‑Bretagne il yadeuxsièclesetquisepoursuitàuneéchelleetàunrythmesanscommunemesureavecla«grandetransformation»del’Europeetdel’AmériqueduNord.13C’estaussiunprocessusenévolution.LerevenuréelparhabitantenOccidentaétémultipliépar20entre1820 et 2003, mais par 7 seulement dans le reste dumonde: le rattrapage économique est encore loin d’êtreachevé (Maddison, 2008). Deux facteurs déterminentcetteévolution,etsapoursuite:la«mortdeladistance»àlaquellenousassistonset larévolutiondestransportsetdescommunicationsquilasous‑tend.

La Chine n’aurait pas pu devenir la nouvelle «usine dumonde»silesavancéesdelaconteneurisationn’avaientpasservi de «courroie de transmission» transpacifique à la findesannées1970.L’Indeneseraitpasdevenueuneplaquetournantemondialedesservicessansl’inventiondelafibreoptiqueetduhautdébit.Cesfacteurstechnologiquessontàl’originedelamutationprofondedel’économiemondiale,etdes structures politiques, sociales et institutionnellesnécessairespour lasouteniret la légitimer.L’intégrationetl’expansionsansprécédentdel’économiemondialedanslesdécenniesquiontsuivi1945témoignentnonseulementdela puissance durable des forces technologiques etmarchandessous‑jacentes,maisaussidusuccèsdel’ordrepolitique de l’après‑guerre, qui a joué un rôle déterminantdanslamobilisationetlamaîtrisedecesforces.

Cette analyse soulève deux grandes questions. Lapremière est de savoir si les facteurs qui ont donnénaissance au système commercial mondial actuelperdurerontdans l’avenir immédiatetplus lointainet,enparticulier,silecoûtdestransportsetdescommunicationspoursuivra sa baisse linéaire spectaculaire grâce à lapoursuitedesprogrèstechnologiquesouàl’apparitiondetechnologies entièrement nouvelles. Ou bien doit‑onplutôt s’attendre à ce que les améliorations marginalescommencent à diminuer de sorte que la baisse du coûtdes transports et des communications deviendrait unfacteurmoinsdéterminantpourlecommercemondial,oucontribueraitmêmeàenralentirlacroissance?

La deuxième question est de savoir dans quelle mesureonpeuts’attendreàdeschocspolitiquespourlesystèmecommercial,etsidetelschocspeuventêtreanticipésetévités.L’undesenseignementsdesdeuxdernierssièclesestquelagéopolitiqueaunimpactdécisif,enbienouenmal, sur les tendances technologiques et structurellessous‑jacentes. La phase actuelle de mondialisation acommencéen1945avec laprogressionde l’hégémoniedes États‑Unis et l’avènement du système de BrettonWoods,puiss’estaccéléréeavec l’ouverturede laChinesur le monde en 1979 et la fin de la Guerre froide en1989. Quelle sorte d’arrangement ou de systèmepolitiqueinternationaldoit‑onenvisagerpourl’avenir?

2. Quelleaétél’évolutionducommerceaucoursdes20à30dernièresannées?

Les flux commerciaux internationaux ont enregistré uneaugmentationspectaculaireaucoursdes troisdernièresdécennies.Selonlesstatistiquescommercialesdel’OMC,lavaleurdesexportationsmondialesdemarchandisesestpassée de 2030 milliards de dollars EU en 1980 à18260 milliards de dollars EU en 2011, soit unecroissancemoyennede7,3%paranendollarscourants.Le commerce des services commerciaux a augmentéencore plus vite pendant la même période, passant de367milliardsdedollarsEUen1980à4170milliardsdedollarsEUen2011,soitunecroissancede8,2%paran.En volume (c’est‑à‑dire compte tenu des variations desprix et des taux de change), le commerce mondial desmarchandisesaplusquequadrupléentre1980et2011.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

58

De nombreux facteurs ont contribué à cette expansionremarquable, mais force est de constater qu’elle acoïncidé avec une forte diminution des obstacles aucommerce. Les obstacles au commerce comprennenttous les coûts liés à la fourniture du produit auconsommateur final, mis à part le coût de productionlui‑même: coûts de transport (coût du fret et coût entemps), obstacles liés à la politique commerciale (droitsdedouaneetmesuresnontarifaires)etcoûtsinternesducommerce et des transactions (y compris les coûtsd’information intérieurs, les coûts d’exécution descontrats, les coûts juridiques et réglementaires, ladistribution locale, lesprocéduresdedédouanement, lesformalitésadministratives,etc.).

Lesobstaclesliésàlapolitiquecommercialepeuventêtredivisés en gros en droits de douane (ad valorem etspécifiques)etenmesuresnontarifaires(MNT).Bienqueles droits de douane soient encore l’instrument le pluslargement utilisé pour restreindre les échanges, leurimportancerelativeadiminué.L’ouverturedeséchanges,qu’elle soit unilatérale, qu’elle résulte des accordsnégociéssouslesauspicesdel’Organisationmondialeducommerce ou qu’elle découle d’accords commerciauxpréférentiels (ACPr), a fortement réduit leniveaumoyendes droits appliqués (Rapport sur le commerce mondial,2011). Par exemple, d’après les chiffres de la Base dedonnées intégrées de l’OMC, la moyenne des droits dedouane imposés par les économies développées en2010‑2011 sur l’ensemble des importations étaitd’environ 5%, alors que le droit moyen sur les produitsnonagricolesnedépassaitpas2,5%.

Inversement,l’utilisationdesMNTaaugmentédupointdevue du nombre de produits visés et du nombre de paysutilisateurs(Rapportsurlecommercemondial,2012).Lesmesures non tarifaires, telles que les obstaclestechniquesaucommerce(OTC),lesmesuressanitairesetphytosanitaires (SPS), les taxeset les subventions, sontsouvent utilisées par les gouvernements pour atteindre

des objectifs légitimes de politique publique, comme laprotection des consommateurs nationaux contre lesaccidents ou des maladies. Mais elles peuvent aussiserviràmanipulerlestermesdel’échangeouàprotégerles producteurs nationaux contre la concurrenceétrangère. Le fait est que les MNT utilisées pourpoursuivre des objectifs de politique publique peuventaussiêtredétournéesàdesfinsprotectionnistes.

Lalittératurethéoriqueetempiriquequidocumentel’effetpositif des formes classiques de libéralisation deséchanges est très abondante. Cependant, d’autres typesde coûts commerciaux, tels que les coûts commerciauxintérieurs, constituent encore d’importants obstacles aucommerce.AndersonetVanWincoop(2004),parexemple,montrent que, pour les pays développés, l’impact globaldescoûtscommerciauxpeutêtredécomposécommesuit:21%pourlesfraisdetransport(ycomprislecoûtdufretmesuré directement et le coût en temps du transit desmarchandiseséquivalantàunetaxede9%),44%pourlesobstaclesàlafrontièreet55%pourlesfraisdedistributionengrosetaudétail.14HoekmanetNicita(2011)constatentque, si les politiques commerciales classiques restentimportantes dans les pays en développement ainsi quepour certains secteurs dans les pays à revenu élevé(agriculture en particulier), les MNT et les coûtscommerciaux intérieurs revêtent aussi une grandeimportance.Enfin,RubinetTal(2008)considèrentquelesfraisde transport représententunobstacleaucommerceplusimportantquelesobstaclesliésauxpolitiquescommeles droits de douane. Au prix de 100 dollars le baril depétrole,ilsestimentquelesfraisdetransportéquivalentàundroitdedouanemoyende9%,soitprèsdudoubledelamoyennedesdroitsappliquésestiméeparl’OMC.

Lefaitleplussignificatifencequiconcernel’évolutionducommerce mondial depuis 1980 est peut‑être qu’il aaugmenté beaucoup plus rapidement que la productionmondialependant lamajeurepartiedecettepériode.Cefait est illustré par la figure B.4, qui indique les taux de

FigureB.4:Volume du commerce mondial des marchandises et PIB réel, 1980-2011 (Variationannuelle%)

0

1,0

1980-1985 1985-1990 1990-1995 1995-2000 2000-2005 2005-2011

2,0

3,0

4,0

5,0

6,0

8,0

7,0

0

0,5

1,0

1,5

2,5

2,0

Croissance du PIB(échelle de gauche)

Croissance du volume du commerce des marchandises(échelle de gauche)

Élasticité (échelle de droite)

Source:Secrétariatdel’OMC.Note:Lecommercedesmarchandisescorrespondàlamoyennedesexportationsetdesimportations.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

59

II B. Te

nd

an

ce

s

du

co

mm

er

ce

In

Ter

na

TIon

al

croissance annuels moyens sur cinq ans du volume ducommerce mondial des marchandises (c’est‑à‑dire lamoyenne des exportations et des importations) et lacroissance du PIB réel mondial, avec les élasticitésimplicitesducommerceparrapportauPIBmondial.15

La croissance du commerce et celle du PIB sontreprésentéespardesbarresverticalesdanslafigureB.4et sont mesurées par rapport à l’axe de gauche.L’élasticitéestreprésentéeparune lignecontinueetestmesurée par rapport à l’axe de droite. Au début desannées1980,laproductionmondialeetlecommerceontaugmentépresqueaumêmerythme,d’environ3%paran.La production mesurée par le PIB a augmenté à unrythmeunpeuplusrapidede3,2%entre1980et1985,tandis que la croissance des exportations demarchandises en volume a été de 2,9% par an enmoyenne,cequidonneuneélasticitéprochede1 (0,92pourêtreprécis).Mais,après1985,lecommercemondialaaugmentéprèsdedeuxfoisplusvitequelaproduction.Lacroissanceducommerceaétéenmoyennede5,6%par an entre 1985 et 2011. Le PIB mondial ayantaugmenté de 3,1% en moyenne pendant cette période,on voit que la croissance du commerce mondial a étésupérieured’environ1,8foisàcelledelaproduction.

Denombreux facteursontpucontribuer à la croissanceplusrapideducommerceparrapportauPIBaucoursdestrois dernières décennies. La fin de la guerre froide aapportéauxéconomiesdéveloppées le «dividendede lapaix», ce qui leur a permis de réduire leurs dépensesmilitaires et d’accroître l’investissement dans d’autresdomaines.Ledéveloppementd’Internetetde l’économienumérique semble aussi avoir stimulé le commerce,peut‑être de manière insoutenable, comme en témoignel’éclatementultérieurdesbullesd’actifsdeparlemonde.Enfin, lesgrandeséconomiesendéveloppementcommelaChineetl’Indeontengagédesréformeséconomiqueset amorcé un processus de croissance de rattrapagedanslequellecommerceajouéunrôleimportant.

LefaitquelecommerceaaugmentéplusvitequelePIBpeutaussis’expliquerenpartieparledéveloppementdeschaînes d’approvisionnement, caractérisées par lafragmentation des processus de production entre lespays,16 et en partie par des problèmes de mesure. Lesproduits sont de plus en plus fabriqués en deux étapessuccessivesouplus,etlesentreprisesontdeplusenplusrecours à des intrants matériels importés et à ladélocalisation des tâches administratives. Cependant,commelecommercemondialestmesuréentermesbruts,il se peut que la valeur des biens intermédiaires soitcomptée plusieurs fois lorsque les marchandisestraversent les frontières à différents stades de laproduction, alors que les biens intermédiaires ne sontcomptésqu’unefoisdanslesstatistiquesduPIB.

Il sepeutdoncque la croissanceducommercemondialau cours des dernières décennies soit quelque peusurestimée par rapport à celle de la production. Parexemple, un téléviseur produit entièrement au Japon etexporté aux États‑Unis en 1980 a peut‑être contribuépour500dollarsauPIBmondialetaucommercemondial,alors qu’aujourd’hui, il est plus probable que des

composants japonais d’une valeur de 400 dollars soientcombinés à une valeur ajoutée de 100 dollars liée àl’assemblageenChine,cequi(touteschosesétantégalespar ailleurs) augmentera le PIB mondial d’un mêmemontant de 500 dollars, mais augmentera le commercemondial de 900 dollars (400 dollars de composantsexportésduJaponverslaChine,plus500dollarspourletéléviseurfiniexportédelaChineverslesÉtats‑Unis).

La mesure de l’élasticité du commerce indiquée dans lafigure B.4 est passée à 1,50 à la fin des années 1980,pourculminerà2,32danslapremièremoitiédesannées1990,maiselleaensuitereculétouslescinqans.Elleesttombéeà1,96àlafindesannées1990,à1,71audébutdes années 2000, et enfin à 1,66 entre 2005 et 2011(périodecertesunpeuplus longuequecinqans).17Lestaux de croissance moyens du commerce et du PIB aucours des six dernières années ont indéniablement étéinfluencés par la crise financière et ses conséquences,mais il est difficile d’évaluer dans quelle mesure cesévénements ont modifié l’élasticité du commerce. Levolume des exportations mondiales s’est beaucoup pluscontracté que le PIB mondial en 2009 (‑12,5% pour lecommerce et ‑2,4% pour le PIB, soit une élasticité de5,2).18 Le commerce a aussi rebondi beaucoup plusfortementquelePIBpendantlareprisede2010(13,8%pourlecommerceet3,8%pourlePIB,c’est‑à‑direquelecommerceaétésupérieurde3,7àlaproduction).

Ilsepourraitqueleratiodelacroissanceducommerceàla croissance du PIB se rapproche à nouveau de 2 àmesurequeleseffetsdelacrisefinancières’estomperont.Mais cela semble peu probable, car bon nombre desfacteurs qui ont favorisé la croissance du commerce aucours des dernières décennies (fin de la guerre froide,montée en puissance de la Chine, Web, etc.) ont déjàproduitpleinementleurseffets.

LasectionB.2(a)à (f)contientdenombreuxgraphiqueset tableaux qui montrent l’évolution de la structure deséchanges mondiaux. Les périodes couvertes par cesgraphiques et ces tableaux sont fonction de ladisponibilitédesdonnées,desorteque,mêmesil’ons’estefforcédeprésenter l’évolutionsurunepériodede20à30ans,ilafalluparfoisutiliserunintervallepluscourt.Ilimportedenoterquecertainesdes tendancesmisesenévidence ci‑dessous ont peut‑être atteint leur maximumavant la crise financière et l’effondrement du commerceen 2008‑2009. Il est donc peu probable qu’uneextrapolation directe des tendances actuelles donnebeaucoupd’information.Bienque leprésentrapportsoitaxé sur les évolutions à long terme, l’ampleur del’effondrementducommerceaété tellequ’elle jetteuneombre sur de nombreuses statistiques, notamment lesmoyennes par période et les niveaux des périodes lesplusrécentes.Parconséquent,ilfaudraittoujoursgarderà l’esprit l’influence de cet événement majeur quand onexaminecestableauxetcesfigures.

(a) Quisontlesprincipauxacteursducommerceinternational?

Outre le fait que la croissance du commerce a été plusrapidequecelleduPIB,lechangementleplusimportant

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

60

dans la structure des échanges au cours des dernièresannées est sans doute l’augmentation de la part deséconomiesendéveloppementdanslecommercemondialetladiminutioncorrespondantedelapartdeséconomiesdéveloppées. La section B.2(a) examine ce point endétail,enindiquantlespaysquiontavancéoureculédansle classement mondial du commerce au cours des30 dernières années environ. Elle examine aussil’évolutionducommercedansleséconomiesdéveloppéeset en développement et entre elles (voir les définitions

dans l’encadré B.1) et étudie la question de savoir si unpetit nombre de grands pays sont responsables d’unepartdisproportionnéeducommerce.

(i) Principaux exportateurs et importateurs par niveau de développement

LafigureB.5illustrelapartcroissantedeséconomiesendéveloppement dans les exportations mondiales de

EncadréB.1: Définition des économies développées et des économies en développement

Les expressions pays «développés» et pays «en développement et émergents» s’appuient en gros sur laclassificationdesobjectifsduMillénairepourledéveloppement(OMD)del’ONU.Notregroupedepaysdéveloppéscomprend: les 27 membres de l’Union européenne (y compris ceux qui ont adhéré récemment et qui sontconsidéréscommedes«économiesentransition»selonlaclassificationdesOMD), lesautrespaysetterritoiresdel’Europeoccidentalequinefontpaspartiedel’UE(Islande,Norvège,Suisse,etc.),lesÉtats‑Unis,leCanada,leJapon, l’Australie et la Nouvelle‑Zélande. Tous les autres pays sont appelés «économies en développement etémergentes»,mêmesilemotémergentestparfoisomispourdesraisonsdebrièveté.Legroupeendéveloppementcorrespond en gros au groupe des économies en développement selon les OMD, plus la Communauté d’Étatsindépendants(CEI).

Notrechoixdesgroupesdepaysprésenteà lafoisdesavantagesetdes inconvénients.Commelesgroupesdepays«développés»et«endéveloppementetémergents»sontfixes,ilspeuventserviràanalyserlestendancesducommerce et de la production au cours du temps. Cette sorte d’enquête serait problématique si le revenu parhabitantétaitutilisécommeprincipalcritèrepourdéterminerleniveaudedéveloppement,carlacompositiondesgroupes changerait constamment. Par contre, dans nos définitions, certains pays sont considérés commedéveloppés(Grèce,Malte,Pologne)alorsqu’ilssontpeut‑êtrebeaucouppluspauvresquecertaineséconomiesendéveloppementàrevenuélevé(Émiratsarabesunis,Singapour).Ungroupementbasésurlerevenuseraitpeut‑êtrepréférablepourcertainesanalyses(parexemplepourexaminerunéchantillondepaysàunmomentdonné)mais,pourl’instant,nouscontinueronsàutilisernotreclassificationtoutenétantconscientsdeseslimitesintrinsèques.

Le fait de grouper les pays en fonction de leur niveau de développement pose des problèmes spécifiques auxresponsablesdelapolitiquecommerciale.Parexemple,lesAccordsdel’OMCprévoientuntraitementpréférentielpourleséconomiesendéveloppementetleséconomieslesmoinsavancéesdanscertainscontextes.Lesdéfinitionsdestermes«développé»et«endéveloppement»utiliséesdanscettepublicationnedevraientpasêtreinterprétéescommeimpliquantquoiquecesoitausujetdesdroitsetobligationsd’unpaysautitredesAccordsdel’OMCetnedevraientêtreconsidéréesquecommeindicativesdustatutd’unpays.Pouruneanalyseplusapprofondie,voirlasectionE.

FigureB.5:Part de certaines économies dans les exportations mondiales de marchandises par niveau de développement, 1980-2011 (pourcentage)

Autres économies en développement et émergentes, 15%

1980 2011

Mexique, 1%

Chine, 1%

Autres économies développées, 11%

Arabie saoudite,Royaume d', 5%

Ex-Union soviétique, 4%

Iraq, 1%

Nigéria, 1%

Afrique du Sud, 1%

Union européenne (15)a, 37%

États-Unis, 11%Japon, 6%

Autres économies en développement, 16%

Indonésie, 1%

Brésil, 1%

Taipei chinois, 1%

Singapour, 1% Malaisie, 1%

Autres économies développées, 11%Chine, 11%

Union européenne (15)a, 30%

États-Unis, 8%

Japon, 5%Corée, Rép. de, 3%

Fédération de Russie, 3%

Singapour, 2%

Économies en développement et émergentes,

34%

Économies développées, 66%

Mexique, 2%

Taipei chinois, 2%

Inde, 2%

Brésil, 1%

Thaïlande, 1%

Arabie saoudite,

Royaume d',2%

Économies en développement et émergentes,

47% Économies développées, 53%

aYcomprisleséchangesintra‑UE.Source:Secrétariatdel’OMC.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

61

II B. Te

nd

an

ce

s

du

co

mm

er

ce

In

Ter

na

TIon

al

FigureB.6:Part de certaines économies dans les importations mondiales de marchandises par niveau de développement, 1980-2011 (pourcentage)

1980 2011

Autres économies en développement et émergentes, 15%

Chine, 1%

Taipei chinois, 1%

Autres économies développées, 11%

Ex-Union soviétique, 3%

Arabie saoudite, Royaume d', 1%

Singapour, 1%

Afrique du Sud, 1%

Brésil, 1%

Union européenne (15)a, 41%

États-Unis, 12%Japon, 7%

Nigéria, 1%

Iraq, 1%

Mexique, 1%

Corée, Rép. de, 1%

Économies en développement

et émergente, 29%

Économies développées, 71%

Autres économies en développement et émergentes, 14%

Émirats arabes unis, 1%

Thaïlande, 1%

Autres économies développées, 10%

Chine, 10%

Communauté d'États indépendants

(CEI), 3%

Corée, Rép. de, 3%

Inde, 3%

Singapour, 2%

Union européenne (15)a, 30%

États-Unis, 13%Japon, 5%

Mexique, 2%

Taipei chinois, 2%

Turquie, 1%

Brésil, 1%

Économies en développement et émergentes,

42% Économies développées, 58%

aYcomprisleséchangesintra‑UE.Source:Secrétariatdel’OMC.

marchandises entre 1980 et 2011, et la diminutioncorrespondante de la part des pays développés. Leséconomies en développement, dont les exportationsreprésentaient à peine 34% du commerce mondial en1980, ont vu leur part atteindre 47%, soit près de lamoitiédutotal,en2011.Danslemêmetemps,lapartdeséconomiesdéveloppéesa fortementdiminué,de66%à53%.Unedifférencemajeureentrelesdeuxpériodesestqu’en 1980, les exportateurs de pétrole étaientprédominants parmi les économies en développementalorsqu’en2011,cesontleséconomiesendéveloppementd’Asiequijouentunrôleplusimportant.

Avec1%desexportationsmondialesen1980, laChinen’étaitqueledixièmeexportateurparmileséconomiesendéveloppementmais,en2011,sapartavaitatteint11%,ce qui faisait d’elle le premier pays en développementexportateur et même le premier exportateur mondial sil’on compte séparément les membres de l’UE (voir letableauB.3).En1980,laRépubliquedeCorée,l’IndeetlaThaïlandenefiguraientmêmepasparmilesdixpremierspaysendéveloppementexportateurs,maisen2011, leurpartétaitpasséeà3%,2%et1%,respectivement.

L’Unioneuropéenne, lesÉtats‑Uniset leJaponont tousenregistré une diminution de leur part des exportationsmondiales entre 1980 et 2011. La part de l’Unioneuropéenne est passée de 37% à 30%, celle desÉtats‑Unisde11%à8%etcelleduJaponde6%à5%.Il faut noter que l’Union européenne désigne ici les15paysquienétaientmembresavantl’élargissementde2004 et que les chiffres tiennent compte du commerceintra‑UE‑15. Il est impossible de calculer la part des27 membres actuels en 1980, car à l’époque, certainsd’entre eux n’existaient pas (République tchèque,République slovaque, Slovénie et États baltes), mais lapartdubloccommercialélargiétaitde34%en2011,cequiestmoinsquelapartdes15paysmembresen1980.

On observe des tendances analogues du côté desimportations,commelemontrelafigureB.6.L’augmentationdelapartdeséconomiesendéveloppementetémergentesdans les importations mondiales a été presque aussispectaculaire que l’augmentation de leur part desexportations(de29%en1980à42%en2011),mêmesilapartfinaleestplus faible.En2011, lapartde laChinedans les importations mondiales était légèrementinférieure à sa part dans les exportations mondiales(10% contre 11%), mais celle de l’Inde dans lesimportationsétaitplusélevée(3%contre2%).

La contribution des États‑Unis aux importationsmondiales a en fait légèrement augmenté, passant de12%en1980à13%en2011,malgré labaisseglobaledelapartdeséconomiesdéveloppées,quiaétéramenéede71%à58%.LeJaponavusapartdes importationsreculer de 7% à 5%, tandis que la part de l’Unioneuropéenne a chuté de 41% à 30% pendant la mêmepériode.Commepourlesexportations,lapartde2011neconcernequeles15paysmembresavantl’élargissement.

L’augmentation des exportations a contribué à une plusfortecroissanceduPIBdeséconomiesendéveloppemententre1980et2011, tandisque lahaussedes revenusasoutenul’accroissementdesimportations.Pourillustrerledéveloppementparallèleducommerceetdelaproductiondans lespaysendéveloppement, lafigureB.7 indique lapart des économies développées et des économies endéveloppementdanslePIBmondial,àlafoisenparitédepouvoir d’achat (PPA) et aux prix courants. La part deséconomies en développement dans le PIB en PPA estpassée de 31% en 1980 à 52% en 2011. Les partséquivalentes aux taux de change courants étaient plusfaibles:24%en1980et39%en2011.Lefaitquelapartdeséconomiesendéveloppementdans les importationsmondialesen2011est restéebien inférieureà leurpartde50%danslePIBmondialenPPApeuts’expliquerparlefaitquelacapacitéd’acheterdesbiensetdesservices

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

62

partn’étaitplusquede0,5%,et lepaysn’occupaitplusquela41èmeplace.

Encequiconcernelesimportations,onvoitquelaFranceetleRoyaume‑Uniont,pourl’essentiel,réussiàconserverleurpositiondanslecommercemondialdesmarchandisesdepuis 1980, mais la Suisse, l’Autriche, la Suède, leRoyaumed’Arabiesaouditeet leNigériaont tous reculédansleclassementmondial.Lereculdesexportateursderessources naturelles dans les importations mondialespeut sembler étrange à première vue, compte tenu desprix élevés des combustibles et des produits miniers aucours des dernières années, mais il s’explique mieux sil’onconsidèrequelesprixdupétrolecorrigésdel’inflationétaientenfaitplusélevésen1980qu’en2011.Quantauxpays européens qui ont reculé dans le classementmondial,ilsemblequ’ilsontsimplementétédépassésparles économies en développement dont les revenus ontaugmenté, telles que Singapour, le Taipei chinois, laThaïlandeetleBrésil.

Enfin, aucune analyse des nouveaux et des anciensacteurs du commerce mondial ne peut négliger l’arrivéedenouveauxfournisseursetdenouveauxconsommateursde services commerciaux au court des dernièresdécennies. Les tableaux B.5 et B.6 présentent lesdonnées de l’OMC sur les exportations totales deservices commerciaux pour certaines économies en1980eten2012,ainsiqueleurrangetleurpartdanslecommerce mondial. Il convient de noter que cesstatistiques, qui sont tirées des données de la balancedespaiements,neportentquesurtroisdesquatremodesde fourniture définis dans l’Accord général sur lecommerce des services (AGCS). Elles comprennent desdonnées sur la fourniture transfrontières de services(mode 1), la consommation de services à l’étranger(mode 2) et la présence de personnes physiques(mode4),maispassurlesservicesfournisparlebiaisdefiliales étrangères (mode 3). Des renseignements surcette dernière catégorie figurent en partie dans lesstatistiquesde l’investissementétrangerdirect (IED),quisontexaminéesailleursdanslasectionB.2(e).

Dans le tableau B.5, on voit une fois encore que lesexportateurs asiatiques ont pris de l’importance, avec laprogressiondelaChine,del’IndeetduTaipeichinoisdansleclassementmondialdesexportateurs.LaRépubliquedeCoréeestégalementunimportantexportateurdeservicescommerciaux,maisellefiguraitdéjàparmiles20premiersen1980.L’Irlandeétaitle12èmeexportateurdeservicesen2011,alorsqu’ellen’occupaitquela38èmeplaceen1980.Enrevanche,l’Italie,l’AutricheetlaNorvègeontfortementreculé dans le classement mondial. À part cela, lespositions relatives des pays dans les exportationsmondialesdeservicesontpeuchangédepuis1980.

Le tableauB.6faitapparaîtreunesituationanalogueducôtédesimportations.Leséconomiesasiatiques,commelaChine, l’Inde,Singapour, laRépubliquedeCoréeet laThaïlande,sontnettementremontéesdansleclassementmondial,demêmequel’IrlandeetlesÉmiratsarabesunis.Les pays qui ont le plus régressé sont la Suède et leRoyaumed’Arabiesaoudite.

FigureB.7:Parts des économies développées et des économies en développement dans le PIB mondial, 1980-2011 (pourcentage)

États-Unis Japon Union européenneAutres économies développées ChineAutres économies en développement et émergentes

0

30%

1980

25

9

31

4

29

2011 1980 2011

Parité de pouvoir d'achat Prix courants

50%

70%

90%

100%

20%

40%

60%

80%

10%

19

6

20

3

14

37

26

10

34

5

22

22

8

25

6

10

28

Source:BasededonnéesdesPerspectivesdel’économiemondialeduFMI,octobre2012.

à d’autres pays dépend plus de la valeur en dollars durevenunationalqueduniveaudevierelatif.LapartdelaChine dans les importations mondiales est égalementplus comparable à sa part dans la production mondialeauxtauxdechangedumarchéqu’àsapartenPPA.

Lerôleplusimportantdeséconomiesendéveloppementd’Asie,commelaChine,l’IndeetlaRépubliquedeCorée,dans le commerce mondial a déjà été mentionné dansl’examendesfiguresB.5etB.6.Ilfautégalementnoterlaforte baisse de la part et du classement d’autreséconomies,notammentdecertainspayseuropéensetdecertains exportateurs de ressources naturelles, à la foisducôtédesexportationsetdesimportations.

Les tableaux B.3 et B.4 indiquent le rang et la part decertaines économies dans les exportations etimportations mondiales de marchandises entre 1980 et2011, y compris de certains membres de l’UE. Du côtédes exportations, on voit que la France, qui était lequatrième exportateur de marchandises en 1980 avecune part de 5,7% du commerce mondial, a reculé ausixième rang en 2011 avec une part de 3,3%. LeRoyaume‑Uniaenregistréunreculencoreplusprononcé,régressant de la cinquième place avec 5,4% ducommercemondialàlaonzièmeplaceavecàpeine2,6%entre1980et2011.En1980,laSuisseavaitunepartde1,5% des exportations mondiales, ce qui était suffisantpour lui assurer la 13ème place dans le classementmondial mais, en 2011, sa part était tombée à 1,3% etellen’étaitplusque23ème.Lereculleplusspectaculaireaété celui de l’Afrique du Sud. En 1980, les exportationsdu pays représentaient 1,3% du commerce mondial, cequi suffisait pour lui assurer la 16ème place dans leclassementmondial desexportateurs.Mais, en2011, sa

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

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TableauB.3:Principaux exportateurs de marchandises, 1980-2011 (milliardsde$EUetpourcentage)

2011 1980

Valeur RangPart du

commerce mondial

RangPart du

commerce mondial

Monde 18255,2 ‑ 100,00 ‑ 100,00

Chine 1898,4 1 10,40 30 0,89

États‑Unis 1480,4 2 8,11 1 11,09

Allemagnea 1472,3 3 8,06 2 9,48

Japon 822,6 4 4,51 3 6,41

Pays‑Bas 661,0 5 3,62 9 3,64

France 596,1 6 3,27 4 5,70

Corée,Républiquede 555,2 7 3,04 32 0,86

Italie 523,2 8 2,87 7 3,84

FédérationdeRussie 522,0 9 2,86 ‑ ‑

Belgiqueb 476,7 10 2,61 11 3,17

Royaume‑Uni 473,2 11 2,59 5 5,41

HongKong,Chine 455,6 12 2,50 22 1,00

Exportationsintérieures 16,8 ‑ 0,09 ‑ 0,67

Réexportations 438,8 ‑ 2,40 ‑ 0,33

Canada 452,4 13 2,48 10 3,33

Singapour 409,5 14 2,24 26 0,95

Exportationsintérieures 223,9 ‑ 1,23 ‑

Réexportations 185,6 ‑ 1,02 ‑ 0,33

Arabiesaoudite,Royaumed’ 364,7 15 2,00 6 5,36

Mexique 349,6 16 1,91 31 0,89

Espagne 308,7 17 1,69 21 1,02

Taipeichinois 308,3 18 1,69 24 0,98

Inde 304,6 19 1,67 45 0,42

Émiratsarabesunis 285,0 20 1,56 17 1,08

Australie 270,4 21 1,48 18 1,08

Brésil 256,0 22 1,40 23 0,99

Suisse 234,4 23 1,28 13 1,46

Thaïlande 228,8 24 1,25 48 0,32

Malaisie 227,0 25 1,24 39 0,64

Indonésie 200,6 26 1,10 20 1,08

Pologne 187,4 27 1,03 34 0,84

Suède 187,2 28 1,03 12 1,52

Autriche 178,0 29 0,97 33 0,86

Républiquetchèque 162,3 30 0,89 ‑ ‑

Norvège 159,3 31 0,87 29 0,91

Turquie 134,9 32 0,74 67 0,14

Iran 131,5 33 0,72 40 0,61

Irlande 126,9 34 0,70 46 0,41

Nigéria 116,0 35 0,64 15 1,28

Qatar 114,3 36 0,63 50 0,28

Danemark 113,3 37 0,62 35 0,82

Hongrie 112,2 38 0,61 44 0,42

Koweït,Étatdu 103,5 39 0,57 25 0,97

VietNam 96,9 40 0,53 124 0,02

Pour mémoire

Unioneuropéennec 6038,60 ‑ 33,08 ‑ 37,06

Commerceintra‑UE 3905,71 ‑ 21,40 ‑ 22,55

Commerceextra‑UE 2132,89 ‑ 11,68 ‑ 14,51

Source:Secrétariatdel’OMC.aL’Allemagnedésignel’Allemagnedel’Ouesten1980.bLaBelgiquedésignelaBelgiqueetleLuxembourgen1980.cL’Unioneuropéennedésignel’UE‑27en2011etl’UE‑15en1980.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

64

TableauB.4:Principaux importateurs de marchandises, 1980-2011 (milliardsde$EUetpourcentage)

2011 1980

Valeur RangPart du

commerce mondial

RangPart du

commerce mondial

Monde 18437,7 ‑ 100,00 ‑ 100,00

États‑Unis 2265,9 1 12,29 1 12,38

Chine 1743,5 2 9,46 22 0,96

Allemagnea 1253,9 3 6,80 2 9,06

Japon 855,0 4 4,64 3 6,81

France 713,9 5 3,87 4 6,50

Royaume‑Uni 637,8 6 3,46 5 5,57

Pays‑Bas 598,7 7 3,25 7 3,76

Italie 557,5 8 3,02 6 4,85

Corée,Républiquede 524,4 9 2,84 20 1,07

HongKong,Chine 510,9 10 2,77 18 1,11

Importationsnonréexportées 130,2 ‑ 0,71 ‑ 0,79

Canada 462,6 11 2,51 10 3,01

Inde 462,6 12 2,51 33 0,72

Belgiqueb 461,4 13 2,50 8 3,46

Espagne 374,2 14 2,03 12 1,64

Singapour 365,8 15 1,98 17 1,16

Importationsnonréexportées 180,2 ‑ 0,98 ‑ 0,83

Mexique 361,1 16 1,96 21 1,07

FédérationdeRussie 323,8 17 1,76 ‑ ‑

Taipeichinois 281,4 18 1,53 23 0,95

Australie 243,7 19 1,32 19 1,08

Turquie 240,8 20 1,31 51 0,38

Brésil 236,9 21 1,28 15 1,20

Thaïlande 228,5 22 1,24 47 0,44

Suisse 208,3 23 1,13 11 1,75

Pologne 207,7 24 1,13 26 0,92

Émiratsarabesunis 205,0 25 1,11 49 0,42

Autriche 191,0 26 1,04 16 1,18

Malaisie 187,7 27 1,02 40 0,52

Indonésie 176,9 28 0,96 39 0,52

Suède 176,0 29 0,95 13 1,61

Républiquetchèque 151,6 30 0,82 ‑ ‑

Arabiesaoudite,Royaumed’ 131,7 31 0,71 14 1,45

AfriqueduSud 121,6 32 0,66 24 0,94

VietNam 106,7 33 0,58 89 0,06

Hongrie 102,6 34 0,56 48 0,44

Danemark 97,8 35 0,53 25 0,93

Norvège 90,9 36 0,49 28 0,82

Finlande 84,1 37 0,46 30 0,75

Ukraine 82,6 38 0,45 ‑ ‑

Portugal 80,3 39 0,44 46 0,45

Républiqueslovaque 77,3 40 0,42 ‑ ‑

Pour mémoire

Unioneuropéennec 6255,6 ‑ 33,93 ‑ 40,82

Commerceintra‑UE 3905,7 ‑ 21,18 ‑ 21,99

Commerceextra‑UE 2349,9 ‑ 12,74 ‑ 18,82

Source:Secrétariatdel’OMC.

aL’Allemagnedésignel’Allemagnedel’Ouesten1980.bLaBelgiquedésignelaBelgiqueetleLuxembourgen1980.cL’Unioneuropéennedésignel’UE‑27en2011etl’UE‑15en1980.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

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TableauB.5:Principaux exportateurs de services commerciaux, 1980-2011 (milliardsde$EUetpourcentage)

2011 1980

Valeur Rang Part Rang Part

Monde 4168,8 ‑ 100,00 ‑ 100,00

États‑Unis 580,9 1 13,93 2 10,38

Royaume‑Uni 273,7 2 6,57 3 9,34

Allemagnea 253,4 3 6,08 4 7,57

Chine 182,4 4 4,38 31 0,55

France 166,6 5 4,00 1 11,48

Japon 142,5 6 3,42 6 5,11

Espagne 140,3 7 3,37 9 3,12

Inde 136,6 8 3,28 25 0,78

Pays‑Bas 133,5 9 3,20 7 4,55

Singapour 128,9 10 3,09 17 1,30

HongKong,Chine 121,4 11 2,91 15 1,60

Irlande 109,4 12 2,62 38 0,36

Italie 105,2 13 2,52 5 5,13

Suisse 94,3 14 2,26 14 1,88

Corée,Républiquede 93,8 15 2,25 18 1,29

Belgiqueb 87,3 16 2,10 8 3,13

Suède 76,0 17 1,82 12 2,01

Canada 74,5 18 1,79 13 1,94

Luxembourg 72,5 19 1,74 ‑ ‑

Danemark 64,8 20 1,55 19 1,28

Autriche 61,2 21 1,47 10 2,35

FédérationdeRussie 53,3 22 1,28 ‑ ‑

Australie 50,9 23 1,22 23 1,00

Taipeichinois 46,0 24 1,10 33 0,53

Norvège 41,9 25 1,00 11 2,32

Source:Secrétariatdel’OMC.

Note:Lesrangsdanslecommercemondialen2011nesontpascomparablesàceuxde1980enraisondenombreuxchangementsdanslesfrontièresnationales.Ilnefaudraitdoncpastirerdesconclusionsfermesdeslégerschangementsdeclassement.

aL’Allemagnedésignel’Allemagnedel’Ouesten1980.bLaBelgiquedésignelaBelgiqueetleLuxembourgen1980.

(ii) Commerce dans les économies développées et les économies en développement et entre elles

Le changement dans la composition du commerce parpaysconcerneaussilevolumedeséchangeseffectuésàl’intérieur des groupes de pays et entre eux. Dans cecontexte, les économies développées sont courammentqualifiéesdeNord,etleséconomiesendéveloppement/émergentesdeSud,lecommerceentrecesdeuxgroupesétantappelécommerceNord‑Sud.

La figure B.8 indique la part du commerce Nord‑Nord,Sud‑Sud et Nord‑Sud dans les exportations de produitsmanufacturés depuis 1990. Les ressources naturellessont exclues, afin d’éviter que les fluctuations des prixdes produits de base ne faussent les parts. Comme lemontre clairement cette figure, la part du commerceNord‑Nord n’a cessé de baisser, passant de 56% en1990 à 36% en 2011. Cette baisse a coïncidé avecl’accroissementducommerceSud‑Sud,quiestpasséde8%à24%pendantcettepériode.LapartducommerceNord‑Sud est restée remarquablement stable depuis2000,auxalentoursde37%.

La part croissante du commerce Sud‑Sud dans lesexportations mondiales peut s’expliquer par plusieursfacteurs,dontl’unestlenombred’ACPrnégociésentreleséconomies en développement. Ces accords représententen fait la majorité des nouveaux ACPr conclus depuis1990 (Rapportsur lecommercemondial,2011).Mêmesicertainsd’entreeuxnesontpaspleinementmisenœuvre,ilfauts’attendreàcequel’ouvertureaccruedeséchangeset la réduction des obstacles au commerce entre leséconomiesendéveloppemententraînentuneaugmentationducommerceSud‑Sud.

UneautreexplicationmoinssimplemaisplusprobanteduschémarévéléparlafigureB.8aàvoiraveclanaturedespréférencesdespays:sileséconomiesendéveloppementontdespréférencesnonhomothétiques(c’est‑à‑direqueles consommateurs désirent une plus grande variété debiens à mesure qu’ils s’enrichissent), elles peuventcommencer à produire et à consommer des quantitéscroissantes de produits similaires à mesure que leurrevenu augmente. Si c’est effectivement le cas, on peuts’attendreàcequeleséconomiesendéveloppementquiconnaissent une croissance rapide commercentdavantagenonseulement lesunesavec lesautres,mais

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

66

aussi avec les économies développées auxquelles ellesressemblentdeplusenplus.Celaexpliqueraitàlafoislapart croissante du commerce Sud‑Sud et la partdéclinanteducommerceNord‑Norddanslesexportationsmondiales de produits manufacturés. Ce résultat peutdépendre beaucoup de la manière dont on définit lesgroupes des pays «développés» et des pays «endéveloppement», car le reclassement des nouvelleséconomies industrialisées d’Asie dans la catégorie despays développés pourrait arrêter instantanément ladiminutionde lapartducommerce«Nord‑Nord»dans lecommercemondial.

(iii) Le commerce mondial est‑il dominé par quelques grands pays ?

Uneautrequestionrelativeauxnouveauxetauxanciensacteurs du commerce mondial est celle de savoir si lecommerce est dominé par un grand nombre de petitspaysouparunpetitnombredegrandspays.Laréponseàcette question a des implications importantes pour lacroyancedespaysdans l’équitédu systèmecommercialinternational, car les petits pays peuvent avoir le

sentimentdenepaspouvoirbénéficierducommerces’ilssontdominésparquelquesgrandspayscommerçants,etviceversa.

Le coefficient de Gini est un indicateur très souventemployé pour mesurer les inégalités de revenu, mais ilpeut aussi servir à mesurer les disparités dans les fluxcommerciaux internationaux. Ilestbasésur lacourbedeLorenz,quipeutdécrirelaconcentrationd’unepopulation,parexemplelapartdespaysdanslecommercemondial.Sur cette courbe, les exportateurs sont classés du pluspetit au plus grand, et leur rang cumulé dans lesexportations mondiales (exprimé en pourcentage) estreprésentégraphiquementenregarddeleurpartcumuléedes exportations mondiales. Les courbes verte et rougedelafigureB.9sontdesexemplesdecourbesdeLorenzpour1980et2011.Lefaitquecesdeuxcourbespassent(presque)par lepoint78,10signifieque78%despaysayant les plus petites valeurs d’exportations nereprésentaient que 10% des exportations mondialespendant les deux périodes. D’un autre point de vue, ilsignifie aussi que 22% des pays ayant les plus fortesvaleurs d’exportations représentaient environ 90% desexportationsmondialesaucoursdesdeuxannées.

TableauB.6:Principaux importateurs de services commerciaux, 1980-2011 (milliardsde$EUetpourcentage)

2011 1980

Valeur Rang Part Rang Part

Monde 3953,0 ‑ 100,00 ‑ 100,00

États‑Unis 395,3 1 10,00 4 7,16

Allemagnea 289,1 2 7,31 1 10,73

Chine 236,5 3 5,98 41 0,51

Royaume‑Uni 170,4 4 4,31 5 6,25

Japon 165,8 5 4,19 2 7,95

France 143,5 6 3,63 3 7,69

Inde 123,7 7 3,13 30 0,72

Pays‑Bas 118,2 8 2,99 6 4,40

Irlande 114,3 9 2,89 47 0,39

Italie 114,0 10 2,88 7 3,89

Singapour 113,8 11 2,88 31 0,72

Canada 99,8 12 2,53 10 2,50

Corée,Républiquede 98,2 13 2,49 27 0,89

Espagne 93,2 14 2,36 17 1,34

FédérationdeRussie 87,9 15 2,22 ‑ ‑

Belgiqueb 84,6 16 2,14 9 3,07

Brésil 73,1 17 1,85 23 1,10

Australie 59,5 18 1,51 14 1,57

Danemark 56,1 19 1,42 28 0,86

HongKong,Chine 55,7 20 1,41 25 1,00

Suède 55,6 21 1,41 11 1,72

Arabiesaoudite,Royaumed' 55,0 22 1,39 8 3,66

Thaïlande 50,9 23 1,29 46 0,40

Émiratsarabesunis 48,8 24 1,23 ‑ ‑

Suisse 46,9 25 1,19 21 1,21

Source:Secrétariatdel’OMC.

Note:Lesrangsdanslecommercemondialen2011nesontpascomparablesàceuxde1980enraisondenombreuxchangementsdanslesfrontièresnationales.Ilnefaudraitdoncpastirerdesconclusionsfermesdeslégerschangementsdeclassement.

aL’Allemagnedésignel’Allemagnedel’Ouesten1980.bLaBelgiquedésignelaBelgiqueetleLuxembourgen1980.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

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II B. Te

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FigureB.8:Parts du commerce « Nord-Nord », « Sud-Sud » et « Nord-Sud » dans les exportations mondiales de marchandises, 1990-2011 (pourcentage)

0%

20%

1990 1995 2000 2005 2008 2009 2010 2011

40%

60%

80%

100%

10%

30%

50%

70%

90%56

33

8

Nord-Nord Nord-Sud Sud-Sud Destinations non précisées

51

35

12

50

36

12

46

37

16

41

37

20

40

37

21

37

38

23

36

38

24

Source:Secrétariatdel’OMC.

Note:LeSudinclutl’Europecentraleetorientaleavant2000,quireprésentait1,6%ducommercemondialen1995.

FigureB.9:Concentration des exportations mondiales de marchandises, 1980-2011 (Partsen%cumulés)

% des exportations mondiales représenté par rapport au % de pays, 1980

% des exportations mondiales représenté par rapport au % de pays, 2011

% des exportations mondiales représenté par rapport au % de la population mondiale, 1980

% des exportations mondiales représenté par rapport au % de la population mondiale, 2011

0

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

10

% d

es e

xpor

tatio

ns m

ondi

ales

de

mar

chan

dise

s

% de pays, % de la population mondiale

20

40

60

70

80

90

100

30

50

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMC.

Lalignediagonalereprésenteunedistributionégaledesexportations entre les pays telle que, si la courbe deLorenzétaitsurcetteligne,40%despaysexportateursassureraient 40% des exportations, 75% desexportateursassureraient75%desexportations,etainsidesuite.Pourquecelasoitlecas,ilfaudraitquechaquepays exporte exactement la même quantité, ce qui estévidemment irréaliste. L’autre extrême, qui serait qu’unseulpaysexportelatotalitédesmarchandisesdumonde,est toutaussi invraisemblable.Toutefois,unecourbedeLorenz plus proche de la diagonale représenterait unedistribution plus égale des exportations entre les pays.LecoefficientdeGiniestdéfinicomme lazoneentre lacourbe de Lorenz et la diagonale divisée par la zonetotalesous ladiagonale,desortequ’uncoefficientde0indiquerait une distribution égale des exportations(c’est‑à‑dire que tous les pays exporteraient la mêmequantité), alors qu’un coefficient de 1 indiquerait uneinégalitéparfaite(c’est‑à‑direunseulexportateur).

Les coefficients de Gini de 0,83 pour 1980 et de 0,82pour 2011 dérivés de la figure B.9 indiquent que lecommerce est distribué de façon très inégale et quecette inégalité n’a guère changé en plus de 30 ans.Toutefois, une image différente se dégage si l’onreprésente les parts cumulées des pays dans lapopulationmondiale(classéesdelapluspetiteà laplusgrande) en regard de leur part du commerce mondial.Danscecas, lescourbesdeconcentrationvontau‑delàde la diagonale. En principe, une telle courbe pourraitmême traverser la diagonale, ce qui rendraitl’interprétationdifficile.Celatendàmontrerquelespaysfaiblement peuplés assurent une part disproportionnéedesexportationsmondiales,alorsquelacontributiondesgrands pays au commerce mondial est inférieure à leurpart de la population mondiale. Le fait que la courbepopulation‑exportations se rapproche de la diagonaleentre1980et2011indiquequelesgrandspaystelsque

l’Inde et la Chine n’exportaient pas beaucoup vers lerestedumondeen1980maisexportaientbeaucoupplusen2011.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

68

La comparaison de ces courbes et des coefficients deGinipour1980et2011estcompliquéeparlefaitquelenombre de pays commerçants a augmenté au cours dutempsen raisonde l’éclatementdeplusieurspaysetduregroupement d’autres pays après la fin de la guerrefroide. Comme le fait observer Krugman, «il est utile depenser le commerce mondial en imaginant qu’il estpossibled’avoirunegéographiedonnéedelaproductionetdes transportsmondiauxetde tracersur lacartedeslignes arbitraires appelées frontières nationales sansmodifier la géographie économique sous‑jacente»(Krugman, 1995). D’ailleurs, Cuaresma et Roser (2012)constatent qu’environ 1% du commerce mesuréaujourd’huiestdûsimplementauxchangementsdanslesfrontièresnationalessurvenusdepuislaSecondeGuerremondiale; autrement dit, cette part des échangesconsidéréeaujourd’huicomme«internationale»auraitétéconsidérée comme «intérieure» sur une carte de 1946.Danslemêmeordred’idées,Llano‑Verduraset al.(2011)montrent que le fait que les pays ont plus d’échangesintérieursqued’échangesavecd’autrespartenaires(effetde frontière) diminue sensiblement quand on tientconvenablement compte du caractère artificiel desagrégatsgéographiques.

Leproblèmede lamodificationdesfrontièresnationalesestprisencomptedanslafigureB.9parl’utilisationd’ungroupedepayscomparablespourlesdeuxpériodes.Lespays qui ont éclaté entre 1980 et 2011 (par exemple,l’ex‑Union soviétique) ont été reconstruits dans laseconde période en prenant la somme des fluxcommerciaux des pays successeurs et en soustrayantleurséchangesinternesentreeux.Enrevanche,lespaysqui se sont réunis (comme l’Allemagne de l’Est etl’Allemagnedel’Ouest)ontétéreconstruitsenagrégeantleursfluxcommerciauxetensoustrayantleurséchangesentreeuxdanslapremièrepériode.Decettemanière,onpeut être relativement certain que les éventuellesvariations des chiffres ne sont pas simplement dues aureclassement de certains flux commerciaux commeinternationauxplutôtqu’intérieurs(ouviceversa).

(b) Lacompositionducommercea‑t‑ellechangé?

Tout comme l’importance relative des pays dans lecommerceinternational,lacompositiondeséchangesdebiens et de services a changé au fil du temps. Cettesous‑section examine l’évolution de la composition ducommerce, y compris la ventilation par produit ducommerce des marchandises et l’importance relativedu commerce des services commerciaux par rapport àceluidesmarchandisesaucoursdesdernièresdécennies.

(i) Évolution du commerce par grandes catégories de produits

Pendant de nombreuses années, la part des produitsmanufacturés dans le commerce mondial desmarchandises a augmenté de façon inexorable. Commeonl’adéjàindiquéàproposdelafigureB.3, lesproduitsmanufacturésreprésentaientjuste40%ducommerceen1900,maisleurpartaatteint70%en1990,puis75%en2000, avantde revenir à65%en2011.En revanche, lapartdesproduitsagricolesdans lecommercemondialadiminuédefaçonrégulière,passantde57%audébutdusiècle dernier à 12% en 1990, et finalement à 9% en2011. La progression des produits manufacturés n’a étéfreinéequeparlahaussedesprixdesproduitsprimaires,qui a eu tendance, au cours des dernières années, àgonfler lapartdescombustiblesetdesproduitsminiersaux dépens des produits manufacturés. Contrairementaux produits agricoles et aux produits manufacturés, lapart des combustibles et des produits miniers dans lecommerce mondial n’a pas affiché de tendance clairedurantlapériodequiasuivilaSecondeGuerremondiale,carelleaugmenteetdiminueaveclesprixdupétrole(voirl’encadréB.2).

Parmi les sous‑catégories de produits manufacturés,seuls les produits chimiques et le matériel de bureau etde télécommunication ont vu leur part du commerce

EncadréB.2: Tendances des prix mondiaux des produits primaires

Lesfluctuationsdesprixdesproduitsdebasedans le tempspeuventavoir des incidences importantessur lesrecettesd’exportationdespaysendéveloppementainsiquesurleursécuritéalimentaireetleuraccèsauxintrantsindustriels.D’aprèslabasededonnéesstatistiquesduFMIsur lesproduitsprimaires(www.imf.org/external/np/res/commod/index.aspx,10janvier2013),lesprixmondiauxdesproduitsalimentairesontplusquedoubléentrejanvier 2000 et décembre 2012, enregistrant une hausse de 214%. Comparativement, les prix des matièrespremièresagricolesn’ontaugmentéquede40%pendantcettepériode.Lesprixdesproduitsalimentairesontétécaractérisés par des flambées occasionnelles et des alternances de hausse et de baisse. Ainsi, entre juin etdécembre2008,ilsontchutéde32%,alorsqu’ilsontaugmentéde37%entrefévrier2010etfévrier2011.Desfluctuations encore plus extrêmes peuvent être observées dans le cas des produits miniers, dont les prix ontenregistréunehaussede293%entrejanvier2000etdécembre2012,etdescombustibles,dontlesprixontfaitunbondde396%pendant lamêmepériode.Lesprixdesproduitsmanufacturésn’ontaugmentéqued’environ20%pendantcettepériode.

Les prix des produits primaires ont eu tendance à augmenter depuis l’année 2000 environ, mais avant cela,ilsavaientenregistréunebaisseàlongtermedanslesannées1980et1990.Entrejanvier1980etjanvier1999,lesprixdesmétauxetdescombustiblesontbaissérespectivementde41%et71%.

Pourunexamenplusapprofondidesincidencesdesprixdesproduitsdebasesurlasécuritéalimentairedanslespaysendéveloppement,voirlasectionE.2.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

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mondial progresser entre 1990 et 2011 (voir la figureB.10). La plupart des autres produits, y compris lesproduits de l’industrie l’automobile, les textiles et lesvêtements,ontvu leurpartdiminuer,maiscelleduferetdel’acierestrestéeinchangée.

La part des produits dans le commerce mondial peutdonner une image trompeuse de la contribution desdifférentes catégories de produits à la croissance ducommercemondialcarellessontfortementinfluencéesparlesfluctuationsdesprixdesproduitsdebaseetdes tauxdechange.Ilestdoncjudicieuxdeconsidérerlesdonnéesd’unautrepointdevuequitientcomptedel’effetdesprix.C’est ce qui est fait dans la figure B.11, qui indique lesindicesduvolumeducommercemondialdesmarchandisespargrandecatégoriedeproduitsdepuis1980.Cesindicessont tirés des indices du volume des exportations et desimportations des différents pays, qui sont eux‑mêmes

calculésendivisantlacroissancedesvaleursnominalesducommerce par les variations des prix à l’exportation et àl’importation(voirleRapport sur le commerce mondial 2012 de l’OMC pour des notes détaillées sur la méthodologie).Cela donne une estimation globale fiable des quantitésphysiques«réelles»deproduitséchangéesdansletemps.

Seloncettemesure,levolumedesexportationsmondialesaplusquequadrupléentre1980et2011,principalementenraisondel’accroissementdesexpéditionsdeproduitsmanufacturés,quiontétémultipliésparprèsde6depuis1980, alors que les produits agricoles n’ont augmentéque de 2,6 fois et les combustibles de 2,1 fois. Leprincipal inconvénient de ces indices de volume estqu’aucune ventilation détaillée par produit n’est possibleau‑delà des trois grandes catégories que sont lesproduits agricoles, les combustibles et les produitsminiersetlesproduitsmanufacturés.

FigureB.10:Composition des exportations mondiales de marchandises par produit, 1990-2011 (pourcentage)

1990

Autres,29%

Produits de l'industrie automobile,

10%

Textiles, 3%

Vêtements,3%

Produits agricoles, 12%

Combustibles et produits miniers, 14%

Matériel de bureau et de télécommunication, 9%

Fer et acier, 3%

Produits chimiques, 9%

Autres produits semi-finis, 8%

2011Autres, 15%

Produits de l'industrie automobile, 7%

Machines industrielles,

12%

Vêtements,2%

Produits agricoles, 9%

Combustibles et produits miniers, 23%

Matériel de bureau et de télécommunication, 10%

Fer et acier, 3%

Produits chimiques, 11%

Autres produits semi-finis, 6%

Textiles,2%

Source:Secrétariatdel’OMC.

FigureB.11:Volume des exportations mondiales de marchandises par grande catégorie de produits, 1980-2011 (indice1980=100)

Produits manufacturés Total des marchandisesa Produits agricoles Combustibles et produits miniers

0

100

19

80

19

81

19

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19

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20

01

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03

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05

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20

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200

300

400

500

600

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19

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19

90

19

92

19

94

20

10

aYcomprislesproduitsnonspécifiés.Source:Secrétariatdel’OMC.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

70

(ii) Création de produits nouveaux et destruction des produits anciens

Les statistiques du commerce des marchandises nereflètent pas toujours de façon exacte la compositionactuelle du commerce par produit, car de nouveauxproduitssontconstammentcrééstandisque lesanciensdeviennent obsolètes. Les statisticiens des organismesgouvernementaux et des organisations internationaless’efforcent de suivre cette évolution en actualisantrégulièrement lesclassificationsstatistiques relativesaucommerceinternational,habituellementtouslescinqans.L’Organisation mondiale des douanes est chargée detenir à jour la classification la plus largement utilisée, leSystèmeharmonisé (SH).Lorsd’une révision,descodesdu SH peuvent être ajoutés pour tenir compte ducommercedeproduitsnouveauxoumodifiés,oupeuventêtre supprimés lorsque le commerce d’un produitparticulieresttombéàunniveautrèsbasdepuisplusieursannées.Quanddescodessontretirésdelaclassification,le commerce du produit concerné est attribué à une ouplusieurs autres sous‑positions, ce qui peut modifier laportéedescodesexistantsduSH.

Le tableau B.7 montre les modifications apportées à laclassification du SH entre les révisions de 1992 et de2007. De nouvelles sous‑positions ont été ajoutéespendant cette période pour prendre en compte lecommerce des espèces menacées d’extinction et aussipour suivre les produits visés par des accordsinternationaux (comme les toxines environnementalespersistantes contrôlées au titre de la Convention de

Stockholm). Ainsi, la sous‑position 021090, quicorrespondaitaux«viandesetabatscomestibles»danslaclassification du SH1992, a été remplacée dans leSH2007 par les codes 021091 («Viandes et abatscomestibles de primates»), 021092 («Viande et abatscomestibles de baleines, dauphins et marsouins, etc.»),021093 («Viande et abats comestibles de reptiles (ycompris lesserpentset lestortuesdemer)»)et021099(«Viandeetabatscomestiblesnondénommésailleurs»).De nouveaux codes plus détaillés ont également étéajoutéspourdiversesespècesdepoissons,parexemplele saumon, le thon, l’espadon, etc., ainsi que pour denombreuses variétés de plantes. Des changementsimportantsontégalementétéintroduitsdanslespositionsrelatives aux technologies pour les ordinateurs, lematérield’impression,etc.

Ilsepeut,danscertainscas,quelapartd’unproduitdansle commerce mondial diminue fortement sans que soncodesoitsupprimé.Celaaétélecasentre1996et2011pouruncertainnombredesubstancescontrôlées tellesqueletétrachloruredecarbone,dontlademandeachutécarc’estunprécurseurchimiquedeschlorofluorocarbones(CFC),quiappauvrissentlacouched’ozone.

Les magnétoscopes à bande magnétique, dont la partdans le commerce mondial est tombée de 0,251% en1996 à 0,002% en 2011, soit une baisse de 99%, ontconservéleursous‑positionàsixchiffresduSH,aumoinsjusqu’à la version de 2007. Toutefois, des produitsobsolètes comme ceux‑ci seront finalement supprimés,peut‑êtredanslaclassificationduSH2012.

TableauB.7:Produits nouveaux et anciens dans le commerce international

Produits supprimés en raison du faible volume d’échanges entre le SH1992 et le SH2007

Crins(050300),épongesnaturelles(050900),amiante(252400),carbonatedeplomb(283670),pelliculesàdéveloppementettirageinstantanés (370220), pellicules photographiques en rouleaux (370292), peaux d’équidés (410140), ouvrages en boyaux (420610),pelleteriesbrutesdecastors(430140),pelleteriesbrutesdephoques(430170),papierscarbone(480910et481610),cartesperforéespourmachinesàcartesperforées(482330),nœudspapillons(611720),coiffuresenpelleteriesnaturelles(650692),articlescontenantde l’amiante (nombreusessouspositionsdespositions6811et6812), tuyauxenplomb (780500),machinesàcomposerparprocédéphotographique(844210),plusieursproduitsliésàl’impressiondelaposition8443,navettespourmétiersàtisser(844841),machinesàécrireetmachinesdetraitementdetexte(plusieurssous‑positionsde laposition8469),électrophonespourdisquesvinyle(plusieursproduitsdelaposition8519),magnétophones/lecteursàcassettes(plusieurslignesdelaposition8520),bandesmagnétiques(852311‑13),fume‑cigareetfume‑cigarette(961490).

Produits maintenus malgré la diminution de leur part dans le commerce mondial entre le SH1992 et le SH2007

Sardines(0302610),squales(030265),anguilles(030266),escargots(030760),opium(130211),huiledecoton(151221),carbonatedebaryumnaturel(251120),déchetsd’huilescontenantdesdiphénylespolychlorés(PCB)(271091),monoxydedeplomb(282410),eaulourde(oxydededeutérium)(284510),tétrachloruredecarbone(290314),hexachlorobenzèneetDDT(290362),nombreuxproduitsserapportantauxfilmset papiersphotographiquesdespositions3702à3705, préparationsantidétonantesàbasede composésduplomb (381111),pelleteriesbrutesderenards(430160),dictionnairesetencyclopédies(490191),vaisselleargentée(821591),appareilsd’enregistrementvidéophoniquesàbandesmagnétiques(852110),appareilsphotographiquespourpellicules(900640et90065159).

Ajouts à la classification du SH représentant des produits nouveaux, en progression ou réglementés dans le commerce mondial

Primatesvivants(010611),baleines/dauphinsvivants(010612), reptilesvivants(010620),oiseauxdeproievivants(010631),ventilationsdétailléespourdenombreuxproduitsdelapêchedespositions0303et0304,ventilationsdétailléespourlesfleurscoupéesdelaposition0603, feuille de coca (121130), supports à semi‑conducteur, y compris les «cartes intelligentes» (852351 59), fils dentaires (330620),pâtesdefibresobtenuesàpartirdepapieroudecartonrecyclés(470620),climatiseurspourvoitureautomobile(841520),diverscodesserapportantauximprimantesdelaposition8443,ordinateursportables(847130),robotsindustriels(847950),machinesetappareilspourlafabricationdedispositifsàsemi‑conducteuroudescircuitsintégrésélectroniques(848620),machinesetappareilspourlafabricationdedispositifsd’affichageàécranplat(848630),groupesélectrogènesàénergieéolienne(850231),postestéléphoniquesd’usagersparfilàcombinéssansfil(851711),téléphonespourréseauxcellulaires(851712),coussinsgonflablesdesécurité(airbags)(870895).

Autres produits dont la part dans le commerce mondial a fortement augmenté entre le SH1992 et le SH2007

Connecteurspourfibresoptiques(853670),tubesdevisualisationdesdonnéesfigures,encouleurs(854040),autresdispositifsàcristauxliquides(901380),anthracite (270111)etautreshouilles,gaznaturel liquéfié(271111),métauxde terres rares (280530),éthylèneglycol(290531),monturespourparapluies(660310),machinesàlaverlelinge(845020).

Source:BasededonnéesComtradedel’ONU.

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Lesappareilsphotographiquesargentiques,ycomprislesappareilsinstantanésetlesappareils35mm(900640et900651‑59) ont également vu leur part du commercemondial s’effondrer de 0,105% en 1996 à 0,002% en2011. Des baisses analogues ont eu lieu pour d’autresproduits liés à la photographie argentique, tels que lesprojecteurs de diapositives (900810), les agrandisseursphotographiques (900840) et les appareils et matérielpour le développement automatique des pelliculesphotographiques(901010).

Auniveaudesproduits, lacroissanceducommercepeutêtreattribuéeàdeschangementsdanslamargeintensive(c’est‑à‑dire plus ou moins de commerce dans lescatégories de produits existantes) ou dans la margeextensive (c’est‑à‑dire plus ou moins de commerce denouveaux produits ou disparition d’anciens produits). LafigureB.12 représente lacontributiondecesmargesaucommerce mondial des produits manufacturés entre1991et2011.Lesmargesextensiveetintensivepeuventêtredéfiniesdedifférentesmanièresmais,auxfinsdelaprésente section, nous considérons que la margeintensive est le commerce des produits qui existaientdanslesrévisions3et4delaClassificationtypepourlecommerce international (CTCI) et dont la part dans lecommerce mondial n’a ni augmenté fortement (+100%ouplus)nifortementdiminué(‑75%ouplus)entre1991et2011.Touslesautreschangementssontattribuésàlamarge extensive. Il est à noter que seuls les produitsmanufacturés sont pris en compte dans la figure B.12,afind’éviterleproblèmedeladiminutiondespartsdueàlahaussedesprixdesproduitsdebase.

La figure montre clairement que la croissance ducommerce mondial des produits manufacturés au coursdesdernièresdécenniesaétédue,pour l’essentiel, à lamarge intensive du commerce (76%), mais le fait queprès du quart (24%) de l’augmentation pendant cettepériode était due à la marge extensive est néanmoinssignificatif.Iln’estmalheureusementpaspossiblededireexactement quels nouveaux produits ont contribué àcette croissance et dans quelle proportion, car bonnombre d’entre eux ne sont pas encore inclus dans lesclassifications statistiques. Cette situation pourraits’améliorer en 2013 quand de nombreux payscommenceront à communiquer des données selon lanouvelle version 2012 du Système harmonisé. Lesmargesextensiveetintensivepeuventaussiêtredéfiniesentermesd’entreprisesentrantsurdenouveauxmarchésetproduisantdenouveauxproduits.Pouruneanalysedecesétudes,voirlasectionB.2(f).

(iii) Commerce intrasectoriel

La théorie néoclassique du commerce, présentée dans lasectionB.2(c),estutilepourexpliquerdenombreuxaspectsdu commerce international, mais elle ne tient pas comptede plusieurs phénomènes importants, notamment ducommerce à l’intérieur d’un même secteur (commerceintrasectoriel). Par exemple, le fait que l’Allemagne et leJaponexportenttousdeuxdesautomobilesl’unversl’autreestdifficileàprendreencomptedansuncadre théoriqueoù l’avantage comparatif conduit à un haut niveau despécialisation.Lesmodèlesdeconcurrencemonopolistique,

notamment celui de Krugman (1979), sont intéressantsparce qu’ils conduisent naturellement au commerceintrasectoriel, c’est‑à‑direquedespairesdepayspeuventexporteretimporterlesmêmestypesdeproduits.

Les hypothèses fondamentales de Krugman sont lesrendements d’échelle croissants liés à la technologie etles préférences liées au «goût pour la variété».19 Lesrendements d’échelle croissants20 sont modélisés parl’introduction d’un coût de production fixe: quand uneentreprise accroît sa production totale, même enmaintenant constant le coût unitaire, le coût fixe estrépartisurunplusgrandnombred’unités,desortequelecoûtmoyenbaisse.Danscecontexte,laconcentrationdela production est efficiente. Cela contraste avecl’existence de nombreux producteurs dans un secteur.Pour concilier ces deux éléments divergents, Krugmanposel’hypothèsed’uneconcurrencemonopolistiqueentreles entreprises. Autrement dit, les producteurs vendentdesproduitslégèrementdifférenciés–demarquesoudequalitédifférentes–,maisquinesontpasdessubstitutsparfaits.Parconséquent,alorsquechaqueentrepriseestsupposéeavoirunmonopolepoursaproprevariété,elleest quand même soumise à la concurrence des autresentreprises: elle vendra une quantité moindre de savariétésilenombred’autresvariétésvenduesaugmente.D’aprèslemodèledeKrugman,lespayspeuventtirerungain du commerce en ayant accès à une plus grandevariétédebienseten réalisantdeséconomiesd’échelledanslaproduction.Seloncetteapproche,lesentreprisessespécialisentdanscertainesvariétésdebiens,maisonpeut aussi appliquer le modèle au commerce duXXIe siècle, dans lequel les entreprises peuvent aucontrairechoisirdesespécialiserdanscertainestâches.

Une mesure courante du volume du commerceintrasectoriel qui a lieu entre les pays est l’indice deGrubel‑Lloyd (GL), qui est défini comme suit pour unproduitdonnéi:

GLi=1‑(|exportationsi–importationsi|/(exportationsi+importationsi))

FigureB.12:Contribution des marges intensive et extensive à la croissance du commerce mondial des produits manufacturés, 1991-2011 (pourcentage)

0%

20%

24

Marge intensive Marge extensive

40%

60%

80% 76

100%

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMCsurlabasedesdonnéesdesdéclarantsdisponiblesdanslabasededonnéesComtradedel’ONU.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

72

Siunpaysn’exporteoun’importequeleproduiti,l’indiceGL pour ce secteur est égal à zéro. En revanche, si unpays importe exactement autant du produit i qu’il enexporte,l’indiceGLpourcesecteurestégalà1.

Dans le tableauB.8, les indicesdeGrubel‑Lloydontétécalculés pour tous les codes à quatre chiffres de laClassificationtypepourlecommerceinternational(CTCI)pour tous les déclarants disponibles dans la base dedonnées Comtrade de l’ONU, pour le monde, leséconomies développées et les économies endéveloppement, en 1996 et 2011. La moyennearithmétique a servi à calculer une moyenne simple desindicesGLpourchaquepaysetchaquepartenaire,cequidevraitsuffirepourindiquerdansquelspayslecommerceintrasectoriel est plus ou moins important. Les pays ontensuite été classés par ordre descendant selon leurindiceGLglobalen2011.

Lesprincipauxenseignementsdece tableausontque lecommerceintrasectorielatendanceàêtreplusimportantdans les économies développées industrialisées(États‑Unis, Union européenne, Canada, Suisse) et dansles économies en développement qui s’industrialisentrapidement (Hong Kong, Chine; Singapour; Malaisie etThaïlande) alors qu’il est relativement limité dans leséconomies en développement riches en ressources(Algérie, Nigéria, République bolivarienne du Venezuela)et dans les PMA (République centrafricaine, Niger etMadagascar).LesindicesGLmoyensn’ontguèrechangéentre 1996 et 2011, les principales exceptions étant lePanamaetl’Égypte.Leséconomiesdéveloppées,commeles États‑Unis et l’Union européenne, ont plus decommerce intrasectoriel avec d’autres économiesdéveloppées,tandisqueleséconomiesendéveloppement,commelaMalaisieetlaThaïlande,ontplusdecommerceintrasectorielavecd’autrespaysendéveloppement.

Bien que la Chine et la République de Corée soientqualifiéesd’économiesendéveloppement, leurstructureest en réalité plus semblable à celle des économiesdéveloppées, car elles ont réussi à s’industrialiser, alorsque de nombreuses économies en développement pluspauvresetrichesenressourcesn’ontpasréussiàlefaire.Le Japon est aussi un peu atypique dans ces tableaux,car son indice GL moyen est assez faible par rapport àceux des autres économies développées et il a plus decommerce intrasectoriel avec des économies endéveloppement.Son indiceGLglobalpeuélevépourraitêtredûaufaitqu’ilapeuderessourcesnaturellesetdoitimporter laplupartdesesmatièrespremières.Leniveaurelativement élevé du commerce intrasectoriel du paysavec des économies en développement pourraits’expliquer par sa proximité géographique avec leséconomiesendéveloppementd’Asieetparlefaitquebonnombre de ces économies apparemment endéveloppementsontenfaitindustrialisées.

Commeon l’adéjànotédans lasectionB.2(a), lanaturedes préférences des pays peut expliquer pourquoi deséconomies similaires font souvent plus de commerceentre elles, ce qui vaut aussi pour le commerceintrasectoriel. Les modèles d’échanges simples

supposent généralement que les pays ont despréférenceshomothétiques,cequisignifieque lespartsdebudgetresterontconstantesquelquesoit leurniveaude revenu. Si l’on assouplit cette hypothèse, les paysayant des revenus similaires auront tendance àconsommer et à produire des types de biens similaires.Linder (1961), par exemple, montre que les entreprisesqui produisentdansunpays riche situéàproximitéd’ungrandmarchéconsommateurdeproduitsdehautequalité(ou de luxe) ont un avantage comparatif dans laproduction de ces produits. En outre, les entreprisesexportatrices trouvent des marchés plus vastes pourleursproduitsdequalitédanslesautrespaysriches.

Fieler (2011) montre également pourquoi les payspauvres, même s’ils ont un niveau de revenu analogue,commercent beaucoup moins les uns avec les autresqu’avec les pays riches. Son modèle indique que lesvolumes d’échanges entre pays similaires dépendent dudegré de différenciation des produits. Les pays dont laproductivité globale est faible ont des salaires bas etproduisent des biens moins différenciés. Les paystechnologiquement avancés ont des salaires élevés etproduisentdesbiensdontlatechnologievariedavantaged’un pays à l’autre. Dans ce contexte, les pays richescommercent beaucoup entre eux parce que les biensayant une forte élasticité‑revenu sont plus différenciés,alorsque lespayspauvrescommercententreeuxparceque les biens ayant une faible élasticité‑revenu sontmoinsdifférenciés.

(iv) Commerce des services commerciaux

Commeonl’amontrédanslasectionB.1,lesprogrèsdestechnologies de l’information et la baisse des coûts detransport ont permis aux entreprises de fractionner lesprocessus de fabrication en une série de tâches quipeuvent être exécutées dans des lieux différents enfonction de l’avantage comparatif. Ce fractionnementconcerneaussilesservicescommerciaux,dontbeaucoup(transport, services financiers) sont étroitement liés aucommerce des marchandises. Il ne faut donc pass’étonnerquelecommercedesservicescommerciauxaitaugmenté au même rythme que le commerce desmarchandisesaucoursdes20dernièresannées.

LafigureB.13représente lesexportationsmondialesdeservicescommerciauxdepuis1980,endollarsetenpartdes exportations mondiales de biens et de services. Lecommerce des services a augmenté plus vite que lecommerce des marchandises dans les années 1980 et1990, mais cette progression s’est ralentie dans lesannées2000,aupointquesontauxdecroissancemoyenest devenu inférieur à celui du commerce desmarchandises. En outre, le commerce des services estbeaucoup moins volatil que le commerce desmarchandises depuis la crise financière mondiale de2008‑2009.Enconséquence, lapart des servicesdansletotalestrestéeplusoumoinsconstantedepuis1990.On pense souvent que le commerce des servicescommerciauxaugmenteencoreplusvitequelecommercedesmarchandises,maiscegraphiquenous rappellequecen’estpasnécessairementlecas.

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TableauB.8:Indices moyens de Grubel-Lloyd pour l’ensemble des secteurs, pour certaines économies, 1996-2011 (indice:0‑1)

1996 2011

Mondeéconomies

développéeséconomies en

développementMonde

économies développées

économies en développement

HongKong,Chine 0,70 0,29 0,65 0,66 0,30 0,61

Singapour 0,65 0,31 0,60 0,65 0,38 0,59

États‑Unis 0,61 0,65 0,47 0,62 0,68 0,51

Unioneuropéenne(27) ‑ ‑ ‑ 0,60 0,63 0,51

Malaisie 0,43 0,28 0,51 0,55 0,37 0,58

Canada 0,57 0,59 0,36 0,53 0,58 0,34

Suisse 0,51 0,52 0,31 0,49 0,49 0,37

Thaïlande 0,36 0,26 0,44 0,49 0,38 0,53

Mexique 0,50 0,47 0,42 0,49 0,46 0,38

Corée,Républiquede 0,42 0,35 0,35 0,48 0,43 0,42

Taipeichinois 0,44 0,34 0,38 0,48 0,40 0,48

Inde 0,34 0,30 0,34 0,44 0,39 0,43

Ukraine 0,43 0,30 0,44 0,43 0,27 0,44

AfriqueduSuda 0,41 0,31 0,44 0,41 0,30 0,44

Brésil 0,43 0,32 0,43 0,41 0,33 0,43

Chine 0,39 0,33 0,40 0,40 0,38 0,36

Panama 0,12 0,08 0,13 0,39 0,12 0,47

Turquie 0,32 0,27 0,36 0,39 0,36 0,41

Japon 0,35 0,34 0,32 0,39 0,36 0,39

Indonésie 0,29 0,23 0,33 0,38 0,30 0,40

Nouvelle‑Zélande 0,35 0,34 0,32 0,37 0,40 0,31

Norvège 0,38 0,37 0,28 0,33 0,33 0,29

Argentine 0,36 0,21 0,43 0,32 0,19 0,39

Tunisie 0,26 0,18 0,36 0,32 0,26 0,32

CostaRica 0,26 0,14 0,31 0,32 0,18 0,34

Guatemala 0,29 0,12 0,38 0,31 0,11 0,39

Philippines 0,27 0,23 0,29 0,31 0,28 0,29

Colombie 0,29 0,16 0,39 0,31 0,18 0,36

Australie 0,39 0,38 0,39 0,30 0,34 0,31

Égypte 0,17 0,12 0,19 0,28 0,20 0,33

Chili 0,24 0,14 0,31 0,27 0,14 0,32

FédérationdeRussie 0,38 0,26 0,47 0,26 0,20 0,33

Pérou 0,18 0,13 0,21 0,26 0,16 0,29

Ouganda 0,12 0,04 0,13 0,24 0,09 0,26

Pakistan 0,14 0,09 0,16 0,24 0,16 0,27

Sénégal 0,11 0,06 0,20 0,21 0,10 0,26

Kirghizistan 0,34 0,07 0,36 0,20 0,06 0,23

Côted'Ivoire 0,22 0,09 0,32 0,19 0,08 0,22

Bahreïn,Royaumede 0,17 0,05 0,28 0,19 0,05 0,24

Ghana 0,11 0,06 0,19 0,19 0,11 0,18

Équateur 0,19 0,11 0,24 0,18 0,10 0,21

Zambie 0,18 0,08 0,18 0,17 0,04 0,18

Albanie 0,15 0,14 0,11 0,17 0,16 0,14

Madagascar 0,12 0,11 0,11 0,17 0,15 0,16

Kazakhstan 0,32 0,09 0,37 0,15 0,06 0,17

Nigéria 0,09 0,09 0,08 0,14 0,11 0,13

Azerbaïdjan 0,20 0,05 0,19 0,14 0,04 0,15

Islande 0,08 0,07 0,09 0,13 0,13 0,14

Nicaragua 0,14 0,07 0,15 0,12 0,09 0,16

Paraguay 0,12 0,05 0,13 0,12 0,06 0,13

Bolivie,ÉtatPlurinationalde 0,13 0,07 0,17 0,12 0,09 0,11

Niger 0,16 0,02 0,18 0,08 0,06 0,10

Venezuela,Rép.bolivariennedu 0,26 0,16 0,36 0,08 0,05 0,09

Algérie 0,08 0,06 0,12 0,05 0,04 0,04

Rép.centrafricaine 0,08 0,04 0,06 0,02 0,03 0,04

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMCsurlabasedesdonnéesdesdéclarantsdisponiblesdanslabasededonnéesComtradedel’ONU.

Note:Lesmoyennessontcalculéespourl’ensembledesproduitsdelaCTCIRev.3auniveauàtroischiffres.aL’AfriqueduSuddésignel’Uniondouanièred’Afriqueaustraleen1996.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

74

Lorsquelesfluxcommerciauxinternationauxsontmesurésen valeur ajoutée plutôt qu’en termes bruts, les servicessemblentjouerunplusgrandrôledanslecommercemondial(voir la sectionB.2(e))pourplusde renseignementssur lecommerce en valeur ajoutée). La couverture des donnéesrelatives aux services commerciaux n’est pasparticulièrement bonne (voir la section B.2(a)), et il peut yavoirdeschevauchementsimportantsentrececommerceetl’investissement étranger direct (IED) ainsi qu’avec ladélocalisationdesactivitésdesentreprises.

(c) Lespayssont‑ilsdevenusplusoumoinsspécialisés?

L’une des raisons pour lesquelles les pays font ducommerce est qu’ils ont des avantages comparatifs21différentsdanslaproductionetque,decefaitilspeuventtirerprofitdelaspécialisation.L’avantagecomparatif,quipeutêtredéfinicommelacapacitéd’unpaysdeproduireun bien ou un service particulier à un coût relativementplusfaiblequ’unautrepays(Deardoff,1998),découlededeuxsources: lesdifférencesdans la technologieet lesdifférencesdedotationenfacteurs.

Le modèle ricardien explique la structure des échangesen mettant l’accent sur la technologie. Dans un modèleoù le travail est le seul facteur de production, lesdifférencesdanslatechnologiesontreprésentéesparlesdifférences de productivité du travail. Dans un mondesimplifiéoùilyadeuxpaysetdeuxbiens,Ricardomontreque, même quand l’un des deux pays a un avantageabsolu dans la production des deux biens, c’est‑à‑direqu’ilpeutproduireuneplusgrandquantitédesdeuxbiensavec une seule unité de travail, le commerce peut êtremutuellementavantageuxsilesdeuxpayssespécialisentdans les biens pour lesquels le coût d’opportunité estplus faible (et l’avantage comparatif plus grand), parrapportauxautrespays.22

La théorie de Heckscher‑Ohlin (HO) est centrée sur lesdifférences entre les pays en matière de dotation en

facteurs de production tels que le travail et le capital.Étant donné les différentes intensités de facteurs selonlessecteurs,leprixdufacteurutilisédemanièreintensivedans un secteur donné, dans un pays où ce facteur estabondantseramoinsélevéquedans lesautrespays;cepaysdevraitdoncavoiruncoûtd’opportunitéplus faibledans ce secteur et, dans une économie ouverte, il sespécialiseraenconséquence.23

Dans ce cadre néoclassique, quel que soit le motif ducommerce, lespayssespécialiserontdans laproductionet l’exportation de certains biens en fonction de leuravantage comparatif. Toutefois, les progrès destélécommunicationsetdestechnologiesdel’information,conjuguésàuneintégrationéconomiqueplusétroiteetàuneplusgrandeouverturedeséchanges,ontpermisunediffusion plus large des technologies et ont accru lamobilitéet l’accumulationdes facteursdeproductionaucours du temps. Cela pose la question de savoir si, enconséquence,lespayspeuventdevenirmoinsspécialisésdans l’exportation de certains produits, et donc seressemblerdavantageentermesdecompositiondeleursexportations. Dans cette sous‑section, nous allonsexaminer l’évolution de deux mesures différentes de laspécialisation internationale, la concentration desexportations et l’avantage comparatif révélé (ACR), afinde déterminer si les pays sont devenus plus ou moinssimilairesdansleursexportations.

(i) Concentration des exportations

Pour examiner la spécialisation des exportations, nouscalculons d’abord le degré de concentration desexportationsdemarchandisesd’unensembledepaysen1990 et en 2010. Plus précisément, nous calculonsl’indice de Herfindahl‑Hirschmann (H),24 qui est définicommesuitpouruneéconomiei:

𝐻𝐻 =(𝑥𝑥!/ 𝑥𝑥!! )!      ! − 1/𝑛𝑛

1− 1/𝑛𝑛,  

FigureB.13:Composition des exportations mondiales de marchandises et de services commerciaux, 1980-2011 (milliersdemilliardsde$EUetpourcentage)

0

52,31 2,26

4,226,28

7,89

12,88

22,27

4,17

18,1010,37

6,395,103,431,881,94 2,51

1980 1985 1990 1995

Valeur (milliers de milliards de $EU) Part des services commerciaux dans le commerce des marchandises et des services

2000 2005 2011

10

15

20

25

0

5

15,917,0

18,7 18,8 18,9 19,5 18,7

1980 1985 1990 1995 2000 2005 2011

10

15

20

25

Marchandises (balance des paiements) Services commerciaux

Services commerciaux

1,491,18

Source:Secrétariatdel’OMC.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

75

II B. Te

nd

an

ce

s

du

co

mm

er

ce

In

Ter

na

TIon

al

𝑥𝑥!/ 𝑥𝑥!! estlapartdelaligned’exportationk,et

n le nombre total de lignes d’exportation. L’indice a éténormalisépourobtenirdesvaleurscomprisesentre0et1, le chiffre 1 indiquant une concentration totale desexportations.

Nous comparons ensuite les indices en prenant ladifférenceentrelesdeuxannéespourindiquerl’évolutionde la spécialisation des exportations entre les payspendantcettepériodede20ans(voirletableauB.9).

Actuellement, les exportations d’un grand nombre depayssontdiversifiées(l’indicedeHdeprèsde80%despays de notre échantillon était inférieur à 0,4 en 2010).Les pays très diversifiés se trouvent principalement enEurope,enAmériqueduNordetenAsie (voir le tableauB.9). En revanche, ceux dont les exportations sont trèsconcentréessontsurtoutdespaysendéveloppementet,dans bien des cas, des pays riches en ressourcesnaturelles(commeleCongo,leChiliouleMozambique).

Encequiconcernel’évolutiondelaspécialisationdansletemps, nous observons que, entre 1990 et 2010, lesindicesdeHerfindahl‑Hirschmanndelamajoritédespaysont diminué, ce qui signifie que les pays sont devenusplus diversifiés, ou ont peu changé (les variations desindicesHsontcomprisesentre[‑0,025et+0,025].Nouspouvonsdoncenconclureque lespaysdeviennentplussimilairesavecletemps.

(ii) Avantage comparatif révélé

Pour expliquer plus précisément les schémas despécialisation internationale, nous avons calculé l’indiced’avantage comparatif révélé (ACR) pour certaineséconomies et pour trois grandes catégories de produits(produits agricoles, combustibles et produits miniers, etproduits manufacturés) et sept sous‑secteursmanufacturiers, entre 1990 et 2010. L’indice d’ACR estbasé sur les résultats relatifs à l’exportation de Balassa(1965) pour un secteur (ou produit) donné et pour unpays,etilestcalculécommesuit:

𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅!" = (𝑋𝑋!" 𝑋𝑋!") (𝑋𝑋! 𝑋𝑋!)

oùXijdésignelesexportationsdupaysi danslesecteurj,XWj désigne les exportations mondiales du secteur j, Xi représente les exportations totales du pays i et XWreprésentelesexportationsmondialestotales.

Les données du tableau B.10 donnent une imageintéressantede l’évolutionde l’ACRselon lespayset lessecteurs. Certaines économies développées (Canada,Royaume‑Uni) ont vu leur avantage comparatif sedétériorer dans le secteur manufacturier en général,tandis que d’autres ont subi une baisse dans certainssecteurs manufacturiers (fer et acier en Australie,produits chimiques en Norvège, produits de l’industrieautomobile en Suède, matériel de bureau et detélécommunicationauJapon,etc.).Certaineséconomiesdéveloppées ont vu leur ACR s’améliorer (produitsagricoles en Nouvelle‑Zélande, acier au Japon, textilesaux États‑Unis), mais les perdants sont généralement

plus nombreux que les gagnants dans les secteursmanufacturiersdepointe.

Parmi les économies en développement, il y a unedivergence entre celles qui sont riches en ressources etcelles qui sont en cours d’industrialisation. Des payscomme la Chine, le Mexique et la Turquie, qui avaient unfortavantagecomparatifdanslesproduitsprimaires25l’ontperdu récemment et ont enregistré des gains dans lesproduits manufacturés. En revanche, la Fédération deRussie, le Brésil et l’Inde ont soit perdu leur avantagecomparatif dans le secteur manufacturier, soit gagné unavantagedanslesproduitsprimaires,soitlesdeuxàlafois.Dans les grandes économies en développement (dont leBrésil, la Chine, la Fédération de Russie, l’Inde et laTurquie), la croissance économique rapide enregistréerécemmentaétéobtenuededifférentesmanièresselonlepays. Dans certains cas, le travail et le capital ont étéutilisés pour alimenter la croissance du secteurmanufacturier tourné vers l’exportation, tandis que dansd’autres, la croissance a reposé davantage sur les prixmondiaux élevés des produits de base, qui échappent àleur influence. Dans ces circonstances, la croissanceéconomiquepeutêtreplusdurabledanslepremiergroupeetpeutconnaîtredeshautsetdesbasdanslesecond.

Cesrésultatssontconformesauxétudesempiriquesplussophistiquées qui confirment que les pays sont devenusmoinsspécialisésaufildu temps.ProudmanetRedding(2000), par exemple, utilisent des modèles deconvergence des revenus basés sur la dynamique dedistribution (Dornbusch et al. , 1977) pour évaluer lesschémas de spécialisation – représentés par l’avantagecomparatif révélé – des États‑Unis, du Japon, de laFrance,de l’Allemagneetde l’Italieentre1960et2010.Ils constatent des changements importants dans larépartitiondel’ACRselonlessecteursaucoursdutemps.

Levchenko et Zhang (2011) ont étudié l’évolution del’avantage comparatif pour un ensemble de 75 paysdéveloppés et en développement au cours des50dernièresannées.Lesauteursutilisentlaproductivitétotaledesfacteurs(PTF)parsecteurpourrendrecomptedu niveau technologique relatif des pays.26 Le principalrésultatde leurétudeestque,dans lespaysdéveloppéscommedanslespaysendéveloppement,laproductivitéaaugmenté plus vite dans les secteurs où les niveaux deproductivitérelatifsétaientplusbas.

Carrere et al. (2009) confirment indirectement quel’avantage comparatif a changé de secteur au cours dutemps:pourunensemblede156paysdéveloppésetendéveloppement, les auteurs constatent que, pendant lapériode1988‑2006,lesexportationssesontdiversifiées,puis se sont de nouveau concentrées avec le revenu,27tandis que les pays à faible revenu se sont diversifiésdans des produits existants et de nouveaux produits etles pays riches ont reconcentré leurs exportations. Àmesure qu’ils s’enrichissent, les pays accumulent ducapital et améliorent leurs techniques de production; ilscessent donc d’exporter des produits différenciés defaiblevaleurayantuneforteintensitédefacteurstelsquelamain‑d’œuvrepeuqualifiée,quinecorrespondentplusàleurnouvelledotationenfacteurs.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

76

TableauB.9:évolution de la concentration des exportations de produits manufacturés pour certaines économies, 1990-2010 (indice:‑1+1)Pays 1990 2010 Diff. Pays 1990 2010 Diff.

Italie 0,05 0,06 0,00 Paraguay 0,41 0,23 0,18

États‑Unis 0,11 0,07 0,04 Honduras 0,32 0,24 0,08

Indonésie 0,38 0,08 0,30 Albanie 0,50 0,24 0,26

Autriche 0,06 0,08 ‑0,02 Rép.centrafricaine 0,85 0,24 0,61

Brésil 0,09 0,08 0,01 Malaisie 0,29 0,24 0,05

Pays‑Bas 0,06 0,09 ‑0,03 Macao,Chine 0,21 0,25 ‑0,04

Turquie 0,14 0,09 0,05 Burundi 0,45 0,25 0,20

Pologne 0,08 0,09 ‑0,01 HongKong,Chine 0,10 0,26 ‑0,16

Portugal 0,08 0,09 ‑0,01 CostaRica 0,13 0,27 ‑0,15

Danemark 0,07 0,10 ‑0,03 SriLanka 0,46 0,27 0,18

Lituanie 0,12 0,10 0,01 Gambie 0,36 0,28 0,08

Thaïlande 0,15 0,11 0,05 Venezuela,Rép.bolivariennedu 0,32 0,28 0,04

Kenya 0,09 0,11 ‑0,02 Grenade 0,25 0,28 ‑0,03

Allemagne 0,09 0,11 ‑0,02 Jordanie 0,23 0,28 ‑0,05

Lettonie 0,13 0,11 0,02 Mali 0,61 0,29 0,33

Nouvelle‑Zélande 0,18 0,11 0,07 Ghana 0,46 0,29 0,17

Suède 0,12 0,11 0,01 Djibouti 0,25 0,29 ‑0,04

ERYdeMacédoine 0,21 0,11 0,09 Émiratsarabesunis 0,15 0,29 ‑0,14

Guatemala 0,21 0,12 0,09 Kazakhstan 0,26 0,30 ‑0,04

Roumanie 0,12 0,12 0,00 Maroc 0,33 0,30 0,03

Estonie 0,10 0,12 ‑0,02 Cameroun 0,43 0,31 0,12

Nicaragua 0,21 0,12 0,09 Israël 0,35 0,31 0,05

Rép.tchèque 0,06 0,12 ‑0,06 Arabiesaoudite,Royaumed’ 0,27 0,32 ‑0,05

France 0,07 0,13 ‑0,05 Jamaïque 0,16 0,32 ‑0,16

Égypte 0,37 0,13 0,24 Suisse 0,09 0,32 ‑0,23

Japon 0,14 0,13 0,01 Éthiopie 0,94 0,32 0,61

Grèce 0,14 0,13 0,01 Guinée 0,71 0,33 0,39

Espagne 0,16 0,13 0,02 Singapour 0,20 0,33 ‑0,14

Royaume‑Uni 0,06 0,13 ‑0,07 Sénégal 0,44 0,33 0,10

Chine 0,11 0,13 ‑0,02 Azerbaïdjan 0,20 0,34 ‑0,14

Colombie 0,17 0,14 0,03 Niger 0,47 0,34 0,12

Australie 0,15 0,14 0,01 Pakistan 0,38 0,35 0,03

Slovénie 0,10 0,14 ‑0,04 Chypre 0,13 0,35 ‑0,23

Kirghizistan 0,16 0,14 0,02 Bénin 0,54 0,37 0,17

Norvège 0,16 0,14 0,02 Togo 0,37 0,37 ‑0,01

Malawi 0,30 0,15 0,15 Bahamas 0,27 0,37 ‑0,10

Équateur 0,22 0,15 0,08 Géorgie 0,25 0,39 ‑0,15

Finlande 0,27 0,15 0,12 Soudan 0,80 0,40 0,41

Inde 0,25 0,15 0,10 Irlande 0,21 0,40 ‑0,19

Rwanda 0,72 0,16 0,56 Philippines 0,22 0,41 ‑0,19

Mexique 0,21 0,16 0,05 Barbade 0,20 0,41 ‑0,21

Bulgarie 0,11 0,16 ‑0,05 Bolivie,ÉtatPlurinationalde 0,55 0,41 0,13

FédérationdeRussie 0,16 0,16 0,00 Zimbabwe 0,31 0,43 ‑0,12

Corée,Républiquede 0,12 0,16 ‑0,03 Algérie 0,14 0,43 ‑0,29

Canada 0,19 0,16 0,02 Panama 0,18 0,43 ‑0,25

Tunisie 0,21 0,17 0,05 Bhoutan 0,56 0,43 0,13

Uruguay 0,23 0,17 0,06 Pérou 0,51 0,46 0,06

Hongrie 0,08 0,17 ‑0,10 Côted'Ivoire 0,17 0,46 ‑0,29

Argentine 0,13 0,17 ‑0,04 Koweït,Étatdu 0,15 0,50 ‑0,35

Yémen 0,20 0,18 0,02 Gabon 0,41 0,52 ‑0,11

Croatie 0,17 0,18 ‑0,01 Nigéria 0,31 0,53 ‑0,22

Madagascar 0,30 0,18 0,12 Bahreïn,Royaumede 0,61 0,53 0,08

BurkinaFaso 0,32 0,18 0,14 Belize 0,22 0,65 ‑0,43

Syrie 0,50 0,19 0,31 Mauritanie 0,22 0,66 ‑0,44

ElSalvador 0,19 0,19 0,00 Montserrat 0,86 0,69 0,17

Rép.slovaque 0,11 0,19 ‑0,08 Dominique 0,70 0,69 0,01

Maurice 0,27 0,20 0,07 Chili 0,80 0,75 0,05

Ouganda 0,20 0,20 0,00 Islande 0,59 0,75 ‑0,17

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

77

II B. Te

nd

an

ce

s

du

co

mm

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ce

In

Ter

na

TIon

al

TableauB.9:évolution de la concentration des exportations de produits manufacturés pour certaines économies, 1990-2010 (suite)(indice:‑1+1)Pays 1990 2010 Diff. Pays 1990 2010 Diff.

Rép.dominicaine 0,34 0,20 0,14 Zambie 0,91 0,89 0,02

Ukraine 0,15 0,21 ‑0,06 Congo 0,57 0,91 ‑0,34

AfriqueduSud 0,10 0,21 ‑0,12 Mozambique 0,19 0,95 ‑0,76

Népal 0,85 0,22 0,63 Myanmar 0,54 0,96 ‑0,42

Oman 0,31 0,23 0,08 Samoa 0,57 0,98 ‑0,41

Rép.deMoldova 0,16 0,23 ‑0,07 Cap‑Vert 0,44 0,99 ‑0,56

Source:CalculsdesauteursàpartirdelabasededonnéesComtradedel’ONU,CTCIRev.3,positionsàtroischiffres.

Note:Laconcentrationdesexportationsestcalculéeaumoyendel’indicedeHerfindahlHirschmann(H).Lesvariationsdelaconcentrationdesmarchéssontcalculéescommeétant lavariationdes indicesdeHerfindahlHirschmannentre1990et2010.L’indicedeHvade0à1(concentrationmaximale).Lesniveauxdeconcentrationvarientdoncentre‑1et+1.

TableauB.10:évolution de l’ACR pour certaines économies et certains secteurs, 1990-2010Produit Pays dont l’ACR augmente Pays dont l’ACR diminue

ProduitsagricolesIndonésie,Japon,Italie,Brésil,Suisse,Nouvelle‑Zélande,Allemagne,Grèce,Espagne

Chine,Hongrie,Singapour,Australie,HongKong(Chine),Irlande,Mexique,Républiquetchèque,Turquie

Combustibleetproduitsminiers

Brésil,Canada,États‑Unis,Australie,Islande,Thaïlande,Inde,Finlande,Danemark

Chine,Mexique,Pologne,Hongrie,Républiquetchèque,Irlande,Indonésie,Malaisie,Républiqueslovaque,Singapour

ProduitsmanufacturésMexique,Pologne,Chine,Hongrie,Turquie,Chili,Malaisie,France,Thaïlande,Singapour

FédérationdeRussie,Norvège,Australie,Brésil,Finlande,Canada,Royaume‑Uni,Inde,AfriqueduSud,Suède

FeretacierInde,Portugal,Estonie,Malaisie,Finlande,Thaïlande,États‑Unis,Japon,Canada,Italie

Irlande,Hongrie,Pologne,Républiquetchèque,Républiqueslovaque,Australie,Norvège,Brésil,Mexique,FédérationdeRussie

ProduitschimiquesIslande,Thaïlande,Grèce,Malaisie,Irlande,RépubliquedeCorée,Indonésie,Japon,Singapour,Italie

Républiqueslovaque,Mexique,Norvège,Républiquetchèque,Hongrie,AfriqueduSud,Estonie,FédérationdeRussie,HongKong(Chine),Chine

Matérieldebureauetdetélécommunication

Chili,Républiqueslovaque,Républiquetchèque,Indonésie,Mexique,Grèce,Chine,Hongrie,Pologne,HongKong(Chine)

Irlande,FédérationdeRussie,Italie,Brésil,Australie,Japon,Autriche,Royaume‑Uni,Canada,Suisse

Produitsdel'industrieautomobile

AfriqueduSud,Thaïlande,Indonésie,Turquie,Républiquetchèque,Chili,Républiqueslovaque,Pologne,Inde,RépubliquedeCorée

FédérationdeRussie,Chine,Canada,Norvège,Pays‑Bas,Suède,Estonie,Australie

AutresmachinesIndonésie,Turquie,Islande,Chili,Estonie,Grèce,Mexique,Chine,Thaïlande,RépubliquedeCorée

Irlande,Suisse,FédérationdeRussie,Israël,Pologne,Suède,Australie,Royaume‑Uni,Allemagne,Espagne

TextilesCanada,États‑Unis,Turquie,Chili,Nouvelle‑Zélande,Israël,Malaisie,Espagne,Italie,Slovénie

Irlande,FédérationdeRussie,Singapour,AfriqueduSud,Suisse,Australie,Républiqueslovaque,Estonie,Brésil,RépubliquedeCorée

VêtementsMexique,Espagne,Danemark,Suède,Canada,France,Nouvelle‑Zélande,Royaume‑Uni,Pays‑Bas,Chili

RépubliquedeCorée,Islande,Israël,FédérationdeRussie,AfriqueduSud,Singapour,Brésil,Slovénie,Thaïlande,Hongrie

Source:Calculsdesauteursd’aprèslabasededonnéesComtradedel’ONU.

Note:LesindicesACRsontcalculéspourcertainesgrandeséconomies.

Ce dernier résultat est conforme à des modèles commeceluideRomalis(2004),quipréditquelespaysaccumulantun facteur plus vite que le reste du monde verront lastructure de leur production et de leurs exportationss’infléchir vers les produits qui utilisent ce facteur demanière plus intensive. L’auteur le confirme dans lesdonnéesetconstatequelespaysàcroissancerapideontvu la structure de leurs exportations évoluer vers dessecteurs à plus forte intensité de compétences et decapital.Heller(1976)montreaussiquelechangementdedotation en facteurs du Japon entre 1956 et 1969 atransformé son avantage comparatif en matière decommerce. Ses exportations se sont réorientées vers lessecteursàforteintensitédecapital.Cechangementaétéaccentué par l’augmentation relativement plus rapide de

l’intensitédecapitaldanscessecteurs(pouruneanalyseplusapprofondie,voirl’encadréC.4).

Comme le suggère la théorie économique classique, laspécialisation dans la production et l’exportation decertains produits sur la base de l’avantage comparatif aun effet sur le bien‑être des pays. Le théorème deStolper‑Samuelson implique qu’avec la libéralisation deséchanges, le prix du facteur relativement abondantaugmente,etleprixdufacteurrelativementrarediminue.De ce fait, le déplacement de l’avantage comparatif aucours du temps, expliqué dans cette section, aura desincidences sur les inégalités et le développement àl’intérieur des pays. Certaines de ces incidences sontexaminéesdanslasectionD.1.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

78

(d) Lemondeest‑ildevenuplusglobaliséouplusrégionalisé?

Au cours des 20 dernières années, les accordscommerciauxpréférentielsentrepaysetgroupesdepayssont devenus à la fois plus nombreux et plus ambitieux.SelonleRapport sur le commerce mondial de 2011,ilsontplusquetripléentre1990et2010,passantd’environ70à près de 300 (OMC, 2011a). Dans le passé, leschercheurs et les décideurs utilisaient de façon plus oumoins interchangeable les expressions «accordscommerciaux préférentiels» (ACPr) et «accordscommerciaux régionaux» (ACR), car les ACPr avaienthabituellementuneforteorientationrégionale.Celaposelaquestiondesavoirsi laproliférationdesACPrarendulecommerceinternationalplusoumoinsrégionalisé.

Laréponseàcettequestionest loind’êtreévidente.LesACPr négociés récemment sont de plus en plustransrégionauxdans lamesureoù ils sontconclusentredespartiesdedifférentesrégions.Aumilieudesannées1990,prèsdestroisquartsd’entreeuxétaientconclusausein d’une même région (accords intrarégionaux); cetteproportion qui était tombée à environ la moitié en 2010(Rapportsurlecommercemondial,2012).Touteschoseségales par ailleurs, l’augmentation du nombre d’accordstransrégionaux devrait rendre le commerce moinsrégionalisé. Mais d’autres facteurs peuvent agir en sensinverse, notamment l’extension des chaînesd’approvisionnementenAsie(voir lasectionB.2(e))pourune analyse de l’influence des chaînesd’approvisionnementsurlecommerce).

Pour illustrer l’évolution des échanges à l’intérieur desrégionsetentreelles,nousnoussommesprincipalementservis des données de la matrice du commerce mondialdes marchandises figurant dans la publication annuelledel’OMCStatistiques du commerce international(2012).28Ces données concernent les exportations des régionsgéographiquesparproduitetparrégiondedestination(ycompris les régions définies en fonction du niveau dedéveloppement),expriméesendollarsEUcourants.Ellessontdisponiblesàpartirde2000pourlescatégoriesdeproduits et les groupes de pays utilisés actuellement àl’OMC, et à partir de 1990 selon les anciennesclassificationsdesdonnéesde l’OMC.29Dans lesautrescas(parexemplelecommercedespiècesetcomposants),nousavonsfaitdesestimationssurlabasedesdonnéesdisponiblesdanslabasededonnéesComtradedel’ONU.

(i) Commerce intrarégional

La figure B.14 indique les exportations totales demarchandises par région géographique entre 1990 et2011, ainsi que les parts du commerce intrarégional etextrarégional.L’AmériqueduNord,l’Europeetl’Asiesontreprésentéesàunemêmeéchelle,etlesautresrégionsàune autre échelle. Les chiffres concernant l’Europen’incluent pas le commerce intra‑UE. Si l’on inclut cecommerce, la valeur des exportations et la part ducommerce intrarégional de l’Europe sont beaucoup plusélevées – cet aspect est analysé dans le texte. Desventilations plus détaillées par région partenaire et par

grand groupe de produits figurent également dans unappendiceàlafindecechapitre.

Comme lemontreclairement lafigureB.14, le commerceintrarégionalreprésenteunepartimportanteetcroissantedes exportations totales des pays asiatiques. Sa part estpassée de 42% en 1990 à 52% en 2011, de sorte qu’ilreprésente actuellement la majeure partie du commercede l’Asie. Bien que la part du commerce intrarégional del’Asiesoitlaplusélevéedetouteslesrégionsreprésentéessurcettefigure,elleestenfaitinférieureàcelledel’Europesil’oninclutdanslecalcullecommerceintra‑UE.

La part du commerce intrarégional de l’Asie a augmentéprincipalementauxdépensdel’AmériqueduNord,dontlapart dans les exportations totales de marchandises del’Asieesttombéede26%à16%entre2000et2011,etdontlapartdanslesexportationsdeproduitsmanufacturésde l’Asie est passée de 29% à 19% pendant la mêmepériode.Danslemêmetemps,lapartdel’Europedanslesexportations totales de marchandises et de produitsmanufacturésdel’Asieestrestéeinchangée(17%et19%respectivement;voirletableauB.2del’appendice.

Lapartducommerceintrarégionaldanslesexportationsdel’Europeabaisséde35%à29%entre1990et2011,si l’on exclut le commerce intra‑UE. Mais le résultat esttrèsdifférentsioninclut lecommerceintra‑UE.Danscecas, les exportations totales de l’Europe sont les plusélevéesdetoutes les régions(1700milliardsdedollarsen1990,6600milliardsdedollarsen2011), lapartducommerce intrarégional dans les exportations étantrelativement stable à environ 72%. Cette part était unpeu plus élevée en 2000 à 73%, mais elle a reculé à71%en2011.

Lapartducommerceintrarégionaldanslesexportationstotalesdel’AmériqueduNord(ycomprisleMexique)estpassée de 41% en 1990 à 56% en 2000, avant derevenir à 48% en 2011. Cette diminution s’expliqueprincipalement par l’augmentation des exportations versl’Amérique du Sud et centrale (9% des exportations en2011,contre6%en2000)etvers l’Asie (21%en2011,19%en2000),avecdeshaussesplusmodestesverslesautresrégionsendéveloppement,lapartdesexportationsversl’Europerestantinchangéeà17%.

Les autres régions représentées sur la figure, quiexportenttoutesdesquantitésimportantesderessourcesnaturelles, ont vu leur part du commerce intrarégionalaugmenter au cours des 20 dernières années, mais cecommercedemeuretrèsfaibleenvaleurabsolue.Ainsi,lapart du commerce intrarégional de l’Afrique a doublé,passant de 6% à 12% entre 1990 et 2011, mais cechiffre reste remarquablement faible par rapport auxrégionsplusindustrialisées.

L’augmentation du nombre d’ACPr peut expliquer enpartie l’évolution des parts du commerce intrarégionaldécrite ci‑dessus. Ainsi, la diminution de la part ducommerce intrarégional dans les exportations del’AmériqueduNordpourraitêtredueenpartieaufaitquelesÉtats‑Unisontconcludesaccordscommerciauxavec

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

79

II B. Te

nd

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du

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Ter

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al

despaysd’AmériqueduSudetcentrale (parexemple leChili, la Colombie et le Panama), mais on n’observe pasdechangementaussiimportantdanslapartducommerceintrarégional de l’Europe pendant la même période (dumoinssi l’on inclut lecommerce intra‑UE),bienque l’UEaitégalementnégociéplusieursaccords régionauxavecdespaysd’autresrégionsdepuis2000.

(ii) Flux commerciaux entre les régions

Les figures B.15.A et B.15.B montrent comment lecommercetotaldesmarchandisesentrecertainespairesderégionsgéographiques(parexemple,lesexportationsdel’Europeversl’Asiepluslesexportationsdel’Asieversl’Europe)aévoluéentre1990et2011enpourcentageducommerce mondial. L’épaisseur des flèches entre lesrégions indique l’importance globale des relationscommerciales bilatérales entre les paires de régions en1990et2011.Lesdonnéessous‑jacentessonttiréesdutableauB.2del’appendice.

Cequisauteimmédiatementauxyeuxenregardantlacartedesfluxcommerciaux,c’estlaplacecentraledel’Asiedansle commerce interrégional. Les trois plus importantesrelations bilatérales dans le commerce mondial en 2011étaient les relations entre l’Asie et l’Europe (8,8% ducommercemondialen2011),entre l’Asieet l’AmériqueduNord (7,8% du commerce mondial) et entre l’Asie et leMoyen‑Orient(5,1%ducommercemondial).

Lecommercebilatéraldel’Asieavectouteslesrégionsaaugmenté en pourcentage du commerce mondial entre1990et2011,àl’exceptionducommerceavecl’AmériqueduNord.Danscecas,lapartducommercearégresséde10,2%en1990à7,8%en2011.Lapart ducommerceAfrique‑Asiedans lecommercemondialapresque triplédurantcettepériode,dufaitdesexpéditionsdepétroleetd’autres ressources naturelles vers la Chine et desexportations de produits manufacturés de la Chine verslesexportateursde ressources.Malgrécettecroissancerapide, la part du commerce Afrique‑Asie dans lecommercemondialestrestéerelativementfaibleen2011.

Par contraste avec l’importance grandissante de l’Asie,les flux commerciaux bilatéraux de l’Amérique du Nordavec les autres régions sont restés stables enpourcentage du commerce mondial (par exemple,Amérique du Nord‑Moyen‑Orient) ou ont diminué (parexemple, les flux Amérique du Nord‑Europe, qui sonttombésde7,8%à4,8%ducommercemondial).

(iii) Chaînes d’approvisionnement et biens intermédiaires

Lecommercedespiècesetcomposants,utiliséscommeindicateurindirectducommercedesbiensintermédiairesengénéral,peutdonneruneindicationdudéveloppementdes chaînes d’approvisionnement par région. CesdonnéesfigurentdansletableauB.11,quiindiquelapart

FigureB.14:Exportations intrarégionales et extrarégionales de marchandises des régions de l’OMC, 1990-2011 (milliardsde$EUetpourcentage)

1990 2000

Amérique du Nord

2011

548

1 225

2 282

1990 2000

Amérique du Sud et centrale

2011

1990 2000 2011

1990 2000 2011

1990 2000 2011

1990 2000 2011

1990 2000

Europe (sauf intra-UE)

Afrique

Asie

CEI

Moyen-Orient2011

41%59%

56%

44%48%

52%

706966

2 707

35%

65%

27%

73%29%

71%

138268

1 251

94%

10694%

12086%

198

74%

75074%

26%14991%

594

88%

12%

91%15%

85%

739

1 658

5 538

58%

42%

51%

49%

48%

52%

58146

789

80%

81%

19%

Extra Intra

Sources:Statistiquesducommerceinternational2012del’OMC,complétéespardesestimationsduSecrétariatavant2000.

Note:Lesgraphiquespourlesrégionsnesontpasreprésentésàl’échelle.Lescouleursetlesfrontièresn’impliquentaucunjugementdelapartdel’OMCquantaustatutjuridiquedesfrontièresoudesterritoires.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

80

FigureB.15.A:Parts du commerce total entre les régions géographiques dans le commerce mondial, 1990 (pourcentage)

Vers l'Asie

Amérique du Sud et centrale-Asie,

0,8%

Amérique du Nord-Amérique

du Sud et centrale, 2,6%

Amérique du Sud et centrale-Europe,

1,6%

Amérique du Nord-Moyen-Orient,

0,9%

Europe-Afrique, 3,4%

Europe-Moyen-Orient,

2,5%

Europe-Asie, 8,1%

CEI-Asie, 0,7%

Europe-CEI, 3,6%

Amérique du Nord- Asie,

10,2%

Vers l'Amérique du Sud et centraleMoyen-Orient-Asie,

3,2%

Afrique-Asie, 0,6%Amérique du Nord-Afrique, 0,7%

Amérique du Nord-Europe, 7,8%

Amériquedu Nord

Amérique du Sud et centrale

Europe

Afrique

Moyen-Orient Asie

CEI

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMC.

Note:Lecommercemondialinclutlecommerceintra‑UE.L’épaisseurdesflèchesreprésentelespartsen1990.Lecommerceàl’intérieurdesrégionsetavecdesdestinationsnonspécifiéesareprésenté53%ducommercemondialen1990.

FigureB.15.B:Parts du commerce total entre les régions géographiques dans le commerce mondial, 2011 (pourcentage)

Vers l'Asie

Amérique du Sud et centrale-Asie,

2,0%

Amérique du Nord-Amérique

du Sud et centrale, 2,1%

Amérique du Sud et centrale-Europe,

1,4%

Amérique du Nord-Moyen-Orient, 1,0%

Europe-Afrique, 2,3%

Europe-Moyen-Orient,

2,0%Europe-Asie,

8,8%

CEI-Asie, 1,3%

Europe-CEI, 3,6%

Amérique du Nord-Asie,

7,8%

Vers l'Amérique du Sud et centraleMoyen-Orient-Asie,

5,1%

Afrique-Asie, 1,7%Amérique du Nord-Afrique,

0,8%

Amérique du Nord-Europe, 4,8%

Amériquedu Nord

Amérique du Sud et centrale

Europe

Afrique

Moyen-Orient Asie

CEI

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMC.

Note:Lecommercemondialinclutlecommerceintra‑UE.L’épaisseurdesflèchesreprésentelespartsen2011.Lecommerceàl’intérieurdesrégionsetavecdesdestinationsnonspécifiéesareprésenté54%ducommercemondialen2011.

des pièces et composants dans les exportations deproduitsmanufacturésparrégiondepuis1990,avecuneventilation supplémentaire en commerce intrarégional etextrarégional.

Cetableaumontrequelacroissancedelapartdespièceset composants dans le commerce des produitsmanufacturés a été plus importante dans le commerceintra‑Asiequedanslecommerceentrel’Asieetlesautres

régions.Lapartducommerceintrarégionaldespièceset

composantsest égalementplus importanteenAsieque

danstouteslesautresrégions.Celadonneàpenserque

les chaînes d’approvisionnement asiatiques deviennent

peut‑être plus intrarégionales que transrégionales (dans

lamesureoùlecommercedespiècesetcomposantsest

effectivementunindicateurfiabledel’activitédeschaînes

d’approvisionnement).

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

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(e) Leschaînesd’approvisionnementont‑ellesmodifiélastructureducommerceinternational?

Au cours des dernières décennies, l’un des changementslesplusimportantsdanslanatureducommerceinternationala été l’interconnexion croissante des processus deproductionentredenombreuxpays,chacunsespécialisantdansunstadeparticulierdelaproductiond’unproduit.Dansla littérature sur le commerce, ce phénomène est désignépar les expressions «chaînes d’approvisionnementmondiales», «chaînes de valeur mondiales», «réseaux deproduction internationaux», «spécialisation verticale»,«externalisation»et«fragmentationdelaproduction».Dansle présent rapport, nous utiliserons l’expression «chaînesd’approvisionnement mondiales», tout en sachant que leschaînesd’approvisionnementinternationaliséesontsouventuncaractèrerégionalplutôtquemondial.

Lafragmentationinternationaledelaproductionàtraversles chaînes d’approvisionnement mondiales est uneréalité commerciale depuis la généralisation du modèle«Toyota»30 et le développement de l’externalisationinternationale dans les années 1980. Dans le Business Guide to the World Trading System, publié par le Centredu commerce international (ITC) et le Secrétariat duCommonwealth en 1999, il est dit que «la quasi‑totalitédes produits manufacturés disponibles actuellement surlesmarchéssontproduitsdansplusd’unpays».De fait,l’une des premières tentatives pour formaliser cephénomène est attribuée à Leontief dans les années1960(LeontiefetStrout,1963).

Pourtant,cen’estquerécemmentqueleséconomistesducommercesesontpenchéssurlesimplicationsthéoriquesdu «commerce des tâches». Dans leur ouvrage deréférence,GrossmanetRossi‑Hansberg(2006)qualifientcecommercede«nouveauparadigme».L’idéedebaseest

que, pour produire un produit final, il faut exécuter unesériedetâches,dontcertainespeuventêtredélocalisées.Prenonsdeuxpays,appelésNordetSud.LesentreprisesdeNorddisposentd’unetechnologiesupérieure,desortequelessalairesysontplusélevés.UneentreprisedeNordsouhaite combiner sa technologie supérieure et lamain‑d’œuvre meilleur marché de Sud, s’exposant à uncoût de délocalisation spécifique à chaque tâche. Elledélocalisera donc la tâche si l’écart de salaire est plusgrand que le coût de délocalisation. Cela crée despossibilitéscommercialesquin’auraientpasexistédanslecommerce classique de produits finals. En outre, laproductivité de Nord augmentera, car ses travailleurs seconcentreront sur les tâches pour lesquelles ils ont unavantage comparatif «corrigé des coûts du commerce».Une différence majeure entre cette approche et lalittératureclassiquesurlecommerceestquelatechnologiedeproductionestspécifiqueàl’entrepriseetnonaupays.

Du point de vue empirique, l’estimation des chaînes devaleur mondiale est un défi pour les économistes: lesstatistiques du commerce international sont établies entermes bruts, ce qui entraîne le comptage multiple ducommercedesbiensintermédiaires.Celafausselaréalitédu commerce international et influence l’opinion publiqueet les politiques. Considérons, par exemple, l’avantagecomparatif perçu d’un pays, qui peut être différent si lecommerce est mesuré par le contenu national desexportations plutôt que par les flux commerciaux bruts(Koopman et al., 2012). De même, les déséquilibresbilatérauxglobauxsont influencéspar lefaitquelespaysqui s’occupent principalement d’exécuter des tâches enavalsevoientattribuerl’essentieldelavaleurdesproduitsetdesservices.Lespolitiquesprotectionnistesdestinéesà préserver l’emploi peuvent aussi devenircontre‑productives. Par exemple, une proportionimportantedesimportationsdesÉtats‑Unisenprovenancede Chine consiste en produits finis assemblés en Chine

TableauB.11:Parts des pièces et composants dans les exportations de produits manufacturés par région, 1990-2011 (pourcentage)

Exportations totales Intrarégionales Extrarégionales

AmériqueduNord

1990 33,5 35,5 32,1

2000 35,2 32,7 38,2

2011 26,1 28,1 24,1

AmériqueduSudetcentrale

1990 20,0 15,9 21,0

2000 19,0 16,9 20,5

2011 17,1 17,1 17,0

Europe

1990 22,6 22,4 23,0

2000 24,2 23,1 26,9

2011 21,8 21,2 23,0

Asie

1990 27,6 33,3 24,5

2000 35,4 43,1 28,4

2011 31,1 38,3 22,9

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMC,d’aprèslabasededonnéesComtradedel’ONU.

Note:Lespiècesetcomposantssontdéfiniscommel’équivalentCTCIdespiècesetcomposantsselonlaCGCE,pluslestextilesbrutsdelasection65delaCTCI.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

82

avecdesproduitsetdesservicesachetésàdesentreprisesaméricaines.Lerelèvementdesdroitsdedouaneauraituneffetnégatifsurl’emploipourcesentreprisesaméricaines.Enfin,unemeilleurecompréhensiondesfluxcommerciauxenvaleurajoutéepermettraitaux responsablespolitiquesd’identifier la transmission des chocs macroéconomiquestels que la récente crise financière et d’adopter desréponsesappropriées.

Comme l’existence des chaînes d’approvisionnementmondiales change notre perception du commerceinternationaletadeprofondesimplicationspourl’analysedelastructuredeséchanges,ilestnécessaired’avoirunemesureexactedesfluxcommerciauxentermesdevaleurajoutée pour évaluer correctement les scénarioscommerciaux futurs. Cette section décrira d’abord lesefforts faits actuellement par les économistes et parl’OMCpourmesurerexactementlecommerceentermesdevaleurajoutée.Puis,surlabased’estimationsrécentesdu commerce en valeur ajoutée, elle analysera lestendancesdécritesprécédemment.31

(i) Mesures classiques du commerce en valeur ajoutée

Outre la mesure des flux bruts, les statistiques ducommerce international devraient pouvoir rendre comptedesfluxdevaleurajoutéeentrelespays.Fautededonnéespertinentes, il est difficile de les quantifier de manièresystématique.Laplupartdesdonnéesproduitesàce jourviennent d’études de cas sur les produits d’Apple et deNokiaousurlapoupéeBarbiedeMattel,quidécomposentles pièces et accessoires utilisés pour fabriquer cesproduits.Cesétudesdecas illustrent l’écart immensequiexisteentrecequiestenregistréconformémentauxrègles

d’origine traditionnelles et ce qui serait enregistré sur labase de la valeur réelle des composants et des servicesfournisauxindustriesmanufacturières.

Les autorités statistiques nationales effectuenthabituellement des enquêtes portant sur certainesentreprises (généralement des grandes multinationales).Une autre approche consiste à relier les registres desentreprises et du commerce, comme le font EUROSTATpour l’Union européenne et l’INEGI au Mexique. Il enrésulte des microbases de données qui sont à la foisreprésentatives et détaillées. Malheureusement, cetteapproche exige beaucoup de ressources, et l’accès auxmicrobases de données est souvent limité pour desraisonsdeconfidentialité.32

Un autre moyen de mesurer le commerce en valeurajoutée est d’utiliser la Classification par grandescatégorieséconomiques(CGCE)oulaClassificationtypepour le commerce international (CTCI) pour classer lesbienscommeintermédiairesoufinals.Cetyped’analyseaété réalisé pour la première fois par Yeats (1998), puisutilisé par d’autres, parmi lesquels Athukorala etYamashita(2006).Lecommercedesbiensintermédiairesfaitpartiedesquelquesstatistiquesaisémentdisponiblespour donner des renseignements sur l’intensité del’activitédeschaînesd’approvisionnementinternationales.

Commeonl’amontrédanslasectionB.2(d),lecommercedes pièces et composants peut être utilisé commeindicateurindirectducommercedesbiensintermédiairespour mesurer le développement des chaînesd’approvisionnement par région. À partir de la définitiondespiècesetcomposantsdelaCTCIutiliséedanscettesection, la figure B.16 montre que, si la valeur du

FigureB.16:Exportations mondiales de pièces et composants, 1980-2011 (milliardsde$EUetpourcentage)

22,1

29,0

26,2

Autres produits manufacturés Pièces et composants

0

19

80

19

82

19

84

19

86

19

88

19

90

19

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19

94

19

96

19

98

20

02

20

06

20

08

20

04

20

00

20

10

2 000

4 000

6 000

8 000

10 000

12 000

Valeur (milliards de $EU)

15,0

19

80

19

82

19

84

19

86

19

88

19

90

19

92

19

94

19

96

19

98

20

02

20

06

20

08

20

04

20

00

20

10

20,0

25,0

30,0

35,0

Part des pièces et composants dans les produits manufacturés (%)

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMC.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

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commerce mondial de ces produits a augmentérégulièrement au cours des 30 dernières années, leurpart dans le commerce mondial des produitsmanufacturésaplafonnéilyaplusdedixans.Lapartdespièces et composants dans les exportations mondialesdeproduitsmanufacturésestpasséede22%en1980à29%en2000.Mais, entre2000et2008,elleabaisséd’environ4pointsdepourcentage,pourse redresserunpeuparlasuite.En2011,elleétaitde26%,àpeuprèsaumême niveau qu’en 1995. La stagnation de la part despièces et composants peut s’expliquer en partie par lacrise économique de 2001 et par la crise financièrerécente. Il se peut aussi que la part des biensintermédiairesaitaugmentédemanièreponctuellesousl’effet de l’internationalisation de la production, ce qui apeu de chances de se reproduire, car il n’existe plus degrandspaysdelatailledelaChineoudel’Indeattendantpourentrerdanslesréseauxdeproductionmondiaux.

Leclassementdesproduitsen«biensintermédiaires»et«produitsfinals»reposesurunjugementd’expert,quiestpar nature subjectif et peut donc être relativementarbitraire. De nombreux produits peuvent être à la foisfinalsetintermédiairesselonlecontexte.Parconséquent,lesestimationsducommerceenvaleurajoutées’appuientde plus en plus sur des tableaux d’entrées‑sortiesinternationaux ou mondiaux, qui combinent les matricesnationales E‑S et les flux commerciaux de produits etservicesintermédiairesetfinals.

Un tableau E‑S mondial représente une structure deproduction internationale qui permet à l’utilisateur demettreenévidenceune«chaînedevaleur»pourchaqueproduit ou service final vendu dans les économiesconcernées.S’appuyantsur lecadreE‑S,Hummelset al.(2001a)ontélaboré lanotiondespécialisationverticale,définiecommelavaleurdesbiensintermédiairesimportésincorporésdanslesexportationsd’unpays.Ilsontmontréque l’augmentation de la spécialisation verticale était àl’origine d’environ un tiers de la croissance desexportationsglobalespour13membresde l’OCDEet leTaipeichinoisentre1970et1990.Dansuneétudeplusrécente, Miroudot et al. (2009) ont utilisé une approchede ce type pour montrer que la part des biensintermédiaires dans le commerce des marchandises del’OCDE était passée d’un peu plus de 50% en 1999 àprès de 60% en 2007. Cela indique que, si la part ducommerce des biens intermédiaires dans le commercetotal des marchandises a quelque peu augmenté, lecommercedesproduitsfinalsa lui aussi augmentéàunrythme soutenu. Les auteurs montrent également qu’en2007, plus de 70% du commerce des services serapportait à des biens intermédiaires, c’est‑à‑dire qu’ilcontribuaitàlaproductiondeproduits.

(ii) Élaboration d’un ensemble complet de données sur le commerce en valeur ajoutée

Depuisquelquesannées, ilyadenombreusesinitiativesvisant à utiliser le cadre entrées‑sorties pour décrirel’interdépendancedesindustriesentrelespays.

L’undespremiersexemplesdetableauxd’entrées‑sortiesinternationalesestletableaud’entrées‑sortiesasiatiques(AIO)établiparl’Institutdeséconomiesendéveloppementdu Japon (IDE‑JETRO) dans les années 1980 afin demodéliser les relations entre les industries en Asie del’Est qui sont apparues au moment où les entreprisesjaponaises ont délocalisé certaines de leurs activitésindustrielles (OMC et IDE‑JETRO, 2011). L’AIO couvreneuf économies asiatiques ainsi que les États‑Unis etjusqu’à76secteurs.

Quelques initiatives de recherche ont également étélancées dans le domaine des tableaux E‑S mondiaux,commelabasededonnéesGlobalTradeAnalysisProject(GTAP), qui est un tableau E‑S mondial basé sur desdonnéesofficielles,ou labasededonnéesMulti‑RegionInput‑Output (MRIO), établie par l’Université de Sydney,quiestsurtoutconsacréeauxdonnéesenvironnementalesets’appuiesurunemodélisationmathématique.

Mais c’est seulement en 2012 qu’ont été élaborés destableaux E‑S mondiaux reposant sur des sourcesstatistiques officielles. Le projet de Base de donnéesmondiale des entrées‑sorties (WIOD) a produit, en mai2012, le Tableau mondial d’entrées‑sorties (WIOT), quiporte sur 40 économies plus un agrégat «reste dumonde»pour35secteursdurantlapériode1995‑2009.33L’OCDE a également établi un tableau internationald’entrées‑sorties(ICIO)portantsur58économiesplusunagrégat«restedumonde»pour37secteursetplusieursannéesderéférence(1995,2000,2005,2008et2009).S’appuyant sur ces tableaux ICIO de l’OCDE, l’OMC etl’OCDEontélaboréuneséried’indicateursducommercebilatéralenvaleurajoutée(voirl’encadréB.3).34

(iii) Structure du commerce en valeur ajoutée

Composition des échanges

La mesure du commerce en termes de valeur ajoutéemodifieleschiffresducommercemondialensupprimantle double comptage et en ne mesurant que le contenuéconomique réel. La figure B.18 montre l’évolution duratio de la valeur ajoutée aux exportations brutes (ratioVAX, voir l’encadré B.3) au niveau mondial dans lesannées 1995‑2007. Ce ratio a diminué d’environ10 points de pourcentage pendant cette période, pours’établirà71%en2007.Autrementdit,prèsde30%ducommerce total consistent en réexportations d’intrantsintermédiaires,cequirévèleuneinterdépendanceaccruedeséconomies.

Les secteurs ne sont pas tous affectés de la mêmemanière et, comme on peut s’y attendre, c’est lecommerce des produits manufacturés qui présente laplus forte spécialisation verticale. Le secteurmanufacturier,quiavaitdéjàleratioVAXleplusfaibleen1995, a reculé à 43% en 2007, tandis que le contenunational des exportations est presque stable pourl’agriculture et ne diminue que légèrement pour lescombustibleset lesproduitsminiers.Encequiconcernele secteur des services, deux points méritent d’être

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

84

EncadréB.3: Le commerce en valeur ajoutée : un seul concept et plusieurs mesures

Les premières études qui mentionnent explicitement une mesure globale de la teneur en valeur ajoutée ducommercemondialsurlabased’uncadreinternationald’entrées‑sortiessontDaudinet al.(2006,2009),JohnsonetNoguera(2011),Koopmanet al.(2011)etStehrer(2012).

Daudinet al.(2006b,2009)ontdéveloppéleconceptdespécialisationverticaledéfiniparHummelsetal.(2001).Àl’aidedetableauxGTAP,ilsontmesurélecommerceverticalcommelasommedesbiensintermédiairesimportésdirectementetutiliséscommeintrantspourlaproductiondeproduitsd’exportation,desintrantsd’originenationalequientrentdanslaproductiondesexportationsd’unautrepays,etdesproduitsexportésquisontréimportésdanslepaysd’originepourutilisationfinale.Lecommerceenvaleurajoutéeestdoncdéfinicommelecommercenormalmoinslecommercevertical.JohnsonetNoguera(2011)définissentlesexportationsenvaleurajoutéecommelavaleurajoutéeproduiteparlepaysd’origineetabsorbéeparsespartenairescommerciaux,c’est‑à‑direabstractionfaitedetoutevaleurajoutéerenvoyéedanslepaysd’origine.Ilsproposent,pourmesurerl’intensitédupartagedelaproductionentrelespays,leratiodelavaleurajoutéeauxexportationsbrutes(ouratioVAX).

Cependant, lesexportationsdebiens intermédiaires renvoyésdans lepaysd’originesont toutà faitpertinentespourdécrirecertainscasimportantsdechaînesd’approvisionnementbilatérales,commecelleentreleMexiqueetles États‑Unis. Pour combler cette lacune, Koopman et al. (2011) donnent une décomposition complète desexportationsenvaleurajoutéedansuncadreconceptueluniquequienglobetouteslesmesuresprécédentes.Lesexportationssontd’aborddécomposéesenvaleurajoutéenationale,valeurajoutéenationale renvoyéeetvaleurajoutéeétrangère.Lavaleurajoutéenationaleestrépartieentrelesexportationsabsorbéesparlesimportateursdirectsetlesexportationsindirectesversdespaystiers.Enprenantencomptelavaleurajoutéenationalerenvoyéeet les exportations indirectes vers des pays tiers, la décomposition est complète (et correspond aux donnéescommercialesclassiquesentermesbrutsquandtouteslesvaleursdécomposéessontagrégées).

Alorsque l’approcheprécédenteestime lesélémentsdevaleurajoutéenationaleetdevaleurajoutéeétrangèredesexportations,Stehrer(2012)suggèreuneautreméthodologiequiestaxéesurlaperspectivedel’importateuretquiestimelavaleurajoutéeétrangèrecontenuedanslademandefinaled’unpays.Bienquelesdeuxapprochesgénèrentdesfluxbilatérauxdevaleurajoutéedifférents,onpeutconstaterquelesrésultatsauniveauglobalsontlesmêmes.

Danstouteslesapprochessusmentionnées,lescalculsreposentsurl’hypothèsequelesproduitsexportésnesontpassubstantiellementdifférentsdeceuxquisontdestinésàlaconsommationintérieure.35

Lanotiond’exportationsenvaleurajoutéeutiliséedanslaprésentesectionserapporteàlateneurdesexportationsenélémentsnationauxtellequ’elleestdéfinieparJohnsonetNoguera(2011).Elleinclut:

• lavaleurajoutéenationaledirectementabsorbéepar l’importateur,c’est‑à‑diresoitconsommée,soit investiedansl’économienationale;

• lavaleurajoutéenationaleimportéeparlepartenairecommercialmaisréexportéeversdespaystiers.

Cetélémentestpresqueentièrementducommercedebiensintermédiaires,etilesttypiquedesactivitésquiontlieuàl’intérieurdeschaînesdeproductioninternationales.

LaFigureB.17illustrelacomparaisonentrelecommercebrutetlecommerceenvaleurajoutée.

Lamesureclassiqueducommercedanscettefigureindiquequelesexportationsentrelestroispaysreprésententuntotalde210,alorsqu’enfaitlavaleurajoutéegénéréen’estquede110.LesmesuresclassiquesindiquentenoutrequelepaysCaundéficitcommercialde110aveclepaysB,etaucunéchangeaveclepaysA.Mais,sil’oninclutlateneurenvaleurajoutée,ledéficitcommercialdeCavecBestramenéà10etCaundéficitde100avecA.

FigureB.17:Comparaison du commerce brut et du commerce en valeur ajoutée

Pays B

Exportations directes en valeur ajoutée (10)

Produits finals (110)

Exportations indirectes en valeur ajoutée (100)

Commerce brut (déclaré dans les statistiques officielles)

Commerce en valeur ajoutée (imputé)

Biensintermédiaires

(100)

Pays A

Pays C

Source:Secrétariatdel’OMC.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

85

II B. Te

nd

an

ce

s

du

co

mm

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ce

In

Ter

na

TIon

al

mentionnés:i)leratioVAXaégalementdiminuépourlesservices,cequi indiqueque,à l’instardesmarchandises,les services sont désagrégés et échangés au niveauinternational en tant que «tâches» distinctes; ii) le ratioVAXestbiensupérieurà100%,cequiindiqueque,danslecoûtdeproductionintérieurdesproduitsmanufacturés,il y a une valeur ajoutée importante provenant desfournisseurs du secteur des services, qui est ensuiteincorporéedanslecommercedesmarchandises.

Les services jouent en effet un rôle crucial lorsqu’onanalyse le commerce dans les chaînes de valeurmondiales;ilspermettent,parexemple,lalivraisonàfluxtendus et le financement adéquat des réseaux deproduction mondiaux. Les statistiques commercialesclassiquessous‑estiment lacontributiondesservicesaucommerceinternational:commelemontrelafigureB.19,lesservices représententenviron20%desexportationsmondialessionlesconsidèreentermesbruts,alorsquelamesureen valeur ajoutée révèleque leur contributionest deux fois plus importante. De façon symétrique, lepoids du secteur manufacturier diminue, alors que lesautressecteursnesontquasimentpasaffectés.

Il est important de déterminer convenablement lacontribution du secteur des services au commerceinternationald’uneéconomiepourl’analyseducommerceet du développement. Dans les économies avancées,l’essentiel de la main‑d’œuvre est concentré dans lesecteur des services, qui semble connecté de manièreassezlâcheàl’économiemondialesil’analysesebasesurles statistiques commerciales traditionnelles. Toutefois,quandonexaminelavaleurajoutéeéchangéedirectementet indirectement, on constate que c’est le secteur desservices qui contribue le plus au commerce, bien avant

les produits manufacturés. Cela nous aide aussi àcomprendre le commerce et l’hétérogénéité desentreprises (ou des différences entre entreprises). Alorsquelalittératuresurl’hétérogénéitédesentreprises(dite«nouvellenouvelle»théorieducommerce)estaxéesurlerôledominantdesgrandesentreprisesdanslecommerceinternational (voir l’encadré B.4), les données en valeurajoutéemontrentquelespetitesetmoyennesentreprisesjouent probablement un rôle aussi important que lesgrandesdanslacréationdevaleuretpeuventdéterminerdemanièresignificativelacompétitivitémondiale.36

Qui sont les principaux acteurs ?

Lespaysnesontpastousengagésdelamêmemanièredansleschaînesdevaleurmondiales,etl’onobservedesdifférencesimportantesentreeux.LafigureB.20montreleratiodelavaleurajoutéeauxexportationsbrutespourcertaineséconomies. Ilest importantdementionnerqueles tableaux d’entrées‑sorties WIOD ne prennent quepartiellement en compte la technologie de productionspécifique des zones franches d’exportation; pour leséconomies qui ont un trafic de perfectionnementimportant,notammentlaChineetleMexique,celasignifiequeleratioeffectifdelavaleurajoutéeauxexportationsbrutesacertainementétésurestiméou,inversement,quel’ampleur du commerce au sein des chaînes de valeurmondialesestencorefortementsous‑estimée.37

Le niveau et la variation du ratio au cours du tempsdifférent beaucoup dans le temps. Néanmoins, le ratioVAX a diminué pour presque toutes les économies del’échantillon, cequi suggèreune tendancegénéraleà lafragmentation accrue des processus de production. Lesplusfortesbaissesontétéenregistréespourlespaysdel’Europe orientale, comme la Hongrie, la Pologne et laRépublique tchèque, ainsi que pour la Turquie, laRépubliquedeCoréeetleTaipeichinois.

La diminution du contenu national des exportations estunsymptômedel’interdépendanceaccruedeséconomiesdans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Lespays comptent de plus en plus sur leurs partenaires de

FigureB.18:Ratio VAX par secteur, au niveau mondial (pourcentage)

0

40

Agr

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Com

bust

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prod

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Pro

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120

160

20

60

100

140

180

67 68

101

78

43

174

1995 2007

87

50

147

71

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMCsurlabasedesdonnéesWIOD.

Note:LeratioVAXpeutêtresupérieurà100%quandunsecteurexporte«indirectement»delavaleurajoutéeàtraversd’autressecteurs.C’estnotammentvraipourlesservices,quisontlargementincorporésdanslesproduitséchangés.

FigureB.19:Contribution sectorielle au commerce total, mesures en termes bruts et en valeur ajoutée, 2008 (pourcentage)Structure des exportations

mondiales en termes bruts, 2008

12%

65%

23%

Structure des exportations mondiales en valeur

ajoutée, 2008

18%

37%

45%

Produits primaires Prod. manufact. Services

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMCsurlabasedesdonnéesOCDE‑OMCde2008.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

86

productionpourimporterdesintrantsintermédiairespourlaproductiondebiensetdeservicesqu’ilsconsommeronteux‑mêmesouqu’ilsexporteront.Commedenombreuseséconomies industrialisées participant aux réseaux deproduction ont la capacité technique de produire cesintrantsmaischoisissentdenepaslefaire,l’accèsàdesimportations compétitives affecte la compétitivité d’unpaysàl’exportation.

La figure B.21 représente l’évolution de l’indice despécialisationverticale(SV)de1995à2007parrapportauxrésultatsàl’exportationdanslesecteurmanufacturierdu pays durant la même période. Il semble y avoir unecorrélation positive entre la spécialisation verticale etl’augmentationdesexportationsbrutes:l’intégrationplusforted’uneéconomiedanslachaîned’approvisionnementmondialeestassociéeàuneaméliorationdesrésultatsàl’exportation. Autrement dit, une plus grande quantitéd’intrants intermédiairesest importéepour laproductiondes produits exportés. En outre, non seulement lesimportations garantissent la compétitivité internationaledesexportations,maisellespermettentaussideproduirepour le marché intérieur à des prix abordables pour lesconsommateurs, contribuant ainsi doublement aubien‑être économique, premièrement en renforçantl’intégration dans l’économie mondiale et deuxièmementenaméliorantlepouvoird’achatdesménages.

Les pays sont-ils plus ou moins spécialisés ?

Lecommerceenvaleurajoutéemodifielaconstructionetl’interprétationdelaplupartdesindicateursquireposentsurlespartsdemarché.L’undeceux‑ciestl’indicateurdel’avantage comparatif révélé (ACR). Cet indicateurstatistiqueestsouventutilisécommemesuresynthétiquede la compétitivité internationale, seul ou ajouté à uneanalysedela«variationdesparts»(Piezas‑JerbietNee,2009). Traditionnellement, l’avantage comparatif est

considéré en termes de produits finals. Avec lafragmentationaccruedelaproduction,ilestplusjudicieuxdel’évaluersurlabasedu«commercedestâches».38

Comme on l’a montré dans la section B.2(c), l’ACR estdéfini comme la part d’un secteur dans les exportationstotales d’un pays par comparaison avec la moyennemondiale du même secteur dans les exportationsmondiales. Si l’indicateur est supérieur à 1, on dit quel’économieaunavantagecomparatifrévélédanslesecteurconsidéré.Enraisonduproblèmededoublecomptagedesintrants intermédiairesdanslesstatistiquesclassiquesducommerce,lecalculdel’indiceentermesbrutspeutinduireen erreur. En particulier, les pays situés en aval dans lachaîned’approvisionnementpeuventincorporeràtortdansleur avantage compétitif apparent la valeur ajoutéeréexportéedesfournisseursenamont.

La figure B.22 est un diagramme à 45 degrés quicompare l’indice ACR «classique» avec le mêmeindicateurcalculéenvaleurajoutéepourlesmachinesetlematériel de transport (PanneauA)et pour lematérielélectrique et optique (Panneau B), deux secteurs où laspécialisationverticaleestforte.

Les économies situées au‑dessous de la ligne à45 degrés voient leur ACR réduit s’il est mesuré entermes de valeur ajoutée. Les économies situéesau‑dessusdelaligneontunACRplusélevéentermesdevaleur ajoutée qu’en termes bruts; autrement dit, ellesexportent des pièces et composants ayant une forteteneur en éléments nationaux, qui sont ensuitetransformésouassemblésdansdespaysenaval.Danslecas du Panneau A, l’Inde, la Chine et le Mexique, parexemple,voient leurACRréduits’ilestbaséuniquementsurlecontenunational;l’inverseestvraipourleJapon,laRépublique de Corée et les États‑Unis. Dans le cas dumatérielélectriqueetoptique,laChineetleMexique,par

FigureB.20:Ratio VAX, pour tous les secteurs, pour certaines économies (pourcentage)

0

20

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100

10

30

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70

90

VAX 1995 VAX 1997

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMCsurlabasedesdonnéesWIOD.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

87

II B. Te

nd

an

ce

s

du

co

mm

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ce

In

Ter

na

TIon

al

exemple,ontunACRréduit.Lesdeuxpaysontdeszonesfranchesd’exportationtrèsactives.

(iv) Rééquilibrage global et commerce en valeur ajoutée

La comptabilisation des biens intermédiaires peutmodifier considérablement les balances commercialesbilatéralesdespays.C’esteneffet l’undes résultats lesplusmarquantsdespremièresrecherches,commecellesdeDaudinet al. (2006b). Les statistiques commercialesen termes bruts, qui comptabilisent les importations parpays d’origine final, masquent l’origine des intrantsintermédiaires et faussent ainsi les balancescommerciales bilatérales. C’est notamment le cas dansl’environnement économique mondial postérieur à2008‑2009, où la crise a été imputée en partie àl’aggravation des déséquilibres extérieurs dans lesannées2000etàleurscausessous‑jacentes.

La figure B.23 montre les balances commercialesbilatérales de six économies, mesurées en termes brutsetenvaleurajoutée.Lesbiensetlesservicessontinclus,et les balances commerciales sont représentées parrapport à cinq partenaires. Le calcul basé sur la valeurajoutée ne modifie pas la balance commerciale totaleaveclemonde,mais il laredistribueselonl’origineréelledelavaleurajoutéedesimportationsetdesexportations.Parexemple, l’excédentcommercialdelaChineaveclesÉtats‑Unisest réduitdeprèsde30%s’ilestmesuréentermesdevaleurajoutée.Onpeutégalementobserverlechangement inverse: l’excédent de l’Allemagne avec lesÉtats‑Unis, par exemple, augmente s’il est considéré entermesdevaleurajoutée.

(f) Lecommerceest‑ilconcentrédanslesmainsdequelquesentreprisesmondiales?

Depuisquelquesannées,l’existencedenouveauxgrandsensemblesdedonnéesetdecapacitésdecalculaccruespour traiter de grandes quantités d’informationspermettent aux économistes d’utiliser des données auniveau des entreprises pour étudier la structure deséchanges. Les résultats indiquent que le commerce estactuellement impulsé principalement par quelquesgrandesentreprisestransnationales.Ilestencoredifficiledediresilaconcentrationdesexportations(importations)entrequelquesacteursestunphénomènerécentounonetsiellepersistera,carilyapeudedonnéeshistoriquesdisponibles au niveau des entreprises. Toutefois,l’abondantelittératureconsacréeàladynamiqueactuelledesentreprisesexportatricesauniveaumicroéconomique,présentée dans cette sous‑section, est un bon point dedépart pour comprendre les déterminants des fluxcommerciaux globaux et pour mieux évaluer lestendancesfuturesducommerceinternational.

La participation des entreprises aux activitésd’exportation est très limitée (voir le tableau B.12). AuxÉtats‑Unis, 18% des entreprises manufacturières enmoyenneexportent(BernardetJensen,1995;Bernardet al. , 2007). La situation est analogue dans les autreséconomies développées, comme la France et le Japon,ainsiquedans leséconomiesendéveloppementcommele Chili, la Colombie et l’Indonésie. En outre, lesentreprisesquiexportentn’expédientqu’unepetitepartiede leur production à l’étranger (marge intensive ducommerce).AuxÉtats‑Unis,lesexportationsreprésentent

FigureB.21:Variation relative du contenu étranger des exportations par rapport aux exportations brutes, secteur manufacturier, 1995-2007

Tendance linéaire

0

5

2520151050-5

10Australie

Bulgarie

Brésil

Canada

Chine

Rép. tchèque

AllemagneEspagne

Estonie

France

Royaume-Uni

Grèce

Hongrie

Indonésie

Inde

Irlande

Italie

Japon

Corée, Rép. de

Lettonie

Mexique

Pays-Bas

Pologne

Portugal

Roumanie

Féd. de Russie

Turquía

Taipei chinois

États-Unis

15

Aug

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19

95

-20

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SV 2007 – SV 1995

20

25

Le contenu étranger des exportations (SV) augmente

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMCsurlabasedesdonnéesWIOD.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

88

moins de 15% des expéditions totales des entreprisesexportatrices (Bernard et al. , 2007). Les entrepriseseuropéennesexportentégalementunepart relativementfaible de leur production: dans des pays comme laFrance, leRoyaume‑Uniet l’Espagne, lamarge intensivedu commerce représente en moyenne moins de 30%(EFIGE,2011).39

IlressortaussidutableauB.13quelesexportationssontfortementconcentréesparmiquelquesexportateurs:auxÉtats‑Unis,1%desexportateurs importantscontribuentpourplusde80%auxexportationstotales.Enoutre,lespremiers10%d’exportateursreprésententplusde96%desexportationsdesÉtats‑Unis (Bernardet al. ,2009a).

Pourlespayseuropéensmentionnésdansletableau,lespartsmoyennesdespremiers1%et10%d’exportateurssontrespectivementde50%et85%(MayeretOttaviano,2007). La situation est analogue pour les pays endéveloppement:enmoyenne81%desexportationssontconcentrées entre les cinq plus grandes entreprisesexportatrices(Cebeciet al. ,2012).

Du fait que les exportateurs sont rares et concentrésparmi un petit nombre d’entreprises, les entreprisesexportatrices sont différentes par essence desentreprises qui ne vendent que sur le marché intérieur.Bernard et al. (2007) montrent que, par rapport auxnon‑exportateurs, les exportateurs des États‑Unis sont

FigureB.22:Avantage comparatif révélé (ACR) en termes bruts et en valeur ajoutée pour certains secteurs, 2007

0,2

0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8

0,4

0,6

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1,0

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1,8

2,0

1,2

AC

R e

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ajo

utée

ACR en termes bruts

Machines et matériel de transport, 2007

1,6

Corée, Rép. deTaipei chinois

Japon

MexiqueÉtats-Unis

ChinePologne

Allemagne

Suède France

Royaume-Uni

Inde

Roumanie

Canada

Italie

Turquie

Brésil

Danemark

Indonésie

Pays-Bas

Panneau A

0,5

0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0

1,0

1,5

2,0

3,0

3,5

AC

R e

n va

leur

ajo

utée

ACR en termes bruts

Matériel électrique et optique, 2007

2,5Corée, Rép. de Hongrie

Mexique

Japon

Finlande

ChineIrlande

États-Unis

Allemagne

Pologne

FranceSuède

IndeRoyaume-Uni

Pays-Bas

Rép. slovaque

Rép. tchèque

Espagne

Italie

Panneau B

Taipei chinois

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMCsurlabasedesdonnéesWIOD.

Note:Lespayssituésau‑dessus/au‑dessousdelaligneà45degrés(enbeige)ontunACRenvaleurajoutéesupérieur/inférieuràl’ACRentermesbruts.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

89

II B. Te

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ce

In

Ter

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al

FigureB.23:Balances commerciales bilatérales mesurées en termes bruts et en valeur ajoutée, 2008

Balance commerciale en valeur ajoutéeBalance commerciale en termes bruts

États-Unis

-10 -5 0 5Milliards de $EU

10 15 20

Mexique

Chine

France

Allemagne

Brésil

États-Unis

-100 -50 0 50Milliards de $EU

150 200 250

Royaume-Uni

Allemagne

Japon

Corée, Rép. de

100

Chine

États-Unis

-20 -10 0 10Milliards de $EU

30 50 70

Canada

Espagne

France

Allemagne

20 40 60

Mexique

Espagne

-250 -200 -150 -100Milliards de $EU

0 50

Corée, Rép. de

Japon

Mexique

Chine

-50

États-Unis

États-Unis

-6 -4 -2 0Milliards de $EU

4 8

Pays-Bas

Chine

Hong Kong,Chine

Singapour

2 6

Inde

Royaume-Uni

-8 -6 -4 -2Milliards de $EU

2 4

Japon

Allemagne

États-Unis

Chine

0

Afrique du Sud

Italie

0 5 10 15Milliards de $EU

20 25 30

Espagne

France

États-Unis

Royaume-Uni

Allemagne

Chine

-30 -20 -10 0Milliards de $EU

40 50 60

Taipei chinois

États-Unis

Allemagne

Japon

20 3010

République de Corée

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMCsurlabasedesdonnéesICIOdel’OCDE.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

90

plusgrands(de97%pour l’emploietde108%pour lesexpéditions) et plus productifs (de 11% pour la valeurajoutéeetde3%pourlaproductivitétotaledesfacteurs),versent des salaires plus élevés (de 6%) et possèdentplus de capital. De même, parmi les pays de l’UE, lesexportateurs ont une productivité du travail plus élevéeque celle des non‑exportateurs (Mayer et Ottaviano,2007). Bernard et al. (2011) montrent également que,pour les États‑Unis, on peut tirer des conclusionsanalogues pour les entreprises importatrices: lesimportateurssontplusgrands,plusproductifs,payentdessalaires plus élevés et ont une plus forte intensité decompétencesetdecapitalquelesnon‑importateurs.Lesauteurs montrent en outre que les entreprises quiimportent et exportent (41% des exportateurs desÉtats‑Unisimportentet79%desimportateursexportentaussi) sont celles qui ont les plus gros écarts deperformances avec les entreprises tournées vers lemarchéintérieur.

Les résultatsexceptionnelsdesexportateursamènentàsedemandersilesexportateursétaientdéjà«meilleurs»avant de commencer à exporter ou si le fait d’exporterentraîne des gains de productivité grâce à une sorted’«apprentissage par l’exportation». De nombreusesétudes confirment qu’une forte productivité précèdel’entréesur lesmarchésd’exportation.Daset al. (2007),parexemple,montrentquec’est lecoûtnonrecouvrablepotentiellement élevé lié à l’entrée sur les marchésétrangers qui induit un processus d’autosélection parmiles entreprises d’un secteur, de sorte que seules lesentrepriseslesplusproductivesexportent.Enrevanche,ilyapeud’élémentscorroborantl’idéed’un«apprentissagepar l’exportation».40 Il est cependant établi que lesentreprises qui entrent sur les marchés d’exportationcroissent plus vite en termes d’emploi et de productionquelesnon‑exportateurs.41

Les constatations empiriques résumées ci‑dessusdonnent à penser que les entreprises sont hétérogènes

TableauB.12:Part des entreprises exportatrices dans le nombre total d’entreprises manufacturières (pourcentage)

Année Part des exportateurs dans le total

États‑Unis 1987et2002 18

Norvège 2003 39,2

France 1986 17,4

Japon 2000 20

Chili 1999 20,9

Colombie 1990 18,2

Indonésie 1991‑2000 19

Sources:OMC(2008)etAmitietCameron(2012)pourl’Indonésie.

TableauB.13:Part des exportations des principaux exportateurs (pourcentage)Pays Année Premier 1 % Premiers 5 % Premiers 10 %

États‑Unis 1993 78,2 91,8 95,6

2002 80,9 93 96,3

Payseuropéens

Belgique 2003 48 73 84

France 2003 44 73 84

Allemagne 2003 59 81 90

Hongrie 2003 77 91 96

Italie 2003 32 59 72

Norvège 2003 53 81 91

Royaume‑Uni 2003 42 69 80

Paysendéveloppementa

Brésil 2009 56 82 98

Mexique 2009 67 90 99

Bangladesh 2009 22 52 90

Turquie 2009 56 78 96

AfriqueduSud 2009 75 90 99

Égypte 2009 49 76 96

Iran 2009 51 72 94

Sources:BernardetJensen(1995),Bernardet al.(2007),MayeretOttaviano(2007),Cebeciet al.(2012).

aPourlespaysendéveloppementfigurantdanslabasededonnéesdynamiquedesdesexportateursdelaBanquemondiale,nousavonsprislapartdesexportationsdespremiers25%d’entreprisesaulieudespremiers10%pourdesraisonsdedisponibilitédesdonnées.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

91

II B. Te

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Ter

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oudifférenteslesunesdesautres.Cefaitestignoréparla théorie classique et la nouvelle théorie du commercedont leshypothèses,comme l’existenced’uneentreprisereprésentative et le goût des consommateurs pour lavariété, impliquent que toutes les entreprises sontidentiques et que toutes exportent. S’inspirant de ceconstat, plusieurs travaux théoriques, dont les premierssont ceux de Melitz (2003), combinent la littératurethéorique sur l’hétérogénéité des entreprises43 et lemodèledeKrugmanpourexpliquerlesfaitsobservésausujet des entreprises dans le commerce international(pouruneanalyseplusdétailléedumodèledeMelitz,voirl’encadréB.4).

Enfin, ilexisteune littératuredeplusenplusabondantesur le rôle des entreprises mondiales: les entreprisesmultiproduits exportant vers de multiples destinations.Bernardet al.(2007)montrentque,parmilesexportateursdesÉtats‑Unis,40%ontexportéunseulproduitversunseul marché et ont représenté une toute petite part(0,2%)desexportationstotalesdesÉtats‑Unisen2000.Inversement, un petit nombre d’entreprises (15,5% desexportateurs) ont exporté plus de quatre produits versplusdequatrepaysetont représentéplusde90%desexportationstotales(PanneauAdutableauB.14).Cebeciet al. (2012) font lemêmeconstatpour lesexportateursdes 34 pays en développement (les Panneaux B et Cillustrent les cas du Mexique et de la Colombie): enmoyenne, 35% des exportateurs exportent un seulproduit vers une seule destination et contribuent pourmoinsde3%auxexportations totales.En revanche, lesentreprisesmultiproduitsquiexportent versdemultiples

destinations ne représentent que 13% du nombre totald’exportateurs mais contribuent pour plus de 60% auxexportationstotales.

Les meilleures performances des entreprises mondialessoulignent le rôle important des exportateurs«superstars» dans la détermination de la structure deséchanges.DesétudescommecelledeFreundetPierola(2012), qui se concentrent sur le premier 1%d’exportateurs, montrent que ces superstars sont leprincipalmoteurde l’avantagecomparatif révéléetqu’ilscontribuentpourplusdestroisquartsàlacroissancedesexportations des pays. L’analyse des exportateursmondiaux est utile aussi pour mettre en évidence lesmécanismes qui expliquent l’impact positif de lalibéralisation des échanges sur la productivité globale.BaldwinetGu(2009)etBernardet al.(2011)constatentqu’au Canada et aux États‑Unis, respectivement, lesentreprisesmultiproduitscessentdeproduirelesproduitsqui se vendent le moins après une réduction desobstacles au commerce (ou de la concurrence sur lesmarchésétrangers),cequiaccroîtleurproductivité.

Lesdonnéesempiriquesrésuméesci‑dessussontaxéessur les entreprises manufacturières. Quelques études,portant essentiellement sur des pays développés,examinentaussilerôledesentreprisesdeservicesdansle commerce; leurs principales conclusions sontconformes à la littérature précédente. Breinlich etCrusciolo (2011)etGourlayet al. (2005)soulignentque,pour les entreprises de services du Royaume‑Uni, laparticipation au commerce varie beaucoup selon le

EncadréB.4: Le modèle des entreprises hétérogènes de Melitz

Melitz(2003)analyseleséchangesintrasectorielsentredeuxpaysidentiques.Ducôtédelaproduction,chaqueentreprise produit une seule variété de produits au moyen d’un seul facteur de production, le travail, et d’unetechnologieàrendementsd’échellecroissants.Lesentreprises«tirentausort» leurniveaudeproductivitéaprèsavoirpayéuncoûtd’entréefixeuniquenonrecouvrable.Enoutre,ellesdoiventpayeruncoûtadditionnelfixepourentrer respectivement sur le marché intérieur et sur le marché étranger. Seules les entreprises ayant uneproductivité suffisamment élevée ou des coûts marginaux suffisamment faibles pourront vendre suffisammentpourcouvrirlescoûtsfixes.Leseuildecoûtmarginalpourentrersurlemarchéintérieurdépendducoûtd’entréefixeainsiquedesprixetdelademande.Demême,leseuildecoûtmarginalpourentrersurlemarchéd’exportationestfonctionducoûtfixedel’entréesurcemarché,ainsiquedescoûtscommerciaux,desprixetdelademande.

Danscecontexte,onpeutclasserlesentreprisesenfonctiondeleurniveaudeproductivitéetlesrangerdanstroisgroupes avec deux conditions limites, c’est‑à‑dire deux seuils de coût marginal: les entreprises dont les coûtsmarginaux sont les plus bas auront intérêt à payer le coût d’entrée sur le marché intérieur et sur le marchéd’exportation,tandisquelesentreprisesayantunniveaudeproductivitémoyenaurontintérêtàpayerseulementlecoûtd’entréesurlemarchéintérieur.End’autrestermes,seuleslesentrepriseslesplusproductivesexporteront.

Dansunmondeoùlesexportateurssontplusproductifsetcroissentplusrapidementquelesnon‑exportateurs,lalibéralisationdeséchangescontraindra lesentreprises lesmoinsproductivesàsortirdumarchéetredistribueralespartsdemarchédesentreprisesmoinsproductivesauxentreprisesplusproductives.Ainsi,lesentreprisesnonexportatriceslesmoinsproductivesserontévincéesdumarchéenraisond’uneexpositionaccrueàlaconcurrence,maisunensembledenouvellesentreprisesplusproductivescommenceraàexporterenraisondel’augmentationdesventessurlesmarchésétrangers.Ceprocessusentraînelaréaffectationdesressourcesverslesentreprisesplusproductivesetaugmentedonclaproductivitéindustriellemoyenne.

Les prédictions du modèle de Melitz sont confirmées par une série d’études empiriques sur l’impact de lalibéralisation des échanges sur la productivité desentrepriseset sur la productivitéglobaledes secteurs.42Onpeutenoutretrouverlesprincipauxfaitsempiriquesrelatifsauxentreprisesetaucommercedanslesmodèlesoùlesdifférencesdeproductivitéentrelesentreprisessontinclusesdansuncadrericardien(EatonetKortum,2002).

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

92

secteur et la taille de l’entreprise. En outre, les grandesentreprises ont plus tendance à exporter et ellesexportent plus de types de services vers plus dedestinations.GonzálezSanzetRodríguezCaloca (2010)font le même constat pour les entreprises de servicesespagnoles. Les données relatives aux entreprises deservices allemandes et néerlandaises confirmentégalement que les exportateurs sont plus grands, plusproductifs et payent des salaires plus élevés que lesnon‑exportateurs.44 Ce résultat est confirmé par laCommission du commerce international des États‑Unisdansuneétudesurlespetitesetmoyennesentreprises.45

Les données au niveau des entreprises présentées danscette section ont des implications importantes pour lecommerce futur. Tout d’abord, il est possible d’évaluerl’évolutiondesfluxcommerciauxagrégésen identifianteten analysant le comportement de quelques grandesentreprises exportatrices. Ensuite, comme les grandesentreprises exportent plus de produits vers plus de

destinations,ilestutiledebiencomprendreleursrésultatspour mieux appréhender la contribution de la margeextensive du commerce à l’augmentation du commerceinternationalobservéeaucoursdesdernièresdécennies.46D’unpointdevuepolitiquel’hétérogénéitédesentreprisesdonneàpenserquelescoûtsfixesdel’exportation,etpasseulement lesdroitsdedouane, sont importantsdansunmondeoù lesentreprisesontdesniveauxdeproductivitédifférentsetsont faceàdeséconomiesd’échelledans laproduction. Enfin, la domination des exportateurs dits«superstars»dansunmondecaractériséparlerôleaccrudelafragmentationdelaproductionsoulignelanécessitéd’analyserplusendétail lesdécisionsdecesentreprisesen termes de localisation de la production et departicipationauxactivitésdeschaînesd’approvisionnement.

Les faits relatifs à l’évolution actuelle du commerceprésentés dans cette section serviront de guide pourcomprendreetévaluerlesscénarioscommerciauxfuturs,cequifaitl’objetdelasectionsuivante.

TableauB.14:Répartition des exportateurs et de la valeur des exportations (pourcentage)

Panneau A. états-Unis 2000

Partdesentreprisesexportatrices

Partdelavaleurdesexportations

Nombrededestinations Nombrededestinations

Nombredeproduits

1 2 3 4+ AllNombredeproduits

1 2 3 4+ Toutes

1 40,4 1,2 0,3 0,3 42,2 1 0,20 0,06 0,02 0,09 0,4

2 10,4 4,7 0,8 0,7 16,6 2 0,19 0,12 0,04 0,18 0,5

3 4,7 2,3 1,3 0,9 9,2 3 0,19 0,07 1,05 0,22 0,6

4+ 8,5 4,3 3,7 15,5 32,0 4+ 2,75 1,31 1,10 93,40 98,6

Total 64,0 12,5 6,1 17,4 100 Total 3,3 1,6 1,2 93,9 100

Panneau B. Colombie 2009

Partdesentreprisesexportatrices

Partdelavaleurdesexportations

Nombrededestinations Nombrededestinations

Nombredeproduits

1 2 3 4+ AllNombredeproduits

1 2 3 4+ Toutes

1 34,5 4,4 1,6 3,0 43,5 1 3,7 3,2 0,9 5,0 12,8

2 9,0 3,9 1,3 2,6 16,8 2 4,7 2,9 0,4 5,0 13,0

3 4,3 2,1 1,2 2,0 9,6 3 1,6 1,5 1,4 5,7 10,2

4+ 9,9 4,5 3,4 12,2 30,0 4+ 4,5 3,1 1,2 55,2 64,0

Total 57,7 14,9 7,5 19,8 100 Total 14,5 10,7 3,9 70,9 100

Panneau C. Mexique 2009

Partdesentreprisesexportatrices

Partdelavaleurdesexportations

Nombrededestinations Nombrededestinations

Nombredeproduits

1 2 3 4+ AllNombredeproduits

1 2 3 4+ Toutes

1 39,3 2,0 0,5 0,8 42,6 1 3,0 0,2 0,2 0,3 3,7

2 10,1 2,6 0,7 0,7 14,1 2 1,4 0,2 0,1 0,3 2,0

3 5,2 1,5 0,7 0,8 8,2 3 1,4 0,2 0,3 0,6 2,5

4+ 17,4 5,0 2,8 9,9 35,1 4+ 19,6 7,2 2,8 62,1 91,7

Total 72,0 11,1 4,7 12,2 100 Total 25,4 7,8 3,4 63,3 100

Source:LesdonnéesconcernantlaColombieetleMexiqueproviennentdelabasededonnéesdynamiquedesexportateursdelaBanquemondiale.

Note:LesdonnéesduPanneauAsontextraitesdelaLinkedLongitudinalFirmTradeTransactionDatabase(LFTTD)2000.LetableauindiqueconjointementlarépartitiondesentreprisesmanufacturièresdesÉtats‑Unisquiexportent(partiegauche)etdelavaleurdeleursexportations(partiedroite)enfonctiondunombredeproduitsexportés(rangées)etdunombrededestinationsdesexportations(colonnes).LesproduitssontdéfinisauniveauàdixchiffresduSystèmeharmonisé.DesrenseignementsanaloguessontfournispourlesPanneauxBetC.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

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3. Scénarioséconomiquesetcommerciauxfuturs

Cette section donne un aperçu des projections à longterme du commerce, en expliquant brièvement commentellessonthabituellementétablies(voirl’encadréB.5).Nousprésentons ensuite nos propres projections basées surplusieursscénarios,optimistesetpessimistes,quiillustrentlesprincipalescaractéristiquesdupaysagecommercialenmutation.47 Le principal objectif de ces simulations n’estpas nécessairement de fournir de meilleures projectionsquedanslalittérature,maisc’estdeprésenterlesrésultatsde la manière dont les discussions sont habituellementstructurées dans le cadre de l’OMC (groupes de pays,principaux secteurs) et de montrer que les résultats sont

sensiblesauxprincipaleshypothèsesconcernantà lafoisles fondamentaux économiques et les scénarios enmatièredepolitique.Cettedernièreanalyseéclaireraaussil’examenapprofondi,danslerestedurapport,desfacteursqui auront une influence déterminante sur le commercemondial à long terme, notamment la démographie,l’investissement, leprogrès technologique, les ressourcesénergétiques/naturelles, les transports et les institutions,ainsiquelespolitiquescommercialesetlesmesuresquis’yrapportent.

(a) Aperçudesprojectionsàlongterme

Desextrapolationssimplesdestendancesactuellessontun premier moyen simple de prédire l’évolution des

EncadréB.5: Comment les projections à long terme du commerce sont-elles établies ?

Lesprojectionsàlongtermeducommercesefontordinairementendeuxtemps:premièrement,commelevolumedeséchangesdépendduPIBdespays (ainsi que l’a amplementdémontré la littérature sur la «gravité»), il fautélaborerdes trajectoiresdecroissanceéconomique.Pourcela,onutiliseunmodèlemacroéconomique. Ilexisteplusieursapprochesquipermettentd’entrerplusoumoinsdans ledétailauniveaudespays.S’appuyantsur lesnombreusesétudessurlacroissanceéconomique,lesmodèlesprennentgénéralementencomptela«convergenceconditionnelle»,c’est‑à‑dire lefaitque lespaysayantunPIBparhabitantrelativementfaibleontunecroissanceplusrapide,sousréservedesfacteursstructurelsetdespolitiquesquileursontpropres.FontagnéetFouré(2013),sur lesquelssontbaséeslessimulationsfigurantdanscerapport,emploienttroisfacteursdeproduction(travail,capitaleténergie)enplusduprogrèstechnologique.48

Lesdifférentesétudespeuventpartir d’hypothèsesdifférentes sur ces facteurséconomiques fondamentaux, lamanièredontilssedéveloppentetdontilssontinterconnectés.FontagnéetFouré(2013),parexemple,déterminentla dimension et la composition futures de la population active en fonction de la croissance démographique, duvieillissement, du taux d’activité, de l’éducation et des migrations. De même, ils tiennent compte de différentsdegrés de mobilité internationale du capital, d’efficience énergétique et d’amélioration de la PTF. En projetantchaquevariableàpartird’estimationsducomportementpassé,onélaboreunscénarioderéférencepourtouslespays/régionsdumodèle,comptetenudesliaisonsréciproquesaveclesautresvariablespertinentes.Parexemple,uneprojectiondelaconvergenceéducativedépendàlafoisducomportementpassédecettevariableetdesoninterdépendanceavecl’évolutiondémographiquefuture.

En imposant des règles générales de «bouclage», comme le fait que l’épargne globale doit être égale àl’investissement global, le cadre macroéconomique théorique permet d’assurer la cohérence des projections debase au niveau des pays et d’arriver à un ensemble cohérent de projections de croissance pour l’économiemondiale.Lasimulationconsistealorsàintroduireun«choc»,c’est‑à‑direunécartdéfinid’unevariableindividuellepar rapport à sa projection de base, afin de voir ce que cela change en termes de résultats économiques parrapportàlasituationderéférence.Les«chocs»économiquesn’affectentpastousdelamêmemanièrelespaysdéveloppésetlespaysendéveloppement,etlaplupartdesmodèles,ycomprisdansleprésentrapport,prévoientdesscénariosdifférenciésplusréalistesselonleniveaudedéveloppement.

Deuxièmement,ilfautmodéliserlastructurefuturedeséchanges.Lespaysdiffèrentparladotationenfacteurs,latechnologieetl’importanceéconomiquerelativedechaquesecteur,etlesdifférentssecteursemploientlesfacteursàdesintensitésdifférentes.Enoutre,lacompositiondelademandeparproduitvarieselonleniveauderevenu.Enconséquence,lespaysconnaissentdeschangementsstructurelsentermesdeconsommation,deproductionetdecommerce.Laredistributiondesfacteursetlastructuredelademandesontinfluencéesparlesprixsurlesdifférentsmarchésqui,àterme,devronttousêtreenéquilibre.C’estpourquoiilpeutêtreutiled’employer,pourcettesecondeétape,unmodèleclassiqued’équilibregénéralcalculable(EGC)del’économiemondiale.49

Selonlamesuredanslaquellelepanierdebiensetdeservicesconsommésdiffèredecequiestproduitlocalement,des flux commerciaux apparaissent, subordonnés à l’évolution des coûts du commerce. À terme, les pays sespécialisentdansdifférentssecteursdebiensetdeservicesentirantavantagede leurdotationenfacteurs,deleur technologie et de la proximité de la demande. Les simulations présentées dans ce rapport considèrentdifférentstypesdecoûtscommerciaux,liésàlafoisàlagéographieetauxpolitiques.Lespremiersdépendentdestransports et de l’évolution des prix des carburants. Quant aux seconds, ils dépendent à la fois des «taxes»commerciales et des autres mesures non tarifaires, telles que les frais de dédouanement et d’inspection desmarchandises,ainsiquedesobstaclesàlafournituredeservices

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

94

principaux paramètres économiques. Bien que cestechniquespermettentd’obtenirdesprévisionsadéquatesducommerceetdelaproductionauniveaumondial, leurpouvoir prédictif diminue au cours du temps et dépendbeaucoupdelanaturedeshypothèsessous‑jacentes.Lafacilité de calcul accroît leur intérêt, malgré un manquede rigueur analytique. Au mieux, elles fournissent desestimationsinitialesplausiblesdesagrégatséconomiquesimportants,quipeuventensuiteservirde référencepourévaluerlerésultatd’approchesplussophistiquées.

La figure B.24 présente des projections simples du PIBréel (corrigéde l’inflation)etdesexportations réellesdemarchandises pour les économies développées et endéveloppement jusqu’en 2030, aux prix et aux taux dechange de 2005. La croissance du PIB mondial a étéestimée en tant que moyenne pondérée des taux decroissance réels et projetés du PIB pour les paysdisponibles, les valeurs du PIB de 2005 étant utiliséescomme pondérations. Les prévisions du PIB pour lesdifférents pays jusqu’en 2017 ont été obtenues à partirde diverses sources, parmi lesquelles le FMI, l’OCDE etd’autresorganismesdeprévisionpublicset privés.Onaensuite estimé les taux de croissance pour la période2018‑2030, soit par une régression ordinaire desmoindres carrés ou en prenant les taux de croissancemoyensdesdernièresannéesde lasérie.Enfin, lestauxde croissance pour le monde, les différents pays et lesgroupesdepaysontétéappliquésauxvaleursduPIBdel’année de base 2005 pour calculer les valeurs et lespartsjusqu’en2030endollarsEUde2005.

Cette approche aboutit à des estimations élevées etcontestablesdelacroissanceduPIBdecertainspaysendéveloppement, notamment des économies asiatiques àcroissancerapidetellesquelaChineetl’Inde.Celaapoureffet de gonfler les valeurs projetées du PIB pour cespays au point que la somme des valeurs des différentspays en 2030 est supérieure d’environ 10% à cequ’indiquerait une projection simple du PIB mondialagrégé. Cela donne à penser que la croissance de laproduction dans ces économies sera probablement pluslente dans l’avenir qu’au cours des années récentes.50Pour tenir compte de ce ralentissement attendu, lesestimations concernant la Chine, l’Inde et d’autres paysontétéréduitesaucasparcas,toutenrestantlargementsupérieuresàlamoyennemondiale.

Aprèscesajustements,lapartdespaysdéveloppésdanslePIBmondialindiquéedanslafigureB.24tombeà61%en2030, contre 71% en 2010, et la part des économies endéveloppement passe de 29% à 39% pendant la mêmepériode.Sicetteprévisionseréalise,ladiminutiondelapartdes économies développées se fera principalement auxdépensde l’UnioneuropéenneetduJapon,dont lespartsdans la production mondiale tomberont respectivement à22%et6%en2030,contre28%et9%en2010.Lapartdes États‑Unis devrait rester relativement stable duranttoutelapériode,àenviron25%,malgrélabaissedelapartglobale des pays développés. En revanche, la part de laChine dans le PIB mondial devrait passer de 8% à 15%entre2010et2030,tandisquesapartdans laproductiondeséconomiesendéveloppementpasserade26%à37%.

FigureB.24:Extrapolations simples du PIB réel et des exportations réelles au niveau mondial, 2000-2030 (milliardsde$EUde2005)

UE-27Japon

Féd. de Russie Autres pays en développementBrésil

États-UnisAutres pays développésNouveaux pays industrialisés (6)Inde

Chine

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40 000

30 000

60 000

50 000

80 000

70 000

90 000

100 000PIB réel en $EU de 2005

Pays développésPays en développementdont la Chine

0

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10 000

20 000

15 000

25 000

30 000

5 000

Exportations réelles en $EU de 2005

Source:EstimationsduSecrétariatdel’OMC.

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Onaestimélacroissanceducommercemondialjusqu’en2030 en appliquant une élasticité‑revenu supposée de1,5 à la croissance du PIB mondial, conformément àl’estimationdel’élasticitépourlafigureB.4.Onasupposéque lesexportationsdespaysdéveloppésaugmentaientà un rythme continu estimé par une régression desmoindrescarrés, le restede lacroissanceducommerceétant attribué aux pays en développement. Le taux decroissance futur des exportations de la Chine asimplementétécalculécommeéquivalentautauxmoyendes dernières années. Là encore, il en résulte uneestimationtropélevéedelacroissancefuturedelaChine,compte tenu des forts taux de croissance de la périoderécente.Sicetauxestextrapoléjusqu’en2030,lavaleurdes exportations chinoises à la fin de la période estsupérieureàune valeurextrapoléede lamêmemanièrepourl’ensembledeséconomiesdéveloppées.

Conformément à l’approche adoptée pour le PIB, on asupposé que le taux de croissance des exportationschinoises deviendra plus modéré dans l’avenir, tout enrestantlargementsupérieuràlamoyennemondiale.Aveccet ajustement, on s’attend à ce que les économies endéveloppement voient leur part des exportationsmondiales passer de 41% en 2010 à 57% en 2030,tandisquelapartdeséconomiesdéveloppéestombede59% à 43%. Les exportations de la Chine devraientaugmenter en pourcentage des exportations mondiales(de 9% à 15%) et des exportations des économies endéveloppement(de23%à27%)pendantcettepériode.51

La figure B.24 donne une image assez réaliste del’évolution futureducommerceetde laproduction,maisdufaitdel’utilisationd’hypothèsesad hocbaséessurdesjugements éclairés, les résultats sont moins faciles àgénéraliser. Pour obtenir des estimations plus fiables, ilfaut avoir des modèles théoriquement fondés. Commecela est indiqué dans l’encadré B.5, pour la présenteanalyse,ilestutiledecombinerlesmodèlesdecroissancemacroéconomique avec des modèles d’échangesmultisectorielsetmultirégionaux.

(i) Projections macroéconomiques

Aucoursdesdernièresannées,plusieursinstitutionsontutilisé des modèles macroéconomiques pour faire desprojections de la croissance économique à long terme.Parmi lesprincipauxexemplesfigurentdesétudesde laBanque mondiale, de la Banque asiatique dedéveloppement, de l’OCDE et du Centre d’étudesprospectives et d’informations internationales (CEPII).52Cesétudesn’ontpastoutesétéutiliséesparlasuitepourétablir des projections macroéconomiques de référencedestinées à l’analyse du commerce dans un cadre demodélisationEGC.Danscesmodèlesmacroéconomiques,il est courant de devoir faire des hypothèses sur lesprincipaux déterminants de la croissance,53 notammentl’évolutiondelapopulationactiveetducapitalhumain,lecapital physique, les ressources naturelles (énergie,terres) et le progrès technologique (mesuré ici en tantque«productivitémultifactorielle»ou«productivitétotaledes facteurs»). Les résultats des modèles peuvent êtresensibles aux hypothèses précises faites pour chacunedecesvariables.

Par exemple, l’OCDE (2012c) suppose que les paysréussiront à améliorer de façon continue l’accès àl’éducation,cequiaurauneinfluencepositiveglobalesurla dimension et la composition de la population active.Fontagné et al. (2012) et Fouré et al. (2010), du CEPII,fontunehypothèseglobalesimilaire,maisprévoientdesvitesses différentes de convergence des niveauxd’éducation. En raison de ces variations, il est souventdifficiledecomparerlesrésultatsdesdifférentesétudeset dedéterminer cequi conduit àun résultat particulier.Ces différences peuvent jouer un rôle important si ons’intéresseauxrésultatsauniveaudespays.Mais,encequi concerne les tendances économiques globales etleurs éléments moteurs, les principales projectionsmacroéconomiques à long terme donnent des résultatsconvergents.

Encequiconcernelesrésultatséconomiques,touteslesétudespasséesenrevueconstatentque lesdifférencesdePIBparhabitants’atténueront.Pour2030,laBanquemondiale (2007) prédit que la croissance des paysdéveloppés restera au niveau moyen à long termed’environ 2%, tandis que la croissance des pays endéveloppements’accélérera,passantde2,4%à3,1%enmoyenne. L’OCDE (2012c) projette des taux decroissance similaires jusqu’en 2060, mais elle souligneque,malgréleprocessusde«rattrapage»,lespaysrichesactuelsresterontentêteentermesdePIBparhabitant.54Cependant, la taille relative des économies seraprofondémentmodifiée.

L’OCDE (2012c)prévoit que lapartdespaysde l’OCDEdans lePIBmondial, quiestdedeux tiersactuellement,reculera à environ la moitié en 2030, puis a seulement44% environ en 2060. Parmi les pays qui ne font paspartie de l’OCDE, la Chine et l’Inde verront leurs partsaugmenter substantiellement, tandis que la part desautrespayshorsOCDEnechangeraguère.LapartdelaChine dans le PIB mondial passera de 17% en 2011 à28%en2030(sanschangementensuitejusqu’en2060),tandisquel’Indeverrasapartaugmenterfortementaprès2030,passantde7%actuellementà11%en2030,puisà18%en2060.

En ce qui concerne les moteurs de la croissanceéconomique,c’est leprogrèstechnologiquequiade loinleplusgrandimpactdanscesmodèles.L’OCDE(2012c),parexemple,montrequel’améliorationdelaproductivitéest à l’origine de plus des deux tiers de la croissanceannuelle moyenne du PIB pour presque tous les paysconsidérésetqu’ellepeutexpliquerengrandepartie lesdifférencesdetauxdecroissanceentrelespaysaucoursdes50prochainesannées.Commelesoulignentàlafoisl’OCDE(2012c)etlaBanqueasiatiquededéveloppement(2011), l’exception notable pourrait être certains pays àrevenu intermédiaire, qui devront passer d’une stratégiede croissance fondée sur un vaste réservoir demain‑d’œuvre, sur l’accumulation de capital ou surl’extractiondesressourcesàunecroissancereposantsurlaPTFafin,d’unepart, de résisterà laconcurrencedeséconomiesàfaiblerevenuet,d’autrepart,derattraperleséconomies avancées. Les producteurs de pétrole sontune autre exception, car leur PIB dépend beaucoup duprixdel’énergie.

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La démographie joue aussi un rôle important dans lacroissancerelativedeséconomies,certainspaystelsquel’Indeet l’AfriqueduSudbénéficiantdecequ’onappellele «dividende démographique» (voir la section C.1 pourune analyse détaillée), tandis que la plupart deséconomies avancées ainsi que la Chine risquent d’êtreentravées par des coefficients de dépendance plusélevés.Laquestiondesavoirsi lespremiersréussirontàtraduire une démographie favorable en une croissancetirée par la main‑d’œuvre dépendra d’une série defacteurs,surtoutdurenforcementducapitalhumainetdela participation des femmes à la population active. Pourles autres, la pyramide des âges et les flux migratoiresseront des considérations importantes (Fouré et al. ,2010;Banqueasiatiquededéveloppement,2011;OCDE,2012c).

L’accumulationdecapitalestencoreunimportantfacteurdecroissanceéconomiquedansdenombreuxpays.Avecdes tauxd’épargnequi, selon lesprojections,baisserontpresque partout (OCDE, 2012c), la mobilité du capitalpeut jouer un rôle important dans les résultatséconomiques, notamment pour certaines régions endéveloppement(Fouréet al. ,2010).Enoutre,laformationdecapitaldétermine le ratiodecapitalpar travailleur,etdonc l’avantage comparatif des pays – déterminantimportantdelastructuredeséchangesàlongterme.

Àpremièrevue(cequisurprendunpeu),lahausseduprixde l’énergie joue un rôle relativement mineur dans lesperspectives de croissance économique quand onconsidère,àpartirdel’expériencepassée,lesaméliorationsdelaproductivitéénergétiquequ’elleentraîne(Fouréet al.,2010). Ces avancées sont, entre autres, des possibilitésaccrues de substitution, le progrès technologique lié auxnouvelles utilisations et l’adaptation du comportement àl’évolution des prix. Des progrès analogues devront êtreaccomplis pour les autres ressources naturelles, dont leprix risque d’augmenter, notamment en Asie, là où laconsommation de produits primaires augmentera avec lapoursuite de l’industrialisation (Banque asiatique dedéveloppement,2011).

Enfin, certaines de ces études soulignent l’importancedespolitiquesmacroéconomiques,commelapolitiquedeconsolidation budgétaire, pour les perspectives decroissance (OCDE, 2012c; Banque asiatique dedéveloppement, 2011). L’OCDE (2012c) mentionneégalement l’amélioration de la réglementation desmarchés de produits. S’agissant des résultatscommerciaux, il vaut mieux introduire certaines deshypothèses concernant les politiques et certaines desquestionsinstitutionnellespluslargesdanslecadreEGCmultisectorieletmultirégionalplusdétaillé,commeon leverraplusloin.

(ii) Simulations du commerce mondial

Afindepasserdesprojectionsmacroéconomiquesàuneanalyse plus détaillée de l’évolution future des fluxcommerciaux mondiaux, la plupart des études utilisentl’un des principaux modèles d’équilibre général global(Global Trade Analysis Project, Mirage, Linkage), mais

beaucoupse limitentà l’analysedecertainssecteursouseconcentrentsurunerégionparticulière.55

L’unedespremièresétudesoffrantdesprédictionsàlongterme sur le commerce à l’horizon considéré dans leprésentrapportestcellede laBanquemondiale(2007).Lessimulationsontétéfaitesdanslecontextedurapportsur lesperspectiveséconomiquesmondiales(2007),quiétaitconsacréà la «prochainevaguedemondialisation»etquidonnaitdesprévisionsjusqu’en2030.Lesauteursdecetteétuden’ontpasutilisédansunpremiertempsunmodèle de croissance macroéconomique explicite etindépendant, mais ont imposé directement deshypothèsesrelativesàlacroissancedelaPTFaumodèleEGCmultisectorieletmultirégionalstandard(Linkage)dela Banque mondiale. Ils ont également supposé uneaugmentation autonome de 1% par an de l’efficienceénergétique pour toutes les régions et une baisseannuellede1%descoûtsducommerceinternational.

L’étudeconstatequelecommerceresteraplusdynamiqueque lePIB, levolumedesexportationsétantmultipliéparplus de trois et la croissance de l’économie mondialedoublantpendantlapériodeconsidérée.Celaseravraienparticulier pour les pays en développement, qui verrontleurs exportations multipliées par quatre. Ces prédictionscommercialessupposentquelespolitiquesnechangerontpas.Sil’onajouteuneréductionuniverselledetroisquartsdelaprotectionappliquéeaucommercedesmarchandises,lesexportationsdespaysendéveloppement augmententencored’environuncinquième.

Depuis, l’intérêt pour les analyses à long terme ducommerce a beaucoup grandi, peut‑être en raison de lacrise économique et du sentiment d’incertitude accru.Petri et Zhai (2012) utilisent les projectionsmacroéconomiques de la Banque asiatique dedéveloppement (2011)commeniveaude référencedansleurpropremodèleEGCet, surcettebase, ilsanalysentles changements structurels potentiels et les défisauxquelsserontconfrontéesl’Associationdesnationsdel’Asie du Sud‑Est (ASEAN), la Chine et l’Inde dansdifférents scénarios. Comme dans l’étude de la Banquemondiale (2007), les auteurs choisissent l’année 2030commehorizondeleursprévisionset,danslescénarioderéférence, ils obtiennent des résultats égalementoptimistespourlespaysexaminés.Ilsconstatentquelesrevenusquadruplerontetquelapauvretéseraquasimentéradiquée. La région constituera aussi la moitié d’unenouvelleclassemoyennemondialeà lafinde lapériodede prévision. En ce qui concerne le commerce, la plusforte augmentation aura lieu parmi les pays endéveloppement, avec une part de 36% du commercemondial en 2030, tandis que le commerce entre paysdéveloppés et pays en développement augmenteralentementpouratteindre43%ducommercemondial, lecommerceentrepaysdéveloppéschutantà21%.

Lesauteurssoumettentensuiteleursprojectionsdebaseselon le modèle EGC à plusieurs «chocs» potentielstouchantdesfacteursessentiels,quipourraientpesersurles perspectives économiques. Ils constatent que leschocs de productivité négatifs sont le facteur le plusimportantaffectantlesperspectiveséconomiquesàlong

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terme.Mêmesi labaissede laproductiviténeconcerneque les pays développés (ce qui n’est pas entièrementirréaliste étant donné le ralentissement économiqueactuel),leséconomiesasiatiquesexaminéesenpâtiraient.Uneautrehypothèseimportanteconcernelesprogrèsenmatière d’efficience énergétique et de conservation del’énergie: si, contrairement au passé, les haussesprojetéesdesprixde l’énergienes’accompagnaientpasd’améliorations technologiques, les perspectives decroissance économique de référence seraientconsidérablement réduites. Du côté positif, un accordcommercial mondial ambitieux pourrait compenserlargement la plupart des chocs défavorables simulés, àl’exception d’un ralentissement technologique dans lespaysendéveloppement.56

AndersonetStrutt(2012)considèrentégalementl’année2030 en se servant des mêmes prévisionsmacroéconomiques(Banqueasiatiquededéveloppement,2011)complétéespardesprojectionsduCEPII(Fouréet al. ,2010)pourlespaysnonreprésentésdansl’échantillonde la Banque asiatique de développement. Ils ajustentégalement l’évolution de plusieurs facteurs clés, commelacompositionetlacroissancedelamain‑d’œuvreetlesressources énergétiques et foncières en utilisant desdonnées tirées de publications spécialisées. À partir delà, ils établissent une projection macroéconomique debase pour le modèle EGC du Global Trade AnalysisProject(GTAP),quiestpeut‑êtrelepluslargementutilisépour l’analyse du commerce au niveau mondial et auniveau des économies. Les perspectives favorables despays en développement (notamment en Asie) en termesd’augmentation du poids économique et de laconvergencedes revenusparhabitant sontanaloguesàcellesqu’indiquentPetrietZhai(2012).

Anderson et Strutt (2012) procèdent ensuite à uneanalyse plus détaillée de la structure des échangesprévueauniveaudespaysetdessecteurs.D’aprèscetteétude, la part des pays en développement dans lesexportations mondiales de produits manufacturéscontinuera d’augmenter, passant d’environ 22% dansl’annéedebase(2004)à38%en2030.S’ilspoursuiventleur industrialisation rapide, les pays en développementimporterontdeplusenplusdeproduitsagricoles,d’autresproduits primaires (dont la part quadruplera à l’horizonprévu) et de produits manufacturés. Ces évolutionsmodifieront profondément la structure des échangesbilatéraux. D’après Petri et Zhai (2012), la part ducommerce Sud‑Sud dans le volume total des échangespassera à 30%, tandis que le commerce entre les paysindustrialisésdiminuerafortementpours’établiràunpeuplusduquartducommercemondial.Lesauteursdonnentenoutredesdétails sur la répartitiongéographiquedeséchanges futurs en construisant des indices régionaux.Les projections indiquent une dispersion géographiquedes échanges, avec une diminution de l’intensité ducommerce intrarégional, notamment en Asie (voir lasection B.2(d)) et une augmentation relative de lapropensionàcommerceravecd’autresrégions.

AndersonetStrutt(2012)appliquentégalementplusieursautresscénariosdans leuranalyseEGC.Considérantquela faible croissance actuelle pourrait persister, ce qui

préoccupe vivement les économies développées, ilsmontrent que la transformation structurelle des grandspays en développement en direction des secteurs nonprimairesseraitretardée.Lesauteurssimulentaussidiversscénariosdepolitiquecommerciale.Plusparticulièrement,la libéralisation améliorerait encore la part du commerceSud‑Sud dans le commerce mondial. Les auteurs notentque d’autres déterminants du commerce mondial,notamment les coûts de transport et de communication,sontconsidéréscommeconstants.S’ilsdevaientpoursuivreleur baisse à long terme, les avantages du commerce enseraient accrus.Mais les auteurs reconnaissent aussi lesrisques de protectionnisme. Ils notent, par exemple, quel’augmentation prévue des importations de produitsagricoles, notamment en Chine et en Inde, pourrait êtreparticulièrement sensible à une intervention de politiquecommerciale.57

Enfin, Fontagné et al. (2012) combinent le modèlemacroéconomiqueduCEPII (MaGE)etsonmodèleEGCdynamique multisectoriel de l’économie mondiale(Mirage). Leur étude, qui prend comme horizon l’année2100, vise principalement à évaluer les politiquesrelatives aux problèmes environnementaux, notammentlesémissionsdeCO2,quipourraientfairel’objetd’étudesplusgénéralessur leclimat,plutôtqued’uneanalyseducommerce. En raison de l’horizon temporel lointain, lesprévisionspourcertainesvariablesexogènesnécessitentdes hypothèses assez pointues. L’évolution du PIB estanalogue à celle qui est décrite dans les autres étudesmacroéconomiques examinées ci‑dessus: la croissancedespaysdéveloppés resteautourde2%pendant toutelapériodedeprévision,tandisquelesdiverseséconomiesémergentes se dépassent mutuellement en termes dedynamiquedecroissance.Audébut, laChineades tauxdecroissancesupérieursàceuxdetouslesautrespays,mais elle est ensuite dépassée par l’Inde, dont lacroissancecommenceàs’accéléreràpartirde2035.En2100, la région la plus dynamique est l’Afriquesubsaharienneavecunecroissanceannuellemoyennede4%, suivie de près par le Brésil, qui ne connaît pas lamême décélération de la dynamique de croissance quelesautreséconomiesémergentes.

L’étude présente les résultats commerciaux desÉtats‑Unis, du Japon, de l’Union européenne et de laChine. La principale conclusion est que, à quelquesexceptions près, la spécialisation des exportations nechange guère. La Chine devient un exportateur net demachines et reste un important exportateur d’appareilsélectroniques,toutencontinuantàimporterdesproduitsprimairesetdeplusenplusdeproduitsalimentairesetdeproduitsagricoles.Lapartdesexportationsdemachinesbaisserait pour tous les pays industrialisés examinésmais, pour le Japon, d’autres produits manufacturésoccupentuneplaceplusimportantedanslesexportations,tandis que les États‑Unis et l’Union européenneaugmentent leurs exportations de services. LesÉtats‑Unisdeviennentaussiunexportateurdegaz.

Il ressort decesétudesquelques tendancescommuneset des indications générales mais il n’apparaît aucuneimageglobaledel’activitééconomiqueetdelastructuredeséchangesmondiauxdanslesdécenniesàvenir,objet

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

98

central du présent rapport. Nous avons donc inclus unensemble de simulations «sur mesure», afin d’élaborerdes scénarios cohérents pour les modèles de lacroissance macroéconomique et les modèles EGC deséchangesauniveaumondialjusqu’en2035.Laréalisationdenospropressimulationsprésented’autresavantages,mêmesil’onnepeutpasdirequ’ellessontmeilleuresoupiresque lesapprochesadoptéesdans la littératuresurlecommerce.Enparticulier, leshypothèsespeuventêtreexpliquées en détail, et la sensibilité des résultats àdifférentsscénariospeutêtredocumentéeclairement.

Parailleurs, lesmultiples résultatspeuventêtreagrégésetrésumésparrégionetparsecteur,delafaçondontlesdiscussions ont généralement lieu dans le contexte del’OMC. Les simulations présentées ici reposent sur laméthode de modélisation introduite dans Fouré et al.(2010)etFontagnéet al.(2012),maisellessontadaptéesau sujet qui nous intéresse ici.58 À notre connaissance,c’estleseulexerciceeffectuéàcejouràcetteéchelleetà cet horizon temporel pour lequel les scénariosmacroéconomiques de référence sont entièrementidentifiables d’un bout à l’autre des simulations EGCultérieures des échanges, ce qui assure la cohérenceinternedel’ensembleducadre.

(b) Simulationdel’économiemondialeaucoursdesdeuxprochainesdécennies

Afin d’envisager l’éventail des possibilités concernant lastructure du commerce mondial dans les prochainesdécennies,ilestindispensabled’incluredanslecadredemodélisation l’ensemble des principaux moteurs del’activitééconomiqueetducommerceinternational.Maisilfautaussireconnaîtrequecertainesvariablessonttrèsimprévisibles. Les prix de l’énergie, par exemple, sontcertes fonction des lois économiques de l’offre et de lademande, mais ils sont aussi très dépendants desévolutionsgéopolitiques,qu’ilestdifficiledeprévoiravec

unequelconquecertitude.Ilenestdemêmepourd’autresfacteurs comme les flux migratoires, la mobilitéinternationaledescapitaux,letransfertdetechnologieetl’innovation, qui sont très incertains par nature etdépendent d’événements échappant à tout modèleéconomique.Bienquemoins incertaines, lesprojectionsrelatives à la convergence éducative doivent aussi êtreutilisées avec prudence. Par conséquent, bien que lessimulations soient effectuées dans un cadre demodélisation théoriquement rigoureux et complet, noustenonscomptede lamarged’incertitudeendéveloppantdeux trajectoires «extrêmes» pour toutes les variablesclés.

En combinant simultanément les scénarios «haut» et«bas» (en fonction de l’impact attendu sur le PIB) pourchaque variable, nous pouvons déterminer une limitesupérieureetinférieurepournosprojectionsglobales.Lacombinaison des «chocs» du côté bas et du côté hauttient également compte du fait que les événementsnégatifs et positifs ont tendance à se grouper. Enparticulier, on a constaté à maintes reprises que lespériodes de crise économique coïncident généralementavec des tendances protectionnistes et vice versa. Parconséquent, même si aucune des trajectoires extrêmesne représente le scénario le plus plausible pour l’avenir,lequel se situe probablement entre les deux, cesfourchettes mettent en évidence les risques et lespossibilités, indiquant plusieurs pistes possibles pourl’économie mondiale et le commerce dans l’avenir.L’encadréB.6donneunaperçuetunebrèvedescriptiondesscénarioschoisispourchaqueélémentmoteurde lacroissanceéconomiqueetducommerceinternational.59

(i) Trajectoires de croissance économique

Le tableau B.15 indique les taux de croissance annuelsmoyens projetés pour les principaux pays et régions dumodèle macroéconomique, ainsi que les niveaux de PIB

TableauB.15:Taux de croissance annuels moyens du PIB et niveaux du PIB projetés d’ici à 2035, par pays et par région (pourcentageetmilliardsde$EUde2005)

Croissance du PIB PIB en 2035 Part du PIB mondial

Réf. Bas Haut Réf. Bas Haut Réf. Bas Haut

États‑Unis 1,74 ‑0,12 0,44 20562 ‑2,75 10,49 20,3 2,99 ‑3,40

Japon 1,53 ‑0,12 0,20 6749 ‑2,63 4,53 6,7 0,99 ‑1,42

Unioneuropéenne 1,43 ‑0,02 0,80 20458 ‑0,37 19,81 20,2 3,55 ‑1,97

Brésil 2,97 ‑1,01 1,31 2299 ‑20,31 33,78 2,3 ‑0,14 0,02

FédérationdeRussie 4,13 ‑1,51 2,34 2481 ‑28,55 66,66 2,5 ‑0,38 0,63

Inde 5,96 ‑2,33 2,48 5450 ‑40,10 70,23 5,4 ‑1,58 1,52

Chine 6,07 ‑2,70 2,76 17217 ‑44,79 80,48 17,0 ‑5,93 6,12

Amériquelatine 3,34 ‑0,79 0,76 4674 ‑16,22 18,38 4,6 ‑0,05 ‑0,50

Moyen‑OrientetAfriqueduNord 3,47 ‑0,57 0,79 5440 ‑11,86 19,05 5,4 0,21 ‑0,55

Afriquesubsaharienne 5,09 ‑1,43 1,68 2727 ‑27,04 43,99 2,7 ‑0,37 0,23

Restedel'Asie 3,98 ‑0,91 1,37 7154 ‑18,24 35,05 7,1 ‑0,25 0,12

Restedumonde 2,69 ‑0,07 0,63 6039 ‑1,61 14,99 6,0 0,96 ‑0,80

Total,monde 2,84 ‑0,74 1,27 101251 ‑15,24 32,73 100,0 ‑ ‑

Total,paysdéveloppés 1,64 ‑0,04 0,52 52842 ‑0,95 12,57 52,2 8,80 ‑7,93

Total,paysendéveloppement 4,72 ‑1,67 2,01 48409 ‑30,84 54,73 47,8 ‑8,80 7,93

Source:Secrétariatdel’OMC,surlabasedeFontagnéetFouré(2013)etdeFontagnéetal.(2013).

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endollarsconstantsquidevraientêtreatteintsen2035aveccestauxdecroissanceduPIB.Ilindiqueégalementles parts respectives dans le PIB mondial. Les effetscombinés des scénarios «haut» et «bas» pour tous lesprincipaux éléments moteurs apparaissent dans letableau en tant qu’écarts par rapport au scénario deréférence.LafigureB.25représentegraphiquementcestrajectoiresdecroissance.

CommeonlevoitlaprojectionestquelaChinedépasseralesÉtats‑Uniset l’Unioneuropéenneentermesdetailleéconomique au plus tard en 2030 dans le scénario«haut». Le développement économique de l’Inde nedécolleraitquedanslescénario«haut»,auquelcasl’Indeatteindrait le niveau du scénario «bas» de la Chine. Demême, si l’Afrique subsaharienne atteint le scénario«haut», la situation sera très différente: au lieu de

EncadréB.6: Aperçu des scénarios de simulation

Letableauci‑dessousindiquelesscénarios«limites»utilisésdansnotreexercicedesimulationpourtenircomptede l’incertitudequientourenotreprojectiondebaseetpour illustrer lasensibilitédes résultatséconomiquesetcommerciauxauxhypothèsesconcernantl’évolutionpossibledesprincipauxfacteursdéterminants.Ilprésentelesdeuxscénariosquiontétéappliquéspourchacundesprincipauxéléments«moteurs».60

Bas Haut

Travail

DémographieScénarioderéférencedanslespaysàrevenuélevé,faibleféconditédanslesautres(PNUD)

Scénarioderéférencedanslespaysàrevenuélevé,féconditéélevéedanslesautres(PNUD)

Convergenceéducative 1,5périodededemi‑vie 0,5périodededemi‑vie

Participationdesfemmes Pasd’amélioration Scénarioderéférence

Migrations Scénarioderéférence

Migrationssupplémentairesdel’AfriquesubsaharienneetduMoyen‑Orient/AfriqueduNordversl’UE,etdel’AmériqueduSudverslesÉtats‑Unis

Capital

Mobilitéducapital Convergenceversinvestissement=épargneen2050

FaiblecoefficientdecorrélationdeFeldstein‑Horioka(commedanslespayshorsOCDE)pourtouslespays

Ressources naturelles

Prixdel’énergie Scénariodeprixélevés(EIA) Scénariodeprixbas(EIA)

Productivitéénergétique

+50%danslespaysàrevenuélevéen2050,scénarioderéférencedanslesautres

+50%pourlespaysàfaiblerevenuetàrevenuintermédiaireen2050,scénarioderéférencedanslesautres

Technologie

Productivitétotaledesfacteurs

‑50%decroissancedelaPTFpourlespaysàfaiblerevenuetàrevenuintermédiaire,‑25%pourlespaysàrevenuélevé

+50%decroissancedelaPTFpourlespaysàfaiblerevenuetàrevenuintermédiaire,+25%pourlespaysàrevenuélevé

Coûts commerciaux

Droitsdedouane«Guerrecommerciale»:retourauxdroitsappliquésavantleCycled’Uruguay

«Ouverturecommerciale»:baissede50%desdroitsappliqués

Autrescoûtsdetransactionpourlesmarchandises

+50%paysendéveloppement,+20%paysdéveloppés

‑50%pourlespaysendéveloppement,‑20%pourlespaysdéveloppés

Obstaclesàlafournituredeservices Pasdechangement

«Ouverturecommerciale»:baissede50%desobstaclesàlafournituredeservices

Notes:

Lescoûtscommerciauxnevarientquedanslesscénariosducommerce.

L’expression«scénarioderéférence»signifiequ’unevariableestprojetéesurlabasedesoncomportementestimédanslepassé,comptetenu aussi de ses liens avec d’autres variables pertinentes. Cela est fait pour chacun des pays du modèle et peut impliquer uneamélioration ou une détérioration selon le comportement estimé pour le pays en question. Au niveau mondial, dans le scénario deréférence,Miragereproduituneélasticitémodéréeducommercemondialparrapportauxrevenusobservéeàlongterme(àl’exceptiondesannées1990caractériséesparl’expansiondeschaînesdevaleurmondialesetl’apparitiondenouveauxgrandspayscommerçants).Encequiconcernelaconvergenceéducative,lapériodededemi‑vieestletempsqu’ilfaudraàunpayspourréduiredemoitiél’écartparrapportà laposition initialedu leader. Ici, le leaderestunpaysvirtuelcomposédes leaderspourchaquegrouped’âge,chaqueniveaud’éducationetchaquepériode.

Le coefficient de corrélation de Feldstein‑Horioka doit son nom à deux économistes qui ont observé une forte corrélation entre le tauxd’épargneintérieureetletauxd’investissement,cequicontreditl’hypothèsed’unemobilitéparfaiteducapital,selonlaquellel’investissementalieulàoùlerendementleplusélevépeutêtreobtenu.UnfaiblecoefficientdecorrélationdeFeldstein‑Horiokadanslespaysdel’OCDEsignifieiciquelacorrélationentrel’épargneintérieureetl’investissementintérieurestsupposéefaible,commedanslespayshorsOCDE.Celaauneffetsurlarépartitiondel’investissemententrelespays,quidiminuedanslespremiersetquiaugmentedanslesseconds.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

100

connaîtreunequasi‑stagnation,ellepourraitdépasser leBrésilenimportanceéconomiquemêmeavant2030.

Dans l’ensemble, le degré d’incertitude, impliqué par lavariation entre les trajectoires haute et basse, est assezélevé. Le fait que la trajectoire de croissance accompliefinalement est plus proche d’une «limite» ou de l’autrepourrait changer beaucoup de choses, surtout pour lespaysendéveloppement,dontletauxdecroissanceannuelmoyenpendantlapériodedeprévisionpeutvarierdansuneproportion allant jusqu’à 2%, de sorte que le revenu parhabitant pourrait être inférieur d’un tiers ou supérieur de50%environen2035.PourcertainspayscommelaChineet l’Inde, l’écart entre les différentes trajectoires decroissanceestencoreplusimportantettoutdépendradelamanièredontcertainsdesprincipauxfacteursdéterminantsévoluerontetserontinfluencésparlespolitiques.

Étant donné la fourchette des résultats possibles, il estutile de faire varier un «facteur déterminant» à la foispour isoler son importance individuelle dans les écartspar rapport à la trajectoire de croissance projetée.Comme dans les études précédentes, c’est le progrèstechnologique qui a de loin le plus fort impact. Pour lespaysdéveloppés,nosscénariosimpliquentàpeine0,5%decroissanceenplusouenmoinsparan,cequidonneun PIB supérieur/inférieur d’environ 9% en 2035.Inversement, pour les pays en développement, lapoursuite du progrès technologique fait une grandedifférence,quivad’environplus/moins1%decroissanceannuelle pour le Brésil à plus de 2% pour la Chine. Enconséquence, le niveau du PIB projeté en 2035 seraitd’environ20%plusélevé/faibleauBrésilet varieraitdeplusde55%enChine.

Pour l’ensemble des pays en développement, l’ajout/leretraitd’environ1,5%decroissanceduPIBparandufaitde la poursuite/du ralentissement du progrès

technologique entraîne une variation d’environ 30% à40% du PIB en 2035. Étant donné l’importance plusgrande du progrès technologique pour les pays endéveloppement,quienontbesoinpourrattraperlespaysdéveloppés, le scénario de «décélération» se traduiraitpar une augmentation d’environ 6% des parts des paysdéveloppés dans le PIB mondial (quoiqu’à des niveauxglobaux inférieurs), et inversement.61 La section C.3analyse plus en détail ce qui détermine le rythmed’innovationtechnologiqueetderattrapage.

La démographie est un autre facteur important quidétermine les résultats économiques futurs.L’accroissement/la diminution de la population a uneforte incidence sur la réserve de main‑d’œuvre danscertains pays en développement, surtout en Inde, enAfrique subsaharienne et en Chine.62 Dans tous nosscénarios,lapopulationactivedel’Afriquesubsahariennedevraitdépassercellede laChineauplustarden2045,voire plusieurs années avant. En l’absence de nouvellesaméliorationsdel’éducation,l’effetdeladémographiesurlePIBestrelativementfaibledansnosscénarios,puisqu’ilentraîne une augmentation ou une diminution du PIBd’environ1%en2035danslespayssusmentionnés.

Sil’écartdeniveaud’instructionentrelespaysrichesetlespays pauvres se réduit plus vite que cela n’a été le casjusqu’à présent, les pays en développement duMoyen‑Orientetd’AfriqueduNord,d’Afriquesubsaharienneet d’Amérique latine ainsi que l’Inde verront leur PIBaugmenter d’environ 3% d’ici à 2035. La participationaccrue des femmes à l’éducation est cruciale dans denombreux pays, notamment en Inde et dans les pays duMoyen‑Orient et d’Afrique du Nord, où l’absence deprogrèsàcetégardentraîneraitunebaisseduPIBde4%.

Dans de nombreux pays développés, l’importance desmigrationsestde loin le facteurdémographiquequia le

FigureB.25:Simulation du PIB dans deux scénarios différents (haut, bas), 2000-2035 (enmilliardsde$EUde2005)

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000 EU27

CHN

JPN

USA

RUS

IND

ASSBRA

30 000

20352030202520202015201020052000

Sources:Secrétariatdel’OMC,surlabasedeFontagnéetFouré(2013)etdeFontagnéetal.(2013).

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plus grand impact économique, car non seulement ellemodifie la taille et la composition de la main‑d’œuvremais, en raison du vieillissement des sociétés, elle joueaussi un rôle majeur dans le comportement deconsommation/d’épargne. Si le nombre de migrantsarrivantdansleNordenprovenancederégionscommeleMoyen‑Orient et l’Afrique du Nord, ainsi que l’Afriquesubsahariennepourl’Unioneuropéenneetl’AmériqueduSud pour les États‑Unis, augmentait d’environ 1 millionparanetparrégion, lePIBdans lespaysdedestinationaugmenterait plus que la taille globale de la population,desortequelePIBparhabitantseraitsupérieurd’environ2% en 2035. La relation complexe entre les différentsfacteurs démographiques et les résultats économiquesestétudiéeplusendétaildanslasectionC.1.

Outreladémographieetlecapitalhumain,l’accumulationde capital physique reste un facteur important pour lacroissance future. Si la démographie et l’épargneintérieure jouent un rôle important, la mesure danslaquelle les possibilités d’investissement les plusproductives peuvent être financées dépend aussigrandement de la mobilité internationale du capital. Unscénario de mobilité accrue du capital qui libérerait lesflux de capitaux actuellement investis dans les paysdéveloppés (compte tenu du biais de comportementobservéenfaveurdel’investissementintérieuretnondusouci exclusif du rendement des capitaux) serait trèsbénéfique pour la grande majorité des pays endéveloppement, augmentant la croissance annuelled’environ un tiers de pour cent. Il en résulterait uneaugmentation du PIB de 8% dans la Fédération deRussieen2035,deplusde6%enIndeetenChineetdeplusde4%auBrésil,enAfriquesubsaharienneetdansl’ensembledumondeendéveloppement.

Inversement, dans un scénario de faible mobilité ducapital, seuls les pays en développement excédentaires(principalement la Fédération de Russie, l’Inde et laChine)pourraientéviterunimpactnégatifsurlestauxdecroissance, alors que le Brésil perdrait près de 4% dePIBen2035,et l’Afriquesubsaharienne1%.Lemodèleactuel ne permet pas d’analyser de manière plusapprofondie la relation entre l’épargne, les possibilitésd’investissement, les sources de financement,l’accumulationdecapitaletleursdéterminantsrespectifs,y compris les paramètres institutionnels. Ce sujet esttraitéplusendétaildanslasectionC.2.

Enfin,lesressourcesnaturellessontunfacteurimportantpour la production, et leur disponibilité et leurs prixpeuvent influencer les possibilités de croissance demanière différente selon les pays. Dans les simulations,l’accent est mis sur l’énergie qui est un intrantomniprésent dans presque toutes les activitéséconomiques, mais d’autres ressources naturelles,comme la terre, sont également prises en compte etpeuvent faire l’objet de simulations, par exemple via lesvariationsdelaproductivitéagricole.

Si l’on prend isolément les scénarios haut/bas des prixde l’énergie élaborés par l’Energy InformationAdministration (EIA) des États‑Unis pour 2035, on voitque leur incidence sur le PIB peut être très importante,

notammentdanslespaysendéveloppement,l’effetsurlacroissanceannuellemoyenneduPIBpouvantallerjusqu’àuncinquièmedepour cent, parexempleenChineetenInde.Desprixélevésdel’énergiepourraientdonccoûteràcespaysjusqu’àprèsde4%dePIBen2035.L’inverseest vrai pour les principaux exportateurs, comme laFédération de Russie, certains pays d’Amérique latine(République bolivarienne du Venezuela, Colombie etMexique)etsurtoutleMoyen‑Orientetl’AfriqueduNord,où une baisse des prix pourrait réduire la croissanceannuelledeplusd’untiersdepourcent,cequiréduiraitlePIBdeplusde7%en2035.

Toutefois,danslepassé,ceseffetsontétépratiquementannuléspar l’améliorationde laproductivitéénergétiqueau niveau de la production et de la consommation. Sil’intensité énergétique diminue encore (grâce à unemeilleure productivité et à la substitution), les paysdéveloppés ne sont quasiment pas affectés même dansun scénario de prix élevés, tandis que les pays endéveloppement affectés peuvent éviter un fortralentissement de leur croissance économique, l’Inde etlaChineannulantenviron40%de l’effet desprix sur lacroissance. On reviendra dans la section C.4 sur laquestion de savoir si les progrès technologiques enmatièredeproductionetdeconsommationd’énergie (etd’autres ressources naturelles) ont des chances de sepoursuivre dans l’avenir, évitant les conséquenceséconomiques négatives et durables d’une hausse desprix, comme cela s’est produit dans le passé, et sur lesprincipauxfacteursquidéterminentcesprogrès.

(ii) Combinaison des scénarios macroéconomiques et commerciaux

Nous allons maintenant examiner l’évolution prospectivedu commerce à l’aide de deux projectionsmacroéconomiquesquiservirontdebasepourconstruireunenvironnementéconomiqueàcroissanceélevée/faibledans lequel des scénarios optimistes et pessimistes decoûtscommerciauxseront simulés.Celanouspermettradevoirdansquellesconditionscertainesdesprincipalestendances du commerce identifiées dans la section B.2pourraientsepoursuivreouchanger.63

Commecelaaéténotédansl’encadréB.6,nousprenonsen compte les politiques commerciales, telles que lesdroits de douane et les obstacles à la fourniture deservices, ainsi que les coûts de transaction plus largesconcernantlesmarchandises(parexemple,lescoûtsliésaux institutions,aux fraisd’expéditionetaux formalités).Là aussi, nous avons choisi des scénarios de coûtscommerciauxassezsombres,afindecréerunefourchettede résultats commerciaux assez large pour illustrer lespossibilitéset lesmenacespour lesdécideurs.Maiscesscénarios sont nécessairement simplistes et nepermettent pas une analyse approfondie des coûtscommerciaux liésau transport,aucadre institutionneletauxpolitiquesparticulières.

La question des coûts de transport et de leursdéterminantsestdoncexaminéeendétaildanslasectionC.5,tandisquelasectionC.6examinelarelationentrele

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

102

commerce et la politique commerciale et le cadreinstitutionnel plus large.64 Il serait évidemment vain dechercher à prédire les politiques commerciales sansanalyserlesraisonsquipeuventamenerlesresponsablespolitiques à adopter de telles mesures. Comme lespolitiques influantsur lecommercepeuventêtredictéespar des considérations d’économie politique ou d’autrespréoccupationssociétales,lasectionDabordeunesériede questions particulièrement importantes dans lecontexte socioéconomique plus large, qui occupent unegrandeplacedansl’agendapolitiqueetquidéterminerontdoncprobablementl’ouvertureplusoumoinsgrandedeséchangesdansl’avenir.65

LafigureB.26résumenossimulationsmacroéconomiqueset commerciales combinées concernant les taux decroissance annuels moyens du PIB et des exportationsprojetés jusqu’en 2035. Elle montre que les exportationsseront probablement beaucoup plus volatiles que le PIB,augmentantplusque lePIBdans lescénario «optimiste»etdiminuantplusquelePIBdanslescénario«pessimiste»,comme on l’a vu dans la récente crise financière. Lavariation est beaucoup plus grande pour les pays endéveloppementquepourlespaysdéveloppés,lespremiersayant beaucoup plus à gagner d’un environnementéconomiquesolideetd’échangesouvertsetplusàperdredansunscénarioprotectionnistepessimiste.

En fait, alors que lespaysendéveloppementdevancentlargement les pays développés en termes de PIB etd’exportations dans le scénario optimiste, la croissancedeleursexportationsestinférieureautauxdecroissancedes pays développés dans un scénario économique etcommercial pessimiste.Enoutre, les tauxdecroissancedu PIB et des exportations des pays développés sontrelativement peu affectés par l’évolution potentielle descoûtscommerciaux,alorsquecesderniersjouentunrôleéconomique beaucoup plus important pour les pays endéveloppement, qui peuvent gagner/perdre près d’undemi‑point de pourcentage de croissance annuellemoyenne dans un environnement commercial ouvert/restrictif.

La montée des nouveaux acteurs dans le commerce mondial se poursuivra-t-elle ?

Les figures B.27 et B.28 montrent dans quelle mesureles parts des régions/des pays dans le PIB et lesexportations au niveau mondial peuvent changer parrapportàlasituationactuelle.Lesdiagrammescirculairessont proportionnels aux valeurs totales respectives (lescénario «haut» pour 2035 étant pris comme point deréférence). Il est clair que la tendance à l’apparition denouveaux acteurs dans le commerce mondial, relevéedans la section B.2(a), se poursuivra probablement si lemonde peut soutenir une croissance élevée et unenvironnementcommercialplusouvert.

Dans lescénario«haut», laChinepourraitaugmentersapart des exportations pour atteindre près du quart ducommerce mondial, tandis que l’Inde pourrait plus quedoubler la sienne, atteignant 5%. Les parts des grandspaysdéveloppésdiminueraient,maislavaleurabsoluede

leursexportationsetdeleurPIBcontinueraitàaugmenter.Inversement, malgré leurs parts nettement plus élevéesdans un scénario de faible croissance et de coûtscommerciaux élevés en 2035, les pays développésverraient leur situation se dégrader en termes absoluspourcequiestduPIBetdesexportationsparrapportauscénario«haut»,étantdonnélapartde«gâteau»globalebeaucoup plus importante dans ce scénario. La Chineserait particulièrement affectée dans un monde marquépar la décélération de la croissance et des politiquesd’affrontement commercial, car elle verrait la part demarchéetlavaleurabsoluedesesexportationsdiminuerparrapportàaujourd’hui.

Le commerce des services deviendra-t-il de plus en plus important et les pays en développement continueront-ils à augmenter leur part du commerce des produits manufacturés et des services ?

LafigureB.29confirmelapoursuiteprobabled’uneautretendance mise en évidence plus haut, à savoir lechangementdanslacompositionsectorielleducommerce(voir la section B.2(b)). En effet, la tendance à uneaugmentationdel’importanceducommercedesservicesapparaît à la fois dans les scénarios «haut» et «bas».Alorsquelescénario«bas»peutêtrefortementinfluencépar une évolution défavorable des politiquescommerciales concernant les marchandises, le scénario«haut» suppose des améliorations symétriques dans laréductiondesobstaclesaucommercedesmarchandiseset des services (plus une nouvelle diminution des coûtsde transaction pour les marchandises). Malgré cela,l’évolutiondel’environnementéconomiqueentraînerauneaugmentationrelativeducommercedesservices,dontlavaleurabsolueseramultipliéeparplusde5en2035.

Malgréunelégèrediminutiondeleurpartdanslescénario«haut», les produits manufacturés continueront dedominerlecommerceinternational,représentantplusdesdeux tiers des exportations mondiales, avec uneaugmentation de près de 4,5 d’ici à 2035. La part du

FigureB.26:Taux de croissance annuelle prévus des exportations et du PIB, moyenne 2012-2035, par groupe de pays (pourcentage)

0 2 4 6 8 10

Expo

rtatio

ns(v

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e, s

ans

le c

omm

erce

intra

régi

onal

)

PIB

(vol

ume)

Haut

Bas

Haut

Bas

Pays développés Pays en développement

Source:Secrétariatdel’OMC,surlabasedeFontagnéetFouré(2013)etFontagnéetal.(2013).

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

103

II B. Te

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commerce des produits agricoles dans le commercemondialresterafaible,dansn’importequelscénario.

LesfiguresB.30etB.31 indiquent lespartsprévuesdesrégions/des pays dans les exportations de produitsmanufacturésetdeservicesdanslesdifférentsscénarios.Globalement, dans le scénario «haut», les pays endéveloppement, notamment la Chine, peuvent augmenterleurspartsdemarchépourlesexportationsdeservices.Ilen est de même pour les exportations de produitsmanufacturés, mais seulement si les perspectives enmatière de politique économique et commerciale sontbonnes,auquelcaslaChineapprocheraitles30%.

Si le climat économique se détériore et si les pays nerespectent pas leurs engagements commerciaux, lesexportations de produits manufacturés augmenteront àpeineaucoursdes20prochainesannées,laChineetlesautres pays en développement perdant des parts demarché. Dans cet environnement morose, l’Unioneuropéenne et les États‑Unis augmenteraient leur partdes exportations de produits manufacturés, mais ilsrégresseront en termes absolus en raison de lacontraction spectaculaire des exportations globales, quitomberait à un peu plus d’un quart par rapport à un

scénario de croissance dynamique et d’intégrationcontinue.

Le commerce entre les pays en développement continuera-t-il à croître ?

En ce qui concerne la répartition géographique deséchanges,lafigureB.32montrequelapartducommerce«Nord‑Sud», c’est‑à‑dire du commerce entre les paysdéveloppés et les pays en développement ne vapratiquement pas changer au cours des prochainesdécennies, dans tous les scénarios. De fait, la structuredes échanges à l’intérieur des groupes de pays et entreeux ne changerait guère dans le scénario «bas», lecommerceNord‑Nordrestantprédominantàplusde40%,etlecommerceSud‑Sudreculantlégèrementà18%.

En revanche, dans le scénario «optimiste», ces positionssont inversées. Le commerce entre les pays endéveloppement représenterait la plus grande part ducommercemondial, à43%, tandisque lecommerceentreles pays développés ne représenterait pas plus de 17%.Toutefois,cechiffreestencoresupérieurde25%àceluiduscénario«bas»,entermesdevaleur.Cesrésultatsseraientconformes à la tendance à l’accroissement des échanges

FigureB.27:Parts des pays des régions dans le PIB mondial, prix constants de 2004 (pourcentage)

RdM, 14%

Corée, Rép. de,12%

AUNZ, 11%

AfrSud,4%

RdAfr, 6%

Canada,14%

RdE, 3%

RdAM,17%

Mexique, 10%

AELE, 9%

Inde, 12%Chine, 7% Brésil, 2%

Féd. de Russie,2%

ASEAN, 2%

MOAN, 4%Japon,10%

UE27, 28%

États-Unis,27%

2012Total: 49 992 milliards de $EU

Bas 2035Total: 77 7587 milliards de $EU

RdM, 13%

Corée, Rép. de, 13%

AUNZ,12%

AfrSud, 3%

RdAfr, 9%Canada,

14%

RdE,2%

RdAM, 16%

Mexique, 10%

AELE, 8%

MOAN, 5%

Inde, 3%

Chine, 9%

Brésil, 2%

Féd. de Russie, 2%

Japon, 9%

ASEAN, 3%

UE27, 25%

États-Unis, 24%

Inde, 6%

RdM, 19%

Corée, Rép. de, 11%

AUNZ, 8%

AfrSud, 3%

RdAfr, 15%

Canada, 9%

RdE,7%

RdAM,15%

Mexique, 9%

AELE, 4%

Chine, 20%ASEAN, 4%

MOAN, 7%

Japon, 6%

Brésil, 2%Féd. de Russie, 3%

UE27, 18%

États-Unis, 17%

Haut 2035Total: 129 617 milliards de $EU

RdM RdM

Reste du monde

Reste du monde

Reste du monde

RdM

Sources:Secrétariatdel’OMC,surlabasedeFontagnéetFouré(2013)etFontagnéetal.(2013).

Note:RdM=Reste du monde;RdAM=Reste de l’Amérique latine et des Caraïbes;RdAfr=Reste de l’Afrique;AUNZ=Australie Nouvelle‑Zélande;MOAN=Moyen‑Orient et Afrique du Nord;ASEAN=Association des nations de l’Asie du Sud‑Est;AELE=Association européenne de libre‑échange.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

104

FigureB.29:Parts des secteurs dans les exportations mondiales (sans le commerce intrazone), prix constants de 2004 (pourcentage)

Services, 17%

Produitsmanufacturés, 71%

Agriculture, 2%

Énergie, 10%Services, 24%

Produitsmanufacturés, 65%

Agriculture, 3%Énergie, 8%

2012Total: 9 838 milliards de $EU

Bas 2035Total: 13 163 milliards de $EU

Haut 2035Total: 46 094 milliards de $EU

Services, 19%

Produitsmanufacturés,68%

Agriculture, 3%

Énergie, 10%

Sources:Secrétariatdel’OMC,surlabasedeFontagnéetFouré(2013)etFontagnéetal.(2013).

FigureB.28:Parts des pays des régions dans les exportations mondiales (sans le commerce intrazone), prix constants de 2004 (pourcentage)

RdM, 22%

Corée, Rép. de, 15%

AUNZ, 6%

AfrSud,3%

RdAfr,6%

Canada,15%

RdE, 4%RdAM, 10%

Mexique, 9%

AELE, 10%

Inde, 2%

Chine, 15%

Brésil, 1%

Féd. de Russie, 2%

ASEAN, 7%

MOAN, 6%

UE27, 19%

États-Unis, 16%

Japon, 7%

2012Total: 9 838 milliards de $EU

Bas 2035Total: 13 163 milliards de $EU

RdM, 21%

Corée, Rép. de, 17%AUNZ,

7%

AfrSud,3%

RdAfr,6%Canada,

18%

RdE, 4%

RdAM, 8%

Mexique, 8%

AELE, 8%

MOAN, 6%

Inde, 3%Chine, 11%

Brésil, 1%Féd. de Russie, 2%

Japon, 7%

ASEAN, 6%

UE27, 19%

États-Unis,18%

RdM, 28%

Corée, Rép. de, 15%

AUNZ, 4%AfrSud, 3%

RdAfr, 14%

Canada, 8%

RdE, 9%

RdAM, 8%

Mexique, 7%

AELE, 4%

Chine, 24%

ASEAN, 8%

MOAN, 9%

Japon, 4%

Féd. de Russie, 3%

Inde, 5%

UE27, 12% États-Unis, 10%

Brésil, 1%

Haut 2035Total: 46 094 milliards de $EU

RdM RdM

Reste du monde

Reste du monde

Reste du monde

RdM

Sources:Secrétariatdel’OMC,surlabasedeFontagnéetFouré(2013)etFontagnéetal.(2013).

Note:RdM=Reste du monde;RdAM=Reste de l’Amérique latine et des Caraïbes;RdAfr=Reste de l’Afrique ;AUNZ=Australie Nouvelle‑Zélande ;MOAN=Moyen‑Orient et Afrique du Nord;ASEAN=Association des nations de l’Asie du Sud‑Est;AELE=Association européenne de libre‑échange.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

105

II B. Te

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ce

s

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ce

In

Ter

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entrelespaysendéveloppementmiseenévidencedanslasection B.2(a). Ils confirmeraient aussi largementl’importance accrue des échanges intrasectoriels et lasimilitudedespaniersd’exportationsdespays,notéedanslasectionB.2(b)et(c).

Le commerce sera-t-il plus régionalisé ou plus mondialisé ?

Dans la section B.2(d), on a mis en évidence unetendanceàlarégionalisationaccrue,notammentenAsie.

FigureB.30:Parts des secteurs dans les exportations mondiales de produits manufacturés (sans le commerce intrazone), prix constants de 2004 (pourcentage)

RdM, 24%

États-Unis, 16%

Japon, 8%

Brésil, 1%

Féd. de Russie, 1%

UE27, 19%

Inde, 2%

Chine, 19%

ASEAN, 7%

MOAN, 3%

2012Total: 6 983 milliards de $EU

Bas 2035Total: 8 502 milliards de $EU

Haut 2035Total: 31 514 milliards de $EU

RdM, 25%

États-Unis,19%

Japon, 9%

Brésil, 1%

Féd. de Russie, 1%

UE27, 20%

Inde, 2%

Chine, 15%

ASEAN, 6%

MOAN, 2%

RdM, 22%

États-Unis, 8%

Japon, 5%

Brésil, 1%

Inde, 7%

Féd. de Russie, 3%

UE27, 11%

Chine, 29%

ASEAN, 8%

MOAN, 6%

Sources:Secrétariatdel’OMC,surlabasedeFontagnéetFouré(2013)etFontagnéetal.(2013).

Note:MOAN=Moyen‑Orient et Afrique du Nord ;RdM=Reste du monde.

FigureB.31:Parts des pays/des régions dans les exportations mondiales de services (sans le commerce intrazone), prix constants de 2004 (pourcentage)

RdM, 26%

États-Unis, 20%

Brésil, 1%Féd. de Russie, 1%

UE27, 27%

Japon, 4%Inde, 3%

Chine, 6%

ASEAN, 5%

MOAN, 7%

2012Total: 1 690 milliards de $EU

Bas 2035Total: 3 182 milliards de $EU

Haut 2035Total: 8 578 milliards de $EU

RdM, 30%

États-Unis, 15%

Japon, 4%

Brésil, 0,5%

Féd. de Russie, 1%

UE27, 23%

Inde, 4%

Chine, 7%

MOAN, 10%

ASEAN, 6%

RdM, 25%

États-Unis, 14%

Japon, 3%

Brésil, 0,5%

Féd. de Russie, 3%

UE27, 21%

Chine, 18%Inde, 3%

ASEAN, 5%

MOAN, 8%

Sources:Secrétariatdel’OMC,surlabasedeFontagnéetFouré(2013)etFontagnéetal.(2013).

Note:MOAN=Moyen‑Orient et Afrique du Nord;RdM=Reste du monde.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

106

Toutefois, les simulations du modèle jusqu’en 2035 neconfirment pas nécessairement cette tendance. Celasemble même être le contraire dans un scénario«optimiste».Enfait,d’aprèslesprévisions,lecommerceàl’intérieur des grands blocs régionaux devrait diminuerfortement par rapport au commerce multilatéral (voir lafigure B.33). Le commerce à l’intérieur de l’Unioneuropéennesubiraitlaplusfortebaisse,passantde21%ducommercemondialenvolumeà8%àpeine,etlazonede l’Accord de libre‑échange nord‑américain (ALENA)verraitsapartdiminuerdeplusdelamoitié.Inversement,lecommerceaveclesautresrégionspasseraitde70%àplus de 85% du commerce mondial, témoignant del’importanced’uneintégrationmultilatéraleaccrue.

En résumé, l’analyse présentée dans cette section amontré que les tendances du commerce observéesactuellement ne se poursuivront pas nécessairementtoutes.Lesscénarioschoisis ici représentent les limitespossibles d’un large éventail d’évolutions futures ducommerce. Les enjeux sont plus grands pour certainspaysquepourd’autres.Parexemple,lapartdelaChineetde l’Inde dans les exportations mondiales augmenteraitfortement dans un scénario de croissance élevée etsoutenue et dans un environnement commercial plusouvert.Mais,dansunmondemarquéparunedécélérationde la croissance et des politiques d’affrontementcommercial, la part de l’Inde n’augmenterait que trèslégèrement, et celle de la Chine diminuerait. De même,

FigureB.33:Parts du commerce intrarégional et extrarégional dans le commerce mondial (y compris le commerce intrazone), prix constants de 2004, par accord (pourcentage)

Autres, 70%

ASEAN, 1%

MERCOSUR, 1%

ALENA, 7%

UE, 21%

Autres, 86%

ASEAN, 2%

MERCOSUR, 1%

ALENA, 3%

UE, 8%

Autres, 68%

ASEAN, 2%

MERCOSUR, 1%

ALENA, 8%

UE, 21%

2012Total: 12 944 milliards de $EU

Bas, 2035Total: 17 587 milliards de $EU

Haut 2035Total: 52 713 milliards de $EU

Sources:Secrétariatdel’OMC,surlabasedeFontagnéetFouré(2013)etFontagnéetal.(2013).

FigureB.32:Parts du commerce bilatéral (y compris le commerce intrazone), prix constants de 2004, par groupe de pays (pourcentage)

Dpé-Dvt, 19%

Dpé-Dpé, 40%

Dvt-Dvt,19%

Dvt-Dpé,22%

Dpé-Dvt, 21%

Dpé-Dpé, 41%

Dvt-Dvt,18%

Dvt-Dpé, 20%

Dpé-Dpé, 17%

Dvt-Dvt, 43%

Dpé-Dvt, 18%

Dvt-Dpé, 22%

2012Total: 12 944 milliards de $EU

Bas 2035Total: 17 587 milliards de $EU

Haut 2035Total: 52 713 milliards de $EU

Sources:Secrétariatdel’OMC,surlabasedeFontagnéetFouré(2013)etFontagnéetal.(2013).

Note:Dpé=paysdéveloppés;Dvt=paysendéveloppement.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

107

II B. Te

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In

Ter

na

TIon

al

pour les exportations mondiales de produitsmanufacturés, la Chine et les autres économies endéveloppement perdraient des parts de marché si leclimatéconomiquesedétérioraitetsilespaysrevenaientsurleursengagementscommerciaux.Parailleurs,lapartdu commerce Sud‑Sud diminuerait légèrement dans lescénario «pessimiste», alors qu’elle ferait plus quedoublerdanslescénario«optimiste»–représentantalorsprèsdelamoitiéducommercemondial.Lesrésultatsnedépendrontpasseulementdelapolitiquecommercialeetdes coûts de transaction plus larges; ils seront aussiinfluencés par divers autres facteurs qui déterminerontl’avenir du commerce mondial. Il sera essentiel decomprendre ladynamiquedecesfacteurs,carcelapeutservir de base à des interventions au niveau national etinternationaldansplusieursdomaines,ycomprisàl’OMC.

4. Conclusions

La révolution industrielle a été le principal moteur dedéveloppement du système commercial mondialmoderne: les progrès technologiques importants dansles domaines des transports et des communications etl’accroissement de la population et de l’investissementontétéàl’originedelacroissancesoutenueducommerceinternationalauxXIXeetXXesiècles.Lalibéralisationdeséchanges a joué un rôle limité dans l’expansion ducommerce international pendant la première vague demondialisation. Mais, après la Grande Dépression et laSeconde Guerre mondiale, la coopération politique etéconomiqueentrelespayspourréduirelesobstaclesaucommerceajouéunrôleessentieldanslemaintiend’unecroissance continue du commerce au cours de ladeuxièmevaguedemondialisation.

Cettesectionaprésentéunesériedefaitsrelatifsàl’étatactuel du commerce international et a exposé lesprincipalesthéoriesquiontétéélaboréespourexpliquerces évolutions. Premièrement, les données de l’OMCrévèlentuneaugmentationspectaculaireduvolumeetdela valeur des échanges entre 1980 et 2011, imputablepour l’essentiel à l’accroissement des expéditions deproduits manufacturés. Toutefois, quand on mesure lecommerceenvaleurajoutée,onconstatequelesservicesjouentunrôleplusimportant.Aucoursdes30dernièresannées,lecommercemondialaaugmentébeaucoupplusvite que le PIB. Cela peut s’expliquer dans une certainemesure par l’importance croissante des chaînesd’approvisionnement internationales dans l’économiemondiale. Au niveau des produits, l’expansion ducommercependantcettepériodeaétéduesurtoutàdeschangements dans la marge intensive du commerce(c’est‑à‑dire plus ou moins de commerce dans lescatégories de produits existants), bien que la margeextensive (le commerce de nouveaux produits) ait aussiapportéunecontributionimportante.

Deuxièmement, au cours des dernières années, denouveaux protagonistes sont apparus sur le marchémondial. La part du commerce des pays endéveloppement,commelaChine,l’Inde,laRépubliquedeCoréeet laThaïlande,a fortementaugmenté,aussibienpourlesproduitsmanufacturésquepourlesservices.La

Chine,enparticulier,estdevenue lepremierexportateurmondial. En revanche, les pays développés, comme lesÉtats‑UnisetleJapon,ontenregistréunebaissedeleurpartdesexportationsmondialesentre1980et2011.Lespaysetrégionsexportateursderessourcesnaturellesontvuleurpartducommercemondialaugmenteretdiminueren fonction des prix des produits primaires, qui sontactuellement élevés mais qui étaient assez bas à la findes années 1990 et au début des années 2000. Enconséquence, malgré des gains récents, la part del’Afriquedanslesexportationsmondialesétaitàpeuprèslamêmeen2011qu’en1990.LeBrésilentredansdeuxcatégories, étant un gros exportateur de produitsprimaires et de produits manufacturés. Bien qu’il aitaugmenté sa part des exportations et des importationsmondialesdepuis1980,sonrangdanslesexportationsetdanslesimportationsestàpeuprèsinchangé.

Troisièmement, les pays en développement comme lespays développés sont devenus moins spécialisés dansl’exportationdeproduitsparticuliers.Autrementdit,leursexportations se sont diversifiées. Les pays dont lesexportations sont devenues plus concentrées sont biensouventdeséconomiesrichesenressourcesnaturelles.

Quatrièmement,lecommerceestdevenuplusrégionalisédanslamajeurepartiedumondeendéveloppement,maiscette tendance est particulièrement prononcée en Asie.En revanche, dans les régions industrialisées, la part ducommerce intrarégional a stagné (Europe) ou diminué(AmériqueduNord)aucoursdesdernièresannées.Cesdeux évolutions peuvent être liées à la montée enpuissance de la Chine dans le commerce mondial, qui atendanceàstimulerleséchangesintrarégionauxenAsieetlecommerceaveclesautresrégions.Lecommercesefait surtout sous l’impulsion de quelques grandesentreprises mondiales, dont la domination soulignel’importance de ces exportateurs «superstars» dans ladéterminationdelastructuredeséchanges.

Enfin, la fragmentation croissante de la production àl’intérieur des pays et entre eux remet en question lesmesurestraditionnellesdesfluxcommerciauxetexigeunnouveausystèmedemesurepourdétermineroùlavaleurajoutée est accumulée. La mesure du commerce entermes de valeur ajoutée donne une image plus précisedelarelationentrelecommerceetl’activitééconomique.

En ce qui concerne la future structure des échanges, lessimulations de l’économie mondiale et du commercemondialpourlesprochainesdécenniesapportentquelqueséclairages.L’ascensiondespaysendéveloppement–plusmarquée pour certains que pour d’autres – devrait sepoursuivre.Cespayscommercerontdeplusenplusentreeux.Ilsontbeaucoupplusàgagnerquelespaysdéveloppésd’une économie dynamique et d’un environnementcommercialouvert,etilsontplusàperdredansunscénariomorosemarquéparl’affrontement.Lesservicesjouerontunrôle plus important dans le commerce mondial pour laquasi‑totalité des pays. Malgré la tendance actuelle à larégionalisation des échanges, les relations commercialesmultilatérales ne perdront en rien de leur importance etpeuventmêmeaugmenterconsidérablement.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

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Les prédictions sur l’avenir du commerce montrentcombien les résultats sont sensibles aux hypothèsessous‑jacenteset justifientuneanalysepluspousséedesprincipauxdéterminantsducommerceetdelacroissanceéconomique: démographie, investissement, progrèstechnologique, ressources énergétiques/naturelles,

transports et institutions. La suite du rapport est doncconsacrée à une analyse approfondie de ces facteurséconomiques fondamentaux, dans un contextesocioéconomique plus large, et de leurs implicationspossiblespourlapolitiquecommerciale.

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1 Bienquelesproduitsdeluxeimportésauparavant(sucre,thé,caféettabac)soientdevenusdesdenréescourantesdansl’alimentationdesnouvellesclassesmoyennesetouvrièresurbaines,leurimportancedanslesimportationseuropéennesadiminué,verslafinduXIXesiècle,parrapportàd’autresproduitscommeleblé,lafarine,lebeurre,leshuilesvégétalesetlaviande,quiconstituaientlegrosdesexportationsenpleinessordespaysendéveloppement.

2 Nonseulementlescheminsdeferetlesbateauxàvapeurontcontribuéàlamondialisationprogressivedesmarchésdecéréales,maisencorelaréfrigérationaréduitlaprotectionnaturellequeladistanceassuraitauxproducteurseuropéensdeviandeetdeproduitslaitiers,qui,decefait,onteuxaussiétéconfrontésàlaconcurrencecroissantedesproducteursdepayslointainscommel’Argentine,l’AustralieetlaNouvelle‑Zélande(O’RourkeetWilliamson,1999).

3 VoirOMC(2010).

4 O’RourkeetWilliamsonfontvaloirquelaconvergencedesprixdesfacteursàlafinduXIXesiècle,dueaudéveloppementducommerce,del’investissementetdesmigrations,aréduitlesavantagesrelatifsdespaysduNouveauMonde,mêmelesplusriches,entermesdesalairesréelsetdeniveaudevie.«LaconvergenceétaituniverselleàlafinduXIXesiècle,maisenfait,ils’agissaitpourl’Europe,oùlamain‑d’œuvreétaitabondanteetleniveaudeviedestravailleursassezbas,derattraperleNouveauMondeoùlamain‑d’œuvreétaitmoinsabondanteetoùleniveaudeviedestravailleursétaitplusélevé».ParrapportàlaGrande‑Bretagne,lessalairesréelsauxÉtats‑Unisétaientsupérieursde106%en1855,de72%en1870etde44%en1880(O’RourkeetWilliamson,1999).

5 En1913,cescinqéconomiesavaientunniveaud’industrialisationparhabitantsupérieuràlamoitiédeceluidesÉtats‑Unis,quiétaitalorslapremièrepuissanceindustriellemondiale,cequimontrecombienl’économiedesÉtats‑Unisétaitencoretournéeverslaproductionagricoleetlaproductiondematièrespremières.

6 L’étalon‑orduXIXesiècleasonoriginedansladécisionpriseparlaBanqued’Angleterreen1821,rendanttoussesbilletsconvertiblesenor(enréalité,laGrande‑Bretagneavaitde factounétalon‑ordepuis1717).

7 Laréductionbilatéraledesdroitsdedouaneaprès1860aétéparticulièrementimportantecarlesdroitsdedouaneétaientalorsleprincipalobstacleaucommercemondial:d’unepart,ilscontribuaientauxrecettespubliques,etd’autrepart,ilsprotégeaientleséconomiescontrelespressionsintégrationnistesduesauxnouvellestechnologies,cequiétaitd’autantplusnécessairequelarigiditédel’étalon‑orempêchaitladévaluationdelamonnaiecommemécanismed’ajustement.Néanmoins,endehorsdesdroitsdedouane,lesgouvernementsagissaientmoinssurlecommercequ’aujourd’hui.Laréglementationintérieureétaitminime,demêmequelesmesuresbudgétairesetsociales;l’ajustementàlamondialisations’opéraitnonpaspardespolitiquesbudgétairesetsocialesvolontaristes,maisparlejeudumécanismedesprixquientraînaitsouventdefortesbaissesdesalairesetunchômageélevé.

8 En1908,laFranceavaitsigné20accordsNPF,laGrande‑Bretagne46etl’Allemagne30(Hornbeck,1910).

9 MêmedanslesÉtatsthéoriquementindépendantsd’Amériquelatineetd’Asiedel’Est,lesEuropéensavaientimposédestraités,danslapremièremoitiéduXIXesiècle,quiimpliquaientl’éliminationdesdroitsdedouane,ouvrantainsileursmarchésauxexportationsdeproduitsmanufacturésbritanniqueseteuropéens.

10 Les20paysfondateursdel’UITétaienttouseuropéens,maisl’UITn’apastardéàaccueillirdespaysnonindustrialisés,commel’Inde(1869),l’Égypte(1876),leBrésil(1877),laThaïlande(1883)etl’Argentine(1889).

11 Craignantl’expansionsoviétiquedanslemondeetunedétériorationrapidedel’économieeuropéennependantl’hiver1946‑1947,leCongrèsdesÉtats‑Unisaadopté,enmars1948,laLoidecoopérationéconomique,appeléePlanMarshall,approuvantunfinancementpourlareconstructiondel’Europeoccidentaledontlemontantallaitfinalementdépasser12milliardsdedollarsEU.

12 Lesfluxmondiauxd’IED,parexemple,ontdiminuéde28%entre1981et1983,de26%entre1990et1991,de58%entre2000et2003,etde39%entre2007et2009.Lecommerce,quantàlui,n’aconnuquetroisfortesbaissesdanslapériodedel’après‑guerre:7%en1975,2%en1982et12%en2009.Lessociétésmultinationalessontdevenueslesprincipauxacteursdel’économiemondialisée.

13 Pourdenombreuxhistoriensdel’économie,lesystèmecommercialmondialactuel,loind’êtreunphénomènesansprécédent,estessentiellementunretouràlatrajectoirededéveloppementdel’économiemondialeamorcéeàlanaissancedel’èreindustrielle.Certainsfontmêmevaloirquel’économiemondialeaencoreducheminàparcouriravantd’atteindrelesniveauxd’intégrationducommerce,descapitauxetdesmarchésdutravailquiexistaientavant1914(O’RourkeetWilliamson,1999b).

14 Àpartirdelà,lesauteursestiment«approximativementquelataxeéquivalantauxcoûts«représentatifs»ducommercepourlespaysindustrialisésestde170%…(2,7=1,21*1,44*1,55)»(AndersonetVanWincoop,2004).

15 L’élasticité‑revenuducommerceestdéfiniecommelavariationenpourcentageduvolumedeséchanges(T)correspondantàunevariationde1%duPIBréel(Y).CelapeutêtreestiméaumoyenduratiodelacroissanceducommerceàlacroissanceduPIBpendantunepériodedonnée,soit(T/T)/(Y/Y),oùindiqueunevariationdiscrèted’unevariable.L’élasticité–pointducommerce,quis’écritdT/dY×(Y/T)danslanotationdecalcul,estsimplementlalimitedecetteexpressionlorsquelavariationduPIBapprochedezéro.Elledoitêtreestiméeaumoyend’unerégressionordinairedesmoindrescarrés,maislesrésultatssontpresqueidentiquesàceuxdel’approchediscrèteplussimple.DansletableauB.2,nousavonsutiliséunemesurediscrètesimpledel’élasticité,maisilestutiledecomprendrelesdeuxapproches.

16 Voir,parexemple,FeenstraetHanson(1996),Feenstra(1998),CampaetGoldberg(1997),Hummelset al.(2001),Yeats(2001)etBorgaetZeile(2004).

17 Dansplusieursétudesquiestimentl’élasticité‑revenuducommerce,lechiffreestgénéralementcomprisentre1et3½.Voir,parexemple,Hooperet al.(2000)etKwacket al.(2007),Freund(2009)etIrwin(2002).

18 Desétudesempiriques,commecellesdeFreund(2009),Levchenkoet al.(2009)etBernset al.(2011)voientdansla

Notes

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

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fragmentationinternationaledelaproductionl’unedesprincipalesraisonspourlesquelleslecommerceabeaucoupplusreculéquelePIBdurantlarécession.Pouruneanalysepluscomplètedescausesdel’effondrementducommerce,voirBaldwin(2009).

19 OnremarqueraquelemodèledeKrugmanpeutenfaitêtrecombinéàdesmodèlesd’avantagecomparatifpourrendrecompteducommerceintersectorielainsiqueducommerceintrasectoriel;voirHelpmanetKrugman(1985).

20 DansKrugman(1979),lesrendementsd’échellecroissantssontinternesàl’entreprise.Maisilspeuventaussiêtreexternesàl’entreprise:lescoûtsmoyensdel’entreprisebaissentaveclaproductiondusecteur.Unsecteurvasteetconcentréréduitlescoûtsdeproductionpardesmécanismestelsquelamiseencommundelamain‑d’œuvre,l’utilisationdematérielspécialiséoulesretombéestechnologiques,cequipeutdoncinciterlesentreprisesàseregroupergéographiquement.

21 Lanotiond’avantagecomparatifesttrèsutilepourexpliquerlastructureactuelledeséchanges,principalemententrelespaysdéveloppésetlespaysendéveloppement(voirlafigureB.8).

22 Pouruneprésentationnumériquedumodèlericardien,voirl’encadré1duRapportsurlecommercemondial2008.

23 LesthéoriesdeRicardoetdeHOontétégénéraliséespourincluredesfacteursdeproduction,desproduitsetdespaysmultiplesetcelaaconfirméquelecommerceestenmoyenneconformeàl’avantagecomparatifdansl’ensembledessecteursetdespays(voirDeardorff,2011,LevchenkoetZhang,2011,EatonetKortum,2002,Ethier,1984,etBrecher,1974).

24 Ladéfinitiondel’indicedeHerfindahl‑HirschmannesttiréedesstatistiquesdelaCNUCEDsurlaconcentrationdesexportations.L’indiceaétécalculéàl’aidedesdonnéescommercialesdésagrégéesauniveaudesgroupesàtroischiffres.

25 Lesproduitsprimairescomprennentlesproduitsagricolesetlescombustiblesetproduitsminiers.

26 Laproductivitétotaledesfacteursreprésentelapartdelaproductionquin’estpasexpliquéeparlesfacteursdeproduction.

27 Cesrésultatssontconformesauxconclusionsd’ImbsetWacziarg(2003),quiconstatentl’existenced’unerelationenUentreleniveaudedéveloppementetunensembledemesuresdelatailledessecteurs,tellesquelapartdel’emploisectorieletlavaleurajoutée,pourunensembledepays,entreledébutdesannées1960etlemilieudesannées1990.

28 TouteslesdonnéesfigurantdanslesStatistiques du commerce internationalpeuventêtretéléchargéessurleportailstatistiquedel’OMCwww.wto.org/french/res_f/statis_f/statis_f.htm.

29 Lesdonnéesdelamatricepourlapériode1990‑1999ontétéharmoniséesdanslamesuredupossibleaveclaclassificationactuelledanstouslestableauxetfiguresoùellessontutilisées.

30 PourplusdedétailssurlemodèleToyota,voirOhno(1988).

31 Lesestimationsdesexportationsenvaleurajoutéeprésentéesdanscettesectionetquinécessitentunecomparaisonhistoriques’appuientsurlaBasededonnéesmondialedesentrées‑sorties(WIOD).Cettebasededonnéesportesur40économies(pluslerestedumonde),35secteursdelaCITIRev.3et15années(1995‑2007).

TousleschiffressontbaséssurlaclassificationsectorielleprésentéedansletableauB.1del’appendice.LesautresindicateursseréfèrentàlabasededonnéesOCDE‑OMCsurlecommerceenvaleurajoutéequi,aumomentdelarédactionduprésentdocument,n’étaitdisponiblequepourlesannéeslesplusrécentes.Voirhttp://www.wto.org/miwi.

32 InternationalSourcingStatistics–Statisticsexplained,voir:http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/International_sourcing_statistics,consultéendernierlieule17décembre2012,etSturgeon(2012),GlobalValueChainsandEconomicGlobalization.

33 SurleWIOD,voir:http://www.wiod.org/.

34 Voirhttp://www.wto.org/french/res_f/statis_f/miwi_f/miwi_f.htm.

35 L’homogénéitédesentreprisesestunehypothèsesous‑jacenteimportantedetoutescesapproches.Ellesupposequelastructuredelaproductionestlamêmepourtouteslesentreprisesd’unpaysdonné.Ilyalàdeslimitesévidentes,surtoutlorsquelesentreprisesactivementengagéesdanslecommercesonttrèsdifférentesdecellesquiproduisentseulementpourlemarchéintérieur.Desrecherchessontencourspourdéterminercommentscinderlesmatricesd’entrées‑sortiesnationalesensous‑catégoriesafindelimiterlebiais.Parexemple,l’Académienationaledesscienceschinoiseaélaboréunemesureducommerceenvaleurajoutéebaséesurtroissous‑catégories:lesentreprisesnationales,lesentreprisestournéesversl’exportationquiutilisentdesintrantsnationaux,etlesentreprisesdetransformationpourl’exportation.Enfait,unegrandepartiedesrésultatsprésentésdanscettesectiondevraientêtreconsidéréscommedepremièresestimationsquisous‑estimentlaspécialisationverticaledesentreprisestournéesversl’exportation(souventdebeaucoup,commeenChineouauMexique).

36 USITC,SmallandMedium‑SizedEnterprises:USandEUExportActivities,andBarriersandOpportunitiesExperiencedbyUSFirms,publication4169del’USITC,juillet2010.

37 Leszonesfranchesd’exportation(ZFE)sontdeszonesindustriellesquibénéficientd’incitationsspécialespourencouragerlesactivitéstournéesversl’exportation.Commelesproduitsqu’ellesexportent(traficdeperfectionnement)utilisentbeaucoupplusd’intrantsétrangersquelesexportationsordinaires(sanstraficdeperfectionnement),lefaitdenepastenircomptedelaspécificitédutraficdeperfectionnementsurestimeraitlavaleurajoutéenationale.VoirKoopmanet al.(2011b).Considérantletraficdeperfectionnement,JohnsonetNoguera(2011)estimentlateneurenélémentsnationauxà59%pourlaChineetà52%pourleMexique.

38 VoiraussiOMCetIDE‑JETRO(2011).

39 Ilestimportantdenoterque,commelesdonnéesd’EFIGEproviennentd’uneenquêteréaliséeauprèsd’unéchantillond’entreprisesetsontdoncloind’êtrecomplètes,lesrésultatsnesontpascomparablesàceuxdeBernardet al.;enparticulier,lesmargesextensivestrouvéesparEFIGEsonttrèsélevéessurl’ensembledespays.Enfait,laprincipaleinformationfournieparlechiffred’EFIGEestqu’ilyadesvariationsévidentesdesmargesintensivesetextensivesdesexportationsentrecespaysdel’UE.

40 VoirBernardetJensen(1999)pourlesÉtats‑Unis,Clerides(2012)pourlaColombie,leMexiqueetleMarocetAlvarezetLopez(2005)pourleChili.

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41 VoirBernardetJensen(1999),Bernardet al.(2007)etBustos(2011).

42 VoirTyboutetWestbrook(1995),Pavcnik(2002),Trefler(2004),Bernardet al.(2006)etBustos(2011).

43 VoirJovanovic(1982)etHopenhayn(1990).

44 VoirMinondo(2011)pourlesentreprisesdeservicesespagnoles,Vogel(2011)pourlesentreprisesallemandesetMasurel(2001)pourlescabinetsd’architecturenéerlandais.

45 VoirlaCommissionducommerceinternationaldesÉtats‑Unis(2010).

46 HummelsetKlenow(2005),parexemple,constatentqueladifférencedanslesfluxcommerciauxagrégésentrelespaysrichesetlespayspauvresestdueà60%auxdifférencesdanslenombredeproduitséchangés.

47 Pourunedescriptionplusprécisedesscénariosetuneanalysedeleursrésultats,voirFontagnéet al.(2013).

48 Leprogrèstechnologiqueestmesuréiciparlaproductivitétotaledesfacteurs(PTF)etl’efficienceénergétique.Iltientégalementcomptedesgainsliésàl’accumulationdecapitalhumain(produitdel’éducation).DanslemodèleMaGE,modèlemacroéconomiqueutilisépourlesprojectionsdelacroissance,laPTFestdéterminéedefaçonendogèneparunprocessusderattrapage.Danslesscénarios«haut»et«bas»(voirl’encadréB.6),ungainouuneperteexogènedePTFsontajoutésàceprocessus.UngaindePTFpeutrésulterd’untransfertdetechnologiesupplémentaireàtraversl’IED,desexportationsoudelarecherchecollaborative.Danslemodèled’EGC(Mirage)utilisépourlessimulationsducommerce,quitientcomptedesdétailssectoriels,laPTFdansl’agricultureestexogèneetfixéeàdesvaleursprévuesparuneanalysedétailléedistinctedusecteur.LaPTFdanslesecteurmanufacturieretlaPTFdanslesecteurdesservicessontendogènes,lapremièreétantlégèrementsupérieureàlaseconde,conformémentauxmodèlesexistantailleursdanslalittérature(parexemple,VanderMensbrugghe,2005).Enoutre,lesfacteursdeproductionsontaffinésparladifférenciationentremain‑d’œuvrequalifiéeetnonqualifiéeetparl’ajoutdesressourcesfoncièresetautresressourcesnaturellesenplusdel’énergie.Pourplusdedétailstechniques,voirFontagnéetFouré(2013).

49 Uneméthodemoinscouranteconsisteàmélangerlesdeuxétapesdel’exerciceenposantdirectementdeshypothèsesconcernantleprogrèstechnologiqueauniveausectorieldanslemodèleEGC.Voirl’analysedelaBanquemondiale(2007).

50 Eichengreenet al.(2012)constatentque,dansleséconomiesendéveloppementàcroissancerapide,letauxdecroissanceatendanceàdiminuerquandlerevenuparhabitantatteintenviron16000dollarsEUàparitédepouvoird’achat.

51 Surl’émergencedenouveauxacteursdanslecommerceinternationalàcejour,voirlasectionB.2(a).

52 VoirBanquemondiale(2007),Banqueasiatiquededéveloppement(2011),OCDE(2012c)etDuvaletDelaMaisonneuve(2010)pourl’OCDE,ainsiqueFontagnéet al.(2012)etFouréet al.(2010)pourleCEPII.

53 Ceshypothèsesnesontpasad hoc .Ellesreposentsurunedescriptionducomportementdesagentséconomiques(parexemple,entermesd’éducation,detauxd’activitéoud’épargne),quisertdecadrepourestimeretprojeterdemanièreéconométriquelestrajectoiresdesvariables

agrégéesàmoyenetlongtermes.Commelacroissanceéconomiquedépendducheminspécifiquedel’accumulationdesfacteursetduprogrèstechnologique,lesdifférentesétudesprennentgénéralementencomptelemêmeensemblededéterminantsdelacroissanceetdiffèrentseulementquelquepeuparledegrédedétaildelamodélisationdecertainsfacteurs.VoirFouréet al.(2012)pourunaperçuetFouréet al.(2010)pourunexposéplusdétaillé.

54 Fouréet al.(2010)obtiennentdesrésultatstrèssimilairespourl’année2050.Ilsindiquentqu’en2050,lePIBdelaChineauraétémultipliépar13etl’économiedel’Indepar10,tandisque,danslaplupartdespaysindustrialisés,lePIBauraaumieuxdoubléoutriplé.LesÉtats‑UnisresterontentêteentermesdePIBparhabitant,maisleJaponperdrasadeuxièmeplaceauprofitdelaChine,etl’Indeavancerarapidementdansleclassement,serapprochantduBrésil.

55 Diversesinstitutions,tellesquel’EconomistIntelligenceUnit(EIU),laCommissioneuropéenneetleNationalIntelligenceCouncildesÉtats‑Unisontpubliérécemmentdesétudessurlesproblèmessociétauxpluslargesquipourraientsurgirrespectivementd’icià2030ou2050.Bonnombrededébats,parexemplesurladémographieetl’éducation,latechnologie,etc.,sontégalementanalysésendétaildansleprésentrapport,sousl’angleplusspécifiquedeleurrelationaveclecommerce.Enrevanche,cesétudesnetraitentquesuperficiellementducommerce.Pourcequiestdesprédictionsquantitatives,ellessemblentutiliserprincipalementdesdonnéesextérieuresprovenantdesinstitutionsmentionnéesdansleprésentaperçu,notammentleCEPIIetlaBanquemondiale,etnedonnentpasbeaucoupdedétailsparailleurssurlaméthodologie.VoirEconomistIntelligenceUnit(2012),Commissioneuropéenne(2011)etNationalIntelligenceCouncil(2012).

56 CommeonleverraplusloindanslasectionC.3,l’ouverturedeséchangesetleprogrèstechnologiquesonttrèsinterdépendants.Cefaitn’estpasprisencompteparPetrietZhai(2012).Ilfauttoujoursgardéàl’espritlesautreslacunesdelamesuredesgainsdebien‑êtreliésàl’ouverturedeséchangesdansunmodèledetypeEGC,tellesquelehautniveaud’agrégation(etdonclasous‑estimationdelacroissancedeséchangesintrasectoriels),l’évolutiondelademandeliéeaugoûtdesconsommateurspourlavariété,leséconomiesd’échellevariablesdanslaproduction,etc.

57 D’autresconsidérations,tellesquelesdéséquilibresmacroéconomiques,peuventaussiameneràprendredesmesurespourréduirelesexcédents/déficitscommerciauxbilatéraux,maisellesnesontpasexaminéesplusavantdansleprésentrapport.Aveclaproliférationdeschaînesd’approvisionnementmondiales,cesmesurespourraientavoirdesrépercussionssurlesexportateursd’intrantsintermédiairesau‑delàdespaysconcernés.

58 UnedescriptionplusapprofondiedelaméthodologieemployéeetdesrésultatsserapubliéedansFontagnéetFouré(2013)etFontagnéet al.(2013).

59 Pourplusdecommodité,ilssontregroupésenfonctiondeladotationenfacteurs,delatechnologieetdescoûtscommerciaux,bienqu’ilyaitentreeuxdenombreusesinterconnexions,notammentparlebiaisdelademande.Parexemple,différentsscénariosdémographiquesconduisentàdifférentsvolumesd’épargneglobale,dontlarépartitiondanslesactivitésproductivesàtraverslemondedépendlàaussidelamobilitéducapital.

60 Làencore,cesscénariosextrêmesdoiventêtretraitésavecprudence,etilsnesontcertainementpastousprobables.

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

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Certainsontsimplementétéchoisispourdesraisonsdesymétrie,parexemplelescénariobasconcernantlatechnologieparrapportauscénariohaut,afindenepasfausserlesrésultatsfinalsenchoisissantdesscénariosopposéstrèsinégaux.

61 Surlabasedel’expériencehistorique,nousavonsoptépourunchoc«asymétrique»danslaPTFentrelespaysdéveloppésetlespaysendéveloppement,cequiestplusréaliste.LesrésultatsnevarientpasbeaucoupsilaPTFsubitexactementlemêmechocdanslespaysdéveloppésetdanslespaysendéveloppement.Ilenrésulterait,parexemple,unevariationdeplus/moins5%despartsduPIBmondialen2035,aulieude6%.

62 CommeonleverraplusloindanslasectionC.1,ladémographiejoueunrôleéconomiquefondamentalnonseulementàtraversl’évolutiondelamain‑d’œuvre,maisaussiparlebiaisdelaconsommation/del’épargneliéeauchangementdelapyramidedesâges.Ilestintéressantdenoterqu’unebaissedelaféconditédanslemondeendéveloppementsetraduitparuneaugmentationrelativedugrouped’âgemoyenetdel’épargneglobale.Silamobilitéducapitalestforte,celaaaussideseffetspositifssurlacroissancedanslemondedéveloppé.

63 ÉtantdonnélacomplexitédesmodèlesEGCmondiauxetl’énormequantitédedonnéesqu’ilsnécessitent,certainestendancesexaminéesdanslasectionB.2nepeuventpasêtreprisesencomptedanslessimulations,fautededonnéescohérentessurcesphénomènesàceniveau,notammentencequiconcerneleschaînesd’approvisionnementmondialesetlerôledesentreprisesdanslecommerceinternational.Enoutre,certainsdesélémentsmoteursfutursexaminésdanslessectionsCetD,commel’évolutiondelanumérisationetdelarobotiqueetlesdécouvertesdegazdeschisten’ontpasété(et,pourlaplupart,nepeuventpasêtre)étudiésendétaildanscesmodèlesdesimulation.Toutefois,certainesautresquestionsquinesontpasexaminéesplusavantici,tellesquelechangementclimatique,sontprisesencomptedansdesétudesplusspécialisées,commeFontagnéet al.(2012).

64 Lesinstitutionsd’unpaysinfluencentégalement(etsontinfluencéespar)lacroissanceéconomiqueetlecommerce(parlebiaisdesincidencessurl’avantagecomparatifetsurlescoûtsdetransaction).Ilestdifficiled’inclurecesfacteursdefaçonsimpledanslesmodèlesmondiauxexaminésici.Unereprésentationindirecteacependantlieu,notammentàtraverslesvariationsdelaproductivitéetdesscénariosrelatifsauxcoûtsdetransactionspluslarges.Lescoûtscommerciauxliésautransportsontégalementprisencomptedediversesautresmanières,ycomprisàtraversl’évolutiondesprixdel’énergieetl’évolutionspécifiquedelaproductivitédanslesecteurdestransports.

65 LasectionDexamineégalementlesfacteursquidéterminentlamanièredontlepublicperçoitlecommerceetleschoixenmatièredepolitiques,lesquelspeuventcomprendredesfacteursétudiésdanslasectionC.Lesmodificationsdesconditionssous‑jacentesducommercedécritesdanslasectionCpourraientaussiavoirunimpactsurlapolitiquecommerciale.Parexemple,l’immigrationadesincidencessurlecommerceenmodifiantl’avantagecomparatifainsiqueleniveauetlacompositiondelademande,commeonl’avudanslasectionC.1,maislesimmigrantspeuventaussiavoiruneinfluenceparticulièresurlesintérêtsdansl’élaborationdespolitiquescommerciales.Voir,parexemple,Peters(2012).Commeonl’aditdanslasectionA,lesliensentrelesquestionsquiontunimpactsurlecommercesontmultiplesetsouventbidirectionnels,dépassantdonccequipeutraisonnablementêtreanalysédansuneseuleétude.

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TableauB.1del’appendice:Classification sectorielle des statistiques du commerce en valeur ajoutée

Secteur DéfinitiondelaCITIRev.3

Total CITIAàP

Agriculture CITIA,B,15et16

Combustibles et produits miniers CITIC,23,E

Activités de fabrication CITI17à37,sauf23

dont :

Feretacier CITI27,28

Textilesetvêtements CITI17,18

Produitschimiques CITI24,25

Machinesetmatérieldetransport CITI29à35

Services CITIFàP,saufL

Source:Secrétariatdel’OMC.

Tableaux de l’appendice

RAPPORT SUR LE COMMERCE MONDIAL 2013

114

TableauB.2del’appendice:Matrice du commerce mondial des marchandises par produit et par région, 1990-2011 (milliards de $EU)Destination Mondea Amérique du Nord Amérique du Sud et centrale Europe CEI Afrique Moyen-Orient Asie Destination

1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011

Origine Origine

Monde Monde

Produitsagricoles 414,72 551,18 1659,52 51,35 89,50 196,41 11,01 20,39 67,64 214,99 256,69 689,44 16,74 12,56 66,66 15,58 19,42 89,91 15,26 19,76 86,61 89,79 128,80 451,53 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 488,32 852,63 4007,83 92,82 188,41 611,91 16,03 31,33 155,95 217,73 319,88 1 364,06 14,42 11,66 64,95 8,83 13,17 98,40 7,16 8,91 77,81 131,33 254,74 1525,88 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 2 391,15 4 692,27 11 510,95 489,51 1 232,48 2 054,77 75,23 146,88 503,51 1 213,89 2 016,28 4 630,77 64,67 51,43 392,62 62,69 85,69 332,13 68,82 111,99 484,33 416,34 1 018,25 3 028,67 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 3 395,36 6 277,19 17 816,37 650,28 1 549,12 2 922,57 104,60 203,60 748,88 1 676,61 2 659,83 6 881,27 127,96 76,64 529,70 88,51 122,36 538,08 94,60 145,56 671,92 652,82 1 433,18 5 132,73 Total des

marchandisesb

Amérique du Nord Amérique du Nord

Produitsagricoles 85,21 115,31 251,36 24,14 49,14 94,80 3,34 6,26 17,40 17,37 15,78 23,87 3,38 1,04 2,66 2,59 3,20 9,38 2,68 3,10 7,08 31,70 36,41 95,90 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 58,79 94,34 408,87 29,51 71,17 237,84 2,57 4,05 41,09 12,01 9,22 60,41 0,06 0,03 1,26 0,42 0,51 4,62 0,59 0,42 2,92 13,63 8,93 59,96 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 375,20 963,22 1 499,02 152,33 534,99 731,11 30,89 54,66 135,67 92,71 167,33 249,79 1,12 2,23 11,19 5,56 7,64 21,64 8,34 15,56 49,31 84,25 180,61 299,49 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 547,66 1 224,98 2 282,46 217,46 682,79 1102,89 37,66 67,87 201,23 130,07 205,16 382,20 6,17 3,52 15,37 9,05 12,10 37,47 12,54 20,38 62,78 134,70 232,56 476,31 Total des

marchandisesb

Amérique du Sud et centrale Amérique du Sud et centrale

Produitsagricoles 36,17 52,84 206,10 7,76 11,61 27,72 3,91 9,85 34,74 13,68 17,93 52,24 4,68 1,18 7,77 1,00 1,61 15,16 1,22 2,04 12,77 3,91 8,37 54,34 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 37,49 67,74 322,55 16,49 32,63 95,85 5,41 15,90 70,90 7,84 9,54 49,34 2,97 0,08 0,19 0,29 0,33 1,91 0,14 0,46 3,50 4,34 7,15 98,26 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 44,30 72,96 198,09 24,97 33,53 55,07 7,47 24,72 94,65 6,52 9,89 25,55 0,23 0,03 0,50 0,72 0,82 4,26 0,64 0,32 1,49 3,76 3,55 16,13 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 120,33 197,77 749,98 49,27 78,17 181,39 17,29 50,56 200,41 28,43 38,84 137,51 9,02 1,29 8,46 2,07 2,80 21,35 2,08 2,85 17,83 12,18 19,10 168,79 Total des

marchandisesb

Europe Europe

Produitsagricoles 194,32 244,42 669,88 9,87 13,17 26,35 2,06 3,05 6,63 154,14 193,08 520,24 5,16 4,84 24,00 7,69 8,00 25,30 6,04 6,12 19,42 9,36 14,90 46,60 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 124,56 204,31 821,87 10,51 22,53 53,41 0,67 1,30 5,77 100,44 163,34 646,04 5,74 1,20 7,65 1,99 3,33 30,38 1,44 1,75 13,45 3,77 7,20 41,12 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 1328,66 2125,51 4977,05 113,09 237,40 393,66 21,64 39,98 103,92 954,93 1532,78 3414,84 49,59 26,98 200,02 43,78 49,90 141,39 36,99 50,80 158,35 108,63 174,13 540,61 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 1 685,82 2 633,98 6 612,32 135,52 275,77 480,07 24,38 45,05 118,75 1 223,39 1 928,08 4 667,31 78,43 33,29 234,00 54,19 61,91 199,39 46,01 59,79 194,40 123,89 199,95 638,57 Total des

marchandisesb

Communauté d’états indépendants (CEI) Communauté d’états indépendants (CEI)

Produitsagricoles 6,05 13,10 58,93 0,03 0,42 0,53 0,26 0,04 0,21 4,15 3,97 13,87 ‑ 3,94 21,01 0,31 0,22 4,25 0,13 0,29 4,27 1,16 3,88 11,99 Agriculturalproducts

Combustiblesetproduitsminiers 32,86 84,81 521,30 0,74 6,11 34,76 0,65 4,72 3,29 27,91 55,90 334,17 ‑ 10,03 53,60 0,26 0,15 2,97 0,35 0,97 7,14 2,95 6,75 79,40 Fuelsandmining

products

Produitsmanufacturés 17,14 43,66 180,48 0,20 3,57 7,41 1,45 1,04 6,05 9,49 12,21 50,45 ‑ 14,91 76,99 1,32 1,31 3,67 1,55 1,84 9,97 3,13 8,58 23,10 Manufactures

Total merchandiseb 58,13 145,72 788,76 0,99 10,16 43,22 2,59 5,79 10,75 42,77 74,70 408,77 - 29,13 154,15 1,91 1,78 12,49 2,52 3,12 23,77 7,35 20,01 116,95 Total des marchandisesb

Afrique Afrique

Produitsagricoles 16,60 18,01 59,49 0,90 0,94 3,50 0,05 0,15 2,04 10,53 9,13 24,82 0,29 0,17 1,19 1,96 3,36 12,02 0,37 1,04 4,81 2,51 3,11 10,55 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 56,22 86,41 382,21 13,92 22,26 86,92 1,25 3,22 14,65 35,21 41,74 127,34 0,26 0,06 0,37 1,83 4,12 26,84 0,43 0,68 3,48 3,32 12,83 115,24 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 21,08 36,30 110,31 1,25 3,58 10,60 0,23 0,48 2,68 13,30 21,65 48,29 0,92 0,05 0,25 2,44 5,70 28,18 0,72 1,22 5,86 2,21 3,42 13,68 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 106,03 148,54 594,24 16,19 26,83 101,64 1,53 3,86 19,45 62,28 75,40 205,21 10,10 0,29 1,85 6,25 14,38 77,03 1,52 2,98 21,34 8,17 20,35 145,84 Total des

marchandisesb

Moyen-Orient Moyen-Orient

Produitsagricoles 4,41 6,32 31,94 0,15 0,22 0,53 0,02 0,04 0,09 2,10 1,45 2,64 0,65 0,28 1,31 0,09 0,27 1,92 1,14 2,57 14,96 0,28 0,58 5,93 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 112,50 194,79 847,27 15,79 25,32 80,60 4,81 1,39 5,75 29,54 33,33 104,71 4,00 0,04 0,22 3,62 4,36 20,09 3,86 3,56 30,26 50,89 111,76 549,75 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 20,22 54,28 261,23 3,40 13,48 25,58 0,25 0,60 3,88 6,69 11,72 43,52 1,73 1,10 4,36 0,51 2,58 15,22 3,59 7,51 60,82 4,05 12,46 91,97 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 138,39 268,04 1 250,61 19,58 39,67 107,22 5,16 2,10 9,76 38,93 47,81 158,11 6,40 1,47 5,95 4,21 7,31 37,87 8,63 13,93 110,16 55,47 126,48 660,24 Total des

marchandisesb

Asie Asie

Produitsagricoles 71,96 101,19 381,84 8,50 14,00 42,99 1,37 1,01 6,53 13,01 15,35 51,75 2,58 1,12 8,73 1,95 2,78 21,87 3,69 4,60 23,30 40,86 61,56 226,23 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 65,91 120,23 703,76 5,87 8,40 22,54 0,66 0,76 14,51 4,78 6,81 42,05 1,39 0,23 1,66 0,43 0,37 11,60 0,35 1,07 17,08 52,43 100,13 582,15 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 584,56 1 396,35 4 284,79 194,28 405,94 831,34 13,30 25,39 156,66 130,26 260,71 798,33 11,08 6,12 99,32 8,36 17,73 117,77 16,99 34,74 198,54 210,30 635,51 2 043,69 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 739,01 1 658,16 5 537,99 211,26 435,73 906,14 15,99 28,37 188,55 150,74 289,84 922,17 17,84 7,66 109,92 10,83 22,09 152,48 21,30 42,51 241,64 311,06 814,73 2 926,03 Total des

marchandisesb

Source:Secrétariatdel’OMC.

Note:Leschiffresconcernantl’Europeen1990n’incluentpaslesÉtatsbaltes(Estonie,LettonieetLituanie),alorsqueleschiffresconcernantlaCEIen1990incluentcesÉtats.

aYcomprislesdestinationsnonspécifiées.bYcomprislesproduitsnonspécifiés.

II – Facteurs détermInant l’avenIr du commerce mondIal

115

II B. Te

nd

an

ce

s

du

co

mm

er

ce

In

Ter

na

TIon

al

TableauB.2del’appendice:Matrice du commerce mondial des marchandises par produit et par région, 1990-2011 (milliards de $EU)Destination Mondea Amérique du Nord Amérique du Sud et centrale Europe CEI Afrique Moyen-Orient Asie Destination

1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011 1990 2000 2011

Origine Origine

Monde Monde

Produitsagricoles 414,72 551,18 1659,52 51,35 89,50 196,41 11,01 20,39 67,64 214,99 256,69 689,44 16,74 12,56 66,66 15,58 19,42 89,91 15,26 19,76 86,61 89,79 128,80 451,53 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 488,32 852,63 4007,83 92,82 188,41 611,91 16,03 31,33 155,95 217,73 319,88 1 364,06 14,42 11,66 64,95 8,83 13,17 98,40 7,16 8,91 77,81 131,33 254,74 1525,88 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 2 391,15 4 692,27 11 510,95 489,51 1 232,48 2 054,77 75,23 146,88 503,51 1 213,89 2 016,28 4 630,77 64,67 51,43 392,62 62,69 85,69 332,13 68,82 111,99 484,33 416,34 1 018,25 3 028,67 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 3 395,36 6 277,19 17 816,37 650,28 1 549,12 2 922,57 104,60 203,60 748,88 1 676,61 2 659,83 6 881,27 127,96 76,64 529,70 88,51 122,36 538,08 94,60 145,56 671,92 652,82 1 433,18 5 132,73 Total des

marchandisesb

Amérique du Nord Amérique du Nord

Produitsagricoles 85,21 115,31 251,36 24,14 49,14 94,80 3,34 6,26 17,40 17,37 15,78 23,87 3,38 1,04 2,66 2,59 3,20 9,38 2,68 3,10 7,08 31,70 36,41 95,90 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 58,79 94,34 408,87 29,51 71,17 237,84 2,57 4,05 41,09 12,01 9,22 60,41 0,06 0,03 1,26 0,42 0,51 4,62 0,59 0,42 2,92 13,63 8,93 59,96 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 375,20 963,22 1 499,02 152,33 534,99 731,11 30,89 54,66 135,67 92,71 167,33 249,79 1,12 2,23 11,19 5,56 7,64 21,64 8,34 15,56 49,31 84,25 180,61 299,49 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 547,66 1 224,98 2 282,46 217,46 682,79 1102,89 37,66 67,87 201,23 130,07 205,16 382,20 6,17 3,52 15,37 9,05 12,10 37,47 12,54 20,38 62,78 134,70 232,56 476,31 Total des

marchandisesb

Amérique du Sud et centrale Amérique du Sud et centrale

Produitsagricoles 36,17 52,84 206,10 7,76 11,61 27,72 3,91 9,85 34,74 13,68 17,93 52,24 4,68 1,18 7,77 1,00 1,61 15,16 1,22 2,04 12,77 3,91 8,37 54,34 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 37,49 67,74 322,55 16,49 32,63 95,85 5,41 15,90 70,90 7,84 9,54 49,34 2,97 0,08 0,19 0,29 0,33 1,91 0,14 0,46 3,50 4,34 7,15 98,26 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 44,30 72,96 198,09 24,97 33,53 55,07 7,47 24,72 94,65 6,52 9,89 25,55 0,23 0,03 0,50 0,72 0,82 4,26 0,64 0,32 1,49 3,76 3,55 16,13 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 120,33 197,77 749,98 49,27 78,17 181,39 17,29 50,56 200,41 28,43 38,84 137,51 9,02 1,29 8,46 2,07 2,80 21,35 2,08 2,85 17,83 12,18 19,10 168,79 Total des

marchandisesb

Europe Europe

Produitsagricoles 194,32 244,42 669,88 9,87 13,17 26,35 2,06 3,05 6,63 154,14 193,08 520,24 5,16 4,84 24,00 7,69 8,00 25,30 6,04 6,12 19,42 9,36 14,90 46,60 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 124,56 204,31 821,87 10,51 22,53 53,41 0,67 1,30 5,77 100,44 163,34 646,04 5,74 1,20 7,65 1,99 3,33 30,38 1,44 1,75 13,45 3,77 7,20 41,12 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 1328,66 2125,51 4977,05 113,09 237,40 393,66 21,64 39,98 103,92 954,93 1532,78 3414,84 49,59 26,98 200,02 43,78 49,90 141,39 36,99 50,80 158,35 108,63 174,13 540,61 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 1 685,82 2 633,98 6 612,32 135,52 275,77 480,07 24,38 45,05 118,75 1 223,39 1 928,08 4 667,31 78,43 33,29 234,00 54,19 61,91 199,39 46,01 59,79 194,40 123,89 199,95 638,57 Total des

marchandisesb

Communauté d’états indépendants (CEI) Communauté d’états indépendants (CEI)

Produitsagricoles 6,05 13,10 58,93 0,03 0,42 0,53 0,26 0,04 0,21 4,15 3,97 13,87 ‑ 3,94 21,01 0,31 0,22 4,25 0,13 0,29 4,27 1,16 3,88 11,99 Agriculturalproducts

Combustiblesetproduitsminiers 32,86 84,81 521,30 0,74 6,11 34,76 0,65 4,72 3,29 27,91 55,90 334,17 ‑ 10,03 53,60 0,26 0,15 2,97 0,35 0,97 7,14 2,95 6,75 79,40 Fuelsandmining

products

Produitsmanufacturés 17,14 43,66 180,48 0,20 3,57 7,41 1,45 1,04 6,05 9,49 12,21 50,45 ‑ 14,91 76,99 1,32 1,31 3,67 1,55 1,84 9,97 3,13 8,58 23,10 Manufactures

Total merchandiseb 58,13 145,72 788,76 0,99 10,16 43,22 2,59 5,79 10,75 42,77 74,70 408,77 - 29,13 154,15 1,91 1,78 12,49 2,52 3,12 23,77 7,35 20,01 116,95 Total des marchandisesb

Afrique Afrique

Produitsagricoles 16,60 18,01 59,49 0,90 0,94 3,50 0,05 0,15 2,04 10,53 9,13 24,82 0,29 0,17 1,19 1,96 3,36 12,02 0,37 1,04 4,81 2,51 3,11 10,55 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 56,22 86,41 382,21 13,92 22,26 86,92 1,25 3,22 14,65 35,21 41,74 127,34 0,26 0,06 0,37 1,83 4,12 26,84 0,43 0,68 3,48 3,32 12,83 115,24 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 21,08 36,30 110,31 1,25 3,58 10,60 0,23 0,48 2,68 13,30 21,65 48,29 0,92 0,05 0,25 2,44 5,70 28,18 0,72 1,22 5,86 2,21 3,42 13,68 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 106,03 148,54 594,24 16,19 26,83 101,64 1,53 3,86 19,45 62,28 75,40 205,21 10,10 0,29 1,85 6,25 14,38 77,03 1,52 2,98 21,34 8,17 20,35 145,84 Total des

marchandisesb

Moyen-Orient Moyen-Orient

Produitsagricoles 4,41 6,32 31,94 0,15 0,22 0,53 0,02 0,04 0,09 2,10 1,45 2,64 0,65 0,28 1,31 0,09 0,27 1,92 1,14 2,57 14,96 0,28 0,58 5,93 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 112,50 194,79 847,27 15,79 25,32 80,60 4,81 1,39 5,75 29,54 33,33 104,71 4,00 0,04 0,22 3,62 4,36 20,09 3,86 3,56 30,26 50,89 111,76 549,75 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 20,22 54,28 261,23 3,40 13,48 25,58 0,25 0,60 3,88 6,69 11,72 43,52 1,73 1,10 4,36 0,51 2,58 15,22 3,59 7,51 60,82 4,05 12,46 91,97 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 138,39 268,04 1 250,61 19,58 39,67 107,22 5,16 2,10 9,76 38,93 47,81 158,11 6,40 1,47 5,95 4,21 7,31 37,87 8,63 13,93 110,16 55,47 126,48 660,24 Total des

marchandisesb

Asie Asie

Produitsagricoles 71,96 101,19 381,84 8,50 14,00 42,99 1,37 1,01 6,53 13,01 15,35 51,75 2,58 1,12 8,73 1,95 2,78 21,87 3,69 4,60 23,30 40,86 61,56 226,23 Produitsagricoles

Combustiblesetproduitsminiers 65,91 120,23 703,76 5,87 8,40 22,54 0,66 0,76 14,51 4,78 6,81 42,05 1,39 0,23 1,66 0,43 0,37 11,60 0,35 1,07 17,08 52,43 100,13 582,15 Combustibleset

produitsminiers

Produitsmanufacturés 584,56 1 396,35 4 284,79 194,28 405,94 831,34 13,30 25,39 156,66 130,26 260,71 798,33 11,08 6,12 99,32 8,36 17,73 117,77 16,99 34,74 198,54 210,30 635,51 2 043,69 Produitsmanufacturés

Total des marchandisesb 739,01 1 658,16 5 537,99 211,26 435,73 906,14 15,99 28,37 188,55 150,74 289,84 922,17 17,84 7,66 109,92 10,83 22,09 152,48 21,30 42,51 241,64 311,06 814,73 2 926,03 Total des

marchandisesb

Source:Secrétariatdel’OMC.

Note:Leschiffresconcernantl’Europeen1990n’incluentpaslesÉtatsbaltes(Estonie,LettonieetLituanie),alorsqueleschiffresconcernantlaCEIen1990incluentcesÉtats.

aYcomprislesdestinationsnonspécifiées.bYcomprislesproduitsnonspécifiés.