Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

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  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    1/17

    Lectures lttraires

    Volume

    dit

    par

    Chiara Bemporad

    et Thrse

    Jeanneret

    Ce volume

    fait le

    point

    sur

    les

    diffrents courants

    de

    la

    didactique

    de

    la littrature

    et explore

    diverses tentatives

    d enseigner la littra-

    ture en classe de langue

    trangre. Il

    part

    de

    I hypothse

    que

    la lit-

    trature

    procure

    I apprenant

    des

    accs la langue si riches

    et si

    diversifis

    que

    ce dernier ne

    saurait s en

    passer.

    La manire

    dont la

    littrature

    est institue

    en objet d enseignement

    est alors cruciale:

    elle

    doit

    rendre I apprenant

    attentif

    telle

    ou

    telle

    donne

    culturelle

    et

    ses encodages

    langagiers, elle

    doit

    lui

    permettre

    d identifier

    progres-

    sivement

    un mouvement

    de sens

    grce

    tel

    ou tel

    regroupement

    de

    textes, elle doit lui fournir

    les outils d analyse

    et de

    problmatisation

    qui

    lui

    permettent

    de

    poursuivre

    seul sa trajectoire

    de

    lecture.

    Dans

    ce

    volume,

    on dcouvrira les

    solutions

    proposes

    par

    des didacticiennes

    et didacticiens de

    pays

    francophones

    s attelant

    I enseignement

    de lit-

    tratures europennes

    -

    souvent franaise, mais

    galement

    anglaise,

    espagnole et italienne

    -

    pour

    lever les difficults

    et thoriser les

    apports de cet enseignement

    de littrature et

    en saisir

    les

    renouveaux

    mthodologiques.

    ISSN

    0014-2026

    llil

    llil

    il ll

    lllillllililllllll

    I

    --

    Etudes

    de

    Lettres

    4

    .

    2007

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    2/17

    ruons

    DE

    LETTRES

    Revue

    de la Facult des lettres de I'Universit de Lausanne

    fonde

    en 1926par la Socit des tudes de lttres

    LECTURES LITTRAIRES

    ET

    APPROPRIATION DES LANGUES TRANGRES

    Chiara Beuponln et

    Thrse

    JRNNsn r

    Langues trangres:

    Quelles

    lectures

    pour quelles

    appropriations

    ?

    PnnvrnB

    PARTIE

    Du

    ct des

    didacticiens.

    Approches thorques de la

    lecture

    littraire

    Karl

    CnNvnr

    Lire

    du

    ct de chez soi. Rhabiliter la lecture

    >

    Luc

    Colls et

    Jean-Louis

    Dunnvs

    Du texte littraire

    la lecture

    littraire:

    les

    enjeux

    d'un dplacement en classe de FLE/S

    Nol ConooNIen

    Le

    texte

    littraire,

    en

    rgime

    postmoderne,

    du

    primaire

    au

    tertiaire

    Franois

    Ross'r

    Littrature et

    langue

    trangre

    en

    monde

    francophone:

    au-del

    des

    poncifs

    et

    des

    alibis

    19

    7t

    Dpuxrvrn PARTTE

    Du ct de I'apprenant :

    quelles

    pratiques

    de la

    lecture

    littraire ?

    Chiara Bslvlpon

    Attitudes

    et reprsentations face

    la lecture littraire

    en

    italien

    langue trangre

    Arnaud

    Bucss

    et

    Myriam Monz

    Littrature

    et contextes

    105

    Tnorsrvrn

    PARTTE

    Du ct

    de l'enseignant:

    outils ddactiques

    mthodologiques

    et

    pratiques

    pour

    l'enseignement

    de la littrature

    en lngue trangre.

    Francine

    Crcunsl

    Postures

    et mdiations pdagogiques

    pour

    la

    lecture

    littraire 155

    5

    UNE

    MISE

    OUN

    DES

    OUTILS

    NARRATOLOGIQUES

    POUR

    UENSEIGNEMENT

    DE

    LA LITTRATURE

    Cet

    article

    propose une mise

    jour

    des

    principaux outils

    pdagogiques drivs

    de

    la

    narratologie,

    qui

    sont aujourd'hui

    encore

    largement

    utiliss

    pour

    l'enseigne-

    ment

    de

    la

    littrature

    en classe

    de FLE. Il s'agit

    avant

    tout

    de lier les

    questions

    relatives

    la

    forme de

    I'intrigue

    avec celles

    qui

    concernent

    sa

    manifestation

    dis-

    cursive,

    et

    de rarticuler

    par

    ailleurs

    la distinction entre

    et

    ,

    de

    manire

    mieux clairer

    les

    liens

    entre

    la

    logique

    propre

    de I'histoire

    narre,

    la

    forme

    potique

    de sa

    narrativisation,

    les lments

    relatifs

    la scne noncia-

    tive

    et les effets esthtiques

    qui

    dcoulent de

    son

    actualisation par

    la

    lecture.

    Cette

    approche

    pragmatique,

    qui

    recontextualise

    les outils

    narratologiques

    et met

    en

    rapport

    les dimensions

    potique

    et esthtique

    des

    rcits, vise enn

    rappro-

    cher

    l'nalyse

    littraire

    de

    la

    pratique effective de

    la lecture,

    de ce

    qui

    fait

    l'in-

    trt de

    cette activit

    dans nos

    vies

    et

    qui

    tient

    des aspects

    inextricablement

    cognitifs

    et

    passionnels.

    L Introduction

    Cette tude

    vise

    faire le

    point

    sur

    certains outils

    drivs

    des

    travaux

    narratologiques rcentsl

    pouvant

    tre

    utiliss en

    classe de FLE,

    soit

    pour traiter

    directement

    des

    questions

    de

    langue (par

    exemple I'usage

    des temps

    verbaux en

    franais

    pour

    raconter

    une

    histoire)

    soit

    pour

    soutenir des

    activits

    de

    production

    ou d'interprtation:

    rsum,

    arti-

    culation des

    parties

    du discours,

    reprage

    des

    marques nonciatives,

    I

    La

    plupart

    de ces

    rflexions sont tires

    de

    mon ouvrage,

    La Tension narrative,

    et de

    I'article de Jean-Michel

    Adam, Gilles

    Lugrin et Franoise

    Revaz

    paru

    en

    1998

    intitul

    .

    53

    87

    t29

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    3/17

    t76

    ETUDES

    DE LETTRES

    analyse

    des effets

    potiques,

    rflexions

    sur la

    construction

    de l intri-

    gue,

    etc.

    Dans

    un

    premier

    temps,

    j introduirai

    ces notions

    dans un

    langage

    clair, en vitant d entrer

    dans

    des discussions

    thoriques.

    Ces

    explications visent

    tre accessibles

    des

    apprenant e.s

    avanc.e.s

    et elles devraient

    pouvoir

    tre

    rutilises

    en classe de

    FLE

    sans

    trop

    d altrations. Les

    points

    introduits

    paratront

    peut-tre

    banals

    pour

    les

    enseignant e.s, et en

    effet,

    ils

    relvent en grande

    partie du bon

    sens

    et de I exprience que

    nous

    faisons

    quotidiennement

    des fictions

    qui

    nous

    entourent.

    Cette banalit

    doit

    cependant

    tre

    considre

    comme

    rassurante: il

    est vident

    que

    nous

    sommes

    tous comptents pour

    lire

    un rcit

    de

    ction,

    il n y a ds

    lors

    pas

    de raison d attendre

    d une

    tho-

    rie littraire qu elle

    soit surprenante

    par

    rapport

    notre

    pratique

    quoti-

    dienne

    et notre langage

    commun. Tout

    au

    plus peut-on

    esprer

    qu elle

    formalise

    cette

    exprience,

    qu elle

    fournisse

    un lexique

    de notions

    adquates, mieux

    dfinies

    et bien articules, qui

    rende

    la lecture

    un

    peu

    moins transparente,

    qu elle

    enrichisse l usage

    intuitif

    du texte

    et nous

    ouvre

    de nouvelles

    perspectives

    sur la manire

    dont le

    rcit

    oriente notre

    interprtation.

    Recourir

    une

    thorie littraire,

    ce n est

    au

    fond

    que chercher

    des

    mots pour raconter l exprience

    esthtique et

    pour

    tenter

    d en

    comprendre

    les fondements potiques.

    Il

    faut

    cependant

    prciser

    que

    les

    travaux des

    narratologues

    struc-

    turalistes,

    puis

    ceux

    des linguistes

    qui

    s en sont inspir.e.s,

    ont

    sou-

    vent

    masqus

    certaines de

    ces vidences

    ou

    les

    ont

    rendues

    difficiles

    expliquer dans

    le

    cadre d une

    conception internaliste

    du texte.

    Or,

    ces

    travaux

    ont

    engendr

    des outils

    pdagogiques

    qui

    sont aujourd hui

    encore largement

    utiliss

    en classe de

    FLE

    et

    dans les

    cours de

    litt-

    rature franaise.

    Ces

    instruments

    heuristiques

    ont

    eu

    le malheur

    de

    se

    figer une

    poque

    o toute

    l attention

    des narratologues

    tait

    focali-

    se

    sur diverses formes

    de logiques

    actionnelles

    qui recelaient, pen-

    sait-on,

    les

    cls de la

    grammaire

    des rcits,

    c est--dire

    le

    fondement

    des

    rgles

    de

    structuration

    transphrastique

    des

    textes

    narratifs.

    Cette

    approche

    oubliait ainsi

    la fois

    l exprience

    concrte

    de la

    lecture,Ie

    temps

    qu elle

    rclame

    etles

    motions

    qu elle

    suscite. Elle

    marquait

    galement

    le

    divorce

    des

    rflexions

    menes

    sur la forme

    de l histoire

    raconte

    et sur celle

    du

    discours

    rqcontant.

    C est

    prcisment

    sur

    ce

    terrain

    que

    la

    (>

    2

    est venue

    complter

    les

    OUTILS NARRATOLOGIQUES

    t71

    travaux

    d orientation

    structuraliste

    et apporter

    des claircissements

    sur

    la porte

    esthtique

    des modles thoriques

    antrieurs,

    ce

    qui

    revient

    simplement

    ractiver des

    rflexions

    menes depuis

    Aristote

    jusqu

    Sartre.

    Il s agissait

    de

    rappeler

    par

    exemple

    que,

    dans

    le

    rcit,

    des

    motions3

    ou

    que

    4.

    A cela s ajoute

    un

    autre

    problme,

    qui

    avait ttrait

    dans

    un

    article

    dj

    vieux de

    presque

    une

    dcennie

    mais

    qui

    n a

    malheureusement

    pas

    reu

    I attention

    qu il

    mritait.

    Cet article

    de

    Jean-Michel

    Adam,

    Gilles

    Lugrin et

    Franoise

    Revaz intitul

    >

    remettait

    en

    question

    une

    dichotomie

    qui

    connat

    encore

    une

    grande fortune dans

    les manuels

    de FLE.

    J essaierai

    de

    montrer

    qu il

    existe

    une faon

    relativement

    simple

    de

    conserver

    le

    pro-

    fit heuristique

    de

    la distinction

    introduite

    par

    Emile

    Benveniste,

    sans

    pour

    autant

    rduire

    la complexit

    des textes

    en essayant

    de

    les

    ranger

    de

    force

    dans

    I une ou I autre

    de

    ces

    catgories.

    Il

    s agira

    avant

    tout

    de

    rappeler

    que

    cette

    distinction

    ne

    doit

    pas

    tre

    comprise

    comme

    for-

    mant

    la base d une typologie

    de

    textes,

    mais

    comme

    la

    mise

    en vi-

    dence

    de I inscription

    dans

    le texte de

    deux niveaux

    logiques

    propres

    toute

    reprsentation

    discursive

    d une

    action

    qui

    ne

    se

    rattache

    pas

    directement

    la

    scne

    nonciative

    s.

    La

    deuxime

    partie

    de

    cette tude visera

    ensuite

    souligner

    les

    points

    de

    divergence

    existant entre

    les

    quelques

    outils

    narratologiques

    qui

    auront

    t

    introduits et

    certaines

    conceptions

    antrieures;

    il

    s agira

    galement

    d expliquer

    brivement

    les raisons

    d un tel cart.

    Cette

    mise

    en

    perspective ne s adresse

    donc

    qu aux

    enseignant e s

    de

    FLE

    et

    elle

    vise

    les faire

    rflchir

    sur

    leurs

    pratiques d enseignement

    et sur les

    3

    Aristote,

    Potique,

    p.

    67. Pour Aristote,

    ce sont

    surtout

    la crainte

    et la

    piti

    qui

    sont

    associes

    la tragdie,

    mais

    les

    poticiens

    modernes

    (notamment

    Meir

    Sternberg)

    mettent

    quant

    eux

    en avant

    le suspense,

    la

    curiosit

    et la

    surprise.

    4

    J.-P. Sartre,

    Qu esl-ce

    que

    la littrature ?

    5

    La

    reprsentation

    d une action

    qui

    se

    rattache

    la

    scne

    nonciative

    res-

    semblerait

    ces

    dont

    parlait

    usr\n

    (Quand

    dire, c est

    faire),

    qui produisent un vnement en

    mme temps

    qu ils

    s y

    rfrent. Cf

    p.

    ex.

    I expression:

    prononce

    par

    un ofcier

    d tat

    civil dans

    une

    mairie.

    oir

    G. Prince,

    .

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    4/17

    .

    7 ,8 ETUDES

    DE

    LETTRES

    outils

    didactiques

    (manuels

    scolaires, ouvrages thoriques, ouvrages

    de vulgarisation, etc.)

    qui

    font encore

    rfrence dans

    le

    domaine

    de

    I analyse des

    rcits. Cette

    partie plus

    critique

    ne

    prtend

    pas

    rgler

    dfinitivement

    des

    problmes

    trs

    anciens et

    relativement

    complexes,

    mais

    elle

    constitue une simple mise

    jour

    et

    permet pour

    le

    moins

    de

    complter

    des travaux antrieurs

    qui

    restent encore,

    quand

    ils

    sont

    bien

    utiliss,

    trs pertinents.

    Il

    ne

    faut donc

    pas

    voir

    dans ces

    propos

    une vise

    polmique

    ou

    militante,

    mais simplement

    un effort

    d ac-

    tualisation d une thorie

    narratologique

    qui

    n est

    jamais

    reste fige

    dans la forme

    qu elle

    avait

    prise

    l poque de

    son apoge, au milieu

    des annes 1960

    et

    au dbut des

    annes 1970, mais qui a connu de

    nombreux dveloppements, tant du ct de la

    pragmatique,

    des tho-

    ries

    de

    la rception

    et

    de la linguistique nonciative,

    que

    des sciences

    cognitives.

    Il

    faut enfin

    prciser

    la

    porte

    des outils

    narratologiques

    qui

    seront

    voqus,

    car la conception trs troite

    que

    je

    donne

    de I intrigue

    (notamment

    travers

    I articulation

    entre

    tension

    et

    composition, entre

    nud

    textuel

    et effets de suspense ou de curiosit)

    rend

    son applica-

    tion

    sur des

    corpus

    de

    rcits factuels

    assez

    problmatique.

    Mais

    peut-

    tre

    y

    a-t-il

    quelque

    abus

    de

    langage6

    dans la tendance actuelle

    voir de l partout,

    dans

    le moindre

    rcit

    de

    presse,

    dans un

    manuel d histoire ou dans

    n importe

    quel

    rcit oral

    ?

    Cette

    limitation

    de la

    porte

    de

    mon modle

    de

    I intrigue n est

    peut-tre qu une

    occa-

    sion

    supplmentaire de rflchir,

    selon I expression de

    Dorrit

    Cohn,

    au

    >7, au

    rle

    particulier

    que

    jouent

    les rcits

    littraires

    dans nos

    vie

    et

    la force

    esthtique

    qui

    les

    caractrise.

    J espre

    que

    cette

    tude ne sera

    pas

    seulement

    une aide

    pratique pour

    les

    enseignant e s

    de

    FLE

    mais

    qu elle

    dmontrera au

    passage

    que

    la

    narratologie

    reste

    une discipline

    vivante

    (c est--dire

    falsifiable

    et

    en

    constante

    volution)

    et

    qu elle

    demeure une ressource

    fconde

    pour

    6

    L-abus de langage consisterait confondre, sous

    I influence des travaux de

    P.

    Ricoeur

    (Temps

    et rcit), le

    concept

    plus

    gnral

    de

    avec

    celui

    plus

    troit

    de

    . La confusion

    porterait

    galement

    sur

    les

    rapports

    supposs entre les

    liens

    de

    causalit

    qui permettent de

    saisir rtros-

    pectivement I unit

    de

    I histoire

    et les effets de

    nouement

    et de

    dnouement,

    qui

    rythment effectivement l actualisation du rcit en s appuyant sur les souvenirs

    (rtention)

    et les attentes

    (protention)

    du lecteur, mais

    qui

    tirent leur force de leur

    ,

    de la

    temporalit

    qui

    se

    creuse entre ces deux bornes.

    7

    C est le titre

    d un

    ouvrage rcent

    de

    Dorrit

    Cohn.

    OUTILS

    NARRATOLOGIQUES

    179

    toutes

    celles

    et

    ceux

    qui

    se

    proccupent

    de

    dvelopper

    les

    savoirs

    des

    apprenant e s

    confront e s

    aux

    uvres

    littraires.

    2.

    Une

    mise

    jour

    des

    outils narratologiques

    2.1.

    Forme

    de

    l intrigue

    du

    rcit

    littraire

    La

    plupart

    des

    rcits

    littraires

    possdent

    une structure

    appele

    intrigue.

    Cette

    structure

    squentielle,

    qui

    rythme

    le texte

    au-del

    des

    limites

    de

    la

    phrase,

    s articule

    de la

    manire

    suivante:

    une

    phase

    initiale

    de nouemenl

    succde

    gnralement une

    phase

    ultrieure

    de

    dnouement,

    qui

    vient

    clore

    le

    rcit

    ou

    un

    pisode

    de

    celui-ci8

    Le

    dnouement

    possde

    par

    consquent

    une fonction

    anaphorique,

    c est-

    -dire

    qu il

    rpond

    aux incertitudes

    introduites

    par

    le

    nud,

    qui

    apparat

    pour

    sa

    part comme

    une

    forme

    de

    questionnement

    implicite

    adress

    au

    lecteur, comme

    un

    inducteur d incertitude

    encourageant

    sa

    participation

    active

    llaboration

    du

    sens

    du texte.

    Entre

    le nud et

    le

    dnouement est

    intercale une

    phase

    d attente

    caracfrise

    par

    une

    certaine

    forme de

    rticence

    textuelle

    dans la

    livraison d informations

    que

    le lecteur

    souhaiterait

    connatre

    d emble.

    Par

    le biais

    de

    cette

    rticence,

    qui

    introduit

    des

    pripties entre le

    nud et le dnouement,

    le rcit

    tient en

    haleine le

    lecteur,

    ce

    qui

    cre une

    tension

    donnant

    du

    relief

    la

    reprsentation

    de l action.

    Cette

    tension,

    dans

    le contexte

    des

    rcits

    fictionnels,

    n est

    pas

    vcue

    comme

    un affect

    dsagrable,

    mais comme

    une dimension

    passion-

    nante

    du discours,

    un lment

    qui lui

    donne du relief,ce

    qui

    explique

    que,

    dans

    la majorit des

    cas, les

    lecteurs

    se

    gardent

    de

    lire

    I avance

    les dernires

    pages

    du

    livre

    dans lequel

    ils sont

    engags,

    bien

    qu ils

    soient

    impatients de

    connatre

    le

    dnouement

    de

    I histoire.

    A I inverse

    de la

    plupart

    des

    discours

    fonctionnels, qui

    ont

    gnralement

    pour

    mission

    de

    rsoudre

    tJe

    tension

    externe

    dj

    prsente

    dans

    I interac-

    tion

    (ils

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    5/17

    180

    ruoBs

    DE LETTRES

    dcoule de

    la

    production puis

    de la

    rsolution d une tension interne

    au

    discourse,

    ce

    qui

    ne les

    empche

    pas,

    I occasion,

    de se

    subordonner

    d autres

    actes

    de langage,

    par

    exemple

    lorsqu une fiction

    vient tayer

    une argumentation ou clarifier une explication.

    Aux

    phases

    de

    nouement,

    de

    priptie

    et

    de dnouement, s ajoutent

    encore, dans

    certains

    rcits,

    des

    phases

    introductives

    et conclusives

    qui

    correspondent

    un

    cadrage

    prliminaire

    de

    l action

    (description

    des

    lieux, temps,

    personnages,

    fonction

    d orientation thmatique du

    rcit, etc.) et son valuation finale

    qui,

    dans

    les cas les

    plus

    explicites,

    prend

    la

    forme d une morale.

    S tructure dve I opp e de I int ri

    g

    ue

    Cadrage

    (lieu,

    temps,

    personnages,

    etc.)

    -

    Nud

    (marquage

    d une incertitude

    orientant

    le

    discours

    vers

    son

    dnouement)

    -

    Pripties

    (rticence

    textuelle

    entretenant

    une tension

    interne)

    -

    Dnouement

    (rsolution

    anaphorique

    de

    I incertitude introduite

    par le

    nud)

    Evaluation/Conclusion

    (donnant

    du sens ou

    tirant

    une leon

    des

    vnements)

    2.2. Deux modalits alternqtives

    de la

    mise

    en

    intrigue

    On

    observe

    deux formes

    principales

    de

    mise en intrigue.

    Dans

    le

    premier

    cas,

    l intrigue

    repose sur une nigme

    initiale et sur

    sa

    rso-

    lution diffre. Le

    nud

    encourage alors

    la

    participation

    de

    I inter-

    prte

    en

    I invitant

    produire

    lui-mme

    un

    diagnostic

    de

    la

    situation,

    son anticiption du dnouement restant marque

    par

    une incertitude

    jusqu

    la

    fin de

    la

    squence.

    La rticence

    textuelle

    se

    manifeste alors

    surtout par un manque

    de

    clart

    provisoire

    dans

    I exposition

    des v-

    nements. Divers lments du rseau

    conceptuel de l action sont

    sus-

    ceptibles

    de

    faire

    I objet

    d une reprsentation incomplte: trs souvent,

    I intention

    d un

    personnage

    reste nigmatique

    jusqu

    ce

    que

    le

    but

    de son action

    soit

    atteint,

    mais

    il

    peut

    arriver

    galement

    que

    l on

    soit

    e

    Sur

    cette distinction,

    voir F. Cicurel,

    ,

    p.

    291-303.

    OUTILS NARRATOLOGIQUES

    181

    amen

    s interroger

    sur une

    identit

    (qui

    est

    le coupable

    ?),

    un lieu

    (o

    se trouve-t-il ?), un

    accessoire, une motivation, etc. Ce

    procd

    de mise

    en intrigue

    est souvent

    utilis

    dans les incipit des

    romans

    ralistes, comme

    dans

    cet extrait tir

    du Cousin Pons

    deBalzac:

    Vers

    trois heures de

    I aprs-midi,

    dans

    le mois d octobre de

    I anne

    1844, un

    homme

    g

    d une

    soixantaine d annes,

    mais

    qui tout

    le

    monde et donn

    plus

    que

    cet ge,

    allait le

    long du boulevard des

    Italiens,

    le

    nez

    la

    piste,

    les lvres

    papelardes,

    comme

    un

    ngociant

    qui

    vient

    de

    conclure

    une excellente

    affaire,

    ou comme un

    garon

    content de lui-mme au sortir d un boudoir

    10.

    Dans les

    premires

    lignes

    du

    roman,

    nous voyons

    se

    profiler

    I effacement de

    plusieurs

    lments

    qui

    seraient

    ncessaires

    une

    comprhension

    optimale

    de I action:

    d une

    part,

    le

    sourire

    du

    person-

    nage nous est dcrit indirectement

    par

    des comparaisons, et

    non

    par

    des causes directes; d autre

    part,

    nous ignorons

    encore un lment

    crucial,

    savoir

    le but du

    dplacement,

    cette dimension intention-

    nelle n tant

    probablement

    pas

    insignifiante

    puisque

    le

    rcit

    choisit de

    focaliser

    d emble notre

    attention

    sur cette

    action.

    Il

    faudra attendre

    le

    milieu

    du huitime chapitre

    (une

    trentaine de

    pages dans

    l dition

    Folio)

    pour

    que

    ces

    lments

    nous

    soient

    enfin

    rvls. Entre-temps,

    un rcit circonstanci, revenant sur

    plusieurs

    dcennies

    de la vie

    du

    personnage,

    nous relate

    progressivement

    le

    >

    et

    la

    >

    qui

    constitueront le mobile

    de

    la visite, le but

    que

    cherche

    atteindre le

    protagoniste

    (c est--dire

    le

    motif de sa visite), et les

    causes de son sourire.

    Tous ces lments seront expliqus en mme

    temps

    que

    sera

    introduite

    la

    prsentation

    de

    l accessoire requis,

    dfini

    comme

    le moyen de raliser le but de l opration. Balzac n hsite

    pas

    mettre en

    scne

    explicitement

    les

    incertitudes

    et

    les hypothses

    qu il

    prte

    son

    lecteur:

    Si

    vous

    aviez

    t,

    l,

    vous

    vous

    seriez

    d.emand

    pourquoi

    le sourire

    animait cette figure

    grotesque

    dont I expression habituelle

    devait

    tre triste

    et

    froide

    [...].

    Mais

    en

    remarquant

    la

    prcaution

    mater-

    nelle

    avec laquelle

    ce

    vieillard

    singulier tenait

    de

    sa main droite un

    objet videmment

    prcieux

    [...]

    vous

    I auriez

    souponn

    d avoir

    f

    o

    H. de Balzac, Le Cousin

    Pons,p.2l.

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    6/17

    r82

    ETUDES DE LETTRES

    retrouv

    quelque

    chose d'quivalent

    au bichon d'une marquise et

    de

    I'apporter

    triomphalement, avec la

    galanterie

    empresse d'un

    homme-Empire,

    la charmante femme

    de soixante ans

    qui

    n'a

    pas

    encore su renoncer

    la

    visitejournalire

    de son attentiflr.

    Si Balzac dfinit un lien

    de causalit entre l'objet

    et

    le

    sourire,

    il

    oriente malgr

    tout son

    lecteur

    dans une impasse

    en

    activant le

    st-

    rotype

    de

    la

    dj voqu dans la premire

    phrase,

    faisant mine de dresser des conjectures

    partir

    de sa

    propre

    textuali-

    sation nigmatique de la situation narrative. Plus loin, l'interrogation,

    qui porte

    sur

    l'identification

    de I'objet mystrieux,

    est

    reprise

    et

    la

    des-

    cription, bien

    que

    toujours incomplte, s'affine

    encore

    par

    sa mise en

    relation avec le contexte

    des brocantes, dont on nous dit

    que

    Pons

    est

    un amateur c,lair:

    12.

    Malgr ces

    progrs,

    il faudra

    attendre le moment

    ultime de

    la

    prsentation

    de I'objet son

    destinataire

    pour qu'il

    soit

    enfin dcrit comme une

    13.

    Mais

    ce

    qui qualifie

    l'objet avec le

    plus

    de

    per-

    tinence, et

    que

    I'on ne ralise

    qu'

    ce

    moment

    prcis,

    c'est surtout sa

    fonction dans l'interaction

    entre

    Pons

    et sa cousine la

    prsidente.

    De

    la mme manire, ce n'est

    que

    trs

    tardivement

    que

    la destina-

    tion

    du

    dplacement est

    prcise

    et

    que

    le soupon

    de

    la

    visite

    galante,

    que

    Balzac

    prtait

    son lecteur, est dfinitivement

    cart:

    >

    15.

    Uaction

    aussi bien

    que

    I'objet,

    qui

    en constitue l'accessoire requis,

    deviennent

    alors limpides, car il est

    possible

    de

    les

    mettre en relation avec la bio-

    graphie

    qui prcde,

    dans laquelle

    on apprend le

    got

    immodr du

    vieillard

    pour

    les

    ,

    sa

    profonde

    avarice

    et le fait

    que

    le foyer

    de son cousin reprsente I'une

    des dernires

    tables

    qui

    lui demeurent

    tt

    Ibid.,p. 25,

    jesouligne.

    t2

    lbid..p.3l.

    t3

    tbid.,p.52.

    t4

    Ibid.,p.48.

    Is

    lbid., p.

    s2.

    OUTILS

    NARRATOLOGIQUES

    183

    ouvertes,

    son

    principal

    tant incarn

    par

    la

    prsidente,

    qui

    ne supporte

    pas

    la

    compagnie

    du vieillard

    dont elle a honte.

    Cet exemple

    dmontre comment tn incipit

    ambigu

    peut

    servir

    structurer

    une

    partie

    importante d'un rcit en

    dployant

    la narrativi-

    sation d'une action

    simple sur

    plus

    de

    trente

    pages.

    On constate

    par

    ailleurs

    que

    ce travail

    de mise en intrigue

    par

    la curiosit s'accompa-

    gne dans

    ce cas

    d'un retour

    des

    traces nonciatives: dans

    les

    termes

    de Benveniste, cela correspondrait

    une

    mise en relief du discours

    at

    dtriment de

    la

    transparence

    de l'histoire. On

    pourrait

    imaginer de

    r-

    crire

    le

    passage

    de manire

    aussi cooprative

    que possible,

    en effaant

    toute trace

    des instances nonciatives

    et en

    y

    intgrant la description

    des lments

    qui

    sont ncessaires

    pour

    dsambiguser

    I'action:

    Vers trois

    heures de I'aprs-midi,

    dans le mois d'octobre

    de I'anne

    1844, Sylvain

    Pons allait le long du boulevard

    des Italiens

    pour

    se

    rendre chez son cousin,

    Monsieur Camusot

    de Marville. Pons,

    un

    homme d'une

    soixantaine d'annes dont

    l'apparence

    faisait honte

    sa

    famille, tait

    un avare

    qui

    n'avait

    qu'un

    seul autre vice: le besoin

    froce de

    dner en ville. Aussi

    mettait-il tous ses soins

    tcher

    d'adoucir

    l'pouse de

    monsieur

    de

    Marville,

    qui

    ne

    I'aimait

    gure,

    car

    sa

    demeure

    tait I'une des

    dernires adresses o

    il avait conserv

    droit de

    fourchette. Il

    se

    rendait chez

    son cousin dans

    I'intention de

    solder tous

    ses

    dners

    par

    I'offrande d'un objet

    de valeur

    sa

    parente,

    une bolte oblongue en

    bois de Sainte-Lucie

    divinement sculpte.

    On constate

    qu'une

    textualisation

    aussi cooprative

    possde

    un

    degr

    d'informativit

    nettement suprieur

    au texte original:

    elle se

    rapproche

    probablement du type de rsum

    que pourrait

    produire

    un

    lecteur

    qui

    tenterait

    d'expliquer le rcit

    quelqu'un

    qui

    ne I'a

    pas

    lu

    en

    ne retenant

    que

    les

    temps

    forts de la squence.

    En revanche, une

    exposition directe

    ne

    permet

    d'accder

    qu'

    des

    informations super-

    flcielles

    concernant l'agent

    qui

    sera

    au cur de

    I'histoire,

    alors

    que

    restent sous-dtermins

    son caractre

    (dons

    pour

    la musique et

    pour

    la brocante, absence

    d'ambition, mode de vie, etc.),

    ses

    attributs

    (rpu-

    tation envole,

    fortune cache), son

    valuation thique

    (distance

    iro-

    nique non dnue de

    piti

    ou de compassion) et,

    surtout, ses relations

    avec

    les autres

    personnages

    du rcit

    (son

    amiti avec Schmuck

    par

    exemple,

    les

    raisons de l'inimiti de

    la

    prsidente,

    etc.).

    Au contraire,

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    7/17

    184 ruBs DE LETTRES

    la reprsentation rticente de la situation narrative

    permet

    de

    rattacher

    cette

    seule

    action

    (la )

    toutes

    ces

    informa-

    tions

    qui

    seront

    exploites

    dans

    la

    suite du

    rcit,

    et

    de

    tenir en

    haleine

    le

    lecteur, ds

    la

    premire

    ligne du

    roman,

    pendant

    I introduction

    progressive

    de

    ces

    lments.

    La deuxime forme de mise en

    intrigue

    repose sur

    un

    suspense

    qui

    est

    cr lorsque

    le

    dveloppement,

    I issue ou les

    consquences

    d un

    vnement demeurent

    incertains.

    Par

    exemple,

    dans

    le

    cas

    qui

    prcde,

    aprs s tre interrog sur

    la

    nature de I action de Pons, on

    pourrait

    se

    demander

    si

    son

    geste

    de

    rconciliation

    sera couronn

    de

    succs ou

    s il

    essuiera un

    chec

    mmorable. L interprte est alors

    encourag

    produire

    un

    pronostic

    sur le dveloppement ultrieur de

    l histoire. La

    rticence

    textuelle

    se

    manifeste dans

    ce cas

    par

    un

    res-

    pect

    au

    moins partiel

    de la

    chronologie

    des vnements, ce

    qui

    a

    pour

    effet

    de

    retarder I exposition

    d informations situes

    dans le futur

    que

    le

    lecteur

    souhaiterait connatre d emble.

    Diverses formes de

    situations

    actionnelles ou

    interactionnelles instables

    peuvent

    entraner l attente

    d un dnouement,

    les

    plus

    frquentes tant

    les

    suivantes:

    -

    les buts difficiles

    atteindre

    (qui

    nous

    projettent

    vers

    leur

    accomplissement

    incertain)

    ;

    -

    les

    relation

    polmiques

    (qui

    dessinent les contours

    d un conflit

    devant dboucher sur

    une

    issue

    indcise);

    -

    les mfaits

    ou

    les transgressions

    (qui

    ouvrent sur la

    virtualit

    d une

    sanction

    probable

    ou

    possible);

    -

    les catastrophes

    imminentes

    qui

    menacent un

    protagoniste.

    On considre en

    gnral que

    ces

    processus

    vnementiels

    instables,

    qui

    fournissent I armature

    de

    nombreuses

    intrigues, se dploient

    selon

    une

    logique

    en triade

    comprenant

    des tapes

    marques

    par

    une

    ouverture

    des

    possibles

    actionnels

    :

    -

    une

    situation

    qui

    >

    la

    possibilit

    d un

    comportement ou

    d un vnement;

    -

    le

    passage

    l acte de cette virtualit;

    OUTILS

    NARRATOLOGIQUES

    185

    -

    I aboutissement

    de cette action qui

    le

    processus

    par

    un

    succs

    ou un checl.

    Dans

    ce schma, l irrversibilil

    temporelle

    du droulement action-

    nel et

    la rversibilit

    ouverte

    par

    les alternatives

    qui

    se

    rencontrent

    chaque tape

    du

    processus

    produisent

    une tension susceptible

    d tre

    exploite,

    sur un

    plan

    narratif,

    pour

    crer

    du

    suspense

    enmlant

    anti-

    cipation

    et

    incertitude

    dans le

    processus

    interprtatif17. Pour

    faire la

    synthse

    de

    ce

    qui prcde,

    il

    s agit

    de

    distinguer clairement,

    quand

    on

    traite

    la

    question

    de

    la mise en intrigue, ce

    qui

    relve de la

    textua-

    lisation d un

    vnement

    marqu

    par

    une incertitude

    provisoire

    (niveau

    potique),

    ce

    qui

    touche aux efforts

    cognitifs

    du

    lecteur

    visant

    sur-

    monter cette incertitude

    et

    prenant

    la forme

    d un pronostic

    orient

    vers

    I avenir

    de

    I action ou

    d un diagnostic

    portant

    sur son

    prsent

    ou

    son pass

    (niveau

    cognitif), et ce

    qui

    relve enf,n d un effet esthtique

    dont I identit

    (suspense

    ot

    curiosit) dpend

    de

    la forme

    que

    prend

    ce

    traitement

    cognitif, ce

    dernier

    point

    mettant

    en vidence des

    motions

    diffrencies

    engendres

    par

    I incertitude

    du

    rcit.

    Nouement du

    rcit narration chronologique

    d un

    vnement

    dont

    I issue est

    incertaine

    reprsentation

    provisoirement

    obscure

    d un

    vnement

    Type

    d activit

    cognitive

    interprtation

    visant

    anticiper

    le

    dveloppement futur de

    l vnement

    interprtation visant

    dsambiguser

    l vnement

    partir

    d indices

    pe

    de

    tension

    narrative suspense

    curiosit

    A

    ct de

    la curiosit

    et

    t

    suspense,

    qui

    sont les deux modalits

    principales

    de

    la

    tension

    narrative,

    il

    faut enfin mentionner la surprise,

    qui

    est un

    effet

    qui permet

    de souligner rtrospectivement

    l incertitude

    16

    Voir C.

    Bremond, Logique du rcit,

    p.

    32.

    t7

    Sur la

    question

    de cette

    rversibilit

    qui

    ouvre

    les

    virtualits

    de

    l action, voir

    les travaux dAndr Petitat. Cf.

    A. Petitat,

    , A. Petitat et

    R.

    Baroni,

    .

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    8/17

    186

    runBs DE LETTRES

    des

    pronostics

    ou

    des diagnostics

    produits par

    I'interprte

    en cours

    de

    lecture.

    La

    surprise

    a

    gnralement pour

    fonction de faire

    prendre

    conscience

    des codes

    sur

    lesquels

    s'rige I'interprtation

    et

    de

    renou-

    veler

    par

    ce biais

    la comprhension

    des

    textes.

    Par

    exemple,

    la

    surprise

    finale

    dans un

    rcit

    policier permet

    de mettre en

    lumire les normes

    qui

    dfrnissent

    ce

    genre

    narratif

    et

    qui

    orientent

    notre horizon

    d'at-

    tente:

    on

    sera

    ainsi surpris par

    I'intrusion

    du hasard dans

    l'explication

    finale

    ou

    par l'chec

    ou le dcs

    de l'enquteur

    18.

    Lorsque

    les

    textes

    s'cartent d'une

    forme

    attendue, ils

    produisent

    ainsi une surprise

    plus

    ou moins

    marque dans

    laquelle rside souvent

    l'intrt

    majeur du

    rcit,

    o il

    trouve

    son originalit et son

    sens.

    2.3.

    Voix,

    point

    de

    vue,

    ordre et

    dure

    Pour comprendre

    pleinement

    la dynamique

    de I'intrigue, il

    est

    nces-

    saire

    de

    tenir compte de la voix

    (qui

    raconte?)

    et

    du

    point

    de vue

    (qui

    est responsable de l'nonc ?). Si,

    dans un rcit

    oral,

    la

    voix

    du

    narrateur se confond avec celle de l'nonciateur empirique,

    les

    cho-

    ses

    sont

    plus

    complexes dans les

    rcits littraires.

    Dans une

    fiction,

    il

    importe

    de

    diffrencier

    I'auteur

    du

    narrateur, car

    il arrive

    souvent

    que

    les vnements soient narrs

    par

    un

    personnage

    imaginaire

    (nar-

    ration la

    premire

    personne),

    qui

    peut

    se

    confondre

    avec le

    prota-

    goniste de

    I'histoire

    (hros

    racontant ses

    aventures)

    ou n'tre

    qu'un

    personnage

    secondaire

    qui aurait t tmoin des vnements ou

    qui

    en aurait

    pris

    connaissance d'une

    manire

    ou

    d'une autre. Il arrive

    galement, dans

    un rcit

    de

    fiction,

    que

    la voix narrative

    ne soit

    pas

    dfinie explicitement

    (narration

    la troisime

    personne),

    ce

    qui

    tend

    donner I'impression d'un rcit objectif. Mme

    quand

    le

    narrateur

    n'est

    pas

    spcifi, il ne

    faut

    pas

    confondre

    sa

    voix avec

    celle

    de

    I'auteur, car

    ses

    assertions ne

    peuvent pas

    tre

    simplement

    imputes

    au

    personnage

    rel

    qui

    acritcette

    histoire.

    t8

    Le

    premier

    cas

    est exemplaire

    des rcits

    policiers

    de F. Drrenmatt, notam-

    ment La Promesse, et

    il

    se

    retrouve

    galement

    dans un conte clbre de J. Borges,

    La Mort et la

    boussole,

    que

    j'ai

    dj

    comment

    ailleurs

    (,,Genres

    littraires et

    orientation de la

    lecture

    >).

    OUTILS NARRATOLOGIQUES

    t87

    Que

    le rcit

    soit

    narr

    la

    premire

    personne

    ou

    la

    troisime

    per-

    sonnele, le

    point

    de vue adopt

    peut

    varier

    trs souvent, soit

    qu'il

    reste

    distanci

    (point

    de vue

    du

    narrateur

    omniscient),

    soit

    qu'il

    adopte

    la

    perspective

    limite

    de

    tel

    ou tel

    personnage.

    Ladoption du

    point

    de

    vue d'un

    personnage

    est

    ralise linguistiquement

    par

    l'

    du discours

    20

    :

    il

    peut

    s'agir d'une incarnation

    dans

    des

    perceptions physiques

    dont

    I'horizon

    est

    limit

    (vue,

    oue,

    etc.),

    de

    monologues

    intrieurs,

    de passages

    en discours

    indirect

    libre, etc.

    Des variations

    du

    point

    de

    vue

    I'intrieur d'un rcit

    visent

    souvent

    accentuer ou,

    au

    contraire,

    neutraliser

    la tension

    de I'intrigue,

    ainsi

    qu'on peut

    le constater dans

    ce

    passage

    tir

    du conte

    de

    Flaubert

    Un

    Cur simple,

    qui

    constitue le seul moment vritablement

    dramatique

    de

    la

    vie

    de

    Flicit,

    et le seul

    galement,

    avant

    son

    apothose

    finale,

    qui

    adopte son

    point

    de vue,

    Mais

    quand

    I'herbage

    suivant

    fut

    travers, un beuglement

    formida-

    ble

    s'leva. C'tait

    un

    taureau,

    que

    cachait le

    brouillard.

    Il avana

    vers

    les

    deux femmes.

    Mme Aubain

    allait

    courir.

    -

    Elles

    pressaient le

    pas

    cependant, et entendaient par-

    derrire un

    souffle sonore

    qui

    se rapprochait. Ses sabots, comme

    des

    marteaux, battaient I'herbe de la

    prairie;

    voil

    qu'il

    galopait

    mainte-

    nant Flicit se retourna, et

    elle

    arrachait

    deux mains

    des

    plaques

    de terre

    qu'elle

    lui

    jetait

    dans les

    yeux.

    Il baissait le

    mufle,

    secouait

    les

    cornes et tremblait de fureur en

    beuglant

    horriblement2t.

    En l'occurrence,

    le

    suspense de

    cette

    scne est

    gnr

    par

    une

    situa-

    tion conflictuelle et il

    est

    accentu

    par

    une

    incarnation

    du

    point

    de vue

    dans

    la

    perspective

    des agresss. Les

    personnages

    fuyant leur agres-

    seur

    lui

    font dos et ne

    peuvent

    ds lors

    percevoir

    sa

    prsence que par

    l'ouie

    (le

    ,

    les sabots

    qui

    >.

    2r

    G. Flaubert, Un Cur

    simple,p.55.

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    9/17

    188

    ruoes

    DE

    LETTRES

    maintenant

    >

    apparat

    pour

    sa

    part

    comme un

    cas

    de discours indi-

    rect libre

    -

    ou de

    >

    -

    dont

    le

    caractre

    exclamatif ajoute

    encore dupathos

    la

    scne.

    L'ordre. Dans un rcit, la chronologie

    des vnements

    n'est

    pas

    ncessairement respecte

    par

    la

    mise

    en

    discours.

    Ces

    distorsions

    tem-

    porelles

    entre l'ordre

    du discours

    (la

    tlologie) et

    I'ordre des

    vne-

    ments

    (la chronologie)

    peuvent

    prendre

    la

    forme

    d'nalepses (appeles

    awsiflshback)

    ou

    de

    prolepses (ouflashforward).Dans

    le

    premier

    cas, l'analepse

    relate un

    vnement

    antrieur

    la

    srie

    dj raconte,

    alors

    que

    dans

    le

    second,

    la

    prolepse

    introduit

    de manire anticipe

    un

    lment futur de I'histoire. Du fait

    qu'elles

    rduisent

    en

    gnral

    la

    clart

    des

    vnements

    ou

    qu'elles

    introduisent

    par

    anticipation

    des

    lments

    nigmatiques, les

    prolepses

    et les analepses ont souvent

    pour

    fonction

    d'intriguer le

    lecteur ou

    d'introduire

    un dnouement

    ayant

    une valeur rgressive.

    Ilincipit

    du

    Cousin

    Pons

    est

    exemplaire

    de

    cet

    usage

    massif

    des

    analepses,

    qui permettent progressivement

    de dsam-

    biguser une action nigmatique.

    Dans

    ce cas, les analepses

    servent

    dnouer une

    nigme

    reste

    l'tat d'ouverture,

    mais

    elles

    servent

    ga-

    lement

    intercaler un dlai plus ou moins

    important

    avant

    la

    rsolu-

    tion

    complte. On

    peut

    aussi imaginer des cas de

    prolepses

    ambigus

    visant

    accentuer

    le

    suspense,

    comme

    dans

    cet

    exemple

    imagin

    par

    Franois Truffaut:

    Un

    personnage

    part

    de chez lui, monte dans

    un taxi

    et

    file

    vers

    la

    gare

    pour

    prendre le

    train.

    C'est

    une scne

    normale

    I'intrieur

    d'un

    film

    moyen,

    Maintenant,

    si avant de

    monter

    dans

    un taxi,

    cet

    homme regarde

    sa

    montre et

    dit:

    >,

    son trajet

    devient une

    pure

    scne

    de

    suspense

    car chaque

    feu rouge,

    chaque

    croisement, chaque agent

    de

    la

    circulation, chaque

    panneau

    indicateur, chaque

    coup

    de freins,

    chaque

    manipulation du levier

    de vitesse

    vont intensifier la valeur

    motionnelle

    de

    la

    scne22.

    La dure. Le

    jeu

    d'invention

    des

    fictions

    littraires ne

    cesse

    de sou-

    ligner le fait

    que

    si la

    temporalit des

    vnements

    peut

    tre imagine

    comme continue, celle du discours

    narratif

    qui

    relate

    cet vnement

    est ncessairement discontinue et son

    rythme

    ne cesse de varier.

    OUTILS NARRATOLOGIQUES

    189

    Le

    rcit fait rgulirement

    des ellipses

    (entre

    deux

    phrases

    peuvent

    s'couler

    des annes),

    on

    peut

    rsumer une vie

    en

    quelques

    mots,

    ou

    au

    contraire

    crire un roman de

    plusieurs

    centaines

    de

    pages

    qui

    ne

    nar-

    rerait

    qu'un

    voyage

    en

    train

    de

    quelques

    heures

    (c1.

    L

    Modification

    de Michel

    Butor). Cette

    extension relative de la reprsentation

    discur-

    sive de l'vnement

    peut

    tre

    exprime

    par

    la

    mtaphore de

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    10/17

    190

    ETUDES DE LETTRES

    dans I acte de raconter: le

    plan

    de l nonciation

    du discours

    (ou

    plan

    dictique) et le

    plan

    de I histoire

    (ou

    plan

    digtiquezs).

    Le

    plan

    dictique correspond

    tout ce

    qui

    se

    rapporte

    I action

    de narre

    qui

    se droule

    dans un

    temps et un lieu dnis, et

    qui

    met

    en rapport des agents

    particuliers

    qui

    jouent

    le rle de narrateur ou

    de narrataire, d auteur

    ou de lecteur. Tous

    ces

    paramtres

    sont

    sus-

    ceptibles

    de

    laisser

    des

    traces dans

    le

    discours

    -

    appeles

    traces

    nonciatives ol noncs

    dictiques

    -

    qui

    forment,

    selon les termes

    de Benveniste,

    .

    A I oral, il

    s agit

    des marqueurs

    qui

    se rfrent I interaction

    discursive actuelle

    (jei

    tu-

    vous

    /

    ici

    /

    maintenant)

    et lcrit,

    ce sont toutes les rfrences relatives

    aux activits d criture

    et de lecture impliques

    par

    le texte

    26

    et aux

    contextes auxquels ces activits

    renvoient2T. Des

    exemples de ces tra-

    ces nonciatives

    -

    prsentes

    mme dans les rcits

    ralistes les

    plus

    classiques

    -

    ont t donns

    plus

    haut

    dans les adresses

    que

    Balzac

    adresse

    occasionnellement ses lecteurs.

    D une manire

    gnrale,

    on constate

    en effet

    que

    ces

    traces nonciatives sont

    plus

    nombreuses

    quand

    le rcit intrigue le lecteur

    par

    le biais d une reprsentation

    nig-

    matique de

    l action,

    car

    la matrialit

    du discours,

    qui

    renonce

    dans

    ce cas la transparence,

    tend devenir

    plus

    visible.

    Il arrive cepen-

    dant

    que

    ces traces restent discrtes,

    mme dans un rcit

    nigmatique,

    quand

    on adopte la

    perspective

    limite

    d un

    protagoniste

    menant

    une

    enqute.

    Quant

    au

    plan

    digtique,

    il correspond

    tout ce

    qui,

    dans le

    texte, se rfre

    au monde construit

    par

    le

    rcit et aux

    vnements

    qui

    s y droulent,

    qui

    correspondent

    un vcu f,ctif ou rel disjoint

    de

    25

    En

    grec,

    deiktikos signifie

    >,

    deixis

    et digsis

    .

    26 Ainsi

    que

    nous I avons dj

    signal, dans le

    texte

    littraire,

    la distinction

    entre narrateur

    et

    auteur

    empirique,

    de

    mme que

    celle entre narrataire

    et lecteur

    empirique, complique

    encore cette distinction

    entre

    plan

    dictique

    et

    plan

    dig-

    tique, mais compte

    tenu

    de

    la brivet

    de

    cette

    prsentation,

    nous

    n entrerons pas

    dans le dtail

    et considrerons

    que

    les

    noncs dictiques renvoient

    indiffrem-

    ment

    ces

    quatre personnages,

    rels

    ou virtuels, et leurs contextes.

    27

    La mise

    en abyme des activits d criture

    et de lecture au

    cur de la nar-

    ration

    est

    parfois

    associe la figure

    de la

    qui

    a rcemment fait

    I objet

    d tudes approfondies,

    cf.

    J.

    Pier et J.-M.

    Schaeffer, Mtalepses. Entorses

    au

    pacte

    de la

    reprsentation.

    OUTILS

    NARRATOLOGIQUES

    191

    la

    situation actuelle

    d nonciation. Dans

    ce

    >,

    on

    retrouve

    de nouveaux

    agents

    (les

    personnages

    de I histoire, protago-

    niste,

    antagoniste,

    etc.), et

    de

    nouveaux

    contextes

    (temps

    et lieux

    de

    I action narre). L existence,

    dans

    tout rcit, de

    ces deux

    plans

    fait

    qu il

    est

    possible,

    mme dans une

    narration la

    premire

    personne,

    de distinguer

    entre un

    dictique,

    qui

    dsigne le

    sujet nonciateur

    actuel,

    et

    un

    digtique,

    qui

    se

    rfre

    au sujet dans un tat

    pass,

    en

    relation

    avec

    l action raconte:

    Il faut absolument

    que

    je

    (sujet

    dictique)

    te raconte la

    fois o

    je

    (sujet

    digtique) suis all au

    Cambodge.

    Il

    existe

    plusieurs

    formes

    de

    reprage

    de l action

    raconte

    suivant

    que

    le

    plan

    digtique est li

    ou, au contraire, indpendant

    du

    plan

    dictique.

    Ces diffrents

    types de reprage

    de I action

    correspondent

    deux

    distincts

    du rcit

    qui

    correspondent

    certaines valeurs

    des

    temps verbaux

    propres

    la langue franaise:

    Pour

    construire

    un monde rvolu

    pass

    ou

    fictif,

    on

    a

    le choix

    entre

    une digtisation

    sur un mode actualis

    -

    c est--dire

    rattache, lie

    I actualit

    d un narrateur

    -

    et une digtisation

    sur un mode

    non-

    actualis

    -

    c est--dire

    dtache

    de l actualit de la

    voix nonciative.

    En franais,

    ces deux modes

    correspondent

    I opposition

    du

    pass

    compos

    et du

    pass

    simple

    28.

    Il ne s agit

    donc

    pas

    d opposer

    systmatiquement

    le discours

    l his-

    toire comme

    s il s agissait

    de

    deux

    modes narratifs

    opposs, mais

    de

    tenir compte

    d au moins

    trois formes

    possibles

    d noncs, qui

    sont

    susceptibles

    de se rencontrer

    dans n importe

    quel

    type de rcit,

    qu il

    soit littraire

    ou

    non,

    et

    qui

    articulent

    diffremment

    ces

    deux

    plans

    dictique

    et digtique

    :

    28

    J.-M.

    Adam,

    G.

    Lugrin,

    F. Revaz,

    r,

    p.

    90.

    I

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    11/17

    t92

    DIEGESIS

    ou HISTOIRE

    monde

    construit

    par

    le rcit

    personnages

    de 1 histoire

    temps et lieux de

    l action

    raconte

    nonc

    digtique

    pur:

    ruoBs

    DE LETTRES

    \/

    DEIXIS ou

    DISCOURS

    situation nonciative

    :

    narrateur

    et

    narrataie

    temps et

    lieu

    de l nonciation

    et de

    la du

    discours

    nonc dictique

    pur:

    nonc digtique

    li

    la

    situation nonciative

    :

    OUTILS NARRATOLOGIQUES

    r93

    rcits historiographiques).

    Il

    faut

    nanmoins

    prciser

    que

    des

    marques

    dictiques occasionnelles se rencontrent

    galement dans des

    narrations

    domines

    par

    le

    pass

    simple, ainsi que

    je

    l ai

    dj signal

    plus

    haut

    en

    commentant un rcit balzacien,

    ce

    qui

    a

    pour

    effet

    de

    rappeler

    qu il

    y

    a

    bien

    quelqu un

    qui < parle

    >>

    et

    qui

    s adresse

    quelqu un

    d autre.

    Le

    pass

    compos,

    quant

    lui,

    est

    un temps

    typique

    des rcits

    conversationnels, mais

    il

    s utilise

    galement

    frquemment

    dans

    la

    littrature,

    surtout dans les histoires narres

    la

    premire

    personne.

    Dans

    un rcit

    au

    pass

    compos, les liens

    entre

    l vnement

    racont

    et la

    situation d nonciation

    peuvent

    tre

    envisags; en outre, des

    tra-

    ces nonciatives

    se

    retrouvent

    plus

    frquemment

    dans le texte, voire

    mme,

    comme

    dans

    I exemple

    suivant,

    des traces dbralit:

    Alors voil;

    voil

    ce

    qu ils

    ont fait, Jrmy

    et

    Louna,

    sans

    pren-

    dre I avis de

    personne. Ils

    ont enlev Julie,

    tout

    simplement.

    Ils I ont

    fait

    sortir de I hosto, sous

    prtexte

    de

    I emmener

    la

    radio. Ils I ont

    charge sur

    une

    civire roulante,

    lui

    ont

    fait

    traverser des kilomtres

    de couloirs, Louna dans

    sa

    blouse

    d infirmire

    et Jrmy en

    larmes

    jouant

    le

    rle

    de

    la

    famille

    (),

    puis

    ils

    sont sortis, bien pnards,

    l ont

    charge toute dormante

    dans la bagnole de Louna

    et,

    fouette

    cocher, I ont

    grimpe

    dans ma

    chambre. Voil. Une ide

    de

    Jrmy.

    Et ils

    sont

    fiers

    d eux, mainte-

    nant, tout

    contents, attendant les

    flicitations

    du

    grand

    frre,

    parce

    que

    rapter un malade dans un hpital,

    selon eux,

    a

    doit mriter

    une

    dcoration.

    . .

    D un

    autre

    ct,

    ils

    m ont rendu ma

    Julie

    31.

    Si

    le

    prsent

    apparat

    premire

    vue comme le

    temps dictique

    par

    excellence, il existe un usage

    trs

    rpandu de

    ce temps

    qui

    permet

    de

    raconter

    des

    vnements disjoints de

    la situation nonciative.

    Cet

    usage

    du

    prsent permet

    d obtenir

    une

    forme

    d intensification de la

    reprsentation

    (effet

    d hypotypose)

    et il se

    retrouve

    aussi bien

    dans les

    rcits

    littraires

    et historiographiques

    que

    dans

    les

    narrations

    journa-

    listiques

    ou

    les

    rcits

    conversationnels. C est

    un

    temps

    qui

    donne un

    caractre moins

    dfinitif

    aux

    vnements

    narrs,

    car

    il est davantage

    ouvert sur le futur32.

    Cet usage

    du

    prsent

    est

    trs

    voisin

    de

    celui

    pro-

    pre

    aux

    rsums

    et

    il

    peut

    parfois

    tre confondu

    avec

    lui,

    mme

    si

    sa

    valeur

    est assez

    diffrente.

    3l

    D. Pennac, La Fe

    carabine,p.222.

    32

    Cf. F. Revaz,

    .

    Ces distinctions

    sont essentielles

    pour

    expliquer

    la

    valeur

    particu-

    lire

    que prennent

    les

    temps de

    I indicatif

    en franais

    quand

    ils

    ser-

    vent

    raconter une

    histoire.

    Elles

    permettent par

    exemple de

    montrer

    qlcre

    le

    pass

    simple

    est

    un

    temps

    qui

    marque une

    certaine autonomie

    de

    I action raconte

    par

    rapport

    la

    situation

    nonciative, et

    qu il

    se

    retrouve

    par

    consquent

    le plus

    souvent dans les

    fictions littraires,

    mais galement dans

    certains

    livres d histoire et, occasionnellement,

    dans

    la

    presse

    crite,

    lorsque cette dernire voque

    un pass

    lointain

    ou

    >,

    comme dans

    I exemple

    suivant:

    Sa facilit

    battre ses victimes

    lui

    vient

    de sa seule

    passion

    honorable:

    la

    pratique

    de la boxe thae,

    qui

    lui

    permit,

    en 1998,

    d accder au titre de champion

    de Suisse

    2e.

    Dans

    les

    rcits rdigs

    la troisime

    personne

    et

    au

    pass

    simple,

    on

    a

    I impression, selon I expression

    de Benveniste,

    que

    30.

    Le recours ce

    mode

    de

    narra-

    tion

    non-actualis a

    pour

    but soit

    de

    faciliter

    I effet d immersion, ce

    qui

    a

    pour

    consquence

    d intensifier

    I effet de suspense, soit de

    don-

    ner

    un semblant

    d objectivit

    aux vnements dcrits

    (but

    vis

    par

    les

    2e

    V.

    Fingal,

    Le

    [4atin,14fvrier2005.

    30

    E. Benveniste,

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    12/17

    194

    ETUDES DE LETTRES

    Prsent narratif :

    ou

    -

    le

    plus

    souvent

    pour

    viter une

    rptition dans la

    phrase.

    [...]

    Les diverses dfinitions nous donnent

    bien I'impression

    que

    les deux notions sont lies, mais comment?

    38

    F.

    Egly,

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    13/17

    t96 ruoBs DE

    LETTRES

    Pourquoi? A

    quel

    moment? Aucune

    rponse

    n est

    propose.

    Nous

    restons

    dans le domaine

    de l vidence

    et de I intuition

    40.

    Dans

    un

    ouvrage

    plus

    rcent,

    Johanne Villeneuve

    insiste

    pour

    sa

    part

    sur

    la

    ncessit de lier la

    perspective proprement

    actionnelle avec

    celle

    qui

    relve du discours, ce

    qui

    la conduit mettre en vidence

    la

    force

    esthtique

    de l intrigue,

    ses

    effets

    rhtoriques sur

    le

    lecteur,

    le

    suspense

    ou

    la curiosit qu elle permet

    d induire

    chez

    ce

    dernier

    :

    Le

    Littr,le

    Larousse

    etle

    Quillet

    accordent

    I intrigue la vertu

    de crer du suspense et

    d veiller la curiosit du

    lecteur-spectateur.

    C est sur

    ce

    plan que

    se dmarque

    pour

    la

    peine

    le

    couple nud-

    dnouement. Les complications,

    les

    enchevtrements,

    les combi-

    naisons d vnements sont

    intimement lis

    au

    pouvoir

    de

    sduction

    qu exerce

    I intrigue

    sur

    le lecteur

    ou

    le spectateur.

    Grce

    ce

    second

    plan,

    on

    comprend mieux la spcificit du

    pre-

    mier

    [celui

    des actions]. On saisit

    pourquoi

    la

    confusion

    rgne entre

    I action et I intrigue.

    Une

    fois de

    plus,

    la notion d intrigue

    permet

    de

    lier lafable

    att discours,

    la

    puissance

    formelle

    aux effets

    de

    lecture,

    I action aux effets

    rhtoriques,

    pour

    ne

    pas

    dire

    la rhtorique des

    formes

    41.

    Ainsi

    que

    je

    l ai soulign, de nombreux lments

    concourent

    produire

    une

    > des vnements:

    il

    ne s agit

    pas

    simplement de la slection d une trame

    vnementielle

    intrigante

    (v-

    nements

    mystrieux ou

    conflits

    dont

    le

    dveloppement est incertain),

    mais

    les

    effets de

    suspense

    ou de curiosit dpendent

    aussi des

    effets

    de voix, de

    point

    de

    vue, d ordre, de dure, d effacement ou

    de mani-

    festation des

    traces nonciatives, de

    jeux

    sur les temps verbaux,

    etc.

    Tous ces lments s intgrent

    la dynamique complexe de la mise

    en

    intrigue

    et il

    n y

    a donc

    pas

    lieu

    de

    sparer

    I analyse squentielle

    de

    I action

    de

    celle

    des

    dispositifs discursifs

    qui

    la mettent en

    scne.

    C est

    galement les dimensions inextricablemenl cognitive

    et

    pas-

    sionnelle

    de

    I actualisation

    de

    l intrigue

    par le lecteur

    qui

    taient

    lais-

    ses en marge

    par

    les approches structuralistes,

    puisque

    ces

    dernires

    visaient analyser

    les

    textes

    hors de leurs contextes d nonciation

    et

    de

    rception.

    La

    logique actionnelle

    -

    fonde sur I analyse de

    la suc-

    cession

    chronologique

    et

    causale

    des

    vnements

    -

    semblait suffisante

    40

    B. Valdin,

    ,

    p.47

    et49.

    al

    J. Villeneuve, Le sens de

    I intrigue,p.46-47

    OUTILS NARRATOLOGIQUES

    r97

    pour

    dcrire

    les

    liens transphrastiques structurant

    les textes narratifs,

    mais cette logique

    ne

    pouvait

    tre, en fait,

    que

    rtrospective, thorique

    et

    dsincarne. Dans I acte de lecture concret, les liens transphrasti-

    ques qui

    rythment l actualisation

    du rcit

    reposent

    bien

    davantage sur

    les attentes du

    lecteur,

    sur

    ses

    anticipations

    incertaines

    du toutprojet

    de

    l histoire

    (ou

    de

    la

    squence),

    qui prennent

    la forme de

    pronostics

    ou

    de

    diagnostics.Le

    caractre sous-dtermin

    de ces attentes

    donne

    par

    ailleurs naissance

    une tension narrative

    (suspense

    ou curiosit)

    rendant la lecture aussi

    passionnante

    qu intrigante

    et stimulante

    pour

    la rflexion. La narratologie

    post-classique

    permet

    ainsi de

    renouveler

    la description

    des

    rcits

    en

    rapprochant l analyse

    formelle du

    texte

    des

    lectures concrtes

    qu en

    font

    les apprenant e s

    et

    du plaisir qu ils ou

    elles

    en

    tirenta.

    Par ailleurs, en commentant en dtail

    l inciplt

    d un

    roman

    de

    Balzac,j ai

    mis l accent sur les rcits

    qui

    se

    nouent

    partir

    d un mys-

    tre, ce

    qui

    permet

    de rappeler I existence d une forme trs courante

    de

    mise

    en

    intrigue

    que

    les modles

    structuraux

    centrs sur

    le deve-

    nir de I action

    (et

    non

    sur

    celui

    de

    la lecture)

    ne

    permettaient

    de

    trai-

    ter

    que sous

    la

    forme

    de schmas

    dviants. Cette interprtation

    du

    schma

    quinaire qui

    considre les dbuts in medias res comme un

    bouleversement

    de

    I ordre

    canonique

    du rcit

    apparat clairement

    dans

    ce

    commentaire

    manant

    d un

    didacticien

    des

    langues:

    Ayant observ de tels textes

    qui

    ne

    correspondent

    pas

    au

    modle

    prototypique,

    les

    lves

    pourront

    analyser

    ces

    nouvelles caract-

    ristiques structurelles

    (un

    plan

    organis comme suit:

    rsolution,

    situation

    initiale,

    complication, actions, fin de la rsolution, situa-

    tion finale; c est

    la structure du roman

    d Hemingway

    lLes

    neiges

    du

    Kilimandjarol) et

    les

    imiter

    dans leurs

    propres productionsa3.

    Il

    parat

    beaucoup

    plus

    logique, et

    plus

    en

    accord avec

    ce

    que

    nous enseigne

    la

    stylistique historique,

    de considrer que

    le

    roman

    d Hemingway se noue de manire relativement classique, en

    a2

    Sur ce

    point,

    voir notamment les travaux de

    M.

    Picard

    (La

    lecture comme

    jeu)

    etde V.

    Jouve

    (L efferpersonnage

    dans

    le

    roman),

    qui prolongent

    certaines

    rflexions entames

    par

    R. Barthes dans Le

    plaisir

    du texte,tout en surmontant

    la condamnation

    (le

    complexe)

    de la lecture en immersion,

    de I identification

    au

    personnage

    et

    du

    plaisir propre

    au suspense.

    43

    R. Blain,

    .

    OUTILS NARRATOLOGIQUES

    799

    tension,

    puis

    la

    rsoudre,

    et

    le

    suspense ainsi tabli contribue au

    maintien de I'attention du destinatairea5.

    A

    la

    suite de Bronckart,

    j'ai

    essay de montrera6

    que

    c'est effec-

    tivement la

    mise

    en

    intrigue,

    par

    la tension

    narrqtive

    qu'elle

    contri-

    bue

    engendrer,

    qui permet

    de

    rinscrire le

    rcit

    dans

    sa

    dynamique

    communicationnelle,

    et cette

    perspective

    renouvelle

    ainsi les

    travaux

    des

    narratologues sur

    la

    squence

    narrative

    dans

    le

    sens

    que

    df,-

    nissent Ruth Amossy et Dominique Maingueneau

    dans un ouvrage

    rcent:

    Les apports de la

    pragmatique,

    avec son insistance

    sur

    la force de

    la

    parole,

    sur le caractre actif et interactif du

    discours,

    permet-

    tent

    la

    potique,

    et en

    particulier

    la

    narratologie, de

    penser

    le

    fonctionnement textuel

    en des

    termes

    nouveaux4T.

    J'ai suffisamment

    insist

    jusqu'ici

    sur

    la ncessit

    de

    repenser la dia-

    lectique

    de

    I'action

    et de sa reprsentation

    discursive

    pour

    ne

    pas

    avoir

    besoin de

    prciser

    les

    raisons

    pour

    lesquelles il me semble

    particuli-

    rement dommageable d'opposer simplement

    les

    termes

    >48

    et

    et de s'en

    servirpour

    classer

    les textes sous ces tiquettes

    grossires.

    Cette opposition,

    telle

    qu'on

    s'en

    sert

    aujourd'hui

    couram-

    ment,

    est

    improprement drive

    des

    travaux

    de

    Benveniste et

    elle me

    semble triplement

    dommageable

    pour

    l'enseignement

    de la littrature.

    Premirement,

    elle tend

    ngliger le style narratif

    (

    li

    >

    la

    situation

    nonciative, dont tmoigne

    l'usage

    du

    pass

    compos en

    franais

    et

    la

    fonction spcifique de marqueurs

    dictiques tels

    que ,

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    15/17

    200

    ruoes

    DE LETTRES

    de textes

    diffrents,

    plaant

    d un ct

    le corpus indistinct

    des

    rcits

    littraires et de

    I autre I ensemble

    des discours

    oraux ou

    simple-

    ment

    non-fictionnels. Voil

    qui

    ne doit

    pas

    manquer

    de

    perturber

    les apprenant e s

    qui peuvent lgitimement

    se

    demander

    ce

    qu ils ou

    elles doivent

    faire des discours

    narratifs

    la

    premire

    personne

    et

    au

    pass

    compos ou

    au

    prsent

    (narrations

    littraires,

    orales,

    mdiati-

    ques,

    pistolaires

    ou autres)

    dont on leur

    affirme qu ils

    ne sont pas

    des

    >

    au

    sens

    propre

    du terme.

    A I inverse,

    il s agit d afrmer

    que

    toute

    narration, orale ou

    crite,

    factuelle ou

    fictionnelle,

    possde

    la

    fois une dimension

    relevant de

    la

    logique actionnelle et une

    dimension

    discursive ou nonciative.

    Ainsi

    que

    l affirme

    R.

    Amossy:

    En

    gnralisant

    cette

    description de

    deux formes

    possibles

    d utili-

    sation

    du

    langage, les tudes

    littraires

    ont

    parfois

    oubli

    que

    toute

    parole

    relve en

    dernire instance

    de

    I interlocution.

    Elles ont

    fait

    comme

    s il

    pouvait

    ne

    pas y

    avoir d adresse

    -

    comme si un discours

    romanesque

    pouvait se dvider sans

    s adresser

    personneae.

    La distinction avance

    par

    Benveniste

    vise

    mettre

    en vidence

    I inscription

    dans

    le discours

    de

    deux plans logiques, ou deux

    >,

    qui

    co-existent dans

    tout texte

    narratif, et

    que

    certains noncs

    mettent en

    scne avec

    plus

    ou

    moins de clart.

    Il

    ne s agit

    donc

    pas

    d une typologie de textes:

    plutt que

    de vouloir

    classer

    tous

    les rcits

    oraux, du fait

    de

    leur ancrage

    dictique

    explicite,

    dans la catgorie du

    >,

    et

    tous

    les rcits littraires,

    du fait de

    la

    prsence

    fr-

    quente

    de

    narrations

    impersonnelle

    et

    au

    pass simple,

    dans la catgo-

    rie

    >,

    il est beaucoup

    plus productif de mettre en vidence

    leur

    complexit compositionnelle

    :

    par

    exemple

    I apparition

    occasionnelle,

    dans

    un roman balzacien, de ces adresses

    au

    lecteur

    que

    j ai

    commen-

    tes

    plus

    haut. Ainsi

    que

    I affirment Adam,

    Lugrin

    et Revaz,

    s0.

    Enfin,

    il

    me

    parat

    tout

    aussi

    dangereux

    et

    rducteur

    de

    vouloir rat-

    tacher

    globalement

    tel ou tel

    temps

    de l indicatif

    I un

    ou

    I autre

    des termes de

    cette

    dichotomie, car on

    rduirait

    nouveau

    la diversit

    OUTILS

    NARRATOLOGIQUES

    201

    de

    leurs

    usages

    potentiels:

    on ne

    peut

    pas

    dire

    du

    prsent

    qu il

    est

    un

    temps exclusivement

    dictique, ni du

    pass

    compos

    qu il

    est

    un temps

    purement

    digtique,

    sans

    rduire considrablement la

    complexit

    de

    leurs valeurs

    smantiques.

    Les enseignant.e.s de

    franais

    sont confront e.s une

    double

    contrainte:

    d un ct,

    ils

    ou elles

    doivent

    tre en mesure de transmet-

    tre

    leurs apprenant e s un rpertoire

    d outils

    heuristiques facilement

    comprhensibles

    et transposables dans de nombreux

    contextes,

    et

    de

    l autre,

    ils ou elles doivent les aider

    enrichir

    leurs

    pratiques

    de lec-

    ture

    effectives,

    les

    complexifier et

    les

    faire fructifier.

    J ai

    essay

    de montrer

    que

    les outils

    hrits

    de

    la narratologie

    et

    des

    travaux

    plus

    contemporains

    qui

    I ont rcemment

    renouvele, restaient

    assez faciles

    apprhender

    et

    expliquer, et

    qu ils

    pouvaient

    contri-

    buer

    dcrire les fondements

    potiques

    qui

    donnent forme

    l exp-

    rience

    esthtique

    que

    nous faisons des

    uvres

    -

    exprience

    qui

    est

    la

    fois

    passionnelle

    et

    intellectuelle.

    De

    fait,

    la relative

    simplicit

    de

    ces

    outils ne devrait

    pas

    nous

    conduire rduire

    la

    richesse

    des

    uvres,

    ce qui

    n arrive que

    dans le cas

    o

    I on

    tente

    de classer

    (de

    force) des

    textes complexes dans

    des

    typologies prtablies.

    Dcrire

    la

    manire dont

    se

    noue

    une

    intrigue

    devrait nous amener

    commenter

    non

    seulement

    la

    trame de I histoire

    ou

    la

  • 7/26/2019 Baroni R. 2007 Une Mise a Jour Des Outil

    16/17

    202

    ETUDES DE LETTRES

    objet

    littraire.

    C est

    pour

    encourager

    la

    pratique

    ce

    genre

    d analyses

    en classe de FLE, ouvertes

    la

    complexit des textes et

    l intrt

    qu ils

    ont

    dans

    nos vies,

    que

    j ai

    essay de

    dresser ce

    bilan critique

    -

    ncessairement

    partial

    et

    partiel

    -

    des

    apports didactiques

    de la

    narratologie contemporaine. J aimerais

    suggrer

    pour

    terminer

    que,

    si

    I on tait

    capable de faire

    abstraction

    des changements de

    modes aca-

    dmiques, on s apercevrait peut-tre que la narratologie demeure

    une

    science

    jeune

    qui

    n a

    pas

    encore

    ft son cinquantenaire

    s2.

    Raphal

    BRnoNI

    Universit de Fribourg

    s2

    On

    peut

    videmment

    faire

    remonter les origines de

    la

    narratologie la

    Potique

    dAristote et

    la rhtorique

    classique

    ou

    aux travaux

    des

    formalistes

    russes

    et

    de Vladimir

    Propp

    sur le conte

    merveilleux,

    mais

    la

    ne

    s est vritablement

    dveloppe

    sous

    sa

    forme

    actuelle

    qu au

    milieu

    des annes

    soixante et le terme lui-mme n est apparu,

    pour

    la

    premire

    fois,

    qu en

    1969

    dans I ouvrage de Tzvetan Todorov, Grammaire du Dcamron.

    OUTILS

    NARRATOLOGIQUES

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