BARUK Joseph - Les Hallucinations Dans La Paralysie Générale (1894)

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Psychologie et douleur physique

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  • Les hallucinations dansla paralysie gnrale /par Jacques Baruk,...

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque H. Ey. C.H. de Sainte-Anne

  • Baruk, Jacques (1872-1975). Les hallucinations dans la paralysie gnrale / par Jacques Baruk,.... 1894.

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  • Les ~MC~ dans la

    ~r~ ~M~

    Baruk J.

    G. Steinheil

    Paris 1894

  • Symbole applicablepour tout, ou partie

    des documents microfilms

    Or

  • Symbole applicablepour tout, ou partie

    des documents nucroffims

    Texte dtrtor reliure dfectueuse

    MF Z 43-120-11

  • E S

    TT'T A T T TT/T'~T A rtif y~~T~t

    HALLUCINATIONS

    LA PAttALYSHS

  • ~g~ ~M.

    HALLUCINATIONS

    DANS

    LA PARALYSIE GENERALE

    t~~

    Jacques BARUK

    DOCTEURMM~DECtNEOELAFACUM&DEPAntSMTEHNE CE L'HOPITALCtVtLMHVKnSAtLLRa~NCir~'1, Dr 1,'IiOPITALCIVILDE VifR.PAlLi.rg

    fNTEnNERESASft.KSDELASEtNE

    PARIS

    ~j G. S T E IN H E 1 L D 1 T E U H

    2, RUEMSIMM-MLAVtGNE,2

    ~S044

  • A M. MAutucECATTAUt

    ~'0: ytOMM~S d'MMC prO/bM~f ;-eCOKMMS

  • Au dbut de nos tudes sur l'alination mentale, notre

    matre M. le D' Briand, dont nous avons eu l'honneur

    d'tre l'interne pendant notre premire anne, avait sou-

    vent attir notre attention sur les formes nombreuses et

    varies que revt le dlire chez les paralytiques gnraux.Il nous disait souvent la paralysie gnrale est aux vsa-

    nies, ce que l'hystrie est aux affections du systme ner-

    veux. !1 ne prtendait nullement tablir une analogie quel-

    conque entre la paralysie gnrale et l'hystrie, deux ma-

    ladies absolument diffrentes. Il faisait, pour ainsi dire,

    une simple proportion arithmtique. Autrement dit, de

    mme que l'hystrie, en dehors de ses signes particuliersou stigmates, peut donner lieu des syndromes rappelant

    de trs prs les affections les plus varies du systme ner-

    veux, de mme la paralysie gnrale, en dehors de ses stig-

    PREFACE

    LES

    HALLUCINATIONS

    UAMS LA t'ARALYSt SMttALE

  • -~6~

    mates (dmence et signes physiques), peut donner Heu

    des syndromes fdlire~) rappelant de trs prs toutes les

    autres maladies de l'esprit. Nous aurions voulu faire un

    travail dans ce sens, mais l'tendue et ht dlicatesse du

    sujet r6clan)aient un temps et une comptence que nous

    nepou\'ionsavoir. Nous avons recu! devant la difficult

    et nous avons prfre tudier i'un des nombreux troubles

    intellectuels de la paralysie gnrale les hallucinations.

    Nous remercions M. le D'Vallon, dont nous avons l'hon-

    neur d'tre actuellement l'interne, del bienveillancequ'iila montre pour notre instruction clinique et des excellents

    conseils qu~il nous a prodigus dans le cours de ce travail.

    Que nos maitres des hpitaux de Paris et de l'hpitalcivil de Versailles reoivent ici le tmoignage de toute

    notre reconnaissance,

    Nous remercions vivement M. le ProfesseurJotfroy de

    l'honneur qu'il nous fait en acceptant la prsidence do

    ~notre~thse. ~J~

  • INTRODUCTION

    La question des haitucinations dans la paralysie gn-

    raie est encore trs obscure. Admises par les uns, nies

    'par les autres, les erreurs des sens sont considres par

    un certain nombre d'anteurs comme trs frquentes dans

    la paralysie gnrale.

    Nous essayerons dans ce modeste travail de fixer ce

    point de la pathologie mentale.

    Pour jnstiffer l'opinion que noua dvelopperons, nous

    emprunterons nos arguments din'rentcs sources.

    Outre tes faits cliniques nous consulterons les crits des

    auteurs, ainsi que l'anatomie et la physiologie pathologi-

    ques.

    C'est pourquoi nous adopterons l'ordre suivant

    Dans le premier chapitre nous prsenterons un court

    rsume des connaissances actuelles sur les hallucinations

    en gnral. Si nous nous tendons sur certains dtails et

    en particulier sur le mcanisme du phnomne, c'est quenous aurons besoin dans la suite de nous appuyer sur ces

    donnes.

    Dans un second chapitre~ nousnumrerons sans com-

    mentaire les diffrentes opinions mises par les auteurs

    relativement l'existence ou la non-existence des halluci-

    nations dans la paralysie gnrale.

  • 8Nous donnerons ensuite notre opinion personnelle et

    nous chercherons voir si une critique raisouue des opi-nions des auteurs ne vient pas dj en sa faveur.

    Dans le chapitre !V nous verrons quoi peuvent nous

    amener tes considrations tires de 'auatomie et de la `

    physiologie pathologiques.Nous aborderons ensuite tes faits cliniques, et, aprs

    avoir montre combien est quelquefois difucilela constata-

    tion des troubles sensoriels chez les paralytiques, nous

    donnerons un certain nombre d'observations de malades

    atteints d'hallucinations et illusions.

    Aprs avoir cherch prciser dans quelle frquence se

    rencontrent les fausses perceptions et dans queUe pnodede la paralysie gnrale elles s'observent, nous terminerons

    par les conclusions.

  • CHAHTHH! 1

    De l'hallucination en gnral.

    t/ballucination, dont l'tymoto~ie est gnralement at-

    tribue au mot /

  • ~10'Dans tes deux ou trois derniers sicles, un certain nom-

    bre de savants tudient mieux l'hallucination, qu'Us ratta-

    chent un trouble intellectuel mais c'est avec Esquirol

    que cette tude entre dans une voie vraiment scientin-

    que. Depuis, de nombreux travaux ont paru sur la ques-

    tion, parmi lesquels ceux de BaiMat'~er, de Uriere, de

    Boismont, etc.

    Nous n'avons pas l'intention de dcrire l'hallucination

    eu dtail; nous donnons seulement quelques notions in-

    dispensables pour comprendre les dveloppements ult-

    rieurs de notre sujet.Et d'abord, ilimporte de distinguer l'hallucinatiou de

    l'illusion. Dans l'illusion, il existe une sensation rellement

    perue, maiscettescnsation devient la base d'une interpr-

    tation errone, dlirante. Un bel exemple d'illusion est

    celui d'une loueuse de chaises d 'un6 glise de Paris, cite

    par Leuret, qui, atteinte d'une pritonite chronique, expli-

    quait les douleurs qu'elfe prouvait par la. prsence de plu-sieurs evques qui tenaient daus son ventre un concile (t).

    LeshaHucinations peuvent frapper tous les sens la vue,

    l'ome, l'odorat, le got et le toucher. Il existe gaIemBtdes hallucinations du sens gnital et de la sensibilit g-

    nrale.

    ~ous devons nous tendre davantage sur la ua-ture et la

    pathoguie des hallucinations car de cette tude dcoule-

    ront pour nous des notions permettant de nous dem~adeE

    (i)DAcoN~T,Trat

  • il:

    si, M~o~, les hallucinations doivent occuper une placea r. r,ic, "s;t:;yimportante d.ms !a paralysie gnnilH.

    Sans nous arrcteraux thories tho)ogiquc(dans la

  • 12-

    factives; optiques, celles qui conduisent les impressions

    de la sensibilit gnrale, et enfin les fibres acoustiques. Les ~H/M'0/M ~pM.yw

  • -~3

    tives aux localisations crbrales, a formule une thorie quirallie actuellement ia majorit. des sun'ra~'cs. Htif. voir que

    sous une inHuence quelconque les coures corticaux de la

    sensibilit peuvent entrer en action;, primitivement, sans y

    tre solicites par une excitation priphrique, absolument

    comme les centres moteurs entrent en action sans l'in-

    fluence de la votont pour produire les convulsions de l'-

    pilepsie partieltc.C'est mme ce qui a fait dfinir l'haitucination par cer-

    tains auteurs /wrini, c.~ ~H ~i'c.M'o/ ~.sv

  • avec ce centre que nous localisons la sensation. Voil quinous explique que dans l'hallucination, le trouble senso-

    riel a une analogie telle avec l'image normale, qu'il amne

    une conviction absolue et que les malades ne peuvent pas

    admettre qu'il s'agisse l d'un phnomne pathologique.Voil pour la partie sensorielle du phnomne halluci-

    natoire la participation de l'intelligence s'explique facile-

    mentparlesrelationsanatomiquesnomhreusesquiexistententre les centres de perception eties centres suprieurs ou

    intellectuels de la rgion frontale. Les recherches de ces

    dernires annes, celles de Meynert en particulier, ont

    montre en eu'et la. prsence dans le cerveau de systmes de

    nbrcs varies reliant entre elles les circonvolutions des deux

    hmisphres, ainsi que les din~rentes circonvolutions d'un

    mme hmtsphf'e.

    C'est 1~ expose ~ndtail, la thorie de Tambun qM!est trs satisfaisante et quia. pour elle des arguments scieH"

    tinques d'une grande valeur. M. Magnant) l'a adopte

    dans ses leons, et JM. le prolesseur Jonrpy (2), dans~sa

    Ipbn d'onvertnre ala clinique de l'asile Ste-Anne, l'a ad-

    mi~eegaiement'san~restrtction.~

    Mais revenons Bailiar~er. A cote des hallucinations

    psycho'schsorielles dont nous venons de parler, il admet,

    et cela surtout pour le sens de 1'oue~ l'existence d'halluci-

    nations purement psychiques. Ces dernires qui ont

  • 18

    retrouves depuis par un grand nombre d'observateurs,

    ont t dont la lsion peut produire isolment la perte de la m-

    moire auditive des mots, de la mmoire visuelle, etc.

    Pour ce qui est du centre moteur d'articulation, on ad-

    met qu'il est voisin d'un centre percepteur sensitif. C'est

    dans ce dernier que vient s'emmagasiner la sensibilit

    musculaire nous donnant la notion des mouvements de la

    langue qui s'effectuent dans l'articulation des mots. Que

    sous l'influence d'une cause quelconque, ce centre vienne

    a tre te sige d'une excitation spciale, d'un rthisme

    pathologique, une image motrice d'articulation se mani-

    feste, s'extriorise, etle malade prouve la mme sensation

    que s'il parlait, tl n'entend rien, mais itala sensation d'un

    mot on d'une phrase prononce intrieurement. C'est l ce

    que l'on a appel le langage intrieur, le langage de la

    pense. C'est l'hallucination verbale psychomotrice (i).Tel est le mcanisme de l'hallucination en gnral.

    Nous allons maintenant tudier ce symptme dans la

    tnaladie qui nous occupe.

    (t) Sn'ir.s, T

  • CHAPITRE)!

    Opinion des auteurs sur le sujet.

    Bien que l'unit del paralysie ~nerate ait et procla-me dj depuis 1822 (1), l'histoire de cette maladie s'est

    depuis cette poque enrichie tous les jours de documents

    nouveaux. Aujourd'hui mme, cette histoire n'est pas en-

    tirement faite, c< malgr d'innombrables travaux, biendes dtails de cette maladie restent encore e)) litige. C'estainsi que, pour les haUucinations en particulier, les opi-nions les plus contradictoires ont t miss tour tour.

    Nous allons en noter les principales, autant que posstbt

    par Ordre chronologique.Bien que l'on trouve quelques cas d'hallucina.tipns dans

    les observations d'Hsquirol~ nous ne pouvons rechercher

    ce phnomne dans !a. littera.ture mdicale qu' partir du~}

    moment o la paraiysic ~~erle pnt sa place dansj~ cadr

    nosologiquc. Bayle, lepre de cette maladie, ufatt aucune

    mention du symptme qui nous occupe, et dans les nom"

    breuses observations relates dans son livre ~M ~a/

  • 17

    CAttCK

    Apres Bayle, les premiers auteurs qui ont crit sur la

    mningo-encphattte ne s'occupent pas dans leurs descrip-

    tions du phnomne hallucination. Quelques-uns cepen-dant le notent en passant dans leurs observations. C'est

    ainsi que Calmeil (

  • ,i8-

    manifestement dues l'alcool, un cas unique d'hallucina-

    tions auditives paraissant bien dpendre de !a lsion cr-

    brale.

    '< De/)MM /~M~:6M?'s/oM~, ditParchappe, /e/M~

  • 19--

    raly tique; Lasgue (1) considre les hallucinations comme

    un signe diffrentiel trs important en faveur de l'alcoo-

    lisme. Le mme auteur, propos de la description de la

    priode prodromique de la paralysie gnrale, admet que la

    mlancolie avec ides de perscution ouvre gnralement

    la scne, et, pntr de ses ides sur le dlire de perscution

    dont une anne auparavant il avait fait une entit mor-

    bide (2), il s'exprime de la faon suivante Une semblable

    disposition d'esprit appelle les hallucinations de l'oue,

    comme je l'ai dmontr ailleurs par l se Justine la re-

    marque de quelques auteurs qui rangent les hallucinations

    parmi les prodromes de la paralysie.

    Ainsi donc, pour Lasgue l'hallucination n'est pas un

    symptme de paralysie gnrale, c'est un phnomne

    part se manifestant comme consquence des ides de per-scution par le mme mcanisme que dans le dlire syst-

    matis.

    Cependant pour tre juste, nous devons citerle passagesuivant de la thse de Lasgue, propos de l'tude de la

    deuxime priode 0/! s'tonne de voir

  • 20

    ~fMc?t~'e~si'' M~e

  • 2t

    MM//

  • 22

    Z

    d'une monomanie ambitieuse simple. Une seule fois, des

    hallucinations de l'oue sont notes chez une malade qu'il

    considre comme paralytique (Tome page 4i4).Sans donner une opinion prcise sur le sujet qui nous

    occupe, HaiUarger, dans des travaux antrieurs l'ouvrage

    auquel uous faisions allusion parle des hallucinationsd'une

    faon incidente. C'est ainsi que, dans une note sur le dlire

    t~pochondriaquc des paralytiques gnraux publie dans

    les M/M/M /M~co-?yc/!0~y~Mc~, il cite quelques mala-

    des qui prtendaient que leur corps tombait en putrfac-

    lion, et il ajoute que plusieurs d'entre eux paraissaient avoir

    des hallucinations de l'odorat (1).Dans un court article insr dans les A~M/M~~fo-

    /~r/

  • 2:!

    insinue timidement que quelques rares paralytiques sem-

    blent vouloir chapper des hallucinations terrifiantes.

    Pour f'o\'i!!e (f), prvue tousies paralytiques prouvent t

    des hallucinations bien caractrises, mais qui empruntent,

    au moins paria manire dont les malades les racontent,

    certains caractres ht dmence, c'est--dire qu'elles sont

    niaises, contradictoires, mobiles., souvent tout fait absur-

    des. Les illusions ne seraient du reste pas moins frquentes.A. Voisin (2) considre les hallucinations comme fr-

    quentes, mais l'instar de Foviilc, il les dit moins nettes,

    moins constantes et moins systmatises que dans la folie

    simple.

    Saury (3), aprs avoir dit que les erreurs des sens se

    rencontrent souvent dans les formes mlancoliques avec

    ides de perscution o elles peuvent quelquefois se pr-senter avec une telle persistance qu'elles impriment au d-

    lire un cachet particulier, rapporte l'opinion de M. Magnansur cette question. M. Magnan, en effet, divise les halluci-

    nations qui accompagnent la paralysie gnrale en trois

    classes les unes, sans cause apprciable, semblent pou-

    voir constituer un phnomne purement psychique (hallu-

    cinations simples); d'autres peuvent se rattacher une

    lsion du nerf acoustique, comme on le voit, par exemple,dans certaines maladies de la moelle se propageant au

    (i) Articje pa.ra.iystc gtira!e du f)te

  • 24

    cerveau (hallucinations symptomatiqnes) d'autres enfin

    se rattachent &l'alcoolisme (hallucinations de cause alcoo-

    lique). Ces dernires seraient les plus frquentes.

    Nous avouons que nous ne comprenons pas trs bien les

    hallucinations de la premire catgorie et nous ne voyons

    pas ce que M. Magnan entend par phnomne purement

    psychique.Mais s'il est vrai qu'il s'agisse de troubles sensoriels pro-

    voqus par la mise en activit de l'imagination d'un cer-

    veau malade, cela voudrait dire que ces troubles ne cons-

    tituent pas un symptme de la paralysie gnrale, mais

    simplement un phnomne concomittant, peut-tre d

    une dgnrescence mentale antrieure. Si cette explica-tion est la bonne, tant donn que les hallucinations des

    deux autres catgories sontdues des causes secondaires,il en rsulte que M. Magnan n'admet pas l'existence des

    fausses perceptionscomme manifestation directe del m6-

    ningo-encphalite.Dans sa thse de 1880, Millet (i) arrive la mme con-

    clusion. Le ~a~/y~/e ~M~'a/, dit-il, M'~ ~~MCj~/MM

    f/MCMs~o~, son ~OMMp~ est M:&?< ~Me/~Me/bM

    /o/o~~ e/ ~ro/o/ Thomeuf, cit par Girma, est ga-lement du mme avis Dans ~MM~~ ~M~'a/

  • .25

    Au contraire Girma

    (2)

    dans sa thse de 188) arrive:').

    cette conclusionque

    les hallucinations sont trsfrquentes

    dans la

    paralysie gnrale.

    Luys (3)

    est aussi du mmea~is.

    Dans les conclusions de la thse de Colovitch(4)

    on note

    cettephrase:

    L'existence des hallucinations est trs dou-

    teuse M.

    Rgis (S),

    Hall

    (6),

    Jules Fairet

    (7),

    considrent

    les hallucinations comme trs rares.

    ()) D(c(toMs!)'c demedccttte et

  • 26

    l:i eCuilerrc

    (i ), Dagonet (2)sont

    galementdu mme avis.

    Christian et Ritti (3) soutiennent au contraire quepende paralytiques n'ont pas prouv d'hallucinations un

    moment donne et principalement vers la tin de la mala-

    die.

    Les mmes contradictions rgnent en Allemagne.

    Nous avons dj dit que, dans le livre deGriesingcr, il

    n'est fait aucune mention des hallucinations.

    Westphal, Jung, Kran't-bing (4) ne s'y tendent point.Ce dernier dit mme qu'elles sont si rares, que leur pr-

    sence doit faire douter du diagnostic et faire penser a des

    manifestations alcooliques. Hitxig, dans l'Encyclopdie de

    Ziemssen, dclare que les illusions de la sensibilit gnralesont frquentes, mais que les hallucinations de la vue et

    de l'oue ne se rencontrent gure.

    Hagen les admet, non dans l'excitatMnmaniaque/ m

    sous forme d'hallucinaUons terrinantes dans la dpression

    mlancolique.~Clans (5:) conclut:ainsi:: .L~ ~M/'A' .i'

  • -27

    PonrSchule 't ), Mcndcl (2) et Obersteiner (~), les lial-

    lucinations sont galement frquentes.

    Huppcrt (4) conclut au contraire leur absence absolue.

    En Angleterre, te travail de Mickie (5) publi dans le

    ./o?v~/ o/' M

  • 28

    suivants S/.afkowski, Michea, Trla~ Morei, Brierre de

    Boismont, FoviUe, A. Voisin, Girma, Luys, Christian et

    Ritti, Clans, Schd!e, Mendei, Obersteitier- et Mictde.

    Tous admettent, eu efict, que ies hatiucinations sont fr-

    quentes dans le cours de !a mningo-enccphalite chroni-

    que, quelque soit d'ailleurs le degr de cette Frquence.

  • Aprs nous tre content d'numrcr sans commentaire

    les opinions les plus diverses relatives a l'existence ou

    la. non-existence des erreurs des sens chez les paralyss

    gnraux et s'il nous tait permis d'avancer une opinion

    personnelle, nous avouerions que nous sommes persuade

    de l'existence des hallucinations dans lamningo-encpba-

    lite, et que nous sommes fort dispose croire leur trs

    grande frquence dans le cours de cette affection.

    Les arguments en faveur de cette manire de voir sont

    multiples et peuvent tre tirs de diffrentes sources.

    Et d'abord, un coup d'il jet surl'historique de la ques-tion nous permet dj de constater que les auteurs qui

    admettent l'existence du phnomne morbide qui nous

    occupe sont beaucoup plus nombreux que ceux qui la

    nient. M. Magnan, qui videmment reprsente une autorit

    en la matire, semble avoir, dans sa rcente monographiede la paralysie gnrale publie avec le D" Srieux, modi-

    fi sa manire de voir. Tout en maintenant que le plus

    grand nombre des hallucinations observes chez les para-

    lytiques est d a. des excs de boissons, il reconnat qu'il

    y en a d'autres, rares il est vrai, mais qui existent, d-

    citApiTHEtn

    Opinion personnelle.

  • 30

    pendant directement de l'an'ection crbro-mninge (i).

    En outre, nous croyons que, si pendant longtemps on

    s'est refus croire l'existence des fausses perceptions

    dans la maladie de Bayle, c'est uniquement sous l'empired'ides prconues, d'ides doctrinales.

    En effet, comme nous l'avons dj dit au dbut de ce

    travail, on considrait autrefois l'hallucination comme un

    phnomne purement intellectuel enfant par l'imagina-

    tion et auquel la mmoire donnait un cachet de vrit. Or

    ce qui caractrise essentiellement la paralysie gnrale,

    c'est l'affaiblissement en masse de toutes les facults intel-

    lectuelles et en particulier de la mmoire. Logiques avec

    eux-mmes, comment les anciens pouvaient-ils admettre

    l'existence des hallucinations dans la dmence paraiy-

    tique?

    Ce n'est pas l, du reste, une simple vue de l'esprit, car

    on dcouvre nettement ces ides dans les crits des au-

    teurs. C'estainsi que Mret pre proclamait que t(~a//M~

    CMa~o~~M~OA'p ~'o~

  • 31

  • 32--

    dans la sclrose de l'axe crbro-spinal. Rien d'tonnant,

    par consquent, ce que les paralytiques prsentent, sou-

    vent des manifestations alcooliques.Nous croyons cependant que, en dehors des hallucina-

    tions d'ordre toxique faciles caractriser, il en existe, et

    trs frquemment, qui ne reconnaissent aucune autre cause

    que la paralysie gnrale elle-mme. Nous ne sommes

    pas du reste seul de notre avis. FoviIIe, Christian et Hitti,

    Girma, Mendel et Schuie pensent de mme.

    En effet, si toutes les hallucinations des paralytiquestaient le rsultat des excs de boissons commis par les

    malades avant leur squestration, elles seraient temporai-res et cesseraient quand les malades restent un certain

    temps sans boire de spiritueux. Ce n'est pas ce qui a tou-

    jours lieu pour les malades qui nous occupent. Les hallu-

    cinations persistent plus ou moins longtemps, puis elles

    peuvent s'attnuer ou cesser mme pendant un certain in-

    tervalle pour reparatre ensuite avec toute l'intensft du

    dbut, sans qu'aucun excs de boisson ait t commis

    (FoviMe). La plupart des observations rapportes par Gir"

    ma nous montrentdessujetsprsentantdes hallucinations

    dans une priode avance de leur maladie, alors qu'ils sont

    interns depuis un temps parfois trs long.D'autre part, les hallucinations des alcooliques, sans tre

    exclusives au sens de la vue, affectent plus particulirementce sens. De plus, elles ont presque toujours un caractre

    triste, pnible. Ce sont, autrement dit, le plus souvent des

    hallucinations terrifiantes,

  • 33

    ,t!AMt: H

    Dans la paratvsie gnrale, les haiiucinations et illusions

    ne sont point aussi cantonnes a un sens. Elles peuvent, au

    contraire, frapper tous les sens runis on isoies tes fausses

    perceptions auditives paraissent mme les p!ns frquentes,

    d'aprs Pcyron.

    En outre, si elles sont quelquefois de nature pnible, elles

    revtent le plus souvent un caractre gai en rappor! avec

    le dlire. L'observation suivante emprunte M. Garnier

    nous montre un cas de ce genre.

    OnsEuvATto~ (C.\nMt:n) (1).

    M. G. ingnieur lectricien, troubl depuis p)u sieurs semai-

    nos, est pris d'(3XcilaUondans

    .nla journe du 1.2 fvrier 1888.

    (S7i

    nes, est. pria d'excitation dans )a journ'c du 12 fvrier 1888. )I

    se prsente au palais de l'Elyse c) demande a parif' :') ~). C:)!

    not. Sur la carte q'.)'H ;) remise nu concierge, il a cct'it I)"p:u'

    la votoni.6 de Dieu Amen au depi., il y passe une nui! ires

    agite, et, le iendejnain n 1a visite, il s'offre avec tous les dehors

    du paralytique gt''nral rariicutation verbaie est, dcfect.ucuse,

    les pupilles sent. ingales, ies diva~;u.ions ambitieuses tradui-

    sent l'tat de dmence. .te vous annonce, dit M. G. que jesuis monte au ciel cette nuit. La, un spectacle merveilleux s'est

    oner! a mes yeux: j'ai vu i'univers tout entier passer devant

    moi. Des milliers d'ouvriers travaiHaientj la terre et portaientdes costumes d'une rare beaut. Des images obscures cachaient

    des formes fminines, passaient, rapidement et touchaient terre.

    Ces formes se mirent bientt a danser de ta faon la pins gra-

    cieuse. Des perles, des rubis, des diamants traversaient i'air et

    se croisaient. Plus loin, je vis la terre couverte d'arbres gigan-

    tesques et de forts immenses. Puis ce fut mon apothose,

    ~'apothose du Travail, que je personnifie. A mes pieds s'talaitle monde. Des milliers d'tres, genoux, tendent leurs bras vers

    (i) La~/te~ Pa~, 1890, pnge 28S.

  • 3.4

    moi pour m'adorer. Tout coup, un Si lectrique est mis encontact avec mon nombril. Immdiatement toute cette scnemcrveiUeuse s'illumine d'une manire blouissante. Je vous ledis j'ai touch la divinit, par cela seul que j'ai rsolu le pro-blme de la conservation de l'nergie, etc.

    Ainsi donc, la critique impartiale des opinions mises

    par les auteurs fournit dj des arguments en faveur de

    notre manire de voir. !Sous croyons que des argumentsdu mme ordre peuvent dcouler de certaines considra-

    tions sur les lsions encpha!ique8 de la paralysie gn-`

    rale. A cet eH'et, nous demandons !a permission de passeren revue, trs sommairement du reste, les diffrentes l-

    sions anatomiques qu'on rencontre dans le cerveau de ces

    matades.

  • CHAP!THE!V

    Considrations tires de l'anatomie et de la

    physiologie pathologiques.

    La lsion anatomique de la paralysie gocruic a t d-

    couverte parjBayIe, qui l'a qualifie d'arachnitis chronique.

    On l'a considre longtemps comme une mningo-encpha-

    lite interstitielle diffuse. Depuis les rcents travaux parus

    sur le sujet, on tend admettre que !a lsion de la parfdy-

    ie gnrale n'est pas seulement Umiteo aux centres enc-

    phaliques, mais qu'eue s'tend ata moeUe et aux nerfs p-

    riphriques. Nous ne nous occuperons ici que des lsions

    crbrales, qui nous intressent plus particulirement.L'arachnode et la pie-mre sont paissies, opalescentes,

    tantt spares de la surface corticale par un epanchemcntdmateux plus ou moins abondant, tantt au contraire

    adhrentes cette mme surface. Si l'on essaye de sparer

    la pie-mre de l'ecorce, on entrane avec elle une couche

    plus ou moins paisse de substance ~risc ramollie. La sur-

    face de l'hmisphre ainsi dpouille de sa pie'mre scprc-sente alors parseme d'ulcrations irregulires et plus ou

    moins profondes.Ces adhrences mninges, quoique diffuses, ne sont pas

    absolument gnralises a toute la surface des hmisphres,

  • mais se localisent le plus souvent sur certaines circonvo-

    lutions, trs variables du reste, selon le cas. Cependant on

    peut dire que, chez la plupart des paralytiques gnraux, les

    circonvolutions des lobes frontaux sont les plus au'ectes.

    Nous ne dirons rien des lsions ventriculaires.

    L'examen microscopique de l'corce crbrale ainsi al-

    tre montre une prolifration du tissu conjonctif inters-

    titiel qui enserre les lments nerveux et finit paren ame-

    ner la dgnrescence granulo-graisseuse et pigmentairc

    et, conscutivement, l'atrophie.Tucxeh a dcouvert la disparition des fibres myline

    intracorticales.

    Sclrose du tissu interstitiel et altrations cellulaires

    taient les lsions que, jusqu' ces dernires annes, on a

    considres comme propre!; la paralysie gnrale.

    M. JolTroy ( ) a mon tr rcem ment que la lsion primor-

    dialo sige au contraire dans la cellule crbrale. Cette l-

    siot) de la cellule est raremeBt seule, nais seule elle est

    l'lment indispensable, l'encphalite interstitielle n'tant

    pas ncessaire.

    Quelle que soit la thorie admise, il n'en est pas moins

    vrai que ces lsions peuvent tre prdominantes en un point`

    quelconque de l'corce, etsuivantles centres auxquels elles

    correspondent, elles donnent lieu aux syndromes des l-

    sions crbrales en foyers. Souvent, il est vrai, onrencon-

    tre dans le cerveau des paralytiques des lsions circona-

    (i) Co't

  • 37

    crites surajoutes (hmorrhagie, ramollissement, gommes,

    etc.). Alors se produisent des monoplgies localises tel

    ou tel membre, des hmiplgies, des contractures, de l'a-

    phasie, de la surdit verbale, etc.

    Cependant ces phnomnes paralytiques ou spasmodi-

    ques, ces aphasies plus ou moins compltes peuvent aussi

    reconnatre pour cause simplement, une prdominance de

    l'encphalite interstitielle au niveau des territoires corres-

    pondants.Mais pour provoquer une paralysie ou une aphasie, il

    faut une altration profonde, une destruction plus ou

    moins complte des cellules des criconvolutions corres-

    pondantes. Supposons que l'inflammation du tissu inters-

    titiel soit moins avance, et il n'y aura qu'une irritation

    anormale du centre auquel cette inflammation sera loca-

    lise. Danse cas,aulieu d'une hmiplgie, parexemple, on

    aura des alternatives de contraction et de relachementdans

    les muscles du ct correspondant on aura de l'pilepsie

    jacksonienne, autrement dit.

    En un mot, les lsions de la paralysie gnrale peuventtre destructives elles peuvent tre aussi irritativcs. H

    semble mme que ces dernires soient plus importantes,du moins au dbut, car les attaques pilepiiformesne sont

    pas rares dans le cours de la maladie, tandis que les mo-

    noplgies ou les aphasies ne sont pas d'observation vul-

    gaire.

    Supposons maintenant que des lsions irritatives du

    mme ordre sigent au niveau d'un centre sensoriel ou

  • 38

    sensitif, et ce centre va entrer en activit~ indpendamment,d'une action extrieure. Une image surgit, s'extriorise, et

    l'hallucination est. constitue.

    Si donc il est vrai, comme nous t'apprend la thorie de

    Tamburini, l'hallucination reconnat pour cause un tat

    d'excitation, un rthisme anormal d'un centre sensitif ou

    sensoriel,rien d'tonnant ce qu'on observecesymptmedans la paralysie gnrate, o ta lsion est surtouteorticale.

    Bien plus, c'est l'absence d'hallucinations qui paratrait `

    incomprhensible. Ce n'est pas la, du reste, une vue pure-

    ment thorique.

    Mic!de, qui, dans son dernier travail sur les paralytiques

    hallucins, a tudi dans un grand nombre d'autopsies la

    distribution des adhrences mninges, a souvent rencon-

    tr une prdominance des lsions au niveau des centres

    CQrre~pocdntauxsensafTcts.M. Srieux ( i ), chez une malade quia prsent des hal-

    lucinations verbales motrices et qui est morte rapidementd'une aHection intercurrente, a trouv des lsions presque

    uniquement localises a. la troisime circonvolution fron-

    tale des deux cts. Nous rapporterons plus loin cette ob-

    servation en dtail.

    A cette action de la lsion anatomique vient s'ajouterencore celle des pousses congestives crbrales qui se

    manifestent si frquemment dans le cours de la maladie.

    Ce sont elles surtout qui provoquent les attaques pilepti-

    (l)SKit[UX,~t?'c/t!Md

  • 39

    formes. Elles doivent trs probablement aussi, })ar l'r-

    thisme qu'elles'produisent dans les centres sensoriels, fa-

    voriser l'apparition des erreurs des sens. A ce propos,

    l'observation suivante dePick(J) est trs difiante. He

    concerne un homme paralytique gnral qui, trois repri-

    ses diffrentes, la suite d'attaques pileptiformes droites,

    a t aH'ecte d'aphasie et de surdit verbale avec halluci-

    nations auditives unilatrales droites. Nous la rapportons

    ici entirement.

    OuSEhVATfON ff (Ptr;K).

    W. Franz, paralytique gnra), entre a In clinique de Praguele 9 mai '1889. Apres une attaque pilcptifbrme type dont il a t

    atteint le 28 juin 1889, il conserva une hmiparsic droite avec

    une aphasie motrice presque complte. Au sortir de l'attaque, on

    put diagnostiquer encore une hmianopsie droite en mme

    temps qu'une surdit verbale complte. La sensibilit cutane

    est diminue considrablement du ct droit. Le troisime jour

    aprs l'attaque, les troubles moteurs et sensitifs s'amendrent

    considrablement. On note en mme temps un peu d'excitation.

    Le mme jour, couch sur le ct droit, le malade se plaint de

    s'entendre crier a l'oreille sur laquelle il tait couch les mots

    < Snat, Snat mots dont il ne connait du reste pas le sens. il

    se demande ce qu'on veut lui dire, et frappe sur son oreilh'r

    comme pour viter cette sensation. Plus tard, il entend le mot

    Presto qui ne correspond non plus aucun moi; du vocabu-

    laire tchque. Cela dure plusieurs heures pendant lesquelles il

    est excit par ces voix pnibles et se plaint que son entouragen'attache pas d'importance a ce qu'il raconte. Quelques heures

    aprs, ces hallucinations disparurent, et le malade reprit l'tat

    o il tait avant son attaque.

    (i) PtCK, A'

  • 40

    Ces mmes phnomnes se reproduisirent plus tard sous l'in-

    ftuem'e des mmes causes. Le 22 aot, nouvelle attaque epilep-tiforme, la suite de laquelle hmiplgie brachio-faciale droiteavec hmianestlisie correspondante, Hurdit verbale, hemi-

    anopsie droite. Le 28 aot, disparition presque totale dos troublesdu langage, nouvelle apparition d'hallucinations' auditives uni-latrales et droites. II accuse sous son lit la prsence d'un chien

    qui aboie et qu'il supplie de chasser. On a beau retourner le

    malade, c'est toujours a la mme oreille qu'il rapporte sa fausse

    perception. Le jour suivant, tout a disparu.Le 27 septembre, troisime attaque epileptiforme suivie des

    mmes phnomnes hrnipleg'e, hemiMesthsiee). aphasie, qui

    disparaissent les jours suivants. Le 3 octobre, excitation le ma-

    lade crie Va-t-en, ya-t-en Certainement., l encore il s'agis-sait. d'hallucinations, mais leur caract.ere unilatral ne pouvait,cette fois, tre dtermine, l'affaiblissement intellectuel ayantfaitdes progrs.

    Cette observation est sans aucun doute d'un trs grand

    tutft et vient parfaitement i'apput de ce que nous di-

    sons plus haut. U est certain que cette succession r

  • --4i

    L'anatomie et }a pttysiolo~ic pathoio~iqucsconciuent par

    consquent, en faveur dcia t.bcse que nous soutenons. /i

    /0/'

  • CHAP!T! V

    DifRcuKs de l'observation clinique.

    Au premier abord {'observation des faits semble venir

    en contradiction avec ce que les considrations tires de

    l'tude anatomo-pathologique nous avaient amen a ad-

    mettre. Tous ceux qui ont frquent les asiles d'alins

    savent bien en eue! qu'il n'est pas frquent de trouver des

    paralytiques qui disent entendre des voix ou tenir des con-

    versations entires avec des tres imaginaires, comme

    les mlancoliques ou les perscuts, par exemple. Rare-

    mant aussi on leur voit prendre l'attitude des alines hal-

    lucins, tendre avec persistance l'oreiUe dans une d irection

    dtermine, ou avoir longtemps les yeu~: fixs sur un

    mme point.NouH croyons cependant que cette raret des hal!ucina-

    tions chez les paratytiques est plutt apparente que relle

    et s'explique par diuerentes raisons.

    Tout d'abord, le caractre mme des troubles sensoriels.

    Comme toutes les manifestations psychiques del fb!ie

    parntytiquc, les hailucinafions sont passagres, fugaces et

    trs mobiles. Tel paralytique qui vous dit voir un tre

    Imaginaire ou converser avec telle ou telle personne ne

    raconte plus la mme chose le lendemain ou mme quel-

  • 4:}

    ques heures aprs. Tous les auteurs, du reste, ont insiste

    sur ces caractres. H faudrait donc une observation de

    tous les jours, de tous !cs instants, dirions-nous presque,

    pour avoir la conviction que des erreurs des sens existent

    bien chex ces malades. Or une observation aussi rigou-

    reuse est impossible dans les asiles publics, o dans chaque

    service te nombre des malades est trs considrable.

    D'autre part, mme quand les hallucinations sont assez

    nettes et assez intenses, elles peuvent encore passer ina-

    perues pour l'observateur, et cela pour plusieurs rai-

    sons

    L'affaiblissement intellectuel tant la rgle che/ les

    maladesqui nous occupent, beaucoup de ces derniers ne

    sont pas mme de rendre compte des sensations qu'ils

    prouvent.C'est l un fait bien connu et qui se passe de commen-

    taires.

    2 Au lieu d'tre exprimes, les troubles sensoriels peu-

    vent quelquefois agir sur les manifestations dlirantes aux-

    quelles ils impriment une forme dtermine. Seule alors

    l'interprtation judicieuse des faits peut rendre compte de

    leur origine sensorielle. C'est ainsi que l'on admet commu-

    nment aujourd'hui que le dlire hypochondriaquc des pa-

    ralytiques, si bien dcrit parUaiIlarger, prend sa source

    dans les troubles de ta sensibilit gnrafe. En en'et, ces

    malades qui racontent qu'ils sont bouches, qu'ils ne peu- }

    vent plus manger, qu'ils n'ont plus de bouche, plus d'a-

    nus, etc., sont certainement victimes d'hallucinations ou

  • -4.4

    d'illusions ayant leur point de dpart dans les diffrents

    appareils organiques.Klein (i) cite le cas d'une malade qui, interroge sur son

    refus de s'alimenter, disait J~ ~c~MM MMM~o'~c.s'MM ~o

  • 43-

    bien des paralytiques, en dehors de toute manifestation

    dlirante?

    On pourrait peut-tre admettreque. chexcesmatades,des

    sensations agrables sont perues dans le domaine de la

    sensibilit gnrale qui mettent le malade dans un tat de

    bien-tre tout fait particulier. On comprendrait ainsi cet

    air de batitude et de bonheur profond que certains para-

    lytiques expriment sur leur figure tandis qu'ils sont au

    dernier degr de la dcadence intellectuelle et physique

    paralyss, gteux, et couverts d'eschares.

    Kous risquons cette thorie qui nous parat trs plausi-ble et que Klein (i ) avait dj hasarde avant nous.

    Ainsi donc, si dans certains cas les troubles sensoriels,

    quoique perus par le malade, ne sont pas ports la con-

    naissance de l'observateur, grce l'tat de dmence du

    sujet, d'autres fois le malade lui-mme ne s'en rend pas

    compte et base l-dessus toute une catgorie de manifes-

    tations dlirantes.

    3" Certains paralytiques, sans que leur tat de dmence

    soit bien avanc, mais entrans pent-etrcdans un dlire

    trop actif, laissent passer inaperus leurs troubles senso-

    riels.

    C'est ainsi que nous avons observ dans le service de

    M. Vallon un malade qui, ayant prsent une ide dli-

    rante qui a persist pendant plusieurs mois, n'a pu nous

    clairer sur l'origine hallucinatoire de cette ide que grce

    (t)KLE~ ~OCOCt't

  • -46-

    une rmission survenue dans le cours de sa maladie.

    Nous donnons ci-dessous cette observation en dtaii

    OnsERVA'noN)!) (personnelle).

    SoMMAtM. Pfu'atysio gtx't'ate. Dbuta 36 ans.Evolution lente,HaHtMinatio)tU))iqacde t'oue. Dtire ambitieux dont l'ide princip~toest le feat.dtat da i'haiittcination auditive. R&missioa.

    Louis-Paul, Gus. entre l'asile de Villejuifle '!3juin '!892,aprs avoir passe Ste-Anno.

    Le certincat de M. Dagonet est. ainsi conu< Paralysie gnrale, affaiblissement psychique, ides de ri-

    chesse,!ngaHt.pupiI!aire)).M.VaUonpoi'f.eaussiIemmedia~nost.tc.,)M.

  • 47

    Plus tard, actes draisonnables G. allaitdans les restaurants

    sans payer, se faisait conduire en voiture des heures entires

    sans avoir de l'argent sur lui.Au commencement de l'anne 1892, il dcouchait souvent ne

    savait plus ce qu'il faisait.Dans le courant, du mois de juin, il va djeuner dans un res-

    taurant mais ne voulant, pas payer son djeuner, il se fait ar-rter et conduire chez le commissaire de police. Quelques joursaprs, pass en jugement pour escroquerie, il est condamne a

    deux mois de prison. Mais il est bientt reconnu alin et con-

    duit l'infirmerie du dpt, et de !a, Ste-Anne.A son entre Villejuif, G. 1t ~r,rr.r3 ~iii ~3 i'l1 a, ~1x'f_trxrifet. tl est le crateur du ciel et de !a terre. Son pre a 250 mil-

    lions il doit avec son associ P. transformer Londres.

    Ingalit pupillaire, embarras de la parole.A Villejuif, G. a subi frquemment des alternatives d'excita-

    tion et de calm. Ses ides ambitieuses ont beaucoup vari pendant la dure de sa maladie. Une seule ide est reste cons-

    tamment la mme pendant plusieurs mois. H la rptait souventet y tenait pour ainsi dire.

    Le 8 septembre prochain, disait-il, il y aura un dluge. Son

    pre qui est Dieu va ouvrir les grands robinets qui sont l-hautet il ajoutait < Mon pre a sept ou huit cents ans. )1 est Dieu,mais je ne suis pas Jsus-Christ. Jsus tait fils de Joseph le

    charpentier, et il a dit qu'il tait le fils de Dieu pour monter le

    coup aux Juifs. La Sainte Vierge est une blague. Son pre a faitsa mre avec une cte. Il l'a rendue folle, et elle est morte a la

    Salptrire et il s'criait Drle de familleAu milieu de ce dlire multiple, incohrent et mobile, l'ide

    qu'un dluge devait avoir lieu le 8 septembre s'est conserveIntacte pendant plusieurs mois.

    Pendant toute cette priode G. n'a jamais eu d'ictus.Au mois de janvier 1894, G. est entr dans une priode de

  • 48

    calme. !1 a abandonn petit petit toutes ses ides dlirantes,ta mmoire lui est revenue graduellement, la parole devenait

    plus aise; G. entrait, en un met, dans une rmission presquecomplte qui lui permeKaft de se mettre au travail.

    Profitant de cette priode de lucidit, nous interrogeons no-tre malade sur l'origine de cette ide du dluge prochain quis'est montre avec une telle persistance. G. nous raconte que

    pendant son sjour a Sainte-Anne, son pre lui avait caus une

    nuit dans sa cellule et lui avait dit qu'il y aurait un dlug'e le8 septembre.

    11 ne se rappelle pas l'avoir vu mais il a parfaitement en-

    tendu une voix qu'il a bien reconnu tre celle de son pre. fl

    sait bien aujourd'hui que le fait ne pouvait tre possible maisil affirme qu' l'poque il en avait la conviction la plus abso-lue. M qualifie du reste lui-mme le phnomne d'

  • -49-

    HAKtfK 4

    ques hsitations. La tangue excute encore des xiouvonents

    ataxiques et. est. anime de t.re)nb]enmnLfibriUai)'(;tt'eMneL Les

    pupiHes sont gales eL reagissent bien la iumire et. a l'accom-modation. Renexes rotuliens et. des poignef.s exagres.

    RFLEXtONs. Cette observation est intressante bien

    des points de vue. Tout d'abord, le diagnostic de paralysie

    gnrale ne nous parait pas douteux. H a t port partous les mdecins qui ont observ notre malade. L'histoire

    de la maladie montre bien du reste qu'il ne pouvait s'agird'autre chose.

    Tout l'intrt de l'observation rside en ce fait que, d'une

    part, une haUucination unique de l'oue se produit avec une

    telle nettet qu'elle s'impose pour ainsi dire et dirige )

  • -so-

    vations sont encore assez nombreuses. Quelques-unes sont

    dj assez anciennes le plus grand nombre date des vingt

    dernires annes.

    Brierre de Boismont, Saury, Girma, en ont publi un

    grand nombre. Nous leur en emprunterons quelques-unes.Mais dans fous les cas la paralysie gnrale n'est pas re-

    connue ds le dbut, et certains auteurs observant quel-

    ques manifestations anormales n'hsitent pas considrer

    la paralysie gnrale comme une complication survenue

    dans le cours d'une folie simple. C'est ainsi que nous avons

    trouv dans les j~a~' H!e

  • 514

    excitation violente, embarras de ht parole. Disparition des ides (h;grandeur et de richesse. Diminution progressive do l'excitation.Rapparition des ides de perscution par les gnomes, Persistance dol'embarras de la parole. Dmence paralytique. Mort.

    Il s'agit d'un aline entr dans mon service, a l'asile de Saint-

    Gemmes, dans les premiers mois de l'anne ~866, et, dont l'tat

    !ait caractrise par les conceptions dlirantes les plus bizarres.

    L'ide prdominante tait qu'il tait travaill l'intrieur pardes milliers d'tres qu'il appelait des gnomes et qui lui occasion-

    naient les sensations les plus diverses tantt ils lui chatouil-

    laient l'oreille gauche, tantt, ils l'affamaient en mangeant !e

    suc de sa nourriture (.s'

  • S2

    Cet tat durait avec les mmes caractres depuis plusieursmois, lorsqu'un jour, le 29 juin, nous constatmes une modifi-

    cation dans les manifestations du dlire.Les gnomes, qui existaient par milliers, ne sont plus

    que deux ils ont des ttes de veau sans yeux, sans oreillesleur langue est picote, lastique comme du caoutchouc; ils

    ~rossissenten plein air, et se rduisent rien lorsqu'ils sont pri-vs d'air ils ont t levs Jrusalem, a l'aide de souscriptionsdes conseillers municipaux et des conseillers de prfecture. L'une

    s'appelle Elisabeth et l'autre Amlie la premire a 48 ans, la

    seconde 18; elles sont loges dans la cave de l'lectricit; ellesont beaucoup de cervelles et parlent la langue des Hbreux.

    On observe alors un peu d'excitation. Le 26jU)Uet, on voit poin-dre une ide de grandeur le malade dit qu'il est directeur de

    la fabrique de tuiles de M. Joubert, Angers et qu'il gagne180,000 francs par an.

    Un peu plus tard, l'excitation augmente, et nous croyons re-

    marquer un peu d'embarras dans la parole; depuis ce momentle malade abandonna successivement les conceptions qui ca-ractrisaient son alination premire eUes remplaa par les ides

    de grandeur et de richesse, Le 21 dcembre, :i reproche a~M. Chauvin, interne, de lui: avoir pris ses millions et d s't.re

    prsent a' sa place rem'perur. r

    L'excitation redoubla, et l'embarras dans la parole devint do~

    plus en plus manifeste; le diagnostic de la paralysie gnralene laisse plus alors aucun doute.

    Nous avons tenu rapporter ce cas, car, outre le fait

    que nous cherchions montrer, il prsente des halluciua-

    tionsvraimentcuneuses

    De ce qui prcde, il rsuUe qu'il faut une observation

    bien rigoureuse pour dceler l'existence des troubles sen-

    soriels chez les paralytiques. Mais il ne faut pas se laisser

  • -53

    tenter trop vite, et bien des causes d'erreurs peuvent, tropfacilement faire prendre pour des hallucins des ~ens (juine le sont pas.

    Nous n'en voulons pour preuve que le fait suivant quinous est arriv rcemment:

    Un paralytique gnerai du service de M. Vallon nous

    disait depuis plusieurs mois qu'il s'entendait insulter par

    des voix qui lui rptaient constamment les mots pu-

    tain, vache, prostitu . Sa dbilit intellectuelle ne lui

    permettait pas de nous donner de plus amples renseigne-

    ments.

    Une enqute rigoureuse ouverte dans le quartier sur le

    conseil de M. Vallon nous apprit que les antres malades le

    dcoraient souvent, en effet, de ces qualificatifs peu flat-

    teurs. Du reste, une l'ois chang de quartier, il ne s'est pas

    trouve avec les mmes malades et n'a plus rien entendu.

    H est certain qu'un examen trop superficiel aurait puamener considrer ce malade comme un hallucin.

  • Les fausses perceptions de la paralysie gnrale peuvent

    porter sur fous les sens. Souvent elles affectent plusieurssens la fois dont l'association est des plus variables. Nous

    en rapporterons plus loin un certain nombre d'exemples.Dans certains cas, tous les sens sont pris la fois.

    MM. Vallon et Ballet observent actuellement dans une

    maison de sant de ~aris un malade de 42 ans qui, aprsune priode de neurasthnie de plusieurs annes, prsente

    depuis un an de la faon la plus nette tous les symptmesde la paralysie gnrale aS'aiblissm intellectuel, in-

    galit pupiUaire trs marque, embarras de la parole d'a-

    bord intermittent, puis contiuu. Il n'a aucune hrdit ni

    vsanique ni congcstive. Comme antcdents personnels,

    syphilis il yaunequinxaine d'annes. Au cours d'un accs

    maniaque avec prdominance d'ides de perscution, en

    dehors ??/

  • -55-

    pelaientdans la rue, et s'irritait parcequ'on ne voulut pas le

    laisser sortir. Dans sa chambre il a eu des hallucinations

    terrifiantes de la vue. !1 voyait des individus qui venaient

    lui faire du mal. A diverses reprises on a lev une trappedans le mure! il a vu des figures grimaantes, Tl refusait

    de prendre des aliments, prtendant qu'ils avaient mau-

    vaise odeur et mauvais got. U disait tout le monde

    Tenez, sentez et gotez cela, on y a mis de l'arsenic pour

    m'empoisonner Enfin il se plaignait que, la nuit surtout,

    on lui chauffait et on lui lectrisait les jambes.Les hallucinations se localisent quelquefois a un seul

    sens. Nous avons dj rapport (Observation H!) un cas

    d'hallucinations isoles de l'oue. il faut citer aussi la des-

    cription de la maladie du musicien Schumann, qui est mort

    paralytique; chez ce malade, un ton dtermine s'tablis-

    sait tout a coup. la suite duquel se craient des mlodies

    toujours plus tendues, et finalement des ouvertures en-

    tires (t).L'observation suivante concerne un paralytique que nous

    avons observ dans le service de M. Vallon et qui a pr-sent des hallucinations tactiles isoles

    OBSEnv.ATtoNV (personnelle).

    SoMMAmn. Paralysie g[)conjonctives noulaires.

    Alfred 13. g de 46 ans, entre l'asile de Villejuif le 21 jan-vier 1891. Dans ses antcdents hrditaires on ne relev rien

    (i) ScHUt.E,~COC!

  • 86

    de saillant, sauf que sa grand'mre est morte l'ge de 73 ansd'une congestion crbrale. Sa mre a t opre d'une cata-

    racte double il y a huit ans. Tous les autres membres de sa fa-mille n'ont prsente rien de particulier.

    Non 1848,B. est d'un caractre emporte, exubrant, ra-contant ses moindres affaires tout !e monde. Il n'aurait fait.aucun excs vnrien ou alcoolique. [1 buvait de l'eau ses re-

    pas jusqu' l'ge de 30 ans. Depuis son mariage il boit, il est

    vrai, du vin, mais d'une faon trs modre. Sauf un vermouth

    de temps en temps, il n'a jamais fait usage d'aucune liqueur.

    D'aprs la tante de sa femme, il aurait contract la syphilisavant son mariage. En 1878, il a t atteint d'un eczma gn-ralis qui n'a guri qu'en 1889, trait par des bains et des pi-Iules.

    x

    Mari depuis 17 ans, H. aurait t malheureux en mnage.

    !1 a eu six enfants dont deux sont vivants une fille de 1 anset une autre de 10, toutes deux bien portantes. Les quatre au-tres sont morts en bas-ge de dysenterie?. Pas de convulsions.

    H. aurait eu Un bubon suppur de l'aine en 1877. 11 tait,

    sujet des cphalalgies frquentes. Dans ces dernires annesson caractre a chang, il est devenu sournois, jaloux. 11 y adeux ans excitation gnitale pendant plusieursmois. A lasuite,il a eu des priodes de frigidit.

    Depuis 18 mois, on remarquait que sa mmoire n'tait plusaussi bonne qu'auparavant., mais la diminution n'tait pas con-sidrable et son frre n'en avait pas t frapp.

    Cinq jours avant son internement, le 13 avril 1890, sa femme.l'a emmen chez un notaire dans le but de lui faire faire un acteen vertu cluquelillui abandonnerait tous ses biens s'il venaita dcder. Le 17 avril, il entrai) dans une maison de sant deParis.

    Le frre de H. prtend que cet internement est une squestra-lion extorque par sa fet'nme, qu'il accuse d'avoir une conduiteirrguliere. Toujours est-il que, aprs neuf mois passs danscette maison, il arrive a Villejuif avec le diagnostic de paraly-

  • S7

    sic gnrale. Ce diagnostic no partit pas douteux, et tous les cer-

    tificats de M. Magnan et de M. Vallon le proclament de la faon

    la plus catgorique.

    Quand nous le voyons, en 1894, sa maladie avait, fait des pro-

    pres. Les facults intellectuelles de H. sont considrablement

    affaiblies, il n'a plus conscience de son tat, ne sait plus o il

    se trouve et marmotte constamment entre ses dents des paro-les inintelligibles. Cependant quand on l'interroge, quoique sa

    langue soit trs embarrasse, il arrive a rpondre d'une faona peu prs comprhensible.

    Sa mmoire est trs affaiblie; il ne se rappelle plus ni son

    ge, ni le nombre de ses enfants, ni le lieu de sa rsidence.

    Quand on lui demande l'poque de sa naissance, i) repond seu-

    lement < Je suis n pendant la guerre de Paris Maigre cet

    affaiblissement intellectuel, il prsente des ides de grandeurassez actives. Quand on lui demande s'il a de l'argent, il re-

    pond < J'ai des millions de coffres-forts )), et il fait suivre cette

    phrase du mot < millions, millions qu'il rpte un certain

    nombre de fois avec un air bat et une prononciation embarras-

    se, Sa satisfaction porte sur toutes ses ides il est trs content,

    il se porte trs bien, il mange 1res bien, il est trs fort, etc.

    Mouvements de mchonnement constants, tremblement, mar-

    qu de la langue, pupilles contractes et insensibles, taie sur

    la corne gauche. L'criture excessivement tremble et ind-

    chiHrable consiste en une srie de lignes brises, irrgulireset entrecroises dans tous les sens. Sensibilit cutane trs oh-

    tuse la piqre profonde d'une pingle dans la peau ne donne

    aucun signe de douleur. Gtisme complet.Les rflexes rotuliens sont tout a fait abolis, mais il n'y a pas

    d'ataxie dans les mouvements des membres infrieurs et la mar-

    che est assez aise.

    B. tait dans cet tat depuis plusieurs mois, lorsqu'un jour la visite nous le trouvons en train de se regarder dans la paumedes mains, les secouant de temps en temps comme pour jeter

    un objet qui s'y trouve. En l'mterrog'eant, il nous raconte qu'on

  • 38g

    lui fi mis du poison dans les mains, qu'on ne doit pas le faire,

    qu'il n'en veut. pas et qu'il veut le jeter. Nous ne pouvons lui entirer dava~ag'e, et toutes les questions que nous lui posonsconcernant la couleur, l'odeur de cette substance, etc., il secontente de nous rpondre Du poison, du poison. b

    Ce phnomne se reproduit, pendant quelquesjours, puis dis-parait sans laisser aucun souvenir dans l'esprit du malade. A

    quelque temps de l (mai'1894), alors que nous regardions ses

    pupilles, B. s'crie < On me met du poison dans les yeux avecune ponge a pique, c'est un poison violent on m'en met aussisur toute la figure. Les mots empoisonner, poison violent. pr

    reviennent souvent. Nous avons une certaine peine comprendrece qu'il dit, tellement l'embarras de la parole est considrable.

    HFLXtOKS. Nous croyons qu'its'agit bien dans ce

    cas d'hallucinations tactiles. Car si les explications du ma-

    lade sonCempreintes d'un cachet de dmence, sa physto

    nom!e, les gestes qu'U~tsaitpour se dbarrasser du po!-

    so" parafssntplaidernettement en faveur d'une sensation

    perue. Ces haHucin&tions auraient port d'abord sur 1&

    peau de la paume des mains, plus tard sur la conjonctive

    ocuiaire. Peut-tre s'~git-ii icid'ittuMOn., car on remarquaiten mme temps utt~ger degr de conjonctivite.

    Taguet(!)cite un cas de fausse perception d'un seul

    sens. Seulement, ici il est difficile de dire s'il s'agit de la

    sensibilit cutane ou de la sensibilit gnrale. Quoi qu'il

    eu soit, cette observation concerne un malade qui accusait

    dans le pli de l'aine un point douloureux qui,se dplace,

    (t) .').NK

  • 59

    gagne l'estomac pour monter la gorge, o it dtermine

    une sensation de constriction, comme cela existe dans

    l'hystnc. Le malade croit que c'est l'me d'une personne

    qu'il dsigne qui cherche a s'introduire chez lui pour chan-

    ger son corps en graisse..

    Brierre de Boismont donne une observation d'hallucina-

    tions isoles de la vue, qui ont failli avoir de graves con-

    squences. Nous en reproduisons ici la partie qui nous in-

    teresse

    UHSEttVATIO~ VI (HtUEtUtE ))E HofSMO~) ('t).

    M. B. alin paralytique depuis prs de quatre ans, parait

    avoir perdu l'usage du langage. De t,emps en temps il profredes cris rauques, des sons inarticuts, puis reste quinze jours,

    un mois gardant le silence. A certaines poques, il recouvre ta

    parole, prononce plusieurs phrases, qui toutes annoncent qu'il

    est. sous l'influence d'une hallucination effroyable. En effet, il

    croil voira ses etes un requin prl a le dvorer. Ses efforts pour

    chasser l'animal sont terribles. Il pousse des hurlements qu'on

    entend de fort loin, frappe contre les parois de sa chambre ses

    traits sont bouleverss, ses yeux sortent de l'orbite, la sueur

    ruisselle sur son corps.Celte hallucination a eu des consquences fort graves. Un

    jour, s'imaginant, que sa sa'ur qui lui prodiguait, ses soins tait.

    le requin, il se prcipita sur elle avec un rasoir et la frappa.Heureusement, elle pu), se soustraire a ses coups, etc.

    Nous rapporterons quelques cas d'hallucinations de

    plusieurs sens

    (t) BHtKXHEM KmsMOK'r. Ubscn'utio)) 4~, p. t69.

  • .60--

    A) HMtMctzmtiona de la vue et de t'oMe

    OoSERVATMN Vif (SAOiv).

    SojfMAttiE. Pai'aiysie gnrale avec ides incohrentes ambitieuses.Ides de perscution. Hallucinations de la vua et do l'oue.

    L. Josphine, .couturire, 3(i ans, prsente un affaiblissement.

    marque de l'intelligence et. de la mmoire. conscience incom-

    plte de sa situation.

    Pupilles ingales, droite plus large.Hsitation de la parole.Ides incohrentes de satisfaction oHe se contente de son

    sort, a de trs belles choses chez elle, de belles robes, un beaubuffet a tagre.

    Attitude mlancolique. Depuis un mois elle a, dit-elle, beau-

    coup de chagrin parce qu'elle entend des choses tristes.Hallucinations de l'oue trs caractrises.; elle rpond des

    voix hnag'inaires. EUe fait eHe-itemelesdenmndesetlesl'pon-ses: Que faites-vous la-ltaut, M. Mathusalent? M. Lagheau son

    parrain, et Mme de St-Maurice? Vous n'aYez~donc plus de loge-~ment pour habiter ainsi dans ies murs~ Positivement ils sontici, je les entends. -Tien~ les voila en-dessous. Que faitesvous ? Cela ne vous regarde pas. C'est une noce. Mais ona dit vous enterrer. Vous pourriez bien venir me chercher.Cela ne te regarde pas. Comment se fait-il qu'il y ait tant, de

    meubles, quand Paris est tomb en ruines? Us ne rpondent

    plus, parce qu'ils font quelque niche.

    Elle frappe du pied contre le plancher quand on tarde trop lui rpondre.

    Les voix, dit-elle, passent du plancher dans le mur; elles

    l'injurient elles font une noce sans vouloir venir la chercher;on va l'enterrer. Elle s'ennuie parce qu'elle n'est pas maladeet qu'elle entend des voix affreuses, etc.

  • -61

    OttSEXVA'HOXVi)f (Gt!)MA).

    Soxatattt~. Pttralyrlc3 ~~nral,, eamplir.luk~ed't,pilr,ehsie. Ifallur;inations rlr.SoMMAmE. Pfu'atysie gonera.tc coinpiiqu~o d'epitepsi~. !diucinationadD. Pierre, 33 ans, pas d'hrdit, pas d'habitudes alcooli-

    ques pilepsie depuis ragede '12 ans attaques trs rares

    entre le 12 mars -188t.

    La mort de sa femme survenue e!t 't877 lui :t cnust'' un veri!!)-

    ble dsespo'r; depuis lors, trist.p,!aciturne. dprime; il perd

    peu a peu ses aptitudes et. son got pour le travail, qu'il aban-

    donne dfinitivement, en t880, aprs une attaque convulsive.

    L'intetUgence s'anaibUt en mme temps que su dveloppent des

    ides de pondeur, un contentement exagr de sa personne. La

    parole devient, embarrasse, tranante; des contractions Sbril-

    la'es agitent continuellement !es utuscles de la face les pu-

    pilles sont ingales, les mouvements d'ensemble mal coor-

    donnes.Ce malade n'a t soumis notre observation que. pendant

    quelques semaines, et, au milieu des symptmes qui nous ont

    permis de porter le diagnostic de paralysie gnrale, nous rele-

    vons des hallucinations de l'oue presque continuelles, de nature

    gaie, et des illusions de la vue remarquables. Les hommes et

    les choses lui paraissent d'une petitesse et d'une exigut de

    forme inconcevables c'est un vritable monde de Lilliputiensdans lequel il se trouve. il en rit jusqu'aux larmes. (Quanta lui,il se sent grand, dominant tout le monde, et cependant, quand

    il regarde ses pieds, il les trouve aussi trs petits.Ce sont des voix connues qu'il entend il lie avec elles des

    conversations interminables, agit d'aprs les conseils ou les

    ordres qu'elles lui donnent; elles veillent presque toujours desides riantes.

    A quel tat morbide faut-il attribuer ces troubles sensoriels ?1A l'pilepsic ou a la paralysie gnrale ? On ne peut rien aSir-

  • R2

    mer cet gard une remarque cependant, est permise. Le mal

    piieptique a dur plus de vingt ans sans donner lieu a des

    phnomnes hallucinatoires qui se manifestent, aprs que la

    nouvelle affection est venue se gren'er sur la premire de plus,les hallucinations de l'pilepsie ont un tout autre aspect.

    OBSERVA'no's )X (personnelle).

    SoMMAmE. Attaques apoplectiformes. Paralysie gnrale. HaHuctna-tions visuelles et auditives de faible dur~'e.

    Alphonse-Emile J. entre l'asile de Villejuifle 4 avril 1894./

  • 63

    Il s'est trs bien remis de cette dernire attaque.A partir de ce moment, hallucinations visuelles et, auditives.

    .).voit un homme, qu'il dits'appeier'Pijomas, qui veut tuersa

    femme et s'introduire chez eux pour les voler. il l'entend parler.

    Il voit, aussi sa femme, l'entend crier, et s'imagine qu'on lui

    coupe le cou.

    Il a cependant assex-de mmoire pour reconnatre les gens

    qui l'entourent..

    A son arrive a Viltejuif, prsente tous les signes de la

    paralysie gnrale. Les facults intellectuelles sont affaiblies. )t

    ne se rappelle pius ni son ge. ni la date de sa naissance, ni le

    nom de ses enfants. Une sait pas dire o il se trouve et. d'ou il

    vient. L'embarras de la parole est considrable. Les pupillessont ingales (droite plus grande que gauche). Signes d'ArgyIt-

    liobertson. Hftexes exagres..Ses jiallucinations persistent

    pendant la premire quinzaine de son se jour mles des ides

    ambitieuses absurdes.

    Le lendemain de son arrive, il dit au surveillant Voyez le

    sergent, qui coupe la tte a Mlle Richard il lui a coup quatrefois la tte".

    Pendant plusieurs jours il nous dit voir Mlle Richard. Quandon lui objecte: < Mais vous l'avez vu tuer? Oui, rpond-il,mais .je l'ai ressuscitee je suis bien avec Jsus-Christ et avec

    saint Albert Et il continue < Je suis trs for!, niais je serai

    plus fort quand je serai mont au ciel, j'y monterai dimanche

    probablement, .t'ai de l'argent au Trsor; on est en train de

    faire mon compte en ce moment.

    De temps en temps, on le voit tendre l'oreille dans une direc-

    tion donne, puis, croyant entendre appeler son nom, il rpondt Ah oui, M..). Bon; tout l'heure! Son regard est attir

    aussi de temps en temps d'un cot de la salle, comme s'H y

    voyait quelque chose.

    Ces hallucinations ont t de faibte dure elles s'attnueront

    petit petit et disparurent compltement vers la nn du mois

    d'avril.

  • M-

    Aujourd'hui notre malade prsente l'aspect du paralytiquevulgaire, avec son air de satisfaction et. ses divagations ambi-tieuses.

    Il n'a jamais eu d'ictus depuis son arrive Villejuif.

    H)''LHX!QNs. tant, donn ta faible dure des halluci-

    nations de J. et leur apparition au dbut de sa sques-

    tration, on serait tent de les considrer comme alcooli-

    ques mais nous ferons remarquer que, son arrive & Vit-

    lejuif, J. venait de passer huit mois l'hpital St-Josepb,

    o il n'est pas probable qu'il se soit livr des excs de

    boisson.

    B) MttMM~mtMUmma Qmi

  • -C5-

    B.tnux 5

    de grandeur. Une fugue subite a annonce le dbut, de ia maladie.

    Alors garde-rpublicain,.). quitte tout d'un coup la caserne

    de la rue de Tournon et, ne rentre qu'a deux heures du matin,

    trs excise, mettant, tout sens dessus-dessous. Le lendemain, il

    fut conduit au Val-de-Grce, et de l, a Charcnton. H resta a Cha-

    rentonjusqu'au23dcembre 1893et futalors transfre a Ste-Anne,

    o M. Magnan fait le certificat suivant

    < Paralysie gnrale avec proccupations hypochondriaques,

    excitation par intervaHes, iisitation de la parole, ingalit pu-

    pillaire. v

    Le 27 dcembre,.). arrive a ViDejuif. Le diagnostic de paraly-sie gnrale n'est pas douteux, 'fous les certificats de M. Vallon

    l'attestent.

    Le dlire de notre malade roulait surtout sur des ides ambi-

    tieuses ila tgnrat pendantdouzejours a tiesancon, prtre

    Rome. il a couchavec toutes ics petites nftes de son pays. On

    note aussi quelques ides de perscution. A Charenton, on lui a

    mis de l'urine et du poison dans le ventre. Les voques de

    Saint-Sulpice lui voulaient du mal ils ont essay de l'empoison-

    ner; sa femme lui faisait des misres, etc.

    La mmoire des faits anciens parait assez conserve il se

    rappelle trs bien le lieu et la date de sa naissance et raconte

    avec prcision quelques vnements de sa Jeunesse. La mmoire

    des faits rcents est. au contraire presque compltement abolie.

    Embarras marqu de la parole, tremblement tibriHairc de ia

    langue; les pupilles sont ingales (gauche plus large). Elles

    sont insensibles a la lumire et l'accommodation. Rflexes

    rotuliens exagrs. Sensibilit cutane intacte.

    Les facults intellectuelles de.). vont en s'affaiblissant de

    plus en plus, et rapidement. Le !3 janvier 1894, gtisme complet.

    Le 16 mars, le malade nous raconte que, la nuit, pendant son

    sommeil, un individu dont il donne le signalement, qu'il semble

    avoir vu, est venu se livrer sur lui des actes de pdrastie. Haa

    nettement senti l'intromission du membre viril. Cela lui faisait

  • 66

    mat. H ajoute mme que l'individu a d pratiquer une incision

    pour faciliter l'accomplissement de l'acte.L'examen de l'orifice anal et de la partie infrieure du rectum

    ne rvle rien de pathologique.tl dcrit cet. individu il est gros, imberbe, des yeux rouges.Les jours suivants, il nous repte la mme chose. Toutes les

    nuits il prouve les mmes sensations. Seulement il ne voyait

    plus l'individu, il le sentait seulement.30 avril. ictus apoplect-iformc le malade perd connaissance

    pendant quelques heures, puis revient lui-mme pas d'hmi

    plagie, mais aphasie complte. Le malade ne peut articuleraucun mot. !I a cependant l'air de comprendre ce qu'on lui dit.11 couvre constamment ses organes gnitaux comme pour lesprserver d'un accident et se trouve trs effray ds qu'oT) lestouche.

    3 MNt. Toujoursaphasique.J. trouve cependuntquelqueamots oui, non, quoi? Quand il veut commencer une phrase,dit: 'Je. puis s'arrte. Se cache~oujours lesorganesgni-t.aux; rflexes trs pxsigrs.'sphijtcters: relchs, toujours~ alit.

    6 ~MM. Le malade parle comme avant son attaque, la pro-nonciation toujours tr~s embarrasse. Moins faible, il peut selever. Les hallucinations gnitales ont compltement disparu et

    n'ontplus t observes, bien que nous l'ayons interrog sou-vent a ce sujet. n semble mme quelle maladen'en a gardaucun souvenir.

    Depuis, l'tat dej. a t en s'aggravant de plus en plus.Aujourd'hui il est trs affaibli, peut peine se tenir sur ses

    jambes. Son langage est a peine comprhensible. La mmoireest compltement perdue. Les pupilles sont gales, mais insen-

    sibles. Rflexes patellaires et des poignets exagrs. Sensibilitencore conserve.

  • (;7

    C) M

  • 68--

    Des commerants, qui l'employaient comme femme de m-

    nage s'taient aperus de son changement de caractre elletait triste, apathique; ils ont d ta renvoyer.

    A la 6n de dcembre i893, son mari la retrouve un soir, en

    rentrant, avec un bras brle. H. ne peut dire comment cela lui

    tait arriv elle ne paraissait mme pas en souffrir.

    Quelque temps aprs, elle se plaint de la gorge dit que sa

    bouche sent mauvais, elle accuse un gargarisme qu'on lui donne

    de scntirl'acide phonique.H. commence cette poque a parler d'un individu qui lui

    verse des odeurs dans la bouche. Elle l'entend l'insulter, maissans sortir de son apathie. Jamais, dit son mari, elle n'a t re-

    garder si quelqu'un pariait dans la chambre ou sur le palier.Elle entendait la voix, mais ne conversait pas avec elle.

    Le 8 janvier, elle sort de chez elle cet se perd dans Paris. Son

    mari finit par la retrouver et la ramne chez elle.Dans le courant du mme mois, le mari trouve un jour son

    logement vide. B. avait envoy sa literie et ses vtements

    dsinfecter, parce que, disait-elle, tout! tait empeste et: pourri cause de l'odeur qu'elle a daoslabouche. J

    Quelques jours aprs, H. s'agite, sort sur le palier ~out~;nue en poussant des cris. Sur la requte des voisins, la police ad intervenir, et la: malade a t interne.

    B. arrive Villejuifde 27 janvier ')894.

    Le diagnostic de paralysie gnrale n'est pas douteux.:M.Briandfaitlecertincatsuivant:

    Paralysie gnrale avec ides hypochondriaques, hsitation

    deIaparole,ingalitpupiUaire.' J

    Nous reproduisons les deux notes prises sur son tat pendantson court sjour Villejif.

    /~M'M' 1894. !1 y a un homme qui est en dessous quilui dit des salets. Elle l'a -u, c'est un voisin qui touche du

    piano; il demeure au t't0. H est assez grand, il a les cheveux

    chtains. H dit des salets vache putain, charogne. a dure

    depuis plus de deux mois il met des salets dans c6 qu'il fait,

  • 69-

    des bouts de foie coups qu'il vous met dans la bouche. Sa

    bouche a elle empoisonne; elle fait. tousser les maladesa cause

    de son odeur. C'est, la nuit qu'il lui parle.il a fait marcher cette nuit la machine qui fait Kss, Kss, il la

    met en l'air, c'est comme un ni. filait pipi, il vous l'envoie; a

    fait que le lit. est tout mouill.

    Paupires tombantes.

    Pupille gauche plus petite que la droite, Signe d'Argyll-Ho-bertson.

    HHexes forts aux quatre membres.

    Accrocs encore peu accentus dans les mots difficiles.

    Lar~e nvus de la main gauche.

    U/tW)'He

  • 70

    nresentjLa surface des ventricules prsente un chagrinage trs accuse.

    r/se~s. Broncho-pneumonie avec congestion des bases.Coeur Masque, dilate. Pas d'athrome artriel. Reins con-

    gestionns. Rate augmentes de volume, de consistance ferme.Foie volumineux de couleur rouge clair prsentant sa sur-

    face de larges taches irrgulires de couleur jaune.&?'MS.Fibrome intraparital.

    E) MaMMeimtom

  • 7~

    nature des haUucinations elles-mmes. Girma rapporte un

    cas d'hallucinations autoscopiqucs. Nous lui empruntons

    cette observation, qui est vraiment intressante.

    OBSERVAT)0~! XtV (GtRM.\).

    SoMMAUt. Paralysie gn'jrale la premire priode t'haHucination n'est,pendant plusieurs jours, pour )o matadc que la reprsentation de son sosio.

    HaUncinations de Fone.

    L. (A.) 37 ans, entr le 11 fvrier 1880.

    11 se vante d'avoir mne ,joyeuse vie avant son mariage,d'avoir us largement de tous les plaisirs. Toujours est-il que

    depuis plusieurs mois, il inquitait sa femme par les carts de

    sa conduite toujours en mouvement, insatiable dans ses dsirs,

    achetant sans compter, parlant de projets fabuleux qu'il allait

    raliser, d'alliances royales qu'il allait contracter. Soumis a un

    examen mdical, il est envoy Charenton. Quelques jours

    avant son: entre, il avait eu des hallucinations de la vue et de

    l'oue il seplaignait, la nuit surtout, du vacarme que l'on faisait

    autour de lui, demandait sa femme si c'tait elle qui l'occa-

    sionnait un personnage singuliers" prsentait lui coiff d'un

    bonnet, rouge.Les dtails qu'il nousdonne sur la manire dontila t arrt

    sont aussi caractristiques de rhaHucinafion

    < Depuis quelques jours, nous raconte-t-il, j'avais toujours a

    mes cts un homme qui, sous le rapport de la taille, del

    physionomie, du costume, etc., tait exactement semblable a

    moi. Je m'tais habitu lui et je l'appelais Benoit ce devait

    tre un gredin, car au moment o nous passions dans les jardins

    du Palais-Royal, des agents del police se sont jels sur lui

    pour l'arrter, mais au lieu de lui, C'est de moi qu'on s'est em-

    jpar. f

    Ce malade tombe rapidement dans le gtisme les hallucina-

    tions persistent il rend des visites a M. Grvy; l'embarras de

  • '72-

    la parole, rincgaliR' pupiUaire ajoutes aux symptmes psychi-

    ques que nous avons indiqus fixent le diagnostic.

    Des hallucinations psychiques ou psycho-motrices ont

    t galement observesdansia paralysie gnrale. La thse

    de Girma en renferme trois cas, mais qui ne sont pas abso-

    lument nets.

    La premire observation trs complte d'hallucinations

    psycho-motrices que l'on trouve dans la littrature est

    celle qui a t publie tout rcemment par M. le D" Srieux,

    dans les A?'

  • 73

    thctiqucs, visuottas. auditives, ~nstittives.tat de confusion ha.t[uoina-toirc.Pneumonie.Mort.

    AuTOt'mE. EnMphaiitc chronique inters[itit.'itc uvec adhrences tnunin-

    ~eM locatist'es syn)6tri

  • 74--

    qu'on lui avait dit la veille; elle se livrait, des dpenses inutileset inconsidres. En janvier 1891 se produisirent des accidents

    convulsifsavec perte de connaissance, mais sans morsure de la

    langue ni miction involontaire les bras taient, tordus, les dents

    serres convulsivement ne permettant pas l'ouverture de la bou-che. L'attaque n'tait pas suivie de troubles moteurs, mais de

    phnomnes d'excitation psychique: P. s'habille et. court, a

    8 heures du soir, chez des amis, hors de Paris.En avril, la malade manifeste des ides mlancoliques et de

    perscution elle dit s'ennuyer dans sa loge, prtend tre dans

    la misre, se cache pensant, qu'on va venir l'arrter, craint qu'unne l'empoisonne, parle de mourir, de se. jeter la Seine.

    En mai survient, une priode d'excitation. La malade court de

    tous ctes, montrant, une activit exagre eMe fait des prodi-

    galits, se met boire de l'absinthe, entreprend un voyage.Bientt apparaissent des ides de grandeur: elle a fait un hri-

    tage, elle a des millions, elle veut acheter des chteaux. L'agi-tation ne faisant qu'augmenter ncessite l'internement l'asile

    clinique (Ste-Anne), le ~8 mai i89t.ElIe y sjourne~queIqUe~semaines, en proie un accs maniaque assez intense elle:

    manifeste des ides de grandeur et. de perscution, tient des

    propos incohrents, crie, pleure les pupilles sont mgales,:laparole hsitante. Elle est transfre n l'asile de ViMjuif d~hsle service de M. Marcel Briand, qui porte le diagnostic d pa

    ratysie gnrale.~ture pnible. Vous n'entendez pas?.. dit-elle, la surveillante,on dit que je fais des traits mon mari, que je suis une salope,

    que je suis damne Elle rpond a son interlocuteur imagi-naire en parlantdans les bouches des calorifres

  • 7M

    mois, et par son intensit ncessita, pendant un laps de temps

    prolong, le maintien de ta malade dans une chambre d'isole-

    ment.. L'insomnie tait presque constante, les tendances agrs*sives trs dveloppes. P. frappait sans cesse malades et in-

    firmires, dchirait, cassait des carreaux elle nt plusieurstentatives d'vasion.

    En octobre 1891, les hallucinations pnibles, les ides de per-scution s'amendent, puis disparaissent, ainsi que l'agitation.P. entre en rmission; elle s'occupe rgulirement l'atelier de

    couture elle es! tranquille, rserve et a conscience de la p-riode dlirante qu'elle vient de traverser. En dcembre, la luci-

    dit est revenue tout entire la mmoire et l'intelligence sont

    cependant quelque peu affaiblies. croit tre en 1889 ou

    1890 elle n'a gard qu'un souvenir trs confus de son sjourde plusieurs semaines Ste-Anne, Elle rpond assez correcte-

    ment aux autres questions et donne des renseignements suffi-

    samment prcis sur ce qui s'est pass avant qu'elle ft folle

    11 y a un certain optimisme, mais pas de traces d'ides de gran-deur. Pas de rves.

    Au point de vue somatique, on constate la persistance de l'h-

    sitation de la parole, un tremblement vibratoire des extrmits;les pupilles, ingales, prsentent le signe d'Argyll-Robertson; lacommissure labiale est abaisse d'un cot la langue est sillon-

    ne de rhagades, l'criture, trs dfectueuse, est caractristique:

    les lettres sont irrgulires certaines d'entre elles sont omises,

    redoubles o transposes. Le pouls est frquent (120), le corpsthyrode est lgrement plus dvelopp qu' l'tat normal, il

    n'y a pas d'exophtalmie. Pas de signe de Romberg, pas d'en-

    gourdissement ni de douleurs dans les membres infrieurs. Lesdivers rnexes tendineux sont exagrs. Il existe une sensationde brlure au niveau de l'estomac. Les sensibilits tactile, ther-

    mique et douloureuse sont conserves. Pas d'achromatopsie nide rtrcissement du champ visuel. La malade, qui avait eu des

    mtrorrhagies assez abondantes durant six mois avant son in-

    ternement, n'est plus rgle depuis son entre.

  • 76

    La rmission se maintenait, lorsque, le 2 dcembre, noustrouvons P. grinant, des dents d'une faon continue, Interro-

    ge sur ce. que cela signifie On me parte l dedans, rpond-elle en montrant, sa bouche. Elle prtend ensuite entendre

    par l'lectricit les malades d'un quartier voisin qui lui cau-sent Nous ne voulons pas que vous disiez quelque choselui dit-on, et elle rpte cette phrase en scandant, comme pourreproduire non une parole entendue, mais une articulation men-tale. Aux questions qui lui sont poses dans le but. de recher-cher l'existence d'hallucinations auditives, elle rpond Je

    n'entends pas les paroles, mais.je les comprends je n'entends

    pas dans l'oreille, a vient da.ns les dents. 0" constate, en

    effet, qu'au moment o se manifeste cette voix intrieure, il se

    produit, ou bien un grincement de dents, ou bien des mouve-ments de mastication. Un pareil tableau clinique ne permettaitgure de douter de l'existence d'hallucinations motrices verba-

    les.Les examens rpts auxquels, pendant plus d'un an, nous

    avons soumis la malade, non seulement nous le dmontrrent,de la faon la pluspremptoire, mais encore nous nrnt consta-ter le caractre presque toujours pnible de ces hallucinations,leur association trs frquente avec des spasmes des muscles

    masticateurs, leur rle dans la gense des accs dlirants quisurvinrent, ainsi que l'absence d'hallucinations des autres sens,et en particulier d'hallucinations de l'oue

    Pour dcrire avec exactitude ces symptmes intressants,nous lie saurions mieux faire que de reproduire textuellementles interrogatoires que nous avons fait subira la malade. Le

    mars ~892, nous trouvons P. grinant des dents, la physio-nornie trs absorbe, comme lorsque se manifestent ses hallu-

    cinations motrices verbales. Nous lui demandons:D. Entendez-vous le son de la voix dans tes oreiiks ?

    R.Non. C'est toujours dans ma bouche qu'on parle. ame serre les dents.

    D. Est-ce nne voix d'homme ou de femme? Y

  • 77

    ~Jen'entendsriendutout.cen'estniune\'oixd'homme

    ni une voix de femme. ce sont mes dents qui me serrent.

    La malade reste ensuite silencieuse elle semble 1res atten-

    tive, excute des mouvements de mastication; les lvres sont

    agites de mouvements analogues ceux de l'articulation ver-

    bale, puis tout. cesse. interroge, P. repond qu'on vient de lui

    causer: Vous ne savez pas ce que a veut. dire, a-t-on dit. u

    Nous lui demandons pourquoi ces mouvements de mchoires

    C'est pas moi, dit-elle, c'est pas moi. C'est un mystre. Je ne

    peux pas m'expliquer. toute la nuit. et toute la journe voi)a

    ce qu'on me fait; on me brise lesdents, c'est l'lectricit..)ene

    dors pas. C'est, affreux. MVoici les phrases qu'elle a senti ar-

    ticuler en elle Vous ne vous en irex jamais. vous ne pouvez

    pas comprendre ce que c'est que cette maison. ce que l'on veut

    vous faire. vous ne pouvez pas savoir comme on fait. du ma'

    votre pauvre mari. il ne va pas savoir ce que cela veut dire

    et elle ajoute:' Ce n'est pas dans mon oreille.)e n'entends

    pas de bruit.Came serre les dents".

    27 MM/'s. La malade se plaint de la persistance des convul-

    sions des muscles masticateurs et des hallucinations motrices

    verbales: elle dit ne plus pouvoir dormir a partir de minuit,

    heure laquelle te grincement de dents se produit avec une in-

    tensit extrme. P. mord parfois son drap pour empcher le

    grincement ce dernier ne cesse que quelques minutes pour re-

    prendre ensuite. Ces phnomnes ne se sont manifestes que

    depuis son entre a l'asile; la premire fois, P. s'est dit.:

    C'est un mystre On lui avait dit intrieurement que son

    mari travaillait. D'ordinaire, le grincement de dents et les hal-

    lucinations motrices sont simultanes. La malade rpond tout

    haut aux gens qui lui parlent dans la bouche Quelquefois

    on la tutoie ou on la menace < Mme P. ne sortira pas, etc. p

    29 ~M?'.s. P. grince des dents el pleure elle ne peut em-

    pcher ces contractions spasmodiques trs douloureuses. Pas

    d'hallucinations motrices. Pouls !)6.

    8 CM'

  • -78-

    des intervalles de repos. P. s'en plaint beaucoup La pressiondes dents est, tellement forte, que je ne peux l'empcher. R-flexes pupillaires paresseux. Parsie des deux cts du corps.Pouls 88.

    i" tM

  • 79

    qu'on va lui faire, on va ta mettre dans une voiture, son mari

    est dans un tat terrible. Parfois on repte dans sa bouche

    les questions qu'elle pose. Apres une nouvelle minute d'at-

    tention, elle rpte haute voix ce qu'on lui a dit La maison

    est trop petite pour vous. Ne prenez pas de bromure. Vous

    n'avez pas le droit de faire un repas dans la maison. Vous ne

    travaillez pas bien. < Qu'est-ce que cela veut dire? interrogeP. tout en larmes.c'est une chose que je necomprends pas? A

    ').9~K~t. Les ractions d'aspect mlancolique s'accentuent. 1,.

    P.pleure parce qu'on lui dit des choses pouvantableselle refuse de s'alimenter on lui dfend de manger parce

    qu'elle travaille mal. Je voudrais bien tre morte, s'crie-

    t-elle. C'est une souffrance.. on me serre la bouche d'une force

    On me dit On va vous mettre au cachot, pourquoi tes-vous

    venue ici ?. Je ne reconnais pas la voix D. Nous lui demandons

    si elle < entend les voix; elle rpond catgoriquement :< Je

    n'entends pas de voix p. Puis elle sanglote, hallucine de nou-

    veau, pendant, que notre doigt, appliqu sur les massters, en

    peroit trs nettement les contractions successives. P. nous

    communique ensuite ce qu'on lui dit Vous faites du mal a

    f votre mari en venant ici. x

    2./Mt7~. Les spasmes des muscles masticateurs sont telle-

    ment intenses, qu'il semble que les dents doivent tre brises,P. s'crie en s'adressant, ses interlocuteurs imaginaires:< Canailles, qui est-ce qui m'abme les dents comme a ?.te

    sais bien que je suis coupable, mais ce n'est pas une raison

    pour me tourmenter Je n'ai pas dormi cette nuit parce que

    j'ai des voix. a me fait souffrir. Ce sont des personnes que

    je ne connais pas. P. se frappe la tte contre les murs : Je

    veux bien la mort'crie-t-elle. "Elle nous rpte ce qu'on lui

    dit

  • 80--

    20 ~Mt7

  • 8-t

    .1 1

    BAMK a

    les et auditives qu'elle avait dans tes premiers mois de son s-

    jour l'asile:" J'tais folle, dit-elle. o

    18 janvier 't893. 0)) me parle toute tu nuit., on me brise

    les dents. Ces personnes-l savent tout. ce qui s'est pass ici.

    C'est M. F. qui me parie. c'est une pression Priode de si-

    lence pendant laquelle les lvres sont. agites de mouvements,et les massters se contractent, (on lui dit intrieurement qu'ellen'ira plus au parloir, que son mari ne viendra plus la voir) Vous des une crapule rpond-elle qu'est-ce que je vous ai

    fait? Puis un dialogue trs anime s'engage, des mouvements

    .de mastication accompagnant l'hallucination verbale; le dialo-

    gue se termine par ces mots qu'elle peroit, dans la bouche

    C'est fini, nous ne le ferons plus. tdes do suicide. P. ra-conte a sa soeur qu'on la mprise, qu'on va la mettre toute nue,la faire passer en cour d'assises, la faire mourir J'ai une per-scution dans les dents, dit-elle, on me raconte des choses dans

    mes dents20 ~HMM'e?'. < On lui a dit, dans la bouche, qu'on allait lui

    brler la cervelle Elle rpond avec vhmence ses halluci-

    nations < Je vais aller en prison, avec indignation.comme rpondant une menace qu'elle vient de sentir articuler:

    des femmes publiques. salets La mmoire est assez bien

    conserve. La voix devient nasoMe.

    2~'

  • 82-

    ments de dduction se traduisant, pat' des grincements de dents.

    Les hallucinations motrices verbales sont le plus souvent asso-

    cies aux convulsions des muscles masticateurs, que l'on per-oit par la vue et par le toucher, pendant que se produisent les

    hallucinations. Il ne nous a pas t possible de constater l'exis-

    tence de mouvements simultans de la langue; < L~angue,dit la malade, ne remue pas ce sont les dents qui appuient. g

    Parfois nous avons pu observer des mouvements des lvres ac-

    compagnant l'hallucination verbale. Pas de convulsions dans ledomaine du facial ni dans les membres d'aucun ct du corps.A deux reprises seulement, et cela passagrement., P. nous a

    dit avoir ressenti un jour un engourdissement du ct droit, etune autre fois, unengourdissementdu pouce ga