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Baillarger, Jules. Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux. 1995. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Baillarger, Jules. Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux. 1995.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :  *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.  *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :  *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits.  *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Recherches sur l'anatomie. La

physiologieet la du

systèmenerveux.

Baillarger J.

V. Masson

Paris 1872

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Symbole applicablepour tout, ou partie

des documents microfilmés

Original illisible

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Texte détérioré reHure défectueuse

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UM<MS-<C,~S~NT~M~L~U~S.t.t.TiO.LW.

P!.AC).:DEL'rCnLK-)'H-UF<-J'<E.'1

~y~

"? RECHERCHE

L'ANATOMtË,LAPHYSfOLOGIEET ),A~t!!OLOGŒ

SYSTEMEmTEUX

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J. BAILLARGER

PARIS

V!CTOR MASSON

1872

S.CH

MM<-r.Hh~~r.t.r.h~).S.))~h<'r.

M..mhrr.)A!~t<M'M'

AVHC3 PLANCHES

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.J-~ .?<!«'

D'ESQUIROL

BAILLARGER

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iNT~DUCTION.

L'histoire du systèmenerveuxconsidéréedans son

ensemble tient dans la science une place considé-

raMe. Combiende travaux, en effet, entrepris déjà

sur la structure, les fonctions et les maladiesde ce

système; combien d'efforts tentés pour éclairer la

science encore si obscure des rapports duphysique

et du moral de Fhomme

Cependant, malgré !es découvertes importantes

que revendiquent surtout Fanatomiecomparéeet la

physiologie expérimentale, bien des questions ont

été étudiées sans être résolues, beaucoup d'autres

n'ont pas même ct6 snutcvées' Sans doute il faut

s'attendre a trouver ici, plus que partout aiUeurs,

(tes diHtcuttés nombreuses des secrets impcnétra-

bte&; mais j'ai la convictionqu'en dépit des obsta-

c~s chaque jour, pendant longuesannées encore.

appOBbet'aayee lui son progrès, et que beaucoupde

!apu.nesse tro'tveront peu a peu combtées.

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tNTROMCTtON.

&nprenant !c systèmenerveuxpourobjet de mes

recherches, j'ai espèrepouvoircontribuer pour ma

part, si faiblequ'ellesoit, &éclairerqueues pointsde sonhistoire.

Je vais, dans cette introduction, présenter, sousune formeaussi brève et aussi claire qu'il me sera

possible, les principauxfaits que contient cet ou-

vrage.U ne m'appartientpas de discuter la valeurde ces faits, mais je m'estimerai assezheureux sileur exactituden'est pas contestée.

1.

AXMttemte et ~y'te, unettomte et phytM~e

ptttttote~~Me*

RECHERCHESSURLA STRUCTUREDE LA COUCftECOMTtCALE

DESCMCOKVOLUTMHSDU CERVEAU.

PREMIERFAIT.

Procédéemployépourl'étude deta couchecorticale ducerveau

et du cervelet.

Lespréparationsqu'onfait subir au cerveauet les

différentsmodesde dissectionemployésjusqu'à ce

jour n'ont pas peu contribué aux dissidencesquidivisent encore les anatomistessur beaucoup de

points de la structure de cet organe.On a annoncé

tant de dispositionsnouvellesqui n'ont pu être véri-

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~TtiOtjtJCTtOiS. y

nées, qu on a dû devenir et qu'on est, en effet,devenud'une déSanceextrême pour tout ce qui serattache h la structure intimedes centres nerveux.

Ces préventions, si fondées, m'engagent,avantd'exposerles nouveauxfaits que j'ai fait connattreen 18S9, à rappeler le procédéque j'ai employé.

La substancegrisedu cerveauest transparente.La substanceblancheest opaque.La substanceblanche et la substance grise sont

dans beaucoupde points réunies et mélangées.Partoutoù cemélangeexiste, commedans la sub-

stancecorticale, si on metunecouchetrès mincedecerveau entre deuxverres, et qu'on examine cettecoucheà la lumière et par transparence, on recon-nait la substanceblancheà sonopacité.

Tel est le principe dont je suis parti pour em-ployerle procédésuivant

Je coupeavec précautionet perpendiculairementsur un cerveau frais une couche très mince d'unecirconvo)ution,je ladéposesur un morceaude verre,et je l'entoure de petites boulesde cire.

J'appliquealors un second morceaude verre surles boulesde cirequeje comprimejusqu'à ce que laplaque de verre touche la pièce, maissans lui fairesubir aucunécrasement.

J'examinealors cette couche très mince de sub-stancecérébralepar transparence.

ït n'y a point, commeon voit, à se préoccupericide préparationsantérieureset du modede dissectionnides causesd'erreurs que produit parfoisl'examen

microscopique.

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\t tM'KOMMTtON.

On peut assurément, par le procédé si simple que

je viens d'indiquer, voirles chosesincomplètement;

maison ne saurait les voir autrement qu'eHesne sont

réellement.

Ceprocédén'est passeulementapplicableà l'étude

de la couche corticale du cerveau et du cervelet,

mais encore a celledes corps striés des couchesopti-

ques, des tubercules quadrijumeaux et de la moelle

épinière. Il peut surtout être utile pour les recher-

ches sur le cerveau du foetus. Il permet de recon-

nattre beaucoup de faits qui échappent à l'examen

microscopique pour lequel on ne peut employer

qu'une très petite quantité de substance cérébrale.

La meilleure preuve que j'en puisse donner, c'est

que la couchecorticale avait souvent été étudiée au

microscope, sans ~u'on reconnut ni les différentes

couchesqui ta forment, ni leur superposition dans

un ordre déterminé.

DEUXIÈMEfAtf

Divisiondelacouchecorticaledescirconvolutionsducerveauen

sixcouchesalternativementgriseset blanches.

Je crois avoir indiqué et démontré le premier que

la couche corticale des circonvolutions, malgré son

peu d'épaisseur, est formée de six couches, ainsi

disposéesen allant de dedans en dehors.

1° Une couche grise.

2° Une couche MancAe.

3° Unecouche grise.

Une couche Ma~cAe.

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tNTMRUCTtOS. VU

S*Une cooehe grise.6* Une couche Manche.

En examinait par transparence et commeje l'ai

indiqué plus haut une lame mince enlevée à une cir-

convolution, on voit six couches alternativement

transparenteset opaques.Les lignes transparentes sont

les couchesgrises, les lignesopaques sont forméesde

substance blanche.

Cette dispositionstratifiée se retrouvedans !a cou-

che corticale des principaux mammifères(Voyez les

figures&, 7, li de laplanche F', les ugures i, 2, 3

de la plancheH").

TROISIÈMEFAIT.

Structuredeslamesblanchesinterposéesdansl'épaisseurdala

couchecorticale.và

Ces lamesparaissent forméesen partie par les ren-

flementsdes fibres rayonnées sorties de la substance

blanche et en partie par des fibres transversales,

propres à la substance grise, et qui sont très visibles

dans le cerveau des petits mammifères et dans le

cerveaudulapin enparticulier. Cesfibrestransverses.

qui n'avaient point encore été signalées croisent les

autres à angle droit, de manière à former de petits

espacesquadrilatères qui rappeltent les dispositionsd'un damier. ( Voirla figure 10 de la ptanche H).

L'existence dans l'épaisseur de la substance grisedes circonvolutions de deux couches fibreuses for-

méeselles-mêmesde deux ordres de fibres fait de

cette substance !a partie la plus délicate et la plus

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M" ttt'f~~MC'ttOjt.

comptiqueedescentresnerveux.S'estuplus àajoutertous ceuxqu'on adéj~mvoquéspourdémonirefl'importanceextrêmede ses fonctions.

QUATMÈMEFAIT.

Les fibres de la substance blanche naissent ou se terminent en,pointedans !a substancegrise des circonvotùtioM.

L'opinionde Gall sur les Ûbresrayo~n~nt~ t

bien loind'ôtrc démontrée, c~n'étatt~t'eq~

brtUantehypothèse, que beaucoupd'anatoanstes~csont empressésde combattre, Les recherches mi-

croscop:qucsles plus récontesn'avaient po!nttran-ché la question, et je ne puis mieuxte prouverqu'en citant le passage suivant de l'ouvrage doM.Longot

Quantau modede terminaisondes ubres primi-tivesde t encéphaleà la surfacede cet organe, Va-lentin assure qu'il s'effectue également à l'aided'ansesfaciles observer au milieu dosmassesglo-buleusesde la coucheinterstitielle(matièrejaune),placéeentre lasubstanceMancheet lasubstancegrisetout à fait périphérique cette dernière est au con-trairepurementglobuteuse,d'après le professeurde

Berne, et ne contientaucune fibre élémentaire.La

première de ces-assertionsme paratt exigerde nou-vellespreuves.Demoncôté, dans plusieursobser-vations successivesfaites avec M. Mandt, je n'aiobtenuaucunrésultat satisfaisant seulement,je n'ai

jamais aperçu dans la substancegrise proprementdite les fibres déliéesque mon confrèreafGrmaity

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~TttOOUOtOX. ;xX

apercevait', et en ce secs, mes observationss'accor-dent aveccelles deVa!eotin. «Jo n'ai jamais vu dans

r<*ncépha!e,dit Ern. Burdac!t, les anses d'inflexionterminale que Valentin a observéeset décrites; mais

je regarde la recherche de la marcha des éléments

organiques ducerveaucommesi difficile, queje n'ose

pas opposerà sesobservationsles miennes, qui n'ontété faitesqu'en passant (!). o

Cette question du mode de terminaison des ubres

prnniHvcsa tapériphérie du cerveauest d'une grandeimportance, et nous croyons t'avoir complètementrésolue par !c procédé indiqué plus haut.

H est facile en effet, do démontrer ainsi à !'<B!7?tMet sur un cerveau frais les fibres rayonnantesde Gall, qui ne sont elles-mêmesque de très petitsfaisceaux formés de fibres primitives it est facitcde les démontrer non seulement dans ce qu'onappeHa la substance jaune, mais dans la sub-stance grise tout à fait périphérique c'est surtoutsur !ccerveau du porc que cette démonstration offrele plus de facilité. (Voir les ngurcs6, 7 et 9de la

ptanche Ït).

CtNQUtÈMEFAIT.

Lasubstancegrise,commel'adit Rei),n'estpassimplementjuxta-poséesurlasubstanceblanche;eUeluiest, aucontraire,inti-mementunieparungrandnombredefibres.

Cette question du mode d'union des deux sub-stancesest la mêmeque celle de !a terminaison des

(4)Longet,/iM<oM'eet p~'o~e dusy~MtexerMUft. tp. t0t.

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Ï tSTMMS'FMf.

Ëbrespritaitives &ta pé~iphéMeda MWeau.On fo-

trouve ici -lesmêmes dissidences, et ta science en

était an môme point. Tant que !a pénétration desfibresdans la substancegrise n'était paspositivementdémontrée, on pouvait soutenir avec Reil~queiasubstance corticale n'est qu'apptiquée a la surfacede

la méduHaire qu'elle s'en sépare net, et par con-

séquent n'a pas de connexions immédiates avec

eUe~i). Il sufHtde répéter les pféparations que}'ai

indiquées pour s'assurer que cette opinion de ReH

est inadmissible.

83<.tÈMEFAIT.

La surface du cerveau est formée par une lame spéciale susceptible

d'être isolée, et qui diffère par sa nature de la substance grise

sous-jacente.

Je suis parvenu a isoter la lame la plus externe du

cerveau (sixième couche) par le moyensuivant s

«Je coupeune circonvolutiondont les membranes

ont été enlevées, et je !'étcnds sur un linge en !a dé-

pUssant.Je la soumets a une pression, et je placeensuite le tout dans l'eau. Je sépare avecprécautionla pièce de manière à laisser à la surface de la cir-

convolution la petite membrane qui flotte soulevée

par rcau. (Planche !I, figure il ).J'ai essayéde démontrer que cette coucheest très

différente, par sa nature, de la substance grise, et

qu'elle se rapproche beaucoup p~usi~~a substance

(!) ~rcM~r dtep~M.,t. VIII p. 393et394,

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'~T)tO))t!UTt()S. ~[

Manche, d'où l'on pourrait conclure quela substancegrise des circonvolutionsne mente pas en réalité leït~m de cor~cd'e.

SEPTIÈMEFAIT.

StratincationdelasubstancegriseducervetetforméecommecelleducerveaudemxcouchesatternativementgrisesetManches.

Je n'at fait que signaler cette analogiede structureentre le cerveauet le cervelet. L'existencedes sixcou-ches alternativement grises et blanches de la sub-stancecorticaledu cerveletest plus facileà démontrerdans les mammifères inferieurt que dans l'hommec!!e ne m'aparu nulle part plus évidenteque dans lecervelet du chat.

HUÏTtÈMEFAIT.

Lasubstancejauneducerveauet ducerveletn'estpasunesub-stancespéciale,maisun mélangede substancegriseet dosubstanceblanche.

Je crois avoir démontre que la .sM~~ce M~-Hie-

~wedeSœmmerring, décrite par la plupart desanatomistes sous le nom de 6-u6~nce~e, ''ésuUc

dot'atrophicdcs deux premières couchesgrises et dela proportion plus grande des fibresblanches rayon-nantes. L'examen par transparence de cette partie,par le procédé indiqué plus haut ne me parait pou-voir laisser aucun doute à cet égard,

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xu <yrnot)Ut.T)o~.

NEUVIÈMEFAM.

La couchecorticaleexisteet peutêtre démontréedansle cerveaudu fœtus.

Tiedemannniel'existencedela substancecorticale

dansle cerveaudu fœtus.«Elle n'est, dit-il, déposée

qu'après la naissanceà la surfacedu cerveau.t1

La couche corticale peut être démontréedès le

quatrièmeou le cinquièmemoispar l'existence,à la

surface du cerveau dû couches alternativemcBt

transparentes et opaques. caractère qu'elle offreaussi chez l'adulte.(Planche11,figure et 5.)

Ainsi, quoique la couleurne permettepas encorede distinguer la substance grise périphérique, on

peut la rcconnattreau fait dostructure que je viens

d'indiquer.

MXtÈME FAIT.

La stratificationde la surfacedu cerveau et du cenolet des mam-

mifèresn'existepas dans tes hémisphèrescérébrauxdesoiseauxt

des reptileset despoissons on la retrouve au contraire dans ifs

lobesoptiques.

Ce qu'il importede remarquer ici, ce n'est pas

que la stratificationdu cerveaudes mammifèresse

retrouveplus simple(quatre couchesau lieu de six)

dans les trois dernièresclassesd'animaux~crtébrës;maisbien que cette stratification,au lieu de se ren-

contrerdansles lobescérébraux,existe dansleslobes

optiques.C'est, en effet, une particularitéqui n'est

pas sansintérêtpour la déterminationdesdifférentes

partiesde l'encéphale,et surtoutpourcelledes fonc-

tions qu'il faut leur attribuer.

Page 17: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

tSTM)M!CT)nX. x))(

ONZIÈMEFAIT.

Les atter&tionspartielles observéesdans l'épaisseur de la couche

corticales'expliquent par sa structure.

Onremarquesouvent,dansle cerveaudesaliénés,des colorationspartiellesdans l'épaisseurde la cou-che corticale.«Ellespeuvent,dit M.Parchappe,être

bornéesà un plandecette couche, ouà desportionsplus ou moinscirconscrites, et dansce casêtre dis-

poséespar plaquesoupar couchesminces.?Cettecolorationd'unecoucheou de plusieurs,tes

autresrestantsaines,est quelquefoistellementnette,

qu'il semble,dit M.Foville, quandoncoupeen traversla substancegrise,qu'elleest composéede deuxmem-branes de couleursdifférentes, appliquéesl'une sur

l'autre, et plisséesparallèlement.»

Dansquelquescas, on observela colorationisolée

des trois couchesgrises, de sorte qu'au lieu de six

couchesalternativementgrisesetblanches,oncomptesix couchesalternativementrougeset blanches.

Toutesces altérationspartielleset nettementcir-

conscrites de la substance corticale s'expliquent,commeonvoit, par sa structure (1).

(<) Je croisdevoir rappeler ici, avant do terminerce qui a trait à

ce mémoire, que Rolandoregardait !e cervelet commeen!~rfme<t<

MntttiaMepar sa structure à une pile de Volta. II s'appuyait, poursoutenir ce fait, sur la superpositionde la substancegrise et de la

substance jaune. Qu'eût donc dit ce savant anatomiste s'ii eût

Gtt~nula stratification beaucoup plus compliquéedu cerveau du

cerveletet des tubercules quadrijumeaux, ceUedes lobesoptiquesdes oiseaux, des reptiles et des poissons?

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XtV tNTttODUC'nOK.

M.

DE L'ËTËKDUEDE LASMFACKBU CERVEAUKT DE SES

KAPt'ORTSAVECLEDÉVELOPPEMENTDEL'tNTELUGEMCR.

s~s

HAYl~OATSA~LG Li: Dt;VGLOr'NEAiEN'r' lJk~L'Ihf'rEr.LIGENCt;.

DOUZIÈMEFAIT.

L'étenduedela surfaceducerveaudei'hommoest,en moyenne

d'environ<,700centimètrescarrés.

Quandon soagc au rAlesi élj&véque la phréno~

gie a fait jouerau plus ou moins de dé~oppeMent

des eh'convotutionsdu cerveau o~s'étoBn~ qu'on

n'ait pas essayé de détMtnioM l'étendue d~ la sur-

facede cet organe pour trouver entre les dijEfereuts

cerveauxdes termesde comparaison.

J'ai successivementeu recours à plusieurs moyens

pour atteindre le but que je viens d'mdiqu~M'.Appès

beaucoupdetentatives inft'uctueuse&,jeme suis M-'

rété au procédé suivant

1° Je déplissed'abord le cerveau par un procédé

différentde celui qu'employait6aU et quimo permet

d'éviter le tn-ai!tcmentde la substanceblanche. J'en-

lève peuà peu la plus grande partie de cette sub-

stance, après l'avoir en quelque sorte énuctee. J'ob-

tiens ainsi un déplisscmentincomplet, maissuMsant

pour le but que je me propose.

~° La membranehémisphériqueune foisétendue,

je la mouleavec du ptàtrcS" Je prends l'empreinte du moul.oe~ M'cux, en

faisantpénetret' dans toute son cten'tw HRti~sMt~ès

fin a l'aide de la t~n'o"taise

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tSTBOOUCTtON. XV

A*JôGoHece tissu surun carton, dont il est facilede trouver étendue à t'aide des procédés mathéma-

tiquesordinairement employés.Cest ainsiquejesuisparvenuadéterminerl'étendue

du cerveau de l'homme, égale en moyenneà environ1700 centimètres carrés.

L'étendue du cerveau de plusieurs animauxa ététrouvée par les mêmes moyens

TREIZIÈMEFAtT.

Ledegrédedéveloppementdet'intejiigenceloind'être,commeont'adit enraisondirectedel'étenduedessurfacescérébrales,estplutôtenraisoninverse.

Qu<que singulière qnc paraisse au ptemier abordcette proposition eUc est cependant très simple, etça eèi pu pt'es~tjeraMt'met' a~M~'t. ~'op~oioj)co.'i-traire MtveM~ (tece qu'on n confondu

1" L'étendue relative des surfaces dans tes diffé-Mnts cerveaux;

Le Mmbrc et l'étendue relative d~ eircoavo-tutinns.

Cesoat)a, en effet, deux choses très différentes.~tH.tettigenpGpourrait ôtrc en raison du ROtnbreetde retendue des <-ircon\o)utinns,qu'il ne s'ensui-

('t'nt. oarrla,

~e!te du cerveau du porc égale à 220e,~»

du moutonna à igodu chien iM.àà. i0&du chat ttf.àà 52du lapin tcf.àà 24

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!Mt6<~c6')M~,1. ,j1,

veau pas du tout q~~eUeest an raison dé l'étenduefetativedes surfaces.

Lesplusgroscervcauxsont.en géné!'a!,lesplus on-

dulés mais par ceta mêmequ'its sont plus volumi-neux, ils ontuneétenduerelative beaucoupmoindre.C'est, encu'ct. te résultatde cetteloimathémaUquequetes votumesdes corps sembtabtessont entre euxcommetescM~ de leursdiamètres,tandisque leurssurfacessontentre elles commelese<Mv~de cesdia.mûtyes.cc qui donne des progressionstr&sdia'ë-rentes.

Ainsi,par exemple,en prenantles deuxextrêmes,on trouveque te rapport en poids du cerveaudu la-

pin (5gram.), et du cerveaude l'homme(900gram.),est i 180.

L'étenduedes surfacesétant pour le cerveau du

lapin de 2&centimètres carrés, et pour celui del'homme de 1700 centimètres, te rapport des surfacesest i 70.

Ainsile cerveaude l'hommeest i80 foisptus pe-sant quetemeneaudu Lpin, et il n'est que 70 Ms

plus étendu, d'où cette conclusion:

'Me~S~MMp~eS cé~MMp du ~tp!MOt!t~OpO!<t'<M~~eMeM~à ~wpoM~,pM,St ~o~veut, à ~t~ ~o-

~Me, ~M.Bfoiset ~e~Mp~ surfaceque ceua?de~Ao~me.a

Cettedifférencesecontinuantà un moindredegréà mesurequ'onremontedansla sérieanimale,onvoit

qu'onpeut enconclureque l'intelligence,loin d'êtreenraisondirectede l'étenduedes surfaces,est ptùtô~en raisoninverse.

Page 21: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

)NTROouG'rto?f. x~'n

&

Kï.

nu MODKDEFOMMATtOMDUCËftVHAfJ.

QUATORZIÈMEFAIT.

Lecerveaunes'accrottpasdedehorsendedansetparledépôtdecouchessuccessivescommel'aprétenduTiedemann.

La pulpe cérébrale, d'après Tiedemann, serait sé-

crétée par la pie-mère et se déposerait par couches

successivesà la surfacedu cerveau elle se cristalli-

serait pour ainsi dire sous la forme de fibres qui

s'appliqueraient a la surface des fibres formées les

premières.« L'accroissementde la pie-mère, ditTiodemann,1

et les dépôtssuccessifs de couchesnouvelles sur les

anciennes, font acquérir plus d'épaisseur auxparoisdes hémisphères, »

Cette opinion, adoptée par Desmoulins, paraitaussi avoir été celle de Rei!.

Je me suis attaché à réfuter cette théorie du mode

de formation du cerveau, mais j'ai pu surtout en

démontrer la complète inexactitude, en prouvantl'existencede la couche corticale dans le cerveau du

fœtus. Onconçoit, en effet, que si la substance corti-

cate existe dans le cerveau du fœtus, s'il n'est pasvrai qu'elle ne soit déposéequ'après la naissance, la

théorie de Tiedemann n'est plus soutenable. Il est

évidentque cette substancecorticale,recouverte sans

cesse par de nouvelles couches, ne tarderait pas à

devenir centrale.

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XVU!t tMmop~c~tO~.

La couche corticale, dans le cerveau du fœtus,

outre le caractère que j'ai indiqué plus haut (l'exis-

tence de deuxlignes opaquedans son épaisseur), en

offre d'ailleurs, dans les derniers mois de la vie

intra-utérine, plusieurs autres qui permettent de la

distinguer; ainsi: i° elle forme à la.surface du cer-

veau, dans une coupe verticale, une saillie plus ou

moinsmarquée sur la substance médullaire; 2°elle

est plus pâte et beaucoup moinsvasculaire que cette

dernière substance.

11est donc impossibledenier l'existencede la cou-

che corticale dans le cerveaudu fc&tus,ce qui rond

tout à fait insoutenable l'opinion de Tiedeïnânn~de

Ueit et de Desmoulins sur te modede formation du

cerveau.

Cet organe, commetous les autres~'accroît donc

de dedansen dehors, et par intu~susception.

ÏV.

A<t!tt«'Mtc pattt«t<~<<tMe.

DUStËGERKQURLQUE~HÉMORttHAGfKSMÉStNCËES.

QUtNZt&MEFA!T.

LesgrandMhëmorrhagiesméninge,qu'onasignalescommeayeotteur~iégeentreladure-mèreetlefeui))etpariëtatdel'arachnoïde,n'étaientautresquedM~psnchementsenkystésdansla cavité

decettedernièremembrane.

MM.Hostan, CruveHhier,Monièreet d'autres au'

tcurs ont cité des exemplesd'ltémorrhagiescon$tdc-râblés entre la dure-mère et l'arachaoïde décoUëa,

Page 23: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~TRODUCTtON. xtX

M, Andrat, après en avoir tui-mémerapporté deux

exemptes, ajoute: aQu'it est difficilede concevoircomment une membrane mince et ténue commel'a-rachnoïde peut être séparée de la dure-mère par du

aangépanché sans so déchirer et se rompre, »Rten n'est ptus vrai mais cela est surtout évident

quand il s'agit de ces vastes hémorrhagies qui oc-

cupent presque toute une moitiédu crâne.Je crois avoir démontré le premier que ces hé-

morrhagies n'étaient autres que des épanchcmentsenkystés de la grandecavité del'arachnoïde.

J'ai indiqué avec quelle rapidité se forment les

kystes; comment leur feuiUet supérieur adhère à laface interne de l'arachnoïde pariétale; comment en-fin le feuillet inférieur, mince et transparent a étéconfonduavecJ'arachnoïdepariétatedécoHée.

Cette opinion a été depuis admise par tous les au-

teurs qui se sont occupés de ce sujet, et je citeraientre autres MM.Prus. E. Boudetet Aubanel.

Je ne sache pas qu'on ait de nouveau,depuis plusde douze ans rencontré wt MM~c<Md'hémorrhagieentre la dure-mcre et l'arachnoïde pariétate dé-

coUée.

SE)Z!ÈMEFAIT.

Les fausses membranes de la grande cavité de tarachnoïde ne

doivent pas le plus souvent être rapportées à des phlegmasies an-

térieures, mais bien a d anciens epanchements sanguins plus ou

Nicia~ ifaniiforntés.

En suivant avec soin les diverses transformations

que subi! !oMng épanché dan<!ta cavité de t'arach-

Page 24: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

WtONOCTfOx.

noïde, on arrive à rapporter a d'ancienneshémor-rhagies des faussesmembranes tout a fait décoïo-rées. Cesfausses membranes,qui neconserventpourainsidire plus rien de leur origine, ont été, commeje l'ai fait voir, regardéesà tort, par plusieurs au-teurs, comme des produits de phlegmasiesanterieurcK.

V.

~hyttt~te p<Mh<~j~e.

RECHEBCMHSSTATISTIQUESsUn L'HÉBÉOtTRMELA FODH.

D!X-SEPTtÈMEFAIT.

La foliede la mère est plus fréquemmenthéréditai~ que ce)), dupère dans la proportiond'un tiers.

Sur 453 aliénés atteints de foliehéréditaire, tamaladieavaitété transmise:

Par la mère. 271 foisPar le père. 182

tiers environ.

La différenceest de. 89 ou d'un

? DIX-HUITIÈMEFAIT,La foliede la mère. en m<~e tempsqu'elle est ptus fréquemment

Mred~~re que celle du père, parait aussi, toutes choses6g.!e.d a.Heurs,atteindre un plusgrand nombred'enfants.

Sur 27i fàmillesdans lesquellesla folie avaitété

Page 25: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t'<n:ot)t!C'ncx. xxt

transmisepar la mère, la maladie, à t'époque où les

observationsont été recue!H!es s'était manifestée

Chezun seul enfant. 203 fois

Chezdeux enfants. ?2

Cheztrois enfants. 5

Chezquatre enfants. 1

Total. 271

Un seul enfant. 152 fois

Deux enfants. 26

Trois enfants. il

Total. t82

La fo!icde la mère avait donc été transmise à plu-

sieurs enfants 70 fois sur 271, c'est-à-dire dans plus

d'un quart des cas.

Quant à la folie transmisepar le père, j'ai trouvé

Que sur 182 famillesdans lesquelles la folievenait

du père, la maladie, à t'époque où les observations

ont été recueillies avait atteint

La ib!ie du père a donc été transmise à plusieurs

enfants 30 foissur 182, c'est-à-dire dans un sixième

des cas.

Ainsi la folie de la mère, en même temps qu'elle

est plus fréquemmenthéréditaire que celle du père,

parait aussi, toutes choseségatesd'aiUeurs, atteindre

un plus grand nombre d'enfants.

Page 26: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

XXJt tSTHOOUCTfON.

DtX-NEUVI&MEFAtT.

La fotiode la c~èrese transmetplus souventaux SUesq~ anx gar-

çons,dans taproportiond'un quart,La folied~ père, au contraire,

plus souvent aux garçonsqu'aux filles, dans ta proportiond'un

tiers.

Sur 346 enfants qui avaient hérité de la maladie

de la mère, j'ai trouvé

i97fM!es 846et 149 garçons j

La din'érenceest de 48 ou d'un quart.

Sur 318enfantsauxquelsta maladieavait été trans.

misé par !epère, j'ai trouvé

128garçons(

2.15et 87 filles

La différence est de 41 ou d'un tiers.

VINGTIÈMEFAIT.

Les garçonstiennent à peuprès aussi souventla Mie de leur père

que de leur mère; les filles, au contraire, héritent au moins

deux fois plus souvent de la folie de la mère que de celle du

père.

On trouve que sur 271 garçons aiiénës,

i46 tenaient la folie de leur mère,

125 de leur père.

~a diH'ér. est de 21 ou d'un sixième à peine.

Page 27: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

tNTROOUCTtoS. x~)))

Snra7&Ql)esaliénées,

~89 avaient hérité la folie de tcm-

mère,85 seulement de leur père.

La différ. est de 10~ c'est-à-dire de plus de lamoitié.

En soulevant ces questions, je n'ai pas prétendulesrésoudre compiétement.Lessixcents observationssur lesquelles j'ai pu m'appuyer sont certainementinsuffisantes mais les faits de cette nature sont mal-heureusement si fréquents, qu'on peut espérer ob-tenir, d'ici quelques années, des solutions déd-nitives.

Si les premiers résultats que je viens d'indiquersont plus tard connrmés, on pourra en faire tes

applications suivantes au pronostic à porter sur tesenfants nés de parents aliénés.

i" La folie de la mère, sous le rapport de l'hèredite, est plus grave que celle du père, non seule-men parcequ'elle est plus frèquemmentheréditairemais encoreparce qu'elle se transmet à un plus grandnombre d'enfants

2° La transmission de la folie de la mère est plusà craindre pour les filles que pour les garçons;celledu père, au contraire, est plus à craindre pour lesgarçonsque pour les filles.

Page 28: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

'KTHpDHCT:UN,

3° La transmission de la folie de !a mère n'estguère plus à craindre pour tes galons que celle dupère ctte est, au contraire, deuxfois plus à redou-ter pour les filles.

Les recherches sur l'hérédité de la folie peuventaussi servir à la solutionde la question physiologiquede la transmission des facultés inte!tectue!tes. Onparaît croire généralementà une sorte do croisementdes sexes, de tc!)c sorte que les filles tiondraicntplus souventdu père, et tes fils de ia mère Ons'estdemandé si on pouvaitexpliquer ainsi pourquoitantd'hommes iUustres par leur génie et par de nom-breux succèsdans les scienceset les lettres ont trans-mis leur nom a des fils incapables d'en soutenirt'éc!at?

Ce qu'H y a de vrai, c'est qu'it n'existe dans lascienceaucune série de faits, aucun é!émentprécispour la solutionde ces questions.

Jusqu'ici, tes recherches sur l'hérédité de !a foHoseraient contrairesa l'espècede croisement des sexesdont j'ai parlé plus haut.

Je rappellerai surtout ce résultat si tranché, que,sur 274 filles, 85 avaient hérité de la foliedu père,et que t89, c'est-à-dire plus des deux tiers, tenaientcette maladie de leur mère.

Page 29: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

'KTnOfJUCTtO~. XXV

Vï.

fathot~te.

UE[,ASTUftDtTÉCttEXLESADKK~.

VINGTETUNIÈMEFAIT.

Les aJiéaés qu'on a désignés sous la nom de stupides n'ont, dans

heaacMp d< cas que !es apparences de !a stupidité. Il y a chez

ces malades un délire tout intérieur accompagné d'illusions des

sens et d'hallucinations très nombreuses qui les jettent dans un

monde imaginaire et les entretiennent dans une sorte d'état de

rêve. Ce délire parait être de nature exclusivement triste, et la

stupidité n'est, dans le plus grand nombre des cas, que le plushaut degré d'une variété de la mefancotie.

Les auteurs qui se sont occupés de la variété defolio indiquée plutôt que décrite par Esquirol sous lenom de (~ence a~Mé, et par Gcorgetsous celui de

~MpM~e,l'ont tous regardée commecaractérisée parla suspensionou au moinsl'embarras des idées.

Pour M. Etoc, les facultésintellectuelles, chez les

stupides, «sont nnaibtiesou mémoentièrement sus-

pendues (1). »

M.Ferrus regarde la stupidité commecaractérisée

par l'abolition ou plutôt par la suspension rapideapyrétique et curable de toutes les facultés ccrc-brales (2). »

(<) ËtoC, ?7K'MM<W(t!~Mt<F, )S3:t.

(2) Forrus, ~'ffXttdt'Xtt/XM~r~ m<~(<<f.i!wt-«;u;(~ )8:

Page 30: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

XXVt )NTttOM(iT)Ut<.

Je crois avoir le premier indiqué le délire inté-

rieur si vaste des prétendus aliénés stupides, la na-

ture presque C!Bc~t~e?HeM<tristede ce délire qui m'a

fait rattacher cette variété de la folie à la mélancolie

et la désigner sous le nom de mélancolieavec~Mpe~.

C'est surtout en interrogeant avec soin les ma-

lades convalescentssur ce qu'ils avaient éprouvé,

que je suis arrivé ~)cette opinion. Commeon peut le

voir dans les observationsque j'ai recueillies, l'intel-

ligencen'a jamais été suspendue, et le délire inté-

rieur a toujours été de nature exclusivement triste.

Ces idées sont d'ailleurs confirmées par le fait sui-

vant, qui ressort aussi de mon travail.

VINGT-DEUXIÈMEFAIT.

Lavariétédefoliedésignéesouslenomdestupiditée~tleplussou-

ventaccompagnéed'idéesetdetentativesdesuicide.

Sur huit maladesdontj'ai recueil)!les observations

avec détail, cinqont fait des tentativesplus ou moins

gravesde suicide.

Lescas que j'ai eu occasionde rencontrer depuis

la publicationde monmémoiren'ont fait que mecon-

firmer dans l'opinionde t'extrémefréquencedes ten-

tatives de suicidechez les stupides.

Ce fait n'avait point été signalé, et il meparaît of-

frir au point de vue pratique une assez grande im'

portancc.L'inertie, l'absence de toute manifestationéloigne

la défiancechez les aliénés stupides. Cependantcette

sécurité, commeop voit, pourrait souvententraîner

Page 31: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

)!<TttOt)UCT<0~. XX~'tt

de funestesconséquences.Les stupides sont,en fH'et,

les malades qui demandent, sous ce rapport, à être

surveillés avec te plus de soin. Une seule observa-

tion de stupidité est rapportée dans les leçons de

M. Ferrus, et le malade, avant d'être conduit hBicc-

tre, s'était précipité dans la Seine.

Chez une jeune malade devenue stupide à la

suite de couches, et qui était dans un état presque

complet d'inertie, j'ai, dès le début, et quoiquerien n'eût encore appelé l'attention sur ce point,fait craindre des tentatives de suicide qui n'ont

pas, en effet, tardé à se réaliser. La fréquencedes tentativesde suicide, chez les stupides, est donc

un fait de quelque utilité pratique puisqu'il peut,dès l'origine de la maladie, engager à une surveil-

lance plus active, et prévenir souvent les accidents

les plus graves.

Vtt.

DE L'tNFLUENCE DE L'ÉTAT tt<TERMÉD)A!RB A LA VEILLI,

ET AU SOMMËtL SUR LA PRODUCTION ET LA MARCHE

DES HALLUCtNATiONS.

VtNGT-TROtS!ÈMEFAIT.

Lpahallucinationssurvenantdansl'étatintermédiaireà laveilleetausommeifsontsouventtesigneprécurseurd'unaccèsdefolie.

Leshallucinations, dans t'état intermédiaire taveille et au sommeil ont été beaucoup plus étudiées

par les physiologistesque par les médeons, l,es ma-

nigraphes ne s'en sont point occupés.

Page 32: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

XXV')) )KTMt)t:C))<

J'ai rassemhtc trente observations qui prouvent

que ce phénomènejoue dans la fo)ie un rôle assez

important.Au point de vue pratique, ces hallucinations me

paraissent surtout devoirêtre signatéescommesigne

précurseur. Elles peuvent, dans quetques cas rares,

précéder la foliependant plusieurs mois, et même

plusieurs années, mais le plus souvent le, délirecciatc après deux, trois,huit ou dix jours au p!ùs.Les malades peuvent ne pas présenter d'autres in-

dices de l'imminence du délire que ces fausses

perceptions passng&resqui procèdent le sommeil, etdont le médecin doit reconnaître la gravité, surtout

chez les sujets prédisposés a la folie.

VtNGT-QUAHUÈMEFAH'.

Leshallucinationsquiprécèdent1esommeil,durantquelquefoisetdèslepremierjourpendantplusieursheures,sontunecausedefolietransitoire,et pourraientexcuserdesactescommispendantlanuitparunepersonnequ'ontrouveraitle lendemainparfai-tementsained'esprit.

Unpaysan aHemand, revcHtéau milieude la nuit,

frappe d'un coup de hache un fantôme qu'il avait

devant lui. Cethomme immole ainsi sa femme, avec

iaquette il avait toujours vécuen très bonne intelli-

gence.Il n'avait donné jusque là aucun signe de fo-

lie, et il n'en donna aucun âpres. Cecas devait inté-resse)'au plus haut degré les médecins légistes, et il

Page 33: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

tNTHODUCTMK. XX)XX

pro\'oquauncIongueconsultation,queMarc atraduite

en entier, et qu'il cite commeun modèle. Les auteursde cette consultation, après avoir rappelé l'espècede

délire qui survient souvent au moment du sommeilet du réveil déclarent que le meurtre a dû être com-mis dans un état intermédiaire à la veille et au som-meil.Chosesingulière, cetteopinion,étayéede l'auto-rité des plus célèbresphysiologistes, ne s'appuie suraucun fait emprunté à la pathologie mentale.Hoff-

bauer et Marc, dans les chapitres consacrésà l'exa-men de l'état intermédiaire à la veille et au sommeil

sous le rapport médico-légal,ne citent non plus aucunfait observéchez les aliénés. C'est le silenced'auteurssi érudits qui m'a surtout engagé à publier les ob-

servationsque renferme ce mémoire.Elles devraient,en eS'et, être invoquéesdans le cas où des hallucina-

tions seraient alléguées commeexcused'un meurtre

commispendant la nuit par un homme qu'on retrou-

verait le lendemain complètementsain d'esprit.

Page 34: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

XXX tt<1~0t)CCttO!

VXM

M L'At.tM~TAndS Fonçât! I)FS ALtÉfS~S ET B)! L'EMPLÔt

D'UKf: KOUV)!LL[; SOfHE OHSOPMAOENNE )'0t)f) KOHMta

CM MALADES.

VtmT-C!NQOl&M8FA!T.

JLecathéténsmede!'09sophagechez!esatiénes,pratiquéavec~M

sondesordinaires,est uneopérationX~ei:souventdif<të!W,

~aetquefoisimpoMtbie,et quipeut,dtn8qtteiqueto<te,âtrea~te

d'accidentsmortels.

LesdffScùttësettes dangersdecetteopérationpeuventêtre~!tës

enempioyantunesondeà doublemandrin.

Les cas où !o cathetértsme de rcasophag~,p~f les

fossescasâtes, offre, chez les atlénes, desdiMcutté~

assezgrandessont loin d'être rares. Souyentonne pé-nètre dans l'oesophagequ'après plusieurs tentatives

infructueuses. L'opératton est. memûquelquefois

impossible.Esquiroléchouadès le secondjour, !apre-

mière fois qu'il eut recours h la sondeoesophagienne

chezun aliéné et cependantc'étaitM.Duboisqui était

chargéde l'opération. Lesfaitsquej'ai cités prouvent

quece quiest arrivéa Esquirois'est reproduit depuis

lui un assezgrand nombre de fois.Quand la sonde ne

peut être introduite par le nez on estréduit à ouvrir

la bouchepar des moyensviolents. Ï! faut alors enga-

ger aveclesmaladesdes luttes qui les épuisent. Si ces

maladessont trop fnibtes, on est forcé de les aban<

donner à eux-mêmes et iis succombent par suite

d abstinence.

Page 35: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

tNTROOUCTtON. XXXI

Quant aux dangers du cathétérisme,j'ai rapportéUHcas de déchirure du pharynx Suivie de mort, et

indiqué un fait analogue observéà Bicétrepar M. de

Crozant.

Dans deux cas, l'asphyxiea été produite par l'in-

jection des aliments dans les voies aériennes.Il résutte encore d'une observation qui m'a été

communiquée que le vomissement des alimentspendant t'opt'-rationdu cathétérisme, peut être suivi

d'asphyxie et d'une mort immédiate.

M.teuretavaitd'aiHeurs signatédéjà le cathété-rtsmede F œsophagecommeexcessivementdangereuxchez les maladesqui résistent. « Alors, dit-il, il estarrivé qu'avecla sonde on a~erc~aMo~a~ou bien

qu'on a traverséle larynx, une bronche, le <t'mtpM~-MOM!re,et que par t'injcction d'un aliment, on acausé la mort du malade.»

«Il est arrivéaussi, ajoute le mêmeauteur, que le

médecin, retenu par la difficulté et les dangers de

t'opération, est resté spectateur désolé d'une longueet a<ïrcuseagonie, contre laquelle it n'a rien osé en-

treprendre~) »

Lasondeà doublemandrin, dont je mesers depuisdouzeans,meparait rendre dans tous les casi opéra-tion du cathctoisme facile et sans danger, mêmechez tes malades qui opposent le plus do résistance.

Parmi les faits que j'ai cités, iln'en est pas de plusconcluant, sous ce rapport, que celui d'une mé!an-

(<)Lettret,G«M;«M<~t<!a/<,)St6.

Page 36: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

XXXH tKTMCUCTtON.

colique, qui a refusé obstinément toute nourriture

pendant près de Ma?mois.Malgré les effortsviolents

qu'elle faisait pour s'opposer à l'opération, la sonde

a toujours été introduite avec facilité matin et soir

près de 300 fois pendant cent vingt jours.

Trois internes de laSalpétrièrc~MM. Blanche,

Blot et Bouland, qui avaient souvent pratiqué l'opé-

ration chez cettemalade avec la sondea double man-

drin,ett'avaient ~'<w$ faite avecfacilite, ont désiré

essayer la sonde œsophagienne sans conducteur, la

seule dontonse serveencore aujourd'hui dans tous tes

asilesd'aliénés.Cestentatives, faites d'ailleurs on ma

présence et avec précaution, ne pouvaientavoir au-

cun danger. Elles devaient être utiles en permet-

tant d'apprécier la valeur relativedes deuxprocédés.

L'introduction do la sonde sans conducteur a été

essayée~eu/bM. L'instrument s'est replié sur la base

de ia langue et n'apu être introduit dans cinqcas.

Dansl'un de ces cas, la sonde repliée dans labou-

che, en est sortie tout d'un coup, et on adû couper

toute la partie qui dépassait pour éviterde la douleur

à la malade.

Cet essai comparatifest le meilleur argument que

je puisse invoquer pour prouver les avantagesde la

sonde à double mandrin chez les malades qui ré-

sistent.

Cette sonde a été employée l'année dernière six

centvingtfoischezplusieurs maladesdelaSalpétrière.

Ces six cent vingt opérations ont toutes été faites

très promptement et avec facilité.

J'ai pu ainsi nourrir pendant près de cinqmwc~

Page 37: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

!~)'Mt)Ut;'t')CK. XXX)!t[

(~Mt (ecM<MM(tM<<'j'oM~)une monomane qui n'aabandonné sa funeste résotution qu'après ce iongespace de temps. La santé physique de cette ma!adeest aujourd'hui excehente.

Cesfaits peuvent légitimementfaire espérer1°Qnonpourra désormaisnourrir, (faMS<OM~<-o~,

les aliénés,a i aidede !a sonde à double mandrin, et

qu'on ne sera plus obligé de renoncer a ce moyencommecela a eu lieu dans les faits observés par Es-

quirot) MM.Trélat et Barbier;2" Qu'onpourra aussi, ~K~oM lesc(M,cc~r tt'a-

voir recours à des moyens violents pour ouvrir !abouchedes malades, et qu'on n'aura plus à rédouter

pour euxdes luttes douloureuses qui tes épuisent:8° Qu'onévitera toujoursces tentatives iofpttotueu

ses, répétées chez quelques a!iénés jusqu'à cinq ousix fois, pour faire pénétrer dans l'oesophageJessondes sans conducteur.

APPENMCB.

)'HA<)E;)'S~m)~~UH)-

Aux di~'o-~{r~.mx qui précèdent j'ai joh~ .six

fragments sur !a foHc. Je me ttot-ncrai:)rappcier iciles titres c()'ubjt~{)ri:)('ip:)tt)c<-)t:)cund'eux.

Page 38: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

M'V t NTttOMC'ftM.

? j~t<! A ~SM~ ~M ~~t~M~.

ï)'apfes Sydenham ta folie serait assez fréquente ata suite des fièvresintermittentes il dit t'avoir sou-vent observée, et s'étonneque !es autoursaient passéce fait soussitence; i! ajoute que cette folie a uncaMMèreparticutier. et qu'ette dégénère en stupi-(!tte. {iomédecio allemand, Sebastiaan.a publié surce sujet un long mémoire.

`

La Stteneedes manigraphesfrançais et !e désir de

pt-ovoquerde nouvellesrecherches sur ce point d'é-

ti~iè m'ont engagé à l'examiner de nouveau. Les

faits peMnombreux que j'ai recueiHis ont d'aiHeurse@h~ remarquable, que la folie présenté les ca-raetè~deta stupidité, eequi conarme t'opinion deSyd&Mh&m.

~0~~MMde l'attentionchezles a~n~. Es-

qMtQt a dit, et ptusieurs auteurs ont répété, queles testons de l'entendement dans !a foHepouvaientêtre ramenées à celles de l'attention, et que cettetacu!té était essentiellement lésée chez tons lesaliénés,

J'ai essayé de démontrer que t'on avait a tort at-tribué aux !ésio<tsde l'attention ce qui n'était qu'uneuetde ta surexcitation de ta mémoire et de t'ima-

gination. Quand les idées dans la manie, par exem-

ple, se présentent en foule et, commele dit Esqui-rot, quand elles «se pressent 'et se poussent pélemete, c'est à tort assurément qu'on attribuerait aune Ïé~on de l'attention i'tmpossibiiitéoù se trotncle matade d'arrêter son esprit sur un point déter-miné. Ce qu'il y :<de changé ce n'est pas le dc~r('-

Page 39: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

tSt)tf)))t;CT«)!S. SXXV

d'énergie avec toquât ce malade peut appliquer son~H6nt!an; ta v6<-it:th)elésion est cette surexcitationde t'imaginatioit engendrant une foule d'idées quela volontéest impuissante à reprimer.

3" De~pf~MpMt~'OKaux t~e~~M. J'ai cher-ché dénnir en quoi consiste cette prédispositionqu'it n'est pas rare de rencontrer dans le monde.Elle me paraît surtout avoir son principe dans lafaiblessede l'intelligence et de caractère unie à unesensibilité très vive.

4" De &tfréquencede la monomanie. !~usicursmédecins ont combattu t'opinion d'Esquirol sur ta

fréquencede la monomanie.M.Foville,par exempte.regarde les véritabtes monomaniescomme excessi-vementrares.

Je crois avoir prouvé par des faits qu'un grandnombre de monomanies,dans l'acception rigoureusedu mot, peuvent persister pendant plusieurs annéessans entraîner d'actes déraisonnables, ce qui fait quebeaucoup d'entre elles échappent à l'obsc nation dumédecin.

t° DM6~t{<et de la marchede la moHOMia;i;'<La monomaniepeut débuter lentement, et prpscxterdeux nfériodes dont l'une est caract6ris6c p:)r desidées nxessansdetire, et l'autre par de véritabtes

conceptionsdélirantes. Dansd'autrescas, les concep-tions délirantes existent dès le début. Elles succè-

dcntatorsquctquefuis a un trouve ptos générâtde

t'tnteitigcncH c'est co <;ucdémontrent surtout trèsbien les idéc~ fixesqu'on observe parfoispendant taconvalescencede la Hevretyphoïde.

Page 40: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

'i~y .tx't't~M.cc'nt)~.

Quant a !a m~fche4~ )a ~OMrnMte,j'Mfait ~oircommentde nouyeUesGo~eptionsdéUraates doiveRtpeu à peu, et presque nécessairement, ~uir.segrouper autour de t'idée fausseprincipale dont ellessont. pour ainsi dirG, une conséquence L'~natysedeJ'obsenatton si cu'-icuse de Berbiguie)' m'a sur-tout paru très p'-opre n demontrûrcefait. Je tmi

d'aiUeurs pas yu dans cette extension de la nMiadio,et maigre !'opi<)Mncontt'ait'e de qu~quesmedeeins,une raison suffisante pour changer le mot de tnono-manio, devenusynonymede d6!ire partie!. s

6" D~cftMM~ ~e cAex ~'Mo~M~. l'outle monde sait qu'on a accuse !e systèmed'empfi-sonnement<'citu!aite de pt'oduire u~grand non)bt'cde casde folie. En )8')0, j'ai discuté les faits surlesquels on s'appuyait, otj':)) essayé de demontt-ct-

qu'ils n'étaient rien moinsqueprobants.Je me suis surtout appJiquoa prou~ot' qu a pa)t

tes résultats de !'ob§crvationondevait, ~M?-M~HQ/M~-c(/OM~ er~<M~ renc<M~cr~?<.4-de/b:~ /<'/~<~teMOM~re</c~e~' AoMM~ej!.

Cû fait a ctc depuis directement démontré par h'recensement des atiénés dans les prisons. On peutvoir, dans le travai: iu par M. Létut à l'Institut,que laproportiondes cas de foliechez lesprisonniersest, en en'et, quatre, cinq ou mêmesix foisplus con-sidérab!c que dans la population Hbrc.

Page 41: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

PREMIÈREPARTIE.

ANATOMfEET PHYSIOLOGIE.

ANATOMIEETPHYSIOLOGIE

PATH()L()G!QUES.

Page 42: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ï.

)'K;HMCH[:S SUR LA STtiUCTURH ))).; t.A COUCHE CORTtCAt.E

OKS ORCONVOLUTtOKS OU CËRVKAU.

( Avec deuxpianchM.)

ïï.

t)!: i/ÉTKNDUf.: Ht.: LA SfJfiFAC).: t))! CHRYKAt; F.T n[: SKS

HAt't'ORTS AV):C ).t.; [Xh'ELnpPKMKNT nE t.')XTH).).)GK!<C)-

xn

nf MOf)); nE t.'om)A))n.\ ))t' ct:)iVi.;At'.

ÏV

))t .StKCK t)t; Qt'):LQ) M t))M)Ot!i!))AC)t:S ~~K)KHKf:S.

V.

LA HM.tE SE T)!AN8Mt:r.f.t.K Pt.L'S sf)~'<KT PAtt LA M):HH

~t'tj PAt! t.); PÈfjE ? S); Tf!AKSMET-).;LLK PLL's SOUV).;Kf- Dt;

tA MÈH).: AUX Ptt.Lt:.S ):T DU t'ÈRK AUX GARÇONS?a

Page 43: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

X.

RECHERCHES

SU:t).ASTHUCTURR

DE LA COUCHECORTICALE

t)RScmcONVOUJTtO~SÏ)UCEttVRAU.

(AVKCmrx PLANCHES.)

IMt'.

On sait que les circonvolutions du cerveau sont

tonnées par des prolongements de la substanceManche cettti-.dc, n~ctus d'une cuuchcdcsubstancc

~t'tsc, d'une tigne et donie environ d'(''patsscut'.Cette couche, (nu constitue, quant a la masse, les

trois quarts au moins de chaque circon\ohn,ion, est

évidemment ici la partie principale. Les prolonge-ments de la substance Manche ne paraissent, en

eu'et, destines qu'a accrottre son étendue enta for-çant a se repuer.

Page 44: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

& RËCHEncttESSCHtA COUOtHCOHTtCALR

iout ce que ~aU et d'autres physiologistes ontdit des fonctions si élevéesdes circonvolutions doitdonc surtout s'appliquer a la substance grise exté-rieure.

Les altérations pathologiquesde cette partie ducerveau ont été recherchées et décrites avecun soinextrême dans le délire aigu, la folie, la paralysiegénérale des aliénés; et c'est par ces altérations

qu'on a plus particulièrement essayé d'expliquer lesdésordres de l'intelligence.

La couche corticale, sous le double rapport de la

physiologie et de l'anatomie pathologique, a donc

déjà fixé à un très haut degré l'attention.La structure normale de la substance grise péri-

phérique n'a pas été à beaucoup près autant étudiée

queses altérations. Cependant, des le début de mes

recherches, j'ai pu me convaincre qu'on avait a tortt

négligé cette étude. Bientôt même il m'a été dé-montré que cette substance offrait dans son orga-nisation intime un degré de complicationplusgrandqu'aucune autre partie du cerveau, et ce travail

mettra, je crois, ce fait hors de doute (.).

ARTICLEPtŒMiEH.

De la division de Lasubstance ~rise corticafe 0) prieurs couches.

La substance grise des circonvotutions estcUe

ibt'niéc d'une seutp ou de piusieurs couches?

()) Voir la ootf n" (, A.

Page 45: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DES '<f!C<).\Ynt.uTi(~;s ou cKtar.tt'. 5

La plupart des anatomistes ont gardé le silencesur ce point. Ceux qui en ont parlé ont émis des

opinions très'&inercntes.

Mcq-d'Axyr, le premier, a démontré que la sub-stance grise des circonvolutions des lobes postë-neurs est interrompue dans son épaisseur par untrait blanc linéaire, ce qui, dit-il, donne a cette

portion dela substancegrise l'apparence d'un ruban

rayé (Pi. 1, fig.)Je n'ai pas besoin defaire remarquer que ce trait

blanclinéaire, apparaissantdans une coupeverticale,est une couche très mince de substance blanche, in-

terposée dans l'épaisseur de la substance grise et

qui isole la partie interne de la partie externe; d'oùrésultent évidemment trois couches. ( PI. t, ng. t. )

Cette disposition vue par Vicq-d'Axyr dansles lobes postérieurs seulement, a été signalée parMeekeldans la corne d'Ammon. Cedernier auteurdéclare n'avoir pu la rencontrer ailleurs, et pourlui la couche corticale est presque partout simple.

M. Caxauvieilha été plus loin que Yicq d'Azvr etMeckel.

tl a cru reconnaître que la substance grise exté-rieure du cerveau était, dans toute l'étendue des

circonvolutions, diviséeen trois couches la plus in-terne d'un gris de plomb, la moyenne d'un blanc

sale, et la plus superficielle d'un gris blanchâtre.Cette division de la substance grise corticale en

trois couches, qui peut-être n'avait pas été suffi-samment démontrée, n'a pas été depuis générale-ment admise.

Page 46: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

6 OKCHEKCHKSSUR LA COUCHECQRT)CALKA' ~f t~Am~, M. t'échappe, a l'Memple d'Ollivier d'An-

gers, n'a plus reconnu que deux plans.On a même avancé que ces diu~~tes coucha

~ta,ent qu'un résultat pathologique:'Un auteur aprétendu que la ~bstance corticale des circonvolu-tions était simple dans l'état normal, mais qu'onP~vau, par suite d'une altération propre alama-nte, distinguer trois coucha une interne grise, unemoyenne d'un rouge vif, une externe blanchâtre,

1~ est sur ce point l'état de la science. Outreeque nous n'avons a signaler aucun travail spécialmais seulement

d~. péages épars çà et la, on .oitque la plus complète dissidence règne entre les ana-tomistes.

Les uns n'admettent qu'une seule couche dans lasubstance grise corticale.

D'autres en ont \u deux.

Quelquesuns en reconnaissent trois, mais ~u!~ment dans les lobes postérieurs et dans la co.nett Ammon.

M. Cazau.iedh en a décrit trois dans tonte l'ëten-due des circonvolutions.

'~nfinon a regarde cesdi~rentcs couchescomm.un résultatpathologique.

Les recherches auxquellesje me suis livré m'ontfait reconnu, dans la substance,gri~ corticaledes circonvolutions du cerveau. ainsidisposées.

La première, en allant de dedans en dehors, est~c, la seconde blanche,la troisième grise, la

Page 47: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DES CtRCOMVOt.UTtOSS t)U CH&VKAU. 7

trième blanche,la cinquième ~'t$eet la sixième M<Mt-

chdtre.( Pl.1, Hg.6, moitié gauche.)Cessix couches, alternativement grises et Man-

ches, qui rappellent la disposition d'une pile gal-

vanique, se voient bien a I'oeilnu dans beaucoupde points; mais on peut les démontrer d'une ma-

nière très évidente par le procédé suivant, fondé

sur la propriété que possède la substance grise de

se laisser traverser par la lumière tandis que la

substance blanche est opaque (<).J'enlève par une coupe verticale une couche très

mince de substance grise corticale; je la place entre

deux lames de verre que je réunis avec de la cire

pour empêcher tout mouvement; j'expose ensuite

la pièce a la lumière d'une lampe, et je l'examine

par transparence.Si la substance grise est homogène et simple,

elle se laissera entièrement traverser par la lu-

mière s'il y a dans son épaisseur une ou plusieurslamesblanches, on les reconnaîtra à leur opacité.

Or voici ce qu'on observe

On compte six couches en allant de dedans en

dehors.

La première est <nMM~areM<f,la deuxièmeopaque,la troisième ~<MMpareM<e,la quatrième opaque, la

cinquième <)'a~treH<eet la sixième opaqueou demi-

opaque. (PI. ), ng. 6, moitié droite.)Si on cessed'examiner la pièce par transparence,

on voit que les couches opaques (2' et 6e) sont

()) Voirlatioten' B.

Page 48: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

8 t.ECt<H):C.))~&<Jt.t,AC~K:))):Ct))t)tC.U.

blanches que les trois autres ( )", 3' et 5*) sont

grises. (PL fig. 6.)

La substance corticale des circonvolutions du

cfyveau est donc formée de six couches, alternati-

vement grises et blanches, en allant de dedans en

dehors ce qui pour rappeler h) comparaison de

Vicq-d'Azyr, la fait ressembler a un ruban grisavec trois raies blanches.

Le procédé que je viens d'indiquer ne sert passeulement a confirmer ce que l'inspection simplede

la couche corticale peut déjà démontrer. 11est des

cas ou c'est le seul moyen de reconnaître la struc-

ture de cette partie.

Ainsi, dans le cerveau des jeunes enfants, la

substance grise des circonvolutions parait d'abord

tout-a-~nt homogène lors même qu'on l'examine a

la loupe. (t'L IL ng. ').) Maissi on l'étudié, comme

je l'ai dit, on y découvre les six couches alternati-

vement transparentes et opaques, dont il eût été

impossible autrement de soupçonner l'existence.

(Pl. 1), 6g. 5.)Sans insister sur toutes les variétés que peot pré-

senter cette organisation de la couche corticale,

j'en signalerai cependant plusieurs qui peuventservira expliquer certaines opinions émises par les

auteurs. t

<" Les deux lamesblanches intermédiaires (a" et

4" couches, pl. 1, fig. 6, moitié gauche) sont sou-

vent très rapprochées l'une de l'autre, de sorte

que la substance grise qui les isole ( 3~'couche) est

ires mince, ou ne peut même plus être aperçue que

Page 49: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

)'KSCH!(:t)X\'p).Cti()~.< ~(:).HY);L'. 9

d'espace en espace!. -es deux tames hanches ne

semblent plus alors en former qu'une seule, ce nuiexplique la disposition vue par M. Cazauvieith,

(PLt,ng.8.)T' Quelquefois ces deux couches sont très rap-

prochées de la substance Manche. La substance

grise qui les en sépare (~ couche) a presque dis-

paru. Cette disposition existe rarement seule, etse voit fréquemment jointe a la précédente. Les

quatre premières couches ne semblent plus alorsen former qu'une scutc plus épaisse constituant le

plan interne de la substance grise. Si on examine

par transparence, on reconnaît souvent des vestigesde la première et de la troisième couche atrophiées

(M.ng~.)On comprend dès lors pourquoi Cennari et d'au-

tres auteurs ont ptacé ta substance jaune entre lasubstance Manche centrale et la couette corticaleet non dans t'épaisscur même de cctte-ci. Je re-viendrai d'ailleurs plus loin sur ce point.

3" La ligne Manette décrite par Vicq-d'Azyr, et

qui divise la substance grise des lobes postérieurs aest très apparente et semble simple. On pourra ce-

pendant, avec ptus d'attention, se convaincre qu'au-dessus ou au-dessous de cette tignc Manche prin-ctpate il en existe une seconde très petite et il peinevisibte c'est ce qu'on reconnaîtra parfaitement enétudiant la pièce par transparence, (i't ng. ,o.)

Je terai remarquer que la substance grise de lacorne d'Ammon est stratince comme cette des cir-convohnions. C'est une preuve de plus que cette

Page 50: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

10i1 RHCtiËKCH US ~tt LACOt~tH

COM'')CA'.E

partie ~die-m~me, commeonl'a dit avec raMon,

une circonvolution interne.

J'ai vules six couchesde la substance grise corti-

cale dans plus de trente cerveaux, pris au hasard,

appartenant à des sujets d'âges très différents, et

qui avaient suceombé à des maladies très variées.

Je dois donc regarder leur existence à l'état normal

comme constante.

J'ai retrouvé la même organisation danstecer~

veau de plusieurs mammifères, et entre autres dans

celui du mouton, où elle est toujours très visible

sur les circonvolutions médianes qui surmontent

le corps calleux. tl suffitde faire à la partie moyennede ce cerveau une coupe verticale pour apercevoirtrès nettement les s~Bcouchesalternativement gri-ses et blanches. (PI. ï, 6g. 4')

J'ai fait aussi dessiner la coupe verticale d'une

circonvolution du cerveau du cheval (Pl. t, ng. <)),de celui du chien (Pl.U, ng. )), du chat (PL Il,

fig. ~), du porc. (PI. 1, fig. 7.)Les préparations ont, dans tous les cas, été faites

avec des cerveaux frais il n'y a point eu de mode

spécial de dissection auquel on puisse attribuer les

résultats obtenus; je pense donc qu'il n'a pu se

glisser aucune cause d'erreur.

La couche corticale des circonvolutions du cer-

veau offredonc bien réellement la singulièrestrati-

fication que nous venons de faire oott~anre (().

(<)VorlaNoten"<.C.

Page 51: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MSCHt(;UXVOt,)j)t'tS.sf)t.'CKH\KAC. il i

AK'ncLEn.

Du mott.f'tnuond.. la substance blanche contrat~-t de la couche

corticale des circonvolutions,

l'iusieurs anatomistes ont admis que la couchecorticale des circonvolutions n'était que juxtaposée

ta substance Manche.

« Toute ht substance corticale dit Hcil n'est'qu'appliquée a la surface de ta médullaire; eUes'en sépare net, et n'a par conséquent point de

"connexions unm~diatcsa~cc elle.

T)edema't, a !'ou\t-agc duquel j'emprunte cettecitation semble, ainsi que plusieurs autres anato-mistes, partager Fopinion de iteil.

~niseh, par exemple, dit avoir enlevé sur lecerveau d'un enfant toute la couche corticale sansintéresser la substance blanche.

D'autres auteurs pensent, avec CaM, que cettedernière, comme l'avait déjà indiqué Stenon en-voie des fibres dans la substance corticale; maiscela n'étaitpoint sutlisammentdémontré, et il suNitpour s'en convaincre de se rappeler le moyenqu'employait Gall pour faire cette démonstra-

t'on()).

En examinant une couche très mince de substance~risc par le procédé dont j'ai parlé, on reconnan

(t)\'mr!anotef)"),D.

Page 52: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t2 'C)~;t!(:ft):S.~t:j!LA(:f)U(:))K(;0)tTtCAf.n Jfacilement l'existence d'un gt'and nombre de fibres

coniques h grosse extrémité tournée en bas, et quipénètrent de la substance blanche centrale dans lacouche corticale. (Tl. 11,fig. 8.)

Ces tibres, très longues et très nombreuses ait

sommet des circonvolutions, deviennent d'ailleursde plus en plus rares et courtes a mesure qu'ondescend vers le fond des anfractuosites, ou elles

semblentmême cesser presque complètement dans

certains cerveaux celui du mouton, par exemple.Ce fait s'explique par la direction de ces fibres, qui,verticales a la partie moyenne, deviennent de plusen plus obliques pour se trouver transversales audessous de l'anfractuosité, et de la passer à la cir-convolution voisine.

il est certain que dans le cerveau du mouton, eta l'état frais on peut, dans le fond des anfractuo-

sités, séparer l'une de l'autre les deux substancessans aucune rupture, les sur~ces disjointes restant

parfaitement lisses.

Aussi la limite des deux substances est-elle bien

plus nette dans le fond des anfractuosités qu'ausommet des circonvolutions, ou il semble y avoir

nue sorte de lésion.

En résume la substance blanche, au sommet des

circonvolutions, est intimement unie a la substance

grise par un grand nombre de fibres.

La simple juxtaposition de ces deux substancesn'est donc point admissible.

Au fond des anfractuosites, les fibres envoyéespar la substance blanche dans la couche corticale

Page 53: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

nES.Cft((:<~YO!T[O~S nUC):RVt;AL. t~

sont tellement courtes et rares, qu'on peut, dans

certains cerveaux, opérer la séparation sans rup<

ture, au moins apparente, ce qui n'est jamais pos-

sible au sommet des circonvolutions.

AKTtCL!~ t!).

Deta structuredeslamesblanchesintprmediaires.

.ai étabh qu'il existe dans l'épaisseur de ta

couche corticale deux lames blanches. (PI. t, ti~. G,

moitié gauche.)

QucUcest la structure de ces lames.'

Aucun anatomiste n'a rien dit a cet. égard.

Kn examinant, par transparence, une couche très

mince de substance grise, j'ai reconnu que tes deux

lames blanches sont formées par deux rangées de

fibres verticales. (PI. Il tig. 8.)

Parmi ces fibres, il en est beaucoup, surtout au

sommet des circonvolutions qui sont évidemment

continues à celles de là substance blanche centrale.

Voici la marche que suivent ces dernières. (PI. !1,

"g~.)Apres être sorties de la substance blanche médul-

laire, elles traversent en s'amincissant la première

couche, qui est grise et transparente. l~Uesse ren-

tlent en arrivant a la deuxième couche blanche et

opaque; puis elles diminuent de nouveau dans la

troisième couche grise pour se renHer une seconde

fois dans la quatrième qui est blanche, (i't. H. nu:. 8.

Dans le cerveau du ttorc, qui est te plus propre a

Page 54: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

i4 OEC'tMCHM~t)KLACCUCHKCORTMAt.K

~cette étude, on peut apercevant*très bten quelque

~S)res amî~eiesdans les couches grises et transpa~

rentes, reniées dans les couches blanches et opa-

ques. Mais on est loin de suivre aussi nettement le

plus grand nombre des fibres. La plupart, après

~fre sorties de la substance blanche centrale, sem-

Ment finir en pointe dans la première couche grise.Onne voit plus leur continuité aveccelles des lames

blanches intermédiaires, qui n'en sont d'ailleurs ni

moins nombreusesni moins apparentes.Je n'oserais donc affirmer que toutes les libres

des lames blanches sont la continuité de cellesve-

nues de la substance médullaire. Cela me semble

surtout ditt~ile à admettre dans le fond des anirac-

tuosités, où ces dernières sont a peine visibles.

11 serait donc possible que les lames blanches

intermédiaires eussent des fibres propres, indépen-

dantes de la substan&eblanche centrale.

Ce qui tendrait encore à le faire croire c'est queces fibresdes lames blanches, commeje le mtmtre-

t'ai plus loin, sont, sinon lormées au moins appa-

rentes avant celles qu'envoie la substance blanche

centrale. Cetteopinion serait surtout connrméepar

!a particularité curieuse que m'a onerte la couche

corticale du cerveau du lapin. Mexiste, en eftet,

dansc~cerveau un nouvel ordre de nbres transver-

sales, croisées à angle droit avec les précédentes,

et formant ainsi avec elles une sorte de damier.

Cesfibres dont personne n'avait encore parlé,

se voient de la manière la plus évidente au micro-

scopeavecun laible grossissement. (H. H, ng. !0.)

Page 55: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

BËS<:tacof)vonntQ~ nu cRRVKAt;. {5

-J'eë~avais déj~ reconnu des vestiges dans celui

du chien (Pl. U, Ha. q.)Je n'ai jamais pu les apercevoir, au moins d'une

manière bien distincte, dans le cervea~ de l'homme.

ARTICLEE n.

Detacouchelaplussuperficielledelasubstancegrisecorticate.

D'apr&a; Scemmerring,il existe à la surface du

cervelet une couche très mince qui, dit-il, peut évi-

demment être isolée du reste de la substance grise

('M~~Mce~NeM<e)'A'o~ut~o<~).Lne couchesemhtableexiste-t-eHesur le eer\eau?7

Ce qu'on observe dans la paralysie ~enëraie des

anénéstpourrait te taire supposer.Danscette maladie, en effet,les membranes adhé-

rentes aux circonvolutions entraînent souvent avec

ellesune couche très mince de substance cérébrale

d'une épaisseur Uniterme, et qui laisse a découvert

une surface parfois lisse et polie.A!. Foville a recherché cette couche dans l'état

normal chez l'homme, et ne l'a pas trouvée.

Il Fa vue 'aucontraire, chezcertains animaux.

Pou~ l'isolet', il fallait un moyen mécanique quiput remplacer l'adhérence des membranes si fré-

quente dans la paralysie générale des aliénés.

Lne remarque quej'ai faite par hasard m'aiourni

ce moyen.J'ai vu qu'en mettant dans du lin~e un cerveau

dépouiDé de ses membranes, it restait quelquefois

Page 56: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

i6 f~CH~sn~c~coR~CAL~ .).t.

ça et bt,par~piaques 8W~Jn~une.c~~

substan~ cérébrale. Ces plaques détachées dans

t'eau avec précaution uottcnt eu lambeaux mem-

braneux. D'es cela, j'~pioie le procédé sui-

vant

Je coupeune circonvoitjjj~ftdont~es membranes

ont été entevées,etjei'étëtids~urun hnge en~a

de~~sant. Je la soumets a une légère pression, ~t

je place ensuite le tou~~n~jt'eau. Je rac!e~fei)nge,en séparant iapièce, ? tn~ière alaiss&~$!a sur-

face de la circonvoiution'a petite ïnembrane, si

eUee~ détachée. Quand on réussit, ce qui n'arrive

pas constanunent~~n oit,~a couche nf%nhra~!sê

souleve~par l'ea~Sët tcnaMtencore a ta circonvo-

tu~op qu~ maigre cette décortication, est restée

j[t~etpot!e.(i'i.t,)

~arrive~r&is (n;gmtiS~hrane, quoique déta-

chce, ne flotteras; cnëêst~iorscon~~ptisséc a la

sur&ce de ia~irconYoiutt~D) it suu~uite d'in-

ciser ces nhs pour iasouieyet' assexJaci~ment.

U'~p~Rne observation qu'a bien voutu~tecom-

M~ntquer m. le doctotr d'Ob~My, il semble que

cette es~cede couche membraheisepeut, chex tes

S~fant~,dans certains~<aspathoto~iques, être isotée

du rpste de la substance gri~e par de ta$éro$itë.

Page 57: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

Ot;SC.HtCO~yOUJTtnssOC CHRYKAf. i7ï

t r'

2

ARTICLE V.

DetacouleurducerveauetdelanaturedelaCMchequiformesasurface.

Le nom de corticale, donné a la substance grise,prouve qu'on l'a regardée commeformant ta surfacedu cerveau. Cependant la couleur des hémisphèrescérébraux est loin d'être aussi foncée que celle de

la substance grise intérieure et cette remarque a

déjà été faite par plusieurs anatomistes.

La substance grise, dit Malacarne, est plus paieà la surface du cerveau qu'un peu au-dessous. 11

attribue cette din~rcnce a un suc blanchâtre parti-culier.

Des trois couches admises par M. Cazauvieiihdans l'état normal, l'interne est grise et l'externe

blanchâtre. Ainsi cet observateur a bien vu la teinte

plus pâle de la surface du cerveau.

La diu~rencede couleur de la couchesuperticielleet de la substance grise sous-jacente devient plusapparente encore si l'on en met une lame minceentre deux verres.

D'après les frères enzel, le cerveau des enfantsest plus blanc que celui des adultes; il en est de

même, en général, du cerveau des vieillards.Dansle fœtus, les hémisphères sont presque tout-

a-fait blancs.

Le cerveaudes aliénésprésente souventune teinteblanche très prononcéequi a été indiquée par plu-

Page 58: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

18 MCHMCUM S))ft LA COUCHt! GOnTK~M

sieursanatomo-pathologistes «Quand on détache

»les membranes du cerveau des aliénés, dit M. Par.

chappe, on est frappe de la blancheur <~<~H<edela surface cérébrale. »

M. Foville avait déjà signalé cette décoloration,qui, du reste, n'est pas propre à l'aliénation men-tale.

Le cerveau de certains animaux ollre égalementune teinte blanche assez tranchée tel est celuidu

porc, par exemple.Enfin il y a une circonvolution, cellede l'hippo-

campe, dont la surlace est Ibrmée par une couche

de substanceblanche, commel'a démontréM.Lélut.

t! y a d'aittcurs cela de remarquable, que cettecouche extérieure, dans certains cas, conservesa couleur, malgré la rougeur pathologique de lasubstance grise sous-jacente;peut-être m~meprend-elle alors une teinte plus blanche.

Al. Lélut a vu une sorte de gangrené M<MC/;<'dela couche la plus superficielle du cerveau, surtout

lorsque cette couche adhère à la pie-mère qui en-trame avecelle des lambeaux membraneux plus oumoins larges.

Ainsi i'anatomie pathologique, d'accord avecl'anatomie normale, établit une ligne de démarca-tion entre cette couche extérieure et ht substance

sous-jacente.tl est un autre caractère qui distingue la couche

très mincequi Ibrmela surfacedu cerveau, c'est son

opacité opposée à la transparence de la substance

gt'tse. Cette opacité est toujours plus prononcée

Page 59: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MscMco~or.t)-nfM<.s op CK~-EAU. 19g

!e tonf} f!fs'in~.t~t.f~ ttdans le tonddesanfractuosites; elle se rencontre

surtout chez les enfants; on la trouve aussi chezquelques animaux.

Ennn, dans le cerveau du lapin, non seulementta coucheextérieure est blanchâtre et opaque, maisj'ai pu dans quelques points y distinguer des fibresa i atdedu microscope.

1 es

En résumé, il existe, tout-a-fait à la surface ducerveau, une couche tr~nnnce, susceptible, danscertains cas, d'être isotée, et qui diffère de la sut~stance gnse sous-jacente

<"Par une teinte Manchatrc, plus tranchée chezles enfants, chez les vieillards chez les aliénés,chez certams animaux, et sur la circonvolution de1 "tppocampe9

2" Quelquefois par son opacité, on même parl'existence dans son épaisseur de Hhres distinctes.Cette couche, qui semh!een partie formée par un

~c Manchatre comme muqueux (.~ 6~Malacarne), conserve sa couleur dans les cas p~thoh~ques oit !a substance grise est devenue tr..srouge.

De tout cela je concis <meta surface du ce.-vcau~est pas formée par de ta substance ~rise, mai.qu'elle se rapproche beaucoup pins, dans certainscas surtout, (lela substance Manche.

La substance grise ne mérite donc pas ricoureu-SRmentle nom de corticale.

Page 60: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

20 nECHMCHM SUR LA COUCHE CORUCAL!;

ARTICLE VI.

Substancejaune.

Gennari a décrit, sous le titre de troisième sub-

stance du cerveau, une substance nouvelle d'une

couleurblanchâtre, formant unecouchemince entre

la substance corticale et la substanceblanche cen-

trale. Dans les coupes du cerveau, cette couche ap-

paraît commeune ligne (cujusdamMnetRtM~ar~epfo-

<H<).J'ai donné la copie d'une partie de la ngurc

qui représente cette disposition dans l'ouvrage de

Gennari.(i'l.l, ng. 3.)Dans une note, cet auteur ajoute avoir vu quel-

quefoiscette troisième substance du cerveau séparéeen deuxlamelles.L'une située dansl'épaisseur même

de la substance grise corticale, et l'autre entre les

deux substances. La ngure 2 de la planche 1, copiéeaussi dans l'ouvrage de Gennari reproduit ces

deux lignes.Si l'existence d'une double ligne blanche n'eût

pas été pour cet anatomiste une disposition excep-tionnelle on comprend comment il eût pu arri-

ver au même résultat queM. Cazauvieilh, c'est-à-

dire à la division de la substance corticale en trois

couches, par suite de l'interposition d'une lame

blanche dans son épaisseur; mais il n'a rien dit de

cette division, et ne paraît pas même l'avoir remar-

quée.

Sœmmerring a décrit sons le nom de substance

intermédiaire, la hgne d'un btancjaunatre placéeau

Page 61: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HKS CtHCC~\OHJTtor<.s DU CËitVt~L, 21t

*t t t t <milieu de la couche corticale des lobes postérieurs.

Plus récemment, d'autres anatomistes ont admisune substance jaune, formant une lame mince entreles deux substances, et qui est évidemment la même

que celle découverte par Gennari.

M. Cazauvieilh a distingué dans le cerveau cettesubstance jaune de la ligne blanchâtre qu'il a indi-

quée dans l'épaisseur même de la couche corticale.

Rolando, en parlant de la substance jaune du cer-velet, fait remarquer qu'il ne iaut pas la confondreeavec la substance particulière, signalée par Gen-nari dans le cerveau et à la même place.

Enfin, on lit dans Vicq-d'Axyr le passage sui-vant «Entre la substance cendrée que l'on trouve"dans les circonvolutions extérieures et les pre-

'niëres couchesde substanceblanche, j'ai quelque-fois remarqué une lame très mince dont la couleur

"diSérait beaucoup de celle des deux substances

précédentes. Tantôt elleétait d'un blancplus /Ma<,»tantôt d'une couleur un peu~MM~c, quelquefois» d'unedemi-transparencecommecelledela corne.

Comment concilier toutes ces assertions des au-teurs?

La troisième substance de Gennari neforme-t-ellcen général qu'une ligne?

Un ibrmc-t-elle quelqueibis deux?'?Où est-elle située?a

Est-elle dinerentc de la substance jaune du cer-

velet, de la ligne blanchâtre vue dans la couchecor-ticale par M. Cazauvieilh?

Enfin quelle est cette lame d'aspect et de nature

Page 62: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~2 MCHMCHf.S SUR LA <~t!Cm: COKTtMLE

1_.m At.si YM~le, tantôt jaunâtre et m&te,tantôt tt-MMpa-rente comme la corne, décrite par Vicq-d'Azyr?a

Cette divergence d'opinions dent évidemment àce qu'on a méconnu la disposition générale indi-quée dans ce travail, elles variétésqu'elleprésente,La solution de cesquestionspeut e~~ déduiretaciicment de tout cequi précède.<

11existe, comme on l'a vu, d~ns l'ëpaisMMfde lacouche corticale deux l~mes blanche in~rmédiai-rss, dont la premiert- ou la plus inte~e est sép~éede la substance blanche centrale par une co~he de~tance gnse. (f couche, pi. 1, ng. 6, moitiégauche.)

Mais cette dernière, parfois très ~-paisse,relati-vement aux autres, peut s'atrophier, ou m~mepresque disparaître. Ou ne la voit plus qued'espaceen espace, même en examinant la piè~ par trans-parence. (PI. n~().)

Men résulte que la première ligne hanche inter-médiaire (.r' couche), au lieu d'être évidemmentséparée de la substance blanche centrale, semble,aau contraire, se confondre avec elle. Alors il nereste plus en apparence qu'une lame blanche dansl'épaisseur même de la couche corticale. (PI. ing. ~.)

L'estladisposition vue comme exceptionnellepar Cennari. (PI. n~. 2.)

Ce fait explique aussi comment M. Caxauviei!haadmis une couchejaune, située entre les deux sub-stances,et, de ptus, une lameblancheintermédiaire.

-nnn icq-d'Axyra pu voir dans cecas une lame

Page 63: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

OES CtKCOKVOUJ'nOKS t)U CËMVKAU. 2 S

jaunâtre et mate, en contact avec ja substance

blanche; lorsqu'au contrat, la première couche

~se existait, II trouvai à ta même place une sub-

etaneedemi-transparente comme ta corne.

Ainsil'atrophie de Ut première couche ~ris~ ex-

plique toutes ces assertions.

Mais k plus MmeKt cette prernK't'e couche n'est

pas seule atrophiée la tro;s!È!ne, ibrntëe comme

d!b de substance grise, et qui sépare les deux lames

btatMhes mtermédiaires, peut t'être é~atement.

Akrs voici ce qui arrive

Les deux tames blanches intermédiaires, n'étant

plus isolées par ta substance grise, semblent se tou-

cher, et ne plus former qu'une seule couche. Cftte

coucheunique, plusiar~c, et constituant une sorte

de pian interne, paraît sn outre se confondre avec

ia substance blanche centrale. (PI. 1, na. <).)

Ce plan interne est donc alors en réalitécomposé

des quatre premières couches. et, en examinant ta

pièce par transparence, on reconnaît encore des

vestiges des couches grises. (Pt. t, ng. Q.)Amsi ce n'est

pas la unedisposition nouvelle,

din~rente de celle que j'ai indiquée, mais seulement

une variété, une sorte d'altération de t'état normal.

Cette couche, d'un blauc jaunâtre nniqucen an~

parence, placée entre ht substance blanche centrale

et la substance grise corticale, n'est autreque la

troisième substance deGcnnari(pl. t, ng. 3), nue

ht substance jaune des auteurs.

Dans le cerveau du chat, cette disposition est très

apparue pf~que ~rale. ~n <M voit dans la

Page 64: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

2&4 's.suHnu()tjt;t)).:eoxjj~

suMtaMcecorticale que deux plans, l'un interne etjaunâtre, l'autre externe et d'un gris blanchâtre,mais, d'espace en espace, on retrouve les deux cou-chesgrises du plan interne qui apparaît alors diviséen quatre couches. (PI. 11,fig. a.)

Quant à l'assertion de Rolande, sur la dinérencede la substance jaune du cervelet et de la troisièmesubstance signalée par Gennari dans le cerveau,elle n'est nullement ibndée. Cette substance jaunedu cervelet n'est autre queles deux lignes blanches

intermédiaires, très rapprochées entre elles et dela substance blanche centrale, et ne paraissant for-mer qu'une seule couche au lieu de quatre, commeon l'observe dans le cerveau du chat.

11y a d'ailleurs cela de remarquable que, si lasurface du cerveau des mammifères inférieurs estmoins nettement stratifiée que celle du cerveau del'homme, leur cervelet, au contraire, offreune stra-tification plus distincte; cette coucheunique et jau-nâtre du cervelet de l'homme se diviseen plusieurscouches très évidentes dans celui du chat, parexemple.

Ainsi, pour n'avoir pas suffisammentmultiplié les

recherches, pour s'en être tenu à l'examen d'une

espèce, on n'a pas saisi le lien qui unit tous ces faitssi faciles a concilier entre eux, par la dispositiongénérale que j'ai indiquée, et les variétés qu'elleprésente.

Au reste, il est évident qu'il n'y a pas lieu d'ad-mettre dans le cerveau une substance jaune parti-culière. Gennari caractérise en effet sa troisième

Page 65: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ot;s cmcoKvo).)jT)o'\snu ':En\);Af. 25

substance par l'épithete de SM~a~tWa;la lame vue

par Vicq-d'Axyr dans la couche corticale des lobes

postérieurs, estbianche; celleque M. Cazauvieilh a

indiquée dans toutes les circonvolutions est blan-

châtre. La teinte jaune est donc bien loin d'être

constante; elle semblerésulter d'un mélange intime

de la substance blanche et de la substance grise.

J'ai montré d'ailleurs que les lames qui constituent

cette prétendue substance jaune sont armées par

des fibresdont une partie au moins vient de la sub-

stance blanche centrale.

Cen'est donc point une substance spéciale.

ARTICLE ~H.

Couchecorticaledanslecerveaudufœtus.

Apres avoir étudié la substance grise des circon-

volutions dans le cerveau de l'adulte, j'ai du l'étu-

dier dans celui du fœtus. Maisil ne s'agit plus seu-

lement ici de déterminer la structure de la couche

corticale, son existence même est mise en question

et doit être démontrée.

Desmoulinsadmet, en effet, que la couche cor-

ticale ne se Ibrme a la surface du cerveau que dans

les derniers mois de la vie fœtale.

Tiedemann est allé plus loin; il a nié compléte-

ment l'existence de la substance grise périphérique

dans le iœtus. 11prétend que cette substance n'est

déposéequ'après la naissance.

«Si on déchire, dit-il, le cerveau du fœtus, on

»voit parahre les fibres sur lesquellesse trouve ap-

Page 66: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

26 RRCH~UËS S~ LA COWHR ÇMT~j~

t.~H~m~t~tL.~ nphqu~e une couchede substance molle et ,saMt~x-

~turc nbreuse. Cette satanée, qui a été sécrétéeNla dernière, n'a pas encore eu le temps dpprendreht forme de Rhres. On dira peut-être qu'&Hejcor-

respond à la coucheporticale mais cette objectionn'a pas de valeur, car ~M~wc <BM- M'~

M ~c~ ~M'apfM MaMMweA ~w/acc c~-') ( )). ?u

On cherche en vain des preuves de eeM-easser-tion dans l'ouvrage de Tiedemann. ï/impMsibili~de distinguer la couche corticale dans le cerveaudu Fœtusn'est point un argument q~'on puisse in-

voquer, car on devrait, par la même raison, nierl'existencede la substance médullaire, qui n'a pointencore a cette époque la couleur blanche qu'elle ac-

quiert plus tard.

Je vais d'ailleurs, sans m'arrêter anx objections,rechercher si, par le procédéquej'ai indique(l'et!tdede lu substance ~i~e par transparence), on peut ar-river à la solution de la question.

J'ai démontré que la couchecorticale du cer~ande l'adulte contient dans son épaisseur deux la~esblanches, faciles a reconnaître à leur opacité, enexannnant une couche mince par transparence, Ona vu aussique ces lames sont forméespar des n~cf.verticalesrenuées. Or, cesnbre~existent longtempsavant que leur couleur blanche soit apparente; et ilrestait à rechercher si elles peuvent être reconnues

(')Tiedemaon,.hMtt~M(fMMrMf<t<.traduite<joi'aUomandparA.-J.-L.Jourdan.Faris,tSM,ia-SJig.,p, 87.

Page 67: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

utH)t:)<tt:<)sy<)n;r)()~.s)u <;)t!t':A< 27

à i$ur op~itp à une époque ou les deux substances

ont encore une couleur unitorme; pour m'enassu-

Mr, j'ai examiné par transparence entre deux lames

de verre une couche tr(*s mince enlevée par une

coupe verticale a une (irconvolution du cerveau

d'un entant nouveau-né.

Or, voici <? que j'ai observé

Au centre de la circonvolution, qui est très trans-

parent, et qui, pins tard, sera ibrmë de substance

branche opaque, on voit un~rand nond)r<' de vais-

seaux diriges vertica~fnent. et s'étalant en ~erbf à

la partie oup~rieurc.

La transparence est moindre dans ta couche ex-

térieure ou n'y aperçoit point ou que peu de ~ais-

seauï:, maison y remarque deux ou trois Mgnes opa-

ques, transversalen, suivant le contour de ta circon-

votution. Ces lignes sont séparées entre eUes par des

intervaUes transparents Leur direction transversate

contracte d'aiUeurs avec ceUc des vaisseaux du cen-

tre qui est verticatc. (Fl. H ti~. f).)

Or. le doute n'est pas possible sur ta nature de

cette couche extérieure.

Chez raduite, en euet, ta substance corticale,

étudiée de ta e manière ofitre des tienes opa-

ques transvprsates, séparées par des intervattes

transparents, ii en est de même de la couche exté-

rieure de l'entant nouveau-né.

Ainsi, c'est la mone et par conséquentla metne substance.

\oila donc un caractère qui, dans le cas même ou

!a couche corticale ne peut encore être reconnue a sa

Page 68: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

28 {H'.CHKttCHËS SC): LA COUCHt: COttTtCALK

conteur, permet cependant d'en constater 1 exis-

tence.

Il s'agit dedéterminer, a partir de quelle époque,

en remontant dans la vie tœtale, on peut vériner ce

caractère.

J'ai trouvé les lignes transversales dans la couche

extérieure du cerveau d'un fœtus humain de quatre

a cinq mois; j'ai pu surtout les voir dans des cer-

veaux de iœtus de veau et de mouton que j'ai eus

à ma disposition en assez grand nombre. J'ai con-

stamment reconnu la couche corticale entre le qua-

trième et le cinquième mois et avant la formation

des circonvolutions.

Cesrecherches ne pouvant être faites que sur des

cerveaux frais, ne sont guère praticables dans les

premiers mois de la vie foetale, à causedu peu de

consistance des hémisphères; mais il suffitde prou-

ver que la couche corticale existe au quatrième

mois, par exemple, pour renverser l'opinion de

Tiedemann.

Je suis donc en droit de conclure de ce qui pré-

cède

Quela couchecorticale peut être démontrée dans

le cerveau du iœtus par des caractères spéciauxau-

tres que la couleur.

Je me suis assuré que les lignes transversales de

la couche corticale du cerveau de l'enfant nouveau-

né sont déjà fibreuses comme celles du cerveau de

l'adulte. J'ai très bien vu ces fibres aumicroscope,

alors que le centre de la circonvolution n'oilrait

encore que les vaisseauxdont j'ai parlé.

Page 69: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

CES C'HCOKVOLUTtOXS m CEn\'t:AU. 29

TtJ.t' 1feut-ctre pourrait.on en conclure qu'une partiedes libres de la substancebtanche centrale tire son

origine de !a couchecorticale mais on est, je crois,désormais d'accord pour rëibrmer ce hm"a~e. Jeme bornerai donc a ctabUr comme un iait qn'd yadansta substance grise extérieure des fibres ap-parentes avant qu'on puisse en apercevoir dans lecentre même de ta circonvolution.

Il est d'aiUcut's bien entendu qu'il s'agit sente-tement '<-ides circonvolutions; car la masse tincentre ova!e a cette époque et bien longtempsavant, est déjà très évidemment fibreuse.

AtmCLK VHt.

Anatomiecomparue.

La stratincation de la surface du cerveau desmammiteres se rctrouvc-t-cUedans tes lobes céré-braux des oiseaux des reptitcs et des poissons?

TcHcest la question que je vais examiner.

LohMcurëbrau.tdesoiseaut:.

Quand on incise les bémisnberes cérébraux des

otseaux, ot) les trouve iormes par une matièred'un gris rougcatre, sans distinction de substancebtanebe et de substance grise. On remarque seule-mcnt au centre une tëgere couche de substance mé-duuairc.

A t'e\terie))r point de <ouc!u'corticale, point destratitication.

Page 70: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

30 MECHRMHESStfR f.A COtJCtfE CÛRT!CAU;

LobesOptiques.

Ces lohes, chez les oiseaux ont déjà acquis unassez grand développement, et sont assez comptaqués.

Leur surface est stratifiée, et le passage suivantde l'ouvrage deM Serres prouve que cet anatomisteavait déjà remarque cette stratification 1

« Les parois des lobes optiques sont formées, dit-d, de quatre couches l'une interne est ~.M

~a seconde, ~M~c, envoie quelques iaisceauxsurles pédoncules cérébraux ia troisième coucheest

plus épaisseque lapremière, la quatrième,eu ht plus extérieure, est ~Mc/ic(. ).\n'si M. Serres, sans signaler la stratincation de

la surface du cerveau du cervelet et de la moeHe atrès bien décrit les quatre couches ahernativementgnses et manches des lobes optiques des oiseaux.Le but désormais ne sera plus isolé et rentrera dansla disposition générale quej'ai indiquée.

Lobescérébrauxdesreptiles.

.!c n-ai pu i-airc des recherches suffisantes surc<-Ucdasse. Les Johescérébraux des grenouiUe. nem'ont point paru stratitiés. Quant aux tobes opti-ques, leurs parois, d'après M. Serres, sont forméesde deux couches, une </n~ et une Ma~c/tf-.

~) .h)«<oM.,(.~M~M,M w.t-<-</M.Pa. .f~. t. H. p. 277

Page 71: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MsORcoNvoLO-noM nr cRn\'EAu. 3t

LOMscérébrauxdespoissons,

Les lobes cérébraux des poissons sont très petitset tout-a-fatt rudimentaires. Us forcent un tuber-cule solidecomposéde .natière grisâtre sans aucunetrace de stratification.

Lobesoptiques,

Tr~développés et très co.nphq~ dans cette

classe, les lobes optiques o~ent plusieurs partiesanalogue, a c.tle. <p,i maitcluent dans te.h<nisphères eerëbraux.

Lent-surface est stratihce.ne pu,, .nicu. faire encore ici que de citer

'~vragedeM.Ser~ «La~n~ane ner~e~u, tor.ne

renvebppedes tobcsopt.q~. est for-» ".ce ~c. les poissons de trois couche. deux'~ianc~ une en dehors, l'autre en dedan., et~~es?"

"T~<~ ~e>7elles. >a

Et plus loin cet anatomiste ajoute'<" existe quetquefois une seconde couche .riseMmterieure!ncnt.n

Cette quatrième couche ~ient, comme on le voitreproduire exactement la disposition qui existech<vles oiseaux c'e~-dire quatre couches a~rnati.e-ment griseset ~~<McAe~.

Knre~nne ta stratitication de ta surface Il cer-

Page 72: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

32 t!M:)n:ncm'.s~jf! r..t coucm: conTfCAt.K

veau des mammifères ne se trouve plus dans les

lobes cérébraux des oiseaux, des reptiles et des

poissons.On la voit, au contraire, dans les lobes opti-

dues.M. Serres a établi qu'il existe un rapport inverse

entre les lobes cérébraux et les lobes optiques. A

mesure que les premiers se réduisent et se sim-

plitient, les autres augmentent et se compliquent.11me semble important de faire remarquerque

cette complication des lobes optiques ne se &it pasd'une manière inditlerente.

Quand une partie disparaît dans les lobes céré-

braux, une partie analogue se développe dans les

lobes optiques, de sorte que, si cela est porté très

loin, comme chez les poissons, les lobes optiques

fissent par acquérir la pl~s grande ressemblance

avecles lobes cérébraux, auxquelson les a, en enet,

assimilés.

On conçoit facilement qu'il doit en être ainsi.

Les lobes cérébraux rudimentaires chez les oi-

seaux, les reptiles et les poissons, ne pouvant rem-

plir leurs fonctions, celles-ci se réfugient, pourainsi dire, dans les lobes optiques. Elles passent,comme l'a dit M. Serres, de l'élément dominé dans

l'élément dominateur.

Si les lobes optiques sont chargés de suppléer les

lobes cérébraux, ils doivent, non seulement se mo-

difier pour être en rapport avec ce surcroît de

fonctions, mais la modification devra avoir lieu de

telle sorte que les dispositions organiques des hé-

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KESCtRCOKVOt.UTtOKSDU CERV):Ar. 331

3

mtspheres soient plus ou moins reproduites. C'est,en effet, ce qui a lieu, et de là leur ressemblanceavec eux.

C<; quej'ai dit de la stratification de la surface ducerveau connrme ces idées.

Htledisparaît dans les lobes cérébraux des reptileset des poissons; on la retrouve dans les lobes op-tiques.

La stratitication de la surface peut d'ailleurs de.venir un argument de plus en laveur de l'opiniondes anatomistes qui ont ~-udans les lobes optiquesles véritables lobes cérébraux elle établit, en enetun nouveau point de ressemblance entre les lobes

optiques des oiseaux, des reptiles et des poissons etu; cerveau des mammifères.

ARTICLE tX.

Appticat~onsa t'anatonuepathologique.

La substance grise corticale étant formée de plu-sieurs couches de diucrcnte nature, on ncs'ctoa-"cra point de voir ces couches s'altérer isolement

c'est, en effet, ce qui arrive et d'abord je rappet-tt-rat qu'on a regardé la substance grise corticalecomme simple a l'état normal, et que le mêmeauteur a admis dans le cerveau des maniaques trois

couches, dont l'interne est ~risc, la moyenne rougeet l'externe blanchâtre. On voit qu'ici la premièreet la ïi\iemc des couches dont j'ai parle son) restées

Page 74: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

3& RECHERCHESSURM COUEHSCOM'tC~M

saines; les quatre moyennes Mules sont eoloréea.

Ce cas se rencontre très fréquemment.M. Parchappe paraît avoir bien vu ces colorations

partielles de la substance corticale. Ellespeuvent,

dit-il, être bornées à un seul plan ou à des portions

plus ou moins circonscrites et, dans ce cas, être

disposées par p~M~ ou par couchesminées.

Cette coloration d'une ou de plusieurs lamelles,les autres restant saines, est quelquet~ia tellement

nette, «qu'il semble, dit M. Foville, quand on

e<Mtupeen travers la substance grise, qu'elle est

Mcomposée de deux membranes de couleurs diHe*

a rentes appliquées l'une sur l'autre et plissées pa-Mrallèlement. c

Dans certains cas, j'ai observé la coloration des

trois couches grises seulement, de sorte que les six

lamelles, au lieu d'être alternativement ~ft~ et

blanches, étaientalternativement rougeset blanches,

On trouverait dans cesfaits, s'il en était besoinun argument de plus en laveur de la division de la

substance grise en plusieurs couches.

Dans la paralysie générale dà aliénés, la pie-mère entraîne très souvent avecelle la lame externe

de la substancecorticale.

Cet enlèvement est le résultat de l'adhérence de

la membrane, mais aussi du ramollissement de la

cinquième couche. Ce ramollissement rend la sépa-ration de la sixièmelame d'autant plus facile qu'ilest plus prononcé.

J'ai montré que l'adhérence qui s'établit par une

légère pression entre une circonvolution et un linge

Page 75: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MS CtBCOKVom'r'ONSOUCERVEAU. a$)t nafR~te ~~)t« ~~t~~L~ <~aumt partes pour détacher la couche extérieure

sur descerveaux sains.Je crois que l'adhérence de la pie-mère peut à elle

seule produire le même effet; le ramollissement dela cinquième couche ne me paraît donc pointune condition nécessaire pour l'enlèvement de lastxiëme.

Dans la paralysie générale au premier degré, lasurface mise à nu après la décortication est quel-quefois lisse et polie et sans aucune trace de ramol-lissement. Peut-être en était-il ainsi dans les cas oùM. Lélut a observé l'enlèvement de la couche exté-rieure chez des épileptiques morts pendant un ac-cès et dans un état apparent de santé, chez desahénës non paralytiques, chez un idiot mort ducholéra, etc.

L'enlèvement, de la couche extérieure pourraitdonc avoir lieu avec ou sans ramollissement de lapartie soua~acente.

Le premier cas se rencontre surtout dans la para-lysie générale; le second, ne dépendant que del'adhérence de la pie-mère, peut se trouver acci-dentellement dans d'autres maladies, alors mêmeque la couche corticale est saine.

La substance grise extérieure est souvent trèsrouge dans toute son épaisseur, excepté dans sapar-~e superficielle,qui conserveune teinte blanchâtre.

J'ai invoqué ce fait pour prouver qu'il y a unedm-érencede nature entre cette coucheextérieure etla substance grise sous-jacente. Pourquoi, en enetcette ligne de démarcation? La substance grise est

Page 76: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

36 XKCHEHCHËSSUtt LA COMHRCORTtCAt.t!

st vascmmre, eue se commue SI tacuement avec ie

sang, qu'elle devrait, si elle existe a la surtace du

cerveau y prendre la teinte rouge de l'intérieur.

On conçoit, au contraire, qu'il en soit autrement sicette couche extérieure est analogue la substance

blanche; celle-ci, en enet, ne se colore que rare-ment.

La teinte blanche du cerveau m'a paru, commeàM. Foville, coïncider avec une augmentation de

consistance de la couche superficielle. J'ai observécette décoloration ailleurs que dans des cerveaux

d'aliénés, et on l'a souvent trouvée dans celui desvieillards.

J'at dit qu'on peut, dans le cerveau du mouton,

séparer la couche corticale de la substance blanche

centrale, sans rupture apparente, au moins dansle fond des antractuosités. Je dois ajouter quedes hémorrhagies plus ou moins étendues pro-duisent quelquefois le même eftct. D'après le moded'umon des deux substances ces hemorrhaglesdoivent se faire tacitement dans le fond des an-

Iractuosités, mais elles ne sauraient avoir lieu aitsommet des circonvolutions sans la rupture desnbres si nombreuses que la substance blanchecentrale envoie dans la couche corticale.

Page 77: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

"E~CKiCC~VOU-nuNSjj: <i:AC. 57

ARTICLE X.

.~pphcationsphysiologiques.

S'il a jamais été permis d'espérer qu'on pourraitarriver un jour a l'explication des phénomènes les

plus cachés de la vie, c'est assurément depuis ladécouverte d'un agent sous l'influence duquel lesmuscles se contractent, la digestion et la respira-tion continuent après que toute action nerveuse acessé.

Ces faits et beaucoup d'autres, qu'il est inutile de

rappeler, établissent entre la cause inconnue del'innervation e( l'électricité une analogie qui n'est

plus contestée.

Mais si tout semble indiquer que le système ner-veux est l'organe formateur et conducteur d'un

agent impondérable, analogue a l'agent électrique,

n'est.upas naturel des lors de rechercher s'il n'existe

pas dans les centres nerveux des dispositions ana-

tonnques curant quelques points de ressemblance

avec les appareils galvaniques ?

L'hypothèse d'une pile animale émise par Aldin!a été soutenue par Rolande, qui a cru trouver cette

;))le le cervelet. Voici comment cet anatomiste

s'exprime t cet égard« Si un appareil composé de diverses substances

non métalliques, telles que le schiste, le charbon,!achair musculaire, la substance cérébrale; si l'or-.

» ~ane électrique de la torpille, du silurus, du gym-

Page 78: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

S8 MCHMCHM SUB t.A CONÇUE COKTtCALK

__r.x W _n _l.a..4.11_ .l..a:»notus, composé d'une substance albumino-gélati-

"noso cartilagineuse et d'autres semblables, sont

Hpropres à préparer et a développerune très grande

? quantité de fluide électrique, capable de donner

a deviolentes secousses, pourquoi un principe sem-

a blabtene serait-il pas forme par les feuillets nom-

breuxde substance jaune et cendrée du cervelet?

HQuepourra-t-on trouver de plus évident pour éta-

blir que le cervelet est un organe dont la structure

aest entièrement semblable a l'appareil de Volta?

Quelle autre preuve pourrait-on désirer pour dé-

montrer que ce viscère prépare un fluide ana-

»logue à celui que développe l'Instrument en ques-') tion?»

Cependant quelle disposition anatomique Ro-

lando invoque-t-il pour aSirmer, d'une manière si

tranchée, que le cervelet est entièrement semblable

a une pile de Volta? C'est la superposition d'um;

couche de substance jaune et d'une couchede sub-

stance grise.Cette superposition de deux substances de natureé

différente mérite sans doute d'être signalée, mais

elle ne paraît pas suuisante pour soutenir l'idée de

r~olando, si souvent répétée depuis.

Malgré la juste dénance que peut inspirer un pa-reil sujet, convaincu qu'il existe, non seulement à

la surface des hémisphères cérébraux, mais dans

toutes les parties centrales du système nerveux, une

disposition stratiforme qui rappelle celle des appa-reils galvaniques je ne craindrai pas de faire ici ce

rapprochement.

Page 79: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DM C)RCOK\'OH)T«)!S.s [)) O.RVEAU. SQ

J ai uemontre, dans ce travail, que la couchecor-ticale du cerveau est formée de six lames de ditré-rente nature, alternativement superposées.

Après tout ce qu'on a dit de l'analogie des fluidesnerveux et galvanique, on ne s'étonnera pas quecette stratification si singulière de la surface du cer-veau rappelle l'idée d'une pile Voltaïque.

Assurément, si Holando a pu, d'après la simplesuperposition de ~eu,r<am&s',affirmerque le cervelet

était en~ereme~semblableà une pile, combien, àplusforte raison, n'eut-il pas admis le même fait pourle cerveau, si l'existence de ces ~Mplamesa~'Ma~t-vementgrises et ~(tnc/te.<;lui eût été connue? Ensui-vant cette comparaison, ce n'est plus en effet,d'une seule paire galvanique qu'il s'agit ici, maisbien de trois. (PI. 1, fig. 6.)

Cet appareil n'a qu'une ligne et demie d'épais-seur; mais si on songe aux replis des circonvolu-

tions, on voit qu'il présente une très grande éten-due on conçoit donc qu'il puisse avoir une cer-taine puissance.

On a souvent, et avec raison, comparé les lamesdu cervelet auxcirconvolutionsdu cerveau; ellesonten effet la même structure et eurent la même stra-tification ()).

11y a aussi quelque chose d'analogue dans lamoelle(a).

On a vu d'ailleurs que la disposition stratiformeavait été très bien décrite par M.Serres pour les

()) Voirlanoten"4,H.

(2) Voir la note n° ), F.

Page 80: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~0 ttrut);Et<~M~S~~3.~A~<.M;tU<S.CH~T!~t.K-

lobes optiques des oiseaux, ~dM:eptil~8~:et~'des

pdissons.Elle est donc commune a presque toutes les sur-

facesdes centMSnerveux.

On la retrouve encore,tnais sousune autre {orme,

dans plusieurs parties centrales.

Onpeut voir dansia planche XHt de Vicq-d'Ax:yr,

que les corps striés sont jbrmés de trois plans atter-

nativement gris et btancs.

Rolande, frappé sans doute de ce fait, avait d'a-

bord soupçonné qu'un fluide analogue au ilmdë

galvanique se fortnait dans cette partie ;nMus)~~p~~

tard, 'la LI. de, '1d' '.1'tard, la ressCtnbltUtcede l'appareil demtorpiMeavec le cervelet des oiseauxlui lit voir dans cet or-

gane l'apptn'eil électro-nioteur ~M't~cAc~c/tnt!

Les tubercules quadri-jutneAUxsont ionnës de

quatre pl&nsaltern~tiveaicnt gris et blancs.

La protubérance annulaire elle-mctne oMredes

cloisons transversales blanches, ~Éparécspar de la

substance grise.Ainsi la disposition stratitomm des suriaces se

retrouve dans plusieurs parties centrales;.elle est

doncpresque génërale et c'est sousce rapport sur-

tout qu'elle ïne paraît mériter de nxer l'attention.

Quel rôle jouent ces parties stratifiées?

Ëlaborent-~llesle fluidenerveux?

La substance blanche, comme le pensent plu-sieurs physiologistes, n'est-elleque conductrice?

Quel est le but de ces innombrables tihrcs en-

voyées partout dans la substance grise ou t'ile~se

terminent en pointe?

Page 81: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

.?? CHi!:<MV!.t!.tn'i<KSt~ <):KAt. 'tt 1

JEst-ce la simplement) comme ou t'a dit, un

mode d'origine de ces libres?

()u bien ces pointes qui plongent dans la sub-

stance grise y soutirent-elles le Iluide nerveux, et

ne sont-elles que l'origine des fibres conductrices?

Je ne puis que poser ces questions. Quant aux sur-

faces cérébrales en particulier, je dois rappeler,

qu'avant de connaître leur disposition stratiforme

on avait cependant déjà établij lusieurs rapportsentre leur mode d'action et celui des surfaces pro-ductrices de l'Électricité.

Ainsi on a essaye démontrer

t.!ue intensité des phénomènes nerveux, comme

celle des phénomènesélectriques, est en raison non

des masses, mais des surfaces.

« Al'appui de cette opinion dit AL le prolesseur

HCruveUbier, on cite l'arachnitis (pu est plus suu-

vent accompagnée de délire que l'inuammation de

a la substance cérébrale elle-même. Un cite les plisMde la rétine qui triplent, quadruplent l'intensité? delà vision, plis que Desmoulins, qui a surtout

insiste sur cette idée, dit avoir vus disparaître citez

"les oiseaux plongés dans l'obscurité, de même

Mqu'on voit s'atrophier les circonvolutions ccrë-

braies, soit en l'absence de toute excitation cerc-

~brale, soit par toute autre cause d'affaiblissement

o Intellectuel. H

Ce rapport établi par Desmoulins entre l'intcnsité

de la vtsiun et l'étendue de la rétine, est apurement

des plus curieux.

Page 82: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

&22 RHCHMCtmS St! t.A COUCHA GORTtCAU-

Forcée de présenter une grande surface dans un

espace circonscrit, la rétine se plisse.Usembleen être de même au cerveau car les cir-

convolutions comme les plis de la rétine n'ont évi-demment pour but que de multiplier l'étendue dela surlace.

Mais, de même que l'intensité de la vision est en

rapport avec les plis de la rétine, demêmel'intel-

hgence est-elle en rapport avec le nombre des cir-convolutions?

Cette proposition, que Desmoulins a aussi es-

sayé d'établir, déjà combattue par M. Serres, vientde l'être de nouveau par M. Leuret, qui y substituecette autre proposition

C'est cbex les mammifères les plus intelligents»que l'on trouve les cerveauxlesplus ondulés, maistous les mammifères intelligents ne sont pas dans

»ce cas (').M»

Cependant si l'on considère que les animaux les

plus intelligents, non seulement ont le cerveau le

plus ondulé, mais, eu outre, des circonvolutions quileur sont propres; si l'on se rappelle la facilité avec

laquelle apparaît le délire dans les inflammationsdes surfaces cérébrales; les altérations de la couchecorticale dans la Iblic, surtout celles qu'elle ofiredans la paralysie générale des aliénés qui s'accom-

pagne d'une démence si profonde, l'atrophie descirconvolutions dans la démence, etc., on ne halan-

()) ~<Mto))!)efon~ftw(<;<.<M)c)t<-ref-!M-.considéréedf<MSM'<s<tMf;'if);e/~tcf rar~.)8:i!).t. l, m-8,p.589.

Page 83: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

!~Sf;H.():t)HJTt():\S ))(: CKHVHAf. ù3

cera pas, je crois, a attribuer un rote importantaux surfaces cérébrales.

La structure si compliquée de la couche corticale

sera désormais invoquée comme un argument de

plus.On peut encore faire remarquer, quant à l'impor-

tance des surfacescérébrales, que plusieurs partiesdu systèmenerveux, lestubercules quadri-jumeaux,le cervelet et la moelle, solides dans les mammi-

fères, se creusent de ventricules dans les classes in-

férieures.

Ainsi, au lieu de diminuer simplement de vo-

lume elles perdent leur partie centrale, mais con-

servent une plus grande étendue proportionnelle de

surfaces.

Les surfaces paraissent donc être les parties es-

sentielles.

Desmoulinset M. Magendieont encore pensé quel'iniluxnerveux, commel'électricité, se transmettait

par les surfaces, et ils ont cité à l'appui de leur opi-nion des observations anatomiques et des expé-riences physiologiques.

« (" A partir de la huitième paire inclusivement,dit Desmoulins, les centaines de nerfs spinaux de

')la lamproie se terminent a l'enveloppe, partouts distante du système cérébro-spinal d'environ la

<moitié de son épaisseur. F~onseulement la force»excitatrice du mouvement doit ici émaner de la

surfacele long de laquelle elle se transmet, mais

') encorela transmission au nerf s'en fait néccssai-»rement à distance, et réciproquement pour la

Page 84: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

/t ~m:)fK!«:))!~).t.(:<)'U'U<Ttt.:ALt.i

»transmission de la force qui doit produire la sen-

Msibilité.M)j

a'' Pour produire ta rotation d'un animal sur lui-

même, il n'est pasnécessaire de couper toute l'épais-seur du pédoncule du cervelet; ilsuuit,pour ainsi

dire, que sa surface soit rayée, comme si la circula-

tion de la force nerveuseétait aussi bien arrêtée par

l'interruption de la surface que par celle de toute

l'épaisseur de la commissure.(Desmoulins et M.~!a-

gendie.)3°il résulte des expériencesde M. Ma~endie, tp~c

l'introduction d'un stylet,dans le centre de la moelle

n'altère notablement ni la sensibilité ni les mouve-

ments.

En résumé

Aux laits qu'on a avancés pour prouver que l'ac-

tion nerveuse comme l'action électrique est en rai-

son, non des masses, mais des surfaces

Quel'influx nerveuxcommel'électricité, se trans'

met par les surfaces ( ) )On peut ajouter

Qu'il existe a la périphérie du cerveau et du cer-

velet une disposition anatomique qui rappelle celle

des appareils galvaniques.

(t) Je crois devoir faire remarquer que je mo honit) ici rap-

porter dM opinions en faveur desquc'Hc.sla stratification des sur-

faces ccrebr.ttcs peut u bon droit être invoquée.

Page 85: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DESCtRCO\VOtjHT)OSSDUCERVEAI!. ~55

nMumP.

t"La substance corticale des circonvolutions cé-

rébrales est formée, en allant de dedans en dehors,

de six couches alternativement grises et blanches.

Sion examine une lame mince de substance grise par

transparence entre deux verres, ces six couches ap-

paraissent alternativement transparentes et opa-

ques.a" La substance blanche centrale, surtout au som-

met des circonvolutions, est unie à la couche corti-

cale par un grand nombre de fibres.

3° Les deux couches blanches qui existent dans

l'épaisseur de la substance grise corticale, sont Ibr-

mées par deux rangées de tibres verticales.

/)" Parmi ces tibres, les unes ne sont que des rcn-

Hemeuts de celles venues de la substance blanche

centrale; d'autres semblent propres aux couches in-

termédiaires.

5° 11y a dans les cerveaux des mammifères infé-

rieurs un second ordre de tibrcs transversales croi-

sant les premières a angle droit.

6" La sixième couche de la substance grise corti-

cale, ou la plus superficielle, peut quelquefois être

isolée~

Cette couche superticielledu cerveau ditlerc de

la substance grise sous-jacente par sa teinte blan-

châtre et souvent par son opacité.8' ii n'y a pas lieu d'admettre dans )e cerveau une

substance spéciale qui mérite [e nom de substance

jaune.

Page 86: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

&6 MCtiKMHES SUR t,A eOUCHt! COBT!CA!f!

..o 1,tJ¡ .1. .i_9°La couchecorticaleexiste, et peut être démon-

trée dans le cerveau du (wtus.)o°La stratification de la surface du cerveau des

mammifères ne se retrouve pas dans les lobes céré-braux des oiseaux, des rept~es et des poissons, elleexiste, au contraire, pour ces trois classesdans leslobes optiques.

n° Les colorationspathologiquespartielles et parpetites couches, qu'on observe dans la substancegrise corticale, s'expliquent par sa structure.

) r La superposition de six couches alternats e-ment grises et blanches, dans la substance grise cor-ticale, rappelle une pile galvanique.

Page 87: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

H.

DE DÉTENDUE

DE LA SURFACEDU CERVEAU

KTMSMHAPt'OHTS

.~C MÏËLOPPËHMÏM LimUC.)'

Je me propose dans ce travaillu Dedéterminer l'étendue de la surface des hé-

rmspheres cérébraux;Be rechercher' s'it existe, comme on l'a dit, un

rapport entre l'étendue de cette surface et te degrééde développement de t'inteUi~ence.

PREMIER PO~T.

De t'éteudue de la surface du cerveau

On sait uuele cerveau est recouvert par deuxmembranes t'arachnotde et la pie-mëre.

L'arachnoïde ne pénètre pas dans les intervalles

~) ~o!r, à la fin du votume, la note n° 2.

Page 88: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

48 ËTRKM-K [)K LA SUftf'ACH DU CERVEAU

des circonvolutions, et ne tapisse que la surface,

pour ainsi (tire apparente, des hémisphères céré-braux.

La ptc-mère, au contraire s'enfonce dans tontesles aniractuosités, et sa surface est égale en étenduea la surface réelle du cerveau. Si cette dernière

membrane pouvait être dépassée, elle fourniraitdonc un moyen très simple et très exact de mesurerles surfaces cérébrales mais il n'en est pas ainsi,et il iaut chercher un autre procédé.

La première idée qui se présente, c'est le dépas-sement du cerveau iui-même.

On se rappelle, en cnet, que GaU opérait ce

déphss<'me!!t des hémisphères eeréhraux, et quec était peut-être, parmi ses décou vertes anatomiques,celle a iaquelte il attachait !e pius d'importance.

Hien de phts simple que la mensuration des sur-faces cérébrales si on pouvait obtenir par ce

moyen une membrane unie a ia place (tes anfrac-tuosités inegates, dont il est presque impossible de

déterminer exactement rctendut'.

&Mheurcusement te dépMssement du cerveaucomme h' faisait (;aU, soutevc une objection très

grave.

La substance cérébrale est extensible, et les ti-

raniements exerces avec ie~doigts peuvent devenir

une cause d'erreur.1,

Cette objection a dû arrêter les anatomistes quiauraient pensé a mesurer par ce moyen la surface

du cerveau et je n'ai pas du moi-même songer a

m'en servir.

Page 89: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

AVECLEDÉVELOPPEMENTDEL'tSTELUCENCE.ù9

ue proceae que empiote consiste à déplisser le

cerveau, en substituant à l'action des doigts unedissection longue et minutieuse, ayant pour butd'éviter toute espèce de tiraillement.

J'enlève peu à peu la plus grande quantité pos-sible de substance blanche, et je réduis ainsi gra-duellement l'hémisphère à une très faible épais-seur.

Quand la substance médullaire a été presquecomplètement enlevée la membrane hémisphé-rique se déplisse, pour ainsi dire, d'elle-même,sutonentotatité, au moins suffisammentpourqu'onpuisse l'étaler et la mouler très exactement avec du

plâtre.

Cette mem&raMecérébrale étant retirée du moule,on peut obtenir l'étendue de sa surface par le pro-cédé suivant.

On remplit peu à peu ce moule avec de la terre

glaise en interposant un tissu mince dont la sur-faceplane est ensuite très facile à mesurer mathé-

matiquement (t).En résumé pour obtenir l'étendue des surfaces

cérébrales, il faut

)° Déplisser aussi complétement que possible les

hémisphères en enlevant peu a peu presque toutela substance blanche intérieure,

a° Mouler avec du plâtre la membrane cérébraleainsi obtenue-e

3° Mesurer ce moule avec un tissu mince en

prenant les précautions convenables.

(<) Voir la note n" 2. B.

Page 90: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

50 ÉT~Mt: M tA sdS?~e~ hf ~ÉftfËA~tr,5 .> r~

Yttici tëSï'esulMt8 au~qtièts je sMs aH~ë p&r ce

pfOcé~.

Surc}itq cëf~êaux, j'~ trd<iv~

potir t'étmtduë des

surfaces unemoyënhë

de,0 ee~Untëtfes cai't'és.

Dan~ ces deux casseutementj'ai

mësufécdmpa-

râtiTeMeMt les deuxhémisphëres,

etj'at

trouve

p<Mfte

premiercerveau

Lecervestudutapinaunesurfaceégafeà. ~te.oa~e.

Ceiuiduchatà. M

duchien. ~04

du mouton. ~60

–du porc. g~O

La surface de t'hémisphèredroit égale à 764 c. carréa.

Celle de t'hémisphèregauche a. 789

Peur le second cerveau

L'étendttede i hémisphèredroit était de.. 853 carrés.

Cet'e de t'hémisphëregauche de. A37

Ainsi ia diNerenced'un hémisphère a un autren'est guère que de t/Ôo à <5, ce qui est une

preuve de l'exactitude de la mesure.

\oici l'étendue de la surface de quelquescerveaux

d'animaux

Te! est ie résuttat des meures que j'ai ~itC9. Jene le donne pas comme mathématiquement exact,smais je crois pouvoh' en garantif FeMëtitude à

t/t5près.

Page 91: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

AVEC t.Ë tMh-M.6PM!~t HE L'~THLt.tGËNCK. 5l

SECOND P01M\

!)? reppoMMtreretendued. )asurfaceducerveauet !ed~dedévetoppementdet'inteitigence.

Dana un mémoire lu à l'institut, en t8M Des-moulins essayait de démontrer

~e le nombre et la perfection des faculté intel-lectuellesdans la série des espèces, et dans les indi.~dus de là même espèce, étaient en proportion d..l'étendue des surfaces cérébrales.

Je crois inutile de rappeler les arguments pré-sentésa l'appuide cette proposition; je me borneraiaux deux remarques suivantes.

On dit que tel animal très intelligent a une éten-due de surface cérébrale plus grande que tel autred'une intelligence moins développée il est évidentqu'on veut parler ici de l'étendue relative au vo-lunie.

D'une manière absolue, en etiet, le cerveau duchien, par exemple, a bien moins de surface quecelui du bœuf, et cependant le chien a beaucoupplus d'intelligence. Si donc l'on compare l'étenduedes surfaces, c'est en tenant compte du volume re-latif des cerveaux.

C'est ainsi, sans nul doute, que les choses ont étécomprises, mais ellesdemandaient à être expliquéesplus nettement.

.l'ajouterai une secondeobservation

UMmoutins, non plus que les physiologistes qui

Page 92: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

52 ÉTENDUE DE LA SCMAGE M CM\'EAK

~A. ~.J- :>JA~( _1.ont admis son opinion n'a jamais donné de me-

sures même approximativesdes surfacescérébrales.

Et cependant dans une question de cette nature,

quand il s'agit surtout d'apprécier le degré de dé-

veloppement de l'intelligence fallaitril au moins

avoir recours au mètre et à la balance.

H était donc indispensable pour la solution du

problème, d'une part, de déterminer le volume

exact de chaque cerveau, et, d'autre part, de me-

surer l'étendue de sa surface.

La densité des différents cerveaux étant a peu

près lamême, le volume est proportionnel au poids,

qui peut alors sans inconvénient être substitué au

volume.

J'ai pesé avec soin le cerveau de l'homme; puis,

parmi les animaux, celui du mouton, du porc, du

chien, du chat et du lapin.Je me suis appliqué ensuite à mesurer l'étendue

de leur surface.

Pour rendre plus faciles a comprendre les résul-

tats que j'ai obtenus, je prendrai d'abord les deux

extrêmes le cerveau de l'homme et celui du lapin.

J'ai trouvéqueleshémisphèrescérébraux

del'homme,aprèsl'enlèvementdesmem-

branes, des corps striés, des couches op-

tiques et du corps calleux pesaient. 900 grammes.

Leur surface mesurée par les procédés que

j'aiindiquéss'esttrouvéeégaleà t ,700c.carrés.

Leshémisphèrescérébrauxdulapinpèsent 5grammes.Leursurfaceestégaleà. 24c.carrés.

Si l'on compare le poids de ces deux cerveaux,on

Page 93: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

AVEC t~VELUPPËMP~THËL'~t~u.m~cK. 53iHela4dv.~raa.m 1 i il!Muu~ que ceiut de t hommepèse t8o fois plus quecelui du lapin.

Le rapport en poids est donc t 180.

Quant aux surfaces, on reconnaît que le cerveaude l'homme a 70 fois plus d'étendue que celui dulapin.

Le rapport pour les surfaces est donc ) 70.Ainsi le cerveau de l'homme est .80 fois plus

pesant que celui du lapin, et il n'est que 70fois plusétendu.

D'où cette conclusion que les hémisphères céré-braux du lapin ont proportionnellement à leurpoids, ou, si l'on veut, à leur volume, deux fois etdemie plus de surface que ceux de l'homme.

Je crois d'ailleurs devoir rappeler que le cerveaudu lapin, comme celui des autres mammifères infé-rieurs, n'a pas de circonvolutions et que sa sur&ceest exactement la même que celle de la face internedu crâne.

J'ai compare de la même manière le cerveau del'homme et celui du chat, du chien, du moutonet du porc, et j'ai toujours trouvé que l'étendue desurface était, par rapport au poids, un quart,un tiers ou la moitié plus grande chez ces animauxque dans l'homme.

Lespluspetits cerveaux,toute proportion gardée,ont constamment le plus d'étendue, et la surfacerelative des hémisphères paraît être en raison in-verse de leur poids.

Ces résultats sont tout-a-fait opposés !t la propo-sition formulée par Desmoulins; car, loin que !cdéveloppement de l'intelligence soit en raison di-

Page 94: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

S& ËTKNUUEt)Kt,A ~MfACf.t)UCERVEAU

fttetede Fét~nduerelativedessur~e~, Mpa!'a~au contraire, en raison inverse.

.t'ai d'abord du ma m~ner de ces t~itsqueje con-

statais sans les comprendre mais bientôt ayant

cherché à m'éclatper a~ moyen des données mathé-

matiques, j'ai trouvé l'explication suivante Sup-

posez deux corps sphériques de metnc denfitité

ayant l'un ao etrantre tocentintetres de diamètre.

~es volumesqui sont proportionnels aux poids sont

entre eux S ), c'est-à-direque le corps le plus

voluxninpu~est 8 fois plus pesant que l'autre,

Si, au contraire, on compare les aurface~, on

tfou~e le rapport 'i t.,q.rr' ;.¡, "<

Ainsi le plus grand corps est 8 lbi$plus pesant

que le plus petit, et il n'est que 4 fois plus étendu.

C'est exactement ce quej'ai trouvé en comparantla tsur~cedes petits cerveauxcelle du cerveau de

t'bonwte.

Ces différencesentre le rapport des volumes et

des surfaces est le résultat de cette loi mathéma-

tique que les volumes des corps semblables sont

entre eux comme les cubes de leurs diamètres,

tandis que leurs surfaces sont entre elles com"'e

les carrés de ces diamètres, ce qui donne des pro-

portions très différentes.

Le cerveau subit cette loi a laquelle il est cepen-

dant soustrait en partie par l'existence des circon-

volutions.

Voilà pourquoi les hémisphères cérébraux du

lapin, malgré l'absence des anIfaetuMités, sont

cependant, proportionnellement, presque trois fois

plus étendus que ceuxde l'hotnme.

Page 95: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

AVEC pEV)t!.0)'t'KMt:~Tt)t !TKL),H,)~CF.. 55

H M'ya d~nc rien que de trcs simple dans les ré-

sultats que m'a fournis la mesure directe de t'éten-

dtte des surfaces oÉrébrates de l'homme et de plu-sieurs animaux

Cependant Usn'en renversent pas fnoins complè-tement cette proposition quetenombre et laperfec-tion des facultés intellectuelles sont en proporttonde ~tendue dee surfaces cérébrales.

J'ai dit, en effet, que le cerveau n'ét~t qu'en

partie sQunlis la lo) n~lhëtn~tique qui régit tes

corps quant aux rapports des surfaces et, des voh;-

~M, mais rien n'empêchait qu'il ne <Mtcomplète-ment soustrait à cette loi. Je ne puis mieux le dé-

montrer qu'en rappelant l'étendue de la surface du

cervelet relativement à son poids.Cette rendue, multipliée par des milliers de la-

melles, est, en e8et, considérable par rapport au

volume, et il n'y a quecet organe qui puisse lutter,1sous ce rapport, avec le cerveau des mammifères

inférieurs.

Il aurait pu en être ainsi pour les nëmispheres

cérébraux, et peut-être alors le degré de déveipp-

pement de l'intelligence se tut-il trouve en rapportavec l'étendue relative des surfaces cérébrales, ce

qui n'a pas lieu.

Je crois d'ailleurs, avant de terminer, devoir si-

gnaler 1~ source de l'erreur commise par Desmou-

lins et les physiologistes qui ont admis son opi-nion.

On ~JUgéde rétendue relative des surlaces céré-

brales par le degré de plissement de ces surfaces.

Page 96: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

56 KTjEXRU).M t.A SUHFACEDU CRRVËAU

ou, si l'on veut par le nombreet la saillie des cir-convolutions or cela n'est pas exact.

Le cerveau de l'homme, eneffet, dont les circon-volutions sont très nombreuses et très saillantes,n'a, au contraire, qu'une étendue relative de sur-face très petite, par cela même qu'il a un volumetrès considérable.

Pour étudier le problème, il eût Mlu distingueravecsoin

f L'étendue relative de surface dans les diffé-

rents cerveauxa° Le nombre et la saillie relative des circonvolu-

tions.

Je crois avoir prouvé que le développement de

l'intelligence n'est point en raison de l'étendue des

surfaces cérébrales mais il reste a examiner si un

rapport de cette nature peut être établi en substi-

tuant a l'étendue des surfaces le nombre et le degréde saillie des circonvolutions.

Ne pourrait-on pas, par exemple, en changeantles termes de la proposition, dire que le nombreet la perfection des facultés intellectuelles sont en

proportion, non pas de l'étendue des surfaces mais

du nombre et de la saillie des circonvolutions?

Telle est désormais la question à examiner.

La solution de cette question présente, à mon

avis, beaucoup plus de di<ncultésqu'on ne paraîtl'avoir supposé.

!1ne suffitpas, en eti'et, de comparer extérieure-

ment deux cerveaux d'animaux, et de constater que

Page 97: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

AY~C Lt. DÉVKLO't'EMt~t Dt. î.tiSTËLUG~KCE. 57

fMfVCatt f~t~ ]t~!)tf: tT~t~Ht~O~tt ~ftffQ f~~C- ~~f~tr~ï*.te cerveau du plus intelligent offre des circonvolu-

tions plus nombreuses.

Le problème est beaucoup plus complexe et ne

peut être résolu qu'en tenant compte de plusieurséléments qui ont été négligés.

C'est ce quej'espère pouvoir démontrer dans un

prochain travail ( t ).

MNCLUStOM.

t* Le cerveau de l'homme peut être déplissé

presque complétement sans tiraillements, en enle-

vant peu a peu la substance blanche intérieure.

a*L'étendue de la Membranecérébrale ainsi dé

plissée est de ,~uo centimètres carrés.

~°La surface du cerveau de l'homme, propor-tionnellement au volume, est beaucoup moins

étendue que celle du cerveau des mammifères infé-

rieurs.

4°On ne peut sans erreur grave juger de l'étendue

relative des surfaces de plusieurs cerveaux de vo-

lumes différents, en ne tenant compte que du nom-

bre et de la saillie de leurs circonvolutions.

5*Le degré de développement de l'intelligenceloin d'être en raison directe de l'étendue des sur-

faces cérébrales, serait plutôt en raison inverse (~).

(<)Voirlanoten'3 C.

(2)Jecroisdevoirrappelerquecelaneprouvepointqueledéye-

loppementdel'intelligencenosoitpasenraisondirectedunombre

et de l'étenduedescirconvotutions.Sit'ony réfléchitbien,on

verraquecesdeuxpropositionsn'ontriendocontradictoire

Page 98: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

XXX.

DU MODE

!H;MMt*3'M)f

DU CERVEAU".

1M3.

Parmi toutes les différences qui distinguent tes

deux grandes divisions des corps de la nature, la

plus tranchée, la plus facile à saisir se tire du mode

d'accroissement et de nutrition. Les corps bruts ne

croissent que pary~apoM~'on,c'est-à-dire jMrf<M~

<MM~MMM~e;!cOMcAMa ~T mf/ace, tandis qu'il y a

!n<M.MH~p<!<wou pénétration intime del'être organi-

quepar la substance qu'il assimileen vertu des forces

dont il est doué.Dansles animaux etdanslesplantes,

la nutrition est l'effet d'un ~caHMWCM!(~ew leur

()) Voirfanotçn"3 A.

Page 99: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

nu Moue n<i foxMATfoN eu cM~MU. 59

AceMM~ementest un développement de ~stM en

~Aof< dans les minér&ux, au contraire, l'accrois-

sement ne peut mériter le nom de développement;il eefait a l'extérieur par l'application de nouvelles

couches ()). ')

Si l'on en excepte quelques parties connne les

dents, tes ongles, les poils, etc., ce qu'on dit des

animaux, on peut le dire dechacun de leurs organe,en particulier. Ainsi le foie, les reins etc p~né~très par desvaisseauxqui portent sur tous les pointsles nouvelles molécules servant a l'accroissement î

se développent de dedans ~t ~Aor~ par Mt<%Mt~

ee~MMt.

Cependant on a signalé à cette loi générale un@

exception importante. Les parties centrales du sys-tème nerveuxse formeraient, dit-on, non de aMa~s

en dehors,par une pénétration intime de molécules,

mais de ~Ao~ endedanspar l'application successive

de nouvellescouches à la surface, absolument de la

même manière que s'accroît un calcul urinaire, par

exempleCetteopinion, émise d'abord sous forme dedoute

parl~eil, développée et soutenue par Tiedemann et

Desmoulins, a été répétée sans commentaires et

adoptée par plusieurs anatomistes distingués. Jus-

qu'à présent je ne sache point qu'elle ait été con-

testée.

Uneexceptionsi singulière au modegénéral d'ac-

croissement admis pour tous les organes mérite

(<)RicherandetBérardPhysiologie,

Page 100: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

600~K~;KH!M.A))f~n);CKf)VKAU.

a être examinée, non seulement parce qu'elle a

par elle-mêmeune certaine Importance, mais aussi,comme je le montrerai, a cause des conséquencesqui en découlent naturellement et qu'on en a dé-duites.

Je vais d'abord rapporter textuellement les prin-cipaux passages dans lesquels les anatomistes queje viens de citer ont développé leur opinion sur lemode d'accroissement des centres nerveux.

Opinionde Reil, de ÏWeHMMM deD&WtOKK~.«La substance corticale, dit Reil, paraît être un

précipite fourni parla 1 face interne de la pie-mère,et qui acquiert peu à peu une densité plus considé-rable. PcM<e le cerveau~pro~M~!7par de sembla-

bles précipités que fournit successivement cettemembrane. »

Cette conjecture de Reil est devenue pour Tiede-mann le véritable mode de développement du cer-

veau, commele prouve le passage suivant

«Nous avons vu jusqu'ici, dit Tiedemann, com-ment les hémisphères, d'abord minces et membra-

niformes, augmentent peu a peu d'épaisseur chaquemois \oici de quelle manière cet e0et a lieu, d'a-

près mon opinion. Les vaisseaux de la pie-mère,dans lesquels personne ne refusera, sans doute, devoir les organes formateurs et nourriciers de cette

substance, séparent du sang qu'ils apportent à l'en-

céphale, au moyen de ramifications détachées de laface interne de la membrane, la nouvelle pulpe cé-rébrale ou la masse qui lui donne naissance. Cette

pulpe se dépose par couches de dedans en dehors;

Page 101: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DUMO&ËDEPORMATtONDUCERVEAU. 6Att

euecristallise, st je puis m'exprimer ainsi, sous laforme de fibres qui s'appliquent a la surface desfibres formées les premières. L'accroissement de la

pie-mère et les dépôts successifs de couches nou-velles sur les anciennes font acquérir plus d'épais-seur aux parois des hémisphères. L'examen de lasubstance cérébrale fournit des preuves à l'appui de

l'opinion que je mets en avant. Lorsqu'on détachela pie-mère de l'encéphale, des couches plus oumoins épaisses de pulpe cérébrale demeurent tou-

jours adhérentes à sa face interne, ce qui tient évi-demment à ce que la substance molle extérieure,qui s'est déposée la dernière, adhère encore auxvaisseaux nés de la face interne de la membrane.La couche adhérente aux portions de la pie-mèrequ'on a détachées, et la couche supérieure ducerveau dépouillée de cette enveloppe, sont toutesdeux également molles et dépourvues de toute ap-parence fibreuse. Examinées au microscope, elles

paraissent être formées de très petits globules. Sion déchire le cerveau, on voit paraître les fibres sur

lesquelles se trouve appliquée une couche de sub-stance molle et sans texture fibreuse. Cette sub-

stance, qui a été sécrétée la (/('rwere, n'a pas en-core eu le temps de prendre la forme de fibres. Ondira peut-être qu'elle correspond à la substance

corticale; mais cette objection n'a pas de valeur,car la substance corticale n'est déposée qu'après lanaissance à la surface du cerveau..<

J'ai du rapporter en entier ce passage de l'ou-vranc de Tiedcnt.oxt. tton sottement parce queson

Page 102: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

S2 Dtt MOBE M fOKMA'FtBK M CE~EAU.

opinion sur if mode d'accroissement dt<eërveafdyest clairement exprimer, mais encore parce qu'ilexplique d'une manière positive l'époque à laquelleapparaît la substance corticale. EUe n'est, dit-H,

déposéequ'après la naissance.

Desmoulinsadopte l'opinion de Tiedemann, mais

avec une modification.

Si la pie-mère extérieure secrète des couches de

matière cérébrale .jiin'y a paa de raison pour quela pie-mëre intérieure n'en sécrète pas également.

n'ya donc pas aoulement, d'après DMtnouUns,des précipités successijs à ia sUriacedu cerveau, ils'en iait aussi dans les ventricules de sorte queles

hémisphères s'accroissent enméthe temps en dehorset en dedans. Seulement i'accroissement intérieur

s'arrêterait avant l'accroissement extérieur.

Après avoir développé ces idées, Desmouiins

ajoute «Cette formation du système cérébro-spinal

par des couches, les unes excentriques, les autres

concentriques, celles-cidéposées par les replis in-

térieurs de la pie-mëre, n'avait encore été bien ob-

servée par personne.

~Me<j'MeMce<(/e~opt~oM ï«~emonM.– Telles

sont les opinions de Kcil~Tiedemann et Destnoulins

sur le mode de ibrmation du cerveau. Voyonsmain-

tenant les conséquences qui en découlent.

Dans le passage de l'ouvrage de Tiedemann cité

plus haut, cet auteurs commeon l'a vu, dit positive-tnent que la couche corticale n'est formée qu'aprèsla naissance. Or, ce lait résulte nécessairement dumode de développement qu'il admet.

Page 103: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DU MOBR CE FORMATtON BU tiMVKAM. <}9

1,0 1- -1. -1- '1: a~a ceucM ta piu~ e~térteure dans un calcul t<n-naire a toujours été forméela dernière, et il doit enêtre de même ici. La substance corticale étant à lasurface du cerveau, doit aussi n'être sécrétée qu'endernier lieu par la pie-mère.

Cette absence de la couche corticale dans lecerveau du fœtus, sa formation si tardive seraitun fait important; mais ce fait entrainerait lui-même d'autres conséquences qui ne le seraint pasmoint.

Une des idées anatomiques à laquelle Gall atta-chait le plus de valeur, celle sur laquelle il a surtout

msisté, c'est, comme on sait, que la substance griseest la matrice de la substance blanche; il a montrécomment les libres se renforçaient dans les massesde substance grise, commentelles en naissaient, etc.Tout cela a été attaqué par beaucoup d'anatomisteset le grand argument a été celui-ci La ;<M~<mcegrise ?t'e~ ycr~ee qu'après la substanceblanche,<~tce~ene pc~( lui donner~MttMa~ce.

Ainsi, par exemple, Gall fait naître son systèmede fibres rentrantes de la couchecorticale, d'ou ellesse portent dans le corps caHeux or, voicicommentil est réfuté par Tiedemann

"Mais toutes ces assertions ne sont que des

"hypothèses, car le corps calleux existe dans le"fœtus de quatre a cinq mois, c'est-à-dire dansa untemps où il n'y a ni circonvolutions ni couchede substance corticale à la superticie du cerveau."Les prétendues nbres rentrantes ne sauraiento donc naître de ~c~tc.! (liti M~t.s'<!fM<pas en~r~

Page 104: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

6<< &U MOOR M FOHMATtON DU GMtVEAU

Cet argument a été reproduit par plusieurs ana-

tomistes, et il est sans repli (rueLeproblème du développement des centres ner-

veux, outre l'intérêt qu'il offre par lui-même, est

donc étroitement lié à plusieurs autres questions sur

la solution desquelles il doit plus ou moins influer.

RéponseaMiCargumentssur lesquelsy~emanH s'est

appuyé. Les raisons données par Tiedemann pourétablir son opinion me semblent pouvoir être assez

facilement réfutées. «Personne, dit-il, nerefuseraa de voir dans les vaisseaux de la pie-mère les orga-onés formateurs.') Sans nul doute mais il ne faut pasoublier que ces vaisseaux plongent de tous côtés

dans la massecérébrale, qu'ils s'y divisent à l'infini,et que le cerveau du fœtus en particulier est extrê-

mement vasculaire; pourquoi donc ces vaisseaux ne

déposeraient-ils la matière cérébrale qu'a la surface?A quoi serviraient-ils dans l'intérieur del'organe, sice n'est à sa nutrition et a son accroissement?La pie-mère, en euet, n'est qu'une trame dans laquelles'atténuent, en se ramifiant, les vaisseaux qui doi-

vent pénétrer la substance si délicate du cerveau.Et ne sait-on pas que c'est dans le système capillaire

que se passent les phénomènes de la nutrition ? On

ne prouve donc rien en faveur du développement du

cerveau par couches successives, en disant que les

vaisseaux de la pie-mère sont les organes forma-teurs. Cela, en effet, n'est pas contesté; mais il faut

ajouter que c'est a l'intérieur, et sur tous les pointsen même temps, qu'ils portent et déposent les nou-

velles molécules servant à l'accroissement.

Page 105: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DU Mont; Of;t.'0:)M.\T[OK f)[-(:t-;ti\'t;AU. 65r>

5

~j.tpreuve, nn encore ttedemann que

te cer-

veaus'accroît par couches successives, c'est qu'en~enlevant les membranes, elles entraînent toujoursMaveceUes des couches plus ou moins épaisses de

substance cérébrale, ce qui tient évidemment a ce

que la substance molle extérieure, qui s'est dépo-"seeia dernière, adhère encore aux vaisseaux nésMde la face interne de la pic-mère. M

Il est vrai que les membranes, non pas toujours,mais quelquefois, entraînent avec elles une couchede substance cérébrale; mais cette couche a une

épaisseur uniforme elle reste distincte toute la vie al'extérieur du cerveau et du cervelet; c'est elle qu'onenlève avec les membranes cher les aliénés paralyti-ques et j'ai indique ailleurs un procédé pour l'isolerdans l'état normal. Mais que prouve l'existence decette couche unique, véritable ecorcc cét'cbrateC'est la un de ces faits d'organisation dont onne peut rien conclure. Ce qu'il faudrait démon-

trer, c'est l'existence de plusieurs de ces cou-ches pouvant être séparées, et laissant au-dessousd'elles, comme on le voit après l'enlèvement dela pie-mère, une surface lisse et polie. Or, jusqu'icipersonne n'a pu obtenir ce résultat. Encore celane prouverait-il pas d'une manière absolue le modede développement que je combats. La substancecorticale, en ellet, est tormée de plusieurs couchesde diuerentc nature. On ne peut les séparer tesunes des autres mais on les voit partancmcnLCette stratification, dans laquelle Tiedcmann au-rait sans doute, s'il l'avait connue, trouve un ar-

Page 106: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

66 m \)<)f)K<)''o)tMATf().\nt'(.'t-:)tVKA<

'1 '1gument <leptus, ne prouve non cependant: cène

disposition est propre a la substance grise et rien

de semblable ne s'observe dans la substanceblanche.

Je démontrerai que, loin d'être exhalées les unes

après les autres, ces couches sont toutes tbrmées

primitivement.

06/ec~otM</Memt~etx*~'o~MM~de T't'e~cMMH~.

Des objections difficiles a détruire se présententd'ailleurs contre ce mode de développementdu cer-veau de dehors en dedans, et par couches successi-

vement déposées a la sur&ce.

t" Tout le monde s'accorde à reconnaître l'exi-

stence dela substance corticalequelquesmoisaprës la

naissance. Cependant le cerveau est loin d avoir ac-

quis encore tout son développement. La pie-mèrecontinuera donc à exhaler de nouvellescouches à la

surtace, et cette substance corticale devra augmen-ter d'épaisseur; mais on n'observe rien de semblable.

Ce n'est donc pas même après la naissance quecette couche devrait être formée, mais beaucoup

plus tard, et au dernier terme du développement

cérébral; ou bien il faudra admettre que t'accrois-

sement du cerveau se fait de dehors en dedans pen-dant la vie ta'tale, et de dedans on dehors âpres

!a naissance, ce qui serait contradictoire.

20 Le cerveau du la'tus est extrêmement vascu-

laire, et les vaisseaux sont même beaucoup plusnombreux au centre qu'a la circonférence. Si t ac-

croissement ne se faisait qnc par les surfaces, tous

ces vaisseaux inutiles seraient pour la nutrition, ce

qui n'est pas soutenable.

Page 107: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

[)!"MOMi~.F(lM)A')f):'<)H (:E)i\i;At!. f;77

En résumé, pour établir solidement,l'opinion d<-Ticdemann et de Desmoutins, il eût fallu ("prou-ver l'existencede ces couches que la pie-mèredéposesuccessivement h la surface; '2°démontrer que lasubstance corticale n'existe pas dans le cerveau dui<Btus.Or, rien de semblablen'a été fait.

Preuve directede Métreur~M laquellesont tmnbés

Re~, jf~'e~emcMttet DesMOt~~~u~M~au modede /br-wo~MM cer~efw. Tiedemann, comme on l'a vu,

prétend que la couchccorticâlen'est déposéequ'aprèsla naissance, et c'est la une conséquence rigoureusede son opinion sur le mode de iormation du cer-veau. Ces deux laits sont si intimement liés, quel'erreur sur l'un d'euxdétruit nécessairementl'autre.

MsuSIrait, par exemple, de démontrer que la

couche corticale existe dans le cerveau du foetus,

pour prouver que cet organe ne s'accroît pas de de-hors en dedans et par couches successives. Or, j'aidit plus haut comment, dans la couche corticaledu fœtus examinée par transparence, on peut con-

stater l'existence d'une double ligne opaque suivantles contours des circonvolutions j'ai montré com-

ment ce fait suiilt pour permettre d'auu'mer, desle cinquième ou sixième mois, que cette partie est

luen réellement la future substance ~rise (().

tly a d'ailleurs dans les derniers mois de la vie

ItMtale,et surtout la naissance, d'autres caractères

auxquels on peut reconna!trc la couche corticate; et

()~\ah'!e mémoire sur la couche cortK'.)tHdes Ctt'convotutions

du cerveau.

Page 108: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

6S DU M<1[)H OE FORMAT'ON MJ CERVEAU.

c'est a tort, a mon avis, que Ticdemann a émis l'opi-nion contraire.

«J'ai disséqué nombre de fois, dit-il, des cer-

veaux frais, soit de fœtus âgés de six, sept, huit,

neuf mois, soit~'eH/hn~ HOMt'eaM-n~,pour me

Mfaire une idée juste du rapport qui pouvait exister

»entre les dinerentes substances cérébrales, dans

»les différentesparties del'organe encéphalique. Le

Mrésultat constant demesrecherches a été qu'il n'est

Mpaspossible d'établir de distinction entre la sub-

stance corticale et la substance médullaire dans le

a cerveau du fœtus toutes les parties qui le consti-

Mtuent sont formées d'une substance homogène et

s d'un blanc rougcatre. M

Les caractères qui distinguent, a la naissance,r

par exempte, la couche corticale de la substance

médullaire, sont les suivants

t° Aa couchecor(!Mt/eplus /erwc /ur/MCune m?'~tc

plus ~MNiOt/MMiMr~MMsur la A'U~MCeH!(Mu~MMVplus

MM~e. Si l'on coupe dans toute sa longueur et sur

la ligne médianeun hémisphère du cerveau d'un

enfant nouveau-né, on observe a l'extérieur une

couche d'une ligne environ d'épaisseur qui forme

sur la substance centrale une véritaMe saillie. Le

relief de cette couche extérieure tient a l'aitaissc-

ment de la substance sous'jaccnte, qui semble

ne pas remplir encore complètement le demi-centre

ovale de Yieussens. Cette disposition, que je n'ai

vu mentionnée par aucun anatomiste, mérite d'être

remarquée elle ne peut s'expliquer que par la

densité plus considérable de la couche extérieure.

Page 109: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t~Mt)t))-m':t''<)t!~).\T)UK t)):<;)j.\j:U. 69

a" /~M<<Mce <"M-a~ est <M ~d~, <;<~ft~M6.Mc-<

;7!e~t~<ït)-<'roM~re. .t'ai dit que les auteurs, s'en

tenantala différence de couleur, avaient et abti (m'enne pouvait distinguer l'une de l'autre les deux sub-

stances dans te cerveau du /Q~ ou de t'enfant nou-veau-né cette assertion est vraie pnm- les premiers

tempsdehtvietœtate mais nonnouriesderniei's mois.A la naissance surtout, il est déjà possible d'etaMirune di~crcncH de (otoration entre la substance ~nscet la substance Manche. Ce n'est pas qu'cttes com-

mencent a avoir t'une et l'autre }a teinte qui icur est

propre dans te cerveau dePadun.e; mais au moinsest-it certain ({u'eUes n'ont pas la même couteur..t'en trouverai ta preuve chex les anatomistes

mêmes (me j'ai cites. Voici comment s'exprimenta ce sujet tes frères Wenset « \conati meduitam vi-

dehamus non ~~fM sed rt~f'H~t vasorum suo-

rum copia, eorticemvet'o~aM~Âs'.s-));. 1)

S<rmmerrins; a exprime aussi etairement cette

duïercnce de couleur des deux substances (unnn-

que infantium cincrities ~a/r/r sit, mcduHaffuemagis r?~M/. Di~t~/CM/'dcIa cooche cor) icah'op-

posée a ta ~M~'Mr df ta substance medLdtaire estcneu'et, facite a constater dans te dernier mois dela vie fœtatc et inta naissance.

3" ~,f<s';f~.s'/<tMM'coWi'c~ f/<MM ccrrf~tt ~;</~<t/

~<uc')M/)MOtH.s-)'a.s'r);/«tr<'~M-/o .<);~<'<'f)irpM~~«/c.C'est encore dans tes mêmes auteurs ooe jc

cucrctterai des preuves a t'appui de cette ju-opo-sition.

t.a sent!- diHercuce :mpreciat)te <pti p;u-ais.se

Page 110: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

70 f)t; MOUK UF. POttMATH)~ J)U CAVEAU.

')exister dans le cerveau du toetus entre tés deux»substances, si faciles a distinguer l'une de l'autreMchez l'adulte, consiste, dit Tiedemann,en ce que')la couche extérieure, cellequi fait l'officed'écorce,Mest plus molle, et peut-être aussi moins riche e~aofKsxeaM.Dque la portion intérieure. »

Dans ce passage, Tiedemann semble admettrel'existence de la couche corticale dans le cerveau du

iœtus ce qui est en contradiction avec le passagesi précis déjà cité, et dans lequel il dit positive-

ment que la couchecorticale n'est déposée qu'aprèsla naissance; il est encore en contradiction avec cet

autre passage ou il atnrme que n le résultat cou-

stant de ses recherches a été qu'il n'est pas pos-sible d'établir de distinction entre la substance cor-

ticale et la substance médullaire dans le cerveau du

fœtus, a

tl est vrai qu'il met en doute cette différence de

vascularité, et que, de plus, il la regarde comme la

seule différence appréciable.J'ai déjà fait voir qu'il y a d'autres caractères

dtstmctits; mais celui-ci est beaucoup plus tran-

ché que ne l'exprime Tiedemann. Quoique t'in-.

spection simple suffise pour s'en assurer, on con-

statera beaucoup mieux encore cette différence

de vascularité des deux substances en coupant une

tranche très mince du cerveau et en l'examinant

entre deux verres, par transparence, commeje l'ai

déjà mdtqué. On verra la partie centrale de la

circonvolution on la future substance médullaire

n'est presque formée que de vaisseaux; on pourra.

Page 111: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

Ht! MOU)-:M. KtHMAT'O~ ))U<:KHY!AU. 7t

au contraire, s'assurer qu'il y en a très peu dans la

couche extérieure. Cette grande quantitéde vais-

seaux de la substance médullaire n'a point échappé

aux frères \\ensel; mais ils n'ont point remarque

ceux de la couche extérieure.

oici ce qu'ils disent a ce sujet en parlant de plu-

sieurs cerveaux de fœtus llorum cerebrorum in-

~ternapars, sivenucleus, medullafutura.multis

gaudet vasis sanguiferis multoque sanguine.»

coucAeeor~'caïe, (~ns /e cerceau fht /fB~, est

MOtM<an.pa.eM<e ~t .s-tf/M<ancewc~M~fure. En

examinant la substance cérébrate entre deux verres,

comme je l'ai dit plus haut, on constatera que la

couche extérieure, quoique transparente l'est

beaucoup moins que la partie centrale.

\vant d'aller plus loin, je dois faire remarquer

que la substance corticale, dans le cerveau de l'a-

dulte, a par rapport a la substance médullaire, des

caractères diamétralement opposes a ceux que je

viens d indiquer.

La substance corticale, dans le cerveau de l'a-

dulte, est, en effet, plus molle, plus colorée, beau-

coup plus vascnlaire et plus transparente que la

substance médullaire, et c'est, comme on vient de

le voit-, tout le contraire dans le cerveau du fœtus

ou de l'enfant nouveau-né.

En résuméhen, Tiedemann et Uesmoulins ont admis que

le cerveau se développait par combes successnes

sécrétées par la pie-mère, d'où il résulterait que la

sm-tace de <et organe, comme celle d'un calcul nr~-

Page 112: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

72 ,,c ~mt.;t)t: t-n,iM~ UUCMVMC.

nan-e, par exemple, changerait constamment ms-qu'a son entier développement.

a" Cette opinion soulève plusieurs objectionsgraves, et n'a point été démontrée~ mais'surtoutelle entrame comme conséquence l'absence de lacouche corticale dans le cerveau du fœtus, et mêmede l'enfant nouveau-né. Cette substance, étant laplus extérieure, doit en effet être sécrétée la der-nière.

Contrairement à l'opinion de Tiedemann onpeut démontrer la couche corticale dans le cc,.ve~du fœtus par l'existence d'une double ligne opaquesuivant les contours des circonvolutions, commecela a lieu dans le cerveau des adultes.

4 Chez l'enfant nouveau-né, outre le caractèreque je viens d'indiquer, la couchecorticale peut en-core être reconnue

1.,Au relief qu'elle forme;2" Asa pâleur opposée a la rougeur de la sub-

stance sous-jaccnte;-73" A sa moindre vascularité.

4 A sa moindre transparence.5"La couche corticale existant dans le cerveau

du fœtus, et pouvant être reconnue au cinquièmemots, on ne peut admettre que la surface des hé-misphères cérébraux change continuellement par lasécrétion de couches successives; car, bien évidemment cette substance corticale, recouverte parde nouvelles couches, deviendrait centrale L'opi-'~n de Tiedemann sur le mode de développementdu cerveau n'est donc pas admissible.

Page 113: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t"'MO"Ktn:t-0!t.\<')(~nC(;~t:\K,n.

6' Tous les organes se développent de dedans endehors par ~MMt~cep~, et leur surf-'ce, une foisformée, s'accroit, mais ne cessejamais d'être la sur-face.

Hen est de même pour le cerveau car sa couchecorticale a des caractères spéciaux (pu permettentde reconnaître qu'elle reste extérieure pendant toutela durée du développement des hémisphères céré-braux.

~e een~M ~aco-<~t~c ~~M e~ f/c/WA-etparM~M.KMce~MMt,eoMMc<OH~~ait<re.-iozones (')).

(!) Voirlanoten*2 U.

Page 114: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

XV

DU StÈGE

MQMLQOES

HÉMORRHAGtESMÉNINGÉES.

1837(i).

M. Hostan publia le premier, en )8)8, unt;

observation d'épanchement considérable de sangentre la dure-mère et, le Juillet pariétal de l'ara-

chnotde. Des faits semblables ont été rencontrés

depuis par MM.Blandin, Mcniëre,Cruvcilhier et

Thibert. Dans un tra~aHIn a la Société anatomitfue,<'n<833( ~?T/!<c.~ ?nc~c:'?M,mai1834, t. V,p. 86~,j'ai cherché a démontrer qu'on s'était trompé sur

le siège de ces hémorrhagies, qui me semblaientavoir eu lieu dans la grande cavité de l'arachnoïde.Je reviens aujourd'hui sur cette question d'anatomic

pathologique, me proposant non plus seulement

Voir h note n" i A.

Page 115: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

nuStKGK ''MQU);L(~KSMH.\)<H!)it)AUtHSMH~[KGKt:S.75fi)! 1'd'indiquer les faits comme la première fois, mais deles rapporter en entier, .te réunirai ici tout ce quej'ai trouvé sur ce sujet, d'ailleurs très limité. C'est,à mon avis, te seul moyen de permettre, sinon de

juger la question d'une manière dénnitive, du moinsde s'en faire une idée exacte.

Doit-on admettre, d'après les observations pu-bliées jusqu'à ce jour, que des épanchements con-sidérables de sang se soient faits entre la dure-mèreet l'arachnoïde pariétale ?

Tel est le seul point en discussion..!e suis loin, d'ailleurs, d'avoir la prétention de

prouver d'une manière absolue que les auteurs sesont trompés.Tetle est sansdoutemon opinion maisje m'estimerai assez heureux si, après avoir lu cetravail, on pense que l'erreur est possible; que,dans certains cas, et dans l'ignorance oit l'on étaitdes faits, elle a même du être facile qu'enHn, denouvelles recherches sont nécessaires pour la solu-tion de la question,.te vais

t" Rapporter des observations d'hémorrhagiesenkystées dans la cavité de l'arachnoïde

2QCiter les exemples déjà publiés d'hémorrha-~ies qu'on dit avoir eu !icu entre la dure-mère etl'arachnoïde pariétale

3° Comparer et discuter ces deux ordres de faits,en cherchant a prouver que le sié~e des épanche-ments a été le même dans tous tes cas.

Page 116: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

`'(1C)HUStËGK

ARTICLE PREMIER.·

uemorrhasicsdanstagrandec~it6dei'arachnotde.

La quantité de sang qui s'épanche dans la cavit6le l'arachnotde est extrêmement ~ariahic. HUepeut~'rc que de a 2 grammes, ou Jncn au con-rau-e s'~eyer jusqu'à 2 ou 3oo grammes. Le tra-~add'orgamsaHon qu. s'opère autour de l'épanché-~ent est le même, quette que soit la quanttté de li-pude. (~'pendant il y a certaines parttculantÉs qmiistinguent les petites et grandes hemorrhagtes,

qui m'a engage a les étudier séparément.

~1ya d'ailleurs dans tous les cas a examiner deux

points la formation des kystes pseudo-membra-'teux et leur adhérence a la face interne du feuilletpariétal del'arachnoïde, ou, si l'on veut, de la dure-mère.

§~ trr.

Petiteshumorrhagicsdansia cavitéde t'arachnoide.

Fot-Hta{!'o)tA-ys~.s-psc!«~-)ne??ï&raHeM.r.~(~K.-

rencc ces /.ys~.s«.~<,/'(i.rei')!((.me~c h ffio-e-nie~.t'es petHes h~-morrhagics de la ca~té de hn-adu~de

ponent se présenter sous deux tonnes. TaïUôt te

san~ est dissétnine en caiUots isotés, tantôt il setrouve étalé sur rn~mspherc ( ('-rebraten une cou-che ordinairement d'une épaisseur uniforme. Lors-

que n'existe (jnedes caiUot.s dissémines, itsson)

Page 117: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t)K QUKt.Qt'RSm<MnMn.\CH:SM)~t!<CHF:S. 77ï

bientôt enveloppes par un double icuutet pseudo-

membraneux, qui se réunit en un seul a la circon-

férence de chaque caillot. La iausse membrane reste

ainsi simple jusqu'à ce qu'elle rencontre pour ainsi

dire un second caillot; alors elle se dédouble et l'en-

veloppe comme le premier. Il résulte (le cette dis-

position ° quele sang est en realite isolé de la

grande cavité de l'arachnoïde par autant de petits

kystes qu'il y a de caillots; 2° que ceux-ci sont

réunis entre eux par la fausse membrane qui s'est

dédoublée pour les envelopper.Les choses se passent de la même manière quand

le sang, au lieu d'être disséminé en caillots, est étalé

en une couche a la surface de l'hémisphère. Ln vé-

ritable kyste se forme autour de l'épanchemcnt, et

la membrane unique qui résulte de la réunion des

deux feuillets a la circonférence de ce kyste se perd

insensiblement sur la face interne de la dure-mère.

La double disposition que je viens de décrire se

trouve réunie dans les deux observations suivantes.

OBSMVATKMFMMtÈRE.

~nrfjtc~<)ucct'Vt'an<-[t-tnt'tu~j'esf.n m)

duutftfh'tnH.t{s~n)t'-tn'm)'t-;«n't)S.In!a

¡;,urfa(;du('j~I'l1;¡1Ietf'nndo¡\l.'éspllrundouLlefi.~lIiHdl'I!whH1H'ml,r:llll'tIX.

M. ancien employé, âgé de soixante-cinq

ans, est entré a la maison de Charenton le 3 no-

vembre t8~*2; son père et sa sœur sont morts

aliénés. On attribue sa maladie a des chagrins et

surtout la crainte de voir sa fortune compromise

par de nouveaux troubles politiques. Cette aticction

existe depuis un an. mais te délire n est bien tran-

Page 118: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

?M M-~Gt:

ché que depuis trois mois. 11n'y ajamais eu ni mauxde tête, ni congestions, ni aucune lésion des mou-vements.

Pendant les trois premiers mois, nous avons

observé chez M.B. tous les symptômes d'un accèsde manie loquacité, cris, agitation, violence, dé-

lire général, idées presque sans suite, etc.; du

reste, aucun signe de paralysie générale( ) ). (Appli-cations de sangsues derrière les oreilles, bains. )

Au mois décrier, M. B. commença a s'aS~i-

1)â~r' Il cessa s~'i~ti~ ~tt~' P~ fil t ~»iA»f5 ~l~r~~blir, il cessa d'être agite et i\tt tran~ré dans une

mnrmerie. i~ous pûmes alors observer de l'em-

barras dans la parole; la tristesse et l'abattementavaient succédé a l'agitation le maladerefusait de

manger ou ne prenait qu'une quantité insutusante

d'aliments. La maigreur était devenue très grande;la diarrhée qui survint augmenta beaucoup la iai-

blesse, et M. H. succombale 3o mars t83;J.

Autopsie.

C'fdne. La calotte osseuse est, dans une grandeétendue, adhérente a la dure-mire, dont une

partie se déchire et s'enlève avec elle. Ms'écoule

de la cavité de l'arachnoïde quatre onces environ

de sérosité jaunâtre. Toute la face interne de la

dure-mcrc est tapissée par une fausse membrane;sur la partie correspondant a l'hémisphère droit,cette fausse membrane est mince, transparente,

(<)Voirlanoten°4.

Page 119: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

UHQUi:).QUt:<n~!0)!)tA<.H:S\))~)KC!<. 79~)

et offre ça et là plusieurs caillots de sang très pe-iits. A gauche, elle est encore transparente, mats

un peu plus épaisse; elle présente plusieurs plaquesde sang, dont l'une a plus d'un pouce de diamètre

et une demi-ligne d'épaisseur. Simple entre les cail-

lots, cette fausse membrane se divise pour les enve-

lopper, et je parviens facilement a souleverles deux

feuillets. Dans plusieurs des plaques de sang quiexistent a la base du crâne et qui paraissent plus

anciennes, la résorption de la matière colorante a

commencé, et cesplaques ont une couleur jaunâtre.La fausse membrane a pu être détachée du feuillet

séreux de la dure-mère, auquel elle n'adhérait quefaiblement. Ce feuillet, vis-a-vis les caillots, avait

une teinte foncée, mais dans les autres pointsil ne présentait rien de remarquable. L'arachnoïde

cérébrale, sur la convexité des hémisohéres, offrait

quelques taches blanches et opaques; elle était saine

à sa base; il y avait un peu de sérosité infiltrée sous

la pie-mère. L'arachnoïde n'adhérait nulle part à la

surface du cerveau; la substance grise des circon-

volutions ne formait qu'une couche très mince, quiavait quelquefois une teinte jaunâtre. La substance

blanche était très ferme; on pouvait, en la coupant

par tranches, l'étendre comme de la pâte de gui-mauve.

Deux onces environ de sérosité dans les ventri-

cules. Du côté droit, la cavité digitale, par suite

d'adhérences, ne communiquait plus avec le reste

du ventricule.

~)<)ra~Poumons œdémateux, sérosité trouble

Page 120: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

80 nns!t;(;n

"l' 1. l_et haussesmembranes récentes dans la cavité de la

plèvre droite.

~MoMien. Tous les viscères a l'état normal.

OttSERVATM?! MUXtRtfR.

Pat9)yi«'get)<-ri)<ean<ttrnierd<'g~t;n~tt;ct)nc~ics~ng'.ur)')~m!si)~crf~r<.it

<'ntetMp(«'<t!ttnn))dot)h)ef<'uittetpM~.ta-mt'mhrcnem.

ère ilr~'it

M. S. âgé de cin<n!ante-six ans, entré le t f

avril <83oa la maison royale de Charenton, est

mort, le 8 septembre 8 h, d'une paralyste géné-

rale arrn ce à la dernière période. Les symptômes

n'avaient pas été notés.

Autopsie.

C'r~ne. 11y a trois ou quatre onces de sérosité

dans la cavité de l'arachnoïde. L'hémisphère droit,

sur sa lace externe, ollre une iausse membrane

assez épaisse, lisse sur ses deux laces, et qui con-

tient, dans son épaisseur, une couche de sang uni-

formément répandue ou formant des caillots isolés.

On peut soulever sur chaque face de cette fausse

membrane un petit feuillet pseudo-séreuxau-dessous

duquel il en existe un autre très mince et qui com-

mence ase former. Le sang se voit surtout a lapartie

inférieure et moyenne de la face externe de l'hémi-

sphère il y en a moins en remontantvers la grande

scissure, oit ia laussc membrane est devenue trans-

parente et très ténue.

L'arachnoïde cércbraic n'adhère point aux circon-

Page 121: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

[)EQHK:.Q!'KSHKMn[!t!HA<.)[:U~)~r.)'J:S. 81

fi

vulutions; elle n'est, pas épaissie. Près de la grande

scissure et dans !e fond d'une circonvolution, nous

trouvons des traces d'une ancienne liémorrhagie

t'en étendue. Le cerveau n'onrc, du reste, rien de

remarquable.

11existe dans le canal raellidien une espèce de

fausse membrane infiltrée de sérosité sanguino-

lente et adhérente à la face interne de la dure-mère.

La substance de la moelle est très motte.

T/Mrcu". Au sommet du poumon droit, il

y a une partie indurée de la grosseur d'une noix,

iormee par une substance grisâtre marbrée, avec

des tignes noires et btanches. On n'a pas trouvé de

tubercules dans les poumons, mais ces organes

n'ont pas été examines minutieusement, tt y avait

des gangtious tubercuteux au cou et dans t'abdu-

men.

On voit que, dans ces deux observations, te sang

dissémine en caillots ou étendu en une targe plaque

a ta surface du cerveau était partout isolé de la ca-

vité de l'aractmoïde par un véritable kyste dont on

pouvait facilement soulever les feuillets.

Dans le premier fait, la fausse membrane qui

enveloppait les caillots adhérait a la face interne de

la dure-mère. Cette adhérence n'est pas indiquée

dans la deuxième observation, mais elle est presque

constante. Elle existait dans douxe cas rapportés

par M. Baylc. Ai. Aienicrc la rencontrée deux fois

sur trois, et je l'ai aussi presque constamment ob-

servée. Ijlie manque surtout lorsque les fausses

Page 122: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

S2 DUstÉGE

membranes sont extrêmement minces et tout à t~it

arachniibrmcs.

Le feuillet pseudo-membraneux n'est souvent

qu'accolé a la face interne de la dure-mère mais

quelquefois l'union devient très intime, comme cela

avait lieu dans les deux faits suivants

Chez un aliéné paralytique, ~i. Calmeil a trouve

a le feuillet arachnoïdien qui tapisse la face externe

de la dure-mère, recouvert dans toute son étendue

par une production membraniMrme organisée,M~MKemeK~MHtea la membrane séreuse, et qui pré-sente une couleur roM~c<n<n.En cherchant déta-

cher cette espèce de couenne, on la déchire par

Iptaqucsqui sont larges comme la main, et dans

lesquelles on distingue un grand nombre de vais-

seaux ( ).On lit dans l'ouvrage d'Abercrombie la descrip-

tion suivante d'une tausse membrane arachnoÏ-

dienne. «On trouva à l'ouverture du cadavre un

abondant epanchcment de sang à la surface du cer-

veau. Cette couche de sang était ~e~ a~A~eM<eà la

~Mre-M~'e,et se détachait pat ~~eatta" comme une

?M<tH~YMe;la substance cérébrale était saine et il n'yavait pas d'épanchemcnt dans les ventricules~).

La fausse membrane,ainsi adhérente, diminue

graduellement d'épaisseur et se perd insensible-

ment a la face interne de la dure-mère, elle devient

alors si mince qu'on ne peut plus la détacher. C'est

('t)CatmeitDe/<'porott/xx'<~t<«/f',p. 79.

.2) Abercrnmh~e Trm~ ~Mft<f<M)f.<f<«M'f~tf. p. 34!).

Page 123: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DEQUELQUESHÉMOMHAOESMÉNINGÉES. 83

ce qut avait t)eu dans un cas observé par M. Bayle."On voyait sur l'arachnoïde, a la partie anté-

tieure et supérieure de l'hémisphère gauche, une

plaque rougcâtre de sang caillé, du diamètre d'une

pièce de six francs, peu adhérente a ta membrane

séreuse, dont on la séparait en essuyant cette der-

nière avec précaution. Vis-à-vis cette plaque, le

feuillet arac/ino~ï'e~ </e la f/xre-nicre c'<a~ recouvert

<M?!efausse membrane assez epat~Cj qui, dans cet

endroit, avait une cou~eMt'notree~araMMK~ /b?'n!<!e

p0t'~ MM~.Elle se séparait facilement du feuillet.

séreux, mais a quelques pouces de la plaque noire,son épaisseur diminuait et (~ ?<e~OM<f(t<p~ ~a-

cher ~M/eM!7~a/-ae/iMOM/<cH ~M/'e-werë.M

11serait peut-être assez difticiie d'expliquer pour-

quoi les fausses membranes adhèrent ainsi presqueconstamment a la face interne de la dure-mère

plutôt qu'a l'arachnoïde viscérate.

Nous ne pouvons admettre avec M. Hayle queces exsudations, se formant uniquement sur la

lace interne de la durc-mëre, sont évidemment une

production innammatotre de cette face. M

Des traces de phlegmasie chronique s'observent

en euet très souvent sur l'arachnoïde viscérale, et

très rarement, au contraire, sur le feuillet narictat;

cependant c'est sur ce dernier que se trouvent pres-

que toutes les productions pseudo-membraneuses.

Ce qu'on dit des fausses membranes, il faudrait

aussi le dire du sang épanché; il faudrait admettre

que l'hémorrhagie a eu lieu exclusivement a la face

mterne de la dure-mère, puisque ta couche de san"

Page 124: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

8A nt!:K))t<m

n~i~)rnia~ ,vr, 4~~n;llrtln..}.io;L'.t-],IIL:\ l'1~7~adhère au leuitlet pariétal de l'arachnoïde or cette

opinion ne serait guère soutenable. On a vu des

cas dans lesquels, ce feuillet étant déjà tapisse d'une

fausse membrane, des caillots de sang, plus récem-

ment épanches menaient adhérer a cette fausse

membrane qu'ils auraient ditdécoller, au contraire,si l'hémorrhagie avait eu lieu par le ieuillet pariétalde l'arachnoïde.

Si on tenait beaucoup à expliquer ce fait, peut-être y parviendrait-on par des causes toutes méca-

niques. !1semble, en cf!~t, queles mouvements du

cerveau et l'exhatation plus abondante de sérosité,

doivent rendre diflicilesles adhérences avec l'arach-

noïde cérébrate; quand les fausses membranes sont

plaquées contre la paroi imrnobitc du crâne, rien

ne vient, au contraire, déranger le travail d'adhé-

rence. Les cas assez Iréqucnts dans lesquels il n'y acomme je l'ai dit, qu'un simple accotement de la

iausse membrane, accolement qui semble, en eHct,

tout mécanique, pourraient peut-être être invoqués

a t'appui de cette hypothèse.On voit, en résumant ce qui précède sur les

ëpanchements peu considérables de la grande ca-

vité de l'arachnoïde î

)" Que le sang est tantôt disséminé ça et la en

caillots tantôt réuni en une couche étendue a la

surface du cerveau,

a' Que, dans les deux cas, t'épanchemcntest en-

veloppé d'un double feuillet pseudo-séreux, for-

mant un véritable kyste par lequclle sang est isolé

de ia grande cavité de t arachnoïde;

Page 125: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

"Kf~KLQ)'~)tHM()H[U)A(i[)~i)')~Ct~.S. !~)

3" Que les deux feuillets du kyste constituent, ense réunissant à la circonférence de l'épanchcment,une membrane unique qui s'étend plus ou moins

loin;

4 Que !c feuillet externe de ht poche, et la mem-brane qui la continue adhèrent le plus souventd'une manière plus ou moins intime la face in-terne de la dure-mère.

S

Memorrhagiescons)dérabtesdanslagrandecavitédet'arachMide.

FornMï~ondeskystes; /M<)'((f)'/terencc«j'hcc~Kc't-~e</<-la ~M-re-Mct'c Si l'épanchement qui se fait dansla grande cavité de l'arachnoïde est considérable Je

sang déprime peu a peu la substance céréht'ate etnnit par se réunir en un large foyer circonscrit,d'un côté par le cerveau, et de l'autre par la dure-merc. Bientôt il est séparé de ces parties par une

poche pseudo-séreuse qui l'enveloppe de toutes

parts et dont les deux feuillets arrivés a la cir-conférence de l'épanchcment, se réunissent en unemembrane unique qui s'étend ordinairement trèsloin. La pseudo-membrane formant les parois du

kyste, plus forte et plus résistante que celle (puenveloppe les très petits caillots, est cependantencore assez mince pour qu'on puisse la couqiarera l'arachnoïde un peu épaissie.

D'ailleurs le kyste ne tarde pas a adhérer plus oumoins intimement a la tace interne de !a dure-mère.A part tauuidité du sang, qui reste en partie ti-

Page 126: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

SS OUStÉCf;

qume, c est, comme on ie voit, te même trayau que

pour les petites hémorrhagies. Les observations sui-

yantes sont des exemples de ces épanchements

enkystés de ta grande cavité arachnoïdienne.

0)!SERYAT)<)'<TRO!Mt:ME.

Ht-m~.rb.fcmn.xt~.fbft.d.n. h en-utieH~itedef't.i.chno.d~w tM<)<!Mhtimi-'pheres;form~io.)d.- d..u-t)iyste<.«t.mhnMMuttd))crMh)Hr t<-ur<fcui))<-ttf'~tt-m~'sftlHf.c internedfj~<)t)r~-n)cr<

M.C. a~e de trente-sept ans, marchand de

vm, est entré à la maison de santë de Charenton ie

Ttoctobre t83). n avait déjà été traité pendant ptusd'une dans un autre établissement, et juge in-

curabte. On n'a pas eu de renseignements sur le dé-

but de sa matadie.

?* G. est d'une taiUe moyenne, mais très forte-

ment constitué. Les épaules sont larges, le cou

court, le visage coloré tout le système musculaire

est très développé; !a tête est bien conformée; les

cheveux ont été rasés, et on observe sur te euh'

chevelu les traces de plusieurs moxas. Ce malade

oHre les symptômes de iaparatysie générate compli-

quée de démence L'embarras de ta parole est très

marqué, et quoique ta iaibicsse des jambes soit en-

core peu sensible, it y a cependant déjà dansia démar-

che quelque chose decaractéristique. M. C. cause

peu,nes'occupe point, ncs'informcpIusdesafamiUei! rit sans motif; plus souvent il se fâche au premiermot qu'on lui adresse; sa tenue est très mauvaise. )t

offre, au plus haut degré, un symptôme fréquentchez les aliénés paraty tiques; c'est un bruit particu-

Page 127: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ttK QUË~QUKSHÉMOHBHAGtMMKNtNG~M. 87

lier et assez tort, produit par le froissement des

grosses molaires. Le malade, presque toujours oc-

cupé à se frotter le cuir chevelu et ta figure avec les

deux mains, a fini, au bout de quelques mois, parirriter ces parties et mêmepar les excorier dans

plusieurs points.

Pendant l'année )83~, il est survenu des con-

gestions qui ont, en général, oHert les symptômessuivants

On s'apercevait que M. C. se soutenait difnci'

lement sur ses jambes et qu'il ne pouvait plus se

servir f~c~'w!<fc.ses~ra-s',sa ngure était altérée; il ne

répondait plus on était oblige de l'aider pour le

conduire a son Ih. Plusieurs fois nous avons en

outre observé des mouvements convulsifs dans le

côté opposé a la paralysie. 11n'y avait point de pertede connaissance, et, cet aliéné opposait même

parfois de la résistance aux soins qu'on voulait lui

donner. La saignée faisait d'ailleurs presque immé-

diatement disparaître les accidents, dont il ne res-

tait plus rien le lendemain.

Dans le mois d'octobre, a la suite d'une nouvelle

congestion, la paralysie qui occupait le bras droit

ne s'est pas entièrement dissipée. Quoique la pertede sensibilité et de mouvement ne lut pas complète,le malade ne pouvait plus se servir de son bras

droit, et il le soutenait habitueUement avec la main

gauche. Hientôt M. L. s'af!aihiit, i) rcfos.t a p)t;-sieurs reprises de mander, il ne répondait plus,était abattu on le passa dans une mnrmeric.

Le )~ décembre, frissons suivisde vomissements

Page 128: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HP1)11')US)ti(;f

:.Jet de fièvre. Ces

symptômespersistent pendant plu-sieurs jours; les frissons reviennent plus fort.s avecun caractère particulier, comme convulsif; la dé-glutition est didicile. Le 22 décembre, prostrationtrès grande, la ngm-cest colorée les yeux fermés,les pupilles immobiles, mais non dilatées la sensi-bilité, très obtuse dans lebras droit, persiste rtgau-che. Il y a unpeu de contracture dans les deux bras,1qui peuvent cependant être étendus assez facile-ment la langue est blanche, l'épigastre ne para.tpas douloureux a la pression, constipation, Hëvre.Au milieu de la journée, vomissements avec tur-gescence et rougeur de la face, frissons très forts,suivis bientôt dans le bras droit de secoussescon-vulsivcs, d'abord petites et rares, mais qui augmen-tèrent graduei!ement.

Saignée, lavement purgatif.Le a3, nouvelle saignée.Le état comateux. La faceest encorecotorec

les pupiltes dilatées et immobiles; convulsionspres-que générales, plus fortes dans les bras, surtoutdans le bras gauche sensibilité très obtuse. Lapeau est un peu chaude; le pouls fréquent, petit etconcentré; le coma augmente, la respiration s'em-barrasse, et la mort arrive ;t quatre heures dusoir.

Page 129: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ftC~UKf~tj)' )«'Wm)!))A<;)K.s~K!\).\fJ.KK.s. 89

~r<ttte. Le crâne est volumineux, les os épaiset assezlourds. La scie ayant pénètre trop avant du

côté gauche, la dure-mère a été déchirée, et il s'est

écoulé onces environ de sang, en partie liquide,en partie coagulé. La calotte osseuse enlevée, nous

trouvons la membrane fibreuse très tendue a

droite, très flasque, au contraire, a gauche, sur-

tout en avant. Dans ce point, on peut l'éloigner du

cerveau de près d'un pouce, et il est évident que le

sang qui s'est écoulé remplissait cet Intervalle vide.

Après avoir incisé la dure-mère le !ong de ta taux,

nous renversons toute la partie de cette membrane

correspondant ai la face externe de l'hémisphère

gauche. On remarque d'abord une très grande dé-

pression sur la partie antérieure de cet hémisphère,maisnotre attention seporte principalement sur une

poche membraneuse qui existe il la face interne de

la durc-merc. Cette poche, qui a été ouverte par la

scie et de laquelle s'est écoulé le sang dont nous

avons parte, s'étend, d'avant en arrière, depuis tes

bossesorhitaircs jusqu'au tiers postérieur du crâne.

et de droite a gauche, depuis le rocher a peu près

jusqu'à un demi-pouce de ta faux. Sa plus grande

épaisseur était évidemment a ta partie antérieure

la membrane<puiorme cette espèce de sac pouvaiten euët, être éloignée de la dure-mère de plus d'un

pouce en avant. Cette membrane est tisse, transpa-

Rien de remarquable a l'extérieur.

Autopsie.

Page 130: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

M MSt~&Ë

rente, assez dense, un peu phtS épaisse que ~ara-

chnoïde. A la circonférence de ta poche, elle se con-

tinue sur ta face interne de la dure-mère sans rien

présenter de particulier. L'ouverture déjà faite parla scie ayant été agrandie, nous pénétrons dans la

cavitédu sac; tes deux parois sont teintes par la ma<-

tière colorante du sang, et il ya, de plus, quelquescaillots nbt'ineux qui commencent à adhérer. Nous

cherchons a détacher de la dure-mère la membrane

qui limitait l'épanchement,et nous réussissons assez

tacitement a le faire dans une petite étendue mais

bientôt cette membrane devient si mince et si ténue

queite se déchire; elle n'ot&'e,du peste, aucunetrace

de vaisseaux, coûtant m'assurer si le tfyuilletparié-tal de l'arachnoïde existait encore la face internee

de la dure-mëre, et surtout si cette face n'était pas

tapissée par une production pseudo-membraneuse,

j'examine l'épaisseur de la nbreuse dans un pointoit elle a été coupée, et j'essaie de la diviser

en plusieurs lames; je parviens ainsi à détacher

une nouvelle membrane un peu plus épaisse quecelle quej'ai déjà décrite, et qui, aux limites de

la poche, se réunit avec elle. Le feuillet unique

qui résulte de leur réunion peut encore être décollé

dans une certaine étendue, mais son adhérence «

la dure-merc est plus forte; du reste, ce feuillet

s'amincit par degrés, et ne peut bientôt plus êtredétaché sans déchirure.

L arachnoïde pariétale existait évidemment en-

core à la face interne de la dure-mère dans la partie

correspondant à lépanchement; cette hémorrhagie

Page 131: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DR~UH).~Uf;.SHÉMnm;)!A(;)KSMK!'<t~GH~.S. 9i

ét~it, comme <mle voit, rentermée dans une pochemembraneuse et tout-a-fait isolée de ta cavité sé-

reuse. La pseudo-membrane, qui en formait la pa-roi externe et qui adhérait a la face interne df la

dure-mère, était, comme je l'ai dit, pins épaisseet moms transparente que la pscudo-menuhrane

profonde, et jj'ai pu la dhiser en deux lames.

La dure-mère mciséc a droite, on a trouvé un se-

cond kyste presque entièrement semblable pour la

position, la Ibrme eti'ëtendnc, a celui qui existait a

gauche; il contenait a peu près la même quantitéde sang et la membrane qui le limitait en dfdan';

était transparente < ommeceUedu euté oppose, et

ressemblait a l'arachnoïde épaissie. My avait, dans

l'intérieur delà poche, plusieurs brides nbrineuses,

de a a <ilignes de longueur, qui unissaient les deux

parois, et par lesquelles plusieurs caiHotsde sangfurent retenus les membranes de cette seconde

poche ne contenaient pas de vaisseaux.

Les fosses occipitates étaient tapissées par une

petite fausse membrane mince, parfaitement trans-

parente, et tout-a-fait semblablea l'arachnoïde dans

son état normal Eue adhérait dans quelques points,mais ailleurs on la soulevait facilement par t'insnf-

llrlkio!t Il' 1.. ,jusdu'irl'uritice 1 1 ra-Hation; elle s'étendait jusqu'à l'orifice dn canat r:(-

chidicn il n'y avait aucune trace de caiHots de

sang.Le cerveau, aplati par tes kystes, avait une

forme remar<pmbte les hmes antérieurs étaient

etiilés en pointe les circonvotntions déprimées,

l'arachnotde cérébrale n'était pas teinte de sang

Page 132: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

92 ut'sjUcK

mais sèche et un peu épaissie. Point d'iafiltration

de ta pie-mère, qui était rouge et Injectée, surtout

dans le fond des circonvolutions. L'arachnoïde

adhérait dans quelques points à la surface du

cerveau, et elle entraînait avec elle sur les lobes

antérieurs une couche légère de substance grise.

L'examen du cerveau n'a du reste rien présenté qui

mérite d'être noté, si ce n'est une injection assez

vive des tubercules quadri~umeaux et de la protu-

bérance. Le bulbe rachidien était sain le reste de

la moelle n'a pu être examiné, non plus que les au-

tres organes.

La seule question que nous ayons besoin de poser

a la suite de cette observation, est celle-ci Àquelle

époque doit-on faire remonter les hémorrhagies ?

On a vu que pendant une année le malade avait

eu plusieurs congestions qui paralysaient l'un des

bras cette paralysie se dissipait en quelques heures

par la saignée, et tout porte à croire qu'il ne s'est

fait alors aucun épanchcment.

J'ai eu, pendant plusieurs années, occasion d'ob-

server une iemmcqui avait des congestions sembla-

bles n'ayant lieu probablement que sur un hémi-

sphère, et qui paralysaient aussi l'un des bras, et, a

un moindre degré, la jambe du même côté. Cette

femme a succombé et je n'ai trouvé aucune trace

d'hémorrhagie. Chez le malade qui fait le sujet de

notre observation, il est resté, a la suite d'une nou-

velle congestion, une paralysie incomplète du bras

droit; cette paralysie datait déjà de deux mois envi-

Page 133: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

[" Qt;i't.Qt;);S m:MORHUA(,)E5 MHK~Ght.s. 93

ron, quand la mort a eu lieu. Uoit-on faire remon-ter l'hémorrhagie du coté gauche a cette époque,ou bien ne s'est-elle faite que dans les huit derniers

jours, commecelledu côté droit ? .t'adopte tout a faitcette dernière opinion, me fondant surtout sur la

parfaite ressemblance des kystes, dont l'un ne pa-raissait pas plus ancien que l'autre; je crois aussi

qu'une hémorrhagie aussi forte n'eût pas permis aumalade de marcher, comme il l'a fait le tcndcmamde sa congestion, et pendant les six semaines ouïesdeux mois qui ont suivi. Sans doute, il reste a ex-

pliquer la persistance de cette perte incomplète dumouvement dans le bras droit mais il n'est pasrare de voir la faiblesse prédominer d'un côté chezles aliénés paralytiques. Je ne prétends pas qu'il n'yait pas eu ici quelque chose de plus, et je laissechacun se faire l'opinion qu'il voudra; je crois,quant a moi, que les deux hémorrhagies ont eu lieuen même temps et qu'elles ne dataient que de huit

jours au plus. Si l'on s'étonnait que la formation des

kystes ait eu lieu en si peu de temps, je renverrais al'observation suivante lekyste, comme on le verra,ressemblait complètement a ceux que j'ai décrits,et cependant l'hémorrhagie ne remontait qu'a cinqjours.

OMMYATtO?. QKMRtEME

'nc.t.c<sid, d.s c.v~. d., i'd. sur ),

~t.u.h. ~.n~U.)- k~t.. m<n).r..e,), f<)! ..<.

ternc à la r:¡t'l~ 1l1lp1ïw dc la dHn!~l11èrt.. (Oh"¡t'n'¡¡!'HH 1t¡1~pOil' ]\1..1.\1'1;1'1 ,'11,1In -il;!¡;.u.tumif~t.)tt:i.~

.),LiS.h.

tediard de soixante-trciy.eans. Le ) 2 Juinet cé-phatatgie c< commcuccmeut d<-paratysie dans )<-

Page 134: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

9& OtJStÉCR

Mas <meet@droit te ) 4, hémtpté~e complète dece coté; le )5, unpeu de contracture dans les hiem-

bres paralysés. Mort le )~()).

Autopstc.

Le crâne n'ollrc rien de particulier, non plus quela dure-mère, dont les sinus sont gorgés de sang.

La cavité de l'arachnoïde est occupée par une

production accidentelle:en exerçant unelégère trac-

tion sur la dure-mère, je détruis de tines adhérences

et je parviens a renverser, avec tes lambeaux de

cette membrane, un vaste coagulumqui comprimait

l'hémisphère gauche; il s'étend d'avant en arrière,

depuis la suture qui unit le frontal au pariëtaidu côté gauche, jusque dans les ibsses de i'occi-

pttat, dans le sens transverse, it recouvre i'hëtni-

sphère gauche dans une étendue de 3 pouces, à

partir de la faux céréhraie, qui présente une con

crétion osseuse. Cette tumeur sanguine, aplatie,

aUongée d'une couleur en quelque sorte compara-ble à celle de la rate, n'a pas contracté d'adhérence

intime avec leieuilletarachnoïdien cérébrai.dontellese trouve isolée par unemembrane mince, lisseet polie. Les adhérences sont plus sensibles avec)c feuillet séreux qui tapisse la tacc interne dela dure-mere, qui, loin d'être chagrinée, est par-faitement lisse, d'où l'on pourrait inj~rer que le

feuillet pariétal y est encore appliqué, et que par

()) Pourptusdedetatts,quantauxsymp~mcs,\'oy.to/~«t.t)«'f<Son<<n<nf<.m~H('f)umoisdem~i)S'U~rr~tt'Mf~w~frt~t-.)83t;.

Page 135: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

M QUELQUESHÉMOMHAGiHSMÉNAGÉES. 95

COnséqueMtl'épanchement apoplectique a son siègedans la cavité de l'arachnoïde. Quoi qu'il en soit dece siège, lecoagulum dont je parie avait déprimél'hémisphère cérébral gauche, de manière qu'il yarmait une gouttière profonde, dans laquelle il se

logeait; que les circonvolutions de ce côté se trou-vaient affaissées, et de beaucoup au-dessous decelles du côté opposé. 11adhère ~~oM<par sa C!'r-conférence,qui va en s'amincissant d'une manière

graduelle ait feuillet pariétal de l'arachnoïde; ce

corps résistant est forme par dit sang en partiesolide et nhrineux, en partie liquide et noir.

t/espèce de gouttière imprimée sur l'hémisphèregauche et sur laqueMes'appuyait te coaguhun of-frait une conteur de rouitie. La pie-mcre et l'arach-noïde cérébrale de ce côté étaient teintes et impré-gnées de sang; mais, dans aucun endroit, on ne

pouvait constater la rupturedes vaisseauxsanguinsla pie-mère fortement injectée, se laissait détachertacilement de la substance cérébrate.

La masse encéphalique est a peu près saine lasubstance cérébrale est terme; seulement les deuxx

hémisphères(et surtout l'hémisphère gauche;, cou-

pés par tranches, présentent une injection asscxiM-te, mais point de loyers hémorrhagiques tesventricules ne contietmext pas une goutte de sé-rosité.

Lesautres viscères n'om-cnt rien de remarquable.

On voit, par «-s deuxobservations, que, dans tes

hémorrhagics cunsidét-abtcsJe h, gt-amtcc,n,(é de

Page 136: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

96 ])US)KGt.

l'arachnoïde, tes choses se passent de ta même ma-

nière que pour tes plus petits caillots de sang, c'est-

à-dire que ce liquide est bientôt enveloppe dans une

poche pseudo-séreuse. Cette poche adhère a la face

interne de la dure mère, s'enlève avecelleet semble

lui appartenir. La paroi interne du kyste la seule

qu'on aperçoive, est lisse, mince, transparente, et

a toutes les apparences d'un ieuillet séreux.

Tout ce travail est d'ailleurs parfois terminé

après quelques jours. On a pu remarquer, en eRet,>

dans la dernière observation .qu'il ne s'était écoulé

que cinq jours entre le début de la maladie et la

mort.

ARTICLEH.

Hemorrhasies entre la dure-mère et !)rachnofdc parietaie.

OBSERVATtOSPttEMmX);()).

Femme de soixante-dix-neut'ans, aucctée de dé-

mence sénile. Le ag mai, hémiplégie presque con)-

ptètc à droite. Mort le 2 juin. Quatre jours se sont

écoulés entre le commencement de la paralysie et la

mort(a).

Autopsie.

« Ln épanchement de sang, occupant presquetoute

l'étendue du coté gauche de la tête, était renfermé

(t~ Puh~ëe par M. )e professeur Hostun en )8)8, dans le nou-

veau Ju«rfM~ (!<'nif~f'cw rt <!<'</ttn<rfy)f. p. 88, et depuis dans les

~'f'c~et'c/M' x«f )'umu~<.<-«')))<')!<~tt ('f'rr('f)u, p. 396, deuxième édit.

(:!) Pourptusde détails, quant aux symptômes, \oy. l'ouvrage

de M Rostan.

Page 137: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

UF. (~UHi.QC~ HKMOHRHACU:S MH!stSG)h:S. 9?

7

entre la tace mtcrne de la dure-mère et la tace ex-terne de l'arachnoïde pariétale. Cet épancbementavait environ 7 poucesde longueur, 3 pouces de lar-

geur dans la partie moyenne, et environ 3 lignesd'épaisseur. Le sang, (pu semblait être renfermédans une espèce de poche, était épais et d'un

jaune brunàtre; il paraissait être épanché depuisquelques jours. La partie de l'arachnoïde cérébrale

qui correspondait a l'épancbement était intacte,ainsi que la pie-mère sous~acente mais le cerveauétait concavevers cet endroit. Toutes les circonvo-lutions étaient efl'acées.Cethémisphère était réduit

presqu'a la moitié de son volume. La substance du

cerveau et du cervelet était parfaitement saine. P)

Yciel les réflexions dont M. Rostan fait suivrecette observation dans le nouveau Journal de me~-c/HC « Lesfaits de cette nature sont sans doute Rn-t

rares, puisque les divers auteurs qui ont écrit sur

l'apoplexie n'en rapportent aucun exemple. En con-naissant la structure des parties, on s'étonnera peude cette rareté. En effet, l'union intime de ces deuxlemUets semble bien devoir leur interdire toute es-

pèce de séparation. M. Jules Cloquet nous a dit ce-

pendant avoir trouvé un liquide séreux occupant lemême siège. »

M. Kostan ajoute dans une note « M. le docteur

Esquirol a trouvé un cas absolument semblable il

y a environ six mois. Il a conservé la pièce ()).»

(t) Cette ptèce a en etîet ftf conservée pendant ptusieuM année.

dans la Coi;cc;;on fMfttonuqMt-de M. Esquirol, m~s elle a été dé-

truite dans ces derniers temps. [~ d)sst'ct!«n ava~t t'tt' [.~h- par

Page 138: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t)[;S)ËOK

M &~J!t~t~ t tM Andral a rapporté, dans le cinquième volumede sa ~t~Me M~tc<î~, p.) <et suiv., deux obser-

vations très remarquables d'hémorrhagies entre ta

dure-mère et son feuillet séreux elles lui ont été

communiquées par M. le docteur Thihert, et avaientété recueillies à l'hôpital de la Charité.

t'M<R~AT!OK nEt"Ht))K.

KpxnrhemfntMt~uiMentre t'.trxchno~tf.-tta dMrf-mere.

Vieillard de soixante-treize ans, trépané pour<Hiechute §ur is tête a !'âge de soixante-quatre ansmais ayant toujours joui depuis d'une santé par-faite. Engourdissement dans te bras et la jambedroite, augmentant graduellement pendant huit

jours. Vertiges, céphalalgie, somnolence. Le trei.

Ztëmejour, mouvements du membre inférieur gau-che difficiles, I~cyingt-troisicme jour, ta paralysieest presque comptëte à droite; à gauche elle estmoins prononcée. Mort te vingt-quatrième jour.

Autopsie.

'<L'arachnoïde, e/MM~M-< /-CM~~était détachée dela dure-ntere, de chaque coté, par un épanchementde sang, en partie nuidc, en partie coaguté, qui

M.AmusMt.pt()n:t\aiHro)iyc,ena!'antdu!!up<'rfic~etau pro-fond ladure-mère,unepsuudo-memhrane,k'.sang,unsecondfeuilletp~tido-tncmhraneuji.enfinjitraehnoidepariftatedécoUée.te(jill(it li~,etido-metnl)rai)(,-ux enfin ~ir,actitioïrloparié~taledécollée.

!<y aurait donc fu ici outre la poche formtw par le feui!)ct séreux

détache, un kyste pscuf)<n)emhr:)n<'u.\ Du t-Rstc, (edi'conement

avait lieu dans une :<raud<'étendue.

Page 139: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

[)!! QUELQUE:)HÉMOMHAGtMMËStNCEES 99

avait complètement disséqué la membrane séreuse

de haut en bas, depuis la partie voisine de la grandetaux de la dure-mère jusqu'à ta suture temporo-

panétale, et d'avant en arrière, depuis }a <ossc

coronale jusqu'au bout postérieur du pariétal. Le

décollementet ~'<'pane/)e~cM(étaient p~u~considérables<t

(/MMC~c.La dépression des hémisphères était de prèsd'un pouce a gauche d'un demi pouce seulement a

droite. Au-dessous des epanehcments la substance

cérébrale était très ferme et très peu piquetée de

sang; mais les sinus en contenaient une assez

grande quantité,

H~Mo/Hen. Ln peu de routeur dans t'cstomac

et tejéjunum. »

«Cette observation, ajoute Ai. Andral, présenteun cas rare d'anatomie pathologique, Ii est difn-

cite de concevoir, en euet, comment une membrane

mittce~~tue, comme t'arachnoïde, peut être sé-

parée de la durc-mèrc par du san~ épanché sans

se déchirer et se rompre. »

Ot'SEKVATtONtitOMthMK.

Ejj.fttt'h'tHet~ ~ut~!t )) fnfïCt ~f'f~htxnfie !;) 'hx'e'fn~rp.

Meitiard de soixante-dix ans. Céphalalgie pen-dant deux mois. Le mai, embarras de )a iangue,auaiblisscmcnt de l'intem~encc, Itémiplé~ie droite

incompiètc. t lus tard, contracture du monbrc su-

périeur, puis hémipiégiecomptète. i\iortle-~t mai.

Dix-sept jours entre le commencement de la pa-

ratysie et la mort.

Page 140: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

U)tJ(11l Ht'ttKHh

Autop~c.

«C'nt~e. Les vaisseaux qui unissent tes os a la

dure-mère paraissent très injectes a gauche. On

trouve entre cette membrane et l'arachnoïde, dans

t'etendue des trois quarts postérieurs de la paroilatérale do crâne, et depuis sa base jusqu'à ia faux

de ta dure mère un épanchement de sang en

partie coagulé, noir, déprimant ta membrane sé-

reuse de près d'un pouce au centre, diminuant

graduellement en épaisseur jusqu'à ta circonfé-

rence, et qui avait communiqué aux deux mem-

branes une couleur brunâtre. Les deux feuillets

de l'arachnoïde étaient d'ailleurs rouges et épais-

sis la substance cérébrale des deux hémisphèresétait piquetée de sang un peu de sérosité dans

tes ventricules cœur très mou, fiasque con-

teur brunâtre de ia muqueuse gastrique vers la

grande courbure. »

.\i. Andral, après avoir iait remarquer que tes

symptômes ont eu la plus grande ressemblance

avec ceux du ramollissement, ajoute « Tout

ceta sétait sans doute terme lentement, comme

le prouve la marche de la maladie, ti semble

d'ailleurs que toujours il doive en être ainsi,

en raison de la mamerc très serrée dont l'ara-

chnoïde est unie a la dure-mère. Ce n'est que

peu a peu que le sang qui s'épanche doit opérer)c décollement de ces deux membranes et s'a-

masser entre elles en assez grande quantité pour

comprimer le cerveau.

Page 141: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

UH QUELQti-.S !!t:OR!!H;S MHX!\G!S. 10t

0)!SM\'Am'XQ).'ATR[f;M)!.

Btandinacité, dans son ~H/ï~w~'<e~)o~)'6t-

pAt~Me, un cas d'hémorrhagic entre la dure-

mère et l'arachnoïde qui la tapisse. On lit, p.« Les épanchements sanguins se tbrment quel-

quefois entre la dure-mère et le feuillet de l'a-

rachnoïde qui y est intimement collé, Hostan

en rapporte un exemple dans son excellent ou-

vrage sur le ramollissement du cerveau. Moi-

même a l'hospice de Hicetre j'ai ouvert un

aliéné qui en ofu'ait un au niveau de la fosse

pariétale du cote droit. Mi\t. Pariset, Honoré et

\!urat ont constaté avec moi qu'il occupait t'in-

tervalle de la dure-mère et de l'arachnoïde dé-

collée, et personne n'a conservé de doute a cet

égard. Cet épanchement était anciennement sur

venu selon les renseignements que nous avons

pu recueillir, lors de la malheureuse bataille de

\\aterloo, a laquelle cet homme, soldat dans un

régiment de ligne reçut un violent coup de sa-

bre sur la tête, dans le point correspondant a

l'épanchcment. Cette lésion ancienne fut reconnue

a l'ouverture du cadavre une large <icatrice

existait sur les parties moMeset les os qui avaient

été entamés. CesépanchemcntsAW!</L't~Ot<r.\~'<<

<x'ne<e?MCM<c:rcwMcn~

Page 142: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t02 nUS)ÉGE

OBSERVATfOtSMtt. MMttftK.

M. Menière a observé trois fois des épanche-

ments de sang considérables entre la dure-mëre

et l'arachnoïde pariétale. Ces observations ont été

rapportées dans un mémoire qui a valu a l'auteur

la médaille d'or des hôpitaux. Ce mémoire étant

encore Inédit je me bornerai a rapporter l'ana-

lyse qu'en a faite M. Dezeimens, auquel il avait

été communiquéEntre la dure-mère et le teuillet externe de l'a-

rachnoïde existe une couche mrt mince d'un

tissu cellulaire très serré les vaisseaux qui le

parcourent ne reçoivent de sang rouge que dans

l'état morbide. C'est a l'engorgement de ces vais-

seaux qu'est duc la rongeur arborisée ou par

plaques que l'on voit a la face interne de la

durc-mcre. Dans ce cas, le tissu cellulaire inter-

membraneux a toujours perdu de sa cohésion

et les deux membranes peuvent être séparées sans

beaucoup de peine. M. Meniere y a vu de petits

épanchemcnts lenticulaires et trois tbis des épan-

chements apoplectiques considérables Il n'y avait

pas d'altération appréciable des membranes séreuse

et tibreuse, qui étaient décollées dans un espace de

plusieurs pouces de diamètre le tissu celtutairc

intermédiaire sent était injecté en ronge et 7'a?/

Howship avait déjà publié une observation analo-

gue, nous en avons trouvé quelques autres dans

Page 143: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HE QUE'.Q'JMHÉM')):RHAt;)hS\)ÉNt!SGÉKS. 103

divers recueils, et M. Serres eu a consigné une dans

son Memon'exMflesapop~a?M.s'( ).

mtSF.RVATtOKSnKM.CttUVËH.mKK.

M. Cruveilhier a rencontré deux fois des épan-

chements apoplectiques considérables entre la dure-

mëre et le feuillet pariétal de l'aradnioïdc.

11existe, dit-il, des apoplexies ou des extra\a-

sations de sang sous-séreuses tout-a-tait anutogues

aux taches dites scorbutiques de la peau. Sur le

corps d'un epileptique, mort pendant une attaque,

je trouvai de grandes ecchymoses a la face interne

de la dure-mère je crus d'abord que ces ecchymoses

occupaient cette face interne, mais elles etaien} si-

tuées entre le feuillet séreux et la dure-mère. Ce cas

conduit a ceuxd'épanchement sanguin considérable

entre le feuillet fibreux et le feuillet séreux de la

dure-mëre; épanchement qui est une véritable apo-

plexie méningée et dont j'ai \u deux exemples. On

conçoit a peine la possibilité de cet épanchement,

vu l'intimité de l'adhérence de cesdeux feuillets (-2).»

Peut-être pourrais-je ajouter quelques autres faits

qui ont été regardés comme des exemplesd'hémor-

rhagies entre la durc-mere et.l'arachnoïdc pariétale;mais il y a évidemment eu pour les uns une erreur

produite par certaines expressions prises dans une

acception, trop rigoureuse; pour d'autres la descrip-

tion n'est pas sutusamment précise et on ne peut

(<)~rch'W!)(t<;tttft~'cotf,t. XX),p.20.

(3)DtC<tOMMfnredcHt<'dec~!e~(fec/ttrur~te~M'att~(<M,t. ttt, p.294.

Page 144: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

li n;s)H<;(.:

que conserver des doutes. M. Dezeimeris, parexemple, a cité commeun cas d'hémorrhagie entrela dure-mère et l'arachnoïde pariétale, une observa-tion de M. Serres insérée dans l'~MMatre MtcAco-

cA:M/<M<fdes hdpitaux, p. 3o3. «Le sang, ditM. Serres, était interposé entre la dure-mère et,l'arachnoïde. C'est la toute la description de l'épan-chement. M.Dezeimeris,après avoir fait remarquercombien cette description est incomplète, ajouteque, dans la bouche de tout autre que d'un habile

anatomiste, l'absence de détails graphiques pour-rait jeter quelque incertitude sur le siège de l'hé

morrhagie.~ous croyons, quant a nous, que beaucoup d'au-

leurs qui n'ignoraient pas l'existence d'un feuilletséreux à la face interne de la dure-mère, n'en ont

pas moins continué a se servir d'un langage vicieux,mais consacré par l'habitude. Rien n'est plus fré-

quent, en effet, que de rencontrer cette phrasejE~re /a ~M~-Mpy-ee/ ~~AM<~<?, pour désigner lacavité de l'arachnoïde. D'ailleurs le décollement duieudiet séreuxde la dure-mère est un fait assez cu-rieux pour qu'on s'y arrête, et qu'on le fasse aumoins remarquer. Nous ne doutons donc point queM. Serres n'ait voulu désigner la cavité de l'ara-chnoïde comme étant le siège de l'épanchcment.

Je serais, au contraire, tenté de regarder commeun fait d'hémorrhagie entre la dure-mère et sonfeuillet séreux l'observation suivante citée parAber-

crombie mais la description du siège del'épanche-ment est trop brèveet doit laisser desdoutes. «Onre-

Page 145: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

))K Qt;ht.<S ))ËM())t'!)tA(:US .\iK\I~(,)~;S. H)5

connut, dit Abercrombie, une matière jaune, ferme,

occupant le côté externe de l'hémisphère gauche et

s'étendant environ trois pouces d'avant en arrièreen hauteur cette substance correspondait a environ

la moitié inférieure de l'hémisphère. A un examen

attentif, on reconnut que c'était un kyste affaissé,existant entre l'arachnoïde et la dure-mère, enpartie

enveloppépar ~"arac/f~OM/e.1.atexture dece kyste res-

semblait exactement à celle de la membrane qui se

forme sur les parois des foyers, dans la substance

du cerveau. On ne pouvait guère douter que cette

partie n'eut été le siège d'une extravasation quiavait été absorbée. »

Je crois devoir ne tenir compte de ce fait,de celui de M. Serres et de quelques autres sem-

blables, dans lesquels on peut conserver des doutes

sur le siège de l'épanchement. Quant aux obser-

vations de MM. Rostan, Andral, Blandin, Cru-

veilhicr, Menière, le langage, comme on l'a vu, est

tellement précis qu'aucune erreur n'est possible f ) ).M. Rostan, en effet, explique la rareté de ces

épanchements par la structure des parties l'M~<w

tM<t?Me(~ ()!eMa?/CMt~c~(dure-mère et arachnoïde

pariétale )MHtMe,dit-il, fe~ri'n<e)'re toute espère~'

séparahoM.

M. ;\ndral n'est pas moins précis. tt déclare qu'ilest difficile de concevoir comment une membrane

~;tw et <e;)Mcc~itnc rantc/<nf/«/c~!< c'<rë.trcc </c

~Mre-Mpre~MA'se</e<7i?r<et se ~'c'e. Plus loin il

(~ n fautjuindruu ces auteursM. Fuvillc.Yon)a noten t. B.

Page 146: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

196 BUStÉt;)-

explique la marche lente des symptômes par ta pa-

nière trèsserréedont l'arachnoïde est unie Ha dure-

mère. «Ce n'est que peu à peu, ajoute-t-ii, que le

sang qui s'épanche doit opérer (~co~M!~ des

deux membranes et s'amasser entre elles en assez

grande quantité pour comprimer le cerveau. M

Le kyste, observé par M. Nandin, était situé

<tt<t-<!/a ~Mrc-mere le feuilletde ~ac/tMOt~e~Mt</

est!H~me?Henfcollé.o

<~uanta M. Menière, il explique le ~co~MM~de

l'arachnoïde pariétale par l'engorgement du tissu

cellulaire ssus-séreux qui rend ce décollement plus

iacilc.

Le langage de M. Cruveilhier est aussi très net,

On conçoit à peine, dit-il, la possibilité des grands

épanchementsqu'ila observés dans deux cas entre la

dure-mère et l'arachnoïde pariétale, et cela à cause

de r~tMM~de~~e~ce ces(~Md?MeM~raM~.

.t'ai cru, avant de terminer ce point, devoir m-

sister sur cette précision du langage employé par

les auteurs quej'ai cités. M.Calmeil, en etïet, depuis

ta publication de mon premier travail, a assimilé

les observations de MM.Kostan et Andral a celles

de M.Serres et d'Abcrcrombie. J'ai dit qu'on de-

vait pour ces derniers cas rester dans le doute a

cause du manque de détails dans les descriptions,

mais bien évidemment il ne saurait plus en être

ainsi, quant aux autres exemptes. Je me réserve

daiucurs d examiner plus loin avec détail les rai-

sons sur lesquelles Al.Calmeil s'est appuyé ()).

<')Voir,a lafinduvolume,lanoten*t. C.

Page 147: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

f)MQt,~).~))..SHji;M())itt)tA(.)r.M).;K)?iGf~S. !07

Hrésulte de ce qui précède)" Que MM. Hostan, Andrai et Biandin ont pu-

htié des observations d'hémorrha~ie entre ta durc-

mere et le feuillet de t'arachnoittc pariétate, et queMM. CruvetUncret Menn't'c ouL dit avoi)' vu des

iaits scmbtai)tes

Quedans tous cescas ies épanchentents étaient

pi~usou moins étendus, adhérents a ta face interne

de la dure-mcre, et circonscrits intérieurentent parune membrane mince, transparente, se continuant

sur la face interne de la dure-mère;3° Que cette membrane a dans tous tes cas été

regardée commete feuillet pariétal de t'arachnoïde.

\HTtCLE ttt.

f)' mottft sur ie~ufjt!! oft j~'m s appuy<*< pour mettrt' en doute

t (jx~stencodt.'&i~murrha~tes r.mt~tderabk's qu'on dit Hyon' ren-

':ontr<es cntr~' la dun'-tm'r~ et t'arachnoide partetate decuHee.

De)aressf'n)b)i)nCt'('ut)'t')<'sh<'n)o)'rh!)~~M''nt<vstce'idf'ta(;.)'<'tt<*det arachnofdotjtccttesqu'onditavoirrcncontr'!e"'t'utretadure-

nt<r<'etsonfcudtetserou!:d6co)tc,('tdstM[)ossih!)tt('det~)nfondref'Md('uxsor)t'sd't'H)('hcm('nts.

St l'on compare cntt't' eux t~s <a)ts (p)t' j'ai utes

jusqu'ici, on restera bientôt convaimn <jn<' tes

hémort'ita~ies df ta < avitc de i'aractmoîdM ont onc

tr~'s grande rt'ssctnbtance avec c'-tte'! qu'on croit

avoir eu Hen cntt'f la dure-mm't' et son tcuiHet sé-

reux décoiié

Page 148: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DUS. i,~

Qu'a~ontrouvé dans les observation, rapportées

parMM.RostanetAndral?Des poches membraneuses très étendues existant

a la face interne de la dure-mère et contenant dusang.

Comment rencontre-t-on certains épanchementssangums de la cavité même de l'arachnoïde?

Dans des pochesmembraneuses adhérentes aussià la face interne de la dure-mère.

M. le processeur Rostan et M. Thibert ont penséque le feudtet qui limitait

ïhémorrhagie était l'a-rachnoïde pariétale décollée. M. Th&erta ajoutéqu'elle était épaissie et rouge.

Dansl'observation de M Longet et dans celle queJ a. rapportée, on a trouvé la membrane qui circon-scrtva.t l'épanchement, lisse, polie, transparente,offrant, en un mot, toutes les apparences de l'a-rachnoïde mais on n'en a pas moins constaté quece n'était qu'un feuillet pseudo-séreux de nouvelleformation.

.ai d'ailleurs faitremarquer, comme une ana-

logie de plus, la manière dont lapseudo-membrane,dans ces derniers cas, se terminait à la face interne

de la dure-mère. Elle s'y perdait d'une manièreinsensible, et on ne pouvait reconnaître le point oitcite finissait; de sorte que souscerapport ettcse com-porte comme le ferait le feuillet pariétal lui-même

t n troisième caractère communaux deux espèced hémorrhagies, c'est leur extrême étendue.

Le sac membraneux occupait presque tout le cotegauche de la tête dans le fait rapporté par M Ros-

Page 149: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

UE QfJt-.LQi.r.S iiÉMORRHACiK.-) M~KtNGUKS. 1U9

1 '1 n

tan; tes trois quarts postérieurs ne ta paroi taterate

du crâne, dans une des observations recueillies par

M. Thibert.

Le kyste trouve par M. Longet s'étendait de-

puis la suture qui unit le frontal aux pariétaux jus-

que dans les fosses de l'occipital.

~ntin, les deux poches décrites par M. Thibert,

dans sa seconde observation, avaient presque la

même situation et la même étendue que les deux

kystes quej'ai moi-mêmerencontrés.

MHlandin, comme on l'a vu plus haut, a dit queles épanchèmcnts entre la dure-mère et le feuillet

séreux qui la tapisse étaient toujours très exacte-

ment circonscrits mais ce caractère ne saurait les

distinguer des hémorrhagics enkystées de la cavité

de l'arachnoïde. Dans les deux observations que j'ai

rapportées, tout le sang, en eilet, était contenu

dans les poches, et it n'y en avait aucune trace en

dehors de leur cavité.

11y a donc un premier fait bien évident, c'est

que rien ne ressemble plus aux hémorrhagies entre

la dure-mère et l'arachnoïde décolléeque les hémor-

rhagies dans la cavité même de l'arachnoïde.

On conçoit d'ailleurs parfaitement comment on

doit naturellement penser au décollement de l'a-

rachnoïde pariétale, lorsqu'on rencontre ainsi, a la

faceinterne deladure-mère, une poche membraneuse

remplie de sang. Sans doute, ce décollement est

assez diuicile a comprendre, surtout lorsque l'épan-chemcnt est très étendu; mais s'cxpliquera-t-o.)

beaucoupplus facilementcomment une hémurrhagie

Page 150: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

tlU 0 OUStÉCE

qui 8 est iaite dans la cavtté deTarachnotde, quatre

jours avant, par exemple (observation de M. Ros-

tan), se trouve maintenant a la face Interne de la

dure-mère parfaitement circonscrite dans une po-

che membraneuse? Comment surtout cette hémor-

rhagie n'a laissé aucune trace dans la cavité de la

membrane séreuse?

On comprend aussi l'embarras dans lequel on a

pu quelquefois se trouver pour déterminer le siège

de certains épanchements, et on ne s'étonnera point

que ces faits aient été l'occasion de discussions. Ces

discussions ont, en en'et, eu lieu a plusieurs re-

prises. M. A. Bérard, dans le compte-rendu des tra-

vaux de la Société anatomique, s'exprime ainsi à

l'occasion de deux observations lues a cette Société

«Malgré l'adhérence intime du feuillet pariétal

de l'arachnoïde à la dure-mère, plusieurs praticiens

ont rapporté des cas d'épanchements siégeant entre

cesdeuxmembranes décollées.Quelquesuns d'entree

vous ont cru voir un nouvel exemple de ce genre

d'épanchement sur une pièce qui vous a été envoyée

de l'hôpital desEnfants par M. Gouraud.Unc grande

quantité de sérosité sanguinolente était renterméc

dans un kyste qui occupait toute la voûte du crâne,

et même s'étendait vers la base en avant et sur les

côtés. Les parois de ce kyste, du côté du crâne,

étaient évidemment lormées par la dure-mère; mais

la membrane qui bordait l'épanchement du côté du

cerveau a paru n quelques membres trop épaisse et

trop résistante pour appartenir simplement :t l'a-

rachnoïde pariétale épaissie, en sorte qu'ils ont pensé

Page 151: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

UE QUELQUES HËMOiiRHA'Jir.S MÉKtNGÉES. Ht 1

1

que le stége de l'épanchement pouvait bien existerentre deux feuillets de ta dure-mère.

.!edois, continue M. Bérard, rapprocher de cefait la fausse membrane que il. Fabre vous a fait

voir; elle recouvrait tout le cerveau, et renfermait,dans une partie de son étendue, un kyste plein de

sang coagulé. M. Fabre a pensé que ces produc-tions morbides étaient situées dans la cavité de l'a-

rachnoïde, mais cette opinion a été combattue parMM.Manecet Michou qui ont dit avoir rencontrééde semblables lésions évidemment reniermées entredeux feuillets de la dure-mère ()). a,

Le siège del'hémorrhagie, dans l'observation quenous avons empruntée a M. le docteur Longet, n'a

pas été reconnu de prime abord. La pièce, avantd'être apportée a la Société anatomique, avait étéexaminée par plusieurs médecins, et le siège n'avait

pas encore été tixé. La meilleure preuve que j'enpuisse donner, c'est que M. l'rus, dans le service

duquel l'observation avait été recueillie, l'a inti-tulée Ëpanchement apoplectique ayant son siéne

~'fMWM~dans la cavité arachnoïdienne (a).Le siège de cet épanchemcnt ne fut même fixé a

la Société anâtomique qu'après un commencementde discussion, dans laquelle on lit. de la circon-

scription de l'épanchemcnt une objection contreceux qui plaçaient l'hémorrbagie dans la cavité de

()) 'ompte-rcndtt~Mitwatf.Ef;f ~).Snrt~t<~))ft<o),ttf/M<nourt'annt'e)!!30 p.8.

!~) JoMntftt'tt'.f fntM(«'f)t~.< ~'tt)rf<f!. sfpicmhrc (.S.'i~.

Page 152: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

H~ 2 HU.-inM.f':

l'arachnoïde. Cest dans cette discussion que je lis

part à la Société des faits quej'avais observés. Pour

nous, la fausse membrane qui formait la poche ne

devait être que le feuillet intérieur d'un kyste adhè-

rent a la lace interne de la dure-merc; ce kyste put,en cl!et, bientôt être détache, et le siège de l'épan-chementdevint dès lors évident pourtoutlemonde.

Cependant, dans les hémorrhagies anciennes, le

décollement de la poche pourrait ne pas lever tous

les doutes.

\oici ce que dit M. Ribes, à propos d'un de

ces kystes sanguins, trouvé dans ta cavité de l'a-

rachnoïde, et dont il avait lait t'examen avec

MM.Magendie, Breschet et Rocheux «Un de mes

contrères pensait que le sang s'était d'abord épanchéentre la dure-mère et l'arachnoïde qui la tapisse,il fondait son opinion sur ce qu'il croyait quel'arachnoïde n'existait plus sur la portion de la

dure-mère qui correspondait au kyste. H

Alors, en effet, comme l'a observé M. Cahneii, !adure-mère est a inégale, dépolie, criblée de petitstrous qui correspondaient probablement à destuyauxvasculaires rompus. IlCe qui rend le casplus difficile

encore, c'est quela face inférieure du kyste, en con-

tact depuis longtemps avecl'arachnoïde cérébrale, a

pris tous les caractères qu'a perdus la face interne

de la membrane tibreuse. On pourra même sou-

lever un feuillet séreux, à la suriace de ce kyste,et le voir se continuer sur la lace interne de la

dure-mere «Les membranes accidentelles, dit

M. Ribes, iorsqu'eiïes sont depuis longtemps for-

Page 153: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DE QUELQUESHÉMOfmtUC; MÉNtKGÉES. M?.

~i

mecs, offrent une membrane séreuse très évidente

que l'on peut tacitement isoler par la dissection.

Cette membrane est de la même nature qnc la sé-

reuse dans laquelle elle a pris naissance; seulement

elle paraît plus mince, plus nnc et plus déliée.

Laënnec avait déjà établi le même fait. J'ai cité

d'après M. Bayle la description d'une fausse mem-

brane, sur laquelle on pouvait soulever une lame

ayant tout-a-iait l'apparence et la consistance de

l'arachnoïde.

L'aspect dépoli de la faceinterne de la dure-mère,

et la formation d'un feuillet séreux a la face pro-fonde du kyste, devront donc, dans certains cas

d'épanchements anciens, rendre le sié~e assez difu-

cile a déterminer.

Quant auxhémorrhagics récentes, on pourra tcru-

jours éviter l'erreerr, si l'on ne se borne pas a l'exa-

men de la membrane (luilimite l'épanchement, et si

l'on sait qu'elle peut n'être que le feuillet profond

d'un kyste, dont le feuillet snpernciel tapisse la face

interne de la durc-mcre il faudra donc, avant tout,

porter son attention sur l'épaisseur de cette mem-

brane, et chercher a en détacher le second icuillet.

Onpourra s'assurer ensuite que l'arachnoïde existe

encore sur la durc-mere, dans la partie correspon-dant au kyste.

Les discussions dont je viens de parler se com-

prennent d'autant mieux, qu'on ne peut que diHiciic-

ment admettre les décollements étendus du fouiUct

pariétal de l'arachnoïde.

Ce tenillel est si (in, si mince, si intmionciit

Page 154: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

4 t~St~M

tt~- .tt ) 1 t

adhérent h ta dure-mère, les vaisseauxdit tissu cel-lulaire serré qui unit les deux membranes sont si dé-

liés, qu'on doit d'abord se demander s'il est possible

d'expliquer par une rupture de ces vaisseaux, quine reçoivent point de sang rouge dans l'état normal,des épanchements qui décollent en trois ou quatrejours le feuillet séreux dans presque toute l'étendue

d'un côté de la voûte du crâne. On ne peut, sans

doute dire que ce soit la un fait impossible maistout le monde admettra qu'il est assez diuicilea con-

cevoir, pour qu'on ne l'adopte pas légèrement et

sans preuves bien positives. Unechose digne de

remarque, c'est que les épanchemcnts observés

entre la dure-merc et l'arachnoïde étaient dans tous

les cas on de simples ecchymoseson des hémorrha-

gtes considérables. L'étendue de ces hémorrhagiesnous a même fourni un point de plus de ressem-

blance entre elles et les épanchements enkystés de

la cavité de l'arachnoïde. Cependant, si l'on pensea l'extrême diSiculté du décollement du feuillet sé-

reux, ne conçoit on pas qu'on eût dû rencontrer

parfois des hémorrhagies intermédiaires entre ces

simples ecchymoseset cesépanchements si vaste$'?

Ne doit-on pas s'étonner aussi que la rupture du

feuillet séreux, bien plus facile à comprendre queson décollement, n'ait jamaisété observée?

L'extrême ressemblancedes hémorrhagies enkys-tées dela cavitéarachnoïdicune aveccellesqui pour-raient avoir lieu entre la dure-mère et le feuillet

séreux qui la tapisse, a donc eu pour conséquence,comme on devait le prévoir, des discussions qui se

Page 155: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DRQ!'):f.Qt'('.St)K~n[!tinAGtF.SMM\)K(,)':):s.1 t5

sont renouvctées a plusieurs reprises sur te siège decertains ëpanchemcnts. C'est une preuve de ptus

que l'erreur est facilesur ce sujet et qu'eue a pu être

commise.

§

Lesobservationspubliéesjusqu'àcejoursontinsuffisancespourprouverquodeshemorrhagiesétenduesontréellementeu))euentreladurc-méreetlefeuilletparieta)do)'arachno(de.

Malgré les considérations dans lesquelles nousvenons d'entrer, et (pu peuvent jeter des doutes surl'existence des hémorrha~ies entre la durc-ntëre et

rarachnoïde, nous n'hésiterions pas a admettre cessortes d'epanchements, si les observations pubueesjusqu'ici onraiont !a preuve que tes auteurs de ces

observations connaissant tes causes d'erreur, ontcherché a s'en garantir; mais rien no prouve qu'i)en ait été ainsi.

Personne ptus que nous ne reconnaît t'autorit~ deM. Mostan; cependant nous ne pouvons nous empê-cher de taire remarquer que la description de

t'épanchement, dans te fait qu'il a pubUe, est beau-

coup trop concise «Le san~, ditit, était rentcrmeentre ia face interne de la dure-mère et ta ifaccexterne de rarachmndequi tui adhère, it semblaitrenfermé dans une espèce de poche, a

Un tait si curieux d'anatomic patho!o"i(mc exi-

geait, a notre avis, ptus de détails. Quel était l'as-

pect de la tace interne de ta dure-mère dans la partiecorrespondant a la poche? A-t-onacquis ta ccrti-

Page 156: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

<t6 UUS)~(,

tude qu'elle était dépouillée de son feuillet séreux?'?

Enfin, cette membrane qui {imitait l'épanchemcnt,comment se comportait-elle quand on essayait de la

détacher au-delà de la poche? Je pense donc quecette observation ne saurait trancher la question,surtout depuis que des hémorrha~ies, se présentantavec les mentes apparences, ont été rencontrées

dans la cavité de l'arachnoïde.

M. Thibert, dans les deux faits communiqués aà

M. Andral, seborne adiré que l'arachnoïde épaissieet rouge était détachée de la dure-mère dans une

étendue très considérable.

Mest évident, d'après tout ce qui précède, quede semblables observations ne sauraient porter con-

viction, et quedes descriptions beaucoupplus détail-

lées seraient nécessaires pour laire admettre des

faits d'aillenrs si difficilesa concevoir.

Quant au kyste décrit par M. BIandin, il a été

constaté par ~1M.Pariset, Honoré et Murât qu'il

occupait l'intervalle de la dure-mère et de l'a-

rachnoïde décollée, et personne n'a conservé de

doute a cet égard. ?Soussentons combien nous de-

vonsnous montrer réservé dans lejugement de faits

si positivement auirmés. Ici encore, il n'y aaucun des

détails nécessaires, et nous ne pouvons que ren-

voyer à ce que nous avons dit sur la diuiculté de dé-

terminer le sié~c de certains kystes anciens a

cause du dépoli de la lace interne de la dure-mer.;

dans la partie correspondant au kyste, et de la

formation il la face intérieure de celui-ci d'un nou-

veau feuillet séreux.

Page 157: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HE QUELQUES )tËMOtU!HACn:S Mt~)XG~S. tt7

Je regrette que le mémoire de M. Meniëre ana-

lysé par M.Dczeimeris, n'ait pas encore été publie;

peut-être, en eflet, pourrait-il trancher !a question.S'il était bien établi que la couche si fine de tissu

cellulaire qui unit la dure-mère et son feuillet sé-

reux s'engorge, se ranioM dans certains cas, le

décollement des deux membranes deviendrait plusfacileà concevoir, etles principales objections contre

les hémorrhagies entre la dure-mère et l'arachnoïde

seraient détruites. Mais ce sont la des faits qui de-

mandent a être démontrés, et nous ne pouvons

qu'en attendre la publication.Je crois devoir taire remarquer que l'épanché

ment, dans l'observation de M. Kostan, occupaitune très grande étendue, mais qu'en mêmetempsil n'avait que trois /cs (fc/MiA'seur.C'était, par

conséquent, un large gâteau de sang aplati. Or,

supposez une rupture vaseulairc entre la dure-mère

et son feuillet séreux, est-ce la la forme que prendra

l'épanchemcnt? ~on assurément, car la dépressiondu cerveau est beaucoup plus facile que le décolle-

n:ent du feuillet séreux, et on ne comprend pascomment le sang, qui ne déprime l'hémisphère quede trois lignes aurait assez de force pour décoDcr

de proche en proche l'arachnoïde pariétale dans une

si grandeétendue.

Dans les deuxfaits rccueinis par M. Thibcrt, la

dépression du cerveau était d'un pouce, et le fait

nous para!t plus tacite a comprendre.Du reste, cette forme de gâteau mince et allongé,

si elle n'est pas celle que le sang devrait avoir daus

Page 158: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DU&HÈGiE

les hémorrhagies entre la dure-mère et l'arachnoïdedécollée, se trouve, au contraire être celle queprend le sang dans certaines hémorrhagics de la ca-vité séreuse. Chezun homme mort au bout de quel-ques heures, après de violentes convulsions, ontrouva, dit M. Abercrombie, un vaste caillot quicouvrait et cachait complètement tout l'hémisphèredroit; il avait environ deux lignes d'épaisseur surle lobe moyen, et allait ensuite en s'amincissant.

D'après ce que nous avons dit, on voit que cette hé-

morrhagieauraitpu,si le malade avait vécuplusieursjours, être trouvée a la&ce interne de la dure-mèreet séparée de l'arachnoïde cérébrale par une mem-brane transparente pseudo-séreuse.

Les observations d'hémorrhagies très étenduesentre la dure-mère et!'arachnoïde décollée publiéesjusqu'ici manquent donc des détails nécessaires, etrien ne prouve qu'on ait cherché à se garantir descauses d'erreur quej'ai signalées.

Ces observations ont donc besoin d'être confir-méespar de nouveauxlaits, et jusque là il est permisde les révoqueren doute.

Page 159: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

M QUELQUESHËMumUjAGtËSMt-.KfNUÉES. 119

APPENDICE.

De la transformation graduette que subit le sang épanche dans lacavité de t'arachnofde, et de l'erreur à laquelle cette transforma-

tionadonneheu.

Je me suisbornédans le travail qui précède a cher-cher a démontrer que les épanchements sanguins,qu'on croit avoir rencontrés entre la dure-mère etl'arachnoïde décollée, avaient bien réellement leur

siège dans la cavité même de l'arachnoïde. Telétait, en eu'ct, le principal but de ce mémoire. Ce-

pendant je crois devoir compléter ici l'anatomie

pathologique des hémorrhagics arachnoïdiennes!°cn étudiant les transformations successives quesubit le sang épanché lorsque le malade vit pendantplusieurs années 2 en signalant l'erreur a laquellecette transformation a donné lieu.

~i-

Transformationsuccessivequesubitle sum;épanche.

On a vu que le san~ épanche dans la caviM del'arachnoïde ne tarde pas a ~-trc

envdoppc par uadoubte i('uH!ct pscHdo-mctnhrancux inincc/it-ans-

parcnt et t-Hsscmhtam en tous points a l'arachnoïdecUc-mcmc. On a vuaussi que, dans les cas d'cpanchc-ments peu considérables, le san~ eUde en une couche

Page 160: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t2()(1 Ut!t)tHCK

mince adhère bientôt a la face interne de la dure-

mère. Si l'on examine cette couche sanguine après

quelquesjours, on n'y trouve que les deux feuillets

arachniiormes dont j'ai parie, et au-dessous des-

quelsle sang apparaît avecune couleur rouge-ibncé.Plus tard, au lieu d'un seul feuillet, on peut en

soulever deux, trois, quatre, ou même plus sur

chaque face de l'épanchemcnt, et en même tempson constate que le caillot a subi un commencement

de décoloration analogue a celui qu'on observe

dans les hémorrhagics de la substance cérébrale

elle-même.Les feuillets pseudo-membraneux super-

posés ont d'ailleurs souvent acquis assez d'épaisseur

pour cacher complètement le sang, dont on mécon-

naîtrait l'existence si l'on n'avait le soin d'inciser

la fausse membrane (lui en recelé une couche uni-

forme et très mince.

Plustard encorela décoloration devient complète,et la fausse membrane prend peu à peu l'apparencefibreuse et Unit par ressembler a la dure-mère

elle-même. MM.Bayle et Calmeil ont observé des

cas de ce genre. Dans l'une des observations de

M. Bayle, un double épanchement semble avoir

eu lieu successivement, et a des époques assez éloi-

gnées, sur chacun des hémisphères cérébraux. A

!'autopsic,on trouva d'un coté une jfausscmembrane

encore tout imprégnée de sang, et de l'autre, au

contraire, commeune secondedure-mère tout-il-fait

décolorée.

<'Agauche, dit M. Bayle, la pseudo-membraneavait une couleur d'un jaune rougeatre avec des ta-

Page 161: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HE QL)-;).Qu~ tiÉMOtifttiAUiM Ait~iKCm. i2i

ches rouges et noirâtres, et une ligne et demie adeux lignes d'épaisseur dans certains points; elleétait moUc, couenncusect très fragile; on la divisaitavec

beaucoup de iacinté en plusieurs lames, entre

lesquelles se trouvaient des caillots de sang.~'o~e_. la pseudo-membrane avait une li"ne

d'épaisseur et une résistance assex considérable; on

pouvait la diviser en trois lames, dont la plus exté-rieure avait toute l'apparence et la consistance de

l'arachnoïde, et dont les deux ou trois reunies res-semblaient a la dure-merc ()) );.

On voit dans ce lait deux phases de la transfor-mation des epancbemcnts. Dans l'une, la couenne<'st déjà formée de plusieurs Icuillets pseudo.mein-hraneux, rcnt'cnnant des cailiots de san~; dans

l'autre, toute trace de liquide a disparu, et la faussemendn-ane a déjà une apparence nbreuse.

La moins ancienne des fausses membranes vient

expliquer ici l'origine de l'autre; mais si les deux

épanchements avaient eu lieu en même temps, si letravail de décoloration avait été aussi avance a gau-che qu'a droite, on aurait pu être embarrasse pourdeoder l'origine in<!ammatoirc ou purement hémor-

ritagtque de la pscudo-memhranc. C'est, en eHet< e quiest. arrive pour le fait suivant.

Chex l'abbe n. mort a Charenton d'une phthisiepulmonaire, j'ai trouve a la face interne de la durc-merc une fausse membrane assex épaisse et assexrésistante pour qu'on put la comparer a la durc-

.*) ~ytu, J~t''tN~(c('/t;'utt~t(('.p. 2M.

Page 162: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

OUStÉSt!

mère; à laquelle eUe adhérait. !Ln'y avait. plus a~cune trace d'épanchement sanguih dans la cavité det'arachnoïde. Lemalade n'ayant pas éprouvé depuisplus de dix ans d'autres accidents cérébraux quedes hallucinations de t'ouïe, on doit supposer quela fausse membrane remontait à une époque très

éloignée.

Cette fausse membrane était-elle le dernier degréde transformation d'une ancienne hémorrhagie?c'est ce qu'on ne peut aulrmcr d'une manière abso-lue mais les faits analogues a l'observation deM. Hayie, citée plus haut, rendent cette hypothèsetrès probable.

Dans les hémorrha~ics très considérables, temême travail a lieu. Le nombre des feuillets aug-mente successivement et accroc peu a peu i'épais-seur du kyste, n arrive le plus souvent qu'après uncertain temps ce travait s'arrête, et du sang Mquidereste alors indénniment rentermé dans ia poche.

J'at trouvé, dans un cas récemment observé, unetransformation particunerc du sang, queje n'ai pasvue décrite dans les observations publiées jusqu'àce jour.

La femme C. âgéede trente-huit ans, est entréela Satpctricrc, dans la section des ahénécs, le 28

jum !8~5. EUe ne pouvait marcher sans être sou-

tenue, ses bras étaient très faibles, mais aucun desmembres n'était complètement paraiysé. L'embarrasde !a parole était extrême, et c'est avecbeaucoup de

peine que la matade parvenait a prononcer quelquesmots. La démence était trcs avancée, et cettefemme

Page 163: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

!)K QUKLQiJUSH!MOK!U!AC!MMK!<tf<Ct;[';S. 123

paraissait à peine comprendre les questions les plussimples. Excrétion involontaire des urines et des

matières fécales, scnsibihté trCs obtuse. Ces sym-

ptômes d'une paralysie générale avancée ne nrcnt

que s'aggraver, et la mort eut lieu le Mut t8/(6.A plusieurs reprises la déglutition avait été hnpos-sible pendant quelques jours, et on avait dn recou-rir au cathétérismc <esophagicn.

Autopsio le 3 ao~t.

~dtte. La dure-mère étant incisée et renverséede chaque côt~, l'hémisphère droit apparaît com-

primé de haut en bas et de dehors en dedanspat-une énorme tumeur (lui s'étend d'avant en arrièredans toute la longueur du crâne. Transversalement,cette tumeur a envahi la moitié au moins de l'es-

pace destiné à loger l'hémisphère droit, qui estfortement aplati latéralement. Dans certains points,les circonvolutions n'apparaissent pas dans l'éten-due de plus d'un pouce. En bas, la tumeur reposesur le plancher de l'orbite et touche en haut lesommet du crâne. On reeonnan. facilement unvaste

kyste rempli de liquide et adhérent a la durc-rnerc,dont il peut cependant être détaché assez t'acHement;sa face externe apparaît alors rugueuse, inégale, tan-dis que l'interne est Hsseet comme tapissée par unfeuillet séreux.

Dans la partie correspondant a )a tumeur, une

fausse membrane asscx épaisse, qui formait la lamela plus superficielledelà poche,est restée adhérentearla face interne de la dure-mère. Cette lace interne

Page 164: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t'UStt~K

mise a nu est d'ailleurs lisse, polie et évidemment

tapissée encore par son feuillet séreux. Le kyste estlui-même formé de plusieurs lamelles. A la circon.i'érence de la tumeur, ces lamelles se réunissent enune seule qui s'étend très loin et se perd insensible-ment it la lace interne du crâne. On reconnaît dansce icuillet aminci des vaisseaux qui commencent as'organiser.

Le hyste ayant été ouvert dans toute sa lon-

gueur, est trouvé rempli d'une sorte de magmaépais de la couleur du carmin. 11n'y a aucune tracede sang en nature et point de liquide. L'intérieurde la poche oitre des inégalités produites par la ma-ttëre rouge, dont quelquesparties sont restées adhé-rentes a ses parois.

L'espèce de bouillie qui remplissait la tumeurétait-elle le résultat de la transformation d'unénorme caillot sanguin? Aupremier abord on aurait

pu penser la matière cérébrale elle-même ra-mollie et mêlée de sang; mais l'hémisphère droit

comprimé était intact, ainsi que les membranes, le

kyste était tout-a-i'aitextérieur: cette supposition nepeut donc être admise. D'ailleurs la matière trou-vée dans la poche, quelque grande que lut la trans-formation ressemblait plus encore a du sangaltéréqu'a de la matière cérébrale.

On m. peut donc douter que la tumeur ne lut unde ces kystes hémorrbagiques, dont beaucoupd'exemples déjà ont été publiés.

Le cerveau n'offrait rien qui mérite d'être noté.'1 1Les autres viscères n'ont pas été examinés.

Page 165: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DE QUELQUES Hh.MOmutAGJES MÉ'<)XRÉ):S. 125 ~-)

Ce fait est remarquable par l'étendue du kyste,mais surtout par la transformation spéciale qu'a-vait subie le sang, transformation telle qu'on1

eût pu, par exemple, le prendre, dans l'épaisseurmême du cerveau, pour de la substance cérébrale

altérée.

Dans tous les faits analogues a celui que je viens

de citer, l'épaississement du kyste s'arrête aprèsun certain temps et sa cavité ne s'obiiterc jamais

complètement. La résorption du sang, qu'on ob-

serve si souvent pour les hémorrhagies de la sub-

stance cérébrale, paraît cependant avoir eu lieu

dans plusieurs cas. On a vu p!us haut une observa-

tion de ce genre, empruntée a Abcrcrombie le

kyste était afi'aissé et le sang avait complètement

disparu.En résume

)" Si le sang est épanche en petite quantité, et

étalé en une couche mince, il est bientôt enveloppé

par deux ieuinets pseudo-membraneux, au-dessous

desquels s'en forment successivement plusieurs

autres;

2° L'épanchemcnt finit par disparaître au milieu

de ces feuinetspseudo membraneux qu'H faut inci-

ser pour en retrouver des traces;

3" La décoloration peut devenir complète et ta

couche sanguine se transformer a la tonguc en une

sorte de membrane nbrcusc

~° Dans les hémorrhagics plus considérables, ic

sang est enveloppédans une pochequi s'épaissit peu

Page 166: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

IJMr~~M

à peu paria superposIUon successive de plusiears~euiUets;

Ive tic Plusieurs

5' Le sangcontenu dans i~intérieur decette pochese sëpa,.e ordinairement en caiUots nbnneux quiadhèrent a sa iace interne et forment parfois descloisons !néga!es, et en une partie liquide plus oumotns décolorée;x

6" La masse du sang se transforme aussi quel-quefo.s en un magma épais et d'une couleur va-riable

7° Le sang épanché peut dans certains cas ex-ceptionnels ëtrecomptétemeht résorbé.

§1!.

Les fausses membranes r<-su)..mtd epanehements~ins plusou mo.n. anciens ont été gardées tort comme de simplesproduits de phlegmasiesantérieures.

M. Bayle, dansl'excellente monograpine qu'H a

publia sur la para!ys:c génërale des atiénës, s'estfOorc~ de démontrer que cette maladie éta.t !e re-s'dtat d'une méningite ehron~uc. Les argumentsne manquent pas, en en'et, a l'appui de

cette opi-rno,t; mais II est des cas

peur lesquels elle devient,a notre avis, impossible a soutenir. Chez certainssujets qui succombent a une période peu avancée de!a on ne trouve pas d'autre altération desméninges qu'une injection plus ou moins vive de tapie-mëre. Or, cette altération se rencontre souventet au mc-mc degré dans le cerveau des maniaques ou

Page 167: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

')!; Q< M.QUKS !!ÉM«n!AC!S ~i:;X~(;ÉES. 127

ft~o~,tt.t; T(tes metancoiiques. La méninge n'est ni épaissieni tnnitréc, il n'y a ni épanchcment de sérosité nifausses membranes. tl est alors difficile de rap-porter a une méningite l'embarras de la parole, lafaiblesse des membres inférieurs, les idées ambi-tieuses, et souvent les symptômes d'une démencedéjà avancée. C'est évidemment a une altérationencore inconnue du cerveau lui-même qu'il faut re-monter dans ces cas pour expliquer lu maladie.

Je n'ai d'ailleurs point a discuter ici avec détaill'opinion de M. Bayle; je dois me borner a examinerce qu'd a dit des fausses membranes qu'on trouveedans la cavité de ~'arachnoïde, et qu'it a regardéescomme des produits phlegmasiques analogues aceux qu'on rencontre chaque jour dans les plèvres,le péricarde, etc.

« 11se forme, dit-il, quelquefois dans la cavité del'arachnoïde des exhalations d'albumine concrète,mais sans cohésion, qui se présentent sous la formede petits amas d'une matière blanchâtre, grisâtreou jaunâtre, répandus ça et la en petite quantitésur quelques points de cette membrane séreuse.

Mais cette exhalation est ordinairement plusabondante, et l'albumine qui en est le produit setransKu-me en une /(tt<&se~e~n;~ analogue aceUesqu'on trouve si fréquemment sur la plèvre,le péricarde, le péritoine, etc.

~On rencontre ces exsudations chez un sixièmeenviron des malades qui succombent a la méningitechronique. »

Apres avoir indiqué le siège précis de cespseudo~

Page 168: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

128 n';s~:ct;

membranes, et leur étendue, M. Baylc les décrit de

la manière suivante

«Ces productions inflammatoires sont souvent

transparentes, surtout lorsqu'eUcs sont très min-

ces mais ellespeuvent présenter une couleur blan-

châtre, grisâtre, rougeatre, et plus rarement jau-

nâtre, brunâtre et noirâtre. Elles curent Iréquem-ment des nuances différentes dans leur étendue.

L'épaisseur des fausses membranes varie beau-

coup elles sont quelquefois d'une ténuité telle

qu'on pourrait les comparer a une toile d'araignéeordinairement elles sont plus épaisses et egatent la

plèvre, ia durc-mere, etc., elles peuvent même

acquérir une demi-Hgne, une ligne, ou même deux

lignes d'épaisseur, ce qui est néanmoins très rare.

Cette épaisseur n'est pas la même dans toutes les

parties de leur étendue; elle est plus considérable

sur la convexité des bémisphet'cs que partout ail-

leurs, et elle va en diminuant a mesure qu'on s'ap-

proche de la base du crâne, ou ces productions

disparaissent souvent, oudevicnnentarachnilbrmes.

Leur résistance est, en général, proportionnellea leur épaisseur; celles qui sont très minces sont si

molles, qu'on les déchire en les touchant, tandis

que celles qui sont épaisses sont souvent assez

dures et diilicdes a déchirer. EUesprésentent quel-

quelois une grande ténacité, une dureté et une

apparence cartiia~incusc.MLeur organisation présente également beaucoup

de diuercnccs. Celtes (lui sont minces sont eouen-

neuscs, semblables aux petncules aibumineuses des

Page 169: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DE QUELQUES HÉMOMHAOKS MÉKt~f.ÉM. 129

.,If anr,~ ~+. a·œuts, et sans structure propre, distincte; les autresoffrent souvent sur une de leurs faces, ccUequi es)unie à la dure-mère, des traces de vaisseaux san-

guins injectés et entre-croisés en divers sens. On yvoit aussi quelquefois des plaques noirâtres ou bru-nâtres qui sont évidemment d'anciens caillots de

sang en parties résorbés. Les fausses membranes

épaisses sont composées de plusieurs feuillets su-

perposés, qu'on peut séparer dans une certaine

étendue, et entre lesquels il n'est pas rare de trouverdes concrétions fibrineuses brunâtres, ou mêmedes caillots d'unsang plus ou moins décoloré (t). »

L'existence de ces fausses membranes, dans unsixtème des cas, est un argument puissant pourprouver l'existence d'une méningite chroniquemais cet argument est loin d'avoir, a mon avis, lavaleur qu'on serait tenté de lui accorder. C'est ce

que je vais essayer de démontrer en examinant lesconditions dans lesquelles se produisent ces fausses

membranes, et surtout en étudiant avec soin leurmode de formation et leur nature.

J'ai rapporté, dans le travail qui précède, plu-sieurs exemples de grandes hémorrhagies dansla cavité de l'arachnoïde. Ces vastes épanchementsenkystés n'ont point été considérés comme les ré-sultats d'une méningite; on les a purement et

simplement classésparmi les hémorrhagies.On comprend, d'ailleurs, que la quantité du li-

qutde ne doit en rien modifier l'opinion dont je

()) Bayle.~f~m~t'ft*r~wxqtff.p. -iC7.

Page 170: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

0<t(} MStÉCE

viens déparier. Unehémorrhagie de deux grammesn'est pas plus un produit phlegmasique que celle

qui est cinq ou six fois plus forte.

Les grandes hémorrhagies arachnoïdiennos se

trouvent assezsouvent chez les aliénésparalytiques,o elles semblent être liées a des congestions céré-

brales. Or, chez ces mentes malades et sous l'in-

fluence de la même cause on observe aussi de pe-tits épanchements, et on ne peut évidemment cher-

cher ici deux explications différentes pour le mêmefait. ;]

On a vu plus haut qu'il se forme dans les hémor-

rhagies arachnoïdiennes des feuilletspseudo-séreux

qui enveloppent l'épanchement. Nous savons aussi

que ces fausses membranes s'épaississent peu rt peu

par la superpositionsuccessivede nouveauxfeuillets~enfin qu'elles se décolorent par la résorption gra-duelle de la matière colorante du sang, et finissent

par ressemblera devéritables membranes fibreuses.C'est aveccesdonnées qu'il faut examiner les pro-

ductions pseudo-membraneuses regardées commee

de simplesproduits phlegmasiques, et dont M.Baylea rapporté douze observations.

Je me bornerai, pour tous ces iaits, citer les

descriptions de l'altération principale.PreM~re o&~rM~MMt. « On voyait sur l'arach-

noïde, à la partie supérieure et antérieure de l'hémi-

sphère gauche, une plaque )'OM~e~'€~gMtt~caillé,du diamètre d'une pièce de sixfrancs, pou adhérenteà la membrane séreuse dont on la séparait en es-

suyantcette dernière avecprécaution. Vis-à-viscette

Page 171: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

M; QMf.Q);t;s OKHOnXHAGiMM)'~)N<;j',t..S. i:~t~t f «.plaque, le feuilletarachnoïdien de la dure-mère étaitrecouvert d'une fausseM&M6raMeassezépaisse, qui,dans cet endroit, avait t<?tecM<~MrMon-eet paraissait/b?-M<~ar~M~. Elle se séparait assez facilementdu feuillet séreux; mais à quelques pouces de dis-tance de la plaque noire, son épaisseur diminuait,et on ne pouvait plus la détacher du feuillet arach-noïdien de la dure-mère. »

Mest évident qu'il ne s'agit, dans cette observa-tion, que d'une hémorrhagieintra-arachno'tdienne.Outre l'existence isoléed'un caillotsanguin, la faussemembrane elle-mêmeétait formée par du san'~ il n'ya donc pas de doute possible.

Dans la troisièmeobservation,l'hémorrhagie n'est

pas moins facile a reconnaître; il existait, en eHetdes caillotsde sang noie-âtressous forme de plaques,et en mcmc temps une fausse membrane mollecouenneuse, transparente.

Chez le ~M~neMemalade, la pseudo-membraneavait « unecouleur MM~r<~ et ellecurait ça et la uneteinte~Mm~e et quelquesplaquesMOtr~ Son tissun'est point uniforme; les parties les plus épaissessont forméesde lames superposées entre lesquelleson voit depe~ caillotsdeMH~.C'était donc encore

unehémorrhagie avecun commencementde résorp-tion de la matière colorante.

L'évidence est encore plus grande, s'il est possi-ble, dans la c~Mcmc observation..« la ~acc internede la dure-mère, dit M. Bayle, était tapissée, dansla fosse occipitale supérieure gauche d'une fausse

Page 172: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~S22 OUS~GE

membrane d'un 6rMM~M~4<re,ayant l'aspect d'uncaillotdesangamincietaplati. »

L'hémorrhagie était beaucoup plus considérabledans le ~a?témecas. Outre que la fausse membraneétait d'un ~-tfHroM~ed~'e,et offrait des plaquesnoires, elle formait, dans l'étendue de trois poucesde long environ sur un de large, un cana! sinueux

irrégulier et sans issue, rempli par un sang noir et

~UM~;la surface de cette cavité était recouvertede

plusieurs caillots de fibrine.

Les observations VtL X, Xf, sont encore des

exemples d'hëmorrhagies ihtra arachnoïdiennes.Dans le f~M~e~efait, la fausse membrane paraissaittrès ancienne; elle était décolorée en dehors, maisencore un peu rouge en dedans; son origine hé-

morrhagique était d'ailleurs attestée par de petitesplaques rougeâtres à la base du crâne.

Quant aux trois fàits qui restent, il n'y avait point:de caillots de sang; mais les pseudo-membranesétaient extrêmement minces, et avaient une couleur

roM~re. A notre avis, ellesétaient, commeles ait-tres, le résultat d'une hémorrhagie, si toutefois on

peut donner ce nom à l'exhalation d'une si minime

quantité de sang,M. Bayle a traité, dans deux articles séparés,t

des épanchements sanguins et des hausses mcm~branes, et distingué cesdeux ordres defaits qui sont

pour nous identiques; cependant il n'a pu s'em~

pêcher de reconnaître qu'ils se trouvent le plus sou-vent réunis. aZ~f~HC/iCM~ sanguinssont,

Page 173: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

M QOEt.QOESHËMMtUtAGtM MANGÉES. 133

très )wes ~uctH~il n'y a pas de /ouMemembraneà la

face internedela ~ure-M&re.»

Nous pourrions modiner la proposition deM. Bayle de la manière suivante Les fausses?Hew~atMs face interne~e (/M)-e-?në~-esont très

rares, lorsqu'iln'y a pas ~Mne/tcmey~sa)~M/;ndans~0cavitéde l'arachnoïde.

Pour nous, cette coïncidencedes épanchements et

des fausses membranes s'explique facilement, car

nous voyons la un rapport de cause a ef!et.La fausse

membrane n'est d'abord que la partie a!bumineuse

du sang; plus tard, c'est le sang lui-même déco-

loré et transibrmé en couenne. Mais le plus sou-

vent on trouve les fausses membranes avant quela décoloration soit complète, ou bien une nouvelle

bémorrhagie a eulieu; cequi fait qu'on les rencontre

rarement sans qu'il y ait une quantité plus ou moins

grande de sang.

L'analyse des faits qui précèdent ne peut tecrois, laisser aucun doute sur la nature des fausses

membranes arachnoïdiennes. Ces productions suc-

cèdent évidemment des épanchements de sangdont la partie albumineuse se sépare et s'organise,de manière a entourer bientôt l'hémorrbagic dans

une sorte de pocbe.

L'organisation d'une fausse membrane autour du

sang épanché s'observe, d'ailleurs, dans d'autres

membranes séreuses. M. E. I!oudet a mis ce Rnthors de doute pour le péricarde ()\

(<)Voirianoten"

Page 174: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MStËGË~nr~-t

M. Foville a indiqué commele principal caractèreanatomique de la

méningite pariétale l'existence« de taches disséminées, oblongues, irrégulièrementcirconscrites, d'un diamètre variable d'une ligne àun pouce. La couleur de ces taches est d'un rougetirant sur le brun ou sur le jaune /b~ Puis ilajoute «II n'est pas rare de trouver du sang extra-vasé sous quelqu'une de ces taches, et quelquefoisen assez grande quantité pour qu'il en résulte ducôté du cerveau une saillie qui peut être asseziorte pour déterminer la compression du vis-cère (t). »

II est clair qu'il s'agit encore ici d'hémorrh~gtcs plus ou moins considérables, et qui ne se-rvent point pour nous la preuve d'une méningitepanétale. M. FoviUen'est, d'ailleurs, pas bien éloi-gné d'adopter cette opinion, car il ajoute N'ou-bhons pas que c'est de la méningite, c'est-à-dire dei muammatmnqueje dois parler dans cet article etque l'altération que je décris, quoiqu'elle oHre quel-ques uns des caractères

anatomiques de l'inHamma-tion, n'est pas une inflammation assez bien démon-trée pour que je doivem'étendre beaucoupsur toutesles cu-constancesqui s'y rattachent.~I¡

Le même autc.u-place le siège des hémorrhagiesdont je viens de parter entre la dure-mère et l'a-rachnoïde pariétale décoUée, et je pense qu'i! a sonsce rapport commis la même erreur queMM.Hostan,Cruveilhier, Andral, Menière et Thibert.

(') D'c<~Mr, ~~<.n,~~,n<<.p,.<,(, t. p. 4C6.

Page 175: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DEQUELQUESHÉMORHHAGiESMÉKiNGEES. iS55

'1En résume il me semble ressortir des faits que

je viens de citer:

t° Que les fausses membranes arachnoïdiennes

sont le plus souvent le résultat d'hémorrhagies plus

ou moins abondantes

2° Que l'aspect variable sous lequel elles se pré-

sentent dépend uniquement de leur ancienneté et

du degré de décoloration qu'elles ont subi, par

suite de la résorption graduelle de la matière colo-

rante du sang;

3"Que cesfaussesmembranes ne doivent pas être

assimilées, comme on l'a fait, a celles de la pleuré-

sie, de la péricardite, et qu'elles ne sauraient être

invoquées comme preuve de l'existence d'une me-

ningite ()).

()) Cetteopinionquej'ai émiseen.t 837,aétédepuisadoptée

parM.E.Boudet,etsurtoutparM.Aubunet,quiaconsacréunlong

mémoireà l'examendecepointd'anatomiepathologique.Voirla

no<en"t,a)a.finduYo)ume.

Page 176: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

V.

RECHERCHES STATISTIQUES

SUR

f Ir

~HÉRÉDITÉ DE LA FOME.

Tout le monde est d'accord sur l'influence del'hérédité dans la production de la folie. Il n'est pasde médecin parmi ceux qui dirigent les établisse-ments consacrés aux aliénés qui n'ait observé unnombre de faits sutHsantpour établir sa convictionà cet égard. C'est d'ailleurs une opinion populaireet très ancienne que celle de l'hérédité de l'aliéna-tion mentale et les relevés statistiques publiés de-

puis vingt ans n'ont fait que la confirmer.Mais si le fait même de l'hérédité de la folie n'a

plus besoin d'être prouvé, il reste encorea l'étudierdans ses détails, n rechercher dans duelle propor-tion et suivant quelles lois il se reproduit; il reste a

comparer les folies héréditaires aux foliesnon hé-réditaires sous le rapport de l'àge auquel elles dé-

butent, de leur durée de leur terminaison, etc.

Page 177: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

f!E(;HËKC))MSTAT)!jTtQUMSCitL'm;;KM))['t'Mt)t.LAFf't.U;. 1:~7

Entre tant de questions que soulève cette étude

j'ai choisi les trois suivantes

t" La folie de la mère, toutes choses égales d'ail-

leurs, est-elle plus fréquemment héréditaire quecelle du père ?~?

a° Dans les cas de folie héréditaire, la maladiede la mère se transmet-elle un plus grand nombre

d'enfants que celledu père?3" La folie est-elle transmise plus souvent de la

mère aux filles et du père aux garçons?Parmi les observations que j'ai recueillies, celles

qui peuvent servir à la solution de cesquestions sontau nombre de 600.

Ces 600 observations, résumées dans des tableaux

statistiques, peuvent être divisées en trois séries.

La~re~i'ereet laplus nombreuse contient /~o faitsdans lesquels la foliea été transmise en ligne directe

par le père ou par la mère.

La deuxièmene renferme que t3 observations.Les malades dans ces t3 cas avaient eu en même

temps et des parents collatéraux et des frères ousoeursaliénés.

Dans les 1!17observations de la ~OM!eH!esérie, il

n'y avait dans les familles des malades que des pa-rents collatéraux qui eussent été atteints de folie.

L'influence héréditaire ne peut en aucune ma-nière être mise en doute pour les faits de la premièreet la deuxième série; mais il n'en est pas de même

pour ceux de la troisième.

La fotie d'un ou de plusieurs parents collatérauxne suffitpas, en ettet, pour démontrer que la ma-

Page 178: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

i3S titSCHKHCMBSSTATtSUQUËS

ladie est heredttatre. Sans doute, dans m plupart

de ces faits, l'influence derhérédité est bien réelle;

mais on ne peut nier que des erreurs assez nom-

breuses ne soient possibles, et ces erreurs seraient

plus (me suffisantespour altérer des résultats repo-

sant d'ailleurs sur des chiffres encore trop peu

nombreux.

J'ai donc cru devoir renoncer a ces <47observa-

tions de la troisième série.

restent 4.53faits, qui me serviront seuls pour

l'examen des trois questions que j'ai posées plus

haut.

PREMIÈRE QUESTION

La folie de la mère, toutes choses égales d'ail-

leurs, est-elle plus fréquemment héréditaire que

celle du père?Je commencerai par admettre, comme l'ont

prouvé des relevés statistiques très nombreux, que

la folie est, a très peu de chose près, également

Iréquente dans les deux sexes, et que la proportion

des aliénés mariés est la même chez les hommes et

chez les fenunes.

La source de la folie héréditaire étant égale pour

les deux sexes, il est évident que si nous trouvons

plus de cas transmis par le père ou par la mère,

nous ne pourrons attribuer ce fait qu'a la iacilité

plus grande avec laquelle la transmission a lieu par

l'un des parents.

Les recherches publiées en France sur les causes

de la folic ne contiennent d'ailleurs, a maconnais-

Page 179: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

SU!EL'i!tË{)!TËU!iLA FOUH. 139

sanc~, qu'un seul document qui pourrait servir a la

solution de la question que j'examine.C'est le relevé fait a Bicctre par MM. Aubanel et

Thore dans le service de M. Fcrrus. Ce relevé con-

tient cas dans lesquels on a déterminé si la ma-ladie venait du père ou de la mère.

La folie, dans ces cas, avait été transmise8 fois par le père et 6 fois par la mère.

Les auteurs que je viens de citer se gardent d'ail-leurs de rien conclure d'un si petit nombre d'obser-vations. Ils se bornent à faire remarquer que cerésultat est en désaccord avec l'opinion d'Esquirol,

lequel admettait que la folie est plus souvent trans-missiblepar la mère que par le père.

11est, je crois, important de faire observer quele relevé de MM. Aubanel et Thore, quand bienmême il eût compris un plus grand nombre de ma-

lades, n'aurait pu aider à la solution de la question.Il n'y a que des hommes aliénés a l'hospice de

Htcêtre; or ce qui pourrait être vrai pour un sexeen particulier ne le serait peut-être plus pour lesdeux sexes réunis. Nous verrons, en effet, qu'il y asous ce rapport d'assez grandes différences.

Il est donc indispensable pour l'examen de ce

point quela statistique comprenne un nombre éeald'hommes et de femmes.

\oici les résultats que j'ai obtenus

Sur 453 aliénés atteints de folie héréditaire, lamaladie avait été transmise

Par la mère 27i fois.Parle père. )S2

Laditïerenccestdtj.. ~Uoud'untiersenviron.

Page 180: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

(J hEOiKMUESSTATtSTtQ~KS

La toue de la mère est donc plus fréquemmenthéréditaire que celle du përe dans la proportiond'un tiers.

DEUXIEME QUESTtON.

Dans les cas de folie héréditaire la maladie de lamère se transmet-eUeà un plus grand nombre d'en-fants que celle du père?

Le résultat des relevés que j'ai faits est le suivant:Sur ay< ~amiUes,dans lesquelles la folie avait été

transmise par !a mère, la maladie, à l'époque oùles observations ont été recueillies, s'était mani-lestée

Chezun seul enfant. 203 fois.

Chezdeux enfants. 63

Cheztroisenfants. 5

Chezquatre enfants.

Total. 27<

Un seul enfant. ~Mfois.

Deuxenfants. gg

Troiscnfants. 4

Total. <82

La folie de la mère avait donc été transmise à

plusieurs enfants 70 fois sur 271, c'est-à-dire dans

plus d'un quart des cas.

Quant à la folietransmise par lepère, j'ai trouve

Que surj8a familles dans lesquelles la folie ve-nait du père, la maladie, a l'ëpcfmc où les obser-vations ont été recueiUies avait atteint

La folie du père a donc été transmise a plusieurs

Page 181: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

sun L'HMnÉnnU nE LA FOLIE. lût

enfants 3o fois sur 182, c'est-à-diredans un sixième

des cas.

Ainsi la folie de la mère, en même temps qu'elleest plus fréquemment héréditaire que celledu père,

paraît aussi, toutes choses égales d'ailleurs, at-

teindre un plus grand nombre d'enfants.

TROISIEME QUESTION.

La folie se transmet-elle plus souvent de la mèree

aux filles et du père aux garçons?Sur 3~6 enfants qui avaient hérité de la maladie

de la mère, j'ai trouvé

<9T!nes.346,n ) ''tu

et 149 garçons.)

La difTérenceest de 48 ou d'un quart.

Sur 2) 5 enfants auxquels la maladie avait été

transmise par le père, j'ai trouvé

438garçons .(,

et 87{U)es.) 1}

LadifKronceest'je4t oud'un tiers.

La foliede la mère se transmet donc plus souvent

aux filles qu'aux garçons dans la proportion d'un

quart; la folie du père, au contraire, plus souvent

aux garçons qu'aux filles dans la proportion d'un

tiers.

En comparant les résultats queje viens d'énoncer,on aperçoit bien vite deux autres rapports qui ne

)no paraissent pas sans intcrt't.

a

Page 182: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

i&2 H!ECHRRCHHSStA'nst!QUt;S

On trouve, en enet, que, sur 27 garçons,

<46tenaientla foliedateurmère.

<3Sde)curp~ro.

Ladifférenceestde 2) oud'unsixièmeà peine.

Pour les filles, au contraire, cette différence est

beaucoup plus tranchée, et c'est de tous les résul-

tats qui précèdent celui qui me parait avoir le plus

d'importance.Sur 2~4 filles aliénées,

)89tenaienHafo)iodoteurmere,

8!;seulementl'avaienthéritéedeleurpère.

LadifTcrenceestdetOt,c'est-à-direde plusde la mojtie.D'où

cetteconclusion

Que les garçons tiennent a peu près aussi souvent

la folie de leur père que de leur mère mais que les

filles, au contraire, héritent au moins deux fmsplussouvent de la folie de la mère que de celledu père.

En faisant l'application des résultats que j'ai ob-

tenus au pronostic à porter sur les enfants nés de

parents aliénés, on arrive aux conclusions suivantes,

qui seront en même temps le résumé de cette note.

1° La folie de la mère, sous le rapport dé l'héré-

dité, est plus grave que celle dit père, non seule-

ment parce qu'elle est plus tréquemment hérédi-

taire, mais encore comme se transmettant a un plus

grand nombre d'enfants.

2° La transmission de la folie de la mère est plusa craindre pour les fillesque pour les garçons; celle

du père, au contraire, plus a craindre pour les

garçons que pour les filles.

Page 183: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

SUiiL'nÉHÉt)!TKMLAFOf.tE. t~S

3' La transmission de la folie de la mère n'est

guère plus a craindre pour les garçons que celle du

père elle est, au contraire, deux fois plus a re-douter pour les filles.

Je crois devoir ajouter, avant de terminer, queje suis loin de regarder les Goo observations ré-

sumées dans les tableaux que je joins a ce mé-

moire, comme suffisantespour la solution complètedes questions que j'ai posées. Je ne les considère,au contraire, que comme le premier élément d'un

travail'1 'd. el I^tre continu(!.travail qui demande a être continué.

Les recherches de cette nature, a part l'étude dela folie, intéressent la physiologie et l'histoire des

maladieshéréditaires, qui est encore si peu avancée.

Ces recherchesdoivent donc désormais être pour-suivies. Les hospices d'aliénés curent d'ailleurs sous

ce rapport des laits si nombreux, qu'on ne peut

manquer d'ici quelques années d'arriver à des solu-

tions définitives.

AppHcationsphysiologiques.

Jusqu'à quel point pourrait-on faire l'applicationde ces dominesa la physiologie?'?

La transmission de la prédisposition a la folie est

évidemment, ait moins et),partie, le résultat de la

transmission d'une certaine organisation cérébrale.

Or, de ce que les filles,par exemple, toutes choses

égales d'ailleurs, héritent cette organisation anor-

male deux fois pins souvent de la mère que du père,

Page 184: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t~ MCHMCHESSTATtSTiQUES

en pourrait-on conclure quele même rapport existe

dans l'état physiologique pour la transmission des

facultés intellectuelles et morales ?

En tirant cette conséquence, je ne fer aisqu'imiterles auteurs qui ont traité les questions de cette na-

ture.

Ainsi, quand Burdach cherche a prouver que,suivant l'opinion populaire, les nlles héritent plussouvent du père et les garçons de la mère, il cite

surtout des exemples d'anomalies d'organisationtransmises exclusivementde la mère aux garçons et

du père aux filles.

Voiciles applications que les recherches qui pré-cèdent pourraient fournir a la physiologie, si des

observations plus nombreuses venaient plus tard

confirmer les résultats que j'ai obtenus.

Onparaît admettre généralement que les enfants,sous le rapport intellectuel et moral, tiennent plussouvent de la mëre que du père.

Burdach rappelle que cette opinion est si popu-laire en Allemagne et dans quelques autres pays,

qu'il y a dans la langue un mot particulier qui si-

gnifie espritm~erneL

On a souvent observé que les hommes supérieursétaient nés de femmes remarquables par le déve-

loppement de leur intelligence. Sinclair cite quel-ques femmes d'esprit qui ont rendu les facultés in-

tellectuelles plus actives dans les familles auxquelleselles sesont alliées, et il fait entre autres remonter aune femme les talents qui distinguaient la familledes Pitt.

Page 185: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

SM!tKttt;n'T);<)f-AFOt.U:. 1M -ri

Burdach, auquel j'emprunte ces détails, rappelle

encore l'opinion de Fal)ricius qui avait remarque

qu'on héritait de son père la goutte et les ca-

chexies, de sa mère les spasmes, la mélancolie, la

vivacité et les facultés intellectuelles.

Je crois que la transmission plus fréquente de la

folie par la mère que par le p~e sera désormais un

argument de plus en faveur de tous ces faits.

Il y a une autre opinion plus généralement ré-

pandue encore que la précédente, mais à laquelle

les résultats que j'ai obtenus sont tout-a-tait op-

posés.On prétend queles garcons tiennent plus souvent

de la mère, elles filles, aucontraire, plus souvent

du père, et qu'il y a ainsi entre les sexes une sorte

de croisement.

11n'existe point dans la science au moins pour

l'espèce humaine, d'éléments précis qui aient pu

servir a la solution de cette question.Aussi est-ce une chose remarquable que l'indéci-

sion avec laquelle les physiologistes se sont expli-

qués sur ce point.Les garçons, dit Haller, tiennent souvent de la

mère; les fillessouvent du père.

Burdach, comme on l'a vu plus haut, tout en

citant des faits pathologiques à l'appui de ce

croisement des sexes, paraît aussi rester dans le

doute.

«L'opinion populaire que les filles ressemblent

généralement au père, disent MM. Kicherand et

Bérard tandis que les enfants mâles offrent le plus1(~

Page 186: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

I<t6 nECHERCHESSTATtSTtQUES

souvent les traits de leur mère, porte sur un trop

grand nombre de iaits pourqu'il soit possible de la

regarder comme tout-a-fait fausse. Est-ce la raison,

ajoutent-ils, pour laquelle tant d'hommes illustres

par leur génie et par de nombreux succès dans les

sciences et les lettres ont transmis leur nom à des

61sincapables d'en soutenir l'éclat? 1)

Ainsi la question n'a point été nettement tran-

chée) et ne pouvait l'être, car les faits nombreux

qu'on invoque sont pour ainsi dire partout et ne

sont nulle part. Personne ne les a rassemblés ni

comptés.Les recherches sur l'hérédité de la folie parais-

sent sous cerapport tout-a-fait contrairesa l'opinion

populaire du croisement des sexes da~s la généra-

tion. Loin que ce prétendu croisement soït le fait

le plus général, c'est l'opposé qu'il faudrait ad-

mettre.

Ces recherches porteraient, en enet, a conclure

que la transmission des facultés intellectuelles et

morales se fait bien plus souvent de la mère aux

filles que de la mère aux garçons;

Que cette transmission, au contraire, a lieu plus

fréquemment du père aux garçons que du père aux

filles.

Je rappellerai surtout ce résultat si tranché, que

sur 274 filles, 85avaient hérité de la folie du père,et t8g, c'est-à-dire plus des deux tiers, tenaient

cette maladie de leur mère.

Page 187: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

SOn~E~Dn~OELAFoUt;. {/~Î

ApplicationsFh.stoiregénéraldemaladieshéréditaires.

De quelquemanière qu'on juge l'importancepourIaphy~log,e des recherches

statistiques sur l'he-rédité de la folie, on ne saurait méconnaître celle

l'histoire générale des maladieshérétHtah;es.

Cette histoire est, en effet, très peu aTaneée. Jeen p~urr~s donner de mëiUeure preuve que l'ab-p~que compÏetc de documents pou.ia.oh,-tton des questions quej'ai eXa~inëes.

Ainsi, en prenant pour exemple la maladie la pinscommun., que sài~n de bien précis sur l'hérédité~elaphthisie?

M. Louis n'a point soulevé les questions que

j'aiét les

publiées parMM.Piorry et Briquet ne

comprennent, l'une que49 malade., et l'autre que .9. Les résultats obtenusne sont point d'accord. D'après les chiffres de1~ Piorry, la phthisie viendrait plus souvent de la~re c, de M. Piquet, ph. souvent~P~.Uya a encore l,ien moins de documentspréc~ pour la goutte, les scrofules, été

Je crois devoir faireremarquer que l'étude de lafolie peut, mieux que celled'aucune autre maladie,servir ~~r"' l'histoire générale de l'hé-rédité et a la deternunation des lois qu'elle suit.

Lesphtisiques, les scrofuleux, les .outte~sont disséminés ça et là, et un ~lo~atc.

pourrait qu'avec beaucoup de peine et de temps

Page 188: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

i&8 RECHERCHESSTATtSTtQUESSUttL'HÉt!)ÊD)TÉDELAFOUR.

arriver a rassembler un nomore sumsant <t ooser-

vations.

Les aliénés au contraire, sont réunis par cen-

taines dans les hospices ainsi, à la Salpêtrière et a

Bicêtre, il y a plus de 2,000 aliénés, et il est plusfacile de recueillir en quelques années des obser-

vations très nombreuses.

Il y a une autre considération non moins impor-tante.

On arrive bien plus sûrement a déterminer si les

parents d'un malade sont morts aliénés que s'ils

ont succombé à la phthisie, aux scrofules, à la

goutte, etc.

Voilà pourquoi l'étude de la folie peut mieux quecelle d'aucune autre affection favoriser la solution

des divers problèmes qui se rattachent à l'histoire

générale des maladies héréditaires, et j'ai pensé

que les recherches statistiques qui précèdent pour-raient encore avoir sous ce rapport un certain

intérêt.

Je crois devoir rappeler, en terminant, queje suis

loin de regarder les solutions des questions quej'aiexaminées comme définitives, et que je considèreau contraire les documents cités plus haut comme

le premier élément d'un travail qui demande à être

continué (t).

(<)Voirlanoten"S,à lafinduvolume.

Page 189: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DOCUMENTSSTATISTIQUES

Aj.pput

DU MÉMOIREQUI PRÉCÈDE.

i $00 -bser..rbsumée~ cn atac

tableaux) (1).).

dequelques points de ces

tableaux @voirà la fin du volume la note n~ Õ.

Page 190: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

1500 RECHENCHt~STAT!STIQUES SUN~'tiKMDtfPt)KLAtOUE. 151

TOTAUX.

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M Frèffs J~s~as~K~aN~asaaa

Kf~ CoUStCHH.s~tss~x~svt~asas~ a~r:t:I Cousiaes. a a a a a a a a a a a a a

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Orxad'tontM.

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Grands-ondM.x~a.tcsxaxKxsxa~saaaa :K

TanCt'js. se~st~K~x~~aaaxx~cAx~ aa

Oncïes.l~e~Rx~~x~a&a~

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Grand'mèrCt.( ~axaa acxaa x~sKpa~xsxaE a

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t Pères x'~sa~tsAxa~ a K a Ks x~)

.TOTAUx. eï!1~eiR i' eie~ia-ta acia.N<ic~+MTOTAUX.C~KR~.<~<4RX?~~rt~s~~a't~-te~K

F)!)e!etniec<=N=a:==x=:=s=axea~Kaa

F)<tetneveux.==-aNs==xsxxss=es;ixx~x

SûBttrtj ~xR~~ss~x~N~a~.TM Frères, ~s~x ssax~a=:=N~aKR~s~

Commet. =~ax!xxa=sxxxasx~a~sM

Cousines.

CoMtM. ~x~? ~x=SB~asaa==Naassx

(~rand'tantrs.° a

g CMad'tantfS.

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~=xa~ ==.:=sx=xN==,:aasxs

Grandi-onctM.=-=~=~=~a~a=<=aasaas

T~tes. l

a c a a a.a a a a a a a

Onctcs. x~~tx~a = ~sc~tsxs<-<~<=

Crauds-pere'=s s x =x ===-<x xe xa s =s =K

Grand'mcres.a=sa~K~N~====.s~t~

Mères.I

~s~f~aN~ss~ts~t~

At~ ~~M~'t'oT)~mo~c''t-~oo[-<~c~c't>'r~c~c'<?oc'<~to-??~-<Mc~ocOMeo-=3C~M~C~<o~-t~T)

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Page 191: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

150 KECHMCHt~SfAT!STIQtJES

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Page 192: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 193: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 199: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 201: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 202: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 203: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DOCUMENTSSTATISTIQUES

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Page 204: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 205: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 206: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 207: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 208: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

168 MCOMCHESSTATtSTtQUES SunL'HÉBÉTÉM!.AFOUE. 169

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Page 209: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

168 MCOKRCHESSTÀTtSTÏQUES SU))L'HÉ~OiTÉDE!.AFODE. 169

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Page 210: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

170 nUCHEitCHESSTATtSTtQUM SUf<L')!ËHt;[)ttTKHËLAFOL!H.i711

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Page 211: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 212: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 213: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 214: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 215: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 218: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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Page 219: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

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PATHOLOGÏE.

Page 220: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

1.

M t.'ËTATDÉSfGNt~COEZLESADÉKËSSOUSm SOMDRSTUPtDtTÉ.

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Page 221: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ï.

~L'ÉTAT DÉSIGNE

CHEZ LES AL IÉNÉ S

S')USLHKOM

DE STUPIDÏTÈ.

18't3.

Georgct a donné le nom de stupidité il un ~nreparticulier de folie que Pinel confondit avec l'idio-tisme, et qu'Esquirol avait uidiqué comme une~anété de ta démence (démence ai~uc).

La stupidité, d'apt-cs C<-orgt.t/cst\-aractérisé,.par l'absence accidcnteUede la manifestation de lapensée, soit que le malade n'ait pas d'idées, soittqn'u ne puisse les exprimer.

La suspension de l'intelligence, ou bien l'em-Larras, la confusion dans les idées, une sorte defaiblesse d'esprit qui empêche de les rassembler,

Page 222: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t82 STUt'unrË.

sont les symptômes qu'il a assignés a ce nouveau

genrede folie.M. Étoc qui a publié en t833 une très bonne

Monographie sur ce sujet, reconnaît avec Georget

que la stupidité a pour caractère principal la sus-

pension ou l'embarras de l'intelligence. « Les fa-

cultés intellectuelles, dit-il, sont affaibliesou même

entièrement suspendues les impressions sont rare-

ment perçues distinctement. La plupart des malades

voient confusément les objets qui les entourentl'ouïe est faible; les excitants les plus actifs appli-

qués sur la peau et portés sur les narines ne sont

pas sentis ou causent a peine une légère sensation

de chatouillement qui n'a rien de douloureux. Quel-

ques uns n'ont plus d'idées; chez d'autres, ellesar-

rivent en foule, mais vagues, confuses, comme atravers un nuage. Ils ne souffrent pas.

La faculté de comparer les perceptions, le juge-ment, est languissant ou aboli commeelles. Les unsne se rendent pas compte de ce qui se passe autour

d'eux: ils ne peuvent débrouiller leurs idées pour

parler; d'autres ne pensent plus.»La mémoire, qui reçoit aussi ses matériaux des

perceptions, est obscure et affaiblie, etc. »

Tels sont les symptômes de la stupidité d'aprèsM. Étoc. A part les détails, ce sont a peu près les

mêmes qu'avait déjà indiqués Georget.

L'opinion de ces auteurs, sur l'état intellectuel

des aliénés stupides, a été adoptée par plusieurs

manigraphes, et entre autres par M. Ferrus, quidéfinit la stupidité, Ml'abolition ou plutôt la suspen-

Page 223: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

STUt'ttMTÉ.

1sion rapide, apyrétique et curable de toutes lesfacultés cérébrales (t).

M. Étoc n'admet point avec Georgct que la stu-

pidité soit un genre particulier de folie.« Si la diminution ou la suspension accidentelle

des facultés suffisait, dit-il, pour caractériser l'alié-nation, il faudrait aussi faire entrer dans cette &f-mule symptomatique la stupeur dela fièvretyphoïde,l'engourdissement, l'hébétude de

l'apoplectique~l'insensibilité et l'immobilité du cataleptique. »

Tout cela est évident la suspension ou l'auaiblis-sement de l'intelligence ne peuvent à eux seulsconstituer la folie.

Qu'est-cedonc que la stupidité?Pour résoudre cette question, M.Étoc a recherché

de quelles lésions anatomiques pouvait dépendrecette suspension ou cet affaiblissement de l'exerciceintellectuel.

n a trouvé qu'ils étaient le résultat de l'œdëmedu cerveau.

Les symptômes de la stupidité, comme ceux de

l'hydrocéphale, sont donc l'effet d'une compressionmécanique. M. Étoc explique d'ailleurs parfaite-ment, par le mode différent de compression, pour-quoi les symptômes de la stupidité et de l'hydrocé.phale ne sont pas identiquement les mêmes.

Si l'œdeme de la substance cérébrale n'avait étéobservé que chez des personnes saines d'esprit, il

(') ~(;M/~xh.t~, )838.Leçonscliniquessurles mala-diesmcnta!t)s.

Page 224: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~tSTupton'Ë.

n'y aurait rien de plus à rechercher mais c'est aucontraire chez des aliénés qu'il a été rencontre.

Il restait dès lors a examiner ce que devenait ledélire de cesmalades; comment il était modifié parcette compression de la substance cérébrale. C'estce qu'a fait M. Étoc en étudiant l'influence de la

stupidité ( c'est-à-dire de l'œdëme du cerveau) surle délire des aliénés. Voici ce qu'il dit a ce sujet

« Les symptômes présentent quelques variétésselon le genre d'aliénation avec lequel ils existentchez le mêmeindividu.

» Lesmaniaques agités deviennent calmes; leurdélire continue, mais il est taciturne; ils murmu-rent lentement quelquesmots incohérents.

"Chez lesmonomaniaqucs, la stupidité ajoute

encore a leur immobilité ordinaire, a leur indiue-rence pour les choses étrangères aux idées qui do-minent dans leur pensée. Quelquefoisleur attention

parait recouvrer la faculté de se fixer sur l'objetde leur délire; ils semblent faire des eubrts pourrompre le lien qui arrête leur intelligence; ils lais-sent échapper quelques mots, et retombent dansleur inertie habituelle.

» Les hallucinations et les erreurs de jugementpersistent, mais elles sont confuses et comme voi-

lées leur manifestation est moins évidente, etc. »L'œdëme du cerveau a donc chez les aliénés les

mêmes effetsque chez les sujets sains d'esprit. Dansles deux cas, il suspend ou att'aibtitl'exercice intel-lectuel; il rend les perceptions moins nettes, maisil nefait rien de plus.

Page 225: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

.STUt'tDtTh. 185

La conséquence tirée par M. Étoc de tout ce qui

précède est la suivante

La stupidité, n'ayant pour effet quela suspensionoul'embarras des idées, ne peut être regardée comme

un genre particulier de folie. Ce n'est donc qu'une

complication, ou, si l'on veut, un accident qui,comme la paralysie, peut s'ajouter a la folie et a

toute autre maladie; mais ce n'est point une partie

intégrante du groupe de symptômes appelé aliéna-

tion mentale.

Cet accident pouvant compliquer les diverses

variétés de monomanie ou de manie, on est conduit

a cette autre conséquence

Que Mle délire des aliénés stupides n'a aucun

caractère (lui lui soit propre et qu'il peut et doit

présenter, chezles dinerents malades, les caractères

les plus opposés. ))

Tel est en résumé l'état de la question.Les observations que j'ai recueillies ne me per-

mettent point d'adopter l'opinion de Ccor"et, de

!\1M.Etocet Ferrus sur l'état intellectuel des aliénés

pendant la durée de la stupidité.Je n'ai rencontré aucun malade dont !'intclii-

gencc ait été suspendue.Cheztous ceux que j'ai intcrronés, l'exercice in-

teilcctuctavait continué malgré l'embarras des idées,et le délire ourait constamment les mêmes carac-

tères.

Ce délire était dans tous les cas de nature triste

et souventaccompagné d'idées de suicide.

Cequ'on

adésigné

sous le nom de stupiditén'est

Page 226: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

186 STUt'tMtÉ.

donc, à mon avis qu'une forme spéciale de la mé-

lancolie et non un accident compliquant indif-

féremment toutes les variétés de la folie c'est ce

que me paraissent démontrer les observations sui-

vantes.

OBSERVATION PRE)t)È)!E.

Tentatives de suicide délire m~iat!c< ïi~nf tmUut mations fit! ta ?MC de l'uoie ut du

loucher; trausformnl1on gên~rule dCi impre,Hiiol1s. ezlernas; existancu dans. un

monde cumptë~'n'snt tmugi<tair< a~~reac~s de ttHptditë au p!ui h~m fïegr~;

~ue'tsouHprCi ho'sm~is.

M. B ngé de vingt-cinq ans, chef de bureau

dans une administration, fut amené a Charenton

le )2 août )833.

Ce jeune homme avait déjà eu antérieurement

deux accès de folie, l'un a quinze ans, l'autre a vingt-deux ans. Le premier avait duré six semaines, le

second quinze jours seulement.

II résulte des renseignements donnés par la fa-

mille que M. B. entrait à peine en convalescence

d'une fièvre intermittente, qui s'était prolongée

pendant six semaines, lorsque ce troisième accès a

éclaté tout-a-coup, sans cause connue, après quel-

ques jours d'une violente céphalalgie. Les sym-

ptômes du début ont été ceuxd'une nëvre cérébrale;il y a eu des convulsions qui sont revenues it plu-sieurs reprises pendant trois semaines. Le malade

était dominé par des Idées de suicide. Ha essayé de

se frapper avec des instruments tranchants de se

précipi<er par une lenctre; il a avalé un sou dans

l'espérance de se donner la mort; mais cette tenta-

tive n'a été suivie d'aucun accident.

Page 227: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

STUP)D)Tt;. 187

On a pratiqué plusieurs saignées, fait des appli-

cations de sangsues et donné des bains, sans ob-

tenir d'amélioration.

Le malade, à son entrée a la maison de Charenton,

est dans l'état suivant

Le teint est paie, les yeuxfixes, largement ouverts,

ordinairement tournés vers la terre. La physionomie

a perdu toute expression et dénote une profonde

hébétude. M. H. passe sa journée assis a la même

place dans un état complet de mutisme, et paraît

étranger a tout ce qui l'entoure. Quand on l'inter-

roge, il faut parler a haute voixet répéter plusieurs

fois les questions pour obtenir quelque monosyllabe

prononcé lentement et a voix basse. Veut-on le

faire promener il semblecraindre de tomber il se

retient aux poteaux, aux murs, aux personnes qui

sont près de lui; sa démarche est d'ailleurs très

lente. La seule preuve d'activité qu'il donne est la

résistance qu'il oppose lorsqu'on le conduit au bain.

Souvent aussi dans la journée il regagne son lit et se

couche.

La mémoire paraît complètement abolie. La stu-

peur de M.B. est pousséeilcepoint qu'on est obligé

de le faire manger sa matproprcté est d'ailleurs si

grande, qu'il a lat!u substituer aux vêlements ordi-

naires la longue blouse de toile f/c.s'~d~M.r.

La sensibilité est obtuse, mais persiste. Le som-

meil est prolongé t'appctit très grand.

l'eu de temps âpres l'entrée du maiadc, M. Esqui-

rol lui nt mettre un large vésicatoire a !a nuque.

bientôt M. H. seplaignit du mal que lui faisait cet

Page 228: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ST~P!t)tTH.

exutoire, et des ce moment il commençaa aller unpeu mieux. Ses réponses sont plus longues sa voixplus forte il ne peut, dit-il, débrouiller ses idéesil a quelque chose qui le gêne. La physionomie con-serve d'ailleurs son caractère d'hébétude, la mal-propreté est toujours la même. Parais le malade rit

tout-a-coup aux éclats en regardant un aliéné vêtucomme lui d'une longue blouse de toile.

Le i5 octobre, le mieux devient plus tranché.L'excrétion des urines et des matières fécales cessed'être involontaire. On apprend que M. B. estmusicien; on l'engage a reprendre son violon; et,quoique son intelligence soit encore très entbarrassée, il obéit, et dès lors fait chaque jour de lamusique pendant plusieurs heures.

Je le quittai dans cet état aux premiers jours denovembre, et quand je le revis au mois de décembre,il était complètement guéri.

Au lieu de l'aliéné stupide que j'avais laissé, jeretrouvai un jeune homme d'une physionomie ou-verte et animée, d'une instruction solide et variée.Je tenais beaucoup a savoir quel avait été l'état in-tellectuel pendant les trois mois d'hébétude et destupeur. Sous ce rapport, je ne pouvais m'adre.sspra un malade plus intelligent et plus capable d'ana-lyser ses impressions et d'en rendre compte. lel'amenai a nie parler de ce sujet, et j'en obtins sanspeine les détails suivants.

L'état dans lequel M. B. est resté pendant troismois ne peut mieux êtrc comparé qu'a un long rêve.Autour de lui, dit-il, tout s'était transi'ormé. II

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STUPtDtTË.189

croyait à une sorte d'anéantissement générât. Laterre tremblait et s'entr'ouvrait sous ses pas; il sevoyait à chaque instant sur le point d'être engloutidans des abîmes sans fond. il se retenait aux per-sonnes qui étaient près de lui, pour les empêcher detomber dans desprécipices semblablesà des cratèresde volcans. M. H. prenait la salle des bains deCharenton pour l'enfer, et les baignoires pour des~-< Il croyait que tous ceux qui étaient aveclui se noyaient. tl lui semblait, depuis la dernièresaignée, que son sang bavait pas cessé de coulerdans la terre. Son vésicatoire de la nuque étaitdevenu pour lui la marque des forçats,.et il secroyait a jamaisdéshonoré par ce signe d'infamie.Mne pouvait s'expliquer ce qu'étaient ces persesnages bizarres dont il était entouré, i! avait nnipar voir en eux des .norts ressuscités. 11aperce-vait son frère au milieu des supplices; il entendaitsans cesse les cris de ses parents qu'on égorgeait etqui imploraient son secours; il distinguait surtoutla voix de son oncle, son bienfaiteur; chaque criétait pour lui comme un coup de poignard. Des dé-tonations d'armes a feu éclataient de tous côtés; desballes traversaient son corps sans le blesser et al-laient tuer d'autres personnes. Dans son esprittout était chaos, contusion, bouleversement i! ned.stmguait plus les jours et les nuits; les mois luisemblent des années, etc.; il s'accusait d'aineursde tout le malqui se faisait, et c'est pour cela qu'audébut il a tenté plusu.urs fois de se tuer. i-lus ilsoutirait, plus il était content: car il regardait ses

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<90 STUMDtTJÈ.

souttrances commeune juste exptatton oeses cnmes.

Lorsqu'il commençait à aller mieux, une lettre qu'il

reçut de son frère lui Ht, dit-il, beaucoup debien en

le ramenant à des idées plusjustes sur sa position.

OB$EttVAT)(MOEU!f))iM.

Tentative de tuiddt; délire mélancolique; btU~cinmiM" transformation générale

Ues imprriftious externes; exislcntc dans un monde ('{'mrlétcl11rut irnnginaire;

apparence de stupidité oa phls haut degré; guérison après trois mois.

R. âgée de vingt-trois ans, fille publique, est

entrée à !a SalpétriÈre te juillet 838, dans le

service de M.Pariset. On n'a pu se procurer sur elle

aucun renseignement. Quandje la visun mois après

son entrée, j'appris qu'elle était arrivée a l'hospice

dans un état d'apathie stupide des plus prononces,

et avait constamment gard<~le lit. Elle semblait ne

pouvoir se tenir sur ses jambes, et dès qu'on la fai-

sait lever, elle se laissait tomber par terre.

Le aa août, on constata les symptômes suivants

JH. est couchée sur le dos et dansun état complet

d'immobilité; elle ne répond à aucune question. Sa

physionomie aperdu toute expression ses yeux sont

tixes, sa bouche entr'ouverte, ses lèvres pendantes;

des mouches se posent à l'entrée de ses narines, sur

ses lèvres, sur sesyeux, et elle ne fait aucun mouve-

ment pour les chasser. On peut lui pincer le bras,

le piquer avec des épingles, sans qu'elle cherche a

le retirer, sans que sa physionomie exprime aucune

douleur; c'est avec peine qu'on parvient a la faire

manger. La peau n'est pas chaude; le pouls bat

C8 pulsations par minute, fi y a par le vagin un

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STUP!MTÉ. 19t

écoulement assez abondant, fétide, qui tache le

linge en jaune. Les urines et les matières fécalessont rendues involontairement.

Bientôt on a pu iaire lever la malade, mais elle

passait sa journée assise et dans une immobilité

presque complète. Si l'on voulait la forcer a marcher,elle se rendait à pas lents dans la cour, et s'y cou-

chait, elle ne prenait d'ailleurs aucun soin de pro-preté; il fallait toujours la faire manger.

Deuxlarges vésicatoires avaient été appliqués auxcuisses et étaient entretenus avec soin; on avait laitdes frictions avec l'huile de croton, et administréle calomel à plusieurs reprises.

B. semblait parfois être un peu mieux; on la

surprenait pleurant. Lu jour elle put me donner

quelques détails sur son état. Sa tête, me dit-elle,était pleine de bruits de cloches, de tambours. Elleme faisait signe en passant la main sur son cou,qu'il faudrait la tuer pour la délivrer de ses dou-leurs.

Le (2 septembre, il se lit chex notre malade un

changement remarquable ehe sortit de son étatd'immobihté et de mutisme, mais pour tomber dansune sorte de délire enfantin, elle appelle le médecinson petit papa, et la surveillante sa petite mamannuire. Moi, je sais danser, dit-etle; je porterais un

poids de cent livres, etc. tout cela comme le diraitun enfant. La physionomie a d'ailleurs toujours soncaractère d'hébétude, la sensibilité est obtuse, la

malpropreté aussi grande, l'écoulement vaginal est

devenuplus abondant.

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192 STUPtOtTË.r'-J~t' <Ce délire ne parut être qu'une courte transition

pour arriver a la guérison bientôt, en effet, cette

fille devint propre et commença à travailler; la sen-

sibilité était revenue. On avait continué les vésica-

toires et les purgatifs.La convatescence se confirma de plus en plus;

les règles, supprimées depuis un an, reparurent le

t" décembre, et coûtèrent assez bien; dès lors la

guérison était complète.B. n'a pu nie dire d'une manière précise ce qui

l'avait rendue malade; elle m'a seulement appris

qu'elle était sortie de l'hospice des Vénériens le

3 juillet, après y avoir subi un long traitement mer-

curiel. (~uant a ce qu'elle a éprouvé pendant l'état

d'insensibilité et de stupeur dont elle était sortie,voici les détails quej'obtins elle ne savait pas on

elle était et ne reconnaissait personne; pendant

longtemps elle a cru être ait Ja~'n desP~n~ a!<

M~eu f~s <HiuMt<.r.Ainsi qu'cMe me l'avait dit un

jour, sa tête était pleine de bruits elle entendait

des cloches, des tambours, des voix confuses; tout

cela la faisait beaucoup sounrir. Elle a constam-

ment été préoccupée par des idées de suicide. Elle

a voulu un jour se frapper avec un couteau, et a

tenté de se laisser mourir de faim, etc. EUene sen-

tait rien quand on la pinçait, excepté dans les der-

niers temps.

Page 233: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

sruf'Htrn;. j')~

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OB-.KRVAÏXXTttO~u'.MR.

Ph)!tear'![''Mt<t.*<'<<).'suif'i.)K;tirtr..n.t.t.tn<)<<)t.')h![iu.d,Hns;tr.nxft.rmati..n

~f')]t')!t~ed'intp)''saic))St'xtc)<n't'~U'[m'dan'iutt)HO)!dt'in)nguuH!p;;Jpp:n-cuc'

')<:&t))pidi[.f';gup!-t'.<n).'('te~c:nqtttt.'is

U. âgée de trente-cinq ans, mariée, mère de

trois enfants, dont le plus jeune a trois ans est

entrée a la Salpètrière, le )~juin )8~2 dans le ser-

vicede M.Mitivié.

Voici les renseignements donnés par le mari sur

les causes présumées et le début de la maladie.

D. a toujours été sujette aux migraines; ses

règles coulaient peu, et pendant un jour ou deux

seulement. Depuis un an un grand changement s'est

lait sous ce rapport. L'écoulement menstruel quidure de quatre a cinq jours, est si abondant qu'ilconstitue une espèce de perte. Le sommeil de-

puis six mois est souvent agité; la malade tait des

rêves effrayants, se réveiUc en sursaut, et ré-

veille elle-même son mari pour s'assurer qu'il n'est

pas mort. Cette femme prend chaque jour, depuistrois mois, une tasse de cale noir a peine sucré, ce

qu'elle ne faisait point auparavant; elle a d'ailleurs

des inquiétudes et des chagrins.Le '2 juin au matin les règles paraissent; dans la

journée on remet a la malade une lettre cachetée de

noir; elle croit qu'on lui annonce la mort de son

enfant, et ressent une impression très vive cepen-dant cette lettre ne contenait aucune nouvelle fâ-

cheuse; les règles continuent a coule). le lende-

main, commencement dn déiire. j)'abord naftici

Page 234: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~9/tl, -<t'uptt)nH.

et sans agitation, il augmente sensiblement le

troisième jour. D. se trappe de plusieurs coupsde canif au cou et à l'estomac. Laissée seule un

instant, elle se précipite par la i~nêtre du premier

étage, et ne se lait aucune blessure grave. La nature

des idées explique ces tentatives de suicide. On en-

tend dire à la malade qu'on va murer les portes et

les fenêtres, et la laisser mourir de faim dans la

maison; elle s'attend à être jugée pour les crimes

qu'elle a commis, à être dévoréepar des chiens et

coupée par morceaux; elle voit des instruments de

supplice dans les échafaudages d'une maison voisine

de la sienne; elle veut empêcher son mari et sesenfants de manger, parce que toits les mets sont

empoisonnés; elle-même refuse de rien prendre:

depuis vingt-trois jours qn'eUe est malade, elle n'a

mangé que deux potages.Le traitement a consisté en quelques bains et une

saignée du bras assez forte faite dans tes premiers

jours.Voici quels étaient les symptômes au moment de

l'entrée à l'hospice:La figure est pale, les yeux fixes, tournés vers la

terre la physionomie a une légère expression detristesse et d'hébétude les traits ne sont point con

tractés, mais ils sont immobiles. La malade ne laitaucun mouvement et passe sa journée assise a ta

même place. S! on !a fait lever, elle reste indéfini-ment debout, et ne se rassied point d'elle-mcnx'.

Quand on l'interroge, elle semble ne pas entendreet ne fait aucuneattention a ce qu'on lui dit. Si i'on

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STUt'tHtTt. (H;,

parle haut, et qu'on répète plusieurs fois les ques-tions, on obtient parfois un mot prononcé lente-

ment et a voixbasse. U. ne mange pas seule, et onne parvient qu'avec peine a lui faire prendre chaquejour un ou deux potages. !.a sensibilité est obtuse,mais persiste. Le pouls est petit, filiforme, à peine

perceptible; il y a 'nn pulsations par minute. Con-

stipation.

Apres quelques jours, l'haleine devient fétide. A

la conatipation succède une diarrhée assez forte. H

y a un peu de chaleur a la peau. U. s'écorche la

figure et surtout les oreilles, et on est obligé de luii

mettre la camisole de iorce. Elle n'a d'ailleurs au-

cun soin de propreté; ses vêtements sont salis parles urines et les matières tecales la stupeursemble augmenter. le surprends parfois la malade

debout, immobile, les yeux largement ouvertset fixes.Elle paraît complètement étrangère a tout

ce qui se passe autour d'elle. On lui parle, on la

secoue, on la pince et on ne peut rien en obtenir.

Enc est comme absorbée dans une sorte d'extase,mais sa physionomie n'onrc aucune expression.

Pour traitement, targ<'vésicatoire a t'm) des bras;

purgatifs.Dans les premiers jours de juillet, A!. \!itivié eut

plusieurs fois recours a la douche. La malade ta

supportait diHicilement, elle semblait souHrir; mais

on ne put obtenir d'elle un seul mot; elle ne poussa

pas un cri.

Le )~«i~e<, on commence a observer un peu de

mieux. U. ne gâte plus. elle mangesente. On par-

Page 236: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

196 sruptnnR.

vient même a lui faire taire quelques points de

couture. D'ailleurs, le mutisme est presque aussi

complet.t"NM~. l.e mieuxaugmente. D. cause un peu;

ses réponses sont lentes et brèves. Elle ne sait ou

elle est. EUeprétend qu'il n'y n ni jours ni nuits,

que les personnes qui l'entourent ne sont pas des

malades. Elle reçoit la visite de ses enfants, et

verse quelques larmes en les regardant; d'ailleurs,

elle ne les embrasse point et ne leur dit pas un

mot.

t5ao~.D. travaille toute la journée, se tient

bien. La figure reprend de l'expression; mais la

malade ne parle que très peu. Elle croit être en

prison et entourée de condamnés. EUedit que c'est

une femmequi l'a perdue en lui donnant a boire du

lait de truie son mari n'est pas coupabte, cite

seule a fait tout le mal, etc.

t~oc~re. Depuis huit jours, rhumatisme qui a

parcouru presque toutes les articulations des mem-

bres. L'état moral n'est pas modifié.

t5 oc~re. Le rhumatisme articulaire a cesse. La

malade se lève, travaille, répond a peine, et a tou-

jours les mêmes idées.

f~ MOt~M~.Après une absence de dixjours, jetrouve 1). complètement guérie- il s'est opérédans la physionomie un changement remarquable,et qui frappe tous ceux qui l'entourent. Les traits

sont animés et ont une expression plutôt gaie

que triste. D. s'étonne de la métamorphose qui1

s'est opérée en eHe,et reconnaît avoir été dans le

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StUf'))'t't~. t~~

délire. oici les détails qu'elle me donne sur l'étatde son intelligence pendant sa maladie.

Tous les objets qui l'entouraient lui apparais-saient avec les formes les plus bixarres; elle voyaitles ligures noires ou jaunes. Tout cela lui semblaitsi étrange, qu'elle croyait ne plus être en France,mais dans un pays étranger très éloigné commele

paysdesHeures.Elle prenait la salle ou elle était pourune prison, les malades pour des prisonniers, lesmédecins pour des geôliers. Elle n'a point reconnuses parents quand il sont venus la visiter. Il luisemblait que son lit était bien au-dessousdu niveaudes autres, dans une espèce de creux. Elle voyait acôté de ce lit comme une ombre, nu fantôme. Ellene distinguait point les jours et les nuits, et affirme

n'aron-pa.< ~ory?upendant tout le temps qu'aduré sa maladie. Elle a vu une fois un des arbres dela cour qui brûlait il y avait une grande flamme;elle eût voulu se lever, mais elle était comme en-cnaînée dans son lit. Elle entendait a côté d'elle lebruit d'une mécanique, avec laquelle on faisaitsauter ses enfants pour les faire souHrir (peut-êtrele bnnt que font les machines a vapeur du cheminde ~:r d'Orléans qu'on entend dans la salle au pas-sage dechaque convoi). Unevoixlui répétait qu'elleétait une malheureuse~devrait être dans soh

ménage. Elle ne peut d'ailleurs expliquer pourquoieUe ne répondait pas, pourquoi elle restait inerteet ne voulait pas Elle n'entendait pas ouentendait mal ce qu'on lui disait; elle était comme

imbécile. Elle s'est reconnue peu il peu. Quand elle

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t~ STLi'tbHH.

1. IL ~1-a vu les chosesplus nettement, elle s'est aperçue del'extrême propreté de la salle, des soins qu'on pre-nait des malades, et celalui a fait penser qu'elle nedevait pas être dans une prison, etc.

Les règles sont revenues le .) novembre; maisellesont cessé le mêmejour.

Aujourd'hui a5 novembre le rhumatisme a re-

paru et occupe plusieurs articulations. L'état moralest d'ailleurs excellent, et !). n'attend pour sortir

que la cessation complète de son rhumatisme

OMt:)(tAT!0'< t.)tATtt)KMH

!'ft.tftth').c..(i.)tte.t.!ttMh<e.h.b!),)tucintttmM;),tt.,tf.nti,hut)j;e.,t'~)t'<)<)<hn).t.!M!<tus MtftnM: Mittcnc.- dans un monde eon~)<'ten)fMt in);)a.r.

c.),)M.rMiMt..))MU<e); <ntodcn~mten<!i).))pon!ncesdettt.).Mit. );"<is")"M

'ti~-ttmtjdt))~.

MademoiselleH. âgéede trente ans religieusenovice, est entrée à la Salpêtriëre le t juillet <8~2,dans le servicede M Mitivié.

Voici les renseignements qu'elle même m'a

donnés, après sa guérison, sur ce qui avait pré-cédé et accompagné le développement du délire.

Depuis l'eniance, hémon'hagiesnasales revenanttoutes les trois semaines environ; elles s'annon-

çaient par des douleurs sus-orhitaires et des étonr-Aissemen!squi cessaient avec l'écoulement sanguin.

A l'âge de huit ou neuf ans, convulsions pendantdeux jours à la suite d'une vive trayeur.

La menstruation s'est établie a dix-huit ans; elle

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.sTt'ftr'm~. 199

a toujours été Irrégulière et accompagnée de mi-

graines. Depuis trois ans, les règles vont mieux,mais les migraines ont continué.

Il y a sept ou huit mois, mademoiselle H. a été

placée, comme garde-malade, auprès d'un vieillard

de quatre-vingt-deux ans, dont l'intelligence est

aflàiblie et qui a des attaques de nerfs. Son som-

meil a été souvent tr oublé;il est devenu moins longet agité par des rêves. De tout temps d'ailleurs,

lorsqu'elle avait ses migraines, elle rêvait beaucoupet parlait la nuit à haute voix. Pendant le carêmeelle est obligée de jeûner, et sa santé s'altère. Les

hémorrhagies nasales se suppriment et n'ont plusreparu depuis six mois. Le matin au lever, étour-

dissements très forts, mais qui ne sont plus suivis et

terminés par l'écoulement sanguin.Le 7juillet, contrariété assez vive et suppression

brusque des règles, qui avaient paru depuis le matin.

Mademoiselle H.. se rend a la campagne le jourmême, mais très souffrante de la tête, très abattue.

Arrivée, elle reconnaît a peine les lieux qu'elle a

habités, les objets qu'elle a rangés elle-même.Elle

est tout étourdie. Dans la nuit, insomnie, malaise,

vomissements. Le lendemain matin, délire. La ma-

lade se lève, mais elle ne sait plus ou elle est; elle

n'a qu'incomplètement conscience de ce qui l'en-

toure. Elle sort sans prévenir personne, marche

sans savoir ou elle va, sans remarquer aucun des

objetsqu'elle rencontre. Elle fait ainsi quatre lieues,et se trouve a Versailles. Elle s'y reconnaît, mais

tout est changé autour d'elle. 11lui semble voir la

Page 240: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

200U sTUf'mn'

tamme royale dans une voiture, elle se met a

genoux, etc.

Cependant des personnes envoyées après elle la

rejoignent et la conduisent a l'hôpital Saint.Antoine,

qu'elle a habité et dont elle connaît les religieuses.Elle y reste trois jours dans un état complet de stu-

peur, ne répondant à aucune question, refusant de

manger, ne reconnaissant plus les sœurs. On se dé-

cide a l'envoyer a la Salpêtrière. A son entrée, je la

trouve dans l'état suivant.

MademoiselleR. est debout, immobile sa phy-sionomie om'e un mélange d'hébétude et de tris-

tesse les yeux sont largement ouverts et souvent

nxes. J'essaie en vain d'obtenir quelques mots. On

dirait que la malade ne m'entend pas ou ne com-

prend pas mes questions. Elle refuse de manger.Souvent elle se dirige lentement et comme machi-

nalement vers la porte on la ramène a son lit, etun instant après elle recommence. Elle sembled'ail-leurs ne faire nulle attention à ce qui se passe au-tour d'elle.

<3/M! La malade, pendant la nuit, s'est levée

plusieurs fois, comme pour s'en aller. 11a fallu quela veilleuse la fit recoucher. Ce matin M. Mitiviéobtient quelques réponses, mais brèves, lentes,décousues et souvent interrompues par des inter-valles de silence. Si on cesse d'interroger mademoi-selle H. elle retombe dans son calme apathique.Ses yeux s'arrêtent tantôt sur un point, tantôt surun autre; alors il lui arrive de prononcer un mot quin'a aucun rapport avec< e qu'onlui a dit Ellesemble

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stCt'ttntt: ~o) ')

être dans un état de rêve. nouvelles questionsla tirent de cet état et tixent un peu de nouveau sonattention; elle essaie alors d'expliquer ce qui a pré-cédé son entrée, et ne peut y parvenir, 11est évi-dent qu'elle fait des efforts, qu'elle cherche, maisses idées lui échappent. La voix est sourde, il y aun peu d'hésitation et même d'embarras dans la

prononciation.

'«ï7/e<. Légère amélioration. La malade répèteparfois une partie de ta question qu'on lui faitcomme pour mieux la comprendre, puis elle répondlentement, brièvement, a voix basse. H faut lastimuler très fortement pour obtenir quelques mots;eue ne mange que très peu et par contrainte, in-somnie, pas de hèvrc, ventre libre.

)8/7/c<. Le mieux est plus prononcé. ~!ademoi-selle R. commence atravailter; elle mange seule.Les réponses sont plus longues, quoique toujoursfaites lentement et a voix basse. Ln peu de sommeil.

a:)/ Les r'gles ont paru hier, !a maladesemble moins bien elle continue cependant a tra-vaiUcr.

M/MiY~.Après avoir duré trois jours, les règtesont cessé. Depuis le 22, il s'est fait un changementremarquable, mademoiselle parle longuementet avec fadiité; sa physionomie s'est animée, sesidées sont nettes. Onn'a plus besoin de rinterro.'crc'est elle qui va au-deyant des questions. Hier etic a

reçu la visite des sœurs de l'hospice Saint-Antoine,et cette visite, dit-elle. lui a fait ~rand bien en re~

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.<H')'H))1'K.

mettant de l'ordre dans ses idées. Uès ce moment,

la suérison est complète.

Le traitement a consisté dans des bains, une

douche, le travail, l'exercice etc.

Voicilesdétails que mademoiselleIL.. m'a donnés

sur son état intellectuel pendant sa maladie.

Elle ignorait complètement qu'elle fut dans un

hospice elle prenait les femmes qui l'entouraient

pour des soldats déguisés. Quandon l'a conduite au

bain, où étaient déjà d'autres aliénées, elle a essayé

de senoyer pour échapper aux violencesde ces pré-

tendus soldats; elle ne voyait que des figures hi-

deuses et menaçantes; on e~ (lit ~MC mo~e

<M ivre. Elle croyait que Paris était a feu et à sang,

et qu'on avait égorgé toutes les religieuses; elle

s'attendait elle-mêmeà chaque instant à être sacri-

fiée elle voyait sur le plancher des trappes recou-

vrant un vaste souterrain dans lequel elle craignait

de tomber. Le bruit qu'on faisait en frottant le par-

quet était devenu pour elle celui d'une scie avec

laquelle on travaillait pour faire écrouler la maison

elle redoutait de voir éclater un vaste incendie, De

tout ce qu'elle entendait, il ne ressortait pourelle

que ces phrases il faut la tuer, la brûler, etc. Elle

avait continuellement un fort bourdonnement d'o-

reilles qui l'empêchait de distinguer ce qu'on lui

disait; on l'interrogeait à voix basse sur toute sa

vie, et elle répondait; elle refusait de manger dans

!a crainte d'être empoisonnée, etc.

i'ar<bismademoiselleH. entrevoyait comme une.i'arfois iiiadeiiioîs(,,Ilel~ etitr(~vo~tîtcoiiiiiie

courte lueur. 11lui semblait qu'elle allait se recon-

Page 243: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

S')-t')'n))!T.. ~(~

naître et, sortir de cet état si pénible; mais elle re-tombait bientôt dans la stupeur elleavait commet<Mbandeau.<u)-lesy~Md?;elle se les frottait et les ouvraittrès grands pour dissiper le nuage, maiselle ne

pouvait y parvenir et n'y voyait pas plus distincte-ment. Pendant tout le temps de sa maladie elle sedemandait ou suisse?. qu'est-ce que tout celaaveut dire?.

La malade assure que sa guérison est due a ladouche d'eau froide que M Mitivié lui a donnée le

7 juillet. L'impression a été si vivequ'elle lui a fait

jeter uncri. Jusquela, en effet, malgré les terreurs

qui l'assiégeaient, elle n'avait pu crier. C'est de cemoment que date son réveil depuis lors elle s'est

peua peu reconnue, et quelques jours après elle était

complètement guérie.MademoiselleR. caractérise d'ailleurs très net-

tement l'état dont elle est sortie; elle ne peut, dit-elle. mieux le comparer qu'a un mauvais rêve.

'MSE!tVAT)0'<C)fQt!tÈMH.

~m~

P'i.t~M,nr.h,nt.,n.n.m.im~i~ir.c,.«).sh.i<)it.

S"t'r~ON[atn-i:it:.hfjmn.

L. a~ee de \in~t,-deux ans, est accouchée, nnnrta première fois, te ) mai )8~~ Sm-pt-isc dans!arue partes douleurs utérines, elle est obii~ee d'en-

trer c!tex un marchand de \in, et accouche quetqucsheures après. !.e lendemain on la transporte, non

chexeHe, mais chez son heau-èrc, dont la demeure

Page 244: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

20&(~ sn.t'ton'):

'1 Il

était plus proche. Cette circonstance a vivement

contrarié la malade, a cause de l'embarras qu'elle

donnait a sa famille et du dérangement qu'elle lui

causait. Kllc routait nourrir son entant, mais la sé-

crétion du lait était presque nulle, et la succion s'o-

pérait très difticilemcnt tout cela ajoute encore a

son chagrin. 1 Meparait très ennuyée et neparle que

du désir qu'elle a deretourner chez elle.Le neuvième

jour, elle se fâche d'une plaisanterie très innocente

de son mari. Le lendemain ait matin, dixième jour

après l'accouchement, on trouve cette fenime dans

le délire; elle se frappe la tête contre les murs pour

sedonner la mort; elle veut tuer sa petite fille, qu'on

est obligé de lui enlever. Les lochies s'arrêtent; on

fait une application de sangsues aux.cuisses.

Le quatrième jour, depuis le début du délire les

lochies reparaissent un peu. La malade est con-

duite a l'hôpital Beaujon, ou elle reste trois jours.

Le lendemain elle était dans un état complet de

stupeur, et sa cousine n'avait pu s'en faire recon-

naître ni en obtenir un mot. L. était immobile et

paraissait indiuerente a tout ce qui se passait autour

d'elle. Les soeursde l'hospice ne parvinrent qu'avec

beaucoup de peine a lui ~nrc prendre un peu de

bouillon. Le 25 mai, elle est transférée a la Salpe-

trière ou je la vois a son entrée.

L. est pâle, ses yeux sonttixes, sa physionomie

exprime une sorte d'hébétude elle ne répond a ali-

cune question, parait étrangère ce qui l'entoure

et refuse de rien prendre.

Il

Les seins sont assez uros, te ventre sensible a laLes seins sotctasser ~;ro5, le reutrE3 sensible à la

Page 245: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

s'rm'mtt~. 2of;Il 1

presston tnarrhee, setips nnotontau'cs. La malade

a ses règles; te sang dont letinge est taché est très

rouge et ne ressemble point aux lochies; pas de cha-

leur lapeau pouls régutier, a 6/).

'ï9 MMt. Même état; lesrègles se sont arrêtées, ia

diarrhée a cessé ()). La malade estpropre; elle con-

sent a boire. /er, après acnu- t-e/fMC la ~xane ~M'~t

o/St<, elle s'est levée, etapris elle-même MK 'verre <fea!<

~M~~M'~ea&M. On nepeut d'ailleurs en obtenir un

mot. Les yeux sont nxes etlargement ouverts.

t H!<K.Depuis deuxjours L. prend despota"es

elle commence arépondre elle se

rappette être ac-

couchée d'une nt)e, eUe regarde tout d'un airétonné

elle demande ou elle est, depuis quand et comment

elley a été amenée; elle picure et seplaint qu'on

!'appcHc\o!euse; citeprétend avoir elle-même été

volée; elle a vu distribuer ses eflets auxpersonnes

de la salle. Toutes les femmesqui l'entourent

por-tent ses robes et ses mouchoirs. Ces détails sont

(') La malado avait ses régies et les selles étaient involontaires.

Les règtes ont cesse, et aussi avec elles l'excrétion involontaire desmatières fécales. Il n'y a sans doute ici qu'une simple coïncidence:

cependant je dois dire ce que j'ai observé chez plusieurs aiiénées

paralytiques au premier et au second degré. H arrive parfois queces malades ne ~.(< qu'à l'époque menstruelle; elles sont proprespendant tout le mois et ne deviennent gàteuses que pendant ladurée des régies. Ce fait peut s'expliquer ou pa- une aggravation dela paralysie, ou par la congestion qui peut-tre se f.ut jusqu'à uncertain point sur le rectu.n en mcme temps que sur t'ut~us.

Quelques faits me porteraient n~mo a penser que ch~ les ath.nces'-n ~nera) la constipation ~t m.s fo,t. pendant recourentmens)rue!.

Page 246: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~<' fi tTt'f'ifxi-

d'ailleurs obtenus avec beaucoup de peine. La ma-

lade cherche, hésiter elle ne répond que très lente-

ment.

t'u!?t. La mémoire revient peu a peu;L. se

rappelle son séjour à l'hôpitat Beaujon mais com-

ment y a-t-elleété conduite, combien de temps yest-

elle restée ? elle n'en saitrien. Son étonnementpourtout ce qui l'entoure est le même. Elle regarde dans

la cour des malades agitées, et me demande ce quesont ces femmesqui font desorgies. Elle continue

pleurer, parce qu'on lui a tout volé et que les an-

tres femmesportent ses robes.

a~ttM!.Le mieux continue, latigure s'anime; L.se reconnaît et commence à sourire; elle comprend

qu'elle est dans un hospice et qu'on ne lui a rien

voté. A~~Kc, dit-elle, tteso~p~eotHîMefU'a~.

4 juin. Les règles ont reparu hier et coulent as-

scx bien. La malade va de mieux en mieux et com-

mence à travailler elle est plutôt gaie que triste ta

physionomie a repris son expression ordinaire.

7juin. Les idées sont parfaitement nettes, la mé-

moire sûre. La guérison est entière.

Le traitement a consisté en quelqueslaxatifs.

La malade avant sa sortie m'a donné les détail

suivants, sur ce qu'elle avait éprouvéAu début, elle a eu conscience de son état, e)t<

s'est sentie devenir commeimbécile, comme anéan-

tie. Bientôt tout s'est transformé autour d'elle; ses

yetucre~uef~commebrouillés,et tout lui apparaissaitavec un aspect bizarre. Elle n'a point reconnu sa

cousine qui l'a visitée à Heaujon; elle croyait être

Page 247: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

s'rr.t'tom:. 2~ i

dans une maison deprostitution; sa tête était rem-

plie de bruits; elle entendait des voies confuses, ne

distinguait rien, ou bien c'étaient toujours des in-

jures elle voyait devant elle ses parents morts; les

objets de la salle ne lui apparaissaient pas cornne ilssont réeUement. Pendant les premiers jours, il lui asemblé avoir sur ta poitrine quetqu'un .pu retou(Ltait;eUe avait la bouche mauvaise, trouvait toutamer, et sentait des odeurs fétides: eUe craignaitque ses boissons ne fussent empoisonnées; elle nesavait ce qu'elle faisait: eUe se serait frappée elle-meme et aurait frappé les autres sans le vouloir, etc.

QMEHYtTtftXsxn')!

~r~'II;fisUH..rC.ris Luit «nria j'id 'k" ,m.s ui:· 1jl", mv iul, !'HIÍU.t~:11I'.

At. R. capitaine d'infanterie, âge de trente-sixans, est entré a ta maison de Cttarenton te 8 juin 8

Ce malade, d'un tempérament: énunemment san-guin et d'une constitution très forte, avait toujoursjoui d'une exceUente santé, iorsqu'en ,<~ il sun-nrhna ~m nux hemorrt.oïdat ahundant a raidc delotions ~.oides. Ala suite de cette suppression, ilcstsurve.n. un trenddement dans les .nains, quin'a plus cessé depuis.

U y a trois mois, M.pendant une marche,

quntc tout-a-< oupson régiment, <-t s'enfonce dans tesbois. On putte rejoindre et on s'aperçut que sa têtectait dérangée. On le conduisit a t'hospice de Be-sancon, on il est resté depuis tors dans un état de

Page 248: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~<!8 .s-i\'p)f))T~

stupeur et d'apathie tel, qu'on ne pouvait en obte-

nir un seul mot il n'avaitaucun soin de propreté.Amené a Cbarenton, M. H. présente les mêmes

symptômes sa physionomie est sans expressionil passe toute sa journée assis sur un banc, la tête

appuyée sur une table on ne l'entend jamais dire

un mot. Si on l'interroge, il répond lentement, avec

peine, et on constate un embarras évident dans la

prononciation. L'intelligence paraît très aCaiblie.

M. R. ne se rappelle pas avoir été militaire) il ne

sait ouil est, ni depuis combien de temps. 11 reste

indifférent a tout ce (lui se passe autour de lui. Sa

malpropreté est extrême, et i'orcede substituer aux

vêtements ordinaires la blouse de toile des gâteux.D'ailleurs le malade mange et dort beaucoup.Pour traitement, ventouses scaritiées a la nuque;

plus tard large vésicatoirc sur lamême partie, sang-sues au siège, bains.

ers le ).~septembre, M.iL.. fut pris de nèvrc;il cessa de manger. La ngure était pale, terreuse;

les lèvres couvertes d'une éruption. Le troisième

jour de cet état, lematade fut transféré al'indrme-

rie. On put alors constater des accès bien caracté-

risés de nèvre intermittente; ces accès se renom e-

It'rcnt deux fois avec un jour d'intervalle puis ils

revinrent trois ou quatre fois d'une manière Irrégu-lière. lis cessèrent spontanément sans qu'on eût

donné de sulfate de quinine.La stupeur a~ait disparu, M.1! répondait net-

tement aux questionsqu'on lui faisait; tl commençait

a (omprcndre sa position. On mi rendit ses

Page 249: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

STUP'Dfm.

Il,

vêtements. Le mieux augmenta dans le mois

d'octobre, et le t.~novembre le malade passa aux

convalescents. L'embarrasde la prononciation était

beaucoup moins sensible. M. Esquiro! jUttairede

fréquentes applications de sangsues au siège pourrappeler les hémorrhoïdes, et il fut assez heureux

pour y parvenir.M. H. quitta la maison le 17 janvier )833. H

n'y avait plusd'embarras dans la prononciation; latenue était excellente, l'intelligence très nette, eton pouvait regarder la guérison commecomplète.

Voiciles détails que M. R. m'a donnés, avantsa sortie, sur son état intellectuel pendant la duréede la maladie.

La stupeur n'était qu'apparente. Il lui passaitdans l'esprit beaucoupd'idées. !1 croyait être dansune maison de détention dont il ne devait plus sor-ttr, non plus que les personnes qui l'entouraient.La longue blouse blanche qu'il portait, la loge qu'ilhabitait, tout enfin le confirmait dans cette idée.M. R. fait dater sa guérison du jour où un deses amis, étant venu le voir, lui affirma qu'il étaitdans une maison de santé, dont il sortirait dès

qu'il serait bien portant; il se le fit répéter un grandnombre de fois et tinit parrester convaincu.

J'ai recueilli cette observation à une époque oùmon attention ne s'était point encore portée surl'état intellectuel des aliénés stupides; avec plus de

soin, j'aurais, sans nul doute, obtenu de M. R. desdétails plus nombreux. Ce fait est d'ailleurs remar-

quablesous le rapport du diagnostic; car l'embar-

Page 250: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~0 -.('(jt'totr~.

ras de ta prononctâtton ëtatt anmarque, qu on avait

cru à l'existence d'une paratysie générale.Je crois devoir joindre aux observations précé-

dentes l'extrait d'un des faits publiés par M. Etoc.

OBSMVATtO?.S)!PT)t:ME.(M.tTOC.)

H<-r<)itt. inquiétude; fatigue; frayeur; coatuttium) hoHttcintt:otM; ttttpidite;

ptttiMttt; retaef romplet 't<. )c fatton.

MadameC. âgéedetrente ans, tomba, a la suite

d'une impression morale très vive, dans de vio-

lentes convulsions, mais sans perte deconnaissance.

Bientôt, céphataigie generatc et profonde~bourdon-

nements d'oreilles, tintements dans la tête. Quel-

ques jours après, le délire éclate. Lamalade entendle canon, voit des blessés, du sang, desmorts,etc.elledevient ensuite graduellement comme anéantie;elle reste immobile, les yeux fixes, et dans un état

complet de mutisme. Amenée à la Salpêtrière, elle

paraît regarder sans voir; on dirait qu'elle n'entendni ne comprend ce qu'on lui dit. Elle sembleparfoisfaire des eflortset rassembler toutes ses ibrces pom'dire Jugez-moi. je n'ai pas volé, je n'ai pas Jfaitde mal, etc. La sensibilité est obtuse.

Le 16janvier, pleurésie qui guérit en huit jours.Retour graduel a la raison il semble à la malade

qu'elle sort d'un long assoupissement.« Elle nous apprend, dit M. Etoc, qu'elle croyait

être aux galères ou dans un désert; elle voyait desvoitures chargées de cercueils; quelquetbis elle re-

Page 251: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

st'ut'mm. ~n

en, .,r,a ~a. _1' _1'connMMance qui se passait autour d'elle, Matse!l(-ne s'en rendait pas compte distinctement. Dans sa

tête, toujourspesante et douloureuse, ce n'était quevague et confusion. Il lui venait parfois beaucoupd'idées; mais elle ne pouvait les débrouiller assez

pour les exprimer. D'autres fois elle ne parlait pas,parce qu'elle ne sentait pas le besoin de parler. Ellese serait laissé tout faire sans opposer aucune résis-tance elle sentait vaguement qu'elle était hébétée,et ne cherchait pas à être autrement. »

Avant d'examiner de quelle nature est l'état desmalades dont les observations précèdent, et de dis-cuter s'il peut ou non être rattaché à l'un des gen-res de folie admis jusqu'ici par les auteurs, je croisdevoir présenter réunis les principaux symptômesqui le caractérisent.

Après quelques heures, quelques jours de délire,l'aliéné devient graduellement comme anéanti. 11reste immobile; ses yeux sont largement ouverts et

tixes; saphysionomieperd toute expression; son in-ditl'ércncepour les objets extérieurs est complète. Hne répond plus aux questions qu'on lui fait, et sem-ble quelquefoisne pas les entendre; ou bien, ses ré-

ponses sontlentes, brèves, interrompues par des in-tervalles de silence. La volonté parait suspendue; lemalade ne prend aucun soin de propreté; on le lève,on le couche, on le fait manger. Il semble parfoisinsensible aux excitants les plus énergiques. Avoirson immobilité, la fixité de ses yeux, on le pren-drait, dans certains cas, pour un cataleptique; mais

Page 252: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

212 STUPtf)tT<1le principal symptôme de la catalepsie n'existe pas.Tels sont les signes extérieurs que présente ta mala-

die au plus haut degré.

Quelquesmois se passent dans cet état detorpeur

puis, tout-a-coup, cette physionomie stupide s'a-

nime, la vie reparaît dans ces traits qu'elle semblait

avoir abandonnés. Le malade commence à répon-

dre sa tenue est meilleure; il mange seul, et bien-

tôt ilconsenta s'occuper. Maisil est commeétonne;il ne se rend pas bien compte decequi se fait autour

de lui; il regarde avec une sorte de surprise le lieu

qu'il habite depuis plusieurs mois, les personnes

qui ne l'ont pas quitté. Il semble que tout est nou-

veau pour lui. Il demandeoù il est, depuis quand il

s'y trouve, pourquoi on l'y a amené. Peu à peu ses

souvenirs reviennent, il se reconnaît, il rentre dans

le monde réel, sa guérison est complète. Vous lui

demandez alors quel était pendant sa maladie son

état intellectuel, ce qui le retenait dans cet engour-dissement et cette torpeur, pourquoi il ne rénon-dait pas, et vous apprenez que la pensée n'a pascessé d'être active, mais qu'il avécu dans un monde

imaginaire. Tout s'était transformé autour de lui.

11n'a cesséd'être en proie à des illusionset à deshal-

lucinations terribles. H était dans un désert ou aux

galères (obs. ii), dans une maison de prostitution

(obs. V), dans un pays étranger et en prison

(obs. 111.); une salle de bains était pour lui l'enter

(obs.l).

Il prenait des baignoires pour des barques, un

vésicatoirc pour la marque des forçats, des aliénés

Page 253: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

STUt'tU)));. ~g

pour des morts ressuscites ( obs. ), pour des prison-mers (obs. )H et Vt). p~ des filles publiques(obs. ), des soldats déguisés (obs. IV).

Les 6gures qu'il voyait étaient hideuses et mena-çantes il lui semblait que tout le monde était ivre(obs. IV).

Hapercevait autour de lui des voitures chargesde cercueils (obs. VU), son frère au milieu des sup-plées, une ombre auprès de son lit, des cratèresde volcans, des abîmes sans fond qui allaient l'en-gloutir, les trappes d'un souterrain (obs. l, m, IV)Ue tout ce qu'il entendait, ilne

.-essortaitpourluiqueces mots il faut le tuer, le brûler, etc. On luidisait des injures; sa tête était remplie de bruits decloches, de tambours; des détonations d'armes a feuéclataient près de lui; ses parents, en lutte avecdes assassins, imploraient son secours; on l'inter-rogeait sur toutes les actions de sa vie et il répon-dait il entendait une mécanique avec laquelle ontorturait ses enfants, etc. (obs.l, H, Ut, IV V~Son corps était traversé par des balles, son sanscoulait dans la terre; il avait sur la poitrine quel-qu'un qui l'étouuait (ohs. 1et V).

Le malade s'accusait de tous les malheurs; il avaitsans cesse a l'esprit l'idée d'une sorte d'anéantisse-ment général; il ne pensait qu'à mourir pour êtredélivré de ses souu'rances. tl croyait qu'on lui avaittout volé, que Paris était feu et a sang. tl s'atten-dait a chaque instant a être tué a voir éclater unvaste incendie, la maison s'écrouler, etc fobs t Il,'Y,

Page 254: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

2t& s'ruptmTE.

Paf~ftta t'at«Sn~ fMtf*n<4a!t~fmtne<<Y«'ttt~<i'ariots iahéné entendattcontusémentce quonlui disait, àcausedes bruits qui remplissaientsa tête;

le plus souvent il comprenait les questions, mais il

ne peut dire pourquoi il ne répondait pas, pourquoiil ne criait pas au milieu des dangers imaginaires

qui le menaçaient. Qu'est-cequi retenait sa volonté,

qu'est-ce qui paralysait sa voix et ses membres? il

n'en sait rien quelquefois il aurait voulu crier, se

lever, il ne le pouvait pas. Quand cet état a cessé, le

malade a semblé sortir d'un long assoupissement

(obs. VU) il ademandé ou il était et depuisquand

(obs. V.) il ne peut, dit-il mieux comparer ce qu'ila éprouvé qu'à un mauvais rêve (obs. IV).

Tels sont a peuprès les symptômesoSerts par lesmalades dont j'ai rapporté les observations

Si l'on analyse cet état en isolant les principaux

traits on trouve qu'il est surtout caractérisé

)° Intérieurement, par la perte de conscience du

temps, des lieux, des personnes; par l'existence du

malade dans un monde imaginaire; des illusions et

des hallucinations nombreuses; la suspension de

la volonté; enfin par un délire de nature exclusive-

ment triste;

a° Extérieurement, par l'inertie, l'immobilité,

une apparence de stupidité la perte ou la diminu-

tion de la sensibilité.

Cet état me paraît avoir beaucoup d'analogie avec

l'état de rêve.

L'hommequi t'cvea perdu laconsciencedu temps,

des lieux, des personnes; il est aussi transporté mo-

mentanément dans un monde imaginaire; il a des

Page 255: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

.s'-n'tun'f:. 215

hallucinatMnsnombreuses et s'il {'erçoitdesimpres-sions externes, elles deviennent la source d'autant

d'illusions; on connaît l'histoire du paralytique deGalien et tant d'autres exemplesque chacun peutobserver chaque jour. La volonté est suspendue, et

l'esprit laisse errer les idées, comme cela a lieu pen-dant la veille dans l'état de rêverie très souventaussi, les rêves sont exclusivement tristes. Dans le

cauchemar, on croit avoir sur la poitrine un poidsqui vous oppresse, ainsi que l'éprouvait l'une desmalades dont j'ai rapporté l'observation. Enfin, sil'on veut comparer les caractères extérieurs, ontrouve pendant le sommeil ~ertie l'immobilitél'engourdissement de la sen~bilité, etc.

Ce qui me fait insister sur cette analogie de l'étatde rêve et de l'état morbide quej'ai décrit, c'est sur-tout la manière dont les malades rentrent dans lemonde réel au moment de la guérison. C'est vérita-blement une sorte de réveil, mais un réveil qui sefait lentement. 11est curieux de voir l'aliéné recon-naître d'un air étonné tout ce qui l'entoure ressai-sir un à un tous ses souvenirs à mesurequ'il s'éloignede sa maladie.

Rien de plus net que la manière dont quelquesconvalescents caractérisent leur état antérieur. Ilme semble dit une femme à M. Etoc que je sorsd'un long assoupissement (c'est cellequi, au milieud'une infirmerie, se croyait dans un désert et voyaitautour d'elle des voitures chargées de cercueils)(obs. \H).La malade qui fait le sujet de la qua-trième observation, et qui a si bien rendu compte

Page 256: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

516 .sTUMun'

de ses impressions, me dit ne pouvoir mieux com-

parer ce qu'elle a éprouvé qu'a un mauvais rêve.

Sans doute tous les aliénés ne s'expriment pasaussi nettement; mais ce qu'ils ne disent pas, on le

voit sur leur physionomie étonnée on peut le con-

clure de leurs questions, mais surtout des détails

qu'ils donnent sur leur état. ils éprouvent mais

plus lentement, ce qu'on ressent parfois lorsqu'ons'éveille en voyage dans un lieu où l'on a couché

pour la premièretbis: on est alors un instant a se

reconnaître, a rassembler ses souvenirs, et le réveil =

complet sefait d'une manière graduelle.Je nesignale d'ailleurs ici que des analogies car,

a part l'état morbide, il y a entre la stupidité et les

rêves des différencesnombreuses qu'il est inutile de

faire ressortir.

L'état queje viens de décrire peut-il être réuni à

l'un des genres de folie admisparles auteurs? Faut-

il, avec M. Etoc, n'y voir qu'une complication de

cette affection?Doit-on, avecGeorget, en faire un

genre particulier de délire ? Quel nom convient-il

de lui donner?

Telles sont les questions queje vais successive-

ment examiner.

Dans tous les faits que j'ai rapportés, le délire a

été de nature exclusivementtriste; et en s'en tenant

a ce caractère principal, il est évident que ces faits

doivent être considérés comme des exemples de

mélancolie.

Cependant il est facile de démontrer que la mala-

Page 257: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

STU)'mf1H. 7

die dont il s'agit ici diffère sous beaucoup de rap-ports, de la mélancolie ordinaire, et doit être dis-

tinguée comme une variété tout-à-fait spéciale.La mélancolie n'est qu'une forme de la mono-

manie, et son caractère principal, c'est le délire

partiel.Le mélancolique est avant tout un monomania-

que. Si vous parvenez a le distraire des idées qui le

préoccupent et absorbent son attention vous trou-verez son intelligence saine pour tout ce qui est

étranger a son délire il jugera et appréciera leschoses comme elles sont. Le mélancolique, par ses

conceptions délirantes, est en partie dans un monde

imaginaire, mais il a conservé beaucoup de rapportsavec le monde réel. Il sait qu'il est dans un hospice;il reconnaît le médecin, les surveillants, etc.: il n'enest pas ainsi pour les aliénés stupides; il n'y a

pas pour eux deux sortes d'impressions, les unes

qu'ils transforment, les autres qu'ils perçoiventcomme dans l'état normal toutes les impressionsexternes commepour l'homme qui rêve, sont au-tant d'illusions. Cesaliénés ne peuvent être distraitsde leur délire; car, en dehors de ce détire, leur in-

telligence est suspendue. )1y a donc entre eux etles mélancoliquesordinaires des caractères différen-tiels bien tranchés, qui peuvent être comparés àceux qui existent entre la veille et le sommcil.

Les symptômes extérieurs Murnisscnt d'ailleursd'autres différencesqui, quoique secondaires, n'ensont pas moinsimportantes. Chez les véritables mé-

lancoliques, alors même qu'ils restent dans un état

complet de mutisme et d'immobilité, la concentra-

Page 258: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

2t8 8 sTUf'n~rH.

tion active de la pensée donnea la physionomie une

expression particulière qui ne ressemble nullement

à celle des malades atteints de stupidité. Les traita,

contractes chez les uns, sont relâchés chez les au-

tres. Les mélancoliques opposent de la résistance à

cequ'on veut leur faire taire ilssortent parfois tout-

à-coupde leur état d'immobilité pour agir avectoute

la puissance que donne la passion longtemps conte-

nue. Rien de semblable, ou du moins rien d'aussi

tranché, n'a lieu dans la stupidité.

Cependant, malgré cesdinérences extérieures, il

y a des cas diniciles à juger avant la gaérison. Quel-

ques malades, en effet, sortent momentanément de

leur état de stupidité ,et recouvrent en partie leur

intelligence, ils parlent et agissent, puis retombent

bientôt dans la stupeur. MM. Aubanel et Thore

regardent même ces rémittences comme un des ca-

ractères les plus communs de la stupidité. Ces al-

ternatives d'activité et d'apathie pourraient faire

confondre les aliénés stupides avec des monomania-

ques. Dans l'une des observations que j'ai rappor-

tées, la maladeentrevoyait parfois comme une courte

lueur du monde réel; il lui semblaitqu'elle allait

sortir de l'état si pénible où elle était; mais elle y

retombait bientôt après. Une autre, dont la stupi-dité était portée à un plus haut degré(obs. H), put,

un jour, me rendre compte en partie de ce qu'elle

éprouvait. Les jours suivants, il fut impossible de

rien en obtenir.

11y a d'ailleurs certains mélancoliques qui of-

frent extérieurement les apparences de la stupidité.

Hsquirol a rapporté 1 observationd'un de ces ma-

Page 259: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

.<)!'[')~)TH. ~)!)\)

!ades qui passai sa journée dans une immobilité

complète, et semblait étranger a tout ce qui l'entou-

rait il était maintenu dans cet état par la terreur

que lui inspirait une voix qui le menaçait de la mort

s il faisait le moindre mouvement.

A part ces cas exceptionnels, la stupidité, quoi-

que le délire paraisse de nature exclusivementtriste,

ne saurait être confondue avec la mélancolie ordi-

naire. Elle en diffère, en effet, par la transformation

générale des impressions, par la perte de con-

science dû temps dos lieux, des personnes, la sus-

pension de la volonté, et aussi par les symptômesextérieurs.

La stupidité ne peut donc, malgré la nature du

délire, être complètement assimilée à la mélanco-

lie mais elle ne me parait être le plus souvent quele plus haut degré d'une variété spécialede ce ~enrcde folie, variété qui n'a point été suuisamment dé-

crite, et qui mériterait d'être distinguée.Pourfaire mieux ressortir les caractères de l'état

dont je veux parler, je rappellerai les principaux

symptômes des deux formes de mélancolie admises

par Esquirol.<:La mélancolie avec délire ou la lypémanie pré-

sente, dit-il, dans l'ensemble de ses symptômes,deux dittcr<'ttcesbien marquées.

IlTantôt les l\pémania)jucs sont d'une susccptibilité irritable et d une mobilité extrême. Tout

fait sur euxune impression très vive la p)us légère(anse produit les plus douloureux euets, etc.

Page 260: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

2200 ~'njt'mnÉ.

Ils sont toujours en mouvement, a la recherchede leurs ennemis et des causes de leurs souffrances.Ils racontent sans cesseet à tout venant leurs maux,ïleurs craintes, leur désespoir.

» Tantôt la sensibilité concentrée sur un objet,semble avoir abandonné tous les organes; le corpsest impassible a toute impression, tandis quel'es-prit ne s'exerceplus que sur un sujet unique qui ab-sorbe toute l'attention et suspend l'exercice detoutes les fonctions intellectuelles. L'immobilité du

corps, la fixité des traits de la face, le silence obs~

tiné trahissent la contention douloureuse de l'intel-

ligence et des affections. Ce n'est pas une douleur

qui s'agite, qui se plaint, qui crie, qui pleure; c'estune douleur qui se tait, qui n'a plus de larmes, quiest impassible. »

Ces tableaux pleins de vérité se retrouvent cha-

que jour sous nos yeux mais en dehors de ces deuxvariétés de la mélancolie, il en est une troisième quioffre des caractères non moins tranchés.

Les malades dont je veux parler ont la figuretriste, maison même temps un peu étonnée; leurstraits ne sont point contractés, leur regard est in-certain rien n'indique chez eux la contention dou~loureuse de l'intelligence; ils semblent au contrairedans un état tout passif

Ces aliénés répondent lentement et brièvementaux questions qu'on leur ~iit ils cherchent ce qu'ilsont à dire; il n'y a point chez euxde silence obstiné.S'ils ne parlent pas ce n'est point par suite d'un

Page 261: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

STUPtOtTt;. 22t

projet arrêté ou de la fixité d'une idée qui absorbeleur attention: c'est par une sorte d'apathie, de

paresse, d'embarras intellectuel.Il y a chez ces malades deux choses à distinguerUn état général qui produit la torpeur, l'engour-

dissement physique et moral, et une sorte de tris-tesse sansmotif; ils ont peur sans savoir pourquoi,ils redoutent des malheurs qu'ils ne spécifientpoint, etc. c'est une mélancolie sans délire ou, si

l'on veut, l'ennui porté au plus haut degré.En général, il survient plus tard dans les sensa-

tions un trouble qm engendre une foule d'illusionset bientôt le délire.

Les malades savent ou ils sont; ils reconnaissentles personnes qui les entourent; mais les figuressont changées, les objets sont transformés ils nevotent plus rien comme autrefois.

C'est a ces aliénés qu'il faut surtout appliquer ce

qu'Esquirol a fait dire a certains mélancoliquescompris dans sa secondevariété

« J'entends, je vois, je touche, disent plusieurs

lypémaniaques;maisje ne sens pas commeautre-fois. Les objets ne viennent pas moi et ne s'iden-tifient pas avec mon être un nuage épais, un voile

change la teinte et l'aspect des corps. Les corps lesmieux polis me paraissent hérissés d'aspérités. »

L'espèce de mélancolie que je viens d'indiquerne doit point être confondueavec celle dans laquellel'immobilité du corps la nxité des traits de la

face, le silence obstiné, trahissent la contentiondouloureuse de l'intelligence et des an'ections. »

Page 262: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~T~nth~, ~'I'l1FIIJI'I'I~,

t it ..r\oici d'ailleurs une observation de cette vafi~

de mélancolie, dont les caractères me semblent être,il un moindre degré, les mêmes que ceux de la stu-

pidité.

OMERVATtON HmTtÈWK.

1Jt!I;re mélancolique; dell1 tenlnlb. de .uicide l' 'Ir""tlul~liel\i\ l'él.o<JU<llUeu.-Utitife mOMcoUqM <te<n teotatife* de suicide par <tritn);u)<ttion & i'<[tO<)<M <M<M-

trac~gle; embrrras iutellectuel; hulluei:tnlüurs et iltusiuni n.nuT>reuses;guéri~uu.

~St.rTic<-deM.MiUti<)

La femme M. âgéede quarante~quatre ans, de

petite taiUe, mais d'une c&nstttuttpn forte, d'un

tempérament sanguin est entrée a laSatpêtriere le

a't octobretS~ Peu dejours âpres ~onentrée, elle

essaya de s'étrangler avec un mouchoir. Outre les

traces qu'ouraitle cou, tes deux conjonctivesétaient

intittrécs desang. La malade avait alors ses régies.

Cependantla raison revint presque immédiatement,

et, dans les premiers jours de novembre, la santé

de cette femmeétait excellente. Sa iamitle la fit alors

sortir, malgré l'avis du médecin, son délire ayant

reparu peu de temps après, elle fut ramenée à la

Salpêtrière le aa novembre. Le lendemain de son

entrée, étant encore dans ses règles, eUetit une

nouvelle tentative de strangulation c'est alors seu-

lement queje lavis dans l'état suivant

Cette femmeest calme, elle reste assiseou debout

auprès de son lit sans s'occuper; sa physionomie est

triste et en même temps un peu hébétée, sonregardincertain. Quand on l'interroge, elle répond sans

diuiculté; mais ses réponses sont lentes, brèves;cite cherche ce qu'elle veut dire. Depuis le début du

Page 263: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

srt)P))t!tT. 22:~

dëtiM, eUe ne peut plus compter les jours ni les

mois. EHeprétend ne pas pouvoir se fe~uuer; il lui

est impossible de penser a une chose nette. Elle a

la tête lourde et fatiguée. EHcserait bien en peinede dire ce qui l'afflige; elle n'en sait rien el!e même.

Hlle croit avoir fait beaucoup de mal; mais on ne

peut rien lui faire spécifier. Elle a des bourdonne-

ments dans les oreilles elle entend dire toute sorte

de choses; elleest commea/tWM.Lespremiers jours,la malade au moment de s'endormir, voyait des

ombres, des figures; maintenant, dès qu'elle s'as-

soupit elle se réveille en sursaut, et des hallucina-

tions la poursuivent elle trouve un c/tan~m~ n

tout ce qui l'entoure etc.

L'appétit est assez bon; constipation. Pas dechaleur à la peau. Le pouls bat cent pulsations parminute. (On prescrit des laxatifs; on force la ma-

lade à se promener, à assister aux réunions; on

l'encourage au travail.)Peu de jours après la cessation des règles, on

commença l'usage des bains, en continuant les

laxatifs. On amena cette femme a travailler. Ktte

allait sensiblement mieux, mais était loin d'être

complètement bien. Ette causait peu restait a

l'écart, etc.

Le ydécembre, les règles parurent et coûtèrent

plus abondamment qu'aux époques précédentes. La

malade, surveillée avec soin, ne manitesta aucune

idée de suicide. Son état ne s'était point a"~ravé.Après la cessation des règles, t'aménoration fut

rapide. M. s'occupe du ménage, aide tes titics de

Page 264: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

224 stf'ptHtT~

service elle cause plus longuement, et anh'mcêtre

guérie.Le 6 janvier, je l'examinai avecsoin, et la trouvai

en effet complètement raisonnable. Elle me donna

sur sa maladie de nouveaux détails que je joins a

ceux déjà rapportes.Pendant son délire, M. voyait du feu autour

d'elle, et brûlait sans que cela lui fit de mal; elle

sentait des odeurs infectes ne trouvait aucun goûta tout ce qu'elle mangeait. Les nuits lui semblaient

si longues qu'elle les supposait d'une durée double

des nuits ordinaires. Elle entendait commedes voix

qui bourdonnaient autour d'elle, mais sans rien dis-

tinguer. Pendant les premiers jours, elle a cru être

dans une prison, et prenait les iemmes pour des

hommes déguisés (<). Le soir, a l'approche de la

nuit, les figures lui semblaient enrayantes; le matin,au contraire, elle voyait les objets plus nettement.

Tout a-fait au début, elle était persuadée qu'on allait

la jeter dans des chaudières d'eau bouillante elle

entendait le bruit de l'eau en ébullition, et celui

qu'on faisait en mettant le charbon dans les four-

neaux. Quant aux causes qui l'ont portée à ses deux

tentatives de suicide, c'est tout le bouleversement

qui avait lieu autour d'elle, et dont elle croyait être

la cause les uns ~a:e)!< qu'ils avaient mal A~t <<~<

les autresqu'ils étaientenr/H~ne~;et comme elle était

l'aM<eurde tout cela, il /hM(K<mieuxmourir.

(<)C'estlà chezlesfemmesatiénée~uneillusiontrèsfréquenteetqu'onretrouvesurtoutdanslafoliechronique.

Page 265: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

STU)')Ot')'t.

t.).>

Cette femmeétait assurément mélancolique; mais

il est impossible de rattacher cette Cormede mélan-

colieli celledans laquelle les malades «sont mobiles,

irritables, toujours en mouvement a la recherche de

leurs ennemis, et racontent a tout venant leurs

maux, leurs craintes leur désespoir. il est égale-

ment impossiblede la comparera la seconde variété

indiquée par Esquirol, et dans laquelle «l'immobi-

lité du corps, la iixité des traits de la face le silence

obstiné, trahissent la contention douloureuse de

l'intelligence et des atlections, etc. »

Les symptômes qui dominent ici, ce sont l'em-

barras des idées, les illusions, les hallucinations,

une sorte de fatigue de tête, ou même, pour me ser-

vir de cette expression caractéristique de la malade,

une sorte d'a/tMn~cmen~ puis, en dehors de ces

symptômes, l'apathie, l'immobilité, un état général

d'oppression et, en eiïet, cHene s'agite pas, ne crie

jamais, passe sa journée sans dire un mot, et répond

a peine aux questions qu'on lui (att.

Ces symptômes ressemblent beaucoup il ceux de

la stupidité, dont ils ne sont qu'un diminutif. Ce

que cette lemme raconte après sa guérison onrc sur-

tout la plus grande analogie avec ce que disent les

aliénés stupides après la cessation de leur délire. 11

stnnra, pour s'en convaincre, de comparer les faits.

11y aurait donc trois sortes de mélancoliques

Ceux qui sont mobiles, irritables, et qui vont

raconter a tout venant leurs maux, leurs cramtes,

leur désespoir,etc.;

a" Ceux qui, par suite d'idées <i'.cspar(;titcment

Page 266: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

226 sToptmr~

ttetemunees, gardent un stIcnceoMtmé.etchez

lesquels tout indique l'activité intérieure de la pen-sée et la contention douloureuse de l'intelligence

J" Les mélancoliques immobiles inertes, mais

par apathie, par suite d'embarras intellectuel et

d'oppression des forces. Ceux-ci répondent, mais

lentement, avec peine; il faut les exciter; ils cher-

chent leurs idées, répètent les.questions qu'on leur

fait, comme pour les mieux comprendre; enfin, ils

ont des illusions nombreuses. 1

Les malades appartenant aux deux premières va-

riétés, soit qu'ils parlent et s'agitent, soit qu'ils se

taisent et restent immobiles, sont dans un état acti~

Les derniers sont, au contraire, dans un état tout

passif.C'est cette variété de la mélancolie, qu'on pour-

rait appeler passive, avec stupeur, avec embarras

intellectuel, qui paraît être comme un premier de-

gré de beaucoup de cas de stupidité. Chez les stu-

pides, il y a aussi torpeur, apathie, engourdisse-

ment, oppression des forces, mais ces symptômessont plus prononcés~ les objets extérieurs sont aussi

transformés, mais d'une manière plus complète,

l'intelligence est plus embarrassée, et les malades

perdent la conscience du temps, des lieux, des per-sonnes, etc.

La stupidité est à la mélancolie avec stupeur ce

que la manie très aiguë est à l'excitation mania-

que. Dans la manie très aiguë, le malade n'a plusconscience de ce qui se passe autour de lui, il ne

reconnaît plus personne, toutes sesimpressions sont

Page 267: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

hTUP~ïT!~ 227

1~> t *Ï~t-I\transformées, l'incohérence des idées est complète,

l'agitation extrême. Dans la simple excitation

maniaque il y a aussi de l'incohérence, des illu-

sions des sens, de l'agitation mais on peut iixcr plus

ou moins longtemps l'attention du malade, qui sait

où il est et reconnaît souvent les personnes qui

l'entourent. Ce malade, s'il transforme quelquesunes de ses impressions, en perçoit un grand

nombre comme dans l'état normal. Ces deux états

ne sont que deux degrés différents de la même

maladie, et on arrive graduellement de l'un à l'autre

par des nuances presque insensibles.

11en est très souvent de m~'mede la stupidité et

de la variété de mélancolie dont j'ai parlé; l'une ne

semble être que l'exagération de 1 autre.

Les observations de stupidité analogues a celles

quej'ai rapportées me paraîtraient donc devoir être

séparées de la mélancolieordinaire pour ibrmer une

variété tout-a-lait spéciale de ce genre de Iblie.

Je ne prétends, d'ailleurs, en aucune manière

étendre cette opinion a tous les laits, mais je la crois

applicable au plus grand nombre.

J'ai dit plus haut comment ~i. Ktoc, s'attachant

surtout chez les aliénés stupides a la suspension et a

l'embarras des idées produits par i'œdcmc du cer-

veau, n'avait vu dans cette ancction qu'une compii-

cation de la folie, qu'un accident pouvant s'ajouter

a cette maladie comme à toute autre.

Cette manière d'envisager la stupidité ne me pa-raît point applicable aux cas que j'ai cités.

Page 268: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

228 s'itt.'piOttK.

L intelligence n'a aétésuspendue chez;aucun ttea

aliénés dont j'ai rapporte les observations.

Tous ces malades malgré l'embarras des idées,

avaient un délire intérieur dont ils ont pu rendre

compte après leur guérison ce délire avait même

descaractères particuliers qui se sont retrouvés dans

tous les cas; il était de nature exclusivement triste,

entretenu par des illusions et des hallucinations, et

souvent accompagné d'idées de suicide. Les malades

étaient, en outre, dans un état tout spécial :ils

avaient perdu la conscience du temps, des lieux,

des personnes, et vivaient dans un monde tmagi-

naire.

Ce délire et l'état intellectuel qui l'accompagne ne

précèdent pas la stupidité ils se produisent avec

cite, et paraissent être le résultat du trouble des sen-

sations. Les aliénés stupides, comme l'a très bien

dit M.Etoc, ne voient plus les objets qu'a travers un

voile mais de ta naissent bientôt des illusions nom-

breuses qui engendrent elles-mêmesles conceptions

délirantes les plus bizarres.

11n'y a donc pas seulement embarras de l'intelh-

gencechez les aliénés stupides, mais encore produc-

tion d'un délire particulier; il y a donc plus qu'une

simple complication, et je ne saurais pour tous ces

laits admettre l'opinion de M. Etoc.

Quant a celle de Georget, qui fait de la stupi-

dité un genre particulier de Mie, caractérisé par

l'absence de la manifestation de la pensée elle ne

saurait évidemment s'appliquer aux faits quej'at

Page 269: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

8TU!')hrr~. ~29

t'apportés. Outre que je pense avec ALEtoc quel'absence de la manifestation de la pensée ne sau-

rait suffire pour caractériser un genre particulierde folie, je n'ai vu, chez les aliénés stupides que

j'ai rencontrés que des mélancoliques avec des

symptômes spéciaux.La stupidité, dans beaucoup de cas, ne me paraît

donc être ni une simple complication des diverses

espèces de folie ni un genre particulier de délire;c'est pour moile plus haut degré d'une variété tout-

a-jfaitspéciale de la mélancolie.

Maintenant convient-il de conserver la dénomi-

nation de stupidité pour désigner des malades quiont un détire intérieur, chez lesquels la pensée ne

cesse point d'être active, et qui peuvent après leur

guérison rendre compte des idéesqui les occupaient?M.Parchappe, dans sondernierouvrage, appelle

stupidité la démence au dernier degré (t). Dans

toutes les observations qu'il rapporte, l'intelligencedes malades, après un temps variable, s'était com-

plètement éteinte. C'est, en effet, la seuleacception

qu'on puisse donner au mot stupidité, qui signifiealors l'abolition, la destruction incurable de l'intel-

ligence.M. Chambeyron, dans sa traduction d'Hon'bauer,

désigne aussi sous le nom de stupides les malades

en démence.

Il est évident qu'on ne s'entendra bientôt plus sur

la signification du mot stupidité chez les aliénés, si

ft) yrtfiief/Murf/ueetpnt~ucde<a(olie.

Page 270: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~300 sTupnxT~.

)' ~o )- <l'on contmue à l'appliquer a des états si complète-ment di~rents.

11serait donc préférable de rappeler par un mot

la nature du délire des malades et l'état spécial dans

lequel ils se trouvent.

Ce qui caractérise surtout cet état, c'est )'*le

délire mélancolique; a" l'embarras intellectuel;

3° la transformation des impressions externes;

4" l'inertie.

Les dénominations de mélancolie passive, avec

stupeur, avecembarras intellectuel, meparaîtraientconvenir pour désigner tous les cas analogues a

ceux que j'ai cités dans ce travail; on devrait d'ail-

leurs, dans cette variété de mélancolie, distinguer

plusieurs degrés dont le plus élevé, caractérisé parla transformation générale des impressions, parl'existence du malade dans un monde imaginaire,

par la suspension de la sensibilité, constitue vérita-

blement un état spécial, comme l'extase, la catalep-

sie, etc.

Mais ces dénominations de mélancolie passiveavec stupeur, avec embarras intellectuel, pour-raient-elles s'appliquer à tous les cas? N'y a-t-il pasdes malades dont l'intelligence est co?Kp~<emen<sus-

pendue, comme l'ont pensé Georget, M. Etoc et

surtout M. Ferrus? Enfin le délire intérieur des

Hliénésstupides est-il <0!~OM~de nature triste? Les

faits que j'ai cités, réunis même a plusieurs autres

que je possède, sont évidemment trop peu nom-

breux pour me permettre de trancher ces questions

importantes.

Page 271: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ST~'iDtT~. 231il

Cependantje crois devoir, commecomplément dece travail, examiner jusqu'à quel point lesfaits cités

par Georget et par M. Etoc peuvent innrmer ceux

que j'ai moi-même observés.

to ObservationsdeGeorgetet deM.Étoctendantà prouverquet'inteHigencepeutêtresuspenduechezlesaliénésstupides.

Cesobservations sont au nombre de trois; je cite-rai un extrait de chacune d'elles, en reproduisanttextuellement tout ce qui a rapport à l'état intellec-tuel des malades pendant la durée de la stupidité.

OBSEKVATiONPBEMiÈM( GEOttGBT).

Fille de trente-six ans. Symptômes de stupiditéau plus haut degré pendant trois mois. Guérison.Voici commentGeorget, d'après les renseignementsqu'il obtint, décrit l'état intellectuel de la malade

«Elle ne pensait à rien; quand on lui parlait,elle ne retenait que le premier mot de la phrase etn'avait pas la force de répondre. Elle n'avait passenti la douleur quand on lui mit un séton.

OMEttVATMKMMtt;M(<t.ETOc).

Femme de vingt-six ans. Symptômesde stupidité,précèdes de manie, et disparaissant après dix mois.Persistance du délire.

«La malade, dit M. Ëtoc, ne put qu'imparfaite-ment rendre compte de son état antérieur. Elle seborne à dire qu'elle ne pensait à rien, qu'elle ne

Page 272: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

sTt~'t))nK.

dësn'.nt rtcn, et reconnaissait confusément cequi

sepassait autour d'cHe.)' »

oMK~'AT)oxTM:siE?.tE( communiquéeàM.ËtocparM.Lctut).

Jeune homme de seize ans. Symptômes de stupi-dtté a\ec des rémissions pendant plusieurs mois.

'Ce matadc, dit Etoc, était conva]cscent

torsque j'cntrat Bicetre; je regrette de ne pas ra-voir interroge sur ce qu'H ressentait pendant sonétat de stupidité. Voici une circonstance qui pourraservira remplir cette lacune. Unjour que M.Ferruslui refusait la per~aion de se promener danstes cours de l'hosptcc, le malade Ht ce singulierraisonnement, que je ne manquai pas de noter

eus merendex la raison, et vous ne \oulcz pasque je m'en serve; autant valait ne pas me puéril-.J'étais plus heureux, je ne désirais rien, j'étaiscomme une machine.

De ces trois faits les deux derniers sont très in-

complets. La seconde malade restée aliénée n'a nudit M. Eioc, rendre qu'Imparfaitement compte deson état. Le troisième n'a pas été interrogé après sa

guérison. C'est par une phrase dite par hasard

qu'on a connu son état intellectuel pendant la duréede la stupidité. Reste donc la première observation

qu!, bien que ptus positive, laisse encore beaucoupa désirer. La malade, dit Gcorget, ne pensait a rien.IMalslui a-t-on demandé si cHe savait oit c!le étaitsi elle voyait les personnes qui l'entouraient, et

Page 273: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

snt.)~)-

consent clic les voyait.' \'avaiteHe sur tout celaaucune Idée vraie un fausse?Dire qu'elle ne pensaita rien ne me parait pas suçant, et d'autres détailsseraient nécessaires.

Les faits cites par Ceorget et par M. Ktoc sontdonc trop peu nombreux et trop incomplets pourprouver que l'intelligence peut être suspendue chezles ahenes stupidcs.

Ce serait d'aineurs u.ic erreur d'admettre la sus-pension de tmteUigcnce parce que le nudade dcclareaprës sa guérison qu'il ne pensait a rien. Celapour-rait tout aussi bien

s'expliquer chez le convales-cent par l'oubli complet des idées qui l'ont oc-cupé. i\e sait on pas que beaucoup de personnes neconservent aucun souvenir de leurs rêves; n'en est-il pas ainsi des somnambules et même de quelques-diénespour tout ce qu'ils ont fait pendant l'accès?i'ourquoi n'en serait-il pas de même citez les stu-p'dcs L'observation suivante prouvera que cettesupposition est vraie au n.oins dans certains cas

OMER\'AT[OSNKUYtEME.

~)"e.~h.i.),

"E'ti'[~~);u..i~n ..<),(,) 5.n.M.

La FemmeC. agcc de quaran~huh ans, ~m'-

"t'c,cstc.Ut-('.cataSa~tr.(.rch-,yn,:ti)S~dans h. sc~icc.te ~itivic.: voici tes

rensci~n~)"cuLs donn~ ),a.- ta t'annUc sur tes causes et L-c(nu-mcjttconcntdudëMrc.

Page 274: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

234 STUMOtTÉ.

Le 4 mai, on a volé à cette femme sa chame d'or

et ses boudes d'oreilles. Cette perte, qui pour elle

était considérable, l'affligea beaucoup. Depuis lors

elle est devenue triste et parle souvent du malheur

qui lui est arrivé.

Le juin, elle revient des champs au milieu de la

journée une céphalalgie très forte l'avait obligée de

cesser son travail. On s'aperçut presque aussitôt

que les idées étaient peu suivies et une saignée fut

Immédiatement pratiquée. Le lendemain, C. est

plus triste, silencieuse, abattue. On la conduit à

l'Hôtel-Uieu. Elle est saignée de nouveau. Apres

quelques jours, on est obligé de l'envoyer à la Sal-

petrière, parce qu'elle troublait le repos des autres

malades.

A son entrée dans le service de M. Mitivié, elle

offre les symptômes suivants

La face est pâle, les yeux fixes, la physionomie

étonnée. C. est Immobile, ne répond a aucune

question.; quand on l'interroge, elle remue les

lèvres et marmotte des mots dont il est impossible

de rien saisir. A force d'instances, en la stimulant

vivement, on obtient des monosyllabes dits a voix

si basse qu'on les entend a peine. La malade paraît

comprendre quelques unes des questions qu'on lui

fait. Elle montre sa langue et marche quand on l'y

engage. Sa démarche est lente mal assurée, et dé-

note une faiblesseassez grande.

La langue est sèche, râpeuse la peau chaude, le

pouls a no. Constipation, insomnie. La malade a

ses règles. (Orge miellée, lavements laxatifs.)

Page 275: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

sTtjptunÉ. 335

~1.a 1Le ig, les règles ont cessé, les symptômes sontles mêmes. Je parviens à saisir quelques uns desmots que C. marmotte elle dit qu'elleest morte,quesoncorpsa e~ coupeen deux, qu'elleM'a~tMdePendant la nuit, elle voulait sortir de son lit; on aété obligé de la faire recoucher plusieurs fois. Mêmeétat de la langue, la fièvre persiste.

Le ), il est survenu une sorte d'agitation comme

automatique. C. ramasse les couvertures de son

lit elle va et vient, sans savoir ce qu'elle fait ses

yeux sont largement ouverts, sa physionomie hébé-

tée on ne peut en obtenir aucune réponse; elle

répète parfois le commencement de la questionqu'on lui adresse, mais elle ne va pas au-delà.

Le -r~, la langue est humide, la fièvre a cessé. Onest parvenu a lui faire boire un peu de lait.

Le s5, elle a dormi très longtemps. Il y a aujour-d'hui beaucoup plus de calme; d'ailleurs mêmes

symptômes de stupeur, même état de mutisme,

constipation. (Orge miellée calomel, bains.)Le 27, j'obtiens quelques mots de la malade; elle

croit être en prison.Le 29, C. commence à répondre, mais très len-

tement, très laconiquement. Elle garde le silence

pour le plus grand nombre des questions ses yeuxsont toujours largement ouverts, le regard est in-certain ou fixe.

Le 6 juillet, elle est très apathique, elle passe sa

journée assise a !a même place; quand on l'inter-

roge, elle remue les lèvres, mais n'entend rien;elle ne sait pas où elle est, a l'air étonné; somno-

Page 276: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t)~(,C) srtj)'!))t't'A.

lencc presque continuelle. On est parvenua h faire

un peu travailler.

9.8juillet, C. est complètement raisonnable de-

puis huit jours; elle répond. aux questions qu'on

lui lait~ mange et dort bien; ellc travaille toute la

journée.Sortie guérie le 6 août) 8~2.

J'ai interrogé cette femme avec soin avant sa

sortie, et. je n'ai presque rien pu en obtenir; non

qu'eue ne imt beaucoup de bonne volonté a me

donner des détails, mais parce qu'elle n'avait rien

a me dire. Pendant sa maladie, elle ne pensait a

rien, elle était comme imbécile, elle avait comme

un bourdon dans 1s tête, ne pouvait pas parler; ça

la tenait dans la gorge; elle n'entendait pas ce qu'on

lui disait, excepté dans les derniers temps; elle

croyait être en prison; il lui semblait que tout le

monde se moquait d'elle et qu'on crachait sur elle

comme sur une voleuse (t).

Assurément il y a loin de cette malade a plusieurss

autres, qui m'ont donné sur leur état antérieur des

()) Jecroisdevoirprévenir,quantaudiagnosticdotamaladiedo

cettefemme,l'objectionqu'onpourraitfairequ'otten'étaitpoint

dansunétatdostupidité,etcelaà causede l'agitationsurvenue

pendantplusieursjours,et quin'estpointeneffetunsymptôme

ordinaire.

M. Étoc a cité un faitsemb)ab)o.

« Quetquefois. dit cet auteur, la maiade s'a./t!< wardte r~,

Mns but. Mns motif elle va devant elle on dirait qu'elle se meut

pour se mouvoir, par instinct, ,ans la participationdo l'intelligence.

ruut-etre cependant cette a~tahon cst-eitc déterminée par des

Page 277: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

S'it't'tOn~. 7

détails si précis, si complets. Si même je m'en étaistenu a ce qu'elle m'a dit d'abord, j'aurais pu croirea ta suspension réelle de son intelligence. Mais qu'onse rappelle ce que j'avais surpris un jour pendantqu'elle était encore dans la stupeur; elle était morte,son corps avait été coupé en deux, elle n'avait plusde tête. De tout cela la malade n'en gardait aucun

souvenir, et ne m'eùt-ellc pas dit les phrases qui ter-minent l'observation, que je n'en aurais pas moinseu la certitude de l'existence d'un délire mélanco-

lique. Dece qu'une convalescente déclare qu'elle ne

pensait arien pendantsa maladie, il ne faudrait donc

pas conclure a la suspension de son intelligence.Ainsi, outre que les faits sur lesquels on s'est

appuyé pour admettre la suspension de l'intelli-

t'aitucinations.Sionluiparle,ellerépondlentement:Oui. non.je nosaispas. Oudoncquej".suis?. Jeveuxmourir.n

Ainsivoilàd'aprèsM.Étoc,unemaladestupidequis'agitemarchevite,répondquandonl'interroge.L'agitationpeutdoncserencontrerchezcesmaladesmaiscetteagitationa uncaractèreparticuliertrèsbiendécritpar M.Étoc.Hsembloen etfetquet'aliènesemeuvesansbut,sansmotif,parinstinct,sanslaparti-cipationdel'intelligence.Ondiraitdesmouvementsautomatiques.

M.Ëtoca vuaussilessymptômesfébrilesquiontmarquélespremiersjoursdelamaladiede lafemmeC. Danssonobserva-tionhuitième,onnota:t l'entréetouslessignesd'uneaffectiontyphoïde.

.t'msi.ste sur ces points, parce que le premier fait à prouver dansce travail c'est que les malades soumis a mon observation s~nt bi<-ndes atiëués stupidcs tels que Ceo~et et M. Etoc tes ont decnts et

J'ai insisté longuement sur la description d(-<symptôme pour pré-venir toute objection a cete~ard.

Page 278: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

238 &TO!<tStTË.

gence chez les aliénés stupides ne sont ni a~sez

nombreux ni assez complets, cette prétendue sus-

pension des iacultés peut, dans certains cas, s'ex-

pUquer par l'oubli de ce qui s'est passé dans l'accès.

11 me reste à examiner jusqu'à quel point les

observations de Georget et de M. Étoc prouvent quele délire intérieur des aliénés stupides n'est pas

toujours uniforme et de nature triste, comme dans

les faits quej'ai cités.

2* ObservationsdeGeorgetet de M.Étoc,pouvantserviràdéterminerlanaturedudélirecheztesaliénésstupides.

Ces observations sont au nombre de quatre. J'en

rapporterai également un extrait dans lequel jeciterai textuellement tout ce qui a rapport a la na-

ture du délire.

OMEBVATtON HEtHÈHE (cEOMBï).

Jeune fille de vingt-deux ans, tombée dans la

stupidité à la suite d'une émotion moraie très vhc.

EUerendit comptede son état, après sa guensonde la manière suivante

Etie entendait bien les questions qu'on lui adres-

sait, mais ses idées venaient en si grand nombre et

si confusément, qu'il lui était impossibled'en rendre

aucune.

Page 279: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~mm9

OM)!B~TMKMM.W.(M.ETOC).

Mademoiselle N. âgée devingt-quatre ans,devint aliénée en apprenant qu'un mariage vive-ment de~re était rompu sans retour. Dès le début,elle briseses meubles, déchire

se~~cnt.Nn'est pas faite peur qu'un hon,n..ejoue d'elle;~th aussi ~.auraMen le prouver. »Cette idée domine tellement dans son esprit qu'elleimite ia démarche et prend les .étends de sonnouveau sexe.

Après trois mois, elle tombedans la stupidité, etguérit au bout d'un

n.oiscn.iron. surce qu'elle avait éprouvé pendant sa n.ladîe, eUedit a aL Ltoc .qu-eUe avait confusément la con-~ence de son état, qu'elle n'en ressentait point depeine et ne songeait point a en sortir. Elle ne soui-~.tnuHc part. Quand on lui piquait les bras et les~s elle éprouvait une légère douleur analogueau

chatouillement; elle n'avait pas l'idée de lesretirer; elle croyait encore être homn.e, .nais elle"'y attachait pas d'importance. »

OMERVATtM MOtS~ÈME (M. i~TOc).

La fille G. domestique, devient aliënée a vingt-sept ans. Voici comment M. Ëtoc décrit le début dudélire La malade passe subitement de la gaieté la1~usvive a la tristesse la plus sombre; danse, rit,ptcure et chante sans motii\ déchire ses vêtements

Page 280: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

2<t0ü S't'(!t'H)ttÉ."i.

pour .a??:M~f.Aubout (le quelquesjours d'agitation

le calme revient; elle entend des voix confuses qui

lui parlent; e~e i'CM<Mour~ elle se tuera. Bientôt

elle entre a la Salpêtrière avec des symptômesde

stupidité.<.Si on lui parle, ajoute M. Ëtoc, elle répond len-

tement oui. non. je ne sais pas. où donc que

ie suis?. je reu.r mourir. »

Peu de temps après, la malade fait une chute sur

le visage dans un escalier. La le\re supérieure est

di\'is6c danstoute son épaisseur. M. Etoc soupçonne

qu'il v a eu une tentative (~e.~M!C!Wc.Au bout de peu

de temps la malade meurt dans le marasme.

OBSEKYATtOjf(~UATtUKME(M.ÉTOc).).

( J'ai rapporté cette observation a la suite de

cellesque j'ai moi-mêmerecueillies, comme offrant

avec elles la plus grande analogie; c'est la malade

qui, au milieu d'une intirmeric, se croyait dans un

désert ou aux galères, et voyait autour d'elle des

voitures chargées de cercueils. )

De ces quatre observations, les deux dernières

contirment complètement celles qui me sont pro-

pres. Dans ces deux cas, en cu'et, le délire était de

nature triste, et de plus l'une des malades au moins

avait des idées de suicide.

Le premier de cesfaits ne peut en aucune manière

ser\ ir a éclairer la question, et sous ce rapport il

est tout-a-fait nul. 11venait a l'esprit de la malade

Page 281: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

STUMDtTË. 2/(4

1(i

un très grand nombre d'idées; mais dequelle nature

étaient ces Idées? Georget ne le dit pas.Reste donc la deuxième observation celle-cin'est

pas beaucoup plus positive. La malade, qui pensaitavoir changé de sexe avant de tomber dans la stupi-dité, a conservé cette idée; elle croyait encore être

homme, mais elle n'y attachait aucune importance.oila tout ce qu'on a su quant a la nature de son dé-

lire, ellen'a pas donné d'autres détails. N'avait-elle

que cette idée,oubien lui en menait-ild'autres atl'es-

prit? On ne sait rien Facet égard. Ce fait isolé ne

saurait d'ailleurs prouver que le délire des aliénés

stupides n'est pas constamment de nature triste. Je

ne prétends pas nier assurément qu'il puisse y avoir

des exceptions a cet égard, mais je dis que les faits

cités par Georget et par M. Ktocne le démontrent

en aucune manière.

Une seule observation de stupidité est citée dans

les Leçons de M. Ferrus insérées dans la Gazettedes

/(dp~au;.p,et cette observation, quoique manquantde détails, vient eonnrmerce que j'ai dit de la na-

ture du délire.

«il y a quelques années, un négociant probe et

laborieux, ayant éprouvé des pertes commerciales

accablantes, résolut de ne pas survivre a sa ruine

et se p~c~i'<o f/tHi.s~t 6'e<HC;mais il fut secouru a

temps et conduit a Dicetrc. Il y arriva dans un état

complet de stupidité, qui céda trois mois après a

l'emploi des toniques. o

Le passage suivant des Leçons de M. Ferrus, sur

l't'-tiologiede la stupidité, vient encore a l'appui de

Page 282: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

2<t2 STt'PtMT~,

l'opinion que j'ai émiseplus haut sur ta nature du

délire des aliénés stupides:« L'importance des émotionsvives brusques et

surtout trM<~et e~fa~SM~dans la production de la

stupidité, est si remarquable qu'elle a été générale-

ment comprise par tous les artistes qui, voulant re-

présenter la douleur, lui ont donné l'attitude de

la stupidité, et, comme l'a dit Montaigne a Voilà

Hpourquoiles poëtes feignent cette misérable mère,

~~obé, ayant perdu premièrement sept nis et puis

"de suite autant de tilles, surchargée de pertes,a a~M' été transformée en rocher, pour exprimer

~cet~ morne, muette et sourde stupidité qui nous

? transit lorsque les accidents nous accablent, sur-

a passantnotre portée, »

Pour juger déiinitivcment cette question de l'uni-

lormité du délire chez les aliénés stupides il reste

désormais à étudier les cas où la stupidité, au lieu

d'être primitive, est précédée de monomanie ou de

manie. 11serait intéressant de rechercher si ce dé-

lire reste le même, s'il n'est que modiné par la com-

pression cérébrale, ou biens'il change de nature et

devient constamment triste. Les maladesperdent-ilsla consciencedutemps, des lieux, des personnes,etc.?

C'est la un point très important, car il s'agit de dé-

cider si l'état désigné sous le nom de stupidité est

toujours le même, quant à la nature du délire.

L'observation de chaque jour nous montre des

madades avecdes alternatives d'excitation maniaqueet d'abattement, passant de la manie a la mélanco-

lie, et dontle délire change complètement de nature.

Page 283: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

.~T'JP'MTt. 2~

Je ne puis mieux faire, à cet égard, que de citer la

description qu'un aliéné, guéri parWillis, donnait

lui-méme du changement brusque qui s'opérait en

lui.

J'attendais toujours avec impatience, dit le ma-

lade, l'accèsd'agitation, qui durait dixa douzejours,

plus ou moins, parce que je jouissais pendant toute

sa durée d'une sorte de béatitude; tout me semblait

lacile, aucun obstacle ne m'arrêtait en théorie, ni

mêmeen réalité ma mémoire acquérait tout-a-coupune perfection singulière. H

« Mais, ajoute-t-il plus loin, si ce premier genred'illusions me rendait heureux je n'en étais que

plus à plaindre dans l'état d'abattement qui le suivait

toujours et qui durait à peu près autant. Je me re-

prochais toutes mes actions passées et jusqu'à mes

idées mêmes. J'étais timide, honteux pusillanime,

incapabled'actions, soit au physique, soit au moral.

Le passage de l'un de ces états à l'autre se faisait

brusquement, sans aucune transition, et presque

toujours pendant le sommeil. H

Lue des observations de M. Étoc, que j'ai citée

plus haut, prouve qu'il peut en être ainsi quand la

stupidité succède à la manie. La malade, au début

du détire, «passe subitement, dit ce médecin, de la

gaieté la ptus vivela tristesse ta plus sombre, danse,

rit, pleure et chante sans motif, déchire ses vête-

ments pour s'amusHt' bientôt âpres elle tombe

dans la stupidité. Le délire est ators devenu métan-

coiique; on entend dire a la malade qu'ettc veut

MOtO'n' qu'cttc .s'f<t«')'«.

Page 284: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

2&& STUPtMT~

J'ai dans mon serviceune femmeâgéede aoxantc-

dix ans, qui est depuis plus de quinze ans a la Salpe-

trière, et qui passe alternativement de ta manie a

la stupidité, ou de la stupidité a la manie. Je l'ai vue

cinq mois de suite dans la stupeur la plus profonde,

ayant les yeux largement ouverts la physionomie

hébétée, ne répondant a aucune question, ne reti-

rant pas son bras quand on la pinçait, etc. je l'ai

vue aussi dans l'excitation maniaque. Or, son état

intellectuel din'erecomplètement dans tes deux cas

stupidc, elle ades idéesnoires, elle voit ses parents

morts, il lui semble que les objets suspendusvont

tomber, que le feu va prendre, maniaque, cette

femme est plutôt gaie que triste, et n'a rien conserve

des idées dont je viensde parler.

Je crois donc qu'il arrive, pour le passage de la

manie ou de la monomanie atla stupidité, ce qui a

lieu quand la mélancolie succède a la manie ou a la

monomanic; le délire change de nature. C'est là

d'ailleurs, commeje l'ai déjà dit, une question pourla solution de laquelle de nouvellesobservations sont

nécessaires.

Fût-il démontré que dans certains cas le délire

ne change point de nature, on n en serait pas moins

forcé d'admettre qu'il est agrandi et modiné. On

concevrait en etict diuicilement qu'il en lut autre-

ment.

Les sens, comme l'a très bien vu M. Étoc, sont

chez les aliénés stupides dans un état particulier.Les impressions sont rarement perçues distincte-

ment, !cs objets paraissent (tun))t<'vuités, etc. ~'y

Page 285: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

snn'f!')T[t. 2~5

a-t-il paslit une nouvelle source de délire? L'amené

ne jugera-t-il pas faussement ce qu'i! voit déjà a

moitié transformé ? ce jugement erroné ne don-

nera-t-il pas lieu a des illusions nombreuses, et bien-

tôt, commeconséquences,aux conceptionsdélirantes

les plus bizarres C'est en effet ce qui ressort de

toutes les observations précédentes. Ainsi, en sup-

posant que le délire puisse dans certains cas ne pas

changer de nature, ce qui n'est pas démontré, il

n'en serait pas moins vrai qu'il est agrandi et pro-

fondément modiné par le fait même de la s' upidité.Je ne puis d'ailleurs, ayant de terminer, mieux

taire juger de la nature du délire des aliénés stu-

pides qu'en présentant le résumé (pour ce qui a

trait a l'état intellectuel des malades) de toutes les

observations recueillies par Georget, M. Etoc, et

par moi.

UBAEKYAHUSS DE CËMGET(2obs.).

OBS.1. Suspension de l'intelligence.

Ofts.t!. La malade avait des idées nombreuses et

confuses, mais ellene dit pas de quel!cnature étaient

ces idées. (Observation nulle pour iaire apprécierle caractère du délire.)

uxsKVAnnfs M M. tToc(8obs.).

OtiS.I. Délire mélancolique.<)Hs.H. Suspension de l'intelligence. La malade,

restée aliénée, ne rendit qu'imparlaitement compte

de son état.

Page 286: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

2/tR STOPtMTÉ.

Ocs. 1H.Suspension de l'intelligence. Le malade

n'a point été interrogé, et on n'eût rien su de son

état intellectuel pendant la stupeur sans unephrase

dite par hasard après sa guérison.

Oas. IV. La malade, avant de tomberdans la stu-

pidité, croyait avoir changé de sexe. Cette idée

persiste pendant toute la durée de cette affection.

Aucun autre détail.

Oss. V. Délire mélancolique; idées (et peut-être

tentative) de suicide.

(h;s. VI. Aucun renseignementsur le délire.

OB8.\ IL Aucun renseignementsûrle délire.

Otts. V!H. Aucunrenseignement

sur le délire

OB'!)tVAT)0'<SQUI ME MST PMPBES ( 8 ObS. ).

Oos.t. Délire mélancolique; tentatives de suicide.

Ons.H.Déliremélancolique; tentatives de suicide.

0)(s.111.Délire mélancolique tentative de suicide.

Oas.IV.Déliremélancolique; tentatives de suicide.

Otts.V. Délire mélancolique; tentative de suicide.

Oas.VI Délire mélancolique.

Ocs. VII. Délire mélancolique.Ons.V~Ill.Délire mélancolique.

Aceshuitobservations j'en pourraisajouterquatre

autres onrant les mêmes caractères. Je citerai ces

faits dans un second travail sur le même sujet et ;t

l'appui de divers points de l'histoire de la stupidité.

Quant aux dix-huit observations queje viens de rap-

peler, elles peuvent se résumer ainsi

Page 287: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

.sTUPturrË. 2A77

Aucun renseignement sur la nature du délire

quatre fois.

Suspension de l'intelligence (ou peut-être oubli

de ce qui s'est passé pendant l'accès), trois fois.

Délire de nature douteuse, une fois.

Déliremélancolique, avecou sans suicide, dix fois.

Avec idées de suicide, six fois.

Ainsi, en retranchant les sept premiers cas dans

lesquelsle délire, s'il a existé, est resté inconnu, on

trouve que de onze malades qui ont pu donner des

renseignements sur les idées qui les occupaient, dix

avaient un délire mélancolique; et, comme je l'ai

prouvé, il est permis de conserver des doutes pour

la onzième observation.

Les faits précédents, s'ils ne prouvent pas, même

en y ajoutant les quatre observations que je rappor-

terai plus tard, que le délire dans la stupidité soit

toujours de nature triste, sunisent au moins pour

démontrer qu'il en est ainsi dans le plus grand nom-

bre des cas.

Cette conclusion ne découle point seulement des

observations que j'ai recueillies. M. Étoc, en en'et,

a eu des renseignements sur la nature du délire de

trois malades, et dans ~CMc cas ce délire était de

nature mélancolique; chez l'un de ces malades il

y avait, en outre des idées de suicide.

Les observations de M.Etoc loin de contredire

l'opinion que j'ai émise, que la stupidité est dans la

majorité des cas le plus haut degré d'une variété

de mélancone contirnx'nt donc plutôt cette opi-

nion.

Page 288: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

'S~ -.TU)'t))))'K.

'X~ULUSH~S

Les aliénés qu'on a désignés sons le nom de

stupides n'ont, dans beaucoup de cas, que les appa-rences de la stupidité, et il y a chez ces malades undélire tout intérieur dont ils peuvent rendre compteaprès leur guérison.

~°Ce délire paraît être de nature exclusivement

triste, il est souvent accompagné d'idées de suicide.3° L'état des aliénés stupides est principalement

caractérisé par un trouble des sensations et desillu-sions nombreuses qui jettent les malades dans unmonde imaginaire.

4" La stupidité n'est, le plus souvent, que le

plus haut degré d'une variété de la mélancolie.5" L'état des aliénés stupides offre beaucoup

d'analogie avec l'état de rêve (t).

(t) Voir. à )a fin du vo)ume, la note n° 6.

Page 289: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

X:.

DE L'INFLUENCE

DEL'ÉTATINTERMÉDIAIREALAVEILLEETAUSOMMEiL

SURLAfBODUCTtO~ETLAMARCHE

DESHALLUCtNATIONS

tM2.

Quese passe-t-il dans les centres nerveux au mo-

ment du sommeil? Par quel mécanisme se produitcette suspension de l'action dessens et du sentiment

de notre propre existence? et quand les ibrces sont

réparées comment se fait le retour a l'état de veille?

~oila ce qu'on ne sait point encore aujourd'hui,

maigre les expériences tentées sur les animaux, et

()) CeMémoirea été luà l'Académieroyaledemédecinedansla séance du 4 mai ~84'2 et par conséquent longtemps avant, que

la question des hallucinations eût été mise au concours it est donc

tout-à-fait distinct du travail généra) que j'ai adressé sur cette

question et auque) a été déceraé ie prix Curieux.

Page 290: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

250 )fA[.ujc<sAno~s.

de nombreuses explications plus ou moins hypo-

thétiques.Mais s'il n'a point encore été donné aux physio-

logistes de pénétrer la cause de ces phénomènesils ont pu du moins observer et décrire avec soin

tout ce qu'il y a d'apparent et de saisissable dans le

passage de la veille au sommeil et du sommeil à la

veille. Je dois rappeler en peu de mots quelques uns

des faits qu'on a signalés à ce sujet.Le passage de la veille au sommeil ne se fait pas

d'une manière brusque. On est averti d'abord parune sensation toute particulière; puis la tête devient

lourde, les idées s'embarrassent, et on tombe dans

un premier degré d'assoupissement; l'influence de

la volonté a déjà cessé, que le sentiment du moi

persiste encore. On a, pendant quelques instantsconscience de certaines perceptions; mais ces per-

ceptions sont confuses, incohérentes, et constituent

avant le sommeil complet une sorte de délire pas-

sager que presque tous les physiologistes ont indi-

qué. Si cet état de demi-sommeil, ordinairement

très court, vient a se prologer, il constitue la som-

nolence, et l'espèce de délire dont j'ai parléest dé-

signée sous le nom de rêvasseries.

Des illusions des sens et des hallucinations sur-

viennent assez souvent dans ce passage de la veille

au sommeil. « A qui n'cst-il pas arrivé dit Marc a

la suite d'une digestion laborieuse ou de tout autre

embarras, soit dans la circulation, soit dans les

fonctions nerveuses, après une vive secousse physi-

que ou morale d'éprouver, au momentde s'endor-

Page 291: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HAf.X'CtXATtO~S. 25t

mir, de ces erreurs des sens externes et internes?

d'apercevoir les figures les plus grotesques, souvent

tes plus èffrayantes; d'entendre le son de voix

d'hommes, d'animaux, le son de cloches; de voir

un précipice en un mot, de rêver en quelque sorte

sans dormir?

Marc aurait pu ajouter que ces illusions et ces

hallucinations s'observent encore assez souvent

chez les femmes à l'époque menstruelle ou dans les

jours qui suivent l'accouchement.

Les phénomènes que je viens d'indiquer pour le

passage de la veilleau sommeilse rencontrent aussi,mais d'une manière moins tranchée, lors du pas-

sage du sommeil à la veille. Quand les forces sont

réparées, on arrive graduellement a un état de

somnolence pendant lequel on a des perceptionsconfuses, incomplètes, et parfois des illusions et

des hallucinations si l'on se trouve sous l'influence

de quelque cause d'excitation.

Il reste à faire l'application de ces données à l'é-

tude des hallucinations chez les aliénés; à recher-

cher, par exemple, si le passagede la veille au som-

meil, (lui provoque si souvent des hallucinations

dans l'état de santé, en produit plus particulière-ment sur les sujets prédisposés à la folie ou déjà at-

teints de cette maladie.

En supposant qu'il en soit ainsi, il importe encore

de déterminer quelle influence ces hallucinations

ont des le début sur la marche du délire, quels rap-

ports surtout elles ont avec les fausses perceptionsen général.

Page 292: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

252 ~.n.t.)(:<\nt<~$.

Apres :avoir vainement cherché dans les auteurs

qui ont écrit sur les maladies mentales la solution

de ces questions, qui n'ont pas même été posées,

j'ai tenté de les résoudre en interrogeant les parentsdes malades, et surtout les malades eux-mêmes.

C'est le résultat de mes recherches sur ces divers

points que j'ai consigné dans ce travail, lequel est

divisé en deux parties.Dans la première, je cite les observations que j'ai

recueillies et celles quej'ai trouvées ça et la isolées

dans les auteurs. i"Dansla seconde, je fais ressortir les rapports qui

existent entre les faits cités, et les conséquences

qu'on peut en tirer pour l'étude et le traitement de

la folie.

PREMIERE PARTIE.

gt-

Del'influencedet'étatintermédiaireà laveiHoetausommeilsur

la productiondesha))uoinationscheztessujetsprédisposésàla fotie.

MtSMVAnOf PMMtÊttE.

t'iusieurs par< nUcHC~; bftUttcm.'tionx de t'outtî e[ de vile un moment

du «MnjttcU, precc<~Ht de trfij! atM t'tnv~fott da la folie.

MademoiselleL. âgée de quarante cinq ans, est

depuis douze ans à l'hospice de la Salpêtrière, dans

la division des aliénés. On observe chez elle des

hallucinations de la vue et de l'ouïe qui l'obsèdent

presque continuellement. Elle parle a des êtres in-

Page 293: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HAU.UOKATfOK- 253

visibles et s'emporte contre eux. Souvent elle s'in-

terrompt tout-a-coup au milieu d'une phrase pour

répondre aux voix qu'elle vient d'entendre. Ordi-

nairement calme et laborieuse, elle ne devient suëre

agitée qu'à l'époque des règles. Elle frappe alors a

grands coups sur les prétendus monstres dont elle

se voit entourée.

oici les renseignements que j'ai obtenus sur les

antécédents de la malade et sur sa famille.

MademoiselleL. a toujours été un peu bizarre

quoique simple couturière, elle avait la prétentionde faire des vers, et on a imprimé plusieurs chan-

sons de sa composition. Après avoir terminé son

travail delà journée, elle donnait une partie des

nuits aux inspirations poétiques.A trente ans ans environ, elle commença a éprou-

ver un phénomène étrange et qui la jetait dans l'é-

tonncment. Chaque soir, avant de s'endormir, elle

entendait des voix qui lui parlaient très distincte-

ment. Elle voyait autour d'elle des pcrsonnanes et

des animaux de toute sorte. Bien souvent elle a en-

tretenu sa mère et ses frères de ce fait, qu'elle ne

pouvait s'expliquer. Elle comprenait d'ailleurs par-faitement qu'il n'y avait rien de réel dans tout ce

qu'elle voyait et entendait. Les fausses sensations

n'avaient jamais lieu le jour, ni même pendant la

nuit quand la malade veillait; ce n'était qu'au mo-

ment dusonnneil que survenaient toutes ces appa-ritions.

Cet état durait depuis trois ans sans que la raison1

oUrÏt le moindre dérartuontcnt, lorsque madcmot-

Page 294: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

25& HALMCtNATtOKS

selle L. devint tout-a~it aliénée a la suite de

couches.

Safolie, caractérisée dèa le début par des halluci-

nations de l'orne et de la vue, était évidemment le

résultat d'une prédisposition héréditaire, comme

le prouvent les renseignements suivants.

Le père de la malade, après avoir longtemps fait

des excèsde boisson, a fini par perdre la tête.

Un des oncles paternels, sans être complètement

aliéné, offrecependant des signes de folie, et dans

le pays on ne l'appelle pas autrement que L.

le ibu.

Un des frère de mademoiselle L. qui, comme

le père, faisait des excèsde boisson, a eu aussi un

accès de folie.

Ainsi la malade a eutrois de ses parents aliénés;

elle-même avait toujours été un peu bizarre. Elle

était donc éminemment prédisposée à la folie, qui,

chez elle a été précédée pendant trois ans d'hallu-

cinations de la vue et de l'ouïe ne survenant qu'au

moment du sommeil.

OMEKVATMK MUït&ME.

Pittsit'ut's pitfctiis utieues, ttatiuetni'UonStit' i'omf etdf L<vue .m n)"ntfnt

ttu tomMtL'i!. dumnt df~ms ffèa d'un un s:tti;t dft~c.

L. frère de la malade qui fait le sujet de l'obser-

vation précédente, est un ouvrier d'environ trente-

cinq ans, plein de sens et de raison, mais frappé de

l'idée qu'il n'échappera pas au sort qui a atteint son

père, son oncle, son frère et sa sœur. Deuxfois déjà,

Page 295: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HA).).t'<:)'<AT)nXS. 255

.1 1, -il- ro ·

a ta suite d anectmnsmorales vives, Il a ïaun devenu*r

aliéné cen'est qu'en prenant des bains, en se faisant

mettre de l'eau froide sur la tête, en cessant toute

occupation, qu'il a pu prévenir le délire dans lequel

il se sentait tomber. Mais ce qui augmente encore

ses craintes, c'est que lui-même éprouve depuis près

d'un an le phénomène étrange qui, pendant trois

ans, a précédé la maladie de sa sœur tous les soirs,

avant de s'endormir, il a des hallucinations de l'ouïe

et de la vue.

,le pouvais ici avoir des renseignements positifs

sur le moment précis de la production des fausses

sensations. Or, c'est bien réellement immédiatement

avant le sommeil, lorsque l'assoupissement com-

mence, mais que la conscience persiste encore, que

les hallucinations ont lieu. L. n'entend ordinaire-

ment qu'un mélange confus de voix parfois, au

contraire, il distingue les paroles et en comprend

le sens; ce sont des phrases décousues et se rappor-

tant à des sujets très variés. Tantôt il n'a que des

hallucinations de l'ouïe; quelquefois il éprouve en

même temps des hallucinations de la vue il se voit

alors entouré d'hommes et de femmes; quand les

voix font beaucoup de bruit, elles l'empêchent de

s'endormircomplétement. L. comme celaa eu lieu

pendant trois ans pour sa soeur, sait parfaitement

d'ailleurs qu'il n'y a rien de réel dans tout ce qu'ilvoit et entend, et que ce sont desvisions. 11en a sou-

vent parlé aux autres ouvriers de son atelier, et a

voulu savoir s'ils n'éprouvaient rien de sembtable i

Page 296: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

256fi HAU.t!C)'<ATtn~.<

mais ses camarades se sont moqués de lui et n'ont

point ajouté foi à ses paroles.Cet homme, dont le père, l'oncle, le frère et la

sœur ont été ou sont encore aliénés, est évidemment

sous l'influence d'une prédisposition à la folie, et

au nombre des traits qui dénotent cette prédisposi-

tion se trouvent les hallucinations de la vue et de

l'ouïe survenant tous les soirs au moment du som-

meil.

OMMVATtO!! TM)S!È)tE.

Père en démence tct'tle M"r aticMm'. HuH).tf'ia:tttOtjs <ïe )*on,p nu mt'm' nt

du$<tmm<tt~tdurf?t'tt.Ac'~pax8..ge'sd'RUt'n~i~n.

MademoiselleD. ouvrière, âgée d'environ cin-

quante-cinq ans, est d'une famille dont presque tous

les membres sont atteints de migraines. En outre,

son père est tombé en démence a l'âge de soixante-

douze ans, et unede ses sœurs est depuis quatre ans

à la Salpêtrière, dans la division des aliénées.

Il y a deux ans, mademoiselle U. pour la pre-

mière fois, entendit, au moment de s'endormir, des

fot~qui semblaient sortir deson oreiller. Le matin,

a son réveil, elle les distinguait encore pendant quel.

ques instants, et de plus, elle se souvient les avoir

entendues en rêvant, parfois même la sensation

devenait si vive pendant le sommeil,que la malade

était réveillée par le bruit. Ces hallucinations de

l'ouïe, qui n'ont lieu en général qu'avant, pendant

et après le sommeil, ont, à plusieurs reprises et à

Page 297: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

)tAU.UC!?<ATK)XS. 257

n"J

des intervalles plus ou moins éloignes, continué

pendant la nuit et même pendant le jour. Il semble yavoir eu alors un délire véritable, niais qui n'a pasnécessité l'isolement dans un établissement d'alié-

nés. Quand cedélire acessé, les uot.rn'ont pas moins

continué a obséder la malade avant et après le som-

meil, et aujourd'hui encore mademoiselle D. quime donne elle-mêmeces renseignements, les entend

au moment de s'endormir.

La maladea éprouvé souventun phénomène qu'onn'a pas signalé et qui se rencontre chez certains

hallucinés. Quand elle fixait un objet pendant le jour,elle le voyait un instant après se transformer CMune

tête animée par des yeux bridants et mobiles.

La prédisposition a la folie chez mademoiselle

D. est bien démontrée, et mêmeil y a eu chcxelle

plusieurs accès passagers d'aliénation mentale. Les

hallucinations au moment du sommeil sont, comme

chez les deux malades qui précédent, un des traits

de cette prédisposition.

§!

Influencede)état intormedtan't;à laveilleet au sommeilsur la

productiondeshallucinationsdansleprodromeut audébutde

)afolie.

OBSt;H\'ATtO'<QfATfUKME.

))u)htc'inatioMdt t'oun- et de ~ue n' r~dnis. d'~hurd tmi'jurnh'nl ..u murent

Jtt sonm)c.ï cLdt'\c)n"ttf))S!tttc coxtiuncs.

Alcxandrinc J. ouvrière, âgée de trente ans,

passait dans la rue du Temple au moment où la

femme penaud venait d'être assassinée par Souf-

Page 298: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

2~8 ft~î.Mh~T'OM.

(lard ('). EUc accourut aux cris de désespoir ({Me

poussait la fille Kcnaud, (lui, la première, avait

pénétré dans la chambre où le meurtre avait été

commis.

L'impression que cet événement fit sur mademoi-

selle J. fut si vive, que ses règles se supprimèrent.

Quelquesjours après, elle était dans le délire con-

duite a la Salpêtricre dans le service de M. Pariset

elle en sortit guérie au bout de deux mois.

Depuis lors, il est survenu plusieurs accës, et, le

t3 août dernier, mademoiselle J. est entrée il

l'hospice pour la quatrièmefois.

Elle meraconte que depuis trois mois ses règles

se sont de nouveau supprimées sans cause connue.

Depuis cette époque, elle a des frayeurs sans motif,

son sommeil est agité; la nuit, elle se réveiilc en

sursaut, toute tremblante, et reste longtemps sans

se rassurer complètement Bientôt elle est prise

d'hallucinations au moment de s'endormir; elle

aperçoit des ligures qui l'épouvantent, e!ic entend

aussi très distinctement des voix qui lui parlent.

Eurayce, elle saute de son lit, et les fausses percep-

tions cessent aussitôt que sa chambre est éclairée.

Apres une douzaine de jours, les hallucinattons

continuèrent malgré la lumière. Ene entendit les

t-M.rune partie de ta nuit, et mt-mcpendant lejour.

Les visions, au contraire, n'eurent toujours lieu

qu'au moment du sommeil.

()) Vuy..in)), d' ;)uMf/. f~' WMico'fx' Paris, )839,

t. XXn p. 170 et suiv.

Page 299: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

"At.t.t'OXATtONS. ~5<)~)

La malade éprouve d'ailleurs te même phéno-mène que j'ai déjà fait remarquer dans l'observation

précédente. Lorsqu'etle fixe un objet, il se trans-

forme en une ligure d'homme ou d'animal qu'ellevoit remuer.

Mademoiselle J. a parfaitonent conscience deson état, et elle explique très nettement comment,au milieu de la nuit, au plus tort de ses hallucina-

tions, elle n'est plus maitresse de sa frayeur et tombedans une sorte de délire; elle répond aux voix et

pousse des cris. La veille de son entrée a la Satpë-trière, elle avait été arrêtée a minuit dans la rue

appelant des gens a son aide.

La malade, outre les fausses sensations de l'ouïeetdela vue, a des hallucinations de l'odorat, du

gont et du toucher eilc est obsédée par des odeurs,par des goûts singuliers; parfois il lui semble tout-

a-coup recevoir sur la tête un pot d'eau iroide.

t'cu de jours âpres l'entrée, M. Miti\ié lit faircune application de sangsues aux cuisses les r<"dessupprimées depuis trois mois, le icndc-main et coulèrent bien; tes banucinations cessèrentau bout de quelques jours, et la malade fut bientôt

complètement guérie.Le seul lait que je veuille taire remarquer dans

tctte observation, c'est que les fausses perceptions<tela vue et de i'ouïc n'ont d'abord triste qu'au mo-ment du sommeil; elles ont ensuite continué toutela nuit et enfin tout !<-jour atot-s seulement i! y aeu des moments passagcrsdcdént-c. Ainsi ta maladiede mademoiselle a et. des)<-début, caractérisée

Page 300: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

200 nu.t.uosATto~.

par des hallucinations, et ces haltucinationa ont en

bien évidemment leur point de départ dans celles

(tul d'abord avaient existé uniquement au moment

du sommeil; elles n'en ont été pour ainsi dire que

l'extension.

OMMVATtOK CtKQUt&M.

))athtCt[M(ionsde t'unie se prOt!u.s.tUt.r<-n'.m:)')um-ur!!Jou~.u.n')Hem<'))t.~aHt

)eMmmntetaurcteit,ettt<'t<'mnteMUt(e''t)nti~M!.

Madame L. fruitière, âgée de quaranteet un

ans, d'une constitution forte, d'un tempérament

éminemment sanguin,est née d'une mère atteinte

d'une maladie convulsive. Elle-même, depuis vingt

ans, a des conduisions avec pertede connaissance,

quireviennent a des intervalles tt-cs irrcgnncrs.

Depuisun an cepha!atgies fréquentes

étourdisse-

ments, bourdonnements dans les oreiUcs et surtout

dans l'oreine droite. Ces signesde congestion

sont

aggraves I)ardes excès de boisson et la malade

estobligée

de tempsen

tempsd'avoir recours a ta

saignée.

A la Mndu mois de juillet i84( madame L.

éprouvedes contrariétés assez vives eUccommence

alors a entendre des voix quand eUe est couchée

c'est le soir et le matin qu'on lui parle dans son lit

au momentde s'endormir, ou quand elle se révedie;

elle distingue parfaitement ce qu'on lui dit; ce sont

des menaces, des injures, des accusations; on va la

mettre en jugement, briser ses meubles,etc. Quel-

ques jours se sont peine écoutes, et ceshalluctna-

Page 301: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

)'ALH:C!XAT)t)K-. 3(~1

fions deroue l'obsèdent une partie de ta nuit. Alorselle répond aux )?o; et se dispute avec elles. Pen-dant quinze jours environ les fausses sensations

disparaissent au réveil, mais bientôt eUes conti-nuent pendant le jour. Ln matin, la malade, se

croyant poursuivie, se jette par la fenêtre d'un pre-mier étage; elle était dans ses règles, qui, malgrécet accident, ne furent pas arrêtées; trois joursâpres elle fut conduite a la Salpetriëre. A son en-trée, madame L. est obligée de s'aliter; l'une des

cuisses par suite de la chute est tumenée et dou-

loureuse le ventre est très sensible a la pression,et il y a de la fièvre. Cette maladeest d'ailleurs trèscalme, et M. ;itivié, dans le certificat d'entrée,déclare qu'elle ne parah pas aliénée. Cependant,apresquelques jours, on s'aperçoit que cette dame,en apparence si raisonnable, éprouve encore defausses sensations de l'ouïe, qui reviennent unique-ment }c soir et le matin quand elle est couchée. Ellecroit que ce sont des gens de son pays cachés dcr-rmre le mur, qui la tourmentent ainsi. Apres quinze]our~, les hallucinations cessent tout-a-fait, et leretout-a la raison semblecomplet. Ellesreparaissenta l'époque menstruelle, mais seulement le soir et lematin, quand la malade est couchée; il n'y en a pointpendant le jour. Avecles faussesperceptions, retourdu délire.

Depuis le début, les )'o;.<'se font beaucoup plusentendre de l'orcine droite; c'est aussi de ce côté

que les bourdonnements sont le plus forts. Yct-slet5 octobre, cette oreille commence a couler; la

Page 302: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

262 HAU.udtKATtOM.

malade trouve, le matin, son bonnet taché d'une

eau roussâtre ou d'un peu de sang. Les règles ont

reparu le )6 octobre et ont cesse le ff). Leshalluci-

nations continuent d'ailleurs au moment dtr som-

meil et du réveil, et elles existaient encore, quoique

plus faibles, lors de la sortie de madame le

~3 octobre t8;~).

On voit dans cette observation les hallucinations

de l'ouïe survenir d'abord au moment du sommeil

et au réveil, durer bientôt une partie de la nuit,

enfin avoir lieu pendant le jour puis revenir a leur

point de départ.

OBSERVATtON SjMME.

H.i)htt'in.ttiunsd<uti~<t'j~o)u)~ntd'a)MrduMf[~~mt'"tM"niMnentduttj.mm)'i),

et dai·enout (~lIsuite nHtlÍnucs.

DeniseB. âgéede trente-trois ans, couturière, a

toujours eu desmoraines auxépoquesmenstruelles

elle a l'habitude de se faire saigner tous les ans vers

le mois de juillet; cette année, elle n'a pas voulu

recourir au même moyen, et depuis deux mois les

migraines sont devenuesplus fortes. My a deux mois

également, elle a commencé a entendre des uoi'.r

quand elle était couchée et qu'elle commençait a

s'assoupir. Peu de temps après, les hallucinations

de l'ouïe, qui n'avaient lieu que le soir avant le som-

meil, sont devenues continues. La malade attribue

tout cela à des ennemis qui la poursuivent par la

physique. Le ~4 août dernier, elle est conduite a la

Salpêtrière. Aujourd'hui 2ofévrier )8')2 son délire

Page 303: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HA~LUC~AnC~S. 263

pet~ù~~X~ ) 1 nuuucne a aenrnr, mais les hallucinations en for-un des principaux symptômes. I,e datura

stramonium, essayé chez cette malade a très hautedose par M.Mitivié, a déterminé des signes de nar-cotisme, mais sans modifier les hallucinations, quiont toujours lieu principalement pendant la nuit.

OMMVAÏtMSEPTtÈME.

HaUt.ciMti.us de t'uu.u mo.ncut du !m.,Mit. eonth. dM (., .nicre foispendunt toute la ïutit.

MademoiselleS. ag~e de cinquante ans, est en-trée le 7 juillet .84.dans le service de M. Mitivié:depuis plus de neuf mois, elle est poursuivie par descraintes chimériques, elle se figure que l'on houle-versé ses effets dans sa chambre; a plusieurs re-prises elle a cru que de petites sommes d'argent luiavaient été volées; de la une appréhension vagueet des soupçons contre tous ceux qui l'entourent.Depuis deux ans, elle n'était plus réglée, lorsqu'il ya trois mois les règles ont reparu, mais pour la der-nière fois.

Le 4 juillet ait soir, étant couchée, et lorsqu'ellecommençait a s'endormir, cite entendit du bruitdans sa cheminée, et fut très enrayée. Pendanttoute la nuit. S. fait tous ses e)!ortspour résisterau sommeil, dans la crainte d'être surprise, le matinle bruit cessa complètement. Le lendemain au soir,lorsqu'elle fut couchée, le même phénomènese pro~duisit au moment elle allait s'endormir, et duraencore toute la nuit. Cependant, lorsqu'elle était

Page 304: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

26~la n.u.t.uc~ATtoss.

tout-a-fait réveillée, quand, par exemple, assise

dans son lit, elle appelait sa petite chienne et lui

parlait pour se rassurer, elle n'entendait plus rien.

Ces hallucinations de l'ouïe ont cessé spontané-

ment quelquesjours après l'entrée de la malade a la

Salpêtrière.

uftSERVAnOX UmTiKME.

)).d)nci))atiom<).'t'ttnicetdeht'f fMmonx'~tdusommeiletduréveil.

Marie L. âgée de quarante-deux ans, domesti-

que, est entrée a la Salpêtrière le t" octobre )84'.

Elle est d'une constitution forte, très pléthorique

et sujette a des étourdissements. Il y a deux ans les

règles se sont dérangées et depuis un an elles

n'ont paru qu'une fois.

Le <oaoût, cette femme, réveillée au milieu de

la nuit, entend des voix qui l'appellent par son

nom. Elle distingue entre autres la t'Ot~'de sa mère,

de sa soeuret de sa belle-sœur, qui lui demandent

des messes. Après quelquesinstants, le bruit cesse,

et la journée se passe bien; mais le soir, cou-

chée et au moment du sommeil, elle entend les

mêmes rot.r, si fortes, si distinctes, qu'elles l'em-

pêchent de s'endormir tout-a-fait quand elle s'as-

soupit. Ré\eiHéc, elle n'entendait plus rien, mais

l'assoupissement ramenait constamment le même

phénomène. Depuis plusieurs mois elle re\ait

beaucoup de ses parents morts, mais le jour elle n'y

pensait jamais.Ceshallucinations de l'ouïe, qui avaient lieu aussi

Page 305: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

"A!.H;C)XA)')()\S-ig-

au moment du réveil, ne revinrent que pendantdeux jours; mais trois semaines âpres, a la suited'une saignée, elles reparurent de nouveau; c'était,comme la première fois, uniquement au momentdu sommeil. On la menaçait de la tuer; on lui de-mandait des messes. Elle a vu en outre des papil-lons, des oiseaux qui voltigeaient autour d'elle, dessouris qui couraient dans sa chambre; elle étaittout étourdie. Les hallucinations entrnmèrent sansdoute la malade a quelque acte déraisonnable qui lafit conduire a la Salpetrière; mais dès son entrée lesdusses sensations avaient disparu et cette Icmmcput bientôt sortir sans avoir présenté aucun si'.nebien tranché de délire.

OOSËRYATtO~!<t:t;\tt:))H.

'f.)~i.ti. dehvu..,.t fouie.umun~td..s~n.). ).j~~su.n.d.t.

âgée de quarante et un ans domestique, estentrée a la Salpetrière, le .0 septembre dernicrdans un état de lypémanic. Depuis trois ou quatreans l'écoulement menstruel avait toujours été en di-minuant, mais la santé générale était restée bonneet la malade éprouvait a peine de légères mi.raincs'II y a huit mois, cette femme a comm-ncé a êtretourmentée par deshallucinations revenant unique-ment le soir quand citeétait couchée, peu d'instantsavant le sommeil. Des qu'eltc s'assoupissait, el!eentendait comme un roulement de tambours etvoyait des militaires. Quelquefois les bruits étaientd'une autre nature, et il lui apparaissait des tigurcs

Page 306: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

266 HALUJONA'nOM.

bizarres et très variées mais le premier phénomène

revenait plus constamment. Les hallucinations de

la vue et de l'ouïe n'avaient lieu d'abord que dans

un commencement d'assoupissement. Quand par-

fois la malade restait au lit pendant plusieurs heures

sans avoir envie de dormir, elle n'éprouvait point

de fausses sensations elle n'en a jamais eu pendant

lejour. Tout cela ne fit d'abord que l'cm'aycr~mais,

peu a peu, elle en est venue à penser que peut-être

on envoyait des tambours autour de la maison pour

la tourmenter. Si par hasard, pendant lejour, il lui

arrivait de rencontrer des militaires ou d'entendre

le tambour, celal'impressionnait très vivement, en

lui rappelant ce qu'elle éprouvait la nuit. Elle est

devenue défiante, et croit que pour la surveiller on

la suit dans les rues, qu'on entre dans les maisons

dont elle sort elle est surtout tourmentée par le

remords d'avoir dérobé a ses maîtres des objets de

peu de valeur elle s'exagère b'-aucoup la faute

qu'elle a commise dans cette occasion et se croit

indigne de pardon.1

La guérison a été complète âpres quatre mois en-

viron, et aujourd'hui ('20 février t8~) la malade,

depuis longtemps convalescente, est sur le point de

sortir de l'hospice.

Page 307: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HAD.UCtNATtOM.

OB!)E~VATH)'<[)~)f;MË.

f)ttUMcitm!H)n<det'i~u<'<tf!.t-ilalhicirtdli0tts de M"<r~t,t.t,,n.)..m,<on,mci).h.Ms

'i'p~)it.Mt!!dcdcti)e.

Je trouve l'observation suivante dans le cahier dee

renseignements de la Salpetriere du mois d'août'84o, elle a été consignée par (.ratiolet.

M. âgée de vingt-deux ans, est entrée le 3 aoûtdans le service de M. Pariset.

Cette femme, au moment de ses règles, a été té-moin d'une dispute très vive un homme a eté

t'rappe devant elle de plusieurs coups de couteaueUeest rentrée très euraycc et poursuivie par ('~

mage de cet homme qu'elle avait vu couvert de sang.Pendant la nuit, ('<'r(.<7/~a <~<, (.t cntcndaK.uncrutneur confuse, des voix se mêlant dans unedispute, puis il lui semhfait distingue)- au-dessousde son lit un hr.nt de trappes et de poulies, deschautl'eurs s'approchaient d'elle pour lui brûler lespieds. Eil~ee de cette vision, elle se levait, s'agi-tait dans sa chambre et troublait ainsi ses voisins.Mie est aujourd'hui moins tourmentée.

Cette malade est sortie guérie après un très court

séjour a la Salpetriere.

Les faus qui procèdent, recueiiHs dans un tempsasscx court, prouvent que les observations analo-

gues doivent e<re assez communes; et j'ai penseque j'en trouverais uu.ertain nombre dans hs au-teurs. Mm'a sut! en ef)et, de parcourir les

ouvrages

Page 308: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~(~ t)~Ct:SA't!

.t. '1.

les plus récents pour en rencontrer plusieurs ça et

la Je citerai entre autres les suivantes, qui ne sont

accon~pagncesd'aucune rcuexion, et dans lesquelles

l'influence du passage de la veille au sommeil ne

paraît pasmême avoir été remarquée.

f)MERVAT)0!) OX/ttE.

,c.t.

de t'u)).~ c) <)N).t vue pend!))tt ta'o[He.

Antutne, âge de trente-six ans, ciselpnr, non ma-

rte, est entré a Btcctre le 3 novembre tS; VotCt,

entre autres détails, ceux que le malade donna a-i

M Leuret sur ce qui avatt précède sa maladie. Apres

avoir raconté la mort d'une femme qu'il avait ma-

gnétisée,il continue ainsi

.Peu de temps après, j'éprouvaiun singulier

phénomène<0!MlesMn-.s,«MmomentOM/a~aM ~'eM-

~n~'r, une espèce de l-rappements'opérait sur mon

tympan; j'écoutais ce bruit, et MMsensétaienta~M

éveilléspour comprendre qu'il existait réellement.

Plus tard, il m'arriva souvent d'être évedié sponta-

nément et d'entendre frapper trois ou quatre fois

sur l'extrémité de mon lit. Ln jour je sentis une

main qui me frappa sur l'épaule; plusieurs fois il

m'était arrivé d'entendre des voix (lui me faisaient

de grands reproches car, il fautle dire je suis l'a

duKerepersonnitié ,jc portais le trouble dans toutes

les maisons oùje pénétrais. Ennn, j'eus un jour une

véritable vision; j'entendis d'abord un croassement

sur le sol, et j'aperçusun trophée emblémaUque

Page 309: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

))At.HCt~ATtOt< 2699

oit l'on voyait un pigeon, une plume et on encrier;

je suis sûr d'avoir vu ce trophée, j'en eus une

grande frayeur, etc. '<

tl serait difficile de rencontrer une observation

ou l'influence du passage de la veilleau sommeil fût

plus Évidente.

La maladie débute par des hallucinations, et ces

hallucinations ne surviennent d'abord qu'au mo-

ment du sommeil. C'est Antoine lui-même qui pré-cise ce détail; car M. Leuret, dans les réflexions quisuivent l'observation, ne lait pas mêmeremarquercette particularité dn début des fausses perceptions.Le malade décrit en outre parfaitement l'état dans

lequel il se trouvait lorsque les hallucinations sur-

venaient. J'écoutais ce bruit, dit-il, et mes sens

étaient assez éveilles pour comprendre qu'il existait

réellement. Ainsi, c'est bien positivement dans un

état de léger assoupissement, mais non pendant le

sommeil, que le phénomène avait lieu. Commedans

plusieurs des faits précédents les haHucinations

après avoir existé uniquement au moment du som-

meil, se sont ensuite produites pendant le jour.

OBSMVATtOXnOCZ)ÈME.

!f.tU)tcinntntt}s df t'tUtx' nyttt~ fit'u u'~it~L que tf m-ttatte t'st f'u)nh' et d<ft)Ht)t

ph)-. <.tfd <t)tinn<'s.

Ln halluciné, dont M. Aubanel rapporte l'ob-

servation dans sa thèse, entendait dans son esto-

mac des bruits singuliers qu'il comparait a des dé-

tonations. C'était surtout la nuit que le maiade

Page 310: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~(tt~ HAU~C~ATtO~

jt* ~~tt~~t~t <~Q~* t~~c ~Qi~~f'~mat~ft~R* tt ïmétait poursuivi par ces hallucinations; il lui arr~aitt

souvent (le rentrer ~ort tard, et même de se priver

complètement de sommeil, dans ta crainte d'être

tourmenté par ses ennemis.

f<Sitôt <~M'~e~K coMC/ié,en effet, les M~? ne ces-

saient de retentir a ses oreilles et a son épigastre.

Bientôt il n'eut pas même de repos dans les rues; il

entendit la même chose que chez lui, et souvent il

se mettait à courir à toutes jambes, etc.

Le phénomène est ici moinsbien précisé que dans

l'observation precédenh. mais on remarquera que

les hallucinations survenaient aussitôt que le ma-

tadc était couché; plus tard elles ont eu lieu pen-

dant le jour.

OMEXVATtM)TMfZt~im.

()..))!)<in.~iHn< tn.)n)en)~u i<~e~ <hn.tMt,dc'i ).) j)H'nm. tuti j.<'m)~n(

six luee~re..

Ln marchand de vin ayant eu déjà plusieurs

accès de folie, par suite d'excès de boisson, ra-

conte avoir été éveillé vers minuit par des diables

tout noirs, grands et petits par des hommes et

des femmes qui dansaient dans sa cave; il les

voyait au moyen d'une d.dlc qu'il avait enlevée;

parfois ces diables venaient danser a côté de son

oreiller. Tout cela dura jusqu'à six heures du ma-

tin, et pendant ce temps il lui fut impossible de

dormir; il était tout couvert de sueur. Le jour sui-

vant, ces apparitions revinrent a la mcme heure.

( Aubancl.)

Page 311: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ttAt-t.)'<:)'<AT)f)~!s. 271s

Lhez ce malade, les hatlucinations ont suivi im-médiatement le réveil. Je pourrais emprunter aux

auteurs plusieurs exemptes analogues; je me borne-rai a citer le suivant, que j'ai recueilli moi-memedy a peu de temps.

'))tSR)t\-AT!(t') Q)..tTO)t~)t:))E.

"aUuci~i.n. d. t.

')"' ~<t p~< ~is<:t,ntiMue dt~ uis im.t ..nt.

Madame L. âgée de trente-sept ans, avait eudéjà un premier accès de Me donteUe était parfai-tement guérie depuis phtsieurs années. Un soir, eUcse révoiHe

tout-a-coup sur les dix heurescn poussantde grands cris..Les entends-tu.' dit-eileason mari;tes \oita,iis Yiennent nous assassiner. EUedemandedu secours et entre dans une grande agitation. Leshallucinations de l'ouïe continuent jusqu'au lende-main alors il y a un peu de calme; mais le soirelles recommencent de nouveau. Depuis cette épo-que, huit ans se sont écoutés, et madame t. estrestée ahénée; eUe est aujourd'hui a ta Salpetrieredans un état complet de démence.

il me serait tacite d'ajouter aux observations pré-cédentes d'autres faits dans lesquels les haitucina-Lons ont très probablement commencé au momentdu sommeil, ou immédiatement après le réveil-mais les détails donnés par les auteurs ne sont pointassex précis. Ainsi un malade, jusque ta bien por-tant, est pris d'hailucinations au miheu de la nuit;

Page 312: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~72 «At.uctSA'r!f)\x.

il se lève, et on le trouve dans le déin-e, pourbum

par des fantômes, etc.Yoilale plus souvent com-

ment ledébut est indiqué. Les observations rappor-

tées plus haut peuvent sans aucun doute faire ad-

mettre que ceshallucinations survenuesau milieu de

la nuit, le malade étant couché, ont très probable-

ment précédé ou suivi le sommeil, mais il suffitque

ce point ne soit pas mieux indiqué pour que je

m'abstienne de citer les faits de ce genre, d'ail-

leurs assez nombreux. Esquirol, dans son chapitre

sur la démonomanie, parle entre autres d'une

femmequi, après une longue course, se couchepar

terre très fatiguée bientôt elle entend dans sa tête

un bruit qu'elle compare a celui d'un rouet à nier.ï

Plus tard elle est poursuivie par d'autres hallucina-

tions, et devient démonomaniaque. Cette temme

s'était-elle assoupie? On ne saurait l'aiurmer,

l'auteur n'ayant rien dit a cet égard. Il en est de

même d'autres faits rapportés dans les mémoires

de MM.Lélut, Moreau, liottex, dans l'ouvrage de

Fodéré.etc.

.)eme bornerai à faire remarquer, pour les ob-

servations de la seconde série, que, dans toutes, les

hallucinations survenant au moment du sommeil,

ont précédé le délire ou marqué son début. 11n'en

est pas de même dans les faits suivants.

Page 313: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HALLCCtKATfONS. 273

18

§111

DerinHuenc&det'etat intermédiaireà taveiHoet ausommeilsurlaproductiondesballucinationspendantlecoursdelafolie.

OMEKYATtOKQUINZIÈME.

Hallucinations<iet'm.ie.umomeutdusommeiletduréveilti,e:unm~ucolique.

Voici ce qu'écrivait à Pinel une mélancoliquedont il a rapporté l'observation dans sa Nosographie.Je cite d'abord ce fait, parce qu'aucun ne m'a paruplus important pour le sujet de ce travail.

~<Je cède, dit-elle, au désir de rendre compted'un phénomène dont je me garderais bien de don-ner connaissance à l'homme peu instruit, il merirait en &ce maisje le crois digne d'être communi-

qué a l'observateur philosophe, s'il veutbien se per-suader que je respecte trop ses lumières pour vou-loir les exercer sur des rêveries. Le matin à mon

réveil, et le soir avant de m'endormir, les artèresde ma tête étant plus vivement agitées, j'entendstrès distinctement, vers le derrière et au sommet dela tête, une voix (je manque d'autre expression ou

plutôt je sens que celle-là seule est exacte); cette voixrend des sons franchement articulés, construit des

phrases dont le sens est rarement obscur levéesur mon séant, cette voix cesse de se faire entendre, o

Ainsi les hallucinations avaient lieu uniquementau moment du sommeil et du réveil, elles se produi-saient même d'une façon en quelque sorte toute mé-

canique. Il suffisait, en euct, que la malade (luittàt

Page 314: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

2?~4 HAtMCt~ATtONS

la position Horizontale pour que la voix cessât de sefaire entendre.

Je m'étonne que cette observation et plusieurssde cellesqui laprécèdent, dans lesquelles l'influencedu passage ~ela veille au sommeil sur la productiondes hallucinations est si nettement indiquée par les

malades eux-mêmes, n'ait point éveillé l'attentionsur ce point. Pinel, non plus que les auteurs cités

plus haut, n'a fait à ce sujet aucune réflexion.

OBSMVATtONSMZttttB.

Hxnxct'mtioM d< la v)t<t, M pfodotMnt «aiquement'att moment du temmeft i tntt~ct-

mHont de t'oaie survenant pf-Ndtnt la veille, mais dett-aantptMitfortet~~et

nptcttetommei).

L'observation suivante est celled'un aliéné avecle-

quel j'ai vécu pendantplusieurs mois chez M.Esqui-rol. Je possède beaucoup de papiers que ce malade

m~remis et des notes recueillies sur son délire

remarquable à'plus d'un titre. Cependantje renonceà dire ce que j'ai moi-même observé, aimant mieuxme borner a transcrire le fait tel que l'a déjà rap-porté M. Leuret dans ses Fragmentspsychologiques.J'aurais arrangé à plaisir cette observation pourdémontrer l'influence du passage de la veille ausommeilsur laproduction des hallucinations, qu'ellen'aurait pu prouver cette influence d'une manière

plus manifeste.

«Je donne des soins, dit M. Leuret, de concertavecmon confrère M. Mitivié, un ancien employésupérieur dans l'administration des finances, âgéd'environ soixante ans, qui éprouve ce qu'il appelle

Page 315: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HAtLLUCtNATtOSS. 2755

des suscitaHons. Lorsqml se sent excité a jtaire

quelque chose, il attribue le désir à un autre qu'àlui; cet autre, pour le déterminer à agir, lui repré-sente les objets dont il veut l'occuper, o

«Il n'est pas en mon pouvoir, dit un jour ce ma-lade n M.Leuret, de faire cesser mes suscitations;

je ne vois pas même ceux qui les produisent, je les

entends, et rien de plus:. Cela m'arrive surtout lesoir au moM<!n<où je vaism'e~orHur, et le matin lors-

que je Mt'cuet~.u

Un peu plus loin le malade ajoute «Indépen-damaient de cela, il y a un autre objet très considé-

rable; ce sont des visions qui se présentent à mes

yeux ot'o~nMM.MMwctLJe ne puis mieux comparerce quej'éprouve qu'au théâtre pittoresque de Pierre;mais les objets qui se présentent à moi sont de gran-deur naturelle; ce sont des places, des rues, des

monuments, des églises, des intérieurs d'apparte-ments, des hommes nus, des femmes aussi, maisrarement.

aEst-il sûr, demande M. Leuret an malade, quevous ne dormiez pas quand tout cela se présenteil vous?

Sûrement je ~e ffor~pas, car je vois très dis-tinctement.

Avez-vousquelquefois pendant le jour de sem-

blables visions?

Le jour, ~M<M<e/e~e </eM~,je vois aussi

quelque chose; ce n'est pas le théâtre, mais di~e-

rents objets. C'est lorsque je m'aMOM~que ces vi-

sions arrivent.

Page 316: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

276 HAtJLUCtSATtOKS.

Avez-vous des visions chaque fois que vous

vous assoupissez?Oh non' quand je m'assoupis de moi-NOtême,

je ne vois rien, c'est quand on m'assoupit. Je sup-

pose que c'est par le souffle, par la respiration

qu'on mefait dormir, c

M. Leuret rapporte cette observation dans son

chapitre des visions, qui ne sont pour lui que des

hallucinations survenant pendant le sommeil. Il

faut, je crois, distinguer avec soin les fausses sen-

sations dont il s'agit ici, et dans tous les exemples

précédents, de celles qui ont lieu pendant les rêves,

comme j'essaierai de le prouver plus loin, mais je

dois faire remarquer dès ce momentque les halluci-

nations avaient lieu chez ce malade au moment où

il s'endormait, quand ils'éveillait, et non pendantle sommeil. Il n'y avait encore chez lui qu'un pre-mier degré d'assoupissement dans lequel les impres-

sions externes étaient perçues, au moins en partie.

C'est, en un mot, de l'état intermédiaire a la veille

et au sommeil qu'il s'agit ici, et non du sommeil

même.

OMEB.YATtO!!<DH-MFTtËME.

HifUuciMtiuM de la vue iurvt'ttemt ditni un Ont de demt-Mmmti), et se produisant

pcnJant Le jour d&s 'jue la mi~adc ubttusa les paopïët'us

G. âgée de vingt-sept ans, domestique, était

depuis quelque temps tourmentée par la crainte des

mauvais traitements dont son ancien amant l'avait

menacée. A chaque instant elle redoutait de le voir

paraître, et elle a cru plusieurs fois l'apercevoir

Page 317: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HALLUCtKATiONS. 277

dans la rue, peu à peu elle perdit le sommeil et l'ap-pétit, et se mit à parler seule et tout haut; elle

oubliant ce qu'on lui disait, et a tout moment elle

s'attirait des réprimandes pour ses méprises. Un

jour, ~Me se figure entendre des tambours autourde la maison, et croit qu'on vient la chercher pourla conduire en prison; elle se frappe d'un coup de

couteau à l'épigastre, et va ensuite se précipiterdans un puits elle en fut retirée sans blessures gra-ver. Quelques jours après elle est conduite a la Sal-

petrtëre.Cette t~lleéprouve pendant la nuit, et dans un

état de demi-sbmmeil, des visions singulières. Lediable lui apparaît et l'enlève par les pieds dans les

airs; elle voit en outre beaucoup de figures d'hom-

mes, d'animaux, etc.; elle sent des odeurs infectes,ce qui lui fait penser que le diable la transporte dans

des jlieux d'aisances. D'ailleurs elle ne peut dire si

eM$~étïle ou si elle dort quand tout cela se passe.

EM~nd ce <p~sefait autourd'elle, et quand elle

ou~vr$Ïë~yeux, il lui semble n'avoir point cessé dé

veUler, et elle n'éprouve point la sensatiott toute

spéciale du réveil.

Dans le jour, la fille G. ooTeun phénomène cu-

rieux dès qu'elle ~rinc les yeux, elle voit des ani-

maux, des prairies, des maisons. Il m'est arrivé

plusieurs fois de lui abaisser moi'meme les pau-

pières, et aussitôt elle me nommait une ibule d'ob-

jets quilui apparaissaient.Je trouve deux exemples semblables dans les

Fragments~yc/to/o~t~ de M. Leuret.

Page 318: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

278 XAt.LUCtKATtO~S.

OBMRVATMttNX'HUt'ftÈME.

thUMhMtfontdutoucher,~OrMoMtdésque)tmaladefermetMyettt.

MUn malade dont R. Whytt fait mention, dit

M. Leuret, n'éprouvait pendant la veillerien d'inac-

coutumé et raisonnait très juste. Des qu'il fermait

les yeux, même sans dormir, il tombait dans le

plus grand désordre d'esprit. 11 lui semblait être

transporté dans les airs, sentir ses membres se dé-

tacher, etc."»

OMEtYATXMi MÏ-NEUVtt.ME.

HttU<M:i)M)ioMde la vue se modifiant tor~ae t" iteM" feraxt hH )'M))[. ot cessant

d~qa'motonvre,

!Sicolaïfut attaqué, en ~8, d'une fièvre inter-

mittente pendant laquelle il lui apparaissait des fi-

gures coloriées ou des paysages. Fermait-il les yeux,

il se faisait, au bout d'une minute quelque chan-

gement dans sa vision s'il les ouvrait, tout dispa-

raissait."»

OBSMVATtONV~GHKM)!.

HaUucitMUoM<lchtue,MrMMhtquandlesyeMfonttonnesoucouvertsdu)''hop.

Je retrouve dans mes notes l'observation d'une

femme atteinte deparalysie, qui se plaignait aussi

d'avoir des visions en plein jottr, des qu'elle avait

les yeux fermés ou couverts d'un drap les objets

qu'elle voyait étaient d'ailleurs très variés. Pendant

la nuit, il lui apparaissait des fantômes.

Page 319: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HALLUCtNA'HUNS. 2799

OMMVATtONVMCTBTOtUÈM.

tMtMM. du toucher c). une~MoUque. survenant dès qu'elle voulait

s'endormir.

M. Cazauvieilh (t) a rapporté l'histoire d'unefemme atteinte de lypémanie suicide dont l'étatdevenu d'abord beaucoup meilleur sous l'influenced'une saignée, de bains généraux et de quelquespurgatifs, s'aggrava subitement dans la nuit du

7 juin. «Aussitôt qu'elle voulait s'endormir, ditM. Cazauvieilh, elle se voyait dans l'eau jusqu'auxaisselles, ou bien on la soulevait par le cou avecunecorde, etc.

OBSERVATION VtNGT-CEfXttMË.

XtUucimtioM de raN.e, ayant lieu pendant t. veille puis Mant de cesser

comptetement. ne survenant qu'au moment du sommeil.

Unmaladechez lequel les hallucinations de l'ouïeparaissent n'avoir eu lieu d'abord qu'au moment dusommeil, mais sont plus tard devenues continuesfut mis, par M. Moreau a l'usage du datura; l'ob~servation renferme entre autres les détails sui-vants

» 2<~fMf!e)-.Dans la soirée, <ïMMio~en~es'endor-Wtr, le malade a encore entendu desvoix. 11a moinsbien dormi que la nuit précédente et a beaucouprêvé.

(<} Du MtM< de <'f~M<;ûn m~<- et JM crtMM co/i<ep~.

MMM. Paris, <840,in-8

Page 320: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

280 HALLUCtNATtONS.

? a /euner. Des bourdonnements, des voix con-

fuses ont encore inquiété le malade, toujours immé-

diatement avant de s'endormir. »

OBSERVATION VtNCT-TMtStÈME.

HaUacioaUuaN de t'ouïe ayant lieu pendant la veille, puis, avant de cesser

comptcietne!]t, ne survenant qu'au moment d<i sommeil.

Dansune autre observation, le même auteur parle

d'un malade tourmenté nuit et jour par des halluci-

nations de l'ouïe qui, avant de céder a l'usage du

datura, revinrent encore deux nuits de suite, mais

uniquement avant le sommeil

«Le mieux se maintient jusqu'au )"mars, dit

M. Moreau. Acette époque, G. ayant eu deux nuits

de suite de nouvelles hallucinations peu durables

cependant, et seulement quelques ~MM~ (H'c[n<de

~'en~ormtr,je lui prescris une nouvelle potion avec

26 centigrammes de datura, prendre par petitescuillerées avant dese coucher. La nuit a été exempte

d'hallucinations, mais il en est survenu de nouvelles

la nuit d'après, a

Certains malades hallucinés d'un ou de plusieurssens pendant le jour, ont de fausses perceptionsd'un autre sens lorsqu'ils commencent a s'assoupirc'est ce qu'on a déjà pu remarquer dans l'observa-

tion XVI. Des hallucinations de l'ouïe avaient lieu

pendant la veille; mais de fausses perceptions de la

vue survenaient en outre uniquement au moment

du sommeil. J'ai vu le mêmefait chez trois malades

de la Salpêtrière.

Page 321: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

'~LLUC!!<AT!ONS. 281i

OBSERVATION VMGT-QUATtOÈME.

M.UueiMti.M d. )'€ pc.dMt t. veille h.)).. h.t. d. la vue de. que lu m.M.

S'HSSOUpH.

Madame S. âgéede quarante-six ans, est depuisplusieurs années tourmentée par des hallucinationsde l'ouïe. Les voixne lui laissent pas un moment derepos, et elle demande avec instance à être délivréedes souurances que cela lui cause. M. Mitivié a vai-nement essayé sur cette malade l'électricité et ledatura. Outre les fausses perceptions de l'ouïe, ellea des illusions ou des hallucinations du toucher, etaccuse surtout dans la tête les sensations les plusétranges. Mais cette femme n'a d'hallucinations dela vue que lorsqu'il lui arrive de s'assoupir pendantle jour elle voit alors des figures bizarres et ef-frayantes elle explique d'ailleurs l'état dans lequelelle se trouve lors de l'apparition de ces visions, endisant qu'elle ne dort ni ne veille.

OMMYATt(M Vf!iGT-C!Qt!)KME.

H<.)hc:Mti~< de i-.u;e pendant la .<))<- h.nuci~ti. .). la lorsque la malade

s'assournit.

Madame P. âgée decinquante-sept ans, est

entrée, il y a plusieurs années, a la Salpêtrière, dansla section des aliénées. Cette malade prétend êtrepoursuivie pendant le jourparla voix d'une anciennesurveillante. EUcest en outre tourmentée, pendantle sommeil, par des visions eM'rayantesqui revien-nent toujours les mêmes ce sont des femmes, desenfants qu'elle voit couper par morceaux et torturer

Page 322: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

282 !)At.M)ctNA')'<oNS.

de toutes les manières, ce sont ses parents qu'on

tue ainsi les uns après les autres. Je lui deman-

dai si elle ne voyait jamais rien de semblable

pendant le jour Cela, me répondit-elle, ne

m'arrive que très rarement et seulement quand,

ayant mat dormi la nuit, je m'assoupis légèrement

sur une chaise alors mes visions reviennent et

disparaissent dès quej'ouvre les yeux.

OBSMVATtOSYMCT-StïttXt!.

ttifttudtMtMM d<- l'uore penditnt le jour b~iacuMtiotM du toucher dès que la malade

est couchée.

MadameD. âgée de trente-huit ans, est entrée

à la Salpêtrière le <8janvier )84~. Cette &mme est

tourmentée, depuis plusieurs mois, par des MM?qui

lui parlent pendant le jour et semblent partir de

dessous terre. Elle ne conçoit rien à ce qu'elle

éprouve, et l'attribue à l'influence du diable; mais

cedont elle se plaint surtout, c'est que, a peine est-

elle couchée, on la pique avec des jfburchettes, des

couteaux, etc.; les douleurs sont telles, qu'elle est

obligée de sauter du lit, et elle auirme n'y être pas

restée une seule fois depuis deux mois pendant une

heure de suite.

CMEftYATK)!< V)!<CT-SEPT)t:X)E.

H.)))<M:MMtit'H:de l'ouie et du toucher jteudttHt h citte hattuoMtians de ta vue

dan& un demi sommeil.

M. Lélut, dans son livre sur le jO~MMde A'ocra~,

rapporte, d'après Bodin, l'histoire d'un halluciné

Page 323: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HAU.UEtMATtO~S. 2 8S

qui o8re beaucoup d'analogie avec celle du célèbre

philosophe. Ce malade était dirigé par un bon ange

qui lui tirait l'oreille droite quandil s'engageait dans

une mauvaise voie, et l'oreille gauche au contraire

quand il n'avait rien a craindre et pouvait persé-vérer. «Je lui demandai, dit Hodin,si jamais il avait

vu l'esprit en forme, il me dit qu'il n'avait jamaisrien vu en hormis quelques lumières en

forme d'un rondeau bien clair; mais un jour, étant

en extrême danger de vie ayant prié Dieu de tout

son coeurqu'illui plût de le préserver.suf tep0tn<du

~ow,e~re-somtK<aMt, il dit qu'il aperçut, surle lit

ou il était couché un jeune enfant vêtu d'une robe

blanche changeant en couleur de pourpre d'un vi-

sage d'une beauté émerveillable, ce qui l'assura

bien fort, etc., etc. o

tnf)uencede[étatintermédiaireà laveilleetausommeilsurlamarchedeshallucinations.

La nuit a été signalée avec raison par plusieursauteurs comme un moment de paroxysme pour les

hallucinés. Quelqueioismême des hallucinations pu-rement psychiques pendant le jour deviennent alors

réellement sensorielles. En interrogeant cesmalades

avecsoin, on pourra seconvaincre quece paroxysmeou cette transformation est due souvent au passagede la \cille au sommeilet du sommeil k la veillecomme le prouvent les observations suivantes.

Page 324: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

2S& HALLUCINATIONS.

OBMRVATMKVMCT-BOt'HÈ~E.

fhiiuctnttiom psychiques de t'ouïe pendant la «-iHe; ht~ucinnUen! p<yhe-

sensorielles le soir au montent du sommeil et !e matin au r~vcth

j~f.B. dont j'ai recueilli l'histoire dans la mai-

son de santé de M. le docteur Belhomme, est un des

hallucinés les plus curieux que j'aie rencontrés. Je

me borne,à indiquer ici ce qui a trait au paroxysmede ses hallucinations pendant la nuit.

Ce malade a presque continucUement u~ bour-

donnement dans les oreilles, et déplus i~fntdnd les

voi~de divers interlocuteurs avec lesquels il est,

dit-il~ en rapport magnétique. Pondant le jour,le bourdonnement d'oreilles est très faible, et il

compare le bruit de~ voix a celui que ferait une

personne parlant bas a vjngt pas de Mh, ce quichose étonnante ne l'empêche pas d$ comprendre

parfaitement tou~ ce qu'on dit. Le soir, avant le

sommeil, et le matin au réveil, le bourdonnement

d'oreilles devient beaucoup plus fort, et les voim~t-

teignent leur médium. Ceque M. B. éprouve a~~

est bïen digèrent de cequi se passe pendant le jour;il est dans un état particulier, qu'il désigne sous ~B

nom de crise magnétique.Il y a ici pendant 1~ jour deshallucinations pure-

ment psychiques qui avant le sommeil et au réveil

deviennent réellement sensorielles.

Page 325: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HALU'OSATtOM. 285

OBSERVATIONS V.MT-N~V~ME ET TMtTt~E.

ayant leu, p. deorganes

beaucoup)'sro.t<.t<.unMmf.,tdust)mmett.

J'ai donné des soins à une jeune fillechaotiqueet mono.nane qui éprouvait spontanément dans les

organes génitaux des sensations tantôt voluptueuseset tantôt douloureuses. La sensibilité de ces oraa-~s était si exaltée que la marche et parfois mêmele simple contact des draps pendant la nuit su<R-saient pour développer des crises. Cette maladepassait ses journëesdans un fauteuil, lesjambes re-!cvéeset écartées, quelque peu décente que ~tcettepos~on, elle prétendait n'en pouvoir supporterd autre/le simple rapprochement des cuisses don-nant lieu aux sensations quelle voulait éviter. Dansune série delettres qu'elle m'a adressées, cette ma-lade décrn avec soin toutes ses

souurances.etietrouve signalé dans l'une d'elles le paroxysme qui alieu dans les hallucinations au moment du sommeil

« J'ai eu vers ce temps, dit-elle, de très fortessensations qui se répandaient partout et qui meproduisaient un calme et une paix d'esprit inexpri-mables. Pour les combattre, je travaillais continuel-lement, souvent depuis cinq heures du matin jus-qu'au soir; je me donnais ma tâche, je m'occupai.avec acharnement, je me privais toujours d'un peude sommeil dont j'aurais eu grand besoin dans lemilieu dujour; mais~M~~ quejelessensationsdevenaient si excessivesqu'il me scn~blait que j'aurais été coupable de m'y exposer l~

Page 326: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

386 HAM.UCtNAtMNS.

Cette jeune filleest aujourd'hui mariée et compléte-

mentguérie..l'ai vu, il y a peu de mois, un hypochondriaque

chez lequel l'approche du sommeil produisait les

mêmes effets. Les sensations au moins très exagé-

rées, qu'il accusait dans presque tous les organes,

prenaient alors une grande intensité, et il redoutait

le moment ou il allait s'endormir.

Le malade qui fait le sujet de cette observation

dit aussi, en parlant de seshallucinations de l'ouïe,

devenuespresque continuelles s Cela m'arrive~Mr-

<OM<le soir, au moment ou je vais m'endormir, et le

matin lorsque je m'éveille. »

SECONDEPARTIE.

EXAMH!<ETHt.SCUSStOND):SOBSERVAHOKS.

Les observations précédentes prouvent d'une ma-

nière incontestable l'influence sur la production des

hallucinations de l'état intermédiaire à la veille et

au sommeil, chez les sujets prédisposés à la folie,

au début et dans le coursde cette maladie. Sur les

trente faits rapportés dans ce travail, onze sont em-

pruntés a divers auteurs qui n'ont rien dit de la

cause que je viens d'Indiquer, et ne paraissent pasmême l'avoir remarquée. Ces onze observations ne

sauraient donc être suspectes, et si j'avais pu con-

server des doutes sur celles que j'ai moi-mêmere-

cueillies, cette cironstance les eut dissipés. C'est

donc, je crois désormais un point bien établi que

Page 327: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HALLUOKATtON'

ce~ mm~ce de l'état intermédiaire a la veille et

dans la folie.

J'ai dit que la nuit avait déjà été .ignalée, dansplusieurs ouvrages, comme un moment de pa-roxysmepour les baHuciné~ mais on se bornai aénoncer le fa~ .san. en rechercher la cau.e, ou .bienon donnait des explications en dehors de la vérité.Voici par exemple, comment s'exprime Foderédans son y~t~ délire.

.U e~remarquer, dit Foderé, que quoiqtt'en~neratces deux apparitions aient lieu le ~ur~i

que ta nuit, cependant elles commencentordi-na.remcnta.ec les ténèbres, et elles sont plus fortespendant nuit, parce qu'alors on a moins demoyens de s'informer de la vcritahtc raison de cequ'on croit voir ou entendre, et que d'ait!eur. l'obs-curité et le ~ence prêtent singulièrement au tra~dcHmagmation.. »

Uneexplication analogue a été donnée par M. Cal-meil (.) dont le travail est un des plus récents« Les hallucinations

dit-il, présentent~tquefo~ejour une sorte de ren.it,encc ou mêmechntenm.tence, et se r~-eiHcnt ensuite au momentde la nuit; soit que le

mouvement, les occupationsde la journée, c.crccntsur l'esprit une diversionheureuse, soit que l'obscurité le silence l'isole-ment,contnbucnt,en concentrant l'attention surun petit nombre d'objets a exalter

l'imagination età égarer le jugement. Tel aliéné qui est calme et sa-

(') Dela folie,Paris,)845, t. t p 9.

Page 328: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

288 HALLUCINATIONS.

tisfait tant que le soleil est sur l'horizon, voit arri-

ver la tin du jour avec une sorte d'appréhension,convaincu qu'il est, que les scènes de la nuit précé-dente vont encore se renouveler jusqu'au lende-

main. c

Les causes indiquées par Foderé et par M. Cal-

meil, pour expliquer les hallucinations qui ont lieu

principalement ou même uniquement pendant la

nuit, ne sont point assurément sans importance;mais on ne doutera pas, en lisant les observations

précédentes, que ces auteurs n'aient méconnu la

principale de ces causes, l'inftuence de l'état inter-

médiairea la veille et au sommeil, pendant lequel se

produisent comme des rêves anticipés, accompa-

gnés souvent d'hallucinations.

Le moment précis de la production du phéno-mène est d'ailleurs clairement indiqué par les ma-

lades eux-mêmes.

C'est avant de s'endormir et a son réveil que la

mélancolique de Pinel (observation XV) éprouvaitles hallucinations qu'elle décrit si bien.

C'est au moment où il allait s'endormirque l'a-

liéné dont parle M. Lcuret entendait dans la tête

ce singulierirappement (observation XI).C'estencore avant le sommeil, et lorsqu'il s'éveil-

lait, que cet ancien employé des finances, dont j'aitranscrit l'observation, entendait desvoix, et avait

des visions (observation XVI).Le fait n'est pas moins bien indique dans les ob-

servations de MM.Cazauvieilh et Moreau, et dans

celle de l'halluciné dont parle l!odin (observations

XXI, XXI!, XXllI, XXVU).

Page 329: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

'tAUUC!!<ATtOXS. ~gf,

1<)~l

Je cite de présence les faits empruntés aux au-teurs, parce queles termes dont ils se sont servis nesauraient être suspects. Ilsprouvent que les maladesdont j'ai moi-mêmerapporte les observations n'ontrien dit en dehors de ce qu'ils éprouvaient.

Hest important de ne pas confondre ces hallu-cinations survenant, alors que le besoin de sommeilse fait sentir, que les paupières se ferment, maisqu'on n'est point encore endormi, avec celles dusommeil proprement dit. La jeune fille qui voyaitle diable, et qui peut-être explique moins nette-ment que beaucoup d'autres l'état dans lequel ellese trouvait, me disait qu'en sortant de cet état, ellen'avait jamais conscience du réveil, il lui semblaitsavoir pas cessé de veiller; quoique ses yeux sefussent fermés elle avait continué à entendre toutce qui se passait autour d'elle

(observation XVll).H y a loin de la aux hallucinations des rêves.Quand on a rêvé et par conséquent dormi, on nepeut se tromper au réveil sur le phénomène qu'onvient d'éprouver; il n'y a rien de semblable chez lesmalades dont j'ai parlé.

Est-il bien sûr que vous ne dormiez pas quandtout cela se présente à vous? demande M. Leuret al'aliéné qui t'ait le sujet de la seizième observation.

Sûrement je ne dors pas répond-il, car jevois très distinctement.M. Leuret n'accepte pas cette réponse, et démon-

tre facilement qu'elle n'est pas rigoureuse, car onpeut voir très distinctement dans un rêve Cepen-dant le malade était dans le vrai, il ne dormait pas;

Page 330: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

29M H~jLUCtNATtOtSS.

tl était aeulement légèrement $s$qupi. ~.u reste,c'est un de ceux auxquelsil suaisait, mêmependantle jour) de fermer les yeux pour provoquer des hal-

lqcinations de la vue. J'insiste sur ce point parce

qu'on devra distinguer désormais les hallucinations

survenant dans l'état intermédiaire à la veille et au

sommeil, de celles qui ont lieu pendant le sommeil

même. Ces dernières ont moins d'influence sur l'es-

prit des malades, et sont beaucoup moins dange-

reuses les autres, au contraire, aSeçtent l'imagi-

nation bien plus vivement, parce qu'on ne dort pas.Commele disent les malades,ce n'est pas un rêve

pn voit et on entendbienréellement. D'ailleurs, quede différenceentre les unes et les autres sous le rap-

port de la gravité Les hallucinations des rêves sont

sans doute un signe d'excitation cérébrale, mais

elles peuvent exister longtemps sans qu'on ait à

craindre l'invasion de la folie; les autres au con-

traire, qui se rapprochent sous ce rapport des

hallucinations de la veille, ne tardent pas, pour

peu qu'elles persistent, à devenir continues et à en-

traîner le délire.

Le plus souvent, en efîet, les hallucinations qui

précèdent le sommeil deviennent bientôt continues

et entraînent le délire. Cependant les trois premiè-res observations prouvent qu'il n'en est pas toujours

ainsi; la Mie peut ne survenir qu'après plusieursannées chez des sujets, tourmentés tous les soirs

par des hallucinations au moment du sommeil. Je

connais une dame, d'un esprit distingué et douée

d'un excèdentjugement, qui n'a jamais pu s'endor-

Page 331: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HAU.UCtNADONS. 291

mjr sans une lumière, à cause des visions dontelle est assiégée dans l'obscurité. On devra surtouttenir compte de ce symptôme chez des sujets nés de

parents aliénés ou offrant d'autres signes de pré-disposition à la folie. Des trois malades dont j'aidonné l'histoire, deux, en effet, ont fini parperdrela tête, et le troisième a été plusieurs fois dans l'im-minence du délire. Les hallucinations, au momentdu sommeil, devront donc être recherchées, chezles sujets prédisposés a la folie, comme un des si-

gnes de cette prédisposition.L'étude des hallucinations qui précèdent le som-

meil offre plus d'importance encore dans le pro-drome et au début de la folie; elle montre, eneBet,>dans beaucoup de cas le point de départ et l'originedes fausses sensations qu'on observe pendant laveille. C'est, d'ailleurs, après un temps variable queles hallucinations, survenant d'abord au momentdu sommeil, deviennent continues. Il en fut ainsichez Alexandrine 1. (observation IV); au début desa maladie, il lui suffisait, pour retrouver le calme,de sauter de son lit et d'avoir de la lumière, ce nefut qu'après douze jours que, les hallucinations

persistant malgré cette précaution la malade envint à se disputer avec les rot.r et a se sauverdans lesrues en demandant du secours. Dans d'au-tres observations, le phénomène est resté moins

longtemps isolé. Dans la huitième, par exemple,le bruit survenu au moment du sommeil continue,1dès la première fois, pendant toute la nuit. Chezla malade de la treizième observation, les halluci-

Page 332: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

292 HAU.UCtNATtONS.

nations le premier jour durent près de six heures.

Enfin, chez madame L. (observation XIV), un

délire violent a suivi immédiatement et n'a pas cessé

depuis huit ans.

Ceshallucinations, après être devenuescontinues,

peuvent d'ailleurs, avant de disparaître complète-ment, revenir à leur point de départ. C'est ce qui a

eu lieu spontanément dans la cinquième observa-

tion, et sous l'influence du datura dans les observa-

tions XXIIetXXIM.

Cette espècede marche décroissante pourra par-fois faire reconnaître le point de départ des hal-

lucmations, alors que les renseignements sur ledébut n'auront pas permis de l'établir bien nette-ment.

Quelle que soit l'origine des fausses perceptionselles deviennent souvent plus fortes au moment dusommeil. On voit cette espèce de paroxysme indi-

qué par les malades eux-mêmesdans les (observa-tions XVI, XXVit, XXIXet XXX).

Il arrive assezsouvent que des aliénés, hallucinésd'un ou de plusieurs sens pendant le jour, ont deshallucinations d'un autre sens dans l'état intermé-diaire a la veille et au sommeil (observationsXXIV, XXV, XXVI et XXVII)

Les faussessensations qui précèdent le sommeilfont quelquefois redouter aux malades le momentoù ils vont s'endormir. C'est ce qui explique pour-quoi celui-ci rentrait chez lui le plus tard possible,ou même passait la nuit dans les rues (observationXII) pourquoi une autre ne s'est pas couchée pen-

Page 333: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t~ALLUCtNATiONS. 293

dant deux mois (observation XXVI); pourquoi,ennn, une jeune fille chlorotiquc luttait contre le

sommeil, dontelle avait, disait-elle, si grand besoin

(observation XXIX). Quelque chose d'analogueavait lieu chez unfëbricitant qui medemandait sou-

vent, au milieu de la nuit, de ne pas cesser de lui

parler, ou de lui faire une lecture pour le tenir

éveillé, parce qu'il avait, a peine assoupi, des il-

lusions fatigantes qu'il décrivait avecla plus grandeprécision.

Depuis que mon attention s'est portée sur cette

influence du passage de la veille au sommeil, j'airencontré plusieurs malades, non aliénés, qui res-

sentaient beaucoup plus vivement leurs douleurs

quand ils s'assoupissaient. J'ai été consulté, entre

autres, par une dame dont les douleurs névralgi-

(lues se produisent parfois uniquement au momentdu sommeil. Enfin j'ajouterai que l'influence du pas-sage de la veille au sommeil doit être étudiée chezles épileptiques. J'ai vu à la Salpêtrière une femmechez laquelle cette cause provoquait manifestementles accès. On sait d'ailleurs que ceux-ci survien-nent très souvent pendant la nuit, et il reste a re-

chercher quels rapports il peut y avoir entre leurinvasion et le moment ou le malade s'endort ou seréveille.

Les hallucinations qui se produisent !cplus fré-

quemment dans l'état intermédiaire a la veille et ausommeilsont celles de l'ouïe et de la vue. Cesontaussi cellesqu'on observe chez le plus grand nom-

lare des aliénés dans l'état de veille. Cependant les

hallucinations de la vue sont certainement ici relati-

Page 334: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

29& HAMttctMATtÔ~S.

veinent plus fréquentes que celles de l'ouïe. DaKs

plusieurs observations, il y a eu des faussessensà–

tions du toucher et de l'odorat.

Le plus souvent les hallucinations surviennent

seulement au moment du sommeil (observations

t, II, IV, VI, Vit, XI, etc. ) rarement elles ont lieu

uniquement au réveil (observations Xill, XIV); il

est plus commun, au contraire, de les observer im-

médiatement avant et après le sommeil. C'est ce

qui existait dans les observations lit, V, VIII, XV,

XVLXVlILetc

Les hallucinations qui se produisent sous l'in-

fluence du passage de la veille au sommeilsont or-

dinairement très simples; ce sont, par exemple,des

bourdonnements d'oreilles, des bruits de diuerente

nature. C'est un frappement qui s'opérait sur le

tympan chez l'halluciné citéparM.Leuret(obser.

vation 11); c'est un bruit de voix dans lequel les

aliénés ne peuvent rien distinguer. Dans certains

cas il en est autrement; les paroles sont nettement

prononcées; ce sont des menaces des injures, on

annonce au malade des événements fâcheux. On

demandait à une femme des messes pour l'âme de

ses parents morts. Une autre entendait des assas-

sins qui venaient la tuer ainsi que son mari.

Les hallucinations de la vue sont très variées.

L'aliéné qui fait le sujet de la IXe observation

voyait presque toujours des militaires. Un autre

apercevait le diable chaque soir, toujours sous la

même forme. On ne peut donc rien établir de géné-

ral, et les hallucinations de l'état intermédiaire à

la veille et au sommeil ne diffèrent en rien, sous ce

Page 335: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HAtAUCtKA'ftO~s. 295

rapport, de celles qui ont lieu pendant la veille.La comparaison des observations que j'ai citées

mepara~tiaire ressortir, au point de vue étiologi-que, un fait de quelque intérêt.

ChezAlexandrineJ. (observation IV), les hallu-cinations survinrent à la suite de la suppression des9

règles, et cédèrent à une application de sangsuesqui les fit reparahre.

La femme L. (observation V)éprouvait, depuisun certain temps, de la céphalalgie, des étourdisse-

ments, desbourdonnements dans les oreilles Elleétait très colorée et sous l'inuueme d'une conges-tion cérébrale permanente qu'aggravaient encoredes excès de boisson. Les hallucinations, aprèsavoir cédé une première fois, revinrent a l'époquedes règles.

Denise B. (observation VI) avait omis de sefaire pratiquer une saignée, à laquelle elle était ha-bituée depuis plusieurs années; ses migrainesavaient augmenté, et elle était aussi très colorée.

Dans les observations Vil et VtH, les mala-des étaient arrivées a l'âge critique; l'une d'ellesétait forte pléthorique et sujette a des étdurdisse-ments.

Chez la icmme de l'observation !X, les règlesdepuis quatre ans, avaient toujours été en dimi-nuant.

Dans l'un des faits empruntés a M.Aubanel, lemalade avait de la céphalalgie, la figure rou"e, lefront chaud. Les hallucinations cédèrent à une sai-

gnée que fit pratiquer M. Ferrus.

Page 336: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

M6 HALt.UCtMAT'~S,

Dans tous les casqueje viens de rappeler, et dan&

d'autres encore, la congestion cérébrale paraît avoir

joué le principal rôle dans la production des hallu-

cinations. C'est un fait qui doit être constaté, parce

qu'il fournit des indications bien précises pour le

traitement.

Le délire qu'entrament les hallucinations surve-

nant au moment du sommeil est souvent de peu de

durée.

La malade qui fait le sujet de la quatrième obser-

vation fitt guérie quelques jours après son entrée a

la Salpêtri~rc. Il en fut de même dans un autre cas

(observation Vil). La femme qui entendit plusieursnuits de suite la voixde ses parents lui demandant

des messes, ne donna aucun signe de délire a l'hos-

pice celui qui avait du provoquer son entrée avait

déjà cessé. D'autres malades (vingt et unième et

vingt-deuxième observations ) furent aussi très

promptemcnt guéris.Plusieurs auteurs, et Esquirol entre autres, ont

signalé l'analogie des rêves et des hallucinations.

Cette analogie existe, et les faits que j'ai cités me

semblent surtout propres a la démontrer cepen-dant on a négligé de faire une distinction sur la-

quelleje crois devoir insister.

Il y a deux sortes de rêves les uns sont simpleset purement intellectuels, si je puis m'exprimer

ainsi les autres sont accompagnésd'hallucinations

véritablement sensorielles.

Les rêves simples sont les plus fréquents on se

rappelle souvent des conversations avec des per-

Page 337: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HAtJLtJONADOKS.

~na~quonn'apas vus, et de lavoir desquelson n a conservéaucun souvenir. !1se passe dans cece qui a lieu très auvent, mais

avec consciencedansl'état Eveille, lorsqu'on est trèspréoccupe:1 arrive

souventqu'on se parle a sowneme menta-lement a la seconde personne, comme !e ferait uninterlocuteur. C'est ainsi que nous nous adressonsdes reproches et que nous nous faisons des objec-tions auxquelles nous repondons, etc. Mais dansce. espèces de dialogues intérieurs un y a que despensas formules sans aucun bruit de voix. C'est~phénomène intellectuel indépendant de l'actiondes sens.

Cesrêves simplesconstituent aussi de faussesper-ccp~ns de l'ouïe puisqu'on croit entendre des pa-roles mais ces paroles, on les entend sans bruitelles sont tout intérieures, ce sont des hallucinations~complètes et différantdesvéritables hallucinationspar l'absence des phénomènes sensoriels.

Parfois on se rappelle avoir vu certaines n~uresentendu certaines voix pendant le sommeil; cenh~~n ne est tout a faitidentique avec ce qu'epL-vent les hallucinés pendant la veille, et une des ob-

servations que j'ai citées le prouve d'une manièreévidente; la malade entendait des voix avant desendornnr et en se

éveillant; mais, de plus, elle serappelait les avoir entendues pendant son sommeil;

quefo.s même ces voix la réveillaient. Ains

l'hallucination avait lieu avant, pendantet aprèslesommeil, et, dans tous les cas, elle était évidem-ment de la même nature.

Page 338: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

298 H~M.octN~'ta~

H importe donc, si l'on compafe t~ r~vMtatK

hallucinations, de tenir compte de la distinction

dont je viens de parler, et sur laquelle je vais bien-

tôt revenir pour montrer qu'elle doit être faite éga-

lementpour les phénomènes éprouvés par les haï*lucinés.

La nature des hallucinations est très diversement

comprise par les auteurs les uns les considèrent

comme un symptôme purement physique, dont le

bourdonnement d'oreillesestle degré leplua simple;

les autres les regardentsommeune especeparticulierede délire qui ne dinere des conceptions délirantes,

en général, que par sa forme. Pour les uns, les hal-

lucinés sont réellement impressionnés comme s'ils

voyaient et entendaient, etc.; pour les autres, au

contraire, ces malades setrompent, et n'éprouvent

rien de ce qu'ils disent. Lespartisans de la première

opinion préconisent surtout les moyens physiquesceux de la seconde le traitement moral.

Les observations quej'ai citées me semblent d'un

certain intérêt pour la solution de la question elles

fournissent un des argumentsles plus solides a l'o-

pinion, bien défendue surtout par M. Foville, quifait des hallucinations un symptôme tout physique.

C'est, en effet, d'une manière en quelque sorte mé-

canique qu'on les voit survenir au moment du som-

meil. Elles sont alors évidemment le résultat du

changement qui s'opère dans les centres nerveux,

changement inconnu, mais qu'il est impossible de

concevoir autrement que comme un fait purement

organique. Lesimpleabaissementdespaupières sufHt

Page 339: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HALLucttfAtioNS. 2999

pôuf provoquer chez certains malades des halluci-nations de la vue ils aperçoivent alors des objetsvaries dont ils n'avaient pas la moindre Idée un in-stant auparavant. La position horizontale paraîtmême contribuer beaucoup à la production des hal-

lucinations. La mélancolique citée parPInel cessait,dès qu'elle était assise, d'entendre la voix qui lui

parlait. J'ai dans mon service une malade qui est

plus tourmentée par les fausses perceptions quandelle a la tête basse. Dans l'une des observations em-

pruntées a AI.Moreau, les hallucinations recom-

mençaient dès que le malade posait sa tête sur l'o-

reiller, et il lui suffisait de se mettre sur son séant

pour s'en débarrasser. Chez les femmes, c'est, dans

beaucoup de cas, sous l'influence de la suppres-sion des règles et dessymptômes de congestion cé-

rébrale que les hallucinations surviennent au mo-

ment du sommeil. Or, j'ai montré que ces fausses

sensations étaient souvent lepoint dedépart de celles

qui ont lieu pendant la veille. Elles doivent donc,au moins dans ce cas, être considérées comme un

symptômephysique, qui réclame surtout l'emploides moyens physiques.

Les hallucinations qui précèdent le sommeil,

pourpeu qu'elles persistent pendantpinsieurs jours,doivent éveiller l'attention du médecin, surtout s'il

s'agit d'un sujet prédisposé a la folie, ou qui a déjàété aliéné. C'est, en eH'et, parce qu'elle permettraparfois de prévenir un délire imminent que l'étudedeshallucinations del'état intermédiaire à laveille etau sommeil peut avoir une certaine utilité pratique.

Page 340: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

300 H~UCtNAttONS.

Hme reste à parler des faits que j'&icités sous le

rapport de la médecine légale.

Unpaysanallemand, réveillé au milieude la nuit,

frappe d'un coup de hacheun fantôme qu'il aperçoitdevant lui. Cet homme immole ainsi sa femme,avec laquelle il avait toujours vécu en très bonne

intelligence. il n'avait donné jusque la aucun signede fohe et il n'en donna point après cet accident.Ce cas devait intéresser à un haut degré les méde-cins légistes, et il provoqua une longue consulta-

tion, que Marc a traduite en entier, et qu'il cite

comme un modèle ()). Les auteurs de cette consul-

tation, après avoir rappelé l'espèce de délire quisurvient souvent au moment du sommeil et du ré-

veil, déclarent quelemeurtre a dû être commisdansun état intermédiaire à la veille et au sommeil.Chosesingulière, cette opinion, étayée de l'autoritédes plus célèbres physiologistes, ne s'appuie sur

aucun fait emprunté a la pathologie mentale. HaufF-bauer (2) et Marc, dans les chapitres consacrés à

l'examen de l'état intermédiaire a la veille et au

sommeil, sous le rapport médico-légal, ne citent

non plus aucun fait observé chez les aliénés. C'estle silence d'auteurs si érudits qui m'a surtout en-

gagé a publier les observations que renferme ce

mémoire. Elles devraient, en effet, être invoquéesdans le cas ou des hallucinations seraient alléguées

(<)/)<f«/<)/)'ccofMti~t'cedf;)<ssesrapports«wctesquestionsmf-<<tt't)-j!<d!<;tcftre;Pari- )8K),t. p.5Cet suiv.

(~) ~f(t<°ct)tch'<)«~ )-c;(f()t'c <)u.rah~nM, aux .Munt.'i-mttfts avec

des notes par Esquirol et liard. Paria, <837, in-8.

Page 341: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HALf..UCtXATtOSS. g()~li h_'excusea unmeurtre commispendant la nuit

par un homme qu'on retrouverait le lendemain par-faitement sain d'esprit. On a vu les hallucinations

provoquées par le passage de la veille au sommeilse continuer, dès la première fois, une partie de lanuit et cesser le matin (observations Vtl et Xlll ).Il y a donc la une cause de folie transitoire, dont ilpourrait ne rester aucune trace. Il faudrait alorsrechercher si le malade s'était couché s'il avait euun commencementd'assoupissement, ou si c'est auréveil queles hallucinations ont commencé, etc.(.).

CONCLUSIONS

'° Le passage de la veille au sommeil et du som-meil a la veille a une influence positive sur la pro-duction des hallucinations chez les sujets prédispo-sés à la folie, dans le prodrome, au début et dans lecours de cette maladie.

2" Le simple abaissement des paupières suilit,chez quelques malades et pendant la veille, pourproduire des hallucinations de la vue.

3" Les hallucinations survenant dans l'état inter-médiaire à la veille et au sommeil, pour peu qu'ellespersistent, deviennent le plus souvent continues,et cntrament le délire.

4° Les hallucinations qui ont lieu pendant laveille deviennent souvent plus fortes au moment dusommeil et du réveil.

5° Les hallucinationsqui ont commencé dans l'é-

(') Voir à la fin du volume la note n" 7.

Page 342: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~3 M~LMC~ATÏO~.~t' ~w «

tat intermédiare a la veille et au sommeil pèsent,

après être devenues continues et avant de se termi-ner complètement, revenir a leur point de départ.

6° Des hallucinations d'un sensayant lieu pendantla veille, des hallucinations d'un autre sens peuventse produire au moment du sommeil.

7°Le passage de la veille au sommeila beaucoupplus d'influence sur laproduction des hallucinations

que le passage du sommeil à la veille.8" Les hallucinations ne doivent pas être compa-

rées aux rêves en gênerai, mais seuîementâux rêvésavec hallucinations.

9" L'influence du passage de la veille au sommeilsur la production des hallucinations prouve que,dans certains cas au moins, c'est un phénomène

purement physique, et qui appelle surtout l'emploides moyens physiques.

to° Leshallucinations survenant dans l'état inter-médiaire à la veille et au sommeil, surtout chez les

sujets prédisposés à la folie, ou qui ont déjà été

aliénés, sont souvent l'indice d'un délire imminent.!t" Les hallucinations qui précèdent le sommeil,

durant quelquefois, et des le premier jour, pendantplusieurs heures, sont une causede folie transitoire,et pourraient excuser des actes commis pendant lanuit par un sujet qu'on trouverait le lendemain par-faitement sain d'esprit.

Page 343: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DE

~ALIMENTATION FORCÉE

DES AMENÉS

F1"DE L'1;11M1'LOID'UNE NOT.'VFf.l:ESO;~tlFET DE L'EMPLOI D'UNE NOUVELLESONDE

P<~B M~RMR CES MARNES (t)

Entre tant de services rendus aux aliénés parEsquirol, il faut compter l'emploi qu'il a fait le pre-ter de la sonde œsophagienne pour nourrir lesmalades qui refusent obstinément de prendre desaliments.

Depuis plus de trente ans, on a souvent eu re-tours a ce moyen à la Salpêtrière, à Bicétre à Cha-renton et dans presque tous les asiles consacrés autraitement de la folie.

Esquirol s'est d'ailleurs peu étendu sur l'emploi

(<)Von'à ta finduvolumelanoten°8.

Page 344: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~M~'fA'nONFORc~F

ae ia soMe œsophagtennc, et je ne puis mieux &ireque de citer textuellement ce qu'il en a dit.

Après avoir rappelé qu'il faut avant tout s'appli-quer a vaincre la résistance des aliénés par la per-suasion, après avoir conseillé l'emploi de la doucheet des bains froids, il ajoute

"Si tous ces moyens échouent, si le refus desaliments persiste si le malade a pris la résolutionde mourir par abstinence, il faut recourir à l'intro-duction forcée des substances alimentaires dans l'es-tomac.

"On a imaginé plusieurs moyens mécaniquespour forcer à ouvrir la bouche. Ces moyens sontviolents et ne réussissent pas toujours.

L'usage d'une sonde de gomme élastique Intro-duite par les narines

dansl'cesophage, pour ingérerdes liquides dans l'estomac, réussit ordinairement,si on a recours ce moyen avant que l'abstinenceait déterminé l'inflammation de l'estomac et desintestins. L'ingestion tardive ne saurait prévenir lamort.

» Le premier j'ai fait usage de la sonde dans cettecirconstance; mais son emploi exige des précau-tions.

"La sonde œsophagienne dont je me servaisd'abord, d'un calibre trop gros, ne s'introduisaitque diOicilement. On a adopté depuis une sondeordinaire d'un calibre plus petit, et qui est pluscourte il arrivait quelquefois que l'extrémité de lasonde se reployait sur elle-mêmeavant d'entrer dans

l'oesophage, et qu'alors le liquide ressortait par les

Page 345: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

BESAM~'ÉS. 305

20

narine et par la bouche. M. Baillarger, élève in-terne de Gharenton a armé la sonde d'un mandrinen haleine, et l'accident dont je viens de parlera été

prévenu (t).a Mpeut arriver que la résistance soit telle que

joême avec beaucoup d'expérience, on fraie unefausse route à la sonde. Cet accident très grave estfort rare, car je ne l'ai observé qu'une fois sur un

jeune homme.

» La sonde, introduite par une main exercée et

habile, se fourvoya dans une fausse voie et provo-qua une inflammation qui, en peu de jours, fut

mortelles

» Je le répète c'est la seule fois que j'aie observéun pareil accident.

» Ce moyen est ordinairement sans danger; il a

conservé la vie a un grand nombre de malades aux-

(<) Esquirotaomismvotontairement de parler du mandrin en

fer qui peut seul rendre possible l'emploi du mandrin en baleine,

L'introduction d'une sonde armée du seul conducteur en baleine

serait t)'esdiff!ci!e, mais surtout extrêmement dangereuse. Ce n'est

qu'avec beaucoup de peine qu'on parviendrait à recourber cette

sonde qui s'appliquerait à angle droit sur la paroi postérieure du

pharynx, et c'est alors qu'on pourrait faire une fausse route. La

sonde dont parte Esquiroi, et à laquelle j'ai ajouté un conducteur

en bateino était donc une sonde à double mandrin. L'un des con-

ducteurs est en fer et destiné à faire arriver la sonde dans le pha-

rynx l'autre est en bateine et la conduit dans l'œsopha~e. En v

ref)échissant, on verra qu'it est impossible qu'it en fut autrement.

C'est d'ailleurs ainsi que t'employèrent alors plusieurs de mes col-

tègues, et entre autres li. Gérard Marchant, aujourd'hui médecin

de l'asile des '(fiéné- .) Toutous.

Page 346: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

308Ë~ AUMRftAttOK ~t)ncÉ)K

quels j'ai donné des soins soit dansles établisse-

ments publics, soit dans ma pratique particu-

lière~).~ »

On voit qu'Esquirol, tout en disant queleca-

thétérisme de l'œsophage est ordinairement sans

danger, avouecependant qu'il e~igedes précaution~

et même qu'il peut entraîner des accidents très

graves. Il cite, en enet, un cas dans lequel l'opëra-

tion fut suivie de mort; mais il ajoute que c'est le

seul qu'il ait observe.

M. Leuret est allé beaucoup plus loin qu'Esquirol

quant au danger de l'introduction de la~ohde œso-

phagienne. Il déclare que chez les malades qui

résistent, cette opération devient e.ï'cMMveMCMtc~-

gereuse.«Alors, dit-il, il est arrive qu'avec la sonde

on a percé ~'cc-MpAa~,ou bien qu'on a <fat'er.!ele

~aryH.'c,une 6roncAe,le <t~Mpu/monatt'eet que, par

l'injection d'un aliment, on a causé la mort du

malade.

«11est arrivé aussi, ajoute le même auteur, quele médecin, retenu par la difficultéet les dangers

de l'opération, est resté spectateur désolé d'une

longue et aQrcuseagonie, contre laquelle il n'a rien

osé entreprendre (a).»

J'ai été témoin de l'accident dont parle Esquirol,et je rapporterai plus loin avec détail l'observation

du malade chez lequel la perforation du pharynxentraîna la mort après quelquesjours.

(<) Esquirol, ï'rfxte des maladies mMh! t. p. 662.

Leuret, Gn:f'fffmt't!)eo)< <8t8.

Page 347: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

r'MAUH~'S. S07

,c .{ àChez un aliéné observé par M. deCrozant, uneérosion du pharynx produite par la sonde fut suivied'un abcès considérable au col et bientôt de lamort.

On verra aussi que les cas d'asphyxie par l'injec-tion dans les voies aériennes ne sont que trop réels.

Mais, en dehors de ces dangers il y n encore les

difficultés de l'opération qui ont plus d'une foisforcé d'y renoncer. Ou bien alors on a eu recours àdes moyens violents pour ouvrir la bouche des ma-

lades, ou bien on a abandonné ces malades a eux-

mêmes, et plusieurs ont succombépar suite d'ina-nition.

Enfin il faut tenir compte des tentatives infruc-tueuses qu'on est assez souvent obligé de faire,et qui deviennent une cause de douleur et d'épuise-ment.

Le cathétérisme de l'oesophagechez les aliénés

malgré son incontestable utilité, n'est donc pas sans

danger. En outre les diuicultés qu'it onrc dans un

assez grand nombre de cas en font, chez quelquesmalades, une opérationlongue et douloureusequandils ne la rendent pas complètement impossible.

Après l'accident mortel que j'observai a Cha-

renton en )83a, je songeai aux moyens de pré-venir de pareils malheurs, et j'étudiai avec soin

tout ce qui se rattache au cathétérisme de l'œso-

phagc.

Depuis près de quinze ans je n'ai pas cessé, toutes

les fois que l'occasion s'en est présentée, de m'occu-

per de ce sujet.

Page 348: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

308 AUMESTATtONFORCÉE

J'ai fait successivementsubir à l'instrumenta que

j'avais d'abord imaginé, plusieurs modifications quien ont rendu l'usage de plus en plus facile.

Enfin dans ces derniers temps j'ai eu occasion,

chez plusieurs malades, de pratiquer le cathété-

risme oesophagienplus de six cents fois. L'utilité

de la nouvelle sonde m'a paru si décisive quej'aicru utile de publier tout ce que j'ai recueilli sur ce

sujet, dont les médecins des asiles d'aliénés con-

naissent l'utile pratique.Je me

proposedans ce travail:

l° De rechercher les causes qui rendent c~M

aliénésle cathétérismediuicilc et dangereux;a" D'indiquer par quels moyens on peut surmon-

ter les obstacles et prévenir les accidents.

Desdifficultésetdesdangersdu cathÉterismode t'œsophaaechezlesatiénes.

<° Difficultés du cathétérisme.

Les obstacles qui s'opposent quelquefoisa l'intro-duction de la sonde oesophagienne se rencontrentdans les fossesnasales, la partie supérieure et a la

partie inférieure dit pharynx, peut-être viennent-Us

quelquefois de l'oesophagelui-même.

O~ac~~M fossesnasaleset o p~e&MNt'-!'teM)-edu pharynx. Les dinicultés qu'on éprou-ve dans quelques cas pour pénétrer jusqu'au pha-rynx tiennent au volume trop considérable decertaines sondes et surtout n ce qu'on ne suit pasexactement le plancher inférieur des fosses nasales.

Page 349: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DES AtJK~tts. 309

11arrive alors qu'après avoir vainement essayé d'un

côté on est obligé d'opérer de l'autre; j'ai vu plu-sieurs fois des hémorrhagics provoquées par ces

tentatives, qui, en outre, augmentent beaucoup la

douleur produite par l'opération.M. Thore a rapporté une observation dans la-

quelle les petites dimensions des narines ne per-mirent pas l'introduction de la sonde par cette

voie ()). Ces cas doivent être extrêmement ra-

res, ou plutôt je suis convaincu qu'ils ne se ren-

contreront pas si on se sert de petites sondes. Quel-

qucJMsla cloisonest déjctéed'un cote, et l'opérationne peut être faite que par l'une des narines.

On a vu a Hicetre un malade qui s'était introduit

dans le nez, pour s'opposer au passage de la sonde,un morceau de tuyau de pipe qu'il fallut d'abord

retirer.

En général, ce premier temps de l'opération est

très facile.

Les obstacles qui peuvent se rencontrer a la

partie supérieure dit pharynx sont plus sérieux.

L'extrémité de la sonde, après avoir franchi les

fosses nasales et le voile du palais, arrive a angledroit sur la paroi postérieure du pharynx; et c'est

appuyée sur cette paroi qu'elle doit se recourber.

Assez souvent, pour peu que la sonde soit dure,l'obstacle dans ce point est tel, qu'on est obligéde renoncer a l'opération dans la crainte d'une

déchirure du pharynx. Pour obvier 1tcet inconvé-

()) .-ift)M~MtM;CO-;M~t'/<0~W.S,!{),p.)t7.

Page 350: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

3t0O AHMEt<TATtO!<MMÉE

1 1

nient, j'ai vu prendre la précaution de courbe)*

lebout de la sonde avant de faire l'opération mais

alors on a beaucoupmoins de chances d'éviter Ica

autres obstacles dontje parlerai plus bas.

Une fois ce point franchi, l'instrument peut, en

se recourbant, glisser a droite ou à gauche, et s'ar-

rêter derrière les piliers postérieurs du voile du

palais, dans des lacunes que j'ai trouvées ecchymo-

sées chez des malades qui avaient succombe. La

sonde, ainsi arrêtée, continue quelquefois à entref

si oïl la pousse; mais ait lieu de descendre dans

1'œsophage, elle se replie surelte-même, et c'est en

vain qu'on essaie de faire l'injection. 11faut alors

recommencer 1 opération.0<~<tf~ ? partie !'n/er<etfre~M~Aan/~Ko.<

sibilité (f:ntro~uc<t<wde la sonde. Les obstacles

de la partie supérieure du pharynx ne sont point

les plus graves, et dans la majorité des cas c'est

au niveau du larynx qu'on trouve les plus grandesdinicultés. A la partie supérieure du pharynx,

en euet, la volonté du malade ne peut rien pour

empêcher l'opération. Il en est autrement au ni-

veau du larynx. Les aliénés arrivent souvent dès

les premiers jours à fermer presque complète-

ment la partie inférieure du pharynx avec la base

de la langue. 11 suflit pour cela d'élever le larynxcomme on le jRutpour un mouvement de dégluti-

tion, et de le maintenir ainsi élevéen suspendant sa

respiration, quelquefois même le malade parvient

alors a respirer faiblement. On peut s'assurer que la

sonde arrêtée repose sur la base de la langue à son

Page 351: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

tH':i'At,KS.-in

poau~unMn avec te larynx, car l'obstacle ce.sele ~rynx s'abaisse; et si un enfonce alors

hMtrumentet q~ te larynx s'élève de nouveau,la sonde est en partie repoussée hors de la n&-Mne.

Esquirol a rapporté un curieux exemple de cetteinfluencede la volonté du malade pour .'oppe~r aucathétéri~ne de l'œsophage. Cefait est d'autant plu.remarquable, que c'est le premier cas dans lequelt W~tre

médecin ait eu recours à cette opérationL'aliéné, après avoir refusé une première fois deprendre des aliments pendant un temps assez long,a. an consenti manger, mais il était bientôt re-Ycnua sa première résolution de se laisser mourirde ïaim.

«Le cinquième jour de cette nouille abstinencedit Lsquirol, M. Dubois introduit une sonde par lesnarines et mgëre dans l'estomac un bouillon et unpeu de ~n, en assurant au maladeque, s'il ne mangepas le sotr,le lendemain on recommencera. Le lendc-n'ain M. Dubois éprouve une si grande résistancepour mtroduire la sonde qu'il n'ose la surmonterLe malade se met rire, J' nous dit-il, tous

< lesP~M<rt/ a/ut ~'cM~~eAo-nnfro~c~fM MH~t.i~ptiëmejour, tout~~<.W~ je m'avise de roulerun moucbou' sur lui-mêmeet d'en donner quelquescoups sur les jambes du malade en lui disant d'unton u'omque Puisque vous faites l'enfant, on voustraitera comme un écolier tant que vous ne prendrez)'as de nourriture.

L'amour-propre s'irrite de ce

Page 352: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

'~r

j~2 AUM~TAttOS POUCHt;

traitement, M. deB. demande a manger (t).Nrr

C'est, comme je l'ai dit la premiëp~is qu'Es-

quirol employait la sondeccsophagienne, et on voit

que ce moyen serait devenu inutile si le médecin

n'était parvenu a déterminer le malade a manger

en excitant son amour-propre. L'habile chirurgien

qui était chargé de l'opération recula, en effet

devant les diuicultés que lui suscita la Volontéde

l'aliéné.

Cequi'est arrivé à Dubois s'est renouvelé <t~~w

un grand nombre de fois.

M. ledocteur Trélat a observé a la Salpetriere

deux malades, chez lesquelles l'introduction de la

sonde était devenue impossible.

L'une de ces malades avait été nourrie malgré

elle pendant un mois, et ce ne fut qu'après ce temps

qu'on dut renoncer à l'opération.

Chez l'autre l'alimentation forcée durait depuis

cinq semaines.

L'issue fut très différente dans les deux cas. Dans

le premier, l'aliénée recommença a manger après

quelques jours et survécut dans le second, au con-

traire, la malade persista dans sa résolution et suc-

comba (a).M. Barbier, interne à Charenton a vu un cas

dans lequel la sonde, introduite faciicment deux fois

le premier jour, ne put le lendemain pénétrer qu'a-

(<)Esqairot,t. 1,p.6)3., j

(~)J'espèrepouvoirpuMiefbientôtcesdott~observations

avecdétatt,et d aprèslesnotesqueM.Tretata promisdemo

remettre.

Page 353: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

M:S.\L))-;NÉS. 3t~-1Yu<;beaucoup tte peme, et après s'être repliée a

prieurs reprises. Les jours suivants, le cathété-risme devint tout à ~it impossible, et la maladesuccombapeu après.

M. de Crozant a observé a Hicêtre un aliéné chezlequel on ne put jamais parvenir a introduire lasonde.

Dans tous ces cas, soit a cause des dinicultés,soit par suite de l'affaiblissement des malades, on arenoncé a continuer l'alimentation en ouvrant deforce la bouche et en introduisant la sonde parcette voie. C'est la, en cdet une dernière res-source a laquelle on a parfois recours, mais quiof!re de graves inconvénients. La lutte qu'on est

d'orce d'engager avec l'aliéné, quand il oppose unegrande résistance, le fatigue et l'épuisé les moyensqu'il faut employer, comme l'a dit Esquirol, sontd'ailleurs violents et ne réussissent pas toujours.Cependant, quand la faiblessen'est pas trop grande,on ne doit pas balancer. On ouvre la bouche à l'aidede cuillères ou de ciels qu'on fait pénétrer entre lesdents, et ~ti servent à maintenir l'écartement desmâchoires pendant qu'on passe la sonde et qu'onfaitl'injection (t). L'opération est alors, en général,très facile, parce que le malade ne peut plus, labouche étant ouverte élever le larynx et porter labase de la langue en arrière, comme il le fait quandles mâchoires sont rapprochées.

L'observation suivante, que je cite avec tous ses

(<)Ona aussiimaginépourceladiversinstruments.Voirlanute8a lafinduvolume.

Page 354: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

3i44 At.mK6;)'Ari<jNf<jKCÉi-:

détails, est undes cas dans lesquels l'imposaibilitéde

pratiquer le cathétérisme par les fosses nasales a

force, a plusieurs reprises, de passer la sonde parla bouche en desserrant les mâchoires à l'aide de

clefs. Ce fait montrera quelles sont, dans certains

cas les diulcultës du cathétérisme œsophagien, et

fera connaître en même temps les désordres que

peuvent produire des tentatives souvent répétées

pour surmonter les obstacles.

OMMYATtONFttEttttM.

MoxmnMote ttXLitHus, pt<M tord délire meoiaque; refus d'~titOextt; cntp)t)i de to t««de

f''s<'))htt~'eone;hen)t)rrhagient<t.iie))rotof)uMpar!'t)jwra[Mn;ia]()MM).i)itede('in-

trodHKttM'tpar tes foMss n'êtes d~ju~d~s de J~njoitt~dcs cas MOtt;àrtt)~tMMte,

c<'cbytnoses du pharynx f't du larynx.

M. C. âgé de vingt-neuf ans, sans pro&ssionfut amené a Charenton le 1oa\ni)834. On appritde la famille que la nia!adie remontatt déjà a une

époque très éloignée. M. C. sorti du collège a dix-

huit ans, n'avait pu depuis lors se livrer à aucune

occupation suivie. A dix-neuf ans, il devint tout à

coup très sombre, parut préoccupé d'idées religieu-ses, et manifestale désir d'entrer dansles ordres. On

pouvait déjà reconnaître que son intelligence était

atlaiblie.Depuisce tempssa faiblessed'esprit n'a fait

qu'augmenter. Il s'est imaginé qu'une femme Mgéevoulait se taire aimer de lui et qu'elle avait pour cela

recours à des sortilèges. Il a aussi lit crainte d'être

empoisonné. Depuis quelques mois, accès d'agita-tion et même de fureur. Le malade a lailli, a plu-sieurs reprises, mettre le feu, ce qui a engagé a le

faire séquestrer.

Page 355: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

UKS AULNES. 315

M. C. est d'une taille moyenne, d'une constitu-tion assez grêle; son teint est légèrement coloré,sa santé physique paraît bonne. Pendant les pre-miers jours, il est assez calme, et s'étonne qu'onl'ait privé de sa liberté il est vrai, dit-il, qu'il afait des extravagances avant son entrée; mais ilavait un but, c'était de contrefaire le fou pour éviterles poursuites de la vieille femme qui voulait l'é-

pouser. S'il avait pu prévoir qu'on le renfermerait,il eût renoncé a son projet.

Ce calme, interrompu cependant par quelquesmoments passagers d'agitation, persista jusqu'aumoisde juin il survint alors tout à coup un violentaccès de manie. Le malade crie, s'agite, fait à peineattention à tout ce qui l'entoure il est le représen-tant de Dieu sur la terre; il va faire des miracles, ildistribue des places, etc.

L'agitation et le délire s'étant calmés on putrendre a M.C. la liberté du jardin; mais on s'a-

perçut, dans les premiers jours de juillet, qu'il ra-massait des matières locales et les cachait avec soin

pour les manger pendant la nuit.

Le jM! il commença a refuser obstinémenttoute nourriture et fut placé a l'infirmerie.

Le )o au matin, le refus d'aliments continue,l'haleineest fétide, les dents serrées; la ngurc est

animée, les yeux fixes.

0~ eA'm~uwM-/M~~'m~-Of/Mt'reuneMn</eœ~Aa-gienne/Mtt'les /bM(MMarn~' plusieurs sontsuccessive-Men<e'Hp~CM,mais toutesse replient et /M/ee<K~ne

peut avotf lieu.

Page 356: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

3166 ADMKK'rATtO~FOtiCÉH

On est alors ibrcë d'ouvrir la bouche en desser-

rant les dents avecune clef. Onn'y parvient qu'assezdifficilement, et non sans faire couler un peu de

sang des gencives, et sans arracher quelques cris

au malade. La sonde est passée par la bouche, et on

injecte un demi-litre de lait environ.

A 5 heures du soir, onfait de nouvelles tentatives

pour introduire une sonde œsophagienne par les

narines; toutesse replient et o~ a &e<n<coMpf/epeine<t

les retirer, On renouvelle e!n<you~t.r/o! les essais

d'introduction et a chaaucfois du san~ coule parle nez ou revient par la bouche; quelques caillots

sont rejetés par le malade.

On est forcé de nouveau t<edesserrerles ~e~xavec

WMc~ et de passer la sonde par la bouche; on in-

jecte encore un demilitre de bouillon.

L'hémorrhagie continue après l'opération pen-dant une heure environ, et on peut évaluer n une

livre au moins la quantité de sangperdue par M.C.

t ) juillet. La constriction des mâchoires n'a pascessé; mutisme, immobilité du malade; les pau-

pières sont abaissées, la respiration calme il y aun peu de fièvre. LftMH~eaMop/M~M'nne<?<t'0(~t<ele Ma/t'net le soirsansdifficultésMo~a~c.On a injecté

chaque fois un demi-litre de lait.

!2j'ut7~au matin. Même constriction des ma-

choires, hateincfctide, lèvres sèches,dents couvertes

d'un mucus gluant faiblesse trcs grande. On essaiea ~'0! ;'epn~d'injecter du lait a l'aide de la sonde

œsophagienne, et onne~cM~~M'wHtr.L'instrument

pénètre assez profondément, mais l'injection est

Page 357: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MSAUKSÉ.S. 7

impossible, parce qu'il est probablement recourbédans l'arriere-bouchc.

On écarte les dents avec une clef, on passe lasonde par la bouche, et le bouillon peut alorsêtre injecte.

Un peu de sang s'est écoulé par les narines.

m:t, on parvient a introduire le tube oeso-phagien assez facilement. 11en est de même le len-demain au matin.

'3 juillet. La sonde œsophagienne est introduitesans diSicultë.

t4~Mt~. Depuis plusieurs jours, on avait vaine-ment essayé de vaincre la constipation par des lave-ments simples ou purgatifs. Aujourd'hui il y a euplusieurs selles très abondantes.

Deu~t~-<~Mc~'o~/(tc:/Mde ~( .Mn~e

t5jftft~. Le malade a été visité hier par l'aumo-nier de l'établissement; on n'a rien pu obtenir delui. La constriction des mâchoires, qui avait di-nnnue, est de nouveau devenue très forte les ar-cades dentaires sont croisées l'une sur l'autre.

On essaie vainement d'injecter du lait ~MAt'ew.!Mn< tn~o~Mt~st<~c.M!t'e~ieM<<cH< .s~ &sept~«CM, pu<sellesse t-<.H<, et ~n~'on nepeu~avoir~'Ci<.

On ne parvient qu'avec beaucoup de peine a sur-monter la constriction des mâchoires on desscr.-eles dents avecdeux clefs; le tube est alors facilementintroduit par la bouche.

Pendant cette opération, du sang s'est écoulé desgencives, et la bouche se remplit de salive san~ui-

Page 358: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

S~~9 ADMK~ttoSFORCt-r:

MienM. Le malade, malgré la douleur qu'il a du

éprouver, n'a pas proféré une plainte; il est tou-

jours immobile, les yeux fermés.

)Cjft«~ au matin. On introduit de nouveau lasonde par la bouche, parce qu'elle se replie~MOM~dM

e~ate~e~np(Mserjoar~/bMe~f!<M<t~.A 3 heures. Nouvelle tentative m/'r~e~fM~ede ca-

thétérisme par les fossesnasales.

L'ouverture de la bouche à l'aide de deux clefsn'a

pu avoir lieu qu'avec beaucoup de peine' oh est

obligé de prendre un point ~d'appui aur ÏM dents

elles-mêmes, et on en détache de petites portions;les gencives saignent. M. C.. est devenu tellementfaible qu'il n'oppose plus aucune résistance, quoi-qu'il ait les mains libres. il a eu uneselle très co-

pieuse, et immédiatement après une syncope si

prolongée qu'on a pu craindre qu'il nesuccombât.

t'yyM~e<.Onparvient aujourd'hui à passer deuxibis la sonde par les fosses nasales; mêmeconstric-tion des mâchoires, diarrhée.

) 8juillet. Même état (les notes recueillies ne font

point mention du cathétérisme œsophagien).'g~t~. Constriction toujours très forte des

mâchoires; nouvelles ~t~t~A- Mt/r~c~enSM<rtH~-o-</Mr/~de la ~OM</epar le ?:cx.

1/ouvcrture de la bouche a l'aide des clefs con-tinue a être longue et très pénible les dents s'usent,les gencives saignent, la bouche se remplit do salive

sanguinolente; pendant la lutte, la figure dumaladese congestionne et s'échaufife,des larmes coulent,les artères temporales battent avec force.

Page 359: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DRs ADÉ~S. g~Q

un coup de tonnerre très fort qui a eulieu hier atout a coup fait lever le malade sur son séant.

ao juillet. On est /bt-e<!d'introduire la soM~epar la&one/te.

Maigreur très grande faiblesse extrême; haleinetrès fétide; diarrhée, ncvre.

a'. M. C. a bu seul un peu de lait; il a dit quel-ques mots, a voulu se lever.

M. Le malade prend un peu de bouillon; il estretombe dans son mutisme. Respiration gênée,râle crépitant a droite,fièvre, diarrhée.

Persistance du mutisme, immobilité regardnxe; la diarrhée a continué, et la mort a eu lieule a5.

On avait cessé le at l'emploi de la sonde œsopha-gienne des vésicatoires et des sinapismes avaientété appliqués dans les derniers jours.

~M<op~e.Les fosses nasales sont saines.La paroi postérieure du pharynx, a sa partie su-

périeure, est d'une couleur ardoisée toncée, pres-que noire; le tissu cellulaire sous-muqueux est lui-même comme ecchymose, mais on n'y voit pas du

sang en nature.

A gauche du pharynx, en descendant, on trouveune plaque noirâtre de trois ou quatre lignes delarge, au-dessous de laquelle le tissu ccUulaire sous-

muqueux paraît plus malade.

Outre l'altération de la partie supérieure, on re-

marque encore à la partie moyenne du pharynxplusieurs taches noires.

Les ligaments crico-arythénoMiens, et une partie

Page 360: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

AUMENTATtOKFORCEE

de la face supérieure de l'épiglotte, ont la mêmecouleur.

Ces plaques noires nous paraissent être partoutde la même nature et le résultat de véritables ec-

chymoses.Rien dans la trachée ni l'oesophage~la muqueuse

gastrique, sur la grande courbure, et à trois poucesenviron du pylore, présente des plaques d'un rougevif.

Près du cardia, cette membrane est au contraire

pâle, amincie, très molle, et elle s'enlève facile-ment avec l'ongle.

Rien de remarquable dans les autres viscèresabdominaux.

Le lobe inférieur du poumon gauche est hëpatisé.Le droit est fortement engoué.

La pie-mère était extrêmement rouge et très in-

jectée, elle n'adhérait point à la surface des circon-volutions. Après l'enlèvement des membranes, cettesurface appara!t piquetée de gouttelettes de sang.

Substance grise corticale, a peine un peu roséedans quelques points.

Substance blanche injectée, mais assez ierme,peut-être même un peu plus q~p dans l'ét~~rmal'

J'ai retranché de cette ~(ervation, déjà trèslongue, beaucoup de détails; mais j'ai du insistersur tout ce qui se rattachait au cathétérisme œso-phagien.

On a vu que cette opération a été essayée par lesfosses nasales environ seize fois en dix jours, etqu'elle a échoué /bM.Dans chacun de ces cas,

Page 361: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

OESAUKNKS. 32)

2Lt

i mtrottuctioti de Inistrument a été renouvelée à

plusieurs reprises. 7/Mt<fois, au contraire le cathé-

térisme a réussi, et l'injection du lait ou du bouillon

a pu avoir lieu.

On s'étonne d'abord qu'avec les mêmes instru-

ments et sur le même malade, on ait obtenu des

résultats aussi diuerents. L'opération n'ayant pas

toujours été faite par les mêmes personnes, on se-

rait portéa penserque le plus ou moins d'habileté de

ces personnes a pu y être pour quelque chose, mais

il n'ena pas été ainsi. Vingt fois en cflet, le même

opérateur réussit ou échoue, selon que la sonde se

replie ou non sur la base de la langue. Ainsi, j'ai

par hasard noté le nom du médecinqui tenta vaine-

ment de pratiquer le cathétérismele) a juillet, et il

me sunirait de le nommer pour prouver qu'on ne

pouvait trouver personne qui eût une plus grandehabitude de ces sortes d'opérations.

J'ai vu M. Blanche fils, interne a la Salpêtrière,sonder un jour une malade avec une extrême taci-

lité et ne pouvoir y parvenir le lendemain.

Ces faits sont d'ailleurs si communs, qu'il est

inutile d'en citer un plus grand nombre, parce quetout le monde les a observés.

On rencontre souvent l'obstacle de la base de la

langue, alors que le malade ne lait aucun efl'ortpour

s'opposer a l'opération. On concevra facilement

qu'il doit en être ainsi, si l'on songe que la sonde

par cela même qu'elle s'est recourbée en haut du

pharynx, a de la tendance a revenir en avant et a

s'éloigner déjà paroi postérieure. L'extrémité doit

Page 362: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

22 Atn) K~tATth~! f~tCëK

donc rencontrer souvent la basé de ta tangueet te

larynx.ISi la sonde est molle, il petwfarriver qu'on ne s'a

perçoive pas de l'obstacle, et alors elle se recourbe

dans le pharynx et dans la bouche.

J'ai vu dernièrement, dans une maison de santé,un médecin très habituéà pratiquer le cathéteristne

œsophagien, mais qui, en même temps, se sert

d'une sonde très petite -et trës ~rolle, essayer en°

vain de taire pénétrer une injection de bouillon. Onertit d'abord que l'obstacle venait de la serin sue:'«6' Cmais le malade ayant ouvert la bouche, oh s'aperçut

°

~«e le tube était ëntiëremënt replié dans cette ça-

~ité. (~è mêmealiéné, quelques jours auparaYant,avait ainsi presque complètement coupé une sonde

avecses dents..

<~hezune mélancolique dont je rapporterai plusloin l'observation, M JBouland, interne a la Sal-

pêtrière, s'étant servi une seule fois d'une sondesans conducteur, cette sonde s'est repliée sur la 6base de la langue, et est sortie par la bouche.

L'introductionde lasond6 dansie larynx est encoreune des difuëultés du cathétérisme de l'œsophagc.l~a tendance qu'a l'instrum~ht a revenir ch avant

explique ce iait, qui peut, commete le dirai plusbas, dcve~' un danger grave, si on ne s'aperçoitpas delà fanssc route dans laquelle on s'est engagé.

Il peut arriver quel'introduction de la sondedansle larynx se renouvelle plusieurs fois de suite, tandis

que le même accident ne se reproduit plus pendanttrès longtemps. Comme la sonde est abandonnée a

Page 363: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MSAMÉSÉS. g~g

cité-même et qu'on ne peut ta diriger, tout cela estsoumis auhasard. 11y a peu de temps, deux internesde la Salpêtrière ont f~it pénétrer quatre fois desuite la sonde dans le larynx chez la même ma-

lade, et l'opération 'h'8 pu être terminée qu'a-près p~ ~'wieAcM~-eemployée en tentatives infruc-tueuses (t). ?

Je pourrais rapporter ici d'autres faits dans les-

quels le cathéterisme de t'œsophage a offertde gravesdilncultés.

M. Dupuy, interne a Bieêtre, a vu ta sonde pé-nétrer cinq ou six Ms de suite daits le larynx, ce

quitbrca de renoncer a l'opération.Trois ou quatre fois il avu la sonde se replier au

nneau de la base de la langue et revenir par labouche.

M. le docteurSingett, attaché à l'asile des aliènesde Dumfries, a \u aussi le tube oesophagiense re-

pUei' sur la base de la langue de manière à rendre

impossible l'introduction de l'instrument. Il ouvraitalors de force la bouchedu malade et faisait péné-trer les aliments à l'aide d'un appareil particulierdont il est l'inventeur.

Lesfaits qui précèdent me paraissent pouvoir serésumer de la manière suivante

Le cathptërismc de l'œsophagc chez les alié-nes offre souvent des diu!cultes très grandes qui

(t) Je tienscefaitdel'uudesélevés,etje!anoteicicommeun

exempledeplusdesobstaclesqu'onrencontresouventetqu'iln'estpardonneauxplushabitesd'éviter.

Page 364: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

32~ ALtMM<TATtf~FOMËË

ibrecnt de renouveler les tentatives deux, trois et

jusqu'à cinq et six fois;a" Cesdnïicultés sont quelquefois insurmontables,

et on est obligé de renoncer a l'introduction de lasonde par les narines (Observation d'Esquirol, deMM.Trélat et Barbier.)

3° L'obstacle principal vient de la base de la

langue, sur laquelle la sonde se replie de manière à

revenir parfois dans la bouche du malade;4° Cet obstacle peut être créé par la volonté de

l'aliéné, qui s'oppose ainsi a l'introduction de la

sonde.

§ r

De"dangersducAthetérismedet'œsophagechezlesatones.

~cmorr/ttt~tc.!Ha~M. J'ai vu un malade quiperdit une livre de sang environ a la suite de l'opé-ration. Cette hémorrhagie, dans le cas particulier ndont il s'agit, n'eut aucun mauvais résultat; mais ilen pourrait être tout autrement, et un accident de

ce genre serait très fâcheux chez un aliéné atlaibli

par exemple. Je n'ai d'ailleurs depuis quinze ans,

sur plusieurscentaines d'opérations, observé qu'uneseule fois une hémorrhagie aussi jtortc, et je necrois pas que le cathétérisme œsophagien ait ja-mais occasionné aucun désordre sravc dans lestbsses nasales.

7'ef/bm~ondu pAarynip. Le danger de la perfo-ration du pharynx n'est que trop réel, et j'ai ob-

serve un cas dans lequel cette perforation l'utsuivie

Page 365: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HKSAUKKt~. ~~cP~de mort. Cefait meparaît assez important pour êtrerapporté avec détaits.

"MERVATJU'iMUnKMf:.

~h~~ ~.h.n ch~

N).cc.nmrtk troisième )M)r.

Le nommé F. sous-otïicier vétéran, âge dequarante-six ans, était tombe sans cause connuedans un état de lypémanie pendant lequel il refusaitde prendre des aliments. On nt devains enbrts pourvaincre son obstination et il fallut avoir recours ala sonde œsophagienne.

Le malade, assis sur une chaise, fut maintenu parplusieurs intirmiers; l'introduction de la sonde of-frit quelques difficultés, et on ne parvint atraverserla fosse nasaledroite qu'après plusieurs tentatives,et non sans avoir provoqué l'écoulement d'un peude sang. La sonde ayant suffisamment pénétre pourqu'on la crût arrivée dans l'œsophagc, on essaya depousser l'injection; mais ce fut en vain; on dut re-tirer l'instrument et l'introduire une seconde foisL'injection devint alors facile et on fit prendreainsi deux potages et un peu de vin.

Jusque là on n'avait encore soupçonné aucun ac-cident mais quand on enleva au malade la serviettequ'on lui avait attachée sous le menton pour ~aran~tir les vêtements on aperçut au bas du cou un gon-flement déjà considérable, et qu'on reconnut bientôtpour de l'emphysème. L'opération avait été fait,, a

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~CAt.tMUNTA~tWFOXCÉK

htut heures du matin .t'àft~M att~Ma ftn m~ta~t~nutt heures du mattn. J ar~Mau~j~s dumal&de~neuf heures et je le trouvai damsl'état suivahtneuf heures et je le trouvai (tati,I~ëtat suivalit 1.

La partie antérieure du cou est très tuméfiée; la

peau de cette partie est légèrement tendue, et onsent en la déprimant une crépitation bien évidente,mais assez profonde; on dirait qu'il y a un espacevide entre la peau et le tissu crépitant.

Le malade est assis dans son lit; sa respirationn'est pas sensiblement gênée; expectoration de cra-

chats sanguinolents léger écoulement de sang parle nez. Pouls petit et iréquent. Cet homme essaie

quelque~is de parier et nepeut y parvenu'.A onze heures, la tuméfaction a gagné la face, et

en bas elle s'est étendue a la partie antérieure de là

poitrine. La peau commence a être légèrement ro-sée et chaude. Lesoir, la tuméfaction a diminué un

peu a gauche, mais elle est aussi consid~~Ie àdroite. rougeur sur presque toute l'étend~~ la

partie tuméfiée.

Le 2 novembre, la tumeur a diminué, et le ma-

lade, après une application de sangsues, s'est trouvéun peu soulagé. Cependant il ne peut encore parler;til n'a ~as eu de sommeil et a beaucoup sou&ertpen-dant la nuit.

Le soir, la fièvre, qui jusque la avait été peu sen-

sible, augmente beaucoup; la tumeur est rosée et

chaude; la peau très tendue.

3ttoueM~, Lanuita été assez bonne; il y amoins de fièvre, et la tumeur est moins tendue.

!Mi'em~'e.La tumem' conserve l'impression du

doigt; la rougeur ~éteu~U~P~e antérieure de la

Page 367: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MS AU~ËS. 3~'y

poitrine. F~rf~ssez forte, respiration fréquenteet gê~ée, matité gauche et en arrière absence debruit respiratoire. Le malade n'avale que très dini-cilen~nt les boissons, mais il parle mieux que lepremier jour. Faiblesse, prostration.

5 ~em6re. La tuméfaction du cou a beaucoupdiminué, il n'y a plus de rougeur qu'à la partie an-térieure de la poitrine; on sent du pus innhré dansle tissu cellulaire, respiration très gpnée et très fréquentc; peau chaude et sèche, pouls extrêmement

fréquent. La langue est sèche, l'ëpi~astre très sen-sible point de sommeil.

l.c malade s'aRaibli~de plus en plus, et succombele soir a six heures.

~op~. Le tissu cellulaire du cou est infiltréde pus dans toute sa partie antérieure.

On tro~e en haut du pharynx, vis-a-Yisl'ouver-ture delà fosse nâsaj~ du côté droit, une ecchymoseassez large, etbien~toh découvre dans ce pointune déchirure de 5 a 6 lignes de long. Les deuxbords

d~ç~te plaie se touchent, ee qui a empêchéde l'apëreeyoir dès le premier moment. Vis-a-~iscette ouverture &ite au pharynx, commence unesorte de trajet fistuleux entre le pharynx, l'œ-

sophagc et la cotonnc .tertébrate. Ce trajet s'étend

jusqu'au mUieii de la poitrine; mais l'infiltrationpurulente vajusqu'au diaphragme. Le reste du pha-rynx et l'a'sophagc sont sains.

On ne trouve rien au larynx ni dans la trachée.Le pus a fusé dans le médiastin antérieur et s'y estaccumulé. 11y a, dans la plèvre du coté gauche, un

Page 368: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

318 At.).?.TA'!)0'<Mt!C!{);

épanchement séro-purulent assez considérable quirefoule te poumon. Un grand nombre de lamBeaux

pseudo-membraneux i'ottcnt au milieu de cet 6pan-chement. Le péricarde contient aussi de la sérosité

trouble et floconneuse, et quelques fausses mem-

branes commençantes

Ija muqueuse de l'cstpmac est d'un rouge très

vif; la rougeur est disséminée par plaques très rap-

prochées la muqueuse de l'intestin grêle est aussi

très rouge, en outre, elle esttapissée par une ma-

tière liquide et noire qui ressemble du sang altéré.

Ccr~eaM. Injection très vi~e de la pie-mère;

injection fine de la substance hiancbc; d'ailleurs

rien qui mérite d'être noté.

Il importe surtout de remarquer, dans cette oli-

servation, lesiëgcdela déchirure iaitc au pharynx.Cette déchirure a eu lieu a la partie supérieure de

cet organe, et vis-a-~is la fb~se nasale droite, par

laquelle la sonde avait été introduite. Cette sonde

qui n'était pas dirigée par un mandrin courbe, est

arrivée à angle droit surlaparoipostérieuredu pha-

rynx, et la peribrationn'apu avoir lieu que pendantl'effort qu'on a fait pour la recourber. La membrane

muqueuse, a la partie supérieure du pharynx, estassez mince mobile et on conçoit que l'extrémitéde la sondea pu, pour ainsi dire, s'en coiHcren la

poussant devant elle, et ensuite la pedorer. Peut-

être un mouvement du malade qui se débattait a-t-il

contribué irproduire cet accident.

H est probable, d'ailleurs, que l'accident est ar-rivé pendant la première introduction de la sonde

Page 369: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

At.it-.XKS.

1rir·iW rs~s, 1· n..~ors que t mjcct.onne put avoir lieu; l'opérateur.n'ayant été averti par rien, réintroduisit linstrn-ment et fit l'injection.

11estprobable aussi (picla sonde avait été pousséeentre la colonnevertébrale et le pharynx, et c'est ceque semblent démontrer les désordres trouvés al'autopsie.

M. de Cruxant m'a dit avoir vu un aliéné quiconnue celuidontje viens de rapporter l'observationeut des abcès étendus au col a la suite d'une lésiondu pharynx produite par la sonde œsophagienne.t.a mort fut aussi lit conséquence de cet accident

Si on se rappelle l'effort qu'il faut faire pour re-pher les grosses sondes œsophagiennes il la partiesupérieure du pharynx, on s'étonnera que dcsper-toraHons n'aient pas eu lieu dans un plus grandnombre de cas. J'ai déjà cité plus haut l'observationd'un

mélancolique chez lequel on rencontra sur lamuqueuse pharyngienne de larges ecchymosespro-duites par la pression de la sonde, et ce fait n'estpas le seul que j'aie observé.

Les déchirures du pharynx ou del'œsophagc

pourraient avoir lieu très facilement, lorsqu'apresavoir introduit la sonde dans le pharynx on essaiede faire pénétrer un mandrin en baleine pourservn- de conducteur. Ce mandrin peut, en efu-tsortir par les yeux de la sonde et aller directementdéch.rer la muqueuse. C'est a tort que ce moyen -tété quelquefois employé, car il est très dangereuxJe dirai d'ailleurs plus loin comment on peut, dansce cas se mettre a l'abri de tout accident.

Page 370: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

330 AU~)H?.T~t')pfSFORCÉE

Il meresté, avant de terminer ce qui 9 trait à ce

point, à rapporter un cas singulier observé a la

Salpêtricre par M. Trélat. Commeon le verra, tout

devait faire supposer que le pharynx ou l'iaesopbage

avaient été per&rés par jta sonde œsophagienne.

L'autopsie seuteRtreconnaître qu'op s'était troMp~.

OMMVATMSttMt<!tX)!

«G. âgée devingt-huitans, estentreete ag août

iS~~ dans la section de traitement tentp~atrentent

connee a tnes soins. Cette malade a~t etëpt'ised'un accès de métancotte que~ue!S}ou!'s$euierncntt

avant son admission. EUedemeurait hahitucUentent

avecson père et sa heMe-mere.a'occupant un ~u de

tout, travaH de couture et soins du mÉnage. Ueja

triste, elle alla voir une de ses sœurs. On ne sait ce

qui se passa entre eUes, mais elle en retint troublée,

agitée, perdit le sommeil. Quand eUes'endortnait,

elle ne tardait pas a s'éveiUer en criant et préten-dant voir des saints autour de sonUt. Elle manga~t

peu ou point. On prescrivit et on pratiqua une sai-

gnée du bras. La malade prit plusieurs bains froids

et reçut des douches qui l'agitèrent davantage.

o Onla transporta à la Hatpetriere. A son arrivée,

la maigreur est déjà très grande; elle a une petite

toux sëchea laquelteon lait d'abord peu d'attention,

niais que les parents avaient remarquée, la croyant

poitrinaire connue lune de se~ sœurs. Sa grand'-

mcfc est morte aliénée, sa nuere l'a été a peu près

seize années en plusieurs fois et a succombé âpres

Page 371: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

O~AUK~~ gg<

rttonetf)ttns<L'i:t~.t. t.t)~.uuuer. Mrtlongtemps de la gorge. ~Uea une

soeufdon!. l'mtcliigence est peu développée."Très agitée après son instal~tion dans te ser-

vtce, elle parle beaucoup, ne veut pas manger, pré-tend que Dieule lui défend. Cen'est qu'âpre ravoirlongtemps tourmentée qu'on parvient à lui faireavaler de force quelques cuillerées de bouiUon.Deuxfois elte consent a manger deux tartines debeurre et de contiture qu'on tut présenter M-~«.~< c~ mais immédiatement après eHese refuseplus que jamais a toutes les exhortations Le poulsdevient pettt, la peau froide, l'haleine leUde. On estforcé, des tes premiers jours de septembre, de re-courir à ta sonde œsophagienneet aux lavements dehoudion. Le M.Boraud, interne, au moment ouil v~entd'éjecter dH bouiHon dans i'estomae, voittout a coup avec ei}-roiune tumeur a ta partie droitedu cou. Plein d'anxiété, il retire la sonde, examinecette tumeur qui crépite sous la pression, et de-meure convaincu qu'il a fait fausse route et perforé!'œsophage et les voies aériennes. On applique descompresses froides sur cette tumeur qui diminue devolume, et qua~d je suis prévenu des faits a ma

rentrée dans~~ice je ne trouve plus rien. Jeconsole M.Boraudqui éprouvait un vif chagrin, etje le

persuadequ'il s'est trompé. Le lendemain, 3il nous quittait pour prendre un autre service a''hôpital Saint-Louis. Je parviens a le rassurer enlui montrant ta matade tranquiMe et sans tumeur.

CourtiUier, interne provisoire, injecte sans au-cun aceide~ $emoule daire dans l'estomac,

Page 372: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

332 .'n-)M)-t.th(h\tOftc~

puis un demi verre de vin. Depuis ce temps, les in-

jections se font beaucoup mieux qu'auparavant,l'haleine cesse d'être fétide, la langue s'humecte, le

pouls se relève. M. Boraud vient avec inquiétude

prendre des nouvelles de sa malade, et ta trouve

en bien meilleur état. Pendantcinq jours, ce pro-

pres satisfaisant continue. On peut lui faire avaler

du bouillon, de légers potages et du vin sans em-

ployer la sonde; elle suce des tranches d'orange,

mange quelques fraises et paraît renaître.

Je me félicitais de cet heureux changement,

quand tout à coup, le t~ au matin, nous trouvons

la face vultueuse, les yeuxbrillants, la langue sëche,la peau chaude, le pouls radial filifbrme, tandis queles carotides font sentir de violentes pulsations. La

tumeur a reparu. Je la vois pour la première foiset j'y sens crépiter de l'air. La pauvre malade meurt

le soir a cinq heures.»L'élève interne, M. Courtillier, qui lit l'ouver-

ture du corps, découvrit un vaste foyer purulent

occupant toute la région antérieure du cou Les

muscles de la région sus et sous-hyoïdienne étant

disséqués, on reconnaît que le pus a fusé sous les

clavicules, sous le sternum et occupe tout le mé-

diastin antérieur. Convaincu qu'il y a eu une perto-ration del'œsophagc, on la cherche partout sans la

trouver, (~etorgane est sain et intact. i! n'ocre, non

plus que l'estomac, aucune trace d'inflammation.

Saisi d'étonnement, on examine de nouveau, on

poursuit les investigations et l'on s'aperçoit que le

pus a dénudé toute la partie postérieure et le côté

Page 373: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

))KSAL))ht.S. ~)

droit de la trachée. On ouvre ce conduit aérifèreet on voit, un peu au-dessus du larynx, ta mem-brane muqueuse, dans ta moitié de son pourtour enarrière et a droite, couverte de petites ulcérations,iet, au milieu de cette portion malade, une perfora-tion assezconsidérable pour laisser passer unstylet.L'ouverture était due aux ulcérations, dont onvoyait sourdre le pus lorsqu'on pressait les paroisde la trachée. L'inflammation était limitée a ou 3centimètres en tous sens. Les cris de la malade, lesdouches et les bains froids l'avaient-ils causée, oubien taut-il, quand on se rappelle les circonstanceshéréditaires si fâcheuses qui pesaient sur elle, enchercher de ce côté le principe? On n'a pas oubliéque sa mère, selon ce qu'on nous a rapporté, estmorte d'un très long mal de gorge. Les autres or-

ganes examinés les poumons, les intestins, le cer-veau, lesmembranes et la moelleépinière n'ouraientaucune lésion.

Cette observation est pleine d'intérct. La ma-lade n'était pas morte d'une perforation œsopha-gienne l'œsophage n'avait pas été lésé l'élèvetntërnc ni la sonde n'étaient pour rien dans! esaccidents survenus, car il n'était pas possible de

songer que l'instrument ait fait fausse route et percédirectement la trachée. Tous les motifs, disonsmieux, les faits les plus précis, repoussent victo-rieusementcette pensée )° la malade n'a pas toussétors de l'introduction de la sonde a" le bonition

injecté n'est, pas revenu n'a déterminé non pius~cunc toux,il a donc pénétré p:u-):ntcm(-ntd:ms)'cs-

Page 374: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

33<'til Aî.h'RNtAtM)~Ponc~R

tomac; 3" la petite ottvëptû~ê'troMtëe~la t~ et

souQrant seulement le passaged'un styletdetrousse,était bien loin de permettre celle de l'ëxtrëmité

d'une sonde œsophagienne. Il serait absurde et pue-

ril ete s'arr~ter m1e~tr~ï~yô~itiondkïnttribis faits sint de s'arrêter a une supposition dont trois faits M

positifs établissent l'impossibilité ()) a

Je suis convaincu, comme M Trélat, qu'il n'y a

eu qu'une coïncidence entre la perR)ration de là

trachée et le catheteri~ne de i'œsophage, et j'en

trouve surtout ta preuve dansf absence de Mtoux et

dans la petitesse de rou~értûre qui pertnettsit h

peine le passage d'un gtylet. Quant a l'injecttondu

bouHton qui n'a dëter~iné ni toux ni sytnptôtnes

d'asphyxie, je crois qu'iHaûdrait dans des cas ana-

ïogues distinguer atëc soin ceux ou rinstrumënt a

penëtrë sans quel'opérateur ait été momentanément

arrête par aucun obstacle de ceux dit il en a été

autrement. La sonde n'est pas toujours introduite

d'emblée, et il arrivesouvent qu'on est arrêté, puis

qu'on termine l'opcr~ion quelques secondes plus

tard. QuëlqueMs on pénètre ainsi dans la trachée,

mais averti par l'anxiété qu'éprouve le malade, on

retire un peu l'instrument qui s'engage immédiate-

ment dans l'œsophagc. Si une lésion était produite

dans le larynx, eHë ne serait en aucune manière

révélée par l'injectmn du bouillon. Autre chose

est, eneflet, d'introduire pendant quelques se-

condes !a sonde dans le larynx ët~la trachée, ou de

l'y laisser et d'y Istirel'injection. Dans les cas analo-

))~))!)«f~'nAMco-)M'/fAofo~x/<ffs,t.V!.

Page 375: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

n~ .u.)f:'o;s. g~g5

gués, il serait donc avant tout important de savoirsi !e cathétérisme a eu lieu sans aucune dKnculté,sans aMet même momentané de la sonde; iliaudraitsavoir si le malade n'a pas éprouvé pendant quel-ques secondes de la suHocation, <{u'ona fait cesseren retirant un peu l'instrument.

Dansle fait rapporté par M. Trélat, le doute n'estpas possible, mais les remarques qui précèdentpourraient trouver leur application dans d'autrescas qui peuvent surtout se présenter chez des ma-lades atteints de rétrécissements organiques de

l'œsophage.En résumé on voit

Que la perforation du pharynx est un desaccidents a redouter dans le cathétérisme de l'œso-phage chez les aliénés;

Que cette perforation est plus particulière-ment a craindre, lorsqu'on se sert de sondes sansmandrin courbe. Ces sondes arrivant à angle droitsur la paroi postérieure du pharynx ont de la peine

s'y recourber, et c'est dans l'effort qu'on faitpour y parvenir que la déchirure de la muqueusepeut avoir lieu.

/M~~tO?Idesa~'tM~ f~M ~cc/~e-~M-e. –Des~Its déjà assez nombreux prouvent que le larynxn'a point, au moins chez certains individus, unesensibilité

aussi vivequ'onseraittenté de {ecroirc(, )).Le sentiment d'anxiété et de sutt'ocationque détcr-mmû souvent l'entrée d'une sonde dans le larynx

(') Voirla noten"8.

Page 376: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~MKiSTATtOKt'ORCÉt:

manque quelquefois, ou cesse si rapidement qu'onpeut, surtout chex certains malades, ne pas s'apcr-cevoir de la fausse route dans laquelle 1 instruments'est engagé. Les deux faits suivants prouvent qu'ona pu alors aller jusqu'à pousser une injection d'à'Innents dans les voies aériennes. La première ob-servation m'a été communiquée par un jeune médecin attaché a une maison de santé; ta seconde est

empruntée aux AnnalesMtëd<c<~s~cAo!o~tM's.

OBSMVATtOKQCATKt&NE.

A)t!tincnr<- emp)t.i de la M~a Mmph.~tenne tnort immc<!i«t<' d~crmi.tt~ par

t't')j«-ti6n<t<<)i!))t-n!<tttmtMtMM<t~fet'M<.

Unedame âgée de cinquante ans, vivant en pro-vince, devient veuve, et son caractère, natureUe-

ment porté a la métancotie, s'assombrit de plus en

Itius; elle arrive en peu de temps a un degré pro-noncé de typémanie, avec prédominance de senti-ments religieux. Assiégéede scrupules et de remordssans ibndcment, elle conçoit hientôtie projet de selaisser mourir de faim. Déjà, depuis trois jours, et!e

pratique son système d'abstinence sans que !es in-stances de sesparents aient réussi a lui faire prendreautre chose qu'un houinon et quelquestasses deti-sane sa santé est considérablementaltérée; sa mai-

greur habituelle s'est accrue d'une manit-re sensible

depuis quelques jours, sa bouche est sèche, sonbaleine Ictide; les yeux sont animés, brillants; le

pouls très petit et fréquent. Danscet état, lamaladeest coudée aux soins d'un médecin de mérite, livré

Page 377: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MSAUÉNÉ~. S37

2~

& m spécmhté des maladies mentales; il use sans

succès de tous les moyens de persuasion pour la

faire manger, et, jugeant alors qu'il y a un dangerimminent a laisser se prolonger l'abstinence, il

prend le parti d'introduire de force des aliments

dans l'estomac. La malade étant maintenue assise

sur une chaise solide, on s'empare de ses mains,

qu'un aide tient derrière la chaise; un autre con-

tient la tête appuyée sur sa poitrine et rapprocheles ailes du nez de la cloison jusqu'à complète oc-

clusion. Deux bouchons de liège sont alors glissésentre les arcades dentaires, et dans leur écartemcnt

on fait passer, avec une cuillère, du potage de fé-

cule bien liquide; mais la malade, poussant avec

force l'air expiré contre la luette et la portion mo-

bile du voile du palais, rejette tout au dehors. On se

sert alors d'une sonde ordinaire introduite par les

fosses nasales jusqu'au pharynx les efforts déses-

pérés de la maladerendent encore ce moyen inutile.

Ses mouvementsdéplaccnta chaqucinstant la sonde,de sorte que l'injection del'aliment commence a pé-nétrer dans les voies aériennes ou arrive seulement

dans l'arriere-bouche, d'où les ettbrts d'expiration

l'expulsent facilement. Témoin auxiliaire des tenta-

tives faites contre l'obstination de cette malade je

propose d'écarter les arcades dentaires au moyend'un spéculum bivalve garni d'un linge, et par l'ou-

verture duquel on introduira, jusque dans l'œso-

phage, une sonde de dimension moyenne sans avoir

à craindre l'obstacle apporté par les mouvements de

la langue, dont la malade se sert avec une cner-

Page 378: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

SS8 AUMMTA'nù.NFÛHCÉË

gie furieuse.Cet avis est Suivi,etia sonde introduite,

on retire alors le spéculum, qu'on remplace par les

bouchons de liège, puison pousseles injections. La

sonde avait-elle été introduite de primeabord dans

le larynx sans qu'il se lut manifeste ni effort de

toux, ni spasme, ni suubcation ou y pénétra-t-elle

dans les mouvements violents que taisait continuel-

lement la malade, et qui purent bien la déplacer?

Toujours est-il, qu'après quelques injections, du

raie muqueux se fit entendre dans la poitrine le

médecin chargé de la direction de la malade fut

averti; mais, préoccupe sans doute du danger im-

médiat de l'abstinence, et pensant qu'une petite

quantité de liquide introduite accidentellement

dans la trachée-artëre sunisait pour produire un

raie muqueux prononcé, II insistaquelques secondes

encore.

x Cettefois ce liquide, repoussé par l'expiration

et entraîné par l'inspiration, faisait entendre le râle

muqueux trachéal jusque dans la partie supérieure

de la sonde, qui fut aussitôt retirée, mais il était

trop tard,

Lamalades'aHaissatoutd'un coupsurelle-meme,

les veines du cou et de la face étaient considérable-

ment tuméfiées, la face devint livide et bleuâtre.

.!e fis incuber la tête et j'écartai avec les doigts les

arcades dentaires, espérant faire écouler une par-

tie au moins du liquide injecté; j'essayai de pro-

voquer le vomissement mécanique avec le doigt

porté rapidement sur la luette; j'ouvris la veine ju-

gulaire de chaque côté, et j'imprimaia la poitrine les

Page 379: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DESAUÉiSÉS. g~Q

mouvements propres à produire la respiration arti-ncielle, mais tous ces moyens furent inutiles; lamalade expira après quelques secondes. »

J'ai cité textuellement ce fait tel qu'il m'a étécommuniqué.

La mort a évidemment eu lieu par asphyxie, etles détails sont si précis, qu'on ne saurait conserveraucun doute.

OBSMVATtOU CMQCiÈMK.

Unacculent du même genre est arrivé a Hospicede Hicêtre, chez un métancotique qui mettait unetelle obstination à refuser toute nourriture, qu'onavait aussi été forcé d'avoir recours aux injectionsavecla sonde œsophagienne. « Lnjour, au milieu det'innrmerie, dit M. Thore, nous lui pratiquionscette injection comme nous le faisions d'ordinairetous les matins, et sans avoir rien remarqué departiculier dans l'état de ce matade, lorsque tout acoup il pâlit, perd connaissance; les lèvres sont déco-lorées, les cornées sont ternes, le cœur a cessé debattra; et il est porté dans son lit comme mort.C'était heureusement au moment de la visite, et lessecours les plus actifs lui furent immédiatementdonnés: frictions sur ta régionducœur.insumation,sinapismes, etc. Ce n'est qu'au bout de dix minutes

qu'on parvint a le-rappeler la vie. H succomba ce-pendant quelques jours âpres, mais sa mort lutmoins le résultat de la bronchite, qui fut la con-

séquence de l'injection d'un corps étranger dans les

Page 380: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

3~0 At-tMENTAttOKFORCÉ):

bronches, que de l'état de marasme dans lequell'a-vait plongé le manque d'aliments (t). 0»

Le malade qui fait le sujet de cette observationne succomba pas immédiatement; mais nul doute

que l'injection dans les voies aériennes et la bron-chite qui en fut la conséquence n'aient contribuéà hâter la mort.

Il y a des cas dans lesquels on pourrait craindre atort d'avoir faitune injection danslesvoies aériennes.Une mélancolique, déjà âgée, est amenée a l'hospicede la Salpêtriëre dans un grand état de maigreur.On n'avait sur elle aucun renseignement, et elle ne

put en donner elle-même. Elle relusa de mangerpeu après son entrée, et l'abstinence durait apeinedepuis deux jours, quedé;ala faiblesse était deve-nue extrême.

On dut alors recourir a la sonde œsophagienne.L'introduction del'instrument n'onrit aucune diin-

culté, mais hnmédiatementaprès qu'il eutété retiré,la maladefut prise d'un râle trachéal assez fort etl'interne qui avait pratiqué l'opération craignit quele liquide n'eût, au moins en partie, pénétré dansles voies aériennes. Lerâle continua quelques heu-

res, puis il cessa complètement. Cette femme n'ensuccomba pas moins dans la nuit.

L'autopsie fut faite avec beaucoup de soin, latrachée et les grosses bronches furent minutieuse-ment examinées, mais on ne put rien découvrir.L'estomac, au contraire, contenait encore en assez

(<)Thore,~mxt~Med<M-p<j/c~o~~«M,t. V,p.<6.

Page 381: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ttt:S ADÉNKS. 3~~

grande quantité un liquide qui, quoique altéré, res.semblait cependant a du bouillon.

J'avais déjà antérieurement observe un fait sem-blable chez un aliéné paralytique. Un râle trachéaltrès fort avait aussi suivi immédiatement l'opéra-tion, puis il s'était dissipé.

ment ,opéra_

Ces faits paraissent faciles a expliquer.Quand on ferme avec le doigt le pavillon de

la sonde avant de la retirer de l'œsophage, cettesonde retient toujours une certaine quantité del'qmdc, qui s'écoule aussitôt qu'on cesse de te-"tr le doigt appliqué sur l'extrémité de l'instru-ment.

Si on néglige cette précaution, le liquide querenlerme encore la sonde s'écoule peu à peu pen-dant qu'on la retire, et il peut tomber dans le la-rynx. Ce qui le prouve, c'est que l'extraction de1 mstumentest alors très souvent suivie d'une petitequinte de toux.

Si la quantité de liquide introduite ainsi dans lesvotes aériennes

estplusconsidérable.etquelemaladesoit très affaibli, on observera le raie trachéal dontj'ai parlé, et qui ne prouve pas, comme on le voit,que l'injection ait pénétré dans les voies aériennes..le suis, en effet, convaincu que l'asphyxie doit alorsêtre immédiate, comme elle l'a été dans les deuxfaits cités plus haut.

7~c?- ~MMMMMeMe~~a~ ~cm~ cathé-~me ~< M. Mérat a signalé des casd'asphyxie produite par l'entrée des aliments dansles voies aériennes lorsque le vomissement a lieu

Page 382: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

S&3 AL)ME!STA')OK FOHCÉE

dans certaines conditions (') Ainsi, des hommes

en état d'ivresse, et couchés sur le dos, sont morts

de cette manière, par suite de l'entrée desaliments

dans le larynx. On a vu aussi desenfants très jeunessuccomber par la même cause. Des accidents sem-

blables pourraient-ils être produits par le vomisse-

ment pendant l'opération ducathétérisme del'œso-

phage, dans les cas surtout où les malades- sont

maintenus couchés sur le dos? Aucune observation

positive ne m'autorise à répondre par l'a!Ermati\c,mais le fait suivant, que je regrette de ne pouvoir

pour ainsi dire qu'indiquer, et qui m'a été commu

niqué par M. Dupuy, pourrait le faire croire.

OBSEXVATiONS)ïtt:ttE.

Un malade chez lequel onavait introduit la sonde

œsophagienne matin et soir, pendant sept a huit

jours, succomba tout-a-coup dans les circonstances

suivantes

La sonde avait été introduite comme d'habitudeet sans aucune diuiculté. Le malade avait parlé et

n'onrait aucune gêne de la respiration. On était

donc certain que l'instrument était dans l'œsopha~e.Si d'ailleurs on avait pu avoir quelques doutes a cet

égard, une première injection de semouleles aurait

fait cesser. Cette injection ne fut, en cHet, accompa-

gnée d'aucun accident, seulement le malade crac/<a

une partie de la semoule. Une seconde injection eut

(<)JM«tMt'MMfed~M<M<'Mm~tca~, t. XXtV,p. 376.

Page 383: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DES AL) EN ES.g Ag

M,~s eue n était pas encore terminée lorsquetout-a-coup la semoule fut rejetée avec force par lenez et par la bouche; en même temps l'aliéné s'af-faissa et succomba immédiatement.

A l'autopsie, on trouva dans l'estomac deux outrois verresde liquidene contenant plus de semouleU en existait, au contraire, plusieurs grains à l'ori-ficedu larynx. Rien dans la trachée ni les bronchesD'ailleurs aucun désordre qui puisse expliquer lamort subite.

Cette observation est assurément très incomplèteclle offreen outre, quant à l'autopsie, plusieurs par-ticularités difficilesa comprendre. Cependant il im-porte défaire remarquer .° qu'une première inje<-t.onavaiteu lieusans accidenté que levomissementest survenu pendant qu'on faisait la seconde; 3' quele malade est très probablement mort asphyxié.

Jemeborneraiarapprochercettecirconstance, du

vomissement et de l'asphyxie, en rappelant les faitsobservéspar M.Mérat. J'ajouterai cependant que lemalade était très agité, et que, pendant l'opération,quatre hommes le maintenaient coMcAesurson lit.Le vomissement, dans cette position, a du certaine~.ment favoriser, et le rejet des matières vomies par!c nez, et très probablement leur entrée dans le la-rynx. C'est un fait qui n'est pas indifférent pour laposition à faire prendre aux aliénés, pendant qu'onpratique chez eux le cathétérisme de l'oesophage.Les faits qui précèdent peuvent se résumer dansles propositions suivantes

'°i! existeplusieursexemples d'asphyxieproduite

Page 384: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

3~ ADMEKTATtON FORCÉE

~1L--t-t' <chez les aliénés par nnjection des aliments danshttrachée.

Dans quelquescas, la petite quantité de liquideque retient encore la sonde après l'injection termi-

née, tombe en partie au moins dans le larynx pen-dant qu'on retire l'instrument. Chez les maladestrès affaiblis, ce liquide semble suffirepour produireun râle trachéal assez fort.

3° L'asphyxie parait être a craindre lorsque le

malade, maintenu sur le dos, vomit tout-a-couppendant l'injection des aliments.

§ III.

Desmoyensdediminuerlesdifficultéset deprévenirlesdangersducathétérismedet'œscphagechezlesatienës.

En étudiant les ditïlcultés et lesdangers du cathé-terisme de Fœsophagc, j'ai établi plus haut, noquela sonde œsophagienne, sans conducteur, vientheurter a angle droit sur la paroi postérieure du

pharynx, et qu'elle est souvent arrêtée dans cepoint; a" que c'est alors que la muqueuse pharyn-gienne peut être perforée, 3"qu'une fois cet obs-tacle de la partie supérieure franchi, la sonde, un

peu recourbée en avant, rencontre souvent la basede la langue~ sur laquelleelle se replie.

Pour surmonter ces obstacles, il faudrait quel'instrument put remplir les conditions suivantes

<°Qu'il arrivât tout courbé dans le pharynx afind'éviter les efiorts qu'on est obligé de faire pour lereplier à la partie supérieure de cette cavité

Page 385: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DESAUËNt~S. 345

Que cet instrument, après ce premier obstaclefranchi, redevînt droit, pour ne pas rencontrer labase de la langue et le larynx

3°Que la sonde eut assez de consistance pour nepas se replier sur la base de la langue, dans les cassi nombreux ou cet obstacle ne peut être évité.

La sonde à double mandrin me parait remplir cestrois conditions.

~<. A double. Cette sonde, longuede4o centi.nctres, dinere des sondes œsophagiennesordinaires par son volume, beaucoup moindre, etpar son extrême flexibilité. On peut lui faire desparois aussi minces que possible de manière à luidonner plus decapacité sans augmenter son volume.Lespremières qui m'ont été fournies étaient si mol-les, qu'on pouvait les rouler autour du doigt commeun ruban. L'instrument est terminé par un pail-lon au-dessousduquel une virole métallique soutientune sorte de petite pince qui s'ouvre et se ferme al'aide d'une vis. A 8 centimètres du pavillon, il ya un petit cercle blanc.

L'œil inférieur est 2 a centimètresdu bout dela sonde, qui est aussi arrondi que possible; l'a',1supérieur est un peu plus haut un second cercleblanc est pratiqué à .3 centimètres de l'extrémité

Cette sonde doit être armée de deux mandrins.Lnmandrin en fer ~-Mpe<«et très/?~-t6~ ter-

miné par un anneau à son extrémité externe, et unpeu plus long que la sonde.

Un second mandrin en baleine, plus long aussiquela sonde, mais recourbé a son extrémité externe.

Page 386: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

346 AUMPNTAfMtS FORCÉE

Quand ce mandrin est introduit, on engage la

branche recourbée dans la petite pince du pavillon,et on l'y maintient serrée. (Voir la planche 111.)

Procédéopératoire. Pour pratiquer l'opérationon commencepar introduire le mandrin en baleine,et par fixer sa branche descendante dans la pincedu papillon. On ajoute ensuite le mandrin enfer eton recourbe la sonde a son extrémité. Le mandrinen baleine, qui, par son élasticité tend à se redres-

ser, est maintenu recourbé par le mandrin en fer.

11ne reste plus qu'a graisser l'instrument avec de

l'huile

Le malade est assis ou demi-couché (t), et conve-

nablement maintenu par desaides, s'il oppose de la

résistance. La sonde est introduite indifféremment à

droite ou à gauche. Quand elle est arrivée a l'extré-

mité des fosses nasales, on relève le pavillonpourfaciliter l'entrée dans le pharynx; on la fait alors

glisser sur le mandrin en fer, jusqu'à ce qu'on soit

arrivé au premier cercle blanc. On pince la sondeà l'entrée des narines et on retire le mandrin en

fer. Si le calibre de la sonde est assez grand, si les

mandrins ne sont pas trop volumineux, cette par-tie de l'opération est toujours facile et sans dou-leur. )1n'en serait pas de même si le mandrin enfer était trop gros et peu ncxible; alors, dans l'ef-fort qu'on ferait pour le retirer, la sonde pourrait

glisser entre les doigts, et on serait obligé de la

())J'aiditplushautpourquoiilestprudentdenepasmaintenir]emaladecomplétementcouche.

Page 387: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

UHS AMjÉKÉS. 3&7

réintroduire de nouveau. Rien de semblable n'est a

craindre si le mandrin en fer est très mince et très

flexible.

Des que le premier mandrin a été retiré, la tigeen baleine, maintenue jusque la courbée, se re-

dresse par son élasticité, et redresse en même tempsla sonde, qui s'applique sur la paroi postérieure du

pharynx. On pousse alors l'instrument, qui, chez

beaucoupde malades, pénetrcsans rencontrer d'obs-

tacles, mais qui chez d'autres vient arc-bouter sur la

base de la langue. La tige en baleine ne pouvantêtre brisée par les efforts très faibles qui tendent a

faire pénétrer l'instrument, celui-cine se recourbe

pas, et l'on parvient toujours après un instant, a

introduire la sonde dans l'œsophagc, très souvent

il sunit, pour le faire immédiatement, de ttéchir for-

tement la tête du malade; quelquefois on imprime à

la sondeun mouvement de torsion en la taisant pé-nétrer au-delà de l'obstacle.

Quand on est arrivé dans l'œsophagc, on des-

serre la pince du pavillon, et on enlève le mandrin

en baleine.

Avant de faire l'injection, il est très importantde bien s'assurer sion n'a pas pénétré dans les voies

aériennes.

Ordinairement, on reconnaît cet accident a

l'anxiété du malade, dont la ti~ure devient très

rouge, et aussi au bruit que fait l'air en traversant

la sonde. Le meilleur signe est encore l'a~Aox~; si

le malade crie ou parle, on ~t certain qu'on est

dans l'oesophage.

Page 388: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

S&8 AUMKKTA'ftONt'OH&ËE

Dans les cas douteux, on devra iermer avec le

doigt le pavillondelà sonde, et le malade nepouvant

plus respirer par les yeux (le l'instrument, la suSb-

cation deviendra imminente.

Enfin, comme dernier moyen on pourrait faire

une injection exploratrice de quelques gouttesd'eau. Si la sonde est dans la trachée, cette injec-tion suffira pour provoquer la toux et produire un

ràle trachéal très fort.

Ces précautions ne sont d'ailleurs importantes

que chez quelques malades aHaiblisqui ne crient ni

ne parlent, car dansles autrescas, pour peu qu'onob-servele malade avec soin avant de faire l'injectionon ne peut manquer au moins de concevoir des

doutes.

Quand l'injection est terminée, onretire la sonde,en ayant soin de fermer le pavillon avec le doigt;sans cela-on s'expose a voir tomber dans les voies

aériennes une petite quantité de liquide, que la

sonde retient encore dans sa cavité. Ce liquide peutmême suffire pour produire, comme on l'a vu plushaut, un raie trachéal très fort.

La sondedoit toujours être introduite par lamcme

narine parce que cette introduction devient de

moins en moins douloureuse ()).Il est nécessaire, avant de pratiquer l'opération,

()) Il y aà Parisunbateleurquin'a pasd'autreindustriequedes'introduiredesclous,deslamesdecouteauxdanslesnarines;it leurfaitexécutertoutessortesdemouvements,et lamuqueusenasaleparaitavoiraini perduà lalongueunegrandepartiedesasensibi)ite.

Page 389: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MS AL!É\ES. 349

de toujours redresser les deux mandrins avec beau-

coup de soin.

On ne doit recourber la sonde qu'au moment

même de l'introduire, sans cela le mandrin en ba-

leine, retenu trop longtemps courbe, perdrait son

élasticité et ne se redresserait plus.La courbure de la sonde doit aussi être faite avec

soin il faut autant que possible qu'elle soit toujoursla même.

Avecl'instrument dont je viens deparler, on n'a

a redouter, ni !s déchirure du pharynx, ni le replie-ment de la sonde sur la base de la langue. L'opéra-tion est simple et facile et tout a fait sans danger.On verra, dans les deux observations suivantes, la

sonde œsophagienne ordinaire échouer cw/ fois sur

?MM/et la sonde à double mandrin être introduit'

sans difuculté plus de six centsfois (t).

(1) H y a un autre procédé dont je me suis servi quelquefois

dans ces derniers temps et qui réussit très bien.

Lasoudesemblableà celledontse sert M. le docteurPres-sat, est ouverteparsesdeuxextrémités,et parconséquentn'a

pasd'yeuxsituéslatéralement.Ona soinquelesdeuxmandrins,un peupluscourtsquecettesonde,soientterminéspardesan-neauxassezlargespourlesempêcherdes'engagerdansle paviHonde la sonde.L'opérationdiffèrede cellequej'ai décrite,en ce

qu'onintroduitlesdeuxmandrinssuccessivement.Cen'estqu'aprèsavoirretirélemandrinen ferqu'onintroduitlatigedebaleinequi, a deuxpoucesdesonextrémitédoitêtreassezaminciepoursereplierfacilementdanslasonde,préalablementintroduitedansle pharynx.Je saisqu'ona quelquefoisemployéce procédéavecdessondesayantdesouvertureslatéralesà leursextrémités,etquelemandrinsortantparcesouvertures,avaitéraiiiëlamuqueuse.

Page 390: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

350 A~MÈKTATtOS fOUCÉH

OBSMVATtONBE)'T)Ëtt)5.

Suicide ht-redi~ire; hccmtni"; rtfu') datimeuM pe~'htttfM; m~a~~ <<~ /OMrj;

ahmentittioM feret-e à t't-Me de h sonde à (iouMe m<ttt<trin, mortj ntttopth; tbMnc<

de toKte MiiH'n damte pbarYxx et t'ftopha~e.

La nommée M. âgée de trente et unans, d'une

constitution faible, a été conduite a l'hospice de la

Salpetriere, le < ) mai t84< dans un état de lype-

manie. Le père de cette malade a été aliéné, et a

&mpar se suicider. Une tante paternelle a aussi été

atteinte d'aliénation mentale. En outre, presquee

tous les parents du côté du père ont la tête plus oit

moins faible

M. a toujours eu un caractère égal, plutôt gai

que triste; elle était douce, laborieuse, économe,

et rien ne pouvait faire prévoir chez elle l'invasion

de la maladie dont elle est atteinte. Le délire parau.

surtout avoir été provoqué par une suite d'émottons

pénibles pendant la grossesse et l'allaitement. Un

incendie éclate dans la maison qu'habite la femme

M. qui était alors enceinte de huit mois. Elle est

obligée de se sauver précipitamment presque nue

est blessée; en outre une partie de son mobilier est

détruite. Sixsemaines âpres elle accoucheheureuse-

ment, mais quelquesjours s'étaient a peine écoulés

qu'un nouveau chagrin vient l'atteindre. Elle perd

une grande partie de son linge, quelle avait conhé à

Riende semblable,commeonvoit,n'està craindreavecune

sondeouverteson Mtrémiteetavecunmandrinphiscourtque

lasonde.

Page 391: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

UHSAUH~. ~Si

une&mme chargée de la remplacer. Enfin, presqueen mêmetemps, son mari se trouve compris dansune Utilité pour une somme assez considérable.L'hiver se passe dans la gêne et la tristesse la ma-lade est forcée de dépenser une a une ses faibleséconomies. Cependant elle nourrissait son enfantet continuait s'occuper de son ménage; mais ellese plaignait souvent de céphalalgie et de sueursnocturnes avecchaleur très forte a la peau. Bientôtla tristesse, qui Était devenuehabituelle, augmente;M. est moinsactive, cesse de s'occuper de ses en-&nts; elle cstpoursuivie par des idées de suicideenfin, le 5 avril, elle se jette par la ~nêtre, et secasse une jambe. On la transporte à l'hôpital Saint-Antoine. Le ) mai, la consolidation de la fractureétant complète, la malade put être amenée à la Sal-

pêtrière.A son entrée elle est en proie a un accès de lypé-

manietrès violent; cite s'exhale en lamentations surtous les crimes qu'elle prétend avoir commis c'estelle qui est la cause de tous les malheurs, elle avoulu tuer ses enfants elle a mangé le mondequ'on ne l'approche pas, car on se souillerait en latouchant. Elle croit que pour lui faire expier ses

lautes, on met du sang dans tous ses aliments; ona la plus grande peine a lui faire prendre quelquescuillerées de bouillon; le lait même est du sang; le

pain, les gâteaux, les fruits contiennent du san"-elle crache tout ce qu'on lui met dans la bouche.

tD

Le 25 ~a;, la malade ne veut absolument rien

prendre son agitation continue, elle perd ses

Page 392: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

352 AUMENTA~tONFOnCÉE

forces. Depuis son entrée ellea notablement ma!gr),

et il deviendrait imprudent de la laisser plus long-

temps sans nourriture. On se décida a lui introduire

la sonde œsophagienne, mais une seule fois par

jour, parce que cette opération l'agite. Onse servait

d'une sonde œsophagienne ordinaire armée d'un

mandrin en fer, qu'on retirait quand l'instrument

était parvenu à la partie supérieure du pharynx.

Au-delà, le tube était abandonné à lui même.Il est

arrivé plusieurs fois que cette sonde est fefetHM~ar

/<t&ot<c/te,ou bien qu'elle s'est rep~e~<tMSp/KM~c.

M Blanche fils, interne du service de M. Mitnié,

était chargé de faire manger la malade. Il n'a pas

noté le nombre de cas oùil a éprouvé les dioicûltés

que je viens d'indiquer, mais l'opération a été le

plus souvent très facile.

Le t3~Mt~, après quarante-huit jours d'alimen-

tation forcée, M. qui avait déjà beaucoup maigri

et était devenue très faible, passa dans mon ser-

vice.

Apartir du t3 juillet j'employai la sonde a dou-

ble mandrin, et je fis des injections d'aliments deux

fois par jour (<). Descemoment, il yeut un peu de

mieux; la physionomie devint meilleure, et la ma-

lade parut plus forte.

Cependant l'agitation continuait et j'essayai de

la calmer par une potion avec une forte dose de

(<)Oninjectaitchaquefoisprèsd'unlitre,soitdechocolatau

lait,soitdeconsomme,soitdefécutedepommedeterreaugrasou

aulait,et ensuiteunpeudevindeBordeaux.

Page 393: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DESAUÉ!SÉS. 353

J '1." rt fi

2~;s

laudanum et d'eau de laurier-censé. Cette potion fut

injectée deux fois par jour, et la dose de laudanum

portée jusqu'à ~o gouttes. Il y eut d'abord un peu

plus de calme, surtout la nuit; mais ce mieux ne

persista pas, et l'opium fut suspendu le douzième

jour.

L'opération du cathétérismc, pendant ce temps,avait été faite quatre fois par jour, et la sonde avait

toujours été introduite avec la plus grande facilité.

Cefut a peu près vers cette époque que la malade

commença a faire de violents efforts pour s'opposerà l'opération. Tantôt elle élevait le larynx en tenant

la bouche fermée; tantôt elle se bornait à faire une

longue expiration en poussant un cri continu (i). A

partir de ce moment, nous rencontràmes presqueconstamment un obstacle qui jusque là ne s'était

présenté que rarement. La sonde venait arc-bouter

sur la base de la langue, et ne pouvait franchir ce

point, il fallait attendre un instant, tâcher de dis-

traire l'attention de la malade, et pousser ensuite.

Souvent nous franchissions immédiatement l'obsta-

cle eninclinant fortement la tête sur le tronc; quel-

quefois il suffisait de faire exécuter à la sonde un

demi-mouvement de rotation pour pénétrer facile-

ment. Dans d'autres cas, on fermait brusquementla bouchede la malade, et en même temps on pous-sait rapidement le tube. Quelque moyen qu'on ait

employé, nous devons dire qu'on n'a, dans aMCMt

(<)La maladejusquelàs'étaitbornéeà sedébattre,a remuer

latêtequandonvoulaitintroduirelasonde.

Page 394: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~!MENTAT)OK FONCÉE

Cas. ét~nhUtr~~f. tl <

~,6teobhgé de retirer la sonde, que celle~ine

s est~al. recourbée, et~eTop~~ïa d.<Rcultë que je signale, a

tou~our. été tc~-néeenmotns d'une minute. La volonté de l'aliénéea donc été

nnpuis.santc, etl'opération, pour durer

quelques seconde, de plus, n'en apas moins été

faite avec la même régularité et sans plus de dou-leur (t).

Du .4 <M~au t5 ~~6re, on a fait un grand

(<)On se rappelle q~pendanUes quarante-huit premiers joursavait été nourrie

~d-une sonde~phagienne ord.na.reet que l'opération avait, en g~a!. été facile.En eùt-t encoreétéde même a cette époque, of. la malade était parque à créer unobstacteàj'opération?

Je d..s dire qu'à cet égard ma convictionétait faite à l'avanceK mesemblait impossible en efTet,quune sonde moiïe, ne.iMevenant arc-bouter sur ta base de la langue, ne s'y repliât pas leplussouvent quand on essaieraitde la faire pénétrer au-deta Ce-pendant. commecette convictionn'était paspartagée, je cru. de-voir laisser faire à cet égard quelques tentatives, qui d'ailleurs.étaient tout fait sans danger. La sonde sans conducteur avait étéemployéependant tes quarante-huit premier, jours; c.t~nde estta seute dont onse serve encoreaujourd'hui danstous les asiles d'a-liénés, il n'y avait donc point d'inconvénient à revenir à sonemploi.

tentatives furent faites par MM.Blanchenjs Blot et Bouand .~terne.aà la Sa.pMriére.qui, jusque)a, .'étaientservischezla maladede ta sonde à doublemandrin,et avaient, dans touslescas, terminé promptementet facitementf'opératiott

Dans huit cas, !a sondeest venue arc-bou~ sur la base de !alangue. ,<a

Elles'y est repliée cinqfoiset pu p~~ au-delà. Dansl'unde ces cas, l'instrument, reptié dans la bouche en est sorti tout à

Page 395: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MSAUKKf~. 355~)

nombre de tentatives pour décider cette malade arevenir de la fatale détermination qu'elle avaitprise.On essaya de la visite de son mari et de son enfant,mais tout fut inutile elle répétait qu'elle voulait

mourir, qu'elle était une malheureuse souillée de

crimes, qu'on ne devait pas l'approcher ni la tou-

cher; elleétait toujoursconvaincue qu'on ne lui fai-sait manger que du sang et des ordures.

Elle n'a cessé de faire de violents efforts pour ré-sister a l'opération; elle contractait, autant qu'ellele pouvait, les muscles du pharynx en retenant sa

respiration Après l'injection, elleessayait de vomir.La maigreur, qui était déjà très grande lors dé

l'entrée dans mon service, avait graduellement aug-menté et était devenue extrême. Je voulus fairee

pratiquer trois injections par jour au lieu de deux;mais pour la première fois il survint de la diarrhée;deuxjours après, cette diarrhée avait cessé; cepen-

coup,et on a dû couper toute la partie qui dépassaitpour éviter deiadouteur~tamatade.

Dans trois cas la sonde a franchi l'obstacle mais avec plus do

peine etde tempsqu'avec la sondearmée d'un conducteur.Dansl'un des cas, )a sonde n'a point rencontre la base de la

tangue et elle a été introduits dans F œsophagetrès promptementet très facilement.

Commeces tentatives n'avaient pour but que de déterminer jus-qu'à quel point la sonde œsophagienneordinaire réussit lorsqu'onrencontre l'obstacle de la base dtt la ianguc, nous n'avons pointcompté ce cas. La sonde sans conducteur a donc échoué ct'tt~foissur huit. Depuislors, répreuve a paru suffisanteà tous, et ta sondeà doublemandrin a seule été emptoyéc.

Page 396: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

356 AUMEKTATtONFMCÉK

dant elle n'en contribua pas moins a augmenter lafaiblesse. Bientôt on dut renoncer a lever la maladea cause des syncopes qui survenaient de temps en

temps. Des escarres se formèrentau siègeLe 5 n~ern~'c, la maigreur et la faiblesse étaient

telles, qu'on dut perdre tout espoir de sauver lalemmeM.

"'Le t8, elle prit seule un peu de café, et dans la

journée un potage et du lait. L'état mental était meil-

leur mais c'était là une de ces améliorations qu'onobserve souvent chez les aliénés, peu de temps avantla mort. La malade succomba en enctia huit sui-

vante, sans avoir eu de nevre.

~t~op~e le 20 Hou<W)6re.Maigreur extrême detout le corps escarres au sacrum.

On commencepar examiner avecsoin le pharynx,la base de la langue, l'œsophage et le larynx, et onne trouve dans tous ces points aucune trace de lé-sion. Partout la muqueuse est pd~e et par/a~eMetXsaine. Il n'y a aucune injection dans le larynx, la tra-chée et dans l'cesophage.

Le cathétérisme œsophagien, répété deux fois

par jour pendant près de cinq mois, n'avait doncdéterminé aucune altération appréciable.

L'estomac était un peu revenu sur lui même, etil offraitdans son grand cul-de-sac deux ulcérationstrès superficielles et qu'on ne découvrait qu'enexaminant la muqueuse avec beaucoup d'attention;il y avait près du pylore des rides nombreuses, etla muqueuse avait une teinte légèrement ardoisée.Le reste du tube intestinal était sain.

Page 397: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ut:SAuA~:s. 357

Le cœur avait un très petit volume; le ventricule

gauche était le siège d'une hypertrophie concentri-

que très prononcée Le lobe Inférieur du poumondroit était hépatisé le tissu en était ferme, et non

crépitant, et ne surnageait pas quand on le coupaiten très petits morceaux. 11n'y avait pas de tuber-cules.

La surface du cerveau avait une couleur plusblanche que dans l'état normal les membranesn'adhéraient pas, elles étaient seulement un peuépaissies. La substance cérébrale n'on'rait rien quimérite d'être noté.

Cette observation meparaît remarquable sous plu-sieurs rapports.

L'alimentation forcée a été continuée pendantprès de six mo~, et je ne connais pas d'exemple dans

lequel l'emploi de la sonde ait été aussi prolongé.Oubien, en effet, les malades consentent a manger,ou bien, en général, ils succombent après quelquesmois au plus. Nous pensons que ce résultat est dua la quantité des aliments qui ont été ingérés, mais

surtout a la régularité des repas. Disons aussi que lalacilité avec laquelle l'opération a été faite danstous les cas, en évitant a la malade des luttes Ion

guéset pénibles dont nous avons plus haut cité un

exemple, a pu contribuer a retarder une terminai-son fâcheuse. Cette terminaison n'a pas été à notre

avis, uniquement produite par le mode d'alimenta-tion. L'agitation prolongée et l'épuisement nerveux

(lui en a été la conséquence ont aussi puissammentcontribué a affaiblir lamalade. Nous allons, en effet,

Page 398: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

3SS AUMESTAnos t'OMCËË

ctter ~lemot i onservauona uneautre auenee qm a

vécudela mêmemanière pendant cinqmois et demi,et dont la santé s'est maintenue assez bonne malgréun amaigrissement progressif. Cette aliénée avait

déjà peu de temps auparavant été nourrie six se-

maines à l'aide de la sonde, et elle se trouvait sous

ce rapport dans des conditions de santé moins

bonnes peut-être que la femme M.

L'absence de toute altération appréciable dans le

pharynx et l'oesophageaprès plus de trois cents in-

troductions de sondes œsophagiennes mérite d'être

notée, on se rappelle, en efïet, les ecchymoses trou-

vées dans ces parties après douze jours chezun

aliéné dont j'ai rapporté plus haut l'observation

Dans ce dernier cas il n'y avait eu que seize opéra-tions maiselles avaient été faites avec une grossesonde œsophagienne sans conducteur; le plus sou-vent cette sonde se repliait dans !e pharynx.

Il nous importe surtout de faire remarquer quel'opération, répétée près de trois cents fois avec la

sonde à double mandrin a dans ~MM cas été

prompte et facile, malgré l'obstacle de la base de la

langue et les violents efforts que faisait la malade.

.te n'atqu'a rappeler le fait d'Esquirol, et l'impos-

sibilité oa fut M. Duhois de passer la sonde dès le

second jour, et les autres observations analogues

que j'ai citées, pour prouver que ce résultat n'est

pas sans intérêt.

Les tentatives avec la sonde ordinaire ont échoué

chezcette malade cinqfoissur~M~quand on a trouvé

l'obstacle de la base delà langue. Ce lait, à notre

Page 399: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DESADÉNÉS. g5Qavis, pfbuveautant que possible l'avantage du con-ducteur, qui permet dans tous les cas la sonde derésister a la pression et l'empêchede se recourber.

OBSERYATfOKHCtTt&ME.

M~Mmani.;f.f~, d'.Hment.pendant<-<“<.Mh~y.t.m.ntati.n forcée

àt'aided9)atondei«ionHemaodrm(<).

«Laure, quarante-neuf ans, fille, sans profession,est entrée pour la première fois a la Salpêtrière leaoenvier t8~6. Les renseignements sur les anté-cédents ont été fournis par son oncle, qui est enmême temps son père adoptif, et aveclequel elle ha-bite depuis longues années. Elle a reçu une bonneéducatton; elle était d'un caractère entier, quoiquedoux, habituée à faire dominer sa volonté, et ne cé-dant jamais dans les discussions. Depuis l'âge devingt ans elle a été assez souvent malade elle secroyait atteinte de plusieurs affections mortelles etde tous les maux dont on parlait devant elle. Elle abaucoup lu, mais sans ordre, sans discernement, ts'cxaltant facilement pour tel ou tel auteur- la

phrénologie l'a surtout beaucoup occupée. Elle aconnu assez particulièrement Broussais, a long-temps médité ses ouvrages et ne rêvant plus qu'in-nammation, irritation, elle s'est mise au régime

(<)Cettemalade,avantd'entrerdansmonservice,avaitdéjàétédansceluide M.M~tivié.eu elleavaitpasséprèsdesixse-mainessansmanger.JecitetextueHententcettepremifrepartiedej'observationd'aprèsM Blanchefils.interneduservice.

Page 400: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

360 ALtMEKTATtONMBCÉE

végétal, se nourrissant de légumes, de fruits, bu-

vantde l'eau. Elle a éprouve d'assezgrands chagrins

domestiques, et c'est de cette époque que date sa

maladie, dont l'invasion a été subite il y a deux ans

environ. Elle fait a différentesreprises plusieurs sé-

jours dans une maison de santé, et est enfin amenée

à la Salpêtrière le ao janvier 18~6.Elleyarrive dans

un état d'exaltation extrême entremêlant les mots

de Laure Grouvelle, Fieschi, Broussais cràniolo-

gie, phrénologie, charte constitutionnelle, magné-tisme. Un bain de trois heures ne la calme pas elle

ne veut pas manger dans la crainte d'être empoi-sonnée.

»25. Depuis sonentrée, la maladen'a rien mangé

je la menace de lui introduire unesonde par le nez

elle me répond aveccalme et sang-froid que je peuxne pas attendre jusqu'au lendemain qu'elle est bien

décidée à ne rien prendre avant- qu'on lui ait

rendu sa liberté; qu'elle préfère la mort. Puis elle

m'annonce que jadis elle a fait unechute grave sur

le nez, qu'elle souffre encore de la narine droite, et

elle me prie de lui introduire la sonde du côté

gauche.

N2~.Toutes les tentatives faites pour l'engager a

se nourrir et pour la faire manger de force ont été

infructueuses. Elle s'affaiblit, ne peut plus se tenir

sur ses jambes; elle me dit qu'elle meurt de jfaimet

de soif, mais que pour tant elle ne mangera que

quand elle aura sa liberté on la porte au parloir,ou son père en larmes la supplie de manger; elle est

inexorable. Enfin je l'avertis que le soir mêmeje lui

Page 401: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DES AtjëKÉS. 361 i

ia 1'1introduirai la sonde elle me répond qu'elle est

prête a tout souffrir. En me voyant arriver, elle semet tranquillement sur son séant; je lui renouvellemes instances, auxquelles elle résiste toujours aveccalme et fermeté on apprête la sonde la seringuelaisse échapper le bouillon, elle nous indique elle-même de l'air le plus naturel, et comme si tous ces

apprêts s'adressaient a une personne qui lui fut en-tièrement indifférente, qu'il faut ou ajouter duchanvre ou bien encore tremper le piston dans del'eau chaude. Tant de sang-froid m'épouvante, l'a-limentation par la sonde est d'une durée nécessaire-

ment bornée, elle est incomplète, insuffisante; en

présence d'une volonté aussi arrêtée, ne vautil pasmieux faire des concessions? Je dis alors a made-moiselle C. que, si elle consent à manger, dans

trois jours elle sera libre. Je m'engage solennelle-ment à tenir ma parole, et j'obtiens qu'elle prennede la nourriture.

"Depuis le 27janvier jusqu'au 3o, jour de la sortieaccordée par M. Mitivié, elle mange comme toutesses compagnes, est fort calme, mais elle conserve

toujours ses idéesdélirantes.

"Rentrée dans sa famille, elles'exalte de nouveau,prétend queje n'ai pas tenu ma parole, parce qu'ellen'a pas toute sa liberté, la police lui défendant desortir seule dans la rue. Son père l'accompagne à la

promenade; elle parle à haute voix et ameute les

passants; on est obligé de lui interdire toute sortie,et depuis le 5 février elle refuse de manger. La

voyant bien décidée a ne plus prendre de nourri-

Page 402: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

362 AUMMTATtONFOKCÈE

ture, son père la laisse sorUr, pretérant qu eue soit

arrêtée; elle fait de nouvelles extravagances, est en

effet arrêtée et conduite de nouveau a laSàlpêtrièrele février. A son entrée elle nous annonce avec

le même sang-froid que, privée dé sa liberté, elle

ne mangera plus. Cette résolution bien ferme ne

pouvant être vaincue, on décide, sans attendre quela malade s'affaiblisse et sounre de la faim, qu'onlui introduira la sonde œsophagienne dès le lende-

main. A toutes mes prières, a mes menaces, elle

répond par un refus péremptoire; ie lui introduis

donc par le nez une sonde de moyen calibre qui

pénètre facilement. Depuis le 28février jusqu'au a6

avril, je lui introduis la sonde deux fois par jour, et

on la nourrit ainsi avec de la fécule au gras, au mai-

gre, de la gelée de viande, de l'eau et du vin sucrés.

Tous les jours elle prend un bain gélatineux d'une

demi-heure. Quand le temps est beau, on la met au

soleil, car, de même qu'elle ne veut pas manger, elle

ne veut marcher que pour aller au parloir voir son

père ou sa sœur quand lavisite est terminée, elle dit

tranquillement Maintenant que j'ai fait ce que jedésirais, je ne marche plus. Et si on ne la porteelle s'affaisse contre le mur et se laisse tomber. Une

seulefois elle consentit a manger; c'était le 5 avril

je lui dis qu'elle me rendrait un véritable serviceen

m'évitant la peine de revenir le soir elleme promitde manger seule et tint parole.

"Le 20 avril, M. Mitivié lui assure que si pendanthuit jours de suite elleconsent a manger, que si elle

est calme, régulière, que si elle renonce a toutes ses

Page 403: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

UKSAUÊ~ÉS. 363

prédications sur le magnétisme il lui rendra la li-

berté l'épreuve est trop longue et elle n'a pas la

force de la supporter. Elle refuse de nouveau les

aliments sur la menace qu'il faudra prolonger en-

core t'éprouve.» C'est alors que la malade f\tt transférée dans le

servicede M.BaiIIarger, ou elle entra le 2 mai.')Je n'ajouterai rien aux détails qui précèdent; ils

suffi sentpour bien faire connaître l'état de la maladeet la nature de son délire.

Le lendemain de son arrivée dans mon service

je déterminai mademoiselle L. à manger en lui

promettant sa sortie prochaine~a certaines condi-

tions, mais sans fixer d'époque précise. Je parvinsavec beaucoup de peine à gagner ainsi jusqu'au a3

juin; mais a partir de ce jour, la malade recom-

mença de nouveau refuser toute nourriture, en an-

noncant qu'elle persistera tant qu'on ne lui accor-

dera pas sa liberté. Après avoir vainement cherché

à la faire renoncer à sa résolution, je lui fis intro-

dmre la sonde œsophagienne a double mandrinmatin et soir, a partir du '~5juin.

Mademoiselle L. n'opposait aucune résistance,et l'opération se faisait toujours avec une extrême

facilité. On injectait soit du consommé, soit du cho-

colat, delà bouillie, de la fécule de pommes de terre

au gras et du vin de Bordeaux.

Apres trois mois M. le préfet de police vint visi-

ter la Salpêtriëre il vit la malade, lui promit la

sortie si elle consentait ir manger pendant quinze

Page 404: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

364 ALtMENTATtOffyOMCKK

jours; mais elle vou!ut tmposer descondtttOM ïm-

possibles à remplir, et on dut continuer l'usage dela sonde.

Après cinqMOMet ~e??nd'alimentation forcée, ma-

demoiselleL. n'avait encore éprouvé aucun déran-

gement intestinal; elle n'avait pas de fièvre se

levait et se promenait un peu chaque jour; cepen-dant elle avait beaucoup maigri.

On cherchait souvent à la faire revenir de sa ré-

solution, mais elle se montrait toujours aussi exi-

geante. Elle voûtait qu'on lui délivrât un certincat,

constatant qu'elle n'avait jamais été aliénée. Ce

certificat devait être signé de trois ouquatre méde-

cins, et approuvé par le préfet de police. On eut

pu bien facilement la tromper, mais je pensais qu'onn'arriverait point ainsi au but désiré.

Enfin le décembre,après Go~oufs d'alimenta-

tion forcée je parvins a décider la malade à man-

ger seule en lui promettant sa sortie quinze jours

après, mais sans autre condition.

Aujourd'hi, 5y<Mtf<er,mademoiselle L. a repris

des forces et de l'embonpoint. Depuis trente jours,non seulement ellemange sans difficulté, mais, mal-

grémes conseils, elleprend une tropgrandequantitéde nourriture aussi a-t-ellc eu de la diarrhée a deux

reprises, ce qui n'avait jamais eu lieu pendant les

) 60jours d'alimentation forcée. Un prétexte a per-mis de faire rester mademoiselleL. quelquesjoursde plus à la Salpêtriërc. J'espère si on ne peut se

dispenser d'accorder la sortie, placer la malade

Page 405: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t)t.SAHEiSËs. 365

dans une maison où elle sera surveillée pendant

quelque temps. On la ramènera ensuite à l'hospicedans un autre service; on aura ainsi gagné plus d'unmois d'une bonne alimentation, et peut-être aprèssa rentrée la malade ne recommencera-t-elle pas

l'épreuve si dangereuse qu'elle vient de traverser.

Cette seconde observation n'est pas moins cu-

-rieuse que la première, et tout fait espérer que la

maladie aura une issue moins fâcheuse.

Le premier fait à remarquer, c'est que pendantcette alimentation forcée de i 6ojours, il n'y a

jamais eu ni diarrhée ni fièvre. Mademoiselle L.

depuis quinze jours, a pu digérer chaque jour une

très grande quantité d'aliments ce qui prouve queles fonctions digestives n'ont point été altérées.

Le cathétérismc œsophagien, avec la sonde à

double mandrin, a été pratiqué 3ao foiset toujoursavec facilité. Quoique la malade ne fît aucune rét is-

tance, la sonde n'en venait pas moins arc-bouter

souvent sur la base de la langue. Mfallait alors at-

tendre quelques instants pour la faire pénétrer danss

l'oesophage.Unjour on tenta d'introduire unesonde

sans conducteur. L'extrémité de cette sonde vint

aussi appuyer sur la base de la langue et l'opéra-teur, malgré son habileté et la longue habitude

qu'il avait de l'opération, ne put faire pénétrerl'instrument dans i'cesophage. Cette tentative n'a

pas été renouvelée, et je ne pense pas qu'il faille

en conclure qu'à cette époque le cathétérisme, avec

la sonde œsophagienne ordinaire, eût été impos-sible je crois seulement qu'on aurait souvent

Page 406: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

366 ALnu.NTATtn~OtiCHK~

éprouvé des d~cult~s q~t a~r~~t n~CM p~t~-sieursteîitatives.

OBSERVATION KEUVtàttE,

La nommée P. Irlandaise, âgée de soixante-

dix ans, d'une constitution forte, est depuis plus de

dix ans à la Salpetrière, dans un état de monomanie

religieuse.Le 22 oo~ '8~6 sans qu'on ait pusavoir pour-

quoi, cette femmerefuse toute nourriture. Plusieurs

fois par jour on lui offreen vain les aliments quelle

préj~rait. 'L! J' .J'Le 23, après bien des instances, elle demande

un mets irlandais composé de riz de et de

piment; on le lui prépare immédiatement mais

elle le refuse, et consent seulement atjoire un demi-

verre de lait.

Le 24, refus obstiné deprendre la moindre chose.

Même refus le 25, on se décide alors, à cause de

son état de faiblesse, a lui Injecter du consommé

et un peu de vin de Madère au moyen de la sonde

œsophagienne. L'injection était à pein~ terminée,

que la malade manifesta son contentement et le

bien-être qu'elle éprouvait, Pendant quinze jours

beaucoup de tentatives renouvelées dans te but de lui

faire accepterdes aliments restent infructueuses; on

est obligé de répéter deux fois par jour l'opération

ducathêtérismeœsopimgien. Apres ce te~ps~ p

recommença à manger seule, mais elle ne prenait

qu'une petite quantité d'aliments. Elle s'affaiblit

Page 407: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MSAUHXKS. 3671.

gjraQu~uementsous nnttuencc d'une attecUon can-.céreuse de l'utérus, et succomba peu de tempsaprès.

Chez cette malade l'introduction de la sonde a

double mandnn a toujours été d'une extrême faci-

lité. P. d'aiUeursne faisait aucune résistance, et

l'opération était des plus simples.SI l'on cherche à résumer les faits qui précèdent,

on voit

1° Que la sonde œsophagienne à doublemandrina été introduite

Chezunemalade. 280fois.Chez une autre 320

chez une troisième. 30

En tout. 620fois.

Queces6ao opérations ont été faites avec iaci-

ut~ en moins d'une minute, sans le moindre acci-

dent, et que, dans tous les cas une seule tentative

a suf&(t).3" Que l'une des malades ayant succomba après

a8o opérations, il a Étéimpossible de découvrir lamoindre lésion dans le pharynx ou l'œsophage.

4' Quechez cette malade, la sonde œsophagiennesans conducteur, essayée neM/b~ a échoué c~/oMentre les mains des mêmes personnes (pu avaient

(<)Lasondeapenftréct)K~(tSM/b)'dansieiarynx,maisons'enest toujoursaperçuimmediatenient,et ila suffidela rottrerd'undemi-pouceetdel'enfoncerensuitepourterminert'opératioi)cen'estdoncpas!it,uproprementparler,unaccident.

Page 408: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

AUMjENTATtOSFORCEE

~MM et sans ea?e~)~on,introduit sans difficulté`

la sonde a doublemandrin.

Ces faits peuvent légitimement faire espérert'Qu'on parviendra désormais a nourrir, dfatM~M~

lescas, les aliénésà l'aide de la sonde à double man-drin, et qu'on ne sera plus obligé de renoncer à ce

moyen, commecela a eu lieu dans les faits observés

par Esquirol, MM.Trélat, Barbier et de Crozant.2° Qu'on pourra aussi, dans tous les cas se dis-

penser d'avoir recours a des moyens violents pourouvrir la bouche, et qu'on n'aura plus a redouter

pour les malades des luttes douloureuses qui les

épuisent.3" Qu'on évitera toujours ces tentatives infruc-

tueuses répétées chez quelques aliénés jusqu'à cinqou six fois pour faire pénétrer dans l'œsophage lessondes sans conducteur.

4' Que les accidents mortels dont j'ai cité plu-sieurs exemples et qui ont été produits par la dé-chirure du pharynx, ne sont point à craindre avecles sondes à double mandrin ( t ).

(<)Voir&tafin duvolumelanoten°8.

Page 409: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

24

APPENtHCE.

FRAGMENTSSUR LA FOUE.

Page 410: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

1.

M LAFOLIEALASU!TEDESFIBRES.~MtTT~TM.

ït.

DESLE.S.ONSDEL'ATTENTtOKDANSLAFOL<E.

ïïï.

M LAP~Dt.SPOS<TtO!<AUX!D~ESF.XES.

~.ÏV. 'l'OKLAFRÉQUENCEDELAMONOMANtE.

V.

OUDEBUTD~LAMARCHEDELAMONOMAN.Ë.

DESCAUSESDELAt.-OL.ËCHEZLESPftlSOi-IERS.

Page 411: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ï.

DELAFOLIE

AUSCItEBËS

FIÈVRES INTERMITTENTES~

Parmi les médecins qui ont écrit en France surles maladies mentales, plusieurs ont indiqué lesfièvres en général comme prédisposant à la folie.Aucun ne paratt avoir fixé son attention d'une ma-

nière spéciale sur les fièvres intermittentes, signa-lées par Sydenham, Boerhaave et quelques auteursallemands comme une cause assez fréquente des dé-

rangements de l'intelligence.Cesilence des manigraphes français peut s'expli-

quer jusqu'à un certain point. Presque tous en ef-

iet, ont observé la folie à l'aris, où les fièvrestntermittentes ne sont pas communes et ou elles

())Voir àlafinduvolumelanoteno&.

Page 412: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

DE LA MUR

acquirent rarement l'intensité qu'elles ont dansd'autres localités. On conçoit donc que les faits quise présentent soient passés inaperçus.

Avant d'aller plus loin je croîs devoir rappelerle passage dans lequel Sydenhamparle de l'influencedes Sèvres intermittentes sur la production de lafolie. J'emprunte ce passage à la traduction deBeaumès.

Après avoir indiqué les nombreux accidents quisuivent les fièvres Intermittentes, accidents, dit-il,dans le détail desquels il ne peut entrer, Sydenhamajoute

a Maisje ne saurais m'empêcher de parler d'un

symptôme important, qui, bien loin de céder aux

purgatifs, pas même à la saignée, devient ait con-traire plus violent par ces remèdes. C'est unesorte de manie particulière, laquelle vient quelquefois après les fièvres intermittentes qui ontduré fort longtemps, et surtout après les fièvres

quartes, »

Sydenham insiste ensuitesur le traitement de cetteespèce de folie contre laquelle il recommande les

toniques.Il ne saurait assurément y avoir ici aucun doute.

L'illustre praticien anglais a observé à la suite defièvres intermittentes une espèce particulière defolie. II l'a observée assez souvent, et s'étonne queles auteurs qui l'ont précédén'en aient rien dit. Onpeut à plus forte raison manifester aujourd'hui lemême étonnement du silence des médecins qui ontécrit en France suMes maladies mentales.

Page 413: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ALASUnEHt.SFtÈVtŒ.StMmmmt.STMS. 373

(~est l'oubli presque complet dans lequel est resté

chez nous ce point de pathologie qui m'engage a

publier les deux faits suivants, dans le but sur-

tout de provoquer sur ce sujet de nouvelles re-

cherches.

OBSERVAtiON FRENtÈttE (<).

M. B. âgé de vingt-cinq ans, chef de bureau

dans une administration, fut amené à la maison de

Charentott, le <2août t833, d'un département ou

les fièvres intermittentes sont endémiques.

Il résulte des renseignements donnés par la ia-

mille que ce jeune homme entrait a peine en conva-

lescence d'une fièvre intermittente qui avait dttré

six semaines, lorsque la folie a éclaté tout a coup

après quelques jours d'une céphalalgie très in-

tense.

Oneut recours sans succèsaux saignées générales,

aux applications de sangsues et aux bains, et M.B.

fut conduit à Charenton, offrant tous les symptômes

de la variété de folie décrite par Georget sous le

nom de stupidité.

La physionomiedénotait une profonde hébétude

le malade restait toute la journée Immobile à la

même place dans un état complet de mutisme. Il ne

prenait aucun soin de propreté on était obligé de

le faire manger.

()} Cetteobservationestune de cellesquej'ai publiéesavec

jetaitdansmonMémoiresur la stupidité.

Page 414: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MtAfOLtE: P,

M. Estjttîrol fit appliquer ùttMpgë ~Meatûife

ia nuque, et âpres trois mois ia guêrisoh était em-

piète.

OMMVATKMOEUftÈMË.

i'~e de quarante-quatre ans, avait eu atantes une fièvre intermittente tierce, qui s'était

prolongée pendant trois mois elle était convales-cente depuis trois semâmes lorsqu'elle retomba ma-lade à Paris. Oncrut d'abord que c'était u~e récidivede là nèvre intermittente. Le premier jour, en effet,

ily eut une fièvre très forte qui se termina par unesueur très abondante. Cependant cette n~vre n'a

plus reparu mais. depuis ce moment on a observédes signes non équivoques de Iblie. Le 14juin der-

nier, cette femme fut amenée a la Salpêtriëre dans leservice de M. Mitivié. La physionomie avait une

expression de crainte et indiquait en même tempsune sorte d'hébétude. La malade ne semblait passavoir où elle était, ni comprendre ce qu'on lui von.lait. EUeavait l'air égaré, et ne prononçait quequelques phrases très courtes et sans suite. Elle

craignait qu'onne la fît porter a la Morgue,qu'on nel'empoisonnât, etc. Ses vêtements étaient ea dé-sordre et on était obitgé de la faire manger. Aprèsun mois elle fut retirée de la Salpêtrière par sa fa-

mille, avant qu'on eût encore obtenu aucune amé-~lioration.

Les deux observations que je viens de rapporteront cela de commun que les malades étaient tous

Page 415: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

ALASUtTEDESPtÈVBMStNTUMmTENTËS.375

deuxconvalescents d'unelièvreintermittentelorsque

ta MMa éclaté sans cause occasionnelleappréciable.Je crois devoir rappeler que c'est aussi pendant la

convalescencedes fièvres intermittentes que Syden-ham a vusurvenir la folie,Il dit positivement qu'elleleur succède et non pas qu'elle les complique. Ce

point est encore confirmé par un médecin allemand,Sëhastiaan, qui va jusqu'à dite que, dans certains

cas, le délire éclate plusieurs mois seulement aprèsla cessation de la Rèvre.Le même auteur ajoute quela folie survient souvent lorsque la fièvre récidive

or, c'est ce qui paraît avoir eu lieu chez la secondemalade dont je viens de parler.

Les/deux faits qui précèdent se trouvent donc

complètement d'accord avec ceux qu'ont indiquésSydenham et Sébastiaan, et dont les auteurs qui ontécrit en France sur la folien'ont rien dit..J'ai penséque cesfaits auraientpeut-être sous ce rapport quel-que intérêt.

Je pourrais m'arrêter ici, me bornant a faire

appel à de nouvelles recherches, mais les deux ob-

servations quej'ai recueillies confirment d'une ma-nière singulière un autre passage de Sydenhamdans lequel, après avoir parlé de la folie en géné-ral, il revient sur celte que provoquent les fièvres

intermittentes.

«H y a, dit-il, une autre espèce de manie quisuccède aux fièvres Intermittentes de longue duréeet qui dégénère enfin en stupidité. »

Sydenham ne se borne plus ici a signaler la folieà la suite des Sèvres intermittentes. 11lui assigne

Page 416: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MtAJFOt.tE

dans ce cas un caractère ou ~u m<nnstHMtefm;-naison

spéciale ~Ue dégénère, di~.e~Or, ne dois je pas faire remarquer que les deux

malades dont j'ai parlé sont précisément tombésdans cet état de stupidité signalé par Sydenham?

Cette complication n'a d'amours rien qui doive

surprendre, puisqu'elle survient quelquefois a lasuite des fièvres mtermittentes sans être précédéed'aucun dérangement de l'intelligence.

Je rappellerai entre autres les faits suivants:Le docteur Trusen cite l'obserYation d'un mtU-

taire, âgé de vingt-six ans, qui, âpre s une fièvreintermittente

tierce,,resta pendantquatre moisdansun état de stupeur avecune sorte d'insensibilité gé-~f~t'~ mêmes symptômes, survenus aussi a lasuite une fièvre intermittente, persistèrent a peuprès le même temps chez un autre militaire, âgé deTingt~tans. Chez un troisième malade, la stu-peur disparut après deux mois.

M. J~epple, dans son Traité des nëvres intermit-tentes, rapporte aussi l'observation d'un malade quipassa vingt jours dans une sorte d'idiotisme.

Enfin, M. Moreau, médecin de Bicetre, a vu à

l'hôpital deTours, oùles fièvres intermittentes sonttrès communes, un fait du même genre, mais danslequel l'idiotisme

persista beaucoupplus longtemps.Ainsi un état de stupeur oud'idiotisme, pouvant

se prolonger pendant plusieurs mois, est un desaccidents

consé~tifs des fièvres intermittentes. Onconçoit donc qu'il soit aussi une complication de laMie survenue n la suite de« mêmesnevres.

Page 417: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

A H tOTK CKSt')t.VMMtXTHttMrn'HSTKS. 5~7

Il me reste a examiner comment les tièvres inter-

mittentes peuvent concourir a produire ta folie, et

pourquoi la folie, dans ce cas, dégénère ça stupi-dité.

La nature des lièvres intermittentes n'est pas con-

nue, mais on a pu assez lacilementdémontrerqu'ellesavaient beaucoup d'analogie avec les auèetions ner-

veuses. Or, les maladies du système nerveux, parl'ébranlement et l'excitation qu'elles lui impriment,

prédisposent toutes plus ou moins a la folie. L'épi-

lepsie, l'hystérie, la chorée, les gastralgies, etc.,sont dansce cas. Les nèvres intermittentes peuvent

donc agir de la même manière mais elles semblent

sous un autre rapport avoir une action encore plusdirecte.

Tout le monde sait qu'un état particulier d'ané-

mieest unrésultat constant desnèvres intermittentes

qui se prolongent. Mrésulte de cet état une prédo-minance fâcheuse du système nerveuxsur le systèmecirculatoire, et, chez les sujets disposés aux anec-

tions nerveuses, c'en est assez pour les produire. Je

rappellerai à cette occasion les perversions morales

des cblorotiques, l'excitabilité nerveuse développéechezbeaucoupde sujets par dessaignées abondantes,et entin cette proposition si souvent répétée, mais

si vraie, que le sang est le modérateur des nerfs

~<M~MMtno~era~ot'nert'orKMt.

Ainsi les nèvres intermittentes prédisposent il la

foliede deux manières d'abord en agissant comme

toutes les aHections nerveuses, mais bien plus en-

core, peut-être, en produisant l'anémie et la pré-

Page 418: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

378 OKt.AMUE

dominancedu système nerveux sitr le s~stë~e cir-culatoire. C'est pourquoi Sydenham dàMsles cas dece genre recommande avant tout les toniques.

H est plus facile encore de s'expliquer pourquoila folie provoquée par les Rèvres intermittentes

prolongées dégénère enStupidité.Les hydropisies sont, commeon sait, Utïdes acci-

dents consécutifs les plus communs dès nëvres in-

termittentes. Or les épanchements séreux, commele remarque avec raison M. Bretonneau, se font

tantôt dans un point, tantôt dans un autre, selonla prédominanced'irritation de tel ou tel organe.

C'est donc au cerveau qu'anluérâ la sérosité chezun sujet aliéné. Onconçoit donctrès bien commentla folie, a la suite des fièvres intermittentes, se com-

plique d!cedeme du cerveau, et comment de cetcedëmerésultera unecompressionqui jettera le ma-lade dans l'état de stupidité indiqué par Sydehham,et quej'ai rencontré dans les faits quej'ai rapportés.

Ces idées se présentent si naturellement que ledocteur Trusen a cité les observations de stuneUr ala suite de fièvres intermittentes quej'ai rappeléescomme des exemples d'hydrocéphale. Cela a parusi simpleencore, dansle fait vua l'hôpital de Tours,

que M. Bretonneau fit appliquer sur la tête du ma-lade un large vésicatoire pour faciliter là résorptiondu liquide épanché.

On pourrait donc Apnon attribuer la stupidité àla suite des fièvres intermittentes a l'œdëme du cer-

veau mais voici des preuves plus directes.

M Etoc, médecin en chef de l'hospice des aliénés

Page 419: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

A LA SUtTËUKSt'fKVKE~itMEfUHt'TKXtES. 379

t..E<t*ttt~ ,)' ~nde la Sarthe, qui a publié une excellente monogra-phie sur la stupidité, a recherché a queUe lésion

anatomique cette complication pouvait être rap-

portée. Or, dans toutes les autopsies qu'il a faites,il àconstamment trouvé une véritable hypertrophiedu cerveau produite par l'œdème de la substance

cérébrale.

Ce qu'il importe de remarquer, c'est que M. Etoc

n'a nen dit dans son travail de l'influence des fièvres

intermittentes sur la production de la stupidité;

cependant il eut pu invoquer cette inuucncc, qui

explique jusqu'à un certain point l'oedème du cer-

veau. L'altération signalée par M. Etoc a donc été

Observée en dehors de toute idée préconçue, et les

faits qu'il a publiés ont, sous ce rapport, d'autant

plus de valeur.

Mais si la stupidité est, dans certains cas au

moins, le résultat de l'cedemede la substance céré-

brale, on comprend combien les saignées, dans la

folie, a la suite de fièvres intermittentes, doivent

faciliter cette complication en augmentant l'état

d'anémie déjà produit par les fièvres aussi ont-

ellesété proscrites par Sydenham. Ondoit regretter

que ceprécepte ait été oublié pour le premier malade

dontj'ai rapporté l'observation. Ce malade avait en

plusieurs années auparavant deux accès de folie.L'un avait duré six semaines t'auire quinze jon'sseulement. Le troisième accès, au contraire, sur-venu a la suite d'une fièvre intermittente et traité au

début par la saignée, s'est compliqué de stupiditéet s'est prolongé pendant quatre mois. Ce troisième

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~S))j) ~ËLAFOUË

~ft~~K !< nft~ft ftt~t'~ ~ùi~v ~~M 1~accès a donc duré deux fois plus longtemps que lesdeux premiers accès réunis. C'est un fait qui pour-rmt servir d'exempte dans des cas analogues.

Je crois devoirrappeler enterminant que c'est

après avoir vainement cherché dans les ouvrages dePinel, d'Esquirol, de Fodéré, de Georget et desautres manigraphes français quelquesdétails sur lesfaits signalés par Sydenham, que j'ai cru devoir

publier cette note, dans le but surtout de, provo-quer sur cesujet de tMuy~Uesobservations.

PlusieursMMnth~ës~e la Société de médecine,

a laquelle cette note a été communiquée, ont

objecté que les deux observations que j'ai citéesétaient tout à fait insuSisantcs pour prouver que leslèvres intermittentes provoquent quelquefois lafolie. Il y a tant de Mèvresintermittentes, a-t-on dit,que si elles avaient quelque action sous ce rapport,les faits devraient être très nombreux. J'ajouteraimoi-même une autre objection les deux observa-tions qui précèdent ont d'autant moins de valeur

que les malades avaient eu antérieurement des accèsde folie.

Je ne puis répondre à cela qu'en répétant ce quej'ai dit plus haut Sydenham a vu souvent la fo-

lie, et une espèce particulière de folie, survenira la suite de fièvres intermittentes; il s'étonnedu silence des auteurs à cet égard. Sébastiaana fait un long Mémoire sur ce mêmesujet; il re-

garde la folie a la suite des fièvres intermittentes

Page 421: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

A LA SUITE DES FtÈVMS )KTERMtTrEKTES. 381t

comme assezfréquente, et cite un certain nombred'observations. Si on admet que Sydenham et Sé-bastiaan aient bien observé, d'où vient le silencedes

manigraphes français, de Pinel, d'Esquirol, etc.?Mon seul but est d'appeler l'attention sur ce pointd'étiologie et de provoquer des observations. Lesdeux cas isolés que j'ai cités n'ont par eux-mêmesaucune importance, car deux observations ne prou-vent rien. J'ajouterai cependant ici un troisièmefait, que j'ai trouvé dans les registres de la maisonroyale de Charenton.

M. B. âgé de soixante-douze ans, ancien curé,estentréaCharentonle 12 décembre tS-

Son délire, caractérisé par des idées ambitieuses,datait de sept mois.

On l'attribuait à la suppression de deux cautèresque le malade avait depuis longtemps.

M. B. avait eu, vingt-quatre ans auparavant,un premier accès, qui était A-Mn~:Mâ la suite f~wfièvre<t'M'ce.

Myavait d'aiUeurstrès probablement chez M. B.une prédisposition héréditaire une de ses sœursavait été atteinte d'aliénation mentale.

Parmi les causes de folie indiquées par MM.Au-banel et Thore, dans leur Statistique de Bicêtrc, setrouve aussi un cas de folie a la suite des fièvresintermittentes.

Le Traité de l'aliénation mentale de Pinel offreencore l'observation suivante ( p.35<) a Un hommede lettres, sujet a des excès de table, est guéri de-

Page 422: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~SSDB~AFOME~BTO.

n~Mt irmtt <t'nftf) S~)f« At'~tt~. )puitpeu d'une ~tw~M'ce, éprouvé veMl'aute~Betoutes tes horreurs du penchant au suicide, etc. a

M. le docteurPayen, médecin de l'hospieedea

aliénés d'Orléans, m'a promis de me communiquerune observation de Miea ta suite d'une Sevré inter'mittente.

Un fait du même genre s'est présenté, m'a t~on

dit, cette année, dans le service de M. Fairet.Je crois donc qu'en étudiant désormais ce point

d'étiologie dans les localités ou les Sevrés intermit-tentes sont fréquentes, on arriverait bientôt a re-cueillir un nombre de faits assez considérable.

Louyer Viliermay, dans une consultation faite

pour une dame atteinte d'hypochondriepft~s~ppres-siond'une /ïet!re !n<efmt~eH<e,dit que la suppressionde ces fièvres surtout quand elle a été brusque,détermine quelquefois des anections nerveuses.

J'ajouterai que je connais plusieurs observations

d'épilepsie survenues à la suite de fièvres intermit-tentes.

En résumé, il s'agit, quant li la folie, d'étudierun point d'étiologie, et mon travail n'a pas d'autrebut que de provoquer des observations et des re~

cherches sur ce sujet.

Page 423: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

Il.

DES

LESIONS DE ~ATTENTION

CHEZ MS AMENÉS

Esqun'ol a dit et plusieurs auteurs ont répété queles le~ns de l'entendement, dans la folie pou-YMentêtre ramenées à celles de l'attention, et quecette faculté est essentiellement lésée chez tous lesauënés.

Malgré tout le respect que je conaer~e pour lesidées et les doctrines de .non illustre maître, il m'acependant semble, âpres plus de réflexion, qu'ilneta~ pas complètement exact de rapporter ainsies l~ous de l'entendement à celles de l'attention.Il m a paru qu'il était au moins nécessaire de biens entendre sur ce point.

Voyons, par exemple, ce qui a lieu dans lapnante~ j~'Lesimpressions, dit Esquirol, sont si fugitives

Page 424: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

SSt ~i~t0~p~TTE!<'nO!!<

'1et si nombreuses, les idées sont si abondantes, quele maniaque ne peut nxer assez son attention surchaque objet, sur chaque idée !.)

Rien n'est plus vrai, mais ici est-ce l'attentionqui est lésée?«?

~&.Or, quy~Ml dû changé chez leman~e ou de

lésé, si on veut?

è changé chez le maniaque ou de

Est-ce le degré d'énergie avec lequel il peut appli.quer son attention ?

Assurément non.

Ce qu'il y a de changé, c'est l'état de son cerveausurexcité qui engendre une foule dfidéss que la vo-lonté est impuissante a réprimer.

On ne peut pas dire d'un malade en proie auxconvulsions que sa volonté est lésée parce qu'H nepeut plus, comme dans l'état normal, diriger sesmouvements.

Sa puissance de volonté, en effet, est restée aussiforte qu'avant, mais l'état des instruments sur les-quels elle s'exerce a changé. Hen est de même de lamanie. Alors, en enct, comme l'a dit Esquiro!,«les pensées se présentent en foule, se pressent, seMpoussentpêle-mêle, »

La volonté est impuissante à les arrêter, à les

diriger; ~T~~ P~ pas s'appliquer, mais ceserait a tort qu'on prétendrait qu'elle est M~és.

On ne dit pas d'un homme qui porte habituelle-ment un fardeau de cent livres que ses forces sontdiminuées parce qu'il succombe a une charge deuxou trois fois plus grande.

Page 425: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

CtiKXt.KSAHÉK~. 385

25

vüJ~

Les forces de cet homme n'ont pas change, maisl'objet auquel elles s'appliquaient n'est plus lemême.

Dans son article si remarquable sur la manie,~squirol a parfaitement bien caractérise cette ma-ladie en disant qu'elle résulte d~i~j~d'har-mon~entre l'attention et les autres facultés; or, cedéfaut d'harmonie vient évidemment de la surexci-tation de la mémoire, de l'imagination et dessensf~ <.

G. ` -1,.t~q..('Jl.~r~.La lésion principale n'est donc pas celle de l'at-tentton.

Il en est de même dans la monomanie.Les idées ont dans l'état normal une tendance a

se renouveler, et nous avons besoin de faire desefforts d'attention pour les conserver plus ou moinslongtemps. Cette tendance au renouvellement desidées n'existe plus dans la monomanie elleest rem-~acéepar une disposition opposée. Loin que le mo-nomane ait besoin d'efforts d'attention pour garderses idées fixes, toute la puissance de sa volonté nepeut au contraire les empêcher de se représenter ason esprit. C'est ce fait que tous les malades expri-ment en disant que telle idée ~M~, ~~<qu'il ne dépend pas d'eux de n'y plus penser, quec'est plus fort queux, etc.

L'idée fixe est, en effet, comme le détire mania-que, comme les hallucinations, le résultat de l'exer-ce involontaire des facultés, prédominant surl'exercice volontaire, par suite d'un état morbide (_

L'attention n'est pas lésée~et siellenë-du cerveau, L'attention rr'est pas lêsée,_et"si~élÎèné 't-``s'exerce plus comme dans l'état normal, c'est que

Page 426: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

386 LEStONSDt5L&TTENTtONCM~ZLESAUÊNÉS.

l'instrument n'est plus dans les mêmes condi"

tiens.Le monomane n'est donc pas forcé de concentrer

son attention sur ses idées nxes, il lui suffit de s'y

fï&an~tM)',et c'est ce qu'il fait. Nul doute qu'il ne

puisse parfois appliquer volontairement son esprit

l'examen de ses convictions délirantes mais cela

n'est pas nécessaire, et n'a pas lieu le plus souvent.

A notre avis, le monomane ressemble bien plu~

trequemmeht~ surtout dans la période aiguë) a

l'homme qui rêve qui'à celui qui médite proionde-

ment.

La lésion de l'attention n'est donc pas plus la lé-

sion principale dans la monomanie que dans la ma-

nie. Les mêmes considérations sont applicables a la

mëtancolie.

Page 427: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

U y a un âge où l'imagination prédomine à ce

point sur les autres facultés que, chez certains su.

jets, elle rend souvent presque impossible toute

application au travail. Lesjournées se passent alorsdans de continuelles rêveries, l'esprit est sanscesseattaché à la poursuite d'un projet qui bientôt est

remplacé par un autre. Cette disposition est cellede l'adolescence et de la jeunesse, et elle ne devient

vraiment fâcheuse qu'en se continuant dans l'âgemur. Alors elle est une preuve de faiblesse intellec-tuelle et un signe de prédisposition a la folie. Jeconnais deux hommes, âgés de plus de quaranteans qui tous deux comptent plusieurs aliénés dansleur tamille et dont la vie se passe à former des pro-jets irréalisables. Us ont toujours en tête une idéeà

DE LA PRÉDISPOSITION

Ht

AUX IDÉES FIXES.

Page 428: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

388 M)LAPt))ÉMSPOS)T)OX

iaqueUe ils sabandp~NM et qui les occupe exclu-

sivement pendant un ou plusieurs mois. Cette idée

prend ordinairement sur, euxun tel empire, qu'ilsont de la peine a s'en distraire, quand ils sont obli-

gés de s'appliquer à des sujets diHérents. L'un des

hommes dont je parle a déjà entrepris un long

voyage et traversa les mersa la poursuite de l'une

de ses chimères, et il ~arapporté qu~a ruine.

Il fautbien remarquer atu~ dans ce cas, la force

de volonté n'est point en iM~port avec l'imagina-

tion la persévérance nécessaire pour l'exécution

manque et toutes c~s idées restent ~tériles~ alors

même que plusieurs seraient susceptibles d'appli-cation.

Les personnes faibles d'intelBgenëe et douées

d~une trës vive sensibilité sont éminemment pré-

disposées aux idées fixes. Dès qu'une idée se tro~e

associée chez ë)tcs à une émotion très vive, cette

idée ne les quitte plus, elle les poursuit, les domine

et finit quelquefoispar entramer le détï~e.

Augu$~WilhelmineStrobm, dont je rapporte-rai plus bas l'observation, est très vivement Impres-sionnée en assistant

~l'exécutiond'une &mme,

Pidée de mourir de la même manière surgit dans

son esprit et persiste pend~~ quinze ans.

Une dame, citée par Ësquirol, lit dansun journalla condamnation d'un criminel; l'impression pro-duite par cette lecture est si vive, que bientôt cette

damevoit une tête ensanglantée, séparée du tronc

et revêtue d'un crêpe noir. Elle éprouve de, cettevue

une telle horreur, qu'elle fait des tentâmes de sui-

Page 429: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

gA~X<DÉHSf)\)'.S. 3§Q

c~ C'est par des dispositif analog~s qu'il fautexpliquer tes tas asse~~on~Beux de mono~aniesuicide ou hom~e dus aJiinHuence de l'imitation.Onsait que plusieurs femmes ont été atteintes demonomanie hom~ide après avoir appris le meurtrecommis par la fille Cornier.

L'express~n vulgaire donjon se sert pour expri-mer ces faits est extrêmement juste. On dit d'unepersonne que son esprit a été A-appépar tel événe-ment. Or, c~tc facilité qu'ont certains individus a

être ainsi/h~- par des tdéesqui, chez d'autres,nelont que passer, est précisément ce qui constitue

~a prédisposition aux idées fixes. Cette prédisposi-tion chez les mêmes personnes varie d'ailleurs avecles modifications que subit la sensibilité elle-même.

Il y a, comme on sait, chez les femmes des étatsdans lesquels l'impressipnnabilité est bien plus dé-

veloppée, et les effetsd'une émotion beaucoup plusà craindre.

Lorsque la faiblessed'intelHgence et de caractèrese trouvé unie amiesensibilité très vive, les grandschagrins sont dinicilement surmontés. Les idéestristes dominent l'esprit au point que toute distrac-tion est impuissante; elles acquièrent une telle fixitéque la santé générale et les facultés intellectuellesen particulier ne tardent pas a subir les plus gravesatteintes.

Une dame, restée veuve avec deux fils, a la dou-leur de voir l'aine se livrer a des écarts de conduite

qui le forcent a s'expatrier. Elle concentre alorstoute son affection sur le second qui montrait les

Page 430: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

tOO MLA)'tfÉOtSPOSn!OS&fXt~MMXM.

plus heureu~/dispo~on~: Cet en~ht, alors âgéde qUtMMans, meurtâ'u~aevre typhoïde. Lamal-

heureuse mère est accabiée par ce~ perte, elle ne

verse pas une ïarme, ne peut s'occuper de nen, et

reste dans un état complet d~nert~ L'i<Ïée que peut-

~tre elle eut dû prévoir !a malad.e de son enfant et

la prévenir surgit alorâ dansson espntrblentôt elle

accepte cette idée et passe ses journées a se repro-

cher la mort de SMi6~s.

En résumé, la disposition auxidées Hxesconsiste

surtout dans la prédominancede t'imagination ou

dans une sensibilité très vive unie a la faiblesse du

jugement et a l'impuissance dela volonté

Page 431: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

La monomanie est sans contredit la plus curieusede toutes les formes du délire. Chaque jour, sousl'influence d'une passion très rive ou de certainsagents toxiques, nous soyons se produire un étatde excitation intellectuelle qui nous aide a com-prendrele délire maniaque aussi se rend-on assezbien compte du désordre plus ou moins générât desfacultés

accompagné de hquacité, d'agitation, etc.Hn'en est pas de même de ta monomanie.Comment une idée fixe souvent absurde se main-

t~nt-dlc ainsi isolée au milieu d'une intelligencesaine en apparence? Voita ce qu'on ne s'explique pasaussi bien que ta perversion complète des facultéson conçoit donc toute la peine qu'on a eue a faire

LA MONOMANIE.

XV.

FRÉQUENCE

DR

Page 432: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

FRÉQUENCE"J.f" J' 1 Ici..'1admettre l'existence de véritables monomanies dans

l'acception rigoureuse du mot. Aujourd'hui per-sonne ne se refuse a reconnaître l'existence de ce

genre de délire; mais on est loin d'être d'accord sursa iréquence.

M. Foville, dans son remarquable article duDictionnairede médecinepra~Me, a déjà signalé lamonomanie dans son état le plus simple commeMceMtMMc~rare; il n'en a, dit-il, vu que deux cas.Noussavons que plusieurs médecins partagent au-

jourd'hui tes idées de M. Fovilte h cet égard. CetteIbrme de la mile est, dit-on, beaucoup moins fré-

quente que ne l'aprétendu Esquirol, et on pourrait

s'en assurer en étudiant avec plus de soin les ma-

lades qu'on regarde comme atteints de monomanie;on ajoute qu'on reconnaîtrait alors chez presquetous cesmaladesun délire beaucoupplus vaste qu'onne l'eut soupçonné au premier abord; de sorte quele mot de polymanie conviendrait mieux, dans la

plupart de ces cas, que celui de monomanie, etc.Nous croyons, en effet, qu'il y a beaucoup de

malades qu'on désigne sous le nom de monomani~ques, et dont le délire n'est pas exclusivementbornéa une idée fausse; mais nous croyons aussi qu'Es-quirol n'a jamaisprétendule contraire. Nous exami-nerons plus loin s'il convient de changer la déno-mination de la maladie dans les cas de ce genre.

Nous bornant ici à l'examen des monomanies lesmieux limitées à cellesqui méritent rigoureusementcenom, est-il démontré qu'elles soient e-ree~eMe~rares et pour ainsi dire exceptionnelles?

Page 433: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

Mt.AMOXOMAKtF. 393

Telle n'est pasnotre opinion.En s'élevant contre ta fréquence de ces monoma-

mes, on paraît avoir méconnu ou oublié un fait quinous semblecependantd'uneassex grande importancesous cerapport. il existe, a notre avis, beaucoup demonomancs pour lesquels les médecins ne sont pasconsultés, ou ne le sont qu'après un plus ou moins

grand nombre d'années, a l'occasion de quelqueperturbation plus générale de l'intelligence. Or,c'est en prenant la maladie sinon a son début, maisau moinsavant qu'elle ait franchi certaines limites,

qu'on peut surtout se convaincre qu'il y a un assez

grand nombre de cas dans lesquels le délire est ri-

goureusement limité a une idée ou a une série d'idées

toujours la même. couvent ce délire a persisté long-temps sans être soupçonné; il n'a entraîné aucundésordre. Sans l'aveu du malade lui-même, on nesaurait rien de ses longues souffrances, de ses luttes

contre une idée fixe qui a fini par le dominer. Le

suicide est ainsi, dans beaucoup de cas, le dénoue-ment d'un combat tout Intérieur, et que rien n'a

révélé.

11en est de mêmede la monomanie homicideelle reste quelquefois longtemps cachée, et n'estconnue du médecin qu'au jour ou le malade, enrayépar les progrès du délire, se décide a demander dessecours contre sa propre faiblesse.

C'est ce que prouve l'observation suivante, quinous paraît en même temps un des plus curieux

exemples de monomanie homicide que la science

possède,

Page 434: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

S!!&a PH<'QUR'<CR

«Je soussigné, tjuutaume ~atmetUes, omcïerae

santé, habitant et domicilie au chef-lieu de canton

de Cazals (Lot), certifie à qui de droit que, sur la

réquisition de M. le maire de la commune de Mar-

miniat,je me suis rendu aujourd'hui au village de

Brunet. susdite commune dé Marminiat, pour yconstater l'état mental du nommé Glenadel, Jean',

cultivateur, domiciné audit village de Brunet.

»J'ai trouvé Glenadel assis sur son lit, ayant une

corde autour du cou, nxée par l'autre bout au che-

vet deson !it; it avait tes bras liés ensembleau poi-

gnet avec une autre corde Pour motiver mon rap-

port, je ne crois pouvoir mieuxfaire que de rappor-ter la conversation qui a eu lieu entre Glenadel et

moi, en présence de son frère et de sa belle-soeur.

D. Êtes-vous malade? R. Je me porte bien, ma santé

n'est que trop bonne. D. Comment vous appelez-vous? R. Jean Glenadel. D. Quel âge avez-vous?

R. Quarante-trois ans; je suis né en gG, voyez si

cela ne fait pas le compte. D. Est-cede force ou de

votre consentement que vous êtes ainsi attaché ?'r

R.C'est de mon consentement, et je t'ai même de-

mandé. D. Et pourquoi cela? R. Pour m'empêcherde commettre un crime dont j'ai horreur et que jeme sens malgré moi porté a commettre. D. Et quelest donc ce crime? 1~.J'ai une idée qui m'obsède et

dont je ne suis plus maître; il faut que je tue ma

betk s&'ur, et je le ferai si je n'en suis empêché.

1).Depuis quand avez-vouscette idée? R. Hy a envi-

ron six ou sept ans.D. Maisavez-vousa vousplaindre

de votre beUe-sœur?R. Du tout, monsieur; c'est

Page 435: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

rH;[.MO";OMA'S)F.. 395

une idée malheureuse quej'ai ta, et je sens qu'il

jRtut quejela mette a exécution. 1). i~'avex-rousja-mais eu l'idée de tuer aucune autre personne quevotre belle-sœur? H..t'eus d'abord la pensée de tuer

ma mère, et ceci me prit a t'a~e <~A'<s<?A~-j~p<

ans, lorsque je commençai a être homme, en t8t2

je me le rappelle bien; depuis je n'ai pas eu une

heure de bonheur, et j'ai été le plus malheureux des

hommes. D. Vous surmontâtes cette malheureuse

pensée? R. En t8a*2,je ne pouvais plus résister,

j'avais alors vingt-cinq à vingt-six ans; pour m'otcr

cette malheureuse idée de la tête, je partis pourl'armée en qualité de remplaçant; je fus deux ans

en Espagne avec mon régiment, puis je rentrai en

France mais mon idée fixeme suivait partout plusd'une fois je fus tenté de déserter pour aller tuer

ma mère. En )8a6, on me donna un congé illimité

queje n'avais point sollicité, et, rentré dans la mai-

son paternelle, ma iuneste idée y rentra avec moi.

Je passai quatre ans avec ma mère, ayant toujoursun penchant irrésistible à vouloir la tuer. D. Quefîtes-vous alors? H. Alors, monsieur, voyant que

j'allais commettre infailliblement un crime (lui m'é

pouvantait et me taisait horreur, pour ne pas suc-

comber a cette tentation, je remplaçai de nouveau

à l'armée, c'était après )83~ je quittai pour la

deuxième fois la maison paternelle, mais mon Idée

me suivit encore et ennn j'étais comme décide a

déserter pour aller tuer ma mère. 1). Vous aviez

donc a vousplaindre de votre mère? Il. Non, mon-

sieur, je l'aimais bien aussi avant de partir je me

Page 436: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

396 tBt~tJt.KCH

dts « Anertuer ta mère, qui a eu tant de soin dea ton enfance, qui t'aime tant, malgré la funestea idée que tu nourris contreelle!Non,jenele lerai» pas. Mais il faut pourtant bien que tu tues quel-') qu'un.»Et c'est alors que me vint l'idée detuer ma

bette-sœur; je me le rappelle bien, j'étais a Dax,c'étatten )83a. L'on m'annonça, par erreur, quema belle-soeurétait morte c'était une autre parentequi était décodée, et alors j'acceptai le congé quel'on nie donna, ce que je n'aurais pas lait si j'eussecru que ma bette sœur mt encore en vie aussi,lorsque j'arrivai chez .nui et que j'appris qu'eUeh'é-tatt pas morte, j'éprouvat un saisissement, un ser-rement de eœur qui me nt beaucoup de mal, et monidée reprit son cours. D. Quelest l'mstrument quevous préféreriez pour donner ta morta votre belle-sœur? Ici Glenadel s'attendrit, ses yeuxse baignentde larmes, il regarde sa belle-soeuret répond L'in-strument le plus doux! Mais, que! qu'il fat, une fois

commencé je sens qu'it faudrait ta voir morte, etc'est sûr comme Dieu est Dieu. 1). Ne craindriez-vous pas de plonger votre frère et vos pa~itsneveuxdans la misère et dans le désespoir? R. Cette idéeme vient un peu, mais l'on me tuerait et je ne les

verrais pas, on se débarrasserait d'un monstre tel

que moi, je cesserais de vivre; je ne puis espérerd'autre bonheur.

? Alorsje me suis rappelé que M. Gransault de

Satviat, mon confrère et ami, qui est actuellementa Paris, m'avait parlé, il y a environ un an, d'un

~eunehomme qui, quelques années auparavant, était

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OK LA MOKOMANtE. 397

vetm Cheztut, accompagné de sa mère, pour le con-sulter pour un cas analogue a celui dans lequel setrouve Glenadel; et comme ces cas sont extrême-ment rares, j'ai pensé que ce pouvait bien être Gle-nadel lui-méme.Je lui ai donc demandé si c'était lui

qui avait été consulter mon confrère, et il m'a ré-

pondu auirmativement. D. Et que vous conseillaM.Grandsault?R. Il me donna d'excellents con-

seils, et plus tard il me saigna. D. Fûtes-vous sou-

lagé à la suite de cette saignée? R. Je n'éprouvaipas le moindre soulagement; ma mauvaise idée me

poursuivit avec la mêmeforce. D. Je vais donc faire

monrapport sur votre état mental, et il s'ensuivra

que vous serez mis dans une maison de santé, oul'on vous guérira peut-être de votre folie. R. Me

guérir n'est pas possible; mais faites votre rapportau plus vite, cela presse, je ne puis plus me mat-tNSer. D H taut que vos parents vous aient donnédebons principes de morale, qu'ils ~'ousaient donnéde bons exemples, il faut que vous-mêmevous ayezl'âme honnête pour avoir résisté si longtemps acette terrible tentation. Ici Glenadel s'attendrit de

~Puveau, il verse des larmes et répond Monsieur,~ous devinez cela; mais cette résistance m'est pluspénible que la mort aussi je sens que je ne puisplus résister, et je vais tuer ma belie-soeursi je n'ensuis empêché, et c'est sûr comme Dieu est Dieu.

»Glenadel, lui ai-je dit, avant de vous quitter jevous demande une grâce résistez encore quelquesjours; vous ne verrez pas longtemps votre belle-

soeur,nous allons travailler a vous tirer d'ici, puis-

Page 438: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

3988 MËQn~CR

que vous le désirez tant.–Monsieur) je vou~fe-

mercie,etje ferai en sorte de &i)*ece que vous me

recommandez.

» J'étais sorti de la maison et comme j'allaismonter a cheval pour m'en aller, Glenadel m'a &it

rappeler, et, m'étant rendu auprès de lui, il medit

Dites a ces messieurs que je les prie de me mettre

dans un lieu d'où je ne puisse m'évader, car je ferai

des tentatives pour le faire; et, si je puis m'échap-

per, pour le coup ma belle-sœur est morte, je nem'évaderai que pour la tuer dites a ces messieurs

que c'est moi-mêmequi vous l'ai dit. –Je l'ai assuré

que je le ferais. Mais comme je le voyais dans une

grande exaltation, je lui ai demandé si la corde quilui liait les bras était assez forte, et s'il ne se sentait

pas la force de se délier.– il a fait un essai et m'a

dit je crains que si. Mais si je vous procurais

quelque chose qui put vous tenir les bras plus forte-

ment liés, l'accepteriez-vous?–Avec reconnais-

sance, monsieur. –Dans ce cas, je prierai le bri-

gadier de la gendarmerie de me prêter ce dont il se

sert pour lier les mains aux prisonniers, et je vous

l'enverrai. Vous me ferez plaisir.»Je meproposais detaire plusieurs visites àGleïta-

del pourm'assurer de sonétat mental; mais, d'aprèsla longue et pénible conversation que j'ai eue avec

lui; d'après ce que m'avait dit mon conirëre,

M. Grandsault; d'après ce que m'ont rapporté le

frère et la belle-soeur de Glenadel, qui sont bien

aniigés du triste état dans lequel se trouve leur mal-

heureux Irëre; sans nouvelles observations, je do-

Page 439: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

RELAMOSOMANtE. 389

meure bien convaincu que Jean Glenadel est atteintde monomanie délirante, caractérisée chez lui parun penchant irrésistible au meurtre~ monomaniedont fut atteint Papavoine et autres, heureusementen petit nombre.

H Knfoi de ce, à Brunet, commune de Marminiatle vingt et un mai mil huit cent trente-neuf.

CALMEILLE8, officierde santé. »

Nous n'avons rien voulu changer a ce fait si élo-

quent par sa simplicité même. Nous ne pensons pasnon plus qu'il ait besoin de commentaires. Nousnous bornerons donc a faire remarquer que le dé-lire durait depuis vingt-six ans, et que pendant plusde vingt ans Glenadel a pu résister seul aux impul-sions qui le poursuivaient, et conserver toutes les

apparences d'un homme sain d'esprit ()).L'observation suivante, quoique digérant sous

plusieurs rapports de celleque nous venons de citer,montre aussi une idée fixe persistant pendant lon-

gues années sans autre désordre intellectuel, etchez une malade qui avait conservé aux yeux detoutes les personnes qui la voyaient les apparencesde la raison la plus parfaite.

Augusta-Wilhelmine Strohm, a~éede trente ans,

n'ayantjatnais donné aucun signe de )H~<mco/;e,tuesans motif appréciable à coups de hachette une de

(t) Kuua dovoMcette observationà l'obligeance de M. tedoc-t<m''Gratioiot.

Page 440: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

FnKQU~CE

ses amies qu'elle avait invitée chez elle EMava en-suite se livrer elle-mêmea l'o~cier de police. Marc,après avoir rapporté ce fait avec détail, continueainsi «Encore /b~~Mne, Augusta Strohm avaitassisté, a Dresde, a l'exécution d'une nomméeSchaefe, condamnée a mort pour assassinat. Lesoin avec lequel on prépara cette femme a mourir,sa marche à l'écha&ud, avaient produit sur AugustaStrohm une impression telle, que, dès ce moment,elle regarda comme le plus grand bonheur celui depouvoir terminer sa vie de la même manière, c'est-à-dire de pouvoir être préparée à la mort, et de faireune fin aussi édifiante que la

condamnée. ~e~-ne <?M!~Ms,-maisses pn?:MpMdemorale

rent co~re c~ect, lorsque, environ sixsemaines avant l'événement qui vient d'être rap-porté, l'exécution d'un assassin, nommé Kultalen,eut lieu à Dresde, etc. »

Cette seconde exécution, par les circonstancesdont elle fut accompagnée, iit encore une impres-sion très vivesur la filleStrohm, et suffitpour exalterl'idée première qu'elle nourrissait etpour poussercette filleau meurtre. Strohm était encorefort jetrnelorsqu'elle assista

à l'exécution quiavait été le pointde départ de son idée fixe. Il y avait donc très pro-bablement au moins quinze ans que cette idée fixepersistait sans avoir entraîné aucun désordre, lamalade conservant toutes les apparences de la rai-son, malgré les luttes intérieures qu'elle soutenait.

On conçoit très bien que des monomanies de cegenre, si elles peuvent s'aggraver, doivent aussi

Page 441: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

URt-AMOSO~A~ft!. <')<)4

2!iti

qM~qnctotsgûénr sans être sorties des limites étroi-

tes quenous venons d'indiquer. Une maladie inci-dente, un événement heureux, peuvent très Mcnamener ce résultat. Nous pourrions citer plusieurspersonnes qui, pendant deux mois et plus, ont eudes idées de suicide ou d'homicide, et chex lesquellesce symptôme a disparu spontanément, sans laisseraucune trace. Cespersonnes n'ont parlé decequ'ellesavaient éprouvé qu'après leur guérison, et on ne

pcnt douter que beaucoup de cas de ce genre ne

passent inaperçus.Tout ce que nousvenons de dire de la monomanie

instinctive peut s'appliquer a !a monomanic intel-tectueUe.

Un médecin, âgé dequarante-cinq a cinquante

ans, vint un jour me faire part de la crainte qu'ilavait de devenir aliéné et réclamer mes conseils. ilcommençapar m'avouer que plusieurs de sesparentsavaient été atteints de folie, et que lui mêmeétait

depuis plus de dix ans poursuivi par des idées fixesdont il appréciait Lien la nature, mais dont il luiétait impossible de se débarrasser. Ces idées n'a-vaient pas toujours été les mcmes, mais chacuned'elles avait persisté ~MiGM~aHMce.s'.Ainsiil n'a-vait pu pendant longtemps s'empêcher de regarderla saillie que font a travers le pantalon les organesgénitaux des hommes, ce qui lui donnait l'inquié-tude d'être accusé de mauvaises mœurs.

Plus tard, ce malade fut poursuivi par la penséequ'on se moquait de lui, et qu'on voulait l'insulter

Page 442: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

:M'~Me<Cb

en toussant ou en se mouchant a côté de lui daaslafue.

Malgré ces idées, il continuait a remplir les de-voirs qu'impose une nombreuse clientèle, et passaitaux yeux de tous pour un homme raisonnable. J'ai

appris depuis quele détire avait franchi ces étroiteslimites, et que ce médecin était devenu complète-ment aliéné.

J'at donné pendant trois mois des soins a unedame anglaise dont le frère avait été atteint d'unemaladie mentale, et qui eUe'même était obtédëe

par une idée fixe, qu'elle s'efforçait vainement de

chasser, et a laquelle elle revenait toujours, quoi-qu'elle ne la jugeât point raisonnable. Cette idéeétait la crainte de ne pa~ <MMsatM~ sonmart. Pen-dant trois mois, j'ai vainement cherché une autretrace de désordre intellectuel. Cette dame, âgée de

vingt-sept ans, avait toutes les apparences de laraison la plus complète mais cent lois par jour, ellese trouvait ramenée malgré elle a cette idée, qu'ellecommentait de toutes manières. Cet état durait déia

depuis trois ans sans que le délire eût pris la moin-dre extension.

Nous voyons dans les faits que nous venons deciter la monomanie persister <?'OMe~M, (~.c tMMquinzeans et même f!~ a~ sans entraîner d'actes

déraisonnables; les malades luttent contre leurs

idées, mais parviennent a se maintenir par leurs

propres forces au milieu du monde.

Les faits de ce genre ne sont pas rares. Combien

Page 443: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

HËt.A&M!<!OMÂf<)K. 403

M rencontre-t~onpas d'individus atteints de détirepartiel ou de manie qui, avant de devenir complé-tement aMénés, ont été pendant plusieurs annéestourmentes par une idée fixequ'ils étaient parvenusjusque ta a dissimuler avec soin! On se tromperaitBeaucoup si l'on croyait que tous les monomanesStmt séquestrés dans les asiles. On peut se con-vaincre, au contraire, que beaucoup d'entre euxcontinuent a vivre dans le monde et c'est précisé-ment chez ceux-là que la maladie est nettementlimitée. Uepuis l'établissement de la Société de pa-tronage pour les aliénés, j'ai été comme membrede cette société, appelé a voir plusieurs maladessortis de la Salpetrierc et de Bicctrc et (pi conser-vent des idées fixes. Ces malades ne se conduisent

pas moins en apparence avec beaucoup de raison.Une ouvrière croit que la personne pour laquelleelle travaille pénètre dans sa chambre pendant sonabsence pour y jeter du mercure et d'autres sub-stances malfaisantes cependant elle a la force de

dissimuler; elle ne se plaint pas, et les choses pour-ront ainsi continuer longtemps si la maladie ne

s'aggrave pas. Le jour ou cette aggravation auralieu, cette femme s'emportera, dira des injures, etsera renfermée de nouveau. Tous les hommes quiont des idées de suicide ne se tuent pas ou même nefont pas de tentatives pour se tuer, et il est biencertain aussi que beaucoup de malades, quoiquetourmentés par des idées fixes, se maintiennent,quant ax.r (t< dans les limites de la plus saine

Page 444: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~t P~QUE~ËOE~AMÛ~MÂKtt;!

t':tis<~)1 nn~noetM~n~t.r:nson. 11n'en est pas demêmc des m~)aques, desdéments ou même des hallucinés.

Nous pensons donc que la monomanie dans sonétat le plus simple est plus &'équente qu'on ne lept-ctend, par cette seule considération que cetterariétë de délire persiste souvent pendant plusieursannées sans entraîner d'actes déraisonnables, cequipermet souvent aux malades de continuer a resterdans le monde, où beaucoup échappent à l'observa-tion du médecin.

Page 445: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

V.

DËBUT ET MARCHE

DE LAMONOMANIE.

Béhut de la M«Ht<mMMtt<-

Les idéesfixesde la monomanie surviennent tan-tôt lentement et sans dérangement bien appréciabledans les fonctions; ou bien au contraire elles succè-dent a un trouble aigu plus ou moins généra! de

l'intelligence.

Examinons d'abord le premier mode d'invasion.On sait combien il est commun, même dans le

monde, de rencontrer des malades qui croient nl'existence d'ennemis imaginaires, et qui interprè-tent tout dans le sens de leurs craintes et de leurs

préoccupations. On sait également avecquelle habi-leté ces malades profitent des moindres circonstan-ces pour démontrer !;t rc.dité de leurs conceptions

Page 446: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

&06 t)ÉBUtM:LAMOSOMAAtË.

délirantes. Si l'on interroge avec soin les antécé-

dents, on reconnaît souvent que le désordre de

l'intelligence s'est établi lentement; les idées de

persécution, sous l'influence d'une dispositionmaladive inconnue, ont commencé à se présenter

à l'esprit, qui d'abord ne les a point acceptées au

moins sans contrôle. La raison n'a pas cédé dès le

premier moment, et biensouvent elle a dissipé, pour

quelques jours au moins, les soupçons entantes par

l'imagination. Ce n'est, dans beaucoup de cas, qu'a-

près de longues a!tern&tivesque le malade a fini par

regarder comm~ vraies les idées dont il avait anté-

rieurement reconnu le peu de fondement.

Ce que je viens de dire de la croyance à des en-

nemis imaginaires peut s'appliquer à tous les autres

genres de monomanie.

DejMIesidées d'ambition ont souvent assaini long-

temps l'imagination des malades sans que ceux-ci

aient cru a la réalisation possible de ces idées. Tout

en se complaisant dans leurs projets de fortune, ils

ne les appréciaient pas moins pour ce qu'ils étaient.

Là Conceptiondélirante n'est venue que plus tard.

Cette première période, caractérisée par des idées °k

fixessans.délire, est bien plus tranchée encore p~urla monomanie suicide, ou homicide, la nymphoma-

nie, etc. Mest incontestable qu'il y a souvent alors

une lutte qui peut se prolonger pendant plusieurs

années~ lutte tout intérieure, sans manifestation

et pendant laquelle le jugement reste sain. C'est ce

que démontrent les observations de Glenadel, de

ilhelmine Strohm citées plus haut, et beaucoup

Page 447: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

&ËMFOUhA MOKOMANtE.

d autrea faits que je pourrais invoquer. Pour nous tGlenadel était malade depuis lemoment ou les idéesd'homicide ont dominé son esprit, mais il n'a étéfou que le jour ou sa volonté est devenue impuis-sante pour réprimer les impulsionsqui le poussaientau meurtre.

H y a donc dans beaucoup de cas de monomanieune première période caractérisée par des idéesfixes sans délire. La durée de cette période est ex-trêmement variable elle peut être seulement de

quelques jours ou se prolonger plusieurs années.

D'aiU~trs de même q~e nous ignorons sous l'in-fluence de quelle cause organique les idées fixesont

pris naissance, de même aussi nous ne saurionsdéterminer comment se fait le passage à la seconde

période caractérisée dans la monomanie intellec-tuelle par des conceptions délirantes, dans la mo-nomanie morale par l'impuissance de la volonté.

La monomanie est loin de suivre toujours l'es-

pèce de gradation que nous venons d'indiquer. Biensouvent l'idée fixe est acceptée comme vraie aussi-tôt qu'elle naît dans l'esprit.

Un homme de trente ans, qui avait eu plusieursatteintes d'hypochondrie, fait une perte d'argentassez considérable au moment ou il se proposait detraiter pour une charge importante. Il s'inquiète,se tourmente, ne dort plus et bientôt ne peut selivrera aucun travail. Une circonstance qui, danstout autre cas, lui eut paru insignifiante, lui faitcraindre d'être a tout jamais devenu impuissant.Son désespoir est extrême, car il ne peut ptus son-

Page 448: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

N~tOT?? M MO~ms~.

ger a se maner; les joies de la <&!nHt@1m son~h-terdites, son avenir estdétrutt/etc Cependant Hpatenta dissimuler. Bientôt, sous l'influence déconsolations et de simples distractions ,1'nnagina-tion devient plus calme, le délire se dissipe, et lemalade peut reprendre ses travaux. C'est alors seu-lement qu'il avouela singulière conception délirante

(luiavait dominé son esprit.Pendant que le procès de madame Lafarge avait

un si grand retentissement, un tonnelier écoutait

chaque jour la lecture de ce procès qui lui était faite

par sa femme. Tout-a-coup il vient a penser quepeut-être celle-cipourrait bien imiter madame La-

large cette idée ne le quitte plus, et bientôt il res-sent après ses repas des coliques très fortes. Il vatrouver sonmédecin, lui fait part de cequ'il éprouveet lui en révèle la cause. Celui-cil'engage a prendreses repas chez un restaurateur; ce conseil est suivi,et pendant trois semaines les coliques disparais-sent. Le malade, devenu plus tranquille, recom-mence a dmcr chez lui, mais ses souul'ances rc-vtcnnent presque aussitôt. Son délire augmentant,il accuse sa femmede jeter dans son lit des poudresqui lui causent d'horribles démangeaisons et l'en-tretiennent dans une extrême agitation. Il prendalors la précaution de renfermer chaque matin ses

draps dans une armoire dontil garde la clef, et lesoir il refait lui-même son Ht; mais bientôt les pou-dres sont répandues dans l'air qu'il respire et ilne peut plus se soustraire a leur influence malfai-sante peu de temps apr<-< it frappe violemment a

Page 449: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

M!MTM M MOXOMA" &0&

coups de marteau sa femme a la tête, et la laisse

pour morte. Lui-même se fait ensuite des blessures

très graves, auxquelles il a cependant survécu, sans

que.son délire ait été modifié.

La monomanie succède parfois a un désordre

plus ou moins général de l'intelligence. M. Moreau

a insisté avec raison sur ce fait, que confirme l'ob-

servation de chaque jour. L'idée fixe est alors,

comme il l'a dit, l'idée principale d'un rêve qui sur-

vit au rêve lui-même.

Aux faits cités par M. Moreau, nous croyons pou-

voir ajouter ceux quefournissent de temps en temps

les sujets atteints de fièvre typhoïde; ces faits sont,

à notre avis, lesplus tranchés et les plus concluants.

c<Dans la période d'accroissement, dit M. Louis, on

dans l'état de l'affection, quand le mouvement fé-

brile était encore plus ou moins considérable, le

délire ne portait sur aucun objet déterminé, consis-

tant seulement dans l'impossibilité ou était le ma-

lade de faire un usage régulier de son intelligence.

Mais au-delà de cette époque quand la fièvre avait

beaucoup diminué, ou même au commencement de

la convalescence,j'ai vu deux fois le délire porter

sur des objets fixes. Ln malade qui se trouvait dans

ce dernier cas prétendit cinq jours de suite avoir

été, depuis son admission a l'hôpital, dans son vil-

lage, d'olt il avait rapporté des louveteaux qu'il

voulait vendre. 11ne pouvait dire comment il avait

voyagé; mais quelque objection queje lui fisse, il

resta pendant cinq jours dans ia nicme i)lu.sion,que

d'ailleurs il soutenait avec beaucoup de calme, et ce

Page 450: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

<HOtt~ ttMtjt'M'!LA:MttMMAM8.~ ~'1

ne tut qu'a cette époque, en r~M~a~M~

l'hôpital ouil avait été se promênef, qM'HfeeëMfmt

son erreur. –L'autre cas est relatif a uhejeitMeSite

beaucoup moins avancée dans la convalescence,

d'une grande sensibilité, qui avait eu beaucoup de

chagrins avant le début de sa maladie. Mie Nottttnt

deux jours de suite que sa sœur, qui habitait Saint-

Cefmain, était morte, qu'eue t'y avait vuetroi~

jours auparavant et elle le soutenait avec t'aceent

de la plus profonde conviction < S'occupantde ses

petites nièces, de leur deuil, et me suppMant d'un

air profondément a<Higéd'écrire il une de ses p~

rentes à ce sujet. Cedélire eut encore celade rema~

quable, qu'it fut remplacé pàf un détiro Yarié qut

disparut après le même espace de temps (').

J'ai vit un malade qu'on fut <orcé d'iootet' daM

une maison de santé a la suite d'une fièvre typhoïde

et chez lequel des idées fixes persistèrent pendant

près d'un mois; mais je n'ai pu retrouver les détail

relatifs a cette observation.

Ces idées fixes, à la suite de la fièvre typnoïde,

survivant au délire général, sont extrêmement re-

marquables, et peuvent, en effet, très bien êt~e

comparées il l'idée principale d'un rêve persistant

quand ce rêve a cessé.

Chez les femmes nouvellement accouchées, la

monomanie succède parfois a ce qu'on appelle com-

munément d<'s/!Ct,'t'<~ccn~t'~eA'.Apres sept ou huit

jours d'un désordre plus ou moins général des fa-

j (}Lotns./!f<fA<'a!u'' f~fo-<m<<fe,t. tt, p. )66.

Page 451: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

.<:CU);))KHM<~(*M~)K. &tt

eaMsmteMectnettcs, l'appareil fébrile cesse, les

~HtCttatMretiennent a leur état normal, mais la

mNiade reste sous l'influence d'un délire partiet.Les idées nxes subissent souvent des transforma-

tions, M.'Moreauadémontré que cela a surtout tien

ehez les maladesquiont pat*int<;rvat!esdesaccèspen-dant lesquels le délire tend a devenir plus ou moins

générât. J'ai déjà pu constater cefait, et entre autt'cs

chez une jeune nt!e qui, presque tous les mois, a

t'époque menstrttclle, tombe pendant plusieurs

jours, dans une extrême agitation. Elle conserve

ordinairement, après chaque accès, des idëe~ nxes

qu'elle n'avait point antérieurement.

Morcbe de la tM<m<tntan)e

.i'ai cherche a établir que la monomanie circon-

scrite a une seule idée était moins rare qu'on lie

l'avait dit. Cependant nul doute que. dans ta majo-rité des cas, ta maladie ne tranchissc tes limites

étroites dont j'ai parlé, etqu'eUe ne prenne plus ou

moin~d'extension. Autour d'une ou de phiaicurs

conceptions dctirantes principatcs, viennent peu a

peu se grouper d'autres idées fausses qui s'y ratta-

chent plus ou moins ctroitement.

L'observation deBerbiguicr, écrite par tui-m~me,

fera bien comprendre < e quisejassc dans les cas de

f'eUcnature.

La matadie débutaj a)' (tes !).)ttu'tf!ti<ms. Hcrhi-

~uicr commL'n~'apar ci'tt'ndt'f des bruits pendant la

Page 452: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

4t~ MAttCtt~MLAMOSOMAME.

nuit. M était a peine couché, qu'on irappaita~

force sur tous les meubles. Bientôt, pour échapper

à ce vacarme étourdissant qui devenait un véritable

supplice, il prit le parti de ne plus passer la nuit

chez lui. «Je courais les rues, dit-il, pendant queles

habitants de la ville fermaient les paupières. Je ne

prenais de la nourriture que quand le besoin le plus

pressant m'en faisait une obligation. Je n'entrais

chez moi que pendant le jour; et comment aurais-

je pu me déterminer à y rester pendant la nuit?

C'était alors que le calme était banni de ma cham-

bre, et que dans cellequi était au-dessus on frappait

à coups redoublés. ·~

11vit la un système de persécutions organisé par

deux femmes qui travaillaient a son ménage.

Bientôt il eut des hallucinations de la vue, et

aperçut des chats dans sa chambre et sur son lit.

Ceschats n'étaient autres, pour lui,que les ~<'t<d?

sorcièresmétamorphosées.

Berbiguier, accabléde souffrances, est bientôt en

proie à des idées de suicide, mais une not'a~l'arrête

au moment ou il va se donner la mort. C'est dans

cettenuit mêtncque Jésus-Christ lui apparaît sur un

trône.

Le délire aurait pu rester dans ces limites. Le

malade était halluciné; il croyait a la réalité de ses

hallucinations; il accusait de ses souffrances deux

jfcmmesqu'il prenait pour des sorcières. 11y avait

donc aliénation mentale bien caractérisée, et tout ce

qu'il fanait pour constituer la monomanie.

Cependant peu a peu de nouvelles conceptions

Page 453: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MAttCHEDE LA MOKOMANtE. ù<3il

apurantes se joignent a celles que je viens d'indi-

quer.

Berbiguier consulte Pinel pourêtre délivré de ses

maux, etcetillustre médecin, ne l'ayant pas guéri, est

rangé parmi ses persécuteurs c'est un /<Me~ le

représentant de Satan.

Bientôt dix ou douze personnes avec lesquelles le

malade se trouve en rapport sont également des

ennemis acharnés a sa perte.

Ennn, comme il le dit lui-même, son imaginationest tellementfrappée des farïadets, qu'il en voit par-tout.

Dès lors, rien n'arrive plus que par les malénces

des farfadets.

Ils tourmentent son écureuil,Us font fumerson poêleIls arrêtent ou dérangent le mouvement de sa

montre.

Ses ennemis agissent sur lui-même. Ils l'endor-

ment contre son gré, ils troublent ses facultés; ils

lui enlèvent ses idées, ils le font ~<?n;M<?/

Ils vont même jusqu'à lui faire commettre de

mauvaises actions. C'est ainsi qu'il leur attribue ses

emportements et ses brutalités contre son écureuil.

Unjour, le malade trouve une pièce de cinq francs

qui avait été oubliée dans les lieux d'aisances; il

s'empresse de la restituer, mais reste convaincu queles farfadets ont ainsi voulu tenter sa probité.

Ce sont les farfadets qui font le mauvais temps;sans eux, il n'y aurait ni pluie, ni grêle, ni ton-

Page 454: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~t~li ~.Hi~tS~Mt.~Mf~t~WR~]

nurve. MnMeurs&is ils ont fait soufflerle v&<ttpMf

briser son parapluie.Tout peut ainsi s'expliquer par tes tar~dets.

On se trompe sur la cause des morts subites, ~n

les attribue a des coups <tcsang, d<*8apople~ie~,

mais il n'en est rien. Ce sont les farfadetwquiétottf-

tcnt et étranglent les personnes qu'on voit ainsi

succomber tout à coup.

Il n'y aurait point d'entorsessans 1,tar&det~,

qui placent à dessein dea obstacles devant 1~ gens

pour tes &iretainber.

Enfin Bcrbiguicr explique par les iar&dett ia

grossessede plusieurs jeunes Mesqu'on disait avoir

été séduites. Ces MUes,pour lui, sont innacenteset

pnrps eUesportent la peine des maMËcesdes far-

i'adets, qui se sont introduits !a nuit auprès d'elles

invisiblement, et qui en ont abusé a leur insu.

Les farfadets passent par les fissures des meubles

les plus étroites; ils se glissent même entre la jambe

et la jarretière, etc.

On pourrait, en parcourant lestrois volumeséertts

sur les farfadets, trouver bien d'autres conceptions

délirantes, mais celles que je viens de rapporter

suffisent pour montrer l'extension qu'avait prise le

détire.

Toutes les idées fausses du malade ont leur point

de départ dans la croyance à la réalité de ses hallu-

cinations.

Mn'y a que des ennemis qui puissent le tourmen-

ter chaque nuit. Ces ennemis acharnés a sa perte

Page 455: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MAttR[tt:!)K{.A\:0'<OMAK(t'. ~ft ~s

e~t~nt dottc. t-~e fois cette idée arrêtée, le délire

aMgt~entant, Heringuier attribue tout ce qui lui ar-rive de fâcheux a ses persécuteurs.

Delà, une foule de conceptions délirantes secon-

daires qui serattadtOtt a l'idée principale.Comme beaucoup de monomanes, celui dont

nous parlons avait, par intervalles, un trouble

plus générai des tacuttës. C'est hu-mêmc (lui le dé-

ct&re

f ,tedoisfaire obsrYer, à l'appui de ce queje viens

(tedire au sujet des farfadets, que je me suis aperçu

que les membres de cette odieuse association me

travaillaient parfois la tète, au point que je suis

obHgede convenir en moi même qu'il ne me reste

pas l'ombre d'une Idée saine et que j'oublie tout a

coup ce que je suis, ce queje fais. oPlus loin on !it

encore r'Je sentis dans la tête un coup terrible quime réduisit à un tel état de stupidité, que j'aurais pu

passer pour fou auprès de quelqu'un qui ne m'aurait

pas connu. en cuet, dans une espèce d'alié-

nation. Je fus contraint d'abandonner la plume jus.

qu'au moment ou je sentis revenir en moi des idées

un peu plus saines, etc.

Voici dpnc un malade qui a des conceptionsdélirantes nombreuses, et par intcrvaUes un dé-

lire plus général qu'il caractérise lui-m~me en di-

sant qu'il ne lui reste pas alors l'ombre d'une idée

saine.

Est-ceencore là de la monomanie',1

~ous croyons que tout le monde, après avoir lu

les trois volumes de Berbiguier, répondra par l'af-

Page 456: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~1.6 M~RCffËMt.AMON<~MA!'f~.i~*

tu'mativc; car si le délire était assez etë~dt!~ it ~yen avait pas moins la une séné dominante d'idées

quise retrouve a chaquepage.L'auteur des f:trfadcts h*était ni un maniaque, ni

un dément, ni un mélancolique, mais un homme

actif, intelligent, et qui, malgré ses convictions

délirantes, avait des idées parfaitement suivies.

Nous pensons que dans ce cas, et en présenced'une série d'idées aussi exclusive, on doit, sans

tenir compte du nombre des idées fausses secon-

daires

àqui se rattachent au point principal conser-

ver a cet état le nom de monomanie, devenu syno-

nymede délire partiel.

Agir autrement, ce serait se montrer, pour la clas-

sification des désordres intellectuels si mobiles et si

variables, plus difficilequ'on ne l'est pour celle des

plantes, par exemple.

Nous croyons donc que les critiques adressées au

mot de monomanie ne sont point fondées.

A notre avis, ce mot est encore celui qui convient

le mieux pour désigner tous les cas de délire partielavec une série (foHtt~at~ed'idées, quels que soient

d'ailleurs les p~nomene~accessoires, le nombre,et

nous dirons presque la variété des idées fausses se-

condaires.

Page 457: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

27

SUn LUS CAUSES

DE LA FRÉQUENCEDELA FOLtE

CHEZX.ESPRtSONNtERS.

En t8~o, à l'occasiondu Mémoire adresse a l'Aca-

démie de médecine, par M. Morcau-Christ.ophe,je

publiai dans la Ca:eMeMc~<ca7cquelques considéra-

tions sur la morLdité et la folie dans le système

pénitencier. je cherchais alors a expliquer par des

causesétrangères a l'intlucncc de la solitude les cas

d'aliénation mentale observes dans les pénitenciers

cellulaires; j'essayais de démontrer '«~M'on(/pt,'<«'<î'

ccM~'c?',su)'uM<!on~edonnéde prisonniers, p~us (/<'

/MMgtte,!Mt'<(' tH~tcMOMt6<'e<~ /iW!;t<;7'»(P. t3.)

Celait, que l'induction me portait seulement a

rt-~arder commetrtsprohafne, est aujourd'hui di-

Page 458: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

4'~ 8 t'RAQOEKCKOKhàfOUE

rectemcntprouvé par les recherches statistiques queM. Lélut vient de lire a l'Institut.

Ces recherches démontrent, en effet, que les cas

d'aliénation mentale dans les prisons sont quatre,

cinq, ou même sixfoisplusnombreux, toutes choses

égales d'ailleurs, que dans la population jibre.En présence de ce résultat si important, je crois

devoir rappeler, en les complétant, les considéra-tions sur lesquelles je m'appuyais en t8~o.

)° Il ya desaliénésdontla folie,méconnueavantetaprèste juge-ment,t'est constatéequ'àrentréedanstepénitencier,parsuitedel'examenmédicalauqueltemaladeestalorssoumis.

Depuis que les travaux de Pinel et d'EsquIrol ont

conduit a une étude plus approfondie des dérange-ments de l'intelligence, beaucoup d'individus qu'onne regardait pas commefous sont aujourd'hui jugéstels par les médecins. C'est là une des causes de

l'augmentation si considérable qu'offre le nombredes aliénésdepuis trente ans. Chaquejour, on reçoitdans les hospices des malades dont la folie remontesouvent à une époque très éloignée, et qui, jusquela, étaientrestés libres, soit qu'ils fussent inoSensij~,soit qu'on n'eût point reconnu leur état.

Il existe ainsi, au milieu de la population, beau-

coup plus d'aliénés qu'on ne lepense généralement.Le recensement fait dans le canton de Vaud, en

t837, peut donner une idée de ce qui a lieu sous ce

rapport.Il n'y avait guère à l'hospice de Lausanne, que je

Page 459: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

CHKZLKSPttMOK'StUtiS. ~1~

~<~M.*.n.cnG touque, que cent matactes, et te re-

cemment en avait fait reconnaître quatre centsdans la population. En tenant compte des idiots etdes crétins, on aura encore, en dehors de l'hospice,une proportion énorme d'aliénés libres.

Ce qui a lieu dans le canton de Vaud existe par-tout à d inhérentsdegrés.

Amesurequ'on élèvede nouveauxétablissements,on voit le nombre des malades s'accroître. Ce qu'il&uten conclure, ce n'est pas que la folie devient

plus fréquente, mais bien, commele prouve Esqui-Ml,que beaucoup d'aliénés restaient libres.

Parmi ces malades, les uns jugés tels, les autres,dont la folie est méconnue, il en est qui compro-mettent leur fortune ou qui se livrent à des actes

coupables. Ces derniers, le plus souvent, ne font

que passer de la prison à l'hôpital. Quelquefois, au

contraire, on ne reconnaît point leur délire; ils su-bissent une condamnation, et sont envoyés au péni-tencier, ou leur état de maladie ne tarde pas à êtreconstaté.

Le nombre des détenus dont l'aliénation a étéreconnue a l'entrée dans les pénitenciers d'Amé-

rique et dans celui de Lausanne est considérable;mais il faudrait se garder de croire que la folie nes'est déclarée, dans tous les cas, qu'après le juge-ment 11y a positivement des malades qui étaient

déjà aliénés avant leur condamnation. C'est cequ'a~firme M. Lélutet, avec lui, plusieurs autres mé-decins.

Ledéhre partiel, méconnu avant et pendant le

Page 460: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MO 'UKt'.CEMt.AfOMt;

;w .r' 1 rt--jugement, et

constaté seulement <~ns tes péniten-ciers, est doncune première câusë~dela fréquencede ta Miechez les prisonniers.

2- QuelquescrimessontcominispendanHapënoded'incubation(telafoliepardesmaladesquinesontpointencorecomptétementaliénés.maisquitadeviennentpeuaprèslejugement.

Quand on interroge ies parents des aliénés sur

l'époque de l'invasion de la maladie, il arrive, dans

beaucoup de cas, qu'ils ne font tout d'abord re-monter le début qu'a une date très récente. Puis, si

on va plus loin si l'on recueille les renseignementsavec soin, on apprend bien souvent que, depuisplusieurs mois, un an, ou mêmeplus, le malades'était fait remarquer par un changement dans lecaractère et les habitudes. On serappelleabrs desactes plus ou moins bizarres auxquels on n'avaitguère fait attention, mais qu'on s'explique après ledébut de I'a!icnation mentale, etc.

On peut ainsi se convaincre qu'il y a iréquemmentdans la folie une longue période d'incubation quipasse inaperçue, non seulement pour le monde,mais même pour les proches du malade.

Ces individus, qui ne sont point encore aliènes,mais qui vont le devenir, commeceuxdont j'ai pariéplus haut, peuvent compromettre leur fortune et selivrer a des actes coupables. Parmi cesderniers, ledélire éclate tantôt avant .tantôt après le jugement.

C'est une seconde causede la fréquence de ht foliedansics prisons.

Page 461: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

CHKX).t:St'))!SO'SStK)tS. <t2l

tt y a parmiles prisonniersun certainnombred'individusdouésd'uneorganisationspeciatequiconstitue,presqueà elle

Mute,un commencementde maladieetquiprédisposeauplushautdegréatrustesdérangementsdeinteHigence.

Ce n'est point parmi les organisations privilé-

giées que se recrutent les bagnes c'est ce que tout

le monde a, depuis longtemps, reconnu. Trop sou-

vent nous voyons comparaître devant les tribunaux

de ces natures exceptionnelles, chez lesquelles les

instincts de la brute l'emportent de beaucoup sur la

raison. Ce sont en général des hommes de peu d'in-

telligence, mais chez lesquels la violence de carac-

tère et les passions sont presque portées jusqu'à la

maladie. Ceshommes livrés d'ailleurs le plus sou-

vent à toute sorte d'excès, tombent fréquemmentdans la démence.

Aussi rencontre-ton quelquefois, dans les éta-

blissements d'aliénés, des types de ces natures,heureusement assez rares.

La faiblesse d'intelligence, portée a un certain

degré, est une autre cause qui conduit égalementau crime et a la folie; les débats révèlent souvent

chez certains prévenus un état mental qui, pourme

servir des expressions de M. Lélut, a sans être de

l'aliénation, n'est pourtant pas un état de raison

auquel puisse être attribué le degré, même le plusordinaire, de libre arbitre et de culpabilité.

Ainsi, la violence de caractère, réunie, chcx cer-!ams sujets, a une intelligence peudéveloppée, peut

Page 462: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

A~2 P~UEM~M~fOUK

conduire également au crime et a la foltc. Il en est

de même de la faiblesse seule de l'intelligence por-tée a uncert&ittdegré.

Ce sera donc une troisième cause d'aliénation

mentale dans les prisons.

4" Les pnsonniers, soit avant, soit après le jugement, font sou-

mis à beaucoup de causes occasionnellespropres à provoquerl'aliénation mentale.

La folie est, te plus souvent, produite par le dé-

veloppement despassions, par desémotions morales

vives, des chagrins, etc

Les combtttsde la consci~cs et tes remords ta

provoquent a~s~t très souvent, suftout che& les

~mmes Puis viennent les excès de toute sorte, b

débauche, la misère et les privations qu'elle en-

traîne, etc.

tl sufht d'énumérer ces causes pour faire voir

quels rapports étroits existent ici entre les crimes

et la folie.`

Combien -de passions, de luttes violentes ont

souvent précédé le crime? De combien d'angoisseset de terreurs n'est-il pas suivi?

Toutes ces causes morales réunies doivent, dans

beaucoup de cas, produire le d~c ou préparerson développement. ;l

Les prisonniers ont donc so~~nt été soumis,avant leur jugement, a des causes non&reuses de

dérangement de 1'i~tcHigence. (~eUesqui agissent

Page 463: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

CHrxt.MPti'sos'OKtts. &23

après la condamnation ne sont pas moms puis-

gantes.

M. Lélut a indique l'intluence que peut avoir la

condamnation elle-même mais, en dehors de cette

cause si réelle de folie, il en est une autre sur laquelle

je crois devoir insister.

Ce n'est parfois qu'après le danger passé qu'on

éprouve tous les enets de ta frayeur. Quelque chose

d'analogue a lieu pour le développement du délire.

Suivant Esquirol, beaucoup de cas d'aliénation men-

tale éclatèrent pendant la révolution, immédiate-

ment après que le régime de la <erf~<reut cessé.

On voit des prisonniers pleins de force et de

courage avant et pendant le jugement qui se laissent

abattre et tombent dans une sorte de prostration

morale après la condamnation ou même après l'ac-

quittement. Le découragement, dans ces cas, est

ordinairement d'autant plus grand que l'excitation

elle-même a été plus vive.

Cet état et les remords qui l'accompagnent sou-

vent peuvent expliquer certains accès qui se mam-

testent peu après le jugement.

Les prisonniers sont donc, avant, et après leur

condamnation, soumis a des causes nombreuses de

folie et il y aurait lieu de s'étonner que cette maladie

ne se rencontrât pas plus fréquemment dans les

prisons que dans la population libre.

Page 464: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

-U:<t2~/ ~m~~M~eE~A~R~

5° Lafoliesimuléeestfréquentedans!esprisoasetMftotttdan~lespénitenciers,etonconçoitque({ueIq~Merreurseieatpuavoiflieusouscerapport.

Je ne fais quesignaler cette cause, qui a pu aug-menter le nombre des faits d'aliénation mentale

observés dans les pénitenciers céUulaires. C'est

presque toujours, en effet, dans les prisons queles médecins sont appelés a reconnaître la folie

simulée. Nous croyons donc pouvoir admettre, au

moins comme une chose probable, que quelqueserreurs ont pu être commises.

Telles sont les considérations principales qui

peuvent expliquer pourquoi, toutes choses égales

d'ailleurs, il doit y avoir dans les prisons plus de

cas d'aliénation mentale que dans ta populationhonnête etiihre.

Ce serait assurément une doctrine aussi contraire

a la vérité que dangereuse pour !amorate, que celle

qui tendrait à exagérer les rapports des crimes et

de la folie; maison tomberait dans une autre erreur

non moins fâcheuse en niant complètement ces rap-

portsdanscertaineslintites.

Ce qui le prouve, c'est qu a Hfthlemet a Hicêtre

il y a des quartiers de force pour les condamnes

aliénés, et que les hôpitaux sont ainsi devenus

depuis longtemps des succursales obligées des

prisons.

Page 465: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

EXPîJCATtO~i DES PLANCHES.

PfAKCHt;l(~).

<. Ligne blanche dans l'épaisseur de ]a couche corti-!a!e vue, par Vicq-d'Azyr dans les lobes postérieurs, et partî. Cazauvieilh dans toute l'étendue des circonvolutions.

7~.3. Cette figure est copiëe de l'ouvrage de Gennari.B.ubstaace blanche. AA, couche mmce d'un blanc jaunâtreplacée entre ta substance Manche et la substance grise. D D,mouchede substance .s-ris.-..éparaat la ugnc A A d'une se-~ondeligne blanche G qut tronve, par cousëquent, dans'épais?eur même de la substance corticale. Cette dispositiont été notée par Gennari comme exceptionnelle.

3. Autre figure copiée de l'ouvrage de Gennari re-)r6seatant la disposition qu'il a vue en général. B, substanceHanche, A A A, troisième substance du cerveau formant une:ouche mince entre la substance blanche centraie et la sub-ttance corticale, laquelle, par conséquent, n'est pas divisée.

7' 4. Circonvolution du cerveau du mouton. On voites six couches alternativement grises et blanches.

/~y. 5. La mémo, vue par transparence. Les couches, blau-

(~ Toutesles figues desplanches i et ![ out été dessincMsur les~coa frakhe", pMepto1~ tigures a. 3 de la pt~uche copiées!M-,.t a~h-M.uvr~M. j~ ~c e <te!.t p)Mchn t~- et !a figure8le la plancheIl sontJc~igur~ ~~i~. GnuretOdc ifp!n-,ha Il, vue au microscopebeaucouppius ~ande, a M diminuaroutes les autres fi~r<-s.excepté la fipurc « de la pianchen. sontles lamesmmce~decircouvoiuttonsp)acée-ip.G deuxverres, et plusaumoinsaplaties.

Page 466: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

t30 EXPMGÀTMKBES HANCHES.

chesétant opaquessontmarquéesen noir les couchesgrises

transparentes sontmarquéesen blanc. C'estdonc le contraire

de la Cgure< ainsi la premièrecouchegrise dansla figure 4

est blanche dans la figure 8 et ainsi des autres. On verra

mieux cette dispositiondans la figure6.

~!p. 6. Figure grossie. La moitiégaucheest vuepar l'as-

pect simple, la moitiédroite est supposée vue par transpa-rence. Moitiégauche B, substanceblanche, 8, 3, 4, 8, 6.

Les six couchesalternativementgriseset blanches.

Moitiédroite B, substance blanche vue en noir parce

qu'elle est opaque, 3,3, t, S, 6. Les sixcouchesalterna-

tivement transparenteset opaques.Lescouchestr&nsp'u'eatas

marquéesen blanc 3, 8, se continuent avec les couches

grises <, 3, de la moitié gauche marquées en noir les

couehesopaques3, 4, 6, vuesen noir, se continuentavecles

couchesblanches3, 4, 6, de la moitiégauche.

Fig. 7. Circonvolutiondu cerveau de l'homme. Aspect

simple. Les six couches alternativement grises et blan-

ches.

ft' 8. Variété dans une circonvolutiondu cerveau de

l'homme, vue par transparence. Aumilieu de la substance

corticale,on voitune coucheopaque forméedes couches

3 et 4, très-rapprochées.Aumilieude cette couche;quelquesintervalles transparents indiquent encore l'existencede la

3'couche.

~*t~.9. Variété dans une circonvolutiondu cerveau de

l'homme vuepar transparence.B, substanceblanche. L plan

opaqueformé desquatre premièrescouches.La transparencefait reconnaître quelquesvestigesdes et 3° couchesgrises

atrophiées. E, plan externe de la substancegrise.

Fig. 40. Circonvolutiondes lobespostérieurs. Au milieu

de la substance corticale une Ugne blanche très-apparente

(4' couche), au-dessousune secondeligne blanche beaucoup

plus petite et moins visible (2*couche).

Page 467: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

.EKPUCATMSDESHACHES. %3~

F< H. Circonvolutiond'un cerveau de cheval. Lessixcouchesvuespar transparence.

PLANCHEH.

Fig. <. circonvolution du cerveau du chien. Les sixcouchesvues par transparence.

~.2. Circonvolutiond'un cerveaude chat. Lessix.cou-ches vues par transparencedans une partie aealement, con-fonduesdans le reste.

F~. 3. Commencementde la couchecorticalesur le corpscalleux cerveaude lapin, vue par transparence.

~.4. Circonvolutionducerveaud'un enfantnouveau-né.Aspectsimple. Tout parait homogène.

Fig. S. Lamêmepiècevuepar transparence V, vaisseauxau centre qui est transparentplus haut, les lignes transver-salesdans la couchecorticaleplus opaque.

F! 8. Lesdeuxrangéesde fibresdansla couchecorticalevue par transparence. Cerveaude l'homme.

Fig. 7. Même pièce, cerveau de porc. Les fibres plusgrosseset moins nombreuses que dans la pièce précédente.

Fig. 8. Pièce grossie. La moitié gauche reproduit lafigure 6, la moitié droite la figure 7.

~y. 9. Fibres dans la couche corticale du cerveau duchien. Oncommenceà voir des fibres transversales.

Fig. <0. Structure de la couche corticaledu lapin vue aumicroscope.Fibresverticales croisées à angle droit par desfibres transversalestrès-nombreuses.

H. Circonvolutiondu cerveau de l'homme sur la-quelle la couche extérieurea été enlevée. C, lambeau ren-versé de la coucheextérieure enlevéeà la partie H. A, partieintacte.

Page 468: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

MPDCATION'MS PENCHES.

PLASCHEMï.

<. Mandrin en baleine.

Fig. t. Mandrin en fer.

2. Pièce métallique se vissant dans la sonde et quisert à maintenir d'un côté le mandrin en fer et de l'autrele mandrin en baleine.

Ft~. 3. La sonde avec les deux mandrins, ]e mandrin enfer a été recourbé et maintient le mandrin en baleine.

Page 469: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

PU 1

Page 470: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

PL(I_

Page 471: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~ez

~Y~sF~

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Page 472: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

TA.BLEDESMATIERES.

f'ages

iNTttODUCTtOK. tâXXXYt

RECHERCHESSURLASTRUCTUREDELACOUCHECORTICALEDESCIRCONVOLUTIONSDUCERVEAU. g

Art. 1. De la division de ~a couchecorticale en plu-SM'tt'SCOMC~ 4

~<. 11. Du mode d'union de ia substance blanchecentrale et de la couche corticale des circonvo-

tutions. «

III. De la structure des lames blanches inter-

médiaires. ~3

Art. IV. Dela couchela ptus superficielle de ta sub-stance grise corticale. <SÕ

4)'<. V. Dela couleur du cerveau et de la nature dela couche qui forme sa surface. <7

Art. ~7. Substance jaune. 20

Art. VII. Couche corticale dans tecerveau du fœtus.. 28

~4)'<.VIII. Anatomie comparée. 39

§ 1 Lobes cérébraux des oiseaux. 99§ II. Lobes optiques. 30

§ HL Lobes cérébraux des reptiles. 30IV. Lobescérébraux des poissons. 34§ V. Lobesoptiquesdespois.'ious. 3)

A~. 1~. AppiicaUonsat'anatomiopathoiogique. 33

Art. X. Applications physiologiques. 37

R~Mmf'!)E L'ÉTENDUEDEI.ASURFACEDUCERYE.U;ETDESESRAPPORTS

AVECLEDÉYEDPPEMEKTDEL't'OELLKiEMCE. 4T

Page 473: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

:M~ '~T~LBM8'i~,L~

PMXfMRMïM. De l'étendue detasurfaeeducorvsàï' 47SMOMPOINT.Des rapports entre retendue de la sur-

face du cerveau et le degré de développement de

l'intettigence. M

Du MODEMMR~MOK M CMVEAU. S9

S I. Opinion de Reit, de Tiedemann et de Des-

moulins. 60

§ !I. Conséquences de t opinionde Tiedomann. 6!!IM. Réponse aux arguments sur lesquels Tie-

demann s'est appuyé. 64

§ tV. Objections que soulève l'opinion de Ti.e-

demann. 66

6 V~ PreMedtroate de i'~rFeM dans iaqaeMesont tombés Réli, Tiedemann 'et j&es-moulins quant au mode de fonaatMmdu cerveau.< 6~

Du S!ÉGED):QUKLOCE8RÉMMOMHAGtESMÉNtNCÉES.t 74

Aft.L Hemombagies dans ta,graBde cavité de t'a-

racbnoïde.< 76

§ t. Petites hémorrhagies dans ia cavité de l'a-

rachnoïde. 76

§ n. Hémorrbagies considérables dans la grandecavitedet'araohnoMe. 86

Art. Jf. Hemorrhagies entre la dure-mèreet t'arach-

BoMe 'pariétale. 96

Art. IH. Des motifs sur lesquels on peut s'appuyerpour mettre en doute l'existence des hémorrhagiesooBsidérabies qu'on dtt avoir'rencontrées entre !la°ladure-mère et l'arachnoïde pariétale decoUÈe. <07

De tt ressemblance entre les hemorrhagiesenkystées de la cavitéde i'arachno~deetcelles qu'on dit avoir rencontrées entrela dute-.m&reet son feuiUet sêreux'de-

collé, et de la possibUitOde confondreces deux sortes d'epanchoments. 407

t tï Les observations publiées jusqu'à ce joursont insuffisantes pour prouver que des

hémorrhagiesétendues ont recHestent eHlieu entre la dure-mère et le feuiUet pa-neta dei l'atachnotde. «s

Page 474: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

\;r~M&tt!m. 49?~ ~1

~s~M8. ue h transfotBMtM~ gHKtneUeqnesnMt!e s&ag6paach6 dans t&cairM de l'arachnoïde et de

ç l'erreur &laquelle cette transformation a donné lieu. « 9

Transformation sucoebSMCqae subit le

sang épanché. <499? § H. Les fausses membranes résultant d'épan-

cbements sanguin plus ou moins an-ciens ont été regardées à tort comme de

simples produits d& phlegmasies ant~-

neures. 496

<CNERCHESSTATtST)QUESSURL'HÉRÉDnÉDELA FOUE. 436

S t. PfeMtcrequestion. La folie de la mèretoutes choses égales d'aiHeurs, est-eUe

plus fréquemment héréditaire que celledu père?. 438

§ H. D~iBtAnegMesMon.Danstescasdefotiebé-

rëditaire,tama)adied6tamëresetrans-mct-elte à un plus grand nombre d'en-

=P fants que celle du père?. <40

~IH.Tro<~meqt«:~M?t.Lafotiesetransmet-eUe

plus souvent de la mère aux filles et du

père aux gardons?. <4<§ ÏV. Applications physiologiques. ~3§ 'Vt ÂppHotttions&t'bi~Mrf générale des ma"

ladies héréditaires. 1~

f~OCCMENtS STATISTIQUES A L'APPU! DU 'itÉMOIRE QUI PRECEDE. <49

I. Maladies mentales béréditairee chez t~s

hommes (300 observations résumées en

is ( six tableaux). ~99

~î)OCOMEHTSSTATtST)QUES(SM«e)..< ~63

Il. Maladies mentales héréditaires chez les.femmes (300 observations résumées en

3~ six tableaux). 462

?E L'ÉTAT BtSIGNÉ CHM LES AUÉN&S SOUS LE NOM CE STU-

~'i~h P'fn'É.

"B t.'tNFH!ENCK DE L'ETAT )STEMfËD)AmE A LA VEILLE ET AU

j SOMMEIL SUR LA PRODUCTION ET LA MARCHE DES HALLUCt-

NATtONS. 249

Page 475: Baillarger, J. - Recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux

~)~B~ ~arr~~s;

L ~ts'l'ïi~#IDOtzaede l't'Hat intè~édiaire â .lai~ét

JMH~tau sommctt sM ~pMdacti.ndes haHucfBatMns chez les sujets p~-

djsposés à)afo!,c.S !nauence de !'<!<atmten~dM~ Ja vei.!e

~P~uGtiMt~hatiuemauons dan. les prodro,~ etdcbutde )afo!ie.

~L7de

'di~~ h

PMâuct;.n

~Pcn~t~lafolie. r§ IV. Innuc~ t-~t

?et au som~ei) sur h Marche des Mh~cmabous..

R83~on des

ob~t~~

t3EL'ALIMENTATIO~ FORCEE DES ALt~aYF;S ET D~ L'E3fpLpt·Tt'tT,~F

~==~ °

Des ~~X~-eytb~sl~rislrte(la ~'(~o.phage chez les .~ü~nes:

SÏ.Difûcutt~ducath~risniG.

~?~ l'œschez las aliénés.§ m.

Dos moy~ de <H~nu~eui~

proies da~cath~i~S~cosophagechM les ati<

AppeM~M.FMCMENTS~ORLAFOt.M. ~j

~~M~tasuitedes~~i~crmittM~Des ~.OM de j'attente cbe~esali~.De la prédisposition aux idces Sxes. gg" ?Fréquence de la monomanie.

391D6butetmarchede~monomani~Marche de t.-tmonomanio.

444

lasprisonniars.

447~7